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1 Modélisation des impacts économiques des changements climatiques par secteur de développement SECTEUR RESSOURCES EN EAU Septembre 2014 Etude réalisée dans le cadre du PROJET SAP-BENIN Renforcement de l’information sur le climat et systèmes d’alerte précoce en Afrique pour un développement résilient au climat et adaptation aux changements climatiques MINISTERE DU DEVELOPPEMENT, DE LANALYSE ECONOMIQUE ET DE LA PROSPECTIVE l’Anticipation au service du Développement Secrétariat Permanant de la Commission de Modélisation Economique des Impacts et de l’Intégration des Changements Climatiques dans le Budget Général de l’Etat - CMEICB

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Page 1: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

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Modélisation des impacts économiques des

changements climatiques par secteur de

développement

SECTEUR RESSOURCES EN EAU

Septembre 2014

Etude réalisée dans le cadre du

PROJET SAP-BENIN Renforcement de l’information sur le climat et systèmes d’alerte précoce en Afrique pour un

développement résilient au climat et adaptation aux changements climatiques

MINISTERE DU DEVELOPPEMENT, DE L’ANALYSE ECONOMIQUE ET DE LA PROSPECTIVE

l’Anticipation au service du Développement

Secrétariat Permanant de la Commission de Modélisation Economique des Impacts et de l’Intégration des Changements Climatiques dans le Budget Général de l’Etat - CMEICB

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SOMMAIRE

Résumé .................................................................................................................................................... 4

Sigles et acronymes ................................................................................................................................. 6

Liste des figures ....................................................................................................................................... 7

Liste des tableaux .................................................................................................................................... 8

1. Introduction ....................................................................................................................................... 9

2. Objectifs de l’étude .......................................................................................................................... 10

2.1. Objectif général ........................................................................................................................ 10

2.2. Objectifs spécifiques ................................................................................................................. 10

3. Résultats attendus............................................................................................................................ 10

4. Problématique des changements climatiques : de l’échelle globale à l’échelle nationale .............. 11

5. Description des données, outils et méthodes .................................................................................. 14

5.1. Données utilisées ...................................................................................................................... 14

5.2. Scénarii climatiques .................................................................................................................. 14

5.3. Modèles climatiques, hydrologiques et socioéconomiques .................................................... 15

5.4. Méthodes utilisées ................................................................................................................... 16

6. Evaluation des impacts de la variabilité et des changements climatiques ...................................... 16

6.1. Impacts passés et actuels ......................................................................................................... 16

6.1.1. Sur les précipitations ........................................................................................................... 17

6.1.2. Sur les écoulements ............................................................................................................ 18

6.1.3. Autres impacts connexes .................................................................................................... 20

6.2. Impacts potentiels futurs ......................................................................................................... 23

6.2.1. Sur les précipitations ........................................................................................................... 23

6.2.2. Sur les volumes écoulés ...................................................................................................... 24

6.2.3. Sur le réseau hydrographique ............................................................................................. 25

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6.2.4. Sur les volumes d’eau mobilisables ..................................................................................... 25

6.2.5. Sur la qualité de l’eau .......................................................................................................... 26

6.2.6. Autres impacts connexes .................................................................................................... 27

6.2.7. Tendance des phénomènes météorologiques extrêmes .................................................... 27

6.2.8. Mesures potentielles d’adaptation ..................................................................................... 28

7. Evaluation des capacités sectorielles et besoins de renforcement de capacité. ............................. 29

7.1. Evaluation des capacités sectorielles ....................................................................................... 29

7.2. Besoins de renforcement de capacité ...................................................................................... 30

8. Evaluation des impacts économiques .............................................................................................. 30

8.1. Impacts économiques actuels .................................................................................................. 30

8.2. Evaluation sommaire des coûts d’impact et d’adaptation futurs ............................................ 30

9. Limites de l’étude ............................................................................................................................. 31

10. Conclusion ........................................................................................................................................ 33

Références bibliographiques ................................................................................................................. 35

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RESUME

Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la

variabilité climatique actuelle sur les différents secteurs de la vie socio -

économiques sont lourdes de conséquences et menacent dangereusement le

développement de l’économie nationale en général. L’objectif de la présente étude

est d’évaluer les coûts futurs des changements climatiques dans le secteur de l’eau

pour le Bénin afin de les intégrer à la planification du développement.

A ce titre, après avoir évoqué la problématique des changements climatiques de

l’échelle globale à l’échelle nationale, une évaluation des impacts passés et actuels

de la variabilité du climat sur les ressources en eau a été faite. Il en ressort que ces

impacts se traduisent par des sécheresses intenses impliquant le tarissement de

certains cours d’eau dans la région septentrionale du pays et au sud ouest, la baisse

des niveaux de certaines retenues d’eau voire leur tarissement, des inondations qui

détruisent les cultures, les récoltes les habitations et infrastructures de transport rural

et dégradent la qualité des ressources en eau de surface. Aussi des impacts sur la

santé en matière de recrudescence de maladies liées à l’eau ont été relevés.

Bien que les scénarii climatiques pour le futur présentent quelques opportunités, en

général les projections annoncent un climat plus hostile et rude marqué par des

déficits pluviométriques et des inondations. Ces variations extrêmes impacteront

négativement la qualité de l’eau et augmenteront, par conséquence, les coûts de

traitement de l’eau. De même, l’élévation du niveau de la mer devrait impacter

négativement la qualité des ressources en eau souterraines dans la région côtière et

par ricochet les volumes d’eau mobilisables alors que la demande sera en

augmentation.

Pour limiter les impacts des inondations, les options potentielles suivantes pourraient

être mises en œuvre : i) la mise en place d’un système d’alerte précoce aux

inondations et à la sécheresse, ii) la construction de digues de protection, iii) la

construction de retenues d’eau sur les cours des principaux fleuves et rivières et iv)

la sensibilisation et l’opérationnalisation de la législation en matière d’occupation des

berges des cours d’eau. L’investissement de 300 milliards de FCFA en 2014 ou 369

milliards de FCFA en 2020 pour les deux mesures d’adaptation qui requièrent des

travaux de génie civil permettra d’éviter tous les coûts liés à la réalisation des

risques d’inondation jusqu’en 2050 au moins ainsi que les surcoûts de la mise en

œuvre de ces mesures en 2050. Par ailleurs, cet investissement permettra d’éviter

les pertes en vies humaines, les arrêts d’activités économiques et sociales et les

conséquences de ces arrêts.

Enfin, l’analyse de la capacité des services en charge du secteur de l’eau et du

climat, à traiter des questions d’évaluation économique des impacts des

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changements climatiques sur le secteur et de définition de stratégies pertinentes

d’adaptation, révèle que dans leurs factures actuelles, ces services n’ont pas toutes

les capacités techniques, matérielles et humaines nécessaires. Le besoin d’un

renforcement de capacité du Bénin dans ce cadre s’avère indispensable.

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Sigles et acronymes

CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements

Climatiques

CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

DGEau Direction Générale de l’Eau

DNM Direction Nationale de la Météorologie

FCFA Francs des Communautés Financières d’Afrique

GCM Global Circulation Model (En français : Modèle de Circulation

Globale)

GES Gaz à Effet de Serre

GIEC Groupe Intergouvernemental d’Expert sur l’évolution du Climat

IMSP Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques

INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique

MEHU Ministère de l’Environnement de l’Habitat et de l’Urbanisme

MEPN Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature

PIB Produit Intérieur Brut

PNE Partenariat National de l’Eau

SONEB Société Nationale des Eaux du Bénin

WACDEP Water and Climate Development Program (en français :

Programme Eau, Climat et Développement)

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Liste des figures

Figure 1: Variation de la température globale (en haut) du niveau moyen de la mer (au

milieu) et de la superficie neigeuse dans l’hémisphère nord (en bas). ....................... 11

Figure 2: Tendance de la température moyenne de l'air. ............................................................. 13

Figure 3 : Variation de la température moyenne à l'horizon 2050 par rapport à 2000 sous le

scénario A1B. ....................................................................................................................... 14

Figure 4: Tendance de la pluviométrie moyenne interannuelle ................................................... 17

Figure 5: Variabilité interannuelle des débits sur l'Alibori à Yankin indiquant la tendance nette

au déficit d’écoulement à partir de1975. .......................................................................... 18

Figure 6: Variabilité interannuelle des débits sur l'Ouémé à Bétérou montrant clairement un

déficit d’écoulement à partir de 1970. .............................................................................. 19

Figure 7: Assèchement du Fleuve Momo à Athiémé en Avril 2013 ............................................ 19

Figure 8: Inondation dans un village dans la commune d'Athiémé ............................................ 20

Figure 9: Impact des précipitations intenses sur les pistes rurales à Aplahoué ....................... 21

Figure 10:Destruction d’un dalot sur la route Kandi-Ségbana en 2013 ..................................... 22

Figure 11: Impact des précipitations intenses sur les pistes rurales à Savalou ....................... 22

Figure 12: variation de la pluviométrie annuelle à l'horizon 2050 (scénario A1B) par rapport à

la période de référence 1961 – 1990. .............................................................................. 23

Figure 13: Evolution du débit sur l'Ouémé à Bonou à différents horizons temporels .............. 24

Figure 14: Evolution de la recharge sur l'Ouémé à divers horizons. .......................................... 26

Figure 15: Inondations et sécheresses en Afrique de l'Ouest de 1970 à 2010. ....................... 27

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Liste des tableaux

Tableau 1: Projection des précipitations aux horizons 2025 et 2050 sur la haute vallée du

fleuve Ouémé suivants deux scénarios climatiques. .................................................. 24

Tableau 2: Coûts d'impact estimatifs des inondations à différents horizons temporels .......... 31

Tableau 3: Evolution du coût des mesures d’adaptation sélectionnées .................................... 31

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1. INTRODUCTION

De plus en plus, les changements climatiques sont reconnus comme des contraintes

majeures pour le développement économique et social de toute la planète. Leur

origine anthropique a été établie sans ambage par le Groupe d’Experts

Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Il s’agit la concentration

croissante du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère

terrestre. L’augmentation subite de la concentration de ces gaz dans l’atmosphère

remonte au début de l’ère industrielle.

Au regard des impacts négatifs multiples observés dans plusieurs secteurs du

développement économique et social des nations, la nécessité de développer des

stratégies adaptatives pertinentes par secteur de développement s’impose. Au plan

international, des instruments comme la Convention Cadre des Nations Unies sur les

Changements Climatiques (CCNUCC) et le Protocol de Kyoto (PK) ont été élaborés

et constituent les premières réponses internationales à la lutte contre les

changements climatiques.

Au plan régional, des initiatives comme le programme de renforcement des capacités

sur l’«Économie de l'adaptation, la sécurité en eau et le développement résilient aux

changements climatiques» en Afrique (2013-2015) constituent également des

stratégies sous régionales de riposte contre les changements climatiques. Cette

initiative s’inscrit dans le cadre de l’opérationnalisation des engagements pris en

matière d’adaptation aux changements climatiques et de plans d’investissement de

la Déclaration de Sharm el-Sheikh de l’Union Africaine de 2008 sur l'Eau et

l’Assainissement. L’objectif de cette initiative est, entre autres, d’accroître les

capacités techniques, analytiques et institutionnelles des ministères en charge de la

planification, des finances, de l'environnement, de l'agriculture, de l'eau, des travaux

publics, aux fins d’assurer un développement résilient aux changements climatiques

dans les pays africains.

Ainsi, au plan national, dans le cadre du Programme Eau, Climat et Développement

(WACDEP : 2013-2016) du Conseil des Ministres de l’Union Africaine chargés de

l’eau, la thématique spécifique choisie au Bénin porte sur le renforcement de

capacités sur les outils et méthodes d’évaluation, de modélisation et de prévision

économique des impacts du climat en vue de l’optimisation des stratégies

d’adaptation à développer et du développement résilient à promouvoir.

La présente étude dans le secteur de l’eau, qui fait partie d’un ensemble de trois

études sectorielles (l’agriculture et la sécurité alimentaire ; l’eau et les risques

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hydrologiques et la santé et les épidémies d’origine climatique) s’inscrit dans le cadre

de la mise en œuvre du plan d’action issu de l’atelier des 26 et 27 décembre 2013

tenu à Grand-Popo dans le cadre du programme WACDEP.

2. OBJECTIFS DE L’ETUDE

2.1. OBJECTIF GENERAL

L’objectif général de l’étude est d’évaluer les coûts futurs des changements

climatiques dans le secteur de l’eau pour le Bénin afin de les intégrer à la

planification du développement.

2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

De façon spécifique, l’étude vise à :

présenter de façon générale et succincte la problématique des changements

climatiques, de l’échelle globale à l’échelle nationale en passant par l’échelle

régionale ;

évaluer les impacts passés, présents et futurs de la variabilité climatique et

des changements climatiques sur le secteur des ressources en eau

évaluer les capacités du secteur des ressources en eau à traiter

convenablement les questions liées à la définition des stratégies d’adaptation

dans le secteur ;

évaluer les impacts économiques des changements climatiques sur le secteur

ressources en eau.

3. RESULTATS ATTENDUS

Les principaux résultats escomptés au terme de cette étude sont :

la problématique des changements climatiques est décrite de l’échelle globale

à l’échelle nationale

les impacts passés, présents et futurs de la variabilité climatique et des

changements climatiques sur le secteur des ressources en eau sont évalués

les capacités sectorielles à traiter convenablement les questions liées à la

définition des stratégies d’adaptation dans le secteur ressources en eau sont

évaluer et les besoins en renforcement de capacité sont connues

les impacts économiques des changements climatiques sur le secteur

ressources en eau sont évalués.

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Figure 1: Variation de la température globale (en haut) du niveau moyen de la mer

(au milieu) et de la superficie neigeuse dans l’hémisphère nord (en bas).

Source : GIEC, 2007

4. PROBLEMATIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : DE

L’ECHELLE GLOBALE A L’ECHELLE NATIONALE

Il est établi (GIEC, 2007) que le climat global subi des changements majeurs,

conséquences directes d’importants rejets de Gaz à Effet de Serre (GES) dans

l’atmosphère. Ces changements se traduisent, sans équivoque, à l’échelle globale

par (Figure 1) :

- l’augmentation sans équivoque de la température moyenne de l’atmosphère et

de l’océan ;

- l’augmentation du niveau moyen de la mer à l’échelle du globe ;

- la fonte massive de la couverture neigeuse.

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Ce réchauffement de la température de la surface du globe, issue des observations

induit, entre autres, une augmentation de la fréquence et l’intensité des phénomènes

météorologiques extrêmes ; notamment les inondations, les sécheresses, les

cyclones (l’exemple de Katarina est édifiant), les vagues de chaleurs etc.

Par ailleurs, les simulations des modèles climatiques pour le XXIe siècle s’accordent

à prévoir une augmentation très probable des précipitations dans les latitudes

élevées et une partie des tropiques, et une diminution probable dans certaines

régions subtropicales et aux latitudes moyennes et inférieures. Ainsi, l’augmentation

de l’intensité et de la variabilité des précipitations induirait une augmentation des

risques d’inondation et de sécheresse et influencerait non seulement la disponibilité

mais également la qualité de l’eau dans plusieurs régions du monde, surtout en

Afrique.

A l’échelle régionale, en Afrique, le Sahel, la corne de l’Afrique et l’Afrique Australe

sont affectées par la sécheresse depuis la fin des années 1960s avec de sévères

impacts sur les ressources en eau, la sécurité alimentaire et l’occurrence des

situations de famine (Nicholson et al., 2000). De même l’Afrique de l’Ouest a connu

des décroissances des pluviométries annuelles depuis la fin des années 1960s avec

des pics de 20 à 40% au cours de la période 1968-1990 par rapport à la période

1931-1960 (Nicholson et al., 2000 ; Chappell and Agnew, 2004 ; Dai et al.,2004). La

diminution de la surface du lac Tchad, conséquence de la sévérité des sécheresses

consécutives et prolongées des années 1970s-1990s, est un exemple édifiant de

l’existence d’un signal climatique défavorable au secteur des ressources en eau. Au

delà de ce signal régional, partout en Afrique et surtout en Afrique de l’Ouest, on a

assisté ces vingt dernières années à l’augmentation de la fréquence des inondations

tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Les cas des inondations de 2009 au Burkina

Faso (310 mm d’eau en 10 heures : plus de la moitié du cumul moyen interannuel),

2010 dans la plupart des pays du Bassin du fleuve Niger témoignent d’une

accentuation de la variabilité climatique dans la sous région. Aussi, la disparition de

mares temporaires au Sahel, la tendance à la diminution des normales

pluviométriques un peu partout dans la sous région ouest africaine dénotent d’un

changement en cours. Ces modifications posent la question fondamentale de

l’approvisionnement en eau pour tous les usages et de la sécurité de l’eau au niveau

régional.

Il est prévu qu’en Afrique environ 75 à 250 millions de personnes subiront une

augmentation du stress hydrique à l’horizon 2020 et ce chiffre peut atteindre 350 à

600 millions à l’horizon 2050 (Arnell, 2004 cité dans Bates et al., 2008).

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Au niveau national, le Bénin n’est pas épargné par le réchauffement planétaire. En

effet, on a déjà observé (McSweeney et al., 2008) une augmentation de la

température moyenne annuelle de 1.1˚C depuis 1960, avec un taux d’augmentation

de 0.24˚C par décennie. A noter que cette moyenne nationale cache bien des

disparités zonales dans le pays. Ces vingt dernières années, les extrêmes

hydrométéorologiques (sécheresse, inondation, vagues de chaleurs, vents violents

etc.) ont été marqués par une augmentation de leurs fréquences. En effet, les

années 2008, 2009, 2010, 2012 et 2013 ont été caractérisées par des inondations

majeures dont celles de l’année 2010 ont été les plus graves compte tenu de leur

étendue spatiale (55 communes touchées sur les 77 du pays) et du nombre de

personnes touchées (680.000 personnes). Au plan économique, l’impact des

inondations de 2010 a été estimé à plus de 127 milliards de FCFA et une baisse du

taux de croissance du PIB de l’ordre de 0,8 point (Bénin, 2011). De plus, au Bénin, il

est déjà constaté que l’approvisionnement en eau des zones rurales est influencé

par le prolongement de la saison sèche compte tenu de l’arrêt précoce des

précipitations. Des institutions opérant dans le secteur de l’eau comme le Partenariat

National de l’Eau du Bénin (PNE-Bénin), la Direction Générale de l’Eau (DGEau)

tirent déjà sur la sonnette d’alarme sur le fait que, si rien n’est fait face au

comblement du barrage d’Okpara (comblement qui découle de la combinaison des

précipitations plus intenses qui augmentent l’effet d’érosion des terres dénudées par

l’activité agricole), il ne sera plus capable d’approvisionner la ville de Parakou d’ici

2025. Aussi, la retenue d’eau de Djougou connait-elle la même situation de

comblement que la retenue de l’Okpara qui alimente la ville de Parakou.

Des études récentes (McSweeney et al, 2008, Figure 3 et Lawin et al., 2013, Figure 3)

ont mis en évidence la persistance de l’augmentation de la température moyenne de

l’air aux horizons 2050 et 2100. A l’horizon 2050, les modèles prévoient une

augmentation de l’ordre de 0.5°C pour le modèle le moins pessimiste, à 3°C pour le

modèle le plus pessimiste. A l’horizon 2100, l’augmentation pourrait varier de +2°C

(Scénario B1) à +6°C (Scénario A2)

Figure 2: Tendance de la température moyenne de l'air.

Source : McSweeney et al, 2008

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Figure 3 : Variation de la température moyenne à l'horizon 2050 par rapport à 2000 sous

le scénario A1B.

Source : Lawin et al., 2013

5. DESCRIPTION DES DONNEES, OUTILS ET METHODES

5.1. Données utilisées

Les données hydroclimatiques exploitées ou dont les résultats d’exploitation sont

rapportés dans cette étude concernent notamment : les précipitations sur la période

1940-2010 fournies par le réseau pluviométrique de la Direction Nationale de la

Météorologie (DNM), la température (Minimum, moyenne, Maximum) aux stations

synoptiques du pays, les débits de rivières, principalement l’Ouémé à Bétérou et

l’Alibori à Yankin, sur la période 1951-2000.

Les données socioéconomiques exploitées concernent les inondations de 2010 et se

réfèrent au nombre de communes touchées, au coût économique des impacts, au

nombre de points de PIB perdus.

5.2. Scénarii climatiques

Les scénarii d’évolution du climat implémentés au Bénin sont les scénarii A1, A1B,

A2, B1 et B2 du GIEC dont une description synthétique est donnée ci – après :

Scénario A1 : il suppose un monde futur caractérisé par une croissance

économique très rapide, une population mondiale qui atteint son

maximum au milieu du siècle pour diminuer ensuite et

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l’apparition rapide de technologies nouvelles et plus efficaces.

Réduction sensible de la disparité régionale du revenu par

habitant.

La variante A1B de la famille de A1 suppose un équilibre entre toutes les

sources d’énergie en admettant que toutes les technologies

propres à l’approvisionnement énergétique et à l’utilisation finale se

perfectionnent à un rythme similaire.

Scénario B1 : il fait l’hypothèse d’un monde où la population mondiale atteint son

maximum au milieu du siècle pour diminuer ensuite (comme dans

les A1), mais avec une évolution rapide des structures

économiques vers une économie axée sur les services et

l’information et l’adoption de technologies propres et fondées sur

une utilisation efficace des ressources. L’accent est mis sur la

recherche de solutions mondiales en matière de viabilité

économique, sociale et environnementale, y compris par le biais

d’une plus grande équité, mais sans nouvelles initiatives ayant trait

au climat.

Scénario A2 : ce scénario suppose un monde très hétérogène, avec une forte

augmentation démographique. Le développement économique est

moindre avec une forte émission de gaz à effet de serre.

Scénario B2 : il suppose un monde où l'accent est mis sur des solutions locales ou

régionales, dans un sens de viabilité économique, sociale et

environnementale.

L’analyse de la politique de développement du Bénin montre que le pays aspire à

une économie émergence. Dans ce contexte, toutes les formes d’énergie (fossile et

renouvelable) sont considérées avec l’adoption de technologies propres. Les scénarii

A1B et B1 sont donc les plus en cohérence avec les stratégies de développement du

Bénin. Ainsi, pour les projections des impacts potentiels futurs des changements

climatiques au Bénin ce sont les résultats de ces deux scénarii (A1B et B1) qui

seront exploités dans cette étude.

5.3. MODELES CLIMATIQUES, HYDROLOGIQUES ET SOCIOECONOMIQUES

Les modèles climatiques implémentés au Bénin dans le cadre de projets comme

impétus ou d’études prospectives comprennent notamment : CGCM3, MRI,

HadCM3, HadGEM1, CNRM (Royer et al., 2002), CSIRO (Gordon et al., 2002),

ECHAM5 (Jungclaus et al., 2006), et MIROC3.2 (K-1 Model Developers. 2004). Les

conditions aux limites utilisées pour le forçage des modèles concernent notamment

la pression atmosphérique, la composante horizontale de la vitesse du vent, la

température et l’humidité de l’air.

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Les modèles hydrologiques et socioéconomiques utilisés sont respectivement (Speth

et al., 2010) BenHydro et BenEau puis WEAP. BenHydro simule la disponibilité de

l’eau et BenEau simule la demande en eau tandis que WEAP permet de combiner

ces deux modèles pour la gestion des ressources en eau.

5.4. METHODES UTILISEES

Les travaux et résultats présentés dans cette étude découlent de la combinaison de

plusieurs méthodologies allant des méthodes statistiques aux méthodes de

projection climatique ou de projection économique en passant par les méthodes

géostatistiques de cartographie dynamique pour élaborer les cartes.

Pour les projections climatiques (température et précipitation), les horizons temporels

les plus exploités sont 2025 et 2050. Toutefois, l’horizon 2100 a été utilisé pour la

température. Les sorties des modèles de circulation générale (GCMs) utilisés sont

désagrégées à la résolution de 9 min d’arc (soit environ 10 Km).

L’évaluation des coûts d’impact des inondations s’est basée sur l’année 2010 comme

année de référence car, non seulement les inondations de 2010 sont exceptionnelles

de par leur ampleur mais également ce n’est que ces inondations qui ont connu

d’évaluation économique complète des dommages et pertes dont les résultats

validés sont disponibles. On suppose donc que 2010 constitue le pire cas

d’inondation que puisse connaître le pays. Les coûts d’impact économique projetés

reflètent le coût des impacts qu’occasionnerait une inondation du type 2010 à

chaque horizon si rien n’est fait à partir de maintenant (inaction).

La projection des coûts des mesures d’adaptation s’est basée sur l’année en cours

(2014) pour la référence des coûts. Les coûts sont actualisés en utilisant un taux

d’inflation fixé par hypothèse à 3% qui est la valeur moyenne sur les cinq dernières

années (2009 à 2013).

6. EVALUATION DES IMPACTS DE LA VARIABILITE ET DES

CHANGEMENTS CLIMATIQUES

6.1. IMPACTS PASSES ET ACTUELS

Plusieurs impacts de la variabilité climatique et des événements météorologiques

extrêmes ont été observés sur les précipitations, les débits, les infrastructures de

mobilisation des ressources en eau de surface, le réseau hydrographique de même

que la vie des populations. Une synthèse des constats majeurs est donnée dans

cette section.

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6.1.1. SUR LES PRECIPITATIONS

Dans l’ensemble du pays on a noté :

o l’augmentation de la fréquence des inondations qui implique des impacts

majeurs sur la qualité de l’eau ; les cas des années 2008, 2009, 2010, 2012

et 2013 sont très marquants ;

o l’augmentation des séquences sèches à l’intérieur de la saison des pluies

entraînant la baisse des rendements agricoles.

Plus spécifiquement :

dans la région septentrionale du pays il a été mis en évidence:

o la baisse de la pluviométrie moyenne interannuelle (post 1970 versus avant

1970) (Figure 4, MEPN, 2010) ;

o une répartition des pluies évoluant vers le retard des événements

pluvieux ;

o le raccourcissement de l’unique saison pluvieuse qui implique

l’allongement de la période sèche ;

dans la région méridionale du pays, il est observé :

o une légère tendance à la hausse des précipitations dans la zone côtière ;

o un déficit et le raccourcissement de la seconde saison des pluies ;

o la jonction de la seconde saison des pluies, certaines années, avec la

grande saison.

Figure 4: Tendance de la pluviométrie moyenne interannuelle

Source : MEPN, 2010

1940 - 1970 1971 - 2000

Page 18: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

18

-2,0

-1,5

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

1951

1954

1957

1960

1963

1966

1969

1972

1975

1978

1981

1984

1987

1990

1993

1996

1999

Ind

ice a

nn

uel

Années

Alibori

Figure 5: Variabilité interannuelle des débits sur l'Alibori à Yankin

indiquant la tendance nette au déficit d’écoulement à partir

de1975.

6.1.2. SUR LES ECOULEMENTS

De 1951 à 2000, et à l’échelle annuelle, la baisse des précipitations a été de 3 à 5%

sur les deux grands bassins du Bénin (l’Ouémé et le sous bassin béninois du fleuve

Niger) sur la période 1971-2000 par rapport à 1951-1970. Ainsi, les écoulements de

surface ont baissé d’environ 10% sur ces deux bassins. Les Figure 6 et

6 montrent ce déficit d’écoulement à partir de 1971 pour le bassin de l’Alibori et le

sous bassin de l’Ouémé à Bétérou. Il importe de donner ici quelques détails sur la

manifestation de l’accentuation de la variabilité climatique sur les ressources en eau

de surface. Sans être exhaustif, il est constaté :

- un déficit presque général d’écoulement sur l’ensemble des rivières;

- le tarissement précoce de certaines rivières ;

- le prolongement de la période d’étiage ;

- des étiages sévères obligeant des rivières pérennes à devenir saisonnières

comme c’est le cas souvent ces dernières années pour la Pendjari ou le

Momo à Athiémé (Figure 7 : cas du Mono à Athiémé en Avril 2013);

- la baisse des hauteurs maximales d’eau dans les cours d’eau;

- l’augmentation du nombre de jours de débordement (nombre de jours où la

hauteur d’eau est supérieure à 8 mètre) du fleuve Ouémé à Bonou;

Page 19: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

19

-3,0-2,5-2,0-1,5-1,0-0,50,00,51,01,52,02,53,0

1951

1954

1957

1960

1963

1966

1969

1972

1975

1978

1981

1984

1987

1990

1993

1996

1999

Ind

ice a

nn

uel

Années

Ouémé à Bétérou

Figure 6: Variabilité interannuelle des débits sur l'Ouémé à Bétérou

montrant clairement un déficit d’écoulement à partir de 1970.

Figure 7: Assèchement du Fleuve Momo à Athiémé en Avril 2013

Cliché : Agnidé Emmanuel LAWIN, 19 Avril 2013

- l’augmentation du ruissellement de surface sur le bassin du fleuve Niger

(portion béninoise) induisant une baisse de la recharge des nappes;

- la baisse des niveaux d’eau dans les retenues d’approvisionnement en eau

potable comme ceux de Parakou et Djougou, en particulier la retenue d’eau

de Djougou s’est asséchée cette année 2014;

- des inondations récurrentes dans la basse vallée du fleuve Ouémé et dans la

vallée du fleuve Niger.

Page 20: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

20

6.1.3. AUTRES IMPACTS CONNEXES

La surabondance ou le déficit en en eau cause également des déconvenues qui

touchent d’autres secteurs comme la santé, l’agriculture et l’habitat où des pertes

énormes sont constatées suite aux inondations ou à la sécheresse. Par exemple, les

inondations de 2008, dans le département de l’Ouémé, ont entrainé la mort de cinq

personnes, la perte de 15498 ha de culture, 3190 animaux et 5965 tonnes de vivres.

De plus des infrastructures sociocommunautaires dont 13 écoles primaires, un

collège et 3 centres de santé ont été inondées (MEHU, 2011). Le cas des

inondations de 2010 constitue l’événement le plus extrême jusque là connu par le

pays de par son ampleur puisque ces inondations ont touché tous les départements

du pays avec 45 pertes en vies humaines directement dues aux inondations au 25

Octobre 2010 (MEHU, 2011) avec 680.000 personnes affectées et d’énormes

quantités de vivres détruits.

La Figure 8 donne un aperçu des inondations dans un village dans la commune

d’Athiémé en 2009. On peut remarquer que le village est transformé en rivière avec

pour conséquence les maisons en terre en voie d’écroulement.

Par ailleurs, la mauvaise répartition des précipitations dans la saison ainsi que

l’augmentation des intensités de pluie créent des dommages importants (DANIDA,

2012) aux pistes rurales (Figure 9 et Erreur ! Source du renvoi introuvable.),

notamment :

o la traversée de la route par l’eau ;

Figure 8: Inondation dans un village dans la commune d'Athiémé

Cliché : Mairie Athiémé, 2009

Page 21: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

21

o la submersion temporaire ou prolongée de radier ;

o la submersion temporaire ou prolongée de dalots et/ou ponts;

o l’érosion de la chaussée ou de ses accotements (Figure 9 : en haut à gauche

puis en bas à droite);

o l’inondation complète de la chaussée (Erreur ! Source du renvoi

introuvable. : en bas à droite) ;

o la coupure de la voie empêchant tout passage;

o le ravinement longitudinal de la chaussée (Erreur ! Source du renvoi

introuvable. : en haut puis en bas à gauche) ;

o l’apparition d’ornières ;

o le début de bourbier (Figure 9 : en haut à droite) ;

o l’érosion du talus des dalots ;

o la destruction de remblais d’accès des dalots comme c’est le cas à Aplahoué

en 2011 sur la Figure 9 (en bas à gauche) ;

o destruction de dalots comme c’est le cas sur la route Kandi-Ségbana en 2013

(Figure 10) ;

o le comblement et l’affouillement des dalots ;

o la destruction de sol support des radiers submersibles.

Figure 9: Impact des précipitations intenses sur les pistes rurales à Aplahoué

Cliché : Agnidé Emmanuel LAWIN, Août 2012

Page 22: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

22

Figure 10:Destruction d’un dalot sur la route Kandi-Ségbana en 2013

Cliché : Agnidé Emmanuel LAWIN, Octobre 2013

Figure 11: Impact des précipitations intenses sur les pistes rurales à Savalou

Cliché : Thomas BAGAN, Août 2012

Page 23: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

23

Figure 12: variation de la pluviométrie annuelle à l'horizon 2050 (scénario A1B) par

rapport à la période de référence 1961 – 1990.

Source : Lawin et al., 2013.

6.2. IMPACTS POTENTIELS FUTURS

6.2.1. SUR LES PRECIPITATIONS

Les projections pour le futur montrent une gamme variée de tendances qui

dépendent des régions considérées dans le pays ainsi que des modèles, comme le

reportent MEHU (2011) pour différents horizons temporels allant jusqu’à 2100, Lawin

et al. (2013) pour l’horizon 2050 et McSweeney et al. (2008) pour l’horizon 2100.

En effet, à l’échelle annuelle, selon MEHU (2011), sous les scénarii A1B et B1, le

Sud du Bénin et ne devrait pas connaître de variation significative des précipitations

mais la région septentrionale connaîtra une augmentation pouvant atteindre 15% par

rapport à la normale 1971-2000. Lawin et al. (2013) indique également (Figure 12)

des variations similaires à l’horizon 2050. Ainsi, selon les modèles climatiques

CNRM et MIROC, l’extrême nord subira une légère augmentation (+50 à +100 mm)

voire significative (+100 à +200 mm) des précipitations. Mais il faut noter que les

modèles CSIRO et MIROC indiquent que les régions sud et centrale du pays

pourraient connaître une diminution sensible voire significative des précipitations

jusqu’à -200 mm.

A l’échelle des bassins versants, sur la haute vallée de l’Ouémé, selon le scénario

considéré (Tableau 1) on pourrait assister à une diminution de la pluviométrie de 5 %

à 8% à l’horizon 2050 par rapport à la période de référence 1971 – 2000.

Page 24: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

24

Figure 13: Evolution du débit sur l'Ouémé à Bonou à différents horizons temporels

Source : MEPN, 2010

Tableau 1: Projection des précipitations aux horizons 2025 et 2050 sur la

haute vallée du fleuve Ouémé suivants deux scénarios

climatiques.

Bassin

Données

d’entrée :

normale 1971 -

2000 (mm)

Scénario A1B Scénario B1

2025 2050 2025 2050

Ouémé Supérieur

(haute vallée) 1184 -4% -8% -3% -5 %

Source : IMPETUS, 2009

6.2.2. SUR LES VOLUMES ECOULES

Dans le bassin béninois du fleuve Niger et dans les régions centrale et méridionale,

la diminution des précipitations pourrait entraîner une diminution des écoulements.

Le déplacement de la saison pourrait introduire un décalage de l’occurrence des

périodes de hautes eaux.

Les sorties du modèle BenHydro (Speth et al. 2010) sur l’ensemble du bassin du

fleuve Ouémé montrent bien l’impact de la diminution des précipitations sur les

écoulements de surface à l’horizon 2050 (Figure 13).

Page 25: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

25

6.2.3. SUR LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE

La diminution des précipitations est projetée par certains modèles climatiques, il est

probable que des rivières temporaires ou saisonnières aujourd’hui disparaissent

sous l’action conjuguée de la diminution des pluies et du comblement suite à

l’augmentation des intensités de pluie qui engendreront une augmentation de

l’érosion et du transport de sédiments.

En revanche, dans les scénarii de l’augmentation des précipitations, il est probable

que des rivières temporaires deviennent permanentes et qu’on assiste également à

l’élargissement de certains cours et plans d’eau. Ainsi, les changements climatiques

feront évoluer davantage le réseau hydrographique.

6.2.4. SUR LES VOLUMES D’EAU MOBILISABLES

Dans le scénario de l’augmentation de la durée et de la fréquence des saisons

sèches de même que la diminution des précipitations sur le haut bassin du fleuve

Ouémé et le bassin béninois du fleuve Niger tels que rapporter par MEHU (2011) et

Lawin et al. (2013), il y aura un impact négatif sur la disponibilité des ressources en

eau. En effet, par exemple, la diminution des précipitations peut entrainer la

diminution des écoulements ; ce qui pourrait entraîner la réduction des quantités

d’eau stockée dans les réservoirs naturels ou construits (retenues d’eau), alimentés

par des rivières saisonnières. Ce qui signifie qu’on pourrait assister à la récurrence

des situations de tarissement des retenues d’eau comme c’est le cas en 2014 pour la

retenue d’eau de Djougou. La situation de tarissement pourrait s’aggraver pour les

retenues d’eau de Savalou et de Yéripao qui connaissent déjà aujourd’hui des

tarissements pour plusieurs mois après la fin de la saison des pluies.

Cet impact négatif sur les quantités d’eau mobilisables est illustrée par les sorties du

modèle BenHydro qui montrent bien une diminution des recharges des nappes

souterraines à l’horizon 2050 sur l’Ouémé (Figure 14) qui aura pour implication la

baisse des niveaux des nappes phréatiques et il faudra aller chercher l’eau de plus

en plus loin en profondeur. Ce qui pourrait avoir un coût supplémentaire.

De même, l’augmentation de la température augmentera l’évaporation de sorte que

les volumes d’eau de surface mobilisables diminueront.

L’augmentation des températures engendrera une augmentation de la demande en

eau notamment en ce qui concerne la consommation en eau pour l’irrigation ; ce qui

influencera la disponibilité de l’eau pour l’approvisionnement en eau potable et pour

les autres usages.

Page 26: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

26

Pour la basse vallée du fleuve Ouémé, dans un scénario d’augmentation des

précipitations, ce serait un bénéfice pour la disponibilité des ressources en eau.

Mais, en cas d’inondation, les installations de traitement de l’eau sont hors d’usage,

comme ce fût le cas en 2009 et 2010 à la station de prétraitement de la SONEB à

Godomey – Togoudo.

6.2.5. SUR LA QUALITE DE L’EAU

D’après MEHU (2011), plusieurs impacts potentiels peuvent affecter la qualité des

ressources en eau. Les faibles écoulements peuvent conduire à des concentrations

fortes de contaminants des eaux du fait de la diminution du pouvoir de dilution. De

même, les fortes crues peuvent conduire à de fortes érosions et à des transports

fluviaux de grandes quantités de sédiments qui dégraderont la qualité des eaux de

surface. La montée du niveau de la mer dans les zones côtières entraînera l’intrusion

saline dans les aquifères côtiers. Par ailleurs, les aquifères à l’intérieur des terres sur

le bassin du fleuve Ouémé ou sur le bassin béninois du fleuve Niger peuvent être

concernés par la salinisation en raison de la réduction de l’alimentation des nappes

souterraines.

Du fait de l’augmentation des températures, des températures élevées combinées à

l’augmentation de la concentration en phosphate dans les réservoirs naturels ou

construits favoriseront le développement des fleurs d’eau (par exemple la jacinthe

d’eau). Ces fleurs d’eau dégradent la qualité de l’eau en modifiant sa couleur, son

odeur, son goût du fait de la réduction de la teneur en oxygène dissout, des

configurations de mélange et de la capacité d’autoépuration de l’eau. Elles peuvent

même donner à l’eau, une toxicité nuisible tant à l’homme qu’à la faune et la flore

Figure 14: Evolution de la recharge sur l'Ouémé à divers horizons.

Source : MEPN, 2010

Page 27: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

27

Figure 15: Inondations et sécheresses en Afrique de l'Ouest de 1970 à 2010.

Sources : EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database. www.emdat.be -

Université Catholique de Louvain -Brussels – Belgium.

aquatiques. Le traitement de telles eaux polluées reviendra certainement très

coûteux pour le pays.

6.2.6. AUTRES IMPACTS CONNEXES

La dégradation de la qualité des ressources en eau, du fait des inondations et des

sécheresses, aura des impacts sur d’autres secteurs comme la santé. En effet, ces

phénomènes extrêmes, dans le cas de leur exacerbation, induiront une

augmentation de la morbidité et de la mortalité par les maladies d’origine hydrique,

du fait de l’approvisionnement en eau potable qui sera insuffisant et de la présence

plus accrue d’agents pathogènes transportés lors des crues suite aux fortes

précipitations.

6.2.7. TENDANCE DES PHENOMENES METEOROLOGIQUES EXTREMES

Au plan global, il est montré que le nombre d’évènements climatiques extrêmes est

en nette progression depuis trois décennies (Munich Re, 2010) en raison de

l’évolution croissante des niveaux de concentration des gaz à effet de serre dans

l’atmosphère. De même, au plan régional ouest africain, la tendance depuis 1970 est

à l’augmentation du nombre d’inondations (Figure 15), surtout à partir de 1992, se

superposant parfois à des années de forte sécheresse.

Au Bénin, les inondations et la sécheresse sont les phénomènes météorologiques

extrêmes majeurs. Ces vingt dernières années, l’inondation apparaît comme le

risque le plus récurrent. Les cas des années 2008, 2010 et 2012 sont très marquants

avec des conséquences dramatiques tant du point de vue des dégâts matériels que

des pertes en vies humaines.

Page 28: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

28

En tenant compte des effets individuels ou combinés de :

i) l’extension des établissements humains dans les plaines d’inondation ;

ii) l’installation anarchique des populations dans les secteurs bas, inappropriés à

l’installation humaine ;

iii) l’insuffisance des réseaux d’assainissement et de drainage des eaux de

pluies ;

iv) la destruction de la végétation naturelle des berges des fleuves et rivières

au profit de l’installation des habitations ou des champs ; ce qui favorise la

propagation des eaux en période de crue et d’inondation et augmente

l’exposition des populations à l’inondation dans les différentes vallées du pays ;

v) les modes d’utilisation des terres évoluant vers une dégradation des sols plus

enclins à l’érosion hydrique avec pour conséquence entre autres le comblement

des cours et plan d’eau.

On peut s’attendre à l’augmentation non seulement de la fréquence des inondations

mais également de leurs impacts. Ainsi, les régions les plus exposées du pays

pourraient connaître une exacerbation des inondations et de la sécheresse

notamment l’extrême nord et les vallées des fleuves Ouémé et Mono.

6.2.8. MESURES POTENTIELLES D’ADAPTATION

En se limitant aux régions les plus exposées (extrême nord et la zone des pêcheries)

aux inondations, les mesures d’adaptation suivantes pourraient être mise en œuvre.

Il s’agit de :

o La mise en place d’un système d’alerte précoce aux inondations et à la

sécheresse ;

o La construction de digues de protection ;

o La construction de retenues d’eau sur les cours des principaux fleuves et

rivières ;

o La sensibilisation et l’opérationnalisation de la législation en matière

d’occupation des berges des cours d’eau.

Page 29: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

29

7. EVALUATION DES CAPACITES SECTORIELLES ET BESOINS DE

RENFORCEMENT DE CAPACITE.

7.1. EVALUATION DES CAPACITES SECTORIELLES

La définition de stratégies pertinentes d’adaptation aux changements climatiques

dans le secteur des ressources en eau comme sur tout autre secteur commence

d’abord par l’évaluation des variations futures des principaux paramètres déterminant

le climat à l’échelle régional et local. Ce qui nécessite la maîtrise des outils de

simulation climatique que constituent les modèles climatiques globaux ou régionaux.

L’implémentation d’un modèle climatique requiert des équipements informatiques

sophistiqués tels que les clusters (calculateurs performants à 4, 8 voire 16

processeurs au moins) et des capacités de stockage importantes. De plus il faut

maîtriser l’utilisation de modèles d’impacts spécifiques au secteur concerné.

Dans leurs factures actuelles, les services comme la Direction Générale de l’Eau, la

Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) et la Direction Nationale de la

Météorologie en charge des questions touchant aux ressources en eau et au climat

même s’ils ont quelques cadres capables d’utiliser quelques modèles d’impacts

sectoriels, ne disposent pas de toutes les ressources humaines qualifiées pour

l’exercice d’évaluation des impacts économiques des changements climatiques sur

les ressources en eau, encore moins les ressources matérielles et techniques

indispensables pour l’implémentation des modèles de simulation climatiques.

En somme, dans l’état actuel des services en charge du secteur des ressources en

eau, il n’est pas physiquement et techniquement possible de tourner un modèle

climatique et le coupler à un modèle sectoriel d’évaluation d’impact afin d’en dériver

les impacts économiques. Plus largement, le Bénin ne dispose pas non plus d’un

centre de calcul numérique ayant des capacités matérielles nécessaires pour tourner

un modèle climatique.

Un renforcement de capacités techniques et matérielles est donc nécessaire, voire

indispensable pour rendre les services techniques à même d’assurer la fonction

d’évaluation, à fine échelle spatiale, des impacts des changements climatiques sur le

secteur des ressources en eau ou créer une plateforme pour prendre en compte cet

exercice.

Page 30: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

30

7.2. BESOINS DE RENFORCEMENT DE CAPACITE

Les besoins de renforcement de capacité sont d’ordre systémique, humain et

matériel.

Au plan systémique, il s’avère nécessaire de créer une structure pour prendre en

charge la question de projection et de modélisation climatique. Ainsi, nous proposons

un renforcement du « Centre CEDEAO de calcul numérique et de modélisation

climatique de l’Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques (IMSP) de

Dangbo » à travers la création d’une division « modélisation climatique ».

Au plan humain, la division « modélisation climatique » n’ayant pas encore de

personnel propre, il convient de recruter et mettre à disposition de l’IMSP des

météorologues prévisionnistes (04), des océanographes(04) et des hydrologues (04).

Au plan matériel, les besoins s’expriment en termes de calculateurs performants, de

disques de stockage de données, de serveurs internet, de logiciels et outils de

projection climatique et économique.

8. EVALUATION DES IMPACTS ECONOMIQUES

8.1. IMPACTS ECONOMIQUES ACTUELS

La littérature béninoise n’est pas assez fournie en matière d’évaluation des coûts

économiques des impacts de la variabilité et des changements climatiques.

L’exercice a été fait pour le cas des inondations de 2010. Les pertes et dommages

engendrés en dehors des pertes en vies humaines ont été évalués à environ 127

milliards de francs CFA avec 778 millions pour le secteur de l’eau et assainissement

soit 0,61% (Bénin, 2011). En termes de PIB, ces inondations exceptionnelles ont fait

chuter le PIB réel de 0,8 sans compter que le taux de pauvreté a augmenté de 0,7%

entrainant 12.283 supplémentaires à basculer dans la pauvreté. Par ailleurs, le taux

d’inflation a augmenté d’un point.

8.2. EVALUATION SOMMAIRE DES COUTS D’IMPACT ET D’ADAPTATION FUTURS

La présente évaluation n’est pas exhaustive car on se limitera à l’extrême nord du

pays et la zone des pêcheries. Le risque hydrologique visé est l’inondation et les

mesures d’adaptation considérées sont : la construction de digue et la construction

de retenues d’eau. L’année de référence est 2010. Les horizons temporels ciblés

sont 2020 et 2030 et 2050. Le tableau présente globalement, ce que coûterait, dans

l’hypothèse basse d’un taux d’inflation constant, une inondation du type 2010 pour

les horizons temporels sélectionnés si rien n’est fait.

Page 31: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

31

Ainsi, si rien n’est fait aujourd’hui et qu’une inondation du type de 2010 survenait en

2050, elle occasionnera des dommages et pertes dont le coût global triplerait le coût

de la situation de 2010.

Pour réduire les impacts des inondations et profiter de l’avantage qu’offrent les

accroissements de précipitation projetés plus haut par certains modèles climatiques

au Nord du Bénin (Figure 12), le coût total actuel des deux mesures d’adaptation

sélectionnées plus haut s’élèvent à 300 milliards. Ces mesures se traduiraient par : i)

la construction d’un barrage à but multiple sur l’Ouémé au Centre du Bénin (pour

protéger la basse vallée de l’Ouémé), ii) la construction des retenues hydro agricoles

sur les bassins de l’Alibori et la Sota puis iii) la construction de digue à Malanville et

Karimama. L’évolution future de ce coût se présente comme l’indique le Tableau 3 si

les mesures préconisées ne sont pas mises en œuvre assez rapidement.

Il en résulte que l’investissement des 300 milliards de FCFA en 2014 ou 369 milliards

de FCFA en 2020 pour les mesures d’adaptation permettra d’éviter tous les coûts

liés à la réalisation des risques d’inondation jusqu’en 2050 au moins (Tableau 2). Par

ailleurs en réalisant cet investissement, on éviterait non seulement les coûts prévus

dans le Tableau 3 à partir de 2020 mais aussi les pertes en vies humaines, les

arrêts d’activités économiques et sociales et les conséquences de ces arrêts.

9. LIMITES DE L’ETUDE

L’implémentation d’un modèle climatique requiert des équipements informatiques

sophistiqués tels que les clusters (calculateurs performants à 4 ou 8 ou 16

processeurs) et des capacités de stockage importantes. Les conditions aux limites à

Tableau 2: Coûts d'impact estimatifs des inondations à différents horizons temporels

Année 2010 (Référence) 2020 2030 2050

Coût

(milliards) 127 156 210 379

Tableau 3: Evolution du coût des mesures d’adaptation sélectionnées

Année 2014 (Référence) 2020 2030 2050

Coût

(milliards) 300 369 496 896

Page 32: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

32

utiliser pour tourner un modèle climatique nécessitent des capacités mémoires

multiples du térabit (1000 Go). En outre, il faut disposer d’une autonomie énergétique

d’au moins trois mois pour une résolution de 50 Km x 50 Km ou de six mois lorsqu’on

s’intéresse à plus de détail à la résolution de 25 Km x 25 Km. Pour descendre plus

bas jusqu’à l’échelle de 1 Km x 1 Km il faut encore plus de temps et de capacité de

stockage.

Ainsi, au cours de cette étude, aucun modèle climatique n’a été tourné faute de

temps et des aspects logistiques évoqués ci-dessus. Les résultats présentés

concernent donc plus ceux de travaux antérieurs.

Par ailleurs, l’évaluation des coûts des mesures d’adaptation s’est limitée non

seulement à quelques mesures mais également à quelques régions du pays

(notamment la basse vallée de l’Ouémé et l’extrême nord). Ainsi, l’évaluation

économique des impacts des changements climatiques et des coûts des mesures

d’adaptation n’est pas exhaustive.

Enfin, les questions d’évaluation des impacts des changements climatiques sur les

besoins en eau, la production d’eau potable et la satisfaction des besoins en eau

n’ont pas pu être abordées.

Il convient donc, pour aller plus loin, d’apporter des corrections aux limites exprimées

dans la présente étude.

Page 33: Modélisation des impacts économiques des … Rapport...4 RESUME Le réchauffement climatique est établi sans équivoque. Les implications de la variabilité climatique actuelle

33

10. CONCLUSION

La problématique des changements climatiques s’exprime pour les ressources en

eau en termes de variabilité, de surabondance en un temps très court (inondation) ou

de déficit en eau (sécheresse) puis de la qualité de l’eau. En somme il s’agit de

l’amenuisement de la disponibilité et de la dégradation de la qualité de l’eau.

Il est mis en évidence un réchauffement climatique global qui n’épargne pas le

Bénin. Ce réchauffement observé est de l’ordre de 1,1°C depuis 1960. Les

projections climatiques indiquent globalement, quelque soit le scénario, que le

réchauffement se poursuivra, jusqu’à atteindre une augmentation de +3°C

considérant les scénarii les plus optimistes voire +6°C à l’horizon 2100 selon les

scénarii les plus pessimistes.

Plusieurs impacts actuels de la variabilité accentuée du climat ont été relevés sur les

ressources en eau et les secteurs connexes. Ces impacts se traduisent par des

sécheresses intenses impliquant le tarissement de certains cours d’eau dans la

région septentrionale du pays et au sud ouest, la baisse des niveaux de certaines

retenues d’eau voire leur tarissement, les inondations qui dégradent la qualité des

ressources en eau de surface. Aussi des impacts sur la santé en matière de

recrudescence de maladies liées à l’eau ont été relevés de même que la dégradation

d’infrastructures de transport rural.

Les prévisions climatiques indiquent des situations de diminution des précipitations

de même que des situations d’augmentation des précipitations pour certaines

régions du pays. Ces variations extrêmes impacteront négativement la qualité de

l’eau et augmenteront, par conséquence, les coûts de traitement de l’eau. De même,

l’élévation du niveau de la mer devrait impacter négativement la qualité des

ressources en eau souterraines dans la région côtière et donc par ricochet les

volumes d’eau mobilisables alors que la demande sera en augmentation.

L’analyse de la capacité des services en charge du secteur de l’eau et du climat, à

traiter des questions d’évaluation économique des impacts des changements

climatiques sur le secteur, révèle que dans leurs factures actuelles, ces services

n’ont pas toutes les capacités techniques, matérielles et humaines nécessaires. Le

besoin d’un renforcement de capacité du Bénin dans ce cadre s’avère indispensable.

Les options potentielles suivantes pourraient être mises en œuvres : il s’agit de i) la

mise en place d’un système d’alerte précoce aux inondations et à la sécheresse, ii)

la construction de digues de protection, iii) la construction de retenues d’eau sur les

cours des principaux fleuves et rivières et iv) la sensibilisation et l’opérationnalisation

de la législation en matière d’occupation des berges des cours d’eau.

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L’investissement de 300 milliards de FCFA en 2014 ou 369 milliards de FCFA en

2020 pour les deux mesures d’adaptation qui requièrent des travaux de génie civil

permettra d’éviter tous les coûts liés à la réalisation des risques d’inondation jusqu’en

2050 au moins ainsi que les surcoûts de la mise en œuvre de ces mesures en 2050.

Plus importants encore, cet investissement permettra d’éviter les pertes en vies

humaines, les arrêts d’activités économiques et sociales et les conséquences de ces

arrêts.

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