mois des femmes en provence bilan 2011

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11/04/2011 Le Mois des Femmes en Provence-Alpes-Côte d’Azur Bilan 2011 – 7 e édition

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11/04/2011

Le Mois des Femmes en Provence-Alpes-Côte d’Azur Bilan 2011 – 7e édition

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Sommaire

Le mot de la Présidente ................................................................... page 2

Remerciements ............................................................................... page 3

L’Edition 2011 ................................................................................. page 5

Le sens ............................................................................................................................................ page 5

L’organisation ................................................................................................................................ page 7

Le Mois des Femmes 2011 en chiffres .......................................................................................... page 9

Points positifs, améliorations à prévoir, pistes de réflexion ....................................................... page 9

Les manifestations : interventions, apports, ressources ............... page 10

Manifestation d'ouverture - 8/03 Filles et garçons, les jeunes s’engagent pour la démocratie ........ page 10

10/03 La contraception : une affaire de filles ET de garçons ...................................................................... page 18

16/03 Citoyenneté, laïcité : quelle vision de l’égalité entre les filles et les garçons ? ............................... page 25

19/03 Le sport collectif pour toutes ! Sponsoring et partenariat ................................................................ page 31

22/03 Quel engagement des jeunes artistes pour plus d’égalité entre les filles et les garçons ? page 34

Manifestation de clôture - 24/03 Les jeunes et le temps libre .............................................................. page 39

� Retrouvez

Les IDEES A SUIVRE du Mois des Femmes 2011

pages 16, 24, 30, 33, 38 et43 �

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Le mot de la Présidente Le GRAIF [Groupement Régional pour l’Action et l’Information des Femmes] a été créé en 1975 par l’Etablissement Public Régional. L’objet de l’association a évolué au fil du temps, au rythme des enjeux des droits des femmes. Depuis 2004, année où j’ai accepté d’être la Présidente du GRAIF, l’association est devenue un lieu ressources au service de ses adhérents et de la Région, le souhait exprimé par le Président Michel VAUZELLE étant « que l’information sur les droits des femmes soit la même d’un bout à l’autre du territoire régional.» Le GRAIF a ainsi mis en place différentes actions permettant des échanges suivis et constructifs entre les 60 associations, les 30 communes adhérentes, les acteurs des territoires et les décideurs régionaux, sensibles à une démarche genrée. Depuis 2005, l’organisation du Mois des Femmes en Provence-Alpes-Côte d’Azur, autour du 8 mars, Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes, constitue un temps fort dans le paysage régional. Son objectif est double : informer, au-delà des militant-e-s et initié-e-s, et rassembler citoyennes et citoyens, actrices et acteurs de la vie publique et associative locale, autour de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Au risque de faire mentir ceux et celles qui pensent que cette égalité est une chose acquise, je défends l’idée que c’est un sujet toujours d’actualité ! Les revendications féministes, souvent présentées comme d’une autre époque, gardent aujourd’hui toute leur force dans une société où les inégalités entre les sexes sont loin d’avoir disparu malgré les droits acquis et les lois promulguées ! C’est pour cela qu’il est important de partager ces préoccupations avec le plus grand nombre, et de répéter que la question de l’égalité femmes/hommes ne concerne pas que les femmes : les hommes ont un rôle à jouer dans ce domaine. Ils se doivent d’être féministes surtout s’ils se battent pour la démocratie, dimension d’importance puisque notre événement a été labellisé par la Région dans le cadre de son initiative « Les Etats Généraux de la démocratie ». Par ailleurs, un thème général a été retenu cette année pour toutes les tables rondes du Mois des Femmes : la jeunesse. Filles et garçons, sont en effet les femmes et les hommes de demain, en plein apprentissage de leur rôle d'adulte durant cette période de leur vie. Il est essentiel de veiller à ce que ce moment fasse échec aux stéréotypes de genre et de combatte l'ancrage profond de rôles sociaux inégalitaires. De Marseille à Gap, de Digne Les Bains à la Seyne sur Mer, de Morières-Lès-Avignon à Nice, cette 7e édition a ainsi été l’occasion de mettre en lumière des initiatives, des engagements, des actions de résistance au dictat du genre dans de nombreux domaines. Le Mois des Femmes nous a permis de rencontrer des actrices et des acteurs de ces territoires, qui s’interrogent sur l’apprentissage de l’égalité des sexes et s’engagent pour changer le monde et construire de nouveaux projets plus égalitaires. Un certain nombre de demandes et idées forces ont ainsi émergé. Vous pourrez les retrouver au fil de ce bilan, que nous avons conçu comme une restitution, la plus fidèle possible, de ces manifestations dans les départements.

Tant que l’égalité entre les femmes et les hommes ne sera pas acquise dans les textes comme dans les faits, le symbole du 8 mars sera nécessaire.

Aline VERGNON-BONDARNAUD Présidente du GRAIF

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Remerciements Le Mois des Femmes 2011 n’aurait pu voir le jour sans le concours de toutes celles et de tous ceux qui ont contribué à sa réalisation.

Que soient ici remercié-e-s :

le Président Michel VAUZELLE et son Cabinet

les services et les antennes de la Région

les conseillères régionales et conseillers régionaux qui, par leur présence et/ou leurs interventions, ont apporté une dimension politique aux questions traitées :

Patrick ALLEMAND Nathalie LEFEBVRE Avi ASSOULI Claude MESANGROAS Robert ALFONSI Jacques OLIVIER Marie BOUCHEZ Mireille PEIRANO Colette CHARRIAU Christine SANDEL Joëlle FAGUER Marc VUILLEMOT et tout spécialement :

Gaëlle LENFANT, Vice-Présidente déléguée aux Solidarités, à la prévention et à la sécurité, à la lutte contre les discriminations, pour son engagement et sa participation à la construction de cette 7e édition de l’événement,

Christophe CASTANER, Cécile HELLE et Christine NIVOU qui ont animé les tables-rondes à nos côtés et montré combien l’engagement politique était capital, quel que soit le domaine considéré, pour renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes.

les Maires et élu-e-s qui nous ont accueilli-e-s dans leur commune et ont facilité la

réalisation des rencontres :

Serge GLOAGUEN, Maire de Digne-les-Bains Joël GRANIER, Maire de Morières-lès-Avignon

les intervenants-e-s des tables rondes qui ont enrichi l’ensemble des échanges :

Véronique AYMARDI, manifestation de clôture à Nice Mélanie BASTOS, manifestation régionale d’ouverture Magali BRACONNOT, manifestation de Morières-lès-Avignon Anis BENGHAZI, manifestation régionale d’ouverture Carole CHOTIL-ROSA, manifestation régionale d’ouverture Asma ESSID, manifestation régionale d’ouverture Henry ETCHEVERY, manifestation de Digne-les-Bains Albin FAURE, manifestation régionale d’ouverture Docteur Georges GRAGLIA, manifestation de Gap

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Claire GUERIN, manifestation de Morières-lès-Avignon Luc GWIAZDZINSKI, manifestation régionale d’ouverture Jacqueline HENNEGRAVE, manifestation de Digne-les-Bains Louis ERB, manifestation de clôture à Nice Asma KOUKI, manifestation régionale d’ouverture Géraldine LAFOND, manifestation de Digne-les-Bains, Pascale LEYRAT, manifestation de clôture à Nice Brigitte NECTOU, manifestation de Gap Sylvie ROUZES, manifestation de Gap

les artistes qui ont apporté leur talent et leur créativité à chaque rendez-vous :

Grégory BERGEON, manifestation régionale d’ouverture Ottilie BOUCHAREU, manifestation de clôture à Nice Emilie BOURGEOIS, manifestation de Gap Jessica HACKETT, manifestation régionale d’ouverture Kevin KECHICHIAN et les autres danseurs de South Dream, manifestation de Digne-les-Bains Mathieu LEES - DIZZILEZ, manifestation de Morières-lès-Avignon Et Jean-Paul NAIL qui nous a confié trente de ses photographies pour une exposition présentée tout au long du Mois des Femmes.

Sans oublier, pour leur contribution précieuse à différents titres :

Brigitte ALIZARD, Monique CHARLES-TIXIER, Laetitia CODURI, Ghislaine DEJEAN, Pierre HOULES, Céline OFFERLE, Arnaud RAMIREZ, Pascale ROUGON, Virginie SESSA

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L’Edition 2011 La 7ème édition du Mois des Femmes s’est déroulée du 8 au 24 mars.

Le sens

Une 7e édition pour le Mois des Femmes pour marquer la célébration du 8 mars, Journée Internationale de lutte pour les Droits des Femmes

La création d’une Journée internationale des femmes a été proposée pour la première fois lors de la conférence internationale des femmes socialistes de 1910, par Clara Zetkin, pour le droit de vote des femmes et l’égalité entre les sexes.

C’est en 1921 que Lénine fixe au 8 mars la date de «la journée des femmes» en référence à la grève du 8 mars 1917 des ouvrières de Saint-Pétersbourg. Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier.

Une thématique transversale

Deux thématiques transversales avaient été proposées : « Emploi » ou « Jeunesse » Le Bureau du GRAIF et les services de la Région ont opté pour « la Jeunesse ». On dit toujours que « les jeunes ne s’impliquent plus », or, tout au long de ce Mois des Femmes, l’on a vu le contraire !

Six thématiques départementales / le programme Les six thématiques choisies correspondaient parfaitement aux aspirations du terrain et de femmes élues faisant partie du Comité du même nom, mis en place et animé par le GRAIF.

1) Filles et garçons : les jeunes s’engagent pour la démocratie – Hôtel de Région - Marseille [13] – Manifestation d’Ouverture

2) La Contraception, une affaire de filles ET de garçons – Gap [05] 3) Citoyenneté, laïcité : quelle vision de l’égalité pour les filles et les garçons – Digne les Bains [04] 4) Le sport collectif pour toutes ! – La Seyne sur Mer [83] 5) Quel engagement des jeunes artistes pour plus d’égalité entre les filles et les garons – Morières lès Avignon [84] 6) Les jeunes et le temps libre – Nice - [06] – Manifestation de Clôture

Deux « Fabriques de la Démocratie » - Les Etats généraux de la Démocratie

Outre le label attribué au Mois des Femmes dans son ensemble, deux rencontres sur les six ont constitué des « Fabriques de la démocratie », celle du 8 mars à l’Hôtel de Région et celle du 16 mars à Digne les Bains.

Fiche d’Identité

• Organisateurs Le Mois des Femmes est un partenariat Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et GRAIF [Groupement Régional pour l’Action et l’Information des Femmes]. L’organisation opérationnelle est portée par le GRAIF.

• But et Objectifs Le Mois des Femmes est l’occasion de réaffirmer l’engagement de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est un outil permettant de sensibiliser, d’informer les femmes et les hommes et d’instaurer entre tous (citoyens, politiques, acteurs du terrain, professionnels), le dialogue nécessaire à une véritable approche de l’égalité entre femmes et hommes.

• Forme Le Mois des Femmes est organisé chaque année autour de la date symbolique du 8 mars, Journée Internationale pour les droits des Femmes. Il propose six rendez-vous pour que soit couvert l’ensemble des départements de la région. Les rencontres organisées cherchent à réaliser un équilibre entre états des lieux, propositions et convivialité et se déclinent sous des formes diverses telles que tables-rondes, expositions, projections de films, débats, représentations théâtrales...

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L’Exposition de Jean-Paul NAIL

Le Mois des Femmes 2011 a donné naissance à une exposition intitulée « Jeunesse en Mouvement » présentant, au travers de 30 photographies, l’implication des jeunes, filles et garçons, dans les manifestations de l’automne 2010 contre la réforme des retraites.

Automne 2010. En défense de notre système de retraite, l’intersyndicale des U.D. 13 organise 9 manifestations dans les rues de la cité phocéenne. Je remarque à travers l’objectif de mon Nikon, que la sociologie des manifestants change tout au long de ces nombreuses manifs. On constate une présence importante de jeunes, femmes et hommes de tous âges, combatifs, revendicatifs, animant de nombreux cortèges. « Double journée de travail, mais demi-retraite à la fin », cette affichette placardée sur les murs tout au long des manifestations de l’automne, exprime bien la prise de conscience de ces millions de femmes jeunes et adultes qui n’auront pas leur 41 annuités à la fin de leur carrière, parsemée de mi-temps, de chômage et de congés maternité. Elles n’obtiendront pour la majorité d’entre elles qu’une pension insuffisante pour vivre leur retraite. Le projet de mettre en valeur avec mes photos ces milliers de jeunes est né lors de ces défilés. D’où le titre de l’exposition qui vous est présentée aujourd’hui :

« JEUNESSE EN MOUVEMENT » Automne 2010

A travers le prisme de mon appareil photo numérique, [j’observe] la présence massive de la jeunesse étudiante, lycéenne et ouvrière dans les cortèges. Dynamique, colorée, spontanée, la jeunesse est dans la rue. Une de leurs banderoles illustre assez bien leur motivation : « Nous ne sommes pas trop jeunes pour penser à la retraite ! » L’engagement de cette jeunesse est un peu surréaliste, car à 18, 20 ans penser déjà à sa retraite : Quelle prise de conscience !

Aujourd’hui 8 mars 2011, les acteurs du Mouvement Social que l’on doit applaudir et remercier sont les FEMMES et la JEUNESSE en MOUVEMENT de l’Automne 2010.

Jean-Paul NAIL. ([email protected]) Photographe amateur

Professeur de Sciences et Technologie de la Santé et du Social au Lycée Antonin Artaud à Marseille

Militant syndical

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L’organisation

La coordination avec la Région

Les référents Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

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L’implication des Antennes départementales Les responsables des Antennes sont, avec leurs équipes, des interlocuteurs privilégiés pour l’organisation sur le terrain, la diffusion des invitations à leurs contacts. L’implication des antennes s’exprime également en termes de soutien et de collaboration pour les manifestations organisées dans les collectivités locales.

Généralement, ce travail est réalisé en collaboration avec les conseillères et conseillers régionaux plus particulièrement intéressé-e-s par les thématiques départementales.

Les supports de communication � Les Cartons d’invitation - Comme chaque année, le GRAIF a proposé à la Région un projet de carton d’invitation décliné pour chacune des six manifestations programmées, finalisé par les services Protocole et Communication de la Région. Les cartons d’invitation sont imprimés parla Région. Le relevé des impressions des invitations par département est le suivant : 04 : 1200 13 : 1800 05 : 1000 83 : 1800 06 : 1600 84 : 1500 � Les Programmes - En complément de ces documents institutionnels, le GRAIF réalise des programmes destinés au public présent sur chaque manifestation. Ils donnent une information mise à jour et enrichie sur la thématique traitée, les intervenant-e-s, les animations musicales, culturelles prévues. � Une nouveauté 2011 - Les banners – Deux banners ont été réalisés sous l’angle «Femmes/Hommes - Quelles égalité ? » déclinés sur les domaines de l’emploi et de l’agriculture. Le texte a été rédigé par le GRAIF. � Le Car Podium de la Région conduit par Clara MICHEL a été présent sur trois des six rendez-vous du Mois des Femmes : Alpes de Haute Provence, Vaucluse, Alpes Maritimes

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La Diffusion de l’Information

� Envois postaux - Les cartons d’invitation sont diffusés par le service du Protocole de la Région et les antennes régionales à leurs fichiers (élus, institutionnels et collectivités territoriales), ainsi que par le GRAIF à l’ensemble de ses contacts (adhérents, associations féminines et féministes etc., soit 600 envois). Cette année, il est a regretter que les antennes n’avaient toujours pas reçu ces cartons d’invitation 10 jours avant le démarrage de la manifestation. � Mailing Internet - Pour diffuser au plus tôt les invitations, en attendant l’impression papier, le GRAIF a réalisé une diffusion à environ 2000 contacts : adhérents du GRAIF, associations d’autres domaines (culture, économie sociale et solidaire), fédérations et unions départementales et régionales, chargé-es de communication, relais d’information divers (offices du tourisme par exemple). � Site Internet - Le programme du Mois des Femmes a été mis en ligne sur le site Internet du GRAIF : www.graif.fr ainsi que sur celui de la Région.

La Communication vers les médias La communication médias est assurée par le service presse de la Région qui : ) rédige le dossier de presse général en collaboration avec le GRAIF, ) décline le dossier de presse général en dossiers de presse départementaux. Cette année, comme l’année dernière, il n’ya pas eu de conférence de presse de lancement.

Sommaire du Book Medias Mois des Femmes 2011

Date Parution 2001 Supports

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Le Mois des Femmes 2011 en chiffres

- Public : 780 personnes (car podium et tables rondes) - 19 élu-e-s du Conseil Régional dont 63% de femmes) - 14 élu-e-s du CRJ dont 64% de filles - 19 élu-e-s des collectivités locales dont 68% de femmes - 40% du public total est un public « jeune » - 65% de filles - 30% de garçons/hommes dans le public - 8 associations/instances de jeunes présentes sur une ou plusieurs tables rondes :

Conseil Régional des jeunes, Conseil Municipal des Jeunes, Marseille Bondy Blog, Eurocircle, Union Nationale des Lycéens, Unis Cité, UNEF, LMDE

Points positifs, améliorations à prévoir, pistes de réflexion …

� Un public : • de plus en plus mixte : 30% d’hommes en moyenne (10% en 2010) • jeune : environ 40% du public total (visiteurs car-podium inclus) • curieux et dynamique

� Des discussions riches, des occasions d’échanger et de découvrir des initiatives. � Des artistes, intervenants ou membres du public qui n’ont pas la langue dans leur poche. Les

élu-e-s prennent note. � Succès des supports tels que les expositions (Jean-Paul NAIL, CRIPS ), les clips vidéo de

l’INPES. � Des moments artistiques et conviviaux de qualité.

� Un temps de construction trop court : 5 semaines entre la validation officielle par la Région et la première manifestation.

� Des envois région trop tardifs sur les départements (parfois reçus la veille) � Malgré plus d’ouverture, il reste difficile de mobiliser le grand public dans le cadre de

tables rondes très institutionnelles. � Attention à permettre un temps d’échange suffisant avec la salle : limiter le nombre

d’intervenants. � Des sujets pas forcément évidents à traiter qui mériteraient un travail partenarial en amont

sur les territoires. � Car-podium de la Région visible mais pas toujours, bien positionné ou bien

accueilli. Méfiance vis-à-vis des institutions (période électorale). Pertinence à revoir sur les « petits » marchés très peu fréquentés.

� La table ronde à l’Hôtel de Région en ouverture n’est pas une bonne idée du fait du timing de construction très serré (la mise à disposition tardives des supports de communication entraîne un déficit de diffusion/mobilisation. Une clôture à Marseille permet de s’appuyer sur les manifestations des départements et laisse plus de temps pour la diffusion).

En 2012 … Faire évoluer le Mois des Femmes :

Quel objectif ?

Quelle cible ?

Quel format ?

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Filles et garçons :

les jeunes s’engagent

pour la démocratie. Marseille - Hôtel de Région – Salon d’Honneur – Mardi 8 mars 2011

Tribune

Aux côtés d’Aline VERGNON-BONDARNAUD, Présidente du GRAIF, des Vice-Présidentes du Conseil Régional Gaëlle LENFANT et Nathalie LEFEBVRE : - Démocratie et Territoire : Luc GWIAZDZINSKI, Géographe, Enseignant chercheur, Maître de Conférence - Féminisme : Carole CHOTIL-ROSA, militante Association Osez le Féminisme - Politique : Albin FAURE, Président de l’UNEF Aix-Marseille - Les jeunes et les réseaux sociaux, activateurs de la démocratie : intervention à deux voix de femmes tunisiennes, témoins et utilisatrices actives des réseaux sociaux : Asma ESSID, Consultante et Asma KOUKI, Historienne et Archiviste

Animations

Projection / Exposition : les 30 photographies de Jean-Paul NAIL ont été projetées lors de la table ronde illustrant parfaitement l’engagement actif et militant des jeunes pour plus de démocratie ! Le public a ainsi eu un avant-goût de l’exposition

« Jeunesse en mouvement » qu’il a pu admirer pendant le cocktail. Lecture de textes : Sonia CONCHON, chargée de Mission au GRAIF a lu deux extraits du texte « Indignez-Vous ! » de Stéphane HESSEL (cf page 17) Intermède musical : spécialement formé pour l’occasion, un «duo paritaire» a enchanté le public présent. Musiciens

passionnés des Ateliers de Musique de Chambre de la Cité de la Musique, les clarinettistes Jessica HACKETT et Grégory BERGEON ont interprété des œuvres de Bernard-Henrik CRUSSEL et de Joseph PRANZER.

Le Mot du GRAIF

Aline VERGNON-BONDARNAUD a rappelé qu’un thème général avait été retenu pour toutes les manifestations du Mois des Femmes : la jeunesse, force et avenir de notre société. Elle a dénoncé l’image stéréotypée des jeunes véhiculée dans les médias pouvant susciter la crainte, mais aussi la pitié, avec des questionnements du type « Que va devenir notre jeunesse ? » alors que la jeunesse doit susciter espoir et dynamisme. Pour elle, des initiatives à tous les niveaux le prouvent : les jeunes, filles ET garçons,

s’engagent, bougent, sont force de proposition, font preuve de générosité et de créativité. C’est

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Gaëlle LENFANT

aux côtés d’Aline VERGNON-BONDARNAUD

Nathalie

LEFEBVRE

pourquoi une approche genrée de la jeunesse, de ses pratiques et de ses préoccupations paraissait utile, voire urgente, pour contrer ces images et discours faciles et porteurs de confusion. Elle a également souligné l’incroyable illustration du sujet offerte par l’actualité de ce début d’année dans le monde arabe qui est venu prouver que les filles et les garçons étaient capables d’engagements forts pour des questions vitales. Les jeunes femmes, tunisiennes et égyptiennes notamment, qui se heurtent pourtant à de gros obstacles pour participer à la vie publique, ont, pour certaines, lancé l’appel au changement puis participé massivement aux événements qui ont conduit à la chute des régimes dictatoriaux.

Paroles d’élues

Gaëlle LENFANT, Vice-Présidente "La Démocratie, c’est le pouvoir du Peuple, pour le Peuple. Or, le Peuple est composé à parts à peu près égales, de 50% de femmes et de 50% d’hommes ! Il ne peut donc pas y avoir de démocratie véritable si la moitié du peuple [en l’occurrence les femmes], est exclue ou en tout cas si fortement sous-représentée de l’exercice des responsabilités, politiques, économiques et sociales. De la même façon, il ne peut y avoir de démocratie véritable si les décisions relatives à l’organisation de la société aboutissent à perpétuer, voire à aggraver, les inégalités dont sont victimes les femmes dans tous les domaines.

Les avancées sont fragiles, souvent remises en cause. Lorsqu’elles sont inscrites dans des textes, il faut encore imposer qu’elles soient appliquées dans la réalité quotidienne ! 6 lois existent sur l’égalité professionnelle, et les femmes gagnent pourtant encore, en moyenne, 27% de moins que les hommes… Les élu-e-s doivent placer l’exigence de l’égalité entre les femmes et les hommes au cœur de chacune des thématiques dont ils/elles ont la charge au cours de leurs mandats.

Nathalie LEFEBVRE, Conseillère Régionale

Selon Nathalie Lefebvre, on a trop tendance à considérer que l’égalité femmes/ hommes est justifiée par le fait qu’il y a autant de femmes que d’hommes sur la planète. Mais notre bataille porte en elle l’exigence de droits humains pour toute l’humanité. C’est une vraie bataille : rien n’a jamais été donné, tout a été conquis. Aujourd’hui est un temps de recul des idéologies. La réforme des collectivités territoriales menace la représentation des femmes en politique, déjà faible. Le Conseil Régional, pourtant paritaire, n’est pas une institution où l’égalité parfaite règne. Il y a encore des séminaires pour lesquels aucune

femme n’est présente en tribune. Concernant l’actualité dans les pays arabes, la Conseillère régionale cite Nadia Kamel (cinéaste égyptienne) : « Les femmes contribuent à faire de la révolution un laboratoire de la transformation sociale ». Enfin, elle a rappelé que les Etats Généraux de la démocratie, lancés par la Région le 10 février 2011, souhaitaient prendre encore plus en compte les femmes et les questions d’égalité et que la labellisation du Mois des Femmes dans le cadre de cette initiative était importante symboliquement.

L’ONU a décrété la période comprise entre août 2010 et août 2011 « Année internationale de la jeunesse ».

Le Conseil de l’Union

Européenne a déclaré 2011 « Année européenne des

activités de volontariat pour

la promotion de la

citoyenneté active ».

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Luc GWIAZDINZSKI en plein exposé

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

La démocratie permet à toutes et à tous de s’exprimer. A ce titre, elle fait partie des sujets de préoccupation des jeunes partout où elle n’existe pas (ou sous des formes limitées), mais aussi là où elle s’exerce de plein droit.

• En France, filles et garçons s’engagent pour la démocratie en participant par exemple à la vie politique locale via l’un des 2000 Conseils Locaux de la Jeunesse. Ces lieux d’apprentissage de la citoyenneté accueillent des filles et des garçons de 7 à 25 ans, issus de tous les milieux socioculturels et élus dans les lieux de scolarisation. Pour l’élection de ces Conseils, il n’a pas été nécessaire d’exiger des quotas. L’ANACEJ (l’Association NAtionale des Conseils d’Enfants et de Jeunes) observe que la parité se met naturellement en place. Parfois, c’est même une nette majorité de fille qui s’implique au sein des Conseils. Dans notre Région pourtant, le Conseil Régional des Jeunes compte 41% de filles et 59% de garçons parmi les 124 membres titulaires. La parité est respectée pour les 104 membres suppléants.

• Malgré les difficultés actuelles liées à la baisse des subventions, les jeunes sont loin de bouder le secteur associatif. Lieux de formation, d’échanges, de convivialité et d’engagement, les associations sont plus que jamais le reflet du dynamisme de la jeunesse. On peut mentionner par exemple OSEZ LE FEMINISME ou encore Mix-Cité, le CIDFF, le Planning Familial, le CODIF, Forum Femmes Méditerranée.

Au-delà des déclarations de bonnes intentions, l’objectif de la table ronde est de se pencher sur des éléments concrets de l’engagement des jeunes, filles et garçons, pour la démocratie autour des questionnements suivants : - Qui sont-elles ? Qui sont-ils ? - Peut-on parler de « nouvelles formes d’engagement » ? - Peut-on observer des motivations et/ou pratiques différentes chez les filles et les garçons ?

Les Interventions

Luc GWIAZDZINSKI, Géographe, enseignant-chercheur

Les géographes traitent habituellement la question du « où » à l’aide de cartes, mais également du « pourquoi ». Luc GWIAZDZINSKI y ajoute la question de la temporalité. Un territoire peut-être défini comme un morceau d’espace approprié par un groupe ou un individu. Au sujet de la démocratie, le géographe reprend les mots de Winston CHURCHILL pour qui c’est « le moins pire des systèmes politiques ». Quant à la jeunesse, ce qui prévaut c’est que les adolescent-e-s sont objets de fantasmes, craintes et critiques de la

part des adultes : parents, structures d’accueil, élu-e-s, pour qui ils sont les « Impensé-e-s des politiques publiques ». Toutefois, les jeunes créent des liens avec le territoire et s’engagent. Dans la journée, le territoire est occupé par les jeunes, les femmes avec enfants, les demandeur-se-s d’emploi… Les jeunes ont un lien fort et fixe avec la ville et la société puisque les horaires des écoles sont immuables, contrairement à ceux du travail. Sur la question de la mobilité, on constate des différences entre filles et garçons. Les jeunes fonctionnent souvent par groupe non mixte pour les sorties. Certains espaces sont genrés, d’autres collectifs, par exemple les bancs publics ou la fontaine du village en milieu rural. Les jeunes

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Albin FAURE et

Carole CHOTIL-ROSA

font aussi l’objet de regards et interdictions différents de la part des parents selon leur sexe, même jusqu’à 18 ou 20 ans. Les parents reproduisent finalement un système sexiste dans leurs discours. Quant à la démocratie, elle doit être totalement repensée : la démocratie doit s’adapter à la réalité de nos modes de vie.

Les jeunes sont aux avant-postes de notre société. En comprenant leur engagement, nous comprendrons nos orientations.

� Retrouvez le texte intégral de la communication de Luc GWIAZDZINSKI sur www.graif.fr

Carole CHOTIL-ROSA, militante Osez le féminisme

« Tout a commencé en 2009. Le réseau Osez le féminisme est né avec la remise en cause des crédits accordés au Planning Familial : un grand nombre de jeunes ont signé la pétition, il fallait leur offrir un débouché militant. Notre motivation : nous réapproprier le féminisme, lui donner une valeur positive. Nous avons créé un journal qui, après Paris a essaimé dans 15 villes, grâce notamment à Internet et aux réseaux sociaux. Les valeurs d’Osez le féminisme sont :

) Universalisme : nous considérons que les femmes et les hommes ont les mêmes capacités. Les différencier revient à hiérarchiser.

) Laïcité : c’est la garantie de pouvoir disposer de son corps, face à la religion qui consacre l’inégalité entre les femmes et les hommes.

) Progressisme : le progrès social permet l’émancipation des femmes. ) Mixité : le sexe des militant-e-s est finalement secondaire et tout le monde participe.

Nous renouvelons les pratiques militantes. A Paris, des affiches humoristiques sur le mode du teasing ont été déployées aux accès du métro, avec un renvoi vers le site internet. Nous comptons au nombre de nos actions des campagnes contre les violences, le viol, les retraites, et, actuellement en préparation, une campagne sur la sexualité, nœud de la domination masculine. »

Albin Faure, Président de l’UNEF Aix Marseille

« Je me suis engagé politiquement au début de mes études, au moment du Contrat Première Embauche. Depuis deux ou trois ans, l’UNEF se bat particulièrement contre le sexisme et a commencé par procéder à son autocritique.

Le sexisme ordinaire était bien présent dans les rangs de l’UNEF. Par exemple, nous avons pris conscience que des militantes s’autocensuraient dans les réunions face aux militants : ces derniers prenaient systématiquement la parole, alors que les premières se retrouvaient plutôt à coller les affiches !

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Mélanie BASTOS

et Anis BENGHAZI

Asma ESSID

L’UNEF a mis en place un certain nombre d’actions pour contrer ces comportements :

) des week-ends de formation ont été organisés sur le féminisme et les stéréotypes de genre afin de comprendre pour mieux agir,

) des listes paritaires pour les élections au CROUS, ) en bonne place dans les revendications de l’UNEF, la mise en place de

crèches universitaires, un meilleur accès aux moyens de contraception. ) la projection de films comme « La Domination masculine » de Patrick

JEAN.

L’égalité entre les femmes et les hommes est un combat permanent. La volonté de défendre la démocratie passe nécessairement par l’égalité ! »

Mélanie BASTOS, Conseillère Régionale des Jeunes

Anis BENGHAZI, Conseiller Régional des Jeunes témoignent de leur engagement au sein du CRJ et insistent sur la diversité des élus.

Mélanie BASTOS est lycéenne et étudie la comptabilité. Elle défend l’idée que les filles et les garçons doivent s’unir et mettre en commun leurs points de vue et leurs réflexions. Elle a choisi de s’engager dans le CRJ parce qu’elle veut que les gens sachent que les jeunes ont des idées qui peuvent être profitables à la société toute entière.

Anis BENGHAZI est également lycéen. Pour lui, il est important de dire et répéter cette phrase : « Tous différents mais ensemble ! » et il ajoute que « tant que les filles et les garçons ne seront pas libérés des injustices et des inégalités, il n’y aura pas de liberté véritable ».

Asma ESSID, Consultante et Coach Asma ESSID a fait des études de linguiste à l’Université Sorbonne Nouvelle. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Marseille.

Elle a rappelé avec une énergie très communicative qu’elle venait de vivre des moments extraordinaires avec son peuple. Les réseaux sociaux et notamment Facebook ont été des relais cruciaux des actions des Tunisiens et des Tunisiennes depuis le début du soulèvement populaire. Ils ont permis, sur place, de faire passer les messages de mobilisation déjouant la censure des sites

Internet pratiquée jusque là par le gouvernement en place.

« Depuis la France, j’ai pu suivre en temps réel les manifestations et obtenir des informations, photos, vidéos, directement postées par les participant-e-s. J’ai été surprise par des jeunes ayant un discours aussi pensé, structuré, politisé. Pendant des années, on a eu une piètre image de cette jeunesse tunisienne et là, tout a changé. En ce qui me concerne, j’en suis venue à utiliser les réseaux sociaux de façon progressive et exponentielle : d’abord un simple portait sur Facebook, puis, tout s’est emballé et mon rapport à ce réseau a complètement changé. Je l’ai utilisé

comme un réel outil me permettant de réaliser un vrai travail d’investigation. En ce qui concerne la place des femmes dans les événements, elle a été très importante mais il faut être très vigilants pour que les décisions politiques qui vont suivre leur fassent réellement une place dans la société».

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Asma KOUKI

Asma KOUKI, historienne, archiviste et militante politique en Tunisie et en France

Asma KOUKI est Tunisienne, de Tunis. Elle a milité à l’Union générale des Etudiants Tunisiens ainsi que dans un groupe politique « Les Communistes démocrates », devenu le « Parti socialiste de gauche

tunisien », parti clandestin, légalisé après la Révolution.

Pour elle, les réseaux sociaux ont changé la façon d’agir et d’exercer le militantisme. Avant la Révolution, une minorité d’internautes intervenaient sur des sites ou blogs engagés. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été emprisonnés pour cela. « Depuis la chute du régime dictatorial, l’utilisation d’internet est massive. L’information est comme servie sur un plateau, nous n’avons plus besoin d’aller la chercher. J’étais assez traditionnelle dans ma façon de militer et considérais Facebook comme un amusement pour les jeunes. Aujourd’hui, j’ai créée ma page (dans un but professionnel dans un

premier temps) qui est rapidement devenue un relai d’informations venues de Tunisie. »

Quelques Apports de la

Egalité entre les femmes et les hommes

La volonté de défendre la démocratie passe nécessairement par un combat permanent pour l’égalité entre les femmes et les hommes ! D’autant que, comme le montre la persistance des inégalités entre les sexes (salaires, accès à la santé etc.), les lois existantes, si elles sont nécessaires, ne sont pas suffisantes ! Les élus-e-s doivent faire en sorte que l’objectif de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes soit systématiquement pris en compte, dans les décisions, les projets, les organisations, quels que soient la thématique traitée ou le domaine concerné.

Citoyenneté

La citoyenneté ne faiblit pas mais il faut accepter de la voir différemment en utilisant d’autres critères que le taux de vote. Les formes de mobilisation dépendent de transformations telles que l’augmentation de la mobilité, des attaches… En moyenne, 20 km séparent le lieu où l’on vit de celui où l’on dort (et donc du lieu où l’on vote) ! Il faut donc repenser les espaces et les temps de la représentation politique et de la citoyenneté, qui pourrait être qualifiée « d’augmentée » en considérant ces aspects mobiles et éphémères.

Féminisme et lutte contre les stéréotypes

Il faut combattre les stéréotypes, les idées reçues concernant l’image de la femme peu ou prou ancrée dans chaque individu, et qui est le terreau idéologique sur lequel repose la société patriarcale. L’action pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes est toujours un objectif d’actualité ! La révolution féministe constitue un bel enjeu démocratique pour les jeunes, filles et garçons, qui ont à cœur de s’engager pour l’avenir de notre société.

Démocratie et territoire

La démocratie doit s’adapter à la réalité de nos modes de vie. En conséquence, quelques propositions « révolutionnaires » qui rompent avec la conception traditionnelle et largement inefficiente de la démocratie « de proximité » qui n’a, bien souvent, de proximité que le nom :

- Faire élire des maires de nuit par les travailleur-se-s de nuit. - Elire des maires de quartier au suffrage universel direct. - Donner le droit de vote à ceux et celles qui vivent « ici ». - Donner un statut à ceux et celles qui vivent « ici » mais habitent ailleurs. - Accorder une citoyenneté temporaire dans le cas de personnes de passage (touristes,

stagiaires, étudiants, migrants...)

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Idées à suivre

� Dans les processus de décision (politiques, économiques, sociaux, personnels etc.), il faut intégrer une démarche nouvelle [démarche de genre] qui consiste : - à étudier en amont les effets des décisions envisagées sur la vie quotidienne des femmes et des

hommes, - et, le cas échéant, adapter la décision (mesure, projet …) afin que son application contribue

effectivement à faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes.

� Pour les jeunes, au niveau des lycées, il faut notamment agir au moment du choix des filières afin d’éviter les orientations contre le gré des lycéen-ne-s, dictées par des stéréotypes de genre.

� En savoir plus

Contacter les intervenant-e-s / les artistes

Luc GWIAZDZINSKI – Université Joseph FOURIER – Grenoble - [email protected]

Carole CHOTIL-ROSA - Osez le Féminisme - www.osezlefeminisme.fr [email protected]

Albin FAURE - UNEF - www.facebook.com/unefaixmarseille?sk=app_4949752878 - [email protected]

Asma ESSID – AE Consulting - www.ae-consulting.fr – [email protected]

Asma KOUKI - [email protected]

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Lecture de textes

8 mars 2011 – Hôtel de Région

La démocratie et l’engagement vus par Stéphane HESSEL

� En 1941, Stéphane Hessel apprenait que le Conseil de la Résistance avait mis au point un programme et proposé un ensemble de

principes et de valeurs sur lesquels reposerait la démocratie

moderne de notre pays. Extrait 1

De ces principes et de ces valeurs, nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin. Il nous appartient de veiller ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité Sociale, pas cette société où les

médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance (…) Ce programme préconisait (…) «l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie». L’intérêt général doit primer sur l’intérêt particulier, le juste partage des richesses créées par le monde du travail primer sur le pouvoir de l’argent. � Stéphane Hessel dénonce l’indifférence comme la pire des attitudes. Extrait 2

Nous vivons dans une interconnectivité comme jamais encore il n’en a existé. Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire « je n’y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence

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La contraception :

une affaire de filles

ET de garçons. Gap – Département des Hautes-Alpes [05]

Foyer des Jeunes Travailleurs– Jeudi 10 mars 2011

Tribune

Aux côtés d’Aline VERGNON-BONDARNAUD, Présidente du GRAIF, et de la Conseillère Régionale Christine NIVOU :

- Docteur Georges GRAGLIA, médecin généraliste libéral - Sylvie ROUZES, Conseillère conjugale et familiale, Mouvement Français pour le Planning Familial des Alpes de Haute Provence (MFPF 04) - Brigitte NECTOUX, Directrice du CODES 05, Comité Départemental d'Education pour la Santé des Hautes-Alpes

Animations

Exposition du CRIPS, Centre Régional d’Information : « La contraception : une histoire de filles et de garçons », affiches et dessins réalisés par des jeunes de région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Projection des 4 films de la campagne INPES 2010 « Contraception : filles et garçons, tous concernés ! ». Destinée aux adolescents, filles et garçons, de 13 à 19 ans, cette campagne vise à sensibiliser sur les risques et les conséquences d’une grossesse non désirée survenue trop tôt.

Intermède Musical : Emilie BOURGEOIS, chanteuse- contrebassiste a interprété des classiques de la chanson française, des standards de jazz mais aussi ses propres compositions. Le public lui a réservé un accueil très chaleureux. Il a repris avec elle quelques paroles de morceaux connus comme « Donne-moi la main camarade. J'ai cinq doigts moi aussi. On peut se croire

égaux….» de Bidonville, la célèbre chanson de Claude Nougaro.

Le Mot du GRAIF

Aline VERGNON-BONDARNAUD a évoqué les deux raisons principales ayant conduit au choix de Gap pour traiter de la problématique :

- à son grand regret, l’absence du MFPF dans le département

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Georges GRAGLIA, Christine NIVOU et Aline

VERGNON-BONDARNAUD

Christine NIVOU

- le militantisme connu et reconnu du Dr GRAGLIA et l’intérêt de l’écouter sur cette problématique avant un départ en retraite annoncé. Elle a rappelé que le sujet de la contraception restait assez « classique » dans les milieux féministes et que, s'il était aussi souvent repris, c'est qu'il restait malheureusement d'actualité sur le plan légal, médical, social… les mentalités et perceptions n'évoluant pas aussi rapidement que les méthodes contraceptives ! Malgré les problèmes de financement que connaissent centres de planning familiaux et CPEF (Centres de Planification et d'Education Familiale du Conseil Général 13), et les importantes lacunes de l'Etat en matière d'éducation sexuelle, questions sur lesquelles il ne faut pas faire l’impasse, Aline VERGNON-BONDARNAUD s’est réjouie qu'une grande partie des jeunes filles ait pu s’approprier les moyens de contraception et en faire des outils de liberté dans la vie quotidienne. Contrairement à leurs grands-mères et parfois leurs mères, les filles d’aujourd’hui ne vivent plus, sauf exception, la grossesse comme une fatalité. Grâce aux moyens de contraception disponibles, « leur corps leur appartient ». Toutefois, il faut déplorer le fait que ce sont toujours principalement les jeunes filles et les femmes qui portent la responsabilité de la contraception. Et c’est cette question qu’il faut désormais poser.

Paroles d’élue

Christine NIVOU, Conseillère Régionale, a brossé un état des lieux assez sombre de la situation sur son territoire des Hautes-Alpes dans différents domaines. En particulier, elle a insisté sur la question centrale de l’accès à la contraception encore plus problématique sur les zones rurales qui cumulent de nombreux problèmes. Outre les suppressions de postes d’infirmier-ère-s scolaires (un/une pour quatre collèges), la question de l’éloignement est également centrale.

C’est en partie pour répondre à ce problème que la Région a mis en place le projet des Maisons Régionales de la Santé. Ces lieux, « à plusieurs entrées », vont apporter une réponse concrète au phénomène de désertification médicale et faciliter la diffusion de l’information au plus près des territoires. Différents types d’intervention pourront y être pratiqués : - des activités de soins, - des activités de mise en réseaux avec l’hôpital public et l’ensemble du système de santé, - des activités de santé publique, de prévention et de promotion de la santé, et des actions du champ médicosocial. Toujours dans le domaine des réponses possibles pour améliorer l’accès à la contraception des jeunes, Christine NIVOU a souligné l’intérêt du Pass contraception qui concerne aujourd’hui deux régions en France : Poitou-Charente et Ile de France.

En Ile de France depuis le 26/04/2011

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Georges GRAGLIA

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

En dehors du préservatif, la contraception apparaît à tort comme une affaire

de filles : voir son médecin, se rendre dans les centres MFPF ou CPEF pour la prescription, régler la consultation et les frais de pharmacie, prendre régulièrement la pilule ou mettre en place un autre dispositif. Aux garçons la sexualité insouciante ? En cas de grossesse non désirée, la responsabilité est théoriquement partagée mais là aussi, les filles doivent souvent assumer seules les conséquences : parcours de la combattante pour pratiquer une IVG dans les délais en évitant les discours moralisateurs, ou mener la grossesse à terme puis élever l’enfant. Le choix d’avoir un enfant, tout comme le choix de ne pas en avoir, doit se faire et s’assumer à deux. • Une étude menée en 2006 auprès d'élèves de première et de terminale d'un lycée professionnel a fait ressortir que les filles considéraient majoritairement la contraception comme une affaire de couple. Pour les garçons, en revanche, la contraception est perçue comme une responsabilité féminine qui ne les concerne que peu, ou pas. • D'autres enquêtes soulignent le décalage d'information entre filles et garçons sur la contraception d'urgence et les méconnaissances, voire les « légendes » (risque de stérilité !) liées à son utilisation. Et l’on peut se poser la question de savoir s’il existe un lien entre les chiffres concernant l'IVG en France et cette répartition inégalitaire des rôles sexués ? • En 2007 en France, une IVG sur deux concerne une femme de 25 ans ou plus et 15 000 avortements ont concerné une mineure. Pourtant, 2/3 d'entre elles utilisaient un moyen de contraception dans le mois où la grossesse a débuté. • En Provence-Alpes-Côte d'Azur, en 2005, 22 900 IVG ont été réalisées sur des jeunes filles et femmes âgées de 12 à 25 ans. Considérant une population féminine plus large, nous détenons le taux de recours le plus élevé des régions métropolitaines après la Corse, soit 20,9 IVG par an pour 1000 femmes de 15 à 49 ans.

Dans ce contexte, la table ronde souhaite en particulier, poser deux questions : - Comment éviter les grossesses non désirées et le cloisonnement des responsabilités et connaissances au sujet de la contraception ? - Quelles sont les pistes à explorer afin de faire en sorte que les jeunes (et les moins jeunes !) considèrent la contraception comme une affaire de filles ET de garçons ?

Les Interventions Dr Georges GRAGLIA, médecin généraliste libéral et militant, a démarré son intervention en

énonçant un certain nombre de données quantitatives et qualitatives concernant en particulier la situation dans les Hautes-Alpes.

Dans 95% des cas, la femme est seule en consultation pour

demander une contraception. Cela reste l’affaire des femmes depuis des années. Avec l’épidémie de SIDA, les hommes se sont sentis concernés mais les femmes sont toujours seules pour gérer le stress, les examens et éventuellement une IVG. Le tableau général est dramatique.

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Sylvie ROUZES

) Plus de 40% des IVG pratiquées en PACA concernent des femmes de moins de 24 ans. ) 6000 IVG itératives (récidive d’avortement) par an sont à mettre en lien avec un défaut

d’information à la suite de la première IVG ou avec un problème de contraception. ) Les IVG ne sont pas pratiquées régulièrement à l’hôpital de Briançon et dépendent du bon vouloir

des médecins… ) Deux médecins les pratiquent à Gap. Seuls cinq médecins pratiquent l’IVG « en ville » (à moins de

7 semaines d’aménorrhée) dans tout le département ! ) Importance d’une prise en charge rapide : plus de 50% des IVG sont médicamenteuses. ) Les chiffres ne diminuent pas et restent constants entre 400 et 450 IVG par an sur Gap.

L’information sur la contraception est donc mal ou pas faite. Il faut blâmer les parents et l’école qui n’assument pas leurs responsabilités et commencer cette information le plus tôt possible (en primaire) afin de contrer des préjugés très répandus : la pilule ferait grossir, donnerait le cancer, le stérilet serait réservée aux femmes nullipares… Il est dur de faire penser la contraception comme naturelle ! Il existe bien sûr un problème financier. Les centres de planification assurent une bonne prise en charge mais sont peu fréquentés pour cause de défaut d’information. Du côté de la médecine libérale, on rencontre des obstacles avec la prise en charge pour les mineures via la carte Vitale des parents. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer : il faut aller contre la résistance naturelle des parents. « En tant que médecin, vous allez vous faire engueuler mais il faut passer outre ! On a besoin de nouveaux féministes ! »

« Jusqu’à récemment, il n’y avait que 4 pilules remboursées. Une cinquième a été ajoutée il y a peu. C’est un scandale ! Les jeunes filles prennent les mêmes pilules que leur mère ou grand-mère. »

L’Etat doit investir dans l’éducation thérapeutique et l’accès aux moyens de contraception pour, ensuite, économiser au niveau des IVG. Il s’agit bien d’un traumatisme pour les femmes et jeunes filles, sachant qu’une femme

sur deux y aura recours au moins une fois d’ici la fin de sa vie sexuelle.

Sylvie ROUZES, Conseillère familiale, Mouvement Français pour le Planning Familial

des Alpes de Haute-Provence

Le MFPF est une association Loi 1901 organisée en confédération de 20 fédérations régionales et d’associations départementales. Certains centres de planification sont gérés par les Conseils Régionaux. A Marseille, le centre compte 30 salarié-e-s tandis que je suis la seule sur tout le 04 ! Nous étions subventionnés par les Agences Régionales de Santé jusqu’en 2010 mais avons perdu 60% des financements. En décembre 2011, le Planning Familial 04 n’existera probablement plus. Toutes les petites associations des Alpes de Haute Provence « sautent », elles aussi, par manque de moyens. Je fais uniquement de l’information et de la prévention dans les IUT, centres de formation des infirmier-e-s, écoles d’Aides-Soignant-e-s, au CFA de Gap, à la Ligue de l’Enseignement, dans 3 lycées et 3 collèges.

En 2010, j’ai vu environ 1000 jeunes de 15-25 ans en intervention collective. ) 88% des garçons pensent à la contraception ) 88% se sentent concernés par la contraception ) 57% posent la question à leur partenaire ) 87% ne sont pas prêts à l’accompagner en consultation pour une contraception ) 87% ne sont pas prêts à participer financièrement aux moyens contraceptifs ) 20% ne connaissent pas la contraception d’urgence.

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Brigitte NECTOUX

Les jeunes sont blasés. Les filles et les garçons ne connaissent pas l’effet des contraceptifs sur leur corps. Certaines filles ne connaissent même pas le nom de leur sexe et sont dégoûtées par la pose de l’anneau car il faut introduire les doigts dans le vagin ! Les garçons sont souvent exclus de la démarche, c’est la fille qui gère la contraception dans le couple.

Le 8 mars dernier sur France 2, un journaliste réalisait un micro-trottoir sur le nombre d’IVG pratiquées en France et demandait aux passants : « Parlez-vous de la contraception à votre adolescentE ? ». Les mères n’en parlent pas à leurs fils. Il faudrait aussi que les filles puissent vraiment choisir leur moyen de contraception : leur sont-ils tous présentés ? Quel est leur coût ?

La loi est peu appliquée en ce qui concerne la contraception d’urgence. Aucune affiche n’annonce qu’elle est gratuite pour les mineures en pharmacie et les jeunes filles subissent souvent des jugements moralisateurs.

Brigitte NECTOUX, Directrice du CODES 05

Le CODES est un pôle de ressources, il dispose d’une pédagothèque à Gap avec des outils et ouvrages pour tous et toutes. Il organise des formations sur la sexualité en tant qu’acteur de prévention sur le terrain. Les salariées du CODES sont éducatrices de santé mais cette année, nous avons un stagiaire masculin ! Nous organisons des actions en partenariat étroit avec l’Education nationale, les infirmières scolaires pour la prévention des risques liés à la sexualité. Le but : rendre les jeunes acteurs de leur santé, notamment via des outils artistiques et culturels qui leur permettent de s’approprier les messages de prévention, de leur donner l’information qui leur permettra de faire des choix éclairés.

L’éducation à la sexualité est en fait une éducation à vivre ensemble, la description « éducation à la vie affective et sexuelle » serait d’ailleurs plus

appropriée. Il est important de parler le plus tôt possible (dès l’école maternelle) de respect, d’acceptation des différences, de dialogue, de maîtrise du désir et des sentiments. En effet, les enfants reprennent les modèles parentaux et assimilent dès le plus jeune âge des comportements de genre.

Rappelons que la loi de 2001 prévoyait 3 séances d’éducation à la santé et à la sexualité de la maternelle à la terminale. Or, cette éducation commence plutôt en 4ème. Pourtant, quand les jeunes sont adolescents, il est trop tard car les représentations sont déjà construites. Les parents doivent être associés. Il est dommage de relever un tel clivage entre les filles et les garçons.

Quelques Apports de la

Des constats qui pointent du doigt les disfonctionnements et les manques du système

dans sa globalité :

• L’isolement des milieux ruraux, la baisse spectaculaire des crédits aux associations de planification familiale, la non-application de la loi de 2001 sur l’éducation à la sexualité en milieu scolaire et la formation insuffisante des médecins mènent souvent à une information laconique des jeunes sur la contraception.

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• Il existe des différences de comportements et de

représentations par rapport à la sexualité entre filles et garçons. En effet, les jeunes acquièrent très tôt des stéréotypes de genre transmis par les parents, les enseignants, les médias… Par conséquent, la contraception est trop souvent encore prise intégralement en charge par les filles.

• La société de consommation et le fonctionnement du système de santé français contribuent à une certaine marchandisation de la santé et de la sexualité aux dépens des jeunes.

• Enfin, malgré les séances d’éducation à la santé et à la sexualité, les tabous et légendes existent encore parmi les jeunes, ce qui conduit à de

nombreuses erreurs et à un nombre d’IVG constant depuis des années.

En milieu rural, un accès encore plus difficile à

la contraception

Pour les jeunes vivant dans des endroits où les centres n’existent pas ou sont trop éloignés, l’accès à la contraception est très aléatoire, puisque les médecins généralistes font en fonction de leur « sensibilité ». La solution du camion qui se déplace de village en village ne convient pas puisqu’elle est peu discrète et ne garantit pas l’anonymat des jeunes visiteur-se-s. Le camion n’est efficace que dans les festivals où l’anonymat est possible. Quand tout le monde se connait dans un village, ça devient difficile. Les médecins doivent souvent s’arranger avec des pharmacien-ne-s pour préserver l’anonymat des jeunes.

D’autres facteurs aggravants :

- la disparition des médecins militants - Avant la loi Veil, les médecins voyaient arriver des femmes qui avaient essayé d’avorter par leurs propres moyens.. Toute cette génération de médecins

militants arrive maintenant à la retraite. Aujourd’hui, l’IVG n’est pas enseignée et personne ne choisit de faire carrière dans ce domaine.

- une logique marchande associée à une pénurie de moyens - Les médecins généralistes libéraux recevant les mineures de moins de 14 ans pour une contraception ne sont pas payés pour cet acte. Encore une question d’argent !

Le prix forfaitaire pour une IVG médicamenteuse est de 192€ dont 120€ de médicaments. Les laboratoires ont obtenu que l’Etat fasse payer plus cher à la Sécurité Sociale parce qu’ils sont boycottés par les médecins américains anti-avortement (vendre moins de produits mais plus cher !).

L’éducation sexuelle dans

les années 70: deux « anecdotes » de la salle

« J’étais représentant FCPE en 1974. A cette époque, les heures d’éducation sexuelle étaient programmées le soir, après le départ des cars des élèves. » « J’enseignais les Sciences naturelles dans les années 1970 dans l’Oise. J’ai reçu un blâme pour avoir demandé aux élèves de dessiner l’appareil sexuel féminin. »

L’information dans la mixité, ou pas !

De l’avis du Docteur Michèle THIEBAUT, médecin généraliste du Centre d’Education et de Planification Familiale de Gap, quand les garçons viennent visiter les structures, ils posent des questions pertinentes, sont curieux. Ils n’ont pas d’interlocuteur évident en temps normal. Il faut savoir leur parler, les voir lorsqu’ils sont là. Ils ont des sentiments mais ne les montrent pas au premier abord.

Sylvie ROUZES d’ajouter : « En 4ème et 3ème, j’aime faire une information non mixte. Quand les garçons sont ensemble, ils ont tous un pénis de 18cm mais petit à petit les vraies questions se posent et la séance est plus productive. Mélangés, ils sont tenus à leur rôle de garçons. »

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Il faut mettre les moyens pour être efficace. Par exemple, la loi dit qu’un hôpital doit pratiquer l’IVG pour être un CHR, Centre Hospitalier Régional. Quand il n’y a pas d’IVG, ces centres ne devraient plus pouvoir être des CHR !

Idées à suivre

• Commencer l’éducation à la santé et à la sexualité au plus tôt afin de lever les tabous et transmettre une information claire sur le corps et son fonctionnement. Y intégrer la question du respect et la déconstruction des stéréotypes de genre. Associer les enseignant-e-s et parents à cette démarche, mais ne pas craindre leur réaction s’ils n’y sont pas favorables.

• Prêter attention aux garçons autant qu’aux filles en matière de contraception afin que chaque jeune ou couple puisse faire des choix éclairés et adaptés.

• Exiger une meilleure formation des médecins en matière de contraception et d’IVG.

• Exiger le remboursement de tous les moyens de contraception et proposer la mise en place en région PACA d’un PASS contraception aux jeunes filles.

• Sur les territoires, la nécessité de la mise en réseau des professionnels

concernés

� En savoir plus Contacter les intervenant-e-s

Docteur Georges GRAGLIA - Cabinet Médical Seliance – 04 92 52 33 33 / 04 92 51 27 04

Sylvie ROUZES – MFPF 04 - www.planning-familial.org - [email protected]

Brigitte NECTOUX - CODES 05 - www.codes05.org - [email protected]

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Citoyenneté, laïcité :

quelle vision de

l’égalité entre les

filles et les garçons ? Digne-les-Bains – Département des Alpes de Haute-Provence [04]

L’Ermitage– Mercredi 16 mars 2011

Tribune

Aux côtés de Christine RUE, Coordinatrice du GRAIF, de Christophe CASTANER, Vice-Président du Conseil Régional et de Colette CHARRIAU, Conseillère Régionale : - Henry ETCHEVERRY, Directeur de la Ligue de l’Enseignement 04 - Géraldine LAFOND, Directrice du CIDFF 04 -�Jacqueline HENNEGRAVE, Présidente de l’association Femmes Solidaires 04

Animations

Exposition : « Jeunesse en mouvement », 30 photographies de Jean-Paul NAIL sur l’engagement des jeunes à l’occasion des manifestations contre la réforme des retraites de l’automne 2010.

Intermède musical et artistique : danse hip hop avec le groupe South Dream-association Zoukouc Crew. Un public peu habitué à ce type de danse mais qui a été conquis. Beaucoup d’admiration et d’applaudissements pour cette belle et énergique démonstration très physique.

Car podium de la Région : le matin sur le marché de Digne, Place du Général de Gaulle

Le Mot du GRAIF

Parlant au nom d’Aline VERGNON-BONDARNAUD, Christine RUE a évoqué l’importance du thème de la laïcité dans le travail réalisé par le GRAIF.

Depuis plusieurs années déjà, l’association croise la question de cette valeur fondamentale de la République avec la question de l’égalité entre femmes et hommes, condition essentielle de la démocratie. On peut mentionner au titre de ses réalisations : - en 2007, un numéro de sa revue AGOR’ELLES sur les enjeux de la Laïcité pour les femmes - en 2008, trois rencontres originales sous la forme de banquets féministes et laïques à Gardanne (13), à Digne les Bains (04) et en Avignon (84).

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Christophe CASTANER, Géraldine

LAFOND et Jacqueline HENNEGRAVE

- en 2009, une conférence grand public dont le parti pris était de traiter des « Apports de la Laïcité pour les Femmes » par une approche

historique.

A cette occasion, le GRAIF a encore une fois réaffirmé que ce principe de laïcité est, pour toutes les femmes du monde, la meilleure garantie de leur émancipation et de la défense de leurs droits légitimes, au premier chef celui d’exercer leur citoyenneté.

Se placer du côté de la jeunesse lorsque l’on traite de ces questions, c’est tout d’abord dire que les filles et les garçons sont des citoyens en formation.

C’est en effet à cette période de leur existence qu’ils intègrent des principes qui les accompagneront dans leur vie adulte. D’où l’importance de regarder plus en détail ce temps d’apprentissage des valeurs qui peuvent être positives, comme l’égalité, la générosité, l’acceptation des différences de chacun, mais qui est aussi celui de la consolidation des stéréotypes de genre qui renforcent et légitiment les rôles sociaux inégalitaires de notre société.

Paroles d’élues

Christophe CASTANER, Vice-président du Conseil Régional, est revenu sur le principe de laïcité, expliquant qu’il pouvait être considéré comme une composante de la citoyenneté, mais tout autant être regardé comme inspirant la totalité de la problématique de la citoyenneté. Trois affirmations lui semblent centrales :

- il n’y a pas de citoyenneté sans valeurs reconnues par la communauté des citoyens, - il n’y a pas de citoyenneté sans exercice effectif doté des moyens nécessaires pour l’exercer, - il n’y a pas de citoyenneté sans dynamique propre permettant sa refondation en lien avec la réalité. Aujourd’hui, le contexte est celui d’une crise sociale profonde, il faut prendre en compte l’émergence de dimensions infra et supranationales, et ré-éclairer le concept au regard de l’idéologie des droits de l’Homme. C’est en s‘adossant au principe de laïcité qu’a pu être

affirmée l’égalité entre les femmes et les hommes, dans tous les domaines. Or, aujourd’hui, si l’on regarde la réalité, on s’aperçoit que tout ce système est déstabilisé avec deux constats forts : - un important rejet de la « chose » publique, alors que cette expression du « bien commun », devrait être la clé de voûte du rassemblement des femmes et des hommes sur les territoires, - un exercice de la citoyenneté inégalitaire, en l’occurrence plus facile pour les hommes que pour les femmes, il n’y a qu’à regarder la situation dans le domaine politique où la parité est loin d’être de mise !

La laïcité est en danger et, du coup, l’égalité femmes/hommes est, elle aussi, en danger.

Anne-Marie

DESCHAMP, Conseillère

municipale, représentait le Maire de Digne. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité d’aller au-delà de ce devoir de parité instaurée pour réellement permettre aux femmes d’accéder à des postes stratégiques.

En 2009, le GRAIF a réalisé en partenariat avec l’OLPA [Observatoire de la Laïcité de Provence et d’Aix] une Bande dessinée intitulée «Petit Conte Laïque : Des Mêmes Droits pour Toutes et

Tous», destinée aux jeunes collégiens et lycéens sur le thème « femmes et laïcité ».

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Colette CHARRIAU

Colette CHARRIAU, Conseillère Régionale, a mis en avant l’importance de changer les mentalités en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Elle a insisté sur l’intérêt majeur de la mixité dans une éducation en accord avec les valeurs de la laïcité. La laïcité n’est pas une donnée, « elle ne se décrète pas », elle nécessite un apprentissage, tout comme l’égalité entre filles et garçons : le lien entre mixité et lutte contre les stéréotypes est donc central !

Parler des moyens d’exercer la citoyenneté dans le cadre d’un questionnement sur l’égalité femmes/hommes, c’est aussi parler des moyens de la mise en œuvre de cette dernière.

Or, la Région compte parmi ses compétences spécifiques déterminées par la loi : les Lycées, la formation professionnelle et l'apprentissage. Très concrètement, ces compétences recouvrent des lieux où précisément les jeunes, filles et garçons, vivent une période phare de construction des rapports à l’autre sexe. C’est donc là qu’il est possible d’agir ! La Région doit s’emparer de ces questions et travailler à la sensibilisation aux stéréotypes … et à leur déconstruction.

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

Au cœur de la question de la vision de l’égalité entre les filles et les garçons en lien avec les dimensions de la laïcité et de la citoyenneté se trouve celle des lieux d’apprentissage des valeurs, des droits et des devoirs associés.

• L’école publique est un lieu de mixité et d’égalité par excellence. C’est là que les jeunes font le début de leur apprentissage de la citoyenneté et sont immergés dans un

contexte laïque. Depuis l’instauration du Collège Unique avec la loi Haby de 1975, les établissements publics sont tous devenus mixtes, même, avec quelques années de retard, l’éducation physique et sportive. L’égalité entre filles et garçons suppose une implication partagée et la participation de toutes et tous. C’est pour cette raison qu’il faut insister sur la mixité et ne pas chercher à isoler les filles comme objets d’attention et d’études ! Cependant, malgré cette mixité, des générations de jeunes ont appris sur les bancs de l’école républicaine une version biaisée et masculine de l’histoire. L’exemple le

plus parlant est bien sûr le soi-disant « Suffrage Universel », proclamé en France en 1848. Il aura fallu attendre de nombreuses années pour qu’enfin, on parle de « Suffrage Universel masculin », précisant ainsi que la moitié de la population adulte s’est vue privée de véritable citoyenneté jusqu’en 1944, année où les femmes sont devenues électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.

• Les autres lieux d’exercice de la citoyenneté, où l’égalité entre filles et garçons est valorisée. Il convient ici de citer les Conseils Locaux de jeunes. Dans certaines collectivités territoriales françaises, des Conseils Régionaux, Généraux ou Municipaux d’enfants ou d’adolescents sont spécialement formés pour réfléchir à des questions qui les concernent plus ou moins directement. En tant qu’institutions républicaines, ces Conseils sont des lieux laïques. Précisons que le Conseil Régional des Jeunes Provence-Alpes-Côte d’Azur compte 41% de filles et 59% de garçons parmi les 124 membres titulaires. La parité est respectée pour les 104 membres suppléants.

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Henri ETCHEVERRY à la tribune

Géraldine LAFOND

• Ceci étant dit, il faut donc bien être conscient-e qu’il existe des différences entre la théorie des programmes scolaires, des dispositifs et actions exemplaires et les expériences concrètes et quotidiennes des jeunes.

Il est donc important de donner la parole aux filles et aux garçons, ainsi qu’aux professionnel-le-s qui travaillent avec eux au quotidien pour essayer de répondre à quelques unes des questions qui se posent :

- Quelle importance les jeunes accordent-ils/elels aux questions de citoyenneté et de laïcité ? - Quelle est leur vision de l’égalité ? - Peut-on relever une différence de points de vue entre filles et garçons ?

Les Interventions

Henry ETCHEVERRY, Directeur de la Ligue de l’Enseignement 04, a rappelé que, s’il avait été fondé par des moustachus et des barbus, sous le second empire, et s’il restait jusqu’à aujourd’hui majoritairement composé d’hommes, ce mouvement d’éducation populaire s’était toujours engagé dans des actions de transformation sociale. La Ligue est ouverte aux femmes dès l’origine avec la création d’un «Comité des dames ». Dès 1866, année de fondation, des centres d’enseignement pour les filles sont ouverts et la Ligue jouera un rôle décisif pour l’acceptation des filles dans l’enseignement technique.

Bien plus tard, elle appuiera le vote des lois émancipatrices en matière de mœurs (droit à la contraception, à l’IVG, à l’éducation à la sexualité…) et reste mobilisée sur ce sujet. Henry ETCHEVERRY a centré son propos sur « la laïcité, la citoyenneté et l’éducation, comme conditions de l’égalité et d’un destin partagé entre filles et garçons ». La création de l’Ecole laïque pour les deux sexes (loi du 2 mars 1882) a ainsi été une première clé permettant d’ouvrir aux filles l’accès à l’égalité des chances. Quant à l’égalité vécue, elle passe par l’émancipation. Pour la Ligue, l’essentiel est de donner à tous les élèves les outils critiques pour que chacun puisse questionner les connaissances d’où qu’elles viennent, interpeller, modifier ou valider ses convictions. L’éducation contre tous les préjugés est une ligne force de cette démarche laïque.

Géraldine LAFOND, Directrice du CIDFF 04, a ouvert son intervention en reprenant une définition de la laïcité mettant en évidence la centralité de la question de la responsabilité des choix. En lien avec cet angle d’approche, elle a présenté le CIDFF et ses missions, à savoir : l’accès aux droits et à l’information des femmes. Dans ce cadre, éduquer à l'égalité est un enjeu majeur qui nécessite de disposer de leviers pour éliminer les stéréotypes. Etre responsable de ses choix ne peut être une réalité que si l’on peut réellement les exercer. Or, si l’on prend un exemple, en l’occurrence celui de l’orientation professionnelle, comment parler

de véritable choix alors que la représentation des métiers est encore si sexuée ?

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Jacqueline

HENNEGRAVE

L’école est un vecteur d’égalité, notamment au travers de la mixité, mais elle n’échappe pas aux représentations et stéréotypes de genre et à leurs incidences sur la construction des identités, l’orientation scolaire et la projection de soi dans l’avenir. L’institution scolaire est amenée à jouer un rôle important dans ce domaine, aux côtés d’autres acteurs incontournables comme la famille. En particulier, a été précisé l’engagement des centres dans le domaine de l’éducation et de la citoyenneté et les actions menées par le CIDFF avec des établissements scolaires pour:

) favoriser l’égalité entre filles et garçons, ) éduquer les jeunes afin de prévenir les comportements sexistes et violents, ) mobiliser les équipes éducatives et les jeunes vers une orientation professionnelle diversifiée, ) promouvoir l’histoire des droits des femmes et lutter contre les discriminations sexistes.

Jacqueline HENNEGRAVE, Présidente de l’association Femmes Solidaires 04, a présenté un bref

historique de l’association. Le 17 juin 1945 se tenait le premier congrès de L’UFF, Union des Femmes Françaises, devenue Femmes solidaires en 1998. Femmes Solidaires est un mouvement féministe, reconnu mouvement d’Education Populaire et bénéficiant d’un statut consultatif spécial auprès des Nations Unies. L’association défend les valeurs fondamentales de laïcité, de mixité, d’égalité pour les droits des femmes, de paix et de liberté.

Clara Magazine, édité par l’association est le journal de l'actualité féminine et féministe en France. C’est Clara ZETKIN enseignante, journaliste et femme politique marxiste allemande, figure historique du féminisme qui a donné son

nom au journal. Femmes Solidaires et son journal ont évolué conjointement depuis leur création en 1945. Ce magazine donne la parole aux femmes, formule des propositions et fournit des repères concrets pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Il offre dans chaque édition des repères sur la vie des femmes

d'aujourd’hui, des infos sur leurs droits, des reportages sur la vie des femmes de la planète, des pages culture et loisirs, des brèves d'actualité, des dossiers complets pour la réflexion et le débat. A ce titre, il est un support d’information de premier ordre sur les combats de cette association totalement en prise avec le monde actuel, et très accessible à un lectorat « jeune » : faire reculer toutes les formes de discrimination et de domination, le sexisme et le racisme, faire avancer l'égalité des droits des femmes (avec ceux des hommes…), qu'il s'agisse de droit et d'accès à l'emploi, de l'égalité des femmes et des hommes au travail, de la parité ou de la lutte contre toutes les violences faites aux femmes. En 2011, le grand projet de l’association s’intitule « Pour une éducation non sexiste dès le plus jeune âge » (à partir de la crèche !), en prévention des violences conjugales et intrafamiliales. Il fait suite à la loi du 9 juillet 2010 contre les violences faites aux femmes qui introduit la prévention des violences dans le code de l’éducation et qui stipule que tous les établissements scolaires doivent promouvoir une éducation non sexiste.

Le CNIDFF dispose d’un agrément national

d’association éducative

complémentaire de l’enseignement public (arrêté du 20 novembre 2007-BOEN 29/11/2007).

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Les Apports de la table ronde

Le « masculin universel » … n’est pas neutre.

Aujourd’hui, le « masculin universel » prétendument neutre est remis en cause dans l’enseignement de l’histoire. Le Journal Officiel du Ministère de l’Education Nationale du 29 avril 2010 indique que le programme d’histoire « place clairement au cœur des problématiques les femmes et les hommes qui constituent les sociétés et y agissent. »

Le libre choix laissé entre plusieurs études doit permettre en particulier de montrer la place des femmes dans l’histoire des sociétés »(Introduction de l’ouvrage « La place des femmes dans

l’histoire, Une histoire mixte », Belin, 2010). En sortant de l’ombre les femmes qui ont fait l’histoire au même titre que les hommes, les enseignants mettent leurs élèves, filles et garçons, sur un pied d’égalité. Ils participent ainsi activement à la construction de leur identité en leur donnant à voir des personnages célèbres ou non, représentatifs de la population de chaque lieu et époque.

Apprendre l’égalité et … la mettre en œuvre

Avec une solide information sur la citoyenneté et la laïcité, les jeunes disposent d’une base de connaissances et de pratiques centrées sur l’égalité entre filles et garçons. Encore faut-il qu’elle soit « exploitée ». La vie familiale, l’intégration de stéréotypes de genre au travers de l’éducation et de la société de consommation ou encore le repli identitaire et religieux peuvent être source de sexisme ordinaire, vécu ou bien produit par les jeunes dans leur sphère privée puis naturellement exportée vers l’espace public.

Idées à suivre

� Affirmer une véritable volonté politique et dégager des moyens financiers pour permettre à tous les enfants et à tous les jeunes de bénéficier d’une éducation non-sexiste, de séances d’éducation à la sexualité, d’actions de prévention des violences sexistes, il est indispensable de donner des moyens suffisants aux associations et institutions qui ont en charge ces missions.

� Mettre en place une éducation effective des jeunes à la sexualité, les informer et les accompagner, notamment sur les questions de contraception. � Refonder l’école de la République pour une éducation permettant à tous de vivre ensemble dans un environnement respecté, une qualité de vie réelle, une démocratie et une citoyenneté plus effective et une égalité réelle entre les femmes et les hommes.

� En savoir plus Contacter les intervenant-e-s

Henry ETCHEVERRY - Ligue de l’Enseignement 04 - www.laligue-alpesdusud.org - [email protected]

Géraldine LAFOND - CIDFF 04- www.infofemmes.com - [email protected]

Jacqueline HENNEGRAVE - Femmes Solidaires 04 - www.femmes-solidaires.org - [email protected]

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Journée : Le sport collectif pour toutes !

Sponsoring et

partenariat La Seyne-sur-Mer – Département du Var [83]

Complexe Scaglia-Baquet – Samedi 19 mars 2011

Tribune

Aux côtés de Claude MESANGROAS, Conseiller Régional, Marie BOUCHEZ, Conseillères régionales et Christine RUE, coordinatrice du GRAIF, des intervenant-e-s de l’association FEMIX’Sports [Femmes Mixité Sports], du Crédit Mutuel et des Offices Municipaux du Sport.

Activités & Animations

De nombreuses activités ont été proposées tout au long de la journée aux 230 participantes présentes : - ateliers de découverte et d’initiation aux cinq sports collectifs (rugby, football, hand-ball, volley et basket), techniques d’arbitrage - tournois des clubs - match de gala, en présence du grand public : handball féminin Pôle Jeunesse Nationale Toulon-Saint Cyr contre Metz - présence du car podium de la Région toute la journée - village associatif avec, outre le stand du GRAIF, de

nombreuses structures dont certaines adhérentes de l’association, comme Business and Professional Women Toulon et le Planning Familial.

Le Mot du GRAIF

Christine RUE, coordinatrice du GRAIF, était chargée de transmettre le message d’Aline VERGNON-BONDARNAUD. Elle a rappelé que les sujets de toutes les rencontres du Mois des Femmes avaient été conçus autour de la notion centrale et indispensable de mixité. Le concept

Une journée complète autour du sport collectif au féminin avec, aux côtés de Sylvie GUIGONNET, cheville ouvrière de la manifestation pour l’Antenne régionale du Var, de nombreux-ses élu-e-s de la Région :

Robert ALFONSI, Avi ASSOULY, Marie BOUCHEZ, Gaëlle LENFANT, Claude MESANGROAS, Mireille PEYRANO, Marc VUILLEMOT, Christine SANDEL.

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d’égalité suppose en effet l’existence de deux groupes, filles et garçons, hommes et femmes. Pour parvenir à cette égalité, il faut marcher ensemble vers cet objectif commun sans s’exclure

mutuellement.

La manifestation de la Seyne tient une place spéciale dans le programme du Mois des Femmes puisque l’antenne régionale varoise a mis en place une journée entière d’animations autour de l’encouragement, voire de la revendication : « Le sport collectif pour toutes ! ». Il est important de mettre en lumière de nombreuses initiatives locales pour permettre aux filles et aux femmes de pratiquer un sport collectif, mais également, la réussite des équipes féminines varoises à l’échelle régionale et nationale. Toute la matinée, vous avez eu l’opportunité d’assister à des animations qui se poursuivront jusqu’à ce soir, avec en point d’orgue la rencontre de handball entre les équipes de Metz et de La Seyne sur Mer.

L’histoire et les représentations du sport en général (le défi, l’affrontement…) sont profondément ancrées dans un univers masculin. En outre, les femmes ont été sciemment exclues des entraînements et des compétitions pendant des siècles. Rappelons-nous les paroles de Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes, qui déclarait en 1896 qu’une « Olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et, ne craignons pas d’ajouter,

incorrecte ». Bien plus récemment, en 1972, le Secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs Joseph Comiti, indiquait aux préfets : « Le rugby est contre-indiqué pour les jeunes filles et les femmes pour des raisons physiologiques évidentes. Cette pratique présente des dangers sur le

plan physique et sur le plan moral. » De quels dangers parle-t-on ? Du risque qui pèse sur l’image de la féminité ou bien des blessures physiques, qui ne seraient pas un problème pour les garçons et les hommes ? A l’inverse, certains sports leur ont été tout désignés, voire réservés. La danse ou la gymnastique occupent une place toute féminine dans les représentations collectives et dans les faits. Près de 80% des licenciés de gymnastiques en France sont des filles ! Ces sports requièrent -en plus d’une solide musculature- de la grâce et de la souplesse, des qualités supposément féminines dont les garçons ne peuvent malheureusement pas souvent faire preuve sans laisser peser des soupçons sur leur virilité.

Les jeunes doivent apprendre à communiquer, à s’entraider, à s’organiser, à arbitrer… Somme toute, à agir efficacement ensemble le temps d’une partie ou plus ! Peut-être nos représentants politiques devraient-ils s’y mettre et réaliser qu’ils ne passent pas souvent la balle aux femmes, même démarquées et ayant fait leurs preuves. Nous l’affirmons aujourd’hui haut et fort : nous refusons de rester sur le banc des remplaçantes ! Et là, ce n’est pas seulement du domaine du sport dont il s’agir.�

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

• Les footballeuses de l’équipe nationale se sont qualifiées pour la Coupe du Monde qui va se dérouler en Allemagne en juin 2011. Elles ont remportés les 10 matches éliminatoires, ont marqué 50 buts et n’en ont encaissé aucun. Nos médias nationaux préfèrent commenter la débâcle et les affaires qui ont émaillé la dernière Coupe de monde de football masculin plutôt que de tourner les projecteurs vers les BleuEs. Quelle part de la population française en a entendu parler ? Par manque de sponsors et donc de moyens, le sport collectif féminin doit souvent s’en

tenir à un statut amateur ! Or, le sport collectif féminin n’étant pas assez médiatisé,

ils n’attirent pas les sponsors. Le serpent se mord la queue et ce sont les sportives et les téléspectateurs qui en pâtissent. Quant à déclarer que les sports collectifs féminins n’intéressent personne, il n’y aurait qu’un pas.

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• Pourtant, le handball féminin rassemble régulièrement des millions de

téléspectateurs devant l’écran depuis les JO de Lillehammer en 1999. Un match de la Coupe du monde 2003 particulièrement haletant entre la France et la Norvège a mobilisé 12 millions de téléspectateurs, captivés par la performance de la gardienne Valérie Nicolas qui remportera le titre de meilleure joueuse du monde.

• Outre ces exceptions, la Présidente de l’association Femmes Mixité Sports, Danièle Salva, remarque que le sport féminin bénéficie d’une bien meilleure visibilité dans la presse locale que nationale. Les initiatives des clubs sont nombreuses pour ouvrir leurs portes aux filles, notamment dans le milieu traditionnellement masculin du Rugby. Il faut préciser que le rugby féminin a été reconnu comme sport de haut niveau en 2000 sous l’impulsion de

Marie-George Buffet, alors Ministre des Sports. �

• Les stéréotypes ont la vie dure et la très faible visibilité médiatique des sports

collectifs féminins ne risque pas de changer la donne sauf si l’on se pose les bonnes questions et que les acteurs des territoires, associations, entreprises, institutions travaillent ensemble à cet objectif. Comment favoriser un meilleure dialogue entre eux, c’est bien l’une des questions que posée la à l’occasion de cette table ronde.

Quelques Apports de la table ronde

• Il faut croire à la valeur de l’exemple et aux décisions politiques qui peuvent parfois faire avancer les mentalités.

• La pratique et la visibilité des sports collectifs féminins mais également mixtes, doivent être encouragées par les politiques, à tous les échelons.

• Les sports collectifs sont une source d’épanouissement personnel, physique et social. Qu’ils soient pratiqués à l’école dans le cadre des cours d’éducation physique et sportive ou en club, les sports collectifs, notamment lorsqu’ils sont mixtes, représentent une véritable éducation à la citoyenneté.

Idées à suivre

) Faire la promotion des équipes féminines varoises et plus largement de la région afin de leur donner une place au sein des clubs.

) Encourager les jeunes filles et les femmes à s’engager dans les sports collectifs en tant que joueuses, mais aussi arbitres, entraîneuses, responsables de structures…

) Détacher l’image de ces sports de l’identité masculine.

) Associer le monde sportif au féminin au monde économique et médiatique.

� En savoir plus Consulter le DVD « Mois des Femmes - Le sport collectif pour toute » - disponible auprès de Sylvie GUIGONNET - [email protected]

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Quel engagement des

jeunes artistes pour

plus d’égalité entre les

filles et les garçons ? Morières-lès-Avignon – Département du Vaucluse [84]

Espace Culturel Folard – Mardi 22 mars 2011

Tribune

Aux côtés de Marie-Christine LIENARD, Vice-présidente du GRAIF et de Cécile HELLE, Vice-présidente du Conseil Régional :

- Magali BRACONNOT, comédienne, membre du Syndicat Français des Artistes-interprètes, élue municipale à Simiane Collongue (Bouches du Rhône) - Claire GUERIN, Directrice d’Akwaba, coopérative culturelle à Châteauneuf de Gadagne. - Joël GRANIER, Maire de Morières-lès-Avignon.

Animations

Car podium de la Région : le matin, sur le marché de Montfavet. Exposition : « Jeunesse en Mouvement », 30 photographies de Jean-Paul NAIL exposées dans le hall et la salle polyvalente de l’Espace Folard. Intermède musical : le slameur avignonais

Dizzilez a captivé le public avec des textes poétiques, drôles et engagés sur le monde qui nous entoure. Il a su tirer parti de la configuration de l’Espace Culturel Folard en interaction avec l’auditoire : journée mondiale de l’eau, contexte politique, culture… sont évoqués avec humour et dans la bonne humeur, au rythme des percussions ou des sons samplés.

Le Mot du GRAIF

Marie-Christine LIENARD, Vice-présidente du GRAIF, représentait Aline VERGNON-BONDARNAUD. Elle est tout d’abord revenue sur le libellé de la thématique du jour : « Quel engagement des jeunes artistes pour plus d’égalité entre les filles et les garçons ? »

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Cécile HELLE et Joël GRANIER

Marie-Christine

LIENARD

Les puristes de la langue françaises pourraient faire remarquer, à juste titre, que l’on ne peut pas demander « plus » d’égalité : il ne s’agit pas d’une notion quantifiable mais d’un fait. L’égalité existe, ou n’existe pas.

Cependant, il faut regarder la réalité du terrain et là, on voit que rien n’est aussi tranché ! L’équilibre des représentations, le partage du pouvoir, l’égalité des droits et surtout l’application des lois

existantes progressent petit à petit, de manière parfois nuancée. « Filles et garçons : ensemble vers plus d’égalité ! » est donc notre mot d’ordre. Il souligne également l’importance de la mixité dans cette démarche pour l’égalité, où il ne s’agit surtout pas d’opposer des camps. Les garçons et les hommes s’impliquent eux aussi pour le bénéfice de l’ensemble de la société.

Marie-Christine LIENARD a ensuite pris comme terrain d’analyse quelques symboles, en commençant par le cinéma et le Festival de Cannes. En 2010, aucun long-métrage réalisé par une femme n’a été retenu dans la sélection officielle. Rassurons-nous, pas de spécificité bien française puisque, depuis

leur création en 1928, une seule femme a été récompensée d’un Oscar de la meilleure réalisatrice, en 2010 : Kathryn BIGELOW (film Les Démineurs). Avant elle, Sofia COPPOLA, avait été la seule femme nominée dans cette catégorie, en 2004.

Du côté du spectacle vivant, les Théâtre Nationaux sont loin de donner l’exemple. Cette année encore, le Théâtre de l’Odéon propose 16 spectacles, tous écrits par des hommes et mis en scène par des hommes pour 15 d’entre eux.

Et, plus près de nous, du côté du Festival d’Avignon, on peut noter qu’en 2010, sur 24 spectacles, 14 sont écrits et mis en scène par des hommes. Il n’y a en revanche que 3 spectacles écrits et mis en scène

par des femmes.

Paroles d’élu-e-s

Cécile HELLE a chaleureusement remercié Aline VERGNON-BONDARNAUD, Présidente du GRAIF, ici représentée par Christine RUE, pour l’ensemble de son action au service des droits des

femmes, ainsi que les élu-e-s présent-e-s, notamment ceux et celles du Conseil

Municipal des Jeunes de Morières. Elle a souligné l’importance du Mois des Femmes en

Provence-Alpes-Côte d’Azur afin de ne pas se contenter de consacrer le seul 8 mars à la défense des droits des femmes. Les inégalités existent bel et bien dans les sphères politique et professionnelle, mais également dans les structures culturelles. Pire encore, la domination masculine est souvent intégrée par celles et ceux qui représentent le système. Il faut mettre en cause les structures de gouvernance et ne pas se cacher qu’il y a des inégalités entre les femmes et les hommes que l’on pourrait qualifier de « quasi-légales » : on les constate, parfois même, on les mesure, mais on ne fait rien pour réellement s’attaquer aux problèmes, dans le domaine du droit à la formation par exemple. Des études ont montré que les hommes, dans tous les cas, tirent toujours mieux leur “épingle du jeu” que les femmes, le type d’emploi occupé étant l’élément majeur de la probabilité d’accès à la formation. Hors, si les femmes cadres et celles des professions

Joël GRANIER, Maire de Morières-lès-Avignon, a manifesté son enthousiasme à accueillir une étape du Mois des Femmes. Il a rappelé que les récentes révolutions dans le monde arabe et les manifestations en France en général montraient que les femmes savaient se faire entendre. « Tant mieux

pour la démocratie ! »

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intermédiaires se forment de plus en plus, un grand nombre de femmes acceptent des emplois associés au temps partiel, peu dotés en formation.

La question qui se pose est bien, après tous ces constats, de savoir comment faire concrètement avancer les choses, pour les jeunes en particulier.

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

Les femmes ont longtemps été écartées de la scène ou de la production par des lois, des usages, des corporatismes, ou tout simplement par des circonstances sociales et économiques qui ne leur permettaient pas de s’investir. Quand elles parvenaient à créer une œuvre, peu de légitimité était donnée aux artistes féminines comme l’illustre l’exemple d’Aurore Dupin qui signa ses écrits sous le nom de George Sand. Aujourd’hui, bien qu’il n’existe plus aucune loi ou interdit moral pesant sur les femmes, l’égalité entre femmes et hommes est très loin d’être respectée.

En 2006 puis en 2009, une mission d’analyse et de propositions est lancée par la Direction de la Musique, de la danse, du théâtre et des spectacles du Ministère de la Culture et de la Communication. L’auteure Reine PRAT signe deux rapports consécutifs qui mettent en lumière non seulement l’absence des femmes aux directions et dans le corps enseignant des structures

artistiques, mais aussi l’écrasante majorité d’œuvres écrites et mises en scène par des

hommes dans les programmations.

- En moyenne, 60% des étudiants dans les filières artistiques sont des femmes. Pourtant, elles ne représentent plus que 40% des personnes inscrites à la Maison des Artistes.

- Selon les lieux d’expositions, elles obtiennent 10 à 25 % d’exposition pour les arts visuels (Mémoire Sophie FAŸ, 2008, Paris III Sorbonne – Paris IV P et M Curie).

- Yves RAIBAUD, Géographe et enseignant-chercheur, a mené une étude en région Aquitaine (Masculinité et espaces publics : l’offensive des cultures urbaines. 2008) et constaté :

« Dans les centres et écoles de musiques amplifiées où s’organisent ces pratiques musicales entre apprentissage, répétitions et concerts, 85% des usager-e-s sont des garçons, phénomène qui se

prolonge par une domination exclusivement masculine sur l’ensemble du secteur : production musicale, direction des équipements et fédérations, réseaux transversaux qui les soutiennent dans les collectivités publiques et les services de l’Etat, industrie culturelle, relais locaux d’animateurs socioculturels. La position des hommes dans les organigrammes reflète les chiffres précédents : ils sont directeurs, présidents, administrateurs, coordonnateurs. 89% du personnel permanent est de sexe masculin. »

Pour revenir sur l’angle de la jeunesse retenu cette année, différentes questions peuvent être posées, entre autres : - Qu’en est-il des jeunes artistes ? Sont-ils conscient-e-s de ces disparités ? - De quelle manière peuvent-ils s’engager pour plus d’égalité, notamment entre filles et garçons ? L’artiste a un rôle de représentation, il donne quelque chose à voir ou à entendre au monde, il peut rapidement devenir une figure publique dans

notre société ultra-médiatisée : valeur de l’exemple !

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Claire GUERIN

Magali BRACONNO

Les Interventions

Magali BRACONNOT, comédienne, membre du Syndicat Français

des Artistes-interprètes, élue municipale à Simiane Collongue

A mes débuts dans le milieu artistique, j’étais heureuse de pouvoir exercer un métier-passion mais n’étais pas du tout consciente des inégalités.

Pourtant, j’ai rapidement réalisé l’existence de problèmes :

• Au théâtre, il y a 2 ou 3 fois moins de rôles féminins que

masculins alors que les femmes sont majoritaires dans les écoles de théâtre. Il est difficile de trouver des textes pour les examens d’entrée puisque les rôles féminins sont en général moins intéressants et il y a très peu de premiers rôles féminins. Le problème est le même dans les créations contemporaines et à l’écran. En outre, les femmes se voient proposer moins de rôles lorsqu’elles vieillissent.

• La question de la maternité a été complètement oubliée lors des négociations de 2003 sur le régime des intermittents, ce qui est assez révélateur sur la place des femmes dans le milieu du spectacle !

• L’idée que le monde de la culture serait idéal et plus égalitaire est complètement

fausse.

Finalement, la question de la place des femmes dans le spectacle vivant et dans l’art est la même que celle de leur place dans la société en général, ou dans tout système social pyramidal.

Quelles sont nos perspectives ? Des lois françaises et européennes existent. Malgré son fonctionnement lent et difficile, nous devons saisir la HALDE lorsqu’elles ne sont pas respectées. Lors de réunions du Syndicat Français des Artistes-interprètes à Bruxelles, nous avons décidé d’élaborer un guide des bonnes pratiques et constaté que la Suède était le pays le plus avancé en la matière. En France, l’association H/F est née à Lyon en 2006. Elle a pour but de lutter contre les discriminations femmes/hommes dans le domaine de la culture. En tant qu’artistes, nous pouvons amener le changement mais aussi perpétuer des modèles sexistes et conservateurs. Nous avons le pouvoir et le devoir de faire mieux !

Claire GUERIN, directrice de la coopérative culturelle Akwaba

Dans ma structure et mon domaine en général, je constate qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes dans le personnel

permanent (diffusion, management, communication, organisation d’événements, édition) et parmi les artistes et techniciens. Les réseaux tiennent un rôle important.

Dans le cadre d’une étude pour la Fête de la Musique 2010 dont le thème était « Musique au féminin », Audiens (Protection sociale pour la presse, l’audiovisuel, le spectacle et la communication) relève que 47% de leurs actifs sont des hommes mais ils représentent 57% de la masse salariale. Les femmes sont moins souvent cadres et ne restent pas longtemps. Une musicienne a témoigné : « On pense à moi quand on recherche unE bassiste, pas un bassiste ». Malheureusement, les musiciennes ne sont pas fondamentalement recherchées pour leur talent artistique mais pour leur côté sexy.

On a tendance à idéaliser le côté spontané de la jeunesse donc il est dur de faire ce constat à Akwaba. Il n’y a aucune technicienne, et quand une femme est dans un groupe c’est la chanteuse. Beaucoup de filles apprennent un instrument mais quand un groupe se crée, ces filles disparaissent. Sont-elles dissuadées par l’aspect technique de la gestion du son ? J’ai observé que les initiatives de

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femmes restent « underground » (terme plus valorisant que « discrètes »). Elles forment des collectifs informels et ne se mettent pas sur le devant de la scène. Cependant, des groupes mixtes apparaissent aujourd’hui sur la scène professionnelle.

Quelques Apports de la

Regarder les stéréotypes en face et les combattre avec les lunettes du genre

Les idées reçues sur le monde de la culture, perçu à tort comme égalitaire, sont à combattre au moyen de données chiffrées permettant d’établir un état des lieux. Les statistiques genrées sont un outil de mesure indispensable à la prise de conscience des inégalités et à leur correction. Ainsi, lors de la réforme du statut d’intermittent-e, aucune attention n’a été portée aux besoins spécifiques des femmes. Domaines différents …. mais inégalités

similaires !

Des interventions complémentaires venues de la salle ont enrichi la thématique et animé les discussions. Un constat commun : dans tous les domaines (culture, sport, BTP etc), les femmes ont tendance à s’autocensurer, quand elles ne sont pas tout simplement dissuadées ou discriminées par des institutions conservatrices.

Idées à suivre

� Produire et utiliser des études genrées pour corriger les inégalités (cf les rapports de Reine PRAT).

� S’inspirer des luttes féministes et féminiser le langage de l’écriture. Un monde dit et représenté au masculin perpétue l’invisibilité et justifie les inégalités.

� Intégrer des femmes dans les jurys de sélection à l’entrée des écoles artistiques.

� Dans le domaine musical, faire passer des auditions derrière un paravent peut augmenter le nombre de femmes reçues.

� Utiliser la technique de la « fermeture-éclair » qui permet une égale répartition de la parole pour le public d’une conférence (alterner les questions de femmes et d’hommes avec un temps délimité).

� Être vigilant-e-s sur les images véhiculées par les artistes et les structures dans lesquelles ils-elles évoluent.

� En savoir plus Contacter les intervenant-e-s

Magali BRACONNOT - [email protected]

Claire GUERIN – Akwaba Coopérative Culturelle - www.akwaba.coop - [email protected]

Un milieu aussi machiste que

la culture : le BTP ! La Présidente de l’association « Les Femmes du bâtiment font

parler d’Elles » a évoqué les difficultés rencontrées au quotidien par ses adhérentes, y compris au Pôle Emploi lorsqu’une femme demande à effectuer une formation traditionnellement « masculine ».

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Les jeunes et le temps

libre Nice – Département des Alpes-Maritimes [06]

Antenne régionale – Jeudi 24 mars 2011

Tribune

Aux côtés de Christine RUE, Coordinatrice du GRAIF, de Patrick ALLEMAND, Vice-président du Conseil Régional et de la Conseillère Régionale Joëlle FAGUER :

- Véronique AYMARDI, Informatrice documentaliste du CRIJ CA, [Centre Régional d’Information Jeunesse Côte d’Azur], - Louis ERB, UNEF [Union Nationale des Etudiants de France] de Nice, UNEF, Vice-président étudiant du CROUS de Nice-Toulon - Pascale LEYRAT, Directrice de l’UDHAJ 06 [Union Départementale de l’Habitat pour les Jeunes des Alpes Maritimes]

Animation Exposition : les 30 photographies de la série « Jeunesse en Mouvement » de Jean-Paul NAIL ont été exposées dans l’antenne. Intermède musical : Ottilie BOUCHAREU, auteure-compositrice et interprète, a chanté guitare en main quelques-unes de ses compositions. Ses textes poétiques ont ravi le public, qui a prêté l’oreille aux nombreux jeux de mots et sons originaux.

Car-podium de la Région : le matin sur le campus St Jean d’Angely. Un vrai succès, dans un lieu de passage fréquenté par les étudiant-e-s.

Le Mot du GRAIF

Christine RUE, Coordinatrice du GRAIF, représentait Aline VERGNON-BONDARNAUD à Nice. Pour commencer cette table ronde, elle s’est référée à la définition du temps libre : s’agit-il du temps de loisirs, du temps disponible hors-scolarité et obligations ? Tous les jeunes ne sont pas scolarisés, le temps dit « libre » peut donc aussi être subi : périodes d’inactivité entre contrats d’intérim, chômage…

En plus des activités personnelles des jeunes, il existe de nombreuses structures publiques et privées dédiées au temps libre : bibliothèques, centres de loisirs, maisons de quartier, associations, clubs sportifs et artistiques... Elles sont organisées autour des principes centraux d’utilité pour soi-même et pour les autres, d’apprentissage, mais aussi de détente.

MANIFESTATION DE CLOTURE

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Patrick ALLEMAND

Joëlle FAGUER

Myriam LAMARE, boxeuse et

Conseillère Régionale

Observe-t-on un temps libre différencié pour filles et garçons ? Avant de poser directement la question à nos intervenant-e-s, nous pouvons d’ores-et-déjà affirmer, sur la bases d’études et de témoignages, que filles et garçons n’ont pas toujours des pratiques identiques. Comme toujours la différence réside dans le poids des constructions sociales et les différences d’expériences et d’éducation.

Par exemple, Luc GWIAZDZINSKI, géographe et intervenant lors de notre manifestation d’ouverture à Marseille le 8 mars dernier, indiquait que les adolescents sortaient souvent par groupes non-mixtes. Les parcours sont différents au sein du territoire car même à 18 ou 20 ans, les filles subissent encore des interdictions parentales qui ne touchent pas les garçons.

De même, la pratique sportive hors milieu scolaire est plus fréquente chez les garçons que les filles. Le taux de pratique sportive des jeunes diminue dans les foyers dont les parents sont peu ou pas diplômés ou avec des revenus faibles et l’écart se creuse alors d’autant plus entre filles et garçons. Au sein même de ces pratiques, on remarque une nette division entre sports dits «de filles» et sports dits «de garçons». Heureusement, des initiatives existent pour briser ces frontières, c’est ce que la journée du 19 mars à la Seyne-sur-Mer, « Les sports collectifs pour toutes ! » a démontré.

Paroles d’élues

Patrick ALLEMAND, Vice-président du Conseil Régional a brossé un panorama des trop nombreuses inégalités entre femmes et hommes et des difficultés qui touchent spécifiquement les femmes dans leur vie quotidienne.

Il a également rappelé que la notion apparemment neutre du temps libre chez les jeunes ne se traduisait pas de la même manière pour les filles et les garçons. Plus le contexte social est difficile, plus les écarts se creusent entre la participation des filles et des garçons aux pratiques sportives, associatives et culturelles. La différenciation en fonction des niveaux culturels est avérée et l’on avance le chiffre de seulement 3% de filles pratiquant des loisirs collectifs.

Toujours dans le domaine du sport, on sait que les garçons sont quatre fois plus nombreux que les filles à être licenciés. La différenciation des rôles sociaux entres filles et garçons dès le plus jeune âge imprime des valeurs et comportements inégalitaires aux futurs adultes.

Joëlle FAGUER, Conseillère Régionale, rappelle tout le chemin parcouru et les combats gagnés par les féministes depuis les années 1960. Aujourd’hui, les filles et les garçons peuvent cohabiter, communiquer, apprendre à se connaître grâce notamment à la généralisation de la mixité à l’école.

La mixité est aussi importante en dehors de l’école et si l’on constate aujourd’hui un certain recul de la mixité, les institutions peuvent agir : par exemple en conditionnant les aides aux associations à la vigilance sur la mixité des activités qu’ils mettent en œuvre. L’imposition de mesures restrictives ou de quotas n’est pas forcément une solution à ses yeux; la réduction des inégalités doit avant tout passer par le dialogue et la compréhension.

Enfin, qui est vraiment en mesure de décider de ce qui est « normal », « naturel » ou pas pour chacun des sexes ? Il est difficile pour les jeunes femmes qui accumulent les conditionnements culturels de savoir ce qu’elles veulent réellement. En tant que « filles »/ « femmes », il ne faut jamais s’arrêter de se demander qui l’on est et ce que l’on veut vraiment.

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Véronique AYMARDI

La Thématique – éléments de contexte et problématique

présentés par le GRAIF

• A l’échelle de la France, de nombreux équipements publics de loisirs proposés aux jeunes sont utilisés en grande majorité par des garçons. C’est le cas des skate-parks, des « city stades » (équipement sportifs en accès libre, mini terrains de basketball, football…) ou encore lieux de pratique musicale (studios, salles de répétition gérés par les collectivités).

• Le géographe Yves Raibaud, dans un article intitulé Masculinité et espaces publics : l’offensive des

cultures urbaines, relève que, dans les centres et écoles de « musiques amplifiées » (où s’organisent des apprentissages, répétitions et concerts), 85% des usagers sont des garçons. Cela reflète aussi la proportion d’hommes travaillant dans ce même secteur (production musicale, directions des équipements et fédérations, réseaux transversaux qui les soutiennent dans les collectivités publiques et les services de l’Etat, industrie culturelle et relais locaux d’animateurs socioculturels).

De nombreuses questions découlent de ces constats :

- Le problème vient-il des politiques de la ville, qui prévoient des équipements censés canaliser l’énergie des jeunes qui poseraient problème, donc en majorité des garçons, ou des stéréotypes bien répandus qui assignent à chaque sexe des activités bien spécifiques ? Aux filles la danse ou le chant, aux garçons le skate-board ?

- des jeunes choisissent de s’engager à temps plein pour des causes qui leur tiennent à cœur, par exemple dans le cadre du Service Civique mais aussi sous la forme du militantisme syndicaliste, mutualiste ou politique. Comment considérer ce temps de bénévolat et d’engagement ?

Les Interventions

Véronique AYMARDI, CRIJ

Etant donné que nous ne disposions pas de statistiques genrées de nos visiteur-se-s, j’ai mené l’enquête au sein du CRIJ et auprès des conseiller-e-s. Nous proposons 280 offres de loisirs mais les demandes sont très disparates.

Par exemple, nous ne recevons pas de demandes de l a part des filles pour le football ou les sports de combats (sauf le judo). On ne voit pas non plus de filles dans les skate-parks. Les filles sont plus nombreuses que les garçons à demander des activités d’arts plastiques, de théâtre et de chant.

Nous avons également remarqué que lorsque les pères viennent avec leur fils, c’est « pour qu’il se dépense » tandis que les mères viennent avec leur fille pour des activités plutôt « calmes ». Lorsqu’il y a un choix à faire pour des questions de budget ou de temps, l’activité des garçons est valorisée. De

notre côté, on se force à proposer le maximum d’activités aux filles et aux garçons, mais le clivage se fait vraiment chez les parents.

« Le plus souvent, les garçons ne se déplacent pas, ils envoient la maman, le papa, la grande sœur ».

Dans les espaces initiatives jeunes, nous avons l’exemple d’un club de boxe où les filles se sont senties indésirables. Elles ont donc créé une autre salle où même les

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Louis ERB

Pascale LEYRAT

garçons viennent lorsque la première affiche complet. Les associations sont également confrontées à la problématique des filles musulmanes, qui demandent des activités non mixtes ou créent des projets pour femmes uniquement. La mixité n’est pas évidente et spontanée pour toutes les activités des jeunes.

Louis ERB, UNEF Nice L’UNEF se définit elle-même comme une organisation de transformation sociale, ce qui entraîne mécaniquement pour Louis ERB la prise en compte de l’égalité. La lutte pour l’égalité entre femmes et hommes est donc l’un des axes d’action de l’UNEF, consciente de l’existence de nombreuses inégalités entre les sexes, entre autres :

- dans les métiers exercés : 18% de femmes ingénieures, - dans les formations choisies : forte « autocensure » des femmes avec constat de la « disparition » des femmes

par exemple dans les cursus de sciences après le niveau master, - dans les niveaux de responsabilités : au conseil d’administration de l’Université de Nice, 5 étudiants dont 1 fille, - dans la santé : chez les étudiant-e-s, 8% des hommes ont des pensées suicidaires contre 17% des femmes. L’UNEF propose donc à ses militants un travail de « conscientisation » et d’acquisition d’un esprit critique avec, entre autres, des formations sur le féminisme qui sont très suivies

Pascale LEYRAT, UDHAJ 06

A l’UDHAJ, 70 à 75% des demandes de logements émanent d’hommes, la mobilité des femmes est plus contrainte. Par contre, 75% des demandes pour l’accompagnement des entrepreneurs viennent de femmes.

Dans le domaine des pratiques associées au temps libre, nous avons constaté des différences significatives entre filles et garçons, suite à une enquête réalisée à l’occasion de la table ronde. En particulier, nous nous sommes intéressés à la nature de ces pratiques et l’on peut tracer assez facilement une ligne de démarcation différenciée entre les filles et les garçons. De façon un peu caricaturale, on peut dire qu’aux premières reviennent les pratiques plutôt individuelles sans forcément de rapport avec l’extérieur comme la lecture, la télévision alors que les garçons s’investissent plus dans les pratiques festives et collectives comme les sports collectifs ou les sorties en groupe. Il ressort également que globalement, les garçons sortent plus sur l’espace public que les filles.

Quoi qu’il en soit, le temps libre correspond aux activités non productives, c’est-à-dire ce qui reste après le travail, les transports, les obligations, le sommeil. On l’associe parfois de manière négative au désœuvrement. Le temps de travail fait partie de notre culture pour définir l’identité d’un individu. Or, l’individu se construit aussi sur son temps libre ! On remarque aujourd’hui une bascule entre l’importance donnée au temps libre et celle donnée au temps de travail. Une vie réussie est peut-être plus harmonieuse et moins centrée sur l’argent. Il faut protéger la sphère du temps libre qui est vraiment un temps de liberté : « investissez-le ! »

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Quelques Apports de la table ronde

Le débat récurrent de l’inné et de l’acquis

Un dialogue riche entre élu-e-s, volontaires de l’association et intervenant-e-s s’est ouvert sur le caractère inné ou acquis des différences entres filles et garçons. Malgré des points de vue divergents, tous-tes s’accordent pour que chacun-e puisse avoir le choix de ses activités durant son temps libre sans restriction.

Un temps libre marqué par les préjugés et stéréotypes

Il faut donc lutter contre les préjugés qui assignent arbitrairement à l’un ou l’autre des sexes des goûts ou qualités dits « naturelles », et par conséquent des activités adaptées. Ainsi, une jeune femme qui

souhaite faire de la boxe ou un jeune homme de la danse ne sont généralement pas encouragés, voire dissuadés, puisqu’ils vont à l’encontre des stéréotypes admis par la société.

Idées à suivre

� Prendre conscience du conditionnement culturel genré auquel sont soumis les filles et les garçons depuis leur plus jeune âge.

� Faire en sorte de garantir l’égalité d’accès entre filles et garçons dans toutes les activités.

� Promouvoir et rendre plus visibles des initiatives exemplaires, des personnes ayant des pratiques allant à l’encontre des stéréotypes pour les combattre et ouvrir les champs des possibles pour toutes et tous.

� En savoir plus Contacter les intervenant-e-s

Véronique AYMARDI - CRIJ CA - www.crijca.fr - [email protected]

Louis ERB – UNEF Nice - [email protected] - www.unef.fr

Pascale LEYRAT - UDHAJ 06 - www.unhaj.org - [email protected]

Une volontaire : « Je crois que nous avons compris que l’on nous met dans des boîtes depuis tout petit » « Pour choisir, il faut sortir de la boite ».

Une volontaire : « On a beaucoup débattu entre nous sur le fait que les pères puissent élever les enfants aussi bien que les mères. »

25 jeunes en Service Civique

avec l’association «Unis-Cité » ont suivi une sensibilisation à l’égalité et au genre avec le CIDFF avant leur venue à la table-ronde. Ils ont activement participé au débat.

Un volontaire : « Le dogme de l’égalité est insupportable ! Ne peut-on pas tirer profit des différences ? Il est normal que l’égalité soit respectée pour l’accès aux activités mais je ne suis pas persuadé que toutes les filles veulent faire de la boxe. Les différences de goûts sont normales. »

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GRAIF

[Groupement Régional pour l’Action et l’Information des Femmes]

14, rue Sainte BARBE – 13001 MARSEILLE

℡ : 04.91.99.00.13 - � : 04.91.99.09.69

[email protected] – www.graif.fr