nantes passion : faire évoluer maquette et contenu pour tenir dans la durée
DESCRIPTION
Isabelle Robin, rédactrice en chef du magazineTRANSCRIPT
PASSION
NantesLe magazine de l’information municipale
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s.frOctobre 2009 - N°198
Les défis de l’université de Nantes
GROS PLAN des mesures concrètes pour l’emploi P 20
AUQUOTIDIEN
NantesSupplément à NANTES PASSION, magazine de l’information municipale - OCTOBRE - N°198
Les servicesà la personne
www.nantes.fr
QUARTIERS L’actualité sur votre lieu de vie P 10HISTOIRE Un château à la croisée des pouvoirs P 26
N° 215 juin 2011 www.nantes.fr
NantesPassionLe magazine de l’information municipale
La médiation apaise les tensions
Des aides au quotidien pour les ménages en difficulté
La robe et le nuage : un voyage entre les arts et les sciences
P.13 P.32 P.46
l’ActuAlité solidArités culture
Nantes, destination tourisme
l’enquête p. 25
N° 208 novembre 2010 www.nantes.fr
Marcel Smets : un regard belge sur l’île de Nantes
Une école de la 2e chance en expérimentation à Nantes
Un Nantais nommé Jacques Demy
P.10 P.14 P.44
NantesPassionLe magazine de l’information municipale
PORTRAITS ACTUALITÉ CULTURES
L’ENQUÊTE P. 23
Commentpermettre à plus de monde d’habiter Nantes ?
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Portraits
il met en image Philippe Katerine et le Voyage à nantes
aGaëtan Chataigner
Bassiste des French Cowboy, Gaëtan Chataigner est également réalisateur de films musicaux. Avec « La Banane » de Philippe Katerine, il a remporté la Victoire de la musique 2011 du meilleur clip vidéo.
Quel regard portez-vous sur votre parcours artistique ?Je suis devenu musicien par accident alors que j’étais en fac d’arts plastiques à Rennes avec Philippe Katerine que je connais depuis l’adolescence. Mais j’ai toujours eu ce cheminement qui croise image et musique. Je suis attiré par des artistes qui prolongent un uni-vers musical en images, comme Andy Warhol avec le Velvet Underground.
Comment avez-vous vécu cette Victoire de la musique ?C’était totalement inattendu ! Je n’avais même pas prévu d’aller à Paris pour
cette cérémonie. Le clip que j’avais tourné pour Philippe Katerine a été réalisé avec une économie de moyens. Cette récompense est rassurante car ce sont des professionnels qui votent et ça démontre qu’il est encore possible d’être créatif, avec une liberté de ton. C’est ce que recherchent les autres artistes avec qui je collabore comme Dominique A, Bernard Lavilliers ou Étienne Daho avec qui j’ai tourné un clip cet hiver dans les ateliers du Royal de Luxe.
Vous avez été sollicité pour réaliser la bande-annonce du Voyage à Nantes.
J’avais déjà collaboré avec Estuaire en 2009 avec des mises en image d’œuvres pérennes, projetées sur les vitres de la Station Prouvé. Jean Blaise m’a proposé de réaliser un film sur Nantes, avec ce petit décalage surréaliste qui sied à la ville. Sur un format de cinq minutes, j’ai eu carte blanche pour concevoir un parcours en images dans Nantes et restituer sa créativité, avec des lieux incontournables comme l’Éléphant ou le lieu unique mais également la tour Bretagne.
Pour découvrir le film de Gaëtan
Chataigner : www.levoyageanantes.fr
1988�Formation des Little rabbits à la Gaubretière, en Vendée. Le groupe est, avec nirvana, à l’affiche des transmusicales de rennes en 1991.
2004Première commande avec la réalisation du DVD du concert solo de Dominique a aux Bouffes du nord à Paris.
2005DeVenus les French Cowboy, les ex-Little rabbits accompagnent Philippe Katerine sur une centaine de concerts et, depuis 2010, Jeanne Cherhal.
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Formée au Stade nantais université club (le SNUC), Alexandra Fusai a sillonné pendant treize ans le circuit professionnel de tennis. Elle remporte notamment la Fed Cup avec l’équipe de France en 1997, sous le capitanat de Yannick Noah. À 30 ans elle raccroche, passe un diplôme de management sportif et devient présidente du syndicat des joueuses françaises, de 2004 à 2010. Le tournoi de Nantes-Vertou lui confie la direction sportive entre 2007 et 2010. Désormais, elle est la responsable du haut niveau féminin à la fédération française de tennis. « Le haut niveau en France, ce sont 35 joueuses. J’apporte mon expérience pour les emmener dans le top 100 mondial. Et pour certaines viser le top 10 », explique Alexandra Fusai. ‐
aAlexandra Fusai
aBénédicte Journé
Bénédicte Journé, fonctionnaire, assure bénévolement depuis trois ans, un samedi matin sur deux, le rôle d’écrivain public à la bibliothèque de la Halvêque : « J’aidais déjà mes amis africains à remplir leurs dossiers, rédiger leurs courriers. Je souhaitais aller plus loin parce que c’est un réel besoin pour beaucoup de personnes, y compris des Français qui ne maîtrisent pas bien l’écrit. » Lettres de motivation, CV et documents administratifs, mais aussi courrier personnel : « En ce cas, on commence par discuter pour que je comprenne bien ce que les gens ont envie d’exprimer. Puis je rédige, je leur lis le résultat, on affine ensemble, on imprime. Ils n’ont plus qu’à signer et repartir avec le document. Je fais ça pour rendre service, parce que j’aime écrire, et aussi parce que ça m’aide à mieux comprendre le monde dans lequel je vis. »
Contact : bibliothèque de la Halvêque.
Tél. 02 40 50 62 64
Ingénieur de formation et docteur en biologie moléculaire et cellulaire, Olivier Kitten a initié le pôle de compétitivité national spécialisé en biothérapie, Atlanpole Biothérapies, et a été responsable de l’animation, de la promotion et du développement industriel de la filière biotechnologies de santé en Pays de la Loire jusqu’en 2009. En janvier 2010, il crée Affilogic, société de biotechnologie qui développe les « nanofitines », anticorps synthétiques conçus à partir d’une molécule naturelle « très malléable, que l’on modifie pour qu’elle s’accroche sur une cible choisie, virus ou bactérie ». Les applications sont nombreuses : diagnostic ou dépistage simplifiés, mais aussi traitement, puisque cette nouvelle « protéine d’affinité » est capable, par exemple, de repérer et attaquer les cellules cancéreuses, ou encore de remplacer avantageusement certains traitements intraveineux puisqu’elle peut être ingérée sans subir de dégradation. Les nanofitines ont très peu de concurrentes et sont de plus « les moins coûteuses, les plus petites et les plus stables ». Promises donc à un bel avenir. Contact : 02 51 12 56 95. http://www.affilogic.com/
aOlivier Kittenaffilogic, fabrique d’anticorps
« mon fil conducteur ? La promotion du tennis féminin » Écrivain public
bénévole
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soLidaritÉs
a u restaurant social muni-cipal Pierre-Landais, on vient pour déjeuner gra-tuitement ou pour une somme très modique.
Entre 80 et 100 repas y sont servis chaque jour, pour des personnes en situation de précarité. Mais on y vient aussi pour l’atelier de gym douce, le ciné-club, l’atelier d’arts plastiques, les
internet pour tous au restaurant socialdéjà équipé d’ordinateurs connectés à internet, le restaurant social Pierre-Landais a ouvert il y a trois ans un atelier informatique, à la demande des usagers.
aRéseaux
conseils de la diététicienne ou de l’opti-cien, les places de spectacle à 2 € et tout ce qui a été mis en place pour ouvrir le lieu à toutes sortes d’interventions et d’initiatives, depuis que le restaurant social est également un lieu d’accueil de jour. « Fin 2006, nous avons distri-bué aux usagers un questionnaire, leur demandant de définir leurs priorités en termes d’activités et d’animations à
mettre en place. Internet est sorti comme prioritaire, ce qui s’explique bien : ne pas avoir accès à Internet ou à une mes-sagerie électronique, c’est un déficit de communication sociale qui s’ajoute aux autres. Là on peut vraiment parler de fracture numérique… », souligne André Lebot, le responsable du restaurant social. Dès son arrivée, il a demandé l’installation d’un poste informatique,
l’atelier informatique a lieu tous les jeudis après-midis à la Maison de quartier de l’île.
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avec un accès à Internet. Aujourd’hui, il y a toujours quelqu’un derrière les deux ordinateurs connectés et il faut prendre son tour. « Ne serait-ce que pour l’actualisation CAF ou Pôle emploi, avoir affaire à un écran d’ordinateur, c’est moins compliqué qu’un téléphone qui vous renvoie à une boîte vocale impersonnelle et parfois déroutante, poursuit André Lebot. Mais ça peut être aussi l’envie de surfer sur Internet, de s’évader un peu, d’écouter de la musique ou de consulter ses mails. On est donc parti du besoin des usagers pour ouvrir un atelier informatique. »
Se FOrMer eT NOuer deS reLaTiONSTous les jeudis après-midis, les per-sonnes inscrites à l’atelier retrouvent Béatrice Laurent, d’Espaces-Formation, mandatée pour animer cette action considérée comme une véritable for-mation. « Aujourd’hui, on parle de compétences-clés, comme lire et écrire, mais la maîtrise de l’informatique et d’Internet en fait partie, explique-t-elle. On travaille sur la mémoire, la concentration, la capacité à reproduire ce qu’on a appris. Tout cela contribue à une meilleure estime de soi. Je fais le lien entre les personnes et l’ordinateur, mais l’objectif est bien de les rendre autonomes. » Ensemble, ils se rendent à la maison de quartier toute proche, où le cyber-espace a ouvert des créneaux pour l’atelier. « C’est parti d’un usager
rePèreS
L’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (aNCLi) a repéré l’atelier informatique et l’a homologué comme une des quatre « bonnes pratiques régionales ». L’action, reconnue exemplaire, a été modélisée par le CaFOC (Centre de ressources pédagogiques de l’académie de Nantes) dans le cadre du Forum permanent des pratiques de l’aNCLi.
aTémoignagesFraNCK
« Je n’y connaissais pas grand-chose
en informatique. Je suis prof d’anglais et
il faut bien s’y mettre ! Je cherche du
travail, je regarde les annonces de Pôle
emploi, j’ai mon CV sur la clé.
J’écoute aussi du jazz, je prépare des
cours d’anglais que je donne dans
une association. Et, du coup, je me suis
inscrit au cours de perfectionnement
le lundi. »
« On vient en groupe et c’est sympa.
On se donne des coups de main. Moi,
je suis débutante. J’ai une carte de fidélité
dans un cinéma et j’ai un compte
personnel que je veux gérer moi-même.
J’envoie et je reçois des photos, que je
récupère avec la clé. Je suis d’origine
espagnole et je cherche souvent des
adresses dans mon pays, c’est très
important pour moi d’avoir ça. La difficulté,
c’est que j’écris mal le français mais
je progresse ! »
Maria
« Échanger des photos, trouver des adresses »
« Chercher du travail et écouter de la musique »
TONY
« Je fais aussi bien mes déclarations aux
Assedic ou à la CAF que des recherches
pour un projet de voyage ou sur des
spectacles qui m’intéressent. Pour moi,
c’est un moment de détente dans
la semaine, on décompresse dans
une ambiance calme et chaleureuse.
On finit par se connaître un peu avec
les autres, chacun fait des choses
différentes sur Internet. »
« Un moment de détente dans la semaine »
qui voulait créer son blog et qui a com-mencé à fréquenter le cyber-espace. Le lien s’est fait avec l’équipe de la maison de quartier, qui a ouvert le cyber-espace pour cet atelier. Depuis, certains ont pris leur carte d’adhérent et viennent de manière autonome », poursuit André Lebot. Et les créneaux disponibles sont
toujours pleins. « En complément, tous ont reçu une clé USB, sur laquelle ils peuvent stocker des photos, de la musique ou autre et croyez-moi, c’est bien plus important qu’un paquet de photocopies… » ‐armelle de valon
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iNitiatives
habitat groupé :un nouveau mode de vieTrès développé chez nos voisins du nord de l’europe et au québec, l’habitat groupé ou coopératif commence tout juste à émerger en France. Une réponse collective et solidaire à la crise du logement et aux préoccupations environnementales.
Loyers qui explosent, terrains trop chers, isolement… Pourquoi ne pas construire à plusieurs ? Loin des com-munautés des années 1970, l’habitat coopératif propose aujourd’hui une nouvelle réponse : vivre ensemble… cha-cun chez soi ! Encore expérimentale, la démarche fait son chemin et suscite un intérêt croissant.L’idée est simple : un groupe de personnes, réunies en société coopérative, achète un terrain en commun et y bâtit ou réhabilite des logements. « Il s’agit d’une démarche participative qui implique les futurs habitants dès le départ de l’aventure. Ensemble, ils définissent un projet global, déterminent ce qui peut être collectif et ce qui reste privé, et décident d’un programme d’habitat à partir des souhaits, mais aussi des moyens financiers de chacun », explique Olivier Cencetti de l’association L’Écho-Habitants. Tout est réfléchi dans les moindres détails, du choix de
l’architecte ou du mode de chauffage jusqu’à l’utilisation des espaces collectifs comme le jardin, le garage ou la salle commune. « Nous avons écrit une charte qui rappelle nos valeurs communes et régit la vie collective », note Marie-Louise, du groupe Erdre-Porterie.La démarche peut prendre plusieurs années. Il faut trou-ver un terrain qui convienne à tous à un prix raisonnable, définir un programme, en assurer le montage financier, technique et juridique, suivre le chantier jusqu’à la livrai-son. « À la demande, l’association l’Écho-Habitants accom-pagne les groupes d’habitants à toutes les phases du projet », note Olivier Cencetti.
ÉCoNomie, ÉCoLoGie eT LieN SoCiAL« Trois grands facteurs entrent en jeu dans la décision des familles de se lancer dans l’aventure de l’habitat groupé »,
une maison par famille et la dixième pour tous
Retrouver une vie de village, construire un habitat adapté aux
enjeux d’aujourd’hui, offrir aux enfants un cadre sain et solidaire,
ne pas être isolé, se rendre service, favoriser le lien entre les
générations, mutualiser les moyens… elles sont neuf familles avec
de fortes convictions et qui, pour la plupart, ne se connaissaient
pas il y a encore quelques mois. retraités, jeunes couples avec ou
sans enfants, ils ont décidé d’acquérir ensemble auprès de Nantes
Métropole Aménagement un terrain de 3 000 m2 dans le nouvel
écoquartier erdre-Porterie et d’y construire 10 maisons : « Une
pour chaque famille et une dizième, commune à l’ensemble des
foyers », explique Marie-Louise, la doyenne du projet. « Le groupe
s’est constitué autour d’un projet commun : construire un lieu de
vie à la fois personnel et collectif, un lieu autogéré et solidaire,
un lieu intergénérationnel. Nous voulions un espace proche de
la ville, des services et des transports urbains avec des espaces
verts à proximité. » Suivant leurs compétences, les personnes se
sont organisées en trois groupes de travail : le groupe « financier/
juridique » s’est occupé des questions administratives ; le groupe
« technique » a étudié le choix des matériaux et des modes
de chauffage dans une démarche de développement durable ;
le groupe « usages » enfin, a réfléchi sur le quotidien, le partage
des espaces…. « Une très belle aventure. » La construction des
maisons devrait démarrer cet automne.
aErdre-Porterie
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explique Olivier Cencetti. « Premier argument : dans un contexte de crise, faire des économies en partageant les coûts, limiter la spéculation et mutualiser les moyens. Deuxième facteur : construire un habitat durable et éco-logique. Troisième idée : rompre l’isolement et bénéficier d’une solidarité de voisinage. » Deux projets sont en cours dans les écoquartiers Bottière-Chénaie et Erdre-Porterie (voir encadrés), et une dizaine sont à l’étude autour de Nantes. Jeunes couples, personnes retraitées ou familles, tous partagent une même sensibilité au développement durable, à la mixité et au lien social. « Nous sommes très différents, nous n’avons pas tous les mêmes moyens financiers, mais nous faisons ensemble », conclut Marc du groupe Erdre-Porterie. ‐emmanuelle morin
oLiVieR CeNCeTTi / ASSOCiATiON L’éCHO-HABiTANTS
L’habitat coopératif est-il
une idée neuve ?
Non. Le mouvement prend racine
au xixe avec l’exode rural, le
développement industriel et
les problèmes de logement
qui leur sont liés. La France alors,
voit se développer plusieurs
initiatives, le Familistère de Guise
de jean-Baptiste Godin* dans
les années 1850 par exemple ou,
un peu plus tard, la naissance
de la coopérative de logements
HBM, les Habitations Bon Marché.
Après-guerre, on trouve le
mouvement Castors, la
coopérative de logement en
location/accession comme à la
Maison radieuse, voire les
communautés des années
68-70… Mais en 1971, la loi
Chalandon favorable à la propriété
individuelle met fin au système
de location coopérative. Le
mouvement s’essouffle. quelques
initiatives d’habitat groupé
demeurent, à Sainte-Luce ou à
Saint-Nazaire par exemple, mais
elles restent rares. Nos voisins
européens eux, poursuivent leur
démarche, comme à Fribourg en
Allemagne, ou dans de nombreux
pays d’europe du nord. il faut
attendre la fin des années 1990 et
le surgissement des
préoccupations environnementales
pour que se pose la question d’un
urbanisme durable. Aujourd’hui,
les projets se multiplient.
quel est le projet de l’association
L’Écho-Habitants* ?
L’association, en fait, a pour
objectif de développer des projets
d’habitat coopératif, sociaux et
écologiques. elle accompagne
les futurs habitants dans leur
démarche, de la mise en forme
du programme à la livraison, en
passant par les contraintes
administratives et juridiques.
elle essaie également de
sensibiliser les collectivités au
statut de coopérative d’habitants
encore non reconnu en France.
en savoir plus :
www.lechohabitants.org
(*) www.familistere.com
aQuestion à…
« Nous accompagnons les futurs habitants dans leur démarche »
des entrées séparées, des espaces partagés
Accompagnées par l’association L’Écho-Habitants, six
familles vont acheter à Nantes Métropole Aménagement une
parcelle de 800 m2 dans l’écoquartier Bottière-Chénaie. « L’habitat
groupé, ça fait trente ans que j’en avais envie », sourit Chantal.
« Ce qui m’attire, c’est la proximité avec les autres, l’échange de
services, le côté humain. » Arnaud et Mylène eux, soulignent la
difficulté de nouer des contacts dans une ville qu’ils connaissent
peu et souhaitent trouver « une vie de village à Nantes, avoir des
grands-parents d’adoption à deux pas, vivre, en somme, une
nouvelle expérience humaine. » Séduit par le principe d’habitat
groupé, le jeune couple y voit aussi une manière de rationnaliser
les coûts et de mutualiser les moyens. « Pour nous, c’est une prise
de conscience… Le projet, ce sont des logements intermédiaires
(maisons et appartements imbriqués), avec des entrées séparées,
réalisés au m2 près en fonction de nos besoins individuels.
Nous avons également prévu des espaces partagés comme la
buanderie, le garage à vélo ou l’atelier bricolage, ainsi qu’une salle
commune polyvalente ouverte sur le quartier. »
Aujourd’hui, la fin de la phase programmation est proche et
chacun s’en réjouit : « La gestion du projet est très prenante,
mais, dans notre recherche du meilleur rapport qualité/prix,
nous allons pouvoir construire des logements écologiques basse
consommation. On espère être dans nos logements fin 2012… »
aBottière-Chénaie
L’eNquête
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Pourquoi les touristes vien-nent-ils à Nantes ? « Nantes n’est pas une ville exception-nellement belle mais elle est à découvrir par petites
touches. » Le tableau est signé Jean Blaise, nouveau directeur de la société publique locale Le Voyage à Nantes (*) : « La ville n’a pas de monument comme un Guggenheim ou un Beaubourg mais elle a de nombreux atouts à faire valoir : de beaux vestiges du passé (centre histo-rique, château, cathédrale…), un univers spectaculaire et singulier (Machines de
l’île, Royal de Luxe, Estuaire…) et une politique culturelle continue, volontariste et cohérente. Le résultat de ces vingt-cinq ans de travail continu, c’est que la ville est en train de faire sa mue… » « On a construit un socle, petit à petit, qui fait qu’aujourd’hui, on peut se prévaloir d’une véritable offre culturelle », ajoute Jean-Louis Jossic, adjoint délégué à la culture. L’an prochain, un nouveau chapitre de cette histoire s’écrira avec « Le Voyage à Nantes » (lire page 28). Cette offre culturelle en mouvement attire de plus en plus de touristes, en quête de ce que w
eN Se CoNSTRUiSANT UNe iDeNTiTÉ LARGemeNT FoNDÉe SUR LA CULTURe, NANTeS eST AUJoURD’HUi DeVeNUe UNe ViLLe ATTRACTiVe, où Le ToURiSme eST UN SeCTeUR
imPoRTANT De L’ÉCoNomie qUi GÉNèRe PRèS De 10 000 emPLoiS DiReCTS.
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Enquête réalisée par Armelle de Valon
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L’eNquête
PRATiqUe
L’Office de tourisme devient Nantes Tourismeexit les bureaux de la place Saint-Pierre, Nantes Tourisme aura, dès l’automne, deux sites d’information pour le public : en bas de la rue de Strasbourg, tout près du château de Station Prouvé, sur le site des Chantiers. Nantes Tourisme propose une large palette de visites, séjours, excursions… Toutes les infos sur l’offre touristique, réservations en ligne : www.nantes-tourisme.com
Jean-Louis Jossic appelle la « movida nantaise », en référence à l’effervescence culturelle et créative de l’Espagne au début des années 1980.
2,7 miLLioNS De ViSiTeURS PAR AN
Avec 2,7 millions de visiteurs annuels estimés en 2010, Nantes est une des seules destinations touristiques fran-çaises à se maintenir dans ce contexte de crise. Le chiffre d’affaires global du tourisme à Nantes est évalué à 500 M€. Les premiers « générateurs de tou-risme » sont les Nantais eux-mêmes. 60 % de la fréquentation touristique d’agrément est liée à la famille ou aux amis des Nantais et 52 % des passagers des lignes aériennes à destination de Nantes déclarent venir voir des proches.
Avec la mise en place des 35 heures notamment, les touristes sont nombreux à venir faire une escapade de quelques jours, à l’occasion d’un week-end prolongé
« Pour l’instant, il existe encore trop peu de liens entre tourisme et culture vivante à Nantes. Il faut que l’offre soit développée toute l’année et que l’on s’adapte aux nouvelles demandes plus individuelles et personnalisées
des touristes d’aujourd’hui, en-dehors des circuits classiques : petites formules, séjours décidés au dernier moment, circuits à vélo… »Jean-Louis Jossic, adjoint délégué à la culture
par exemple. On parle de « city break » pour désigner ce tourisme urbain. Et les hôteliers en font une priorité pour rem-plir leurs chambres, en s’appuyant sur des thématiques comme art et culture, éco-tourisme, art de vivre à la nantaise, univers fluvial et maritime…
Côté touristes étrangers (essentiel-lement anglais, espagnols, italiens et allemands), la fréquentation progresse chaque année. À l’été 2010, on en comp-tait 14 % dans les hôtels, et quasiment tous les sites culturels majeurs de Nantes affichent des chiffres de fré-quentation des étrangers en hausse, tout comme les accueils de l’office de tourisme (aujourd’hui Nantes Tourisme).
UN ToURiSme D’AFFAiReS DYNAmiqUe
Parallèlement, le tourisme d’affaires représente aujourd’hui 75 % de l’activité hôtelière. On en évalue les retombées éco-nomiques à 51 millions d’euros, sachant
1990 1992-94Les Anneaux de la mémoire, grande exposition sur le passé négrier de Nantes, s’installe au château des ducs de Bretagne.
1992La Cité des congrès de Nantes ouvre ses portes.
1993une exposition qui fera date, l’Avant-garde russe, est présentée au musée des Beaux-arts.
Trois ans après la fermeture des chantiers navals : 1re édition des Allumées (Barcelone). royal de Luxe, débarqué de Toulouse, arrive à Nantes.
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20 ans d’événements
culturels et touristiques
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inauguration de la 1re Folle journée, qui s’exporte aujourd’hui dans quatre villes japonaises (dont Tokyo), à Bilbao, rio de janeiro et varsovie.
1995La coupe du monde de football fait déferler de nombreux visiteurs à Nantes.
1998Le lieu unique ouvre ses portes, scène nationale atypique qui abrite aussi une librairie, un bar, une crèche, des espaces d’expositions et plus tard, un hammam.
2000réouverture du château des ducs de Bretagne remis à neuf et de son musée d’Histoire de Nantes, inauguration du site des Machines de l’île et première édition d’estuaire, biennale d’art contemporain proposant une collection d’œuvres d’art entre Nantes et Saint-Nazaire.
Été 2007Le voyage à Nantes.
2012
qu’un visiteur d’affaires (en visite suite à une réunion professionnelle, un sémi-naire…) dépense trois fois plus qu’un tou-riste en vacances. Dans ce même secteur, le tourisme de congrès représente 14% de l’activité. « C’est un tourisme plus visible car, quand un congrès se tient à Nantes, on voit les congressistes en ville », précise Aurélie Peneau, directrice du service marketing et commercial à Nantes Tou-risme. Ces prochaines années, l’agenda de Nantes va continuer d‘être riche en nouveaux événements. C’est Le Voyage à Nantes. C’est l’Assemblée générale d’Eurocities, un réseau de villes euro-péennes, en 2012. C’est encore 2013 où Nantes sera célébrée comme Capitale verte européenne. Autant d’opportunités pour ouvrir plus encore les portes aux tou-ristes européens (voir page 30), sachant que la stratégie menée vise à développer la part de visiteurs d’agrément. ‐
* Le Voyage à Nantes regroupe l’Office de tou-risme de Nantes Métropole (aujourd’hui Nantes Tourisme), la Sem Nantes Culture et Patrimoine (qui gère le château des ducs de Bretagne et les Machines de l’île) et l’activité Estuaire.
« Notre objectif est de miser sur la culture comme moteur de développement et de faire entrer Nantes dans le top cinq des
destinations urbaines françaises. Malgré la crise, la fréquentation touristique s’est maintenue.Aujourd’hui, nous mettons en synergie tous les acteurs de la chaîne touristique pour dynamiser la destination. Hôtels, restaurants, transports, offre culturelle, tout cela doit concourir à donner envie de venir et revenir. Pas seulement pour visiter un monument mais aussi pour vivre des émotions, une ambiance… »Valérie Demangeau, présidente du Voyage à Nantes
et vice-présidente de Nantes métropole
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L’eNquêtenantes, destination tourisme
travailler l’accueil au sens large
« Je dirige La Cigale depuis bientôt trente ans et j’ai vu la ville évoluer en même temps que la demande des touristes. Il y a trente ans, on faisait la différence sur l’assiette ou le monument. Aujourd’hui, il faut
également privilégier l’accueil et l’hospitalité et cela concerne tous les acteurs du tourisme : hôteliers, restaurateurs, commerçants, chauffeurs de taxi… C’est ce qui fait la différence et ce qui donne envie de revenir. On doit être capable de parler anglais aux visiteurs étrangers, de leur indiquer des endroits à visiter. Et de défendre les produits du terroir : ainsi présentons-nous en permanence un beurre blanc et un large choix de muscadets. Notre activité se maintient tout au long de l’année, parce qu’il y a du tourisme d’affaires et de plus en plus de petits séjours, de week-ends longs avec un public attiré par l’offre culturelle. Trois jours de congrès, ce sont des retombées économiques sur toute la ville. C’est la même chose à l’échelle de la métropole. »
aYannick Curty, président de la brasserie « La Cigale »
Des hôteliers qui se mobilisent pour l’attractivité de la destination
« L’offre hôtelière nantaise s’est fortement accrue depuis deux ans, avec une progression de plus de 15 %. Mais le prix moyen de la chambre reste inférieur au prix constaté dans d’autres villes de même importance. Les deux effets combinés ne sont pas favorables à la bonne santé du secteur
hôtelier. Pour qu’il continue à bien se porter, il faut stimuler le tourisme d’agrément comme le prévoit l’ambitieux plan du Voyage à Nantes, de manière à augmenter la demande tout au long de l’année. Autre élément stimulant : le projet d’éco-certification des hôtels, déjà bien avancé : 25 % du parc hôtelier a un label écologique, ce qui fait de Nantes la première ville française en la matière. Nantes sera capitale verte de l’Europe en 2013. On commence à voir des gens venir pour ça. Il faut continuer d’avancer dans ce sens. »
aGilles Cibert, directeur de l’hôtel « La Pérouse » et président du Club Hôtelier de l’Agglomération Nantaise
aInterview
quelle est l’idée du Voyage à Nantes ?
L’idée de voyage à Nantes, c’est un parcours comme
un « monument dispersé ». On va redécouvrir
la ville ou la faire découvrir avec des points de
vue différents : le lien avec l’eau, la dimension
poétique et littéraire, historique (du Moyen-âge au
contemporain) etc. Mais il ne s’agit pas de jouer les
intellectuels ou d’être tapageurs. Pendant tout l’été
2012 (du 15 juin au 2 septembre), la ville sera livrée
aux piétons, ouverte et animée par des installations
inédites. On entendra de la musique d’opéra qui
sortira du Théâtre Graslin, on pourra prendre un
tram revisité par royal de Luxe… Le musée des
Beaux-Arts sera fermé pour travaux mais on va
installer des œuvres ailleurs dans la ville. On pourra
passer partout et il y aura quelque chose dans tous
les sites du parcours. Sans compter estuaire, qui
rassemblera 23 œuvres d’art pérennes, entre Nantes
et Saint-Nazaire.
et après le 2 septembre 2012 ?
il restera le parcours. il faut que les gens de
l’extérieur aient envie de venir à Nantes parce qu’on
leur a conseillé un hôtel et un parcours culturel.
qu’ils y restent plus d’une journée, avant d’aller sur
la côte. L’objectif est de capter les touristes urbains,
qui sont essentiellement attirés par l’offre culturelle.
Tout cela passe aussi par le développement
de lignes aériennes, de l’offre hôtelière, de la
signalétique, de la communication nationale et
internationale…
Jean Blaise, directeur du Voyage à Nantes.
Le Voyage à nantes fait rimer tourisme et culture
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La ville est riche en propositions
de visites, et l’été propice
pour en profiter.
Les incontournables• Le château des ducs de Bretagne, musée d’Histoire de Nantes
• Le muséum d’Histoire naturelle
• Le site des Chantiers qui rassemble en bord de Loire les Machines
de l’île et le Hangar à bananes. Le site s’enrichira fin septembre 2011 de la
Fabrique, dédiée aux musiques actuelles, suivie par l’inauguration du quartier
de la création. 2012 verra l’ouverture du Carrousel des Mondes Marins.
• Le musée des Beaux-Arts. C’est le moment d’y aller :
il sera ensuite fermé du 25 septembre 2011 à la fin 2013.
• estuaire by night : des œuvres du parcours à voir dès la tombée
de la nuit....
et aussi• La cathédrale et ses cryptes
• Le passage Pommeraye
• Le cours Cambronne,
• La Cigale, brasserie art-déco
• Le lieu unique et la tour LU
• Le jardin des Plantes
• La petite Amazonie, zone humide et
sauvage de 15 hectares en pleine ville.
• Le musée Jules-Verne et le
planétarium, sur la butte Sainte-Anne.
Le petit trainLe petit train rouge et blanc circule 7 jours sur 7 et
transporte 20 000 visiteurs par an. Circuit de 40 minutes
dans le centre-ville, toutes les demi-heures en juin, juillet et
août. départ place Saint-Pierre.
tél : 02 40 62 06 22.
nantes tour bus touristiqueLe bus à impériale fonctionne de juin à septembre. Circuit
d’1 h 10 avec écouteurs en plusieurs langues. Ticket
valable 24 h pour visiter à son rythme. tél : 02 40 14 51 14.
Le cartovilleNantes, l’agglomération
et le vignoble en
11 plans, 48 pages,
100 photos et 60 sites
à visiter, sans compter
les bonnes adresses
de restaurants, bars,
shopping, une liste
d’hébergements et une
carte des transports.
éd. Gallimard. 8,60 €
Le guide du routard180 pages d’info pratique
sur Nantes et les environs,
200 idées de visites,
promenades, flâneries,
30 pages d’histoire, un agenda
des événements etc., le tout
sur un ton plutôt décalé.
éd. Hachette, 9,90 €
Le Pass nantesParmi les nombreuses
propositions de Nantes
Tourisme, le [Pass] Nantes
donne accès à 30 sites de
la ville, aux transports en
commun, à des réductions
shopping, loisirs, sorties, à un
guide touristique et un plan.
Formules 1, 2 ou 3 jours.
Plus d’infos :
www.nantes-tourisme.com
Les GreetersL’association propose
visites et circuits
personnalisés,
organisés par des
habitants de Nantes,
pour les visiteurs qui le
souhaitent.
Prise de contact
par le site : www.
greeters-nantes.com
autour de nantes• Le village de Trentemoult et la Maison radieuse signée Le Corbusier à rezé.
• Le château de Goulaine, dernier des grands châteaux de la Loire.
• Le vignoble : avec 11 000 ha, le muscadet est l’un des plus grands vignobles de France
en un seul cépage, le melon de Bourgogne.
• La vallée de la Sèvre.
• La vallée de l’erdre et ses « folies » nantaises.
• escal’Atlantic, à Saint-Nazaire, évocation scénographiée, d’un paquebot transatlantique
recréé sur 3 500 m².
• Les œuvres d’estuaire dont la Villa Cheminée, à Cordemais, œuvre d’art de l’artiste Tatzu
Nishi, louée à la nuit, au week-end ou à la semaine. Ou encore Misconceivable, ce « bateau
mou », œuvre erwin Wurm, installée à l’écluse du canal de la Martinière, au Pellerin.
À venirLe Mémorial de
l’abolition de l’esclavage,
vaste promenade
piétonne de 400 m de
long, de la passerelle
victor-Schœlcher au
pont Anne-de-Bretagne,
associée à un parcours
méditatif sous le quai.
Ouverture fin 2011.
Des idées pour (re)découvrir nantes
la petite amazonie. cours cambronne.Musée Jules-Verne.
la Villa cheminée. trentemoult.
Passage Pommeraye.le jardin des Plantes.
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L’eNquêtenantes, destination tourisme
«
nantes, destination européenne ?L’enjeu de ces prochaines années est d’être une destination reconnue au-delà des frontières.
Aujourd’hui, Nantes doit passer d’une visibilité nationale à une visibilité internationale. C’est
vrai dans tous les secteurs : l’écono-mie, la recherche, la création, l’ensei-gnement supérieur, la culture… Mais le tourisme dans toutes ses dimen-sions est un élément fédérateur de cette attractivité. La capacité à faire venir des visiteurs contribuera à faire de Nantes un lieu d’ouverture sur le monde », souligne Denis Caille, à la direction générale du développement économique et de l’attractivité inter-nationale de Nantes Métropole. Et en matière de tourisme, les perspectives sont porteuses. En 2030, les projec-tions font état de 30 millions de tou-ristes chinois dans le monde par an.
« La France est la première destination touristique au monde. Nantes, 6e ville de France, ne peut pas être absente d’un tel secteur », note Denis Caille.
qUeLLe STRATÉGie PoUR DÉVeLoPPeR LA DeSTiNATioN ?Le regroupement de l’Office de tourisme de Nantes Métropole (aujourd’hui Nantes Tourisme), de la Sem Nantes Culture et Patrimoine (qui gère le château des ducs de Bretagne et les Machines de l’île) et de l’activité Estuaire, sous l’égide de la société publique locale « Voyage à Nantes », est un élément-clé de la stratégie voulue par la métro-pole pour développer la destination. Cette stratégie vise à la fois le marché
national (Paris, Grand ouest, Lyon, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lille) et le marché européen (grandes villes anglaises, allemandes, belges, hollandaises, suisses, espagnoles et italiennes). Elle s’appuie sur les ten-dances observées : développement des courts séjours (cœur du marché) et du tourisme de proximité, avec des visiteurs qui font attention à leur budget restauration, mais qui cher-chent aussi à se faire plaisir. « L’objectif est d’augmenter la fré-quentation globale pour toutes les structures d’accueil tout au long de l’année et en particulier les week-ends et vacances scolaires », précise Rachel Bocher, adjointe déléguée au tourisme, à l’accueil des nouveaux Nantais et à la francophonie, et vice-présidente de Voyage à Nantes. « Nantes est entrée dans le club des grandes villes de tourisme urbain mais on ne se décrète pas ville touristique européenne. Avoir fait l’objet de deux guides emblématiques comme le guide Cartoville et le Guide du Routard est un signe encourageant. Des congrès sont réservés en moyenne quatre ans à l’avance. Il nous faut maintenant
château des ducs de Bretagne : 1 085 981 visiteurs.
les Machines de l’île : 283 211 visiteurs dont 7 % d’étrangers.
Musée d’Histoire de nantes (château) : 188 675 visiteurs dont 8 % d’étrangers.
« L’objectif est d’augmenter la fréquentation globale pour toutes les structures d’accueil tout au long de l’année et en particulier les week-ends et vacances scolaires »
Rachel Bocher, adjointe déléguée au tourisme, à l’accueil des nouveaux Nantais
et à la francophonie, et vice-présidente de Voyage à Nantes.
aLes sites culturels les plus visités
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9�800�emplois, (hôtellerie comprise), sont directement liés au tourisme dans la métropole.
880�000visiteurs pour estuaire 2009.
30 %des ventes de nantes tourisme sont des offres en « pack » : séjours « bons plans de nantes », « escapade culturelle », « Folle Journée ».
aEn chiffres
Développer le trafic des passagers à destination de nantes
« Le trafic passagers de l’aéroport Nantes-Atlantique (import/export) a triplé en l’espace de douze ans. Il a franchi en fin d’année 2010 le cap des 3 millions de passagers. Les visiteurs ayant Nantes comme destination finale représentent 24 % du trafic, soit environ 700 000 passagers. Leur nombre a augmenté de 15 % par rapport à l’an dernier. Parmi eux, 62 % viennent pour le loisir et 38 % pour les affaires. L’évolution à la baisse des
politiques tarifaires des compagnies aériennes favorise la démocratisation du transport aérien permettant ainsi d’élargir la typologie des visiteurs. Le développement des lignes favorisant le trafic de passagers import est l’un des axes stratégiques de l’aéroport Nantes-Atlantique. Depuis 2004, plus de 50 nouvelles lignes directes ont été créées à l’aéroport Nantes-Atlantique. On peut citer les lignes vers le Royaume-Uni, l’Espagne, la Suisse, les Pays-Bas ou l’Italie, avec le concours du comité du tourisme aérien (CTA*), qui attirent une nouvelle clientèle sur la région et facilitent également les relations d’affaires avec les entreprises européennes. De nombreux projets de lignes sont en discussion, dans le cadre de la stratégie de promotion internationale voulue par Nantes métropole et Voyage à Nantes. »
(*) CTA : Aéroport Nantes-Atlantique, le Voyage à Nantes, la Société publique locale des Pays-de-la-Loire et Loire-Atlantique Tourisme.
aLaurent Noirot-Cosson, directeur commercial de l’aéroport Nantes-Atlantique
accompagner l’ambition touristique et économique », poursuit Rachel Bocher. Pour cela, de nouveaux outils sont mis en place, comme le conseil des acteurs du tourisme, réunissant entreprises du tourisme et acteurs institutionnels
6�000[Pass] nantes ont été vendus en 2010 par nantes tourisme.
+�de�7�000�chambres dans 120 hôtels : c’est la capacité hôtelière de nantes, du 0 au 4 étoiles, y compris les résidences hôtelières. un hôtel 5 étoiles (l’Hôtel radisson) doit ouvrir fin 2012.
560�000��visiteurs chaque année à la cité des congrès de nantes, dont 27 % d’étrangers de 127 nationalités différentes.
Musée des Beaux-arts : 135 339 visiteurs, dont 4 % d’étrangers.
et associatifs, ou l’agence de dévelop-pement à l’international (gouvernée par Nantes métropole, la Carene [Saint-Nazaire] et la CCI), destinée entre autres à développer une marque de territoire. ‐
Muséum d’Histoire naturelle : 82 820 visiteurs dont 2 % d’étrangers.
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1960�arrivé
à Nantes comme
marchand ambulant
en 1938, Monsieur
He Chen Fen ouvre
le premier
restaurant chinois.
aujourd’hui,
on compte une
quarantaine
de restaurant
asiatiques et
de nombreuses
épiceries.
réFugiés
espagnols fuyant
la guerre et la
dictature franquiste
arrivent en France,
entre 1936 et 1939.
8 000 passent par
Nantes en 1939.
300
objets
apparaissent dans
l’exposition :
photos, valises,
outils de travail,
bibelots, talismans
etc. en tout, ce
sont environ 500
objets prêtés par
une centaine de
personnes, qui ont
donné lieu à une
vaste collecte
depuis 2008
pour préparer
l’exposition.
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500�000
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Des Nantais venus d’ailleurs au ChâteauL’exposition, présentée au château des ducs de Bretagne jusqu’au 6 novembre prochain, raconte un siècle d’immigration à Nantes, depuis la première guerre mondiale jusqu’à nos jours, à travers témoignages, objets et parcours de vie emblématiques d’hommes et de femmes, témoins et acteurs de la migration et devenus Nantais. Grâce à une scénographie très vivante, l’exposition entre
dans le quotidien de ces émigrés au parcours parfois chaotique et n’hésite pas à aborder les questions délicates du racisme, de la délation, du rejet des populations étrangères. Pour les enfants, films et jeux abordent les parcours de migrants et les diversités culturelles. Autour de l’exposition, une riche programmation de conférences, rencontres festives, spectacles, vient compléter le propos.
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Le pont Éric-Tabarly inauguré le 17 juin
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nantes.fr
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Après l’ouverture du pont Léopold-Sédar-Senghor en septembre dernier entre Saint-Sébastien et l’île de Nantes, le pont Éric-Tabarly, jeté sur le bras de la Madeleine, sera inauguré le 17 juin. Conçu par l’architecte Marc Barani, avec ses haubans (au nombre de dix-huit) et son pylône central d’une hauteur de 55 mètres,
il permet de relier le quartier de Malakoff/Pré-Gauchet à l’est de l’île de Nantes. Il dispose de deux voies automobiles, deux voies cyclables, deux sites propres de bus et de larges trottoirs. Une grand fête du pont et des quartiers est organisée le 18 juin, avec notamment un pique-nique géant. Il sera mis en service le 19 juin au matin.
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16e�Franchissement
de la Loire sur
l’agglomération
nantaise
28
mètres de large
220
mètres de long
Nantes Passion - 20 - Octobre 2009
[l’info]
VILLE gros plan
La situation de l’emploi ne cesse de se dégraderdepuis plus d’un an. Et Nantes, même si elle le subitmoins que d’autres, n’échappe pas à ce marasme. Au31 juillet 2009, il y avait 24 966 chômeurs de catégo-rie A (sans aucune activité) dans l’agglomération nan-taise, soit une augmentation de 26,2 % par rapport àla même date l’année dernière. L’augmentation est de24, 7 % pour la seule ville de Nantes, où le nombre dedemandeurs d’emploi atteint les 15 480. Cette hausse brutale frappe particulièrement lesjeunes de moins de 25 ans (+ 36, 4 % sur l’agglomé-ration, + 34,8 % sur Nantes). La Maison de l’emploi*connaît un accroissement significatif (+ 18 %) de lafréquentation de ses espaces, avec un nouveaupublic de salariés précaires, intérimaires et fins deCDD, de seniors, et parallèlement une diminution desoffres d’emploi de plus de 60 % et une chute desoffres d’emplois durables de 75 %.Une situation inédite, systémique et qui a malheureu-sement toutes les chances de perdurer.Pour faire face à cette crise, les collectivités ont un
Emplois solidaires, formation en
alternance, préparation aux concours,
clauses d’insertion, école de la 2e
chance… la Ville et Nantes Métropole
mobilisent tous les acteurs et les
dispositifs disponibles pour activer
l’accès ou le retour à l’emploi de ceux
qui sont les plus fragilisés par la crise.
rôle à jouer. D’abord par le volume de leurs budgetset leurs capacités d’investissement. Jean-MarcAyrault a fixé le cap : “Chaque euro engagé doit êtreun euro utile, avoir un effet de levier maximum”. Pourla Ville de Nantes et Nantes Métropole, ce sont plusde 375 millions d’euros qui auront été investis en2009 pour soutenir l’activité, l’emploi et l’innovation.Dans le même temps, il faut répondre aux urgences.
300 emplois solidaires. Ainsi, la Ville et NantesMétropole se sont engagés sur la création de 300emplois solidaires en prenant appui sur les dispositifspropres de l’État (contrats aidés du secteur non mar-chand dans le cadre du plan de relance, adultes relais) etde la Région (emplois tremplins). L’objectif est de répon-dre à la situation de demandeurs d’emploi en difficultétout en proposant à des associations de renforcer leurcapacité opérationnelle. En contrepartie, ces dernièress’engagent, en se constituant comme “employeursfavorisant l’insertion”, dans l’accueil et l’accompagne-ment de publics en difficulté d’insertion professionnelle.
Des mesures conc
Nantes Passion - 21 - Octobre 2009
En tant qu’employeurs, la Ville et la Communautéurbaine vont également développer la formation enalternance. 500 jeunes seront accueillis dans lesannées à venir dans l’une ou l’autre des deux struc-tures, soit par le biais des contrats d’apprentissage,soit par d’autres dispositifs d’alternance.
Accéder à l’emploi public. Là encore, une actionconjointe Ville – Nantes Métropole qui, par le jeu desdéparts en retraites, doivent recruter 350 nouveauxfonctionnaires cette année. “Il s’agit de diversifier lespublics susceptibles de rejoindre la fonction publiqueterritoriale et de leur faciliter l’accès à des emploisdurables” explique Étienne Fabry à la direction del’emploi et de l’innovation sociale de Nantes Métro-pole. Concrètement, des informations sur les métierssont diffusées dans les antennes de quartier de laMaison de l’emploi et auprès des jeunes par la Mis-sion locale. Cela doit déboucher sur l’organisationd’ateliers et de cycles de préparation aux concours dela fonction publique territoriale dans des secteurs à
rètes pour l’emploi
forte embauche. 100 personnes en situation d’inser-tion professionnelle vont pouvoir bénéficier de ces for-mations entre septembre 2009 et juin 2010.“Le galop d’essai a été lancé pour le recrutementd’Atsem (agents spécialisés des écoles maternelles).Nous avons actuellement vingt candidates en forma-tion au CNFPT. Et nous sommes en train de faire lamême chose, toujours avec un groupe de vingt per-sonnes, pour la préparation au concours d’attaché”indique Odile Boisseau, directrice de la Maison del’emploi. “Ce sont des gens qui n’auraient jamaisimaginé pouvoir y accéder, avec tous les freins quel’on connaît : je n’ai pas la compétence, le diplôme, laformation de base, je n’habite pas le bon quartier…”
Des clauses d’insertion professionnelle. Parailleurs, la mise en œuvre de clauses d’insertion dansles marchés publics va être poursuivie. Mises enplace depuis 2004 dans l’agglomération nantaise, cesclauses qui réservent, dans les marchés de travauxliés aux grands chantiers ou dans les marchés de ser-vices (propreté, espaces verts…), une partie du travailà des salariés en insertion, ont déjà bénéficié à 784personnes dont 57 % ont repris une activité ou uneformation professionnelle. Pour la seule année 2008,322 personnes ont bénéficié d’un contrat de travailauprès de 118 entreprises.La signature en mai dernier du plan local d’applicationde la charte d’insertion de l’ANRU (Agence nationalepour la rénovation urbaine), qui prévoit qu’un mini-mum de 5 % des heures travaillées dans le cadre desprojets financés par l’Agence devra être réservé auxhabitants des zones urbaines sensibles, devrait per-mettre de démultiplier les clauses d’insertion. Sixquartiers de l’agglomération (Malakoff, Dervallières,Bout-des-landes/Bruyères, Bellevue, Sillon de Bretagne, Château de Rezé) sont concernés par ceprogramme. 329 000 heures d’insertion devront yêtre réalisées d’ici la fin 2013.“Les clauses d’insertion ont démontré leur utilitéavant la crise, souligne Patrick Rimbert, vice-présidentde Nantes Métropole en charge de l’emploi et de lapolitique de la ville. Cette innovation juridique etsociale est plus que jamais pertinente et ne doit pasêtre une contrainte pour les entreprises.” Le disposi-tif a été adapté au contexte actuel : les entreprisess’étant engagées bénéficient du soutien de la collec-tivité pour qu’elles puissent continuer à former leurpersonnel en insertion dans la perspective d’unemploi durable.
En 2008, 322 personnes
ont bénéficié des clauses
d’insertion. Ici, sur un
chantier de travaux
publics du grand projet
de ville Malakoff.
Nantes Passion - 22 - Octobre 2009
[l’info]
VILLE gros plan[l’info]
VILLE à retenir
Les nouveautédes noctambul
La Luciole, le bus desoiseaux de nuit nantais,
aborde la rentrée 2009 avec un nouveau tracé et une fré-quence renforcée. Explications.La Luciole a été lancée par la TAN à fin 2004 pour offriraux jeunes la possibilité de se déplacer la nuit en toutesécurité. Plus qu’un service, un outil de prévention. Laligne dessert à la fois les bars et discothèques du centre-ville et les principaux quartiers résidentiels de Nantesdans la nuit du samedi au dimanche. En complément desservices bus, tram et busway (assurés chaque samedijusqu’à 2 h 30) et avec une particularité : la présence d’unagent de médiation aux côtés du conducteur. Le tarif ?C’est le même que sur l’ensemble du réseau. Pas desupplément : abonnements, tickets horaires ou
PRÉVENTION
Une école de la deuxième chance. D’ici la fin de l’année, l’Écolede la 2e chance de Nantes** devrait voir le jour. Public visé par ce nou-veau dispositif d’insertion : les jeunes de 18 à 25 ans non diplômés etnon qualifiés.On estime qu’en Loire-Atlantique 11 % des jeunes sortent de la for-mation initiale sans diplôme (17 % en France) et que la moitié d’entreeux n’a aucune qualification. En 2008, sur l’agglomération nantaise,plus de 3 000 jeunes ayant ce profil étaient suivis par la Mission locale.“Aujourd’hui, il faut aller plus loin en direction de tous ces jeunes quiont décroché du système scolaire et qui se trouvent en rupture d’in-sertion sociale et professionnelle, affirme Patrick Rimbert. Avec cetteécole, on va faire du cousu main.”Nées en France au milieu des années 1990, les écoles de la 2e chance(E2C) reposent sur deux principes : une pédagogie souple, innovante,individualisée, faisant la part belle à l’outil informatique, et, au cœur dudispositif, l’alternance pour que le stagiaire soit confronté dès les pre-mières semaines avec le monde du travail. Élément primordial : lamotivation. “Nous allons aider des jeunes qui ont des projets, del’énergie, mais pas de perspectives et qui jusqu’à présent échappaientà tous nos dispositifs.”Déjà, dans les quinze E2C existant actuellement en France, ce dispo-sitif a permis à 63 % des stagiaires d’accéder à un emploi ou une qualification.
* Créée en 2005 à l’initiative de Nantes Métropole, avec le concours actif de l’État,de Pôle Emploi, du Conseil général, de la Région et de la Mission locale, la Maisonde l’emploi rassemble dans un même lieu l’ensemble des services aux demandeursd’emploi, aux salariés, aux entreprises, aux créateurs, avec l’objectif de rendrel’emploi plus accessible et d’agir contre les discriminations dans les quartiers où letaux de chômage est le plus fort. Elle se compose d’un équipement central, bd Jean-Moulin à Bellevue, et de sept espaces de proximité aux Dervallières,Nantes-Est, Rezé – Pont-Rousseau, Bellevue, Sillon de Bretagne, Nantes-Nord etMalakoff.
** Un deuxième site pourrait ouvrir dans l’agglomération nazairienne à l’horizon2011. Le périmètre retenu pour ce nouveau dispositif est l’Estuaire de la Loire,couvrant les deux grands bassins d’emploi de Nantes et Saint-Nazaire. En vitessede croisière, l’école accueillera 180 stagiaires en permanence.
Cet été, la fréquentation des cyber-bases de la Maison de l’emploi
est restée très forte : 883 personnes en juillet, 876 en août.
Haut de sept étageset d’une capacité
de 990 places (dont 630 accessibles au public), le parkingdes Machines, parking métallique le plus haut de France, est entré en service début septembre.Installé aux portes du site des Machines de l’île de Nantes,ce nouveau parking, accessible aux personnes à mobilitéréduite, est doté d’emplacements pour véhicules électriqueset d’un local vélo de 70 places. Il est ouvert de 7 h 30 à
STATIONNEMENT
Un parking de 990 sur l’île de Nantes
s du bus es
Charte de la vienocturneAvec la charte de la vie nocturne signée endécembre 2008, la Ville de Nantes a initié unedémarche de prévention à destination desétablissements de nuit, bars et discothèques, afin de les impliquer dans la lutte contre l’hyper-alcoolisation des jeunes. Luciole trouve sa“raison d’être” dans l’engagement des professionnels de la nuit à jouer le jeu en étant les prescripteurs du service auprès de leur clientèle.
Le parking des Machines
est signé Barto+Barto
architectes. places
19 h 30 en semaine et de 9 h 30 à 21 h 30 le week-end. Lestarifs y sont identiques à ceux de tous les parkings publics.Faisant écho à l’architecture industrielle qui signe l’identitéde l’île de Nantes, ce parking est construit en acier, unmatériau qui a permis une grande liberté dans la conceptionet une édification rapide. Il est largement ventilé et lalumière naturelle y a été privilégiée. Enfin, le principe de construction mis en œuvre permet à l’ouvrage d’êtredémontable pour être recyclé ou rebâti.
Nantes Pa ssion - 23 - Octobre 2009
24 heures sont valables pour monter à bord. Pourtant les résul-tats de fréquentation reflètent une certaine désaffection : de 180clients par nuit en 2005, on est tombé à une centaine en 2007et 2008. C’est que de nouveaux lieux sont apparus, comme leHangar à bananes, entraînant un tracé plus long et des fré-quences de plus d’une heure, tandis que d’autres disparais-saient, tels le Duplex place Zola.La Luciole doit donc s’adapter. Elle le fait en proposant un nou-veau tracé (voir plan) et en ne tournant plus que dans un seulsens. Elle passe toutes les 30 minutes aux différents arrêts.Des horaires faciles à retenir : à Commerce, la navette passeà l’heure et à trente ; au Hangar à bananes à quinze et à qua-rante-cinq. Le premier départ a lieu du Hangar à bananes à 2 h 15, et le dernier à 7 h 15. Le service est désormais assurépar deux véhicules.
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L a situation de l’emploi ne cesse de se dégrader. Nantes n’échappe pas au marasme, même si elle le subit moins que d’autres. La dégrada-
tion de l’emploi est en effet moins forte sur l’agglomération (+ 26,2 % sur un an de demandeurs d’emploi sans aucune activité) que sur l’ensemble de la Loire-Atlantique (+ 32,6 %) ou de la région (+ 35,5 %). La situation n’en est pas moins préoccupante, les jeunes de moins de 25 ans étant parmi les plus touchés. De son côté, la Maison de l’emploi voit le nombre d’offres d’emploi diminuer dras-tiquement, tandis que sa fréquentation augmente (+ 18 %), avec un nouveau public de salariés précaires, intérimaires et fins de CDD, de seniors. Pour faire face à cette situation inédite, qui pourrait malheureusement perdu-rer, les collectivités ont un rôle à jouer. D’abord par le volume de leurs budgets et leurs capacités d’investissement, mais aussi par des mesures d’urgences.
1| CRéER 300 EMPLOiS SOLiDAiRES
La Ville et Nantes Métropole se sont engagées sur la création de 300 emplois solidaires en prenant appui sur les dispositifs propres de l’État (contrats aidés du secteur non mar-chand dans le cadre du plan de relance, adultes relais) et de la Région (emplois tremplins). Objectif : répondre à la situation de demandeurs d’emploi en difficulté, tout en proposant à des
Des mesures concrètesEmploiLa Ville et Nantes Métropole s’engagent pour activer l’accès ou le retour à l’emploi des publics les plus fragilisés par la crise.
associations de renforcer leur capacité opérationnelle. Le choix a été fait de soutenir des associations qui déve-loppent des activités d’utilité sociale. En contrepartie, celles-ci s’engagent dans l’accueil et l’accompagnement de publics en difficulté d’insertion profes-sionnelle.
2| DéVELOPPER LA FORMATiON EN ALTERNANCE
En tant qu’employeurs, la Ville et la communauté urbaine vont accueillir dans les années à venir 500 jeunes, dans l’une ou l’autre des deux structures. Soit par le biais des contrats d’apprentissage, soit par d’autres dispositifs d’alternance.
ODiLE BOiSSEAu / DireCTriCe De La MaiSON De L’eMPLOi
Quel rôle joue la Maison
de l’emploi ?
Nous rendons l’emploi plus
accessible dans les quartiers où le
taux de chômage est le plus fort.
Un exemple : nous dirigeons vers
la fonction publique des personnes
qui n’auraient jamais imaginé
pouvoir y accéder. avec tous les
freins que l’on connaît : je n’ai
pas la compétence, le diplôme, la
formation de base, je n’habite pas
le bon quartier… Le recrutement
d’agents spécialisés des écoles
maternelles nous a servi de galop
d’essai. actuellement, nous avons
vingt candidates en formation
au Centre national de la fonction
publique territoriale. et nous
sommes en train de faire la même
chose, toujours avec
un groupe de vingt personnes,
pour la préparation au concours
d’attaché. Nous intervenons
en complémentarité avec
le Pôle emploi. Nos sept
espaces d’accueil de proximité
(Dervallières, Nantes-est,
rezé-Pont-rousseau, Sillon de
Bretagne, Bellevue, Nantes-Nord
et Malakoff) proposent dans
un même lieu l’ensemble
des services aux demandeurs
d’emploi, aux salariés,
aux entreprises, aux créateurs.
www.me-metropole-nantaise.org.
Tél. : 02 40 85 66 66
aquestion à
3| FAVORiSER L’ACCèS à L’EMPLOi
Là encore, une action conjointe Ville-Nantes Métropole qui, par le jeu des départs en retraite, doivent recruter 350 nouveaux fonctionnaires cette année. « Il s’agit d’élargir les publics susceptibles de rejoindre la fonction publique territoriale et de leur faciliter l’accès à des emplois durables », explique Étienne Fabry à la direction de l’emploi et de l’innovation sociale de Nantes Métropole. Des infor-mations sur les métiers sont diffusées dans les antennes de quartier de la Mai-son de l’emploi et auprès des jeunes par la Mission locale. S’ensuit l’organisation d’ateliers et de cycles de préparation aux
concours de la fonction publique territo-riale dans des secteurs à forte embauche. 100 personnes en situation d’insertion professionnelle vont pouvoir bénéficier de ces formations entre septembre 2009 et juin 2010 (voir ci-dessus l’interview d’Odile Boisseau, directrice de la Maison de l’emploi).
4| DéMuLTiPLiER LES CLAuSES D’iNSERTiON PROFESSiONNELLE
Ces clauses réservent à des salariés en insertion une partie du travail dans les marchés publics de services (propreté, espaces verts…) ou de travaux liés aux grands chantiers. « Cette innovation juri-dique et sociale est plus que jamais w
24 966chôMeurs de catégorie a (sans
aucune activité) dans l’agglomération
nantaise au 31 juillet 2009, soit + 26,2 %
par rapport au 31 juillet 2008. à nantes,
ils sont 15 480 (+ 24,7 %).
375Millions d’euros
investis en 2009
par la ville de nantes
et nantes Métropole
pour soutenir
l’activité, l’emploi et
l’innovation.
3 000Jeunes sans
qualiFication ont
été suivis en 2008
par la Mission locale
pour l’insertion des
jeunes.
La fréquentation de la Maison de l’emploi est en hausse constante.
« Chaque euro engagé doit être un euro utile, avoir un effet de levier maximum. »JEAN-MARC AyRAuLT,président de Nantes Métropole
« Agir dans les quartiers où le chômage est le plus fort en ouvrant des pistes nouvelles »
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L a situation de l’emploi ne cesse de se dégrader. Nantes n’échappe pas au marasme, même si elle le subit moins que d’autres. La dégrada-
tion de l’emploi est en effet moins forte sur l’agglomération (+ 26,2 % sur un an de demandeurs d’emploi sans aucune activité) que sur l’ensemble de la Loire-Atlantique (+ 32,6 %) ou de la région (+ 35,5 %). La situation n’en est pas moins préoccupante, les jeunes de moins de 25 ans étant parmi les plus touchés. De son côté, la Maison de l’emploi voit le nombre d’offres d’emploi diminuer dras-tiquement, tandis que sa fréquentation augmente (+ 18 %), avec un nouveau public de salariés précaires, intérimaires et fins de CDD, de seniors. Pour faire face à cette situation inédite, qui pourrait malheureusement perdu-rer, les collectivités ont un rôle à jouer. D’abord par le volume de leurs budgets et leurs capacités d’investissement, mais aussi par des mesures d’urgences.
1| CRéER 300 EMPLOiS SOLiDAiRES
La Ville et Nantes Métropole se sont engagées sur la création de 300 emplois solidaires en prenant appui sur les dispositifs propres de l’État (contrats aidés du secteur non mar-chand dans le cadre du plan de relance, adultes relais) et de la Région (emplois tremplins). Objectif : répondre à la situation de demandeurs d’emploi en difficulté, tout en proposant à des
Des mesures concrètesEmploiLa Ville et Nantes Métropole s’engagent pour activer l’accès ou le retour à l’emploi des publics les plus fragilisés par la crise.
associations de renforcer leur capacité opérationnelle. Le choix a été fait de soutenir des associations qui déve-loppent des activités d’utilité sociale. En contrepartie, celles-ci s’engagent dans l’accueil et l’accompagnement de publics en difficulté d’insertion profes-sionnelle.
2| DéVELOPPER LA FORMATiON EN ALTERNANCE
En tant qu’employeurs, la Ville et la communauté urbaine vont accueillir dans les années à venir 500 jeunes, dans l’une ou l’autre des deux structures. Soit par le biais des contrats d’apprentissage, soit par d’autres dispositifs d’alternance.
ODiLE BOiSSEAu / DireCTriCe De La MaiSON De L’eMPLOi
Quel rôle joue la Maison
de l’emploi ?
Nous rendons l’emploi plus
accessible dans les quartiers où le
taux de chômage est le plus fort.
Un exemple : nous dirigeons vers
la fonction publique des personnes
qui n’auraient jamais imaginé
pouvoir y accéder. avec tous les
freins que l’on connaît : je n’ai
pas la compétence, le diplôme, la
formation de base, je n’habite pas
le bon quartier… Le recrutement
d’agents spécialisés des écoles
maternelles nous a servi de galop
d’essai. actuellement, nous avons
vingt candidates en formation
au Centre national de la fonction
publique territoriale. et nous
sommes en train de faire la même
chose, toujours avec
un groupe de vingt personnes,
pour la préparation au concours
d’attaché. Nous intervenons
en complémentarité avec
le Pôle emploi. Nos sept
espaces d’accueil de proximité
(Dervallières, Nantes-est,
rezé-Pont-rousseau, Sillon de
Bretagne, Bellevue, Nantes-Nord
et Malakoff) proposent dans
un même lieu l’ensemble
des services aux demandeurs
d’emploi, aux salariés,
aux entreprises, aux créateurs.
www.me-metropole-nantaise.org.
Tél. : 02 40 85 66 66
aquestion à
3| FAVORiSER L’ACCèS à L’EMPLOi
Là encore, une action conjointe Ville-Nantes Métropole qui, par le jeu des départs en retraite, doivent recruter 350 nouveaux fonctionnaires cette année. « Il s’agit d’élargir les publics susceptibles de rejoindre la fonction publique territoriale et de leur faciliter l’accès à des emplois durables », explique Étienne Fabry à la direction de l’emploi et de l’innovation sociale de Nantes Métropole. Des infor-mations sur les métiers sont diffusées dans les antennes de quartier de la Mai-son de l’emploi et auprès des jeunes par la Mission locale. S’ensuit l’organisation d’ateliers et de cycles de préparation aux
concours de la fonction publique territo-riale dans des secteurs à forte embauche. 100 personnes en situation d’insertion professionnelle vont pouvoir bénéficier de ces formations entre septembre 2009 et juin 2010 (voir ci-dessus l’interview d’Odile Boisseau, directrice de la Maison de l’emploi).
4| DéMuLTiPLiER LES CLAuSES D’iNSERTiON PROFESSiONNELLE
Ces clauses réservent à des salariés en insertion une partie du travail dans les marchés publics de services (propreté, espaces verts…) ou de travaux liés aux grands chantiers. « Cette innovation juri-dique et sociale est plus que jamais w
24 966chôMeurs de catégorie a (sans
aucune activité) dans l’agglomération
nantaise au 31 juillet 2009, soit + 26,2 %
par rapport au 31 juillet 2008. à nantes,
ils sont 15 480 (+ 24,7 %).
375Millions d’euros
investis en 2009
par la ville de nantes
et nantes Métropole
pour soutenir
l’activité, l’emploi et
l’innovation.
3 000Jeunes sans
qualiFication ont
été suivis en 2008
par la Mission locale
pour l’insertion des
jeunes.
La fréquentation de la Maison de l’emploi est en hausse constante.
« Chaque euro engagé doit être un euro utile, avoir un effet de levier maximum. »JEAN-MARC AyRAuLT,président de Nantes Métropole
« Agir dans les quartiers où le chômage est le plus fort en ouvrant des pistes nouvelles »
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w pertinente et ne doit pas être une contrainte pour les entreprises », souligne Patrick Rimbert, vice-président de Nantes Métropole en charge de l’emploi et de la politique de la ville. Le dispositif a été adapté au contexte actuel : les entre-prises qui se sont engagées bénéficient du soutien de la collectivité pour pou-voir continuer à former leur personnel en insertion dans la perspective d’un emploi durable.La signature en mai dernier du plan local d’application de la charte d’inser-tion de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) permettra de démultiplier les clauses d’insertion. Il prévoit qu’un minimum de 5 % des heures travaillées dans le cadre des projets financés par l’Agence devra être réservé aux habitants des zones urbaines sensibles. D’ici à la fin 2013, ce sont 329 000 heures d’insertion qui devraient ainsi être réalisées dans six quartiers de l’agglomération : Malakoff, Dervallières, Bout-des-Landes - Bruyères, Bellevue, Sillon-de-Bretagne, Château de Rezé.Mises en place depuis 2004 dans l’agglo-mération, les clauses ont déjà bénéficié à 784 personnes, dont 57 % ont repris une activité ou une formation profession-nelle. Pour la seule année 2008, 322 per-sonnes (dont 115 habitants des quartiers « politique de la ville ») ont bénéficié d’un contrat de travail auprès de 118 entre-prises. 174 ont accédé ensuite à l’emploi ou à la professionnalisation.
5| OuVRiR L’éCOLE DE LA DEuxièME CHANCE
Nouveau dispositif d’insertion à destina-tion des jeunes de 18 à 25 ans non diplô-més et non qualifiés, l’École de la deu-xième chance (E2C) de Nantes devrait faire sa première rentrée d’ici la fin de l’année. Elle accueillera à terme 180 sta-giaires en permanence, un deuxième site étant prévu dans l’agglomération nazai-rienne à l’horizon 2011. « Aujourd’hui, il faut aller plus loin en direction de tous ces jeunes qui ont décroché du système scolaire et qui se trouvent en rupture d’in-sertion sociale et professionnelle. Avec
DéCRyPTAGE
Les Écoles de la deuxième chanceNées en France au milieu des années 1990, elles reposent sur deux principes : une pédagogie souple, innovante, individualisée, faisant la part belle à l’outil informatique, et, au cœur du dispositif, l’alternance pour que le stagiaire soit confronté dès les premières semaines au monde du travail. Dans les quinze e2C existant actuellement en France, 63 % des stagiaires ont pu accéder à un emploi ou une qualification.
cette école, on va faire du cousu main », affirme Patrick Rimbert, qui met en avant le critère de motivation : « Nous allons aider des jeunes qui ont des pro-jets, de l’énergie, mais pas de perspectives et qui jusqu’à présent échappaient à tous nos dispositifs. »En Loire-Atlantique, 11 % des jeunes sortiraient ainsi de la formation initiale sans diplôme (17 % en France), la moitié d’entre eux sans aucune qualification. En 2008, la Mission locale a suivi sur l’agglomération nantaise plus de 3 000 jeunes ayant ce profil, 50 % étant sans solution d’emploi ou de formation. La crise économique a aggravé depuis la situation. ‐
Les deux tiers des stagiaires des écoles de la deuxième chance accèdent à un emploi ou
une qualification.
Les marchés publics, un levier d’insertion.
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Les travaux à venir pour le périphérique
acirculation
Dans les cinq ans qui viennent, l’état et les collectivités vont consacrer près de 60 millions d’euros à résorber les points noirs du périphérique nantais.
LEVER LES GOuLETS D’éTRANGLEMENT
avec près de 100 000 véhicules par jour et
des échangeurs très rapprochés, c’est le
plus gros point de congestion. principaux
goulets d’étranglement : passage sur une
voie à la porte de gesvres, débouchés
des portes de rennes et d’orvault.
une première tranche de travaux est
programmée entre 2011 et 2014.
SuPPRiMER LE PASSAGE
DE DEux à uNE VOiE
des études sont engagées
pour augmenter la capacité
de l’échangeur rn 444-rn 165
(pointe de « l’oreille ouest »
du périphérique) dans le sens
nantes-vannes, en supprimant
la réduction de deux voies à une
voie. le démarrage des travaux
est prévu en 2010.
EN FiNiR AVEC LES iNONDATiONS
itinéraire alternatif au pont de cheviré quand
celui-ci est fermé, ce tronçon est régulièrement
inondé par les crues du gesvres. les études
sont relancées et les travaux de mise hors d’eau
devraient débuter en 2011.
FAiRE SAuTER LES BOuCHONS
DES HEuRES DE POiNTE
nantes Métropole va réaménager
la porte et ses abords. objectifs :
limiter les remontées de files sur les
bretelles du périph’ ; assurer des
cheminements confortables pour
vélos et piétons ; créer une ligne
chronobus sur l’axe de la route de
saint-Joseph ; intégrer les projets
de tram-train nantes-châteaubriant
et de tramway ; etc. la concertation
préalable sur ce projet doit se
dérouler cet automne.
CHOiSiR LE MEiLLEuR iTiNéRAiRE Ou LE BON MODE DE TRANSPORT
la mise en place du système de gestion et d’exploitation du périphérique se poursuit.
objectif : aider les usagers à adapter leur itinéraire ou choisir un autre mode de
transport selon les conditions de circulation. d’ici à 2010 seront installés 10 panneaux
à message variable, 14 panneaux d’information aux accès, 29 nouvelles stations de
comptage et 19 caméras orientables.
Oreille ouest 50
Bd Fleming (périphérique est)47
Périphérique nord 32
Porte de la Beaujoire 43
Info circulation
.
projet Innover, rayonner, mieux
préparer les étudiants au marché du
travail, attirer les cerveaux…
L’université doit évoluer pour
répondre aux nouveaux enjeux.
Aujourd’hui qualifié de “prometteur”,
le campus nantais veut compter
demain parmi les meilleurs sites
universitaires français.
[Nantes]
LA MÉTROPOLE
Les défis de l’Univ
Avec ses 51 000 étudiants, dont 33 000 pour la seuleUniversité, Nantes est la 11e ville universitaire deFrance (*). Un poids non négligeable, mais encore loindu rang de la 6e métropole hexagonale. Une faiblesseliée à son âge, rappelle son président Yves Lecointe.L’université de Nantes n’a pas cinquante ans. Corol-laire : “Les laboratoires de recherche sont partis dezéro”. Grâce à une dynamique remarquable, le retardse comble vite, mais le décalage reste encore mar-qué entre le poids économique de la région et sonpoids dans la recherche. 5e PIB national, les Pays de laLoire ne sont que 10e en nombre de chercheurs.
Un rôle clé. L’université paye ce déficit de poids : leprojet “Nantes Atlantique campus international” n’apas retenu l’attention du gouvernement pour la pre-mière vague du plan Campus qui a alloué 5 milliardsd’euros de crédits exceptionnels à dix des 84 univer-sités françaises pour leur permettre de se moderniserafin de peser dans la compétition mondiale. Un “élec-trochoc” qui aura servi à mesurer le chemin qu’il resteà parcourir pour doter Nantes d’un campus reconnu
parmi les meilleurs. L’enjeu est majeur. “Le rayonne-ment de Nantes est intimement lié à celui de son uni-versité, souligne Yannick Guin, vice-président deNantes Métropole en charge de l’enseignementsupérieur et de la recherche. Pour être une grandemétropole européenne, il faut exister dans le champdu savoir”. Par la transmission des connaissances,l’innovation, sa force d’attraction pour les entreprises,l’université est un moteur essentiel du développe-ment du territoire.Rattrapée parmi les “campus prometteur” par leministère de l’enseignement supérieur et de larecherche (**), l’université nantaise ne manque nid’ambitions ni d’atouts. Le premier, c’est sa pluridis-ciplinarité. Elle offre un large choix de diplômes : 17 DUT, 65 licences, 115 masters, 8 écoles docto-rales, 5 diplômes d’ingénieurs, 82 dans les domainesmédicaux. Le fait qu’elle s’illustre comme l’une desuniversités ayant le plus fort taux d’enseignantspubliant, témoigne également d’un gros potentiel derecherche. Elle s’illustre particulièrement dans les bio-technologies, l’informatique, les matériaux innovants,
Nantes Passion - 32 - Octobre 2009
L’Université de Nantes
s’illustre dans les
biotechnologies, les TIC,
les matériaux innovants,
les sciences humaines
et sociales, le droit
maritime…
versité de Nantes
l’agronomie, les sciences humaines et sociales, ledroit maritime… Mais ces filières émergentes man-quent encore de reconnaissance. “Il faut faire connaî-tre nos talents et bouger pour relever les défis d’au-jourd’hui”, insiste Yannick Guin. L’objectif, c’est defaire partie des quinze meilleurs sites universitairesfrançais”.
Éducation de masse et excellence. Le mouve-ment des étudiants et des enseignants-chercheurscontre la loi Libertés et responsabilités des universi-tés (LRU) a révélé le malaise des facs françaises. Lemodèle de l’université publique - qui remplit la doublemission de former tous les bacheliers sans sélectionet d’assurer une recherche de très haut niveau - estmis en difficulté par la compétition mondiale tant quepar la concurrence des classes prépa et des grandesécoles. Pour ne pas être reléguée au second rang,l’université doit continuer de viser l’excellence, maisaussi mieux se préoccuper de l’avenir professionnelde ses étudiants. “Ils se détournent de nos disci-plines car ils pensent qu’il n’y a pas de débouchés,
reconnaît Frédéric Le Blay, enseignant-chercheur enlangues anciennes et responsable de l’UFR Lettres etlangages. Notre mission ne peut plus seulement êtrede former les futurs enseignants-chercheurs. Il fautmontrer la diversité des métiers, montrer aussi qu’ontravaille sur des problématiques actuelles (***)”.L’université de Nantes dispense depuis longtempsdes formations professionnalisantes (DUT, masterpro, diplômes d’ingénieur, de médecine, de droit, degestion…). La nouveauté, c’est qu’elle va généraliserà tous les cursus les stages en entreprises et le suivides étudiants. Dans la lignée du plan Réussite licencequi vise à stopper l’échec massif en première année,un bureau d’aide à l’insertion professionnelle va êtremis en place. “L’enjeu est essentiel, insiste le res-ponsable de l’UFR Lettres et langages, mais il ne doitpas faire oublier que l’université est avant tout un lieude production et de partage du savoir. Il faut mainte-nir une éducation de masse, adossée à unerecherche ambitieuse et de qualité, qui ne se fassepas au détriment de certaines facs par rapport à d’autres”
Priorité TIC, santé, création, scienceshumaines. Pour tenir les deux bouts de la chaîne,l’université de Nantes a besoin de moyens et d’unestratégie nouvelle. C’est l’objet de trois chantiers quis’ouvrent en cette rentrée 2009-2010 : le programmede rénovation et de construction de nouveaux équi-pements ; l’alliance des universités de Nantes,Angers et Le Mans et de plusieurs grandes écoles ausein du tout nouveau Pôle de recherche et d’ensei-gnement supérieur ; enfin l’élargissement de sescompétences dans le cadre de l’autonomie des uni-versités. Au 1er janvier 2010, elle gérera elle-mêmeson budget et son personnel. À la clé : “plus de souplesse et des leviers d’action au service de notrepolitique”, explique son président.Dans le cadre du plan Campus prometteur, elle vabénéficier d’une enveloppe de l’État de 31 Mb pouraméliorer les conditions d’études et de vie des étu-diants et enseignants-chercheurs. Nantes Métropoleet la Région apporteront 30 M b supplémentairespour soutenir la recherche. Ainsi, à l’horizon 2012, unplateau sera construit sur le campus du Tertre pourréunir les chercheurs en Lettres, langues et scienceshumaines et sociales aujourd’hui dispersés. Ce bâti-ment hébergera également une librairie internatio-nale, l’Institut de recherche et de formation en fran-çais langue étrangère et une crèche de 60 places.Autres chantiers : la réhabilitation énergétique desbâtiments Tertre (Lettres), Lombarderie (Sciences)ainsi que ceux de Polytech (l’école d’ingénieurs de
Le campus en chiffresPlus de 51 000 étudiants(+ 70% en 15 ans), dont 40 000 en formationinitiale (33 000 pourl’Université, 7 000 pour les grandesécoles) et 11 000 enformation continue. 10 % d’étudiantsétrangers et 4 000étudiants nantais àl’étranger2 800 enseignants etchercheurs et unecentaine de laboratoires250 millions d’euros debudget pour la seuleUniversité
Nantes Passion - 33 - Octobre 2009
Nantes Passion - 34 - Octobre 2009
[Nantes]
LA MÉTROPOLE
l’université de Nantes) à la Chantrerie. Le réaména-gement de locaux dans l’actuelle faculté de méde-cine-pharmacie permettra également de répondre àl’importante croissance des activités de recherche enbiologie-santé. Des locaux seront aussi construitspour le Laboratoire d’informatique de Nantes Atlan-tique (LINA) et l’université prendra toute sa placedans le futur quartier de la création sur l’île deNantes : à côté de l’école des Beaux-Arts, la halle 5réhabilitée et ses environs abriteront divers établisse-ments universitaires liés à l’innovation dans les indus-tries culturelles, ainsi qu’un complexe ouvert à tous,permettant de partager la culture scientifique, tech-nique et environnementale et de mettre envaleur les travaux de recherche menés dansla région, constituant ainsi “une universitéde tous les savoirs”.Au-delà du plan Campus, d’autres projetscomme la création d’un campus maritime,ou la cité internationale, le futur staded’athlétisme couvert et le nouveau disposi-tif d’aide aux jeunes chercheurs portés parNantes Métropole, permettront de rendredemain le campus nantais plus attractif etsingulier.
Ambition internationale. Dernierenjeu, majeur : être visible au-delà des fron-tières. Bien que Nantes Métropole ait poséles premiers jalons en créant la Maison deschercheurs étrangers ou l’Institut desétudes avancées, Nantes n’est pour l’heurequ’une ville universitaire moyenne àl’échelle européenne. Pour rayonner, elle adonc uni ses forces avec ses voisines ausein du Pôle de recherche et d’enseigne-ment supérieur Université Nantes AngersLe Mans (Pres) qui regroupe les trois facul-
tés de la région et l’école centrale de Nantes. Ensem-ble, elles pèsent plus lourd : 75 000 étudiants et 3 200enseignants-chercheurs, 130 laboratoires et 9 écolesdoctorales. En fédérant toute cette matière grise, lePres entend développer des programmes derecherche ambitieux, offrir des possibilités de cursusélargies et accueillir des chercheurs venus d’autreshorizons. Concrètement, des masters et des écolesdoctorales internationaux vont être créés. Les cher-cheurs signeront également tous leurs articles scien-tifiques d’un même nom, condition sine qua non pourespérer apparaître dans les classements internatio-naux des meilleures universités du monde. “Laguerre des cerveaux n’est pas que des mots. Il fautse battre pour attirer des chercheurs, des étudiantsde talents”, explique Stéphane Cassereau, présidentde la conférence des grandes écoles, nombreuses(Mines, Audencia, vétérinaire ou architecture,Enitiaa…) à souhaiter rejoindre le Pres UniversitéNantes Angers Le Mans. Ce dernier va donc s’élargir,mais pour atteindre la masse critique nécessaire àfaire émerger “un pôle universitaire d’excellence,attractif et visible” jusqu’en Chine, aux États-Unis ouau Brésil, il développera également des coopérationsavec son alter ego breton. Les universités de Renneset Nantes, comme les deux métropoles de l’Ouest,misent sur les synergies pour renforcer leursdomaines d’excellence. Et en la matière, la rechercheet l’innovation, qui sont la clé de la compétitivité desterritoires, sont deux champs stratégiques pour leurattractivité.
Ophélie Lemarié
(*) Derrière Paris, Lyon, Toulouse,Lille, Marseille, Bordeaux,Montpellier, Rennes, Grenoble et Strasbourg.
(**) Nantes est reconnu “campusprometteur” avec cinq autresuniversités à “fort potentielpédagogique et scientifique” :l’Université européenne deBretagne, Créteil Marne la Vallée,Clermont-Ferrand et Nice SophiaAntipolis.
(***) L’UFR Lettres et langagesorganise sa première Journéescientifique grand public le 4novembre. L’occasion de découvrirle projet de constitution d’un corpusdes langues afro-asiatiques du Ling,des personnalités locales derenom, comme Patrick Berthier,grand spécialiste de Balzac pour La Pléiade… France Cultureretransmettra également dans Les chemins de la connaissance, le colloque sur le travail organisépar les philosophes à la maison dessciences de l’homme Ange-Guépin.
L’université veut
professionnaliser tous
ses cursus, sans
abandonner sa double
mission : un
enseignement de masse
et une recherche de très
haut niveau.
Priorité à la recherche. Le
nombre de chercheurs a
été multiplié par dix en
quinze ans.
.
.
L’uNiVERSiTé NANTAiSE DOiT éVOLuER Si ELLE VEuT COMPTER DEMAiN PARMi LES MEiLLEuRS SiTES FRANçAiS. LES CHANTiERS SONT LANCéS. MOTS D’ORDRE : iNNOVER, RAyONNER, MiEux PRéPARER LES
éTuDiANTS Au MARCHé Du TRAVAiL, ATTiRER LES CERVEAux…
Les défis de Nantes Université
Enquête réalisée par Ophélie Lemarié
pelle son président Yves Lecointe. Grâce à une dynamique remarquable, le retard se comble vite, mais le décalage reste important entre le poids économique de la région et son poids dans la recherche. 5e PIB national, les Pays de la Loire ne sont que 8e en termes de recherche & développement et seulement 10e en nombre de chercheurs de la recherche publique. w
A vec ses 51 000 étudiants, dont 33 000 pour la seule université, Nantes est la 11e ville universitaire de France. Un poids non
négligeable, mais encore loin du rang de la 6e métropole hexagonale. Cette faiblesse est liée à son âge : moins de cinquante ans. De fait, « les laboratoires de recherche sont partis de zéro », rap-
l’enquête
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« Le rayonnement de Nantes est intimement lié à celui de son université. »yANNiCk GuiN,
vice-président de Nantes Métropole
en charge de l’enseignement
supérieur et de la recherche.
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« C’est une année de chantiers déterminants
pour notre avenir qui démarre. »
yves Lecointe,
président de l’université de Nantes
w Ce décalage, l’université vient d’en payer le prix fort. Le projet « Nantes Atlantique campus international » n’a pas retenu l’attention du gouvernement pour la première vague du plan Cam-pus, qui a alloué 5 milliards d’euros de crédits exceptionnels à 10 des 84 uni-versités françaises pour leur permettre de se moderniser afin de peser dans la compétition mondiale. Un « électrochoc » qui aura servi à mesurer le chemin qu’il reste à parcourir pour doter Nantes d’un campus reconnu parmi les meilleurs.
AMBiTiONS ET ATOuTSL’enjeu est majeur. Par la transmission large des connaissances, l’innovation, la formation des jeunes générations, sa force d’attraction pour les entre-
prises, l’université est un moteur essen-tiel du développement du territoire. « Pour être une grande métropole euro-péenne, il faut exister dans le champ de la connaissance et du savoir, confirme Yannick Guin, vice-président de Nantes Métropole en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le rayon-nement de Nantes est intimement lié à celui de son université. Elle a un rôle clé à jouer pour se distinguer, créer de la valeur ajoutée, aider à s’adapter aux changements du monde. »Finalement comptée parmi les « cam-pus prometteurs » par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’université nantaise ne manque ni d’ambitions ni d’atouts. Le premier, c’est sa pluridisciplinarité. w
w Elle offre un large choix de diplômes : 17 DUT et 65 licences, dont 37 w pro-fessionnelles, 115 masters, 8 écoles doc-torales, 5 diplômes d’ingénieur, 82 dans les domaines médicaux. Le fait qu’elle s’illustre comme l’une des universités ayant le plus fort taux d’enseignants publiant témoigne également d’un gros potentiel de recherche. Elle s’illustre par-ticulièrement dans les biotechnologies, l’informatique, les matériaux innovants, l’agronomie, les sciences humaines et sociales, le droit maritime… Mais ces filières émergentes manquent encore de reconnaissance. « Il faut faire connaître nos talents et bouger pour relever les défis d’aujourd’hui, insiste Yannick Guin. L’objectif, c’est de faire partie des quinze meilleurs sites universitaires français. »
TROiS CHANTiERSPour répondre à tous ses défis, l’univer-sité de Nantes a besoin de moyens et d’une stratégie nouvelle. Trois chantiers majeurs s’ouvrent ainsi en cette rentrée 2009-2010. Un programme de rénovation et de construction de nouveaux équipe-ments intéresse notamment les sciences humaines et la biologie-santé, grâce à des fonds de l’État, de Nantes Métropole et de la Région. L’alliance des universi-tés de Nantes, Angers et Le Mans et de plusieurs grandes écoles, au sein du tout nouveau Pôle de recherche et d’enseigne-ment supérieur, doit permettre d’optimi-ser les moyens et les compétences. Enfin, au 1er janvier 2010, l’université gérera elle-même son budget et son personnel, dans le cadre de la loi sur l’autonomie. Son président en attendant plus de sou-plesse pour répondre à tous ces défis. ‐
Pourquoi l’université de Nantes a-t-elle
été recalée du plan Campus ?
au nombre d’étudiants, elle ne fait pas partie
des dix premiers pôles universitaires
français. Son autre faiblesse est sa jeunesse.
Cela dit, c’est tout l’Ouest, historiquement
mal doté, qui a été oublié de ce plan.
Des conséquences ?
On aurait pu craindre une désaffection
après le mouvement contre la loi LrU,
la concurrence des grandes écoles, mais
l’université de Nantes reste attractive avec
+ 13 % de nouveaux étudiants en première
année à la rentrée. Nous avons beaucoup
d’atouts : notre pluridisciplinarité, une très
forte croissance en nombre d’étudiants et de
chercheurs, des domaines d’excellence
reconnus…
Comment faire partie des meilleurs
campus français ?
Nous avons trois grands défis à relever :
la professionnalisation de nos cursus,
l’attractivité du campus et son rayonnement.
2009-2010 va être une année de gros
chantiers avec l’autonomie qui nous donnera
les moyens de gérer notre politique de
recrutement au service de nos objectifs de
recherche et de formation ; un important
programme de rénovations et de
constructions ; la mise en place du pôle
d’enseignement supérieur et de recherche
Université Nantes-angers-Le Mans.
ainterview
LES FiLièRES Qui ONT LA COTE x
Certaines filières sont plus courues que d’autres. Langues étrangères appliquées, droit, institut d’économie ou de management attirent davantage de « première année » par rapport à l’an dernier. Lettres modernes, sciences, ou sociologie perdent en revanche des étudiants.
L’université de Nantes offre un large choix de diplômes : 17 DUT, 65 licences, 115 masters, 8 écoles doctorales, 5 diplômes d’ingénieurs, 82 dans les domaines médicaux.
51 000 étudiants
à nantes, soit
+ 70 % en 15 ans,
dont 33 000
à l’université
2 800 enseignants
et chercheurs
et une centaine
de laboratoires
250 Millions
d’euros
de budget pour la
seule université
+ 13 % de nouveaux
inscrits
à la rentrée 2009
(primo-entrants)
Université : les défis de Nantes
« Le rayonnement de Nantes est intimement lié à celui de son université. »yANNiCk GuiN,
vice-président de Nantes Métropole
en charge de l’enseignement
supérieur et de la recherche.
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« C’est une année de chantiers déterminants
pour notre avenir qui démarre. »
yves Lecointe,
président de l’université de Nantes
w Ce décalage, l’université vient d’en payer le prix fort. Le projet « Nantes Atlantique campus international » n’a pas retenu l’attention du gouvernement pour la première vague du plan Cam-pus, qui a alloué 5 milliards d’euros de crédits exceptionnels à 10 des 84 uni-versités françaises pour leur permettre de se moderniser afin de peser dans la compétition mondiale. Un « électrochoc » qui aura servi à mesurer le chemin qu’il reste à parcourir pour doter Nantes d’un campus reconnu parmi les meilleurs.
AMBiTiONS ET ATOuTSL’enjeu est majeur. Par la transmission large des connaissances, l’innovation, la formation des jeunes générations, sa force d’attraction pour les entre-
prises, l’université est un moteur essen-tiel du développement du territoire. « Pour être une grande métropole euro-péenne, il faut exister dans le champ de la connaissance et du savoir, confirme Yannick Guin, vice-président de Nantes Métropole en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le rayon-nement de Nantes est intimement lié à celui de son université. Elle a un rôle clé à jouer pour se distinguer, créer de la valeur ajoutée, aider à s’adapter aux changements du monde. »Finalement comptée parmi les « cam-pus prometteurs » par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’université nantaise ne manque ni d’ambitions ni d’atouts. Le premier, c’est sa pluridisciplinarité. w
w Elle offre un large choix de diplômes : 17 DUT et 65 licences, dont 37 w pro-fessionnelles, 115 masters, 8 écoles doc-torales, 5 diplômes d’ingénieur, 82 dans les domaines médicaux. Le fait qu’elle s’illustre comme l’une des universités ayant le plus fort taux d’enseignants publiant témoigne également d’un gros potentiel de recherche. Elle s’illustre par-ticulièrement dans les biotechnologies, l’informatique, les matériaux innovants, l’agronomie, les sciences humaines et sociales, le droit maritime… Mais ces filières émergentes manquent encore de reconnaissance. « Il faut faire connaître nos talents et bouger pour relever les défis d’aujourd’hui, insiste Yannick Guin. L’objectif, c’est de faire partie des quinze meilleurs sites universitaires français. »
TROiS CHANTiERSPour répondre à tous ses défis, l’univer-sité de Nantes a besoin de moyens et d’une stratégie nouvelle. Trois chantiers majeurs s’ouvrent ainsi en cette rentrée 2009-2010. Un programme de rénovation et de construction de nouveaux équipe-ments intéresse notamment les sciences humaines et la biologie-santé, grâce à des fonds de l’État, de Nantes Métropole et de la Région. L’alliance des universi-tés de Nantes, Angers et Le Mans et de plusieurs grandes écoles, au sein du tout nouveau Pôle de recherche et d’enseigne-ment supérieur, doit permettre d’optimi-ser les moyens et les compétences. Enfin, au 1er janvier 2010, l’université gérera elle-même son budget et son personnel, dans le cadre de la loi sur l’autonomie. Son président en attendant plus de sou-plesse pour répondre à tous ces défis. ‐
Pourquoi l’université de Nantes a-t-elle
été recalée du plan Campus ?
au nombre d’étudiants, elle ne fait pas partie
des dix premiers pôles universitaires
français. Son autre faiblesse est sa jeunesse.
Cela dit, c’est tout l’Ouest, historiquement
mal doté, qui a été oublié de ce plan.
Des conséquences ?
On aurait pu craindre une désaffection
après le mouvement contre la loi LrU,
la concurrence des grandes écoles, mais
l’université de Nantes reste attractive avec
+ 13 % de nouveaux étudiants en première
année à la rentrée. Nous avons beaucoup
d’atouts : notre pluridisciplinarité, une très
forte croissance en nombre d’étudiants et de
chercheurs, des domaines d’excellence
reconnus…
Comment faire partie des meilleurs
campus français ?
Nous avons trois grands défis à relever :
la professionnalisation de nos cursus,
l’attractivité du campus et son rayonnement.
2009-2010 va être une année de gros
chantiers avec l’autonomie qui nous donnera
les moyens de gérer notre politique de
recrutement au service de nos objectifs de
recherche et de formation ; un important
programme de rénovations et de
constructions ; la mise en place du pôle
d’enseignement supérieur et de recherche
Université Nantes-angers-Le Mans.
ainterview
LES FiLièRES Qui ONT LA COTE x
Certaines filières sont plus courues que d’autres. Langues étrangères appliquées, droit, institut d’économie ou de management attirent davantage de « première année » par rapport à l’an dernier. Lettres modernes, sciences, ou sociologie perdent en revanche des étudiants.
L’université de Nantes offre un large choix de diplômes : 17 DUT, 65 licences, 115 masters, 8 écoles doctorales, 5 diplômes d’ingénieurs, 82 dans les domaines médicaux.
51 000 étudiants
à nantes, soit
+ 70 % en 15 ans,
dont 33 000
à l’université
2 800 enseignants
et chercheurs
et une centaine
de laboratoires
250 Millions
d’euros
de budget pour la
seule université
+ 13 % de nouveaux
inscrits
à la rentrée 2009
(primo-entrants)
Université : les défis de Nantes
2726
l’enquête
L a professionnalisation des for-mations universitaires fait peu débat. Le modèle de l’université
publique – qui remplit la double mission de dispenser à la fois un enseignement de masse pour former tous les bache-liers sans sélection, et une recherche de très haut niveau – est mis en difficulté par la compétition mondiale et par la concurrence des classes prépa et des grandes écoles. Pour ne pas être relé-guée au second rang, l’université doit donc continuer de viser l’excellence, mais
Les moyens en œuvre L’université nantaise va bénéficier d’une aide de l’État de 31 millions d’euros pour améliorer les conditions d’études et de vie des étudiants et enseignants-chercheurs (plan Campus prometteur). Nantes Métropole et la Région y ajoutent 30 millions d’euros, pour soutenir la recherche. De quoi lancer d’importants travaux…
Campus du Tertre En 2012, un nouveau plateau réunira les chercheurs en lettres, langues et sciences humaines et sociales, aujourd’hui dispersés. Le bâtiment hébergera également une librairie internationale, l’Institut de recherche et de formation en français langue étrangère, et une crèche de 60 places.
Faculté de médecine-pharmacieElle va être réaménagée pour répondre à la hausse des activités de recherche en biologie-santé, avec à la clé l’accueil de start-up faisant fructifier les résultats de ces recherches.
aussi mieux se préoccuper de l’avenir professionnel de ses étudiants.Consciente de l’enjeu, l’université nan-taise propose depuis longtemps des for-mations professionnalisantes : DUT, master pro, diplômes d’ingénieur, de médecine, de droit, de gestion… Elle s’attelle aujourd’hui à étendre à tous les cursus les stages en entreprises et le suivi des étudiants. Depuis 2008, des carnets de route offrent aux étudiants un suivi personnalisé pour qu’ils anti-cipent leur future orientation profes-
Recherche et innovationDe nouveaux locaux sont en projet pour le Laboratoire d’informatique de Nantes Atlantique (technologies du logiciel). Dans le futur quartier de la création sur l’Île de Nantes, une véritable « université de tous les savoirs » regroupera par ailleurs divers établissements universitaires liés à l’innovation dans les industries culturelles, ainsi qu’un complexe permettant de partager la culture scientifique, technique et environnementale, et de mettre en valeur les travaux de recherche menés dans la région.
Et aussi Réhabilitation énergétique des bâtiments Tertre (lettres), Lombarderie (sciences) et Polytech (ingénieurs) à la Chantrerie. À plus long terme, Nantes Métropole projette la construction d’une cité internationale et d’un stade d’athlétisme couvert au Tertre. ‐
sionnelle. Ce dispositif pilote mis en place dans le cadre du plan Réussite licence, qui vise à stopper l’échec massif en première année, est renforcé depuis cette année par un bureau d’aide à l’insertion professionnelle. Outre une vaste documentation sur les filières et leurs débouchés, il propose des ate-liers de motivation ou de réorientation, d’aide à la recherche d’emploi ou de stage (CV, lettres de motivation…), ou permet de se préparer à des entretiens d’embauche. ‐
Des mesures pour améliorer l’insertion professionnelle
Un vaste programme de rénovation et de construction
L’université veut professionnaliser tous ses cursus, sans abandonner sa double mission : un enseignement de masse et une recherche de très haut niveau.
Des investissements importants vont permettre de doter l’université de nouveaux locaux et équipements, donnant la priorité à la recherche et à de meilleures conditions d’études.
CAMPuS MARiTiME
La mer pour se distinguerUnique en France, un campus maritime nanto-nazairien doit fédérer dès 2010 les nombreuses compétences typiquement locales autour du monde maritime (droit des marins, shipping, micro-algues, énergies marines…). Un projet porté par les 170 chercheurs du pôle Mer et littoral de l’université avec des grandes écoles (Marine marchande, Centrale), des laboratoires de recherche (ifremer) et des entreprises (DCNS, STx, Port).
Plus de 60 millions d’euros vont être
investis.
ils permettront d’améliorer les conditions
de vie…
L’Ifremer mise sur les micro-algues.
... ainsi que les conditions d’études
et le soutien à la recherche.
FRéDéRiC LE BLAy / reSPONSaBLe De L’UFr LeTTreS eT LaNGaGeS
« Notre mission ne peut plus seulement être de
former les futurs enseignants-chercheurs. Il faut
montrer la diversité des métiers, montrer aussi
qu’on travaille sur des problématiques actuelles.
Sinon, les étudiants se détourneront de nos
disciplines car ils penseront qu’elles n’offrent
pas de débouchés. Mais il ne faut pas oublier
pour autant que l’université est avant tout un
lieu de production et de partage du savoir. Il faut
lui accorder davantage de moyens si l’on veut
maintenir une éducation de masse, adossée à
une recherche ambitieuse et de qualité. »
apoint de vue
« Montrer les débouchés professionnels mais sans oublier la primauté de la production et d’échange du savoir. »
Depuis 2008, des carnets de route offrent aux étudiants un suivi personnalisé.
Université : les défis de Nantes
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l’enquête
L a professionnalisation des for-mations universitaires fait peu débat. Le modèle de l’université
publique – qui remplit la double mission de dispenser à la fois un enseignement de masse pour former tous les bache-liers sans sélection, et une recherche de très haut niveau – est mis en difficulté par la compétition mondiale et par la concurrence des classes prépa et des grandes écoles. Pour ne pas être relé-guée au second rang, l’université doit donc continuer de viser l’excellence, mais
Les moyens en œuvre L’université nantaise va bénéficier d’une aide de l’État de 31 millions d’euros pour améliorer les conditions d’études et de vie des étudiants et enseignants-chercheurs (plan Campus prometteur). Nantes Métropole et la Région y ajoutent 30 millions d’euros, pour soutenir la recherche. De quoi lancer d’importants travaux…
Campus du Tertre En 2012, un nouveau plateau réunira les chercheurs en lettres, langues et sciences humaines et sociales, aujourd’hui dispersés. Le bâtiment hébergera également une librairie internationale, l’Institut de recherche et de formation en français langue étrangère, et une crèche de 60 places.
Faculté de médecine-pharmacieElle va être réaménagée pour répondre à la hausse des activités de recherche en biologie-santé, avec à la clé l’accueil de start-up faisant fructifier les résultats de ces recherches.
aussi mieux se préoccuper de l’avenir professionnel de ses étudiants.Consciente de l’enjeu, l’université nan-taise propose depuis longtemps des for-mations professionnalisantes : DUT, master pro, diplômes d’ingénieur, de médecine, de droit, de gestion… Elle s’attelle aujourd’hui à étendre à tous les cursus les stages en entreprises et le suivi des étudiants. Depuis 2008, des carnets de route offrent aux étudiants un suivi personnalisé pour qu’ils anti-cipent leur future orientation profes-
Recherche et innovationDe nouveaux locaux sont en projet pour le Laboratoire d’informatique de Nantes Atlantique (technologies du logiciel). Dans le futur quartier de la création sur l’Île de Nantes, une véritable « université de tous les savoirs » regroupera par ailleurs divers établissements universitaires liés à l’innovation dans les industries culturelles, ainsi qu’un complexe permettant de partager la culture scientifique, technique et environnementale, et de mettre en valeur les travaux de recherche menés dans la région.
Et aussi Réhabilitation énergétique des bâtiments Tertre (lettres), Lombarderie (sciences) et Polytech (ingénieurs) à la Chantrerie. À plus long terme, Nantes Métropole projette la construction d’une cité internationale et d’un stade d’athlétisme couvert au Tertre. ‐
sionnelle. Ce dispositif pilote mis en place dans le cadre du plan Réussite licence, qui vise à stopper l’échec massif en première année, est renforcé depuis cette année par un bureau d’aide à l’insertion professionnelle. Outre une vaste documentation sur les filières et leurs débouchés, il propose des ate-liers de motivation ou de réorientation, d’aide à la recherche d’emploi ou de stage (CV, lettres de motivation…), ou permet de se préparer à des entretiens d’embauche. ‐
Des mesures pour améliorer l’insertion professionnelle
Un vaste programme de rénovation et de construction
L’université veut professionnaliser tous ses cursus, sans abandonner sa double mission : un enseignement de masse et une recherche de très haut niveau.
Des investissements importants vont permettre de doter l’université de nouveaux locaux et équipements, donnant la priorité à la recherche et à de meilleures conditions d’études.
CAMPuS MARiTiME
La mer pour se distinguerUnique en France, un campus maritime nanto-nazairien doit fédérer dès 2010 les nombreuses compétences typiquement locales autour du monde maritime (droit des marins, shipping, micro-algues, énergies marines…). Un projet porté par les 170 chercheurs du pôle Mer et littoral de l’université avec des grandes écoles (Marine marchande, Centrale), des laboratoires de recherche (ifremer) et des entreprises (DCNS, STx, Port).
Plus de 60 millions d’euros vont être
investis.
ils permettront d’améliorer les conditions
de vie…
L’Ifremer mise sur les micro-algues.
... ainsi que les conditions d’études
et le soutien à la recherche.
FRéDéRiC LE BLAy / reSPONSaBLe De L’UFr LeTTreS eT LaNGaGeS
« Notre mission ne peut plus seulement être de
former les futurs enseignants-chercheurs. Il faut
montrer la diversité des métiers, montrer aussi
qu’on travaille sur des problématiques actuelles.
Sinon, les étudiants se détourneront de nos
disciplines car ils penseront qu’elles n’offrent
pas de débouchés. Mais il ne faut pas oublier
pour autant que l’université est avant tout un
lieu de production et de partage du savoir. Il faut
lui accorder davantage de moyens si l’on veut
maintenir une éducation de masse, adossée à
une recherche ambitieuse et de qualité. »
apoint de vue
« Montrer les débouchés professionnels mais sans oublier la primauté de la production et d’échange du savoir. »
Depuis 2008, des carnets de route offrent aux étudiants un suivi personnalisé.
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l’enquête « Nantes dispose d’une chaîne de recherche quasi unique au monde. »
L a guerre des cerveaux, ce n’est pas que des mots. Il faut vraiment se battre pour attirer des cher-cheurs, des étudiants de
talents », souligne Stéphane Cassereau, président de la Conférence des grandes écoles. À l’international, Nantes a déjà
Nantes dans la guerre mondiale des cerveauxLes trois facultés de la région et l’école centrale de Nantes unissent leurs forces pour créer un pôle d’excellence attractif au niveau international.
des atouts : classée parmi les premières universités françaises pour les étudiants Erasmus, elle accueille 10 % d’étudiants étrangers tandis que 4 000 étudiants nantais partent chaque année étudier à travers le monde. Autres points forts, la Maison des chercheurs étrangers ou l’Institut des études avancées. Mais Nantes reste une ville universitaire moyenne à l’échelle européenne. Les trois facultés de la région et l’École centrale de Nantes ont donc uni leurs forces au sein du pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Université Nantes-Angers-Le Mans. Il regroupe 75 000 étu-diants et 3 200 enseignants-chercheurs, 130 laboratoires et 9 écoles doctorales.
En fédérant toute cette matière grise, en mutualisant les formations et les équi-pements de pointe (Cyclotron, Techno-campus, Campus du végétal…), le Pres entend développer des programmes de recherche ambitieux, offrir des possi-bilités de cursus élargies et attirer des chercheurs. Concrètement, des masters et des écoles doctorales internationaux vont être créés. Les chercheurs signe-ront également tous leurs articles scien-tifiques d’un même nom, pour apparaître demain dans les classements interna-tionaux, parmi lesquels celui de Shan-ghai, qui classe les universités du monde selon le nombre de leurs publications scientifiques. La démarche du Pres a
Des virus qui guérissent
Des recherches primées aux États-Unis
Un programme mondial sur le
droit alimentaire
athérapie génique
abiologie
adroit
« Nous étudions comment des virus peuvent être utilisés pour substituer, dans l’ADN, des cellules d’un malade, un ou des gènes défaillants. Ces vecteurs thérapeutiques seront utilisés un jour contre le diabète, les cancers, les maladies génétiques… La plate-forme de production des vecteurs viraux pour les thérapies géniques, à l’hôpital Laënnec, a permis à mon équipe de franchir une étape décisive après la validation de nos recherches en laboratoire, qui ont duré dix ans. Nantes dispose d’une chaîne complète allant de la recherche à la production de vecteurs, et c’est une chaîne quasi unique au monde. »
PHiLiPPE MOuLLiER,
directeur du laboratoire des thérapies géniques de Nantes
« L’Inra souhaite occuper une place de choix dans la recherche fondamentale, être mieux reconnu de la communauté scientifique. Cette nouvelle orientation, notamment dans le domaine du végétal, nous a amenés à faire davantage de recherche vers l’amont, vers la biologie. On a cherché par exemple à comprendre la biosynthèse de l’amidon, c’est-à-dire comment cette substance se structure dans la nature, alors qu’à l’origine de l’Institut nous nous contentions d’étudier la structure de cette substance organique pour en exploiter mieux les propriétés. Ces programmes de recherche novateurs nous ont valu d’être primés aux États-Unis. »
ALAiN BuLéON,
chercheur à l’inra
« Je travaille à un programme mondial de recherche sur le droit
alimentaire. Une question vitale qui aborde les questions “de la fourche à la fourchette” : crises alimentaires, faim
dans le monde, sécurité sanitaire ou encore développement durable. Nous
avons constitué une équipe de 70 juristes, économistes, sociologues et
anthropologues de tous les continents, avec l’idée de publier un code du droit de l’alimentation… Baptisé Lascaux, ce programme a bénéficié d’une aide
de 2 millions d’euros du Conseil européen de la recherche, par le biais d’un concours ouvert aux chercheurs
du monde entier à condition d’être prospectif et innovant. Sur plus de 400 dossiers, l’Europe a accordé 44 bourses, dont 8 pour la France et un seul projet
issu d’une université, celle de Nantes. »
FRANçOiS COLLART-DuTiLLEuL,
professeur de droit à l’université de Nantes
« Le seul projet universitaire retenu par l’Europe. »
séduit plusieurs grandes écoles (Mines, Audencia, vétérinaire ou architecture, Enitiaa, Agro-Campus…). Il devrait donc s’élargir, mais pour espérer deve-nir « un pôle universitaire d’excellence, attractif et visible » jusqu’en Chine, aux États-Unis ou au Brésil, il développera également des coopérations avec son alter ego breton. Les universités de Rennes et Nantes, comme les deux métropoles de l’Ouest, misent sur les synergies pour renfor-cer leurs domaines d’excellence. Et en la matière, la recherche et l’innovation, qui sont la clé de la compétitivité future des territoires, sont deux champs straté-giques pour leur attractivité. ‐
« Nous voulons occuper une
place de choix dans la recherche
fondamentale. »
Université : les défis de Nantes
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l’enquête « Nantes dispose d’une chaîne de recherche quasi unique au monde. »
L a guerre des cerveaux, ce n’est pas que des mots. Il faut vraiment se battre pour attirer des cher-cheurs, des étudiants de
talents », souligne Stéphane Cassereau, président de la Conférence des grandes écoles. À l’international, Nantes a déjà
Nantes dans la guerre mondiale des cerveauxLes trois facultés de la région et l’école centrale de Nantes unissent leurs forces pour créer un pôle d’excellence attractif au niveau international.
des atouts : classée parmi les premières universités françaises pour les étudiants Erasmus, elle accueille 10 % d’étudiants étrangers tandis que 4 000 étudiants nantais partent chaque année étudier à travers le monde. Autres points forts, la Maison des chercheurs étrangers ou l’Institut des études avancées. Mais Nantes reste une ville universitaire moyenne à l’échelle européenne. Les trois facultés de la région et l’École centrale de Nantes ont donc uni leurs forces au sein du pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Université Nantes-Angers-Le Mans. Il regroupe 75 000 étu-diants et 3 200 enseignants-chercheurs, 130 laboratoires et 9 écoles doctorales.
En fédérant toute cette matière grise, en mutualisant les formations et les équi-pements de pointe (Cyclotron, Techno-campus, Campus du végétal…), le Pres entend développer des programmes de recherche ambitieux, offrir des possi-bilités de cursus élargies et attirer des chercheurs. Concrètement, des masters et des écoles doctorales internationaux vont être créés. Les chercheurs signe-ront également tous leurs articles scien-tifiques d’un même nom, pour apparaître demain dans les classements interna-tionaux, parmi lesquels celui de Shan-ghai, qui classe les universités du monde selon le nombre de leurs publications scientifiques. La démarche du Pres a
Des virus qui guérissent
Des recherches primées aux États-Unis
Un programme mondial sur le
droit alimentaire
athérapie génique
abiologie
adroit
« Nous étudions comment des virus peuvent être utilisés pour substituer, dans l’ADN, des cellules d’un malade, un ou des gènes défaillants. Ces vecteurs thérapeutiques seront utilisés un jour contre le diabète, les cancers, les maladies génétiques… La plate-forme de production des vecteurs viraux pour les thérapies géniques, à l’hôpital Laënnec, a permis à mon équipe de franchir une étape décisive après la validation de nos recherches en laboratoire, qui ont duré dix ans. Nantes dispose d’une chaîne complète allant de la recherche à la production de vecteurs, et c’est une chaîne quasi unique au monde. »
PHiLiPPE MOuLLiER,
directeur du laboratoire des thérapies géniques de Nantes
« L’Inra souhaite occuper une place de choix dans la recherche fondamentale, être mieux reconnu de la communauté scientifique. Cette nouvelle orientation, notamment dans le domaine du végétal, nous a amenés à faire davantage de recherche vers l’amont, vers la biologie. On a cherché par exemple à comprendre la biosynthèse de l’amidon, c’est-à-dire comment cette substance se structure dans la nature, alors qu’à l’origine de l’Institut nous nous contentions d’étudier la structure de cette substance organique pour en exploiter mieux les propriétés. Ces programmes de recherche novateurs nous ont valu d’être primés aux États-Unis. »
ALAiN BuLéON,
chercheur à l’inra
« Je travaille à un programme mondial de recherche sur le droit
alimentaire. Une question vitale qui aborde les questions “de la fourche à la fourchette” : crises alimentaires, faim
dans le monde, sécurité sanitaire ou encore développement durable. Nous
avons constitué une équipe de 70 juristes, économistes, sociologues et
anthropologues de tous les continents, avec l’idée de publier un code du droit de l’alimentation… Baptisé Lascaux, ce programme a bénéficié d’une aide
de 2 millions d’euros du Conseil européen de la recherche, par le biais d’un concours ouvert aux chercheurs
du monde entier à condition d’être prospectif et innovant. Sur plus de 400 dossiers, l’Europe a accordé 44 bourses, dont 8 pour la France et un seul projet
issu d’une université, celle de Nantes. »
FRANçOiS COLLART-DuTiLLEuL,
professeur de droit à l’université de Nantes
« Le seul projet universitaire retenu par l’Europe. »
séduit plusieurs grandes écoles (Mines, Audencia, vétérinaire ou architecture, Enitiaa, Agro-Campus…). Il devrait donc s’élargir, mais pour espérer deve-nir « un pôle universitaire d’excellence, attractif et visible » jusqu’en Chine, aux États-Unis ou au Brésil, il développera également des coopérations avec son alter ego breton. Les universités de Rennes et Nantes, comme les deux métropoles de l’Ouest, misent sur les synergies pour renfor-cer leurs domaines d’excellence. Et en la matière, la recherche et l’innovation, qui sont la clé de la compétitivité future des territoires, sont deux champs straté-giques pour leur attractivité. ‐
« Nous voulons occuper une
place de choix dans la recherche
fondamentale. »
Université : les défis de Nantes
Nantes Passion - 36 - Octobre 2009
SORTIES
[le magazine]
focus Une scène electro
émerge à Nantes depuis quelques
années et se voit consacrer au
niveau international. Talentueuse,
décomplexée, elle réalise le grand
écart entre l’underground et le
grand public, et s’affranchit grâce
au web des frontières physiques
pour diffuser sa musique.
L’electro p
Ils sont vingtenaires ou jeunes trentenaires, parta-gent en règle générale un goût prononcé pour la culture pop et proposent un spectre très large d’in-fluences musicales, parfois “baroques”, mais jamaisfermées. Enfants des années 90, les groupes etmusiciens electro nantais les ont digérées pour offrirun univers sonore qui se moque bien des chapelles.
Pony Pony Run Run : de la dance au rock. “Cetrio electro français confirme ce dont nous nous dou-tions : les Français souvent font de la synth-pop.anglaise bien mieux que nous”. Le compliment vientdu Guardian, le grand quotidien anglais, et s’adresseaux Pony Pony Run Run, soit Gaëtan et Amaël – deuxfrères – et Antonin. Anciens étudiants de l’École desBeaux-Arts de Nantes, ils ont d’abord avalé pendanttrois ans les kilomètres et les concerts en France eten Europe, avant de connaître la consécration au prin-temps dernier à la sortie de leur premier album : Youneed Pony Pony Run Run. Une somme brillante pro-duite par Frédéric Lo, dont la signature est apposéesur les albums de Daniel Darc ou de Stephan Eicher.Surtout, un album porté par le single : Hey you !, à lamélodie imparable mais dont l’euphorie ne doit pasocculter une certaine mélancolie. Sa vidéo, en cetterentrée, a déjà été vue plus d’un million de fois sur
YouTube et DailyMotion, et le Myspace du groupe areçu autant de visites. “Nous sommes fiers de notrealbum dont l’enregistrement fut une expérienceintense en studio. Et sûrs de sa justesse. Il intègretoutes nos influences”, souligne Gaëtan, le chanteur-guitariste du groupe. “On aime tout, de la dance aurock, en assumant de pouvoir aimer une ligne de syn-thé de 2 Unlimited à des choses très pointues en rockindé”, remarque Amaël, bassiste. Pony Pony Run Runvit donc sa trajectoire en accéléré. Cet été, ils ontnotamment ouvert les concerts de Calvin Harris, Sim-ple Minds et de… Katy Perry ! “Toutes ces opportu-nités et cette reconnaissance, c’est gratifiant. On nese gargarise pas non plus même si on souhaite vrai-ment une diffusion internationale de notre musique”,précise Gaëtan. Pour preuve : en 2010, Pony Pony RunRun sera à l’affiche des plus grands festivals d’été enFrance et en Europe, ainsi qu’aux États-Unis et auJapon. www.ponyponyrunrun.net &
www.myspace.com/ponyponyrunrun /
En concert le 10 octobre à l’Olympic.
Minitel Rose : l’effet Côte Ouest ! Avec l’eu-phorisant Magic powder, le trio Minitel Rose peutremercier un de ses amis qui en réalise le vidéo-clipet dont le passage au Grand Journal de Canal + unsoir de mars 2008, provoque alors un buzz incroyable.“Notre premier disque The French Machine allait sortir et à l’origine il ne devait comporter que quatretitres, soit un EP. Mais en deux jours, notre MySpace
Sexy SushiMinitel rose
Nantes Passion - 37 - Octobre 2009
op club de Nantesa reçu alors plus de 100 000 visites et in extremis ona pu produire un sept titres”, explique Raphaël. Lavague electro pop de Minitel Rose peut donc se pro-pager au-delà de nos frontières. “Aux États-Unis, enAustralie et en Angleterre notamment, l’album a étébien accueilli par la critique et les ventes ont suivi”. Ununivers musical largement ancré dans les années 80,nourri notamment de séries américaines et de block-busters hollywoodiens et que restitue bien l’identitégraphique du groupe. West Coast et son sample de lasérie éponyme renvoie également à cet univers 80’s.“Là, c’est de l’humour et du second degré : ce mor-ceau, je l’avais juste créé pour une fête et EMI nousa même proposé de le reproduire ! On vient de lacôte Ouest et on aime beaucoup Nantes : il y existeune vraie émulation musicale et artistique”, souligneRaphaël. En cette rentrée, Minitel Rose est en studioà Paris afin de préparer le second album qui devraitsortir début 2010. www.myspace.com/minitelrose
Valérie : fans des années 80. Un collectif electropop fan des 80’s voit le jour en 2007 lorsque DavidGrellier – moitié du duo Sexy Sushi – initie le blog Valé-rie, deux ans après avoir créé College. Une véritablefamille musicale et artistique composée de six mem-bres (dont les Minitel Rose), tous Nantais à l’excep-tion du Londonien Russ Chimes. Avec une identitégraphique signée par Zonders, un collectif berlinois,des soirées programmées dans le monde entier : lesValérie Party, David Grellier et ses comparses diffu-
sent une certaine idée de la musique : “Je défendsl’idée du «Do it yourself» et j’aime la balance entrel’underground et le grand public. Si on lui propose deschoses de qualité, il les prendra. L’émulation artis-tique qui existe au sein de Valérie permet d’envisagercette ambition”. Ce que confirme Frédéric, à la têted’Anoraak : “C’est une amitié sincère entre nous. Etavec «Valerie and Friends», nous sommes le premierblog musical qui ait sorti un CD. Cette compilation sevend bien d’ailleurs, notamment en Angleterre et enAustralie”.www.myspace.com/valeriejetaime
& www.valeriecollective.com
Sexy Sushi : électro choc. En 2003, la rencontreentre Julia Lanoë, étudiante aux Beaux-Arts à Nanteset future Mansfield Tya, et David Grellier marque lanaissance de Sexy Sushi. De l’electro trash qui varapidement trouver son public, trop heureux de trou-ver là un duo bien furieux et dont les concerts vont lar-gement contribuer à assoir la réputation. Le premier,programmé au lieu unique en mars 2003, sera fondateur. “D’electro punk, notre musique évolueaujourd’hui vers la dance, espagnole ou italiennemais toujours avec une énergie rock. Pourtant, SexySushi reste un gros accident dans nos parcours, avecune part d’aléatoire et d’improvisation qui reste l’essence même du projet”, souligne David Grellier. www.myspace.com/sexysushimusic
& www.sexysushi.free.fr
Loïc Abed-Denesle
Pony Pony Run Run David Grellier (collectif Valérie).
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Ce trio électro français confirme ce dont nous nous doutions : les Français souvent font
de la pop synthé anglaise bien mieux que nous. » Le compliment vient du Guardian, le grand quotidien anglais, et s’adresse aux Pony Pony Run Run, soit Gaëtan et Amaël – deux frères – et Antonin. Ces anciens étudiants des Beaux-Arts de Nantes ont accumulé
les concerts en France et en Europe, avant de connaître la consécration au printemps dernier à la sortie de leur pre-mier album. You need Pony Pony Run Run, produit par Frédéric Lo (Daniel Darc, Stephan Eicher…), est porté par le single : « Hey you ! » dont la vidéo a déjà été vue plus d’un million de fois sur YouTube et DailyMotion. Le MySpace du groupe a reçu autant de visites. « Nous sommes fiers de notre album dont l’enre-
gistrement fut une expérience intense en studio. Et sûrs de sa justesse. Il intègre toutes nos influences », souligne Gaëtan, le chanteur-guitariste du groupe. « On aime tout, de la dance au rock, en assu-mant de pouvoir aimer une ligne de synthé de 2 Unlimited à des choses très pointues en rock indé », remarque Amaël, bassiste. Cet été, les Pony Pony Run Run ont notam-ment ouvert les concerts de Calvin Harris, Simple Minds et… Katy Perry ! « Toutes
L’éLectro pop cLub de NaNtes Une scène électro émerge à Nantes depuis quelques années et se voit consacrée au niveau international. Enfants des années 1990, les musiciens les ont digérées et réalisent le grand écart entre l’underground et le grand public.
L e vidéoclip de l’euphorisant « Magic Powder » et leur passage au « Grand Journal » de Canal +, un soir de mars 2008, ont provoqué un buzz incroyable. « Notre premier disque The French Machine allait sortir et, à l’origine, il ne devait
comporter que quatre titres. Mais en deux jours, notre My Space a reçu alors plus de 100 000 visites et in extremis on a pu pro-duire un sept-titres, explique Raphaël. Aux États-Unis, en Aus-tralie et en Angleterre notamment, l’album a été bien accueilli par la critique et les ventes ont suivi. » Largement ancré dans les années 1980, l’univers musical du trio se nourrit notam-ment de séries américaines et de blockbusters hollywoodiens. L’identité graphique du groupe renvoie également à cet univers 80’s, tout comme « West Coast » et son sample de la série épo-nyme. « Là, c’est de l’humour et du second degré : ce morceau, je l’avais juste créé pour une fête et EMI nous a même proposé de le reproduire ! On vient de la côte Ouest et on aime beaucoup Nantes : il y existe une vraie émulation musicale et artistique », souligne Raphaël. Minitel Rose prépare en studio à Paris le second album, qui devrait sortir début 2010.
www.myspace.com/minitelrose
poNy poNy ruN ruN : de La daNce au rock
ces opportunités et cette reconnaissance, c’est gratifiant. On ne se gargarise pas non plus même si on souhaite vraiment une dif-fusion internationale de notre musique », précise Gaëtan. En 2010, le groupe sera à l’affiche des plus grands festivals d’été en France et en Europe.
www.ponyponyrunrun.net
& www.myspace.com/ponyponyrunrun
En concert le 10 octobre à l’Olympic.
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Ce trio électro français confirme ce dont nous nous doutions : les Français souvent font
de la pop synthé anglaise bien mieux que nous. » Le compliment vient du Guardian, le grand quotidien anglais, et s’adresse aux Pony Pony Run Run, soit Gaëtan et Amaël – deux frères – et Antonin. Ces anciens étudiants des Beaux-Arts de Nantes ont accumulé
les concerts en France et en Europe, avant de connaître la consécration au printemps dernier à la sortie de leur pre-mier album. You need Pony Pony Run Run, produit par Frédéric Lo (Daniel Darc, Stephan Eicher…), est porté par le single : « Hey you ! » dont la vidéo a déjà été vue plus d’un million de fois sur YouTube et DailyMotion. Le MySpace du groupe a reçu autant de visites. « Nous sommes fiers de notre album dont l’enre-
gistrement fut une expérience intense en studio. Et sûrs de sa justesse. Il intègre toutes nos influences », souligne Gaëtan, le chanteur-guitariste du groupe. « On aime tout, de la dance au rock, en assu-mant de pouvoir aimer une ligne de synthé de 2 Unlimited à des choses très pointues en rock indé », remarque Amaël, bassiste. Cet été, les Pony Pony Run Run ont notam-ment ouvert les concerts de Calvin Harris, Simple Minds et… Katy Perry ! « Toutes
L’éLectro pop cLub de NaNtes Une scène électro émerge à Nantes depuis quelques années et se voit consacrée au niveau international. Enfants des années 1990, les musiciens les ont digérées et réalisent le grand écart entre l’underground et le grand public.
L e vidéoclip de l’euphorisant « Magic Powder » et leur passage au « Grand Journal » de Canal +, un soir de mars 2008, ont provoqué un buzz incroyable. « Notre premier disque The French Machine allait sortir et, à l’origine, il ne devait
comporter que quatre titres. Mais en deux jours, notre My Space a reçu alors plus de 100 000 visites et in extremis on a pu pro-duire un sept-titres, explique Raphaël. Aux États-Unis, en Aus-tralie et en Angleterre notamment, l’album a été bien accueilli par la critique et les ventes ont suivi. » Largement ancré dans les années 1980, l’univers musical du trio se nourrit notam-ment de séries américaines et de blockbusters hollywoodiens. L’identité graphique du groupe renvoie également à cet univers 80’s, tout comme « West Coast » et son sample de la série épo-nyme. « Là, c’est de l’humour et du second degré : ce morceau, je l’avais juste créé pour une fête et EMI nous a même proposé de le reproduire ! On vient de la côte Ouest et on aime beaucoup Nantes : il y existe une vraie émulation musicale et artistique », souligne Raphaël. Minitel Rose prépare en studio à Paris le second album, qui devrait sortir début 2010.
www.myspace.com/minitelrose
poNy poNy ruN ruN : de La daNce au rock
ces opportunités et cette reconnaissance, c’est gratifiant. On ne se gargarise pas non plus même si on souhaite vraiment une dif-fusion internationale de notre musique », précise Gaëtan. En 2010, le groupe sera à l’affiche des plus grands festivals d’été en France et en Europe.
www.ponyponyrunrun.net
& www.myspace.com/ponyponyrunrun
En concert le 10 octobre à l’Olympic.
MiNiteL rose : L’effet côte ouest !
CULTUREs
Nantes tient une placeparticulière dans l’aventurelittéraire et artistique que futle surréalisme. Elle a été lethéâtre de la rencontredécisive entre André Breton etJacques Vaché, en 1916, tandisque plusieurs des compagnonsde route du surréalisme enétaient originaires.
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[histoires]
DE QUARTIER
Nantes au quotidien - 29 - Octobre 2009
Nantes dans l’aventure surréaliste
La personnalité
du Nantais
Jacques Vaché éblouit
le jeune André Breton,
lorsqu’il le rencontre
au début de 1916.
En 1994, l’exposition “Le Rêve d’une ville”interrogeait Nantes sur sa place dansl’aventure surréaliste, par ses liens avec le“pape” du mouvement littéraire et artis-tique, André Breton, et nombre d’écrivains,poètes et peintres qui lui sont associés.Une découverte pour beaucoup, et undébat toujours ouvert. Le journaliste ThierryGuidet rappelle en effet que “rien n’ajamais ressemblé à une sorte de sectionnantaise du surréalisme”, tandis que l’his-torien Didier Guyvarc’h note“qu’avant la findes années 1960 Nantes ignore ce mouve-ment collectif.”
Nantes se serait-elle rêvée en haut lieu dusurréalisme ? Alors que la Bibliothèquemunicipale expose ses dernières acquisi-tions ayant trait au mouvement, sa direc-trice Agnès Marcetteau n’a, de son côté,aucun doute : “Les intuitions que l’on avaitil y a quinze ans étaient fondées. Nantespeut dire qu’elle a joué un rôle dans cemoment de l’histoire littéraire. Les liens sontattestés par une multitude de documents.”
L’ombre de Jacques Vaché. Ces liens,ils remontent précisément à janvier 1916.Alors qu’il est affecté comme interne à l’hô-
ment en 1929. Il rédige l’année suivante un pamphletcontre Breton, ironiquement intitulé “Un Cadavre” !D’autres Nantais vont intégrer le cercle des surréa-listes de la capitale. Ainsi de Jacques Viot. Ami deMax Ernst, c’est vraisemblablement lui qui le faitvenir à Pornic, où le peintre réalise ses premièresœuvres utilisant la technique du frottage. En 1925, lapremière exposition surréaliste a lieu à la galerie pari-sienne Pierre Loeb, dont Viot est l’assistant. On ytrouve des œuvres de Pierre Roy, “qui est né àNantes comme tout le monde”, selon le motd’Aragon qui écrit aussi pour sa première expositionpersonnelle : “C’est à Nantes qu’est né le monde,Nantes dont le plus beau monument touristique est
pital militaire de la rue du Boccage, André Breton faitla connaissance d’un soldat blessé au front, JacquesVaché. La personnalité de ce Nantais, son regard surla société et ses conceptions esthétiques le mar-quent à jamais. “C’est à Jacques Vaché que je dois leplus. Le temps que j’ai passé avec lui à Nantes en1916 m’apparaît presque enchanté (…) Sans lui j’au-rais peut-être été un poète ; il a déjoué en moi cecomplot de forces obscures qui mène à se croirequelque chose d’aussi absurde qu’une vocation”,écrira Breton dans “Les Pas perdus”. Les deuxhommes nouent une amitié que seule la mort varompre : le 6 janvier 1919, Jacques Vaché succombeaprès une nuit passée à fumer de l’opium dans unechambre de l’Hôtel de France, place Graslin. PourAndré Breton, il s’agit d’un suicide qu’il va dès lorss’employer à transformer en mythe. Un mythe fon-dateur de ce qu’il baptisera bientôt “surréalisme” :un mouvement littéraire et artistique qui oppose auxconventions morales et sociales, les valeurs du rêve,de l’instinct, de la révolte.Au mois d’août de cette même année 1919, Bretonregroupe, publie et préface les “Lettres de guerre” deson ami Vaché. Son unique œuvre éditée, bien que ledandy aux cheveux roux ait déjà une expérience litté-raire. Alors qu’il était lycéen à Clemenceau, il faisaitpartie du “groupe des Sârs” responsable en 1913d’une publication qui fit scandale, “En route mauvaisetroupe”, suivie du “Canard sauvage”. C’est dans cemême “noyau pré-surréaliste” nantais, que l’ontrouve Jean Sarment, homme de théâtre qui perpé-tuera la mémoire du groupe. Ses archives et papiersdonnés par sa fille à la Bibliothèque en portent témoi-gnage, livrant correspondance et essais littéraires deVaché et de ses condisciples.
Péret, Baron, Viot… Au tout début des années1920, c’est à Paris que se nouent d’autres liens.Breton y rencontre le jeune Benjamin Péret.Originaire de Rezé, ce poète adepte de l’écritureautomatique et de l’humour, restera l’un de ses plusfidèles compagnons de route. Ce ne sera pas le casde Jacques Baron, qui, s’il est né à Paris, a passétoute son enfance à Nantes. Auteur de “L’Allure poé-tique”, ce poète salué par ses compagnons comme“le Rimbaud du Surréalisme”, est exclu du mouve-
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Nantes au quotidien - 30 - Octobre 2009
Claude Cahun,
figure nantaise
du surréalisme
dont l’œuvre a
été redécouverte
tardivement.
ce S muet qui le muselle…” Un autre peintre né àNantes est à citer dans l’aventure surréaliste :Camille Bryen, dont les premières œuvres sont inspi-rées par le mouvement mais qui sera surtout connupour ses recherches sur l’abstraction.
Cahun la méconnue, Gracq l’illustre. ClaudeCahun occupe une place particulière dans la galaxiedes surréalistes. Elle est la fille de Maurice Schwob,le directeur du journal nantais Le Phare de la Loire, etsurtout la nièce de Marcel Schwob, un des écrivainsdont Breton estime qu’ils ont ouvert la voie au sur-réalisme. En 1932, Claude Cahun et sa compagneSuzanne Malherbe, alias Marcel Moore, adhèrent à
l’Association des écrivains et artistes révolutionnairesoù officie Breton. Claude participe à l’”Exposition desobjets surréalistes” à Paris ainsi qu’à l’exposition sur-réaliste de Londres en 1936. Son œuvre, passéeplutôt inaperçue à l’époque, sera redécouverte audébut des années 1990.Il en est bien sûr tout autrement de Julien Gracq, quien 1985 a consacré tout un ouvrage à Nantes, “LaForme d’une ville”. Dès le premier roman de Gracqen 1938, André Breton s’enthousiasme. Les deuxhommes se rencontrent l’année suivante à Nantes.“Breton ne se départira jamais d’une admiration qui,dès leur première rencontre, deviendra parallèlementune grande amitié”, note le critique littéraireDominique Rabourdin. Et cela même si Julien Gracqne voudra jamais intégrer officiellement le mouve-ment surréaliste. En 1966, quelques semaines avantsa mort, Breton envoie une dernière carte postale àGracq qui évoque encore “Nantes, où nous sommestout à la fois ensemble et séparément”.
La mer et l’aventure. Poètes, écrivains,peintres, ils sont donc nombreux à être venus deNantes pour œuvrer dans les cercles du surréa-lisme. Un hasard ? Ou bien, qui sait si tous cesartistes ont eu les mêmes rêves dans la ville natalede Jules Verne, ouverte sur la mer et l’aventure ?Pour Vincent Rousseau, commissaire de l’exposi-tion de 1994, “la vraie question est de savoir si cesgens-là se fréquentaient à Nantes, ou bien s’ils sesont seulement agrégés à Paris. Il est probablequ’ils pouvaient se connaître déjà à Nantes, maishormis les liens entre Cahun et Viot, la questionn’est pas résolue”.Côté certitudes, en revanche, reste l’attachementd’André Breton pour la cité. En 1928, la publicationde Nadja lui avait donné l’occasion d’une véritabledéclaration d’amour : “Nantes : peut-être avecParis la seule ville de France où j’ai l’impressionque peut m’arriver quelque chose qui en vaut lapeine, où certains regards brûlent pour eux-mêmesde trop de feux (…), où pour moi la cadence de lavie n’est pas la même qu’ailleurs, où un espritd’aventure au-delà de toutes les aventures habiteencore certains êtres, Nantes d’où peuvent encoreme venir des amis…” Pierre-Yves Lange
Nantes au quotidien - 31 - Octobre 2009
Sources :
“Nantes et lesurréalisme”, ThierryGuidet, “Nantes et lesurréalisme, le rêve etles réalités” (in “Placepublique n°16”), “Le rêve d’une ville”,collectif, musée desBeaux-Arts de Nantes,1994.
Dans cette revue
de 1970, les liens
entre Nantes
et le mouvement
surréaliste
commencent
à se révéler.
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Nantesdans l’aventure
surréaliste
N antes, un haut lieu du mouvement surréaliste ? Pour Agnès Marcetteau, directrice de la Biblio-thèque municipale, cela ne
fait aucun doute : « Les intuitions expri-mées il y a une quinzaine d’années par cer-tains historiens étaient bel et bien fondées. Nantes peut dire qu’elle a joué un rôle dans ce moment de l’histoire littéraire. » La Bibliothèque municipale expose d’ailleurs en ce moment ses dernières acquisitions ayant trait au mouvement.
L’OMBrE DE JacqUES vaché L’histoire commence en janvier 1916. Alors qu’il est affecté comme interne à l’hôpital militaire de la rue du Boccage, André Breton, le « pape du surréalisme », fait la connaissance d’un soldat blessé au front, Jacques Vaché. La personnalité de ce Nantais le marque à jamais. Car Vaché est une forte tête : alors qu’il était lycéen à Clemenceau, il participe à une publica-tion qui fait scandale. Intitulée « En route mauvaise troupe », la feuille préfigure la veine provocatrice du surréalisme. « C’est à Jacques Vaché que je dois le plus, écrira Breton dans Les Pas perdus. Le temps que j’ai passé avec lui à Nantes en 1916 m’apparaît presque enchanté. » Le 6 janvier 1919, Jacques Vaché suc-combe après une nuit passée à fumer de l’opium dans une chambre d’hôtel, place Graslin. Pour André Breton, il s’agit d’un suicide, qu’il va s’employer à transfor-mer en mythe. Un mythe fondateur de ce qu’il baptisera bientôt « surréalisme » :
un mouvement littéraire et artistique qui oppose aux conventions morales et sociales les valeurs du rêve, de l’instinct, de la révolte
pérEt, BarON, aragON… Au début des années 1920, c’est à Paris que se nouent d’autres amitiés. Breton y rencontre le jeune Benjamin Péret. Originaire de Rezé, ce poète adepte de l’écriture automatique et de l’humour restera l’un de ses plus fidèles compagnons de route. Ce ne sera pas le cas de Jacques Baron. Auteur de L’Allure poétique, ce poète qui a passé toute son enfance à Nantes et qui est salué par ses compagnons comme « le Rimbaud du surréalisme », est exclu du mouvement en 1929. D’autres Nantais vont intégrer le cercle des surréalistes de la capitale, comme Jacques Viot. Ami du peintre Max Ernst, il l’a vraisemblablement fait venir à Pornic, où il réalise ses pre-mières œuvres utilisant la technique du frottage. Viot travaille dans la galerie où a lieu la première exposition surréaliste, en 1925. Y participe Pierre Roy, « qui est né à Nantes comme tout le monde », selon le mot d’Aragon. « C’est à Nantes qu’est né le monde, écrira-t-il plus tard. Nantes dont le plus beau monument tou-ristique est ce S muet qui le muselle… » Un autre peintre né à Nantes parti-cipe à l’aventure surréaliste : Camille Bryen, dont les premières œuvres sont inspirées par le mouvement mais qui sera surtout connu pour ses recherches sur l’abstraction.
La ville tient une place particulière dans l’aventure littéraire et artistique que fut le surréalisme.
En 1916, elle a été le théâtre de la rencontre décisive entre andré Breton et Jacques vaché.
Et plusieurs des compagnons de route du surréalisme en étaient originaires.
Un triptyque
de Marcel Moore,
le pseudonyme
de la compagne
de claude cahun.
La personnalité du Nantais Jacques vaché
éblouit le jeune andré Breton en 1916.
claude cahun,
figure nantaise
du surréalisme,
dont l’œuvre a
été redécouverte
tardivement.
CULTUREs
cahUN La MécONNUE, gracq L’iLLUStrE Claude Cahun occupe une place parti-culière dans la galaxie des surréalistes. Elle est la nièce de Marcel Schwob, un des écrivains dont Breton estime qu’ils ont ouvert la voie au surréalisme. En 1932, avec sa compagne Suzanne Malherbe, alias Marcel Moore, elle adhère à l’As-sociation des écrivains et artistes révo-lutionnaires, où officie Breton. Elle par-ticipera aux expositions surréalistes de Paris et Londres, mais ce n’est que dans les années 1990 que son œuvre sera redé-couverte.
Il en est tout autrement de Julien Gracq. Dès son premier roman en 1938, André Breton s’enthousiasme. Les deux hommes se rencontrent l’année suivante à Nantes. « Breton ne se départira jamais d’une admiration qui, dès leur première rencontre, deviendra parallèlement une grande amitié », note le critique littéraire Dominique Rabourdin. Et cela même si Julien Gracq ne voudra jamais intégrer officiellement le mouvement surréaliste. En 1966, quelques semaines avant sa mort, Breton envoie une dernière carte postale à Gracq qui évoque encore « Nantes, où nous sommes tout à la fois ensemble et séparément ». En 1985, Gracq consacrera tout un ouvrage à Nantes, La Forme d’une ville. DécLaratiON D’aMOUr Nantes fut donc, sinon un port d’attache, du moins un point d’origine pour de nom-breux poètes, écrivains et peintres gravi-tant dans les cercles du surréalisme. « La vraie question est de savoir si ces gens-là se fréquentaient à Nantes, ou bien s’ils se sont seulement agrégés à Paris, s’interroge Vin-cent Rousseau, commissaire d’une exposi-tion qui, dès 1994, explorait la place la ville dans l’aventure surréaliste. En réalité, cette question n’est pas résolue. » Côté certitudes, en revanche, reste l’attachement d’André Breton pour la cité. En 1928, la publication de Nadja lui avait donné l’occasion d’une véritable déclaration d’amour : « Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux […], où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes d’où peuvent encore me venir des amis… »
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Nantesdans l’aventure
surréaliste
N antes, un haut lieu du mouvement surréaliste ? Pour Agnès Marcetteau, directrice de la Biblio-thèque municipale, cela ne
fait aucun doute : « Les intuitions expri-mées il y a une quinzaine d’années par cer-tains historiens étaient bel et bien fondées. Nantes peut dire qu’elle a joué un rôle dans ce moment de l’histoire littéraire. » La Bibliothèque municipale expose d’ailleurs en ce moment ses dernières acquisitions ayant trait au mouvement.
L’OMBrE DE JacqUES vaché L’histoire commence en janvier 1916. Alors qu’il est affecté comme interne à l’hôpital militaire de la rue du Boccage, André Breton, le « pape du surréalisme », fait la connaissance d’un soldat blessé au front, Jacques Vaché. La personnalité de ce Nantais le marque à jamais. Car Vaché est une forte tête : alors qu’il était lycéen à Clemenceau, il participe à une publica-tion qui fait scandale. Intitulée « En route mauvaise troupe », la feuille préfigure la veine provocatrice du surréalisme. « C’est à Jacques Vaché que je dois le plus, écrira Breton dans Les Pas perdus. Le temps que j’ai passé avec lui à Nantes en 1916 m’apparaît presque enchanté. » Le 6 janvier 1919, Jacques Vaché suc-combe après une nuit passée à fumer de l’opium dans une chambre d’hôtel, place Graslin. Pour André Breton, il s’agit d’un suicide, qu’il va s’employer à transfor-mer en mythe. Un mythe fondateur de ce qu’il baptisera bientôt « surréalisme » :
un mouvement littéraire et artistique qui oppose aux conventions morales et sociales les valeurs du rêve, de l’instinct, de la révolte
pérEt, BarON, aragON… Au début des années 1920, c’est à Paris que se nouent d’autres amitiés. Breton y rencontre le jeune Benjamin Péret. Originaire de Rezé, ce poète adepte de l’écriture automatique et de l’humour restera l’un de ses plus fidèles compagnons de route. Ce ne sera pas le cas de Jacques Baron. Auteur de L’Allure poétique, ce poète qui a passé toute son enfance à Nantes et qui est salué par ses compagnons comme « le Rimbaud du surréalisme », est exclu du mouvement en 1929. D’autres Nantais vont intégrer le cercle des surréalistes de la capitale, comme Jacques Viot. Ami du peintre Max Ernst, il l’a vraisemblablement fait venir à Pornic, où il réalise ses pre-mières œuvres utilisant la technique du frottage. Viot travaille dans la galerie où a lieu la première exposition surréaliste, en 1925. Y participe Pierre Roy, « qui est né à Nantes comme tout le monde », selon le mot d’Aragon. « C’est à Nantes qu’est né le monde, écrira-t-il plus tard. Nantes dont le plus beau monument tou-ristique est ce S muet qui le muselle… » Un autre peintre né à Nantes parti-cipe à l’aventure surréaliste : Camille Bryen, dont les premières œuvres sont inspirées par le mouvement mais qui sera surtout connu pour ses recherches sur l’abstraction.
La ville tient une place particulière dans l’aventure littéraire et artistique que fut le surréalisme.
En 1916, elle a été le théâtre de la rencontre décisive entre andré Breton et Jacques vaché.
Et plusieurs des compagnons de route du surréalisme en étaient originaires.
Un triptyque
de Marcel Moore,
le pseudonyme
de la compagne
de claude cahun.
La personnalité du Nantais Jacques vaché
éblouit le jeune andré Breton en 1916.
claude cahun,
figure nantaise
du surréalisme,
dont l’œuvre a
été redécouverte
tardivement.
CULTUREs
cahUN La MécONNUE, gracq L’iLLUStrE Claude Cahun occupe une place parti-culière dans la galaxie des surréalistes. Elle est la nièce de Marcel Schwob, un des écrivains dont Breton estime qu’ils ont ouvert la voie au surréalisme. En 1932, avec sa compagne Suzanne Malherbe, alias Marcel Moore, elle adhère à l’As-sociation des écrivains et artistes révo-lutionnaires, où officie Breton. Elle par-ticipera aux expositions surréalistes de Paris et Londres, mais ce n’est que dans les années 1990 que son œuvre sera redé-couverte.
Il en est tout autrement de Julien Gracq. Dès son premier roman en 1938, André Breton s’enthousiasme. Les deux hommes se rencontrent l’année suivante à Nantes. « Breton ne se départira jamais d’une admiration qui, dès leur première rencontre, deviendra parallèlement une grande amitié », note le critique littéraire Dominique Rabourdin. Et cela même si Julien Gracq ne voudra jamais intégrer officiellement le mouvement surréaliste. En 1966, quelques semaines avant sa mort, Breton envoie une dernière carte postale à Gracq qui évoque encore « Nantes, où nous sommes tout à la fois ensemble et séparément ». En 1985, Gracq consacrera tout un ouvrage à Nantes, La Forme d’une ville. DécLaratiON D’aMOUr Nantes fut donc, sinon un port d’attache, du moins un point d’origine pour de nom-breux poètes, écrivains et peintres gravi-tant dans les cercles du surréalisme. « La vraie question est de savoir si ces gens-là se fréquentaient à Nantes, ou bien s’ils se sont seulement agrégés à Paris, s’interroge Vin-cent Rousseau, commissaire d’une exposi-tion qui, dès 1994, explorait la place la ville dans l’aventure surréaliste. En réalité, cette question n’est pas résolue. » Côté certitudes, en revanche, reste l’attachement d’André Breton pour la cité. En 1928, la publication de Nadja lui avait donné l’occasion d’une véritable déclaration d’amour : « Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux […], où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes d’où peuvent encore me venir des amis… »
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OBJeT De CuLTureS
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Le berlingotLes premiers berlingots nantais apparaissent à la fin du Xviiie siècle. Le XiXe sera leur âge d’or. Place royale et alentours, guérites et boutiques les vendent en cornets. Nantes accueille une demi- douzaine de confiseries industrielles avant la guerre 1939-1945. Certaines ne se remettront jamais du rationnement du sucre et des bombardements qui marquent la période.
150 °C’est la température à laquelle est porté le
mélange de sucre, eau et glucose dont on tire
les berlingots. Tout en refroidissant, la pâte
obtenue est parfumée aux arômes naturels,
malaxée, étirée puis façonnée en un long
boudin, qu’une machine coupe alternativement
en haut, en bas et sur les côtés.
« C’est un produit qu’achetaient plutôt les personnes âgées, mais aujourd’hui toutes les générations en demandent. C’est un souvenir typique de Nantes, pas trop cher. Les ventes sont au plus haut au printemps et en été. Car, avantage sur le chocolat, le berlingot ne fond pas… »
géraLD DEBOré / artisan-confiseur
Le berlingot n’est pas une appellation protégée. Carpentras en fabrique un, plus gros et reconnaissable à ses stries blanches. De même dans la cité thermale de Cauterets (Hautes-Pyrénées), où des Nantais se rendaient en cure.
Longtemps confiné à Nantes, le berlingot s’ouvre
aujourd’hui à l’export sous la marque Bonté.
vendu comme produit haut de gamme, il est
distribué en allemagne, italie, Chine, amérique
du Nord, au Japon, aux Émirats…
Deux fabricants font perdurer cette spécialité nantaise, née il y a plus d’un siècle. Un bonbon au sucre cuit qui trouve aujourd’hui de nouveaux marchés en France et à l’export.
aart contemporain
CULTUREs
uN coLLectif au serVice des jeuNes artistes
Quand on sort de l’école (d’art), on n’est pas pris au sérieux par les ins-titutions. Alors on s’est
pris par la main, pour s’expo ser et expo-ser les autres », explique Romain Bou-lay, sculpteur et ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Nantes. Avec deux autres copains issus de l’école, Valérie Zard et Frédéric Mèche, il monte le col-lectif Manifestement Peint Vite, un nom « en hommage à Duchamp, mais aussi comme un manifeste, car on revendique le fait que l’artiste soit au cœur du dispo-sitif. » Une première exposition collective organisée fin 2007 à l’Atelier Alain Le Bras (intitulée « Build-In ») et l’idée de « profiter du temps et du lieu, trois ou quatre jours d’expo pour chaque artiste, un vernissage par semaine, des artistes pas seulement nantais, qui vont se croiser… » fait connaître le collectif, car la démarche n’est pas traditionnelle. « On a créé un
effet boule de neige et rencontré les acteurs politiques… » En trois ans, MPVite orga-nise une quinzaine d’expos, parfois dans d’improbables lieux comme un magasin dans une zone commerciale. Profitant de la biennale Estuaire, l’association a pro-posé une programmation à la Vinaigre-rie du Pellerin durant l’édition 2009. Et s’apprête à investir la Galerie des Fran-ciscains, à Saint-Nazaire, en partenariat avec le Grand Café (exposition « Walk the Line », du 30 octobre au 6 décembre). Et comme l’artiste est au cœur du disposi-tif, c’est MPvite qui produit les œuvres et, côté subventions, une bonne part va
aux artistes, sous forme d’aide directe. En dehors des expositions, MPVite pro-pose un agenda de l’art contemporain et vient d’ouvrir un nouveau département consacré à la sensibilisation des publics (scolaires, quartiers…). Romain Boulay a des fourmis dans les jambes, il prépare un voyage au Québec, un pays « plus proche des jeunes artistes ». Il espère en faire venir quelques-uns par ici. À suivre.
www.mpvite.org
coup de projecteur sur un collectif qui met les artistes au cœur de sa démarche.
romain Boulay,
sculpteur, a créé le
collectif avec deux
autres anciens de
l’école des Beaux
arts de Nantes
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Le berlingotLes premiers berlingots nantais apparaissent à la fin du Xviiie siècle. Le XiXe sera leur âge d’or. Place royale et alentours, guérites et boutiques les vendent en cornets. Nantes accueille une demi- douzaine de confiseries industrielles avant la guerre 1939-1945. Certaines ne se remettront jamais du rationnement du sucre et des bombardements qui marquent la période.
150 °C’est la température à laquelle est porté le
mélange de sucre, eau et glucose dont on tire
les berlingots. Tout en refroidissant, la pâte
obtenue est parfumée aux arômes naturels,
malaxée, étirée puis façonnée en un long
boudin, qu’une machine coupe alternativement
en haut, en bas et sur les côtés.
« C’est un produit qu’achetaient plutôt les personnes âgées, mais aujourd’hui toutes les générations en demandent. C’est un souvenir typique de Nantes, pas trop cher. Les ventes sont au plus haut au printemps et en été. Car, avantage sur le chocolat, le berlingot ne fond pas… »
géraLD DEBOré / artisan-confiseur
Le berlingot n’est pas une appellation protégée. Carpentras en fabrique un, plus gros et reconnaissable à ses stries blanches. De même dans la cité thermale de Cauterets (Hautes-Pyrénées), où des Nantais se rendaient en cure.
Longtemps confiné à Nantes, le berlingot s’ouvre
aujourd’hui à l’export sous la marque Bonté.
vendu comme produit haut de gamme, il est
distribué en allemagne, italie, Chine, amérique
du Nord, au Japon, aux Émirats…
Deux fabricants font perdurer cette spécialité nantaise, née il y a plus d’un siècle. Un bonbon au sucre cuit qui trouve aujourd’hui de nouveaux marchés en France et à l’export.
aart contemporain
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uN coLLectif au serVice des jeuNes artistes
Quand on sort de l’école (d’art), on n’est pas pris au sérieux par les ins-titutions. Alors on s’est
pris par la main, pour s’expo ser et expo-ser les autres », explique Romain Bou-lay, sculpteur et ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Nantes. Avec deux autres copains issus de l’école, Valérie Zard et Frédéric Mèche, il monte le col-lectif Manifestement Peint Vite, un nom « en hommage à Duchamp, mais aussi comme un manifeste, car on revendique le fait que l’artiste soit au cœur du dispo-sitif. » Une première exposition collective organisée fin 2007 à l’Atelier Alain Le Bras (intitulée « Build-In ») et l’idée de « profiter du temps et du lieu, trois ou quatre jours d’expo pour chaque artiste, un vernissage par semaine, des artistes pas seulement nantais, qui vont se croiser… » fait connaître le collectif, car la démarche n’est pas traditionnelle. « On a créé un
effet boule de neige et rencontré les acteurs politiques… » En trois ans, MPVite orga-nise une quinzaine d’expos, parfois dans d’improbables lieux comme un magasin dans une zone commerciale. Profitant de la biennale Estuaire, l’association a pro-posé une programmation à la Vinaigre-rie du Pellerin durant l’édition 2009. Et s’apprête à investir la Galerie des Fran-ciscains, à Saint-Nazaire, en partenariat avec le Grand Café (exposition « Walk the Line », du 30 octobre au 6 décembre). Et comme l’artiste est au cœur du disposi-tif, c’est MPvite qui produit les œuvres et, côté subventions, une bonne part va
aux artistes, sous forme d’aide directe. En dehors des expositions, MPVite pro-pose un agenda de l’art contemporain et vient d’ouvrir un nouveau département consacré à la sensibilisation des publics (scolaires, quartiers…). Romain Boulay a des fourmis dans les jambes, il prépare un voyage au Québec, un pays « plus proche des jeunes artistes ». Il espère en faire venir quelques-uns par ici. À suivre.
www.mpvite.org
coup de projecteur sur un collectif qui met les artistes au cœur de sa démarche.
romain Boulay,
sculpteur, a créé le
collectif avec deux
autres anciens de
l’école des Beaux
arts de Nantes