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Atout CHIEN.fr - 53 A.C. : L’idée a-t-elle été simple à mettre en place ? Quelles ont été les principales diffi- cultés rencontrées ? C.B. : Après avoir travaillé ainsi plusieurs se- maines avec la présence de ma chienne, j’ai observé que, non seulement, elle apportait toutes ces modifications de comportement, mais également, en tant qu’infirmière, je pouvais aller plus loin. Un jour, je devais réa- liser un pansement à une dame atteinte d’une pathologie démentielle à un stade avancé. La pauvre femme ne pouvait plus s’exprimer avec des mots, avait du mal à comprendre, et surtout, ne comprenait pas pourquoi on lui faisait des misères : un pan- sement à la jambe. Du coup, tous les soins étaient difficiles à effectuer, elle se fâchait, criait, frappait… Lorsqu’elle voyait Souki, elle tendait les bras et l’appelait « mon bébé». Elle aimait beaucoup lui faire des câ- lins, la caresser. J’ai installé la chienne sur une petite table, juste devant elle, et lui ai proposé de s’en occuper, de la brosser. En lui montrant la petite brosse, elle a de suite en- trepris de réaliser le brossage, alors qu’elle n’arrivait plus depuis longtemps à participer un tant soi peu à sa toilette. Ainsi occupée avec Souki, elle ne s’est pas rendu compte que ma collègue était en train de lui refaire le pansement de sa jambe sous la table !! Du coup, pour sa toilette, nous installions la chienne assise sur une chaise, tout près du lit. J’expliquais à Souki que Me T. se prépa- rait, se faisait belle pour pouvoir la prendre dans les bras et lui faire un câlin. La chienne observait tous nos gestes, et Me T était beaucoup plus calme et coopérante !! Toute l’équipe a été stupéfaite. Soutenue par ma chef de service et la sur- veillante générale, j’ai donc fait des re- cherches sur ce thème. Je voulais officialiser cette expérience acceptée, mais officieuse. Je souhaitais rédiger le cadre conceptuel ri- goureux de cette approche : l’aide aux soins par la médiation d’un chien. Bien sûr, tous les jours n’ont pas été roses. Des collègues me posaient des questions bien légitimes concernant l’hygiène et la sé- curité. Pour d’autres, j’étais une infirmière folle, ou une infirmière qui se cachait der- rière ses histoires de chiens pour ne pas faire son travail… Après 18 mois de recherche, de rédaction et de nombreux et riches contacts : l’AFIRAC, l’ANECAH, maintenant Handichien, l’asso- ciation, alors baptisée CAPA, Chien d’Aide aux Personnes Agées, a pu être créée au sein de l’hôpital Paul Brousse, en juillet 1994. A.C. : Pouvez-vous nous parler de vos pre- mières expériences en la matière ? C.B. : L’association de ce type, a été la pre- mière en France. D’une part, je travaillais comme infirmière et réalisais des soins faci- lités par la présence de ma chienne. D’autre part, des bénévoles et leurs chiens, rigou- reusement sélectionnés, formés et suivis, faisaient des visites aux personnes âgées hospitalisées dans le service. C’était un tra- vail très complémentaire. En fait, je ne le sa- vais pas à l’époque, mais nous réalisions des 52- Atout CHIEN.fr MÉDIATION / Propos recueillis par Valérie Cochet - Photos DR 4 pattes tendresse, des chiens pour adoucir la vie Atout Chien : Tout a commencé à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif en 1994. Vous étiez alors infirmière en gérontologie… Pouvez- vous nous expliquer comment vous est venue l’idée de faire entrer le chien dans votre service ? Catherine Barthalot : Après avoir travaillé 5 ans dans une clinique privée, je me suis orientée par choix, vers un service de géron- tologie début 1992. Comme toutes mes col- lègues, ce qui était moralement difficile, c’est de prendre en charge un grand groupe de personnes âgées, et donc, être contraintes de travailler toujours vite. Trop vite pour ces personnes à qui il faudrait lais- ser le temps de faire !! Heureusement, le médecin chef de service était le Docteur Renée Sébag-Lanoé. Un jour, lors d’une réu- nion d’équipe pluridisciplinaire, elle ex- plique « aux jeunes » du service, qu’il n’y a pas d’horaires restrictifs de visite pour les fa- milles, que celles-ci peuvent venir accompa- gnées de jeunes enfants, et même d’ani- maux domestiques, si tel était le souhait de la personne âgée ! Après avoir observé le vif intérêt provoqué par la présence d’un petit Yorkshire, amené par une famille en visite, j’ai proposé de venir travailler avec Souki, ma caniche. La réponse a été « oui ! » de suite par la surveillante générale et le Doc- teur Sébag-Lanoé. Le soir même Souki a eu droit à un sham- poing et le lendemain elle m’accompagnait à l’hôpital. Cette petite boule de poils noirs était très douce, très obéissante. Elle me sui- vait partout, m’attendait derrière une porte lorsque je faisais un soin, et venait toute heureuse dès qu’on l’appelait. Sa présence plutôt passive, a apporté des modifications de comportement : les mains se tendaient pour la toucher, la caresser, les regards pé- tillaient, les visages détendus, illuminés de grands sourires, des mots, des phrases, des souvenirs…. D’abord surpris, puis ravis, tout le monde, personnel, patients, famille, ve- naient voir Souki, la réclamaient lorsqu’elle « ne travaillait pas ». En fait, par sa présence, la chienne apportait la joie, la bonne hu- meur, l’envie de faire des efforts pour avoir le privilège de l’avoir sur les genoux ou de s’occuper d’elle. Pour tout le monde, il y avait les jours avec Souki et les jours sans SoukiA.C. : Pourquoi avoir précisément choisi des représentants de la gent canine ? C.B. : À ce moment-là, je n’avais qu’une chienne. C’était un peu le hasard. Et je suis vraiment passionnée par les chiens. Un sourire, même un tout petit, un regard, un visage qui s’illumine ou qui s’éveille légèrement, c’est gagné ! Le chien par sa patience, sa spontanéité, sa bonne humeur, sa chaleur, son non jugement de l’autre… fait chavirer les cœurs et adoucit le quotidien des personnes fragilisées. Présidente de l’association Quatre pattes tendresse, Catherine Barthalot, infirmière en gérontologie de formation nous en dit plus sur ses interventions. Passionnant ! Catherine Barthalot Atout Chien N°313 C4_Mise en page 1 25/05/12 11:40 Page52

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A.C. : L’idée a-t-elle été simple à mettre enplace ? Quelles ont été les principales diffi-cultés rencontrées ?C.B. :Après avoir travaillé ainsi plusieurs se-maines avec la présence de ma chienne, j’aiobservé que, non seulement, elle apportaittoutes ces modifications de comportement,mais également, en tant qu’infirmière, jepouvais aller plus loin. Un jour, je devais réa-liser un pansement à une dame atteinted’une pathologie démentielle à un stadeavancé. La pauvre femme ne pouvait pluss’exprimer avec des mots, avait du mal àcomprendre, et surtout, ne comprenait paspourquoi on lui faisait des misères : un pan-sement à la jambe. Du coup, tous les soinsétaient difficiles à effectuer, elle se fâchait,criait, frappait… Lorsqu’elle voyait Souki,elle tendait les bras et l’appelait « monbébé». Elle aimait beaucoup lui faire des câ-lins, la caresser. J’ai installé la chienne surune petite table, juste devant elle, et lui aiproposé de s’en occuper, de la brosser. En luimontrant la petite brosse, elle a de suite en-trepris de réaliser le brossage, alors qu’ellen’arrivait plus depuis longtemps à participerun tant soi peu à sa toilette. Ainsi occupéeavec Souki, elle ne s’est pas rendu compteque ma collègue était en train de lui refaire

le pansement de sa jambe sous la table !! Ducoup, pour sa toilette, nous installions lachienne assise sur une chaise, tout près dulit. J’expliquais à Souki que Me T. se prépa-rait, se faisait belle pour pouvoir la prendredans les bras et lui faire un câlin. La chienne

observait tous nos gestes, et Me T étaitbeaucoup plus calme et coopérante !! Toutel’équipe a été stupéfaite.

Soutenue par ma chef de service et la sur-veillante générale, j’ai donc fait des re-cherches sur ce thème. Je voulais officialisercette expérience acceptée, mais officieuse.Je souhaitais rédiger le cadre conceptuel ri-goureux de cette approche : l’aide aux soinspar la médiation d’un chien.

Bien sûr, tous les jours n’ont pas été roses.Des collègues me posaient des questionsbien légitimes concernant l’hygiène et la sé-curité. Pour d’autres, j’étais une infirmièrefolle, ou une infirmière qui se cachait der-rière ses histoires de chiens pour ne pas faireson travail…

Après 18 mois de recherche, de rédaction etde nombreux et riches contacts : l’AFIRAC,l’ANECAH, maintenant Handichien, l’asso-ciation, alors baptisée CAPA, Chien d’Aideaux Personnes Agées, a pu être créée ausein de l’hôpital Paul Brousse, en juillet1994.

A.C. : Pouvez-vous nous parler de vos pre-mières expériences en la matière ?C.B. : L’association de ce type, a été la pre-mière en France. D’une part, je travaillaiscomme infirmière et réalisais des soins faci-lités par la présence de ma chienne. D’autrepart, des bénévoles et leurs chiens, rigou-reusement sélectionnés, formés et suivis,faisaient des visites aux personnes âgéeshospitalisées dans le service. C’était un tra-vail très complémentaire. En fait, je ne le sa-vais pas à l’époque, mais nous réalisions des

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MÉDIATION / Propos recueillis par Valérie Cochet - Photos DR

4 pattes tendresse,des chiens pour adoucir la vie

Atout Chien : Tout a commencé à l’hôpitalPaul Brousse de Villejuif en 1994. Vous étiezalors infirmière en gérontologie… Pouvez-vous nous expliquer comment vous estvenue l’idée de faire entrer le chien dansvotre service ?Catherine Barthalot :Après avoir travaillé5 ans dans une clinique privée, je me suisorientée par choix, vers un service de géron-tologie début 1992. Comme toutes mes col-lègues, ce qui était moralement difficile,c’est de prendre en charge un grand groupede personnes âgées, et donc, êtrecontraintes de travailler toujours vite. Tropvite pour ces personnes à qui il faudrait lais-ser le temps de faire !! Heureusement, lemédecin chef de service était le DocteurRenée Sébag-Lanoé. Un jour, lors d’une réu-nion d’équipe pluridisciplinaire, elle ex-plique « aux jeunes » du service, qu’il n’y apas d’horaires restrictifs de visite pour les fa-milles, que celles-ci peuvent venir accompa-

gnées de jeunes enfants, et même d’ani-maux domestiques, si tel était le souhait dela personne âgée ! Après avoir observé le vifintérêt provoqué par la présence d’un petitYorkshire, amené par une famille en visite,j’ai proposé de venir travailler avec Souki,ma caniche. La réponse a été « oui ! » desuite par la surveillante générale et le Doc-teur Sébag-Lanoé.

Le soir même Souki a eu droit à un sham-poing et le lendemain elle m’accompagnaità l’hôpital. Cette petite boule de poils noirsétait très douce, très obéissante. Elle me sui-vait partout, m’attendait derrière une portelorsque je faisais un soin, et venait touteheureuse dès qu’on l’appelait. Sa présenceplutôt passive, a apporté des modificationsde comportement : les mains se tendaient

pour la toucher, la caresser, les regards pé-tillaient, les visages détendus, illuminés degrands sourires, des mots, des phrases, dessouvenirs…. D’abord surpris, puis ravis, toutle monde, personnel, patients, famille, ve-naient voir Souki, la réclamaient lorsqu’elle« ne travaillait pas ». En fait, par sa présence,la chienne apportait la joie, la bonne hu-meur, l’envie de faire des efforts pour avoirle privilège de l’avoir sur les genoux ou des’occuper d’elle. Pour tout le monde, il yavait les jours avec Souki et les jours sansSouki…

A.C. : Pourquoi avoir précisément choisi desreprésentants de la gent canine ?C.B. : À ce moment-là, je n’avais qu’unechienne. C’était un peu le hasard. Et je suisvraiment passionnée par les chiens.

Un sourire, même un tout petit,un regard, un visage quis’illumine ou qui s’éveillelégèrement, c’est gagné !

Le chien par sa patience, saspontanéité, sa bonne humeur,

sa chaleur, son non jugement del’autre… fait chavirer les cœurs

et adoucit le quotidien despersonnes fragilisées. Présidente

de l’association Quatre pattestendresse, Catherine Barthalot,

infirmière en gérontologie deformation nous en dit plus sur

ses interventions. Passionnant !

Catherine Barthalot

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tous ceux qui lui en demandaient. Et mêmeceux qui ne demandaient rien, il allait lescharmer… Avec sa tête de nounours, il en afait chavirer des cœurs !! L’amour aide àvivre et à mieux vivre, à supporter plus faci-lement certains moments de la vie. Son dé-faut ? Il était terriblement bavard. Je lui aiappris à aboyer sur commande, donc aussià se taire sur commande. Cette astuce mepermettait d’entrer en relation avec cer-taines personnes : je leur disais que Mikevoulait leur faire un câlin, ou aller se pro-mener avec elle, ou se faire brosser, ou jouerà la balle, etc. Comme la demande venaitdu chien, je ne faisais que traduire, àchaque fois, la réponse était oui ! Parfois,lorsque je demandais à Mike de se taire,cela lui était difficile. Alors il aboyait en chu-chotant, et on voyait ses moustaches se sou-lever… « wouf ! » faisait-il tout bas… Jetraduisais : « il faut que je vous dise : je vousaime !! ». C’était des rires garantis ! »

Afin de le protéger, Mikeportait un harnaisà la place d’un collier, car des résidents vou-lait le tenir, l’attraper, ainsi, il n’était pasétranglé lorsqu’ils tiraient… Une dame nesortait plus de sa chambre depuis de trèstrès longs mois. Elle avait beaucoup de ten-dresse pour Mike. Elle gardait pour lui unpetit récipient pour lui donner de l’eau etavait demandé à sa fille de lui apporter untapis pour qu’il s’installe à côté d’elle pourfaire sa sieste ! Ce qu’il faisait tous les aprèsmidi ! Un jour, elle réalise qu’elle peut tenirMike par le harnais et ne le lâche plus. Lechien veut sortir de la chambre, elle ne veutpas le lâcher… Tout têtu qu’il est, Mikeavance doucement, mais sûrement. Ladame, assise dans son fauteuil roulant, lesuit, sans le lâcher. Ils se retrouvent tous lesdeux dans le couloir, avec une aide-soi-gnante, deux résidents et moi-même. L’unedes résidentes lui dit : « vous en avez de lachance d’avoir Mike pour vous touteseule!». La dame dans son fauteuil, qui setenait toujours un peu voutée en avant, seredresse fièrement et répond « bien sûr ! »et continue sa promenade accompagnéesans lâcher Mike qui avance doucement.Depuis ce jour, elle est sortie tous les après-midi avec mon chien, puis sans lui égale-ment, car elle s’est créé des liens avecd’autres personnes.

A.C. : Vous dites à son sujet qu’il a plusd’une fois fait exploser le compteur dubonheur-mètre. Pouvez-vous nous confierune ou deux expériences très marquantesen sa compagnie ?C.B. : Comme je vous le disais, Mike étaittrès joyeux et savait transmettre sa bonnehumeur. Lorsque nous arrivions dans le ser-

vice à 6h30, il faisait de suite la fête une parune, aux membres de l’équipe de nuit quinous attendaient. Et il faisait de même pourmes collègues de jour. Ambiance positiveimmédiate !! Puis, pendant que nous fai-sions les transmissions, Mike entreprenaitd’aller dire un petit bonjour à certaines per-sonnes âgées. Il savait qui était déjà réveillé,toujours les mêmes. Il n’hésitait pas à glissersa tête entre les ridelles du lit pour la posersur une main pour dire bonjour. Il savait trèsbien glisser sa tête sous la main pour avoirdes caresses. Très bavard, quand un résidentlui parlait soit pas assez fort, soit d’un lan-gage « sans mots », il répondait en aboyantdoucement. Et certaines personnes répon-daient à leur tour… Conversation un peuunique, mais qui apportait tant de bonnehumeur aux résidents et aux soignants !!

Mike était très joueur et s’amusait d’un rien.Un jour, un monsieur a fait tomber sa bou-teille d’eau vide. Mike a de suite entreprisde jouer avec, donnait des coups de pattesdans la bouteille qui glissait sur le sol de lachambre. Le monsieur l’encourageait en ta-pant des mains. Cet homme, dû à sa mala-die, ne parlait plus avec des phrasescomplètes depuis de longs mois. Lorsque jesuis rentrée dans sa chambre attirée par lesapplaudissements, il me dit que « le chienjoue au football ! ». Du coup, jour après jour,il acceptait facilement de boire le contenude sa bouteille pour la vider, puis la lanceret jouer avec Mike. Hydratation facilitéedans la joie !! Du coup, nous avons eu uneidée. Toute personne travaillant auprès depersonnes âgées sait combien il est difficilede les stimuler à boire. Aux moments de

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ateliers d’Activités Assistées par l’Animalgrâce aux interventions des binômes béné-voles-chiens, et des ateliers de Thérapie As-sistée par l’Animal, par les soins prodiguésavec mon chien.

A.C. : Vous avez également été à l’originede l’établissement de la charte du chien àl’hôpital ? En quoi cela consiste-t-il ?C.B. : J’ai rédigé la Charte du Chien à l’Hô-pital pour répondre aux critères d’hygièneet de sécurité liés à la présence d’un chienen milieu hospitalier. C’était une exigencede la direction, bien légitime, d’avoir un do-cument support stipulant les conditions dela présence de l’animal. Cette Charte abeaucoup évolué au fils du temps, et sur-tout, de pratique et d’échanges avec desvétérinaires et éducateurs comportementa-listes canins et infirmière hygiéniste. Ce do-cument a été présenté et validé au CLIN,Comité de Lutte contre les Infections Noso-comiales de l’hôpital Paul Brousse. Il com-porte différents items précis concernant desattitudes préventives permettant de mini-miser au maximum les risque de zoonose etliés à la sécurité tels que chute, griffure…

Parallèlement à la Charte, et sur le principede la traçabilité, une grille d’évaluationd’éducation et aptitude du chien, une fichespécifique de suivi sanitaire et un formulaired’engagement de respect de ces documentssigné par le maître ont été élaborés. Le vé-térinaire qui suit habituellement le chienremplit les différents items de la fiche desuivi sanitaire, la signe et la tamponne.L’évaluation de l’éducation était réalisée parun éducateur comportementaliste. La créa-tion et l’usage de ces documents ont coupécourt aux mauvaises langues, ont apportédes gages d’évaluation et de suivi, donc lesérieux du travail réalisé. N’est pas chienmédiateur qui veut !

A.C. : Bien évidemment votre action n’au-rait pas été possible sans la présence d’uncompagnon hors du commun. Pour vous, ils’agissait de Mike, votre Terrier du Tibet.Pouvez-vous nous en parler ? Quellesétaient ses principales qualités ?C.B. : Après de décès de Souki, en 1995, j’aivoulu changer de race. J’ai choisi le Terrier

du Tibet pour son look et son caractère. Lechoix du chiot s’est fait grâce à la collabo-ration de l’éleveur. Son éducation a étémoins pointue que celle de Dina, ma col-lègue actuelle. J’étais à l’époque moins for-mée et informée qu’à ce jour. Mais ce quim’a beaucoup aidée ce sont les conseils pro-digués par l’Anecah et surtout d’avoir lu lelivre de Caroline Bouchard au moins une di-zaine de fois. Caroline Bouchard est unezoothérapeute qui intervenait avec desSchnauzer, auprès d’enfants. J’ai eu l’im-mense privilège de la rencontrer en France,de la voir travailler. Nous avons beaucoupréfléchi et comparé nos expériences, lamienne toute petite, la sienne très riche ! Ilm’a fallu trouver d’après son savoir et sa-voir-faire auprès d’enfants, comment tra-vailler de façon rigoureuse, avec objectifs,actions, évaluations, réajustements auprèsde personnes âgées dépendantes, pourbeaucoup, atteintes de pathologies démen-tielles, à l’hôpital.

Mike était toujours de bonne humeur, trèscurieux, débordant d’affection auprès de

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les cochons d’Inde, ils deviennent acteurs desoins à leur tour. Cela représente une ouver-ture de travail pour la zoothérapeute queje suis. Récemment, Doly, une jolie petite la-pine naine vient d’agrandir l’équipe des co-bayes. Elle a six semaines et est encore enpériode de sociabilisation. Mais elle a toutesles qualités pour devenir lapin médiateur :curieux, câlin, patient, affectueux, calme…À la rentrée, un ou une petite Cavalier kingcharles sera accueillie avec joie dans la fa-mille. Il ou elle apprendra le métier avecDina. Quelle équipe ! Nous avons tellementde demandes qu’il faut s’organiser.

A.C. : 2007, vous étiez la première infirmièreà obtenir votre diplôme de zoothérapie.Comment avez-vous eu connaissance decette discipline ? Quelle formation avez-vous suivie ?C.B. : Ce n’est pas un diplôme, c’est une cer-tification. Comme je vous l’expliquais, j’aidécouvert la zoothérapie en la pratiquantpetit à petit depuis 1992, en faisant des lec-tures, des recherches et des contacts avecd’autres professionnels, en créant l’associa-tion en 1994 et en développant, affinant

mes actions spécifiques d’infirmière avecmon chien. Comme je l’ai déjà dit, j’ai eul’immense privilège et chance d’avoir purencontrer, échanger et apprendre avec Ca-roline Bouchard en 1995. Comme il n’exis-tait aucune formation sur la zoothérapie enFrance à cette époque, j’ai préparé un DUen gérontologie avec l’élaboration d’unprojet de recherche en 1999-2000. Monthème de recherche qui était « Des ateliersde médiation animale par le chien peuvent-ils atténuer le symptôme d’apathie chez lapersonne âgée démente vivant en soins delongue durée ? ».

La soutenance a été un succès et j’ai eu mondiplôme avec mention. Cela m’a permisd’obtenir une première reconnaissance pro-fessionnelle à l’hôpital. C’est à cette périodeque CAPA a été rebaptisée « 4 Pattes Ten-dresse ». Ce nouveau nom est plus parlant,et transmet la base de notre travail : les 4pattes, c’est-à-dire les animaux qui appor-tent de la tendresse. Avec de la tendresse,un peu plus de joie et de plaisir et la vie unpeu plus douce ! Puis, en 2007, une forma-tion et une certification de zoothérapie

m’ont apporté une autre reconnaissanceprofessionnelle.

Un peu avant la fin 2008, j’ai quitté mesfonctions d’infirmière à l’hôpital pour déve-lopper mon nouveau métier d’infirmièrezoothérapeute professionnelle. À cette pé-riode, j’intervenais dans deux maisons de re-traite. Trois ans et demi plus tard, avec mescollègues à poils, Dina, Réglisse et Pastèque,nous intervenons dans seize établissementsdifférents. Je n’ai jamais fait de prospect.Les demandes proviennent essentiellementdu bouche-à-oreilles. Les bilans sont telle-ment positifs que certains clients souhaitentaugmenter le nombre d’ateliers et les pro-fessionnels se transmettent l’information !Le planning est rempli et douze nouveauxétablissements sont en liste d’attente…

Suite de l’article dans notre prochainnuméro

Contacthttp://[email protected]él. : 06 61 47 61 08

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l’hydratation, dans la salle collective, je met-tais sa gamelle d’eau au milieu de la pièce,chacun avait son verre, sa collation, mêmeles soignants présents. Et tout le mondetrinquait à la santé de Mike! C’était trèsconvivial et surtout très efficace !! Commeje vous le disais, la bonne humeur est trèscontagieuse !

A.C. : Aujourd’hui Dina a repris le flambeau.Pouvez-vous nous la présenter ?C.B. : Dina est une Labrador croisée goldenqui aura 4 ans le 21 juin prochain. C’estd’ailleurs l’occasion de fêter son anniver-saire avec la plupart des résidents auprèsdesquels elle intervient. Tous les ans, une se-maine de fête !! J’ai toujours travaillé avecdes chiens de petite taille.

Avec Dina, 34 kg, j’ai dû apprendre à fairedifféremment. Bien sûr, comme tout bonchien médiateur digne de ce nom, elle esttrès joyeuse, curieuse, dynamique et à lafois très calme et douce, attentionnée etaime tout le monde !! En fait, elle vit dansle monde des Bisounours !! Tout le mondeest beau, tout le monde est gentil. Elle a euune excellente socialisation et sait donc res-

ter zen en toute situation : quelques soientles attitudes, les bruits, les cris, les caresses,les sollicitations, les objets qui tombent parterre…. elle est calme et paisible. Spontané-ment, elle dit toujours bonjour à toute per-sonne qu’elle rencontre. Elle a dûapprendre à avoir ma permission pour lefaire. Tous les êtres humains dans la ruen’apprécient pas forcément le salut d’ungrand chien, et même d’un petit…

Elle est très « pro », a grand plaisir à travail-ler. En fait, elle aime charmer, solliciter toutle monde pour avoir une caresse, un câlin.Son bonheur, tout faire pour faire sourire,faire rire et jouer. Toutes les activités réali-sées avec les résidents, quelques soient lesobjectifs à atteindre, sont basés sur des jeux,et jouer, Dina adore ça !! Elle est d’ailleurschouchoute, la coqueluche de chaque éta-blissement où nous intervenons.

A.C. : Pastèque et Réglisse un couple de co-chons d’Inde sont également de la partie.Qu’apportent-ils de différent ?C.B. : Mike alors trop âgé, à la retraite, estresté dans notre famille, sa famille, jusqu’àson dernier souffle. Je ne pouvais accueillir

un troisième chien. Alors, ces deux cochonsd’Inde sont venues agrandir l’équipe voiciun an et demi. Calmes et douces, elles ontdécouvert petit à petit ce métier si particu-lier : animal médiateur. Elles aiment êtredans les bras, être caressées… Elles ont descaractères bien différents. Réglisse, noireavec un peu de marron foncé et une hou-pette blanche sur la tête est très calme, pa-tiente, curieuse, observe les visages, regardedans les yeux et est terriblement gour-mande ! Pastèque, marron claire et unebelle houpette blanche sur la tête, est trèscâline et bavarde. Elle est aussi chatouil-leuse, les caresses doivent être douces et lé-gères. Elle sait très bien le faire comprendre.

Réglisse et Pastèque sont donc de petits ani-maux dont il faut prendre soin, faire atten-tion, être délicat, doux, que l’on peut trèsfacilement prendre dans les bras. Elles ai-ment être brossées, et toutes gourmandes,acceptent de manger dans les mains. Ellessont aussi très affectueuses et savent parfai-tement se glisser sous les mains posées surune table pour avoir des caresses. Pour lesrésidents, les rôles s’inversent. Dans l’insti-tution, ils subissent souvent les soins. Avec

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