multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

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INTRODUCTION Multimédia, interactivité, sociablilisation, cross-média, transmédia, autant de mots et de néologismes pour illustrer le fait que les technologies digitales modifient profondément le cadre des comportements et des contenus audiovisuels. La complexité de la nébuleuse « multi-écrans », vient pour beaucoup du fait que ce terme actuellement à la bouche de tous les technophiles en herbe, intègre plusieurs concepts, pour partie, différents les uns des autres. Alors, qu’est-ce véritablement que le multi-écrans ou plutôt les « multi-écrans » ? Tendance de fond ou effet de mode ? Marketisation de phénomènes existants ou innovations authentiques ? Futurs usages de masse, ou niches pour geeks ? Quels impacts, quels facteurs clefs de succès et quelles limites actuelles à leur développement ? n°4112011 Quelques éclaircissements Consommation sur plusieurs écrans Consommation simultanée de contenus différents Interactions multi-supports Cross-média SOMMAIRE .../... Innover « MULTI - ÉCRANS » : EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ? Business HIGHLIGHT

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Multimédia, interactivité, sociablilisation, cross-média, transmédia, autant de mots et de néologismes pour illustrer le fait que les technologies digitales modifient profondément le cadre des comportements et des contenus audiovisuels. La complexité de la nébuleuse « multi-écrans », vient pour beaucoup du fait que ce terme actuellement à la bouche de tous les technophiles en herbe, intègre plusieurs concepts, pour partie, différents les uns des autres. Alors, qu’est-ce véritablement que le multi-écrans ou plutôt les « multi-écrans » ? Tendance de fond ou effet de mode ? Marketisation de phénomènes existants ou innovations authentiques ? Futurs usages de masse, ou niches pour geeks ? Quels impacts, quels facteurs clefs de succès et quelles limites actuelles à leur développement ?

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Page 1: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

INTRODUCTION

Multimédia, interactivité, sociablilisation, cross-média, transmédia, autant de mots et de néologismes

pour illustrer le fait que les technologies digitales modifient profondément le cadre des comportements

et des contenus audiovisuels.

La complexité de la nébuleuse « multi-écrans », vient pour beaucoup du fait que ce terme

actuellement à la bouche de tous les technophiles en herbe, intègre plusieurs concepts, pour

partie, différents les uns des autres.

Alors, qu’est-ce véritablement que le multi-écrans ou plutôt les « multi-écrans » ?

Tendance de fond ou effet de mode ? Marketisation de phénomènes existants ou innovations

authentiques ? Futurs usages de masse, ou niches pour geeks ? Quels impacts, quels facteurs

clefs de succès et quelles limites actuelles à leur développement ?

n°4112011

• Quelques éclaircissements

• Consommation sur plusieurs écrans

• Consommation simultanée de contenus différents

• Interactions multi-supports

• Cross-média

SOMMAIRE

... /...

Innover

« MULTI-ÉCRANS » :EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

BusinessHIGHLIGHT

Page 2: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

On peut distinguer trois grands modes de consomma-

tion du même contenu sur plusieurs supports.

Laconsommationsur différents écrans

d’un contenu détenu en local

Ce 1er type de consommation consiste à consommer

sur un ou plusieurs supports B, C, D un contenu dont

l’utilisateur dispose sur un support A.

Le meilleur exemple de ce type de consommation en

local est, bien sûr, iTunes. A l’instar de Free et de son

Freeplayer, qui offre, par exemple, la possibilité de

regarder ses photos préférées de son PC sur sa TV,

les opérateurs Internet sont aussi à l’initiative de ce type

de consommations.

En mode « semi local », l’Apple Air Play, permet, lui,

de diffuser sans fil musique, photo et vidéo

entre tous les écrans de la maison (smart-

phone, tablette, ordinateur, TV, et même

enceintes autonomes compatibles).

Ce type de consommation est aujourd’hui facilité

par des technologies adéquates (disponibilité de la

connectique idoine, solution plug and play sur tous les

supports du foyer, wi-fi, zigbee…), par des parcours

client et des règles prévues à cet effet (compte client

unique et DRM pluri-devices d’iTunes…).

La consommation sur différents écrans

d’un contenu détenu dans le cloud

Afin de faciliter encore et libérer les consommations

multi-devices, certains éditeurs initient la commerciali-

sation de leurs contenus « dans le cloud ». Concept

désormais bien connu dans le domaine des infrastruc-

tures et des progiciels (SaaS, IBM, Salesforce…), il

touche cette année le grand-public ; et parions qu’en

2012, la commercialisation de services et de contenus

dans le cloud fera l’objet d’une bataille de titans : Apple

aiguise ses griffes avec iTunes match, Amazon propose

une consommation de ses contenus dans le cloud

LA CONSOMMATION DU MÊME CONTENU SUR PLUSIEURS ÉCRANS

EST DEVENUE UNE RÉALITÉ… MAIS PEUT ENCORE ÊTRE LIBÉRÉE

Microsoft définit le consommateur multi-écrans comme

un adulte qui possède et utilise une TV, un smartphone,

un ordinateur et qui se connecte à internet au moins

3 fois par semaine1.

Mais, au-delà du nombre d’équipements détenus et du

niveau de connexion à internet, le mot « multi-écrans »

désigne, en fait, plusieurs sous-concepts :

• D’abord, le fait pour un contenu audiovisuel d’être

disponible et lisible sur plusieurs supports.

• Mais aussi, le fait de pouvoir consommer en parallèle

plusieurs contenus sur plusieurs supports différents.

• Ensuite le fait pour plusieurs écrans d’être connectés

entre eux, de sorte que l’utilisateur puisse « jongler »

entre ces différents écrans.

• Enfin, le « cross-média », logique dans laquelle

un contenu principal sur un écran principal (par

exemple, une série TV sur un poste TV) est décliné

sur des supports secondaires via des contenus

secondaires (par exemple, un site internet sur les

personnages de la série).

QUELQUES ÉCLAIRCISSEMENTS

1. Microsoft Advertising – What’s on their screen, 2010

Page 3: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

notamment via son nouveau Kindle

Fire… Et même si les annonces se

font plus rares depuis fin 2010, le

consortium Ultra Violet organisé

autour d’une soixantaine d’équipe-

mentiers et d’ayants droit a annoncé

la mise en œuvre d’une solution

commune DRMisée, de consomma-

tions de contenus dans le cloud.

Au-delà des enjeux technologiques

et de bande passante, la mise à

disposition et la distribution dans le

cloud présentent encore bon nombre

d’interrogations :

• La consommation en mode déconnecté

> quels contenus disponibles ? Puis-je

me passer totalement de mes contenus

si je ne suis pas connecté ?

• Le cloud répond-il à une vraie attente

consommateur? En effet :

- Si la consommation de musique ou de

gaming correspond à une vraie logique

d’usage récurrent d’un même contenu,

quid de la vidéo ?

- Quand l’EST (Electronic Sellthrough) ou

vente définitive ne représente que 5% du

marché global de la VoD, en partie à cause

d’un prix très (trop ?) élevé, les clients seront-

ils prêts à payer pour une offre encore plus

ambitieuse, et donc aussi, potentiellement

plus chère ?

La consommation d’un contenu «poussé»

par un distributeur sur plusieurs écrans

Depuis maintenant 3 ans, les distributeurs concen-

trent beaucoup de leurs efforts pour multiplier le

nombre de supports sur lesquels consommer leurs

contenus : hier, la TV, le PC et le mobile, maintenant,

les applications mobiles, et demain, les TV connec-

tées, les applications sur PC… Dans ce sens, et

à l’instar de SKY au Royaume Uni, le groupe CANAL+

semble avoir fortement modifié la stratégie de

distribution de ses contenus : alors qu’il demandait

initialement à ses abonnés de louer un décodeur

CANAL, le groupe développe aujourd’hui une

stratégie de distribution de ses contenus « ATAWAD»

(anytime, anywhere, any device) ou encore «device

agnostic » ; il est désormais possible de profiter de

ses programmes CANAL, CANALSAT et CANAL-

PLAY depuis la TV (via le câble, l’ADSL, le Satellite…),

le PC via sa clef TNT et le web, le mobile…

Facteurs clefs de succès

Pour répondre aux attentes et aux nouveaux usages

des consommateurs, les éditeurs et distributeurs

amorcent une approche de distribution commerciale

de leurs contenus dite «multi-écrans», c’est-à-dire via

un prix unique permettant de consommer un contenu

sur plusieurs écrans.

Les éditeurs de presse ont compris cet enjeu en

proposant, pour la plupart, et notamment dans le cadre

de la sortie de l’iPad, des offres packagées «3 écrans».

L’une des offres dites «ultimes » souvent énoncées

concerne Netflix, le géant américain de la location de

VoD (et DVD) : accès illimité aux contenus, possible

depuis à peu près n’importe quel écran (plus de 200

écrans et/ou supports) et depuis plusieurs écrans en

même temps pour le même abonnement. Ce phéno-

mène semble aussi se développer dans l’univers du jeu:

avec la plate-forme Steam (tous types de jeux) puis de

Battlenet (les jeux de Blizzard, premier éditeur mondial

de jeux vidéo), les clients achètent désormais le droit

d’utiliser un jeu… sur tous les PC à leur disposition ;

chaque client peut télécharger le jeu sur autant

d’ordinateurs qu’il le souhaite et reprendre ses parties et

ses personnages depuis n’importe quel ordinateur.

Ce n’est plus le support qui détermine le droit à

consommer, c’est le porteur de l’abonnement.

Construire 3

N°4 • NOVEMBRE 2011

Page 4: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

4

« MULTI ÉCRANS » : EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

Limites et enjeux

Cette logique de distribution à travers un prix unique

multi-écrans reste, toutefois, encore marginale, et ce,

pour différentes raisons :

• La commercialisation d’options sur certains supports

particuliers dits «premium» ou de niches - Deezer sur

le mobile - fait partie intégrante de la stratégie de

développement de revenus d’un certain nombre

d’éditeurs / distributeurs. C’est d’ailleurs la stratégie

adoptée par beaucoup de pure players. Partis en

général d’un business model « gratuit » (en vue de

construire une audience et une base clients), ils

cherchent dans un second temps l’accroissement de

leurs revenus via la commercialisation d’une série

d’options payantes.

• Comme l’illustrent les communiqués de presse

actuels autour des conditions d’un éventuel rachat de

la Plate-forme Hulu par Google, l’acquisition de droits

fait l’objet d’âpres discussions entre ayants droit et

éditeurs. Le spectre de supports sur lequel le

distributeur a le droit de distribuer ses contenus est

souvent limité voire saucissonné, ce qui lui permet

difficilement, de facto, de commercialiser une offre

unique multi-supports.

• Enfin, la commercialisation d’une offre unique multi-

écrans nécessite la maîtrise de la relation client, ou

a minima l’identification de son client. Or, certains

éditeurs, notamment TV, ont du mal à déployer une

offre multi-supports incluant notamment l’accès au

contenu via leur appli sur Apple Store puisque, pour

maîtriser l’identification et la facturation client, il s’agit

de « bypasser » Apple via des process d’abonne-

ments déportés (web, web app) qui peuvent s’avérer

risqués (référencement / promotion sur l’app store...),

voire contre-productifs.

Au-delà de ces limites actuelles commerciales, nous

identifions trois enjeux centraux :

• Continuer à assurer des parcours client 100% fluides

et gérer les «nouveaux cas ». Ex : dans un environne-

ment cloud, et si l’utilisateur n’est pas connecté,

quelle offre de back-up et comment lui faire accéder

à ses contenus?

• Maîtriser des process back office qui se complexi-

fient : vérification de l’abonné / consommateur,

vérifications des droits d’accès sur le contenu

visionné…

• Déployer les outils et les KPIs permettant d’assurer

une connaissance clients 360° : quel segment client

consomme quoi sur quel support et à quel niveau

d’intensité ? …

Si la mise à disposition du même contenu sur plusieurs

écrans est devenue une réalité, ce type d’usages peut

encore se libérer. L’accroissement d’offres commer-

ciales réellement multi-écrans, l’accélération de deals

de droits, et l’exploitation d’une plate-forme réellement

robuste (en termes de gestion de contenus : sourcing

des données, multi-encodage, éventuelle adaptation

du formatage… comme en termes de gestion clients :

identification, facturation, authentification…) en sont les

facteurs clefs de succès principaux.

Page 5: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

5

N°4 • NOVEMBRE 2011

Conseiller

Configuration multi-écrans du public féminin américain pendant les J.-O. de 20082

LA CONSOMMATION SIMULTANÉE DE CONTENUS EXISTE BEL ET BIEN, MÊME SI LES CONTENUS N’ONT AUCUN RAPPORT LES UNS AVEC LES AUTRES

2. Harvard Business Review : How Internet Junkies Will Save Television 20113. Source : IPSOS Media CT Etude 2009

07:00 08:00 09:00 10:00 11:00

Explications - définition

La consommation en multi-écrans, qui consiste à

visionner plusieurs écrans « en même temps », com-

mence à émerger ; de fait, lors des Jeux Olympiques

de 2008, on a constaté que certains spectateurs

multi-écrans pouvaient consommer jusqu’à 12 heures

de médias en 9h de temps.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que les actualités et

le sport se prêtent plus au multi-écrans que le cinéma

et les séries : 64% des Français utilisent plusieurs

écrans pour regarder les actualités. De même, 52% des

Français regardent le sport sur plusieurs écrans.

On peut en effet l’expliquer par le fait que la consomma-

tion de films, de séries (dans lesquels il y a une intrigue)

sollicite une attention plus continue que le sport ou les

actualités. De la même manière, le format long des films

et séries, se consomme encore peu en mobilité (et donc

limite la consommation en multi-écrans).

Analyse

Toutefois, lorsqu’on parle de consommation parallèle

sur plusieurs écrans, cela n’implique pas nécessaire-

ment que le contenu des deux écrans soit identique,

ou même relié.

La multiplication des équipements au sein du foyer,

à commencer par le roi, le poste TV, associé à la

multiplication de contenus disponibles sur de plus en

plus de supports, sont autant de sollicitations pour

le consommateur. De plus la perméabilité des

mondes professionnel et personnel (je travaille à la

maison sur mon PC, tout en laissant ma TV en bruit

de fond) peut aussi être un facteur d’explication.

Risques et enjeux

Ce type de consommation que l’on pourrait dire auto-

destructive représente assurément un risque pour les

éditeurs, distributeurs et annonceurs: manque d’attention,

fragmentation du « nombre d’heures de cerveau

disponibles»… La qualité de l’éditorialisation de la chaîne

et des contenus promus, l’équilibre entre publicité et

contenu sont deux facteurs clefs de succès importants

pour éviter une croissance de ce comportement.

Mobilisation des 3 écrans dans la consommation hebdomadaire française 3

Actualités

Sport

Films

Séries

Jeux

TV seulement TV + PC Autres Mobiles(M / M + PC + M + TV)

PC seul TV + PC + Mobile

35%

43%

78%

84%

20% 47%

13%

22%

1%

5%

1% 45% 14% 5%

12% 3%

4% 2%

3%1%

4% 6%

37%

16%

Page 6: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

Définition

L’interaction TV date des années 80. On peut désor-

mais s’informer sur un contenu, voter en direct sur

une émission depuis la TV…

Demain on pourra jouer à « Qui veut gagner des

millions » ou «Question pour un champion» en même

temps que le candidat, voire jouer à des jeux avec

d’autres utilisateurs connectés (pendant la publicité ou

à la mi-temps d’un match, etc.), parier en ligne (comme

c’est déjà le cas au Royaume Uni avec Sky Bet), ache-

ter en ligne (produits dérivés des programmes, achat

immédiat du produit dont parle une publicité…), etc…

Ce type de fonctionnalités pourrait se démocratiser

avec l’avènement des TV connectées, notamment.

Mais, en termes de multi-écrans, le mouvement de fond

que l’on identifie est double :

• Le téléphone devient un vrai companion device,

jouant le rôle de télécommande centrale

• Certains pure players cherchent à capter l’audience

d’éditeurs de chaîne en proposant à ses consomma-

teurs des services additionnels réalisés sur d’autres

supports que celui sur lequel est consommé le

contenu. Exemple : commenter sur Facebook le

match que je regarde à la télévision.

C’est ce que nous appelons « interactions multi-

supports autour d’un même contenu ».

Explications du phénomène

En 2010, 78% des internautes français sont membres

d’au moins un réseau social4. Les actes sociaux

font donc désormais partie du quotidien des Français. Le

succès de services dits de «social TV» offrent en effet de

l’interactivité, de la « vie » à l’expérience TV avec des fonc-

tionnalités issues du web social : commenter, recom-

mander, voter, noter, rechercher, chatter, bookmarker,

suivre, aimer, partager, checker, reconnaître, etc…

6

« MULTI ÉCRANS » : EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

Une large panoplie de services de Social TV permettent désormais au téléspectateurde prendre la parole autour des programmes

Avant / Après consommation d’un programme TV

Pendant la consommation d’un programme TV

Broadcast Webcast / Déléinéarisé

Commenter

Voter

Noter

Commenter

Noter

Check-in

Reward

Découvrir

Identifier une vidéo

Check-in

Commenter

Chercher

Bookmarker

Visionner

Noter

Commenter

IntoNowTV Check

LES INTERACTIONS MULTI-SUPPORTS AUTOUR D’UN MÊME CONTENU COMMENCENT À SE DÉVELOPPER

MAIS SOULÈVENT DES QUESTIONS QUANT AU POSITIONNEMENT DE CHAQUE ACTEUR SUR LA CHAÎNE

4. IFOP : Observatoire des réseaux sociaux, 2010

Page 7: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

Accompagner 7

N°4 • NOVEMBRE 2011

En parallèle, la consommation de télévision

s’enrichit avec l’usage d’un deuxième écran

comme «companion device». Les smartphones

peuvent se synchroniser avec la TV de plusieurs

façons :

• Par des applications Shazam like, qui permet-

tent via le micro et la caméra du téléphone

d’identifier le contenu en cours sur la TV (TV

check chez Orange)

• Par des applications spécifiques aux

fournisseurs de TV qui permettent d’utiliser le

téléphone comme télécommande (sur la

Neufbox de SFR, sur une Google TV, une

Apple TV ou autres).

Pour les consommateurs, le companion device

apporte deux avantages :

• Une consommation plus riche et plus facile du

contenu : pilotage de la TV depuis le mobile,

fonctionnalités sociales, accès à des informa-

tions autour des programmes, etc.

• Un écran personnel : contrairement aux widgets

TV, ce qu’une personne fait sur son téléphone ne

dérange pas le visionnage des autres personnes

présentes.

Côté business, l’usage d’un companion device

apporte aux fournisseurs de services et opérateurs

une double opportunité :

• Une mine d’informations sur les spectateurs : ce

qu’ils regardent, comment ils se comportent, quels

sont leurs centres d’intérêt, les services qu’ils

utilisent, les publicités auxquelles ils sont sensibles,

etc. Ces informations permettent de pousser des

publicités plus ciblées et plus efficaces

• Un point de contact supplémentaire avec le client,

qui permet de pousser informations, publicités,

ventes, etc.

Limites et enjeux

Les différents acteurs de l’écosystème du multi-écrans

ont des intérêts contradictoires.

Pour les pure players (Facebook, Google, Amazon,

etc.), il s’agit de s’immiscer dans les contenus TV

pour encore plus de visibilité, encore plus de services

proposés, encore plus de clients, encore plus

d’espace publicitaire.

On peut s’attendre à ce que les chaînes cherchent

à limiter, ou du moins, à maîtriser le développement

de fonctions impliquant des pure players au cœur des

contenus. Tout contenu additionnel sur un programme

empiète sur le programme, distrait le spectateur,

fragilise l’exposition à la publicité.

Les fournisseurs d’accès à Internet pourraient

occuper une position intermédiaire et pourraient

donc être tentés de jouer sur les deux fronts. Les

nouveaux services pourraient, en effet, leur apporter

des revenus supplémentaires par le biais de la vente

d’espaces publicitaires, et même de commissions

sur les transactions.

L’avenir de l’interaction inter-supports est aujourd’hui

un vaste océan, riche en possibilités, mais sur lequel

on navigue à vue, pris entre plusieurs vents, parfois,

contraires. Les usages vont clairement vers une

intégration des réseaux sociaux dans les contenus TV

et vers une connexion entre les écrans. Il est difficile

de prédire toutefois vers quels business models

s’orienteront ces applications. Difficile aussi de savoir

si ces applications seront l’occasion pour des start up

innovantes de se distinguer ou si elles renforceront

seulement les positions des géants de l’Internet et

de la télévision.

Page 8: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

8

« MULTI ÉCRANS » : EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

Définition

Le cross-média englobe l’idée d’offrir sur la base

d’une œuvre principale sur un support principal,

des contenus secondaires, sur d’autres supports. Il

peut prendre plusieurs formes :

• Des ARG, Alternate Reality Game, jeux de rôle

grandeur nature articulés autour de fictions

• Des dispositifs évoluant sur la durée en même temps

que le contenu principal : comptes Twitter, blogs, sites

web, pages Facebook

• De l’interaction avec les spectateurs

• etc.

Lancé par Orange en collaboration avec Happy Fannie,

Faits Divers Paranormaux est l’une des premières

fictions cross-média en France. Si la trame de fond est

on ne peut plus classique (l’histoire suit le quotidien

d’un couple enquêtant sur des phénomènes

paranormaux), la narration, elle, est plus originale : elle

se déroule sur télévision, web, mobile et dans la réalité.

La TV fournit classiquement 26 épisodes. Le web

fournit vidéo-blogs, page Facebook, compte Twitter et

espace communautaire où les spectateurs peuvent

enrichir le contenu, devenant ainsi « spect-acteurs ». Le

mobile est utilisé par l’internaute lorsqu’il participe

au défi « chasser le paranormal autour de vous » : le

« spect-acteur » prend des photos insolites et les

géolocalise sur une carte en ligne sur le site de la

communauté. Enfin, le dispositif prévoit également un

ARG sous forme de jeu de piste avec un personnage à

retrouver. Le spectateur se retrouve plongé dans une

trame bien plus prenante qu’un simple épisode de série

à regarder à la TV.

Analyse

Pour originales et efficaces qu’elles puissent être, ces

opérations ne sont pas fondamentalement nouvelles.

En fin de compte, le blog de Barney Stinson (person-

nage emblématique de la série How I Met Your Mother)

n’a-t-il pas le même statut de produit dérivé qu’une

figurine de Luke Skywalker ? : un produit dérivé

sur média, un produit dérivé parfois évolutif, mais un

produit dérivé, c'est-à-dire ajouté a posteriori au

contenu de départ.

Ces opérations ont un double objectif pour l’ensemble

des acteurs de la chaîne média :

• Immerger le plus possible dans le contenu (teasers,

communauté, bonus)

• Fidéliser le public pendant les périodes d’interruption

du contenu

Facteurs clefs de succès

Les usages de multi-écrans dispersent l’attention du

spectateur lorsqu’il regarde un contenu. Le gros enjeu

des dispositifs cross-média est de regagner l’attention

du spectateur.

• Les créateurs de contenus proposent donc du

contenu décliné sur plusieurs écrans : le spectateur

peut ainsi naviguer sur plusieurs écrans et utiliser ses

réseaux sociaux sans jamais sortir de l’univers du

contenu qu’il regarde

• Les distributeurs de contenus tâchent d’enrichir

les contenus proposés en proposant des contenus,

services, points de rencontres, et publicités supplé-

mentaires

Pour que les contenus cross-média prennent un

vrai essor, l’un des enjeux principaux sera d’en

industrialiser les procédés.

LE CROSS-MÉDIA EST UNE NOUVELLE SOURCE D’ENRICHISSEMENT DE L’EXPÉRIENCE CONTENUS

Page 9: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

9

N°4 • NOVEMBRE 2011

Innover

Si des projets comme Faits Divers Paranormaux,

Detective Avenue ou Pandemic 1.0 sont d’authen-

tiques aventures cross-média, on ne peut pas en

déduire pour autant que le cross-média soit l’avenir

de la science-fiction ni du fantastique ; pour reprendre

le cas de Faits Divers Paranormaux, Orange préfère

d’ailleurs parler de « dispositif » ou d’« expérience »

plutôt que de fiction pour souligner le fait qu’il s’agit

là d’une nouvelle forme de narration. Cela souligne

aussi qu’à date, ces projets cross-média sont des

« individus » atypiques et presque uniques dans la

grande famille des contenus.

Dans la lignée de ces expériences, certains

créateurs se lancent même dans le transmédia5,

démarche qui consiste à créer un contenu conçu sur

plusieurs écrans a priori. Les contenus sont spéci-

fiques à chaque écran et complémentaires entre eux.

Pour avoir une expérience complète et cohérente

du contenu, il faut donc jongler entre les écrans. Ce

genre de projet est au stade expérimental et devra

faire face à des problèmes de production, de

financement et d’accueil par le public.

5. Sur la distinction entre transmédia et crossmédia, voir les travaux des universitaires Eric Viennot (Paris I - http://ericviennot.blogs.liberation.fr/ericviennot/) et Henry Jenkins (University of Southern California - http://www.henryjenkins.org/)

Page 10: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

Le multi-écrans est un méga-concept qui, finalement, englobe bon nombre d’enjeux actuels et futurs autour de la

consommation et de la distribution multimédia. C’est pour cette raison qu’il doit être une préoccupation centrale

pour les producteurs, éditeurs, distributeurs et pure players.

Toutefois, pour réussir à exploiter tout le potentiel du multi-écrans, chacun des acteurs cités doit maîtriser la richesse

et l’éclectisme des services, usages, ainsi que les implications (technologiques, commerciales) associées. Le

multi-écrans est, somme toute, protéiforme ; il ne doit pas être appréhendé comme un individu mais comme

une grande famille. Et, toutes les familles sont composées d’êtres très différents, voire dissemblables :

• Les adultes, matures avec leurs défauts et limites : la distribution d’un même contenu sur plusieurs écrans

en est une bonne illustration

• Les enfants avec leur potentiel, et les interrogations sans encore de réponse : quel développement futur des

interactions multi-supports autour d’un même contenu ?

• Les bébés avec les rêves qu’ils représentent ; quel avenir pour le transmédia ?

10

« MULTI ÉCRANS » : EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

CONCLUSION

Page 11: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

Créé en 2000 et avec 750 consultants en France, Beijaflore est le premier cabinet de conseil indépendantfrançais. Sa filiale Beijaflore Marketing & Innovation adresse les problématiques marketing, relation client,digitales et d’innovation, tous secteurs et est organisé en pôles de compétence.

Le pôle de compétence Marketing Digital, structuré autour de plus de 40 consultants, anime et instruit lesproblématiques digitales de ses clients à travers 3 offres :• Nouvelles propositions de valeurs digitales qui a pour objectif d’aider nos clients à définir leurs offres,

produits et services digitaux• Monétisation en ligne / e-business dont l’objectif est d’aider à mieux et plus vendre, selon le ou les

modèles économiques du client (publicité, e-commerce...)• e-marketing et réseaux sociaux qui aide nos clients à mieux communiquer et recruter en ligne,

notamment en exploitant le potentiel des réseaux sociaux.

Page 12: Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ?

BeijafloreParis - Siège social

Pavillon Bourdan11-13 avenue du Recteur Poincaré75016 Paris

[email protected]

CONTACTS

« MULTI-ÉCRANS »EFFET DE MODE OU TENDANCE DE FOND ?

Des

ign

et Im

pres

sion

: So

lutio

n

Auteurs de l’étudeFrédéric Levy, Fabien Elharrar et Laurent Comet

Frederic est Senior Manager au sein de Beijaflore Marketing & Innovation et Responsable de l’Offre Nouvelles propositions de valeur digitales.