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Page 1: méthode d’invention poétique. (Etude critique - unine.ch · PDF file(pour les Grimm,) Spontanée, nécessaire, parfaite, l’épopée est, en dernière analyse, révélée. (Les

LA  VIE    ET  L’ŒUVRE  DE  JOSEPH  BEDIER    1864,  28  janvier:   Naissance  à  Paris  de  Charles  Marie  Joseph  Bédier.  1868:     Mort  de  son  père.  Retourne  avec  sa  mère  à  la  Réunion  1889-­‐1891:   Professeur  de  littérature  française  à  l’Université  de  Fribourg.  1890:     Première  édition  du  Lai  de  l’Ombre.  1891,  22  octobre:   Epouse  Eugénie  Bizarelli,  qui  lui  donnera  3  enfants.  1891-­‐1893:   Maître  de  conférences  à  l’Université  de  Caen.  1893,  27  mai:   Soutient  ses  thèses,  aussitôt  publiées:  Les  Fabliaux  et  De  Nicolao  Museto.       Maître  de  conférences  à  l’École  normale  supérieure.  1900:     Le  Roman  de  Tristan  et  Iseut  1902:     Premier  tome  de  l’édition  du  Tristan  de  Thomas.  1903:     Succède  à  Gaston  Paris  au  Collège  de  France.       Études  critiques.  1905:     Second  tome  de  l’édition  du  Tristan  de  Thomas.  1907:     Edition  des  Folies  Tristan.  1908-­‐1913:   Les  Légendes  épiques  (4  tomes).       Deuxième  édition  du  Lai  de  l’Ombre.  1921:     Elu  à  l’Académie  française  au  fauteuil  d’Edmond  Rostand.  1922:     Edition  de  la  Chanson  de  Roland.  1923-­‐1924:   Publication,   avec   Paul   Hazard,   de   l’Histoire   de   littérature   française  

illustrée.  1928:     La  Tradition  manuscrite  du  Lai  de  l’Ombre.  1936  :   retraite  1938,  29  août:   Mort  au  Grand-­‐Serre  (Drôme).  

Quelques citations peut-être n’est-ce pas la forme la plus accomplie qui naît la première, mais tout au rebours, selon les lois de l’évolution, c’est peut-être la forme la plus grossière, la moins déterminée. (Les Fabliaux) Je crois, par contre, que l’immense majorité des contes merveilleux, des fabliaux, des fables (tous ceux pour qui les théories générales sont bâties) — sont nés en des lieux divers, en des temps divers, à jamais indéterminables. (id.) Un conte est un organisme vivant et, comme tel, est soumis pour vivre à de certaines conditions. [...] mutilé [il] pourra languir; il sera réduit à son minimum de vie, mais il vivra. Touchez au contraire à un de ses organes essentiels et à un seul, le voilà mort. (id.) Si un conteur n’a emprunté à ses modèles que cette donnée: «un homme raisonnable et prudent s’est laissé chevaucher par une femme» et s’il en a su tirer le charmant lai d’Aristote, je dis que le lai d’Aristote n’existait pas jusqu’à lui et qu’il en est le véritable inventeur. (id.) Nous sommes là en présence d’une véritable méthode d’invention poétique. (Etude critique sur Chateaubriand)

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(pour les Grimm,) Spontanée, nécessaire, parfaite, l’épopée est, en dernière analyse, révélée. (Les Légendes épiques) Ce qu’il faudrait pouvoir reconstituer, par-delà les remaniements, ce ne sont pas des romans parfaitement académiques; ce sont des romans désordonnés, que les remanieurs et les assembleurs ont fini par réduire aux formes à peu près cohérentes, à peu près régulières que nous possédons. (id.) Laïcs et clercs ont travaillé à les constituer, chevaliers, marchands, bourgeois, poètes de métier, gens du peuple et gens d’église, dans l’église, autour de l’église, sans qu’il soit à l’ordinaire possible de discerner l’apport de chacun. (id.) Avant que le poète de la Chanson de Roland eût écrit, déjà l’on parlait sur cette route de Charlemagne comme d’un héros et de Roland comme d’un martyr. Comment le comprendre? Au commencement était la route. En tout pays, dans tous les temps, les hommes ont peuplé de légendes les routes vénérables. Ce chemin qui va devant eux vers la terre qu’ils désirent, qui donc, prévoyant leur désir, l’a jadis tracé pour eux, un dieu ou un héros, Hermès ou Héraclès? Et toujours les voyageurs savent la réponse. (id.) Ce qui en fait la beauté, comme de l’Iphigénie de Racine, c’en est l’unité, et l’unité est dans le poète, en cette chose indivisible, que jamais on ne revoit deux fois, l’âme d’un individu. (id.) Si Turold n’est que le «dernier rédacteur», ou bien il n’a fait que récrire un poème semblable au sien, et alors à quoi bon supposer ce plus ancien poème, double inutile du sien? ou bien il a renouvelé un poème différent du sien, mais si différent que nous ne saurions d’aucune façon nous le représenter. (id.) La Chanson de Roland aurait pu ne pas être; elle est parce qu’un homme fut. Elle est le don gratuit et magnifique que nous a fait cet homme, non pas une légion d’hommes. (id.) Un arbre bifide n’a rien d’étrange, mais un bosquet d’arbres bifides, un bois, une forêt? (La Tradition manuscrite du Lai de l’Ombre) «Une telle méthode d’édition, a écrit dom Quentin, risque d’être bien dommageable à la critique textuelle». Peut-être; mais c’est, de toutes les méthodes connues, celle qui risque le moins d’être dommageable aux textes. (id.)