mise en évidence des dynamiques de polarisation au sein du...

Pôle

Aménagement

Transports

Direction

Régionale de

l'Equipement

de Picardie

Mise en évidence des

dynamiques de polarisation

au sein du Bassin Parisien

Une nouvelle approche à partir des barycentres

démographiques

10/10/2006

***

Rapport commandé par

***

Auteurs

RédacteurPascal DEVILLY, Chargé d'Etudes Aménagement

Résumé

L'étude de l'évolution des barycentres démographiques à une échelle donnée est un outil

d'information, de questionnement sur la polarisation des territoires. Appliqué aux régions

du Bassin Parisien, il permet d'observer l'inexorable attraction de Paris. Utilisé à une échelle

plus fine, il permet de distinguer les départements des franges franciliennes (Oise, Aisne,

Yonne, Eure-et-Loir...) fortement influencés par la région-capitale des départements plus

périphériques où les grandes villes maintiennent leur mainmise sur le territoire départemental.

Mise en évidence des dynamiques de polarisation au sein du Bassin Parisien

10/10/2006DRE Picardie - Pôle Aménagement Transports

Sommaire

1. Introduction................................................................................................................................4

1. Définition et méthodologie ......................................................................................................5

1.1. Définition.................................................................................................................................5

1.2. Méthodologie..........................................................................................................................6

2. Des régions aux prises avec l'aimant francilien.....................................................................7

2.1. L'apparente inertie du Bassin Parisien...................................................................................7

2.2. Un tropisme francilien d'intensité variable..............................................................................8

2.3. Un ralentissement dans la polarisation parisienne...............................................................10

3. Une confirmation de la polarisation parisienne pour certains départements ..................11

3.1. Des évolutions d'ampleur inégale.........................................................................................11

3.2. Mise en évidence d'autres polarités.....................................................................................13

4. Des pays en Picardie plus ou moins polarisés.....................................................................15

4.1. Concordance entre le barycentre démographique et la principale agglomération du pays...15

4.2. L'emprise inégale des agglomérations sur les pays.............................................................17

5. Conclusion : un outil d'information et d'interrogation.........................................................20


10/10/2006DRE Picardie - Pôle Aménagement Transports

1. IntroductionDans le contexte de la révision du SDRIF, les réflexions menées à l'échelle du Bassin Parisien

ont pris un nouvel élan. La DRE Picardie participe naturellement à ces réflexions. La Picardie fait

partie en effet des régions du Bassin Parisien les plus fortement liées à l'Ile-de-France.

Mais comment mesurer cette relation privilégiée, et ce, de manière dynamique. Pour ce faire,

nous avons choisi la méthode des barycentres.


DRE Picardie - Pôle Aménagement Transports

1. Définition et méthodologie

1.1. DéfinitionLe barycentre est un point mathématique construit à partir d'un ensemble d'autres points.

Il correspond en statistiques à la notion de moyenne, en physique à la notion de centre d'inertie.

Le barycentre renvoie aussi à la notion de centre de gravité.

Le barycentre démographique d’un territoire définit en quelque sorte la position moyenne de la

population au sein de ce territoire.



1.2. MéthodologieChaque commune ou du moins son centroïde est repérée dans l’espace par :

une abscisse (x)

et une ordonnée (y).

Dans un premier temps, pour chaque commune, ces coordonnées ont été pondérées par la

population de la commune : on multiplie les x et les y par la population p de la commune à une date

t qui correspond à l’année d’un recensement.

On somme les produits obtenus puis on divise par la population totale du territoire étudié. On

obtient alors un x moyen et un y moyen qui sont les coordonnées du barycentre démographique de

ce territoire. Ce calcul a été répété pour les 6 derniers recensements (de 1962 à 1999).

D'un point de vue spatial, notre travail a d’abord concerné le Bassin Parisien où les calculs ont

été réalisés à l’échelle régionale puis départementale.

Nous avons ensuite focalisé notre attention sur la région Picardie où le même travail a été réalisé

à l’échelle des pays.



2. Des régions aux prises avec l'aimant

francilien

2.1. L'apparente inertie du Bassin ParisienUne première analyse de l’évolution de la position des barycentres démographiques du Bassin

Parisien nous a montré que celle-ci avait peu varié au fil du temps. Sur la période considérée

(1962-1999), on démontre en effet que ce centre de gravité démographique ne dépasse jamais les

limites de la commune de Saint-Cyr-L’Ecole ! On ne peut cependant en rester à ce constat d’apparente

inertie.

En effet, le poids de l’Ile-de-France et son organisation spatiale sont tels (de fortes concentrations

de population sur un espace très restreint) qu’ils gomment les mouvements à l’œuvre dans les régions

périphériques.

A l’échelle régionale, si on y regarde de plus près, les choses sont en effet un peu différentes

(cf. carte ci-après). La position du centre de gravité démographique des régions du Bassin Parisien

a varié au fil du temps.

Pour chacune des régions de l’Ile-de-France (hors Ile-de-France), ce barycentre décrit une

trajectoire plus ou moins rectiligne. Ceci est net dans les régions Centre et Picardie. Le parcours est

plus sinueux pour la région Basse-Normandie.

La Basse-Normandie mise à part, l’ensemble des régions limitrophes de l’Ile-de-France présente

une caractéristique commune : leur barycentre démographique se déplace inexorablement en direction

de l’Île-de-France. La Picardie et plus encore le Centre sont fortement concernés par ce tropisme

francilien.

Si on prolonge cette ligne de points pour les régions Centre, Picardie et Haute-Normandie, le

point de convergence en région parisienne ne semble pas être Paris mais un point situé à l’Ouest

de Paris, dans les environs de Rambouillet. Ceci explique pourquoi le centre de gravité du Bassin

Parisien demeure circonscrit dans les Yvelines. Ce trait particulier est peut-être tout simplement à

mettre en relation avec les caractéristiques de la géographie régionale. Le barycentre en Picardie

suit une direction parallèle à la vallée de l'Oise tandis qu'en Haute-Normandie son parcours semble

correspondre à l'axe de la Seine.



2.2. Un tropisme francilien d'intensité variableL’intensité du tropisme francilien n’est pas la même suivant les régions.

Comme le montre la carte, le centre de gravité se déplace plus ou moins vite. Une façon de

mesurer cette vitesse est de comparer la distance parcourue par ce barycentre entre 1962 et 1999 :

3,2 kmHaute-Normandie

4,6 kmChampagne-Ardenne

7,2 kmPicardie

9,7 kmCentre

Le Centre et la Picardie sont les régions où l’intensité de l’attraction francilienne semble être la

plus forte.



Se dirigeant vers l’Ile-de-France, le barycentre démographique des régions du Bassin Parisien

ne converge pas vers les principales agglomérations que sont Amiens, Reims, Orléans et Rouen.

Pour ces villes, on ne peut pas parler de polarisation à l’échelle régionale. Le constat est net pour

Amiens, davantage sujet à controverse pour Orléans et Rouen. La situation en Basse-Normandie

est particulière : le centre de gravité s'est déplacé vers le Nord-Est durant la période 1962-1975 pour

ensuite prendre une direction Nord (vers Caen et le littoral ?) durant les décennies suivantes.



2.3. Un ralentissement dans la polarisation

parisienneTout en ayant à l'esprit que les périodes inter-censitaires sont d'inégale durée, la vitesse de

déplacement du barycentre a varié légèrement durant chacune de ces périodes.

Ainsi, au cours de la période 1975-1982, le barycentre des régions Haute-Normandie,

Champagne-Ardenne, Basse-Normandie a peu bougé.

Comparativement à la période précédente, la dernière période inter-censitaire 1990-1999 voit

un certain ralentissement dans le glissement du centre de gravité démographique des régions en

direction de l'Ile-de-France. Mais comment faut-il interpréter cette évolution ? Faut-il y voir un

dynamisme moindre des espaces de frange, un report vers des territoires encore plus éloignés de

l'Ile-de-France ... ?

De même que le calcul du barycentre à l'échelle du Bassin Parisien masquait les dynamiques

à l'oeuvre dans les régions limitrophes, l'analyse à l'échelle des régions cache certaines réalités. Il

nous faut donc observer ce qui se passe à l'échelle infra-régionale.



3. Une confirmation de la polarisation

parisienne pour certains départements

3.1. Des évolutions d'ampleur inégaleL’analyse de la carte des barycentres à l'échelle départementale confirme l'organisation du

Bassin Parisien. On y distingue nettement les départements de la "première couronne" du Bassin

Parisien, ceux concernés par le phénomène des franges franciliennes : Oise, Aisne, Yonne,

Eure-et-Loir et Eure. En raison de la proximité de l’Ile-de-France et faute de polarité urbaine

suffisamment importante, le barycentre démographique de ces départements se déplace

inexorablement et rapidement (comparativement à ce qu’on observe dans les autres départements)

vers l'Ile-de-France comme l'atteste le tableau ci-joint.



Distance

« parcourue »

entre 1962

et 1999

DépartementRégion

4,5 kmAisnePicardie

1,7 kmOise

1,1 kmSomme

0,7 kmArdennesChampagne-Ardenne

1,2 kmAube

3,4 kmMarne

1,9 kmHaute-Marne

4,1 kmYonneBourgogne

1,8 kmCherCentre

5,7 kmEure-et-Loir

1,4 kmIndre

2,4 kmIndre-et-Loire

1,7 kmLoir-et-Cher

2,9 kmLoiret

0,8 kmSarthePays de Loire

1,6 kmCalvadosBasse-Normandie

5,1 kmManche

0,6 kmOrne

3,4 kmEureHaute-Normandie

0,7 kmSeine-Maritime

Ces départements échappent donc à une éventuelle polarisation des grandes villes régionales.

C’est le cas pour la Picardie où Amiens ne parvient pas à contrer Paris dans l’Oise et l’Aisne.

C’est l’évolution au sein de ces départements qui fait bouger le barycentre démographique au

niveau régional.



3.2. Mise en évidence d'autres polarités

Afin de faciliter la lecture de la carte, nous avons choisi de reporter l'ensemble des barycentres1

sur un repère dont le centre, de coordonnées (0;0) représentera les 20 chefs-lieux de département2.

Ces derniers sont donc illustrés sur le graphe par une seule et même pastille verte (cf. graphe

ci-après).

Le graphe permet de mieux cerner la trajectoire des barycentres départementaux;

Il confirme que Chartres, Laon, Beauvais, Evreux ou Auxerre n'ont pas d'effet polarisateur sur

le territoire du département dont ils sont chefs-lieux. Ceux-ci sont attirés par l'Ile-de-France.

Au-delà des départements concernés par le phénomène des franges franciliennes, on trouve

des départements où le tropisme francilien est beaucoup moins visible. Il existe même des polarités

urbaines suffisamment fortes (Reims, Tours, Orléans, Amiens, le Mans mais aussi Bourges et

Châteauroux) pour attirer à elles ce barycentre.

Certaines trajectoires sont plus difficilement interprétables : Loir-et-Cher (dynamisme des

communes au Sud de Blois ?), Haute-Marne .

Au final, chaque région présente une situation duale. Chacune comprend un ou des départements

attirés par Paris et des départements où des dynamiques davantage locales sont à l'oeuvre en raison

de l’éloignement de Paris et/ou du poids important de l’agglomération chef-lieu.

1 6 (un pour chaque année du recensement) pour chacun des 20 départements

2 Sauf pour la Marne, où nous avons retenu Reims au lieu de Châlons-en-Champagne



4. Des pays en Picardie plus ou moins

polarisésLa méthode de calcul des barycentres démographiques peut également être déclinée à l’échelle

des pays ou des projets de pays.

Afin de faciliter la lecture de la carte, nous avons également choisi de reporter l’ensemble des

barycentres (sur un graphe comme nous l'avions fait pour les départements du Bassin Parisien (cf.

carte et graphe ci-joints).

4.1. Concordance entre le barycentre

démographique et la principale agglomération du

pays

Sur le graphe comme sur la carte, on se rend compte que pour certains pays le barycentre

démographique correspond à la principale agglomération. C’est la cas pour les pays suivants :

Thelle-Vexin-Sablons (Méru)

Sud de l’Aisne (Château-Thierry)

Grand Creillois (Creil)

Compiègnois (Compiègne)

Soissonnais (Soissons)

Grand Amiénois (Amiens)

Pour certains pays, la principale agglomération n’est pas au centre de gravité démographique

du pays. C’est le cas notamment pour :

Santerre Haute-Somme (Péronne)



Thiérache (Hirson)

Pour certaines agglomérations, ceci s’explique par leur position géographique périphérique au

sein du pays : Péronne, Hirson, Eu, Clermont, Beauvais.



4.2. L'emprise inégale des agglomérations sur les

paysL’analyse de l’évolution de la position du barycentre démographique est autrement intéressante.

Elle révèle des capacités de polarisation.



Certains pays voient leur principale agglomération attirer à elle le centre de gravité :

Grand Amiénois (Amiens)

Chaunois (Chauny)

Sud de l’Aisne (Château-Thierry)

Bresle-Yères (Eu)

Saint-Quentinois (Saint-Quentin)

Clermontois Plateau Picard (Clermont) jusqu’en 1982



Dans le cas du Grand Beauvaisis ou du Sud de l’Aisne, on peut s’interroger aussi sur le poids

de la proximité francilienne qui fait croître les communes de ces territoires les plus proches de Paris.

Pour le Grand Beauvaisis, le barycentre se déplace suivant une direction Nord-Sud. Il se rapproche

certes de Beauvais mais n'y converge pas pour autant.

Certains pays voient au contraire leur barycentre démographique s’éloigner de leur principale

agglomération :

Santerre Haute-Somme (Péronne)

Soissonnais (Soissons)

Compiègnois (Compiègne)

Valois-Senlis-Chantilly (Senlis)

Grand Laonnois (Laon)

Sources et Vallées (Noyon)

Pour les Soissonnais, le Compiègnois et le Valois, on peut sans doute également faire intervenir

un effet de l’attraction francilienne.

Le Grand Laonnois présente un parcours singulier. Jusqu'en 1975,le barycentre démographique

sembler vouloir se rapprocher de Laon. Depuis une trentaine d'années, la situation a changé avec

un parcours qui a obliqué à 90°. Il faut sans doute voir un effet de l'attractivité de Reims dans les

confins orientaux du Laonnois (canton de Neufchâtel-sur-Aisne). La Thiérache (Hirson) présente un

profil analogue.



5. Conclusion : un outil d'information et

d'interrogationL'analyse de la dynamique des centres de gravité démographique donne des informations, des

confirmations sur l'évolution à l'oeuvre dans les territoires du Bassin Parisien, à différentes échelles.

L'interprétation des changements observés n'est cependant pas toujours simple. Il est difficile

parfois de faire le tri entre ce qui relève de l'endogène et ce qui relève de l'exogène.

L'analyse de la dynamique des territoires à partir des barycentres apporte des réponses mais

soulève aussi de nombreux questionnements. Elle fait également office d'outil d'interrogation.

Appliqué dans cette présente étude à la démographie, elle peut s'étendre à d'autres domaines

: emplois, habitat ...

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mise en évidence des dynamiques de polarisation au sein du...

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