mourret. histoire générale de l'Église. 1921. volume 3

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    Digitized by the Internet Archivein 2011 with funding from

    University of Toronto

    http://www.archive.org/details/histoiregnr03mour

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    HISTOIRE GNRALE DE L'GLISE

    L'GLISE ET LE MONDEBARBARE

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    OUVRAGE DU MME AUTEUR

    A LA LIBRAIRIE BLOUD & GAY :HISTOIRE GENERALE DE L'EGLISE

    9 volumes in-8' raisin

    Prix de chaque volume : broeh, xs fr.

    Tome I. Les Origines chttiennes.Tome II. Les Pres de l'Eglise.Tome IIL L'Eglise et le monde barbare.Tome IV. La Chrtient.Tome V. La Renaissance et la Rforme.Tome VI. L'Ancien Rgime,Tome VIL L'Eglise et la Rvolution.Tome VIII. L'Eglise contemporaine, premire partie (1823-1878).

    Tome IX. L'Eglise contemporaine, deuxime partie (1878-1903).

    Leons sur l'art de prcher, un vol. in-8 carr 8

    Le mouvement catholique en France, de 1830 1850,un vol. in-12

    Le Concile du Vatican, d'aprs des documents ln6dits,un vol. in-12 6

    Les directions politiques, intellectuelles et sociales de Lon XIII,un vol. in-12 7

    POUR PARAITRE PROCHAINEMENT

    Avec la rcllcboration de M. l'abb AIGRAIN

    Table analytique de l'Histoire gnrale de I Eglise, un vol. in-S" raisin.

    Gographie gnrale, ancienne et moderne, de l'Eglise, un volumeia-8' raisin.

    Documents pour servir l'histoire de PEgUse, trois vol. in-8* raisin.

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    HISTOIRE GNRALE DE L'GLISEPAS

    FERNAND MOURRETPtOnSIKCR d'iIBTOIU ad SiMUIAIBI Dl SAUIT-SCLPICB

    L'GLISEET LB

    MONDEBARBARE

    NoiumU* dition revtte et corrige

    PARIS

    LlBRiniE BLOUD ET GAY3, nUE GARANGlnB, 3

    192i

    fUit>ivB l iraUiuMloa interdit**.

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    ocT 1 la-

    15035

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    INTRODUCTION

    La priode historique qm s'tend de la chute de l'Empire,romain d'Occident, eu 476, la prise de Constantinople par

    les Turcs, en 1433, a reu le nom de Moyen Age. On a ainsivoulu dsigner la transition entre l'ge antique et l'ge mn- Q^.ggj.^derne. le Moyeu A^je?

    Cette importante priode de l'iiistoire a t successivement

    l'objet d'un ddain, d'un dnigrement et d'un engouementexcessifs.

    Les purs lettrs de la Renaissance ne virent d'abord, danscette phase de dix sicles o l'on parlait si mal le latin, qu'une ,

    .. . , .L'ide ^

    poque d ignorance et de grossiret. C'tait pour eux comme Moyeu Acune longue nmt de mille ans entre deux poques de lumire : manistM.l'poque de l'antiquit paenne, dont ils ne considraient que la

    littrature son ge 4 or, et celle de la Renaissance de l'anti-quit, qu'ils saluaient de leurs esprances enthousiastes '.

    Le xvui* sicle passa du ddain la haine. Pour les philoso-phes de l'Encyclopdie, le Moyen Age commence iincen-die de la bibliothque d'Alexandrie, qui dtruit le patrimoine ciopdisiji

    intellectuel de l'humanit et se clt aux bchers de 1 Inquisi-

    1. Le nom de Moyen Age parat avoir t emprunt par 1 histoire h !aphiIolo;ie

    de3 humaaistea. La priode qui s'tend du v* au xvi sicle e-t, eneffet, celle dout du Cau^e tudie la langue dans son Glosxarium iiiini.fi etinfimoe latniitatU. La premire bisloir; u Moyen Age est celle de l'allemandChristophe Kellcr (.Gollariusj Ilstiria medii vi, laa, 1 88 E nployr eapassant par Vol'uire. rexpie3'ion n'est devenue courante qu'au dbut daXIX" iclo Les romantiques la luiiv.ul la mode Les prOr,i'i"-ine>i olficifl^ dala Restauration la consacrretit ec l'Acadiuie l'admit dans ta sixime ditioQde son li tionaaire, ea li3j ((il. G. KoaiB- Qu'est-ce que le Moyen Ags,Paria, Bloud).

    Uit gn. de l'EglIsa. i

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    2 INTUODUCTION

    tion. qui brl'^nt ceux qui travaillent reconstituer ce patri-

    moine. A leurs yeux, le Moyen Age, c'est la priode mauditede la tyrannie ecclsiastique, de l'ignorai-ice et de la purebarbarie.

    Les tudes d'bstoire nationale que le patriotisme allemand

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    INTRODUCTION J

    me que celle des Humanistes, plus juste que coll > Vs 'n-cvclopJistes et plus profonde ([ue celle des Ronianliques,

    con(,oit, de nos jours, la priode qui s'est coule ilcpuis leV* sii'cle jusqu'au xiv*, comme une poque d'activit intellec-tuclie et politique des plus intenses, qui. sous la direction de

    l'Eglise romaine, a eu pour rsultats la formation de l'Europe

    moderne et sa pntration profonde par l'esprit catholique.

    Le dchilTrement d'un grand nombre de chartes anciennes, Activit lutc*;ia publication d'une multitude de monographies, nous ont per-

    mis d'abord de reconstituer ce prodigieux dveloppementd'activit intellectuelle qui remplit le Moyen Age, On connatmieux qu'autrefois ces coles monastiques, piscopales et pa-latine, que cra l'activit de Charlemagne. On est plus docu-ment sur ces controverses du ix sicle, o s'illustrrent unScot Erigne et un Ilincmar de Reims, sur l'uvre immensed'un Pierre Lombard, sur ce foyer de science, de mysticisme

    et de posie que fut le monastre de Saint- Victor. On a fuitrevivre cette grande Universit de Paris qui, au xm sicle,groupa tant de jeunes tudiants, runis en corps de nations.

    On ne nie plus l'existence d'un mouvement intellectuel qui vade Charlemagne Ptrarque, et l'on n'hsite plus le ratta-

    cher la brillante Renaissance du xvi sicle.

    L'incomparable activit politique et sociale de cette poque Activit poli-a t pareillement mise en vidence par les travaux du der-

    gocUO.nier sicle.

    Tant de lois barbares, o l'Eglise s'effora de faire entrer

    l'esprit chrtien, tant d'assembles nationales et de conciles ola vie parlementaire s'baucha, tant de ngociations politiques

    entre jirises par les Papes pour assurer la bonne harmonie despeuples chrtiens et pour les prmunir contre les infidles, tantd'nergie dpense garantir les liberts communales et lesfranchises corporatives, tant d'elorts persvrants employs maintenir cette distinction du spirituel et du temporel quel'ajitiquit paenne n'avait pas connue, ne nous autorisent-ils

    pas considrer le Moyen Age comme la fconde prioc'd'incubation des temps modernes?

    QX7 7

    .y\S

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    4 KS'TRODUCTIOR

    Le Moyen Age, dit M. E. Lavisse, a bauch les nationsqui se sont acheves au cours de notre sicle. Le Moyen Ageet

    notresicle

    sontles

    deuxpoques les plus importantes

    dans l'histoire de l'Europe, j'entends l'histoire politique pro-

    prement dite '.

    L'histoire de l'Europe, dit le mme historien, aurait ttoute diffrente, nos anctres auraient trouv d'autres concep-

    tions politiques, comme d'autres sentiments et d'autres pas-sions, si l'Eglise et la Papaut ne leur avaient propos unidal qui les a domins... Supprimez la Papaut : du mmecoup disparaissent la communaut de la civilisation ecclsias-tique et chrtienne o les peuples sont demeurs longtemps

    confondus... L'histoire du monde ancien est oublie : Charle-magne n'est point le successeur des Csars, Otton ne fonde pasle Saint-Empire. La querelle du spirituel et du temporel, quifut la grande guerre civile du Moyen Age, n'a pas de raisond'tre nn; plus que l'accord du monde chrtien contre l'Infi-

    dle : l'pe du chevalier n'est pas bnite par le prtre et l'his-toire ne racontera pas le pome des croisades *.

    Pendant cette priode de dix sicles, l'Eglise chercha sur-Influence p'-- tout kpntrer le monde barbare de son esprit. Fiffurez-vous,

    pondrante ... i ode l'Eglise dit ce sujet un de nos critiques les plus dlicats, figurez-

    vous ce que serait notre littrature moderne, notre pensemoderne, si l'on en retranchait l'histoire de ces conciles, de

    ces ordres religieux et de ces Papes qui, pendant mille ans,ont gouvern par des bulles ce monde, que les vieux Romainsne retenaient qu' peine sous le joug avec leurs empereurs etleurs lgions *.

    Sans doute, il y eut, dans ce mouvement, des heurts pnibles,des mouvements de recul et de lamentables dfaillances.Les hommes de ce temps pchrent gravement, tantt par une

    1. E. Lavisse, Vue gnrale sur l'histoire politique de f Europe, arani*propos, p. vil.

    2. nevue des Deux-Mondes, 15 dcembre 1886. L'entre en scne de Impapaut par E. Lavissb, p. 843.

    3. SavgsTUB DB Sact, Prlace aux Lettres de saint Franois de Sales, p, Ji-a.Paris, 1805.

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    INTRODUCTION 5

    exubrance de fougue passionne, tantt par un idalisme Vicfis de cett

    naf et par un imprudent oubli des droits de la criticjue. Au- tn^l, tncButour de saint Franois d'Assise et de saint Louis, il semble bien

    "^rwro

    qu'on cherche encore trop trancher les questions intellec-

    tuelles par l'autorit d'Aristote et les questions politiques et re-

    ligieuses par la peur du bcher. Mais se plaindre que la trans-

    formation n'ait pas t plus rapide, serait mconnatre les lois

    du dveloppement des ides et des institutions humaines.

    Ce que 1 histoire de nos jours a pleinement rvl, c'est quel'Eglise ne cessa jamais de veiller sur ces abus et de les rpri-

    mer avec une patience invincible. En des pages brillantes, CommentM. Taine a dcrit ce rle de l'Eglise ducatrice du monde bar- ccmire cebare. Pendant plus de cinq cents ans, l'Eglise sauve ce qu'on ^iuq iicles.peut encore sauver de la culture humaine. Elle va au-devant

    des barbares ou les gagne aussitt aprs leur entre... Devant

    l'vque en chape dore, devant le moine vtu de peaux, leGermain converti a peur : ladivination vague d'un au-del mys-trieux et grandiose, le sentiment obscur d'une justice incon-

    nue, le rudiment de conscience qu'il avait dj dans ses forts

    d'Outre-Rhin, se rveille en lui par des alarmes subites, en

    demi-visions menaantes. Au moment de violer un sanctuaire,il se demande s'il ne va pas tomber sur le seuil, frapp de

    vertige ; il s'arrte, pargne la terre, le village, la cit qui vitsous la sauvegarde du prtre. D'autre part, parmi les chefs deguerre aux longs cheveux, ct des rois vtus de fourrures,l'vque mitre et l'abb au front tondu sigent aux assembles

    ;

    ils sont les seuls qui tiennent la plume, qui sachent discourir.

    Secrtaires, conseillers, thologiens, ils participent aux dits,ils ont la main dans le gouvernement, ils travaillent par

    son entremise mettre un peu d'ordre dans le dsordre im-mense, rendre la loi plus raisonnable et plus humaine, rtablir ou maintenir la pit, l'instruction, la justice, laproprit et surtout le mariage... Dans ses glises et dans sescouvents, l'Eglise conserve les anciennes acquisitions dugenre humain, la langue latine, la litti'-rature et la thologiechrtiennes, une portion de la litti-rdure et des sciences

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    6 INTRODUCTION

    paennes, rarchitecture, la sculpture, la peinture, les arts etles industries qui servent au culte, les industries plus pr-

    cieuses qui donnent l'homme le pain, le vtement et l'ha^i

    talion, surtout la meilleure de toutes les acquisitions hummeset la plus contraire l'humeur vagabonde du barbare pillard et

    paresseux, je veux dire l'habitude et le got du travail. Aupain du corps ajoutez celui de l'me, non moins ncessaire ;car, avec les aliments, il fallait encore donner l'homme la

    volont de vivre, ou tout au moins la rsignation qui lui ft to-

    lrer la vie. Jusqu'au milieu du xiii* sicle, le clerg s'est

    trouv presque seul la fournir. Par ses innombrables lgendes

    de saints, par ses cathdrales et leur structure, par ses statues

    et leur expression, par ses offices et leur sens encore transpa-

    rent, il a rendu sensible le royaume de Dieu , et dress le

    monde idal au bout du monde rel, comme un magnifiquepavillon d'or au bout d'un enclos fangeux,.. Pendant plus de

    douze sicles, le clerg a nourri les hommes de cet idal, et,par la grandeur de sa rcompense, on peut estimer la profon-

    deur de leur gratitude. Ses Papes ont t pendant deux cents

    ans les dictateurs de l'Europe. Ne .roj-ons pas que l'hommesoit reconnaissant faux et donne sans motif valable ; il est

    trw| goste et trop envieux pour cela. Quel que soit l'tablis*

    sment, ecclsiastique ou sculier, quel que soit le clerg, lescontemporains qui l'observent pendant quarante gnrations ne

    sont pas de mauvais juges : ils ne lui livrent leurs volonts

    et leurs biens qu' proportion de ses services, et l'excs de

    leur dvouement peut mesurer rimmensit de son bienfait'.

    Le prsent volume n'aura pas raconter le plein triomphe

    de l'esprit chrtien sur le monde barbare. Les cinq sicles quiferont l'objet de notre tude ne nous montreront que l'labora-

    tion patiente, douloureuse, et parfois tragique, de cet idal de

    la Chrtient, que l'Eglise poursuivit travers tant de vicissi-

    tudes.

    n. Tiixi, Les t,ii

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    DTRODUCTION 7

    Trois sortes d'ouvriers travaillrent cette uvre : des Tro' ories. . d'ouvrier col-

    Papes, des Evoques et des Princes chrtiens. lborentT, . 1 t -n lT- 1- 1 . l'diBce duIl s agissait avant tout de lorlilier 1 Lglise dans son centre : .Moyen Age:

    ce fut la premire lche. Elle s'imposa aux proccupations des les Pape,

    Papes, en particulier de saint Grgoire le Grand *.

    La puissance du Saint-Sige une fois solidement tablie,l'Eglise put sans pril rayonner, par ses missionnaires, dans

    le monde barbare. Ce fut la mission de ces grands Evques ^*" vquee,

    qui, non seulement firent la

    France , comme on l'adit,

    maisaussi l'Angleterre, l'Allemagne et les autres nations ainsi

    que des abeilles font leur ruche '. Le type de ces vques

    missionnaires est l'aptre de la Germanie, saint Bonifacc.

    Quand les peuples barbares furent convertis, l'Eglise s'appliqua grouper les nations chrtiennes en une vaste et puissante F-

    dration, qui s'appela la Rpublique chrtienne ou la Chr- 'es princ, r^ , c- chrtiens,

    lient. Dans cette uvre, les Papes et les vques furent se-conds par les princes chrtiens, dont le plus grand fut Char-

    lemagne.

    Au moment o ces trois uvres paraissaient dfinitivementaccomplies, le dmembrement de l'empire carolingien et lesbouleversements politiques et sociaux qui s'ensuivirent au

    cours des ix* et x* sicles, amenrent une crise religieuse dont

    la Papaut eut beaucoup soulTrir. Mais Dieu n'abandonna pas La crise e*son. Eglise. Aux heures les plus sombres de cette crise, on vit et lo S^iui-se dresser la haute et majestueuse figure du Pape saint Nico- ""?"

    las I", qui affirma les droits du Saint Sige avec une autoritsouveraine ; et c'est sous le plus humili des pontificats que futrestaure la grande uvre de Gharlemagne : l'indigne Jean XII

    1. Cet affermissement do ITglise en son cpnfre, cet accrois?ement de puisfance tcrapoiolle de la Papiiit fut plutt le rsultat d'vnements providi-n-tielf que d un dessein prmdil dr-s Papes. Saint Grgoire lo-Grnml, en ai or-dant le souverain pontificat, est effray de la responsabilit ijui lui incoiiiheet ^

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    8 INTRODUCTION

    devintlui-mme

    l'instrument de la Providence en rtablissantle Saint-Empire en la personne d'Otton P'. Cette puissante ins-titution, en ressoudant l'alliance du Pape, des vques et desprinces chrtiens, devait, malgr bien des luttes pnibles,sauvegarder, en somme, pendant plusieurs sicles, l'unitpolitique de l'Occident, et, dans une certaine mesure, l'ida!de la Chrtient.

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    flUR LES l'UiN.irAix iii)i:i:mk.nts irr ui vkac.es cousit a s

    I. Le LiBBR PoNTiFfCAUs cst un recueil de b!o^;raphieg desPapes, depuis saint Pierre jusqu' Etienne V (-1-8OI). Au point devue de l'autorit historique, on peut le diviser en deux parties. Laplus ancienne, qui va jusqu'en 5.'{(), est l'uvre d'un clerc de Romecontemporain de Boniface II (530-532) : elle est peu sre et con

    tient beaucoup d'anachronismes et de dtails de pure invention. Cetravail a t complt partir du vi' sicle par des auteurs in-connus, qui ont crit gnralement des dates trs rapproches de

    la mort du pontife dont ils donnent la biographie. Quelques rdac-teurs, en compltant la collection, se permettaient de remanier les

    biographies antrieures. Malgr tout, celte seconde partie constitue

    un document historique de premier ordre. Deux ditions savantesdu Liber Pontificalis ont t donnes. Celle de Thodore M( mm-sen, qui fait partie des Monumenla Germaniac hislorica, ne va quejusqu'au Pape Constantin (-{-715) ; elle est faite un point de vuepurement et exclusivement critique. Celle de Mgr Duchesne (2 vol.iu-A", Paris, Thorin, 1886-1892) est complte et enrichie d'une In-

    troduc^lion et de nombreux claircissements historiques.H. Les Regesta fontikiclm romanorum (4 vol. in-4, Berlin,

    1874-1888), entrepris par Ph. JalT et A. Potthast, lorsque ces deuxsavants se sparrent de la socit des Monumenla Germanise lamite de difTicullcs avec Pertz, donnent, anne par anne et jour par

    jour, les extraits les plus importants des actes de la chancellerie

    pontificale, critiqus et annots, avec rfrences aux collectioniqui contiennent les documents en entier.

    III. L'ouvrage de .Mansi, Sacrorum coxciuorum nova et a!*fUssiMA coLLECTio (31 vol. in-f, Florence et Venise, 1759-1798) est,

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    10 NOTICE BIBLIOGRAniIQLE

    mal'T ses dfauts, ses rptitions et quelque dsordre dans la dis-

    position des pices, la collection la plus riche que nous possdions

    sur les Conciles. Mais elle ne va que jusqu'en 1439 et n'a pas de

    table des matires. Une rdition, entreprise par l'diteur Weller,

    au moyen du procd anastatique, comprendra 10 12 volumes de

    Continuation et Tables. Les autres coUectiocj de Conciles sont

    celles de Labbe et d'Hardouin.

    IV. Les MoNUMENTAGermani^b nisToniCA, entrepris en 1824,sous la direction de C.-H. Pertz, hanovrien, et dont la publica-

    tion se poursuit, comprennent six sections : 1 Scriptores, 2 Leges,

    3 Diplomata, 4 Epistol, 5 Anliquitates, 6 Auctores antiqulssimi.

    L'information et l'habilet technique des diteurs des MonumentaCermaniae laissent peu dsirer.

    V. La Pathologie latine et la Pathologie grecque de l'abbMigne, un des polygraphes et des compilateurs les plus extra-

    ordinaires que mentionne l'histoire de l'rudition (Ch.-V. Lan-

    gloie, Manael de bibliographie historique, p. 399), ne compren-nent pas seulement des textes de Pres, mais la rimpression de

    tia nombreux documents de toutes sortes, lettres, diplmes, an-nales, histoires, etc., ordinairement emprunts aux ditions des

    Bndictins. La Patrologie latine comprend 221 vol. in-4, dontquatre volumes de tables. La Patrologie grecque a 161 tomes en

    166 volumes. Une table en a t donne par D. Schoarios (Athnes,1883, in-4).

    VL Les AcTA Saxctorum, entrepris par le P. Rossweydc etpoursuivis par le P. Jean Bolland au xvii* sicle, comprennent ac-luellemeut 64 volumes in-f. Le monde savant est unanime recon-natre les mrites de ce recueil m de critique aussi hai-die et hon-nte que possible (Langlois, Manuel, p. 292). Les diteurs onlrecueilli, titre de matriaux, toutes les lgendes qu'ils ont ren-

    contres, de telle sorte que le Prsident actuel des BoIIandistes, !P. de Smedt, a pu dire: Si les BoIIandistes croyaient positive-

    ment tous les miracles et toutes les rvlations qu'ils publient,l n'y aurait pas d'hommes d'une crdulit p'u robuste '. La

    publication des Acla sanclorum est complte par la revu t^imeS'Vielle Analccla LoUandiana.

    ^ 'L Le Rei:;:eil des historiens des Gauixs et de la France,

    t. Ca. 01 SOT, Des dei-oirt des ^.crivaina catholiques. tniieUc, p. llu

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    NOTICE BinMOGnAPUIQUK 11

    entrepris nu xvm sirle pnr Dom Aarlin Boiiqnel, religieux bi^nd-

    ditlin de Sniiil-Mnur, qui en publia les huit premiers volumes(1737-1752), fui continu jusqu'au tome XIII par des religieux de

    son Ordre. L'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres en pour-

    suit la puMicalion. '23 vol. in-f**.

    V'ill. L'HiSTotnB irrrHAiRH db i^ FnvNCB, commence parDom nivet au xvui" sicle, a galement pass du patrimoine desB niclins celui de l'Inslilut, Il existe une table gncralodo treize premiers volumes par C. Rivaia, Paris, Palm, 1875,

    in-i^

    IX. I.Ci' C viMTiLARiA nEft'M FHANCoRt'M (addtfB 8unt Mnrculfroonachi et ali

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    12 NOTioE BIBLIOGRAPHIQUB

    vaux rcents sur le mme sujet, le plus prcieux travail d'ensemblesur la question.

    XV. La BiBLioTUBCA MBDii iBvi DE PoTTHAST (2 vol. in-S", Ber-lin, 1895-1896) donne la liste mthodique et alphabtique de toute;

    les collections de Chroniques du Moyen Age, avec indication deimanuscrits, des ditions, des traductions et des commentaires

    Pour les ouvrages et articles de Revue sur des personnages ou

    sur des questions spciales,, on ne peut que s'en rfrer l'impor-tant travail de M. l'abb Ulysse Chevalier, Rpertoire des sources

    HISTORIQUES DU MoYEN Age. La premire partie, ou Bio-bibliogra'phie (Paris, 1903, 2 dition) renseigne sur les hommes; la secondepartie, ou Topo-bibliographie, renseigne sur les lieux, les vne-

    ments et les institutions (Paris, 1894-1906). Une troisime partieaura pour titre : Dictionnaire des auteurs du Moyen Age.

    On trouvera au bas des pages l'indication des ouvrages plus sp-ciaux qui ont t utilises dans le prsent volume.

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    mSTOIRE GNRALE DE L'GLISE

    PREMIERE PARTIE

    'Ejlise dans son centra.

    CHAPITRE PREMIER

    DE LA. CHUTE DE l'e.VPIRE D'ocaOENT A l'aVNE31ENTDE SAIM GRGOIRE LE GRAND

    (476-590)

    Le 23 aot 476, un officier des gardes, l'Hnile Odoacre, p^^^' om*"'dtrna le dernier empereur romain, Romulus Au^rustule, , avnemeut

    1 . . . j 1 11 j T 11 d'Odoacre. rfit condmre le monarque dgrade dans la viila de Luculius, de Hruiea.et se proclama, avec l'assentiment du Snat, roi d'Italie. Cette ^

    rvolution de palais ne parut pas mouvoir beaucoup les

    populations de Rome et de la pninsule'. Le peuple ne re-gretta pas le bel empereur ', qui portait les noms glorieux dufondateur de Rome et du fondateur de l'Empire. Il accepta labarbare, qui lui promit la paix et la tolrance, et qui tint

    1. Le Nain de TUIemont ne parle de Romulus Augustule que dans son his-toire d'Odoacre: Nous sommes obligs, dit-il. de mettre trois empereursromains sous le titre d'un prince barbare, et d un barbare dont on ne connatpas mme le pays et la natiun. Mais ces empereurs sont Glycre. Npos et Au-gustule, qu'on peut dire tre comme inconnus, ou u'tre connus que pouravoir enseveli avec eux l'empire romain dans l'Occident. > (Le Nain de Tille-mont, /httoire des empereur.*. Paris, 173H, t VI, p. 422.)

    2. Pu/cher erat, U ^tait beau , dit l'auteur anonyme publi par Valoi,Rerum francarum, t. III. in-folio, Paris. 1646 1fi58 Le mme tmoignage estdonn par Procope, Migne, Patr. grec, t GXXXVII. et C'rpus srriptorum hit-ttrix hyznntime. Bonn, 1828-i)S97. On loue la beaut de ce prince, dit Tilld-mont, et c'est l'unique, mais pitoyable loge, qu'on donne au dernier des sm-

    ereurs. Eut. des emp., t. YI, p. 434.)

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    14 HISTOinE GNRALE DE l'GLISE

    peu prs ses promesses. Cinquante ans plus tard seulement,

    Marcellin ft mention pour la premire fois de l'vnement

    du 23 aot ^76 dans sa Chronique ', comme s'il et fallu undemi-sicle aux historiens pour s'apercevoir qu'un grand chan-

    gement s'tait alors produit dans l'organisation politique del'Occident.

    Une pareille rvolution avait en ralit une immense portehistorique. Dsormais Rome ne devait plus voir un empereur

    Porte histo- rsider dans ses murs ; les insig^nes impriaux ne devaient plus'iqii H (If ft-.i ai 4uemeiii. y reparatre qu'avec Charlemagne. D'autre part, la situation de

    l'vque de Rome, qui n'avait cess de grandir depuis Cons-tantin, devenait prpondrante. Le fantme mme d'un Au-gustule ou d'un Olybrius portait avec lui le souvenir et le

    titre de la majest impriale, et limitait lgalement, aux yeuxdes vieux Romains formalistes, le pouvoir pontifical. Le nou-veau matre de Rome et de l'Italie, qui. gauche et commehonteux de son succs, n'osait revtir la toge triomphale bro-de d'or des imperatores * et renvoyait Zenon, empereur

    d'Orient, les insignes de la dignit souveraine, ne pouvaitavoir un tel prestige.

    La Papaut avait d'ailleurs besoin, en ce moment, de s'ailer-mir plus que jamais dans la Ville ternelle. A l'heure mme

    Ncea?Upour o l'Empire tombait, de tous les cts de l'Europe, de larBpl)* de . , ^

    a'atfi*iiinr Germanie, de l'Espagne, des Gaules, de la Grande-Bretagne,

    c^'uire." ^ ^'^^^ '^'^ P^ys que les missionnaires avaient dj visits,mais dont les chrtients venaient d'tre dcimes par lesinvasions et par l'hrsie arienne, des appels dchirants se fai-saient entendre, demandant de nouveaux aptres.

    Mais pour se livrer sans pril cette uvre d'expansionnouvelle, l'Eglise devait d'abord s'purer de plus en plusdans son centre et se relier de plus en plus troitement son chef suprme, le pontife romain. Cette double tche futl'objet des proccupations constantes des Papes. A partir dece moment, ils la poursuivirent sans dfaillance et simul-

    1. Makcku.., Chronicon. Edition Momnasen, dans les Monumenta Gertnanimhtorico, aur.tores antiquisi., t. IX, p. 91.

    2. Sur le costume ioipiinl et les ornemdQts fastucn qui y avaient tnjouts dans les derniers temps de l'empire, v. H,. 0g>at, ou mot imperatordans le Dict. des aut. grecques et romuncs, de Diuima bg et Saguo, t. III,i" yiu

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    L EGLISE DANS SON CENTRE 18

    tan^ment avec l'uvre de 1 vanglisalion des peuples

    paens '.

    Avantde

    commencerle rcit de ces longs eirorts, il est n-

    cessaire de jeter un coup d'il sur la ville de Rome et sur hsituation faite ses pontifes, ses prtres et son culte pat

    leur cou tact avec le monde barbai'e.

    Deux auteurs de cette poque nous fournissent des rensei-gnements d'une prcision et d'un relief incomparables sur lasituation du monde chrtien la fin du v* sicle. Ce sontl'vqi-e ^allo-romain Sidoine Apollinaire et un humble moinedu Norique infrieur, l'auteur de la prcieuse Vie de saint S-verin, Eugippe.

    Caius SoUius ApoUinaris Sidonius, n Lyon vers 430, "^"n '*j" ,^^ '^1^. .

    ''^'"^ ^^ Rommort Clermont en 482, fils d'un prfet imprial, prfet de la cnuie

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    16 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISB

    Cette ville, crit Sidoine un seigneur gaulois qu'il in-vite venir Rome, cette ville est le domicile des lois, lechamp des arts libraux, le palais des honneurs... Elle est tou-jours la cime du monde. Il n'y a d'tranger dans cette villeunique que celui qui veut rester barbare ou que l'esclavageretient loin de ses biens '. Le snat promulgue toujours seslois suivant les anciens rites, scrupuleusement observs *.

    Les gigantesques thermes impriaux continuent fourniraux Romains leurs lieux de runion les plus recherchs .Les rues sont toujours animes par les costumes de l'anti-quit. Aux jeux du cirque, le peuple se passionne toujourspour les quatre couleurs des concurrents : le blanc, le bleu,le vert, le rouge *.

    Mais hlas! tout cela n'est qu'une faade brillante et trom-peuse. Misre, immoralit, superstition, telles sont les plaiesprofondes de la Rome du v sicle livre aux barbares.

    Premire Depuis la fin des Antonins, dit un historien bien informplaie : La mi- gyp cette poque, des rvolutions militaires presque inces-

    santes, un goisme effrn, des rapines impunies, le mprisdu travail libre et la plaie hideuse de l'esclavage dvoraient lesressources de la vie coni>mique . Le gouvernement de-mandant ses principales ressources l'impt foncier, l'agri-culture fut dlaisse. On laissa en friche des provinces en-tires. La Campanie, qui n'avait pas t ravage, ni mmetraverse par les barbares, comptait 120.000 hectares o ne setrouvaient ni une chaumire, ni un homme. Les mines, qui

    avaient t enleves l'administration prive ou municipale,et attribues au fisc et mme au domaine priv des empe-reurs, s'puisrent *. Le mtal manquant au numraire, lavaleur du capital augmenta. Ds lors, l'usure de vint la grand

    mme au ti* sicle. L'antique Rome ne fut dtruite que par le lent travail dessicles postrieurs, y compris la Remaissance (Gbisab, Hist. de Rome et desPapes au Moyen Age, t. I, 1" partie, p. 100).

    1. SiDoiRB, 1. I, ep. 6, ad Eutropium. Mionb, P. L., t. LYIII, col. 435. M. G. H.Auct. antiquiss., VIII, p. 9.

    2. MiGNB, thid., col. 439, M. G. H. ibid., p. 11, 12.3. MiGHE, tbid., col. 744. M. G. U. ibid., p. 261.4. Micanl colores, albus tel venetus, vivens rubensque. Micni, col. 739. al. G. H.

    ibid., p. 2r47.

    8. F. IloBion et D. Dkladrat, Les institutions de l'ancienne Borne, 3 vol. in-18,Paris, 1883-1888, t. III, p. 3u7.

    6. MispouLBT, Les institutions politiques des Romains, t. U, p. 232-258.

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    l'glise dans son centre 17

    plaiK :

    industrie et la grande calamit. En trois annes, l'intrt dou-

    blait la dette. Les riches devenaient toujours plus riches et lespauvres toujours plus pauvres. Plus que jamais le cirque taitle champ classique o retentissait le cri du peuple demandantdu pain. En passant devant l'antique monument, Sidoine avaitpeur d'entendre, disait-il, le cri terrible de la misre du peupleromain *.

    Et ce n'tait point l encore le plus grand mal. A la plaiede la misre se joignait celle de l'immoralit.

    Ce monde qui n'avait qu'une haine, celle de la pauvret *,semblait n'avoir qu'un amour, celui du plaisir. Si le gallo-ro-main Sidoine Apollinaire, en passant auprs du cirque, redou-tait d'entendre le cri de l'indigence, il craignait d'our celui

    de la luxure en s'approchant des thermes impriaux. Il nousfait savoir que Consentius, son ami, veillait ne frquenterque les bains de Rome o la pudeur tait respecte. Si nousrevivons par la pense cette poque, dit Niebuhr, un senti-ment pnible viendra se mler notre admiration : les ver-tus faisaient bon mnage avec les vices les plus redouta-bles : mpris absolu et inconscient du droit d'autrui, avariceet parfois rapacit, sparation tranche des classes, qui don-nait naissance une cruaut inhumaine, non seulement enversles esclaves et les trangers, mais envers les citoyensmme '. Claudius Rutilius, le prfet paen de Rome en

    417, adressait la

    Ville ternelle, enla

    quittant pour retour-ner en Gaule, une invocation sympathique o il unissait ladesse Rome la desse Vnus *.

    Les superstitions, qui ne prosprent jamais mieux qu'aux Troiimpoques de dcadence, florissaient Rome, la fin du v^ sicle, u^ersiitioa.sous des formes multiples : superstitions paennes survivant

    la foi aux dieux de l'Olympe, superstitions importes del'Orient, superstitions populaires nes spontanment de la cr-

    1. Vereor ne famenx poouli romani thealralis oavex fragor insonet.Mjo^k, t LVIII, col 465. M. G. H. Aucl- antiquis^., t. VIII, p. !.

    2 Dans cetU) Rome impriale, crit Ibclure Mommsen, la pauvretn'( lail p:i3 seulemenl la pire de:* liootes et le deniier des crimes : c'tait laBeaie lioiile et le seul crime iCil par Gbisab, lltut. de Home et iies Papeaau M yen Age, t. I, 1" partie, p. 15^).

    3. i/ilt'; par Ooisab, Histoire de Rome et des Papei au Moijen Age, t. I,!' partie, p. I6.i

    4. Clauoii KoTiuud, De redilu suo, 1. I, v. 47 et 8., dit. MuUer, 1870, p. 2.

    iii.-l. i'fo de i'F._''i'^ S

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    f8 HISTOIRE GNRALE DE l'GM-JE

    dulit, de l'intrt ou de la peur. A la fin de lErapire, ditM. Gaston Boissier, le paganisme est mort ou va moui-ir*. La critique d'Evhmre, adopte par les stociens, populari-se Rome par les ouvrages d'Enaius, et souvent utilise parles apologistes chrtiens, avait beaucoup contribu dtruirela loi la religion paenne ; et les dfenseurs du paganisme eux.-m^mes y contriburent parfois en essayant de dfendre leursdieux du reproche d'immoralit par des interprtations all-

    goriques. Mais un tel tat de scepticisme, dit un grand con-naisseur de la Rome antique, Joachim Marquardt, ne pouvaitdurer ; car, s'il est au fond de l'me humaine un sentimentineil'avabe, c'est coup sr celui de ses rapports avec la Divi-nit. Les besoins religieux n'taient pas satisfaits ; il fallutleur chercher de nouveaux aliments. Les tendances en ce sensse manifestrent chez les savants comme chez les simples - .La politique romaine donnait l'hospitalit toutes les reli-

    gions ; elle favorisa une sorte d'clectisme mythologique etreligieux, qui fit afiluer en Italie, sous l'Empire, les cultes et

    les ftichismes de tout l'univers. Telle province, dit P-

    trone, est si peuple de divinits qu'il est plus facile d y ren-contrer un dieu qu'un homme '.

    hi cnive de La premire de ces idoles tait l'Empereur. Le culte deTumpereur el ' 111 1 mi

    ue Home. Rome et d Auguste avait, dans la plupart des villes, ses tena-ples et ses prtres municipaux et, de plus, ses associations re-

    ligieuses. Il tendait devenir la religion universelle dumonde civilis, religion tout extrieure, si l'on veut, mais par-tout prsente, attirant elle les hommages des municipes, p-ntiunl enfin, par la propagande active des socits d'augiis-

    iaU's, jusque dans les couches profondes de la socit *.

    Sans doute, dans les derniers temps de l'Empire, le culte

    des empereurs avait perdu de son prestige ; mais le culte de

    Home persistait. Ecoute-moi, 6 Rome, mre des hommes et

    1. Gaston Bcisaua, La fin du paganisme, 2 vol. ln-8". Taris, 1891, t. Il, p.4%. conclusion.

    2 J. Marqdabbt et MoMMsa, MliiiucI de* inatHu'ioHS romaines, t. XIl,

    p, m3 s Rbisach, Minuel dr phlloloyti clast.iqw, d'aprs le Triennium

    philologicHin de W\ Fimuiid. l'ftm, L'-SU. p ;i51 Cf. A. Hiwourco, L^ chrtia-nl.^otion des f^mles duns l'empire romain. R d'U et de L. R., mai juin Hy9.

    4. Bouch LecLBuco. JnstiluUons romaines, p 556. Cf. BOhUtt, Le eulu iaux empereurs tomains.

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    l'glise dans son CENTi'.K 19

    mre des dieux ! s'criait Claudius Rutilius au \^ sicle *.

    A la fin du mme sicle, un dcret de Thodoric appelait en-core Rome la ville trs sainte , sanctissima urbs *. Cettesuperstition de la Ville ternelle tait si puissante que leschrtiens avaient peine s'en dfendre. Le chrtien, ne ft-ceque par patriotisme, fidlit aux vieilles traditions, dont il ne

    se dtachait qu'avec infiniment de douleur, conservait unesorte de respect religieux pour l'antique Rome. Et ce n'taitpas seulement le fait des romains de race, comme Sidoine,c'tait celui des chrtiens d'origine barbare. Fulgence, vquede Ruspe, en Afrique, avait t un haut fonctionnaire duroyamne vandale. 11 vint Rome en l'anne 500. Sous sonpauvre vtement de moine, il se mla aux foules, pour assister des solennits publiques qui se donnaient sur le Forum. Alors, dit son biographe, saisi d'admiration la vue de cestemples, de ces arcs de triomphe et de ces monuments d'hon-neur, ses penses s'levrent plus haut et il s'cria : Que laJrusalem cleste doit tre belle, puisque la Rome terrestre atant de splendeur ' !

    Paimi les cultes orientaux, c'est celui de Mithra ou du So- ^^' calta*oneotoi..

    leil, qui semblait triompher. H avait ime sorte de baptme,une manire de communion, des purifications sanglantes. Ju-lien l'Apostat lui avait donn une organisation ecclsias-tique *. Autour de ce culte, et de bien d'autres, tels que ce-

    lui de l'Adonis de Byblos, de la Vir^o clcstis de Carthage, etde la Mater Magna de Pessinonte, les superstitions populairespullulaient. Chaque source avait sa fe, chaque localit sondieu tutlaire. Tel rite, telle formule avait une valeur sacreaux yeux du peuple.

    En somme, la parole de Bossuet reste vrcde ; malgr la con-

    1 CirDii RoTiui. D reditu ruo, flit. Huiler, 1870, p. 2.

    2 i:*Hs.oi)oni. Va iarum, iib. V[, n 18. Mig> P. L., t LXIX. col 698.M ' Il Aniii li's Biirh.ue-' esl in:iin:eDanl sujette du lOi dos liotha A Durociico,R. .1 I! et de L R.. l.S'.'9. p 2:.

    3 Qu-nn ipeci'

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    20 HISTOmE GNRAF.E DE l'GLISE

    servation de ses monuments, Rome avait dcidment perdu sonempire. La vnration des dieux romains avait laiss desimpressions profondes dans l'esprit du vulgaire , mais lamajest du nom romain fut anantie ; l'empire fut mis enpices, et chaque peuple barbare enleva quelque partie de sesdbris ; Rome mme, dont le nom seul imprimait autrefois dela terreur, quand on la vit une fois vaincue, devint le jouet etla proie de tous les barbares *.

    II

    H gnrale )g mme crue les uvres de S. Sidoine Apollinaire nous ren-du monde _ ^ . , ^barbare seignent sur la situation de l'Eglise en face du monde romain,

    leur de la vie la vie de saint Sverin, crite peu de temps aprs sa mort parde snuii Svf ^^ ^^ ^^^ disciples, nous fournit les documents les plus pr-

    cieux sur les rapports de l'Eglise avec les peuples envahisseurs.On sait peu de chose sur la personne mme de l'aptre du

    Norique. Son humilit, dit-on, parvint h cacher aux plus in-times de ses disciples le secret de son origine. ?Iais tout, dit

    Tillemont, nous fait supposer que Sverin ttdl de race latineet de naissance illustre '. Le dsir de la perfection le ftpasser de son pays dans les solitudes de l'Orient. Il enrevint pour se fixer, par suite d'une rvlation divine, dit

    son biographe, dans la valle du Danube ^. Il y restajusqu' sa mort, arrive en 482. La Providence le plaaitainsi sur le passage des grandes hordes barbares. C'est le r-cit de ses rapports avec ces peuples nouveaux, qui est pourl'histoire du plus haut intrt. Nous avons peu de saintsdans l'anliquil, dit Tillemont, dont l'histoire soit plus assu-re que celle de saint Sverin* . La vie de saint Sverinde Norique, dit M. Auguste Molinier, est un ouvrage prcieux

    1 BossuKT, Explication de l'Apocalypse, ch. m, n 9, dit. Lacnat, t. II,p. 3^0

    2. Andr Raddrillakt, Saint Sf'verin. PhtIs. l'JOS, p 39.o. l.ii Norique infrieure, o r'i'lHlilit le saiiil coiiiprmait tons Ips pays

    qui suul le long du Danulie. du colo du midi, depuis l'ussnu jusij'.i'nii peuau dessus de Vienne ceAl-dire prcsouo tout ce qu'il y a du duch d'.\ii-triclie la droite et au del du Diiuul>e nolro ^nid . TiLLiMoitT, M-moi-es. t .\VI, p. 1H8

    4. TiLUMOsr, .Mi'infirt-s, [. XVI. (i idS.

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    l'glise dans son centre 21

    pour nous ; il renferme mille renseif^nements sm la situationrespective des Barbares et des Romains dans la partie orientalede l'Empire. On peut l'utiliser pour l'histoire de l'Italie etde la Gaule condition de raisonner par analogie '. Le rcit

    de la vie de Sverin le montre en relations avec les Ru>^es, les

    Goths, les Suves, les Hrules, les Alamans, les Turcilin^es. ^^* baiharei

    Ses vertus, sa science, ses lumires surnaturelles, ses miracles, nuBcepiiMes

    lui obtiennent le respect des plus farouches. Sur une parole nuQuence ladu saint, des chefs barbares se dtournent de leur route, met- '** ^j"''.'.* ','':

    tent fin un pillasse, par^rnent un monastre. On le voit inter-iire uu-i

    venir dans les conthts qu ont les barbares entre eux. Dieu lui giUaiiou irvle parfois leur avenir. Un jour, raconte son biographe, ^*hriiua!*il vit entrer dans sa cabane, sous un vtement des plus gros-siers, un jeune homme de trs haute stature. Comme le jeunebarbare, de peur de heurter le toit de la pauvre hutte, se tenaitinclin devant le saint. Dieu rvla celui-ci les destines glo-rieuses de l'tranger. Aprs s'tre entretenu un moment aveclui : Va, lui dit-il, dirige-toi vers l'Italie ; toi qui portes au-jourd'hui ces humbles vtements de peaux de btes, tu ferasun jour des largesses aux plus grands *. Ce barbare taitOdoacre. Le vainqueur de Romulus Augustule garda toujoursde cette entrevue avec le saint du Norique un respect religieuxpour les choses saintes. Il voua Sverin une particulire es-time. Lorsque, aprs la mort de l'aptre, il transporta en Italieles populations du Norique, Odoacre voulut respecter un dsirsuprme de son saint ami, qui lui avait demand que ses restesne fussent jamais spars de son peuple. Le corps vnr desaint Sverin fut dpos dans une villa d'Italie, Mons Feletus,qu'on n'a pu identifier exactement, puis, de l, quelques an-nes plus tard, dans cette villa mme de Lucullus, o, rele-v par Odoacre, venait de mourir le dernier empereur ro-main, Romulus Augustule*.

    1. Augnste Moli.iiir, Manuel de bibliographie historique, les sources rfl'histoire de France, Paris, 1901, t. I, p. 410. M. Hermauu Sauppe a pabliien 1877, dans les Monumenta Germanix historica, aucl. antifjui^s., t. Lune nouvelle dition critique de la ' ila Severini. Elle diffre d'ailleur.trs peu de l'dition des Bollandistes {Acla Sanclorum, VIII januariil.ainsi que le dclare le oavant diteur, M. G. II., t. I, p. xv. Celte vie -trouve aussi dans Micg P. L , t. LXIl, col. 1167-1199.

    2 Mi6i. P. L . t. LXII. col. 1176.8. Lm disciples de S. Sverin translormrenk en couvent la yIU* de

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    22 HISTOIRE GNRALE DE l'GUSE

    Mais les barbares ne se montraient pas toiijours aussi recon-

    naissants. On ne dit pas du reste que saint Sverin en aitconverti un seul . Telle coutume idol trique qui semblait jamais extirpe, renaissait mme parmi les chrtiens * ; telprince barbare, qui avait promis de respecter les chose*

    saintes, tait surpris pillant les biens des pauvres et des cap-

    tifs '. Un Ruge croit avoir perdu sa journe, a crit unauteur ancien qui les connaissait bien, s'il n'a commisquelque mauvais coup . Vritables enfants, capricieux,

    cruels, pleins d'orgueil, dominateurs et fantasques, ces baibares s'irritaient pour un rien et poussaient la fureur jus-qu'aux dernires extrmits. Impressionnables l'excs, ils

    tremblaient aussi soudainement qu'ils avaient menac. On lesvoyait passer sans transition de l'injure aux prires, astucieuxet dissimuls, sachant cacher sous des dehors doucereux lesplus noirs desseins. Non qu'ils fussent toujours de mauvaisefoi quand ils prenaient un engagement, mais incapables de r-sister une tentation ; immanquablement la convoitise tait laplus forte *. Le biographe de saint Sverin nous racontel'histoire d'un certain roi des Ruges, Fava, et de sa femmeGisa, qui le saint arrachait les plus belles promesses et qu^ne les tenaient presque jamais . C'est la mission qu'aurasouvent remplir la Papaut l'gard des Barbares. Il faudrades sicles avant que les peuples nouveaux donnent au mondeun saint Louis, roi de France, une sainte Elisabeth, reine deHongrie, une sainte Adlade, impratrice d'Allemagne.

    III

    ;>ifflcult*8 du Les grands obstacles que rencontrait l'Eglise dans la civili-

    rorieau sation dcadente du peuple romain se doublaient donc de

    Luciillus. C'est le Pi/zofa!cono actuel. Le Saint et ses moines hritiersdu liue et de lu mo^uifieeiice le Luoullus, s'crie le P ar, voil bienua tableau di^^ne de celui dn a-ni Kenolt prenant psse^^ion de la ville deNroQ et de celui de saint (^olombun s lnbhsaaut sur les thermes deLuxeuill (fJisi. ds Papes, t. I, 2' partie, p. tJ).

    1. TiUMoxr, Mmoires, XVI, 170.2. BoUand., 8 Jauvier, p. 4^8. ) Itf.3. Bolland , ibid., p. 4V4, t) 51.4. Andr Baubiiuadt, Sii'

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    l'guse dans son centre 23

    4J''ficuUs qu'elle aurait attendre de la barbarie brutale des/aces nouvelles. Ils se compliquaient aussi des conflits inter-minables, que rOiient, fcond eu subterfuges suscitait, tan-tt pour prolonger les subtiles ramifications des hrsieschi istologic^ues, tantt pour dresser, en face de la Rome an-cienne, dcouronne de son empereur, les prtentions de lanouvelle Rome et de son fastueux Basileus *.

    En vain le concile de Chalcdoine avait-il, en 451, proclamla ncessit de confesser un seul Seigneur en deux natures,

    condamnant ainsi les deux erreurs de Nestorius et d'Eutvchs ;l'esprit de schisme et de rvolte ne s'tait pas tenu pour vaincu.

    En 481, l'astucieux Acace, patriarche de ConsLantinople, sousprtexte de cimenter la paix, avait rdig, de concert avecPierre Monge, patriarche d'Alexandrie, un nouveau symbole,dans lequel, tout en rprouvant Eutychs et Nestorius, on pr-tendait abroger le concile de Chalcdoine. En 482, l'interven-tion hautaine de l'empereur Zenon vint appuyer la rvolte des

    deux patriarches. A la dfinition du IV* concile cumnicjue,l'iiutocrate byzantin opposait son fameux Hnoticon (dcretd'union), donnant force de loi la confession d' Acace. L'ditimprial, loin d'apaiser les dissensions religieuses, ne fit queles accrotre. Tandis que le Pape protestait contre l'abrogationdu concile de Chalcdoine en excommuniant le patriarche deConstantinople, les partisans les plus ardents d'Eutychs ai-

    maient mieux se sparer de leur chef Pierre Monge que de re-nier leur doctrine monophysite et prenaient le nom d'acphales(sans tte), en attendant de se subdiviser en sectes multipleset insaisissables. Ce fut l'origne du schisme ax:acien. Mmeaprs la disparition de l'intrigant prlat, mort en 489, sonnom devait servir de signe de ralliement tous les ennemisde la foi catholique en Orient, jusqu'au clbre Formulaire dupape Hormisdas qui, en 519, pronona contre Acace et sespartisans im solennel anathme.

    Les Papes que la Providence amena gouverner l'Eglise O^intop'*'cette poque se rendirent compte de la gravit de la situation, "^pape" :^*

    Parer aux plus pressants dangers, prserver le peuple chrtien f- Purifier

    1. C'mI lo litn que se donnaient les emperecn de Conetantinokp

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    24 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISE

    derniAra ^^^ prils qui lui venaient de la corruption romaine, des incur-

    rewtf* .lu jia- sions barbares et des empitements bvzantins, telle fut la pre-iiioii (j.;.-< mire tche, en quelque sorte dfensive, des pontifes qui se

    ^ succdrent depuis la chute de l'empire romain jusqu' l'av-nement de saint Glase. L'on vit ensuite quatra grands pon-tifes raliser une uvre plus positive : ce furent saint Glase,saint Symmaque, saint Hormisdas et Pelage I"". Par l'abolition

    2. Faire pr- ^^^ Lupercales et par ses institutions liturgiques, saint G-vfiioir leur j^se porta le dernier coup aux coutumes paennes et renouvela*;ipnorU : . .

    iinaire la vie chrtienne ; dans le fameux concile de la Palme, samtPaime). Symmaque vit sa suprmatie disciplinaire xiniversellement re-

    3. Afermir connue ; par la formule clbre connue depuis sous le nom deleur autorit j^ormule d'Hormisdas, le Pape de ce nom affirma devant l'Orient(Formulaire comme devant l'Occident son autorit dogmatique suprme ; et

    d'Hormisdas). -^ . ^ ,, , ,-i i . .r4 Orff niser "^^^S **') P"^^ ^ organisation qu il donna au patrimoine pontiti-radmiuistra- cal, traa les rgles que ses successeurs devaient suivre dans

    uioiue poniifi- l'administration du domaine temporel du Saint-Sige. En mmedo Buini^Svml ^^'^P^ ^^ ^^^ grands vnements s'accomplissaient, Dieu

    maque). prparait, autour du Saint-Sige, comme une arme d'auxi-5. S'entourer liaires pacifiques et courageux, par la fondation des moinesde aouvenux d'Occident. Mais avant de raconter ces cinq glorieux pisodes

    'luxdiaires_ . .

    a;.o*toiiques de l'histoire de la Papaut, il nous faut faire le rcit des pa-

    d Oocideai). tiets elforts qui les rendirent possibles.

    IV

    s. Simpiicius SiMPi.icius *, qui occupa le sige apostolique de 468 483,(468-483). et qui vit la chute de l'empire, parat avoir uni un grand

    sens pratique beaucoup de fermet. 11 se proccupa avant toutd'organiser le service ecclc'siasticjue, que les a tumultes *

    barbares avaient si souvent troubl.

    'J rorcanise -^^^* sicle, le service religieux tait clbr

    Rome dans*. service des vingt-ciiKj glises, dites preshylraies. C'tait ce qu'on appe-.Mirf-> et des lait des titres tiluli, auxquels des prtres taient spcciale-hiisiliques.

    1. Il tal onginairei de Tibur et fil? df r^sfin. dit lo fJJjer Ponlif., I,

    249.2. On sait que los Roinaiiis appclaii^nt tumulte l'i-lul de sigo dclar

    l'oooxA^on dB attaques soudaines qui oieltaieut l'Etat en pril.

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    l'glise dans son centre 25

    ment attach5s. Ce nombre de 2o ^/7u/f devait rester fixe jus-qu' l'an mille.

    Mais, autour de ces glises titulaires, s'levaient, soit l'intrieur de Rome, soit dans la campagne ro; laioe, un nombreconsidrable de btiments cultuels, de chapelles funraires,

    de monuments levs en l'honneur des martyrs. C'est lu queles chrtiens aimaient aller demander la force de pratiquer,au milieu des scandales de la Rome paenne, les prceptes van-gliques.

    C'tait Rome aussi qu'on venait, de tous les points duinonde chrtien, vnrer les grands souvenirs que renfermaientles basiliques de Saint-Pierre, de Saint-Paul et de Saint-Lau-

    rent *. On y accourait d'Afrique, avec saint Fulgence, d'Italieavec saint Paulin de Noie *, des Gaules avec saint llilaire*,

    d'Irlande avec saint Magniscius, disciple de saint Patrice *.

    C'est l qu'on venait puiser, comme sa source, l'esprit chr-tien *. Or, les frquentes incursions des barbares avaient

    amen des perturbations dans l'exercice du culte. Les cata-combes, si vnres du peuple chrtien, qui leur avait donnle nom de cimetires des martyrs ', avaient t grave-ment endommages par l'ennemi ; l'inscurit des environsde Rome avait interrompu et l le culte liturgique tradition-nel sur ces hypoges vnrables. D'ailleurs le clei'v, romain,qui ne comptait alors que des p^'tres de paroisse, appelsprtres titulaires ou cardinaux V, ne pouvait suffire au ser-vice de ces catacombes et des cimetires en plein air qu'on

    1. Ce sont les trois basiliques que mcntionue le Liber Pontifioalis, dansla vie de saial Simplicius (468-483). Lib. Pontificalis, d. Ducliesue, t. I,p. 249.

    2. MicHi. P. L., t. LXI, col. 235, 247. 382.3. Acta Sanctoruni des Bollandistes au 6 avril.4. Bollandisles au 3 septembre.5 Jeau Guiuud, Rome, ville sainte au t* sicle, dans R. H. et L. Rel.,

    1898, r- ^5 et suiv6 L'est cette expre.ssion populaire de cmeteria sandorum martyrum

    qui a fait croire que les catacombes taient toutes pleines de corps de martyre,tn ralit, l'immense multitude des corps qui y taient ensevelis taient ceuxde si:nple< chrtiens I es corps dos martyre y taient raros.

    7. Cardinaux, cest- dire attachs June gVise, incardinaii. Cette qnali-'icalion donne tnus les pr'res do paroisse n'a rien de commun avec ii" rcexpression courante de cardinaux, membres du Sacr Collge. C'est aaTiir Kiclft seuloniint que la basilique du Latrun fut desservie par des vquesdes environs de Uonij Ce fut l'origine des cardinaux-vtques, OU vqueiuburbieaires. Cl. DccHssni, Lib. Pontif., I, page i50, note.

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    26 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISE

    avait construits tout auprs. Ces sanctuaires cmtriaux de-

    venaient d'ailleurs un centre de culte pour les populations ru-rales du voisinage. En particulier le service des trois basiliquesfunraires pxtra muros, Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Lau-

    . rent, avait pris une grande extension. Simplicius organisa,pour ces trois basiliques, un service de semaine fourni parles prtres de paroisse des titres voisins. Us durent y venir tour de rle pour la prparation des fidles aux sacrementsde la pnitence et du baptme *. La psalmodie de l'office du

    chur resta confie des moines qui rsidaient dans le voisi-nage de ces basiliques.

    11 rgle l'em- Simplicius se proccupa avec non moins de zle de la conser-ncB ecciaias- vation et de l'administration des biens ecclsiastiques. 11 rgla

    tjqae. ^^^ dsormais quatre parts seraient faites des revenus desglises et des oblations des fidles : la premire part seulementreviendrait l'vque, les trois autres seraient employes l'entretien des clercs d'ordre infrieur, aux uvres de charit

    envers les pauvres et l'entretien des glises, ecclesiasticis fa-bricis. Telle parat tre l'origine des biens de fabrique. Lemot fabrica signifiant construction, rparation, en vint signi-fier le revenu destin aux travaux de rparation et d'entretien,puis l'administration mme de ce revenu *. Il serait dif*fcile, dit Thomassin, de dire au vrai quand on commena dapartager entre quatre parties gales tout le revenu de l'Eglise...On fit bien le mme emploi des biens de l'Eglise durant le4trois ou quatre premiers sicles ; mais il ne parat pas que lescanons eussent ordonn ce juste partage en portions gales. Le

    1. Hio constuit ad ^ancruin l^et'um Uj.osioium et ad Sanctxtm Paulummpost'iliiin et ad sanctuni l.aurentium ty^artyr^m ^hdomaoas ut presfiyteri*i,aifrent. p. opter pn-nilenlex ei baplisnium {lia Pontif , I. p. 24^) Lapremire dition du Liber Ftmtificaiis porle propter haplismum ei pni-temiinii ^leieniibus Ce textn est un dei plus inipoilaiita pour Ihisloire du8acrinent de p(^nilence Rap[)roci) d'un lexle semblable dans la notice duPape Marcel {/.ib Pont l p 164) et des tmoi.iinages apports par Socrat*

    et par So/om^ne (Michb P G . t 1 XVII col 61.5 et s et 1457 et 8 11 nouapermet *"pini)iir que le ministtre baptismal et ponilentiel dont il s agit n'estfne la prparalion des catchumnes au buplftme et des pnitents leurrconcliaiiiiri pnl)lique. car la cll.ration du liaptme et la rconciliation dspnitt-nls r.-qurrnient alors, hors le cas de noessilo. la prsence de l'vqae.Ces cnirinnips s'accninplissiiient dans une runion gnrale et non par cii^conscription de paroisse Cf L. Pulificalix, 1, p. 165

    2. (Juanl h rinitilution du Conseil de fahriq^e. cilti n'appavutt pi* avantXIII sicle. Un concile de !VS7 Wm le 'a iiomiiation dt ses UiCBiLiee. 1biai

    OBLA ToBB,

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    L GLISE DANS SON CENTRE 27

    pape Simplice est peut-tre le premier qui en ait parl, quoi

    qu'il en parle comme d'un ancien usage '.

    Ces rgles taient-elles inobserves ?Le zl pontife n'hsitaitpas svir avec la dernire nergie, faire rendre gorge aux

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    28 HisToi:;E gniiale de l'glise

    Llntasion des Le pontificat de Flix III fut en elet troubl par l'invasion

    la i.tr?.ici.oi! (les Ostrogoths en Italie et par la perscution vandale envandal para- AfrimipV ,.o ne- Airique.tiuu rforoia- C'est l'automne de 488 que le roi des Goths de l'Est ,

    Thodoric, ayant rassembl sur les bords du Danube tous les

    hommes de sa race, se dirigea vers l'Italie, la tte d'une ar-me de deux cent mille combattants. 11 amenait avec lui, ditun crivain du temps, tout un monde de barbares, ayant deschariots pour maisons, pillant et emportant tout ce qu'ils

    pouvaient saisir au passade ' . De l'automne de 489 l'as-sassinat d'Odoacre par Thodoric en 493, ce ne furent que scnes

    de guerre et de dvastation. Rome cependant chappa aupillage. A Ravenne, l'vque s'tant prsent au roi des Ostro-goths avec un cortge de prtres et de clercs, portant descroix, des encensoirs et les saints vangiles, Thodoric pro-

    mit d'pargner non seulement les Ravennates, mais tous lesRomains ' .

    En ce mme temps, les chrtiens d'Afrique subissaient uneterrible perscution de la part du roi vandale Hunrich. On encompte peu de plus sanglantes dans l'histoire. Flix III futimpuissant l'arrter. Il obtint de Zenon une dmarche auprsdu monarque perscuteur ; mais cette dmarche fut inefficace,La mort du tvran seule mit fin la perscution.

    Balnt Ce que Flix III avait rv d'accomplir, Glase I" (492-i96)'

    O*'?'*^" put commencer le raliser. Quand le nouveau pontife prit

    Parcite vos lacryinis, dulees c-um conjure naUeyiventemque Deo crdite ftere nefas,

    (db Ro8si, Insor. christ., I, 371).

    Saint Grgoire parle de son trisaeul Flix {Homil. XXXVIII, in Evang.)Au \* sicle, la loi ecclsiastique ordonnait seulement aux clercs quiavaient reu les ordres majeurs de vivre dans la continence. Mais s'ils sontmuria, avait crit saint Lon le Grand, il no faut pas qu'Us renvoient leursfemmes... Que leur mariage charnel se transforme en union spirituelle (MioNB, P. L ,t. LIV, col. 1201 1.

    1. Eiiofiiu9, Pan-^gyr. Theodorici, d. Sirmoad. p 963.2. Monum. Gerrti. Hist. Soiritores rcrum lungohardorum et italioarum,

    p. 8J3.

    9. Glase tait d'origiao africaine et fils de Valra dit le Liber Ponlifioalu^

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    l'glise dans son centbe 29

    possession du Saint-Sige, les chrcliens d'Afrique avaient re-trouv la paix sous le roi vandale Transiniond (484-49G), etThodoric n'allait pas tarder la donner l'Italie. Dlivr de ii pro/> (jntout comptiteur par la mort d'Odoacre, en 493, le roi des Os- '^x^Vcer wn'trogoths voulut mriter le nom de grand par son gouverne- *'ment comme il l'avait mrit par ses victoires. Ce grand poli-tique, ce gnie si puissant et si trange, dont Amde Thierrya pu dire, non sans quekjue hyperbole, il est vrai, qu' Attilaeut plus d'entrailles que Thodoric le barbare, mais que peu

    de Romains de son temps dpassrent en conceptions g--,

    nreuses Thodoric le civilis , le roi des Ostrogoths, pen-dant la premire moiti de son rgne, tant que l'orgueil nel'gara pas, tint honneur de se faire le dfenseur de l'Egliseet du bon ordre public. Glase en profita. Esprit clair, carac-tre nergique, nul peut-tre, de tous les Papes qui prcdrent

    saint Grgoire, ne vit l'avenir d'un regard plus net, ne le pr-

    para avec une sollicitude plus veille. Il comprit mieux en-

    core que Simplicius et Flix, que l'uvre rserve la Papautpar la Providence ne pouvait s'accomplir sans un travail pra-lable de pacification sociale.

    Son tonnante activit, sa merveilleuse puissance de travail, sb aarm dlui permirent, tout en poursuivant la controverse acacienne '^piiVificn'iioa*avec une rare nergie, d'tendre sa protection vigilante sur eu-iala.

    tous les opprims, si nombreux cette priode de perturba-tions continuelles. 11 multij)lia les dmarches auprs des v-ques et de tous les puissants du monde, partout o le droit,la libert, la pauvret taient outrage s de quelque manire. LeLiber Pontificalis nous dit qu'il sauva la ville de Rome dudanger de la famine '. Nous n'avons aucun dtail sur cepoint. 11 est permis de supposer qu'il su'>v nt aux besoins desindigents par une intelligente di.stribut on d ' se ours, grceaux revenus des biens patrimoniaux du S.ii t-Si-;e et des

    I, 255. n se dit cependant romain dans une lettre Tempercnr Annsta?*{ikfr. 632 lycs deux afflnnalions ne sont pas inconciliables 11 ponv lit edire romain par le fait que l'Afrique, ou tout au moins ia ville de Carthage,taient sons la puissance romaine au niomt-nt de sa naissance. M;;r Ducliesne,conjecture que Gla?e devait tre assez ^ lors de rou clectioa au pontifical(Liber Ponttf., I, 2.6. note 1).

    1. L'ih. / o/ttif., I, p '^li-j.

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    30 HISTOlilK Gl':>]!ALB ))E l.'i.'iLlSK

    aumnes recueillies par ses soins '. De lui est cette maxime

    o l'on peut voir le principe de toute l'action sociale de l'Eglise :

    Rien ne convient mieux la fonction sacerdotale que laprotection des pauvres et des faiijles *.

    Epino(!e d la Un des faits saillants de son pontificat est le coup qu'ild*"lu^M"'deB porta au vieux paganisme romain par l'abolition de la fte de

    Lupercaiti. Lupercalcs.

    La famine dont nous venons de parler avait t l'occasion,pour un certain nombre de chrtiens, d'invoquer, par un resie

    de superstition paenne, Castor et Pollux.Cet attachement auxAttachement vieux rites du paganisme parat avoir t le tait de plusieurs

    P-ry>istaot de membres de la noblesse romaine. Par patriotisme, par iidlilTienx romains

    _ _ _ _ _^

    _' J^

    aux Biipersti- de vieilles traditions, ils continuaient pratiquer des rites

    paauuea, que leur conscience de chrtien aurait d leur faire rprouver.Glase eut besoin de toute son nergie pour combattre cegrave danger, qui n'aurait abouti rien moins qu' altrer lapuret de la doctrine et de la morale chrtiennes.

    Cette trange aberration du patriotisme et de l'esprit tradi-tionnel se manifesta particulirement l'occasion des Luper-cales.

    Oriaine des D'aprs une ancienne coutume, tablie en l'honneur du dieuLu|>icaie. p^n, destructeur des loups, ou peut-tre en mmoire de la

    louve lgendaire qui aurait allait Romulus, le 13 des calendesde mars (15 fvrier), des bandes de jeunes gens moiti nus, la faon antique, parcouraient la ville pour en chasser le

    mal, comme on chasse les loups. Ces luperci, comme on lesappelait, frappaient les femmes avec des lanires sanctifies,au milieu de toutes sortes de licences . Une ordonnancepontificale avait prescrit la suppression de ces ftes. Or, sous

    le pontificat de Glase, xme pidmie, qui fondit siu- la ville, fut

    attribue la suppression des Lupercales. Un groupe de chr-tiens, ayant sa tte le snateur Andromaque, voulut rtablir

    1 C'est ce que semble iodiquer uae lettre de Glase & l'voque de LyonIvusticus. Jaff, I, n 634.

    t. Jkrri, legesta, n" 629, d'aprs une lettre dcouverte rccmmeDt aMut'e britannique.

    3. MoMMKi et Marqdarot, Mayiuel des vistitutions romaines, tome XIIIp. 173 183. Dbbmbbhc ot Svcuo. Dictionnaire des antiquits grecques et ro-maines, au mot Lup,;rta es. Le lanires purilicatricea s'appelaient des /-bru. De l le mot f'-h'tmre pour dire puriiier. Le mois de lvrier, Febt-riiis, tait le mois de la puriicalioa.

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    L'EGI.ISl DA.-^S BUK CENTHE 31

    l'antique et licencieuse crmonie. Le mmoire de ceschrdtiensavait d tre hautain jusqu' l'insolence, si nous en jugeons par

    la vive rponse de Glase. Ces partisans du paganisme et dela tradition allaient jusqu' formuler contre le Pape des accu-sations de faiblesse, de lchet et mme d'hrsie. Une longuelettre de Glase au snateur Andromaque et ses partisansnous rvle la profondeur du mal, en mme temps qu'il nousrenseigne sur les difficults que rencontrait l'action de l'Eglise

    dans les classes sujirieures de la socit cette poque.

    Le SouverainPontife commence par s'lever avec nergie

    ,. ^ . j . Leur up)>re-

    contre cette classe de gens qui accusent avant de savoir , gion par Siuaiqui M veulent enseigner ce qu'ils n'ont pas appris , qui, sans '*!*

    aucune eiicjute sur les causes et les raisons d'une manired'agir, s'empressent de la criticjuer, ne cherchant qu' dire desinjures propos de choses qu'ils ignorent '. Eh quoi, s'criele Pape, c'est vous qui nous accusez d'tre mous et lches dansla censure des vices de l'Eglise ' ! Mais vous, qu'tes-vous

    donc? En ralit vous n'tes ni chrtiens, ni paens, maisplutt des gens sans foi et sans murs ',

    L'crit se termine par une dfense absolue et trs nergiquefaite tout chrtien de participer aux Lupercales.

    La dernire page du document est du plus grand intrthistorique, en ce qu'elle nous rvle que cette interdictiond'une fte paenne ne lut qu'un pisode d'une lutte sans trve,que les Souverains Pontifes durent soutenir pour purifier peu . . ^^

    . . . .^ Attitude g-

    peu les murs chrtiennes des superstitions antiques. Vous raie de Pajieme dites, s'crie Glase, que cela s'est toujours fait depuis des tferuim restaisicles et que dans ces conditions on ne peut le supprimer *. *^*' np"^-Illas ! rpond-il en substance, je ne le sais que trop. On a paleaaes.soulfert bien autre chose parmi les chrtiens ! on y a souffertmme des sacrilices Chacun de mes prdcesseurs, peu peu,suivant sa sagesse ou suivant son courage, a limin les maux

    i. Qui, studio eacologi, quas nesciunt arguentes. P. Z., t> Lia,col. 111.

    2. Qui nos arguunt segnes esse c.nsores in viliis ncoUsice coercendis(col. III).

    3. Dieiie nnbit nec christiani, nec pagnnt, ubique perfidi, nusquamfidles, uhiqni^ corrupli, iiosrpiam integii col. 110,.

    i. ^ed dicilis lot tcnlis rein g'stam non oportere seoludi, P. L., t. LX.col. 116.

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    32 HISTOIRE GNRALE DR l'GLISE

    les plus dangereux. Ont-ils bien fait? ont-ils mal fait? Die

    est leur juge. Moi, qui ne suis responsable que de ma propreconduite, je rprouve et condamne vos Lujicrcales paennes .

    Une ancienne tradition attribue au Pape Gi'lase la fondation dela fte de la Purification de Marie, laquelle, avec sa procession

    de cierges, aurait t institue pour abolir plus efficacement laOrigine de !n procession des Lupercales. Mais la fle de la Purification exis-

    lle de 1(1 .PuriBcation tait dj en Orient la fin du iv sicle, puisque la plerme

    *^' Vierge."^' Oelheria (Silvia) en fut tmoin Jrusalem en 38o-386 * et elle

    y tait clbre le 15 fvrier. On n'en trouve pas, il est vrai, lamention Rome avant le vu* sicle. Peut-tre son introductionen Occident remonte-t-elle saint Glase. En tout cas, l'identitde date entre la fte de la purification paenne et la fte de la

    Purification chrtienne est frappante et peut laisser supposerun lien entre les deux '.

    Si le pape Glase n'institua pas la fte de la Purification, ils'occupa du moins, trs activement, de prciser les rgles de laliturgie, et d'enrichir le formulaire de la messe de nouvellesoraisons et de nouvelles prfaces.

    C'tait un moyen indirect, mais trs efTicace, de combattreles derniers restes des superstitions paennes. C'tait aussi

    un moyen de sauvegarder la puret du dogme, la loi de la

    l. P. L..t. LIX, col. 116.i. Dom CABunt. l'fiule Piir la Per^grina' to Silvi '1805).3. Ce fui. d'ailleurs un procd g'^nralement adopl par l'Eglise, de d-

    tiiciier les chilicns des focs paennes en remplaant cellt-s ci par des solen-nili^s qtii avaient queli]ie lien d analogie avec elles. i sementiuie. Revue briudictiiif, 1K97. p 340 R P.Ghisar, Ht des Paxies, II, p. 330 et suiv. Cf. Dom Cabuo . Le^ originesliti'rtfioni-s, Paris 19ort, et Hevue pratique d'apologtique, novembre 1W6,Le pnga)i''Tne dans la liturgie, par dom Cabuol ; octobre lVU7, L'idoldtri*dam l'F

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    'glise dans son centre

    prire devenant naturellement la loi de la croyance, lexorandi, uvre litor-

    lex credendi. Le Sacramentaire qui porte le nom de Glase^"^

    claw.n'est certainement pas de lui ' ; lAais nous savons qu'il com-posa un sa ramentaire, ainsi que plusieurs hymnes et plu-sieurs homlies sur des sujets liturgiques, lesquels ne sont

    point parvenus jusqu' nous *.

    La mmoire de saint Glase a toujours t trs honoredans l'Eglise. Nul, dit Bossuet, n'a parl plus magnifique-

    ment de la grandeur du Sige sur lequel les Papes sont assis .

    Le concile du Vatican lui a emprunt plusieurs de ses for- Doctrina dmules dans sa constitution De Ecclesi, pour ce qui concerne Bur'"r autoritla primaut du si":e de Rome. ^^ S'g*

    Une des plus remarquables paroles de saint Glase estcelle-ci : La confession de foi du Sige apostolique, crivait-il l'empereur Anastase, est inbranlable : elle ne saurait su-bir la souillure d'aucune doctrine fausse, le contact d'aucuneerreur V Sachez, crivait-il au mme empereur, que lemonde est rgi par deux grandes puissances : celle des Pon-tifes et celle des Rois, mais l'autorit des Pontifes est d'au-tant plus grande qu'ils doi^'^ent rendre compte Dieu, au jourdu jugement, de l'me aes Rois *. 11 disait aussi : Quandle Sige du bienheureux Pierre s'est prononc, il n'est permis personne de juger son jugement : on peut en appeler luide toutes les parties du inonde, mais de sa sentence, personne

    ne peut faire appel *. Cette doctrine de saint Glase, deux de ses successeurs,

    saint Symmaque et saint Ilormisdas, allaient bientt la faireacclamer par l'Eglise catholique tout entire,

    1. DocHfS5, Le* Origines du culte chrtien, 2 dition, p. 119 et sniv.2. Le cfilbre Dcret De libris recipiendis, attribu de trs vieiiJc date an

    pape Glase, est aujoiji-ilhui gnralemt nt regard comme non nutlientiqne.On suppo-i q.:*.: a t compos dans Je premier tiers du ! sicn. iSfts pr-

    cieuses indicalions surle

    canon des Livres Saints et sur les livres apocrypiiearestent un lmoij:na;;e important de la croyance de 1 l.glise h celle [ oque.Cf. GniSAR, Ilinl de Romt et des Papes, tome I, 2" partie, p. 29S-3UU. A. Iloux,L Pape Gcluse, p. ICI) et suiv. Dlc!ibs:tb, Lib. Pontif.,t. I, p. cvn et cxiv.

    3. Japf, liege.sla, L I, n 615. ^4. LvBBE, Cono , IV, 1122.5. ikir, fieffesla, t. I, U'^ 6M. Neque cu'quam de eius liceat Judicare ju~

    dicio, siquilemad illaui d: qualibet parte canones appellari volMcrint, abea auteni netno ait ajjpellire permissus.

    R'\bI. gnn. de l'Eglise

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    34 HISTOIRE GiSUALE DE L GLISE

    VI

    , Saiut De la mort de Glar^e (49G) l'avnement de Sjmmaque^^(496). (^9S), le Saint-Sige fut occup par Anastase II, romain de

    Sa politique naissance, qui, pour mettre fin au schisme qui sparait Cons-eoociiiante. tantinople de Rome, poussa la condescendance jusqu' ses

    plus extrmes limites. Il ne parvint qu' se rendre trs impo-

    pulaire parmi les Romains. Un parti d'opposition, qui n'taitautre peut-tre que celui dont le snateur Andromaque s'taitfait l'interprte sous Glase, accrdita le bruit que sa mort pr-mature avait t un chtiment de Dieu. Le rdacteur de la no-tice sur Anastase insre au Liber Pontificalis recueillit cetterumeur ' ; la lgende s'en empara, y ajouta des dtails tra-giques ; et c'est ainsi que le Pape Anastase II, que l'Eglise aplac dans la liste de ses saints, est pai^venu nous charg dela maldiction du pote :

    J'aperus alors le couvercle d'une tombe, dit Dante, et il

    y avait ces mots crits : Regarde, ici est le pape Anastase,que le diacre Photin a induit dans le mauvais chemin.*

    Ce furent, d'ailleurs, les intrigues mmes des ennemis de \\Papaut qui provoqvxrent, sous le ponlifcat des deux pon-tifes qui succdrent Anastase, Symmaque et Hormisdas, lesdeux plus magnifiques glorifications du Pouvoir pontifical quel'histoire ait peut-tre jamais eu enregistrer.

    Saint A peine le successeur lgitimement lu d'Anastase, Symma-(498^14)"" ^^^ (498-514) \ avait-il reu la conscration dans la basilique

    du Latran, qu'un antipape, port par une faction romaine dont

    Episoda du le chef tait le snateur Festus, se fit sacrer vque de Rome^^'^'pahne.^

    '^ ^^^^^ la basilique de Sainte-Marie-I\Iajeure *. C'tait l'archi-

    1. Liher Pontificalis, t. I, p. 258, qui nutu dtvino per^ussu e*U2. Biv. Corn., Inferno, canlo 11, vers. 6-9.

    Ua coperchioD'un grand'avello, ov'lo vidi una scrittaClie diceva : Anastasio papa guardo,Lo quai trasse Folia dlia via dritta.

    - T!i, flp T'ortunat et natif de Sardaigue, Liber Ponlif., I, 260,4 Liber P# :ti,':c.dis, ', VCO.

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    l'glise dans son centre 33

    prtre Laurent, dont on esprait faire un Pape la dvotionde l'empereur de Byzance et de la secte monophysite.

    La tentative choua, au moins momentanment. Le roi bar- L'antipapebare Thodoric, plus puissant Rome que l'empereur oriental, Laureai.

    ne voulut reconnatre que le Pape lu pur la majorit des lec-teurs, et Laurent dut se retirer.

    Mais alors la fureur de la faction se porta contre le Pape l- Les accusa-... p. 1 jr !' AIT- j tions portesgitmie. un subKDrna de taux temoms, qui accusrent le rpe de contre saint

    crimes imaginaires. On lui reprocha un commerce immoral Symmaque.avec des femmes, l'alination irrgulire de certains biens ec-clsiastiques, la clbration de la Pque en dehors des rglesordinaires de la liturgie. On viola les rgles les plus lmen-taires de la procdure romaine, en faisant dposer contre leSouverain Pontife ses propres esclaves. Le parti fidle, avecl'assentiment du Pape et du roi Thodoric, invita les v-ques d'Italie se runir Rome pour mettre fin au conflit. Vers Runion d'unle mois de mai de l'anne 50 1, cent quinze vques s'assembl-rent dans la basilique Julienne, c'est--dire dans Sainte-Mariedu Transtvre. Mais pendant que Symmaque se rendait ausynode, il fut brutalement assailli par les hommes de Festus.Il put peine leur chapper vivant et fut oblig de se barrica-der dans la basilique de Saint-Pierre. Il faut lire dans le LiberPontificalis et dans les crits des contemporains le tableau des

    scnes inoues de violence que le parti snatorial dchana.On fora la porte des couvents, on insulta les vierges : le t t ,,clerg ne pouvait plus sortir en scurit dans les rues de ^^'^^ Roin

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    36 HISTOIRE GNRALE DE l'GMSE

    Les vques crivirent au roi que c'tait une chose inoue etsans exemple, que le pontife de ce sige ft appel et jug de-vait un tribunal * .

    Ainsi le pape, le roi, l'assemble des vques tenaient, aufond, le mme langage. Ce cas, ainsi qu'on l'a dit, prsen-tait comme une pierre de touche de la constitution mme del'Eglise *.

    La situation paraissait sans issue. Il importait cependant deprendre une dcision, car les

    scnes de violence se multi-pliaient, le sang coulait dans les rues de Rome. Une poignede malfaiteurs, soudoys par des intrigants ambitieux, terro-risaient la masse du peuple, qui restait dvoue Symmaque.

    SerMen-edu Une premire sentence fut rendue le 23 octobre 501. Riende plus noble et de plus digne que cette dcision solennelle.

    11 di'-ciare Les prlats dclarrent que, aprs avoir examin tous lesdiVcnip de- lments du procs, le pape Symmaque, titulaire du Sige

    hoTunc-''^maiB apostolique, leur paraissait disculp devant des hommes denfo'c Aej'u- toutes les accusations portes contre lui . C'est pourquoi, enff^r le l'ape,

    a a ;

    ce qui concerne le temporel, en vertu des pouvoirs confrs

    par le roi Thodoric, ils croient pouvoir prononcer la rintgra-

    lion du Pape dans l'exercice de tous ses droits ; mais, en cequi concerne l'autorit spirituelle, ils ne peuvent, par respect

    pour l'autorit suprme de l'Eglise, que s'en rfrer Dieupour toute la cause, exhortant tout le monde revenir la

    communion de Symmaque, demandant tous qu'ils se souvien-nent que Dieu aime la paix et veut donner la paix tous les

    hommes ' .Soit que la sentence ait t publie en cet endroit du Forum

    , romain qu'on appelait ad palmam, soit que l'assemble ait tr i^'^iyj:-. tenue en un lieu de l'atrium de Saint-Pierre dit ad palmata,le

    ; synode qui porta cette dcision est connu sous le nom de sy-^Vt8up

    "^ node de la Palme, Synodus palmaris.

    Le principe que le Saint-Sige ne peut tre jug par per-

    f * Causa nova est, et pontificem sedis istius ax>ud nos audiri ntilo constatfxeiHvlo

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    l'glise dans son centre 37

    sonne, triomphait donc pleinement Rome. Il fut accept Emotion pro-... I- I- 1 ^ I r> 1 dwileeuOauUavec entiiousiasme, en particulier par les veques des uaules. ^^ g liaii.Aux premires nouvelles de cet trange procs, l'illustr

    vque de ^'ienne, saint Avit, sans doute incompltement ren-seign, s'alarma de voir une assemble d'vques se prparer juger un Pape, et il crivit Rome une lettre mue, o il Lettre de aiQdisait : Mettre en question l'autorit du Pape de Rome, c'est viennbranler, non pas un seul vque, mais l'piscopat tout eulier ' .

    En Italie, Ennodius de Pavie crivit une justification lo-quente du Synode de la Palme, contre les adversaires de celta

    assemble '.

    Ce triomphe pacifique permit Symmaque de parler l'em-pereur d Orient avec une autorit plus grande que jamais. Empereur, lui disait-il, comparez donc votre dignit imp-riale avec celle du chef de l'Eglise... Jetez un regard, em-pereur, sur la longue chane de ceux qui ont perscut la foi doJsus-Christ. Ils sont tombs, et l'Eglise voit grandir sa puis-

    sance avec les perscutions qu'elle subit '.

    Mais l'empereur Anastase, qui celle lettre tait adresse,s'engageait de plus en plus dans l'hrsie eutychienne. Ldbonheur de conclure la paix tait rserv au futur empereur,Justin, et an successeur de Symmaque, IIoumisdas.

    VII

    La situation tait devenue intolrable Constantinople. Salnt Roral*L'esprit sectaire de l'empereur Anastase avait dchan l'anar- ^ K^r.igode du

    '

    chie. Des moines qui n'avaient de moine que l'habit, dit Ilor- Formulaire

    a* HoriBU-mi;.aas dans une lettre *, et qui manquaient les deux ver- 4a.

    1. Si papa Urbis oocatur in dubium, episcopatus jam videhitur, nontpiscopw, vacillare. Miohb, P L., t. LL\, col.248 M. G. H. auvl , antiquiss ,VI, p. t\r,.

    2. MiciB, P.L., t. LXIII, col. 133-208.3. JifTi, n- 7fJl4 Ep-^'. ad f'D.isetforgm epis'-opum, Japi-S. t. f, n" 850. Le Pontife ra-

    conte (laiia i:o!tt; leffrn comment an groupe de ces uomes rvolts vint jusqueRome essayer (loiiiiiorter lii^-'aiit la confirmalioo pur In Snint Sigu d'une dlears t-rreurs. Il les montre Boiilevnnt les foule* daiii les lus, ud ooncu-tionein ^uiaiit, circa yeyum eliam *tuiucu i..ciait,ants.

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    38 inSTOTf.E GNRALE DE l'GLISB

    LnUe Wo- tus forKnmpntn'es de la vie relijneuse, l'obissance el l'humi-lenes Corifi- ... . .

    unliDopift : lite , terrorisaient le pays. Au premier rang de ces agitateurscphaiB*et ^^ trouvaient les moines acphales. Us s'taient, nous le savons,'**'"t'*'

    ^^^^^ ce nom (a/.oaXoi, les dcapits, les sans-tte) aprss'tre spars de leur chef Pierre Monge, qu'ils accusaientd'avoir accept un compromis avec le Pape. Contre ces fana-tiques s'taient levs les moines acmtes (/.o'(i-/i-oi, les sans-sommeil), ainsi nomms cause de leurs veilles prolonges.C'tait un moine acmte qui avait dnonc au Pape l'hrsiedu patriarche Acace. C'tait un acmte qui, au pril de sa

    vie, avait attach au manteau d' Acace la sentence d'excommu-nication porte par le Souverain Pontife. En 469, ces ardentsdfenseurs du Saint-Sige, conduits par leur abb, avaient en-vahi l'hippodrome, y entranant le peuple leur suite, pourprotester contre l'lvation la dignit de Csar d'un princesuspect d'hrsie '. Dans l'ardeur de la lutte, on les voyaitparfois cder la tentation qui se prsente l'impatiencedes hommes d'action en temps de trouble : dfendre la bonnecause en employant les pires procds de ses adversaires *.La masse du peuple de Constantinople, sous Hormisdas,comme celle de Rome sous Symmaque, dsirait ardem-ment la paix. Aussi, lorsque, en 519, la nouvelle se rpan-dit que l'union dfinitive tait faite entre le sige de Constan-tinople et le sige de Rome, entre le nouvel empereur Justin etle pape Hormisdas, par l'acceptation de la formule de foi pro-pose par le Souverain Pontife, ce fut l'occasion d'une mami-festation sans exemple. Nous en connaissons les dtails par lesrelations des lgats au Pape . On se rendit en processiondu palais imprial l'glise;. L, lecture fut faite de l'acte ponti-fical, par lequel on anathmatisait Nestorius, Eutychs, Acace,tous leurs affilis ou partisans, et on adhrait toutes leslettres crites par le pape Lon le Grand. Les acclamations

    > saint Pierre, au Pape, centre de l'unit, et l'empereur, son

    i. E. Makiii. Le Moines de ConstantinopU, de Constantin Photitu,Taria, i897. Diet. de Thologie ea'.hotique. de Vacart, ebx mots acemte et

    ,acitpkale.

    2. Ptiifleur* moines arfmhtes, dans leur haine de l'hraie eutycbienne, reculrent Jnsqn'i l'hrsie nesforienne (IlKniti, IJist. des conciles, trdd.

    IDelarc, t. III, p. 131) et dorent tre excommunis par Jean II. ea Jo4- Mamn,omoVIII. p. 798, 799. E. Marir, Les Moines de ConsUintinoi"e,

    3, Voir ces dtails dans Maibi, t. VI 11, p. A53.

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    l'glise dans son CrNTRE 39

    glorieux dfenseur, retentirent longuement. On pleurait dejoie.

    Mais l'apaisement d'une querelle qui avait dur trente-cinq

    ans ne fut pas le rsultat le plus important de ce grand vne-ment historique. Par une de ces admirables revanches de laProvidence, dont l'histoire de l'Eglise est remplie, cette ville

    de Gonstantinople, foyer de tant d'intrigues contre Rome, ac-clamait, et bientt l'Orient tout entier allait acclamer avec elle, Le Formulaire

    la formule la plus parfaite qui eut encore t donne de la pri- ajjgdaa accla-Biaut et de l'infaillibilit doctrinale du sige de Rome. ""**

    Le formulaire souscrit par le patriarche, accept par l'em- La foi ia.

    , j. , , ^ .. 1 7\T macule depereur et applaudi par le peuple contenait ces mots : I\ous rKgiise ro-voulons suivre en tout la communion du Siqe apostolique, o "^V'*,.L**^rside rentire et vraie solidit de la foi chrtienne, o la reli- le momie chr-

    , , ^ . , . ; / I 'i'^" i""^ e-gion s est toujours conserve immacule . uer.Tel fut le clbre Formulaire de saint Hormisdas. Deux

    mille cinq cents vques orientaux le signrent *;

    plusieurs

    conciles d'Occident l'enregistrrent avec enthousiasme. Lespapes Agapit, Nicolas I" et Hadrien II l'invoqurent commeune rgle de foi. Bossuet ne pourra s'empcher de le rappelerdans sa Defensio declarationis cleri gallicani^ Fnelon l'oppo-sera aux jansnistes, et le concile du Vatican en insrera lesphrases principales dans son dcret sur la primaut du Sigeapostolique *.

    Ainsi, de tant de luttes doctrinales et disciplinaires, l'autoritpontificale sortait agrandie et fortifie. En mme temps, un

    concours d'vnements providentiels aboutissait constituerpeu peu au profit du Saint-Sige un domaine temporel, ga-rantie de son autorit spirituelle. C'est un empereur d'Orient,Jxistiien, le successeur de tant de potentats soulevs contre

    t. SequenU* in omnibus apctolioam Sedem... in q^^a est intgra et veraxehi-istian religionis soUditas... Quia in Sede apostolica initnaculata esttemper servata religio. Voir le texte latin en entier dans Marsi, t VIII,p. ibl, dans MicxB, P. L., t. LXIII, col 444,, dans DEHZiKCEii-BAniiWAaz,

    Enchiridion, n 171.2. C'est le chiffre donn par le diacre Rusticus, qui crivait an temps d

    Justinieu. Kobt , Contra aceph. IHjp., P. L , tome LXVII, col. 1251.3 Le pape Hormisdas, si ferme sur les principes, fut tolrant ponr les

    personnes. Beaucoup d'opposants avaient t de bonne foi. Mu jture cbrfifnsmorts pendant le scliisme et dans le schisme d'Acace ont

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    40 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISE

    Rome, qui va donner ce pouvoir temporel de l'Eglise sa pre-mire sanction gnrale et officielle.

    VIII

    Or!n Depuis les premires origines, la confiance des fidles avait

    bi08 ou pa- mis entre les mains des Papes, pour l'exercice des uvres de

    8*ini-Sige. charit, de larges aumnes. Sous la lgislation librale inau-

    gure par Constantin, les souverains Pontifes purent, avec cesoblations. se constituer, en vue de leurs uvres diverses, d'im-portants domaines, soit Rome, soit en Italie, en Sicile et enSardaigne ; c'est ce qu'on appela les patrimoines du Saint-Sige, L'vque de Rome tait peut-tre dj au v* sicle,le plus riche propritaire de l'Italie *.

    De plus, au milieu des invasions barbares, les Papes s'taientvus, comme la plupart des vques, investis des fonctions de

    OriffioB des defcnsorcs civitatis. Les fonctions du defensor, appartenant iKH.voirs d la fois l'ordre judiciaire et l'ordre administratif, taient

    jiiri.fic'ion et1 o- 1-

    d'adniinistra- trs tendues ^, Si les pouvoirs des defensores laques dimi-pape8.

    jju^pgjij; a^ Yje sicle, il n'en fut pas ainsi de ceux des defenso-res ecclsiastiques. Les empereurs d'Orient, qui n'avaient pasabandonn leurs prtentions la suzerainet de Rome et de

    D*veiof.[>f>- tout l'Occident, et pour qui Odoacre et Thodoric n'taienteut tie ces Q^g ^^gs lieutenants, tenaient y exercer directement leur au-

    torit. Or, ils s'aperurent bientt que nul intermdiaire napouvait leur tre plus utile que l'vque de Rome : lui seiiipouvait avoir une autorit morale suffisante pour apaiser dessujets mutins ; lui seul on pourrait confier la gestion des

    deniers publics, qu'un ciicier imprial aurait peut-tre dilapi-

    ds. Finalement le Pape tait devenu, non seulement le plusriche propritaire de l'Italie, mais la plus grande autorit so-

    ciale et politique de la pninsule.

    1. Ch. DiEHL, dans l'Atlas hiUcrique de Schrader, explication de la carte 16 :L'I'i/li^''

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    LVr.LTS' DANS SON CENTRE 41

    (537-566).

    Organiser radministralion temporelle du domaine pontifical,avait t dj la proccupation du grand pape Glase. Noussavons, par Jean Diacre, que le livre des fermes et cens, dress

    par Glase, servait encore sous Grgoire le Grand pour l'admi-nistration des patrimoines '. Ses crits et les documents de sachancellerie qui nous restent permettent de se rendre comptedes grands elVorts de ce pontife pour sauvegarder ce qu'il appelle

    le patrimoine des pauvres *. Mais ses successeurs n'avaient

    pas eu le moyen de poursuivre son uvre. Symmaque et Hor-misdas avaient t al sorbes par la question plus haute et plus

    urgente de la priraaulc disciplinaire etdoctrinale du Saint-Sige.Les pontificats des cinq papes qui se succdrent en treize ans,

    de o23 536, Je.vn I*"-, Flix IV, Boniface II, Jean II et

    AcAPir, furent troubls par la perscution de Thodoric, dont

    nous aurons parler plus loin. Ceux de Silvre et de Vigile '

    furent trop agits par les controverses orientales, pour per-mettre au Saint-Sige de reprendre l'uvre d'organisation en-treprise par saint Glase. L'empereur Justinien, sous l'influence

    de sa femme, l'intrigante Thodora, venait de ressusciter laquerelle monophysite en soulevant la fameuse question dite desTrois-Chapitres. Habile, intellisi:ente, mais se plaisant subor- La question

    , , ,. . '

    ,. ^ . des Troi-cba-donner les questions religieuses a ses hardies conceptions po- piire.litiques, l'impratrice Thodora avait persuad Justinienqu'on rallierait facilement l'empire les monophysites d'Ara-bie, parti politique trs puissant, si on leur donnait un gage.Ce gage serait la condamnation de trois auteurs ecclsiastiquesqui avaient attaqu le monophysisme, en penchant vers le nes-torianisme, Thodore de Mopsueste, Thodoret de Cyr et Ibas.La condamnation de la doctrine de ces trois hommes, qu'on ap-pela condamnation des Trois-Chapitres^ n'avait au fond riend hti'odoxe, les trois auteurs incr