mutualisation des médiatheques du plateau vivarais-lignon : rapport inset renaud aioutz 2011
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La mutualisation des médiathèquesdu Plateau Vivarais-Lignon :provoquer et conduire le changementRAPPORT DE FIN DE CYCLE PROFESSIONNELDIRECTEUR DE BIBLIOTHÈQUEINSET NANCY 2010-1011La définition des orientations stratégiques de la bibliothèque est l'une des fonctions clefs du directeur de bibliothèque. Il doit inscrire son action dans le cadre des politiques publiques, qui sont l’expression de la réponse aux besoins économiques et sociaux d’un territoire et d’une population. C'est ce à quoi nous nous appliquerons dans ce rapport.Le territoire qui sera le cadre géographique et administratif de notre sujet est le « Plateau Vivarais-Lignon » dans le Massif central. Il s'agit d'une zone aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, qui se distingue assez nettement parmi les territoires ruraux de moyenne montagne comparables. Un intérêt social et politique pour la culture, et plus particulièrement pour le livre et l'écrit, s'est très tôt manifesté et a trouvé une traduction dans les politiques publiques locales.Les communes ainsi qu'un syndicat intercommunal se sont emparés de la question de le lecture publique et se sont donnés les moyens de leurs objectifs. Des bibliothèques municipales, un réseau et des événements intercommunaux autour du livre ont été développés depuis plus de vingt ans. Ces actions ont trouvé une reconnaissance dans la labellisation « Pays-Lecture » en 2000 par le Ministère de la Culture, la première en France.Mais depuis l'environnement territorial a changé ; celui de la lecture publique aussi, tant nationalement que sur le Plateau Vivarais-Lignon. Le Pays-Lecture semble être à bout de souffle pour un ensemble de raisons et la relance n'a que trop tardé. Les professionnels des médiathèques doivent donc se repositionner et assumer tout leur rôle de conseil et d'aide à la décision. Leur hypothèse est que l'avenir de la lecture publique passe par une mutualisation accrue sur le territoire. Il s'agit dans un premier temps d'une mutualisation d'un service, les médiathèques, et non de l'ensemble de la politique sectorielle de la culture. Cela ne serait pas à exclure à moyen terme mais semble tout à fait prématuré à court terme.La problématique de ce rapport est donc celle-ci : quels sont les enjeux et les objectifs d'un projet de mutualisation des médiathèques sur le territoire et selon quelles modalités cela pourrait-il se mettre en œuvre en cas d'accord politique ? L'objectif du rapport n'est pas de concevoir sur le papier et sans concertation un réseau idéal, sans lien avec le terrain. Il s'agit plutôt de donner un cadre méthodologique pour les élus et pour les techniciens, qui n'oublie pas non plus la place du public dans cette élaboration.TRANSCRIPT
RAPPORT DE FIN DE CYCLE PROFESSIONNEL
DIRECTEUR DE BIBLIOTHÈQUE
La mutualisation des médiathèquesdu Plateau Vivarais-Lignon :
provoquer et conduire le changement
Renaud AïoutzDirecteur du Réseau Intercommunal& Solidaire des Médiathèques de TenceSt-Jeures & Le Mazet-St-Voy (RISOM)
Cycle professionnel« directeur de bibliothèque »2010 – 2011I.N.S.E.T de NancyPôle culture – bibliothèqueset centres documentaires
Remerciements :
Je tenais à remercier l'Institut National Spécialisé d'Études Territoriales de Nancy,et particulièrement Mme Jenny Rigaud et l'équipe de formateurs qu'elle a su réunir, pour la qualité des apports et de l'accompagnement du cycle professionnel.
Je remercie également mes collègues du RISOM et de la Commune de Tencepour leur aide et leur compréhension pendant toute la durée de ce cycle.
Merci beaucoup à Sylviane Vinson-Galy et Laurence Cochet-Sacilottod'avoir mené avec enthousiasme et rigueur une partie des entretiens,la mutualisation est à l'œuvre.Merci à celles et ceux qui ont bien voulu se prêter au jeu de l'interview.
Je remercie enfin ma femme et mes trois enfants, pour leur patience et leur soutien confiant depuis neuf mois.
« Le monde n'est qu'une branloire pérenne.
Toutes choses y branlent sans cesse […]
La constance n'est même autre chose qu'un branle plus languissant. [...]
Je ne peins pas l'être. Je peins le passage. »
Michel de Montaigne, Les Essais, Livre III, Chapitre II « Du repentir », Édition de
Claude Pinganaud, Paris, Arléa, 1992.
SOMMAIRE :
Préambule......................................................................................................................2
Introduction...................................................................................................................4
I. PROVOQUER LE CHANGEMENT : POUR QUI ET POUR QUOI ?..............6
A. La scène se passe sur le « Plateau Vivarais-Lignon », c'est-à-dire nulle part.... 6
i. Quelques éléments d'histoire et de géographie............................................................7
ii. Situation démographique et économique....................................................................9
iii. Évolutions et menaces pour le territoire....................................................................13
B. Le livre sur le Plateau Vivarais-Lignon : des affinités électives ?....................... 17
i. Grandeur et décadence du label « Pays-Lecture »....................................................... 17
ii. Un bilan en demi-teinte.............................................................................................. 19
iii. Une situation de crise................................................................................................ 20
C. Partager le diagnostic.............................................................................................. 23
i. Le métier de bibliothécaire aujourd'hui sur le Plateau Vivarais-Lignon..................... 24
ii. Évolution du monde rural : les visions des acteurs.................................................... 30
iii. S'ouvrir aux partenaires............................................................................................. 33
II. CONDUIRE LE CHANGEMENT : COMMENT ?.............................................36
A. « On devrait construire les villes à la campagne, l’air y est tellement plus pur ! » 37
i. Re-territorialiser l'action publique............................................................................... 37
ii. La politique du cadre de vie........................................................................................41
iii. L'émergence d'un projet : la mutualisation des médiathèques...................................44
B. De quoi la mutualisation est-elle le nom ?..............................................................46
i. Les conseils des partenaires « livre et lecture »........................................................... 47
ii. Les craintes et les attentes des équipes.......................................................................50
iii. La vision des élus et des directeurs généraux des services........................................53
C. Évaluer la démarche pour mieux garantir sa réussite......................................... 55
i. Les préalables : évaluer la faisabilité du projet............................................................55
ii. Les modalités d'application du projet......................................................................... 58
iii. Un guide pour se diriger dans l'incertitude................................................................61
Conclusion..................................................................................................................... 67
Table des annexes..........................................................................................................69
1
Préambule :
Le présent rapport s'intéressant à un réseau composé d'une ludothèque et de bibliothèques, nous avons
adopté le terme de « médiathèques » pour dénommer ces établissements. Les « bibliothèques » en
question présentant toutes par ailleurs différents supports dans leurs collections, le terme de
médiathèque n'apparaît pas usurpé.
La question de la terminologie fait débat en France : faut-il délibérément communiquer sur la pluralité
des médias en optant pour le nom de médiathèque ? Ou faut-il comme les anglo-saxons en rester une
bonne fois pour toutes au vocable bibliothèque (library en anglais), étant entendu que les mutations de
ses outils n'ont pas remis en cause le fondement de son action publique ni le bénéfice social qu'elle
procure.
Dans ce rapport, nous ne trancherons pas le débat et utiliserons majoritairement la terminologie de
« réseau de médiathèques » pour qu'il ne subsiste aucune ambiguïté sur le fait qu'il s'agit à chaque fois
des bibliothèques et de la ludothèque.
De même, si nous évoquerons parfois la politique de « lecture publique » ou les partenaires « livre et
lecture », c'est avec les mêmes réserves que précédemment. Les domaines de cette politique publique
et de ces partenaires ne se limitent pas à la seule chaîne du livre ni même de l'écrit. Mais il est d'usage
d'utiliser ces dénominations par commodité et nous n'avons pas cherché à en créer de nouvelles.
Nous avons choisi d'insérer des liens hypertextes vers les sources, tant dans le corps du rapport que
dans les notes de bas de pages. De même, quelques liens pointent vers des pages de l'encyclopédie
collaborative Wikipédia. Nous n'ignorons pas que cet usage fait encore débat au sein de la profession.
Si nous ne faisons pas mystère de l'intérêt que nous portons à cette nouvelle économie de la
contribution qui se joue au travers du Web, cela n'est pas la justification première de notre parti pris.
Plus simplement, il nous semble qu'en 2011, un document de travail – dont la version numérique sera
diffusée – ne peut plus être déconnecté de l'écosystème du Web et du nouveau rapport à l'intelligence
collective qu'il génère. Et nous croyons aussi que, bien choisis, les liens pointant vers Wikipédia ou
toute autre ressource, n'invalident en rien la qualité scientifique d'un document.
2
La typographie respecte la présentation matérielle recommandée : il s'agit d'une police sous licence
libre FreeSerif équivalente à celle recommandée le Times new roman (non disponible pour certains
logiciels libres comme celui que nous utilisons), compatible avec l'ensemble des environnements
informatiques, en corps 11, avec un interligne de 1,5 et des marges de 2,5 centimètres.
En accord avec notre collectivité, ce rapport est par ailleurs diffusé sous une licence libre Creative
Commons dans sa version française, intitulée « CC BY-NC-SA 2.0 » (Paternité - Pas d'Utilisation
Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'Identique).
3
Introduction :
La contribution à la définition des orientations stratégiques de la bibliothèque est l'une des fonctions
clefs du directeur de bibliothèque. Il doit inscrire son action dans le cadre des politiques publiques, qui
sont l’expression de la réponse aux besoins économiques et sociaux d’un territoire et d’une population.
C'est ce à quoi nous nous appliquerons dans ce rapport.
Le territoire qui sera le cadre géographique et administratif de notre sujet est le « Plateau Vivarais-
Lignon » dans le Massif central. Il s'agit d'une zone aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, qui
se distingue assez nettement parmi les territoires ruraux de moyenne montagne comparables. Un
intérêt social et politique pour la culture, et plus particulièrement pour le livre et l'écrit, s'est très tôt
manifesté et a trouvé une traduction dans les politiques publiques locales.
Les communes ainsi qu'un syndicat intercommunal se sont emparés de la question de la lecture
publique et se sont donnés les moyens de leurs objectifs. Des bibliothèques municipales, un réseau et
des événements intercommunaux autour du livre ont été développés depuis plus de vingt ans. Ces
actions ont trouvé une reconnaissance dans la labellisation « Pays-Lecture » en 2000 par le Ministère
de la Culture, la première en France.
Mais depuis l'environnement territorial a changé ; celui de la lecture publique aussi, tant nationalement
que sur le Plateau Vivarais-Lignon. Le Pays-Lecture semble être à bout de souffle pour un ensemble
de raisons et la relance n'a que trop tardé. Les professionnels des médiathèques doivent donc se
repositionner et assumer tout leur rôle de conseil et d'aide à la décision. Leur hypothèse est que
l'avenir de la lecture publique passe par une mutualisation accrue sur le territoire. Il s'agit dans un
premier temps d'une mutualisation d'un service, les médiathèques, et non de l'ensemble de la politique
sectorielle de la culture. Cela ne serait pas à exclure à moyen terme mais semble tout à fait prématuré à
court terme.
La problématique de ce rapport est donc celle-ci : quels sont les enjeux et les objectifs d'un projet de
mutualisation des médiathèques sur le territoire et selon quelles modalités cela pourrait-il se mettre en
œuvre en cas d'accord politique ? L'objectif du rapport n'est pas de concevoir sur le papier et sans
concertation un réseau idéal, sans lien avec le terrain. Il s'agit plutôt de donner un cadre
méthodologique pour les élus et pour les techniciens, qui n'oublie pas non plus la place du public dans
cette élaboration.
4
5
I. PROVOQUER LE CHANGEMENT : POUR QUI ET POUR QUOI ?
« Rien n'est permanent sauf le changement » répète-t-on à l'envi, en attribuant – à tort – cette
formulation à Héraclite. Le changement est indéniablement le moteur de la vie. Elle est même
composée d'une variété de changements, aux tempos différents, qui cohabitent dans le même espace-
temps. C'est justement l'hétérogénéité de ces rythmes qui suscite de l'inquiétude et de l'inconfort. Le
temps des citoyens n'est pas celui de l'administration ni même celui des mandats politiques. Le temps
des mutations technologiques n'est pas le temps des générations et le temps rural n'est pas le temps
urbain. L'agent public, pour qui semblent être immuables son administration, son cadre d'emploi, son
métier voire son profil de poste, doit-il craindre le changement ? Le verbe provoquer vient du latin
provocare qui signifie « appeler dehors », « faire venir » d'où « faire naître quelque chose ». C'est bien
le sujet de ce rapport : pour quoi et pour qui le directeur de bibliothèque peut-il faire naître le
changement, et non le subir ? Ce faisant, il ne s'agit pas d'exciter ou de défier , qui sont d'autres sens
de provoquer, mais d'être à l'initiative du changement, à défaut d'en être la cause.
A. La scène se passe sur le « Plateau Vivarais-Lignon », c'est-à-dire nulle part1
Bien évidemment le « Plateau Vivarais-Lignon » n'est absolument pas un « nulle part », malgré cette
allusion parodique à la pièce de théâtre Ubu roi d'Alfred Jarry. Ce territoire doit au contraire être
appréhendé dans ses nuances. À la fois connu par son histoire singulière et méconnu en raison de sa
position aux confins de deux entités, il semble en première approche comparable à ces zones de
moyenne montagne typiques. Les conditions d'accès et de circulations sont difficiles, particulièrement
l'hiver, l'activité économique reste fragile et la démographie est globalement vieillissante. Mais par de
nombreux autres aspects, il présente des atouts singuliers et a su développer un cadre de vie, un esprit
d'entrepreneuriat remarqué et un goût pour la culture qui n'appartiennent qu'à lui sur le département.
Alors pour éviter que le « Plateau Vivarais-Lignon » ne soit « nulle part », il convient d'opérer un zoom
pour en cerner les différents contours. Nous tenterons d'en faire si possible une présentation fine et
objective, loin des clichés ou des légendes.
1 Adaptation parodique du célèbre incipit d'Ubu roi, pièce de théâtre d'Alfred Jarry représentée pour la première fois le 10 décembre 1896.
6
i. Quelques éléments d'histoire et de géographie
Le Plateau Vivarais-Lignon, pour reprendre la toponymie actuellement en usage, est une zone de
moyenne montagne à cheval sur la Haute-Loire et l'Ardèche, marquée par une histoire géologique liée
au volcanisme. Ce « plateau » dont l'altitude moyenne est autour de 1 000 mètres, s’élève du nord au
sud en direction du Massif du Mézenc (point culminant du département à 1 753 mètres d’altitude) et
du Mont Gerbier-de-Jonc. Il est délimité assez nettement à l’est par les vallées escarpées de l’Ardèche
et à l'ouest par le massif du Meygal et les sucs (dômes issus d'anciens volcans) de l'Yssingelais, qui
introduisent une rupture dans la certaine unité topographique et paysagère du territoire. La frontière
administrative entre les départements de l'Ardèche et de la Haute-Loire traverse cette région selon un
axe « nord-est / sud-ouest ». Ce territoire est donc partagé depuis les lois de décentralisation en deux
régions distinctes aux profils très contrastés, la région Rhône-Alpes et la région Auvergne.
Dans son schéma de cohérence territoriale2 (SCOT), le Pays de la Jeune Loire et ses rivières, qui
correspond en termes de périmètre à l’arrondissement d’Yssingeaux soit environ le tiers est du
département de la Haute-Loire, présente ainsi le Plateau Vivarais-Lignon :
2 Pays de la Jeune Loire et ses rivières, Rapport de présentation du SCOT, La Séauve-sur-Semène, 2008 : http://www.pays-jeuneloire.fr/docs/1.rapport_presentation.approuve.pdf
7
Illustration 1: Territoire du "Plateau Vivarais-Lignon"
“Éloigné des grands axes de circulation, ce secteur est peu urbanisé, offrant des paysages
sauvages composés de vastes espaces ouverts dédiés principalement à l’agriculture et des
espaces plus accidentés où dominent les espaces boisés. La pression liée au boisement est
particulièrement forte dans cette entité. Les communes de ce secteur offrent un patrimoine
bâti exceptionnel notamment lié à la présence de nombreux édifices religieux de qualité. Les
centres bourgs présentent des caractéristiques d’implantation originales dans des espaces
relativement fermés, profitant des riches ambiances des rivières. Le sentiment de confinement,
lié à des paysages relativement fermés et un couvert boisé dense, semble ici davantage être un
caractère d’identité qu’une perte d’identité même si le maintien d’espaces ouverts reste
souhaitable. Au-delà des centres bourgs, le territoire est marqué par une urbanisation diffuse
composée de nombreux petits hameaux.”
Cette zone géographique, marquée par la diffusion des idées de la Réforme et son implantation au
tournant des années 1560, présente une relative unité historique, culturelle et humaine en dépit des
divisions administratives. Ces divisions sont anciennes – provinces du Vivarais et du Velay – ou
modernes : départements, régions et aujourd'hui communautés de communes du Haut-Lignon
(correspondant au canton de Tence en Haute-Loire) et du Haut-Vivarais (correspondant au canton de
Saint-Agrève en Ardèche). Les échanges entre ces deux parties du territoire, les guerres de Religion et
leurs prolongements ont contribué à forger une identité commune du Plateau Vivarais-Lignon. Plus
récemment c'est aussi la mémoire de l'épisode célèbre de la résistance civile des populations locales
pendant la Seconde Guerre mondiale qui a participé à la construction de cette identité. La région est
aujourd’hui internationalement connue pour le sauvetage important de victimes des répressions et des
persécutions, et en particulier de victimes juives, pendant la Seconde Guerre mondiale. L’historien
Patrick Cabanel rappelait notamment que : «S’il est en France un lieu de mémoire judéo-protestant,
c’est bien le Chambon-sur-Lignon avec sa réputation internationale.3 ». Mais c'est bien collectivement
que les « habitants du Chambon-sur-Lignon et des communes voisines » ont reçu le 5 septembre 1988
la désignation de « Justes parmi les Nations ».
3 Cabanel Patrick, Juifs et protestants en France, les affinités électives XVIe -XXIe siècles, Paris, Fayard, 2004.
8
ii. Situation démographique et économique
Aujourd’hui, le territoire présente une image contrastée et ambivalente si l’on se réfère aux dernières
statistiques publiées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Pour
cette étude, nous prendrons en compte bien entendu et systématiquement les périmètres des deux
cantons, celui de Tence en Haute-Loire et celui de Saint-Agrève en Ardèche. Ces cantons
correspondent aujourd’hui respectivement aux deux communautés de communes du Haut-Lignon et du
Haut-Vivarais. Avant d'aller plus loin, il nous semble utile de préciser que nous sommes en présence
de communes très étendues sur ce territoire. Certaines comme celle de Tence font plus de 5 000
hectares soit plus de 50 kilomètres carré, alors que la moyenne en France est de 14,88 km2 (la médiane
se situant à 10,73 km2).
La commune de Saint-Agrève est située à l'extrémité orientale du Plateau Vivarais-Lignon et les
communes qui l’entourent sont bien moins peuplées. Nous sommes donc confrontés à une
configuration assez banale en milieu rural : celle d’un bourg-centre (de 2 505 habitants en
l'occurrence), autour duquel rayonnent de petites voire très petites communes, l'ensemble constituant
la communauté de communes du Haut-Vivarais (CCHV), soit 3 967 habitants en 2007.
9
Illustration 2: Communauté de communes du Haut-Vivarais
Le versant altiligérien présente un visage assez différent puisqu’il n’y a pas de bourg-centre mais deux
communes d'importances comparables, Tence le chef-lieu de canton (3 271 habitants) et Le Chambon-
sur-Lignon (2 662 habitants). D'une manière générale la démographie est plus favorable pour la
communauté de communes du Haut-Lignon (CCHL) avec 8 327 habitants en 2007. Le relief moins
accidenté que sur le versant ardéchois et la relative proximité de la Route Nationale 88 expliquent en
partie cette situation. La R.N. 88 est l'axe structurant à 2 X 2 voies reliant Le Puy-en-Velay (Préfecture
de la Haute-Loire) à l’agglomération de Saint-Étienne (département de la Loire, en région Rhône-
Alpes), qui joue le rôle de locomotive économique.
L'INSEE nous fournit pour ces deux communautés de communes des chiffres clés réalisés en octobre
2010, sur la base des recensements de population de 2007 ainsi que d'autres enquêtes thématiques
réalisées entre 2007 et 2010.
Entre le recensement de 1999 et le dernier en date, celui de 2007, la population légale du Haut-Lignon
aurait augmenté d'environ + 7,5%, atteignant 8 327 habitants. Ainsi la variation annuelle moyenne
serait selon l'INSEE de + 0,9% sur le Haut-Lignon, au-dessus de celle nationale pour la même période
qui est de + 0,7%.
10
Illustration 3: Communauté de communes du Haut-Lignon
En revanche sur le Haut-Vivarais la population a diminué de - 2,1% environ depuis le recensement de
1999, la population s'établissant à 3 967 habitants en 2007.
En cumulant les périmètres et les chiffres de la CCHV et de la CCHL, nous obtenons une
augmentation de la population d'environ + 4,2%, soit une augmentation supérieure à celle nationale
sur la même période (environ + 2,7%). La population atteint 12 294 habitants en 2007. Il faut utiliser
ces comparaisons avec précautions puisque les méthodes ont changé entre les deux recensements (par
la loi4 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité). Nous pouvons néanmoins observer
que le territoire, contrairement à d'autres territoires ruraux de moyenne montagne, connaît une très
bonne croissance démographique.
Pour la CCHL, il s'agit du premier redressement démographique depuis 1968. Ce redressement va de
pair avec une mobilité non négligeable puisque 20,7% des personnes de 5 ans et plus habitaient, 5 ans
auparavant, dans une autre commune que celle de leur résidence en 2007. Pour la CCHV, si le déclin
démographique reste non enrayé depuis 1968, nous observons tout de même que 15,7% des personnes
de 5 ans et plus habitaient, 5 ans auparavant, dans une autre commune.
Cela étant et d'un point de vue de gestion territoriale, ce positionnement satisfaisant en termes de
démographie doit être nuancé par des éléments sur les revenus fiscaux des ménages. Le revenu net
imposable moyen par foyer fiscal est de 15 375 € sur la CCHV et de 17 690 € sur la CCHL c'est-à-
dire nettement en-dessous de la moyenne nationale qui s'établit à 22 947 €. Le salaire horaire net
moyen confirme par ailleurs cette tendance, particulièrement pour les cadres.
En 2007 les taux de chômage des 15-64 ans s'établissent à 9,1% pour la CCHV et 8,5% pour la CCHL.
Ils sont en baisse par rapport à 1999 et en-dessous de la moyenne nationale de 11%. Cependant cette
tendance doit être pondérée par un taux d'activité de cette même tranche d'âge inférieur à la moyenne
nationale de 71,6% : 71,3% sur la CCHV et même 69,2% sur la CCHL. Vraisemblablement, l'inégalité
des sexes devant l'emploi – les femmes représentant entre 56,3% et 58% des chômeurs – est en partie
la cause d'un statut « sans profession » plus ou moins choisi pour nombre de femmes au sein des
ménages du territoire.
4 http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/recensement-de-la-population.htm
11
Si nous nous intéressons d'un peu plus près à la structure des catégorie socioprofessionnelles pour les
personnes de 15 ans ou plus, il nous faut souligner entre 1999 et 2007 la diminution marquée des
Agriculteurs et des Ouvriers contre une augmentation notable des Artisans-Commerçants-Chefs
d'entreprise et des Professions intermédiaires. Cette dernière catégorie difficile à cerner comprend par
exemple « les instituteurs, les infirmières, les assistantes sociales » selon la définition de l'INSEE5.
Nous ne citerons que trois des évolutions principales entre 1999 et 2007 et qui, nous le verrons plus
bas, constituent des éléments de socio-démographie importants pour la définition de la politique de
lecture publique :
• la part des retraités dans la population de 15 ans et plus. Cette proportion est en nette
augmentation, passant de 30,1% à 34,8% pour le Haut-Vivarais et de 30,4% à 34,1% pour le
Haut-Lignon. Les retraités sont donc 3 439 en 2007 ;
• concernant la pyramide des âges entre 1999 et 2007, tant pour la CCHV que pour la CCHL,
les tranches d'âges des moins de 44 ans sont systématiquement en recul par rapport à celles de
45 ans et plus, en proportion de la population totale ;
• l'élévation générale du niveau de diplôme de la population non scolarisée de 15 ans ou plus,
puisqu'entre 1999 et 2007, pour toutes les diplômes à partir du « CAP / BEP » inclus et au-
delà, on constate une augmentation allant parfois jusqu'à 4 points. La part de la population
scolarisée par rapport à la population totale du Plateau Vivarais-Lignon est d'environ 21,4%,
pourcentage en-dessous du taux national qui est autour de 25%.
En résumé à partir de ces quelques éléments statistiques, nous pouvons donc brosser le succinct
tableau suivant :
• le territoire connaît pour la première fois depuis 40 ans un redressement démographique qui se
révèle non négligeable ;
• si la natalité est satisfaisante, le fait majeur reste néanmoins le vieillissement globale de la
population ;
• le niveau modeste des revenus des ménages reste une donnée qu'il faut prendre en
considération ;
• la période 1999-2007 présente une mutation délicate pour ce territoire avec la diminution de la
5 Tiré de : http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/pcs2003/liste_n1.htm
12
proportion des Agriculteurs et des Ouvriers – historiquement forte – au profit de nouvelles
catégories. Cette transition est liée à une économie tournée de plus en plus vers les services
résidentiels, à l'arrivée de populations extérieures et à l'augmentation globale du niveau de
diplôme et de formation.
iii. Évolutions et menaces pour le territoire
Le Plateau Vivarais-Lignon est plus facilement orienté vers la partie orientale de la Haute-Loire,
malgré son appartenance à deux départements. Cette zone de la Haute-Loire bénéficie d'une qualité de
paysages encore préservée mais non totalement épargnée par la croissance urbaine. En effet,
l'amélioration de la R.N. 88, aux effets bénéfiques reconnus, induit aussi à l'échelle du Pays de la
Jeune Loire et ses rivières (l'arrondissement d'Yssingeaux pour mémoire), des déséquilibres à travers :
• une urbanisation mal contrôlée liée à une nouvelle pression foncière ;
• une certaine « coupure », ressentie comme telle par les élus, entre les nouveaux arrivants et les
anciens ;
• un risque de péri-urbanisation sur certaines franges du territoire ;
• et une différence de développement entre les secteurs proches de l'axe R.N. 88 et ceux plus
éloignés comme le Plateau Vivarais-Lignon justement, qui connaissent des difficultés de
maintien des activités et des hommes.
13
Illustration 4: Pays de la Jeune Loire et ses rivières
Il s'agit donc de déséquilibres qui ne touchent pas tous de manière égale le Plateau Vivarais-Lignon.
Ils concernent plutôt l'ensemble du Pays de la Jeune Loire et ses rivières, bassin de vie réunissant 6
communautés de communes sur l'est de la Haute-Loire (carte ci-dessus) et aire géographique
pertinente pour saisir des enjeux structurants.
La communauté de communes du Haut-Vivarais, deuxième jambe du Plateau Vivarais-Lignon fait
partie quant à elle du Pays de l'Ardèche verte, vaste ensemble géographique qui couvre tout le nord du
département de l'Ardèche, de Tournon-sur-Rhône à Annonay. Mais les études du diagnostic de
territoire6 du Pays de l'Ardèche verte semblent montrer que globalement, la CCHV est davantage
concernée par les enjeux de développement du Pays de la Jeune Loire. Aussi nous appuierons-nous
davantage sur les données de la Jeune Loire et ses rivières dans le développement ci-après. La carte
suivante permet de saisir les aires territoriales en présence sur le bassin de vie de l'Ardèche verte.
6 Pays de l'Ardèche vertes, Charte de territoire, Tome 2 : le diagnostic, Peaugres, 2010. http://www.pays-ardeche-verte.fr/projet-de-territoire/129-partie-1.htm
14
Illustration 5: Pays de l'Ardèche verte
Sur le plan économique, l'est du département de la Haute-Loire est marqué par un pôle plasturgique
leader en France. Des inquiétudes se font sentir pour la pérennité de ces industries de production,
contraintes de s'adapter devant les nouvelles normes environnementales. Néanmoins l’industrie reste le
premier employeur du bassin avec 41% des emplois offerts au niveau du Pays de la Jeune Loire. Elle
affiche, en termes de taux de création et cette fois pour la Haute-Loire, un taux de 9,4%, contre 8,5%
en Auvergne et 7,7% en France. Le bassin d’Yssingeaux avec ses 419 sites est bien l’un des deux
moteurs de l’activité industrielle en Auvergne, aux côtés de l’agglomération clermontoise. Cela se
traduit par un maillage fin du territoire par une multitude de très petites entreprises et l'on ne dénombre
que quatre sites employant plus de 200 salariés.
Ce fort dynamisme rayonne sur l’ensemble du bassin d’emploi puisque une communauté de communes
rurale comme celle du Haut-Lignon est créatrice d’entreprises au même titre que les cantons plus
industriels et plus structurés sur le plan des services. L'économie résidentielle est très présente et le
bassin d’emplois stéphanois toujours très actif. Le territoire se trouve ainsi dans une phase
d'intégration progressive au grand marché rhône-alpin.
Mais l’industrie, les services et le commerce, dans leur quête de nouvelles surfaces de développement
doivent de plus en plus composer avec d’autres demandeurs que restent les agriculteurs mais que sont
aussi les nouveaux résidents actifs. L'un des principaux enjeux à l’échelle du territoire est bien
l’équilibre entre des secteurs saturés en termes de foncier mais créateurs de richesses et d’emplois et
des espaces libres mais peu attractifs et peu créateurs d’emplois. C'est la problématique que tente de
résoudre le schéma de cohérence territoriale, document important à prendre en considération puisqu'il
s'agit d'un document opposable. Il s'applique en effet aux documents d'urbanisme, aux plans de
déplacements urbains et aux programmes locaux de l'habitat ou au schéma départemental de
développement commercial.
À partir de ces données, nous avons tenté de synthétiser ci-dessous les forces et les faiblesses, les
opportunités et les menaces du « Plateau Vivarais-Lignon », souhaitant ainsi présenter une
photographie dynamique du territoire.
15
Le Plateau Vivarais-Lignon :Compilation à partir des données INSEE et des diagnostics des deux Pays
Forces Faiblesses
- un positionnement géographique et une accessibilité satisfaisantes (proximité de la R.N. 88, de l'agglomération stéphanoise et de la région Rhône-Alpes) ;- un certain dynamisme économique (agriculture, industrie, économie résidentielle) ;- une croissance démographique modérée mais positive ;- un bon taux d’équipements scolaires, d’accueil de personnes âgées et de la petite enfance- une qualité du cadre de vie et des paysages, doublée de la présence de richesses naturelles ;- un esprit d'entrepreneuriat remarqué.
- un relief marqué qui génère de l’enclavement sur une partie du territoire ;- une prédominance de la R.N. 88 dans le développement et l’organisation spatiale du territoire, induisant des disparités spatiales de développement ;- une population vieillissante ;- une part importante de résidences secondaires en zone rurale ;- des revenus modestes inférieurs à la moyenne régionale ;- une urbanisation mal maîtrisée et des risques de conflits d’usage du sol, avec notamment une absence de foncier pour le développement des zones d'activités économiques ;- un manque de diversité du tissu économique ;- pas ou peu d’alternatives à la voiture individuelle.
Opportunités Menaces
- ouverture sur les territoires voisins ;- valorisation des richesses naturelles (tourisme, éco-construction, développement des énergies alternatives) ;- des infrastructures numériques de qualité avec la desserte en fibre optique sur la partie ardéchoise ;- un potentiel de mutualisation de services en milieu rural (exemple des maisons de santé) ;- des communautés de communes qui prennent en compte les questions sociales.
- poursuite de la péri-urbanisation (pour l'habitat et les services) pour certaines zones ;- désertification pour d'autres avec disparition des services à la population notamment sur la santé ;- augmentation des dépendances vis-à-vis des territoires voisins ;- augmentation des conflits d’usage du sol ;- baisse de la qualité du cadre de vie, des paysages, des espaces naturels et agricoles ;- affaiblissement du tissu économique.
16
B. Le livre sur le Plateau Vivarais-Lignon : des affinités électives ?
En dépit des difficultés et des crises actuelles, la culture n'en semble pas moins occuper une place à
part sur le Plateau Vivarais-Lignon. Ce trait est d'ailleurs souvent cité, par les acteurs locaux comme
par les observateurs extérieurs, comme distinctif de ce territoire. Au sein de cet intérêt pour la culture,
la place du livre notamment ne laisse pas d'étonner. Il est fort probable que la relation ancienne et
privilégiée que les populations protestantes entretiennent avec le texte et le livre a exercé une
influence et explique en partie cette préoccupation de politique publique.
i. Grandeur et décadence du label « Pays-Lecture »
C'est donc dans ce contexte qu'est créé au milieu des année 1980 un syndicat intercommunal à
vocations multiples (SIVOM Vivarais-Lignon), rayonnant sur deux cantons des deux côtés de la
frontière départementale (les cantons de Tence et de Saint-Agrève pour mémoire). Les compétences
premières de ce SIVOM sont à l'époque la culture, le patrimoine et le tourisme. Aussi en 1991, la
création de la bibliothèque municipale du Chambon-sur-Lignon, première bibliothèque normée et
professionnalisée, a constitué un signal fort et visible. Cet investissement fut tout à la fois révélateur
de la démarche déjà engagée et catalyseur de la dynamique actuelle. Puis en 1994, la création d'une
deuxième bibliothèque professionnalisée à Saint-Agrève, correspondant également aux normes
préconisées, assoit et fortifie la lecture publique sur le Plateau Vivarais-Lignon. Les autres
bibliothèques du territoire restaient alors davantage des bibliothèques relevant du « Point Lecture » ou
au mieux de la « Bibliothèque de niveau 3 » pour reprendre la typologie des établissements de
l’ADBDP7 de 2002. Il s'agissait donc de lieux fonctionnant sans professionnels ou avec très peu, avec
des locaux en-dessous des normes et des budgets faibles ou inexistants. Mais la place du livre et de la
lecture était prouvée et des projets de nouvelles constructions se dessinaient, notamment à Tence.
Ces actions coopératives intercommunales fortes et originales, portées par le SIVOM Vivarais-Lignon
dès 1992 et coordonnées par une chargée de mission, aboutiront en 2000 à la délivrance par le
Ministère de la culture et de la communication, du premier label « Pays-Lecture ». Cette même année
7 Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt, ADBDP, Typologie des établissements ouverts à tous publics, 2002 : http://www.adbdp.asso.fr/spip.php?article662
17
fut créée une ludothèque intercommunale itinérante gérée par le SIVOM, rayonnant sur les communes
du territoire en direction des structures de l'enfance, du social et de la culture. Cette initiative, dont le
but premier était la lutte contre l'illettrisme grâce au jeu, fut un succès et se concrétisa par un lieu fixe
ouvert au public en 2005 à Tence.
Les actions du Pays-Lecture sont essentiellement centrées sur la mise en réseau des médiathèques
(c'est-à-dire ici les bibliothèques et la ludothèque) d'une part et leurs animations d'autre part. Une carte
unique, appelée « carte passeport », permet depuis le milieu des années 1990, d'emprunter sur
l'ensemble du réseau du Plateau Vivarais-Lignon en ne contractualisant qu'un seul abonnement. Les
documents peuvent également être rendus sur n'importe quel lieu du réseau, mais ce fonctionnement a
été mis en place sans logiciel (ou système intégré de gestion de bibliothèque) unique et commun – ce
qui ne va pas sans poser problème naturellement. Une part importante des animations en médiathèques
sont aussi mises en place au niveau intercommunal et prises en charge par le syndicat mixte Plateau
Vivarais-Lignon : le Printemps des Poètes, les Quartiers d'été et plusieurs éditions d'une Fête du livre.
Enfin le Pays-Lecture a aussi initié des actions de formation sur le territoire à destinations des
professionnels et bénévoles des médiathèques, afin de permettre à tous ces acteurs de qualifier leurs
actions culturelles intercommunales.
Lors de sa visite8 sur le Plateau Vivarais-Lignon le 18 décembre 2000 à l'occasion de la signature de la
convention Pays-Lecture, M. Michel Duffour, Secrétaire d'État au Patrimoine et à la Décentralisation
culturelle, rappelait l'histoire et les enjeux de ces actions. Nous nous permettrons de citer un large
extrait significatif de son discours, qui illustre tout autant l'histoire et l'intérêt du Pays-Lecture qu'un
ensemble de représentations sur le territoire et la place du livre :
“Au Chambon-sur-Lignon et à Saint-Agrève, deux bibliothèques municipales ont été
construites avec le concours de l'État dans les dix dernières années cependant qu'un troisième
projet se dessine à Tence. Un projet de mobilisation de tous les acteurs du livre - au sens le
plus large puisqu'il fait se rencontrer bibliothécaires, libraires, éditeur9, enseignants,
documentalistes, personnels de la petite enfance, travailleurs sociaux etc. - est né et un
8 Voir : http://www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/doc/cpdisc/cplignon.htm9 M. Michel Duffour fait ici référence à M. Jean-François Manier, créateur des éditions de poésie
contemporaine Cheyne Éditeur et du festival d'été d'envergure nationale des Lectures sous l'arbre.
18
ensemble d'actions culturelles d'envergure centrées sur le livre et la lecture a été mené à bien
pendant plusieurs années.
C'est l'exemplarité de cette démarche en zone rurale que l'État a d'abord voulu reconnaître et
soutenir dans le cadre de la convention de développement culturel évoquée plus haut. Mais
aujourd'hui, après un bilan très sérieux des acquis et des faiblesses, l'heure est venue de
conforter cette expérience grâce à la procédure des contrats ville-lecture. Comme pour le
projet de pays d'art et d'histoire, il s'agit d'affirmer l'intercommunalité, de professionnaliser
l'action en formant les bénévoles, de toucher enfin de nouveaux publics par des actions
nouvelles. La commission nationale ne s'y est pas trompée, qui a décidé en septembre dernier
d'accorder exceptionnellement le label pays-lecture au SIVOM Vivarais-Lignon ; il s'agit là
d'une première dans un dispositif prévu à l'origine pour qualifier les projets de développement
de la lecture des villes. Mais c'est une innovation sans doute promise à un bel avenir, compte
tenu de la dynamique intercommunale qui se développe en France dans le domaine de la
culture.
Et je voudrais conclure en soulignant une fois de plus non pas seulement le caractère
novateur des actions conduites sur le Plateau Vivarais-Lignon, mais encore l'impressionnante
cohérence qui, de l'intérêt pour le patrimoine à l'amour des livres, passe par l'accueil et la
tolérance. Comme si, au-delà même du projet culturel, ce qui s'invente aujourd'hui sur le
Plateau était tout simplement un projet de vie.”
ii. Un bilan en demi-teinte
La dynamique citée plus haut ne s'arrête pas au seul domaine du livre et de la lecture puisque de
nombreux acteurs sont présents sur le territoire, souvent soutenus par les collectivités. Cette présence
peut être permanente ou uniquement estivale, lorsque les nombreux résidents secondaires et leurs
pratiques plus « urbaines » influent considérablement sur la vie sociale et culturelle du Plateau
Vivarais-Lignon. Nous citerons pêle-mêle et sans nous y attarder dans un premier temps, les
principaux acteurs aux côtés des bibliothèques et de la ludothèque intercommunale : l'école de
musique intercommunale, les deux cinémas, les deux centres socio-culturels et la salle des arts, la
Petite Université Libre & Populaire de Tence, les nombreuses associations et les festivals d'été (au
19
premier rang desquels les Lectures sous l'arbre, mais aussi Musiques en Vivarais-Lignon, Équiblues,
le Festival des arts de Clavière...), la liste n'étant bien sûr pas exhaustive.
Nous pouvons donc constater que ce qui a été réalisé à l'échelle de ce territoire est déjà remarquable et
méritait le bel éloge de M. Michel Duffour et la notoriété de ce dispositif. Cependant, si nous tentons
de prendre un peu de recul et de hauteur pour examiner ce champ culturel, des problématiques de fond
demeurent :
• une forte disparité de l’offre et de la fréquentation entre la période dite « hivernale » (qui
correspond approximativement à la période qui s'étend des vacances scolaires de la Toussaint
aux vacances scolaires de printemps) et la période plus clémente, pendant laquelle de
nombreuses résidences secondaires sont ouvertes. Cette disparité pose bien entendu des défis
en termes de politiques publiques culturelles pour les collectivités locales du territoire ;
• un éparpillement géographique et sectoriel parfois nuisible d’acteurs aux statuts, aux enjeux,
aux objectifs qualitatifs et quantitatifs, aux degrés de professionnalisme et de notoriété très
divers ;
• la saine émulation entre les acteurs met cruellement en lumière le déficit de coordination en
termes de programmation et de politique culturelles, ce malgré un investissement public
important (en prenant en compte aussi les aides publiques versées sous la forme de
subventions) ;
• enfin et ce sera l'objet d'un plus long développement ci-dessous, le bilan de la labellisation
Pays-Lecture et du portage de ce dossier par le SIVOM Vivarais-Lignon (devenu aujourd'hui
le syndicat mixte Plateau Vivarais-Lignon) est mitigé pour la lecture publique, avec des succès
mais aussi des échecs qui ont en partie conduit à la situation actuelle.
iii. Une situation de crise
Quelles est la situation actuelle ? Pour bien l'analyser, il est impératif de prendre en compte deux
événements majeurs survenus depuis la visite de M. Michel Duffour :
20
1. la création et la montée en puissance des communautés de communes depuis 2001,
introduisant une nouvelle dichotomie sur ce territoire du Plateau Vivarais-Lignon que le
SIVOM avait tenté d'unifier pour la gestion des compétences qui étaient les siennes. Certains
désaccords politiques apparus à la suite des élections municipales de 2001 – qui ont vu un
renouvellement important et inédit des élites politiques locales – et la complexité du « mille-
feuille administratif » ont définitivement alourdi la gouvernance des actions du SIVOM. Ce
défaut de gouvernance se traduit notamment depuis plusieurs années par la vacance de
direction du SIVOM. Celui-ci a d'ailleurs évolué en un syndicat mixte réunissant les deux
communautés de communes. Nous ne reviendrons pas plus longuement sur cette
problématique typique du mille-feuille administratif français. Il s'agit d'une constante connue
et bien analysée. L'important est pour chaque territoire de trouver les réponses adaptées pour
que cette donnée devienne un atout et non un frein. Force est de constater que ce dernier point
n'est pas encore tout à fait réalisé pour la culture sur le Plateau Vivarais-Lignon ;
2. le déficit de coordination et de mutualisation intercommunale des actions culturelles et plus
particulièrement de la lecture publique (bibliothèques et ludothèques). Cette configuration qui
n'a pas permis de trancher la question d'un éventuel transfert de compétences, a finalement et
paradoxalement affaibli le label Pays-Lecture. Il y a bien sûr des liens étroits entre ce point et
le premier cité ci-dessus. Mais nous nous attarderons dans ce rapport sur cette deuxième
question qui concerne au premier chef les techniciens de la lecture publique.
Pour expliciter ce deuxième point dans sa globalité, nous ferons tout d'abord un détour par l'histoire
des médiathèques de Tence, de Saint-Jeures et du Mazet-Saint-Voy, qui forment aujourd'hui le
« RISOM » et que nous n'avons pas encore évoqué. Nous avions déjà souligné que le Pays-Lecture a
favorisé l'émergence de nouveaux équipements de lecture publique aux normes, après ceux du
Chambon-sur-Lignon et de Saint-Agrève. Aussi après une longue gestation, la bibliothèque
municipale de Tence a vu le jour en 2005, recrutant un responsable, Renaud Aïoutz, en plus de deux
agents à temps partiels déjà présents.
Puis en 2007, deux nouvelles bibliothèques, celles de Saint-Jeures et du Mazet-Saint-Voy (communes
du Haut-Lignon, limitrophes de Tence) ont ouvert. À cette occasion et pour pouvoir assurer l'ouverture
21
de ces deux nouveaux lieux, les municipalités de Saint-Jeures et du Mazet-Saint-Voy se sont
rapprochées de celle de Tence afin d'envisager un partage de postes. Ce qui fut fait avec la mise à
disposition du responsable de la bibliothèque municipale de Tence pour la direction des bibliothèques
municipales de Saint-Jeures et du Mazet-Saint-Voy ainsi que le recrutement d'un agent à temps partiel
dont le temps de travail était équitablement réparti sur les deux nouvelles bibliothèques.
De manière toute naturelle, cette première étape de mutualisation a abouti, en 2009, à la signature
d'une nouvelle convention créant le Réseau Intercommunal & Solidaire des Médiathèques de Tence,
Saint-Jeures & Le Mazet-Saint-Voy (RISOM) qui délimitait le périmètre, les activités et les coûts du
service. L'intégralité de cette convention RISOM10 pourra être consultée en annexe pour de plus
amples détails mais, le principe en est simple : il s'agit d'organiser, de fait, un service de lecture
publique « mutualisé » sur les trois communes concernées. En l'absence d'une quelconque délégation
de cette compétence à la communauté de communes du Haut-Lignon voire au syndicat mixte Plateau
Vivarais-Lignon (SMPVL), seule la convention entre communes pouvait répondre à cet objectif.
Les bâtiments, les remboursements des prêts des investissements, l'entretien, les abonnements
énergétiques et de réseaux demeurent à la charge de chaque commune respective. En revanche les
collections et les animations sont intercommunales, le logiciel ou système intégré de gestion de
bibliothèque (SIGB) est commun et l'achat de toutes les fournitures est unifié. L'ensemble du
personnel (soit aujourd'hui quatre postes dont celui de direction, assurée par Renaud Aïoutz) est
recruté par Tence et œuvre sur les trois sites. La commune de Tence supporte la totalité des coûts cités,
les deux autres communes remboursant trimestriellement selon un prorata défini.
Aujourd'hui, la situation des médiathèques (bibliothèque et ludothèque comprise) reste extrêmement
contrastée. Tout d'abord les moyens11 des bibliothèques – et de la ludothèque dans une moindre
mesure – sont relativement supérieurs à ceux d'autres territoires ruraux similaires. Ensuite les résultats
sont eux aussi satisfaisants, même si les comparaisons sont souvent délicates. Le fonctionnement en
10 Communes de Tence, Saint-Jeures et du Mazet-Saint-Voy, Convention RISOM, Tence, 2009, consultable en annexe.
11 Les moyens et les résultats des médiathèques citées sont présentés en annexe, dans un souci d'économie générale du rapport.
22
réseau du Pays-Lecture, même inabouti, rend des services attendus du public : l'abonnement unique
grâce à la carte passeport, la circulation des collections grâce à un système de transport des documents.
Le Pays-Lecture coordonne aussi nombre d'animations, notamment l'offre estivale en direction des
enfants qui connait un excellent taux de remplissage. Enfin, il a mis en place depuis 2006 un catalogue
collectif12 en ligne permettant le repérage des collections du réseau. Pour toutes ces raisons, la
notoriété de ce territoire rural reste encore forte auprès de nombreux partenaires.
Mais les établissements en présence restent fragiles, peu préparés et surtout dispersés devant les
mutations des attentes des publics. L'affaiblissement du Pays-Lecture, en raison des problèmes de
gouvernance du syndicat mixte et de la vacance de direction, tend à isoler les médiathèques. Cet
isolement est problématique pour des acteurs qui s'orientent de plus en plus vers une mutualisation de
leurs moyens et services. Et dans ce contexte de crise, l'absence de définition précise des buts de la
lecture publique n'en devient que plus critique.
Il apparaît alors que cette crise actuelle, avec ce qu'elle génère de craintes et d'inconfort pour les
acteurs, peut justement être l'occasion de « provoquer le changement ». Quels sont les enjeux de
territoire qui concernent le réseau de médiathèques ? Quel est le bénéfice social des politiques
publiques culturelles dans ce contexte ? Et quel positionnement adopter pour peser dans ces enjeux et
y apporter une contribution ?
C. Partager le diagnostic
Le diagnostic de territoire (partie I. A.) et l'historique-bilan du Pays-Lecture (partie I. B.) gagneraient à
être croisés avec les points de vue des acteurs eux-mêmes. Ces acteurs peuvent être les techniciens
concernés par la lecture publique : équipes et cadres des médiathèques du réseau Pays-Lecture,
directrices des bibliothèques départementales de prêt d'Ardèche et de Haute-Loire et leurs adjoints,
chargées de mission à la région Auvergne ou à l'agence de coopération régionale Le Transfo. Mais il
nous importait aussi d'impliquer des élus et les directeurs généraux des services des trois principales
12 En 2006, mise en ligne d'une base fusionnée avec le logiciel libre MoCCAM, permettant de réunir et d'interroger l'ensemble des collections du Pays-Lecture : http://www.payslecture.fr/
23
communes, qui ont donc été interviewés. Nous n'avons pas pu nous entretenir avec tous les élus
référents pour des raisons de calendrier.
Les responsables des bibliothèques municipales de Saint-Agrève et du Chambon-sur-Lignon et le
responsable du RISOM ont mené ou participé à vingt-six entretiens au total. Nous souhaitions
recueillir les perceptions de ces vingt-six acteurs sur le bilan de la lecture publique et les évolutions
des territoires et des publics. Les entretiens étaient semi-directifs en face-à-face et les thèmes abordés
consignés dans des guides d'entretien différenciés selon la typologie des personnes interviewées. Nous
présenterons ces premiers résultats selon trois grands groupes : les équipes du réseau, les élus et
directeurs des services et enfin les « partenaires livre et lecture ».
i. Le métier de bibliothécaire aujourd'hui sur le Plateau Vivarais-Lignon
Tout d'abord nous analyserons les réponses de la ludothécaire et des bibliothécaires, c'est-à-dire
l'ensemble des équipes des médiathèques qui constituent le réseau Pays-Lecture, agents et cadres (à
l'exception de Renaud Aïoutz toutefois, non interviewé pour l'instant). Nous reproduisons ci-dessous
de manière exhaustive les points mentionnés par ces professionnelles en commençant par ce qu'elles
considèrent comme les forces du réseau, par ordre d'occurrence décroissant.
24
Puis, en focalisant les questions sur les faiblesses des médiathèques, nous obtenons, du plus cité au
moins cité, la liste suivante.
25
Illustration 6: Points forts du réseau de médiathèques vus par les professionnelles
Illustration 7: Points critiques du réseau de médiathèques vus par les professionnelles
Enfin, à la question des évolutions récentes constatées dans les besoins et les pratiques des publics des
médiathèques, les réponses des professionnelles sont les suivantes, par nombre d'occurrences
décroissant.
Si nous croisons ces premiers éléments, nous constatons dans un premier temps que les médiathèques
semblent avoir su s'adapter à une tendance à l'individualisation de la relation à l'usager (puisque ce
point est cité à la fois comme évolution et comme point fort). En revanche, cette tendance n'en rend
que plus nécessaire l'obligation de formation continue et des collections adaptées.
Pour aller plus loin dans l'analyse, il nous a fallu regrouper ces citations diverses en « unités de sens »
de manière à porter un regard plus synthétique et à pouvoir en tirer des grandes tendances. Quelque
soit le mode d'enquête, il existe toujours des biais liés à l'intervieweur, à la formulation des questions,
au faible nombre de sondés etc. Mais un regroupement en unités de sens des citations obtenues nous a
permis d'obtenir des pourcentages significatifs relativisant la marge d'erreur induite par le petit nombre
de personnes interrogées. Nous attirons l'attention sur le fait que ce terme d'unité de sens, ici assez
explicite, n'est pas utilisé dans son acception stricte de la linguistique (qui définit l'unité minimale
significative comme la plus petite unité qui possède encore du sens, souvent le morphème). Voici donc
sous forme synthétique les forces du réseau perçues par les équipes.
26
Illustration 8: Évolutions constatées sur les médiathèques du réseau, vues par les professionnelles
Cette présentation rend ainsi mieux compte des perceptions des bibliothécaires sur leur travail puisque
ce sont désormais l'accompagnement individualisé de l'usager et la contribution à l'éducation ou à
l'épanouissement qui arrivent en tête ex-æquo. Ce point est important dans la perspective de bâtir un
éventuel projet commun, prenant la relève d'un Pays-Lecture essoufflé. Il pourrait permettre de trouver
un consensus autour du rôle des médiathèques dans la formation individuelle, dont la plus-value
résiderait dans l'accompagnement humain fait par les professionnels (et pas uniquement dans les
ressources). Nous ne nous sommes pas attardés dans la partie I. A. sur l'existant en termes de
formation initiale sur le Plateau Vivarais-Lignon. Le territoire n'est pas dépourvu d'établissements
scolaires, bien au contraire : on dénombre un lycée privé (le célèbre « Collège-Lycée International
Cévenol »), trois collèges publics et deux collèges privés et une dizaine de groupes scolaires
maternelle et élémentaire. Au total en 2007, la population scolarisée sur les deux communautés de
communes atteignait ainsi 2 629 élèves.
27
Illustration 9: Points forts du réseau de médiathèques vus par les professionnelles, par unités de sens
En regroupant de même les citations des faiblesses par unité de sens, nous obtenons le graphique ci-
dessous.
Ce graphique met tout autant en lumière les déficits réels pointés que le haut niveau d'exigence et de
connaissance des équipes en place. En effet, ces équipes sont en mesure, de par leurs observations et
leur veille professionnelle, de constater les manques en termes d'offres et de services ainsi que les
lacunes en termes de formation. Il semble donc important de porter une attention toute particulière à
ces deux points en cas d'émergence d'un nouveau projet fédérateur et de ne pas les laisser sans
réponses.
28
Illustration 10: Points critiques du réseau de médiathèques vus par les bibliothécaires, par unités de sens
Enfin, les principales évolutions qui se dessineraient pour les équipes des médiathèques du Pays-
Lecture sont résumées dans le graphique suivant.
Sans réelle surprise, la principale évolution constatée en médiathèque est l'augmentation des pratiques
de sociabilité et des usages sur place, que nous avons rassemblés sous la dénomination en vogue de
« troisième-lieu ». Il s'agit d'une vision de la médiathèque comme lieu intermédiaire entre les lieux de
vie et de travail, comme un endroit où les gens peuvent se réunir et entrer en interaction. La forte
occurrence de ce concept dans les réponses est vraisemblablement quelque peu biaisée par
l'engouement et l'importante littérature13 sur le sujet actuellement. Mais cette évolution existe bel et
bien sur le Plateau Vivarais-Lignon. Et il est intéressant de noter que cette unité de sens est corroborée
par les deux unités de sens suivantes dans la hiérarchie : l'individualisation du service et la
prépondérance du numérique. Nous retrouvons donc là une tendance de fond des médiathèques dans
les pays industrialisés, qui semble ne pas épargner notre zone rurale.
13 Littérature qui s'est fortement développée dans la bibliothéconomie française à la suite du mémoire d'étude pour le diplôme de conservateur des bibliothèques de Mathilde Servet, Les bibliothèques troisième lieu, Villeurbanne, ENSSIB, janvier 2009, qui a reçu les Palmes de l'ENSSIB. Disponible en ligne : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-21206
29
Illustration 11: Évolutions constatées sur le réseau de médiathèques vues par les professionnelles, par unités de sens
ii. Évolution du monde rural : les visions des acteurs
Afin de ne pas risquer de restreindre la problématique à une vision trop professionnelle ou sectorielle,
nous avons voulu aussi connaître les visions des élus et des directeurs des services de ces communes.
Nos questions portaient sur le contexte territorial, sur les évolutions des populations et sur la place de
la culture et des médiathèques dans le développement local. En regroupant en unités de sens les
réponses des interviewés sur les évolutions marquantes du contexte territorial, nous obtenons le
graphique suivant.
Ce qui est digne d'attention au premier abord, c'est l'équilibre entre deux pôles : celui de la
mutualisation et de l'optimisation nécessaires d'une part et celui du besoin de fonctionnaires qui jouent
leur rôle d'aide à la décision dans un environnement complexe d'autre part. Les incertitudes liées au
contexte local, national et international étaient bien traduites dans les menaces du diagnostic fait par
les Pays. Dans ce cadre, les élus et les directeurs généraux des services attendent des fonctionnaires
une triple fonction d'évaluation, de conseil et de pilotage des politiques publiques. Ce point rend
d'autant plus important le rôle d'une équipe de direction d'un éventuel projet commun.
30
Illustration 12: Perceptions de l'évolution du contexte territorial par les élus et les DGS, en unités de sens
Nous nous sommes aussi intéressés à la perception qu'ils pouvaient avoir des populations qu'ils servent
dans leurs fonctions quotidiennes et nous en avons tiré la représentation ci-après.
Le constat semble sévère mais s'explique aisément par la situation des politiques locales et le climat
tendu que cela peut générer : des recettes globalement gelées et des charges en augmentation, tant pour
les compétences obligatoires que pour de nouveaux services attendus des populations. Cela étant ce
diagramme rejoint deux préoccupations citées par le diagnostic des Pays. Il s'agit d'une part du
phénomène de développement d'une économie des services, dans ce qu'elle génère en créations
d'emplois mais aussi en individualisme conflictuel grandissant. D'autre part, cela met en exergue une
autre préoccupation qui est le risque de coupure pour reprendre le terme utilisé dans le diagnostic,
entre les nouveaux arrivants et les « autochtones ». Mais cette prétendue coupure n'est pas si évidente à
cerner précisément. En effet, la croissance spectaculaire des mobilités conduit à une « multi-
appartenance » territoriale. Désormais les habitants du rural vivent avec la ville et les habitants urbains
vivent avec l’environnement rural.
31
Illustration 13: Perceptions des évolutions des populations par les élus et les DGS, en unités de sens
Enfin, si nous interrogeons les élus et les directeurs généraux des services sur la place de la culture et
plus particulièrement des médiathèques dans le développement local, une fois les regroupements de
sens effectués, nous aboutissons au diagramme suivant.
Le classement en première position des médiathèques comme complément de l'école (voire comme
« école de la deuxième chance ») pour la construction d'un esprit critique et éclairé est plutôt
réjouissant. Mais il remet en question une vision prégnante dans la profession en territoire rural, à
savoir la vision de la lecture publique tournée uniquement vers des fins de loisirs. D'autre part, l'autre
point majeur est le nombre de citations important sur le lien entre la qualité du cadre de vie et l'offre de
lecture publique. Pour les élus et les directeurs généraux des services, les médiathèques comme la
culture toute entière, participent de l'attractivité du territoire. D'autant plus que la notion de « lien
social » arrive en troisième place et renforce ainsi le positionnement de la bibliothèque comme
élément du cadre de vie.
Les élus et les directeurs généraux des services ainsi que les équipes des médiathèques ont tous cité
prioritairement le lien du service de lecture publique avec la formation initiale et continue. Et tandis
que les équipes citaient également la notion de service individualisé rendu à l'usager, les élus et les
32
Illustration 14: Rôle de la culture et des médiathèques dans le développement local, vu par les élus et les DGS, en unités de sens
directeurs généraux insistaient quant à eux sur la place de la lecture publique dans l'attractivité du
cadre de vie territorial. Au croisement de ces discours, il y a là des points de convergence qui peuvent
sans nul doute permettre de bâtir un nouveau projet de service.
iii. S'ouvrir aux partenaires
À ces perceptions de la lecture publique sur le territoire par les élus et les bibliothécaires eux-mêmes,
il est essentiel d'ajouter celles de nos partenaires incontournables : les bibliothèques départementales
de prêt d'Ardèche et de Haute-Loire et les chargées de mission du service culture du Conseil régional
d'Auvergne et du Transfo, l'agence régionale de développement culturel en Auvergne. Les interviews
menées ont permis de recueillir leurs visions et leurs conseils sur le projet du Plateau Vivarais-Lignon.
Tout d'abord, nous nous sommes intéressés à ce qu'ils considéraient comme des éléments positifs du
bilan de la lecture publique, toujours regroupés par unités de sens.
Nous constatons l'importance, en deuxième place et en troisième place, des points que sont d'abord la
construction réussie d'un maillage adapté d'équipements puis le bénéfice apporté par la gestion
intercommunale à ce maillage de médiathèques. À la fois à l'origine de ces deux phénomènes et
33
Illustration 15: Atouts de la lecture publique sur les territoires, cités par les partenaires, en unités de sens
impactées par eux, les bibliothèques départementales de prêt (BDP) ont su adapter leur stratégie, ce
qui est cité comme l'atout principal. Dans un contexte de mise en place des communautés de
communes après 2001 et de forte émergence de projets de médiathèques, le rôle des BDP a été
fondamental, permettant notamment de rattraper un certain retard en matière de lecture publique en
Auvergne et dans les zones ardéchoises les plus rurales.
Mais ces atouts ne doivent pas occulter les menaces qui pèsent sur ces équipements voire leurs
faiblesses structurelles.
Il est inquiétant de constater, même à l'intérieur de la profession puisque les partenaires interviewés en
font partie pour l'essentiel, que l'image des bibliothécaires n'est pas reluisante. La trop faible
diversification des profils et des compétences est notamment pointée et participe vraisemblablement
du déficit d'adaptabilité des équipements aux mutations de la société. Cet écueil pourrait et devrait être
compensé par une organisation interne aux BDP qui permette l'évolution des savoirs et des savoir-faire
au service de l'innovation. Mais cela ne semble pas être le cas d'après les difficultés citées en
deuxième position. Ce constat n'apparaît-il pas en contradiction avec le premier atout cité plus haut, à
savoir l'évolution positive des bibliothèques départementales de prêt ? Il conviendra donc d'affiner
cette question lors d'une éventuelle co-construction de notre projet avec les BDP.
34
Illustration 16: Faiblesses de la lecture publique sur les territoires citées par les partenaires, en unités de sens
Pour terminer, nous avons également interrogé ces mêmes partenaires sur leurs visions des mutations
qui touchent le secteur du livre et de la lecture.
La première mention concerne le passage d'une culture de la substitution (voire d'une certaine forme
de prescription) à une culture du partenariat (de conseil et d'ingénierie) dans les rapports entre les BDP
ou les régions et les réseaux de médiathèques sur les territoires. Cet item arrivé largement en tête nous
intéresse à plusieurs titres. Tout d'abord il est représentatif de la montée en puissance de la
contractualisation dans les politiques publiques, fait à prendre en compte pour un éventuel projet à
venir. Ensuite parce que la notion de partenariat vient conforter l'hypothèse de la mutualisation, qui
comporte toujours une dimension partenariale justement.
Enfin, parce que, mis en parallèle avec le deuxième item, l'adoption du numérique au service de
pratiques innovantes, il peut nous permettre de revivifier l'utopie originelle qui a prévalu lors de la
création des bibliothèques centrales de prêt14 en 1945. La logique interne à la « révolution numérique »
laisse ainsi imaginer des collaborations moins unidirectionnelles entre médiathèques de territoires et
BDP. Ce fut par exemple le cas de la mise en place de l'offre de presse en ligne « LeKiosque.fr » dans
14 Ordonnance n°45-2678 du 2 novembre 1945 consultable sur le site « legifrance » : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006069187&dateTexte=20110309
35
Illustration 17: Évolutions de la lecture publique sur les territoires citées par les partenaires, en unités de sens
deux médiathèques équipées d'iPad (dont celle de Tence). Il s'agissait d'inventer en partenariat une
solution à des problématiques distinctes mais qui trouvaient un point de convergence dans une offre
créée sur mesure. Cette expérience encore en cours a fait l'objet d'une journée d'étude organisée par le
groupe Auvergne de l'association des bibliothécaires de France15.
L'ensemble des visions des acteurs nous incite donc à croire que les médiathèques ne doivent pas
s'enfermer dans l'immobilisme dans la situation actuelle mais plutôt renouveler leur projet. Il est de
leur devoir de trouver un second souffle pour la mutualisation née de la belle et généreuse utopie du
Pays-Lecture. C'est ce que nous verrons en temps et en heure dans notre deuxième partie, mais sans
faire l'économie au préalable d'un questionnement plus poussé sur les enjeux de territoire.
II. CONDUIRE LE CHANGEMENT : COMMENT ?
La conduite du changement suppose un diagnostic partagé sur lequel les acteurs ont osé porter un
jugement. C'est ce que nous avons – en partie seulement – réalisé, mais ce n'est qu'une première phase.
Le « mode projet » est en réalité un processus itératif et il nous faut revenir sans cesse aux étapes
précédentes pour le réinterroger. Néanmoins il convient de prendre acte d'une volonté de travailler
ensemble qui semble se faire jour. Il nous faut élaborer une méthodologie commune et nous engager
dans la démarche, même imparfaite ou incomplète. Conduire, c'est effectivement « faire aller avec soi,
dans un même lieu ». Mais c'est aussi « orienter » car pour mener le changement, il faut savoir où l'on
veut aller. Et c'est là que nous retrouvons notre diagnostic, qui doit nous permettre d'identifier le projet
politique, en termes de politiques publiques.
15 Journée d'étude organisée le vendredi 3 décembre 2010 à Saint-Sigolène (Haute-Loire) intitulée « Les médiateurs culturels et les ressources numériques : des enjeux aux dispositifs ».
36
A. On devrait construire les villes à la campagne, l’air y est tellement plus pur !16
L'aphorisme popularisé par Alphonse Allais exprime à merveille le paradoxe auquel est confrontée
l'action publique sur un territoire rural comme le Plateau Vivarais-Lignon. D'un côté un territoire
attractif en raison des aspirations de qualité de vie de la population : l'espace, le modèle de la maison
individuelle, l'environnement naturel, un rythme de vie plus proche du rythme naturel, les activités de
plein air, sans oublier un prix du foncier et de l'immobilier plus accessible pour les couches moyennes.
De l'autre côté des populations, autochtones ou « néo-rurales », qui ont fait l'expérience des services à
la population urbains et qui sont progressivement en attente de cette offre dans tous les domaines :
santé, éducation, déplacements, culture, sports, loisirs etc. L'équation entre des moyens limités et le
développement de ces attentes est pour le moins complexe à résoudre pour les collectivités publiques.
i. Re-territorialiser l'action publique
Il nous faut rappeler l'attention prioritaire portée dans le diagnostic, issu des éléments des deux Pays
qui concernent le Plateau Vivarais-Lignon, au cadre de vie et à l'attractivité du territoire. Il y a là sans
doute un signal fort, qui peut constituer une piste pour nos établissements. Les enjeux retenus par le
SCOT du Pays de la Jeune Loire et ses rivières et ceux du contrat de Pays Ardèche verte est présentée
ci-après. Il s'agit d'un document extrait du projet de l'Ardèche verte qui synthétise les enjeux et les
grandes orientations. Toutes les orientations ne concernent pas les médiathèques. Aussi nous
appuierons-nous uniquement sur celles qui semblent pertinentes pour la politique de lecture publique
dans le développement ci-dessous. Nous avons conservé la catégorisation et la hiérarchie réalisées par
les Pays, même s'il demeure quelques points qui nous semblent flous. Les documents des Pays, qui ont
fait l'objet d'études par des cabinets spécialisés, de débats et de validations politiques, constitueront
notre base de travail pour le présent rapport.
16 Aphorisme rendu célèbre par Alphonse Allais mais qui serait d'abord dû sous une autre forme à Jean Louis Auguste Commerson (1802-1879), extrait des Pensées d'un emballeur (1851).
37
38
Illustration 18: Synthèse des enjeux et des orientations des Pays
Pour le Pays de la Jeune Loire, le scénario à retenir et à mettre en œuvre pour les années à venir est
celui d'un Pays dit équilibré. Ce terme s'entend en comparaison des deux autres scénarios possibles :
• le « Pays vert » : ce scénario envisage de freiner volontairement la croissance démographique
du territoire dans un souci de maintien de l’identité rurale, des paysages et des espaces
naturels ;
• le « Pays de la croissance » : le territoire n’envisage pas de se fixer de limites à la croissance et
au développement. Ce scénario promeut un développement économique fort du territoire en
lien avec une population toujours croissante.
Le Pays équilibré tente donc de trouver une voie du milieu et de tenir un point d'équilibre entre les
deux précédents scénarios. Il repose sur l'anticipation et l’accompagnement de la croissance
démographique ainsi que le soutien au dynamisme économique pour prévenir le risque de
désertification des services dans certaines communes. Nous n'aborderons pas dans ce rapport la
question de l'opportunité ou de la faisabilité globale de ce choix de développement. Nous nous
appuierons, en tant que professionnel de la lecture publique, sur l'orientation validée par les élus de
l'ensemble du territoire, dans le but d'en décliner notre projet et sa stratégie.
Ce scénario suppose donc un développement qualitatif et harmonieux du territoire. Les ressources et
les atouts qui constituent le cadre de vie devront notamment être préservés et valorisés. Mais pour que
ce scénario soit effectif, les collectivités devront veiller à la cohérence de leurs politiques publiques
dans certains secteurs clefs. C'est le cas par exemple de la protection et la valorisation des espaces
naturels. C'est aussi le cas du développement urbain qualitatif et innovant pour l’habitat et les zones
d’activité.
L'effectivité de ce scénario repose également sur la promotion du concept d'un « Pays multipolaire ».
De quoi s'agit-il ? L'orientation retenue pour le Pays est un développement à partir d’une armature
urbaine multipolaire et hiérarchisée, reliée par des axes de déplacements stratégiques. Cette armature
doit permettre un développement équilibré du territoire et répondre aux besoins de logements,
d’emplois et d’équipements. La conséquence en est que la croissance du territoire s’effectue de
manière proportionnée, en cohérence avec la typologie de chaque commune. En effet, les communes
39
du territoire sont réparties selon la typologie suivante : village, puis bourg relais, et enfin bourg centre.
Ce modèle de développement privilégie des formes urbaines et des densités assurant une proximité
entre des lieux de vie, des équipements et des services. Cette approche a pour objectif de réduire la
consommation d’espace ainsi que le nombre et la distance des déplacements tout en répondant aux
aspirations des ménages. Des axes majeurs, bénéficiant de moyens prioritaires pour le maintien de la
qualité de déplacement, permettent la mise en réseau de cette armature multipolaire.
Ce modèle global à l'échelle des Pays nous semble très pertinent pour le Plateau Vivarais-Lignon pour
plusieurs raisons intrinsèques à ce territoire. D'abord parce que c'est environ la moitié des actifs du
territoire qui travaillent dans une autre commune que leur commune de résidence. L'écart se resserre
avec la France métropolitaine, pour laquelle, en 2006, 62 % des actifs travaillaient en dehors de leur
commune de résidence. Ce sont ainsi des flux quotidiens importants et un rythme de vie qui est
marqué par ces déplacements : le travail mais aussi l'école, les commerces etc. Il convient par
conséquent d'adapter l'offre culturelle à ces pratiques. Des équipements structurants et des
équipements de proximité doivent coexister et travailler en cohérence pour offrir une simplicité
d'usage à la population.
40
Dir° Le Puy-en-Velay
Dir° Saint-Étienne
R.N. 88
Tence
Le Chambon-sur-Lignon
Saint-Agrève
Illustration 19: Le Pays multipolaire (villages, bourgs relais, bourgs centres)
Tence
Le Chambon-sur-Lignon
Saint-Agrève
Direction Saint-Étienne
Direction Le Puy-en-Velay
R. N. 88
Le commerce connaît d'ailleurs le même phénomène puisque un groupe comme Casino par exemple a
déclaré miser sur le commerce de proximité17, qui connaît une nette progression de ses ventes,
contrairement aux vastes hypermarchés traditionnels.
Une autre raison de la pertinence d'un tel modèle de développement est que le Plateau Vivarais-Lignon
mise sur le développement d'un tourisme de nature. Ce tourisme vert est centré autour des activités de
plein air, de l'histoire singulière du Plateau Vivarais-Lignon (notamment dans sa dimension
mémorielle), de sa tradition d'accueil et de ses savoir-faire comme la gastronomie. Le développement
de l'économie du tourisme s'appuie sur une qualification progressive de l'offre hôtelière et sur la
présence importante de résidences secondaires, « ouvertes » des vacances de printemps à celles de la
Toussaint. Ces résidences secondaires représentent entre 35% et 40% des logements du territoire. Le
maillage et le dégradé des services doivent donc être pensés aussi en fonction de ce public exigent, qui
fait l'objet de nombreuses sollicitations commerciales pour son choix de destination. La présence d'une
offre culturelle adaptée et de qualité est dans cette perspective une plus-value indéniable.
ii. La politique du cadre de vie
Nous l'avons vu, les élus du territoire sont sensibles à la contribution de la lecture publique au cadre de
vie. Au niveau des Pays également, c'est la qualité de vie qui semble devenir la plus-value, l'avantage
concurrentiel du territoire et qu'il convient de préserver et de développer. Les médiathèques ont donc
un intérêt stratégique à s'emparer de cet enjeu politique pour se positionner comme leaders d'une offre
culturelle publique.
Mais comment mieux cerner ce que nous entendons pas la politique du cadre de vie ? Cette notion
encore floue et que nous faisons nôtre pour la définition d'une stratégie pour la lecture publique est
paradoxalement issue de la politique de la ville. Or le territoire du Plateau Vivarais-Lignon est une
zone rurale préservée qui peut sembler à l'opposé des quartiers concernés par ladite politique de la
ville. Qui plus est, nous savons aujourd'hui que cette démarche de la politique de la ville, qui se veut
17 Bertrand Philippe, Le groupe Casino mise plus que jamais sur l'international et la proximité, Les Échos, 2 mars 2011.
41
transversale et participative, a montré ses limites. Elle ne peut à elle seule apporter des solutions aux
problèmes liés au contexte économique, aux failles du système éducatif ou au délitement des
structures familiales. Ce qui nous intéresse en l'occurrence est l'enjeu et la démarche de cette politique.
La démarche de la politique du cadre de vie repose sur trois temps principaux18 :
1. un diagnostic partagé devant permettre d’apprécier le service rendu, la satisfaction des
habitants et le fonctionnement social du territoire ;
2. les acteurs locaux doivent ensuite élaborer une convention ou une charte de gestion identifiant
les actions et les engagements des partenaires à long terme ;
3. enfin, un système de suivi et d’évaluation des actions engagées doit être mis en place.
Nous voyons ainsi qu'elle s'articule de manière très cohérente avec un mode projet traditionnel. Mais
nous retenons aussi l'attention portée à la prise en compte des habitants, au conventionnement entre
partenaires et à l'évaluation des impacts et des effets. Nous y reviendrons plus bas.
Concernant l'enjeu de la politique de la ville19, il est de réduire les inégalités entre les territoires, en
agissant sur tous les leviers pour répondre au cumul de difficultés qui touchent les zones ciblées. C'est
là que nous trouvons une autre convergence avec cette politique : la période actuelle est marquée par
le risque d'un développement des inégalités entre les territoires. Les territoires ruraux sont confrontés à
un manque de visibilité sur leurs ressources futures, en raison des transferts et des réformes de la
fiscalité locale. Par ailleurs, les charges liées au personnel augmentent mécaniquement, comme celles
dues aux nouveaux services créés (dont les médiathèques) ou aux compétences transférées. La
construction d'un budget en équilibre, pérenne et répondant aux besoins des populations locales est
rendue extrêmement délicate.
Pour finir sur ce parallèle avec la politique de la ville, il n'est pas inutile de rappeler que le label Pays-
Lecture décerné en 2000 au Plateau Vivarais-Lignon, le premier de France, était à l'origine une
18 Cette démarche est détaillée sur le site du Comité interministériel des villes (CIV) : http://sig.ville.gouv.fr/page/81
19 La définition est extraite du site du Ministère de la Ville : http://www.ville.gouv.fr/?L-essentiel-de-la-politique-de-la
42
transposition des « Contrats Ville-Lecture » du Ministère de la Culture, en direction des quartiers
sensibles. Cette coïncidence est sans doute un signe supplémentaire que ce rapprochement hardi n'est
pas dénoué de tout fondement.
Face aux défis du développement des inégalités territoriales, l'immobilisme apparaît donc la pire des
solutions. Au contraire et comme nous l'avons deviné, les élus attendent des techniciens une aide à la
définition de la stratégie générale. In fine, le but est de re-territorialiser l'action publique et de lui
donner du sens.
Or nous faisons l'hypothèse que le réseau des médiathèques du Pays-Lecture peut devenir l'un des
piliers d'une politique du cadre de vie renouvelée en milieu rural. C'est ce que nous avons présenté
dans la partie précédente comme « la ville à la campagne ». Au sein de cette politique du cadre de vie,
dont l'enjeu principal serait le maintien d'un territoire attractif, accueillant, et dynamique, les
médiathèques pourraient occuper une place toute particulière. En effet, la lecture publique est au
carrefour des trois enjeux principaux du tableau de synthèse :
1. orientée vers une culture-loisir, elle participerait ainsi à l'enjeu « Rural-Urbain, créer du lien
d’une population à l’autre » (orientations n°4 et 5 notamment) ;
2. orientée vers les pratiques de sociabilité et les usages sur place, elle participerait alors à l'enjeu
« Œuvrer pour un territoire attractif, accueillant et dynamique » (orientations n°6 et 7
notamment) ;
3. orientée vers la formation initiale et continue des populations locales, elle participerait tout à
la fois des deux précédents enjeux (orientations n°3 et 9) mais également de l'orientation n°11
de l'enjeu « Œuvrer pour un territoire qui gère et valorise ses ressources ».
Ces enjeux peuvent se décliner en axes stratégiques puis en objectifs opérationnels, en utilisant par
exemple un arbre des objectifs20 tel qu'il nous a été présenté par M. Yves Gassot, adjoint au directeur
20 En annexe, nous avons reproduit pour information l'arbre des objectifs de la bibliothèque départementale des Deux-Sèvres (BDDS) dont M. Yves Gassot fut auparavant le directeur.
43
chargé de la culture, de la vie associative et des sports au Conseil général des Deux-Sèvres, lors du
module dédié au management du cycle professionnel. Ce sera vraisemblablement l'une des pistes
prioritaires pour la définition d'un futur projet de service.
Cependant, pour les futurs projets, la situation des finances locales nous contraint à évoluer dans un
environnement incertain. Pour une commune comme celle de Tence par exemple, la capacité d'auto-
financement nette (CAF) a atteint un niveau minimal critique en 2006, lié à d'importants et nécessaires
investissements. Si cette CAF a aujourd'hui retrouvé un niveau moins critique, la commune de Tence
conserve néanmoins un niveau d'endettement par habitant au-dessus de la moyenne. Or Tence ne
disposant pas de rentrées fiscales importantes, sa marge de manœuvre est en réalité très réduite. En ce
qui concerne les communautés de communes la réforme de la taxe professionnelle leur a finalement
été assez favorable cette année en raison d'un foncier important. Mais dans le contexte de réforme,
l'absence de visibilité sur les recettes futures constitue de fait un frein majeur au développement de
tout projet intercommunal.
iii. L'émergence d'un projet : la mutualisation des médiathèques
C'est dans ce cadre commun à la plupart des communes rurales qu'est né le projet de mutualisation des
médiathèques du réseau Pays-Lecture et dont nous n'avons pour l'instant que très peu parlé. Nous ne
nous attarderons pas trop longtemps sur l'anecdote de son émergence mais il nous faut tout de même
en dire quelques mots qui éclaireront les parties II. B. et II. C. à venir.
La naissance de cette idée remonte au courant de l'année 2010. La responsable de la bibliothèque
municipale du Chambon-sur-Lignon a alors suggéré que l'organisation actuelle des établissements du
réseau Pays-Lecture n'était plus adaptée pour répondre aux enjeux. L'hypothèse de départ était donc
que la voie d'avenir sur le territoire pour répondre à nos problématiques était la mutualisation de nos
équipements : les bibliothèques municipales du Chambon-sur-Lignon, celle de Saint-Agrève, le
RISOM et la ludothèque intercommunale. C'est à partir de cette hypothèse qu'un groupe de travail
informel s'est constitué, rassemblant les quatre cadres de ces établissements. Ce groupe cherchait à
définir le projet et sa stratégie de mise en œuvre. L'opportunité des apports théoriques et pratiques du
44
« cycle professionnel de directeur de bibliothèque » de l'INSET de Nancy a motivé le choix de cette
mutualisation comme objet du présent rapport (choix énoncé et validé au sein du groupe des cadres du
Pays-Lecture).
Avant d'envisager très concrètement dans la partie suivante les caractéristiques de ce projet, nous
avons voulu re-situer ce concept de mutualisation qui connaît une fortune récente. Nous avons
délibérément retenu ce terme avec tout ce qu'il véhicule d'ambiguïté, tant en malentendus qu'en idées
reçues.
Comme le montrent MM. Jean-Marie Viprey et Philippe Schepens21, c'est entre 2001 et 2005 que
mutualiser et mutualisation sont en nette augmentation dans le corpus de presse. Et sur la période
2006-2009, parmi les vocables qui accompagnent mutualiser ou mutualisation, les plus forts sur-
emplois sont très significativement moyens, services et compétences. Nous ne reviendrons pas sur
l'étymon latin mutuus qui signifie « réciproque, qui s'échange » mais nous rappellerons que depuis le
XIXe siècle, mutualité fait référence au système de solidarité à base d'entraide mutuelle. Son emprunt
dans le vocabulaire du management se fait « en raison même de sa charge émotionnelle, et d'autre
part de manière propre à accroître le désarroi idéologique de[s] adversaires » (Viprey et Schepens).
Deux discours traversent donc les énoncés de la mutualisation et s'y affrontent. Cet emploi est
caractéristique de ce que les socio-linguistes nomment la novlangue (dans un sens différent bien que
convergent de celui que lui donne son créateur Georges Orwell dans 1984).
Sur le Plateau Vivarais-Lignon et suite à la loi relative à la simplification et au renfoncement de la
coopération intercommunale n° 99-586 du 12 juillet 1999 (dite « loi Chevènement »), les
communautés de communes ont été créées, avec comme base le périmètre du canton. Cependant l'effet
de la mutualisation, au regard de stricts objectifs d'optimisation budgétaire ou d'économies d'échelle
(cf. les résultats d'entretien en partie I. C.) ne semble pas évident. Dans son rapport particulier de
novembre 2005 sur l'intercommunalité en France22, la Cour des Comptes, relevait notamment la
caractéristique suivante :
21 Viprey Jean-Marie, Schepens Philippe, Dérivation lexicale et dérive du discours : « mutualisation, mutualiser », JADT, 2010. Disponible en ligne à l'adresse :
http://www.ledonline.it/ledonline/JADT-2010/allegati/JADT-2010-0489-0498_119-Viprey.pdf 22 Cour des Comptes, L'intercommunalité en France, Synthèse du rapport particulier, novembre 2005.
En ligne : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/Syntheses/SyntheseIntercommunailte.pdf
45
« Ainsi le développement de l’intercommunalité s’est accompagné d’une croissance globale
des charges de personnel. Certes, celle-ci a de multiples causes exogènes par rapport au sujet
ici traité (réforme ARTT, GVT, augmentation des prélèvements sociaux etc.). Il en ressort
clairement, toutefois, que l’effet de mutualisation des moyens que l’on pouvait attendre de la
constitution de communautés fortement intégrées ne se fait pas sentir, au moins jusqu’à
présent. »
La mutualisation est un terme en vogue mais qui ne va pas pour autant de soi. Elle fait débat, comme
cela a été le cas lors de la publication des conclusions du rapport cité ci-dessus. Elle est à géométrie
variable, en fonction de plusieurs paramètres. Il nous faut alors, en tant que directeurs
d'établissements, aller au-delà du concept et définir avec précision notre projet : ses buts, ses objectifs
et ses modalités.
B. De quoi la mutualisation est-elle le nom ?
Sur le Plateau Vivarais-Lignon, nous n'avons pas plus qu'ailleurs trouvé le modèle idéal de
mutualisation, qui n'existe sans doute pas. Cependant, très tôt et sous des formes diverses, des actions
de coopération se sont faites jour sur ce territoire. Depuis la création du SIVOM jusqu'à la convention
RISOM, en passant par la labellisation Pays-Lecture ou le catalogue collectif des médiathèques, de
nombreuses expériences peuvent et doivent nous orienter dans cette voie. Il s'agit donc de trouver,
comme dans tout projet, le meilleur compromis entre l'optimum technique et l'optimum politique (au
sens du jeu politique des acteurs). Pour cela, la méthodologie de la co-conception doit rester notre fil
conducteur.
46
i. Les conseils des partenaires « livre et lecture »
Les entretiens menés ne s'arrêtaient pas à une évaluation de l'état des lieux perçu par les acteurs
comme nous l'avons vu en partie I. C. Au-delà de leur vision de la lecture publique, nous avons aussi
interrogé nos partenaires « livre et lecture » sur le projet de mutualisation. Ces partenaires (les deux
BDP, la région Auvergne et Le Transfo) ont pointé les déficits suivants dans l'amorce de réseau tel
qu'il existe aujourd'hui.
Le constat est assez net : le réseau actuel de médiathèques est confronté à des déficits en termes
d'accessibilité. Les territoires ruraux ont rattrapé leur retard en équipements de lecture publique. Les
aides de l'État, des départements ou des régions se sont concentrées, à quelques exceptions près, sur
l'aide à l'investissement. Mais bien souvent dans les zones rurales, malgré les mises en garde des
partenaires, les collectivités porteuses se trouvent en difficulté pour assurer le fonctionnement de ces
lieux. Outre ces vraies limites budgétaires, les déficits de définition d'objectifs et des choix
organisationnels inadaptés se traduisent souvent par des médiathèques trop peu ouvertes, avec une
offre peu lisible, une tarification contre-productive etc. L'adhésion nécessaire de ces partenaires à
notre projet, notamment dans la perspective d'éventuels accompagnements financiers, doit nous inciter
à prendre en considération cette remarque.
47
Illustration 20: Les déficits du réseau actuel vus par les partenaires, en unités de sens
Nous les avons également interrogés sur les pistes d'actions prioritaires pour la rénovation de notre
réseau Pays-Lecture et présentons les résultats ci-dessous.
L'évolution et la modernisation de l'offre documentaire est citée mais ne se place pas cependant en tête
des conseils de nos partenaires. À l'aune de leur connaissance d'expériences probantes sur d'autres
territoires et de l'évolution des attentes des publics, c'est l'accentuation du « service » qui est le plus
souvent citée. Mais, pour l'action concrète, une difficulté réside dans la largeur de spectre que cette
notion de service peut recouvrir. C'est sans doute la communication, qui est citée en complément de
cette notion, qui peut mettre sur la voie. Le point central est l'attention portée au point de vue de
l'usager, à sa perception qualitative du service rendu. La médiathèque serait ainsi le lieu de l'attention à
l'individu et il conviendrait de mieux communiquer sur cette image.
Nous pourrions ainsi imaginer une redéfinition du service à partir du niveau standard d'attentes du
citoyen. Partir du point de vue de la population à desservir pourrait permettre de s'engager avec
d'autres partenaires dans une démarche de contractualisation. La mise en place par exemple d'une
échelle de niveaux de service rendu à l'usager, selon que la médiathèque se trouve dans un village, un
bourg-relais ou un bourg-centre, permettrait sans doute une meilleure lisibilité. Et cela assurait aussi
une meilleure visibilité pour le réseau. Ce point est à retenir pour les débats futurs et des chartes
48
Illustration 21: Les pistes pour un réseau plus performant vues par les partenaires, en unités de sens
comme la charte de coopération culturelle de la Ville de Lyon pourrait nous y aider notamment. En
effet, cette charte constitue « l’axe de mobilisation des grands équipements culturels sur le volet
culture de la politique de la ville, la somme des engagements solidaires de ceux-ci en direction des
territoires et des personnes en difficultés. […] C’est un document de travail qui s’adresse aux acteurs
associatifs, sociaux, éducatifs, culturels et artistiques, et présente les engagements et les actions
proposées par les institutions culturelles lyonnaises en direction des quartiers et sur les thématiques
prioritaires. »23
Enfin, nous avons demandé à nos partenaires quels seraient les leviers à ne pas négliger ou les
conditions incontournables pour assurer la meilleure réussite du projet.
Naturellement, le portage politique est le premier item cité mais il est intéressant de noter qu'il est lié à
la réalisation d'un vrai diagnostic partagé. Ce préalable, que nous amorçons très succinctement au
travers de ce rapport, devra permettre de bâtir un projet indispensable à la définition des objectifs des
deuxième et troisième points. En effet, la dotation de moyens supplémentaires risque d'être délicate à
défendre dans les conditions budgétaires que nous avons décrites plus haut. Cela rend donc impératif
23 Disponible en ligne à l'adresse : http://www.polville.lyon.fr/static/polville/contenu/fichiers/Charte%20de%20Cooperation%20Culturelle07-09.pdf
49
Illustration 22: Les leviers pour le projet de mutualisation vus par les partenaires, en unités de sens
la validation d'un projet de service, dans l'espoir d'obtenir de tels engagements. C'est également sur la
base d'un tel document que nous pourrons œuvrer pour l'adhésion et la formation des équipes.
ii. Les craintes et les attentes des équipes
Ce dernier point fournit une transition naturelle pour nous intéresser à la manière dont les équipes des
médiathèques, agents et cadres, vivent l'émergence de ce projet de mutualisation. Nous avons d'abord
voulu écouter leurs craintes autour de ce projet.
Le résultat est extrêmement tranché et nous fournit des renseignements précieux. Les craintes autour
de la mutualisation rejoignent tout à fait les travers observés dans certains cas de transferts mal gérés
d'une compétence à l'intercommunalité. Le cahier détaché n°2 – 44/2054 intitulé « Mutualisations » de
La Gazette des communes du 22 novembre 2010, pointait notamment le risque induit par l'inflation du
périmètre de la collectivité et l'augmentation de la distance. Ces problèmes étaient les suivants :
• une problème d’identification du donneur d’ordre. La mutualisation pourrait brouiller la
compréhension que l'agent a de ses missions et de son travail ;
• la question du sentiment d’appartenance de l’agent. Nous sommes face à un risque de
sentiment de dilution au sein des services mutualisés ;
50
Illustration 23: Les craintes des équipes autour du projet, en unités de sens
• la contrainte de l’éclatement géographique. Cette dernière peut inhiber tant le sentiment
d’appartenance que la bonne circulation de l’information mais elle menace aussi la conduite
des politiques publiques en isolant la direction des agents.
Une attention particulière devra donc être portée sur ce point afin de ne pas appliquer sans nuance un
modèle de mutualisation inadapté et générateur de souffrances.
Mais les équipes n'ont pas exprimé que des craintes par rapport à ce projet, nous avons constaté qu'il
est aussi générateur de grandes attentes qui méritent d'être prises en considération.
De nouveau, nous observons que la question des moyens et de leur réévaluation est ouvertement
posée. Le réseau est composé d'équipes modestes et dont les résultats, comparativement à la moyenne,
sont plutôt satisfaisants. La motivation des agents repose essentiellement sur la bonne compréhension
de leurs missions et la mesure de l'impact positif de leur action. Néanmoins l'adhésion à un nouveau
projet, plus ambitieux, ne semble pouvoir reposer uniquement sur les gains induits par la
mutualisation. Cet engagement des équipes serait plus assuré avec un signe fort des décideurs
politiques en ce sens. La question des moyens, notamment la nécessité d'un rôle de coordinateur du
réseau, arrivait en deuxième position dans les entretiens auprès de nos partenaires. Un tel recoupement
entre les souhaits des équipes et les conseils extérieurs pourrait constituer une base de réflexion qui
51
Illustration 24: Les attentes des équipes par rapport au projet, en unités de sens
n'est pas à négliger. D'autant plus que les premiers éléments de cadrage que nous avons pu obtenir sur
le lancement des « Contrats Territoire-Lecture » (CTL) par le Ministère de la Culture et de la
Communication, semblent abonder en ce sens. La notion de coordination et de mise en cohérence des
réseaux de lecture publique intercommunaux, quelle que soit leur géométrie administrative, apparaît
comme prioritaire et pouvant faire l'objet d'aides y compris pour le fonctionnement.
Nous avons enfin interrogé les équipes sur les conditions indispensables à réunir pour qu'elles puissent
se sentir engagées positivement dans ce projet.
Nous retrouvons sans grande surprise la nécessité de construire un dispositif prévenant la dilution et
l'éparpillement du travail des agents. Le placement de cet item en deuxième position ne fait donc
qu'accentuer les préventions citées plus haut et il conviendra d'y porter une attention toute particulière.
Mais c'est la communication et la concertation qui apparaissent comme les préalables majeurs pour
que les équipes se sentent véritablement acteurs de cette transformation. Nous y reviendrons plus bas
dans l'évaluation de la démarche mais il n'est pas inutile de rappeler un autre préalable dont on ne peut
pas faire l'économie : l'explicitation du cadre de négociation aux équipes. Il est essentiel de clarifier
dès le début du projet la marge de manœuvre : ce qui est de l'ordre du possible et du négociable et ce
52
Illustration 25: Les conditions d'adhésion des équipes au projet, en unités de sens
qui est d'emblée illusoire ou prématuré. Par exemple, sur la question des moyens, il conviendra de
mettre en place un groupe de travail thématique évaluant l'impact sur chaque structure de la
mutualisation : est-ce un gain ou une perte ? Et existe-t-il des solutions de mise à niveau ou cela devra-
t-il être à moyens constants ? Bien sûr tout cela est fonction du projet, mais la plus grande
transparence est nécessaire.
Pour cela, il est impératif de prendre en compte les avis des élus qui sont bien entendu les seuls
décideurs en la matière et des directeurs généraux des services qui jouent un rôle d'aide prépondérant
auprès des conseils municipaux.
iii. La vision des élus et des directeurs généraux des services
Nous avons tout d'abord cherché à alimenter et élargir notre réflexion sur les enjeux de territoire et les
objectifs de cet éventuel projet grâce aux entretiens menés.
Nous retrouvons ici les enjeux de territoire et les objectifs que nous avons développés plus haut en
nous appuyant sur les documents réalisés par les Pays. Les décideurs et les directeurs du Plateau
Vivarais-Lignon semblent totalement en phase avec ces grandes orientations de territoire. Prenant en
53
Illustration 26: Les enjeux d'une mutualisation vus par les élus et les DGS, en unités de sens
compte d'une part la mobilité des publics et d'autre part leur niveau d'exigence accru, ils citent en tête
l'amélioration de l'offre et son harmonisation. Cette volonté ne doit cependant pas occulter la forte
préoccupation d'une optimisation budgétaire, bien qu'elle soit au service d'un projet et non l'inverse.
Dans notre réflexion, il nous faudra donc nous concentrer sur la question de l'efficience, le rapport
entre les résultats et les moyens, afin de voir dans quels domaines la mutualisation peut être source
d'optimisation des budgets.
Dans cette perspective, nous voulions aussi identifier avec eux les leviers possibles pour engager cette
démarche ainsi que les préalables politiques ou techniques à toute mise en œuvre d'un tel projet.
Il n'est pas réellement étonnant que le portage politique soit la première condition à tout projet de
mutualisation. Mais les élus et les directeurs des services ont aussi souligné fortement l'intérêt d'un
caractère progressif de la mise en œuvre, avec une intégration par palier des actions mutualisées.
54
Illustration 27: Les conditions de soutien au projet pour les élus et les DGS, en unités de sens
C. Évaluer la démarche pour mieux garantir sa réussite
D'une certaine manière, l'expression des acteurs n'est que le début de la démarche. Elle permet de
valider, de nuancer ou de compléter certaines hypothèses. Mais elle n'est pas auto-suffisante car il
nous faut aussi nous assurer le plus précisément possible du réalisme de notre projet, à un instant
donné. L'évaluation doit donc intervenir dès le début du projet, afin de réorienter rapidement ce qui
doit l'être. En effet le présent rapport ne peut préjuger du portage politique non encore acquis sur ce
dossier. Ce sujet est encore en débat à l'heure où nous rédigeons ce document. Cependant, des
éléments d'évaluation doivent permettre de porter un jugement d'une part sur la réelle faisabilité du
projet et d'autre part sur ses modalités d'application. Nous nous sommes basés pour ce faire sur une
mise en forme proposée dans le cahier détaché « Mutualisations » de La Gazette des communes du 22
novembre 2010 déjà cité. Ce cahier détaché est le fruit d'une étude co-dirigée par Gaël Hilleret et
Delphine Leray, élèves administrateurs territoriaux de la promotion Aimé Césaire. La partie qui suit
doit beaucoup à leur travail.
i. Les préalables : évaluer la faisabilité du projet
Le premier élément sur lequel nous devions nous assurer de ne pas faire fausse route était la faisabilité
du projet dans ses cinq dimensions :
1. les finalités sont-elles définies ?
2. Les objectifs concrets sont-ils énoncés ?
3. Les élus portent-ils le projet ?
4. Les cadres des médiathèques sont-ils moteurs ?
5. Les équipes adhèrent-elles au projet ?
Ces questions24 ont été posées aux vingt-six personnes interviewées, en leur demandant de noter de 1 à
4 (note maximale) ces cinq points et les résultats sont reproduits ci-dessous sous la forme d'un
diagramme en étoile à cinq branches.
24 Nous avons reproduit en annexe le questionnaire soumis aux vingt-six sondés.
55
Le portage des cadres ne faisait guère de doute, puisque nous avons rappelé plus haut qu'ils sont à
l'origine de la réflexion. En revanche, il est positif de constater que le niveau d'adhésion des équipes
est une bonne base sur laquelle construire la co-élaboration du projet. Si les finalités stratégiques pour
le territoire semblent évidentes pour les sondés, il manque encore une traduction de ces grandes
orientations en objectifs opérationnels formalisés. La principale inconnue – et sans doute le point
faible – demeure le niveau de portage politique de cette mutualisation.
56
Illustration 28: La faisabilité du projet de mutualisation, prenant en compte l'ensemble des sondés
Pour compléter cette vision globalisée, nous avons extrait ci-dessous les résultats obtenus suite à ces
questionnaires, dans un premier temps en les présentant par groupes de personnes interviewées.
Nous notons avec intérêt que les agents des médiathèques sont plus confiants dans leur adhésion au
projet que les cadres, qui, en raison du manque de visibilité, craignaient une défiance de leurs équipes.
En revanche, chez les directeurs généraux des services, la sous-évaluation des questions sur les
finalités et le portage des élus doit nous alerter sur le nécessaire travail en commun à entreprendre.
57
Illustration 29: La faisabilité du projet de mutualisation par groupes de personnes interviewées
Illustration 30: La faisabilité du projet de mutualisation par thématiques abordées
Nous voyons dans cette présentation par thèmes cette fois-ci que c'est en réalité la question des
orientations stratégiques qui présente les plus grandes divergences dans les points de vue des acteurs.
Cette divergence est une invitation à revenir, dès le début du projet, à la question fondamentale des
politiques publiques. Comme le rappelait dès le premier module du cycle professionnel M. Thierry
Giappiconi, directeur de la bibliothèque municipale de Fresnes, les politiques publiques sont
l’expression de la réponse aux besoins économiques et sociaux d’un territoire et d’une population.
L'analyse des besoins doit donc constituer le préalable au projet de service.
ii. Les modalités d'application du projet
De la même manière, nous avons tenté d'évaluer cette fois l'organisation de notre démarche. Si le
premier diagramme peut fournir une représentation du niveau de maturité du projet de mutualisation, il
s'agit ci-dessous de donner un aperçu de ses modalités d'application. Il convient de conserver présent à
l'esprit que ces questions reflètent, pour les deux diagrammes, une perception par les acteurs à un
instant « t ». L'objectif est justement de souligner les points qui méritent notre vigilance, dans un
contexte de projet qui n'en est qu'à ses prémices. Bien entendu, toute évaluation de ce genre comporte
des biais, dans la formulation des questions ou dans les motivations des personnes interrogées par
exemple. Nous avons donc tenté de bien expliciter à chaque sondé que nous nous intéressions à sa
perception du projet à un instant donné et non à ce qu'il en supposait ou en espérait. Bien sûr il ne
s'agit que d'une première enquête qui pourra être affinée par la suite. Le graphique ci-après met en
forme leurs réponses aux cinq questionnement suivants :
1. un diagnostic a-t-il été réalisé ?
2. Les directeurs généraux des services sont-ils impliqués ?
3. Comment communique-t-on autour de ce projet ?
4. L'organisation de la démarche parait-elle cohérente ?
5. L'évaluation est-elle prévue ?
58
Malgré une démarche encore jeune, il semble que les personnes interrogées considèrent que le
diagnostic et la communication du projet ne posent pas de problèmes majeurs. En revanche, il apparaît
clairement qu'un effort doit être porté en direction de l'implication des directeurs généraux des services
et la prise en compte de l'évaluation de la mutualisation. Il est donc nécessaire d'adopter une démarche
d'évaluation ex ante. Cela implique que les paramètres et les critères doivent être fixés en phase de
conception du projet. Nous pouvons par exemple nous appuyer sur les critères de l'évaluation de la
mutualisation, cités page 243 dans le cahier détaché de La Gazette et notamment quatre principaux :
1. l'évaluation de la satisfaction des agents (entretiens qualitatifs, questionnaires de satisfaction,
réunions collectives etc.). Cela devra bien entendu se faire en lien étroit avec les services des
ressources humaines ;
59
Illustration 31: Les modalités d'application du projet de mutualisation, prenant en compte l'ensemble des sondés
2. l'évaluation des économies d'échelle réalisées, en prenant en compte l'ensemble des données
analytiques mais aussi les coûts induits voire cachés (harmonisation des statuts, formation des
agents, aménagement des locaux, frais de déplacements etc.) ;
3. l'évaluation de l'amélioration du service rendu à l'usager, notamment par la mise en place d'un
questionnaire à leur attention ;
4. et enfin l'évaluation de la pertinence de l'organisation afin d'estimer son lien avec
l'amélioration du service rendu, c'est-à-dire la question de l'efficience.
Dans le cas de la lecture publique, les points 3 et 4 devront se référer impérativement aux normes
internationales ISO 2789 sur les statistiques des bibliothèques et ISO 11620:2008 sur les indicateurs
de performance des bibliothèques.
Nous avons également détaillé ci-dessous les résultats obtenus sur ce volet, par groupes de personnes
interviewées.
Tant les élus que les directeurs de services eux-mêmes considèrent que l'implication des DGS dans la
démarche est trop limité, ce qui confirme les écarts de perception sur la maturité du projet pointés dans
la précédente partie. En inversant la mise en forme pour mettre en valeur une évaluation par thèmes,
nous obtenons le graphique suivant.
60
Illustration 32: Les modalités d'application du projet de mutualisation par groupes de personnes interviewées
Nous notons que tant les élus que les agents des médiathèques semblent satisfaits pour l'instant de la
communication sur ce projet et que les notations données par les directeurs généraux des services
restent plutôt encourageantes sur ce point. Il semble donc que malgré des déficits qui devront être
rectifiés, le climat relationnel soit favorable pour aller plus avant dans une confiance réciproque. Pour
ce faire, le groupe de travail composé des quatre cadres des médiathèques doit aujourd'hui s'organiser
de manière à conduire ce changement.
iii. Un guide pour se diriger dans l'incertitude
Le groupe de cadres est moteur et bien identifié comme tel par l'ensemble des acteurs. Il lui appartient
désormais de passer en mode projet pour la conception de cette mutualisation. Cela implique de définir
les rôles de chacun dans des instances de pilotage à mettre en place. Cette démarche est très bien
résumée dans le cahier détaché « Mutualisations » de La Gazette cité à plusieurs reprises.
La première instance est le comité de pilotage stratégique qui réunira les élus de référence, les
directeurs généraux des services et les quatre cadres initiateurs du projets. Les cadres des
médiathèques pourront être dans certaines occasions représentés par le chef de projet, maillon
61
Illustration 33: Les modalités d'application du projet de mutualisation par thématiques abordées
indispensable du mode projet. Ce chef de projet pourrait être de manière explicite et assumée l'actuel
directeur du RISOM, Renaud Aïoutz, si un consensus se faisait jour entre toutes les collectivités. Le
comité de pilotage fixe les orientations générales et valide les étapes du processus.
La deuxième instance est un comité technique composé des quatre cadres mais qui est ouvert aussi aux
partenaires qui exercent une mission de conseil, particulièrement les directrices des bibliothèques
départementales ou leurs adjoints. Ce comité technique est aussi ouvert par exemple aux responsables
du personnel des collectivités concernées. Sous la responsabilité du chef de projet, son rôle est de
préparer les décisions du comité de pilotage.
Enfin il ne faut pas négliger les instances que sont les groupes de travail thématiques ou transversaux à
la composition très ouverte. Leur rôle est d'apporter leur expertise sur des sujets spécifiques de la
démarche de mutualisation. Il semble très important pour l'adhésion de l'équipe que chaque agent des
médiathèques du réseau participe à au moins un groupe de travail thématique. D'après ce qui a été
exprimé par les différentes personnes lors des entretiens, ces groupes thématiques pourraient être
explicitement rattachés à l'un ou plus des trois enjeux de territoire cités en partie II. A.
Par exemple, un premier groupe de travail pourrait avoir pour axe le design du réseau et de ses lieux
pour mieux servir l'usager d'aujourd'hui. Par le vocable « design », nous entendons la « conception de
produits ou services innovants et performants, adaptés à la compétition industrielle, aux impératifs de
production, de vente, de logistique, d’entretien, au respect de l'environnement, etc. » comme cela se
transpose de plus en plus dans les politiques publiques25 aujourd'hui. Cet axe comprendrait notamment
les réflexions sur les horaires, la tarification, la circulation des documents, les conditions d'accès à
l'Internet ou les services innovants. Cette problématique s'intéresserait notamment aux pratiques de
sociabilité et aux usages sur place. Ainsi et à titre d'exemple pour expliciter notre idée, ce groupe de
travail contribuerait à l'orientation stratégique « Mener des actions globales de cœur de village », au
sein de l'enjeu « Œuvrer pour un territoire attractif, accueillant et dynamique ».
25 Paul Christian, Design des politiques publiques, Paris, La Documentation française, 2010.
62
L'objectif d'un deuxième groupe de travail serait vraisemblablement l'organisation et la promotion du
réseau des médiathèques comme outil au service de la formation initiale et permanente. Cette
problématique, nous l'avons vu, recoupe les préoccupations des élus et se justifie complètement aux
yeux de la population attentive à la réussite scolaire des jeunes. Le caractère impérieux et stratégique
de ce besoin social le rattache comme nous l'avions envisagé plus haut à l'orientation stratégique
« Accueillir et accompagner les populations jeunes », au sein de l'enjeu « Rural-Urbain, créer du lien
d’une population à l’autre ».
Ce ne sont que des exemples, qui mériteront d'être débattus et affinés en fonction d'une meilleure
compréhension collective des enjeux et des orientations des Pays. Mais le but est d'indiquer une
méthode pour la mise en œuvre de ces groupes de travail thématiques ou transversaux. Ces derniers
devront toujours intégrer au moins l'un des quatre cadres du comité technique. Des représentants de
ces groupes de travail pourront être invités à participer à des réunions du comité technique, selon
l'ordre du jour, pour apporter leur éclairage. D'un point de vue formel, le projet gagnerait à articuler
très clairement ces trois niveaux de commissions avec les niveaux des politiques publiques, comme
tente de le montrer le tableau suivant.
Niveaux de l'action publique selonTh. Giappiconi
Niveaux de l'action publique selon
Y. Gassot
Niveaux des commissions en « mode projet »
Fonction des commissions en « mode projet »
La politique : au sens des politiques publiques
Niveau stratégique :les enjeux
Comité de pilotage stratégique
Fixe les orientations générales
La stratégie Niveau du pilotage :les axes stratégiques
Comité techniquePrépare les décisions du
comité de pilotage
Les stratégies opérationnelles
Niveau opérationnel :objectifs intermédiaires
etobjectifs opérationnels
Groupes de travail thématiques ou
transversaux
Alimentent la réflexion et déclinent la stratégie
du comité technique
63
Pour l'ensemble des instances, le rythme des réunions devrait dans l'idéal être fixé dès le lancement du
projet. D'une manière générale la conduite du projet devra faire l'objet d'une grande attention. La
gestion du changement comporte une dimension affective qui implique la mise en œuvre d'une
communication adaptée. Elle doit avoir lieu à tous les niveaux de la structure et tout au long du
processus. Pour que cette communication atteigne son objectif, l'un des outils est l'expression d'idées
enrichissant et facilitant le processus de changement. C'est ce que nous avons tenté de mettre en œuvre
au travers des entretiens et des questionnaires dépouillés dans ce rapport et il faudra le poursuivre.
L'autre élément est la mise en évidence des gains et des pertes potentiels aux niveaux individuel et
collectif. Cette objectivation a également été succinctement engagée à l'occasion des interviews. Mais
elle doit désormais se consolider en ciblant et en approfondissant les problématiques précises citées
majoritairement. Il s'agit par exemple de la dilution et l'éparpillement du travail, de la mutualisation
des compétences et des tâches ou encore de la gouvernance politique de la future structure. Cela peut
trouver une expression à travers la réalisation d'un tableau des risques, afin de les anticiper et de les
prévenir. La démarche pourra ainsi s'adapter aux attentes et aux besoins exprimés par les acteurs
impliqués.
Mais pour terminer, et ce sera l'objet de notre dernier point, il importe impérativement dans la conduite
du changement d'expliciter les contraintes et les obstacles. Il importe d'être très clair sur le cadre de
négociation entre tous les acteurs concernés par cette mutualisation, étant bien entendu que les
décisions reviennent aux élus. Ces derniers, ainsi que les directeurs généraux des services, ont évoqué
l'optimisation budgétaire. Mais de quoi s'agit-il ? Maintenir les coûts actuels et faire mieux grâce à la
mutualisation ? Ou bien se contenter de maintenir l'existant mais en espérant un coût moindre ? Nous
avons vu par exemple plus haut que le mouvement d'intercommunalisation ou de mutualisation
n'avaient pas eu pour impact immédiat de diminuer les coûts mais bien souvent l'inverse. Mettre en
œuvre une évaluation et une amélioration de l'efficience d'un service requiert du temps et une
définition préalable du bénéfice social que l'on cherche à apporter.
64
Il serait vain de vouloir apporter des réponses définitives aujourd'hui à ces questionnements, puisqu'ils
doivent être envisagés dans le cadre d'une réflexion commune. Volontairement, nous n'avons pas
souhaité d'une manière unilatérale produire un projet précis avant l'émergence des groupes de travail.
Notre ambition est donc plutôt de tracer les linéaments d'une méthode, d'un fil conducteur, d'un guide
pour nous diriger dans l'incertitude. La construction du projet devra être une œuvre collective et
partagée.
Mais il y a un élément que nous ne pouvons pas (ou plus) négliger dans cette construction : le public.
Cela implique de notre part que nous ne construisions pas le projet simplement pour eux, mais aussi
avec eux. Comme nous y incitent par exemple les usages du Web social et d'une nouvelle économie de
la contribution, nous ne devons pas négliger l'attente d'une co-construction dans un sens « bottom –
up » et plus seulement « top – down » des politiques publiques.
65
66
Conclusion :
Comme le montrent Jean-Marie Viprey et Philippe Schepens dans l'article cité, dans « mutuel est
fondamentale la notion d'échange, c'est-à-dire d'inégalité initiale entre A et B et d'amélioration pour
A et B » et les auteurs appuient le propos en affirmant qu'on « ne peut pas substituer réciproque à
mutuel sans perte de sens. » La méthode ne doit par conséquent pas se focaliser uniquement sur les
convergences – nous en avons soulignées plusieurs – mais aussi sur les différences, sur les inégalités.
Ce sont elles qui ont en définitive provoqué le changement, la mise en mouvement. Il est d'ailleurs
étonnant de noter que l'étymon mutuus est lui-même dérivé de mutare qui signifie “changer, échanger”
et qui a donné muer et muter. La mutualisation n'est donc ni bonne ni mauvaise, elle sera ce qu'en font
les acteurs. Mais pour être réussie, elle devra in fine représenter un gain pour tous les acteurs, quelle
que soit leur situation initiale.
Cela étant, nous devrons nous interroger sur le sens d'une mutualisation d'un seul service particulier, la
lecture publique, à l'heure où les formes artistiques s'interpénètrent et où les domaines du savoir
s'interfécondent. De nombreuses expériences montrent l'intérêt de décloisonner les politiques
sectorielles pour faire travailler ensemble (et non parfois les uns contre les autres) les acteurs au
service d'un projet commun. Nous avons d'ailleurs vu que décloisonnement était l'un des piliers de
l'action en politique de la ville. Alors nous pouvons nous interroger sur la pertinence pour le territoire
d'un projet centré uniquement autour des médiathèques. Ne vaut-il pas mieux envisager une politique
de développement culturelle globale, impliquant l'ensemble des acteurs ? Et construire ainsi un
véritable pôle « culture » ?
Certes, cette vision est vraisemblablement l'avenir des politiques publiques culturelles locales. Mais il
semble prématuré aujourd'hui d'engager ce chantier, ambitieux mais trop lourd. Les élus et les
directeurs généraux des services ont cité eux-mêmes le besoin d'avancer par étapes. Alors, à l'inverse
de notre bon M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, ne gagnerions-nous pas à faire du
développement culturel global sans le dire, mais tout en le sachant cette fois-ci ? Cela doit sans doute
être notre ligne d'horizon afin de donner du sens à notre action. Et il n'est peut-être pas anodin que le
Conseil Municipal de Tence ait, très récemment, pris la décision de créer un poste dédié au
fonctionnement de son cinéma mais rattaché à l'organigramme du RISOM. Il s'agit peut-être d'une
première pierre pour la construction d'un véritable pôle culture. Mais avant cela, il nous faudra réussir
la mutualisation des médiathèques, première étape qui constituera un affichage fort et remobilisateur.
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TABLE DES ANNEXES :
Convention tripartite RISOM : page 70
Questionnaire « Les conditions de réussite d'un projet de mutualisation » : page 80
« Arbre des objectifs » de la Bibliothèque départementale des Deux-Sèvres (BDDS) présenté par M. Yves Gassot : page 82
Chiffres 2010 des médiathèques du Pays-Lecture : page 83
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Convention tripartite de fonctionnement du RISOM
(Réseau Intercommunal Solidaire de Médiathèques )
- Tence - le Mazet Saint-Voy - Saint-Jeures –
Entre :
la commune de TENCE, représentée par son maire Monsieur Jean Digonnet, en vertu d’une délibération du conseil municipal en date du 04 mai 2009,
la commune du MAZET SAINT-VOY, représentée par son maire Monsieur Bernard Cotte agissant en vertu d’une délibération du conseil municipal en date du 06 février 2009
la commune de SAINT-JEURES représentée par son maire Monsieur Joseph Delolme, agissant en vertu d’une délibération du conseil municipal en date du 28 mars 2009,
Il est convenu ce qui suit
Les trois communes de TENCE, LE MAZET-SAINT-VOY et SAINT-JEURES ont voulu créer un Réseau Intercommunal et Solidaire de Médiathèques – dénommé RISOM –, et lui donner une dimension intercommunale dans les limites géographiques de leurs territoires.
Article 1 er – Objet
La présente convention a pour objet de définir les conditions de coopération entre les trois communes de TENCE, LE MAZET-SAINT-VOY et SAINT-JEURES quant aux conditions d’organisation, de fonctionnement et de financement de ce RISOM.
Article 2 - Siège
Le RISOM a son siège aménagé à la mairie de Tence.
Article 3 – Accueil
Le RISOM accueillera à son siège les membres du comité de pilotage et assurera indifféremment le service public ayant pour but de contribuer aux loisirs, à l'information, à l'éducation, à la formation et à la culture de tous dans chacune des bibliothèques-médiathèques des trois communes signataires, et ce, sur la base du dispositif défini en annexe n° 1 à la présente convention.
Article 4 – Personnel du RISOM
Le RISOM fonctionnera avec des agents affectés au service des médiathèques sur la base de 4 postes :1 poste à temps complet 1 poste à temps non complet 28 h.00 /semaine
70
1 poste à temps non complet 21 h.00 /semaineEt 1 poste à temps non complet 19 h30. semaine
La commune de TENCE gérera administrativement ce personnel.
L’ensemble de ces postes de personnel sera pris financièrement en charge par les communes de TENCE, LE MAZET-SAINT-VOY et SAINT-JEURES avec répartition entre elles au prorata du nombre d’heures effectuées, selon le décompte détaillé en annexe « 2 » et son tableau n° 3.
Article 5 – Affectation des postes
Conformément aux dispositions de la loi n° 84.53 du 26 janvier 1984 et du décret n° 85.1081 du 8 octobre 1985,La Commune de Tence met à disposition respectivement de la Commune du MAZET-SAINT-VOY et de la Commune de SAINT-JEURES, dans le cadre des missions de bases relatives au fonctionnement du RISOM, à compter du 1er mai 2009- Monsieur Renaud AIOUTZ, Bibliothécaire, exerçant pour l’heure la fonction de responsable de la Médiathèque Municipale de Tence, - Mademoiselle Claire BISCARAT, adjointe du Patrimoine exerçant pour l’heure la fonction d’employée de Médiathèques Municipales pour les Communes du Mazet-Saint-Voy et de Saint-Jeures - Madame Marlène BONNET, adjointe du Patrimoine exerçant la fonction d’employée de Médiathèque Municipale à Tence, - Madame Marie-Josèphe PICQ, adjointe du Patrimoine exerçant la fonction d’employée de Médiathèque Municipale à Tence,
Les temps de mise à disposition respectifs de ces quatre agents sont mentionnés dans l’annexe n°1.
La Commune de Tence prend également en charge la totalité des charges et produits liés aux services selon la répartition de l’annexe n°2.
En cas de dénonciation de la présente convention, les personnels et biens acquis seront répartis entre les trois communes selon l’annexe n°3.
Article 6 – Nature des fonctions exercées par les fonctionnaires mis à disposition
Monsieur Renaud AIOUTZ, responsable de la Médiathèque Municipale de TENCE, mis à disposition dans les missions de bases susvisées comme suit :- Assurer la fonction de responsable (gestion, organisation et fonctionnement) du RISOM- Prendre en charge la formation et l’encadrement des bénévoles et du personnel affecté au service du RISOM- Proposer des critères sélectifs pour la mise en œuvre d'une politique d'action culturelle et impulser et conduire des projets de manifestations littéraires autour du RISOM- Assurer la fonction de représentant du RISOM auprès des différents partenaires ou dans les instances de coopération intercommunales
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Mademoiselle Claire BISCARAT, employée de médiathèque à TENCE, mise à disposition du RISOM intervient sous la direction du responsable du RISOM, dans les missions de bases susvisées comme suit :- Participer à la gestion, à l’organisation et au fonctionnement du RISOM- Participer à la formation et à l’encadrement des bénévoles- Participer à la conduite des projets de manifestations littéraires autour Du RISOM- Participer selon les besoins aux réunions auprès des différents partenaires ou dans les instances de coopération intercommunales, pour le compte du RISOM
Madame Marlène BONNET, employée de médiathèque à TENCE, mise à disposition du RISOM intervient sous la direction du responsable du RISOM, dans les missions de bases susvisées comme suit :- Participer à la gestion, à l’organisation et au fonctionnement du RISOM- Participer à la formation et à l’encadrement des bénévoles- Participer à la conduite des projets de manifestations littéraires autour Du RISOM- Participer selon les besoins aux réunions auprès des différents partenaires ou dans les instances de coopération intercommunales, pour le compte du RISOM
Madame Marie-Josèphe PICQ, employée de médiathèque à TENCE, mise à disposition des Communes du Mazet-Saint-Voy et de Saint-Jeures intervient sous la direction du responsable du RISOM, dans les missions de bases susvisées comme suit :- Participer à la gestion, à l’organisation et au fonctionnement du RISOM- Participer à la formation et à l’encadrement des bénévoles- Participer à la conduite des projets de manifestations littéraires autour Du RISOM- Participer selon les besoins aux réunions auprès des différents partenaires ou dans les instances de coopération intercommunales, pour le compte du RISOM
La commune de TENCE étant l’employeur de l’ensemble du personnel mis à disposition du RISOM, les agents sont placés sous l’autorité du maire de TENCE. Celui-ci fera régulièrement un point de situation avec les maires des deux autres communes sur le suivi administratif de la convention.
Article 7 – Budget annuel
Un budget annuel sera établi au cours du mois de janvier de chaque année en prenant en compte :- les dépenses détaillées en annexe « 2 » portant sur l’ensemble des charges de fonctionnement et d’investissement nécessaires au bon fonctionnement des médiathèques membres du RISOM ,- le montant des participations de chacune des communes membres qui en découle par application d’une méthode de répartition calculée
Soit par affectation directe des dépenses individualisées par établissementSoit par attribution d’un pourcentage pré-établi sur des dépenses
mutualisées Ce document sera annexé chaque année par avenant à la présente convention. Article 8 – Comité de pilotage
72
Le suivi de l’exécution de la présente convention est assuré par un comité de pilotage comprenant :
deux élus délégués par commune nominativement désignés par chaque conseil municipal, soit au total six délégués titulaire.
à titre informel et consultatif, seront associés au comité de pilotage : - Le secrétaire général et le responsable du personnel de la commune siège du RISOM - L’agent responsable du RISOM ou son représentant
comme invitée permanente - la Directrice de la Bibliothèque Départementale de Haute-Loire Le comité de pilotage pourra aussi proposer des modifications au fonctionnement du service. Toute modification ayant une incidence à caractère financier, réglementaire ou statutaire devra être préalablement validée par les conseils municipaux des trois communes.Un avenant intégrant la ou les modifications sera alors signé par les maires des trois communes.
Article 9 – Date d’effet de la convention
Cette convention prend effet à compter du 1er mai 2009. Elle sera renouvelable par tacite reconduction au delà du 31 décembre de chaque année, sauf dénonciation par l’une ou l’autre des parties, dans un délai de deux mois avant son expiration.
Article 10 – Renonciation et conséquences liées à la renonciation
En cas de dénonciation, la convention en vigueur perdra tout effet. La ou les communes qui se retire(nt) de la convention prennent l’engagement de continuer à assurer leur participation financière jusqu’à apurement de la situation après réaffectation du personnel sur chacune des communes membres du RISOM
Article 11 – Juridiction compétente en cas de litigeTous les litiges pouvant résulter de l’application de la présente Convention
relèvent de la compétence du Tribunal Administratif de CLERMONT-FERRAND.
Tence , en mairie
Siège du RISOM de Tence, le Mazet St-Voy, Saint-Jeures
Le : Le : Le :
Jean DIGONNET Bernard COTTE Joseph DELOLMEmaire de Tence maire du Mazet St-Voy maire de Saint-Jeures
(cachet et signature) (cachet et signature) (cachet et signature)
73
Annexe n° 1 : Fonctionnement du RISOM
1°/ Fonctionnement du RISOM sur les communes d’accueil
Organigramme :
Le comité de pilotage est composé de :1. deux élus titulaires pour chaque commune du RISOM ;2. le secrétaire général de la Commune où se trouve le siège du RISOM ;3. le responsable du personnel de la Commune où se trouve le siège du
RISOM ;4. la Directrice de la Bibliothèque Départementale de Haute-Loire en tant
qu’invitée permanente ;5. le responsable du RISOM.
Il se réunit a minima deux fois par an et chaque fois que nécessaire, sur proposition d’un de ses membres.
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Renaud AÏOUTZ
Responsable du RISOM
Claire BISCARAT
ETP = 60% soit
0.60 équiv.tps plein
soi
Soi
Comité de Pilotage
Marie-Josèphe PICQ
ETP = 55% soit 0.55
équiv.tps plein pleinnplplein
Marlène BONNET
ETP = 80% soit
0,80 équiv.tps
plein
2°) Répartition du temps de travail entre les trois communes pour la première année
Tence Mazet Saint- Voy Saint- J eures
Renaud AÏ OUTZ A 35 h.00 25 h.00 5 h.00 5 h.00
Claire BI SCARAT C 21 h.00 6 h.00 7 h.30 7 h.30
Marlène BONNET C 28 h.00 25 h.00 1 h.30 1 h.30
Marie-J osèphe PI CQ C 19 h.30 16 h.30 1 h.30 1 h.30
103 h.30 72 h.30 15 h.30 15 h.30
100% 70,00% 15,00% 15,00%
catégo
ries
TOTAL Nbre Heures
% sur total des Heures
Agents Nombre d’heures
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Chaque année, une réunion du comité de pilotage courant janvier permettra de faire un bilan de la répartition du temps de travail et, éventuellement, de la réajuster aux besoins.
3°) Répartition du fonds documentaire :
Les collections acquises ou entrées par don avant le 30 avril 2009 restent propriétés de chaque commune. Les exemplaires sont estampillés du tampon de chaque bibliothèque et y sont localisés.
Le fonds de la Société d’Histoire de la Montagne, déposé à la bibliothèque municipale du Mazet-Saint-Voy et faisant l’objet d’une convention spécifique, ainsi que le fonds de l’Association pour la Sauvegarde et la Valorisation du Petit Patrimoine Auvergnat, déposé à la bibliothèque municipale de Saint-Jeures et faisant l’objet d’une convention spécifique, sont tous deux exclus de la répartition suivante.
Les critères qui ont présidé à la répartition des collections au sein du RISOM sont les suivants :
1. mutualisation des collections pour un meilleur service aux usagers des trois médiathèques ;
2. souplesse d’affectation d’une partie des documents afin de prendre en compte leur taux de rotation au sein de chaque établissement ;
3. conservation de la clarté de l’offre documentaire de chaque structure ;4. mise en valeur des identités et des spécificités de chaque lieu ;5. tous les documents des médiathèques du Mazet-Saint-Voy et de Saint-
Jeures sont en accès direct. Seule la médiathèque de Tence dispose d’une réserve commune au RISOM (conservation, doublons etc.) dont l’accès n’est pas libre au public ;
6. tout document disponible (en accès direct ou en réserve) doit pouvoir être communiqué au lecteur sur la médiathèque de son choix dans un délai de 8 jours ouvrés maximum ;
7. tout document peut être rendu indifféremment sur l’un des équipements du RISOM ;
8. en cas de dénonciation et de retrait du RISOM d’une ou plusieurs commune(s), les fonds seront affectés selon les proratas fixés à partir des montants d’acquisitions respectivement mandatés dans chacune des communes membres à compter de la mise en place du RISOM..
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C’est-à-dire et en considérant que :- le montant des acquisitions réalisées
par la commune de Tence est de : « X » €uros par la commune du Mazet-Saint-Voy est de : « Y » €uros
par la commune de Saint-Jeures est de : « Z » €uros.
Le montant total des acquisitions est de : Σ = « X » + « Y » + « Z » €uros et les parts respectives sont :
- %Tence = (X / Σ) * 100- %Mazet St-Voy = (Y / Σ) * 100- %St-Jeures = (Z / Σ) * 100
Chaque commune, en cas de dissolution ou de retrait, conserverait la propriété d’une partie de la collection acquise depuis le 1er mai 2009 selon le pourcentage défini plus-haut. Cela étant et afin que les collections ne soient pas déséquilibrées, ce prorata s’applique segment documentaire par segment documentaire, définis comme suit :
1. Albums Jeunesse ;2. Bandes-dessinées Jeunesse ;3. Romans et Contes Jeunesse ;4. Documentaires Jeunesse ;5. CD audio et DVD Jeunesse ;6. Romans Policiers et de Science-fiction
Adultes ;7. Romans régionaux Adultes ;8. Autres Romans Adultes ;9. Livres en Gros caractères Adultes ;10.Documentaires Adultes ;11.Fonds Régional Adultes ;12.Bandes-dessinées Adultes ;13.CD audio Adultes ;14.DVD Adultes ;15.Usuels ;16.Périodiques.
Ainsi par exemple, en cas de dissolution, la médiathèque de Tence conserverait :
1. %Tence du total des exemplaires des « Albums Jeunesse » entrés au catalogue depuis le 1er mai 2009 ;
2. %Tence du total des exemplaires des « Bandes-dessinées Jeunesse » entrés au catalogue depuis le 1er mai 2009 ;
3. Et ainsi de suite, jusqu’à l’application de cette formule jusqu’au dernier segment répertorié
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4°/ Produits Une nécessaire harmonisation des tarifs sera proposée par le comité de pilotage sur la base des éléments suivants ( leur validation devra être adoptée par délibération de chacune des communes membres du RISOM ) :
Forf ait DescriptifAdultes
Plein Tarif
Adultes
Tarif RéduitMoins de 18 ans
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX. €uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX.€uros
Résidents sur
RI SOM : XX.€uros
Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX. €uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX.€uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX.€uros
Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX. €uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX.€uros
Résidents ou
travaillant sur
RI SOM : XX.€uros
Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros Hors zone : XX.€uros
Passeport - Emprunt
Emprunt de 10
documents pour 3
semaines + l’ensemble
des bibliothèques du
Pays Lecture
XX. €uros XX. €uros XX. €uros
Emprunt de 10
documents pour 3
semaines + l’ensemble
des bibliothèques du
Pays Lecture
+ utilisation d’un
poste inf ormatique
Vacanciers
Emprunt + Utilisation
d’un poste pour 3
semaines
XX. €uros XX. €uros XX. €uros
RI SOM - Emprunt
Emprunt de 10
documents pour 3
semaines
XX. €uros XX. €uros
Pour la gratuité : présentation d’un justif icatif (domicile ou employeur) + chèque de caution de XX.€ par carte.
RI SOM - I nternet
Utilisation d’un poste
inf ormatique pour la
bureautique ou
l’I nternet
RI SOM - GlobalCumul des usages
Emprunt + I nternet
Passeport - Global XX. €uros
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Annexe n° 2 Établissement du budget du RISOM
et répartition des charges entre les communes membres
En ce qui concerne l’établissement du budget et la répartition des charges
qui en découlent (fonctionnement et investissement) et nécessaires au bon fonctionnement du RISOM,
Il est rappelé que le montant des participations de chacune des communes membres se calcule selon une mode de répartition établi selon la nature des dépenses :
par affectation directe des dépenses individualisées par établissementou par attribution d’un pourcentage préétabli sur des dépenses
mutualisées, et en application des critères ci-dessous détaillés.
Tence Saint-Jeures le Mazet St-voy
nombre d'heures d'ouverture au public
heures 47 54.30% 22.30% 23.40%
nombre de personnel salarié
heures 103.5 70.00% 15.00% 15.00%
S.H.O.N.Surface Hors Œuvre (publique) Nette
m² 732 50.70% 24.20% 25.10%
matériel informatiquenombre de
postes13 64.60% 17.70% 17.70%
logiciel PMB
Site Internet SPIP
Hébergement
pourcentages attribués à chacune des communes
coût €urosannuel
critères unité total
1 435.20 50.00% 25.00% 25.00%
La nature des dépenses est leur répartition par commune membre du RISOMse décompose selon les tableaux n°1, n°2, n°3 ci-joint (non repris dans ce rapport).
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Le présent questionnaire vise :• à nous aider à préciser le niveau de maturité de notre projet de mutualisation des
bibliothèques-ludothèque ;• à souligner les points qui méritent notre vigilance.
L'échelle d'évaluation est comprise entre 1, le minimum, et 4, le maximum. Une non-réponse aura pour valeur 0. Les demi-valeurs sont acceptées si l'on estime être à mi-chemin entre deux situations (2,5 par exemple, si l'on s'estime à mi-chemin des situations notées 2 et 3).
A) LES PRÉALABLES = LA FAISABILITÉ DU PROJET
I. Les finalités (les orientations stratégiques) du projet de mutualisation : 1. Elles ne sont pas clairement définies (il s'agit par exemple d'une simple
opportunité, d'un « effet de mode » etc.)2. Elles sont formalisées mais sont d'ordre technique uniquement (mutualisation
partielle d'un secteur pour en simplifier la gestion = économies d'échelle)3. Elles font partie d'un projet de service d'ensemble des structures concernées4. La mutualisation fait partie d'un véritable projet structurant pour le territoire
Réponse :
II. Les objectifs précis (impacts ou effets recherchés à court et moyen terme) du projet de mutualisation : 1. Les objectifs ne sont pas énoncés2. Les objectifs sont énoncés mais restent flous3. Les objectifs sont formalisés4. Les objectifs sont clairement formalisés et portés par les directions et les élus
Réponse :
III. Le positionnement des élus vis-à-vis du projet de mutualisation : 1. La mutualisation des bibliothèques fait l'objet d'un débat entre les élus et une
majeure partie d'entre eux y est opposée2. Les élus sont assez partagés ou incertains sur le projet3. La plupart des élus sont favorables à la mutualisation4. Les élus sont moteurs et légitimes pour porter cette mutualisation, d'ailleurs
inscrite à l'agenda politique
Réponse :
IV. Le niveau de portage des directeurs(-trices) des bibliothèques-ludothèque concernées :1. Ils ne considèrent pas du tout la mutualisation comme un projet stratégique2. Ils sont divisés et une partie seulement porte le projet3. Ils portent ce projet de mutualisation4. Ils ont un rôle moteur primordial dans le projet de mutualisation
Réponse :
V. La position des personnels des bibliothèques-ludothèque concernées : 1. Elles sont tout à fait opposées à ce projet de mutualisation2. Sans y être radicalement opposées, elles sont inquiètes ou dubitatives3. Elles sont favorables à ce projet4. Elles sont très favorables et même demandeuses de cette mutualisation
Réponse :
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B) DIAGNOSTIC DE L'ORGANISATION ET QUESTION DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT = LES MODALITÉS D'APPLICATION
I. Cartographie des forces et faiblesses : 1. Aucun diagnostic n'a été fait avant la mutualisation2. Un diagnostic a été partiellement réalisé3. Un diagnostic a été réalisé mais seulement pour les éléments internes aux
bibliothèques-ludothèque concernées4. Un diagnostic de territoire a été réalisé de façon complète (bibliothèques,
territoire, publics, relations entre collectivités etc.)
Réponse :
II. Le niveau d'implication des secrétaires généraux ou directeurs de services des collectivités concernées :1. Les directeurs ne sont pas associés à la réflexion2. Ils sont associés à la réflexion mais avec un rôle mineur : arrêtés, etc.3. Ils sont pleinement associés à la réflexion4. Ils ont un véritable rôle moteur dans cette réflexion
Réponse :
III. La communication autour de ce projet de mutualisation : 1. Il n'y a pas de culture forte en matière de communication en direction des
différents interlocuteurs (collègues, partenaires, acteurs etc.)2. La communication est prévue ou souhaitée mais non organisée ou peu mise
en œuvre3. La communication est prévue et mise en œuvre – cependant dans l'optique
de fournir de l'information (information uniquement descendante)4. La communication est prévue et mise en œuvre pour permettre un réel
échange avec les différents interlocuteurs (information qui est donc aussi remontante)
Réponse :
IV. L'organisation de la démarche de mutualisation : 1. La démarche n'apparaît pas comme pensée globalement2. La démarche semble concerner pour l'instant uniquement un domaine précis
de la mutualisation sans visibilité pour savoir si elle sera par la suite étendue3. La démarche est bien pensée en étapes – mais sans plus de précision4. Les domaines à mutualiser ainsi que les étapes ont été clairement définies et
un calendrier a été arrêté
Réponse :
V. L'évaluation de cette démarche : 1. Il n'existe pas de culture de l'évaluation dans la structure, elle n'est donc pas
prévue2. Une évaluation est prévue mais elle n'est pas clairement définie3. Des critères ont été posés dès le démarrage du projet pour évaluer quelques
aspects de la mutualisation (offre, ou diffusion, ou fréquentation, ou finances...)
4. Des critères ont été posés dès le démarrage du projet pour évaluer tous les impacts de la mutualisation
Réponse :
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Illustration 34: Arbre des objectifs de la BDDS présenté par M. Yves Gassot
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Renseignements :
Renaud Aïoutz ([email protected])
directeur du Réseau Intercommunal & Solidaire des Médiathèques
de Tence, St-Jeures & Le Mazet-St-Voy
www.risom.fr
Blog professionnel : Footnotes*
www.footnotes.fr
Petite Université Libre & Populaire de Tence (Pulp) : www.lapulp.fr
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