mise en perspective historique christian barthod du
TRANSCRIPT
10ONF - RenDez-Vous techniques N° 58-59-60 - 2018
SESSION 1
Christian Barthod MTES, Conseil général de l'environnement et du développement durable
Guy LandmannGIP ECOFOR, président du Comité de pilotage scientifique de RENECOFOR
MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE DU MONITORING FORESTIER ET DU RĂSEAU RENECOFOR
Cette mise en perspective historique est proposĂ©e par deux « dinosaures » ayant participĂ© Ă lâagitation intellectuelle qui a prĂ©sidĂ© Ă la naissance de RENECOFOR : Guy Landmann Ă la direction du programme Deforpa* (aprĂšs M. Bonneau) puis au DĂ©partement de la SantĂ© des ForĂȘts, et moi-mĂȘme, Christian Barthod, au DSF et Ă la prĂ©paration des ConfĂ©rences ministĂ©rielles sur la protection des forĂȘts en Europe.
Je vais assumer les deux premiĂšres parties de lâexposĂ©, lâhistorique, et Guy Landmann se chargera des deux points suivants, un peu plus rĂ©flexifs, critiques et orientĂ©s vers lâavenir.
Les conditions de la mise en place du suivi continu des forĂȘts
Remontons le temps jusquâau contexte trĂšs particulier du dĂ©but des annĂ©es 1980. Ă travers toute lâEurope montait une inquiĂ©tude sur lâintensitĂ© des dĂ©pĂ©rissements attribuĂ©s Ă la pollution atmosphĂ©rique, qui a abouti Ă la mise en place de rĂ©seaux de suivi continu (monitoring) des forĂȘts.
Cela sâest fait dâabord au niveau national, chacun des pays testant, adaptant la problĂ©matique de son suivi Ă ses propres questionnements pour lâĂ©tendre progressivement Ă lâensemble de son territoire, avant que lâUnion europĂ©enne ne dĂ©cide, via des rĂšglements communautaires, une homogĂ©nĂ©isation de ces mĂ©canismes de suivi. Ceci a conduit Ă mettre en place, dâune part, un rĂ©seau systĂ©matique de 16 km sur 16 km et dâautre part, dans la philosophie de ce qui avait Ă©tĂ© discutĂ© dans le cadre du programme PIC ForĂȘts (de la Convention sur la pollution atmosphĂ©rique transfrontaliĂšre), des rĂ©seaux de niveaux 2 et 3 nettement plus intensifs, appareillĂ©s lourdement. Ă lâĂ©poque, on se concentrait sur le dĂ©pĂ©rissement attribuĂ© Ă la pollution atmosphĂ©rique, le fameux dĂ©bat sur les pluies acides, mais il ne faut pas oublier que bien des questions dĂ©battues dans ces annĂ©es-lĂ avaient Ă©galement leur origine dans la grande sĂ©cheresse de 1976 et ses consĂ©quences.
Durant tout le programme de recherche Deforpa*, il y a donc eu des interférences qui invitaient à remonter à des questions sur le fonctionnement des écosystÚmes forestiers.
Quand on arrive Ă la fin des annĂ©es 1980, beaucoup de choses ont Ă©tĂ© relativisĂ©es : la disparition intĂ©grale des forĂȘts nâest dĂ©jĂ plus dâactualitĂ©, mais on reste alors avec une somme Ă©norme de questions sur le fonctionnement et les dysfonctionnements des Ă©cosystĂšmes forestiers et aussi sur les informations quâon aurait aimĂ© avoir pour gĂ©rer la situation. Dans le dĂ©bat public, le monde forestier a eu lâimpression dâĂȘtre mis en accusation, de ne pas avoir nĂ©cessairement tous les outils, les savoirs, toutes les connaissances pour y rĂ©pondre.
Mise en perspective historiquedu suivi continu des forĂȘts et
du réseau RENECOFOR
Christian Barthod, CGEDD/MTES et Guy Landmann, Ecofor
1. Les conditions de la mise en place du suivi des forĂȘts (1/3)
Deux rĂ©seaux de suivi continu (monitoring) des forĂȘts mis en place il y a 25/30 ans (1988-1989, 1992), et toujours opĂ©rationnels :
- le rĂ©seau systĂ©matique de suivi de la santĂ© des forĂȘts (16 x 16 km)
- le réseau RENECOFOR
Parmi les facteurs ayant contribuĂ© Ă leur mise en place rapide : lâangoisse suscitĂ©e par lâĂ©ventualitĂ© dâun dĂ©pĂ©rissementforestier massif en Europe liĂ© Ă la pollution atmosphĂ©rique (« pluies acides »). En France, les arriĂšre-effets de la sĂ©cheresse de 1976 prĂ©occupaient les dĂ©cideurs.
Mais âŠ3
1. Les conditions de la mise en place du suivi des forĂȘts (2/3)
4
En France, Landmann, Bazire et Rolley (1987)) concluaient (1er rapport DEFORPA)« ⊠il nây a pas, ou seulement exceptionnellement, de dĂ©pĂ©rissements dâune forĂȘt identifiĂ©e et a fortiori de dĂ©pĂ©rissements des forĂȘtsâŠil nâexiste pas Ă lâheure actuelle de cas de dĂ©pĂ©rissement dâune essence Ă lâĂ©chelle rĂ©gionaleâŠon ne peut Ă©carter lâexistence de phĂ©nomĂšne dâamplification, par un facteur nouveau, des fluctuations normales de lâĂ©tat de santĂ© dâun Ă©cosystĂšme forestier. »
âŠdĂšs 1985/86, la mise en place, dans plusieurs pays, de rĂ©seaux rĂ©gionaux tel le « rĂ©seau bleu » français de 1983-1988) ou nationaux (Ă mailles variables selon les pays) avait Ă©loignĂ© le spectre dâun dĂ©pĂ©rissement massif.
11ONF - RenDez-Vous techniques N° 58-59-60 - 2018
SESSION 1
Câest dans ce contexte quâon sâest retrouvĂ© Ă devoir articuler deux grandes rĂ©ponses aux questions politiques : - dâune part les ConfĂ©rences ministĂ©rielles sur la protection des forĂȘts
en Europe (MCPFE), impulsĂ©es par les ministres français et finlandais chargĂ©s des forĂȘts ; cĂŽtĂ© français, la prĂ©paration en avait Ă©tĂ© confiĂ©e Ă Georges Touzet (alors directeur gĂ©nĂ©ral de lâONF), qui mâavait demandĂ© de lâassister ;
- et dâautre part toute la dynamique qui Ă©tait en train de se mettre en place sous le leadership allemand dans le cadre du programme PIC ForĂȘts.
Ce quâil faut retenir, câest que lâensemble de ces questions aboutissait Ă faire Ă©merger une approche qui nâĂ©tait plus exclusivement enracinĂ©e dans les disciplines forestiĂšres traditionnelles, mais qui interpellait le milieu de la recherche en Ă©cologie forestiĂšre. Pour la premiĂšre ConfĂ©rence ministĂ©rielle, Ă Strasbourg, il a fallu Ă©laborer une sorte de doctrine : il y avait la volontĂ© politique de faire quelque chose, mais que proposer aux ministres ? Nous avons rĂ©ussi Ă faire acter quâon sâintĂ©resserait Ă des projets concrets, quâon se fonderait sur des questions dĂ©jĂ largement partagĂ©es au niveau du continent europĂ©en, quâon privilĂ©gierait les rĂ©ponses qui semblaient procĂ©der dâune orientation commune, et quâon nâirait pas jusquâĂ des solutions de normalisation lourde. On se focaliserait sur un tronc commun tout en laissant chacun des pays lâadapter, aller plus loin, et trouver comment sâadresser Ă ses propres spĂ©cificitĂ©s, Ă sa propre opinion publique, et valoriser les propositions des chercheurs.
Les conditions de lâĂ©mergence du rĂ©seau RENECOFOR
Rendons ici hommage Ă Maurice Bonneau, car câest lui qui a permis Ă Georges Touzet et son Ă©quipe dâavancer concrĂštement sur la rĂ©solution S1 (les objectifs principaux des rĂ©seaux de suivi des forĂȘts) puisquâil avait Ă©tĂ© aux manettes du programme Deforpa*. Et aussi parce quâil avait eu lâoccasion, mieux que quiconque, de rĂ©flĂ©chir Ă ce quâil aurait fallu savoir pour gĂ©rer de façon plus fluide, moins conflictuelle, plus rationnelle, lâensemble des questions qui Ă©taient adressĂ©es au monde forestier. Il avait un cran dâavance en matiĂšre de rĂ©flexion, et le niveau politique lui a fourni une opportunitĂ© pour passer Ă lâacte : il Ă©tait en mesure de faire des propositions. Restait la question de lâorganisme support. En France, câest lâOffice national des forĂȘts qui a Ă©tĂ© choisi pour le rĂ©seau de suivi intensif : une solution dont on est trĂšs content a posteriori, mais que la trĂšs grande majoritĂ© des pays europĂ©ens nâa pas retenue. LâONF a dĂ» sâengager dans une direction trĂšs nouvelle pour lui et il a remarquablement bien rĂ©agi. Je termine cet historique en rappelant les 4 objectifs fixĂ©s par la rĂ©solution S1 de la premiĂšre MCPFE, Ă Strasbourg en 1990 :1. recueillir des informations approfondies sur lâĂ©volution des Ă©cosystĂšmes
forestiers, en prenant en compte Ă la fois lâhistorique, les variations de vitalitĂ© des forĂȘts, les conditions stationnelles et les Ă©vĂ©nements climatiques ;
2. chercher Ă Ă©tablir des corrĂ©lations entre la variation des facteurs dâenvironnement et la rĂ©action des Ă©cosystĂšmes forestiers ;
3. dĂ©terminer les niveaux de charge critique en polluants par type dâĂ©cosystĂšme forestier ;
4. permettre de comprendre le fonctionnement des écosystÚmes et interpréter les résultats, notamment ceux du réseau européen élémentaire 16 km x 16 km.
On verra que certaines questions sont totalement dâactualitĂ© et que dâautres nĂ©cessitent dâĂȘtre reformulĂ©es.
1. Les conditions de la mise en place du suivi des forĂȘts (3/3)
La mise en place de ces deux réseaux "européens" doit beaucoup à :
(i) la dynamique crĂ©Ă©e par la premiĂšre ConfĂ©rence ministĂ©rielle sur la protection des forĂȘts en Europe (MCPFE) (Strasbourg, 1990).
(ii) un accord gagnant-gagnant conclu entre le programme (ONU) de suivi des forĂȘts europĂ©ennes « PIC ForĂȘts1», pilotĂ© par lâAllemagne, et la Commission europĂ©enne.
1. PIC ForĂȘts : Programme international concertĂ© sur lâĂ©valuation et le suivi des effets de la pollution sur les forĂȘts, crĂ©e en 1985 sous la Convention de la Commission Ă©conomique pour lâEurope dans Nations Unies (CEE-NU)(dite de GenĂšve) sur la pollution transfrontiĂšre Ă longue-distance (1979)
5
2. Les conditions dâĂ©mergence du rĂ©seau RENECOFOR
Maurice BONNEAU, responsable du programme DEFORPA, a travaillĂ© Ă lâĂ©mergence du rĂ©seau de suivi intensif français (RENECOFOR) en mĂȘme temps quâil sâinvestissait dans des groupes de travail de la Commission europĂ©enne, oĂč se confrontaient des approches nationales parfois assez divergentes pour dĂ©cliner les engagements politiques pris.
6
En France, la gestion de ce dispositif est confiĂ©e Ă lâONF, opĂ©rateur public de gestion forestiĂšre, une option singuliĂšre en Europe, qui constitue certainement un Ă©lĂ©ment de son succĂšs
Les engagements de la MCPFE de Strasbourg sont accessibles sur le site de Forest Europehttps://foresteurope.org/wp-content/uploads/2016/11/Commitments_all.pdf
12ONF - RenDez-Vous techniques N° 58-59-60 - 2018
SESSION 1
Ce qui a changé en 25 ans
En 25 ans les choses ont beaucoup changĂ©. De nouvelles prĂ©occupations environnementales sont maintenant au premier plan : le changement climatique mais aussi le carbone, la biodiversitĂ©, les services Ă©cosystĂ©miques et quelques autres ; câest ce qui attire lâattention et les financements publics. De fait, lâimpact de la pollution atmosphĂ©rique diffuse sur les Ă©cosystĂšmes, qui Ă©tait le sujet n° 1, est nettement en retrait. Au niveau du processus MCPFE, qui est devenu Forest Europe, les confĂ©rences se sont succĂ©dĂ© depuis celle de Strasbourg, la derniĂšre (7e) ayant eu lieu Ă Madrid en 2015. On constate depuis quelques temps que les sujets discutĂ©s sont moins concrets que ceux qui ont boostĂ© lâĂ©mergence des rĂ©seaux en 1990 ou 93. Forest Europe est motivĂ© par des questions dâune autre envergure ou en tout cas dâune autre nature, comme lâidĂ©e de faire Ă©merger une instance mondiale de gouvernance de la forĂȘt.
Cette Ă©volution sâillustre dans ces deux diapos qui rappellent les sujets qui ont Ă©tĂ© traitĂ©s dans ces confĂ©rences ministĂ©rielles. Ă Strasbourg en 1990, un certain nombre de sujets dont le monitoring des Ă©cosystĂšmes forestiers qui a fait lâobjet de la rĂ©solution S1 (flĂšche rouge) mais aussi dâautres dossiers, notamment en matiĂšre de gĂ©nĂ©tique avec le projet Euforgen (qui existe toujours). Une bonne partie des sujets portĂ©s Ă lâĂ©poque sont toujours trĂšs prĂ©sents. Ă Helsinki en 1993, il y a eu dâautres sujets dont, dĂ©jĂ , lâadaptation des forĂȘts au changement climatique (2e flĂšche rouge) ; jây reviendrai.
Mais progressivement, les sujets sont plus transversaux, câest-Ă -dire quâils traitent Ă la fois de questions techniques et de questions plutĂŽt de gouvernance, des questions plus politiques. Je ne vais pas dĂ©tailler tous les thĂšmes qui ont Ă©mergĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es, des thĂšmes qui sont un peu moins concrets et dont le progrĂšs est plus difficile Ă tracer. En 2015, le reprĂ©sentant du ministĂšre français de lâAgriculture Ă cette confĂ©rence a mentionnĂ© que câĂ©tait devenu une plateforme de dialogue politique de haut niveau sur les dĂ©fis et les enjeux forestiers, mais de fait les objectifs et la nature des projets discutĂ©s ont Ă©galement Ă©voluĂ©.
Ce qui a changĂ© aussi, câest le rĂŽle de la Commission europĂ©enne, dont le soutien financier pendant 20 ans a Ă©tĂ© tout Ă fait essentiel pour faire Ă©merger ces projets europĂ©ens. Au dĂ©part, câĂ©tait lâEurope des 12, des 15, etc. mais du coup ça a entrainĂ© dĂšs le dĂ©but tous les pays dâEurope centrale, ce qui a Ă©tĂ© un aspect trĂšs important. Pour diverses raisons, ce soutien nâexiste plus depuis 2006 mais on va voir (sessions 7 et 8) que le PIC ForĂȘts (ICP Forests) est toujours actif en tant que programme de lâONU et, contrairement Ă ce quâon aurait pu craindre, la majoritĂ© des pays ont continuĂ© ces activitĂ©s de monitoring. La grande diffĂ©rence câest que le systĂšme nâest pas autant « portĂ© » quâil mĂ©riterait de lâĂȘtre, au niveau financier mais aussi politique.
Remarquons au passage que le Centre Commun de Recherche de la Commission, qui a semblĂ© un moment devoir se saisir de lâaspect technique de tout ce monitoring, nâest pas devenu le centre commun de suivi du monitoring, en tout cas pas du type de monitoring dont on parle ici.
3. Ce qui a changé en 25 ans (1/5))
Enormément de choses !
De nouvelles prĂ©occupations environnementales : changement climatique, carbone, biodiversitĂ©, services Ă©cosystĂ©miques,... attirent attention & financements. Lâattention portĂ©e Ă lâimpact de la pollution atmosphĂ©rique diffuse sur les Ă©cosystĂšmes a fortement baisse.
« Forest Europe » (MCPFE) (7Ăšme Ă Madrid, 2015) porte des prĂ©occupations moins concrĂštes que les 1Ăšres confĂ©rences europĂ©ennes (systĂšme dâindicateurs de gestion, (Cf. the State of Europeâs Forest, instance mondiale de gouvernance de la forĂȘt)
7
8
3. Ce qui a changĂ© (3/5)MAAF (2015) « 25 ans aprĂšs Strasbourg, FOREST EUROPE a atteint son objectif de devenir une plate-forme de dialogue politique de haut niveau sur les dĂ©fis et enjeux forestiers et de promouvoir les concepts et outils de la gestion durable des forĂȘts »
9
3. Ce qui a changé en 25 ans (4/5)
Commission europĂ©enne : 20 ans de soutien au suivi de Niveaux 1 et 2. âRĂšgl. (EEC) No. 3528/86 sur la protection des forĂȘts de la CommunautĂ© contre la pollution atmosphĂ©riqueâ: 1986-2002, RĂšgl. Forest Focus: 2003-2006 (Life+ Futmon 2007-2011). Porte Ă prĂ©sent des questions plus stratĂ©giques et plus sensibles : dispositifs FLEGT et REDD,âŠ
FLEGT (EU) Forest Law Enforcement, Governance and TradeREDD (EU) Reduced Emissions from Deforestation and forest Degradation
Centre Commun de Recherche (CCR) de la Cion nâa pas endossĂ© pleinement, en matiĂšre de suivi continu des forĂȘts, le rĂŽle central qui lui semblait promis.
PIC ForĂȘts : toujours trĂšs actif aprĂšs 33 ans dâactivitĂ©s. La grande majoritĂ© des pays europĂ©ens continue Ă mettre en Ćuvre les approches de niveau 1 et 2 et Ă les financer. CapacitĂ© Ă porter seul des inflexions de fond ?
10
13ONF - RenDez-Vous techniques N° 58-59-60 - 2018
SESSION 1
Ce qui a changĂ© enfin, en positif cette fois, câest que lâAgence europĂ©enne de lâenvironnement a vu petit Ă petit ses prĂ©rogatives sâĂ©tendre.
Au niveau français, le potentiel de lâinventaire forestier est beaucoup plus important quâil y a une trentaine dâannĂ©es : avec le changement de mĂ©thode, le dĂ©veloppement des Ă©tudes autour des donnĂ©es dâinventaire rĂ©vĂšle quâil y a lĂ un outil fantastique. Par ailleurs les sites atelier se sont dĂ©veloppĂ©s depuis 1995, et sont en quelque sorte le niveau 3 du PIC ForĂȘts bien que ça nâait jamais Ă©tĂ© formalisĂ© complĂštement. Ce sont des sites dâobservation un peu comme les sites RENECOFOR, mais beaucoup plus lourdement instrumentĂ©s, et qui sont pris en charge par la recherche et non par un organisme comme lâONF. Ă cela sâajoutent des dispositifs expĂ©rimentaux nombreux et trĂšs divers en forĂȘt, qui ne relĂšvent pas du suivi temporel mais qui, sâils sont maintenus assez longtemps, peuvent fournir des donnĂ©es extrĂȘmement utiles, mĂȘme en termes de dĂ©veloppement des Ă©cosystĂšmes.
Et le changement climatique ?
On lâoublie peut-ĂȘtre, mais Ă la ConfĂ©rence ministĂ©rielle de Strasbourg en 1990, le rĂ©chauffement climatique figurait dĂ©jĂ en 3e position parmi les enjeux listĂ©s, avec les grands accidents climatiques. CâĂ©tait dĂ©jĂ dans les esprits, mais de lĂ Ă pouvoir bien le prendre en compte dans les dispositifs ? En 1993, la 4e rĂ©solution dâHelsinki porte sur ce sujet ; les pays de lâUnion europĂ©enne ont pris lâengagement (que la France, en des circonstances fortuites, nâa pas signĂ©âŠ), dâĂ©valuer, dĂ©velopper et coordonner les dispositifs de suivi pour quâils apprĂ©hendent mieux les effets du changement climatique.On est assez Ă©tonnĂ© a posteriori de la pertinence de cet engagement. Mais ça venait un peu tard par rapport Ă RENECOFOR et ses homologues qui venaient juste dâĂȘtre crĂ©Ă©s, et peut-ĂȘtre aussi trop tĂŽt parce quâen matiĂšre de connaissance scientifique du phĂ©nomĂšne du changement climatique on nâavait pas les idĂ©es dont on dispose maintenant.
Le changement climatique est un sujet extrĂȘmement prĂ©gnant ; doit-il conduire Ă modifier les suivis actuels ? Câest une question qui se pose maintenant, pour le long terme. On peut dĂ©jĂ identifier diverses pistes Ă explorer. Par exemple, RENECOFOR câest 102 placettes disposĂ©es dans des conditions stationnelles « moyennes » ou en tout cas pas extrĂȘmes ; or dans des situations extrĂȘmes on aurait peut-ĂȘtre un signal diffĂ©rent. De la mĂȘme façon, le rĂ©gime sylvicole est « moyen », dans lâordre de ce que fait lâONF en gĂ©nĂ©ral : il pourrait ĂȘtre intĂ©ressant dâavoir une action plus forte ou au contraire des peuplements sans sylviculture. On peut rĂ©flĂ©chir Ă une transition vers un « RENECOFOR-2 », qui peut se faire de diffĂ©rentes façons, par exemple en recrutant des placettes qui auraient fait leur temps pour les reconvertir dans un dispositif parallĂšle mais qui ferait un tout avec le RENECOFOR actuel. Il y a aussi les outils que jâai Ă©voquĂ©s, qui fournissent des informations, et dont il faut tenir compte. Câest donc un travail pour le ComitĂ© de pilotage dont le rĂ©seau sâest dotĂ©, et que jâai le plaisir de prĂ©sider : on va sây atteler avec tous ceux qui ont des idĂ©es, des connaissances, des avisâŠ
Enfin lâavenir de RENECOFOR passe par lâEurope, câest presque sĂ»r : on nâimagine pas pouvoir faire quelque chose de marquant, de trĂšs fort en termes dâĂ©volution du rĂ©seau, sans le niveau europĂ©en. La prĂ©sence de quelques reprĂ©sentants de lâinstance europĂ©enne est une occasion dâen discuter.
4. Focus : changement climatique et suivi continu des forĂȘts (1/2)
Changement climatique : pas un sujet nouveau !
âą 1990, 1Ăšre conf. MCPFE (Strasbourg) â enjeux listĂ©s : pollution atmosphĂ©rique, incendies de forĂȘts, rĂ©chauffement du climat, grands accidents climatiques, Ă©rosion des sols, ravageurs et pathogĂšnes, dĂ©gĂąts de gibier, sur- et sous-exploitation, et interactions.
âą1993 2Ăšme conf. MCPFE (Helsinki), engagement (H4) des Etats et UE « Ă Ă©valuer, dĂ©velopper et coordonner les dispositifs de suivi pour quâils apprĂ©hendent mieux les variations spatiales Ă large Ă©chelle et les dynamiques dâaltĂ©ration pouvant rĂ©sulter du changement climatique en forĂȘt. ».
RĂ©solution H4 : trop tard, trop tĂŽt ?!
12 4. Focus : changement climatique et suivi continu des forĂȘts (2/2)
Cet enjeu majeur doit-il conduire Ă modifier les suivis en forĂȘt, en particulier pour RENECOFOR, pour les 30 prochaines annĂ©es ?
Explorer de nombreuses pistes/modalitĂ©s : stations prises en compte (conditions limites en bordure de niches ?), rĂ©gimes sylvicoles appliquĂ©s,âŠ
Réfléchir aux options de transition vers « RENECOFOR 2 » (au fur et à mesure du renouvellement des placettes, autres ?)
Tirer davantage partie des complémentarités avec les autres outils.
Un travail pour le COPILS RENECOFOR et au-delĂ .
Des leviers Ă identifier et des synergies Ă mettre Ă Ćuvre au niveau europĂ©en !
13
Merci de votre attention !
3. Ce qui a changé en 25 ans (5/5)
AEE, lâAgence europĂ©enne de lâenvironnement voit ses prĂ©rogatives sâĂ©tendre progressivement.
Au niveau français, le suivi forestier sâest Ă©toffĂ© :
(i) le potentiel de lâinventaire forestier dans le domaine de lâĂ©cologie a fortement augmentĂ©, avec lâadoption dâun nouveau protocole dâinventaire, et le dĂ©veloppement dâune communautĂ© de recherche valorisant ses donnĂ©es,
(ii) des site-ateliers de suivi (trĂšs) intensif Ă partir de 1995 au sein des Ă©tablissements de recherche, pour atteindre 18 sites (SOERE FORET).
(+ dispositifs expérimentaux divers)
11