nadar

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Nadar Pour les articles homonymes, voir Nadar (homony- mie). Nadar Nadar, Autoportrait (vers 1854–1855), Getty Center, Los Angeles. Nadar, série Autoportrait « tournant », vers 1865, Bibliothèque nationale de France, Paris. Nadar, pseudonyme de Gaspard-Félix Tournachon, est un caricaturiste, aéronaute et photographe français, né le 6 avril 1820 à Paris et mort le 21 mars 1910 dans la même ville. Il publie à partir de 1850 une série de portraits pho- tographiques d'artistes contemporains, parmi lesquels Franz Liszt, Richard Wagner, Charles Baudelaire, Michel Bakounine, Victor Hugo, Jules Verne, Hector Berlioz, Gioachino Rossini, Daniel François Esprit Auber, Sarah Bernhardt, Jacques Offenbach, George Sand, Gérard de Nerval, Théodore de Banville, Jules Favre, Guy de Maupassant, Édouard Manet, Gustave Doré, Gustave Courbet, Jean-Baptiste Corot, Loïe Fuller, Zadoc Kahn, Charles Le Roux, Hector de Sastres, les frères Élisée Re- clus et Élie Reclus. Le pseudonyme Nadar a également été utilisé par son frère Adrien Tournachon sous les formes Nadar jeune et Nadar jne, provoquant parfois la confusion. Il sera ensuite réutilisé par son fils Paul, avec la permission de son père. 1 Biographie 1.1 Sa jeunesse Grand, les cheveux roux, les yeux effarés, fantasque à la jeunesse vagabonde, il se définit lui-même comme « un vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu'à appe- ler les choses par leur nom, et les gens aussi ». Ses parents étaient d'origine lyonnaise. Son père, Victor Tournachon, imprimeur et libraire s’était installé dans la capitale. Le jeune Gaspard-Félix fréquente différents in- ternats de la région parisienne, alors que son père connaît des revers de fortune. Il étudie alors au lycée Condorcet. Diplômé de l'École des mines de Saint-Étienne en 1837 [1] , Gaspard-Félix commence des études de méde- cine à Lyon [réf. nécessaire] ; cependant sans soutien financier, à la mort de son père, il se voit obligé d'y renoncer pour gagner le pain quotidien de sa famille, dont il a désor- mais la charge et qui comprend sa mère et son jeune frère, Adrien Tournachon, plus jeune de cinq ans. Il travaille dans différentes rédactions de journaux lyon- nais, avant de revenir s’installer à Paris, où il effectue divers travaux dans de « petites feuilles ». Brûlant les étapes, il fonde, en collaboration avec Polydore Millaud, un journal judiciaire, intitulé L'Audience et fréquente le milieu de la jeunesse artistique, popularisé par le ro- man de Murger : Scènes de la vie de bohème. Il com- mence à y côtoyer Gérard de Nerval, Charles Baudelaire et Théodore de Banville. Ses amis artistes, le surnomment Tournadar à cause de son habitude de rajouter à la fin de chaque mot de ses phrases la terminaison dar, puis une abréviation transforme ce tic en pseudonyme Nadar. La vie est très dure et il subsiste en utilisant divers expé- dients ; il écrit des romans, dessine des caricatures. Grâce à l'aide financière d'un ami, il se lance, à dix-neuf ans, dans l'aventure de la création d'une revue prestigieuse, Le Livre d'or, dont il devient le rédacteur en chef. Grâce à ses relations, il s’assure la collaboration de personnali- tés, dont Balzac, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Gavarni et Daumier. L'aventure est obligée de s’arrêter au neuvième numéro, malgré un suc- cès d'estime. 1.2 Le caricaturiste Après cet échec, Gaspard-Félix reprend du service dans les gazettes comme caricaturiste. C'est lors d'un stage de 1

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Biographie du pionnier de la photographie, Nadar

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Page 1: Nadar

Nadar

Pour les articles homonymes, voir Nadar (homony-mie).

NadarNadar,Autoportrait (vers 1854–1855), Getty Center, LosAngeles.

Nadar, série Autoportrait « tournant », vers 1865, Bibliothèquenationale de France, Paris.

Nadar, pseudonyme de Gaspard-Félix Tournachon, estun caricaturiste, aéronaute et photographe français, né le6 avril 1820 à Paris et mort le 21 mars 1910 dans la mêmeville.Il publie à partir de 1850 une série de portraits pho-tographiques d'artistes contemporains, parmi lesquelsFranz Liszt, Richard Wagner, Charles Baudelaire, MichelBakounine, Victor Hugo, Jules Verne, Hector Berlioz,Gioachino Rossini, Daniel François Esprit Auber, SarahBernhardt, Jacques Offenbach, George Sand, Gérardde Nerval, Théodore de Banville, Jules Favre, Guy deMaupassant, Édouard Manet, Gustave Doré, GustaveCourbet, Jean-Baptiste Corot, Loïe Fuller, Zadoc Kahn,Charles Le Roux, Hector de Sastres, les frères Élisée Re-clus et Élie Reclus.Le pseudonyme Nadar a également été utilisé par sonfrère Adrien Tournachon sous les formes Nadar jeune etNadar jne, provoquant parfois la confusion. Il sera ensuiteréutilisé par son fils Paul, avec la permission de son père.

1 Biographie

1.1 Sa jeunesse

Grand, les cheveux roux, les yeux effarés, fantasque à lajeunesse vagabonde, il se définit lui-même comme « unvrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu'à appe-ler les choses par leur nom, et les gens aussi ».Ses parents étaient d'origine lyonnaise. Son père, VictorTournachon, imprimeur et libraire s’était installé dans lacapitale. Le jeune Gaspard-Félix fréquente différents in-ternats de la région parisienne, alors que son père connaîtdes revers de fortune. Il étudie alors au lycée Condorcet.Diplômé de l'École des mines de Saint-Étienne en1837[1], Gaspard-Félix commence des études de méde-cine à Lyon[réf. nécessaire] ; cependant sans soutien financier,à la mort de son père, il se voit obligé d'y renoncer pourgagner le pain quotidien de sa famille, dont il a désor-mais la charge et qui comprend sa mère et son jeune frère,Adrien Tournachon, plus jeune de cinq ans.Il travaille dans différentes rédactions de journaux lyon-nais, avant de revenir s’installer à Paris, où il effectuedivers travaux dans de « petites feuilles ». Brûlant lesétapes, il fonde, en collaboration avec Polydore Millaud,un journal judiciaire, intitulé L'Audience et fréquente lemilieu de la jeunesse artistique, popularisé par le ro-man de Murger : Scènes de la vie de bohème. Il com-mence à y côtoyer Gérard de Nerval, Charles Baudelaireet Théodore de Banville. Ses amis artistes, le surnommentTournadar à cause de son habitude de rajouter à la fin dechaque mot de ses phrases la terminaison dar, puis uneabréviation transforme ce tic en pseudonyme Nadar.La vie est très dure et il subsiste en utilisant divers expé-dients ; il écrit des romans, dessine des caricatures. Grâceà l'aide financière d'un ami, il se lance, à dix-neuf ans,dans l'aventure de la création d'une revue prestigieuse,Le Livre d'or, dont il devient le rédacteur en chef. Grâceà ses relations, il s’assure la collaboration de personnali-tés, dont Balzac, Alexandre Dumas, Théophile Gautier,Gérard de Nerval, Gavarni et Daumier. L'aventure estobligée de s’arrêter au neuvième numéro, malgré un suc-cès d'estime.

1.2 Le caricaturiste

Après cet échec, Gaspard-Félix reprend du service dansles gazettes comme caricaturiste. C'est lors d'un stage de

1

Page 2: Nadar

2 1 BIOGRAPHIE

dessin au journal satirique Le Corsaire-Satan qu'il dé-couvre le crayon lithographique et abandonne la plume.À la veille de la révolution de 1848, il obtient la consécra-tion avec son premier dessin-charge publié dans le journalLe Charivari.Le 30 mars 1848, il s’engage avec son frère dans la légionpolonaise, pour porter secours à la Pologne. Son passe-port est au nom de Nadarsky. Il est fait prisonnier et misau labeur dans une mine, puis il refuse le rapatriementgratuit et revient à pied. Deux mois plus tard, il sera deretour à Paris, coiffé d'une chapka de couleur groseille,après un long voyage lors duquel il fut arrêté en Saxe pardes représentants du gouvernement prussien.Rapidement après son retour, il est contacté par legouvernement provisoire pour quelques services. Il estengagé comme agent secret par l'éditeur Jules Het-zel, alors chef du cabinet du ministre des Affairesétrangères[réf. nécessaire]. Sa soif d'aventures inassouvie,malgré son expérience polonaise, il part se renseigner surles mouvements des troupes russes à la frontière prus-sienne.De retour à Paris, il reprend ses activités de caricaturisteauprès de petits journaux, tandis que sa renommée s’éta-blit peu à peu. À partir de 1851, il s’attèle à un grand pro-jet deMusée des gloires contemporaines, pour lequel, avecl'aide de plusieurs collaborateurs, il rencontre les grandshommes du moment afin de les dessiner. L'ensemble dece travail concerne plus de trois cents grands hommes del'époque sur un total de plus de 1 000 vignettes et consti-tue un panthéon qui lui apportera la notoriété, sous le nomde Panthéon Nadar en quatre feuillets.

1.2.1 Illustrations

• Les Binettes contemporaines[2] ;

• Les rêveries d'un étameur

• Les petites affiches du tintamarre…, par JosephCitrouillard, revues par Commerson, pour faireconcurrence à celles d'Eugène de Mirecourt, por-traits par Nadar, 10 vol., 1854-1855.

• Illustrations par Nadar pour ''Les Binettes contem-poraines’' de Commerson (1854-1855)

• Gérard de Nerval.

• Alphonse Karr.

• Alfred de Vigny.

1.3 Le photographe

Sa nouvelle aisance lui permet d'emménager au dernierétage d'un immeuble de la rue Saint-Lazare, où il peutdisposer d'un atelier bénéficiant de la lumière naturelle.

Revers d'une carte de visite de 1874 et l'adresse Rue d'Anjou etles correspondantes M.M. Luckhardt et W. Damry

C'est dans ce studio que seront réalisés ses chefs-d'œuvre,continuant l'œuvre des portraits, entreprise avec la carica-ture, désormais continuée avec une nouvelle technique :la photographie.À partir de cette époque, la technique du portrait est maî-trisée et les travaux sont de qualité. Les prix évoluent à labaisse. De nombreux studios ouvrent et les personnalités— les élites du monde des arts, des lettres, mais aussi dela politique, du théâtre et même de l'Église — peut-êtreattirés par leur côté narcissique, n'hésitent pas à « se fairetirer le portrait ». Ce sont ces œuvres que l'on retrouvechez les papetiers sous forme d'estampes et de photogra-phies.En 1854, il se marie avec Ernestine, jeune femme is-sue d'une riche famille protestante. Malgré le mariage,il continue d'offrir l'hospitalité à ses nombreux amis,comme à l'époque de la bohème. Nadar se brouille avecson frère cadet, qui s’était lui aussi lancé, avec son appui,dans le métier de photographe-portraitiste, mais voulaitaussi utiliser le nom de « Nadar ». Il s’ensuit un procès.Nadar souhaite que l'appareil de photographie puisse dé-sormais être emporté à l'extérieur et en voyage, aussi faci-lement que le chevalet du peintre, il va commencer aussi

Page 3: Nadar

2.1 L'aérostation 3

à expérimenter la photographie embarquée dans un bal-lon, il fut donc, dès 1858 le pionnier de la photographieaérienne, avec ses vues du Petit Bicêtre. Daumier repré-senta Nadar opérant avec difficulté lors d'une ascensionaérienne, avec cette légende prémonitoire : Nadar, éle-vant la photographie à la hauteur de l'Art le 25 mai 1862.En 1860, manquant de place, Nadar déménage de la rueSaint-Lazare au boulevard des Capucines. Il fait installerau fronton de son immeuble une immense enseigne, des-sinée par Antoine Lumière et éclairée au gaz.

• L'atelier de Nadar au 35, Boulevard des Capucines,en 1860.

• Autoportrait,1854.[réf. nécessaire]

• Georges Clemenceau par Nadar

En 1879, le chimiste et photographe gantois Désiré vanMonckhoven conseille à Nadar de passer à la photogra-phie au charbon car les tirages argentiques connaissentde nombreux problèmes de jaunissement et de dispari-tion des demi-teintes.[réf. nécessaire]

2 Le flash au magnésium

Photographie des Catacombes de Paris, avec utilisation de lu-mière artificielle. Le temps de pose nécessaire est de 20 minutes,ce qui explique l'utilisation de mannequins.

Il expérimente l'éclairage à la poudre de magnésium, plusfacile à brûler qu’en bloc. Complexe à mettre en œuvre, ce

procédé, qui consiste à brûler de la poudre de magnésium,s’avère très dangereux car le magnésium est inflammableet dégage beaucoup de fumée. De plus, le déclenchementdu flash se faisant manuellement, il arrivait qu'il ne se pro-duise pas au bon moment (trop tôt ou trop tard). Nadartente ensuite une nouvelle expérience qu'il décrit dans sonlivre « Quand j‘étais photographe » :

« Je tentai de tamiser ma lumière en pla-çant une glace dépolie entre l'objectif et lemodèle, ce qui ne pouvait m'amener à grandchose ; puis plus pratiquement je disposai desréflecteurs en coutil blanc, et enfin un doublejeu de grands miroirs répercutant par intermit-tences le foyer lumineux sur les parties om-brées. J'arrivai ainsi à ramener mon temps depose à la moyenne diurne et finalement je pusobtenir des clichés à rapidité égale et de valeurtout à fait équivalente à celle des clichés exécu-tés quotidiennement dans mon atelier. »

Il effectue une démonstration pour le journal La Pressescientifique et dépose le brevet de photographie à la lu-mière artificielle en février 1861. Nadar est conscient dela portée de son invention. Désormais, il est possible derévéler au public le monde souterrain. Il le prouve en s’at-taquant à un nouveau chantier : la photographie des sous-sols de Paris, c'est-à-dire les catacombes et les égouts.En avril 1874, la première exposition des peintresimpressionnistes se produit dans son studio. On lui en asouvent attribué l'organisation ; en fait, il s’agissait de sonancien studio qu'il louait. Il est aussi possible, mais nonprouvé, qu'il ait demandé à son locataire d'abriter les im-pressionnistes, mais il ne fut pas en tout cas l'organisateurde l'exposition.Après la destruction de son atelier rouge, sa femme fi-nance et gère, avec 20 personnes, l'aristocratique, rue duFaubourg-Saint-Honoré.Nadar a fustigé les canons de représentation et, écœurépar l'évolution de la production raille ses concurrents, quise contentent « d'un format à peu près unique, singulière-ment pratique pour l'espace de nos logements bourgeois.Sans s’occuper autrement de la disposition des lignes se-lon le point de vue le plus favorable au modèle, ni del'expression de son visage, non plus que de la façon dontla lumière éclaire tout cela. On installait le client à uneplace invariable, et l'on obtenait de lui un unique cliché,terne et gris à la va-comme-je-te-pousse ».

2.1 L'aérostation

Très curieux des nouveautés techniques de son temps, ilse lança avec passion dans le monde des ballons.Grâce aux frères Louis et Jules Godard, aéronautiersaguerris, il réalise la première photographie aérienne deParis en 1858, d'un « vol captif » à 80 mètres au-dessus du

Page 4: Nadar

4 2 LE FLASH AU MAGNÉSIUM

Nadar élevant la Photographie à la hauteur de l'Art., lithographied'Honoré Daumier parue dans Le Boulevard, le 25 mai 1863.

Petit-Bicêtre (actuel Petit-Clamart). Il est obligé d'allégerau maximum et ne peut embarquer sa guillotine hori-zontale. Leur coopération durera jusqu'en 1863 (gravebrouille lors de la construction du ballon « Le Géant »).Les aventures de Nadar inspireront Jules Verne pour Cinqsemaines en ballon écrit en 1862. Un des héros de Dela Terre à la Lune et Autour de la Lune — romans pa-rus en 1865 et 1869 — s’appelle d'ailleurs Michel Ardan,anagramme de Nadar.Jules Verne le décrit ainsi :

« C'est un homme de 42 ans, grand, maisun peu voûté déjà, comme ces cariatides quiportent des balcons sur leurs épaules. Sa têteforte, véritable hure de lion, secouait par ins-tants une chevelure ardente, qui lui faisait unevéritable crinière. Une face courte, large auxtempes, agrémentée d'une moustache hérisséecomme les barbes d'un chat et de petits bou-quets un peu égarés, un regard myope, com-plémentaient cette physionomie éminemmentféline. »

— extrait de De la Terre à la Lune En 1863, il fondela Société d’encouragement de la navigation aérienne aumoyen du plus lourd que l’air. Il fait construire un im-mense ballon, « Le Géant », haut de 40 mètres et conte-nant 6 000 m³ de gaz. Le 4 octobre, le premier vol duGéant a lieu à Paris avec 13 personnes à bord dont JulesVerne, mais également plusieurs invités ainsi qu'un nègre

de service[3]. Le ballon perd rapidement de la hauteuret atterrit à Meaux, à moins de 100 kilomètres de Pa-ris. Nadar recommence l'expérience le 18 octobre avecson épouse. Dans les environs de Hanovre, le ballon at-territ durement et est entraîné sur 16 kilomètres. Ils sontgrièvement blessés. Elle restera hémiplégique. D'autrestentatives auront lieu mais sans le succès public escomp-té, or les passagers devaient lui permettre la rentabilité del'affaire. Nadar doit donc arrêter l'aventure du Géant parmanque d'argent. Il fonde en 1867 avec d'autres passion-nés comme lui, la revue L'aéronaute. En 1870-1871, lorsdu siège de Paris par les Allemands, il constitue de sonpropre chef la « Compagnie d’Aérostiers » avec CamilleLegrand (dit Dartois) et Jules Duruof dont le but est laconstruction de ballons militaires pour les mettre à la dis-position du gouvernement. Ils établissent un campementsur la place Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre,où naît la poste aérienne du siège. Les ballons permet-taient de surveiller l’ennemi, d’établir des relevés carto-graphiques et également d’acheminer du courrier. Na-dar baptise ses ballons : le George-Sand, l’Armand-Barbèset le Louis-Blanc. C'est à bord de l’Armand-Barbès queLéon Gambetta, ministre de l’Intérieur, quitte Paris le7 octobre 1870 pour se rendre à Tours afin d'y organi-ser la résistance à l’ennemi. Au total, 66 ballons serontconstruits entre le 23 septembre 1870 et le 28 janvier1871 qui transporteront 11 tonnes de courrier, soit 2,5millions de lettres. Cinq des ballons seront capturés parl'ennemi. Cette première fabrication en série d'aéronefs,marque la naissance officielle de l'industrie aéronautique.Deux « usines » avaient été installées dans les gares dechemin de fer réquisitionnées : les frères Godard à la garede Lyon et Dartois et Yon à la gare du Nord. À la chutedu régime de Napoléon III, il installe « révolutionnaire-ment » sa société dans le quartier de Montmartre sur laplace Saint-Pierre[4] même. Avec deux engins, le « Nep-tune » et le « Strasbourg », il sera chargé d'étudier lesdéplacements de l'ennemi.

• Nadar et l'aérostation

• Autoportrait en ballon.

• Catastrophe du ballon Le Géant en 1863, non loinde Hanovre, gravure d'Henry de M.

• Seconde ascension duGéant. Paris, Champ de Mars,18 octobre 1863. Photographie anonyme.

2.2 Les dernières années

Après l'épisode de la Commune, Nadar se retrouve com-plètement ruiné et recommence une activité dans la pho-tographie, mais pour réaliser avant tout des travaux quilui assurent sa subsistance.En 1886, il accompagne son fils Paul Tournachon[5] quidoit réaliser une interview du chimiste Eugène Chevreul,et en profite pour prendre des photos. Ce double travail,

Page 5: Nadar

2.3 Nadar, père et fils 5

paru le 5 septembre dans le Journal illustré peut certaine-ment être considéré comme le premier reportage photo-graphique réalisé en même temps que l'entretien journa-listique dont il assure l'illustration.En 1887, il s’installe au manoir de l'Ermitage de la Forêtde Sénart où il accueille ses amis dans le besoin, jusqu'en1894. Il est alors ruiné et malade, mais errant et paisible.Cette même année, à l'âge de 77 ans, Nadar décide detenter de nouveau sa chance. Il laisse à son fils la ges-tion de ses affaires à Paris, et fonde à Marseille un ate-lier photographique[6]. Nadar, « doyen des photographesfrançais » devient dans la région de Marseille une véri-table gloire et se lie d'amitié avec l'écrivain Frédéric Mis-tral.À cette époque, Nadar s’intéresse à la photostérie, appli-cation de la photogravure qui donne une image en reliefrappelant la sculpture[7]. C'est lui qui fait sortir la photo-stérie du laboratoire où Lernac, son inventeur, l'eut peut-être laissée dormir. Et c'est lui qui, par sa connaissanceapprofondie de la technique photographique, parvient àla rendre industriellement pratique[8].En 1900, Nadar triomphe à l'Exposition Universelle deParis, avec une rétrospective de son œuvre, organisée parson fils.En 1904, il revient à Paris. Il y décède le 21 mars 1910 àquelques jours de ses 90 ans.

Tombe de Nadar (cimetière du Père Lachaise, division 36).

2.3 Nadar, père et fils

Les relations entre le Félix Nadar et son fils, Paul, ont étécompliquées. Marchant sur les traces de son père, Paul selance dans la photographie à son tour, ce qui est l'occasiond'une collaboration étroite entre les deux hommes, qui ontnotamment partagé leur atelier et réalisé ensemble unesérie de photographies du chimiste Eugène Chevreul en1886. Toutefois, décalage de générations oblige, des di-vergences artistiques apparaissent entre le père et le fils.Tandis que Félix Nadar privilégiait les poses solennelleset graves, son fils avait une conception plus fantaisiste dela photographie. Paul utilise parfois des trucages et s’in-téresse davantage aux gens du spectacle[9].

2.4 Son pseudonyme

Le pseudonyme Nadar fut utilisé pendant quelque tempspar son frère Adrien pour ses photographies, sous lesformes Nadar jeune et Nadar jne[10]. Cette signature pro-voqua la confusion et fut la cause d'un procès entre lesdeux frères, de mars 1856 à décembre 1857, qui permità Félix d'être le seul utilisateur du pseudonyme. Ce pro-cès fut l'un des premiers de ce genre, sur le statut d'auteurphotographe[10].Son fils, Paul, réutilisa le pseudonyme avec la permissionde son père[10].

3 Œuvres

3.1 Photographies

• André Barret, Nadar. 50 photographies de sesillustres contemporains, éd. Julliard, 1994 (ISBN 2-260-01124-1)

• André Barret, Nadar, éd. André Barret, 155 pages

3.2 Livres

• La Robe de Déjanire, 3 tomes, première édi-tion publiée sous son nom Félix Tournachon, Re-coules, Libraire-Commissionnaire, 1845 ; MichelLévy, 1862 ; E. Dentu, 1882, disponible sur Gallica.

• Quand j'étais photographe, Ernest Flammarion,1899, 1re édition.

• À terre et en l'air. Mémoires du « Géant », avec uneintroduction de Babinet, de l'Institut, E. Dentu 2e

édition, 1865 disponible sur Gallica

• L'Hôtellerie des coquecigrues, E. Dentu,

• Le Miroir aux alouettes, Michel Lévy frères, 1859.

Page 6: Nadar

6 5 VOIR AUSSI

• Quand j'étais étudiant, E. Dentu. Édition Michel Lé-vy, 1861 disponible sur Gallica

• Le Droit au vol, J. Hetzel, 1865.• La Grande Symphonie héroïque des punaises, 1877.• Sous l'incendie, Édition Charpentier 1882, (ouvrage

dédié à Elisée Reclus).• Le monde où on patauge, 1883.• Photographies, tome 1 ; Dessins et Écrits, tome 2 ;

Éditeur Arthur Hubschmid, 1979

3.3 Correspondance• Nadar, Correspondance, 1820-1851. Tome 1 (éta-

blie et annotée par André Rouillé). Éditions Jacque-line Chambon, 1998.

3.4 Autres

La Bibliothèque historique de la ville de Paris ainsi que leMusée Carnavalet se partagent un fonds Nadar consacréà l'aérostation, acheté par la Ville de Paris et composéd'environ 2500 manuscrits.

4 Notes[1] articles.adsabs.harvard.edu

[2] Les binettes contemporaines - Jean-Louis-Auguste Com-merson - Google Livres

[3] Couverture du Petit Journal du 4 octobre 1863

[4] La Basilique du Sacré Cœur de Montmartre

[5] Nadar

[6] Comment la Ville a laissé disparaître l'atelier Nadar,Marsactu.

[7] Nadar : « A Marseille, il s’intéresse à la photostérie, ap-plication de la photogravure qui donne une image en re-lief rappelant la sculpture (cf. André Grignan dans le PetitProvençal du 5 avril 1897). » Alix Chevallier Cataloguede l'exposition Nadar, Bibliothèque nationale, 19 mars, 16mai 1965.

[8] C'est lui (Nadar) qui fit sortir la « Photostérie » du labora-toire où son inventeur l'eut peut-être laissée dormir et c'estlui qui, par sa connaissance approfondie de la techniquephotographique, parvint à la rendre industriellement pra-tique. Citation de l'article de L. P. Clerc La Photostérie,La Science française, 1899 p.18, 1re colonne.

[9] Rétrospective Félix et Paul Nadar, La norme et le caprice,exposition organisée par le Jeu de Paume au Château deTours, 2010.

[10] Daniel Girardin, Christian Pirker, Controverses, une his-toire juridique et éthique de la photographie, Actes sud,Musée de l'Élysée, 2008 (ISBN 978-2742774326)

5 Voir aussi

5.1 Bibliographie

• Roger Greaves, Nadar ou le Paradoxe vital, Paris,Flammarion, 1980, 413 p. (ISBN 2-08-064278-2)

• André Jammes, Nadar : introduction, repères chro-nologiques, notes bibliographiques et techniques, Pa-ris, Fondation Nationale de la Photographie, 1982,139 p. (ISBN 2-85107-103-3)

• James H. Rubin, Nadar (traduit de l'anglais parJacques Guiod), Paris, Phaidon, 2001, 125 p. (ISBN0-7148-9275-0)

• Benoît Peeters, Les Métamorphoses de Nadar, éd.Marot, 1994.

• Roger Greaves, Nadar quand même !, Paris, EnFace-Jacques Reich, 2010, 298 p. (ISBN 978-2-35246-019-0)

• Stéphanie de Saint Marc, Nadar, Paris, Gallimard,« NRF Biographies », 2010, (ISBN 9782070781003)

5.2 Filmographie

• Nadar photographe, film réalisé par Stan Neumann,le Musée d'Orsay, la SEPT-ARTE, les Films d'ici,Réunion des Musées Nationaux, 1994, 26' (VHS)

5.3 Liens externes

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • Union List of Artist Names • Bibliothèquenationale de France • Système universitaire de docu-mentation • Bibliothèque du Congrès • GemeinsameNormdatei • Bibliothèque nationale de la Diète •WorldCat

• Photographies de Nadar sur Arago

• Photographies de Nadar

• Œuvres numérisées sous format image

• Œuvres numérisées sous format image

• Rétrospective Nadar à l'occasion du centenaire de samort sur L'intermède.com

• Catalogue, Félix Tournachon dit Nadar (1820-1910) et son panthéon - Importante collection de 273dessins : portraits et portraits-charge, Étude Tajan,Paris, 2004

• Portail de la photographie

Page 7: Nadar

5.3 Liens externes 7

• Portail de la France au XIXe siècle

• Portail de l’aéronautique

• Portail de Paris

Page 8: Nadar

8 6 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

6 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

6.1 Texte• Nadar Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nadar?oldid=111475725 Contributeurs : Didier, Alvaro, Nataraja, INyar, Forlane, Orthogaffe,

Kelson, Semnoz, Alno, Howard Drake, Fred.th, HasharBot, Tieno, Archeos, Fafnir, Mu, MedBot, KaTeznik, HB, Phe-bot, François-Dominique, Antoine dehk, Ollamh, Al1, Lilian, Chris a liege, Petrusbarbygere, Storm2005, JeanClem, Alain Mignien, Bbullot, Gédé, An-thena, Régis B., Henry Salomé, GôTô, Mbzt, Zetud, Arnaud.Serander, Etienne Riviere, Coyau, Alexius Manfelt, RobotQuistnix, Skblzz1,YurikBot, Tournachon, Gene.arboit, Guillom, Myrabella, Quoique, MMBot, Huster, Loveless, TCY, Kirtap, Francis 75, Oxo, Chlewbot,Mith, Rune Obash, Tython, Polmars, Paskalo, Gonioul, SashatoBot, Jmax, Bjankuloski06fr, Ji-Elle, Maelrannou, PieRRoBoT, Charvex,Thijs !bot, Chaoborus, Apc005, W.Torma, Glasgow, Deep silence, Pj44300, JAnDbot, Ecliptica, Malburet, IAlex, Sebleouf, Henricam-bon, Ugo14, Anno16, Palamède, PimpBot, Salebot, Compte lutch, Zorrobot, LHOON, Pampelune, Idioma-bot, TXiKiBoT, Bapti, Aibot,VolkovBot, Theoliane, L'Oursonne, Ldarabi, Chicobot, Karkared, Elvire, Fabrice Dury, Ice Scream, SieBot, Renee louise, JLM, Alecs.bot,Vlaam, Hercule, Leparc, Charlie Pinard, Ickx6, WTMitchell3, Estirabot, Cymbella, StefBot, Basilou, Cpalir, HerculeBot, WikiCleaner-Bot, ZetudBot, Wikinade, Mike Coppolano, Abujoy, Podzemnik, Luckas-bot, Celette, Carlotto, Glatisant, Micbot, Alainauzas, Groucho-Bot, Galoubet, Dr Brains, Dark Attsios, Kou07kou, TaBOT-zerem, Long John Silver, ArthurBot, Jlfremaux, Almabot, Bhikkhu, Xqbot,Obersachsebot, Zavatter, Ytrezap, Jackytamtam, D'ohBot, MS999, Cj73, Lomita, Lostinthiswhirlpool, Lescariot, CaBot, Hypperbone, J-CBubbendorf, AviaWiki, OxIxO, Ismoon, Alonso de Mendoza, Nezdek, Bernd Schwabe in Hannover, Flyingview, EmausBot, Tobie1995,Maxhi, Tobie2804, ZéroBot, Jeroboamed, JACQUESBOLL, Justinetto, O.Taris, ChuispastonBot, Мурад 97, Jules78120, Thor19, Lotje,Julienbch, Jbtoon, 0x010C, Sylda31, LoveBot, OrlodrimBot, Thehelpfulbot, Le pro du 94 :), BHVP, JGR&BXL, GG du 38130, FDo64,KBECT, Rangabe, Lucasfoubert, Rome2, Jejeleboss93, VVVF, Claes MC, Addbot, Leperebot, Kelian8, Touron66, Pol Marc, Ygevin etAnonyme : 92

6.2 Images• Fichier:1874_Carte_de_Visite_Georg_V.,_König_von_Hannover_roi_de_Hanover_King_of_Hanover,_Wappen_T,_Nadar_

Adressseite_Correspondant_M.M._Luckhardt_Vienne_W._Damry_Liège.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/1874_Carte_de_Visite_Georg_V.%2C_K%C3%B6nig_von_Hannover_roi_de_Hanover_King_of_Hanover%2C_Wappen_T%2C_Nadar_Adressseite_Correspondant_M.M._Luckhardt_Vienne_W._Damry_Li%C3%A8ge.jpg Licence : Public domainContributeurs : Scan vom Original : Bernd Schwabe in Hannover Artiste d’origine : Nadar

• Fichier:Autoportrait_tournant_Nadar_c.1865.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/Autoportrait_tournant_Nadar_c.1865.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Bibliothèque Nationale de France, Département des Estampes et de laphotographie, Eo 15b pet.fol., tome 1 Artiste d’origine : Nadar

• Fichier:Avion_silhouette.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/00/Avion_silhouette.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Andreas 06

• Fichier:Blason_paris_75.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ca/Blason_paris_75.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Brooklyn_Museum_-_Nadar_Élevant_la_Photographie_à_la_Hauteur_de_l'Art_-_Honoré_Daumier.jpg Source :http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/32/Brooklyn_Museum_-_Nadar_%C3%89levant_la_Photographie_%C3%A0_la_Hauteur_de_l%27Art_-_Honor%C3%A9_Daumier.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Online Collection of Brooklyn Museum ;Photo : Brooklyn Museum, 2004, 51.4.3.jpg Artiste d’origine : Honoré Daumier

• Fichier:Disambig_colour.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s

• Fichier:External.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/25/External.svg Licence : Public domain Contributeurs :Travail personnel Artiste d’origine : Denelson83

• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContri-buteurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine : DavidVignoni

• Fichier:Information_icon.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Information_icon.svg Licence : Public do-main Contributeurs : en:Image:Information icon.svg Artiste d’origine : El T

• Fichier:Nadar_-_Catacombes_de_Paris_-_NPS_83.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/28/Nadar_-_Catacombes_de_Paris_-_NPS_83.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Old photo Artiste d’origine : Nadar

• Fichier:Nuvola_apps_digikam.png Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/eb/Nuvola_apps_digikam.png Licence :LGPL Contributeurs : http://icon-king.com Artiste d’origine : David Vignoni / ICON KING

• Fichier:Revfrancesa.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c1/Revfrancesa.jpg Licence : Public domainContri-buteurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Tombe_de_Nadar_(division_36).JPG Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/71/Tombe_de_Nadar_%28division_36%29.JPG Licence : CC BY-SA 4.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Touron66

6.3 Licence du contenu• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0