m&o tiré à part special harmattan

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  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

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    M

    ARINE&OCANS

    ACO RA

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    MARINE&Ocans&Ocans

    SpcialLibye

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    Le 31octobre2011,lOtana officiellementannoncla finde loprationUnifiedProtectorengagesept moisplustt pourassurer dansle cadre desrsolutions 1970et 1973du Conseilde scuritdes Nationsunies la protectionde lapopulationlibyenneface larpressionmeneparle rgimedu colonelKadhafi. Pourla France,quien a tlun desprincipauxacteurs,ellea prisla forme deloprationHarmattanmene souslautoritdu prsidentde laRpublique,Nicolas Sarkozy, et delamiraldouard Guillaud,chef dtat-majordesArmes. Cette campagnede frappesariennes etde contrlede lespacemaritimepar lOtan1 a mobilisde trsimportants moyens delarmede lAir etde laMarinenationale franaisesincluant,pourla premirefois,la miseen uvreoprationnelle dune forcearomobilede larmede Terredepuis la mer.Quelqueschiffreslivrsen vracpermettentde prendrela mesurede lengagementfranais: prsde 5 600sortiesariennes,25% dessorties dela coalitionet 35% deses missionsoffensives,

    1 000objectifs militairesdtruits,plusde 500pour leshlicoptresde lAviationlgrede larmede Terreembarqus surles BPCde laMarinenationale, 3 000 obus de76 mmet 100mmtirspar lesfrgates dela Marine2Ce que lhistoiremilitaire franaiseretiendrade cette interventionseranotammentsa dimensioninterarmes.Afindenprendrela mesure,Marine & Ocansa choisidedonnerla parole touslesacteursayantparticip Harmattan,quils appartiennent la Marine nationale, larmede lAirou larmede Terre.Ce dossierspcial, le premierdu genresi proche dela findes oprations,est doncexceptionneltantpar sa densitque parla

    qualitet ladiversit de sescontributeurs,quela rdaction de Marine & Ocansremercieici deleur confiance.

    BERTRAND DE LESQUENRdacteur en chef

    Dans le secretde loprationfranaise

    SpcialLIBYE

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    PHOTO:CHRISTOPHEDUBOIS

    Dossier ralis par Bertrand de Lesquen CF (R),Joseph Le Gall CF (H), Pascal Cognet CF (H),Danielle et Roger Le Qur.

    1.LOtanaralisplus de26 000sortiesariennesdont plusde 9 000pour lengagement et la destruction dobjectifs, dtruit prs de 6 000objectifsmilitairesdontplusde 400picesdartillerieoulance-roquetteset plus de 600 tanks ou vhicules blinds, contrl plus de 3 000 na-vires, inspect prs de 300, ralis plus de 2 000 livraisons daide hu-manitaire par voie arienne, terrestre ou maritime.2.Lirelecompterendude lauditionduCEMA,le 5octobre2011,surhttp://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cdef/11-12/c1112002.asp

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    drais leur rendre hommage car ils ont non seule-mentdmontrleur savoir-faire, leurprofessionna-lisme et leur srnit dans un contexte tendu maisgalement un dvouement total leur pays, prou-vantainsi lesens deleur engagement. Jenoublieraispas dy associer leurs familles car je sais que a napas t facile pour elles, surtout lorsquil a falludurer Jassocienaturellement cethommagenoscamaradesdes deux autresarmesqui onteuxaussifait un travail exceptionnel.

    ISeptmoispourvenir bout deforceslibyennesdivises,

    nest-cepasun peulongpourunemachinecommelOtan?

    lalumire desrcents conflits,ex-YougoslavieouAfghanistan,sept moiscestpeusurtoutquandlarsolution impose de ne pas dployer de troupes ausol.Lessentielest de stre prpar aumieux en esti-mant les forces en prsence et leurs relles capacitsde succs. Il faut ainsi ne jamais compter sur la fai-blesse de ladversaire. De surcrot,on ne matriseja-maiscompltement le droulementdes oprations.

    Je peux vous assurer de la combativit des forcespro-Kadhafi ainsi que de leurs capacits mobiliserleurs ressources et riposter de manire efficace etcoordonne. Note missiona tardue et complexe.

    Toutconflitncessite desrponsesadaptes. Il est mesyeuxessentiel depouvoir assurer lafoisla per-manencede lactionet unegrandpolyvalence denosmoyens. Ceux-ci doivent tre capables de sadapterauxmenaces traiter et permettreune extrme pr-cision des frappes afin dviter tous dommages col-latraux. Cest aussi grce la complmentarit desmoyens engags, tant au plan national quinterna-tional, que nousavonspu accrotrenotre efficacit.

    IQuelles lacunes cette opration a-t-elle rvles pour la

    Marinenationaleetpluslargementpourlarmefranaise?

    Cette opration a effectivement soulign la n-cessit pour les forces militaires franaises de dis-poser de capacits nouvelles ou amliores. Il fautciter en particulier les drones tactiques embarqus,lamise niveaudes pods dedsignation etlexten-sion du spectre demploi des armes sur le RafaleMarine dans le cadre dun conflit urbain, ainsi

    quune artillerie navaleoptimisepour le tir contrela terre. Le modus operandichoisi a cependant tefficace.Une phasede destruction,incluantla miseen uvre de missiles de croisire partir des bti-ments allis, a t entreprise avant que nintervien-nent les forces ariennes charges de traiter pro-gressivement lensemble des cibles militairesmenaant la population libyenne. Puis les groupesaromobiles audpart dunBtimentde projectionet de commandement (BPC), appuy par du tirnavalcontre terre,ont t dploys.Cest dailleursen cela,comme la soulign rcemment le ministrede la Dfense,M. GrardLonguet, quela dcision

    prisepar laFrancede complterlattaquearienneparlattaque hlicoptres a compltement chang lesdonnes en permettant de travailler en micro-chirur-

    gical . Lopration Harmattan a donc dmontrdeuxfois lintrt et lefficacitdune projection depuissance partir dune plate-forme navale.

    IQuellesconsquencesconcrtescette oprationaura-t-

    ellepourlaMarine?

    Jetienstout dabord prciserquavec HarmattanlaMarinea toutsimplementfaitsonmtierquiestdefaire des oprations! Celle-ci la cependant conduite seretirerde certainsexerciceset a induitunepetitebaisse dactivitdansle domainede laformation,no-tammentpour la lutteanti-sous-marine.

    Certainesactionsontd trelgrementdcales,telles quela transformationde laflottille11F surRa-fale. Ilva aussi falloir laMarinequelquesmoispourretrouver le niveau optimum de ses qualificationsoprationnelles.

    Maissi lactivitde la Marine a textraordinaire,ausenslittraldu terme, elle na paspour autanttsiexceptionnelleque certainsde voslecteurspeuventlimaginer.Notretempotaitsoutenuavantla Libyeet le reste aujourdhui. Les dfis ont t relevs defaon trssatisfaisantemais desarbitragessur lesmis-sions de fond de tableau ont d tre faits. Je rap-pelle que nous avons aujourdhui des units de laMarine en opration de lAfghanistan la corne delAfriqueen passantpar legolfede Guineet lefonddes ocans. G

    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 5

    I Pouvez-vous nous donner la mesure de lengagement

    de la Marinenationaledans loprationHarmattan ?

    Touslesmoyensde laMarineonttmis enuvrepourcontrler lespacearomaritime,oprerdes mis-

    sions derenseignementet conduiredesfrappescoor-donnesimpliquantdes avionsde chasse,des hlico-ptres, des avions de patrouille maritime et desbtimentsde surfaceen appui feu-naval.

    Le porte-avionsCharlesde Gaulle, avecsongroupearien embarqu compos de Rafale Marine, SuperEtendardModerniss(SEM) et Hawkeye, a effectu lui seul prs de1 600missionsde combat.

    LesBtiments de projection et de commandement(BPC)ont embarqu le groupearomobilede larmedeTerrecomposdune vingtaine dhlicoptresTigre,Gazelleet Puma.Ces appareilsont effectu unequa-rantainede raids etdtruitprsde 600objectifs, assu-rant90% desfrappes dela coalition parhlicoptres.

    Les frgates ont tir quelque 3000 obus pour 85engagements contre des moyens militaires position-ns sur le littoral, tout en tant souvent prises pourciblepar lartillerielibyenne.

    Au total, 27 btiments se sont succds sur lethtre doprations. Au plus fort de la crise, pourlensembledesmoyensfranais,ce sont plusde40 a-ronefs,unevingtainedhlicoptres etune dizainedebtimentsde combatet desoutienquiont tmobi-liss ainsiqueplusde 3500marins.1200 munitionsont t largues et un millier dobjectifs dtruits. Jerappellequautotallesavions decombat delarmedelAiret dela Marineont effectu prsde5 600sorties,totalisant ainsi 27000heuresde vol.

    IQuelenseignementretirez-vousde cetteoprationpour

    la Marine nationale et plus largement au titre de vos

    fonctions pendant Harmattan (NDLR : sous-chef Opra-

    tions lEMA) pour l'armefranaise?

    Cette opration nous a permis de mesurer notreractivit, mais aussi notre capacit mener des

    oprations de haute intensit, exigeant un niveaude coopration interarmes, inter-composantes etinterallie dont trs peu de marines sont au-

    jourdhui capables. Elle a soulign lindispensablecomplmentarit interarmes pour les oprationsdentreen premier etde projectionversla terre.

    Elle a valid et confirm les grandes orientationscapacitaires,actuelles oufutures, dela Marine : lare-marquable efficacit, la fiabilit et la polyvalence duRafaleMarine, lajustessede noschoixpourle BPCqui ont conduit privilgier la fonction porte-h-licoptres dassaut,laptitude agirpuissamment etdans la dure du groupe aronaval, la forte implica-tion des frgates et des sous-marins nuclaires dat-taque(SNA)danslactionversla terreet notrecapa-cit de frappe dans la profondeur grce au missileScalp EG tir par les Rafale. Elle a aussi confirm lapertinencedeschoixqui ontconduit conserverdessavoir-faire classiques telsque lappui-feu naval.

    Cette opration a confort la valeur de notre mo-dle de prparation oprationnelle, grce aux troisprincipes de notre socle organique renforc : un ni-veau de disponibilit oprationnelle homogne ausein de la flotte, qui a permis dengager sans dlai laplupart des btiments de premier rang; une grandepolyvalencede nosbtimentset denos quipages quipeuvent changer de mission sans difficult; un pro-fessionnalisme orient vers la combativit des qui-pagesgrce unentranementpermanentet exigeant.

    Elle a enfin fait natre une fiert lgitime chez lesmarins quiy ontparticip,et jemenflicite.Jevou-

    Harmattan a soulignlindispensablecomplmentarit interarmes

    pour les oprations dentreen premier et de projection vers la terre

    PROPOS RECUEILLIS PAR STPHANE DUGAST

    Ancien sous-chefoprations ltat-major desArmes notammentpen-dantloprationHarmattan lamiral Bernard Rogelest chefdtat-majorde la Marinenationale depuis septembre2011. Il tire les premiers ensei-gnements de lengagement de la Marine au large des ctes libyennes.

    MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 20114

    SpcialLIBYE Entretien avec Bernard Rogel

    Rafale Marinesur le porte-avionsCharles de Gaulle.LoprationHarmattana confirmla remarquableefficacit, fiabilitet polyvalencede cet appareil.AMIRAL ROGELPH

    OTO:ECPAD

    P

    HOTO:MARINENATIONALE

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    1. Nom de code donn par les Amricains loprationarienne dclenche contre la Libye le 19 mars 2011.2. lissue de ce raid, le colonel Kadhafi sera captur ettu par les rvolutionnaires libyens.

    SpcialLIBYE

    Le premierjour deloprationOdysseyDawn1, le 19 mars 2011, cest unepatrouilledavions franaiscompose deRafale et de Mirage 2000D qui stoppeune colonne de blinds menaant Ben-ghazi.Sept mois plustard,le 20octobre,cestencoreune patrouillemixte franaisecompose de Mirage 2000D etde Mirage F1 qui dlivre la der-nire bombe de lopration delOtan UnifiedProtector, stoppantdfinitivement le convoi armdans lequel se trouvait le colonelKadhafi qui venait de quitterSyrte2. Lalonguebataille pourlalibration de la ville se terminait,

    mettantunterme, defait,aucon-fliten Libye.Aprsces septlongsmoisdoprations,il apparattrsclairementque lOtandoit le suc-cs de sa mission linvestisse-ment sansfaille desnations enga-ges et, pour ce qui concerne la maisonFrance, lacomplmentaritet la va-leurde sesforcesarmes.

    Dansle domainearien,si larmedelAir a dmontr son aptitude dentreen premier et sa capacit mettre enuvre la puissance arienne en se foca-lisant enprioritsur les objectifsstrat-giques (centres de commandement,centreslogistiques,dptsde munition,2e chelon, blinds), il est importantde souligner la contribution trs pr-cieuse des Rafale, Super tendard ouE2C Hawkeye de la Marine nationaledployssur leCharlesde Gaullejusqula mi-aot et qui ont ralis prs de25 %des sortiesfranaises.Par ailleurs,embarqus surle BPCTonnerreouMis-tral compter du 11 juillet, les hlico-ptresTigre,Gazelle etPumade larmede Terre ont pu se concentrer sur des

    objectifs tactiques, dtruisant en 30missionsenviron8 % desobjectifsmo-bilesengags parlOtan(dynamic targe-ting).Enfin,pourassurerlventueller-cupration des quipages, un plotCSARde 2EC725Caracalet descom-mandos du CPA 30 taient bord du

    porte-avionsjusqu lami-aotpuis surle BPC jusqu la fin de lopration.

    Deuxans seulementaprs avoirrejointlastructureintgre delOtan,laFrance,avec lOpration Unified Protector, auraconfirm sa parfaite intgration et sonrle moteur au sein de lAlliance.Deuximenation derrireles tats-Unisennombredesorties,laFrancea mis enuvre des capacits essentielles, notam-mentdans le domainedu renseignementet celuides actionsoffensives.Par ailleurs,ausein deltat-majormultinationalAirde Poggio Renatico charg dassurer laplanification et la conduite des opra-tions ariennes, il faut noter que le per-sonnel franais mis en place dans lespostescls a sansaucundoutedmontrsacapacit sinsrerrapidementavec unsavoir-fairereconnu.

    Surunplan beaucoup pluslarge, cetteopration aura galement mis en vi-dence le rle fdrateur de lOtan et sacapacit valoriser lesrlescomplmen-taires des nations contributrices: les

    tats-Unis ontapport leursoutien dansdesdomaines critiques(ravitaillement envol, drones arms, guerre lectro-nique), la Grande-Bretagne a excelldans la ralisation des missions offen-sives, avecnotammentla miseen uvredarmements faibles dommages colla-

    traux, le Qatar a apport uneaide prcieuse dans la ralisationdesmissions dfensives, la Sudea sudmontrerde rellescomp-tences dans le domaine du ren-seignement tactique. Bien sr, larussitedecetteoprationnedoitpasmasquercertainesfaiblesses denos forces armes, il conviendra

    de les tablir avec honntet, lesoucide lacohrenceet lesensdelintrt commun. Il faut gale-ment garder lesprit que cetteopration a t ralise dans uncontexteparticulier (missions g-

    nriques de protection des populationssansennemidsign, pasde forcesalliesau sol) et sous trs fortes contraintespour ce qui concerne notamment lesrglesdengagement etles dommagescol-latraux. Les conclusions tires et les re-vues capacitaires devront donc en tenircompteet ne passeffectuer au seul filtredecette opration.Aprssept moisdop-rations ariennes et la ralisation de plusde 25 000 sorties ariennes dont 9 000missions offensives, lOpration UnifiedProtectorse termine sur un succs dontlOtan et ses partenaires peuvent tre l-gitimementtrs fiers.La France,grce laqualit et la disponibilit de son person-nel, la cohrence et la complmentaritdes moyens engags, y aura jou un rlemajeur unanimement apprci par len-semblede sespartenaires. G

    Complmentarit et intgrationLinterventionmilitaire en Libye a vu les trois grandes composantes de larme franaisetravailler ensemble les Awacs de larme de lAir avec les frgates de dfense arienne

    de la Marine nationale, les hlicoptres de lAlat et les commandos de lAir avec les BPC tout cela dans une parfaite intgration avec les structures de lOtan. Explications.

    PAR LE GNRAL DE CORPS ARIEN VINCENT TESNIRE *

    Mirage 2000 de la base arienne dIstres.Larme de lAir a dmontr son aptitude dentre en premier

    en se focalisant sur les objectifs stratgiques.GNRAL TESNIRE

    * Adjoint du gnral commandant les opra-tions ariennes de lopration Unified Pro-tector bas Poggio Renatico, en Italie.

    PHOTO:ECPAD

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    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 9MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 20118

    Cetteorganisation ducommandement, adopteparailleursparles Amricainset lesBritanniques,va per-mettre laMarinefranaisedejouer unrle moteurensoutiende lOtan enacclrantle tempodesop-rations maritimes et en dveloppant de nouveauxmodes daction.

    Enfin, le groupe aromobile franais (18 hlico-ptres de laviation lgre de larme de Terre), op-rant partir du BPC Tonnerre, est plac sous lecontrle oprationnel direct du commandant deloprationUnified Protector(gnralcanadienBou-chard COMCJTFOUP)quisappuiesurle com-mandant delaTask Forcefranaiseen liaison aveclecommandantde lacomposanteariennepourla pla-nificationet laconduite desoprations.Comparable celle adopte pour le groupe aromobile britan-nique, cette organisation originale du commande-ment, lie en partie labsence de commandementterrestre dans cette opration, permet de donner augroupe aromobile un cadre demploi parfaitementadapt tout en garantissant une coordination a-

    rienne efficaceau seinde la coalition.La Libye, du fait de ses caractristiques gogra-phiqueset deson histoire, concentre sonactivitco-nomique, ses installations militaires et la plupart desesvoies de communicationen bordure de la frangectire.Aussi,au cours du conflit,les fronts de Mis-rataet de Brega, puisultrieurementde Tripoli etdeSyrte,les garnisonsdes forcespro-Kadhafi etles prin-cipaux axes logistiques, sont-ils accessibles depuis lamer aux forces de la coalition. Cette facult dinter-vention depuis la mer permet aux forces aro-mari-times au cours de la campagne de contrer les inten-tions desforcespro-Kadhafi visant assigerMisrataet poursuivreleur progressionsurBenghazi.Au d-clenchement de lopration, les trois composantesdesarmeslibyennes(arme delAir,deTerre etMa-

    rine) sont fortement engages dans la rpression dela populationet conduisentdes oprationsde bom-bardement arien et dappui feu naval et terrestre.Neutraliser lesmoyens misen uvreet dissuaderlesforcespro-Kadhafide poursuivre leursactions consti-tuent donc les premires tches de la coalition. Lamarinelibyenneestpartagedefacto endeuxaumo-ment de la crise libyenne, les forces de loppositionayant rcupr les moyens stationns Benghazi etdans les ports de la Cyrnaque. Celle reste fidle Kadhafi, base dans les ports de Syrte, Al Khoms etTripoli,est principalementconstituede corvettesetde vedetteslance-missiles.

    Cesbtiments constituant unemenacelatentese-ront dtruits par un raid arien de lOtan en uneseule nuit. Leur attrition permet par la suite auxforcesnavalesde la coalitiondoprerplus librementetde sedgagerdela tchede contrledessortiesdeportspourconcentrerleurseffortsailleurset, enpar-ticulier,auxmissionsdappuifeunaval.Elle permet,en outre, la conduite des oprations de projectiondesmoyens aromobilesavecune prisede risquesdi-minue.

    La menace arienne libyenne immdiate, consti-tue par un nombre important daronefs et de sys-tmes de dfense arienne sol-air longue porte estneutraliseaprs quelques joursdune campagnem-thodique conduite par la coalition. La mise en place

    Durant lhiver 2010-2011, limage de la Tu-nisie et de lgypte, pays voisins, la Libyeconnatdes mouvementsde contestations sur

    lensemble deson territoire, maisen dpitdes appels la raison de la communaut internationale, la r-pressionviolentemenepar leleader libyense pour-suit. Le conseil de scurit des Nations-Unies, lademande de la reprsentation permanente de laLibye lOnu, vote unepremirersolution(1970)

    le 26 fvrier 2011, prvoyant un embargo sur lesarmes destinationde laLibye,un geldesavoirslisaurgime,ainsiquuneinterdiction devoyagerpourles proches de Kadhafi. Le 17 mars 2011, sur pro-position de la France, de la Grande-Bretagne et duLiban, une seconde rsolution est vote qui prvoitlutilisationde laforce(chapitreVII)pourmettreenplace une no fly zone et assurer la protection despopulations civiles, tout en excluant le dploiementduneforcedoccupationtrangre.

    Cest en application de cette rsolution que laFrancedclenche loprationHarmattan,en soutienet ausein dunecoalition.Le groupearonavalfran-ais, constitu en Task Force473 (TF 473), rentrquatre semaines plus tt de plusieurs mois dopra-tion en ocan Indien dans le cadre de lopration

    Agapanthe, appareille sur trs court pravis le 20mars et les aronefs du groupe arien embarquconduisent leurs premires missions sur le thtredoprations dsle 22 mars.

    La campagne arienne mene par la coalition estdansun premiertempsorchestrepar lesAmricainsdont lopration Odyssey Dawn est dclenche le 19mars. Suite leur retrait partiel et la dcision deconfier lOtanla responsabilit du commandementde loprationUnified Protector, laplanificationet laconduitedesoprationsariennes sonttransfres au

    JFAC dIzmir (command par le gnral amricainJodice). LeCAOC(CombinedAir Operations Center)de Poggio Renatico assure progressivement la fonc-tionde conduiteaprsuncourttuilageavecles Am-

    ricains. Cette bascule, complexe raliser techni-quement, intervient au moment o, sur le terrain,les forces pro-Kadhafi inversent la tendance et rega-gnent du terrain versla Cyrnaque.

    Les moyens du groupe arien embarqu franais, lexception de ceux employs dans le cadre de laprotection de la force navale, sont placs sous con-trle oprationnel de lOtan et participent pleine-ment la campagnearienneaux ctsdes aronefsdesarmes de lAir de la coalition.

    I La menace de missiles sol-air portablesLecommandementdu voletmaritime delopra-

    tion Unified Protectorest confi au Maritime Com-mandde Naples (amiralitalienVeri- CTF455)quidisposede troiscommandementssubordonnschar-gs respectivement de la composante surface, de lacomposante sous-marine et de la composante aro-navale.MC Naplesconsacre soneffort, dansun pre-mier temps, la mise en place de lembargo mari-time. La France dcide de conserver les moyensnavals de la TF 473 sous commandement nationaltout en les plaant en soutien de lopration Otan.Ellemet galement unefrgatesupplmentaire souscommandement Otan et les capacits hospitaliresdu Charles de Gaulle la disposition de lAlliance.

    La Marine franaise dans lopration Harmattan

    PAR LE CONTRE-AMIRAL PHILIPPE COINDREAU *

    Lentre en scne de la Marine franaise dans le conflit libyena t symbolise parlappareillage, le 20 mars 2011, du porte-avions Charles de Gaulle et de ses bti-ments descorte constitus en une Task Force baptise 473. Jamais, depuis les v-nements de Suez en 1956, la Marine franaise navait t engage un tel niveaude moyens et dintensit. Rcit et enseignements.

    * Commandant de laTask Force 473.

    SpcialLIBYE

    TUNISIE

    NIGER

    TCHAD

    GYPTE

    SOUDAN

    ALGRIE

    TRIPOLI

    MisrataTarhunah

    Zuwarah

    AziziyahZawiya

    Yafran Gharyan

    Nalut Bani Walidal-Qaddahiya

    Ghadams

    Benghazi

    Syrte

    Ajdabiya

    Djaraboub

    JaluZaltan

    Marsael-Brega

    ZellaSokna

    MaradahHun

    al-Djofra

    Birak

    AbwariSebha

    Mourzouk

    al-QatrumGhat

    al-Wahah

    al-Koufra

    el-Mardj

    el-Beda Derna

    Crte

    GRCE

    Tobrouk

    M E R M D I T E R R A N E

    Golfe de laGrande Syrte

    Hamadael-Hama

    Cyrnaque

    Ergd'Abwari

    FezzanErg

    de Mourzouk

    Ergde Rebiana

    Pic Bette(2286 m)

    Oasisde Koufra

    S a h a r a

    D s e r t

    d e

    L i b y e

    Tropique du Cancer

    Tropique du Cancer

    Alexandrie

    Sfax

    Le contre-amiralCoindreau( gauche)commandantla Task Force 473Les btimentsde la Marine

    se sont succds surzone au prix duneffort consquentdes structuresde soutien.CA COINDREAU

    Un hlicoptreTigre de lAviationlgre de larmede Terre au large duBtimentde projection et decommandementTonnerre.Les missionsdu groupearomobileont provoquune attritionconsidrabledes moyensdes forces

    pro-Kadhafi.CA COINDREAU

    PHOTO:EC

    PAD

    PHOTO:EC

    PAD

    >>

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    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 11MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201110

    en coopration avec un chasseur de mines britan-nique.Cestla mme frgatequi,quelquesjoursplustard, interceptera un nouveau raid de commandosqui senfuira en laissant sur place une embarcationpige avecune tonnedexplosifs sonbord.

    Dploys enpermanenceou demanireoccasion-nelle devant les ctes libyennes, les moyens franais(frgates, SNA, ATL2) sont des sources de rensei-gnementtactiqueexcessivementprcieuses pourap-prcier lasituation terre,quece soit ltatde lapo-pulation civile dans les poches assiges ou lactiondes forces pro-Kadhafi et ce, alors quaucune troupedelOtanneststationnesur ceterritoire.Ce rensei-gnement est partag au quotidien avec lOtan. LesRafale Marine quips du Pod RECO NG partici-pentactivement latenuede situationdes forcespro-Kadhafiet deszonesde combats.Lesimagesrecueil-

    lies, analysesparune quipedinterprtateursphoto bord du Charles de Gaulle, sont transmises len-semble de la coalition pour apprcier le rsultat desbombardements et planifierles oprationssuivantes.

    Pendanttoute ladurede lacampagne,les moyensdela TF473 fontpeserune menacepermanentesurles forces pro-Kadhafi sur les fronts de Brega et deMisrata. Les missions dappui feu naval, conduites

    jouret nuitde manireautonome ouen soutiendugroupe aromobile, participent au harclement et lusure des forces terrestres pro-Kadhafi. Les canonsde100mm oude 76mmdes frgatessontlargementsollicits. Les missions du groupe aromobile, con-duites partirdu BPCet menesdans laplus grandediscrtion pour prserver la scurit des quipages,provoquent une attrition considrable des moyensdes forces pro-Kadhafi. Elles se succdent unrythme soutenu, gnrant chez ladversaire la pa-nique et ledoute.

    I Lintrt retrouv de lappui feu navalJamais,depuisles vnements deSuez en1956, la

    Marine franaise na t engage un tel niveau demoyens et dintensit. Toutes les composantes onttmises contributionet louverture dufeu parlesaronefs du groupe arien, par les frgates et par legroupe aromobile a tfrquente.

    Depuis le 20 mars 2011, hormis le Charles deGaulleetle groupearienembarqu picesuniquesau sein de la Marine franaise les btiments de laMarine se sontsuccds surzone auprix duneffort

    consquent desstructures de soutienetdune gestion attentive du personnelcomposant les quipages. Sur la dure,ce sontles quatrefrgates anti-ariennes,les cinq frgates type La Fayette, lesdeux BPC, la plupart de nos frgatesanti-sous-marines, de nos ptroliers ra-vitailleurs,de nossous-marins dattaqueet de nos quipages de patrouille mari-time qui se sont relevs sur le thtre

    dopration pour garantir la permanence du dispo-sitif naval franais et son efficacit dans la missionconfie.

    Cette opration a vu galement pour la premirefoisun groupearomobile 18hlicoptresoprerpartirdunBPC. Validpourdes oprationsamphi-

    dundispositif de surveillance et dintervention arienpourfairerespecter laNo Fly Zone(NFZ) savreparla suitedissuasif.Seulsquelqueshlicoptres pro-Kad-hafiviolerontcette NFZau cours de la campagne.

    La menace, gnre par la prsence dun nombreconsidrable de missilessol-air portables,perduredu-ranttoutela campagne. Elle estdifficilement neutra-lisable.Afin de senaffranchir,les aronefs conduisentleurmission au-dessus duterritoire libyen haute al-

    titude et, pour les plus vulnra-bles, en restant hors de porte audessusdu golfe de Syrte.Durant toute la campagne, lapossibilitdactions asymtriquesariennes et maritimes de typeterroriste de la part des forcespro-Kadhafi est prise trs au s-rieux. Celaobligenotammentlesbtiments de la coalition adop-teret conserverdes dispositions

    Ces capacits sont renforces, au fur et mesuredes besoins identifis, par un groupe de plongeursdmineurs et des dtachements de commandos en-trans aux oprations de visite sur les navires decommerce.

    Mi-juin,la Franceprend la dcisionde projeterleBPC Tonnerreet un groupe aromobile de 18 hli-coptresde laviationlgrede larmede Terre.Cetteprojection est mene en coordination avec les Bri-tanniques qui dploient dans le mme temps leporte-hlicoptres HMS Oceansurlequel quatrepuiscinq hlicoptresApache sont embarqus.

    I Intervention dterminante des frgatesfranaises proximit des ctes

    LaTask Force473participeauxtroisvoletsde lop-ration : miseenplace etmaintiende laNFZ,protec-tiondespopulationsciviles etdes zonespeuples,em-bargo maritime sur les armes destination ou enprovenancede laLibye.Maiscestdansle secondquesonactionest la plusimportanteet la plusnotable.

    Les Rafale Marine (RFM), les Super EtendardModerniss (SEM) et les Hawkeye (E2C) partici-pentauxnombreusesmissionsdela coalitionau-des-sus du territoire libyen, dtruisant les moyens mili-taires libyens directement impliqus dans lebombardementdes zonesoccupespar la population

    civile.Tout comme lesaronefs delarmede lAiretlesaronefs britanniques, ils sontprincipalementem-ploysen missionsurces ciblesdopportunit.Le po-sitionnement du Charles de Gaulledans le golfe deSyrte,autorisantles catapultageset lesappontagesdeson groupe arien proximit du territoire libyen,rduit les dures de transit improductives et faci-lite labasculedefforts lestou louest dela Libyeen fonction des priorits. Sa prsence offre en outrela possibilit aux Rafale de larme de lAir de d-charger en vol, lors de leur transit retour vers leursbases, les donnes image extraites des nouveauxPodRECO,acclrantainsi laboucledu renseigne-ment et permettant aux quipages suivants de dis-poser immdiatement dinformationsprcieuses.

    Disposant de rgles dengagement nationales ro-bustes, les btiments franais sont autoriss ds ledbut du conflit pntrer dans les eaux territo-riales libyennes, ce qui les conduit intercepter et mettrefin untraficctier rguliermisen placeparlesforcespro-Kadhafipouracheminer unepartiedeleur logistique et harceler les populations civiles de-puis la mer. Lintervention des frgates franaises proximit des ctes est galement dterminante audbut dela campagne pour protgerlesaccsdu portde Misrata, vritable ballon doxygne pour la po-pulation de la ville assige par la terre. Lune delleinterceptera unraid de commandospro-Kadhafienmission de minage de lentre du port et servira deplate-forme aux plongeurs dmineurs franais pourpositionner et neutraliser les mines dj mouilles,

    SpcialLIBYE

    La Marine franaise dans lopration Harmattan

    de veille,dalerte et dactionexcessivementexigeantespourles quipages.

    Au dclenchement de lopration Harmattan, laMarine franaise toutcomme larmede lAir estengage avecdes moyenstrs consquents.

    Unefrgatede laMarineest djau largedescteslibyennesalors quela rpression mene parKadhafisintensifieet menacela villede Benghazi.Elleest re-

    jointe par le groupe aronaval constitu autour duCharlesde Gaulle,de songroupe arien embarqudi-mensionnpourpouvoirsinscrire dansla dure, dedeux frgates descorte, dun sous-marin nuclairedattaque (SNA), dun ptrolier ravitailleur et dunavionde patrouillemaritimeATL2.Pour loccasion,le Charles de Gaulle embarque galement un plotCSAR (combat search and rescue) compos de deuxCaracal etdunPumade larme delAir.

    bies, le BPC a fait la dmonstration quil tait aussiun outil de projectionde puissancearomobilepar-faitement adapt au contexte de cette opration otoute mise terre de forces tait proscrite. Oprantpar nuit noire dans la plus grande discrtion, legroupearomobilea parfaitement compltlactionmene par les aronefsde lOtan.

    Peupratiqudurant lesdcenniesprcdentes,lap-puifeu navala retrouvdansce conflittoutson int-rt. Certes, on peut regretter le calibre un peu limitde lartillerie navale franaise et labsence de muni-tionsguides mais, quece soiten harclementou eninterdiction,les missionsdappui feunavalontmon-trtouteleurpertinencedans ceconflitlibyen.Et cesmissions conduites frquemment sous le feu de lar-tillerie terrestre des forces pro-Kadhafi ont ncessitde la partdes quipages combativitet ractivit.

    Le conflit libyen a montr enfin toute la perti-nence du dveloppement de la fonction stratgiqueconnaissance-anticipation, tire du dernier Livreblanc. La prsence des btiments de la Marine proximit des ctes libyennes a t un atout consi-drable de ce point de vue. Face la campagne dedsinformationpermanente orchestrepar le rgimede Kadhafi,il taiten effet essentielpourla coalitionet la France en particulier davoir la connaissance laplusprcisede la situation. G

    En haut, complexemilitaire loyaliste

    dtruit par les frappesariennes.

    Ci-contre, frgatefranaise en appui feu.Les missions dappuifeu naval ont montrtoute leur pertinence

    mme si lon peutregretter le calibre

    un peu limit delartillerie navale

    franaise et labsencede munitionsguides.

    CA COINDREAU

    Les plongeursdmineursde la Marinenationalesont plusieurs foisintervenuspour neutraliserdes mines.

    Le porte-avionsCharles de Gaulle. Les avionsde lAronavaleont participaux nombreusesmissionsde destructiondes moyensmilitaires libyensimpliqus dansle bombardementde zones occupes

    par la populationcivile. CA COINDREAU

    >>

    PHOTO:OTAN

    PHOTOS:MARINENATIONALE

    PHOTO:MARINENATIONALE

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

    7/40

    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 13MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201112

    pour lesmissions quileur sontassignesen fonctiondes conditions du moment, conditions tactiques etmtorologiquesparcequelorsquelesavionssontenlair, il faut quils puissent revenir se poser. Le com-mandanta doncune responsabilitextrmementim-portante en termes de positionnement du porte-avions qui va dterminer le temps de vol, donclautonomiedont disposeront lesavions au-dessus duthtredopration, maisaussilexposition duporte-avions la menace potentielle et son exposition aux

    alas climatiques ventuels, tempte de sable, dgra-dation de ltat de la mer, etc.Le commandantdunporte-avions aujourdhui nest pas celui qui dit auxpilotes, cest l que vous allez taper. Cette respon-sabilit revient habituellement ltat-major de laforce, et au large de la Libye elle revenait la chanede dcisionOtan.

    ILe porte-avionstait-ilmenac?Commenttait assure

    saprotection?

    Le niveaude la menace avaittoutdabordt va-lutrs srieusementavantde dployerle groupea-ronaval. Nous avions une dfense en profondeurconstituepar lesdiffrentsmoyensfranaismais aussidesautrespaysde lOtanpour mesurerle degr dac-tivitdes moyensmilitaireslibyenset assureruneva-luationtoujours plusprcisede cettemenace. Notre

    scurit tait aussi assu-re parle choix duposi-tionnement. Au dpart,e porte-avions est rest une distance tout faitsignificative, letempsdtre certain que nousfaisions une valuationcorrecte de la situation.

    ICest--dire?

    Unedistance quiper-mettaitde saffranchirdetoutrisque, suprieure 100 nautiques. Par lasuite, lorsquila tcon-firm quelaviationlibyenne taitbiencloueau sol,que les batteries de missiles taient dtruites, et qulami-mainousavionsdtruit lesmoyensoffensifsdela marine libyenne, frgates et patrouilleurs lance-missiles, nous avons t en mesure de nous rappro-cher. Maintenant, il nest pas intressant dtre tropprs car les pilotes, lorsquils ont dcoll, doivent avant daborder la phase tactique de leur mission passer parune phasequenous appelonsadministra-tivequiconsiste vrifierleursquipements, entreren contact avec leurs contrleurs de lOtan, et seprparer pour la mission. Nous tions approximati-vement unquartdheurede voldu littorallibyenennous dplaantrgulirementpour nousdiluer danslenvironnement et ne pas prter le flanc une at-

    taque asymtrique isole, une attaque suicide parmoyen arien ou nautique, que lon ne peut jamaisvraiment carter.

    I Quels types de munitions ont t dlivres par les

    avions?

    EnLibye,quece soit pour lesobjectifsplanifisoules objectifs dopportunit, nous avons utilis desarmesguides avecprcision, principalementau GPSouau laser,parfoisavecune combinaisonpossibledes

    deux.Les dsignationsintervenantultrieurementparmoyens ariens, lavion tireur pouvant lui-mme d-signer une cible ou pouvant larguer une bombe surunecibledsigneparun autreavionouparun drone.Celaa tle mode principal detir maisona aussiuti-lisles missiles de croisire de prcision, Scalp EG,etdesmissilesAS 30 guidage laser. Dansla forcenavale,les frgates ont employ de lartillerie de 100 mm etde76 mmdansdesfonctionsdappuifeu,pourmain-tenirla pression surles forcesloyalisteslibyenneset d-truire un certain nombre de moyens offensifs tac-tiques.

    IQuelestle rapport,dansles munitionsquiont ttires,

    entrebombeset missiles?

    Vousavez desarmes quisont clairementdes bombesguideslaser,dautres qui sontclairement des missiles

    comme le Scalp EG, etpuisvousavez unearmenouvelle que lon a miseen uvre pendant ceconflit libyen que lonappelle le A2SM (pour

    AASM: Armement air-solmodulaire).Cest unearme mi-chemin entreunebombeet unmissile,en ce sens que cest uncorps de bombe avecunsystme de guidage deprcision, mais avec unkit daugmentation deporte.Labombeestlar-

    gue et un dispositif de propulsion se met feu quilenvoie distance. Selon quevous comptezce systme

    AASM dans la catgorie des missiles ou des bombes,celachange assezsensiblementles choses. Finalement,nous avonstoutde mme tirplusde bombesquedemissiles.

    I Les avions ont-ils t rellement menacs au-dessus de

    laLibye?

    Oprerau-dessus dela Libyepournos pilotesntaitpasanodin.Je rappelle quela Libyeest undes paysaumondeoil ya leplusdemissilessol-air,quelaviationlibyenneavaitt certes, cloueau solmaisquellestaitpour partieretiresurles terrainsdu suddupays.Ilfal-laitdonc restervigilantsur lventuelleapparitiondun

    I Le porte-avions a-t-il rempli la missionqui lui tait assi-

    gneau largede laLibye?

    Leporte-avionsestpartile20mars2011,en3 jours,aprs un arrt technique de quatre semaines, partirdumomento ila reu lordre dappareillagepourre-

    joindrele golfede Syrte.Il y estrestjusquau12 aotsoit une priode de quatre mois et demi pendant la-quelleil a excut toutesles missions ariennes ettoutesles frappes qui lui ont t ordonnes avec lensembledessystmesdarmesquil avaitt jugutile demettreenuvre.Il a fait plus de 2000 catapultages pendantcettepriodedont lestrois quartstaientdestins des

    missionsoprationnellesdirectementlies lactionau-dessusde la Libye.Toutceci sestfait sansaccidentavecuneefficacitsur leterrain quiest,jele crois,reconnuepartoutlemonde.Onpeutdoncdirequila remplisamission aveclegroupearienquitaitembarquetlesfrgates et le sous-marinqui lescortaient.

    I Par qui et comment taient dcides et organises les

    missionsde frappeau-dessusde la Libye?

    Jepenseque votre question a traitauxmissions a-riennes.Sagissant deces missions,les avionscatapul-ts par le Charles de Gaullepassaient sous le contrleoprationnelde lOtan.Cestdonc la chanede lOtanquidfinissait lescibleset lafaondont elles devaienttre traites. La France participant cette oprationcomme membre de lOtan avait bien sr son mot diredans leprocessusde ciblage. Maiscestbien lOtanquiconduisait la missionUnifiedProtectorvisant at-teindreles objectifsdfinisparla rsolutionde lOnu.

    IComment sestopr lechoix descibles?

    Il y avait un processus continu, itratif, dentretiendun certain nombre de cibles, des cibles planifies lavanceet desciblesdopportunitcomme unlance-roquettes ou une pice dartillerie, matriels mobilespouvanttremis enuvresans pravis.

    IQuel est votre rle en tant que commandant du porte-

    avionsdanscet environnement?

    La dcision fondamentale du commandant duporte-avions est dautoriser le catapultage des avions

    lactiondu groupearienembarqua t tout faitcomplmentairede cellede larme

    de lAirPROPOS RECUEILLISPAR BERTRAND DE LESQUEN

    Lecapitainede vaisseauJean-PhilippeRollandacommandleporte-avionsCharlesde Gaulle lorsde son engagement dans lopration Harmat-tan. Aujourdhui chef de cabinet du chef dtat-majorde la Marine, il revient surplus de quatremois dinterventionau large descteslibyennes.

    SpcialLIBYE Entretien avec Jean-Philippe Rolland

    Page de gauche,le porte-avionsCharles de Gaulleau large des ctes

    libyennes.

    Ci-dessous,des munitions

    dcrochesdu ventre

    dun Rafalede retour

    de mission sontdescendues

    par ascenseurdans le localde stockage

    du porte-avions.Nous avons tir,

    au final, plusde bombes

    que de missiles.CV ROLLAND

    >>

    PHOTO:DR

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    PHOTO:THOMASGOISQUE

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

    8/40OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 15MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201114

    Selon des sources non officielles, larme libyenne qui faisaitappel la conscription aurait t forte de 76000 hommes la

    veilledeloprationUnifiedProtector.Elle pouvaiten outredispo-serde 40000rservistes.Cettearmetaiten reconstructionaprsdix annes de restrictions imposes par les sanctions internatio-nales.Suitelembargotabliparla Rsolution748de lOnu,le31mars 1992, pour actes de terrorisme dtat, la Libye avait en effetconnuquelquesvicissitudespour renouvelersesmatriels.En 2001,

    le budget de la Dfense tait tomb 339 millions de dollars. En2003, ayant dcid de renoncer ses programmes darmes de des-truction massive, la Libye avait obtenu la leve de lembargo et lanormalisationde sesrelationsavecles tats-Unis,laGrande-Bretagneetla France.Sonbudgetmilitairetaitalorsremontpour atteindre1,9 milliard de dollars en 2008.

    Le tableau ci-dessous donne un aperu de ce que pouvait treltat des forces libyennes entre 2008 et 2010.

    contactarien.La menacesol-airavaitt ramenedanslespremiersjours duconflit unniveauacceptableparla destruction de nombreux sites par les avions delOtan.La prcautionavait tprise dunniveaude volpermettantde resterhorsde portedes systmesindi-viduels de tir courte porte sol-air extrmement r-pandus,toutfantassinpouvanten disposer.Des radarsdeconduitedetirsesontmisenuvreetilyabieneudesdparts de missiles mais ilsnont puatteindreleurcible parce quelesavionstaienttrop haut.

    ICommentse sontarticulsavionsethlicoptresdecom-

    bat?

    Leur action a t tout fait complmentaire avec,

    dun ct une pression constante exerce, ds le 19mars,par lesfrappesarienneset,de lautre,descoupsde boutoirs assnspar lesgroupes aromobilesfran-ais et britanniques. Cette combinaison des effets apermisque le rgime,harcel parles rvolutionnaireslibyens,puisse se fragiliseret seffondrer.

    ICommentavez-vousanalyslecomportementde lqui-

    pagependantla mission,sa prparation,sonmoral?

    Jaiperuchezlquipage unrelenthousiasmeau-tantquun trsfortsentimentdefiert.Il a biencom-pris le sens de sa mission en voyant tous les jours desavions partir et conduire des frappes. Lorsque vousconstatez que grce la combinaison de laction dugroupe arien et des btiments du groupe aronavalunevillecomme Misratapeuttenirun sige etfinale-mentrevivre, cestgratifiant.Ce thtretait vraimentfaitpour laction dunporte-avions.On voyait trsviteles bnfices que lon pouvait apporter laction despaysengags. Cecitantdit,lorsquela missiondureetquenplusvousnavez pasdevisibilitsurla datedere-tour,cela ncessiteun effortparticulierdexplicationlquipage et, via lquipage, aux familles pour ce quipeut leur tre dit. Ctait clairement une de mesgrandesproccupations.Je rappelleque,quandle b-timent est rentr, le 12 aot 2011, il ntait pas trsloinavecles quatremoisdengagementen ocanIn-dien detotaliser270 joursdabsencesur uneanne.Cest donc unedmonstrationdendurancedela partde lquipage et des familles qui il faut vraimentrendrehommage.

    IQuelenseignementtirez-vousconcernantles pilotes?

    Ils ont fait un remarquable travail. Le groupe a-rien tait un excellent niveau de prparation puis-quil sortait de quatremois en ocan Indienavec desmissions compliques conduites au-dessus de lAf-ghanistan. Ils ont l aussi men des missions com-plexes avec un filet de scurit limit puisque noustions parfois plus de deux cents ou trois cents ki-lomtresde toutterrain de droutementpossiblepourlesavions.Oprerdansces conditions, de jourcom-

    mede nuit,avecde larmement,ncessite unniveaudentranement important.Je rappelleque cespilotes,engags ds le 20 mars, taient pour la trs grandemajorittoujours bordle 12aot quand leCharlesde Gaulleestrentr Toulon.

    IQuellediffrenceentre lengagement au-dessusde lAf-

    ghanistanetde laLibye?

    Seulela naturede lactivit duporte-avionsa changcar nous tions sur des vols beaucoup plus longs en

    Afghanistanquipouvaientdurerjusqu5 h 30contrerarement plusde3 h 30au-dessusde laLibye.Lespi-lotes ont ainsi fait chaque jour plus de missions enLibyedu faitquellestaientplus courtes. Pour lereste,enarmement,en moyensde communication,de d-signation etde renseignement,toutesles capacitsquenous avions valides en Afghanistan ont t em-

    ployes, ainsi que de nouvelles armes comme le mis-sile de croisire.

    I Le porte-avions tait-il selon vous ncessaire sur ce

    thtre?

    Dansles premiersjours delopration, etjusqusonretour le 12 aot Toulon, le porte-avions a apport laFranceet lOtandes moyensariens capablesdefrapper de faon planifi ou dynamique. Laction dugroupearienembarqutaittout faitcomplmen-taire de celle denos camarades de larmede lAir.Legroupe aronaval a aussi permis dapporter au centrede commandementde lOtanune visionpermanenteduthtrepuisque,commevousle savez,lunedesca-ractristiquesdesbtimentsde la Marine estdtre pr-sents 24h/24. La contribution du groupe aronavaldanssonensembleet dugroupeariena tselonmoi,sice nestdcisive,dumoinstrsimportantepourlef-ficacitglobalede lamission.

    IPourquoile porte-avionsa-t-ilt rappel?

    LeCharlesde Gaulleavait, commeje laidit,quandil est rentr Toulon, prs de trois cents jours dab-sencesurune anne. Lebateautournaitcommeunehorloge mais il y avait un certain nombre dopra-tionsde maintenance dusage conduire.Il pouvaitapparatreraisonnable de le retirer pourle rgnreret le maintenir dans les meilleures conditions duti-lisation la disposition de lautorit politique. Etlquipage, comme je laiexpliqu, mritait luiaussiun arrt au stand. G

    les forces libyennesSpcial

    LIBYEEntretien avec Jean-Philippe Rolland

    Forces terrestres (estimation 2009) - 50 000 hommes

    quipementsCharsetblindslourds: 200T-72s, 70 T-62s, 210 T-54 et T-55(Fabrication sovitique - une moiti seulement oprationnels).Vhiculesblindslgers: 740 BMP-1, 540 BTR-50/BTR-60,100 OT-62/OT-64, 35 M113 A1, 1000 BMD-1.Vhiculesblindsroues: 370 EE-9 Cascavel (fabricationbrsilienne), 118 EE-11 Urutu (fabrication brsilienne),242 BRDM-2, 100 Fiat type 6616, 200 Fiat type 6614, 60 NIMR,57 NIMR II (Forces spciales).Vhiculeslance-missile antichar: BRDM-2 AT-3 Sagger.Vhiculeslance-roquettes multiple: 300 type 63 107mm,230 BM-21 122mm, 100 RM-70 122mm, 200 BM-11 122mm.Vhiculeslancemissileantiarien: 60 SA-9, 60 SA-13,24 Crotale (France).Vhiculeslancemissilesol-air: 108SA-2,11 SA-5Gammon, 36 SA-3,

    35 SA-6,20 SA-8Gecko, 88 S-75Divna, 10S-125Nevaet43 2K-12Kub.Vhicules lance missile sol-sol: 45

    Frog-7,80

    Scud-B,6 SS-21 Scarab 9M79 Tochka.Missile antiarien portable: 1500 SA-7, un nombre inconnude SA-7b et de SA-24.ArtillerieArtillerie tracte: 60 M-101 105mm, 245 D-30 122mm,60 D-74 122mm, 330 M-46 130mm, 25 M-1937 152mm.Obusiers automoteurs: 130 2S1 122mm, 60 2S3 152mm,80 Dana 152mm, 210 Palmaria 155mm, 14 M109 155mm.Canons automoteurs: ZSU-23-4.Canons sans recul: 400 Carl Gustav 84mm, 220 M-40A1 106mm.Canons antiariens: 1390 (14,5 57mm).Mortiers:480. Source : armyrecognition.com

    Arme de lAir (estimation2010 ) - 18 000 hommes

    Avions de chasse: 25 MIG-21, 124 MIG-23 et 2 Mirage F1de fabrication franaiseAvions dattaque au sol: 39 Soukho Su-22, 13 Soko J-21 Jastreb,110 Aero L-39 Albatros, 20 Aermacchi F-260 (entranement) et116 Soko G-2 Galeb (avions dattaque lgers et dentranement).Bombardiers: 3 Soukho Su-24.Transport: 2 Antonov An-124, 17 Iliouchine Il-76,

    4 Iliouchine Il-78 (ravitailleurs), 10 Antonov An-26,10 Lockheed C-,130 Hercules, 15 Let L-410 Turbolet, 3 Falcon 20,1 Falcon 50, 1 Grumman Gulfdtream II.Hlicoptres: 8 Boeing CH-47 Chinook, 50 Mi-2, 29 Mi-25,31 Mi-35, 17 CH-47C, 34 Mi-8/Mi-17, 38 Mi-24, 12 Mi-14,11 SA-316, 5 AB-206, 2 A109, 14 Alouette III, 4 Bell 206 JetRanger, 2 Bell 212 Twin Huey. Source : armyrecognition.com

    Marine (estimation 2008) - 8 000 hommes

    Btiments de combat:2 frgates de classe Koni (URSS), 1 oprationnelle.3 corvettes de classe Nanuchka 2 (URSS), 2 oprationnelles.2 sous-marins classe Foxtrot (URSS), non-oprationnels.2 btiments de dbarquement type LST (France).

    Patrouilleurs et dragueurs de mines:8 patrouilleurs de classe Combattante II (France), 7 oprationnels.4 patrouilleurs de la classe Osa II (URSS).

    6 patrouilleurs lgers type PV 30 (Croatie).4 dragueurs de mines, Classe Natya (URSS).

    Divers:1 btiment base de plongeurs.1 btiment de sauvetage de sous-marins.2 hydroglisseurs type SAH 2200 (Grande-Bretagne).4 remorqueurs (Portugal). 3 remorqueurs portuaires (Pays-Bas).1 dock flottant. Source : Flottes de combat 2008.

    Lquipagea bien comprisle sensde sa missionen voyanttous les joursdes avions partiret conduiredes frappes.CV ROLLAND

    Ci-dessus, une des deuxfrgates libyennesde type Koni Malte. droite, un patrouilleurde type Combattante IItouch par un tirde la Royal Air Force.

    PHOTO:DR

    PHOTO:MOD

    Complexeet matrielmilitaire dtruitspar les forcesariennesde lOtan.La Libye disposaitde nombreuses

    capacitsanti-ariennes.

    PHOTO:ECPAD

    PHOTO:NATO

    PHOTO:NATO

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

    9/40OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 17MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201116

    burant ncessaire et du temps de prsence sur zone,nous nous imprgnons de la situation au sol. Loffi-cier renseignement nous fait une prsentation d-taillede lazone quenousallonssurvoler.Noustu-dions lesphotos etles comptesrendusdespatrouillesrevenues de cette rgion et disposons, au final, dunpais portfolio frachementractualis.

    Aprsun briefingde quarante-cinq minuteset unepetite collation prise loffice aviation faon bar tapas, nous partons aux avions lourdement quips

    et concentrs. Il est presque midi et la chaleur sur lepont estbienprsente.Le ciel estdunbleu azur.Lamerest belle avecunelonguehoule.Leslgersmou-vements du bateau ne perturbent en rien le travaildestechniciensqui saffairentautourdes SEMet desRafalealigns larriredu pont.Lorsdu touravion,

    je porte une attention toute particulire au systmede camra et de dsignation laser accroch sous leventre de mon appareil. Mon quipier vrifie soi-gneusementles deuxbombes accroches sousle sienque je devrai illuminer si la situation limpose. Puis,trs vite, cest la mise en route aux ordres des direc-teurs depontdenvol: leschiensjaunes. Underniercontact radio crypt avec le central opration duporte-avions qui nous permet de noter les informa-tions de dernires minutes et nos deux avions sontbientt aligns chacun sur une catapulte.

    Catapults en deux secondes prs de 300 kilo-mtres-heure, nousprparonsimmdiatementlavionpour unvol enzonehostile.Les actionsvitalessesuc-cdent tambour battant tandis que je quitte les voixconnues des contrleurs ariens du Charles pourconverser avec les aiguilleurs du ciel de la coalition.Langlais est de rigueur. Mieux vaut tre rompu auxaccents texans car les communications cryptes sontsouventdformesettouffes.Le traitde ctearrivedj. Jevrifie unedernirefoisla positiondecertainsinterrupteurs en cabine; lIFF, le systme dautopro-tection de lavion, mon poste de commande arme-ment, lenregistreur vido Monquipierest mescts, unecentaine de mtres.Justeavantde pn-trer au-dessus du territoire libyen, il me signifie queson avion est intgre pour la mission. Nous croisonsunepatrouillede deuxF16 repartantvers le nord. quelques dizaines de kilomtres au sud, deux Rafaleeffectuent une missionde reconnaissance.

    Je suis maintenant la tte dans la cabine. Monquipier sassure, quant lui, que personne ne p-ntrenotreespacede travail etquaucunmissilenesttirdepuisle soldansnotredirection. Cepartagedesresponsabilits me permet de me concentrer sur lesimages fournies par mon capteur optronique, cettecamra ventrale que je pilote avec un joystick sur lamanette desgazet quimepermet deme dplaceretde zoomer sur les coordonnes gographiques despointsdintrts tudisquelques heuresauparavant.Suivant langle, la scne observe ou les conditionsmtorologiques, il faut modifier les rglages de la

    camra, son contraste, la gestion des couleurs, zoo-mer ou au contraire dzoomer afin didentifier lazone sans perdre la vision densemble. Ds que lonest en secteur arrire, les commandes sinversent etlimage saplatit. Il faut donc combiner avec la tra-

    jectoiredelavionenalternant entre lintrieuret lex-trieur du cockpit.

    Mon contrleur oprationnel me rappelle sur lafrquence. Il me demande daller rechercher et en-gager un vhicule ennemi. La mission est claire. Je

    rentre les coordonnes de lobjectif dans mon sys-tme de navigation tandis quil me fait une descrip-tion delobjectifetde lazonede recherche. Levhi-culeest unblindlance-roquettesgar sousun arbre langledune habitationisole. Loriginedu rensei-gnementnestpas prcise.Quilsagissedun droneou de lanalyse trs rcente dune mission de recon-naissance,il me fautuniquementme focalisersur larecherchedece vhicule.La zonenest qu quelquesdizaines de kilomtres et les trois-quatre minutes detransit sont mises profit pour vrifier le ptroleconsommet ractualiser notreautonomie.

    Arriv la verticale de la coordonne, la zone derechercheest formellementidentifie maispas lev-hicule. Dans le sable, de grosses traces de pneus oudechenilles sontvisibles etconduisenteffectivementsousun arbre langle dunbtimentpartiellement

    dtruit. Une forme gomtrique attire mon atten-tion lors dece premier survol. Jene peux pasmap-pesantir car je ne dispose que de quinze minutesavant de quitter la zone pour aller ravitailler. Lob-

    jectif tant sous un arbre et sachant que je ne peuxdescendre plus bas, je dcide de mloigner afin derduirele sitede mavisedobservation. Durantunefraction deseconde,je distinguela forme anguleusedu blind. Deux minutes plus tard, sous le mmeangle mais cette fois plus durablement, je confirmequil est bien l. Je sais maintenant avec certitudecomment le retrouver et illuminer la bombe pourquelle ailleau but. Ilne resteplusquedix minutes.Mon numro deux est toujours bonne distance.

    Huit heures du matin bord du porte-avionsCharles de Gaullequelque part au large de laLibye. Nous sommes, mon quipier et moi-

    mme, aucentrede prparation demissionaveclof-ficier renseignement en charge de celle que le com-mandant nousa confiepour aujourdhuiau-dessusdela Libye. La prparation dunvolcommence tou-

    jours par un point mto dtaill de la zone dop-rations et de notre plate-forme de dpart et darri-ve; le porte-avions Charles de Gaulle. Puis cest

    ltude de notre tasking du jour, sorte de messagecodsotriquerservauxinitisde lopration.Au-

    jourdhui, nous volerons dans lest de la Libye pourinvestiguer des points dintrts tudis et trans-mis par le CAOC (Combined air operations center)pendantla nuit.Aprsunerapide valuationdu car-

    Une mission de combat enSuper tendard modernis

    PAR LE CAPITAINE DE FRGATE DAVID D *

    Lesavions delaronavalefranaise(Rafale, Super tendard moderniss,Hawkeye) onteffectu eux seuls 1573 missions de combat au-dessus de la Libye dans le cadre deloprationHarmattan. Ils ontlarguplus de950bombeset tir240 missiles air-sol,dont15 SCALPet 225A2SM.Rcit dune patrouille de deux Super tendards moderniss.

    SpcialLIBYE

    * Commandantde flottille17 F.Lescommandantdesunitsaronavales de la Marine nationale et les commandants desous-marinsne peuventsexprimersousleur vritablenom.

    Page de gauche :Super tendard

    modernis avantun catapultage

    depuis leCharles de Gaulle.

    Ci-dessous :En une fraction

    de secondes,je distingue

    la formeanguleuse

    dun blind.CF DAVID D.

    PHOTO:ECPAD

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    >>

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

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    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 19MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201118

    Il attend mon ordre pour initier la squence de tir.Nousnousloignonssur uncap calcul dessein etvrifions les coordonnes de lobjectif ainsi que laconcordancede nossystmesde navigation.La rus-sitedu tir en dpend.

    Pendant cette phase dloignement, mon quipiervrifie et prpare son systme darme. Tout en sur-veillantle cielet lanantune dernirecalibrationau-tomatique de mon pod laser, je rends compte aucontrleurde lidentificationdu blind etde sonen-

    gagement dans deux minutes. Puis cest le virage deretournement. Nous sommesautoriss tirer. par-tirde l,toutsacclre.Jedois surveiller latrajectoirede mon quipier et retrouver la cible pour y centrerma camra. Mon numro deuxscrute le sol et les environs, tou-

    jours larecherchedunventueldpartde missile.Ilest prt tireret nattend plus que le mot-codeindiquant que je suis capabledilluminerla bombe.

    Au grossissement maximum,leblindapparatenfinau centredemon cran.Unepetitecorrec-tion avec le joystick, je dzoomepour vrifier les alentours puis jeprononcesur la frquence prive

    de la patrouille le mot code du

    jourautorisantle tir. Jezoomede nouveaupouraffi-ner la position de la tache laser alors que mon qui-pier annonce simultanment le dpart de sa bombeavec le temps de chute. Un rapide calcul et je d-clencheau momentopportun, laide dunautrein-terrupteur fix sur la manette des gaz, lilluminationlaser. Labombeest envol etvoit latachepositionnesurlobjectif.Un petitclignotement en bas gauchede mon cran confirme lmission du faisceau laserquidoit la guider.Je surveillele centre de moncranafin de maintenir la croix lavant du blind. Mamain gauche est sur le joystick prte intervenir aumoindredplacementde latache.La bombesera surlobjectif dans deux secondes. Cela va trs vite maisparatpourtant interminable.Puislombrede la bom-be traverselcran et lexplosion saturecompltementlimage. A priori, but. Il faudra effectuer un BDA

    dplacentde quelquescentainesde mtrespour tirerdenouveau. Ilfautimprativement queje trouvecesdeux vhicules avec ma camra. Mon quipier doitdabord me renseigner sur leur localisation. Au suddela ville,mais encore ? Uneroute,un carrefour puisuncap cardinalet jeles trouveenfin.Jereprendsalorslattedu vol.

    Couple monsystmede navigation, macamrame permet galement dextraire des coordonnesgographiques.Je lescompare lacartographiede la

    ligne de front pour qualifier les vhicules. Pas dedoute possible, cette position est forcment tenuepar lennemi. Je dois ensuite valuer les risques dedommages collatraux. L encore, aucune hsita-tion. Les vhicules sont en plein dsert, plusieurskilomtres des habitations et de tout pipeline ouligne haute tension. Je suis face une cible ditedopportunit. La responsabilit dengager reposesur mes paules au vu de la situation. Je rentre lescoordonnes sur ma planchettetactile afin de faire apparatre lesphotos satellite de la zone. Je nevois,l encore, aucune habitationouinfrastructureaux alentoursdela position. Les deux vhicules,dontun quejidentifiecommeuncamionquip larriredunlan-

    ceur multi-roquettes, sont main-tenant arrts. Du personnel saf-faire, en vue certainement dunautre tir. Je suis convaincu de la ncessit dengagerce vhicule. Je ne veux pas le perdre de vue. Il mefautde nouveauextrairedes coordonnesafin de lescommuniquer mon quipier. Le temps presse carilpeut toutmoment lancer denouvellesroquettes.Nous nous loignons de la cible, cette fois sanscontrainte particulire de cap. Nous effectuons lesvrifications et les actions en cabine avec la mmerigueur. Sil ne faut pas perdre de temps, il ne fautpas non plus se prcipiter ou se laisser gagner parune fivre malsaine ou inapproprie. Nous devonsrester concentrsjusquaubout,sans jamaisfaillirninous laisser submerger par la passion : juste du fac-tuel et des rgles strictes.

    quelques secondes de notre tir, une salve de ro-quettestraversemon cran.Lennemivient nouveaude prendre la ville sous son feu. Notre bombe a tlance. Elle est en vol. Comme pour la premire, le

    travailau pod sembleinterminable.Maiscettefois,celase complique.Il luirestecinq secondesde tempsde chute quand le camion dmarre. Le doigt sur le

    joystick, je dplace ma croix pour maintenir la visesurle lance-roquettes. Ilsarrtede nouveau. Labom-be limpacte larrire. Aprs quelques secondes, jedistingue des explosions secondaires, probablementdesroquettes. Unepaissefume sedgagetandisquelautrevhicule prend la fuite versle sud.Nousmet-tons profitle temps quilnousrestepour valuerles

    dgts et poursuivre des investigations. Dautre pa-trouilles nous succderont dans la zone. Le moindrerenseignement doittre communiquet exploit.

    Il est maintenant lheure de rentrer bord duCharles de Gaulle. Letraitde cte seffacesous lenezdelavionpourlaisserplace limmensitde laM-diterrane. Le trajet retour est ds lors un peu plusdtendubien quelactivitne manquetoujourspas :contactsradio, compterendude vol,vrificationsp-

    riodiques etprparationpourlap-pontage. Rapidement, nous ap-prochons de la barque, petitsurnom donn par les marins duciel au porte-avions. Le rythmesacclre car il faut descendre,quitter le contrleur oprationnelet trouver le Charles de Gaulle.

    Avec plusde deuxcentsmtresdelong, il devrait se voir facilement!Cenestpasle cas. Lavisibilitest,

    cetteheure,assezfaible. Mais jene suis pasinquietcar la voix de lapproche est rassurante. Le pont estannonc bleu. La route aviation na pas chang.Unemassesombreapparat auloin.Les contoursnesont pas encore nets mais je sais que cest lui : LeCharles. Nous enapprochonstout enrduisantlavitesse. Le chef AVIA autorise la prsentation pourlappontage. Un dernier coup dil sur les jaugeurscarburant pour confirmer la masse dappontage etnous passons travers tribord du bateau six centspieds, crosse sortie. Un top chrono, un virage soixantedegrsdinclinaison, lasortiedu trainet desvolets, les vrifications dusage, le dernier virage etenfinlannoncerglementaire: Miroir,deuxfoistroisDesbois..

    Jai appont. Je suis alors les ordres des chiensjaunes. Jedoisrapidementlibrerle pontpourmonquipierquise prsentedjet stationner monavionavant la coupure moteur. La manette des gaz surarrt, la mission nest pas termine.

    Il faudra dans quelques minutes en restituer tousles dtails lofficier renseignement, visionner aveclensemble de lacommunautles bandes vidodansleur intgralit et dbriefer avec mon quipier.Tan-dis que dautres pilotes seront sur le point dtre ca-tapults,il seraalorslheure dallerdner avantquelafeuille des vols du lendemain ne soit signe par lecommandant. G

    (BattleDamage Assessment)dans quelques minutesouquelquesheures pour confirmer la destructioncom-pltede lobjectif.

    Je nai pas beaucoup de temps devant moi. Noussommes trois minutes du dpart et il faut scuriserlesavions, retrouverune formationde surveillanceop-timale et prparer la navigation vers le ravitailleur. Jeregarde rapidement ma planchette tactile de genoupour dgrossir lecap dedpartet informeparradiolecontrleurtactiquede nosintentions.Pendant letran-

    sit,jassurelecompterendude tirselonlecanevas pr-formatet effectue quelques actionsvitales. Jejette uncoup dil surlcran dela VTM(VisualisationTteMoyenne)qui, cette foisci, estcommut surle radar

    SpcialLIBYE

    Une mission de combat en Super tendard modernis

    Rapidement,nous approchonsde la barque,

    petit surnom donnparles marinsdu ciel

    au porte-avions.

    en mode air/air. Le plot me confirme que le ravi-tailleur anglais est, comme convenu, la bonne alti-tudeet sursonhippodrome.Nouschangeons defr-quence pour dialoguer avec notre pompiste du jour.Un accueil chaleureux et toujours le mme profes-sionnalisme. Quelques secondesplustard, noussom-mesen patrouille serre surun ravitailleur de la tailledunavionde ligne.Jactionnelinterrupteurde ravi-taillement.Un fortbruit arodynamique accompagnelasortiede laperchedanslaxede lavion,danslepro-longement de la glace frontale. La vision est limitemais leSuper tendardest ainsi fait! Unpeumoinsdedix minutes pour remplir les soutes carburant delavionet nous repartons versla Libye.

    Deretoursur zone, nousreprenonsnos investiga-tions. Les minutes passent et je suis toujours acca-parpar montravailen cabine. Cettefois-ci,ce nestpas le contrleur qui me sort de mon addiction aupetit cran, mais mon quipier. Il vient de voir undpart de roquettes depuis une position situe danslesud,dans ledsert,en directionde lavilleque noussurvolons. Je le dcharge immdiatement de la sur-veillance du ciel afin de le concentrer sur la zone dedpart des tirs. Il mannonce rapidement que deuxvhiculessonten mouvement.Cest lemode opra-toire classique des forces locales. Elles tirent puis se

    PHOTO:MARINENATIONALE

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    PHOTO:ECPAD

    droite :Il faudrafaire un BDA(Battle damageassesment)dans quelquesminutes ouquelques heures

    pour confirmerla destructionde lobjectif.CF DAVID D.

    Ci-dessous :Le ravitailleurest commeconvenu la bonnealtitude et sur sonhippodrome.

    CF DAVID D.

    >>

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

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    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 21MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201120

    oprations ariennes au-dessus de la Libye : jusquune trentaine davions ravitailleurs seront mobilisschaquejourafin de soutenir lesactions desavionsdecombat24 heuressur24 et7 jourssur 7,la majoritdeces avionstant fournispar lUS Air force.

    Le ciel de Benghazi est vide. Notre arrive a clai-rement dissuad le colonel Kadhafi dutiliser sespropres appareils dans les approches de la ville. Sescolonnes de char sont en revanche bien prsentes,soutenues par des systmes mobiles de dfense sol-

    air. Un SA8 tente de nous engager depuis un bonmoment, nous pointant avec son radar de conduitede tir. Mais notre systme de guerre lectronique labien localis, confirmant les informations donnespar lAwacs1 de la base arienne dAvord. Nous vi-tons son domaine dengagement. Nous inspectonsdetrs nombreux contactsnonidentifis parlAwacssansrencontreraucunmatrielarienennemi.Noussurvolons plusieursreprises Benghazi altitude r-duitepour quela populationsachequeles oprationsontbiencommenc etquelle peutgarderconfiance.La patrouille de Mirage 2000-5 qui doit nous rele-verarrivera avecunpeu deretard.Nousrestonsdoncuneheurede plus surzone pour nepas laisser lecielde la Cyrnaque aux forces ariennes du colonelKadhafi.Au retour, nouscroisonslesMirage2000Detles Rafalechargs dengager lescolonnesde charausudde Benghazi,mettantun coupdarrt leurpro-gressionvers la ville.

    Nous nousposons surla basearienne 126de So-lenzara, en Corse, base avance propice aux actionsenzoneMditerrane,verslaquellele dispositifse d-placeprogressivement.Des camaradesont jetnos af-fairesdans unavion de transportpasspar Saint-Di-zier. Nous les rcuprons trois heures du matin Solenzara. Le parking de la base est dj couvert deconteneurs missiles et de palettes de bombes. Letransfert a biencommenc.Il serenouvellera quelquessemaines plus tard lorsque les chasseurs franais se-rontredploys enCrteet enSicileafin demaximi-serle temps pass surles zones de combats.

    Jereprendslairdeuxjoursplustard,pourunenou-velle mission: lengagementdesmoyensblindspro-Kadhafigrce aupod de dsignation laser Damoclsetaux bombesAASMguides parGPS.Passerdunemission lautreest lelot despilotesde Rafale,appa-reilpolyvalent quia exprimtoutessesqualits surcethtre. Dans le cadre dHarmattan, marins et avia-teurs pouvaient, sonbord,effectuer enuneseulese-maine toutes les missions de laviation de combat:supriorit arienne, engagement au plus prs desforcesdopposition, frappesdans laprofondeuret re-connaissance,le renseignement apparaissantcommelacl devotede cetteopration. Celle-cia engendrdes modesdaction combins.Tousles systmesdar-mes ont opr de manire synergtique, partageantinformations utiles, renseignement sur les forces ad-verses et engagement. Les appareils engags sur lethtre quil sagisse dappareils spcialiss dans lerenseignement, de drones, davions de combat oudappareils assurantle contrleariendes oprations ontquotidiennement cooprgrceaux liaisonsdedonnestactiques afindassurerla comprhensionlapluscompltepossible du thtredoprationet trecapables de ragir rapidement ses volutions. Lesbouclesdcisionnelles ont t considrablement rac-courcies, rduisant trs fortement le temps entre ladtectioninitialede lobjectif et sa destruction,passdequelques dizainesde minutesau dbut delopra-tion quelques minutes partir de lt. G

    Lescadron de chasse 1/7 Provencea t sollicitds le 4 mars 2011 pour prparer des missionsde reconnaissance depuis les eaux internatio-

    nales. Ces missions nauront finalement pas eu lieumais elles nous auront permis davoir un coupdavanceetde nepas subirunefoisla dcision prisedintervenir. La journe du 17 mars 2011 aura tlongue. Plongs dans les prparatifs avec nos cama-

    rades mcaniciens de lescadronde soutientechniquearonautique 15.007 Haute-Marne, nous tionssus-pendus auxchanesdinformationcontinuepour sa-

    voir ce quil se passait New York. Deux joursplustardles vnementssenchanaient.Samedi19 mars. 6 heu-res du matin. Le rveilsonne. Jai dormi sur labase comme beaucoupde mes camarades. D-coller pour une missionde guerre depuis sa basemre nest pas courant.

    Noussouhaitionsrester trsconcentrs sur la missionet maximiser les plages de repos dans un emploi dutemps trs charg. Arrivs lescadron, nous dcou-vrons la version dfinitive des rgles dengagement.Puislesphasesmillefoisrptes lentranement ouen oprationsenchanent : briefing,habillage,dpartaux avions. Le tour avion est effectu avec minutie :3 bidons,6 missiles air-air, laviona prisune silhouettetrsguerrireque jene luiai passouvent connu danscet environnement si familier. Nous dcollons auxalentours de midi.Le commandantde baseest venuaubord dela pistesaluerle dpartde seshommes. Ila beaucoup uvr pendant les 36 dernires heures,facilitant la synthse des ordres reus, plaant tout lepersonnel en ordre de bataille pour soutenir les uni-ts ariennes. Instant dmotionlorsque mon Rafale

    et ses 16 tonnes de mtal sarrachent de la piste. Jaiune pense pour ceux qui ont travaill toute la nuit, notre profit, pour finir de prparer la mission. Labaseariennejoueaujourdhui savraie partition.V-ritable outil de combat,elle nous permet de dcollerdepuis nos locaux pour aller frapper vite et loin. Lavoiefamilirede nosaiguilleursdu cielne nous guidepas, cetinstant,versune zone dentranement mais

    bienversune zone deconflitverslaquellenousavonsmislecap.Deuxmille kilomtres nousen sparent.Direction

    le sud-ouest de Benghazi. Nous avons pour missiondimposer la zone dexclusion arienne dcide danslanuitdu17 au18 mars2011. Lebutestdinterdirelutilisation dela troisime dimension auxforces pro-Kadhafi.Dautresappareils de combatporterontplustardun coup darrtaux colonnes dechar quimena-centBenghazi.Pour linstant nous devonsnettoyerleciel.Deux millekilomtres,cest loinpour monsieurtout le monde, trs proche pour nous. Nous avonsrejoins, aunord dela Corse,notreC135FR.Cet avionravitailleur,quia dcollily aquelquesdizainesde mi-nutes de la base arienne dIstres, va nous accompa-gnerpendant toute lamission, mme sil resterabiensr aularge,danslegolfe deSyrte.Il nouspermetderejoindre la zone daction et dy rester le temps quilfaudra,mmesildevaitpourcela trerelev aucoursdela missionparun autreaviondu mmetype.Le ra-vitaillement en vol nous procure une allonge de plu-sieurs milliers de kilomtres tout en conservant unerversibilit totale jusqu lengagement final de nosarmes, permettant aux dcideurs de disposer dunmodedactionrapide avecune empreinte ausol nulle.Cettefonctionravitaillementsera primordialepour les

    Les Rafale de larme de lAirdans le ciel de Benghazi

    PAR LE LIEUTENANT-COLONEL RULLIRE *

    Avec ceux de la Marine nationale, les appareils de larme de lAir franaise (Mirage2000-5et 2000 D,Mirage F1 CR,Rafale,E3F Awacs, C135FR) onttotalis 5 600sorties,soit 25% dessorties dela coalition, 35% des missionsoffensiveset20 %des frappes.Ilsont tmobiliss trs tt, dsle 4 mars 2011, pour se prparer uneinterventioncontre les forces du colonel Kadhafi qui sera officiellement lance le 19 mars. Rcitdunemissionen Rafaledans lespremiersjoursdu conflit au-dessusde lavillede Ben-ghazi,assigepar lescolonnesde blinds du rgime.

    * Le lieutenant-colonel Rullire a command lescadron dechasse 01.007 Provence (Rafale) entre 2010-2011 durantles oprations en Libye avant de rejoindre ltat-major delarme de lAir lt 2011.

    SpcialLIBYE

    1. Awacs : avion radar quadrimoteur contrlant les missions ariennes.

    PHOTO:SIRPAAIR

    En haut :Le Rafale,appareil

    polyvalent,a exprimtoutes ses qualits

    sur ce thtre.LIEUTENANT-COLONELRULLIRE

    Ci-dessus :Jusqu trenteavions ravitailleursont t mobilisschaque jourafin de soutenirlaction des avionsde combat.LIEUTENANT-COLONELRULLIRE

    Lescadrondechasse1/7 Provenceat sollicitdsle4mars2011

    pourprparerdesmissionsdereconnaissance.LIEUTENANT-COLONELRULLIRE

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    PHOTO:

    SIRPAAIR

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

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    OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 2011 MARINE&OCANS N233 23MARINE&OCANS N233 OCTOBRE-NOVEMBRE-DCEMBRE 201122

    uvre (PCMO) pour lemploi de ce groupementaromobile(GAM)au-dessus duterritoireennemi.Le service mdical dunit du BPC devait se mueren hpital de campagne de 70 lits (Rle 2) et treen mesure de traiter un afflux de blesss. Commepourchaqueoprationen eauxlittorales,les enginsdedbarquementde la Flottilleamphibie activaientleurs prparatifs.

    Ce sont environ 400 militaires provenant dunetrentainedunitsde la Marine, delarmede Terre,

    du service de sant des armes, du service des es-sences des armes notamment, qui ont ralli Tou-lonetembarqu bord duBPC.Les complmentsdepleins, devivres sontrapidement effectus. Lins-tallationdes appoints de Systmesdinformationetde commandement (SIC) est ralise dans des d-lais record. Des tonnes de munitions et de leurresde toutenature sontembarquesdans lesentraillesdu btiment dont les soutes sont formidablementconfigures et dimensionnes. Plusieurs centainesdemtrescubes depicesde rechangeset demat-riel de maintenance ont trouv immdiatementleur place dans les vastes hangars. Le groupementde soutien de la base de dfense de Toulon a or-chestr en urgence, jour et nuit, lapprovisionne-ment du Tonnerre.

    IApplication du concept Plug

    &

    PlayLimbrication cohrente de ces modules missionaux 177 du BPC ncessite un temps de monteen puissance incompressible. Le temps de dploie-ment permet en gnral une monte en puissanceprogressive.Il ne sagitpas seulement de juxtaposerles matriels et les personnels comme on le fait surunebase maisdagglomrer,dentraner,dinventerles procdures, de rpter les tactiques et la syn-chronisationdes actions quiserontncessaires pourle combat. Le BPC et ses dtachements doiventfaire corps sous lautorit unique du commandantdu btiment. En bref, il faut magnifier les perfor-mancesdechaque capacit prsente bord dans unensemble harmonieux. Le thtre libyen se trouve environ 48 heures de mer des les dOr. La com-

    pression de lespace-temps a donc fortementcontraint cette priode de monte en puissance. Iltait en effet ncessaire de prononcer la capacitoprationnelleinitialeplus complte de lensembleBPC/GAM/Rle 2 dans les meilleurs dlais com-patibles avec la scurit de la mise en uvre et uneefficacit tactiqueoptimale.Cette prparation sestdonc poursuivie en vue des lignes adverses.

    I Lunion fait la force : Force Integration5En parallle au Combat Enhancement Training6,

    soprait le passage, sous le commandement delamiral commandant laTask Force473 embarqusur le porte-avions Charles de Gaulle, la coordina-tion avec le groupe porte-hlicoptres britanniquequiallait mettreen uvredes hlicoptresApache,et lintgration de nos modes daction aux opra-tions ariennes classiques de lOtan commandesdepuis les centres de commandement de Naples etde Poggio Renatico en Italie.

    Si les systmes trs complets dinformation et decommandement (SIC) du Tonnerre ont permisltablissement quasiment instantan de toutes lesliaisonsutiles lexcution de lamission,si nospro-cdures taiententirementcompatiblesavec cellesde lOtan, il a fallu plus de temps pour mettre aupoint les modes daction originaux et trs spci-

    fiques du binme BPC/GAM qui bousculait lesmthodes des campagnes ariennes traditionnellesen cours depuis le dbut des oprations. Il ntaitpasnonpluspossiblede rpterlesmodesdactionhrits de lopration Daguet lors de la librationdu Koweit en 1991, car oprer depuis la mer im-pose des rgles particulires et strictes, trs diff-

    Notice to Move1 : trois jours avant leur d-ploiement, aguerris par de rcentes opra-tions en ocan Indien2 et dans le golfe de

    Guine, les 1773 officiers, officiers mariniers,quartiers-matreset marinsdu deuximeplus grandbtiment de la Marine nationaleconsidraient avecattention lvolution de la situation en Libye. Avecbeaucoup dimagination, des scnarios sesquis-saient et animaient les conversations de lquipagepourtant occup rendre aux 23 000 tonnes dupuissant btiment toute sa disponibilit techniqueet oprationnelle.

    Le WINGO4 du Centre de planification et deconduite des oprations (CPCO) a mis fin au sus-pens. Cet ordre confidentiel dtaillait les disposi-tions prendre pour quele Tonnerresoiten mesuredappareiller dans la version indite de porte-hli-

    coptresdassaut.Unevingtainedhlicoptres dat-taque (Gazelle), dappui (Tigre), de manuvre(Puma),de sretet de secours maritime(Panther)devaient se rassembler dans le sud de la France etse tenir prt embarquer. En parallle, se consti-tuait un poste de commandement et de mise en

    PAR LE CAPITAINE DE VAISSEAU PHILIPPE EBANGA *

    Aprs lvacuationde ressortissants(oprationBalisteen 2006) et le soutienauxforces(CtedIvoire en 2011) qui ont confirm les capacits du btiment de projection et de comman-dement commeoutil stratgiquede prventiondes crises,loprationHarmattan a dvoilsa premire utilisation au combat comme porte-hlicoptres dassaut. lheure o linter-vention depuis la merreprend tout sonsens, cette grandepremirea confirm la maturitoprationnelle dun desinstruments phare de la capacit dintervention de la France. Rcit.

    * Commandant du BPC Tonnerre pendant loprationHarmattan - mandat 1.

    SpcialLIBYE

    A Lassaut

    depuis le BPC Tonnerre1. Pravis avant dploiement.2.32piratesapprhendsaucoursde loprationAtalantependantle 1erd-ploiement du Tonnerre avec lcole dapplication des officiers de Marine(EAOM) et un Groupement tactique embarqu (GTE).3. 177 marins constituent lquipage optimis du BPC.4.WINGO :WarningOrdrerou ordre prparatoire.5.ForceIntegration : intgration de la force et des oprations en cours.6. CET : qualifications et entranement lappontage, armement des hli-coptres, rptition des tactiques de mise en uvre, tirs, etc.

    PHOTO:THOMASGOIS

    QUE

    Les systmestrs completsdinformation etde commandement(SIC) du Tonnerreont permisltablissementquasimentinstantande toutesles liaisons utiles lexcutionde la mission.

    CV EBANGA

    >>

    PHOTO:ECPAD

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    En haut :le BPC Tonnerreau largedes cteslibyennes.

    droite :le capitainede vaisseauEbanga,commandantdu BPC TonnerrependantloprationHarmattan.

  • 7/27/2019 M&O Tir part SPECIAL HARMATTAN

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    avoir lieu ds les premires minutes de nuit. Lesheures prcdentestaientdonc consacres lapr-paration et la disposition des hlicoptres sur lepont denvol ainsi que leur armement. La scuritdu btiment tait renforce, le matriel dispos etarrim.En mme temps,une successionde briefingspermettait jusquau dernier moment de maintenirtoutes les quipes au mme niveau dinformation.

    IGO la lueurdes clairages rouges, tousfeux teints,

    le porte-hlicoptres,encadr par sonescorte, sen-fonce vitesse maximale dans la pnombre en di-rection de la cte. En silence, les procdures inlas-sablement rptes sappliquent avec rigueur. Puisce sont les premiers dcollages. Les hommes sontconcentrs, les visages tendus, les rares sourires d-voilent une fausse dtente. La question qui revientinlassablement dans les esprits est le what if10.

    Leshlicoptresse regroupent au-del du volumeaviation et passent alors sous le commandement ducolonel commandant le GAM depuis la zone tat-major du BPC (lire interview, page 42). Au fur et mesure que le strikesloigne, les communicationsradio sont plusdistordueset leslonguesminutes dat-tente commencent, grenes par de brefs comptes

    rendus duchef de dispositifsur la neutralisationdesobjectifset lecomportement delennemi. Dela pas-serelle, on observe lil nu les tirs, les ripostes, lesdestructions Plusieurs dizaines de minutes plustard, les premiers hlicoptres se prsentent dans lecircuit dappontage aux ordres des contrleurs puisdelofficierde quartaviation.Quandcette phaseex-trmementdlicatesetermine, etpendantquele dis-positif navalsloigne,le chefde quart la passerellefait diffuser dans tout le bord : tous les hlicoptressont poss, la mission de ce soir est termine, rompre du

    poste de combat.Le Tonnerre, avec son systme darmes GAM

    aura en un peu plus dun mois doprations conduit unevingtainede strikeen Libyequi aurontdsorganisles lignesennemies,provoquuneforteattrition, et donc produit des effets significatifs surlissue de la guerre. Le BPC en version porte-hli-coptres dassaut est une machine de guerre main-tenant prouve. G

    rentes de celles des terrains conventionnels terre.Il aura donc fallu crer de toutes pices et validerunensembledactions pour mettre ladispositiondu commandement une capacit daro-combatcrdible pendant des priodes de strike alloues.Lobjectif taitclair : lancerdes raidsmassifs quel-ques encablures des zones de dfense libyennes etrpter laction autant que ncessaire.

    I Oprations : hit& runLa cl du succs a t de trouver le meilleur com-

    promis entre la scuritdes btiments, celle deshli-coptres et lefficacit des feux dlivrs sur les posi-tionspro-Kadhafi.Il sesttrouvque lenvironnementlittoralde la Libyetait particulirementfavorableauxoprationsnavales 7,ce quia permisauBPCet son

    tait bien sr insr dans une bulle arienne pluslarge dans laquelle voluaient drones et chasseurs-bombardiers en soutien direct. Le Tonnerrea oprencoordinationaveclesmoyensdugroupedu HMSOcean.

    bord, aucun dtail na t laiss au hasard. Ona dabord pens au pont denvol. Il tait rgl laminute prs.Avecsix spots,ctaiten moyenneunedouzaine de sorties qui composaient le strike pac-kage8. Afin deretarderla contre-dtection,toutela

    miseen uvredeshlicoptresarmsse faisait ensi-lenceradio uniquementavec dessignaux lumineuxattnus. On comprend aisment la complexit dela chorgraphie avec la gestion des invitables casnon conformes des pannes, etc.

    Cest en ralit le BPC dans son ensemble, son

    SpcialLIBYE

    A lassaut depuis le BPC Tonnerre

    PHOTO:THOMASGOISQUE

    PHOTO:ECPAD

    PHOTO:ECPAD

    PHOTO:ECPAD

    7. Hydrographie, dclivit, mtorologie au printemps-t en mditerrane.8.Strikepackage :la douzainedhlicoptresde commandement,dappuietdattaque composant la vague dassaut.9. Incendie, voie deau, avarie de combat.10.Whatif: que fait-on si

    escorte de sapprocher de la cte tout en restant endehors du volume efficace des innombrables batte-riesctiresennemies oude lamenacedes mines.Latactiquedu hit& runa tapplique; ellea consistfaire peser au large une menace diffuse sur une por-tiondu littoralet aller frapper lesciblesdsignes lavance au terme dun cycle de planification Otantrs norm. La neutralisation dobjectifs dopportu-nittait galement prvue.

    Le BPC, seul avec son escorte quelques kilo-mtresde lacte ennemie,taitle commandantlocaldes oprations. Il a bnfici en gnral du soutiencapital dun sous-marin nuclaire dattaque (SNA),dun btiment de dfense arienne (BDA) capablegalement deffectuer du tir contre terre, et de lap-pui dun avion de patrouille maritime (ATL2). Il

    quipage et ses dtachements, qui se trouvait auxpostes de combat. Il fallait en effet que la mobi-lit du porte-hlicoptres soit assure cote quecote par les mcaniciens et les lectriciens, que lesquipes de luttecontreles sinistres potentielssoientsur le pied de guerre, que les chanes de ravitaille-ment des hlicoptres en carburacteur, en muni-tions et leurres et de rparation soient instantan-mentcapablesdintervenir,que lautoprotectionduBPC soit assure, et que le central oprations ga-rantisse la synthseet la synchronisationde laction,que lhpital soit prt traiter les blesss ventuels,sans parler du soutien des hommes et des femmesharnachset encagouls pendant delonguesheures.

    La cinmatique desunitstait rgle en fonctiondes phmrides. Les premiers dcollages devaient

    >>

    Afin de retarderla contre-dtection,toute la mise

    en uvre deshlicoptresarms se faisaiten silence radiouniquementavec des signauxlumineuxattnus.CV EBANGA

    bord, aucundtail ntaitlaiss au hasard.Le pont denvoltait rgl la minute prs.CV EBANGA

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    miques Viviane. Larmement standard des GazelleViviane est le missile filoguid HOT, destin d-truire prioritairement des engins blinds, mais ga-lement tous types de vhicules militaires.

    Ces Gazelle taient systmatiquement appuyespar deshlicoptres dappui/protectionde nouvellegnration de type Tigre, quips eux aussi de leurarmement standard : 1 canon de 30mm et des ro-quettes de 68mm. Enfin, des hlicoptres de ma-nuvre de type Puma, dots de mitrailleuses dau-

    toprotection MAG 58, assuraient pour les uns lesmissions de commandement en vol (Air missioncommanderou AMC) et pour les autres celles dex-traction immdiate (en cas de crash en mer ou terre) avec, leur bord, une quipe du commandoparachutiste de lair (CPA) 30.

    ICommentseffectuaitle choixdes cibles?

    Dans le cadre de la rsolution 1973 du Conseilde scurit des Nations unies, toute force militaireclairementidentifie commemenaante lencontredes populations civiles libyennes tait considrecomme une cible.

    Sa destruction seffectuait alors selon des rglesdengagement prcises incluant lidentification for-melle de la nature militaire des cibles (engins blin-ds,vhiculesarms,picesdartillerie)et lassurance

    de ne prendre aucun risque de dommage collatral(oprations effectues hors des zones habites etfrappes annules en cas de doute).

    IQuelle marge dinitiative et de manuvre ont eu les

    quipages dhlicoptresune foisen mission?

    Les hlicoptres agissaient gnralement en mo-dules avec plusieurs aronefs. Tout en respectantstrictement le cadre espace-temps fix et les rglesdengagement,le chefen voldu module(airmissioncommander) ainsi quelescommandantsde bord dechaque hlicoptre avaient une large libert dap-prciation de la situation. Ce sont eux qui perce-vaient lemieuxla situationausol. Ilstaient donclesplus mme dedcider. Lecommandantde borddechaque hlicoptre dattaquebnficiait dunedl-gation, dite cockpit delegation, qui lui permettaitdouvrir le feu son initiative et selon les rgles d-

    crites prcdemment. Ce sont les modes habituelsdaction de lAlat, quioffrent chaque chelonunecertaine capacit et libert de manuvre.

    Nous nutilisons pas lhlicoptre comme unsimple vecteur dlivrant une munition sur un ob-

    jectif prdtermin. Le chef sur le terrain adapte samanuvre laralit dela situationennemieet duterrain.

    I Comment valuez-vous lefficacit des hlicoptres

    dans cette opration Harmattan ?

    Les hlicoptres ntaient pas engags tous lesjours, mais leurs raids, parfaitement cibls, ont eu

    un effet tactique trs important. Pour vous donnerune ide plus globale, un raid de deux heures pou-vaitsetraduirepar20 30vhiculesarmsdtruits.En prs de cinq mois dengagement au sein dHar-mattan, noshlicoptres ontneutralisplus de 550

    objectifs militaires en une quarantaine de raids.

    ICommentse partageaient les missionsentreavions de

    chasseet hlicoptres ?

    Les avions et les hlicoptres ont des capacits etdes aptitudes trs diffrentes. Les avions peuventvoler de jour comme de nuit, trs haute altitude.Ils ont une grande allonge, une capacit de ravi-taillement en vol, des systmes dobservation parti-culirement prciset desmunitionstrs puissantes.Les hlicoptres manuvrent trs prs du sol pourdbusquer leurs objectifs, et de nuit pour limiterleur vulnrabilit. Dans le cadre dHarmattan, ils

    ICombien dhlicoptres de larme de Terre ont-ils t

    engags dans lopration Harmattan et quelles units

    appartiennent-ils?

    Le Groupement aromobile tait initialementconstitu dune vingtaine dhlicoptres de lavia-tionlgrede larme deTerre(Alat),dont deshli-coptres de combat et des hlicoptres de ma-nuvre.

    Suivant lvolution de la situation, le dispositif aensuite t ajust une quinzaine dhlicoptres. Il

    est important de souligner que le BPC embarquaitaussi un dtachement de larme de lAir, composde trois hlicoptres de manuvre ddis la rcu-pration et au sauvetage au combat (Resco). Lesquipagesde lAlat pro