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Miser sur l’excellence pour améliorer la vie des gens 2019, numéro 1 En vedee : Le Naonal Register of Health Service Psychologists Karen Todd, Ph.D., R. Psych. Rédactrice en chef Invitée En tant que nouvelle rédactrice en chef invitée, je ens d'abord à exprimer ma gratude au D r Myles Genest, un membre de longue date du conseil d'administraon et le rédacteur en chef précédent du Rapport. Le D r Genest s'est dévoué durant des années à la paruon de cee publicaon et, ce faisant, a réussi à offrir aux psychologues inscrits du RCPOSS un contenu varié et pernent, à l'image de son engagement envers les membres de l'organisaon. J'aimerais également remercier le D r David Pilon, qui a été le rédacteur en chef invité de la dernière édion du Rapport. Dans la foulée du dernier numéro du Rapport, le présent numéro connue de mere l'accent sur les services psychologiques de santé, notamment en meant en vedee le Naonal Register of Health Service Psychologists des États-Unis (ci‑après appelé le « Naonal Register »). Le D r Morgan Sammons, ABPP, le directeur général du Naonal Register, publie des billets en ligne une dizaine de fois par année, et nous avons la chance d'avoir été autorisés à présenter certaines de ses chroniques dans le présent numéro du Rapport. Dans ces textes, le D r Sammons présente un point de vue unique et souvent convaincant sur des quesons d'actualité et des thèmes pernents pour la discipline qu'est la psychologie. À tre d'organisme d'accréditaon des services de santé en psychologie au Canada, le RCPOSS collabore depuis longtemps avec le Naonal Register. En partageant avec vous les chroniques du D r Sammons, nous espérons diffuser des connaissances et une experse ules et mieux faire connaître les services de santé en psychologie offerts par nos membres à l'échelle naonale et internaonale. Nous souhaitons aussi souligner le vaste éventail de possibilités de formaon professionnelle connue dont peuvent profiter les membres du RCPOSS par l'entremise du Naonal Register, et ce, sans frais ou à un coût minime. La marche à suivre pour accéder à ces cours est fournie à la fin du présent numéro ainsi que dans le site Web du RCPOSS. Pour en savoir plus sur le Naonal Register, notamment ses valeurs, sa mission, ses critères d'accréditaon, ses publicaons et ses ressources, il suffit de visiter le site Web de l'organisme à www.naonalregister.org. Les chroniques du directeur général, dont celles qui figurent dans le présent numéro du Rapport, sont archivées à l'adresse suivante : hps://www.naonalregister.org/category/ naonal-register-connect/execuve- officers-desk/ Le présent numéro renferme deux textes du directeur général du Naonal Register, que vous trouverez ici dans leur enèreté et sans modificaons, avec la permission du D r Simmons, que nous remercions chaleureusement ainsi que le Naonal Register of Health Service Psychologists des États-Unis. Nota : Les chroniques archivées ont été choisies parce qu'elles explorent des sujets d'intérêt, mais les opinions qui y sont exprimées sont celles du D r Sammons et pas nécessairement celles du Conseil du RCPOSS. Veuillez connuer d’envoyer vos arcles, en français ou en anglais à : [email protected] en vue d’une paruon ultérieure dans le Rapport.

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Page 1: Miser sur l’excellence pour améliorer la vie des gens...Miser sur l’excellence pour améliorer la vie des gens 2019, numéro 1 En vedette : Le National Register of Health Service

Miser sur l’excellence pour améliorer la vie des gens 2019, numéro 1

En vedette :

Le National Register of Health Service Psychologists

Karen Todd, Ph.D., R. Psych.

Rédactrice en chef Invitée

En tant que nouvelle rédactrice en chef invitée, je tiens d'abord à exprimer ma gratitude au Dr Myles Genest, un membre de longue date du conseil d'administration et le rédacteur en chef précédent du Rapport. Le Dr Genest s'est dévoué durant des années à la parution de cette publication et, ce faisant, a réussi à offrir aux psychologues inscrits du RCPOSS un contenu varié et pertinent, à l'image de son engagement envers les membres de l'organisation.

J'aimerais également remercier le Dr David Pilon, qui a été le rédacteur en chef invité de la dernière édition du Rapport.

Dans la foulée du dernier numéro du Rapport, le présent numéro continue de mettre l'accent sur les services psychologiques de santé, notamment en mettant en vedette le National Register of Health Service Psychologists des États-Unis (ci‑après appelé le « National Register »). Le Dr Morgan Sammons, ABPP, le directeur général du National Register, publie des billets en ligne une dizaine de fois par année, et nous avons la chance d'avoir été autorisés à présenter certaines de ses chroniques dans le présent numéro du Rapport. Dans ces textes, le Dr Sammons présente un point de vue unique et souvent convaincant sur des questions d'actualité et des thèmes pertinents pour la discipline qu'est la psychologie.

À titre d'organisme d'accréditation des services de santé en psychologie au Canada, le RCPOSS collabore depuis longtemps avec le National Register. En partageant avec vous les chroniques du Dr Sammons, nous espérons diffuser des connaissances et une expertise utiles et

mieux faire connaître les services de santé en psychologie offerts par nos membres à l'échelle nationale et internationale. Nous souhaitons aussi souligner le vaste éventail de possibilités de formation professionnelle continue dont peuvent profiter les membres du RCPOSS par l'entremise du National Register, et ce, sans frais ou à un coût minime. La marche à suivre pour accéder à ces cours est fournie à la fin du présent numéro ainsi que dans le site Web du RCPOSS.

Pour en savoir plus sur le National Register, notamment ses valeurs, sa mission, ses critères d'accréditation, ses publications et ses ressources, il suffit de visiter le site Web de l'organisme à www.nationalregister.org. Les chroniques du directeur général, dont celles qui figurent dans le présent numéro du Rapport, sont archivées à l'adresse suivante :

https://www.nationalregister.org/category/national-register-connect/executive-officers-desk/

Le présent numéro renferme deux textes du directeur général du National Register, que vous trouverez ici dans leur entièreté et sans modifications, avec la permission du Dr Simmons, que nous remercions chaleureusement ainsi que le National Register of Health Service Psychologists des États-Unis. Nota : Les chroniques archivées ont été choisies parce qu'elles explorent des sujets d'intérêt, mais les opinions qui y sont exprimées sont celles du Dr Sammons et pas nécessairement celles du Conseil du RCPOSS. Veuillez continuer d’envoyer vos articles, en français ou en anglais à : [email protected] en vue d’une parution ultérieure dans le Rapport.

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Le New York Times publiait récem-ment un article au titre provocateur : « If you could add one book to the high school curri-culum, what would

it be? » (« Si vous pouviez ajouter un livre au programme d'études secondaires, quel serait-il? »). Les journalistes, Concepcion de Leon, Lovia Gyarkye et Tas Tobe, ont de-mandé à quelques auteurs connus (dont, je suis au regret de le dire, je ne connaissais pas bien les œuvres) de re-commander un titre. J'ai été tout aussi gêné de constater que je n'avais lu que deux des livres suggérés, même si l'un d'eux avait été écrit par un psychologue : La Soumis-sion à l'autorité de Stanley Milgram. Je vais devoir lire beaucoup cet été pour me rattraper, et nous sommes déjà en septembre.

Même si je ne connaissais pas du tout la plupart des livres recommandés, il était intéressant de lire ce qui amenait ces auteurs réputés à recommander tel et tel livre. À peu près tout ce qu'on souhaite voir comme sujets abordés se retrouvait sur leur liste—le désir d'enseigner des pré-ceptes durables (la Bible, l'épopée de Gilgamesh) ou de présenter un cadre pour comprendre les problèmes so-ciaux (le livre de Milgram, The Omni-Americans d'Albert Murray, The Sun is also a Star de Nicola Yoon, Les grands économistes de Robert L. Heilbroner). Tous les auteurs mis de l'avant ont voulu offrir des outils pour conceptualiser et peut-être même résoudre de grands problèmes sociaux. Après tout, qui n'a pas envie de se voir comme un péda-gogue, capable de ne donner que les meilleures leçons aux jeunes, de transmettre à une autre génération ce que la vie leur a apporté de sagesse, dans l'espoir qu'ils n'au-ront pas à subir les épreuves et la douleur de nos erreurs, en les invitant à faire mieux que nous ne l'avons fait? Il va sans dire que les journalistes du New York Times n'ont pas pensé à m'inviter parmi les auteurs qu'ils ont consultés pour me demander quel est le classique que je recomman-derais. Cette omission me donne au moins, pour ce que ça vaut, l'occasion de donner mon avis.

Le livre que j'aimerais sans conteste que les adolescents lisent au secon-daire est L'âge des merveilles de Ri-chard Holmes, une brillante histoire de

la « deuxième » révolution scientifique du début du XIXe siècle, l'ère dite de la science romantique. Comme Holmes le souligne dans l'introduction à son remarquable ouvrage, la révolution scientifique du XVIIe siècle s'est démocratisée à cette époque, les rigoureuses techniques d'analyse, de mesure et d'expérimentation se conjuguant à une vision métaphysique de l'infini, les scientifiques s'exprimant par la poésie et les poètes faisant rimer des préceptes scienti-fiques. Contrairement à la société moderne, où les murs entre sciences « dures », sciences sociales, littérature et arts deviennent de plus en plus rigides, Coleridge, Keats, Byron et Blake manifestent la même curiosité intellec-tuelle envers la science et transposent souvent cette cu-riosité en vers, à l'instar des scientifiques de l'époque, mais ces derniers étaient sans doute plus habiles à formu-ler de belles équations qu'un pentamètre iambique.

D'un point de vue historique, au fondement de l'insis-tance d'Humphrey Davies, de Joseph Priestley et d'autres à cette époque sur le critère expérimental clé de la repro-ductibilité, on doit sans doute remonter aux expériences sur l'oxyde nitreux et d'autres gaz et la révolution chi-mique du XIXe siècle, un critère qui demeure un pilier cen-tral d'une bonne partie de la psychopharmacologie mo-derne. Bien que Holmes ne fasse pas ce lien particulier, on peut dire sans crainte d'exagérer que plusieurs des fonde-ments de la psychologie clinique moderne s'enracinent dans la révolution scientifique romantique. Les scienti-fiques romantiques ont par exemple étudié de façon sys-tématique les propriétés psychomotrices de l'oxyde ni-treux. Bien que le rôle de ce gaz dans l'anesthésie ait été observé, il n'a pas été adopté, pour diverses raisons, avant plusieurs décennies dans un contexte chirurgical. La no-tion de répétition expérimentale, même quand cela posait de grands risques pour l'expérimentateur (Davies a inhalé plusieurs des gaz qu'il fabriquait, dont du monoxyde de carbone), l'observation attentive des réactions internes et des résultats reproductibles s'est cristallisée et fait partie intégrante de la méthode scientifique moderne.

Vers cette époque, nous avons aussi commencé à systématiquement explo-rer la psyché, plutôt que par l'entre-mise des descriptions narratives qui avaient prédominé jusqu'alors. Les concepts modernes de psychose, de dépression et de manie étaient soi-gneusement et rationnellement fondés sur l'observation attentive et le recen-sement de cas similaires. Un jour de

La mesure de l'émerveillement : la pertinence de la science romantique pour la psychothérapie contemporain

par Morgan T. Sammons, Ph.D., ABPP Directeur général du National Register of Health Services Psychologists

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pluie, il y a de ça plusieurs décennies, alors que j'étais dans une bibliothèque de médecine, je suis tombé sur ce que je pense être la première description livresque de la dépression post-partum en Amérique du Nord, qui avait été rédigée au plus fort de la période de la science ro-mantique, en 1828. Abstraction faite de la joie d'ouvrir un livre vieux de 150 ans et de la sensation physique de vivre une expérience de lecture formidable—la police de caractères, les archaïsmes langagiers, le poids et l'odeur de ce vieux livre qui en ont immédiatement gravé le con-tenu dans mon esprit—il était clair que l'auteur avait dé-duit, à partir d'une série de cas circonscrits, que la manie puerpérale, comme on disait alors, était un phénomène clinique identifiable qui comportait une double compo-sante physiologique et psychologique. Dans ce qui m'a semblé un rapprochement remarquable, je me suis sou-venu de l'article de Paul Meehl intitulé « Why I no longer attend case conferences », un classique publié à l'origine en 1973, qui était une lecture obligatoire courante dans le cadre du programme de stages dont j'étais l'un des professeurs. Le rejet par Meehl des conférences de cas est éloquent et repose sur des arguments solides, malgré le ton un peu grincheux du titre. Son analyse contrastait avec les descriptions fouillées et cliniquement fondées du texte du XIXe siècle que je venais de lire. Pour être hon-nête, Meehl ne rejette pas dans cet article la valeur de l'observation clinique, et il n'y va certainement pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pense des tests stan-dardisés mal administrés. Ce qu'il critique sévèrement, c'est la façon dont les données d'observation peuvent être interprétées et le raisonnement fallacieux souvent employé pour expliquer le comportement d'un patient ou le ranger dans une case diagnostique donnée.

Nous sommes une profession de cliniciens-chercheurs. Nous faisons des études en sciences, nos meilleures tech-niques thérapeutiques sont fondées sur la science, et nous transmettons des connaissances scientifiques à nos étudiants et plus important encore, quand nous faisons bien les choses, nous faisons profiter nos patients de cette science. Nous enseignons à nos patients à être cu-rieux envers eux-mêmes et à ne pas se laisser submerger par leurs lacunes ou leurs perceptions biaisées. Je soup-çonne toutefois la plupart d'entre nous d'être comme les scientifiques romantiques du XIXe siècle. Les processus structurés et logiques que nous utilisons stimulent notre curiosité et nous laissent émerveillés devant la variété infinie et souvent inattendue de l'expérience humaine. Bien que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) soit la pièce maîtresse thérapeutique de la recherche em-pirique la plus récente, j'imagine que peu importe notre orientation théorique, nous utilisons tous et toutes une combinaison de techniques humanistes qui puise dans ce

sentiment d'émerveillement (respect positif incondition-nel, empathie dirigée et reformulation) pour aider nos patients à trouver le courage d'entreprendre une analyse objective de leurs forces et de leurs faiblesses et de cer-ner les changements thérapeutiques à envisager.

Bien que certains théoriciens prétendent que les racines intellectuelles de la TCC résident dans l'opérationnalisa-tion des philosophies stoïciennes d'il y a deux millénaires, la base fonctionnelle de la TCC est une introspection structurée et impartiale. C'est-à-dire que nous ensei-gnons la méthode scientifique à nos patients : nous tra-vaillons avec nos patients pour élucider les schémas qui sous-tendent leur tristesse, leur sentiment de culpabilité et leur anxiété. Nous leur apprenons à vérifier les hypo-thèses et, quand nous faisons bien notre travail, nous leur enseignons une autre clé de la méthode scienti-fique—la reproductibilité. Nous leur apprenons à appli-quer la même technique à chaque problème qu'ils décou-vrent. Nous leur apprenons à être objectifs et à recon-naître les schémas persistants, ce qui leur permet de cor-riger des hypothèses inexactes au sujet d'eux-mêmes ou des autres. Selon mon expérience, la plupart des patients hésitent à s'exposer à un examen franc parce qu'ils crai-gnent d'aboutir à une impasse, de valider un autre manque ou un incorrigible défaut. On parle parfois du courage de guérir. À mes yeux, la « guérison », ou résolu-tion, est la partie du processus qui exige le moins de cou-rage. Ce qui demande le plus de courage, c'est la décision initiale de contempler objectivement ses lacunes, les er-reurs qu'on a commises comme ses erreurs par omission et de s'engager dans la voie qui mènera à une résolution de la situation. C'est une leçon que tous ceux et celles d'entre nous qui travaillons comme psychothérapeutes avons apprise. Les techniques de la TCC et d'autres théra-pies peuvent être développées scientifiquement, éva-luées de façon reproductible et transmises efficacement aux patients. On ne peut cependant pas enseigner le cou-rage, ni manipuler facilement l'exercice de la volonté. En fin de compte, je devine que c'est notre reconnaissance de ces ressources intérieures et les encouragements que nous dispensons à nos patients pour les amener à y pui-ser, plutôt qu'une quelconque technique thérapeutique, qui conduit au changement durable pour lequel nous es-pérons que nos patients se souviendront de nous.

Septembre 2018

Cet article peut être consulté à : https://www.nationalregister.org/eo-desk-sept-2018/ Copyright © 2018 National Register of Health Service Psy-chologists. Tous droits réservés.

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De l'éthique de la collecte de données cliniques : données informatives ou transformatrices?

par Morgan T. Sammons, Ph.D., ABPP Directeur général du National Register of Health Services Psychologists

Tous les psychologues qui facturent à des tiers, et particuliè-rement ceux qui travaillent avec des dossiers médicaux électroniques, fournissent, à leur insu ou non, un flux cons-tant de données sur les patients à une armée invisible d'analystes. Toutes les séances assorties d'un code sont ré-coltées et dirigées vers une usine à analyses, qui permet aux assureurs, actuaires et autres parties intéressées de mesu-rer le taux de participation aux services de santé, les coûts, les résultats et une multitude d'autres facteurs connexes. La plupart des psychologues qui travaillent en établissement, et même les travailleurs autonomes du secteur de la psy-chologie, sont de plus en plus liés au roc prométhéen par deux chaînes imposantes : les dos-siers médicaux électroniques et les données liées aux résultats. Envisa-gées séparément, ces chaînes peu-vent avoir l'air d'entraves agaçantes qui limitent l'exercice de la profes-sion et l'indépendance de ses prati-ciens. Il est néanmoins possible que l'union de ces chaînes soit transfor-matrice et qu'elle puisse même de-venir un avantage qui aidera les pa-tients et les fournisseurs de soins de santé.

Les assureurs et les organismes de réglementation se préoc-cupent de plus en plus de la capacité des cliniciens de pré-senter des résultats positifs. Les patients doivent aller mieux, et de préférence rapidement, pour que les fournis-seurs de soins soient remboursés. Malheureusement, mal-gré des années d'efforts, nous n'avons pas de mesures des résultats normalisées très solides. L'une des mesures des résultats les plus courantes, sur laquelle les planificateurs s'appuient de plus en plus, est le questionnaire sur la santé du patient -9, ou PHQ-9. Il existe des variantes de ce formu-laire (il existe un PHQ-2 qui, selon certains, produit des don-nées sur les résultats qui sont aussi instructives que celles de la version longue). Quelle que soit la version que vous choisissez, elle n'est pas très bonne. Vous ne serez peut-être pas étonné d'apprendre que le PHQ-9 est basé sur un outil d'évaluation antérieur appelé PRIME-MD, qui a été mis au point dans les années 1990 essentiellement pour aider les sociétés pharmaceutiques à vendre des antidépresseurs en soins primaires. Le droit d'auteur sur le PHQ-9 appartient toujours à Pfizer Inc.

Même si les droits d'auteur des instruments de mesure des résultats n'appartiennent pas tous à une société pharma-ceutique, la plupart de ces outils sont problématiques. D'abord, ils ne sont pas très descriptifs, et on a longtemps soutenu qu'un formulaire standardisé possède peu de vali-dité incrémentale par rapport au classique « Comment ça va? » Ensuite, certains des meilleurs instruments de mesure des résultats, comme l'OQ-45, prennent beaucoup de temps à remplir et ne sont donc pas très utilisées dans un

contexte clinique, bien qu'ils puissent être de bons outils de recherche. Enfin, peu d'entre eux, voire aucun, ont été con-çus expressément pour le domaine de la psychologie.

Le plus gros problème des questionnaires utlisés pour éva-luer les résultats est cependant le fait qu'ils ne rendent tout simplement pas vraiment compte des progrès des patients. Les points cumulés au moyen d'un instrument de mesure peut signaler un mouvement dans la direction souhaitée, mais cela ne décrit pas réellement la trajectoire d'un patient à travers un épisode de soins. Ce qui est statistiquement significatif n'est pas, bien souvent, cliniquement significatif.

Au fond, les cliniciens savent cela, ce qui les amène à résister à l'obliga-tion du payeur de présenter des données normalisées quant aux ré-sultats. Il existe une solution de re-change qui, lorsqu'elle sera pleine-ment utilisée, pourrait nous procu-rer un système apte à mieux prédire le bien-être des patients, mais aussi à alléger le fardeau des patients et des fournisseurs en termes de me-sure des résultats.

Supposons, aux fins de l'argumentation, que les données sont informatives, et qu'elles ne sont jamais transforma-trices. Les meilleures données répondent à une question ou à un ensemble de questions avec précision et brièveté. En utilisant la méthode scientifique, des points de données discrets s'accumulent pour nous fournir une nouvelle com-préhension d'un problème. Les épiphanies existent, mais elles sont rares. En général, le processus de découverte est lent, minutieux et, à dire vrai, plutôt fastidieux. Les points de données discrètes (information) s'accumulent graduelle-ment. Prises ensemble, ces données peuvent être utilisées pour transformer notre compréhension d'un problème par-ticulier, mais c'est la synthèse, et non les données indivi-duelles, qui crée une nouvelle compréhension, autrement dit, qui transforme.

Je vais toutefois maintenant affirmer qu'il existe une excep-tion à cette règle. Une donnée seule véhicule toujours de l'information sans être transformatrice, mais les données massives peuvent être transformatrices. Les « données massives » dans le domaine des soins de santé désignent les ensembles de données obtenus grâce aux interactions de plusieurs centaines de milliers de patients avec plusieurs milliers de cliniciens. L'un des plus grands ensembles de données existant en santé est recueilli par l'armée améri-caine, qui suit l'ensemble des soins de santé fournis à envi-ron neuf millions de bénéficiaires. Chaque rencontre avec un patient, chaque prescription, chaque procédure, chaque diagnostic, chaque test et chaque résultat est enregistrée dans ce système. Le VA, les OSIS (organisations de soins de santé intégrés) civiles et d'autres utilisent aussi des en-sembles de données parallèles. Les dossiers médicaux élec-

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troniques, comme EPIC, qui sont utilisés par de petits groupes et d'autres systèmes de soins de santé, amassent également des données sur des milliers de rencontres : des données que nous fournissons tous et toutes, consciem-ment ou non. Ces données, dans leur ensemble, peuvent servir à cerner les facteurs prédictifs de résultats positifs, qui ne sont habituellement pas inclus dans les mesures ac-tuelles des résultats cliniques.

Nous savons que les questionnaires normalisés ne saisis-sent pas adéquatement les progrès des patients. Nous sa-vons aussi que quelle que soit l'efficacité de nos interven-tions, le temps que nous passons avec les patients ne re-présente pour eux qu'une infime partie de leur vie. Le nombre le plus courant de visites psychothérapeutiques reste obstinément bloqué à une visite. La durée moyenne d'une psychothérapie reste environ huit séances, ce qui ne représente pas un bien grand pan de la vie d'un patient. Ce que nous pensons être notre capacité à transformer la vie des patients est très probablement très surestimée. Alors, comment pouvons-nous mesurer les résultats tangibles de nos interventions?

La solution réside dans l'utilisation de schémas de gestion des troubles qui reposent sur l'existence d'énormes en-sembles de données. De tels mécanismes nous permettent non seulement de suivre les progrès d'un patient pendant un épisode de soins, mais aussi de déceler la présence éventuelle d'autres facteurs, qui ne sont peut-être pas di-rectement liés à l'épisode de soins en question, mais qui ont eu une incidence positive ou négative. C'est là que les données massives deviennent transformatrices, car les fac-teurs curatifs qu'elles révèlent sont souvent contre-intuitifs ou inattendus. L'intégration de ces facteurs imprévus peut mener à des algorithmes qui orientent plus efficacement les soins.

Il s'ensuit que pour utiliser ces ensembles de données, nous devons repenser la façon dont nous mesurons les progrès, non pas comme des réponses à des questionnaires norma-lisés, mais en tant que facteurs prédictifs distincts d'un re-tour au mieux-être ou à une fonctionnalité optimale. De tels facteurs sont difficiles, voire impossibles à repérer sans s'appuyer sur de grands ensembles de données, car ils peu-vent être théoriquement et temporellement éloignés d'une intervention fondée sur des données probantes. L'utilisa-tion de vastes ensembles de données pour comparer la si-tuation de deux groupes de patients déprimés, l'un formé de personnes qui ont retrouvé une pleine fonctionnalité et l'autre de personnes qui sont restées vulnérables, pourrait, pour prendre un exemple tiré par les cheveux, révéler que

la prescription d'une multivitamine, au lieu d'un quel-conque antidépresseur ou traitement de psychothérapie, a fait la différence entre l'absence de progrès et le rétablisse-ment—un constat fortuit qui ressort de l'analyse d'im-menses ensembles de données.

Terrifiant? Possible. Ces dépôts de données peuvent être piratés et bien qu'il existe d'importantes mesures de pro-tection contre la divulgation des données personnelles des patients, les violations et utilisations abusives restent pos-sibles. Pour donner un exemple récent passablement horri-fiant de ce genre de problème, on peut penser à l'assureur Aetna qui a posté des milliers de lettres aux États-Unis qui dévoilaient l'état sérologique des patients à travers la fe-nêtre des enveloppes. D'autres grands réseaux hospitaliers ont récemment vu les données de leurs patients êtres prises en otage par des pirates informatiques, ce qui com-promet de façon permanente les données de ces systèmes (même en versant la rançon électronique demandée, rien ne peut garantir que les données individuelles des patients ne seront pas divulguées par la suite).

Les psychologues et les autres fournisseurs de soins de san-té ont l'obligation éthique de veiller à ce que les systèmes de prestation de soins de santé protègent la vie privée. En raison du caractère délicat de notre travail, nous sommes tenus de respecter des normes plus strictes pour garantir que les données des patients ne sont pas divulguées. Nous avons aussi l'obligation éthique de veiller à ce que les grandes organisations de soins de santé n'utilisent pas ces données à mauvais escient, par exemple en imposant des régimes de traitement qui ne tiennent pas compte des be-soins ou des souhaits des patients individuels. Plutôt que de porter leur attention sur ces préoccupations éthiques, cependant, de nombreux psychologues ont décidé que l'existence même de ces ensembles de données est con-traire à l'éthique. Il n'en demeure pas moins que ces en-sembles de données sont une réalité, et ce, depuis de nom-breuses années. Dans le monde électronique qui est le nôtre, il est aussi inutile de s'opposer aux données mas-sives qu'il l'était pour le roi Canut de croire qu'il pourrait freiner la marée montante il y a un millénaire. Les ques-tions à poser sont plutôt les suivantes : a) comment proté-ger la confidentialité de ces données au niveau individuel et systémique, et b) quelles sont les surprises que les données massives nous réservent et qui pourraient nous permettre de réellement améliorer l'efficacité de nos traitements pour nos patients en santé mentale?

Novembre 2017

Cet article peut être consulté à :

https://www.nationalregister.org/from-the-executive-officers-desk-on-the-ethics-of-clinical-data-collection-are-data-informative-or-transformative/

Copyright © 2017 National Register of Health Service Psycholo-gists. Tous droits réservés.

Cet article a initialement été publié dans :

www.nationalregister.org

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Le point sur :

La formation professionnelle continue

Le Répertoire canadien des psychologues offrant des services de santé (RCPOSS) offre depuis longtemps une formation pro-fessionnelle continue (FPC) novatrice au moyen d'ateliers dispensés partout au Canada. Parmi les sujets abordés, mention-nons la pratique fondée sur des données probantes et la santé en milieu de travail, ainsi que les questions comptables et fiscales associées aux services psychologiques. Bien que les gens du RCPOSS s'attendent à continuer d'offrir périodiquement des ateliers traditionnels, ils élaborent également des produits de FPC destinés à la prestation en ligne.

Voici un aperçu de la FPC offerte par le National Register of Health Service Psychologists des États-Unis.

Le National Register of Health Service Psychologists des États-Unis

L'ex-rédacteur en chef de longue date du RCPOSS, le Dr Myles Genest, a souvent parlé de l'excellente entente que le RCPOSS a négociée pour participer sans frais au programme de FPC de notre homologue américain, le Na-tional Register of Health Service Psychologists. Comme le Dr Genest l'a fait à l'époque et durant de nombreuses années, le RCPOSS continuera de présenter certains de ces cours, comme nous le faisons dans le présent bulletin et comme ce sera le cas dans nos bulletins ultérieurs.

L'équipe du RCPOSS est fière de son partenariat avec le National Register, qui lui permet d'offrir une formation professionnelle continue aux psychologues inscrits canadiens.

Rendez-vous dans le site Web de la FPC du National Register à ce.nationalregister.org/ et ouvrez une session au moyen de votre numéro de membre du RCPOSS et de votre mot de passe. Cela fait, vous pouvez choisir parmi les cours de FPC offerts en format texte ou vidéo. Une fois que vous avez passé un examen ou visionné une vi-déo, vous pouvez imprimer le certificat de vos crédits accumulés pour vos dossiers.

Surveillez les annonces des prochains webinaires en direct (page suivante)!

Webinaires récents :

Complying with Court Orders and Subpoenas While Minimizing Your Risk (juin 2018)

Resilience After Trauma: Evidence-Based Assessment & Intervention (octobre 2018)

Psychotherapy Relationships that Work; Evidence-Based Therapist Contributions (mars 2019)

S'il ne vous est pas possible de participer à un webinaire, rappelez-vous qu'ils sont archivés.

Pour en savoir plus, veuillez communiquer avec le RCPOSS à [email protected] ou composer le 819-771-1441.

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Le partenariat du RCPOSS avec le TeleMental Health Institute

Avantage de membre : remise de 30 % sur le programme de certificat du TeleMental Health Institute La télésanté est une composante de plus en plus importante de la prestation des soins de santé, et nous savons, d'après le sondage que nous avons mené récemment auprès de nos membres, que beaucoup d'entre vous y êtes intéressés. Nous savons aussi que les concepts pratiques, les aspects techniques et les préoccupations relatives à la protection de la confi-dentialité (vie privée) constituent des obstacles importants pour les psychologues qui utilisent la télésanté pour élargir leur pratique. Afin de promouvoir l'accès à une formation de haute qualité, nous avons négocié un partenariat avec le TeleMental Health Institute (TMHI) pour offrir à nos membres une réduction de 30 % des frais d'inscription au programme de certificat en télé-psychologie du TMHI. Ce partenariat est une collaboration conjointe avec nos collègues américains du National Register of Health Service Psychologists. Le TMHI est largement reconnu comme un chef de file du secteur de la formation en télésanté. Son programme de certifi-cat en ligne comprend 40 unités de formation professionnelle continue* offertes sous forme de cours en format texte, au-dio et vidéo, qui vous procurent les apprentissages suivants : ● Un aperçu pratique des modèles de télépratique qui donnent de bons résultats ● Une introduction aux concepts fondés sur des données probantes en théorie et en pratique ● Des renseignements sur le remboursement ● Questions de gestion des risques juridiques et éthiques comprenant les éléments de base du permis d'exercice dans les provinces et les territoires en aval, à l'admission, pour l'évaluation et au sujet du consentement éclairé, de la documenta-tion et de la planification d'urgence, afin de vous aider à vous conformer aux lignes directrices de 2013 sur la pratique de la télépsychologie émises par l'American Psychological Association. ● Consultation individuelle et de groupe pour vous aider à adapter votre formation professionnelle à vos besoins particu-liers. ● Accès à une communauté de plus de 2 000 professionnels de la santé comportementale dans le monde qui partagent vos intérêts. Accédez au portail de notre partenaire à telehealth.org/canadian-register/ pour vous inscrire au programme de certificat en télépsychologie et profiter de la remise de 30 %. Visitez www.telehealth.org pour en savoir plus sur le TMHI. Nous espérons que vous apprécierez ce nouvel avantage de membre! VEUILLEZ PRENDRE NOTE : Le RCPOSS ne reçoit aucune compensation financière du TeleMental Health Institute pour le rôle qu'il joue dans cette collaboration. À l'instar de tous nos partenariats, l'objectif est d'offrir aux psychologues inscrits l'accès à des possibilités et à des services de formation de grande qualité et de leur faire profiter de la totalité des réductions que nous obtenons. *Le TMHI est approuvé par l'American Psychological Association à titre d'organisme de promotion et de parrainage de la formation professionnelle continue des psychologues. La responsabilité de ce programme et de son contenu incombe au TMHI.

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