REVUE DE PRESSE

MILO RAU The Dark Ages

24 – 25.09.2015

CULTUREScène

KFDA 2015. " Dark ages " (Milo Rau) : l'illusioneuropéenne sur un champ de ruines.

« Dark ages » (Milo Rau) - © Das Huber

(#)

Christian JadeMis à jour le vendredi 29 mai 2015 à 13h27

L’histoire au théâtre, la ré!exion politique au théâtre, le documentaire au

théâtre ? Impossible, après Brecht, parce que l’époque a changé ? Que nenni !

La preuve par Milo Rau

Les vieux préfèrent les livres ou les vrais documentaires et les jeunes des

performances plus " légères " ? Milo Rau (et Rimini Protokol), tiens, deux

Suisses, ont donné au " document " historique une puissance théâtrale

remarquable avec des moyens très différents. Un spectacle souvent ludique

avec Rimini, plus sobre et austère pour Milo Rau. Le génocide rwandais (" I

hate Radio ou l’histoire terri"ante de Radio 1000 collines, une machine à

distiller la haine raciale), la racine…belge du djihadisme avec " Civil wars "

(KFDA 2014) et en 2015 " Dark ages ".

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Une ironie douce-amère, une mise à distance des horreurs de la guerre

(civile) baigne toutes ces histoires très chorales, où des acteurs puisent dans

leur vie des " anecdotes " qu’ils nous con"ent sur le mode du cinéma de

con"dence, en gros plans. Des destins croisés qui réunissent sur le même

plateau deux Bosniaques, une Serbe, une Russe et un Allemand. 1945,

effondrement du nazisme et du nationalisme au pro"t d’une fragile

construction transnationale européenne.1995, le massacre de Srebrenica "

couronne " la renaissance " génocidaire " dans les entités ex-yougoslaves. De

l’Allemagne en ruines à un renouveau nationaliste meurtrier : le mal est

toujours là et rendre justice est impossible. Sauf sur le plateau où, miracle,

cohabitent une Serbe, son " alliée " russe et deux Bosniaques dont les

histoires s’entremêlent, à sincérité et souffrance égale, sans pathos. Avec en

arrière fond, un thème commun : que faire du père, qu’il soit décevant,

absent, bourreau ou victime ? Et une solution "théâtrale", le glissement

progressif vers " Hamlet " dont l’interrogation sur le pouvoir, nécessairement

usurpé, du père, relie en "nesse tous les "ls conducteurs. Une mise en scène

minimaliste qui rend troublants les témoignages personnels d’une histoire

proche, jamais éteinte, terriblement actuelle. Le théâtre de qualité nous

oblige à creuser en nous alors que le reportage peut nous rester extérieur. Ça

n’arrive qu’aux autres ? Non, la haine n’épargne personne. Dark ages ou le

miroir intense de nos contradictions. Splendide !

Christian Jade RTBF.be

En savoir +

Théâtre (http://www.rtbf.be/culture/mot-cle_theatre?keyword=1058944)

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SCÈNES

Le théâtre plus fort que la haineGUY DUPLAT Publié le lundi 25 mai 2015 à 08h49 - Mis à jour le lundi 25 mai 2015 à 08h49

Le Suisse Milo Rau (né en 1977 à Berne) nous avait enthousiasmé l’an dernier au Kunstenfestivaldesarts avec « The Civil Wars ». Comme à son habitude, il yempoignait les grands problèmes d’aujourd’hui. Son point de départ était ces jeunes Belges partis combattre en Syrie et que, parfois, leurs pères allaient rechercher au périlde leur vie. Qu’est-ce qui les a fait fuir la société belge et leurs familles ? Ne leur apportaient-elles plus aucune lumière ?

Il est revenu cette année au Kunsten avec « The Dark Ages », le second volet de ce qui sera une trilogie. Plus statique et déclamative que le premier volet, ce spectacle restenéanmoins profondément humain et politique. Cinq acteurs sont en scène et viennent tour à tour raconter leur vie dans les conflits de l’ex-Yougoslavie : une jeune femmeserbe, un Musulman blond dont la famille fut exterminée, une femme de Sarajevo, un Allemand qui vécut les bombardement de Brême en 1945, une jeune Russe. Dans leurssouvenirs bien réels, apparaissent la complexité et l’horreur que connurent ces pays. 1945 ne signifia pas pour eux, la fin de la guerre car elle continua sous d’autres formesjusqu’au massacre de Srebrenica il y a juste vingt ans. Leurs histoires croisées et subjectives, faites de petits riens et d’immenses tragédies, répondent bien mieux qu’une"attaque" frontale du sujet. Et on s’émeut de les voir ainsi rassemblés sur un plateau, plein d’attention les uns pour les autres. Leurs familles, leurs clans, leurs patries se sontentretués, mais eux sont réunis par la force du théâtre. A moins que la mort de leur père (un leitmotiv dans leurs histoires) ne les ait délivré du cycle des vengeances et de lahaine.

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TweeterCritique - Théâtre - BruxellesThe Dark Ages

Témoin de son tempsPar Suzane VANINA

Publié le 5 juin 2015

La démarche générale de Milo Rau est particulière etcaractéristique, que ce soit pour le fond, ou pour la forme. Rienque de l'authentique avec des reconstitutions théâtrales etfilmiques qui se veulent au plus proche des témoignages révélés;ils le sont "en vrai direct" pour le public théâtral... ce qui a étéqualifié de "théâtre documentaire".

Ambiance intime, familière, propice aux confidences, "The DarkAges"/"Les années noires" constitue le deuxième volet d'un projetthéâtral de l' "International Institute of Political Murder". Ce projet,commencé avec "The Civil Wars"*, devrait, in fine, constituer une"Europa Trilogy"(Trilogie de l’Europe"). Milo Rau a porté sonattention plus précisément sur les années d'unification de l’Europeaprès la Seconde Guerre mondiale, de la chute du Troisième Reichau siège de Sarajevo, vingt ans plus tard.

Les personnes qui vont tour à tour raconter leur vécu, par desanecdotes révélatrices, sont cinq: une jeune femme serbe, uneautre Russe, un musulman blond dont la famille a été exterminée,une femme de Sarajevo, un Allemand qui vécut les bombardementde Brême en 1945. Ils sont, aussi, comédiens : Sanja Mitrovic,Sudbin Music, Vedrana Seksan, Valery Tscheplanowa, ManfredZapatka. La musique du groupe slovène "Laibach" épouse fortbien les sentiments qui s'expriment.

Par la sincérité, la simplicité avec laquelle ils font part de leurbiographie tourmentée, ces acteurs dans tous les sens, racontent,en leur langue d'origine, l'histoire du monde faite de "sang et delarmes"; ils en sont le reflet vivant, yeux dans les yeux avec lespectateur, en pleine empathie et bienveillante écoute.

En plus de leur présence, à la fois proche et distanciée, maiscontinue sur scène pendant deux heures, on voit les gros plans deleurs visages en direct sur grand écran, tandis qu'une autrecaméra filme l'un ou l'autre document, l'une ou l'autre photo defamille, autant de touchantes pièces à conviction.De la conviction, certes, il y en a chez ces protagonistes, et quel'on ressent d'autant plus que l'option directe de la parole estappuyée par une représentation imagée qui dénonce le subterfugedes codes du spectacle.

On connaissait déjà cette disposition scénique particulière, pas desurprise, donc (mais pourquoi changer une formule aussiefficace ?) et on pourrait parler d'une forme de catharsis pour lesinterprètes et les spectateurs, qui reviennent aux fondamentauxanciens de l'acte théâtral.

Cohérence et persévérance...

Milo Rau est régulièrement venu à Bruxelles avec d'autres projets,comme par exemple "Hate Radio", exacte reconstitution d’une

Rue du Théâtre http://www.ruedutheatre.eu/article/print/2988/?symfony=526...

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Source : www.ruedutheatre.euSuivez-nous sur twitter : @ruedutheatre et facebook : facebook.com/ruedutheatre

émission de la "Radio Télévision Libre des Mille Collines", qui ajoué le rôle que l'on sait dans le génocide rwandais de 1994.Montré au Festival d'Avignon 2013, ce projet a été repris dans lecadre du projet "Up in Arms" au Kaaitheater, faisant égalementpartie de la programmation du Kunstenfestivaldesarts 2015.

Mais Milo Rau a également reconstitué le procès Ceausescu enRoumanie, ou celui des Pussy Riot à Moscou, en russe, où ont étéplaidées les missions et les limites de l'art critique (en mars 2014au Beursschouwburg)... tout cela dans une volonté persistanted'être continuellement branché sur l'actualité de nos sociétésmodernes.

Rappelons que l'"International Institute of Political Murder" est unemaison de production de théâtre et de cinéma, fondée en 2007,que dirige Milo Rau (Berne, 1977), pédagogue dans différentesuniversités.

Bruxelles - Kunstenfestivaldesarts -BelgiqueDu 23/05/2015 au 25/05/2015 à 20hThéâtre NationalBoulevard Emile Jacqmain B-1000Bruxelles, BruxellesTéléphone : 022034155.Site du théâtreRéserver

The Dark Agesde Milo RauThéâtreMise en scène : Milo Rau

Avec : Sanja Mitrovic, Sudbin Music,Vedrana Seksan, Valery Tscheplanowa,Manfred ZapatkaConcept: Milo RauAssistanat: Jakub GawlikLe texte de Milo Rau a été établi à partirde textes et performances de SanjaMitrovic, Sudbin Music, Vedrana Seksan,Valery Tscheplanowa, Manfred ZapatkaDramaturgie: Stefan Bläske, SebastianHuber - Recherches: Stefan Bläske,Mirjam Knapp -Assistanats: Lucia Kramer, Rose ReiterScénographie, costumes: Anton LukasCaméra & réalisation vidéo: MarcStephanMusique: LaibachTechniciens Kunstenfestivaldesarts: MarcDefrise, Patty Eggerickx, Eugénie Poste

En bosniaque, serbe, allemand, surtitres:FR /NL - Traduction: Marija KaraklajicDurée : 2hPhoto : © Dashuber

Présentation Kunstenfestivaldesarts auT.N. (Théâtre National de la Communautéfrançaise), Bruxelles (BE)Création: Milo Rau/"International Instituteof Political Murder", Munich (DE)Coproduction: Residenztheater, Munich(DE)- Manager production: MaschaEuchner-Martinez, en coopération avecMilo Rau/"International Institute of PoliticalMurder"(IIPM)Avec le soutien de Pro Helvetia

Revoir: http://www.ruedutheatre.eu/article/2608/the-civil-wars/ http://www.ruedutheatre.eu/article/1959/hate-radio/

Rue du Théâtre http://www.ruedutheatre.eu/article/print/2988/?symfony=526...

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