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Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional – Aix-en-Provence Projet de Paysage Aménagement et Urbanisme 2019 Directeur de mémoire : Jean-Noël CONSALES Etudiante : Adeline MOULY Les nouveaux paysages de l’énergie solaire [Mémoire fin d’études, soutenu le 21/06/19]

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Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional – Aix-en-Provence Projet de Paysage Aménagement et Urbanisme

2019

Directeur de mémoire : Jean-Noël CONSALES Etudiante : Adeline MOULY

Les nouveaux paysages de l’énergie solaire [Mémoire fin d’études, soutenu le 21/06/19]

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Illustration de couverture :

Figure 1 : Parc photovoltaïque à Tavernes (Auteur : Adeline Mouly)

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Remerciements Ce mémoire est le résultat d’une réflexion établie sur plusieurs mois, depuis mon arrivée en PACA en août 2018, jusqu’au stage de fin d’études au sein du service développement photovoltaïque de l’entreprise ENGIE Green. La majorité de ce travail a été réalisé en parallèle des cours grâce aux lectures qui m’ont permis de m’immerger dans le monde de l’énergie et d’en acquérir le vocabulaire. Les visites de sites, avant et pendant mon stage, m’ont permis de confronter mes idées à la réalité du terrain. Par la suite, le stage m’a permis de donner une vision plus objective et concrète à mes écrits. Néanmoins, un regret persiste dans le fait de ne pas avoir pu profiter davantage de mon expérience au sein d’ENGIE Green pour donner une vision plus approfondie à la réflexion entamée dans ce travail. En outre, diverses personnes m’ont ainsi accompagné tout au long de ce mémoire. Je tiens donc à remercier Jean-Noel Conzales et Benoit Romeyer, enseignants à l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional d’Aix-en-Provence, pour leurs conseils et leur soutien lors de cette année. Je remercie également Joris Masafont, doctorant à l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Marseille pour son regard avisé et ses encouragements lors de ces derniers mois. Je remercie enfin mes collègues de l’équipe de développement photovoltaïque ENGIE Green à Rousset, pour l’accueil, la sympathie, le temps et la pédagogie qu’ils me portent. Merci à Aline, Céline, Julien, Laurent, Ludmila, Olivier, Romain et Vincent.

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Liste des abréviations ABF = architecte des bâtiments de France, a pour mission de veiller à l’application des législations sur l’architecture, les sites, les monuments historiques et leurs abords.

Ademe = Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie

AIE = Agence internationale de l'énergie

CDNPS = Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites

EBC = Espace Boisé Classé

EnR = Energies renouvelables

EPCI = Établissement public de coopération intercommunale

GES = Gaz à effet de serre

Ktep = Kilo tonne d’équivalent pétrole

KWh = kilowatt-heure

Mtep = Million de tonnes équivalent pétrole

MW = Mégawatt

MWc = Mégawatt crête

ONG = Organisation non gouvernementale

ONU = Organisations des Nations unies

PC = Permis de Construire

PCAET = Plan Climat Air Energie Territorial

PCET = Plan climat énergie territorial

PIB = Produit intérieur brut

PLU = Plan local d’urbanisme

PNR = Parc Naturel Régional

PNUE = Programme des Nations unies pour l'environnement

POPE = Programmation fixant les Orientations de la Politique Énergétique

PPE = Programmation pluriannuelle de l’énergie

PPI = Programmation pluriannuelle des investissements

RUP = Région ultrapériphérique

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SAR = Schéma d’aménagement régional

SCOT = Schéma de cohérence territoriale

SRCAE = Schéma Régional Climat Air Energie

SRE = Schéma régional éolien

UE = Union européenne

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Contenu

Remerciements...................................................................................................................................................................... 2

Liste des abréviations ......................................................................................................................................................... 3

Introduction ............................................................................................................................................................................ 7

La transition énergétique, concept clef pour un futur soutenable ... 8

1/ Un modèle énergétique instable et nuisible ........................................................................................................ 8

a/ Un système basé sur le fossile à l’origine d’un avenir incertain ............................................. 8

b/ L’évolution du climat, problématique fondamentale dans le développement des sociétés ....10

c/ Vers un changement de modèle nécessaire ........................................................................12

2/ Une transition énergétique multi-scalaire ......................................................................................................... 14

a/ Un accord international indispensable menée par une Europe moteur ................................14

b/ Un engagement national fort pour une politique énergétique .............................................16

c/ La montée en puissance des autorités locales et des territoires ...........................................18

3/ Les énergies renouvelables au cœur de la transition énergétique........................................................... 20

a/ Des énergies produites à partir de ressources naturelles .....................................................20

b/ Les filières renouvelables vertueuses mais pas sans inconvénients ......................................22

c/ La situation en France .......................................................................................................24

Les nouveaux paysages de l’énergie ................................................... 26

1/ Les énergies renouvelables liées au paysage .................................................................................................... 26

a/ La notion de paysage énergétique .....................................................................................26

b/ Des paysages énergétiques en transformation permanente ................................................28

c/ La prise en compte croissante du paysage dans les documents d’urbanisme ........................30

2/ L’énergie solaire : un fort potentiel mais pas sans contrainte ................................................................... 32

a/ Le photovoltaïque, une énergie qui s’est démocratisée .......................................................32

b/ Différentes implantations possibles ...................................................................................34

c/ Les centrales photovoltaïques au sol pour assurer un développement rapide de la filière .....36

3/ Les exigences à l’implantation de centrales photovoltaïques au sol....................................................... 38

a/ La difficile recherche de foncier .........................................................................................38

b/ L’élaboration des projets basée sur un temps long et la participation d’acteurs multiples .....40

c/ Des projets impactant un bien commun : le paysage ...........................................................42

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Le projet de paysage, un levier possible pour les projets solaires .. 44

1/ Le paysage, une prise en compte informelle, passée au second plan..................................................... 44

a/ Des enjeux de biodiversité traduits par des zonages environnementaux contraignants .........44

b/ Les projets solaires pas destinés à utiliser les territoires agricoles........................................46

c/ Des paysages de plus en plus impactés pourtant pas déterminants dans le choix des sites ....48

2/ Vers une conception positive .................................................................................................................................. 50

a/ Approche dynamique ........................................................................................................50

b/ Approche visuelle .............................................................................................................52

c/ Approche sociale...............................................................................................................54

3/ Retour sur expérience de trois parcs photovoltaïques en PACA............................................................... 55

a/ Charleval : un projet en continuité urbaine (Bouches-du-Rhône) .........................................56

b/ Gréoux-les-Bains : un projet en milieu naturel boisé (Alpes de Haute Provence)...................58

c/ La Verdière : un projet en frange périurbaine (Var) .............................................................62

Conclusion :.......................................................................................................................................................................... 65

Tableau des figures ........................................................................................................................................................... 68

Bibliographie ....................................................................................................................................................................... 70

Annexe ................................................................................................................................................................................... 72

Mieux comprendre l’évolution du photovoltaïque : des conditions de financement de moins en moins avantageuses..............................................................................................................72

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Introduction

La transition énergétique est une formule récente. En France, elle émerge dans le débat public à la suite du Grenelle de l’environnement et a abouti en août 2015 à une loi nommée « transition énergétique pour la croissance verte ».

Le principe de base est le passage du système énergétique actuel utilisant des ressources non renouvelables vers un bouquet énergétique basé sur des ressources renouvelables. Cette d’efficacité énergétique passe notamment par la diversification des sources d’énergie via la promotion d’un « mix énergétique » et par l’exploitation de ressources naturelles telles que le soleil, la terre, le vent ou encore les ressources en eau. Ces énergies constituent une richesse redécouverte pour de nombreux territoires en perte d’attractivité, notamment en zone rurale.

En PACA, le taux d’ensoleillement exceptionnel a permis la réalisation de nombreuses centrales photovoltaïques au sol. Leur développement particulièrement rapide pendant les années 2000, a subi un ralentissement en 2010 avec l’apport d’une règlementation plus contraignante et plus réfléchie, posant notamment la question du paysage.

En effet, cette transition énergétique engage de fait une transition paysagère. Elle transforme profondément le paysage tel qu’il est vu et vécu par les habitants, touristes et divers acteurs du territoire. Elle met en jeu non seulement le cadre de vie, mais aussi les modes de vie. Ainsi, le paysage au même titre que la biodiversité, ou l’environnement est une composante essentielle de ce changement. Et pourtant, il est plus souvent question de géographique, de technique, ou même de politique, que directement de paysage…

A ce titre, quelle est la place faite au paysage dans la transition énergétique ? Comment anticiper l’impact paysager des projets solaires et notamment en PACA avec l’implantation croissante des centrales photovoltaïques au sol ?

La thématique de ce mémoire sera donc d’exposer plus finement les bases de la transition énergétique afin de comprendre ce qui motivent l’implantation croissante de centrales photovoltaïques. Mais surtout, il s’agira de saisir le lien entre l’insertion de ces espaces industrialisés et le projet de paysage. Ainsi, dans un premier temps, nous essaierons de comprendre les enjeux, les objectifs et les politiques de la transition énergétique aux différentes échelles. Puis, nous définirons la notion de paysage énergétique ainsi que les diverses dynamiques et contraintes liées à l’énergie photovoltaïque. Enfin, nous nous intéresserons au photovoltaïque au sol en PACA et appliquerons une démarche multiscalaire de « conception positive » pour analyser trois études de cas.

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La transition énergétique, concept clef pour un futur soutenable

1/ Un modèle énergétique instable et nuisible

a/ Un système basé sur le fossile à l’origine d’un avenir incertain Les progrès que l’humanité a connu durant les deux derniers siècles n’auraient jamais eu lieu sans la découverte d’une source d’énergie qui est celle de la combustion des énergies fossiles. Celle-ci est produite à partir de composés issus de la décomposition sédimentaire des matières organiques, principalement composée de carbone.

En effet, notre modèle de consommation actuel repose essentiellement sur l’usage des énergies non renouvelables que sont le pétrole, le gaz, le charbon et l’uranium. De plus, ces ressources présentent de nombreux avantages : elles sont peu coûteuses, et surtout, abondantes et facilement exploitables. Cependant, les réserves d’énergies fossiles sont polluantes et deviennent de plus en plus limitées. « Une grande partie de l’énergie utilisée aujourd’hui dans le monde (plus de 80 %) provient de gisements combustibles fossiles (charbon 28.1 %, pétrole 31.7 %, gaz 21.6 %) ou d’uranium (4.9 %). » 1 Ces gisements qui se sont constitués au fil de l’évolution géologique sont épuisables et ont généré un contexte à la fois d’urgence et d’incertitudes.

Les gisements d’énergies fossiles ont par ailleurs d’autres caractéristiques qui induisent :

1 Article : https://www.connaissancedesenergies.org/les -chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-170926

- Une extraction généralement difficile et de ce fait, plus coûteuse (les gisements les plus faciles d’accès ont déjà été exploités)

- Une inadéquation entre les zones de production et les zones de consommation, ce qui implique la dépendance des pays consommateurs envers les pays producteurs, un risque de tensions géopolitiques et une insécurité sur l'approvisionnement 2

L’Histoire de l’énergie a été fortement marquée par des chocs brutaux tels que des hausses de prix du pétrole, des accidents nucléaires, ainsi que des ruptures d’approvisionnement en gaz et en électricité. Le « premier choc pétrolier » s’est structuré en 1973 lorsque les États producteurs du monde arabe annoncèrent un embargo contre les pays soutenant Israël. En un an, le prix du baril fut multiplié par quatre. La révolution iranienne en 1978 puis la guerre Iran-Irak en 1980 provoquèrent le « deuxième choc pétrolier », avec un doublement du prix. Depuis ces évènements, le baril monte progressivement. Outre l’instabilité des prix des énergies fossiles, l’avenir de l’énergie nucléaire reste lui aussi, incertain. Le nucléaire n’est pas une énergie inépuisable (mines d’uranium limitées) et pas une énergie propre (production de déchets à impact négatif sur l’environnement). Les avantages du nucléaire (production énergétique continue, problème

2 Article : http://www.notre-planete.info/ecologie/energie/

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du réchauffement global réduit…) ont été remis en cause par le risque d’accident réévalué depuis Fukushima en 2011 (faisant suite à celui de Tchernobyl en 1986), par la hausse des coûts des nouvelles centrales ainsi que par les coûts légués aux générations

suivantes pour le démantèlement des installations nucléaires et le stockage des déchets radioactifs.

Figure 2 : Répartition de la consommation mondiale d'énergie primaire en 2015 (source : Connaissance des Énergies, https://www.connaissancedesenergies.org/les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-170926)

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b/ L’évolution du climat, problématique fondamentale dans le développement des sociétés Selon les projections de 2050, la population mondiale qui s’élève actuellement à 7,6 milliards devrait atteindre 8,6 milliards en 2030, 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100.3 Les nouvelles projections incluent des chiffres significatifs pour les pays émergents. La Chine (avec 1,4 milliard d’habitants) et l’Inde (1,3 milliard d’habitants) restent les deux pays les plus peuplés, représentant respectivement 19% et 18% de la population mondiale totale.4 La consommation d’énergie par habitant dans ces pays aura peu à peu triplé. Rappelons le fait que l’énergie ne soit pas à la portée de tout le monde. En effet, Une personne sur sept n’a pas accès à l’électricité dans le monde 5 et ne peut donc pas profiter du confort, de la mobilité et de la productivité de l’énergie moderne. En effet, la croissance de la consommation sera en grande partie tirée par les pays émergents, dont certains, comme la Chine ou l’Inde, connaissent une croissance économique très importante. Or, ces grands utilisent essentiellement des centrales à charbon pour produire leur électricité. Les énergies actuellement exploitées génèrent dans leur grande majorité des conséquences environnementales et ce, en parallèle avec

3 Rapport de l’ONU juin 2017, https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/world-population-prospects-2017.html

4 Rapport de l’ONU juin 2017, https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/world-population-prospects-2017.html

5 Article : https://www.inegalites.fr/Une-personne-sur-sept-n-a-pas-acces-a-l-electricite-dans-le-monde?id_theme=26

l’augmentation de la population mondiale et celle de la consommation énergétique. Quand ils brûlent, tous les combustibles fossiles, tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel produisent des polluants. Certains de ces polluants, comme l’anhydride carbonique ou gaz carbonique, agissent comme une couverture chauffante autour de notre planète et provoquent ce que l’on appelle l’ «effet de serre». L’atmosphère retient plus d’énergie, provoquant ainsi une augmentation des températures sur la terre. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dues à l'énergie en 2017 sont estimées à 36,8 milliards de tonnes6, dont 41 %7 est due à la production d’électricité liée à la combustion du charbon, par le pétrole et par le gaz naturel. Par ailleurs, d'après le 4e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), créée par l’Organisation des Nations Unies (ONU), "le réchauffement du climat ne fait aucun doute et est désormais attesté par l'augmentation observée des températures moyennes de l'air et de l'océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace et l'augmentation du niveau moyen de la mer". Ainsi, la température moyenne à la surface du globe a déjà augmenté de + 1,1°C depuis l'époque préindustrielle. Ce réchauffement climatique s’est imposé dans les années 90, comme une composante nouvelle de la problématique énergétique et,

6 Article : https://www.planetoscope.com/co2/261-emissions-mondiales-de-co2-dans-l-atmosphere.html

7 Article : https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/la-production-de-l-electricite-et-ses-emissions-de-co2

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durant la décennie suivante, comme une donnée cette fois majeure et incontournable.

Aujourd’hui, la trajectoire est mal engagée pour limiter la hausse à 1.5°C d’ici 2100 8 . Même si les Etats respectent leurs engagements, ce qui n’est pour l’instant pas le cas pour la majorité des pays, la planète se réchaufferait d’au moins 3 °C d’ici à la fin du siècle 9 provoquant une augmentation du niveau de mers, des glaciers qui continueront de fondre, des canicules et fortes précipitations plus fréquentes, des cyclones plus intenses, une biodiversité altérée et des déplacements de populations importants consécutifs aux sinistres.

8 D’après les objectifs de l’accord de Paris en décembre 2015

9 https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/quil-faut-retenir-du-rapport-du-giec-sur-rechauffement-climatique : résumé du rapport du GIEC, octobre 2018

Figure 3 : Anomalies observées des températures moyennes annuelles (1850-2012) (source : Guide pratique, Le changement climatique en 10 questions, mai 2018, ADEME)

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c/ Vers un changement de modèle nécessaire Les tendances actuelles impliquent de réfléchir à des choix énergétiques, des formes de production, mais aussi des modes de consommation différents. L’enjeu est double : consommer moins d’énergie (sobriété) mais aussi mieux (efficacité énergétique). Il faut apprendre à partager, abandonner l’exploitation et la consommation abusive pour revenir à des modes de vie plus réfléchis quant à nos besoins en tant qu’humains de passage sur une terre qu’il convient de faire durer pour les générations futures. Sans plus réfléchir, on use de four, machine à laver, ordinateurs… On profite de ce confort quotidien comme d’une évidence mais en oubliant que ce sont des éléments de confort récent, au point de parler aujourd’hui de « droit à l’énergie ». La sobriété énergétique consiste à questionner nos besoins puis agir à travers nos habitudes et l’organisation collective sur nos différents usages de l’énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus superflues et supprimer les plus nocives.10 Le principe de sobriété, il consiste à réduire les besoins qui induisent des consommations énergétiques. Par exemple, réduire les déplacements subis pour le travail, voire télétravailler. Elle se distingue de l’efficacité énergétique qui consiste à agir, essentiellement par des choix techniques en remontant de l’utilisation jusqu’à la production, sur la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un service énergétique donné. 11 Cette maîtrise de la consommation d’énergie permettrait notamment d’en réduire les impacts, dont notamment : 10 Données : https://negawatt.org/

11 Données https://negawatt.org/

• La dépendance et la difficulté d’approvisionnement liée aux énergies épuisables (pétrole, gaz naturel, uranium…)

• L’augmentation du coût de l’énergie (et ainsi éviter la précarité énergétique)

• Les changements climatiques, provoqués par les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropique

D’après le scénario négaWatt12 , il apparaît possible de diviser par deux la consommation d’énergie. Grâce aux principes de sobriété et d’efficacité, il est possible de diminuer significativement notre consommation d’énergie en priorisant les besoins essentiels dans les usages individuels et collectifs de l’énergie par des actions de sobriété (éteindre les vitrines et les bureaux inoccupés la nuit, contenir l’étalement urbain, réduire les emballages, etc.) et en diminuant la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin grâce à l’efficacité énergétique (isoler les bâtiments, améliorer le rendement des appareils électriques ou des véhicules...). La transition énergétique serait donc avant tout une question sociale et sociétale (changement des modes de vie et des modes d’organisation des sociétés). En effet, nous ne réduirons pas nos émissions de CO2 sans consommer considérablement moins d’énergie. Ces actions permettent alors d’engager le processus du changement de modèle de consommation, basé principalement sur la consommation accrue de ressources épuisables et polluantes.

12 Rapport de Nagawatt : https://negawatt.org/IMG/pdf/scenario-negawatt_2017-2050_essentiel-4pages.pdf

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Figure 4 : Illustration du caricaturiste Red ! (https://www.agirpourlenvironnement.org/campagne/arguments/1-ce-n-est-qu-un-debut-continuons-le-debat)

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2/ Une transition énergétique multi-scalaire

a/ Un accord international indispensable menée par une Europe moteur Pour définir les moyens de stimuler le développement durable au niveau mondial, quatre rencontres décennales appelées Sommets de la Terre ont été organisées depuis 1972 par l’ONU. Par ailleurs, les pays signataires de ce type de traité organisent, une fois par an en général, une conférence des parties (COP en anglais).

Les premiers sommets de la Terre ont permis de poser les principes et de souligner l’urgence à laquelle les pays sont confrontés, notamment sur les questions écologiques. Cependant, la plupart d’entre eux reste pauvre en termes de réalisation concrète. Les sommets suivants furent dédiés au renouvellement de l'engagement en faveur du développement durable et la maîtrise des GES. Ils précisent aussi que les pays industrialisés portent une responsabilité plus importante sur la concentration de GES. Mais les observateurs du sommet parlent davantage d'intentions que d'objectifs précis et contraints.

Adopté pendant la COP3 en 1997, le protocole de Kyoto est le premier accord international contraignant sur des engagements chiffrés de réduction des émissions de GES aux pays développés. Son ambition était de réduire de 5 % en moyenne les émissions globales par rapport au niveau de 1990, sur une période allant de 2008 à 2012 et ce, pour l’ensemble des signataires, selon la situation du pays.

Afin de poursuivre les objectifs fixés pour la période 2008-2012, une seconde période d'engagement du protocole a été fixée lors de la Conférence de Doha (COP 18) en décembre 2012. Par ailleurs, l’accord n’est légalement

pas contraignant13 et seuls 4 objectifs ont enregistré « des progrès significatifs ».

L’ambition de la Conférence de Paris (COP 21) qui s’est tenue à Paris fin 2015 était précisément de trouver un accord global qui soit juridiquement contraignant. L’objectif est de limiter à 2°C l’augmentation de la température du globe par rapport au début de l’ère industrielle.

Au niveau européen, en 2008, la Commission a présenté le « paquet Climat-Énergie », avec des ambitions claires et des objectifs chiffrés. Son adoption fait de l’UE la première région au monde à s’être engagée en faveur d’objectifs aussi ambitieux et à avoir mis en place les mesures nécessaires à leur mise en œuvre. Il a pour objectif de permettre la réalisation de l'objectif « 20-20-20 » : faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen à 20 % ; réduire les émissions de CO2 des pays de l'UE de 20 % par rapport à 1990 ; accroître l'efficacité énergétique de 20 % d'ici à 2020.

La partie de l’énergie provenant de sources renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie a presque doublé au cours des dernières années, passant d’environ 8,5 % en 2004 à 17,0 % en 2016 14. Elles doivent donc être encore augmentées et cet objectif se voit

13 Article : http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/protocole-de-kyoto

14 Article : https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Renewable_energy_statistics/fr

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désormais décliné sous forme d’objectifs nationaux contraignants. Tous les États se voient ainsi imposer une augmentation de 5,75% des énergies renouvelables, le reste étant modulé en fonction du Produit intérieur brut de chaque État, en vertu du principe de solidarité. Selon ce procédé, en France, les énergies renouvelables devront représenter 23% de la consommation totale d’énergie d’ici 2020.

En 2014, la Commission européenne a adopté une nouvelle série d'orientations en révisant son «Paquet Climat-Energie». L’objectif était de donner un cadre en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 :

• une réduction d'au moins 40% des émissions de GES par rapport au niveau de 1990

• une part d'au moins 27% d'énergies renouvelables à atteindre au niveau européen

• l'amélioration de l'efficacité énergétique de 27%.

Au-delà, la Commission Européenne a produit, en 2011, une feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050. Celle-ci présente les différents scénarios permettant de réaliser l'objectif de réduction de 80 à 95% des émissions de CO2 d'ici 2050 par rapport à 1990, tout en renforçant la compétitivité de l’Europe et la sécurité de l'approvisionnement.

Au-delà, le « Winter Package », nouveau paquet énergie de la Commission européenne pour mettre en œuvre les accords de Paris, donne des objectifs plus contraignants comme encourager de façon prioritaire l’efficacité énergétique, parvenir au premier rang mondial dans le domaine des énergies renouvelables, renforcer le pouvoir des consommateurs…

Avec l’adoption d’un « paquet Climat-Energie » et d’une feuille de route à l’horizon 2050, l’UE se place ainsi en position de pionnière, sans attendre qu’une stratégie oriente clairement les efforts mondiaux.

Figure 5 : Cadre d'action en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 - Grands objectifs fixés (source : https://www.cre.fr/La-CRE-dans-le-monde/En-Europe/Cadre-legislatif-europeen)

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b/ Un engagement national fort pour une politique énergétique En France, les années 2000 marquent l’apparition d’une nouvelle politique énergétique initiée par des directives européennes sur l’ouverture des marchés et par la prise de conscience des enjeux environnementaux. Elle est marquée par un engagement fort de l’Etat. Concernant le développement des énergies renouvelables, les objectifs ne cessent d’être modifiés au fil du temps, passant d’un objectif de satisfaction de 10% de nos besoins énergétiques à partir d’énergies renouvelables dans la loi de 1995, à 32% en 201515.

Marquant le début de l’engagement officiel de la France dans une politique de soutien aux énergies renouvelables, la loi POPE a été suivi d’une concertation nationale dite « Grenelle de l’environnement » pour définir ensemble une politique environnementale et de développement durable en France qui a permis d’effectuer la traduction nationale du 20-20-20 européen en 2007. Cette concertation a rassemblé l'ensemble des acteurs (État, collectivités locales, entreprises, organisations syndicales et associations) et a été admise comme une première étape majeure pour les décisions à venir en matière de développement durable sur le territoire national. Par la suite, un groupe de travail s'est réuni et a établi un scénario de référence pour atteindre l'objectif de 23% d’énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie finale16 d’ici 2020.

Par la suite, la loi portant engagement national pour l’environnement, dite « Grenelle

15 Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018

16 L'énergie finale est l'ensemble des énergies délivrées prêtes à l'emploi à l'utilisateur final.

2 », a été promulguée en 2010 17 et a décliné de manière claire les orientations du « Grenelle 1 ». Ces mesures mises en place depuis 2008 ont d’ailleurs été reprises dans le plan d’action national en faveur des énergies renouvelables.

Après un débat national sur les interrogations énergétiques, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV) a ainsi été adoptée en 201518. Cette évolution législative s’inscrit dans la lignée des actions initiées depuis 2007 (Grenelle de l’environnement et transposition du Paquet Energie Climat européen qui fixaient les objectifs à 2020). Par ailleurs, la loi prolonge et renforce les objectifs à une échéance plus poussée, à savoir 2030 et 2050. Les grands objectifs19 de la loi sont de :

• Réduire de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.

• Diminuer de 30 % la consommation d’énergies fossiles en 2030 par rapport à 2012.

• Porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation énergétique finale d’énergie en 2030 et à 40 % de la production d’électricité.

• Réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à 2012.

• Diminuer de 50 % le volume de déchets mis en décharge à l’horizon 2050.

17 Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018

18 Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018

19 Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018

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• Diversifier la production d’électricité et baisser à 50 % la part du nucléaire à l’horizon 2025

Ainsi, la décision du gouvernement est de ne plus dépendre entièrement du nucléaire mais de la conserver dans le mix énergétique. Objectif que va appuyer, en 2017, l’établissement d’un nouveau Plan Climat pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Afin de décliner de façon concrète les choix de la politique énergétique fixée par la loi, les pouvoirs publics ont développé un outil : la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Cette première PPE va couvrir une

première période de trois ans (2016-2018), puis une seconde période de cinq ans (2019-2023). En tant que dispositif opérationnel pour atteindre les objectifs définis par la loi, la PPE permet de diriger le système énergétique du territoire français tout en tenant compte de l’évolution des techniques, du contexte économique, des enjeux sociaux et environnementaux locaux. En outre, les PPE contiennent des outils de conduite financière, en définissant notamment des enveloppes indicatives maximales de ressources publiques mobilisables.

Figure 6 : Tableau récapitulatif des principaux textes de référence et objectifs (source : Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018)

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c/ La montée en puissance des autorités locales et des territoires Les autorités locales sont devenues des acteurs majeurs au niveau national, dans le cadre de la transition énergétique. Cette échelle semble être au plus près des réalités, faisant le lien entre les objectifs nationaux et le citoyen-consommateur.

L’intégration des collectivités territoriales au développement des énergies de sources renouvelables est devenue une nécessité face au pouvoir centralisé. Elles ont donc pris des compétences dans quatre domaines relatifs à l’énergie : la concession du service public de distribution d’énergie, la production d’énergies de sources renouvelables, l’aménagement du territoire et la sensibilisation.

Déjà engagées dans les économies d'énergie et les réseaux de distribution de l'énergie en collaboration avec d’autres acteurs, les collectivités sont en plus intégrées à la planification du développement des énergies renouvelables, voire à la production d'énergie. Depuis la loi Grenelle 2, chaque région doit avoir un Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Energie (SRCAE) en collaboration avec l’Etat. Ce schéma permet de dresser un état des lieux régional à travers un bilan énergétique et doit définir, à partir de cet état des lieux, des objectifs qualitatifs, quantitatifs et des orientations aux horizons 2020 et 2050, notamment concernant le développement des énergies renouvelables, le contrôle des consommations énergétiques, la réduction des émissions de GES. La loi Grenelle 2 précise par ailleurs qu’un Schéma Régional Eolien (SRE) doit être annexé aux SRCAE. Le SRE est un outil régional de promotion du développement de l’énergie éolienne et a pour mission d’indiquer les secteurs géographiques qui apparaissent les plus adaptés à l'implantation de ce type d'installation.

Les collectivités dont le nombre d’habitants est supérieur à 50.000, devaient rédiger un Plan Climat Energie Territorial (PCET), qui permettait de définir les objectifs stratégiques et opérationnels de la collectivité afin d'affaiblir et de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, tout en proposant un programme d’actions. Ils doivent être compatibles avec les SRCAE.

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte actualise les PCET par la mise en place du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET). Ce dernier est porté par les intercommunalités de plus de 20 000 habitants. Cette réduction d’échelle pourra permettre d’avoir une approche précise sur des territoires plus réduits afin de développer un programme d’actions spécifiques.

Plus récemment, en 2015, la loi NOTRe (loi portant une nouvelle organisation territoriale de la République) cible et renforce le rôle planificateur de l’institution régionale, en créant le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires, le SRADDET. Ce document d’orientation est chargé d’organiser la stratégie régionale à moyen et long termes (2030 et 2050). Il fusionne plusieurs documents sectoriels ou schémas existants dont le SRCE et le SRCAE. Les régions paraissent correspondre à l’échelle de décentralisation adéquate au développement de ces énergies, mais toujours sous l’influence de l’Etat, qui conserve son rôle de garant de la bonne mise en œuvre de cette politique. Il apparait en effet que l’intervention du préfet dans le contrôle de la gestion locale de la politique énergétique soit omniprésente. Toutefois, de nouvelles initiatives prises à l’échelle de collectivités plus locales permettent de développer des projets plus décentralisés.

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En outre, il apparaît que les collectivités réunissent davantage de compétences dans le domaine des énergies renouvelables, au sein des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et des Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT). Elles ont dorénavant la possibilité de définir dans leurs documents d’urbanisme des secteurs dans lesquels les constructions nouvelles devront respecter des performances énergétiques et environnementales consolidées. Cependant, si l’état des lieux et les intentions sont bien présents au niveau du diagnostic et du projet d’aménagement et de développement durable, il est encore rare de retrouver leur transcription dans les volets réglementaires. Pourtant, 70% 20 des communes citent le PLU parmi les outils utilisés pour mener une politique de lutte contre le changement climatique, faisant de

20 Source : enquête Gazette des communes, 2015

ce document le premier outil des collectivités locales sur le sujet, devant le Plan Climat-Energie Territorial.

D’autres dispositifs permettent aux collectivités et aux territoires d’agir plus localement pour mettre en marche la transition énergétique. Par exemple, la loi de transition énergétique permet aux collectivités (communes, départements et régions) d’entrer au capital de sociétés anonymes dont le but est la production d’énergies renouvelables sur leur territoire. Pour agir localement, ces collectivités peuvent s’intégrer dans des Sociétés d’Economie Mixte (SEM) ou encore des Sociétés Publiques Locales (SPL) afin de pouvoir être acteur au niveau local.

Figure 7 : Schéma explicatif des relations entre les principaux documents de référence des énergies renouvelables (source : http://outil-cactus.parc-golfe-morbihan.bzh/niveaux-national-et-regional/)

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3/ Les énergies renouvelables au cœur de la transition énergétique

a/ Des énergies produites à partir de ressources naturelles Les énergies renouvelables sont toutes les ressources « illimitées » de la planète. Leur renouvellement naturel est assez rapide pour qu'elles puissent être considérées comme inépuisables car elles sont issues directement de phénomènes naturels, réguliers ou constants. Elles constituent ainsi des solutions nouvelles à exploiter.

Fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes d’eau, les marées ou encore la croissance des végétaux, les énergies renouvelables sont au cœur de la transition énergétique. En effet, outre le fait que ces énergies se renouvellent rapidement ou semblent inépuisables à l’échelle humaine, elles participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO2 dans l’atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, et génèrent même des emplois.

Ainsi, les énergies renouvelables présentent des vertus évidentes mais elles ne sont pas sans inconvénients. Les principales énergies sont détaillées ci-dessous :

• L’énergie hydraulique – hydroélectricité

Cette énergie utilise la force motrice des cours d’eau, des chutes, et des marées, afin de produire de l’électricité.

Elle a l’avantage de fournir de fortes puissances pour un coût d’exploitation relativement faible. De plus, il est possible de la stocker grâce aux retenues d’eau. Néanmoins, les différents ouvrages hydrauliques coûtent très chers et perturbent l’équilibre écologique. De plus, il y a un risque minime de rupture pouvant être particulièrement dangereux.

• L’énergie éolienne

Une éolienne est un dispositif qui permet de convertir l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique. Cette énergie est alors transformée en électricité.

Elle permet d’électrifier des sites isolés géographiquement sans consommer beaucoup d’espace. Mais, leur impact sur l’environnement et surtout visuel est discutable. En outre, leur rendement dépend totalement du vent et de son intensité.

- L’énergie de biomasse

La biomasse est une source d'énergie qui dépend du cycle de la matière vivante végétale et animale. Cette énergie permet de fabriquer de l'électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion de ces matières (bois, végétaux, déchets agricoles, ordures ménagères organiques) ou du biogaz issu de la fermentation de ces matières, dans des centrales biomasses.

Elle a l’intérêt de pouvoir être stockée et d’avoir des ressources disponible de manière abondantes. Cependant, si on recourt de manière intensive dans des milieux boisés, il y a un risque de déforestation et d’érosion des sols.

- L’énergie solaire

L'énergie solaire transforme le rayonnement solaire en électricité ou en chaleur, selon les technologies. On différencie l'énergie solaire photovoltaïque, qui produit de l'électricité via des modules photovoltaïques et l'énergie solaire thermique qui produit de la chaleur et qui peut être utilisée pour le chauffage

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domestique ou la production d'eau chaude sanitaire. Il existe aussi l'énergie solaire thermodynamique qui elle, produit de l'électricité via une production de chaleur.

L’énergie photovoltaïque (plus répandue) peut être implantée dans des sites isolés ou non reliés à un réseau électrique important. Mais, elle consomme beaucoup d’espace et produit

que par intermittence. Son rendement dépend du climat et de la situation géographique.

Les énergies renouvelables sont donc théoriquement inépuisables mais elles présentent des contraintes telles que l’intégration paysagère ou une production instable …

Figure 8 : Projet Methelec en Auvergne qui mutualise la production d'énergie photovoltaïque et de biogaz (source : www.langa.fr)

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b/ Les filières renouvelables vertueuses mais pas sans inconvénients Les sociétés modernes sont très dépendantes de l'énergie et particulièrement des énergies non renouvelables. Passer d’un système énergétique non renouvelable à des ressources renouvelables suscite des espérances et le développement des nouvelles filières renouvelables englobe bien des avantages, mais introduit aussi quelques interrogations.

Les énergies renouvelables ont pour essentielle réputation d’être des ressources quasiment illimitées. En effet, ces énergies exploitent des ressources naturelles, inépuisables (le soleil, le vent, l’eau). « En outre, les émissions de gaz à effet de serre sont sensiblement réduites grâce à ces énergies renouvelables, beaucoup plus propres que la combustion pétrolière »21.

Le respect de l’environnement se note dans la comparaison des émissions de CO2 par filière, entre les énergies dites renouvelables et les énergies fossiles. Par exemple, le fioul produit 332 fois plus d’émissions de CO2 que la filière éolienne. En outre, ces énergies présentent notamment l’avantage, d’être plus sûres et plus « propres ». En effet, ces dernières ont un faible risque d’accident et de faibles conséquences en termes d’accident (en comparaison avec l’énergie nucléaire). Elles ne produisent que peu, voire aucun déchet et ces derniers sont notamment peu dangereux. Hormis une sécurité climatique plus prononcée, ces énergies sont notamment gages de plus de sécurité, d’un point de vue social et économique. Elles permettent également de valoriser les ressources locales d’un territoire (son taux d’ensoleillement, par

21 Article : http://www.geo.fr/environnement/les-mots-verts/energies-renouv elables-40381#jF2lt4oJ1PuqJCM2.99

exemple), tout en développant de nouveaux emplois, eux aussi plus locaux.

Ces énergies renouvelables néanmoins quelques limites, qu’il est important de considérer.

Le premier inconvénient serait le caractère intermittent de certaines énergies renouvelables, notamment celles qui exploitent le soleil et le vent, qui sont des éléments qui ne se transportent pas et ne se stockent pas. Les technologies déployées font appel à des éléments naturels inégalement répandus à la surface de la planète. Elles sont circonscrites à leur environnement immédiat, ce qui rend très variables et aléatoire leur capacité à concurrencer globalement les énergies fossiles, du moins à court et moyen terme. Par ailleurs, plusieurs filières d’énergies renouvelables seraient très consommatrices d’espace. Le déploiement de champs de panneaux solaires exige en effet une importante emprise au sol pour produire de l’énergie et cela, due à la faible densité énergétique.

En outre, le développement de ces énergies exige aussi des extensions et des renforcements des réseaux. En effet, le réseau français actuel est vieillissant et ne permet pas d’accueillir beaucoup plus de puissance, que ce soit sur les lignes ou sur les postes sources recevant l’électricité produite par les énergies renouvelables. Il est nécessaire de construire de nouvelles lignes à haute tension pour pouvoir raccorder les installations, tel est le cas pour les parcs éoliens ou solaires qui sont implantés le plus souvent sur des sites éloignés. Construit à partir d’un système centralisé, le réseau n’est pas adapté à une production décentralisée. L’enjeu est donc de développer des réseaux « intelligents » où l’énergie produite par les énergies

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renouvelables pourra être consommé localement et non pas à l’autre bout de la France.

Un des derniers inconvénients qui peut être rappelé et qu’il est nécessaire de prendre en compte, c’est l’investissement initial nécessaire au déploiement de ces énergies, même si depuis ces dernières années, leur seuil de compétitivité paraît plus évident par rapport aux énergies d’origine fossile. Comme

le montre le tableau ci-dessous, les énergies renouvelables ont des prix variables selon leur implantation et leur situation. L’éolien terrestre et les centrales photovoltaïques au sol sont devenues des moyens de production compétitifs qui entrent désormais en concurrence avec les moyens conventionnels tels que l’énergie nucléaire dont la production a été estimée à 59.8 euros/MWh, en 2014, par la Cour des comptes.

Figure 9 : Coûts complets de production en France pour la production d'électricité renouvelable (source : Dossier de l'ADEME, "Coûts des énergies renouvelables", décembre 2016)

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c/ La situation en France Certaines particularités nourrissent le système énergétique et il est ici question de comprendre la production/consommation d’énergie et d’évaluer la place qu’occupent les énergies renouvelables dans le système français.

Entre 1973 et la fin des années 1980, la hausse des prix du pétrole a conduit à faire des choix sur les sources d’énergie et le système productif français. Ce premier choc pétrolier a incité le pays à se lancer dans un grand programme de production nucléaire afin d'assurer son indépendance énergétique. A la suite de la mise en place du programme, la production nationale d’énergie primaire est passée de 44 Mtep22 en 1973 (dont 9 % de nucléaire) à 133.1 Mtep23 en 2016 (82 % de nucléaire). Les productions de charbon, de pétrole et de gaz naturel ont poursuivi leur déclin, jusqu’à s’arrêter en 2004 pour le charbon et en 2013 pour le gaz.

Le pays reste toutefois dépendant des importations d’énergie. En effet, le secteur économique de l'énergie en France se distingue en deux catégories : la production locale (qui s’élève à 54 %) et l’importation (à hauteur de 46 %) d’énergies24 . On ajoute après la transformation de ces énergies en énergies secondaires c’est-à-dire en une

22 Données : https://www.statistiques.dev eloppement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Reperes/2015/reperes-chiffres-cles-energie-2014-b.pdf

23 Données : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303620?sommaire=3353488

24 Données : https://www.touteleurope.eu/actualite/la-dependance-energetique-europeenne.html

énergie obtenue par transformation (contrairement à l’énergie primaire, qui désigne une énergie disponible dans l'environnement). Auquel on additionne aussi le transport et la distribution d'énergie jusqu'au consommateur final. Globalement, les énergies fossiles, peu produites en France à savoir le gaz naturel et le pétrole, occupent une grande place dans la consommation d’énergie primaire.

Néanmoins, les tendances montrent qu’une large évolution s’est opérée au cours de ces quatre dernières décennies : la part du charbon est passée de 15 % à moins de 4 %, celle du pétrole de 68 % à 30 %, alors que la part du gaz était multipliée par deux (7 % à 14 %), et celle de l’électricité primaire par dix (4 % à 45 %) 25. Cette évolution est le résultat du développement de l’énergie nucléaire à partir des années 1975, de la délocalisation des activités consommatrice en énergie, des efforts en matière d’économie d’énergie...

Aves la remise en question de l’énergie nucléaire, le développement progressif des énergies renouvelables en France s’est imposé dans le paysage énergétique, sans pour autant afficher une réelle progression dans la production d’énergie primaire. Les énergies renouvelables représentent 10,9 % de la consommation d’énergie primaire et 16,0 % de la consommation finale brute d’énergie en France en 2016. Elles constituent ainsi la quatrième source d’énergie primaire en 2016,

25 Commissariat Général au développement durable. « Repères – Chiffres clés de l’énergie – Edition 2015 ». Service de l’observation et des statistiques. Février 2016, 60 p. [En ligne]. URL : http://www.statistiques.developpementdurable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Reperes/2016/reperes -chiffres-cles-energie-2015.pdf

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derrière le nucléaire (41,2 %), les produits pétroliers (28,3 %) et le gaz (15,5 %), à la même date.26 Dans la production en 2016, les principales filières sont le bois-énergie (l’énergie de biomasse) avec 41.2 % de part de production, l’hydraulique (19.8%), les biocarburants (9.3%) et enfin les pompes à chaleur (8.4%) puis l’éolien (7.1%). Le biogaz ou encore l’énergie solaire photovoltaïque occupent une place encore très marginale dans la production française. Cependant, cette dernière est amenée à se développer rapidement.

A titre d’exemple, en décembre 2018, le parc solaire français atteint une capacité installée de 8527 MW. Cette puissance ne représente que 83,6 % de l’objectif fixé par la PPE pour fin 2018. Néanmoins, le cumul de puissance des projets en développement s’élève à 4266 MW, élevant ainsi à 12 793 MW la puissance installée et en file d’attente et représentant 125 % de l’objectif national fixé par la PPE. Ce chiffre est toutefois à mettre au regard des objectifs ambitieux fixés dans SRCAE dont le total de la puissance solaire appelée atteint 15 500 MW27.

26 DATLAB, Chiffres clés des énergies renouvelables – Édition 2018, Commissariat général au développement durable, Ministère de la transition écologique et solidaire.

27 « Cadre régional pour le développement des projets photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur », DREAL PACA, février 2019

En effet, la production primaire d’énergie renouvelable a été marquée par le développement de la filière bois-énergie et de l’hydraulique depuis plus de 60 ans. Ce n’est que depuis les années 2000 que d’autres énergies comme l’éolien, les biocarburants ou encore le développement de pompes à chaleur ont fait leur apparition en France. La diversité de production d’énergies sur le territoire ne s’est faite que très récemment et la part des énergies renouvelables reste sensiblement faible, à l’heure de la dynamique de changement de modèle énergétique.

Figure 10 : Consommation d'énergie primaire par type d'énergie en métropole en 2016 (source : DATLAB, Chiffres clés des énergies renouvelables – Édition 2018, Commissariat général au développement durable, Ministère de la transition écologique et solidaire.)

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Les nouveaux paysages de l’énergie

1/ Les énergies renouvelables liées au paysage

a/ La notion de paysage énergétique « Le «paysage» désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. »28 Cette définition met en évidence les trois dimensions du paysage qui permettent d’organiser le travail à conduire dans la conception d’un projet de territoire qui prendrait en compte explicitement les paysages : la portion de territoire, la perception, les populations. Cette première dimension renvoie au caractère physique du paysage et à ses structures. La combinaison de tous ces éléments qui composent le caractère d’un lieu permet de distinguer la diversité des unités de paysages, c’est-à-dire ces ensembles territoriaux homogènes en termes de caractéristiques paysagères et qui sont porteurs de structures paysagères, d’éléments de paysages qu’il conviendra d’identifier et de décrire. La deuxième dimension fait appel à l’approche sensible du paysage, mobilisant l’ensemble de nos perceptions et sens. Cette approche permet d’élargir et d’approfondir notre questionnement sur le paysage, au-delà de sa description morphologique. La troisième dimension renvoie à la dimension culturelle du paysage, celle qui fonde le sentiment d’appartenance et contribue à l’identité des populations. Connaître ces représentations passe par l’identification des représentations sociales du paysage et idéalement par l’enquête auprès des habitants.

28 Définition issue de la Convention Européenne du Paysage

A cette première définition, s’ajoute l’idée d’évolution « le support physique du paysage ou paysage objet est composé d’objets naturels et des empreintes laissées sur les lieux par les sociétés qui s’y sont succédées »29. L’évolution apportée par la transition énergétique est donc intimement liée au paysage qui la supporte. Depuis déjà plusieurs décennies, le paysage fait partie du débat énergétique comme un argument brandi contre l’impact des infrastructures associées à la production ou au transport de l’énergie. Il est à noter que c’est une réaction contre l’aménagement hydroélectrique des territoires qui suscita le vote des premiers textes législatifs relatifs à la protection des paysages en France (loi 1906, par exemple30). Encore maintenant, le paysage est évoqué dans la question de l’énergie par le biais de la vision pittoresque à préserver contre l’altération par les infrastructures nécessaires à l’exploitation des ressources. Pourtant, comme l’évoque Serge Briffaud et Bernard Davasse, professeurs chercheurs, à l’ENSAP Bordeaux,31 «Le paysage perd de l’épaisseur 29 D’après la Convention Européenne du paysage

30Article « Le paysage dans tous ses états. Le paysage et la loi en France et en Europe : législations et réglementations, une sélection » de Sylviane Tabarly, professeure de géographie : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/paysage/PaysageDoc2.htm

31 Article "Pourquoi et comment mettre l’énergie en paysage ? », revue Urbanisme HS n°64, p.52

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que potentiellement lui confère la mémoire qu’il porte et le témoignage qu’il délivre sur les relations des sociétés à leurs environnements et sur leurs façons d’activer les ressources. Réduit à l’objet d’une appréciation esthétique souvent inconsciente des codifications qui l’ordonnent, il devient, au pire, l’un des obstacles qui se dressent sur la voie d’un « adoucissement » de la ressource énergétique, au mieux, un faire-valoir que l’infrastructure « révèle » ou embellit. Dans un cas comme dans l’autre, le lien est coupé

entre préoccupations paysagère et environnementale. » Du grand paysage aux détails architecturaux, on distingue des unités paysagères façonnées par la vie des sociétés. Lire le paysage c’est raconter cette histoire et envisager les choix à faire pour l’avenir.

Figure 11 : Centrale photovoltaïque à Les Mées dans les Alpes de Haute Provence (nrgrenouv.hypotheses.org)

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b/ Des paysages énergétiques en transformation permanente Le paysage évolue, se transforme. Le paysage que l’on perçoit à un instant est le résultat de dynamiques naturelles et humaines passées et présentes, qui dans le futur, lui donneront une autre forme. Dès le moyen-âge, la production d’énergie s’impose comme élément repère dans le paysage. Les moulins, par exemple, sont très vite une composante des peintures de l’époque. D’autre part, les débuts de l’industrialisation basée sur l’exploitation du charbon de bois comme ressource énergétique première ont eu un impact très fort sur le paysage. A cette époque, une déforestation massive laisse place à de grands espaces ouverts. Au 19ème siècle, le passage aux énergies fossiles va entraîner un changement de mode de production et de mode de vie. C’est l’avènement de l’industrie, du développement effréné. L’énergie fossile nécessite d’être extraite et acheminée. Le charbon modifie le paysage de son lieu d’extraction avec la création de terrils. L’hydro-électricité, quant à elle, génère la création de barrages qui inondent de vastes étendues et modifient les milieux. Au 20ème siècle, le nucléaire se développe, l’accès à l’électricité se généralise. La production nucléaire est visible par l’impact des centrales nucléaires, mais ce qui est le plus visible sur l’ensemble du territoire, c’est l’acheminement de l’électricité. Poteaux, fils, lignes à haute tension viennent habiller le paysage. Avec l’arrivée du pétrole, la mobilité augmente, les villes s’étalent, c’est l’avènement de la maison individuelle qui banalise le territoire. Aujourd’hui, on assiste à une prise de conscience au niveau international de l’épuisement des énergies fossiles et des questions environnementales. Les énergies renouvelables vont apparaître dans ce

contexte. Celles-ci utilisent les ressources du territoire, leur production est visible dans le paysage et témoigne des choix du territoire en matière énergétique Il faut donc avoir conscience de ces changements passés et futurs. L’approche à l’énergie doit être dynamique comme l’a été son évolution. Claude Chazelle, paysagiste, et enseignant à l’ENSP Versailles-Marseille, explicite la nécessité de changer de regard sur le paysage : « Notre boulot, en tant que paysagistes, est de veiller à ne pas figer notre regard dans une époque mais d’anticiper les regards de demain, et de s’assurer de ce qui est profondément commun et partagé entre le regard d’hier, celui d’aujourd’hui et celui de demain. La transition énergétique nous oblige à considérer que le territoire va forcément changer parce que les modes de production, de production d’énergie et même de production agricole, vont changer. Nous faisons le pari que, en intervenant suffisamment tôt, il est possible d’anticiper et influencer ces changements de manière à les accompagner, plutôt que de les subir en essayant de mettre un peu de « mercurochrome vert. » 32 L’enjeu pour les territoires est donc de parvenir à couvrir les besoins par une production locale. Cet objectif ne peut être tenu sans un effort de réduction des consommations mais aussi de déploiement important de dispositifs de production décentralisée tels que le photovoltaïque, l’utilisation de la biomasse, l’éolien… Il s’agira alors de rapprocher les lieux de consommation et de production d’énergie, et

32 Article « Anticiper l e regard de demain », revue Urbanisme HS n°64, p. 25

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de profiter des retombées économiques de cette production pour créer de la richesse sur le territoire et potentiellement financer des actions d’efficacité énergétique. Le paysage est donc à imaginer avec non seulement les traces, souvent visibles aujourd’hui, de la distribution d’énergie, mais aussi avec celles

de sa production, visibles actuellement uniquement sur quelques territoires (centrales nucléaires, centrales thermiques, barrages, conduites forcées, …). Les changements attendus en termes énergétiques mais aussi paysagers sont aussi importants que ceux de l’époque des grands barrages.

Figure 12 : Projection du barrage de Serre Ponçon avant sa mise en service en 1960 (http://polien.e-monsite.com/pages/etude-de-cas.html)

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c/ La prise en compte croissante du paysage dans les documents d’urbanisme La recherche des secteurs favorables aux énergies renouvelables s’effectue à large échelle dans le but d’identifier des zones de moindres enjeux paysagers. Cette identification doit donc être anticipée par les élus qui doivent élaborer ou réviser leur document pour définir finement les secteurs et conditions d’implantation, c’est-à-dire planifier le développement des énergies renouvelables sur leur territoire. Le droit français offre plusieurs outils qui rendent possible l’inscription du déploiement de dispositifs de production d’énergie renouvelable dans une stratégie d’intégration paysagère.

Tout d’abord, le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET), obligatoire pour tous les EPCI de plus de 20 000 habitants, est « l’outil opérationnel de coordination de la transition énergétique sur le territoire ». Ainsi, les collectivités avec les porteurs de projets photovoltaïques sont parties prenantes de l’élaboration et de la mise en œuvre de la stratégie et du plan d’actions du plan climat en matière de développement des énergies renouvelables. Par exemple, un plan climat peut définir les orientations stratégiques pour le développement des énergies renouvelables dans les documents d’urbanisme, ou prévoir la réalisation d’un schéma de développement ou encore réaliser un cadastre solaire.

En outre, les projets doivent être compatibles avec les réglementations supra-communales. D’une part, la loi Littoral interdit une implantation des parcs photovoltaïques dans les coupures d’urbanisation, dans les espaces naturels remarquables et espaces boisés significatifs. Ils ne peuvent pas être admis dans les parties non urbanisées de la bande littorale de cent mètres à compter de la limite haute du rivage et doivent être implantés en continuité de l’urbanisation existante. En

PACA, la loi Littoral s’applique dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var.

D’autre part, la loi Montagne oblige de s’implanter en continuité avec les agglomérations / villages existants. Cependant, une étude peut permettre au SCoT ou au PLU, avec avis de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS), de déroger au principe de continuité, sous réserve de démontrer la compatibilité avec les principes de préservation des terres agricoles, du patrimoine naturel et de la protection contre les risques. L’objectif premier est la préservation des terres agricoles, pastorales et forestières emblématiques du paysage montagnard, notamment celles situées en fond de vallée.

Par ailleurs, la charte de chaque Parc naturel régional (PNR) définit les objectifs d’aménagement et de développement du territoire concerné et s’impose aux communes signataires. Les communes doivent alors tenir compte des principes promus par la charte, qu’ils concernent le climat, l’énergie ou le paysage. La charte paysagère et architecturale est un outil, non réglementaire s’élaborant à l’échelle d’un territoire, à la portée de tous. Ce document a pour objectif de faire partager la lecture et l’identité d’un territoire pour permettre de conduire des projets paysagers, architecturaux et énergétiques cohérents.

En outre, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) et le Plan Local d'Urbanisme (PLU) sont les outils par excellence des politiques d’aménagement du territoire. Ces deux documents doivent déterminer les conditions permettant d’assurer la production d’énergie à partir des sources renouvelables dans le

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souci d’assurer le meilleur rendu architectural et paysager.

Le SCoT s’impose lui-même au PLU par un lien de compatibilité. Il définit les conditions d’implantation des parcs photovoltaïques en fonction d’arguments techniques, socio-économiques et environnementaux et peut localiser, sur la base de pré-diagnostics environnementaux, agricoles et forestiers les zones d’implantations potentielles, puis évaluer leurs impacts à une échelle pertinente.

Les documents d’urbanisme communaux pourront ainsi, conformément aux préconisations des SCoT, préciser les secteurs susceptibles d’accueillir de tels projets après une analyse locale plus fine des impacts environnementaux. Le PLU (ou PLUi) est alors élaboré à l’initiative et sous la responsabilité de l’EPCI. Par exemple, les parcs photovoltaïques sont autorisés dans les zones U et AU, sous réserve d’une analyse de l’usage le plus approprié du sol et sauf interdiction explicite dans le règlement du PLU (en cas de EBC, par exemple). Si le règlement interdit les

parcs photovoltaïques, un travail doit être réalisé avec la collectivité compétente pour envisager une évolution du document d’urbanisme. De nombreux règlements de zones N et A autorisent les « constructions et installations nécessaires aux services publics ou d’intérêt collectif ». Cette notion s’applique, par exemple, aux parcs photovoltaïques mais n’est pas un élément suffisant pour autoriser ces derniers. Il conviendrait de démontrer que l’implantation d’un parc solaire répond à une nécessité énergétique incontournable, et qu’aucun autre emplacement n’est possible à l’échelle de l’intercommunalité.

L’élaboration d’un SCot, ou d’un PLU permet de débattre et construire une vision commune du projet de paysage. Il est alors précieux de s’appuyer sur cette dynamique pour pérenniser un processus de co-construction du territoire. Il est ainsi possible de mettre en œuvre un plan de paysage, un programme d’actions en faveur des paysages, un observatoire photographique des paysages, outil de suivi culturel et sensible de son évolution...

Figure 13 : Schéma récapitulatif des rapports de compatibilité entre les documents encadrant la mise en place des énergies renouvelables (https://reseauactionclimat.org)

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2/ L’énergie solaire : un fort potentiel mais pas sans contrainte

a/ Le photovoltaïque, une énergie qui s’est démocratisée Les panneaux photovoltaïques bénéficient d’une notoriété élevée notamment s’agissant de leurs effets sur l’environnement. Il s’agit là d’une des technologies qui reçoit le meilleur accueil de la part des personnes interrogées, avec les véhicules électriques et les lampes LED.33 Parmi les énergies renouvelables, l’énergie solaire bénéfice de la meilleure cote d’opinion avec 93% d’opinions positives et 60% de très bonnes opinions, et 8 Français sur 10 estiment que l’action des pouvoirs publics est insuffisante et qu’ils n’en font pas assez pour développer l’énergie solaire en France (79%).34 Néanmoins, l’idée d’implanter des centrales photovoltaïques au sol divise l’opinion. Comme le remarque le philosophe Pascal Chabot dans l’Age des transitions : « Considérée comme un moyen, ordinairement refoulée, l’énergie est ce que les hommes refusent habituellement de voir, alors qu’elle conditionne en profondeur presque toutes les activités, une part de leur environnement, leur répartition dans l’espace… » La popularité du photovoltaïque repose également sur sa technologie relativement simple. Des cellules transforment le rayonnement solaire en courant électrique continu. Elles sont constituées d’une ou deux couches de matériaux semi-conducteurs.

33Rapport : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/enquete-ifop-francais-nouvelles-technologies-energie-2017-rapport.pdf

34 Article : https://www.elabe.fr/francais-lenergie-solaire/

Lorsque la lumière atteint la cellule, cela crée un champ électrique à travers les couches et ainsi un flux électrique. Plus la lumière est intense, plus le flux électrique est important. Ces cellules sont couplées entre elles pour former un module, lui-même relié à différents composants électriques (onduleur, boîtier de raccordement, etc.). L’ensemble constitue un système photovoltaïque. La durée de vie d’un module est de l’ordre de 25 ans. Il existe aujourd’hui différentes technologies de cellules à des stades différents de maturité technologique. L’énergie photovoltaïque est intermittente, car le temps de fonctionnement des parcs est limité par la disponibilité de l’ensoleillement. Le facteur de charge (énergie produite rapportée à la puissance installée) des panneaux photovoltaïques varie donc selon la saison, l’heure et la localisation : conditions météorologiques favorables ou non, zone ventée ou ensoleillée, …35 En 2016, la filière photovoltaïque était la troisième filière contributrice à l'objectif 2020 en termes de production d'électricité renouvelable, derrière les filières hydraulique et éolienne, avec 8.7%.36 La progression de la puissance installée du parc photovoltaïque a été importante en 2009, 2010 et 2011, grâce aux tarifs d’achat

35 Article : https://www.connaissancedesenergies.org/1-mw-photovoltaique-produit-autant-que-1-mw-eolien-120530

36 Rapport : http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/photovoltaique.pdf

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élevés avant de connaître un fort ralentissement les deux années suivantes, suite à la mise en place d’un moratoire sur les tarifs d’achat au cours du premier trimestre 2010. 37 La France, avec une production électrique photovoltaïque d’environ 6,7 TWh en 2015, était le cinquième producteur derrière l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni. 38 La production d'électricité photovoltaïque de l’Union européenne était estimée en hausse de 9,1 % par rapport à 2014. La puissance photovoltaïque raccordée

37 Article : https://www.actu-environnement.com/ae/news/photovoltaique-moratoire-nouveau-cadre-reglementaire-12098.php4

38 Rapport « Le photovoltaïque », Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement Méditerranée, Juin 2017

au sein de l’Union européenne était de 94 241 MWc, soit près de 41,5 % de la puissance installée au niveau mondial. Pour donner un ordre d’idée, une famille de 4 personnes consomme 4000/5000 kWh par an d’électricité spécifique (hors chauffage et eau chaude). Une installation de 3 kWc nécessite 20 à 25 m² de capteurs. Une installation de 1 kWc soit 8 à 10 m² de capteurs peut produire de l’ordre de 1500 kWh d'électricité par an soit environ 30 % des besoins en électricité spécifique.39

39 Données du « Guide solaire et habitat, l’intégration des équipements dans les Hautes-Alpes », Parc national des Ecrins, Parc naturel du Queyras, le Conseil Général des Hautes-Alpes, CAPEB, 2011

Figure 14 : Détail du système photovoltaïque (https://particuliers.engie.fr/electricite/conseils-electricite/photovoltaique/schema-panneau-photovoltaique.html)

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b/ Différentes implantations possibles Les panneaux photovoltaïques peuvent être implantés au sol ou sur le bâti.

L’impact est globalement plus limité lorsque ces derniers sont installés sur le bâti. Ils ne consomment pas d’espace au sol et ne changent pas la destination première de son support.

Les équipements solaires doivent s’intégrer à la conception générale du projet, pour faire partie intégrante du bâtiment et de ses abords et ne pas apparaître comme des éléments rapportés. Cette intégration tient à la fois à la typologie de la construction, aux teintes du bâtiment et de son environnement et à la surface de capteurs nécessaire pour une production d’électricité photovoltaïque.

Dans les constructions neuves, l’installation solaire fait partie intégrante du bâtiment et ne pose généralement pas de problème. Pour les bâtiments anciens à forte valeur patrimoniale, la pose d’équipements solaires est souvent plus délicate. Elle doit être étudiée en fonction à la fois de l’architecture propre mais aussi de son environnement, isolé ou au sein d’une commune dans laquelle l’homogénéité de toitures constitue une perception paysagère essentielle. Par exemple, les toitures très inclinées et dans les tons gris des bacs acier ou lauzes posent peu de problèmes d’intégration par la couleur. Par contre, les toitures à faible pente en tuiles canal se prêtent moins à l’insertion de capteurs, à la fois par leur inclinaison, leur morphologie et leur teinte.

Le photovoltaïque sur les toits est ainsi préconisé par les services de l’Etat : « le développement de l’énergie photovoltaïque

doit être prioritairement axé sur les surfaces bâties ou anthropisées.»40

Néanmoins, les objectifs fixés en matière de production semblent peu compatible avec des installations uniquement installées en toiture. A titre d’exemple, fin 2018, la région PACA, avait 1 223 MW de puissance, soit 14 % de la puissance installée en métropole. 41 Elle bénéficie par ailleurs de conditions d’ensoleillement privilégiées avec un facteur de charge solaire optimum en comparaison au reste de la France. Pourtant, le solaire photovoltaïque installé n’atteint que près de 44 % de l’objectif fixé par le SRCAE, qui vise les 2 760 MW en 2020.42 Cet objectif a d’ailleurs été revu à la hausse dans le cadre de l’élaboration du Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET) pour atteindre une puissance photovoltaïque totale de 8 316 MW en 2023.

En effet, ces installations sur bâti, souvent réduites en surface ont eu une capacité de production faible. Seuls, certains bâtiments, du fait de leur grande superficie, sont plus adaptés, tels que les hangars ou les ombrières des grands parkings. Mais leur mise en place reste encore trop rare. Les structures ne sont pas toujours adaptées et les enjeux financiers amènent à des excès comme à la destination d’un bâtiment dévoyée.

40 « Cadre régional pour le développement des projets photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur », DREAL PACA, février 2019

41 « Cadre régional pour le développement des projets photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur », DREAL PACA, février 2019

42 « Cadre régional pour le développement des projets photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur », DREAL PACA, février 2019

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Une autre alternative est l’agrivoltaïsme. Des panneaux photovoltaïques recouvrent les installations afin de coupler une production photovoltaïque secondaire à une production agricole principale en permettant une coexistence sur un même espace. Les serres photovoltaïques représentent aujourd’hui la majorité des installations agrivoltaïques.

Les centrales photovoltaïques restent donc le modèle le plus répandu aujourd’hui malgré leur grande consommation d’espace. Elles permettent en général une meilleure efficacité, rentabilité, et facilité d’installation…

Figure 15 : Agrivoltaïsme dans le domaine de Nidolères, domaine viticole dans les Pyrénées Orientales (https://www.lechodusolaire.fr/les-premieres-installations-pv-de-sunagri-seront-inaugurees-debut-juillet-2018/ )

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c/ Les centrales photovoltaïques au sol pour assurer un développement rapide de la filièreLes centrales photovoltaïques au sol, moins chères, semblent être la principale réponse aux ambitions fixés par l’Etat et l’UE.

Mais cette solution soulève une problématique majeure : la consommation d’espace. Il faut entre 1 et 2 ha par MW installé, sans considérer les aménagements annexes : les câbles de raccordement, les locaux techniques, la clôture et les accès.

Le système des centrales photovoltaïques comprend plusieurs alignements de panneaux. Chaque panneau contient plusieurs modules eux-mêmes composés de cellules photovoltaïques. Tous les câbles issus d’un groupe de panneaux rejoignent une boîte de jonction d’où repart le courant continu, dans un seul câble, vers le local technique. Les câbles issus des boîtes de jonction sont enterrés comme les câbles haute tension en courant alternatif qui transportent le courant du local technique jusqu’au réseau d’électricité (Enedis).

Les locaux techniques abritent :

• les onduleurs qui transforment le courant continu en courant alternatif ;

• les transformateurs qui élèvent la tension électrique pour que celle-ci atteigne les niveaux d’injection dans le réseau ;

• les compteurs qui mesurent l’électricité envoyée sur le réseau extérieur ;

• les différentes installations de protection électrique.

L’électricité produite est injectée dans le réseau au niveau du poste de livraison qui peut se trouver dans le local technique ou dans un local spécifique.

La clôture des installations photovoltaïques est exigée par les compagnies d’assurance pour la protection des installations et des personnes. La sécurisation du site peut-être renforcée par des caméras de surveillance, un système d’alarme, un gardiennage permanent ou encore un éclairage nocturne a détection de mouvement.

En outre, on pourrait ajouter la zone de débroussaillement qui élargit très considérablement la zone impactée directement par le projet. Tout projet de parc photovoltaïque situé dans un espace boisé prend en compte les obligations légales de débroussaillement (OLD). Les OLD concernent un périmètre de 50 mètres minimum autour de l’aire d’accueil du projet et sont à maintenir lors de l’exploitation du parc.

Des voies d’accès sont nécessaires pendant la construction, l’exploitation et le démantèlement. Une aire de stationnement et de manœuvre est généralement aménagée à proximité. Pendant les travaux, un espace doit être prévu pour le stockage du matériel (éventuellement dans un local) et le stockage des déchets de chantier. Durant l’exploitation, il doit être rendu possible de circuler entre les panneaux pour l’entretien (nettoyage des modules, maintenance) ou des interventions techniques (pannes).

Non loin, doit se situer un poste source, qui va verser l’énergie produite sur le réseau de distribution.

Les parcs photovoltaïques n’ont pas vocation à occuper des terres arables qui doivent, du point de vue du développement durable, être réservées à la production de nourriture. Ils ne doivent pas non plus se faire au détriment de la préservation des espaces naturels et forestiers, qui contribuent par ailleurs au

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stockage du carbone, et au maintien de la biodiversité. Leur développement est donc conditionné à une réflexion territoriale et doit pouvoir s’inscrire dans une planification choisie et anticipée par les collectivités comme nous l’avons vu auparavant.

Ils peuvent en revanche permettre de valoriser de manière écologique, sans aucun impact polluant direct et avec un impact visuel extrêmement limité, les nombreux terrains ouverts impropres à l’agriculture et non exploités pour un autre usage : terres arides ou polluées, friches industrielles, terrains militaires en reconversion, carrières, abords

d’aéroports ou d’autoroutes, anciennes décharges, zones de protection de captages d’eau potable, zones de déprise etc.

Comme ils ne nécessitent pas de fondations lourdes du fait d’une faible prise au vent, ils ne laisseront pas de trace significative sur le terrain après leur démontage, permettant ainsi à un autre usage de prendre éventuellement leur suite au terme de leur durée d’exploitation commerciale ou technique.

Figure 16: Schéma d’installation d’une centrale photovoltaïque. (« Installations photovoltaïques au sol, guide de l’étude d’impact », Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Direction générale de l'Énergie et du Climat, avril 2011)

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3/ Les exigences à l’implantation de centrales photovoltaïques au sol

a/ La difficile recherche de foncier La recherche de sites favorables est le premier défi auquel doivent faire face les porteurs de projets photovoltaïques au sol. L’un des premiers critères est la distance de raccordement au poste source. Les enjeux de raccordement aux réseaux d’électricité sont importants et sont intégrés à la recherche. Les centrales sont généralement implantées dans un rayon de 15 à 20 km maximum autour du poste source ou d’un réseau propice au raccordement. Evidemment, tous les terrains plats et dégagés, sur plusieurs hectares, faciles d’accès et pouvant être clôturés constituent des emplacements idéaux. Néanmoins, certaines zones sont privilégiées et les élus et les porteurs de projet doivent se diriger préférentiellement vers les sites anthropisés, dégradés, pollués ou non utilisables pour d’autres usagers, à savoir :

• les friches industrielles ou militaires • anciennes carrières • anciennes décharges • les sites pollués • espaces ouverts en zones industrielles

ou artisanales • délaissés routiers, ferroviaires et

d’aérodromes • zones soumises à aléa technologique.

Le cahier des charges des appels d'offres pour les grandes centrales photovoltaïques accorde un bonus aux projets implantés sur des terrains dégradés (9 % de la note finale). En outre, d’autres surfaces anthropisées, aujourd’hui peu exploitées, pourraient les accueillir telles que des des réserves foncières aux abords des infrastructures de la SNCF, de la Société du Canal de Provence, des axes

autoroutiers... Néanmoins, ces zones restent réduites. D’autant plus qu’elles ne présentent pas toujours les caractéristiques techniques suffisantes pour accueillir du photovoltaïque ou il n’est pas toujours possible de trouver un accord avec les propriétaires des terrains ou même les collectivités. En outre, le photovoltaïque au sol est souvent impossible pour le territoire littoral à cause de la pression foncière ou difficile à implanter sur les territoires alpins du fait du relief mais aussi des lois Littoral et Montagne. Les espaces forestiers avec ou sans gestion et exploitation forestière (ou cynégétique), peuvent présenter des enjeux en termes de paysage et de biodiversité, y compris dans le maintien de continuités écologiques. L’implantation dans les espaces forestiers et naturels ne pourra donc être envisagée qu’aux conditions cumulatives suivantes : avoir examiné les possibilités foncières à la bonne échelle (au niveau du SCoT ou PLUi) ; sous réserve du faible impact environnemental et paysager du projet et en analysant le plus faible impact par comparaison avec des sites alternatifs. Concernant les communes qui mettent à disposition du foncier via des baux emphytéotiques, lorsque le titre d’occupation est délivré à la suite d’une manifestation d’intérêt spontanée, la collectivité doit s’assurer au préalable par une publicité suffisante, de l’absence de toute autre manifestation d’intérêt concurrente. De plus, la durée des Autorisations d’Occupation Temporaire (AOT) doit être déterminée en fonction de l’amortissement des investissements réalisés par l’occupant, en

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vue d’assurer une rémunération équitable et suffisante des capitaux investis. Lorsqu’un espace est identifié pour accueillir une installation photovoltaïque, il convient que sa mobilisation soit maximisée en cohérence avec les enjeux identifiés. Ceci a pour objectif d’optimiser la puissance installée sur les zones à privilégier. Pour répondre au besoin de surface, des projets de solaire flottant émergent depuis

peu de temps. Si son coût reste de 5 à 20% plus élevé que le solaire classique, la technologie progresse vite et des gains peuvent être réalisés sur d'autre poste (clôture et protection des parcs, absence de baux...). Le potentiel est très important dans les régions montagneuses dotées de nombreux plans d'eau. Pour l'instant, la principale difficulté reste administrative par faute de cadre règlementaire dédié.

Figure 17: Extrait de la carte en ligne localisant les capacités d'accueil de RTE pour le raccordement aux réseaux de transport et de distribution des installations de production d'électricité (les lignes rouges et vertes sont les lignes très hautes tensions, et les lignes violettes sont les lignes hautes tensions) (source : https://www.capareseau.fr/#)

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b/ L’élaboration des projets basée sur un temps long et la participation d’acteurs multiples De manière générale, les parcs au sol sont des projets de grande envergure, qui mobilisent du temps, des investissements importants et une ingénierie conséquente, notamment en phase de développement. Des opérateurs spécialisés, à l’instar des promoteurs immobiliers, se chargent d’obtenir l’ensemble des autorisations nécessaires au bon aboutissement du projet. Selon les entreprises, il peut gérer le financement, la construction et l’exploitation jusqu’à leur fin de vie. Il s’agit en général de services séparés au sein d’une même entreprise qui collaborent tout au long du projet. La plupart des porteurs de projets proposent aux propriétaires de terrains (collectivités, propriétaires privés…) une redevance (bail emphytéotique) pour la mise à disposition de leur terrain et s’occupent intégralement de la partie photovoltaïque, de la conception jusqu’à l’exploitation. Ensuite, un permis de construire et une étude d’impact sont obligatoires pour les centrales (supérieures à 250kWc). L’étude d’impact présente « une analyse des effets directs et indirects, temporaires et permanents du projet sur l’environnement, en particulier sur la faune et la flore, les sites et paysages, le sol, l’eau, l’air, le climat, les milieux naturels et les équilibres biologiques, sur la protection des biens et du patrimoine culturel et, le cas échéant, sur la commodité du voisinage (bruits, vibrations, odeurs, émissions lumineuses) ou sur l’hygiène, la santé, la sécurité et la salubrité publique. »43 (cf document page suivante). L’opérateur fait alors appel à différents bureaux d’étude

43 Article R 122-3 du code de l’environnement

spécialisés (faune/flore, hydraulique, paysage, très souvent forestier, et parfois agricole). Sur le volet paysager, l’analyse décrit comment la conception du projet prend en compte le paysage existant et, dans un deuxième temps, quels sont les effets visuels qui en résultent. Il faut au minimum un an pour élaborer l’étude d’impact. Si le projet est soumis à « autorisation environnementale », celle-ci intègre depuis 2017 dans une autorisation « unique » tout ou partie des autorisations suivantes : • l’autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) ou des installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA) ; • l’autorisation spéciale au titre de la législation des réserves naturelles nationales ; • l’autorisation spéciale au titre de la législation des sites classés ; • les dérogations à l’interdiction d’atteinte aux espèces et habitats protégés ; • l’autorisation de défrichement ; • l’autorisation d’exploiter les installations de production d’électricité. Si le projet n’est pas soumis à « autorisation environnementale », les différentes autorisations sont instruites séparément (défrichement, dérogation espèces protégées…). Il reste souhaitable que le projet fasse l’objet d’une seule étude d’impact et que les dossiers soient déposés simultanément pour optimiser leur instruction. Les études doivent se faire à deux échelles de temps et d’espace : à l’échelle du SCOT ou PLUI dans un premier temps, pour une approche macro, transversale et pertinente à l’échelle du territoire ; à l’échelle du projet dans un second temps.

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Dans une situation optimale, il faut compter en moyenne de 1 à 3 ans pour le développement du parc et 2 ans pour sa construction jusqu’à sa mise en service. Néanmoins, plusieurs développeurs vendent leurs parcs photovoltaïques à la mise en service ou après quelques années d’exploitation seulement, afin de pouvoir financer de nouveaux développements. L’opérateur en charge de l’exploitation et de la maintenance du projet doit assurer un suivi de la centrale pendant au moins 30 ans : veiller aux réparations, établir des suivis écologiques et surveiller les performances réelles de la production énergétique. Notons

que les subventions gouvernementales d’achat d’électricité photovoltaïque portent sur 20 années mais la durée de vie attendue des panneaux solaires est estimée à 30 ans. À la fin de vie de la centrale, les opérateurs s’engagent à procéder à son démantèlement ainsi qu’à la remise en état initial du site, (comme précisé dans le bail emphytéotique et dans l’étude d’impact). Le démontage comprend l’enlèvement de tous les éléments de la centrale : panneaux, structures, locaux techniques, clôture, et fondations. Les structures sont 100% recyclables. Le choix des fondations permet de les retirer facilement en fin d’exploitation.

Figure 18 : Aires d’étude à considérer en fonction des thèmes de l’environnement dans l’étude d’impact (« Installations photovoltaïques au sol, guide de l’étude d’impact », Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Direction générale de l'Énergie et du Climat, avril 2011)

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c/ Des projets impactant un bien commun : le paysage Au-delà des exigences et contraintes citées précédemment, une des principales difficultés à l’implantation des parcs photovoltaïques réside dans la consommation d’espace relativement étendue. En effet, il est aussi très difficile de trouver des surfaces pouvant accueillir un projet solaire. Contrairement à certaines idées reçues, on ne peut pas mettre des centrales partout. La corrélation des contraintes techniques, des zonages règlementaires et de la nécessité d’espace limite grandement les possibilités de terrain.

Peu d’objets urbains sont comparables en termes de superficie aux centrales photovoltaïques. Pour donner un ordre d’idée, un golf neuf trous représente la surface minimum afin d’espérer développer un projet solaire supérieur à 5 MW, c’est-à-dire une vingtaine d’hectares. Il est à noter que les études environnementales, sylvicoles et paysagères réduisent en général de moitié la surface de départ.

Même si seul un tiers du sol est recouvert par les panneaux, l’impression d’étendu persiste à la simple vu du nombre d’hectares. En effet, le reste est occupé par les espaces inter-rangées, pour éviter que les panneaux se fassent de l’ombre, et les pistes intérieures obligatoires, pour la sécurité et la maintenance du parc. Néanmoins, ce sont les panneaux photovoltaïques qui dominent la perception.

Cette grandeur est d’autant plus compliquée à gérer que l’objet implanté reste systématique. Bien que la mise en place des centrales soit propre à chaque site (contraintes du terrain, exigences règlementaires, demandes des divers acteurs), l’appareillage reste le même. Les structures et les panneaux sont toujours identiques et placés de façon similaire. Ils ne peuvent prendre un aspect différent selon les sites. Les développeurs doivent ainsi concevoir

selon cette notion d’objet générique et impactant dans l’espace.

Les centrales présentent donc des paramètres (non modelable et impactant par leur surface) qui sont d’autant plus compliqués à confronter au regard de la population locale qui n’y voit aucun bénéfice immédiat. En effet, ces projets utilisent de grands espaces mais ne profitent pas directement aux habitants.

Les projets solaires se heurtent alors à la notion de bien commun. Il est difficile d’obtenir l’adhésion de tous sans contrepartie. Ne recevant pas de retombée de ces centrales, les usagers des territoires concernés se raccrochent inconsciemment à l’idée que ces paysages leur appartiennent. A la différence d’une piscine municipale ou encore d’un supermarché, les parcs solaires constituent des espaces clos, qui ne leur profiteront pas directement.

Ces réactions motivent souvent des critiques irrationnelles ou infondées sur le développement des énergies renouvelables, du type « Not In My BackYard »44 ou « oui aux énergies renouvelables mais pas dans mon jardin ». Cependant, elles amènent également à une prise de conscience sur l’importance du paysage. Ainsi, grâce à la question énergétique, les usagers des territoires concernés sont amenés à se raccrocher et à se rassembler autour d’un bien commun : le paysage. Cette pensée est d’autant plus marquée en milieu rural où les limites entre privé et public sont souvent dissoutes et où les espaces naturels sont régulièrement pratiqués sans considération des propriétés (par exemple, les sentiers de randonnée).

44 Concept formulé par Mike Davis, historien, ethnologue et sociologue californien dans les années 1980

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Ainsi, les centrales photovoltaïques mettent en exergue le paysage qui se révèle être un bien commun dont nous sommes les dépositaires. L’idée de paysage collectif fait sens avec les énergies renouvelables et révèle

un point d’appui à l’élaboration des projets énergétiques.

Figure 19 : La centrale photovoltaïque de La Verdière (12 ha) dans le Var en comparaison au stade de France (6 ha) (source : https://www.geoportail.gouv.fr/)

= 2 x

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Le projet de paysage, un levier possible pour les projets solaires

1/ Le paysage, une prise en compte informelle, passée au second plan

a/ Des enjeux de biodiversité traduits par des zonages environnementaux contraignants Lors de la prospection de sites propices à l'installation d'une centrale photovoltaïque, il est nécessaire, en premier lieu, de prendre en compte plusieurs zones protégées par des réglementations. L’ADEME a rendu public le recensement des terrains propices au photovoltaïque en France. La liste ci-dessous présente les zones les plus sensibles écologiquement pour lesquelles un projet peut être considéré comme interdit rédhibitoirement ou possible mais sous conditions. -Rédhibitoire :

• Znieff 1 • Parc naturel national pour la zone

cœur • Réserve naturelle • Réserve biosphère pour les zones

centrales • Zone de protection du biotope • Appartenance au Conservatoire du

littoral • Zone humide = zone humide

protégée par la convention de Ramsar

• Zones spéciales de conservation des habitats Natura 2000

• Zones de protection spéciales pour la conservation des oiseaux sauvages Natura 2000

- Handicapant : • Znieff 2 • ZICO • Parc naturel national pour la zone

d’adhésion. • Parc naturel régional • Réserve biosphère pour les zones

tampon (sans impact pour les zones de transition)

• Zone Loi littoral En effet, les maîtres d’ouvrage de parcs photovoltaïques doivent d'abord prendre en compte les parcs nationaux, les zones protégées par la Convention de Ramsar et les arrêtés de protection biotope. Les parcs nationaux existent depuis 1963. Les dix parcs nationaux français ont la particularité d'être structuré en deux secteurs à la réglementation distincte : une zone de protection appelée « zone coeur » à la réglementation stricte de protection de la nature et une « aire d'adhésion » où les communes sont partenaires du développement durable du parc. L'implantation d'une centrale photovoltaïque est prohibée au coeur du parc ; elle est à éviter dans sa périphérie. Dans les 53 parcs régionaux, l'implantation d'un parc est considérée comme « handicapante ». La convention Ramsar, entrée en vigueur en France en 1986, a pour mission la conservation des zones humides. L’implantation des parcs photovoltaïques dans ces zones est à proscrire. Les arrêtés de protection de biotope (APB) sont des arrêtés pris par un préfet pour

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protéger un habitat naturel, ou biotope, abritant une ou plusieurs espèces animales et végétales. L'implantation d'un parc dans ces zones est à proscrire. Enfin, les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) ont été mises en place suite aux conventions internationales de Berne et de Bonn de 1979. Celles-ci ont été parmi les premières conventions internationales à protéger les espèces migratrices et leurs habitats. « La faune et la flore sauvages constituent un patrimoine naturel d'intérêt majeur qui doit être préservé et transmis aux générations futures » édicte la Convention de Bonn. Dans

la prospection d’un site pour l'implantation de parcs photovoltaïques, il est ainsi nécessaire de tenir compte des ZNIEFF. Les ZNIEFF de type 1 sont caractérisées par la présence d’espèces ou de milieux rares ou caractéristiques du patrimoine naturel national ou régional. Dans les ZNIEFF 1, l'implantation de parcs est prohibée. Les ZNIEFF de type 2 sont de grands ensembles naturels riches ou peu modifiés par l’homme ou offrant des potentialités biologiques importantes. Dans ces zones, l'implantation de parcs photovoltaïques est à éviter.

Figure 20 : Carte des zones rédhibitoires en PACA : toutes les zones colorées ne peuvent pas recevoir de centrale photovoltaïque au sol, elles correspondent aux zones rédhibitoires cités plus hauts (source : www.geoportail.gouv.fr)

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b/ Les projets solaires pas destinés à utiliser les territoires agricoles Aujourd’hui, la règlementation est très claire pour tout projet de centrale photovoltaïque sur des terres classées agricoles, même si elles sont dégradées, délaissées ou pauvres. Il est donc faux de parler de concurrence du solaire avec les terres à valeur agronomique puisque l’implantation de projet y est en général proscrite.45 Depuis la loi LAAF (Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt) de 2014, les maîtres d’ouvrages publics et privés doivent réaliser une étude préalable si les sites convoités ont été l’objet d’une exploitation agricole ou bien s’ils ont été en zonage agricole depuis moins de 5 ans. Cette loi formule donc clairement le principe de ne pas substituer à des terres agricoles productives, une vocation autre comme le photovoltaïque. L'implantation des centrales est donc par principe évitée sur les terres agricoles. Leur ombre projetée rend plus difficile le développement de végétaux et donc l’apport de matière organique pour enrichir le sol. Cette approche suscite ainsi l’opposition des agriculteurs. Ils y voient une concurrence accrue pour l’accès à la terre, avec le risque d’ouvrir une voie nouvelle à la spéculation foncière, qui s’ajoute à celle de l’urbanisation. Néanmoins, si les panneaux photovoltaïques au sol empêchent une activité agricole intensive, ils n’empêchent pas tout développement dans le sol. On observe sur de nombreuses centrales existantes la reprise naturelle de la végétation après un temps variable selon les sites. La repousse est encore

45 « Le vent nous portera, le pari gagnant de la transition énergétique », Jean-Yves Grandidier et Gilles Luneau, 2017

plus rapide dans le cas où les panneaux sont montés sur des trackers qui leur permettent de suivre la course du soleil. Outre l’avantage de produire plus longtemps, ce type de montage qui incline le panneau permet à la lumière d’atteindre le sol et d’y entretenir la vie végétale plus facilement. Mais ce système est rarement mis en place dû au surcoût que cela implique. En outre, on note ces dernières années une prise de conscience sur la valeur des sols exploités par les centrales photovoltaïques. Bien qu’elles ne soient jamais implantées sur des terrains agricoles, de nombreux aménageurs choisissent de donner d’autres usages à leur projet afin qu’ils ne constituent pas des espaces uniquement industriels. Par exemple, on retrouve des moutons à paître afin d’assurer l’entretien des parcelles occupés par le photovoltaïque ainsi que les zones de débroussaillement autour. L’activité pastorale est ainsi encouragée et développée sur des terrains où elle n’existait pas auparavant ou bien disparue depuis longtemps. Cette pratique est de plus en plus courante, elle concerne environ ¼ de centrales photovoltaïques exploitées par ENGIE en PACA. Un autre exemple, moins courant, est celui des ruches. Elles sont implantées à côté des panneaux solaires ou entre les rangées. Elles participent elles aussi au développement et au maintien de la biodiversité. Elles sont les témoins du bon état des habitats et milieux naturels qui cohabitent avec le parc. Leur état de santé permet donc d’évaluer sur la durée l’environnement de la centrale photovoltaïque. Enfin, des végétaux favorisant la restauration agronomique du sol peuvent également être plantés.

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Ainsi, les territoires agricoles, tout comme les espaces de biodiversité ne peuvent pas constituer des espaces favorables aux centrales photovoltaïques. Certaines mesures permettent toutefois de valoriser le foncier des parcs photovoltaïques par une activité agricole compatible avec la production

électrique mais également de concourir à la dynamique et au développement local des territoires ruraux. À noter une prééminence des enjeux agricoles dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, du Var et du Vaucluse.

Figure 21 : Un troupeau de moutons au sein de la centrale photovoltaïque à Esparron-sur-Verdon (auteur : Adeline Mouly)

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c/ Des paysages de plus en plus impactés pourtant pas déterminants dans le choix des sites La recherche de foncier est contrainte par divers éléments évoqués plus tôt. Les enjeux concernant le maintien de la biodiversité et de l’agriculture ou encore les contraintes techniques (proximité du poste source, relief…) prédominent sur la question du paysage. En effet, la question de l’insertion du projet dans son contexte paysager préoccupe particulièrement les élus des communes en amont des projets mais lors de l’instruction du permis, cette notion est écartée. Elle est rarement prescriptive (dans le cas de monuments historiques par exemple) contrairement aux zonages environnementaux ou agricoles. Le choix du site et l’élaboration du projet reposent donc surtout sur la faune, la flore, les caractéristiques physiques du terrain, l’usage des sols (agriculture et sylviculture) et peu sur le paysage. Le projet de paysage est pensé après ces diverses problématiques. C’est ainsi que régulièrement, on recherche à rendre le projet presque invisible. Certes, la priorisation de certains enjeux paraît logique et inévitable mais le volet paysager pourrait être mené comme un fil conducteur de la conception et non la conséquence de négations. Certains projets en PACA ont déjà adopté cette logique face à des collectivités de plus en plus exigeantes sur ce plan mais leur nombre reste réduit. Les différents acteurs du photovoltaïque ont d’autant plus d’intérêt à développer leur réflexion sur le paysage que la région PACA rassemble de nombreuses centrales photovoltaïques et est amenée à en accueillir encore davantage, comme l’illustre la carte élaborée par la DREAL PACA (page suivante). En effet, les installations photovoltaïques ont

un facteur de charge46 très attractif de 16,8 % en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, contre 9,7 % pour l’Île-de-France.47 La région possède aussi une variété de paysages exceptionnels à caractère montagnard et méditerranéen. Les paysages naturels et ruraux façonnés par le climat et par l’homme, avec une diversité géologique, prédominent et contribuent à travers leur image à l’attractivité touristique de la région. L’implantation de projet solaire doit donc se faire en considération de cette richesse. De plus, l’insertion paysagère et la composition du projet doivent être conduites pour l’ensemble de l’installation. (Pour rappel, elle comprend les panneaux mais aussi les annexes telles que les voies d’accès et parkings, postes de transformation et de livraison, local technique, onduleur, clôture, pylônes, raccordements…) La surface nécessaire à la réalisation d’une centrale photovoltaïque est donc conséquente. Pour donner un ordre de comparaison, il faut environ 1.5 ha pour fournir 1 MW, c’est-à-dire l’équivalent de la surface du Stade de France. La qualité des paysages peut donc être altérée par un projet de centrale photovoltaïque, au vu de ses dimensions et de son caractère industriel. En outre, il paraît peu censé de penser que l’on pourra cacher toutes les futures centrales photovoltaïques. Il importe donc de réfléchir les projets selon les unités 46 Rapport entre la puissance moyenne effective sur une période donnée et la puissance nominale

47 « Le photovoltaïque », Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement Méditerranée, Juin 2017

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paysagères et les enjeux propres à chaque territoire. Ainsi, une élaboration basée sur un projet paysager assumé, pourrait être envisagé. En conclusion, un projet de centrale photovoltaïque, au vu de ses dimensions et de

son caractère très technologique, aura toujours pour conséquence un changement d’image des paysages dans lesquels il s’insère. L’implantation d’un tel projet doit être cohérente avec l’image que le territoire souhaite renvoyer.

Figure 22 : Schéma récapitulatif de la hiérarchie entre les thèmes traités lors de l’instruction des permis de projets solaires (image de fond : centrale photovoltaïque de Brignoles ; auteur : Adeline Mouly)

PAYSAGE

ENVIRONNEMENT

AGRICULTURE

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2/ Vers une conception positive

a/ Approche dynamique Les centrales photovoltaïques sont aujourd’hui souvent le résultat de négations alors qu’elles devraient naitre d’un réel projet de paysage. « Traditionnellement, l’intégration des ouvrages d’art dans le paysage est négociée selon la formule : «éviter, réduire, compenser.» C’est une approche qui revient à penser tout projet comme une agression envers le territoire. » 48 Les démarches et concertations avec les divers services de l’Etat et collectivités devraient ainsi se fonder sur des objectifs à atteindre, et débattre sur l’aspect positif du projet et non sur les choses à éviter. Il apparaît possible de construire une vision positive et constructive en détaillant comment les paysages, en leur matérialité concrète et évolutive, mais aussi à travers les sentiments et les représentations qu’ils suscitent, de ce rapport entre société et énergie, sont interprétés et peuvent évoluer. « Sur cette base, il s’agirait de défricher les voies permettant de faire du paysage un outil pour penser la transition énergétique et concevoir des projets concertés en ce domaine – autrement dit de donner au paysage le rôle d’un percept intermédiaire, dans lequel se concrétise et par lequel devient assumable la complexité de la question énergétique, saisie en ses implications environnementales, territoriales, sociales, et culturelles. »49 Cette

48 Article « Le Pays thouarsais donne l'exemple" François-Xavier Mousquet, praticien à Nîmes et enseignant à l’ENSP, revue Urbanisme HS 64

49 Article « Le Pays thouarsais donne l'exemple" François-Xavier Mousquet, praticien à Nîmes et enseignant à l’ENSP, revue Urbanisme HS 64

démarche pourrait ainsi s’appuyer sur trois approches complémentaires, à savoir une approche dynamique, visuelle, et sociale. La dimension dynamique correspondrait à l’évolution du site, aux usages et formes passées, actuelles et futures. L’approche visuelle ou objective serait définie par les éléments constitutifs du paysage et par leur organisation. Enfin, la dimension sociale ou subjective serait constituée par les ambiances paysagères ressenties et par la perception culturelle du site. L’approche dynamique permet de ne pas figer le projet dans une logique actuelle mais de le réaliser selon ce qui a composé le paysage avant et ce qui devrait le dessiner plus tard. Ainsi, le but est de pouvoir répondre à la question : quelle est l’inscription du projet dans la dynamique du paysage et du territoire ? On s’intéresse donc à l’évolution de l’espace choisi, à sa capacité à évoluer, à l’artificialisation préexistante ou non. Le but de cette approche est notamment de connaître l’historique du paysage, de savoir si l’homme y est déjà intervenu ou même s’il l’a déjà modifié. Pour donner une illustration, sur des espaces boisés, on observe que les masses arborées varient selon les coupes effectuées par l’Office National des Forêts. Ces dernières réalisées sur des cycles réguliers, révèlent une alternance entre milieux ouverts et milieux fermés tous les 20 ans. L’exploitation du site révèle donc la dynamique d’un territoire déjà exploité par l’homme. D’autres éléments peuvent être le témoignage de sites déjà anthropisés sur des périodes plus ou moins

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lointaines comme la présence d’une carrière, ou de murs de restanques… L’analyse dynamique permet aussi la compréhension de la biodiversité et de l’environnement du site. Par exemple, de nombreux territoires de l’arrière-pays au sud de PACA étaient avant le 19ème siècle des villages agricoles, peu connectés au littoral. L’agriculture était assez diversifiée avec des amandiers, des oliviers, des vignes ou encore des céréales. Les forêts exploitées entourant les villages avaient peu à peu laissées place à la garrigue. Puis progressivement, l’exode rural a débuté et les campagnes les plus éloignées des villes se sont vu abandonnées. Au cours du dernier siècle, le tourisme de masse apparaît et le sud de la région PACA connait une explosion démographique. Des néo-ruraux s’installent dans les campagnes. Les lignes électriques se dessinent dans le paysage. La végétation s’est appauvrie et les activités traditionnelles ont disparu. Les randonneurs ont remplacé les bergers et les forêts de pins ont remplacé les espaces cultivées. Des paysages qui nous apparaissent aujourd’hui complètement naturels ne l’étaient donc pas nécessairement, il y a quelques décennies.

En outre, il est également important d’évaluer s’il s’agit d’un paysage remarquable, consacré par des classements ou par l’iconographie en “paysage de carte postale”, ou bien d’un paysage du quotidien, qui constitue notre cadre de vie et reflète nos choix collectifs… En effet, les paysages remarquables sont en lien avec la notion d’identité d’un territoire. Mais s’il s’agit d’un territoire « banal », il peut alors changer de forme sans que le paysage s’en porte forcément mal. Le lieu est une ressource non renouvelable, tandis que l’image du lieu est une ressource parfaitement renouvelable. Les usages peuvent pervertir complètement une image alors autant changer l’image et l’assumer. Bien que les visites de site soient nécessaires, l’approche dynamique passe principalement par un travail de bibliographie. Il s’agira de consulter la cartographie ancienne et actuelle, des vues aériennes, des photos et cartes postales anciennes, de prendre connaissance des dynamiques locales et des choix envisagés dans l’évolution du territoire comme au travers du PCAET et du SRCE ou plus finement dans les SCOT et PLU. L’idée étant de choisir et d’anticiper la forme des paysages à venir et non de subir leur évolution.

Figure 23 : Schéma explicatif de l’approche dynamique des paysages (source : etd-energies.fr)

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b/ Approche visuelle Selon cette approche, le paysage est analysé comme espace perçu selon des critères de visibilité liée au relief, aux éléments présents tels que l’eau, la végétation, le minéral, les éléments construits…. aux différentes échelles. En effet, l’étude paysagère ne peut se restreindre aux limites parcellaires du projet. L’approche visuelle doit se baser sur des échelles définies à savoir, l’aire d’étude éloignée en fonction des caractéristiques paysagères des lieux notamment le relief et l’occupation du sol, et l’aire d’étude rapprochée qui s’étend aux alentours immédiats du site d’implantation et bien entendu l’aire immédiate du projet. Cette division est comparable à l’élaboration du volet paysager des études d’impact. Elle s’étend donc sur un périmètre où les impacts paysagers et visuels sont prévisibles. Elle aboutit à la définition du contexte paysager. A cette occasion, des cartographies thématiques sont réalisées grâce à un travail de bibliographie analysant différents supports : Atlas des paysages, charte paysagère, SCOT, coupes topographiques, vues aériennes, schémas régionaux photovoltaïque, guide photovoltaïque... Il est primordial en parallèle de vérifier les informations directement sur terrain afin de les compléter et de les corriger si nécessaire. À l’échelle du territoire, l’implantation des centrales photovoltaïques au sol peut modifier la structure et les strates composantes du paysage et de sa perception : • paysage ouvert (où le regard porte loin) ou fermé (bloqué par la végétation environnante ou le relief) • la topographie et les lignes visuelles fortes du paysage telles que les crêtes, talwegs, ruptures de pente, lisières entre des secteurs d’occupation nettement différenciée...

• les courbes de niveau du terrain naturel (impact visuel fort des terrassements) ; • les covisibilités à partir des points de vue remarquables naturels ou bâtis (belvédères, entrées de ville ou de village, cônes de vue sur une silhouette urbaine ou sur un élément du patrimoine remarquable) et des espaces habités mais également à partir des réseaux viaires (routes et chemins) ; • les installations et leur implantation par rapport à la trame viaire et aux formes et dimensions du parcellaire ; • les effets cumulés avec d’autres installations qui peuvent créer un phénomène de saturation dans le paysage : relations avec d’autres centrales photovoltaïques (existantes ou en projet) ou des aménagements de grande superficie (zones d’activités notamment) ; Concernant l’inscription du projet dans le paysage rapproché, les éléments à considérer en priorité lors de la définition du projet sont : • la juste occupation de la parcelle (attention au remplissage maximum) ; • le traitement des limites en mettant en relation les aspects fonciers, les aspects sensibles liés à la perception des installations et les aspects fonctionnels (accès, maintien des flux habituels des personnes et des animaux, sécurité) ; • le maintien des chemins et passages existants ; • l’ambiance paysagère (sèche ou humide, à dominante minérale ou végétale, ripisylve ou pinède, galets de Durance ou robines grises…) ; • la végétation d’accompagnement et le traitement des sols (entre les panneaux et en limite). Des mesures d’accompagnement doivent être mises en place lors de la définition du projet

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pour permettre le maintien des usages préexistants sur le territoire. En particulier, la continuité des chemins de randonnée et de passage doit faire l’objet d’une attention spécifique en termes de qualité d’itinéraire et de parcours (largeur et état des « chemins », environnement et paysage). L’appréciation de la “sensibilité visuelle” des paysages sur le territoire dans le cadre d’une analyse facilite, par la suite, l’intégration ou non de dispositifs de production d’énergie. La démarche peut permettre une hiérarchisation des paysages classant les “plus sensibles”, comme les “plus favorables” à intégrer des installations, à différentes échelles. Elle peut également permettre au développeur de projet solaire d’appuyer leur projet sur un

parti-pris paysager qui naît des caractéristiques du paysage : un parcours sensible séquencé le long d’un sentier de randonnée ou encore une centrale photovoltaïque rappelant la mosaïque des champs cultivés ou encore utiliser le projet solaire pour créer une limite structurée en continuité d’un secteur industriel désordonné… Le nouveau paysage peut alors être simulé grâce à des photomontages. Ce document facilement compréhensible permet à tout un chacun d’évaluer l’impact du projet.

Figure 24 : Photomontage d'une centrale photovoltaïque en milieu forestier (auteur : Adeline Mouly)

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c/ Approche sociale Les parcs solaires font partie de ces nombreux aménagements faiblement encadrés par la réglementation en termes de participation. L’association d’un public au projet s’inscrit ici au sein d’un répertoire de pratiques politiques, dont la réunion publique d’information et l’enquête publique ne sont qu’une modalité parmi d’autres, même si elles peuvent correspondre aux attendus institutionnels en la matière. La majorité des projets restent au niveau d’un « droit minimal » de la participation au travers de l’application d’une législation finalement peu contraignante. Néanmoins, la perception d’un aménagement par les habitants est très liée à leur position sur le territoire et à leur appropriation du projet. Alain Cabanes, ancien président de la Communauté de communes du Haut-Vivarais (Ardèche), a initié le parc éolien de la Citadelle. Il formule avec clarté l’enjeu de la transparence avant la réalisation d’une unité de production : «Ma hantise, c’est de découvrir au moment de la construction du parc que des gens n’étaient pas au courant du projet »50. En outre, l’approche par le paysage offre à chacun la possibilité d’exprimer sa connaissance de ce qui constitue le paysage, des contraintes entre souhaitable et réalisable pour l’avenir. La concertation engagée par le paysage oblige à une approche transversale des questions, on ne parlera plus alors de paysage mais de santé, d’identité et de mémoire, d’économie, de pollutions, de confort… Chaque acteur portera au débat sa propre vision et les enjeux qui lui paraissent importants. Mais, il est important de bien réaliser que la concertation a ses limites.

50 Extrait du film « Des éoliennes dans mon paysage », coproduit avec l’ADMA et Volubilis.

L’appréciation par des acteurs très différents, internes au territoire ou extérieurs, peut diverger et devenir un obstacle à la mise en place de cette concertation. On dressera alors un plan d’animation de cette concertation pour privilégier les bons canaux de communication en fonction des acteurs. En effet, on remarque généralement que les personnes concertées acceptent le projet lorsqu’elles en voient le bénéfice direct. Par exemple, aucune voix ne s’élève contre la construction d’une boulangerie, ou d’une station d’épuration. Néanmoins, dans le cas des centrales photovoltaïques, bien que très lucratives pour les communes, elles ne bénéficient pas toujours de l’acceptation de la population locale. Certains n’y voient qu’un objet industriel impactant sur leur paysage. Il est alors nécessaire pour les élus de rentrer dans une logique de communication et de faire comprendre aux habitants et usagers de ces sites tout l’intérêt d’accueillir une centrale photovoltaïque sur la commune : valoriser un foncier parfois délaissé, participer à la transition énergétique, moderniser l’image de la commune, obtenir des finances qui seront réinvesties pour des aménagements collectifs et dans certains cas, diminuer les factures d’électricité en autoconsommation. Les représentants du territoire sont donc incontournables dans le suivi du projet. Aujourd’hui déjà, les développeurs ne conçoivent pas de projet sans leur soutien, leur adhésion au projet étant incontournable pour l’obtention du permis. Plusieurs réunions pendant toute la phase projet ont lieu avant le dépôt de permis. Les représentants d’associations, écoles, commerces qui constituent des acteurs ayant la capacité de transférer l’information sur le territoire sont moins souvent mobilisés. Il apparait alors

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possible de mettre en place des permanences publiques, type journée portes ouvertes pendant la phase projet, en présence d’élus, développeurs, experts environnement, paysage pour expliquer le projet. Ces permanences pourraient également être la possibilité pour les aménageurs de mieux saisir les enjeux d’un territoire et la valeur qui lui est porté, à travers des séries de questions : pouvez-vous identifier un ou plusieurs types de paysage sur votre territoire et nous le décrire ? Quelles valeurs / fonctions attribuez-vous à ces paysages ? Pensez-vous qu’il doit être préservé ou qu’il peut changer ? Avez-vous déjà vu un parc photovoltaïque ? Qu’en pensez-vous ?.... Ces permanences peuvent prendre différentes formes : des ballades sur les terrains envisagées, des réunions en place publique, une table ronde autour de différents supports

: carte à annoter, photos transmises par les participants… Traiter de la question paysagère dès l’amont du projet avec les différents acteurs, c’est permettre l’appropriation du projet par les participants de la concertation, population ou même experts. La concertation et le choix de solutions consensuelles sont les meilleures armes pour faire évoluer la demande sociale en matière de paysage et d’énergie, tout en restant conscient de la vision subjective de chacun parfois trop réduite. Les très nombreuses raisons de résister à l’évolution des paysages ou au recours à d’autres sources d’énergie sont en réalité souvent les mêmes : des émotions et fonctionnements inconscients, irrationnels, des habitudes de confort, des sentiments d’appartenance, des peurs, des désirs et des besoins de maîtriser, d’être rassuré…

Figure 25 : Visite d'un site éolien pour des élèves (http://pnrl-education.com/index.php/le-reseau/lorraine-energies-renouvelables/)

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3/ Retour sur expérience de trois parcs photovoltaïques en PACA

a/ Charleval : un projet en continuité urbaine (Bouches-du-Rhône) A Charleval, les conditions essentielles à l’aboutissement d’un parc photovoltaïque étaient réunies dès le début.

Le terrain choisi au lieu-dit Le Roumpidou, à l’ouest du village, entre la RD531 et le canal EDF, présente des conditions optimales : un ensoleillement maximal, un raccordement sur une ligne existante située à environ 1,7 km transmettant le courant au poste source de Mallemort (à 5km) et une dynamique du site particulièrement favorable à l’accueil d’un projet solaire. En effet, il s’agit d’un terrain impacté par une activité industrielle précédente (carrière), le rendant impropre à tout usage agricole ou urbain, et en continuité avec l’urbanisation du village amenée à s’étendre encore.

La centrale a été mise en service en mars 2013. Le parc est réparti sur un site de 14 hectares. 500 profilés ont été posés pour recevoir 20500 panneaux solaires, pour une puissance de 6,15 MW. La production annuelle d’électricité correspond à une consommation moyenne de 2 250 foyers, soit 223% des besoins de Charleval.

Le site est sur un espace ouvert, dénudé, et plat, cerné sur trois côtés par d’importants talus. Les vues sur le site sont donc nombreuses. Des plantations ont été faites aux abords du projet et au sein même afin de le rendre plus intégré au paysage : • Alignement d’arbres fruitiers crée au Nord

du site afin d’atténuer les perspectives proches et lointaines depuis la RD 3651 et le massif du Luberon, en utilisant un motif paysager typique de la vallée de la Basse Durance

• Des massifs arbustifs implantés en limite Est du site pour masquer la visibilité du parc depuis les habitations proches, en

particulier l’extension prévue du lotissement des Cadenières

• Un parcours piétonnier en stabilisé aménagé tout autour du parc, avec l’aménagement d’un belvédère d’observation sur une parcelle boisée et surplombante au Sud du site.

• Le renforcement de la haie existante à l’Ouest du site

• Les espaces inter rangées ont été ensemencés pour assurer le retour d’une strate végétale herbacée sur l’emprise du projet et ses abords immédiats.

On note qu’il n’y a pas d’OLD autour du parc, dû à la présence de parcelles agricoles. Le périmètre impacté par le projet solaire est donc relativement réduit. L’approche sociale a permis l’adhésion totale de l’équipe municipale. Il ne s’agit pas juste d’un projet de photovoltaïque mais d’un projet d’aménagement urbain comme l’explique le maire de la commune : « c’est la prise en compte dans son ensemble du site, permettant une intégration au territoire, une appropriation locale et un volet pédagogique qui ont séduit l’équipe municipale. La planification de mesures paysagères, […] sont autant d’atouts pour maximiser l’insertion du parc dans son environnement.» 51

Ainsi, l’approche dynamique a permis d’initié le projet de centrale photovoltaïque En effet, avec ces sols appauvris et délaissés, cette ancienne carrière ne présentait pas d’enjeux

51 Interview pour La Provence, en avril 2013, “Charleval : Le chantier du parc photovoltaïque enfin terminé” (https://www.laprovence.com/article/echoplanete/3933499/charleval-le-chantier-du-parc-photovoltaique-enfin-termine.html)

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écologiques et permettait de valoriser un terrain laissé à l’abandon. Les aspects visuels et sociaux ont permis au projet d’aboutir à l’idée d’intégration de cette centrale comme une partie urbanisée en continuité avec le village. La position de la centrale est ainsi relativement assumée en entrée de village. Sans avoir un rapport trop frontal grâce aux plantations et jeux de relief existants, elle n’est pas cachée. Au contraire, elle accueille des usages autres qu’industriel avec un sentier de promenade pédagogique rattaché au village et l’aménagement du relief et des

plantations le long de ce dernier le rendant plus identifiable et agréable. De plus, deux fois par an des moutons sont au pâturage dans le parc. Ils l’entretiennent et permettent de réinstaller l’activité pastorale sur ce secteur, disparue depuis plusieurs décennies.

On peut toutefois apporter une critique à ces aménagements : le sentier semble être emprunté mais seulement sur une partie (donc pas nécessairement pour le parcours pédagogique), il aurait pu être davantage intégré à la trame piétonne de Charleval.

Figure 26 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de Charleval (source : geoportail.com)

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Figure 28 : Limite nord plantée de la centrale photovoltaïque avec Charleval en fond (auteur : Adeline Mouly)

Figure 27: Vue depuis le promontoire au sud de la centrale photovoltaïque (auteur : Adeline Mouly)

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b/ Gréoux-les-Bains : un projet en milieu naturel boisé (Alpes de Haute Provence) La plus grande centrale photovoltaïque de PACA est située à Gréoux-les-Bains. Cette dernière a été mise en service en juin 2017. A première vue, ce projet solaire semble très étendu et amène à s’interroger sur les conséquences d’un projet de cette échelle. En effet, situé dans le Parc Naturel Régional du Verdon, il s’étend sur plus de 180 hectares répartis sur deux sites : Vallongue (88,5 ha) et Coteau de Rousset (92,7 ha). Les chiffres sont éloquents quant à la grandeur du projet : 300 000 panneaux solaires et 50 postes de transformation électrique pour une production de 128 GWh par an (puissance installé de 82 MW), l’équivalent de la consommation électrique d’environ 85 000 habitants (hors chauffage). Auparavant, il s’agissait de parcelles boisées qui faisait l’objet d’une valorisation économique de ses bois. Il a donc fallu défricher plusieurs hectares (sachant que la zone impactée est plus large car le projet est soumis à l’obligation légale de débroussaillement). Considérant cela, le projet paraît avoir fait fi des questions environnementales au profit d’une production à tout prix. Pourtant, le projet s’insère dans une logique tout autre. D’une part, la vallée de la Durance est un territoire propice aux énergies renouvelables. Depuis des décennies l’hydraulique a modelé ses paysages. La culture énergétique y est réellement ancrée et le développement des énergies renouvelables constitue un réel enjeu pour ce territoire dont l’attractivité dépend en partie des nombreuses installations énergétiques qui s’y trouvent (projet ITER, barrages…). En effet, la dynamique de ce territoire est intimement liée au développement énergétique.

D’autre part, les diverses collectivités du secteur sont pour la grande majorité favorables et actives dans ce domaine, comme l’évoquait la sous-préfète de Forcalquier, Fabienne Ellul : «Avec 186 MW, le département était déjà exemplaire en production solaire, au troisième rang en PACA […] Notre département est précurseur dans l’accompagnement des porteurs de projets. Nous avons donné des outils aux collectivités comme aux opérateurs : un document de recommandations, la charte photovoltaïque ainsi qu’un véritable outil opérationnel avec la création d’un guichet unique, permettant la mise en cohérence et la fluidité des procédures, depuis l’amont du projet à la délivrance du permis d’aménager. » 52 La réussite du projet dépendait complètement de l’approche sociale. L’engagement des élus mais également la concertation avec les acteurs locaux (office du tourisme, associations de chasses locales, société Coopérative Provence Forêt, RTE, pâturage ovin…) en plus des services d'instructions a ainsi permis à l’aboutissement du projet. Un regret reste toutefois sur le fait qu’il ne s’agit pas de terrains publics mais privés (bien qu’il ne soit pas toujours possible d’agir sur des terrains publics). D’autre part, le projet a été réalisé de manière à avoir le moins d’impact visuel possible sur les paysages du parc du Verdon. En effet, bien qu’aucun lieu d’attrait n’ait été identifié autour des sites, l’enjeu touristique restait une problématique à considérer. Au lieu-dit

52 Interview pour La Marseillaise en septembre 2017 : « Le plus grand parc photovoltaïque de PACA est à Gréoux-les-Bains » (http://www.lamarseillaise.fr/al pes/developpement-durable/63868-le-plus-parc-photovoltaique-de-paca-est-a-greoux-les-bains)

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« Vallongue », le projet solaire épouse le dessin des vallons formant des coulées ménageant des corridors pour l’eau et la biodiversité. Son implantation sur le plateau le rend très peu visible à l’exception de quelques vues depuis la D6 au nord du site. Des touristes allemands interrogés sur place, déclaraient ne pas avoir vu la centrale alors qu’ils mangeaient à seulement une centaine de mètre. Ils ont aussi déclaré « Même si nous l’avions vu cela n’aurait pas été un problème pour nous». Toutefois, l’entité la plus au nord de la centrale aurait permis un impact visuel quasi nul. Au lieu-dit « Coteau de Rousset », le projet adopte la même logique avec une implantation sur plateau, sur le versant ouest de la vallée de la Durance. Au-delà des enjeux écologiques, son dessin est le résultat des lignes électriques haute-tension présentent sur le site tout en conservant les corridors écologiques. En effet, le projet solaire s’apparente à un « lotissement » respectant l’implantation des lignes déjà présentes sur le

site. Un poste source a été créé sur le site, intégré au sein du projet. Enfin, le projet a permis une prise de conscience écologique. Paradoxalement à son impact, il a révélé des zones intéressantes du point de vue de la biodiversité. La réflexion entamée par le projet a permis de passer la zone en Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB), encouragé par les services de l’Etat. En effet, le parc photovoltaïque du site est le résultat d’un compromis avec les services de l’Etat : autoriser l’installation mais aussi mettre en œuvre des mesures protégeant la biodiversité et interdisant toute construction sur le reste du site. Ainsi, la maîtrise foncière (en dehors de la surface des parcs solaires) s’étend sur 350 ha. Cette protection sans limite de durée permet à cette zone de bénéficier d’un suivi dont elle ne jouissait pas auparavant. En outre, les parties utilisées par les centrales photovoltaïques sont valorisées par l’accueil de pâturage de moutons.

Figure 29 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de Vallongue à Gréoux-les-Bains (source : earth.google.com)

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Figure 31 : Vue depuis les entités au centre de la centrale photovoltaïque à Coteau de Rousset (auteur : Adeline Mouly)

Figure 30 : Vue depuis la route départementale au nord de Vallongue (auteur : Adeline Mouly)

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c/ La Verdière : un projet en frange périurbaine (Var) Le projet de La Verdière constitue un projet relativement « classique ». Sa situation, sa taille, et les enjeux qu’il soulève sont semblables à de nombreuses centrales photovoltaïques en PACA.

Le projet, perché au centre des plateaux boisés, est situé proche du village de La Verdière. La centrale est sur le plateau de l'Auvière, un site en pente douce au nord-ouest du village. Il s’étend sur 12 hectares pour une production de 6.3MWc équivalent de la consommation de 6 600 habitants. Inauguré en 2013, le site avait été retenu car il répondait aux caractéristiques requises pour accueillir une centrale photovoltaïque. En effet, situé à moins de 10km du poste source de Boutre et proche d’une ligne haute tension, ce plateau calcaire relativement plat qui surplombe une vallée agricole paraissait propice à l’accueil d’un projet solaire. Les enjeux soulevés par le projet étaient principalement sylvicole et touristique. La démarche adoptée répond à ces problématiques et rassemble les trois approches étudiées, à savoir, dynamique, visuelle et sociale. Tout d’abord, l’approche sociale constitue probablement le volet le moins poussé dans ce projet. L’ensemble des acteurs concernés par l’instruction et le montage du projet étaient favorables : La commune, propriétaire du terrain (investie dès le départ), l'Office National des Forêts, le Parc Naturel Régional du Verdon, la Direction départementale des Territoires et de la Mer... De ce fait, une simple réunion publique d'information et des réunions de concertation avec la mairie ont été organisé. On aurait pu imaginer une réelle concertation des habitants dans le cas de ce projet, proche du village.

L’approche dynamique a permis à cet espace boisé soumis au régime forestier, de renouer avec un passé éloigné en installant une activité pastorale. En effet, cet espace qui s’est vu refermé au fil du temps accueille aujourd’hui des moutons et des ruches. Le troupeau d'ovins se charge d'entretenir la centrale. En outre, cet espace ouvert et défriché constitue pour la gestion des franges péri-urbaines "une coupure" diminuant le risque de propagation du feu sur le plateau au contact des premières habitations.

Enfin, l’approche visuelle a permis d’établir les éléments indispensables à une bonne insertion au site. Il existait un risque de covisibilité depuis l’église Saint-Julien et le château de La Verdière, classé monument historique. Le choix s’est donc logiquement porté sur le respect des lignes de force du paysage, à savoir les crêtes des massifs. La centrale adopte donc une position sur le plateau en recul par rapport à la limite de crête du talus au sud. La zone maîtrisée de 45 ha est ainsi exploitée sur un quart de sa superficie. Le reste est inexploité dans le but de ne pas dénaturer le site ou aménager pour la biodiversité. Par exemple, le site est scindé en deux par un "corridor écologique" composé de pins noirs et de vieux chênes verts, permettant le maintien des milieux riches et la facilité de circulation pour la faune. De plus, le projet exploite les pistes déjà existantes. Il est donc visible depuis les chemins d'exploitation qui sont également empruntés pour des balades le week-end par des personnes locales. Des panneaux pédagogiques sur le centrale photovoltaïque mais également sur l’histoire de site et l’environnement présent ont été installé. Plusieurs randonneurs utilisent aujourd’hui le site alors que ce n’était pas forcément le cas

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auparavant. Ces derniers profitent ainsi de la facilité des accès. La centrale de La Verdière montre que en manipulant différent critères pour intégrer des projets solaires, on peut arriver à une bonne intégration. Au-delà de la négative, il ne fait pas de bruit, il ne détruit pas de milieux naturels riches, il n’émet pas de carbone… Le photovoltaïque peut être catalyseur de nouvelles dynamiques d’aménagement.

Comme pour ce projet, on peut lui greffer d’autres ambitions telles que biodiversité valorisée, la réouverture des milieux pour la mise en place d’activités apicoles ou pastorales, ou encore le support de randonnée pédagogique.

Figure 32 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de La Verdière (source : geoportail.com)

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Figure 34 : Vue depuis le corridor écologique entre les deux entités solaires (auteur : Adeline Mouly)

Figure 33 : Vue depuis le château de La Verdière, on aperçoit la centrale, en continuité avec la ligne de crête (auteur : Adeline Mouly)

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Conclusion : Dans l’urgence de changer de modèle pour un mix énergétique plus équilibré, nous avons vu que les systèmes électriques verticaux et centralisés laissent place aux systèmes horizontaux et décentralisés. Alors qu’on se préoccupait de produire de l’énergie ici, de la consommer là, on commence à penser les deux ensemble. Les points de production énergétique s’accompagnent désormais d’une grande diversité de sites de plus petites tailles, s’adressant à la demande répartie sur le territoire. Cette réflexion à l’échelle territoriale pose la notion de paysage énergétique. Ainsi, il ne s’agit en aucun cas de nier les impacts des nouveaux équipements énergétiques, mais de rappeler qu’à travers les questions d’énergie et de climat, c’est l’avenir de tous nos paysages ruraux et urbains qui est en jeu, mais aussi le futur de nos modes de vie et des écosystèmes. Les questions que pose le projet (emprise sur les ressources naturelles, faisabilité économique et juridique, impact sur le paysage…) sont traitées dans une vision globale. Partant d’une lecture de paysage, le travail peut déboucher alors sur des projets ambitieux traitant à la fois d’énergie, de développement local et de paysage. Jusqu’ici, la coupure entre prise en compte du paysage et approches systémiques de la transition énergétique s’expliquait par un obstacle majeur qui est le cloisonnement général des approches, des métiers, des disciplines, et des institutions. C’est ce cloisonnement entre paysage et urbanisme qui ignorait et sous-estime encore le paysage dans les politiques d’aménagement et de planification du territoire. C’est également ce manque de vision globale qui a conduit à voir le plus souvent le paysage comme un obstacle à la transition énergétique, alors qu’il pourrait être un instrument permettant de rendre visible les choix à faire en matière d’énergie ou d’adaptation au changement climatique. En effet, il apparaît plus concrètement dans le cas des centrales photovoltaïques au sol que celles-ci sont souvent le résultat de négations (ne pas impacter la biodiversité ou l’exploitation du sol). De plus, le volet paysager ne constitue pas un paramètre majeur pour l’évaluation des permis alors qu’à l’inverse, il constitue un élément fondamental de réflexion pour les acteurs du territoire et soulève ainsi l’idée du paysage comme un bien commun. De fait, la place faite au paysage n’est pas encore suffisamment significative mais elle devient grandissante. Chaque projet tend à être abordé selon trois axes interdépendants : dynamique, visuel et social. Comme les études de cas l’ont démontré, les projets de centrales photovoltaïques au sol peuvent, dans une démarche positive considérant le paysage comme moteur, faire partie de projets d’aménagement plus généraux tout en ménageant des solutions environnementales ou agricoles.

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« Rien n’est séparé ni sectorisé, tout interfère et se répond. Le paysage, en tant qu’espace de vie et révélateur des actions passées, peut mettre d’accord et créer un sursaut lorsqu’il se dégrade ou est dévalorisé. Il permet également de réunir et de sortir de la logique d’opposition improductive, il donne des pistes pour construire un développement différent, centré sur la fierté, les valeurs des lieux et les savoirs des habitants. […] Chaque territoire selon ses ressources, développe ses propres outils et structures, au service d’un projet de territoire plus durable et harmonieux. » (comme l’évoque Mathilde Kempf et Armelle Lagadec, architectes urbanistes 53). Mieux dotés en sources d’énergies renouvelables, les territoires ruraux de PACA, porteront davantage la transition énergétique. La solidarité avec les aires urbaines, moins pourvues en surfaces disponibles, mais mieux dotées en ressources humaines et financières, amène à repenser l’aménagement régional. Par conséquent, les énergies renouvelables portent l’évolution du territoire. Elles s’ouvrent à de nouveaux champs de pensée tels que le paysage. Ce dernier est enclin à devenir un des leviers majeurs pour le développement des énergies renouvelables à condition que tous les acteurs de l’aménagement prennent conscience de l’enjeu à participer à la transition énergétique… « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » (Saint-Exupéry).

Figure 35 : Schéma de synthèse des trois approches constitutives de la conception "positive" des projets solaires (source : etd-energies.fr)

53 Article « Dans le Jura suisse et au Luxembourg », revue Urbanisme HS n°64, p. 45

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Tableau des figures

Figure 1 : Parc photovoltaïque à Tavernes (Auteur : Adeline Mouly).............................................................1 Figure 2 : Répartition de la consommation mondiale d'énergie primaire en 2015 (source : Connaissance des Énergies, https://www.connaissancedesenergies.org/les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-170926) ...................................................................................................................................9 Figure 3 : Anomalies observées des températures moyennes annuelles (1850-2012) (source : Guide pratique, Le changement climatique en 10 questions, mai 2018, ADEME) .................................... 11 Figure 4 : Illustration du caricaturiste Red ! (https://www.agirpourlenvironnement.org/campagne/arguments/1-ce-n-est-qu-un-debut-continuons-le-debat)......................................................................................................................................................... 13 Figure 5 : Cadre d'action en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 - Grands objectifs fixés (source : https://www.cre.fr/La-CRE-dans-le-monde/En-Europe/Cadre-legislatif-europeen) ................................................................................................................................................................................................... 15 Figure 6 : Tableau récapitulatif des principaux textes de référence et objectifs (source : Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés, ADEME, 2018) .............................................................................................. 17 Figure 7 : Schéma explicatif des relations entre les principaux documents de référence des énergies renouvelables (source : http://outil-cactus.parc-golfe-morbihan.bzh/niveaux-national-et-regional/)......................................................................................................................................................................... 19 Figure 8 : Projet Methelec en Auvergne qui mutualise la production d'énergie photovoltaïque et de biogaz (source : www.langa.fr) ............................................................................................................................. 21 Figure 9 : Coûts complets de production en France pour la production d'électricité renouvelable (source : Dossier de l'ADEME, "Coûts des énergies renouvelables", décembre 2016) ............................. 23 Figure 10 : Consommation d'énergie primaire par type d'énergie en métropole en 2016 (source : DATLAB, Chiffres clés des énergies renouvelables – Édition 2018, Commissariat général au développement durable, Ministère de la transition écologique et solidaire.)............................................. 25 Figure 11 : Centrale photovoltaïque à Les Mées dans les Alpes de Haute Provence (nrgrenouv.hypotheses.org) ........................................................................................................................................... 27 Figure 12 : Projection du barrage de Serre Ponçon avant sa mise en service en 1960 (http://polien.e-monsite.com/pages/etude-de-cas.html).................................................................................. 29 Figure 13 : Schéma récapitulatif des rapports de compatibilité entre les documents encadrant la mise en place des énergies renouvelables (https://reseauactionclimat.org) ........................................ 31 Figure 14 : Détail du système photovoltaïque (https://particuliers.engie.fr/electricite/conseils-electricite/photovoltaique/schema-panneau-photovoltaique.html) ............................................................ 33 Figure 15 : Agrivoltaïsme dans le domaine de Nidolères, domaine viticole dans les Pyrénées Orientales (https://www.lechodusolaire.fr/les-premieres-installations-pv-de-sunagri-seront-inaugurees-debut-juillet-2018/) .................................................................................................................................. 35 Figure 16: Schéma d’installation d’une centrale photovoltaïque. (« Installations photovoltaïques au sol, guide de l’étude d’impact », Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Direction générale de l'Énergie et du Climat, avril 2011)......................... 37 Figure 17: Extrait de la carte en ligne localisant les capacités d'accueil de RTE pour le raccordement aux réseaux de transport et de distribution des installations de production

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d'électricité (les lignes rouges et vertes sont les lignes très hautes tensions, et les lignes violettes sont les lignes hautes tensions) (source : https://www.capareseau.fr/#) ............................................... 39 Figure 18 : Aires d’étude à considérer en fonction des thèmes de l’environnement dans l’étude d’impact (« Installations photovoltaïques au sol, guide de l’étude d’impact », Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Direction générale de l'Énergie et du Climat, avril 2011) ............................................................................................................................................................. 41 Figure 19 : La centrale photovoltaïque de La Verdière (12 ha) dans le Var en comparaison au stade de France (6 ha) (source : https://www.geoportail.gouv.fr/)............................................................. 43 Figure 20 : Carte des zones rédhibitoires en PACA : toutes les zones colorées ne peuvent pas recevoir de centrale photovoltaïque au sol, elles correspondent aux zones rédhibitoires cités plus hauts (source : www.geoportail.gouv.fr) ....................................................................................................... 45 Figure 21 : Un troupeau de moutons au sein de la centrale photovoltaïque à Esparron-sur-Verdon (auteur : Adeline Mouly) ................................................................................................................................. 47 Figure 22 : Schéma récapitulatif de la hiérarchie entre les thèmes traités lors de l’instruction des permis de projets solaires (image de fond : centrale photovoltaïque de Brignoles ; auteur : Adeline Mouly) ..................................................................................................................................................................................... 49 Figure 23 : Schéma explicatif de l’approche dynamique des paysages (source : etd-energies.fr) .. 51 Figure 24 : Photomontage d'une centrale photovoltaïque en milieu forestier (auteur : Adeline Mouly) ..................................................................................................................................................................................... 53 Figure 25 : Visite d'un site éolien pour des élèves (http://pnrl-education.com/index.php/le-reseau/lorraine-energies-renouvelables/) .............................................................................................................. 55 Figure 26 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de Charleval (source : geoportail.com).. 57 Figure 27: Vue depuis le promontoire au sud de la centrale photovoltaïque (auteur : Adeline Mouly) ..................................................................................................................................................................................... 58 Figure 28 : Limite nord plantée de la centrale photovoltaïque avec Charleval en fond (auteur : Adeline Mouly)..................................................................................................................................................................... 58 Figure 29 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de Vallongue à Gréoux-les-Bains (source : earth.google.com) .............................................................................................................................................................. 60 Figure 30 : Vue depuis la route départementale au nord de Vallongue (auteur : Adeline Mouly) . 61 Figure 31 : Vue depuis les entités au centre de la centrale photovoltaïque à Coteau de Rousset (auteur : Adeline Mouly).................................................................................................................................................. 61 Figure 32 : Vue aérienne sur la centrale photovoltaïque de La Verdière (source : geoportail.com) ................................................................................................................................................................................................... 63 Figure 33 : Vue depuis le château de La Verdière, on aperçoit la centrale, en continuité avec la ligne de crête (auteur : Adeline Mouly)..................................................................................................................... 64 Figure 34 : Vue depuis le corridor écologique entre les deux entités solaires (auteur : Adeline Mouly) ..................................................................................................................................................................................... 64 Figure 35 : Schéma de synthèse des trois approches constitutives de la conception "positive" des projets solaires (source : etd-energies.fr) ................................................................................................................ 66 Figure 36 : Evolution des tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque (source : https://photovoltaique.info/fr/).................................................................................................................................. 73

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Bibliographie Site internet

Agence de l 'environnement et de la maîtrise de l 'énergie : https://www.ademe.fr/

Commission européenne : https://ec.europa.eu/

Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement : http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/

Données et études statistiques (Ministère de la transition écologique et solidaire et Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales) : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/

Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques : https://www.insee.fr/

Ministère de la transition écologique : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/

Nations-Unies : https://www.un.org/

Réseau de transport d’électricité : https://www.rte-france.com/

Connaissance des énergies (site indépendant d’informations générales sur l ’énergie) : https://www.connaissancedesenergies.org

Notre-planete.info (site indépendant sur l ’ environnement, écologie, nature et sciences de la Terre) : http://www.notre-planete.info

Observatoire des inégalités (organisme privé français indépendant) : https://www.inegalites.fr

Planetoscope (site indépendant de statistiques écologiques) : https://www.planetoscope.com

Planète énergie (site de données sur l ’énergie géré par total foundation) : https://www.planete-energies.com/

Association Négawatt : https://negawatt.org/

GEO (site du magazine mensuel de voyage et de connaissance du monde): http://www.geo.fr/

Toute l’Europe (site d’information pédagogique sur l ’actualité européenne) : https://www.touteleurope.eu/

Elabe (site indépendants d’études et sondages) : https://elabe.fr/

Actu environnement (site indépendant sur le thématique air, aménagement, eau, écologie, déchets, énergies renouvelables…) : https://www.actu-environnement.com

Ouvrage

Jean-Yves Grandidier et Gil les Luneau, 2017, Le vent nous portera, Le pari gagnant de la transition énergétique, 2017, Collection Manifestô Alternatives

J.M. Chevalier et Olivier Pastré, 2015, L’énergie en état de choc, Edition Eyrolles

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Revue

Sylviane Tabarly, 2007, « Le paysage et la loi en France et en Europe : législations et réglementations, une sélection », (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/)

Multiples auteurs sous la direction d'Antoine Loubière, juin 2018, « H.S. 64, Les nouveaux paysages de la transition énergétique », Urbanisme

Dossier

« Bilan électrique et perspectives, PACA », 2015, RTE

« Cadre régional pour le développement des projets photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur », 2019, DREAL PACA

« Chiffres clés de l’énergie », 2018, Commissariat général au développement durable, ministère de la transition écologique

« Climat, Air et Energie, chiffres clés », 2018, ADEME

« Convention européenne du paysage », 2000, ouverte à la signature à Florence

« Coûts des énergies renouvelables en France », 2018, ADEME et Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer

« Dossier Climat Air et Energie, Chiffres-clés », 2018, ADEME

« Guide solaire et habitat, l ’intégration des équipements dans les Hautes-Alpes », 2011, Parc national des Ecrins, Parc naturel du Queyras, le Conseil Général des Hautes-Alpes, CAPEB

« Installations photovoltaïques au sol, Guide de l’étude d’impact », 2011, Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement

« Le photovoltaïque », 2017, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l ’environnement, la mobilité et l ’aménagement Méditerranée

« Les paysages régionaux », 2013, DREAL PACA

« Paysages de l’énergie, paysages en transition », 2014, Région Rhône-Alpes et Fédération des Parcs naturels régionaux de France

« Prise en compte du paysage dans les documents d’urbanisme, gui pour une meilleure prise en compte des paysages dans le cahier des charges des SCOT, PLU et cartes communales », 2016, Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie d’Ile-de-France

Filmographie

« Les éoliennes dans mon paysage», 2007, fi lm de médiation sur les paysages éoliens, coproduit avec l’ADMA et Volubil is

Visites

Centrale de La Verdière (le 03/03), de Tavernes (le 16/04), de Brignoles (le 16/05), de Charleval (le 16/05), de Esparron-sur-Verdon (le 22/05), de Gréoux-les-Bains (le 22/05)

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Annexe

Mieux comprendre l’évolution du photovoltaïque : des conditions de financement de moins en moins avantageuses (auteur : Adeline Mouly)

Pour comprendre l’attrait des « gros opérateurs », tels que ENGIE, EDF ou Total pour les centrales photovoltaïques au sol, il faut comprendre le contexte tarifaire concernant le solaire à forte puissance (> 250 kW). Aux débuts de la filière photovoltaïque, l’objectif principal était de produire localement et de consommer sur place. Mais dès les années 90, les gros producteurs comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie commencent à voir leur intérêt à raccorder leurs installations au réseau de distribution électrique. Pourtant en avance dans les années 80, l’industrie photovoltaïque française, par frilosité et manque d’anticipation, manque le virage de la connexion au réseau et accumule le retard par rapport à ses voisins européens.

Ce n’est qu’au début des années 2000 que le gouvernement franchit le pas avec l’instauration de l’obligation d’achat et des tarifs réglementés. Cependant, malgré les aides de l’ADEME et des collectivités locales, ces tarifs ne permettent pas aux acteurs de la filière d’atteindre un équilibre financier. En 2006, la situation change radicalement, avec la révision des tarifs : le tarif de base est doublé. Le résultat est fulgurant : la puissance raccordée double dès 2007.

Mais la spéculation grandissante autour des installations solaires inquiète le gouvernement. En 2010, les tarifs de rachat sont baissés et un moratoire de 3 mois est mis en place sur les projets professionnels d’une puissance supérieure à 3kWh afin de redéfinir le cadre de progression de la filière.

Depuis 2011, l’État lance des appels d’offres gouvernementaux organisés par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) deux fois par an. Le gouvernement a mis en place un système de prime versée au producteur d’énergie renouvelable pour compenser le prix de l’électricité sur le marché qui reste très fluctuant et qui ne permet pas à lui seul la viabilité de l’installation. La sélection d’un projet à l’Appel d’Offres de la Commission de régulation de l’énergie (AO CRE) donne à l’opérateur un droit à vendre son électricité à EDF au tarif d’obligation d’achat indiqué dans son dossier de candidature, et ce, pour une durée de 20 ans. La prime complète les revenus obtenus par la vente sur le marché de l’électricité produite. Elle permet donc la viabilité économique des projets même si les prix de rachat n’ont cessé de baisser depuis cette date. Au cours de ces appels d’offre, un nombre limité de mégawatt est mis en jeu. Les maîtres d’ouvrage doivent soumettre des projets répondant à un cahier des charges précis. Les projets sont ensuite sélectionnés en fonction de leur pertinence. Le prix représente 90% de la notation et la pertinence environnementale 10% (bilan carbone des panneaux, terrain d’implantation choisi etc.). Depuis 2016, l’obligation d’achat est remplacée par le complément de rémunération. Il devient alors impératif pour tous les opérateurs de projets d’être en mesure de revendre à prix compétitif l’électricité produite afin d’assurer la rentabilité de ces derniers.

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Le complément de rémunération consiste en une prime versée mensuellement au producteur d’électricité titulaire d’un contrat de complément de rémunération avec EDF, les entreprises locales de distribution d’électricité (ELD) ou des organismes agréés. Cette prime est proportionnelle à l’énergie produite et égale à la différence entre un tarif de référence et un prix de marché de référence. Elle complète le revenu de la vente directe d’électricité produite sur le marché. Néanmoins, compte tenu de la compétitivité de l’électricité solaire, le système d’appels d’offres contrôlé par l’État progresse peu à peu vers la « parité réseau » c’est-à-dire un système de vente directe sur le marché de l’électricité. Les industriels commencent à lancer leurs propres appels d’offres. En effet, la revente de l’électricité directement sur le

marché sera facilitée par l’importance de la quantité d’électricité produite et par la variété du mix énergétique. Par conséquent, il est important de saisir que la succession de ces systèmes de financement, très lucratifs au départ, a causé un développement très rapide dans les années 2000 des centrales photovoltaïques. Néanmoins, le déploiement de ces projets solaires s’est souvent fait au détriment des paysages. La prise de conscience de l’Etat sur la situation économique de la filière photovoltaïque a également permis une prise de conscience sur l’impact de ces projets solaires et la mise en place d’un cadre réglementaire pour les installations photovoltaïques au sol (permis de construire, étude d’impact, enquête publique).

Figure 36 : Evolution des tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque (source : https://photovoltaique.info/fr/)

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Mots clés :

transition énergétique, photovoltaïque, paysage

Résumé :

La transition énergétique est un concept relativement récent, élaboré en réponse au modèle énergétique actuel instable et nuisible. Ce changement se traduit par le développement des énergies renouvelables. Produites à partir de ressources naturelles, elles présentent de nombreuses qualités mais ne doivent pas être considérées sans risques. En effet, la notion de paysage énergétique est présente dès le moyen-âge avec les moulins à vent mais la réflexion sur le lien entre paysage et énergie est encore confuse. L’énergie photovoltaïque, démocratisée depuis les années 2010, amène à réfléchir cette relation. Les impacts des centrales photovoltaïques au sol ne sont pas moindres : consommation d’espace, objet industriel standardisé, leur morphologie complexifie considérablement leur intégration paysagère. Elle est souvent le résultat de contraintes environnementales ou règlementaires, sans parti-pris paysager. Ce présent mémoire a ainsi pour but d’emmener à réfléchir une place plus assumée du paysage dans la transition énergétique pour permettre une insertion « positive » des projets solaires dans le paysage.

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