n° 3 - 25 février 2020 · 3. du nouveau en termes de produit de bio contrôle la recherche sur...
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N° 3 - 25 février 2020
La citation agricole de la semaine
“L'instinct paysan ? Un don qui permet à ceux qui le possèdent de percevoir
les obscures machinations de la nature.” Frédéric POTTECHER
1. Travaux de plaine, priorité au désherbage mécanique
Sortie hiver, la priorité est au désherbage mécanique, pour lequel il faut pouvoir
saisir les opportunités d’intervention dès qu’elles se présenteront. Rappelons
quelques principes simples.
En l’absence d’hiver, on doit s’attendre à des sols battus et refermés. Ainsi, la houe
rotative est l’outil idéal pour aérer le sol et recréer une rugosité de surface
nécessaire au passage de la herse étrille. Dans les sols plus argileux, attendez le bon
niveau de ressuyage pour le passage des outils de désherbage mécanique.
Tableau 1 : Efficacité des trois principaux outils de désherbage mécanique en fonction de
l’humidité du sol
(Source : https://www.arvalis-infos.fr/view-9593-arvarticle.html?region=)
Comme à l’habitude, le décalage des dates de semis, du mois d’octobre à la mi-
novembre voire début décembre offre des flores adventices moins denses et
probablement moins développées.
2. Fertilisation des céréales d’hiver, principe et mise en pratique
Les parcelles avec une bonne maîtrise de la flore adventice, valorisent les
fertilisations organiques. Le préalable à la fertilisation des cultures biologiques est
donc la maîtrise de l’enherbement.
Le bilan prévisionnel des entrées et sorties d’azote que
nous utilisons sur nos essais bio s’avère souvent juste pour
apprécier les différents postes du bilan azoté à la parcelle. Si
vous disposez de résultats de reliquats azotés, vous avez
besoin du Référentiel pour le calcul des plans prévisionnels de
fumure azotée. Pour se le procurer, télécharger l’édition de
novembre 2019 sur le site portail des Chambres
Niveau d’humidité du sol Herse étrille Houe rotative Bineuse
Collant
Non adhérent
Frais
Ressuyé
Sec
1. Priorité au
désherbage mécanique
2. Fertilisation des
céréales d’hiver
3. Du nouveau en
termes de biocontrôle
3 Mars : Café de la Bio,
Dunkerque
Vous disposez de vos résultats, vous êtes en mesure d’apprécier les parcelles de céréales d’hiver
à prioriser pour un apport organique, une question se pose : Quelle rentabilité peut-on en
attendre ?
60 kg/ha d’azote organique = +5 q /ha
+ 0.3 % protéines
Source synthèse CA Ile de France (Alter Agri Nov. 2015)
Avec le renchérissement du prix des engrais organiques, le raisonnement d’un apport sur la seule
augmentation de rendement liée à l’azote permet difficilement de justifier leur usage sur céréales.
C’est d’autant plus vrai quand on est en période de conversion avec des prix faibles.
Pour 60 u. N
organique
Quantité
nécessaire
Coût rendu
racine.
Gain céréale
20 € / q
Gain céréale
40 € / q
Eléments associés
(valeur P et K)
Fientes 2 T 130 € - 30 € /ha + 70 € / ha 40 P et 40 K (60€)
Vinasse 3 T 210 € - 110 € /ha - 10 € / ha 210 K (126 €)
Farines (10.6.0) 0.6 T 210 € - 110 € / ha - 10 € / ha 60 P (54 €)
C’est pourquoi nous conseillons d’intégrer les stratégies d’apports dans le cadre d’une rotation en
intégrant les besoins en éléments majeurs ! P, K mais aussi le soufre.
Petit rappel sur la fertilisation organiques et les produits
La fertilisation doit être pilotée par la méthode du bilan. Si des apports sont à réaliser sur culture,
privilégier des engrais organiques au C/N faible (<8). En effet, les engrais organiques au C/N faible vont
minéraliser plus vite et donc relarguer l’azote plus rapidement que des apports avec des C/N élevés.
La courbe de minéralisation de l’azote permet de savoir quel comportement aura le produit organique
épandu : risque créer une faim d’azote, combien d’azote il peut libérer et sur quel pas de temps.
Les engrais organiques ont
des C/N plus faible que les
amendements organiques.
En moins de 10 jours
(conditions de laboratoire),
ces produits sont capables
de libérer entre 20 et 45%
de l’azote apporté.
Hormis le fumier de
volailles (avec ou sans
déchets verts), les
amendements organiques
consomment de l’azote
avant d’en restituer un peu.
Apporter un amendement organique type compost ou fumier pailleux sur céréale d’hiver ou juste
avant une culture de printemps peut provoquer une faim d’azote. Il est recommandé de réserver ces
apports plutôt à l’automne sur couvert végétal.
Pour rappel, les apports organiques sont réglementés dans le cadre de la Directive nitrate. Retrouvez
le calendrier des épandages sur le document à ce lien : https://hautsdefrance.chambres-
agriculture.fr/environnement-territoires/eau-sol/directive-nitrates/
* attention, variabilité selon origine produit Gilles SALITOT et Mégane GUILLAUME
Et le SOUFRE !
Il est important de rappeler que le soufre a la même dynamique de minéralisation que l’azote. A l’issue
d’un hiver pluvieux, le soufre peut avoir été lessivé. Pour autant, dans nos essais, l’intérêt d’une
fertilisation soufrée sur céréales (faibles exportations en bio) est rarement démontré car les parcelles
reçoivent régulièrement des apports organiques. On priorise donc les apports de soufre sur céréales
dans les sols filtrants ou sur les parcelles ne recevant que rarement des apports organiques.
D’autres cultures à prioriser ? Nous l’évoquons
régulièrement, la luzerne fait partie des cultures qui
justifient d’un apport de soufre à la sortie de l’hiver, à
hauteur de 50 à 75 u. SO3/ha (soit de 100 à 150 kg/ha
équivalent KIESERITE)
Jeune luzerne semée en fin d’été 2019 dans l’Oise
L’absence d’hiver permet un démarrage précoce de la
luzerne (photo prise le 18/02/2020)
Gilles SALITOT
3. Du nouveau en termes de produit de bio contrôle
La recherche sur les produits alternatifs dits de bio contrôle, est très active depuis quelques années.
Ces nouveaux produits sont souvent homologués pour l’agriculture biologique et c’est notamment le
cas de Rhapsody® de chez Bayer, à base d’une souche de microorganisme de type Bacillus.
Ce bacillus (bacillus subtilis souche QST 713) émet des composés naturels :
1. Antifongiques via les lipopeptides qu’il produit : iturines, Agrastatine,Surfactines
2. Antibactériens via des composés organiques inhibiteurs des enzymes bactériennes (Indole –
acétique et butanédiol)
3. Stimulant des défenses naturelles de la plante
Cela permet au produit d’être homologué sur plusieurs cultures pour plusieurs usages.
Pour 1 T. apportée sortie hiver
sur céréale d’hiver N
Coeff. Equivalent
azote minéral P K C/N
Fientes (60% MS) 30* 0.35 20 20 8
Vinasses 20 0.45 0 70 7-8
Farines (10.6.0) 100 0.45 50 0
Fumier de bovin 5* 0.15 2.3 7 14
Fumier volaille + compost végétal 22* 0.10 20 18 10
En Pomme de terre contre le rhizoctone brun (photos ci-dessous)
Le but est de diminuer la fréquence d’attaque du rhizoctone sur les tubercules fils. Des essais
annoncent 20 à 30 % d’efficacité. Des effets ont également été recensés sur la dartrose et sur la gale
argentée.
Dans le cas de plants bio atteints par le rhizoctone, une pulvérisation peut s’avérer nécessaire car
chaque année des problèmes de levée, voire de pertes de plants nous sont relatés avec des pertes de
rendement parfois sévères.
Son coût varie entre 12 et 15€/l soit 60 à 75€/ha pour lutter contre le rhizoctone de la PDT.
En betterave sucrière contre la cercosporiose
L’effet recherché est de perturber la membrane cellulaire du pathogène. Il s’utile donc en préventif en
pulvérisation foliaire. D’après le fabricant, il s’applique en cas de pression modérée et sur variété
tolérante. Comme tout produit de contact il est lessivé au-delà de 20 mm de pluie cumulée.
A utiliser dès l’apparition des 1ère tâches de cercosporiose et à renouveler si nécessaire (4 applis
maxi/an).
En carotte contre les pythiums (Cavity Spot)
Ce champignon du sol est responsable de plusieurs dégâts lors du cycle de développement de
la carotte. Dès la levée avec la fonte des semis, plus tard lors du développement de la carotte
donnant des carottes fourchues, et sur racines proches de la maturité avec des tâches marron
parfois nécrosées.
Utilisable à la dose de 10l/ha. On note également une efficacité sur Pithium Violae.
D’autre application sont possibles aussi sur d’autres productions agricoles. Le fabricant l’a homologué
sur colza contre sclérotinia (en foliaire), sur tomate contre botrytis et bactérioses, et sur fraises contre
botrytis.
Comme tout produit de bio contrôle l’efficacité n’est jamais garantie et varie en fonction des
conditions pédoclimatiques. Ce produit de bio contrôle ne doit pas non plus palier aux leviers
agronomiques mis en œuvre à titre préventif.
Alain LECAT
4. ERRATUM : Dérogation plant de pomme de terre
Lors de notre communication dans le JT Bio 2, les disponibilités en plants pour 2020 et les statut
dérogatioires sur le site semences-biologiques.org n’était pas à jour !
Ainsi, quelque soit la variété, vous devez vous fournir en plants bio.
Nous nous excusons de l’information erronée diffusée qui ne nous est pas imputable.