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MOYEN AGE GÉNÉRALITÉS M. SAPIN retrace l'évolution de la sculpture gothique en Auxois aux xm e et xiv e siècles à partir des éléments sculptés conservés au dépôt lapidaire de l'abbaye de Flavigny et des dessins inédits de la Bibliothèque Nationale (séance du 16 février 1976). M. QUARRÉ précise les origines de Claus de Werve 1 (séance du 16 juin 1976). BAUBIGNY M. PESEZ a poursuivi les fouilles du village de Dracy 2 . BEAUNE PEINTURES DE LA CHAPELLE SAINT-LÉGER ET TAPISSERIES DE LA VIE DE LA VLERGE La récente restauration des peintures de la chapelle Saint-Léger à la Collégiale de Beaune, qui avaient été découvertes sous un badi- geon au début du siècle, donne à M. QUARRÉ l'occasion d'évoquer un problème soulevé cette année même par deux historiens de l'Art. Les couleurs ont été ravivées par le nettoyage, aussi bien sur le mur ouest pour la Résurrection de Lazare que sur le mur est, où est conservé un fragment d'une Lapidation de Saint-Étienne et pour Sainte-Marthe et Sainte-Madeleine de part et d'autre des fenêtres ; il en est de même pour le décor floral, les armoiries et la devise du Cardinal Rolin, Deum time, courant sur les moulures des arcs. Un lien semble exister entre les peintures murales et les tapisseries de la Vierge qui constituent l'un des plus beaux ensembles de ten- tures du xv e siècle. En effet, dans le marché passé pour la suite de la Vie de la Vierge le 13 septembre 1474 entre le Chapitre de la Collé- giale et Pierre Spicre, peintre demeurant à Dijon, il était spécifié que pour le portrait du Cardinal Rolin, le peintre devrait prendre modèle sur celui qui se trouvait à la Chapelle Saint-Léger. A propos de la figuration du Cardinal sur la peinture murale de Saint-Léger, deux mots restaient illisibles sur le contrat : on avait cru lire « ledit maître (Pierre Spicre) feu... emprès lui ». M. Claudon .1. Voir ci-après Mémoires, p. 345. 2. Voir ci-dessus, p. 30.

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Page 1: MOYEN AGE - Bibliothèque municipale de Dijon - Accueil CACO/1832-2001/1976-19… · peinture, la comparaison peut être faite avec le panneau de Champ-mol de la Crucifixion au martyre

MOYEN AGE

GÉNÉRALITÉS

M. SAPIN retrace l'évolution de la sculpture gothique en Auxoisaux x m e et xive siècles à partir des éléments sculptés conservésau dépôt lapidaire de l'abbaye de Flavigny et des dessins inéditsde la Bibliothèque Nationale (séance du 16 février 1976).

M. QUARRÉ précise les origines de Claus de Werve 1 (séance du16 juin 1976).

BAUBIGNY

M. PESEZ a poursuivi les fouilles du village de Dracy 2.

BEAUNE

PEINTURES DE LA CHAPELLE SAINT-LÉGER ET TAPISSERIESDE LA VIE DE LA VLERGE

La récente restauration des peintures de la chapelle Saint-Légerà la Collégiale de Beaune, qui avaient été découvertes sous un badi-geon au début du siècle, donne à M. QUARRÉ l'occasion d'évoquerun problème soulevé cette année même par deux historiens de l'Art.

Les couleurs ont été ravivées par le nettoyage, aussi bien sur lemur ouest pour la Résurrection de Lazare que sur le mur est, où estconservé un fragment d'une Lapidation de Saint-Étienne et pourSainte-Marthe et Sainte-Madeleine de part et d'autre des fenêtres ;il en est de même pour le décor floral, les armoiries et la devise duCardinal Rolin, Deum time, courant sur les moulures des arcs.

Un lien semble exister entre les peintures murales et les tapisseriesde la Vierge qui constituent l'un des plus beaux ensembles de ten-tures du xv e siècle. En effet, dans le marché passé pour la suite dela Vie de la Vierge le 13 septembre 1474 entre le Chapitre de la Collé-giale et Pierre Spicre, peintre demeurant à Dijon, il était spécifiéque pour le portrait du Cardinal Rolin, le peintre devrait prendremodèle sur celui qui se trouvait à la Chapelle Saint-Léger.

A propos de la figuration du Cardinal sur la peinture murale deSaint-Léger, deux mots restaient illisibles sur le contrat : on avaitcru lire « ledit maître (Pierre Spicre) feu... emprès lui ». M. Claudon

.1 . Voir ci-après Mémoires, p. 345.2. Voir ci-dessus, p. 30.

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MOYEN AGE 85

a pu déchiffrer ce texte et proposer la lecture « son chienot emprèslui 1 » ; c'est ainsi qu'il est représenté sur le tableau de la Nativitédu Maître de Moulins au Musée Rolin d'Autun.

Deux objections ont été récemment émises à propos du texte..M. Charles Sterling 2 constate que dans le contrat il n'est pas questiond'une peinture, mais d'un tableau représentant le Cardinal Rolin.Y aurait-il eu dans cette chapelle un véritable panneau peint, commele pense M. Sterling ? En ce cas rien n'indiquerait que les peinturesmurales, en particulier la Résurrection de Lazare, avaient été exé-cutées par Pierre Spicre.

D'autre part M. Erlande-Brandenburg3 pense que les patronsdont il est question dans la commande consisteraient en toiles peintes,qui auraient disparu, et non en cartons destinés à l'exécution detapisseries. Les comparaisons entre les peintures de la chapelleSaint-Léger et les tentures où est représenté le doyen Hugues Le Coq.qui portent la date de 1500, lui font catégoriquement rejeter toutrapport entre ces tapisseries et les scènes de la Vie de la Viergecommandés à Spicre en 1477.

En ce qui concerne la première objection, il est à signaler que l'ona pu découvrir à l'angle sud-est de la chapelle le pan terminal d'unechape rouge accompagnée de la queue d'un petit chien. Y aurait-ileu deux peintures représentant le Cardinal dans la même chapelle :ce n'est pas évident. M. Claudon admettait que le terme de tableaun'impliquait pas nécessairement qu'il s'agissait d'une peinture surpanneau 4.

Pour ce qui est de la différence de style, il est bien certain que l'onne trouve pas sur les tapisseries des personnages aussi volumineux,aux étoffes aussi raides, qui nous sont montrés parmi les spectateursde la Résurrection de Lazare ; mais les scènes de la Vie de la Viergene comportent pas de personnages de ce genre : c'est sans doutepourquoi il y manque « le sens du monumental, le goût pour le pitto-resque, la fermeté de dessin des visages », que l'on remarque sur lapeinture murale.

D'après M. Erlande-Brandenburg les vêtements seraient traitéscomme ils l'étaient dans la sculpture brabançonne, avec de grandscreux de plis en zigzag. Il semble inutile de faire intervenir la sculp-ture du Brabant, puisque l'on trouvait ces jeux de plis en Bourgognesur une œuvre datée de 1454, le Saint-Sépulcre de Tonnerre. Enpeinture, la comparaison peut être faite avec le panneau de Champ-mol de la Crucifixion au martyre de Saint-Georges, œuvre archaïque

1. Deux artistes bourguignons du XVe siècle : Pierre Spicre et Jean Bonne-lance, dans Mém. de la Comm. des Antiq. de la Côte-d'Or, t. XX, 1933, pp. 25-27.

2. Conférence au Musée des Beaux-Arts de Dijon, février 1976, à paraîtredans les Annales de Bourgogne.

3. La tenture de la Vie de la Vierge à Notre-Dame de Beaune, dans BulletinMonumental, 1976, p. 37-48.

4. CLAUDON (F.), op. cit., p. 26.

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86 INVENTAIRE

conservant le fond d'or, à l'image de la Crucifixion au martyre deSaint-Denis. La robe de la Vierge est parcourue de courants quicreusent des replis profonds aux contours anguleux. Or, ce retable,qui pourrait être attribué à Guillaume Spicre, peintre-verrier duDuc, présente le même type de têtes (ou de trognes) que sur laRésurrection de Lazare ; ces multiples cassures et ces creux excessifsdans la draperie peuvent venir de contacts avec la peinture de ConradWitz.

Il n'est pas étonnant que le style de la draperie portant la datede 1500 ne soit pas exactement conforme à celui des patrons datantde 1474. Il est évident que les encadrements d'architecture sontd'un style des environs de 1500 et que le parterre aux mille fleursne se trouvait pas sur les cartons ; le tapissier a pu d'ailleurs ne passuivre exactement les données des cartons, mais les interpréter. Ilfallut les libéralités du Chanoine Hugues Le Coq pour que la tapis-serie pût être achevée en 1500.

Il est naturel que Pierre Spicre ait prévu d'inclure dans cette suitede scènes de la Vie de la Vierge le cardinal Rolin qui faisait pendantau doyen de la Collégiale à la chapelle Saint-Léger. Mais le cardinalétant mort, on remplaça son effigie par un second portrait d'HuguesLe Coq, tout en conservant la figuration de Saint-Jean-Baptiste,patron du cardinal Rolin.

Il serait bien étonnant que pour les tapisseries l'on n'ait pas tiréparti des patrons qui étaient l'œuvre de l'un des meilleurs peintresen Bourgogne autour de 1470. N'oublions pas qu'à l'Hôtel-Dieu deBeaune, se trouvait le Jugement Dernier, l'une des plus fameusespeintures du temps, qui avait été commandée à Roger de la Pasturepour la grand'chambre des Pauvres. Le cardinal Jean Rolin se devaitd'imiter son père pour le décor de sa chapelle à la Collégiale Notre-Dame en faisant appel à Pierre Spicre le meilleur peintre qui tra-vaillait alors en Bourgogne, et prit part en 1470 à la réception dutombeau de Jean sans Peur que venait d'achever Antoine le Moiturier(séance du 15 décembre 1976).

BOUHEY

Mme DUMAS a identifié les pièces de petite monnaie rassemblées

dans un trésor enfoui entre 1457 et 1462 1.

BUSSIÈRE-SUR-OUCHE (LA)

M. COLOMBET retrace l'histoire des domaines ruraux de l'abbayede La Bussière 2 (séances des 20 octobre 1976 et 20 avril 1977).

1. DUMAS (F.), Trésor de monnaies blanches et noires du XV" siècle découvertà Bouhey, dans Revue Archéologique de l'Est, t. XXVIII, p. 159-161.

2. Voir ci-après, Mémoires, p. 279.