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VINCENT SEDOGO Historien, Chargé de recherche en histoire africaine CNRST (INSS) [email protected] MIGRATIONS ET CONTACTS POLITICO-CULTURELS PROTO-MOOSE - SONGHAY, DES ORIGINES AU XVI ÈME SIÈCLE D’APRÈS LES SOURCES ÉCRITES Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 12 - 2012 RESUME Très anciennement, à une époque relativement antérieure au X ème siècle, mais qui reste encore à déterminer, tout ou partie du Soudan nigérien semble avoir été une zone de convergence de nombreux groupes sociaux. Parmi ceux-ci, les «Songhay» et des «Proto-moose», en contact, ont noué et entretenu de solides relations au triple plan social, politiques et culturel. En effet, l’étude de mythes d’origine, des récits historiques et des vestiges archéologiques montre qu’à l’instar d’autres groupes, les Songhay et les Proto- moose, venus probablement du Sahara actuel, ont vraisemblablement cohabité. Mais de nos jours, séparés par les frontières coloniales et le temps, ces deux peuples évoluent isolément. Il est donc possible à l’histoire de reconstituer à travers le parallélisme des vagues migratoires, des escales respectives et les greffes ethnoculturelles, les liens qui ont existé entre eux, mais aussi les bifurcations qui ont abouti à un moment donné à la séparation des «Songhay» des «Proto-moose» ainsi que des «Gurma» des «Zarma», etc., leurs voisins. C’est ce que propose cette étude. Mots-clés : Proto-moose, Songhay, Soninko, Arabo-berbères, Islam SUMMARY Formerly, in a period before X th century, but a period which has to be determined, all or part of the nigerien Sudan seems to have been a convergence zone for several groups. Among these, the “Songahy” and the “Proto-moose” in contact have established and remained strong relations at the social, political and cultural triple level. Indeed, the study of origin myths, historical accounts and archeological remnants show that following the example of other group, the Songhay and Proto-moose, probably came from the present Sahara, have very likely lived together. But nowadays separated by colonial and time boarders, these two peoples are developing separately it is therefore possible for history to reconstitute though the parallelism of migration waves, not only the respective stops and ethnocultural grafts, the links which have existed between them, but also the changes which have led to the separation of “Songhay” the “Proto-moose” as well as “Gurma” from the “Zerma”, etc., their neighbor. This is the purpose of this study. Key words : Proto-moose, Songahy, Soninko, Arabo-berbers, Islam

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VINCENT SEDOGO

Historien, Chargé de recherche en histoire africaine CNRST (INSS)

[email protected]

MIGRATIONS ET CONTACTS POLITICO-CULTURELS PROTO-MOOSE - SONGHAY, DES ORIGINES AU XVIÈME SIÈCLE D’APRÈS LES SOURCES ÉCRITES

Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 12 - 2012

RESUME Très anciennement, à une époque relativement antérieure au Xème siècle, mais qui

reste encore à déterminer, tout ou partie du Soudan nigérien semble avoir été une zone de convergence de nombreux groupes sociaux. Parmi ceux-ci, les «Songhay» et des «Proto-moose», en contact, ont noué et entretenu de solides relations au triple plan social, politiques et culturel. En effet, l’étude de mythes d’origine, des récits historiques et des vestiges archéologiques montre qu’à l’instar d’autres groupes, les Songhay et les Proto-moose, venus probablement du Sahara actuel, ont vraisemblablement cohabité. Mais de nos jours, séparés par les frontières coloniales et le temps, ces deux peuples évoluent isolément. Il est donc possible à l’histoire de reconstituer à travers le parallélisme des vagues migratoires, des escales respectives et les greffes ethnoculturelles, les liens qui ont existé entre eux, mais aussi les bifurcations qui ont abouti à un moment donné à la séparation des «Songhay» des «Proto-moose» ainsi que des «Gurma» des «Zarma», etc., leurs voisins. C’est ce que propose cette étude.

Mots-clés : Proto-moose, Songhay, Soninko, Arabo-berbères, Islam

SUMMARYFormerly, in a period before Xth century, but a period which has to be determined, all or part

of the nigerien Sudan seems to have been a convergence zone for several groups. Among these, the “Songahy” and the “Proto-moose” in contact have established and remained strong relations at the social, political and cultural triple level. Indeed, the study of origin myths, historical accounts and archeological remnants show that following the example of other group, the Songhay and Proto-moose, probably came from the present Sahara, have very likely lived together. But nowadays separated by colonial and time boarders, these two peoples are developing separately it is therefore possible for history to reconstitute though the parallelism of migration waves, not only the respective stops and ethnocultural grafts, the links which have existed between them, but also the changes which have led to the separation of “Songhay” the “Proto-moose” as well as “Gurma” from the “Zerma”, etc., their neighbor. This is the purpose of this study.

Key words : Proto-moose, Songahy, Soninko, Arabo-berbers, Islam

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INTRODUCTION

L’histoire des formations politiques de l’Afrique de l’Ouest n’a été véritablement prise en considération dans les documents écrits1 qu’au début de la colonisation européenne au XIXème siècle2. Cependant, le niveau des recherches en sciences humaines et sociales montre que celle-ci remonte à une époque très reculée3. Dans la boucle du Niger, les groupes humains ont entretenu entre eux des relations étroites et souvent, grâce aux sources orales, c’est à travers les mythes et les légendes que l’on découvre leur profondeur historique4. Par endroits même, les acteurs de l’histoire sont présentés comme des «génies». Bon nombre de récits de ce genre faisant état de relations dont les plus anciennes séquences mettent généralement en scène des «êtres surnaturels» seuls ou en relation avec des «humains» abondent. Sont de ce cas, les Moose septentrionaux, encore appelés «Proto-moose5» du Soudan nigérien dont l’histoire est émaillée de mythes.

Les Moose septentrionaux sont considérés comme les ancêtres les plus lointains des Moose du Burkina Faso. Actuellement, les Moose

1 Il s’agit ici des documents des historiens Européens qui se sont intéressés très tôt à l’Afrique. Cette précision est importante dans la mesure où dès le Xème siècle, et surtout à partir du XVème siècle, les écrits des auteurs arabes et arabisants étaient déjà nombreux.

2 En Afrique occidentale, c’est dans la seconde moitié du XIXème siècle, après la conférence de Berlin de 1884-1885 que les opérations commencent. La colonisation européenne dura un siècle environ.

3 Le TARIKH ES SOUDAN fait état de 44 rois ayant régné dans l’empire du Ghana dont 22 avant l’hégire (622 après JC) et 22 après. Ce qui permet de situer approximativement la fondation du Ghana au tour du IVème siècle après JC sur la base d’un calcul prenant en compte une durée moyenne de règne de 15 ans. L’archéologie va plus loin et montre que la présence du squelette humain le plus ancien remonte à 7 millions d’années (Toumai). Au Burkina Faso, les traces les plus anciennes dateraient de 1 000 000 ans.

4 Dans certaines civilisations d’Orient et d’Europe, l’écriture joue un rôle fondamental de réceptacle de recueil, de conservation et de transmission des traditions et des connaissances. En Afrique occidentale par contre, ce sont les peuples dits à «oralité» qui dominent. La mémoire collective de ces peuples est transmise oralement d’une génération à l’autre. On les qualifie parfois de civilisation du verbe. Dans ce contexte, de nombreuses formes d’expression de l’oralité comme les contes, les mythes, les légendes, les proverbes etc., sont développées pour transmettre les informations.

5 Il s’agit des Moose qui ont vécu avant la fondation des royaumes Moose du Burkina Faso, dans le centre du pays autour du XVème siècle. On les considère aussi comme des Moose extra-muros.

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font partie des groupes les plus nombreux et les plus répandus en Afrique de l’Ouest6. Mais sont-ils pour autant les plus anciens ?

Pour répondre à cette interrogation, nous qui sommes animé d’une volonté de pousser aussi loin que possible la réflexion sur l’histoire des Moose, principalement sur leur origine lointaine, avons opté de rapprocher les Moose des Songhay, peuple avec lequel les ancêtres des Moose auraient partagé un même parcours historique. En effet, les Moose dits «septentrionaux» et les Songhay comme bien d’autres peuples encore se disent généralement originaires d’un Orient lointain, mais dont on n’a pas encore pu localiser avec précision le ou les foyers originels de départ. Comme d’autres peuples, à un moment de l’histoire des grands empires du Soudan nigérien (Ghana, Mali et Songhay), les ancêtres des Moose se sont révélés. Mais jusqu’à présent, il n’est pas toujours aisé de remonter le temps jusqu’aux périodes les plus reculées pour savoir où et comment ils se sont constitués et s’ils ont eu une origine ou une parenté commune avec d’autres groupes.

Au cours de leur évolution aussi, les études mettant directement en parallèle les principaux acteurs de leur histoire avec les autres peuples n’ont pas encore suffisamment révélé leur évolution, conjointement, et les contributions qu’ils ont pu s’apporter en tant que voisins ou alliés.

L’existence des ancêtres des Moose a commencé à se révéler véritablement sous l’empire du Mali au XIIème siècle et principalement sous l’empire songhay, du XIème au XVIème siècle. Mais les quelques récits d’exploits militaires les concernant, qui ne parlent pas que d’eux, paraissent insuffisants pour permettent de connaître le rôle véritable qu’ils ont joué dans l’histoire du Soudan nigérien. Autrement dit, certains pans de l’histoire des ancêtres des Moose entendent d’être revisités.

Le thème de cette étude consacrée à l’analyse des migrations et des contacts que ces ancêtres ont développés au cours de l’histoire en relation avec les Songhay se propose de contribuer à y remédier.

6 Les Moose vivent au Burkina Faso. Mais on retrouve d’importantes communautés en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Niger, au Cameroun, au Mali, en Guinée, au Sénégal, etc.

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Ainsi, à partir de l’exploitation des sources écrites7 traitant du peuplement ouest africain en général et des travaux des historiens nigériens et burkinabé, cette étude compare historiquement les Moose dits septentrionaux aux Songhay avec lesquels ils auraient longtemps cohabité pour montrer ce rôle.

Elle tente de reconstituer leur genèse respective, de suivre leur évolution dans le temps et dans l’espace et examine leurs relations sociales et politiques.

Chronologiquement, elle va des périodes les plus reculées de leur histoire au XVIème siècle, suite au déclin de l’empire songhay. Que disent les sources au sujet de leurs origines ?

I- AUX ORIGINES DES MOOSE SEPTENTRIONAUX ET DES SONGHAY

Les origines des deux peuples s’intègrent dans l’histoire sociale générale de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, très anciennement, tout ou partie du Soudan nigérien semble avoir été occupé par de nombreux peuples dont les origines se situent le plus souvent ailleurs. Et si après le Xème siècle, certaines populations étaient déjà connues et identifiées comme des Mandé, des Maure ou des Touareg, d’autres par contre vivaient initialement sous des identités non révélées qu’une étude historique permet de reconstituer. Pour connaître si les Moose septentrionaux et les Songhay qui nous intéressent ici en font partie, nous tentons de reconstituer leur genèse.

I-1. Les Moose septentrionaux

Nous connaissons l’existence des Moose septentrionaux grâce aux nombreux écrits, notamment ceux d’auteurs arabes8, nigériens9 et

7 Ces écrits regroupent un ensemble de mémoires et thèse produits au département d’histoire de l’université de Ouagadougou, des documents obtenus dans Internat et dans les principales bibliothèques du Niger.

8 Les Tarikh (es Soudan et El Fettach), etc.

9 Il s’agit essentiellement des travaux de Jean ROUCH sur les Songhay, de Boubou HAMA, Boubé GADO, de Amadou ISSOUFOU, etc.

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burkinabé10, qui font état du fait que, dès la plus haute antiquité, ils étaient en étroite relation avec de nombreux peuples. L’énumération complète de ces peuples s’avère difficile dans notre cadre. Aussi, nous intéressons-nous à certains d’entre eux dont le destin est resté intimement lié au leur. Voyons d’abord qui sont les «Moose septentrionaux».

I-1-1. Identification des Moose septentrionaux

Les Moose septentrionaux seraient une branche ancienne des ancêtres des Moose. Pour savoir comment ils se sont constitués, il importe de les situer dans l’histoire ancienne des peuples et le contexte spécifique dans lequel ils se sont démarqués au cours de l’évolution.

Actuellement, les Moose vivent majoritairement11 au Burkina Faso où du XIVème au XIXème siècle, ils créé le Moogo ou pays des Moose12. Mais avant le XIVème, la présence de groupes sociaux considérés ou apparentés aux ancêtres «lointains» des Moose est signalée dans plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs.

C’est ainsi qu’à partir d’une étude biochimique de groupes sanguins (GASCHEN, H. 1947 : 340) classe les Moose dans la catégorie des Hindo-mandchou et des Sud-asiatiques et parvient à la conclusion qu’ils viendraient de l’Est de l’Europe.

Concernant l’origine asiatique, Boubou Hama semble aussi du même avis quand il fait venir les ancêtres des Moose du Moyen Orient : «Gounguia, vers 300 de l’ère chrétienne, était bien loin à l’est de Gao. C’état, à mon avis, Wéiza-Goungou créé par les «Dia» yéménites de la même famille que les «El-Yémen» ou «Al Yamen» ou «aliaman», d’où

10 Dans catégorie, nous avons d’abord les administrateurs et missionnaires français comme Cpt LAMBERT (1907), Louis TAUXIER (1924), Maurice DELAFOSSE (1947), Junzo KAWADA (1979), Michel IZARD (1970). Ensuite, il y a la contribution des intellectuels et chercheurs burkinabé comme Jean-Baptiste KIETHEGA et Alli (1994), Pierre ILBOUDO (1990), G. Victor KABORE (1966), Joseph KI-ZERBO (1978, 1986), Lassina SIMPORE (1994, 2000, 2005).

11 Nous disons majoritairement car on les trouve aussi dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Togo, le Bénin, le Niger, le Nigéria, le Mali, le Sénégal, etc.

12 Le Moogo se trouve au centre du Burkina Faso. Il est constitué d’un ensemble de dix neuf royaumes interdépendants, liés par la parenté commune des fondateurs, la langue (Moore), les us et coutumes, etc.

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«Dialiama», ancêtres probables des Mossi qui fondèrent Rozi dans le Boboye, le «Diamaré» dans la même région» (HAMA, B. 1966 : 252).

On note aussi à la lumière de travaux menés par André Arcin que les plus lointains ancêtres des Moose étaient proches des Maxyès ou Libou dont les femmes, comme les leurs portaient de lourds bracelets en bronze ou en cuivre aux pieds ou aux mains. Mais Boubou Hama fait remarquer que les preuves de cette filiation ne peuvent qu’être réduites car les Libou ou Maxyès, s’ils se sont aventurés au Sahara, ne peuvent qu’avoir été perdus et noyés dans une masse de «Nègres» dont le Sahara était initialement le fief (HAMA, B. 1979 : 118).

En Afrique, Lassina Simporé cite l’Egypte13, l’Ethiopie14, la Mauritanie, le Tchad, le Cameroun, le Nigéria (HAMA, B. 1966 : 30 et suivant), le Mali, le Togo et le Ghana (SIMPORE L., 2005 : 17) comme pays dans lesquels les ancêtres des Moose auraient vécu avant leur installation au Burkina Faso.

Leur point de départ le plus éloigné serait l’Egypte. En effet, rapporte Boubou Hama, «Les Mossi ont une origine qui les rattache aux pharaons. Leurs coutumes ressemblent à celles des Coptes» (HAMA, B. 1966 : 211) ou anciens Egyptiens.

De l’Egypte, ils auraient amorcé une descente vers le Sud-ouest, descente au cours de laquelle, ils seraient passés par Tounga au Tchad (TAUXIER, L. 1924 : 10), par Zamfara (CORNEVIN, R. 1962 : 283) et par Kano et Sokoto au Nigéria (KAWADA, J. 1979 : 288). Avec l’éloignement et la dispersion des sources qui en parlent, il est difficile de retracer avec précision la trame chronologique correspondant à toutes ces étapes de la migration du peuple.

Enfin, leur présence est signalée dans la région de Diamaré au Niger où, à la suite d’une épidémie foudroyante, ils se seraient dispersés vers le Nord et vers le Sud. Les Moose septentrionaux ou Proto-moose qui nous intéressent ici constituent la branche du Nord, par opposition à celle qui a pris la direction sud, connue à travers l’historiographie sous l’appellation de Proto-mamprusi-dagomba (SIMPORE, L. 2005 :

13 Boubou HAMA (1966, p. 252), et Abkâl Ould Aoudar dans Aguinas Afriquia (les races d’Afrique) vont plus loin et situent l’origine des Moose en Arabie, au Yemen.

14 Confer aussi les travaux du capitaine Lambert (1907), de Maurice Delafosse (1947).

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568). Dans cette étude, il sera donc question des Proto-moose ou Moose septentrionaux. Comment les connaissait-on ?

L’un des premiers auteurs qui parlent d’eux est Abkâl ould Aoudar15. Celui-ci rapporté par Boubou Hama les désigne par le terme «Zanudj» de l’Arabe, qui veut dire «sauvage». Pour lui, les Zanudj vivaient dans le désert du Sahara au stade de clan. Il précise aussi qu’ils vivaient dans la partie désertique du Tchad et n’étaient pas encore bien organisés, sans doute en comparaison avec d’autres peuples qui présentaient un stade d’organisation plus avancé. Qui étaient donc ces peuples «policés»? Pour répondre à cette interrogation, nous nous sommes intéressés aux communautés de l’époque dont on dit qu’ils ont vécu au Sahara comme les Zanudj.

Ces éléments sahariens seraient d’après Boubou Hama, les Kallé, les Golé, les Mawri et les Soudié (HAMA, B. 1966 : 134). Ici, le terme Mawri dont le sens premier est «noir», semble avoir été un terme générique désignant toutes les tribus noires de l’époque. Ces groupes de Noirs, composés aussi de Tubu auraient laissé d’importantes traces de leur passage dans le Tibesti comme des tumulus et des puits. Ont également occupé les hauteurs du Tibesti, des Kurumba, des Gurma (HAMA, B. 1966 : 197) et des Nioniose16. Jean Hugot rapporte aussi l’occupation du Tibesti par les Kurumba.

La réunion de la SCOA de février 1976 a permis également aux archéologues de s’accorder sur le fait que les villages situés au bas des montagnes du Tibesti et du Hoggar ont été abandonnés au IIème millénaire av. J.C par les populations qui les habitaient pour les régions sud. Quant aux villages refuges des hauteurs, leur occupation s’est poursuivie jusqu’au IIème siècle après J.C.

Les derniers groupes à quitter le Sahara actuel seraient partis probablement après le IIème siècle après J.C., fuyant la sécheresse ou chassés par des peuples libyco berbères.

De même, la présence d’autres groupes est signalée dans le désert aux premiers siècles de notre ère. Ce sont, d’après le Tarikh el Fettach, les Tchi ou Si, apparentés aux Songhay- sony, et les Afrites dont on dit

15 Il s’agit d’un manuscrit de cet auteur exploité par Boubou HAMA. 16 Les Kurumba sont au centre nord essentiellement, les Gurma sont à l’Est et les

Nionionse sont au centre.

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par ailleurs qu’ils viennent tous d’Ethiopie et d’Egypte. Ainsi, dès la plus haute antiquité, les ancêtres des Songhay et les Zanudj ont vécu concomitamment, mais aussi au voisinage d’autres groupes.

C’est probablement aussi du désert du Tchad que les Gurma, les Bariba, les Busa ou Bosey, les Dogon, etc. se seraient aussi avancés vers l’Ouest, côtoyant les Zanudj ou Proto-moose. Comme l’a si bien dit Boubé Gado, au départ, «l’aire d’occupation des Mossi est difficile à démêler de celle des Gurmantché car les deux peuples de même culture semblent s’être côtoyés et imbriqués tout au long de leur migration jusqu’à ce que les Mossi aient intégré les Gurmantché…» (GADO, B. 1979 : 89). Il se pourrait donc que de la descente de tous ces groupes vers le Sud ou l’Ouest, suivie de leur mélange, des démarcations et des bifurcations aient produit selon des souches différentes, une multitude de clans, de familles et de groupes dénommés à un moment de l’histoire, «Mossi» ou approximativement tels, «Busa» ou «Bosey», «Gurma» ou «Gurmanche», «Kurumba» ou «Kurumey», etc. Nous nous trouvons ainsi après le IIème siècle après J.-C., en présence de plusieurs groupes de Noirs ou Métis, dont les ancêtres des Moose qui, sous la pression des voisins comme les Libyco berbères et des contraintes du climat, partirent plus au Sud du Tchad. C’est ainsi que par la suite, la présence des ancêtres des Moose est signalée d’abord au Bornou (extrême sud-est du Niger). De là, « ils arrivent dans la vallée du fleuve Niger après une longue migration et une halte dans la région de Zamfara. Ils s’établissent dans le Dallol Bosso, sur la rive gauche. Ils y créent le royaume de Rozi ; puis se rapprochent du fleuve et fondent Minji» (KIETHEGA, J.B. et Alli. 1994 : 12).

L’un des premiers ethnonymes les ayant été attribué serait le terme «Mo-si» de la langue songhay qui signifie : «il n’y a pas de riz ». Il aurait été forgé d’après Boubé Gado (GADO, B. 2000 : 46) par les Songhay pour désigner les habitants de Minji. On situe la fondation des premiers foyers songhay dans la république du Niger approximativement au VIIème siècle. Ce qui permet de supposer l’origine de ce terme «Mo-si» à partir de cette période, terme qui allait d’après cet auteur servir à désigner ce peuple.

Par ailleurs, dans une énumération des anciens peuples du Niger, Boubou Hama identifie des Mossantché apparentés au Boussantché et aux Gourmantché, des groupes qui faisaient partie d’un grand

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ensemble de populations noires. Nous avons cherché à savoir qui sont ces Noirs.

I.1.2. Les groupes de «Noirs»

Le premier auteur qui parle de ces «Noirs» est Jean Rouch pour qui, ils étaient des «Ganji-bi». «Ganji» de la langue songhay désigne à la fois la brousse et les divinités qui s’y trouvent (ROUCH, J. 1965 : 52). «Ganji-bi» signifierait aussi «génies noirs». Ce mot viendrait de la couleur de la peau du Ganji (génies17) qui est noire. Ce qui fait dire que les Songhay qui les ont désignés ainsi n’étaient pas «Noirs». Pour les Songhay du Niger, le pays des «Noirs» correspond à une zone habitée par des êtres « sauvages ». Cette définition du «Noir» se rapproche de celle de l’Arabe « Zanudj » employé par Ould Aoudar pour caractériser les ancêtres des Moose et qui signifie aussi «sauvage».

Au-delà de cette considération, les «Ganji-bi» correspondaient d’après Boubou Hama aux premiers occupants du Niger, «les maîtres du sol». Mais au Niger, les premiers habitants ne seraient pas partout des Noirs. En effet, l’histoire du peuplement montre que dans le Zarmaganda, les «Ganji-bi» n’auraient devancé que les «Tooru» (Songhay) et les Touaregs qui formaient une autre catégorie de groupe mythique de «génies» ou «Ganji-kwarey» («génies blanc»). Issoufou Amadou fait des «Ganji-bi», un congloméra «de groupes voltaïques dominés par les Mossi ou à prédominance Mossi, entourés d’éléments périphériques Peul, Zarma, Hausa et Bariba…» (ISSOUFOU, A. 1978 : 8).

Sur leur composition et leur origine, Jean Rouch donne des éléments plus précis encore : «ils seraient descendants d’un certain Angu Zangu Burzangu18 qui vivait dans une caverne du Gurma. Son fils, Zuduba qui était très méchant quitta son père et rencontra un génie captif de Peul : Zataw. Zataw passa à son service. Il épousa

17 Le génie serait «l’autre», l’étranger, le particulier. Celui qui, par sa physionomie est différent du commun.

18 La présence de cet ancêtre éponyme dans le Gurma est antérieure à l’arrivée des Songhay. Et si l’on considère que ce « Gurma » est situé sur la rive droite on peut reconnaître que les « Ganji-bi » y étaient présents en nombre important avant peut-être le Xème siècle.

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une de ses sœurs et eut comme enfants et petits-enfants les Ganji-bi…» (ROUCH, J. 1965 : 54). Cette filiation rattache les groupes dits «Mossi», les Gurma, et les Peul à un même ancêtre.

Etudiant la parenté entre les Gurma et les autres groupes, Boubé Gado (GADO, B. 1976 : 91) identifie les «Bargance», un peuple mandé qui s’est séparé des autres mandingues au cours de leur descente vers l’Ouest après le dessèchement du Sahara. Pour Jean Lombard (LOMBARD, J. 1960), c’est le croisement entre éléments boko, éléments «paléo-négritiques» et Gurma qui aurait produit les Bariba. Or, Boko ou Bargance s’apparenterait d’après lui aux Busance ou Busa ou Boso ou Bosey. Ce qui rapproche donc les «Bosey» des «Bariba».

La langue bariba serait par ailleurs formée de dialectes «Busance» d’origine mandé et de Gurma d’origine voltaïque. La parenté Bargance-Boko-Bosey-Gurma-Bariba paraît à la lumière de ces propos évidente.

Les Bargance sont présents à Nikki et à Boussa. Cette présence résulterait selon Boubé Gado de la scission du groupe mandé dont on a parlé plus haut. Les Bariba issus de ce détachement seraient partis vers le Sud, dans la région de Boussa tandis qu’une partie du groupe est restée dans le Songhay.

Bien avant cette séparation, les «Bosey» ou «Busa» ou «Busance» vivaient dans le Dallol Bosso où ils ont laissé de nombreux vestiges comprenant essentiellement des buttes anthropiques, des tumulus et des puits. Ils auraient cohabité avec des Kalé et des Gouber ou Gouba ; une cohabitation où d’après Boubé Gado, les Gouba étaient leurs vassaux. Les Kalé plus nombreux et indépendants s’allièrent aux Gouber et repoussèrent les Busance dont le départ remit en contact, Kalé et ancêtres des Moose ou Proto-Moose, puis survinrent d’autres groupes : les Tumey qui envahirent le Dallol Bosso.

Pendant ce temps, dans le Dallol Bosso, les Proto-moose et les Gurma vivaient côte à côte. Mais au bout de cinq siècles d’existence, ils « sont chasser par les Berbers » (HAMA, B. 1979 : 211). On les retrouve à Minji au VIIème siècle après l’Hégire, c’est-à-dire vers 1132 après J.-C., région qu’ils auraient abandonné à nouveau après un siècle d’occupation pour la rive droite du fleuve Niger. Ce départ

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pour la rive droite s’expliquerait par des guerres qui les auraient opposées aux «Songhoy» dont on signale la présence aussi dès le VIIè siècle de notre ère. Avec les Songhay, ils étaient en conflit pour le contrôle des vallées fertiles.

Sur la rive droite, les Proto-moose et les Gurma à leur tour «chassèrent les Tchinga et créèrent leur nouvel Etat…» (HAMA, B. 1979 : 211) voisin des Songhay. A partir du XIIIème siècle, les relations entre les Proto-moose et les Songhay sont de plus en plus précises. En résumé, que peut-on retenir ?

- des informations concernant l’origine lointaine et libyco noire métissée des ancêtres des Moose ;

- la présence effective des ancêtres des Moose dans le Sahara tchadien, suivie de leur migration dans le Sud, suite à la pression des Berbères et du climat ;

- un itinéraire et des haltes, ensemble ou à des intervalles successives entre Moose, Kurumba, Songhay, Gurma, Bosey ou Boso ou Busa, Kalé, Gouba, Peul (Zataw), Kwarey, etc. ;

- le séjour de groupes dits «Moose» au Sud du Bornou, dans la région de Zamfara, à Rozi et à Minji d’où ils ont gagné la rive droite, chassés par les Songhay ;

- l’Hypothèse d’une parenté commune Moose-Gurma-Bosey et Peul ;

- le récit d’une séparation des Bosey de la famille mandé. Le groupe «Bosey» s’étant par la suite scindé en deux ; l’un allant peuplé Boussa (les Bariba).

L’autre partie serait restée dans le pays des Songhay19.

Qui sont donc ces peuples dits «Songhay» ?

I-2. Les Songhoy

Pour avoir des informations sur la composition des Songhay et la chronologie de leur arrivée probable suivie de leur occupation du sol, un rappel historique s’impose.

19 Le même terme sert aussi à désigner le pays

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I-2-1. Rappel historique

Le Sahara méridional semble avoir été depuis longtemps habité par des Noirs que tout porte à croire, «nègres» ou «négroïdes». Louis Desplagne fait d’eux «un fond de tribus négrilles peu connus» (DESPLAGNE, L. 1907 : 487). Ces «négrilles» seraient «une des premières civilisations d’Afrique noire» (DIOP, C.A. 1971 : 149) et principalement du Soudan nigérien. Ce type négroïde est signalé en Egypte dès la plus haute antiquité. Au Niger, les traditions indiquent également «qu’il y eut une phase pygmée de l’Afrique après laquelle ce fut l’avance d’agriculteurs repliés du Sahara sur la savane soudanaise» (HAMA, B. 1979 : 107). Mais après le «négrille», la présence des Kurumba paraît à l’examen du peuplement du Sahara, se situer vers la fin du néolithique à la suite des vagues de migrations qui ont vu les sédentaires noirs refluer dans les vallées du fleuve Niger, sous la pression du climat ou des nomades.

Les travaux de Robert Cornevin montrent selon les régions les autres migrants venus à la suite des négrilles. Ces éléments successifs seraient les Bobo, les Gurunsi20 et les Kurumba du Burkina Faso, les Natchaba, les Moba, les Somba, les Zamberma, les Kabre, les Konkomba, les Gangan, les Basari, les Akebou qui constituent la majeure partie des populations du Togo septentrional, quelques éléments du Nord Dahomey, du Nord de la Nigeria et du Cameroun septentrional (Muzuk, Tupuri, Manchi, Falli, Matakan, Kapsiki)…les Bozo, Sorko, Somono et les chasseurs gow (CORNEVIN, R. 1962 : 233) du Mali. Le caractère commun à ces groupes viendrait de la géographie de leur implantation (entre le Darfour et le Sénégal), leurs caractères culturels bien conservés. Tous ces groupes se disent par ailleurs autochtones, «faisant étant de traditions qui font sortir le premier ancêtre des entrailles de la terre, d’une rivière, d’un rocher, à moins qu’ils ne le fassent descendre du ciel à la faveur d’un orage» (CORNEVIN, R. 1962 : 222).

Boubou Hama fait du Tibesti, le point de départ des Nionionse du Burkina Faso, premiers selon lui parmi les immigrants à submerger les «négrilles». Louis Desplagne et Robert Cornevin regroupent

20 Il s’agit d’un terme au contenu générique dans lequel on retrouve les Leila, le Sissala, etc.

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l’ensemble de ces seconds groupes sous l’appellation de peuples « paléo nigrinitques ». Beaucoup d’entre eux auraient habité le Sahara et le Soudan nigérien au néolithique et vivaient, avant l’arrivée des arabes, pratiquement retranchés du monde méditerranéen et de l’Egypte. Ils évoluaient par conséquent «pour leur propre compte avec un minimum d’apports extérieur, d’après les normes ancestrales millénaires» (MAUNY, R. 1961 : 196). Ces groupes se seraient réfugiés d’abord dans les montagnes du Tibesti, du Darfour et du Hoggar avant de descendre dans les plaines du Sahara et du Soudan. D’après Cheick Anta Diop, « jusqu’au Vème siècle après J. C. le nègre de grande taille dans l’ensemble n’avait pas encore peuplé l’Afrique occidentale » (DIOP, C.A. 1971 : 160). L’arrivée des Noirs serait postérieure mais à une date encore indéterminée. Ce qui nous amène à reconnaître que «l’homme n’a pas pénétré d’un seul coup, en une fois, dans une vallée vide ou peuplée seulement d’une faune sauvage. Il s’y est installé progressivement au cours des millénaires, au fur et à mesure que la densité même des groupes humains ou les variations climatiques exigeaient de nouvelles ressources alimentaires ou une sécurité plus grande» (MOKHTAR, G. : 1991 : 35).

La période d’après cette phase primaire de l’histoire du Soudan semble avoir été plus mouvementée. En effet, au cours de la période qui suivit, ce serait venant de plusieurs directions, le tour de d’autres groupes encore «d’envahir l’Afrique soudanaise» (HAMA, B. 1979 : 166). L’immense majorité proviendrait selon Maurice Delafosse de migrations ayant leur point de départ vers la limite de l’océan pacifique, à une époque difficile à déterminer. Nous savons seulement que les nombreux peuples qui se sont avancés en Afrique ont eu probablement pour centre d’implantation, la Haute Egypte, l’Ethiopie, le Soudan et une partie de l’actuelle Libye. Tout paraît se passer comme si de ces centres initiaux, «des masses d’hommes durent aller peupler les protubérances d’Afrique australe, et occidentale» (CORNEVIN, R. 1962 : 195). En effet, de cette époque, les sources font venir les Dogon, les Wolof, les Serer, les Vaï, les Yoruba, etc., du haut Nil et ces peuples n’étaient pas les seuls. Ce point de vue est partagé par Cheick Anta Diop pour qui, «partis du bassin du Nil, en essaims successifs, des populations ont irradié dans toutes les directions : certaines comme les Serer, les Toucouleur, seraient allés directement jusqu’à l’océan atlantique alors que d’autres se

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fixaient dans le bassin du Congo et dans les régions du Tchad, et que les Zoulou allaient jusqu’au Cap et les Traoré jusqu’à Madagascar» (DIOP, C.A. 1971 : 177). A partir de ces premières implantations, les migrations ont eu pour effet, de transplanter à l’Ouest du continent, les éléments majeurs de la civilisation nubienne et éthiopienne.

En dehors du Nil (Egypte, Nubie et Ethiopie), le second foyer est selon Jean Hugot, celui «d’une importante masse d’hommes qui, par vagues successives, sont partis de la région de Khartoum (Soudan) pour aller d’Est en Ouest, diffuser une riche civilisation, celle des néolithiques de traditions soudanaises» (HUGOT, J. 1974 : 82). L’archéologie a révélé la lente infiltration de ces populations nomades pour la plupart, vivant en marge des autres et «ne transportant essentiellement que des races nouvelles d’animaux domestiques et des techniques convenant à des peuples pasteurs» (MAUNY, R. 1961 : 196), ainsi que des individus isolés, introduisant des idées religieuses, des armes, des plantes cultivées, etc. Et si ces Soudanais ont colonisé les régions du Tchad, le Nord Cameroun, et le Nigeria, on trouve aussi des traces d’une migration lente et continue de groupes métissés du Nord-est dès la plus haute antiquité, venant se mélanger et se superposer aux «primitifs» «en leur apportant une civilisation, une industrie, des arts, un langage et un esprit religieux nouveaux, se rattachant également aux conceptions orientales et asiatiques» (DESPLAGNE, L. 1907 : 464-465) : les Libou. Métis de Noirs et de méditerranéens et assimilés, ces Libou venus du Nord-est auraient formé l’apport europoïde aux vagues «…qui envahirent le Sahara»» (HUGOT, J. 1974 : 329-330).

Une quatrième vague aurait eu pour centre, le Nord africain. Partis de la région méditerranéenne, des groupes auraient occupé aussi le Sahara du Nord avant d’amorcer une lente descente vers les tropiques.

Enfin, l’hypothèse d’un cinquième foyer d’origine occidentale est aussi développée par les sources. Il s’agirait d’un courant purement africain appelé «guinéen»» par Jean Hugot, «mouvement qui, passant par la forêt tropicale déboucha sur les hauteurs du Sénégal dans un pays déjà occupé par d’autres»» (HUGOT, J. 1974 : 330), entrant ainsi en croisement avec le flux nordique et prenant à revers les déferlements orientaux.

Les causes de ces mouvements sont multiples mais le contexte géoclimatique semble avoir occupé une place importante. En effet,

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les risques engendrés par la nature inhospitalière dans le désert et dans les forêts étaient immenses. Beaucoup de départs trouvent leurs causes dans la quête de zones de sécurité et de bien-être. La permanence de l’eau a aussi déterminé l’occupation plus ou moins longue des zones par les groupes humains. Sous la pression du climat, de nombreux peuples du Sahara se sont repliés dans le Sud où les conditions de vie semblent avoir été plus convenables.

La seconde cause des migrations est géopolitique et politico-religieuse. En effet, avant l’invasion de l’Afrique du Nord au VIIème siècle par les Arabes, sous la pression des Twareg, les populations du Soudan semblent avoir abandonné les montagnes pour emprunter l’axe Aïr-Adrar-Dallol Mawri où elles sont entrées en contact avec les autochtones. C’est dans ce processus que le Soudan nigérien accueillit des fuyards parmi les quels nous retrouvons, outre les ancêtres Moose, ceux des Songhay. Qui sont donc les anciens Songhay ?

I.2.2. Identification et origine des Songhoy

L’origine du peuple songhay est rapportée d’abord par une mythologie mettant en scène un certain Faran Makanboté, né d’un père Sarakolé et d’une mère «génie» sotie de l’eau KI-ZERBO, J. 1978 : 143). Faran Makanboté se serait allié aux Gow chasseurs et aux Sorko pêcheurs dont l’un faisait officie de Kanta (grand prêtre). Ensemble, ils se seraient établis avec des paysans dans la région de Tillabery. Mais vers 500 après JC, des Arabo-berbères venus du Yémen auraient débarrassé les Sorko pêcheurs de la terreur d’un poisson fétiche dont les Sorko se servaient pour soumettre les cultivateurs Gabibi (KI-ZERBO, J. 1978 : 143). En reconnaissance, l’un d’eux du nom de Za Aliamen est porté au trône. Celui-ci a jeté les bases d’une dynastie : celle des Za ou Dia. Les membres de cette dynastie se succédèrent à Koukia sur une île du fleuve Niger jusqu’en 1335. Par la suite, les Arabo-berbères furent assimilés et intégrés dans différents groupes pour former l’ethnie songhay.

Mais en dehors du mythe, l’historiographie fournit d’autres informations (DIALLO, B. 1993 : 138) faisant du groupe songhay un mélange de Soninko et de berbères. Le dessèchement post néolithique du Sahara qui a contraint les populations à se replier vers le Sud, dans les vallées du Niger a entrainé des brassages. Ainsi, les Soninko (sing.=Soninké) mendenka se sont mélangés à

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des populations d’origine voltaïque, berbère et juive pour former un groupe multiethnique : les Songhay.

Il existait anciennement aussi une souche dite « purement sonrhaï dont les origines remontent à l’Egypte ancienne » comme les ancêtres des Moose, en particulier de la haute Egypte, la Nubie. Mais l’origine orientale et/ou musulmane des certains peuples parait à la lumière des études une tentative de mystification. C’est ainsi que, tout en soutenant l’origine négro-africaine des Songhay, les travaux de Jean Rouch montrent que dès le VIème siècle, le royaume songhay de Koukia existait. Au VIIème siècle, les Songhay alors animistes se seraient installés définitivement autour de Koukia et plus tard, au IXème siècle, à Gao (NASSOURI, B.A., 2000 : 118). Ils comprenaient alors les Sorko maîtres des eaux (les plus puissants), les Do ou Gabibi agriculteurs, les Gow chasseurs vivant en conflits avec les autres. La fusion entre les maîtres de la terre et des Arabo-berbères aurait constitué l’ethnie songhay.

Les Songhay de Dendi seraient par ailleurs proches des Bariba et des Wassangari à travers les Tchanga et les Gurma dont on dit qu’ils sont de langue voltaïque21. On décrit également les Songhay comme un peuple métissé de Soninké malinké, de Peul et de Touareg, culturellement très proche des Mandingues et des Touareg. Dans la région de Dendi, ce rapprochement s’expliquerait par la présence des Koumaté ou Moulantché ou Malantché (gens du Mali) (NASSOURI, B.A. 2000 : 132).

Dans une autre mythologie, il est dit que la première race qui vécut sur la terre était celle des «génies». Celle-ci comprenait d’une part des divinités mythiques indéfinies, les «Zin» ou divinités antéhumaines, premiers à prendre possession des terres et des eaux et d’autre part, les divinités anthropomorphes, monitrices de la nature : les «Holley». Ce sont ces derniers qui auraient constitué l’ossature des divinités principales du panthéon initial songhay. Parmi les «Holley» on distingue entre autres :

- les «Tooru» ou divinités ancestrales attestant de l’occupation et la domination songhay sur la rive gauche du Niger ;

21 Les peuples de langue voltaïque ou Gur comprennent entre autres, les Baatonu, les Gurma, les Moosi, les Baali, les Otamaribé, les Yom, les Kabyès.

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- les «Ganji kwarey» ou «génies blancs», issus des Twareg ;

- les «Ganji bi» ou «génies noirs», «génies voltaïques» composés de Proto-moose, de Gurma, de Zarma, de captifs Peuls (Zataw), de Hausa, de Bosey ou Busa, de Bariba vivant dans le Zarmaganda.

On trouve aussi les «Hausa ganji» ou «génies hausa», des «Hargey» ou génies froids, sorciers mangeurs d’âmes, des Atakurma ou «génies nains» vivant en brousse, etc. Tous ces peuples de «génies» vivaient en voisinage, plus ou moins pacifiquement les uns avec les autres.

Les Tooru, ou «génies songhay» descendraient de deux jumeaux : Urfama et Hargam 22 venus de Misra (Egypte) en même temps que les ancêtres des Kurumba. Urfama engendra Dundu, qui engendra Zaa Béri, qui engendra Harakoy Dikko ou Nya Béri. Urfama s’installa dans la forêt de Garyel, dans le Zarmaganda où son arrière petite fille Harakoy Dikko, fille de Zaa Béri engendra Mahama Surgu d’un père Twarey, Musa Nyawri d’un père Gurma, Manda Hausakoy d’un père Hausa, Faran Baru Koada d’un père Twarey et adopta Dongo, né d’un père Bariba et d’une mère Pular. Zaa béri, sa fille Harakoy Dikko et ses cinq enfants forment les sept divinités magistrales ancestrales des Songhay ou «Tooru».

Pour s’assurer le contrôle des ressources, les Tooru luttèrent contre les «Zin» et les «Ganji-bi» qu’ils refoulèrent dans les îles sur la rive droite. L’autre rive libérée devint la propriété des Songhay, marquant ainsi la domination totale des «Tooru» sur cette partie du Niger23.

Ce récit révèle des précisions sur l’origine des Songhay : Misra ou encore l’Egypte. Ce peuple ne serait donc pas autochtone mais viendrait d’Orient. Il précise encore que les Songhoy et les Kurumba sont venus en même temps mais appartiennent à deux familles différentes. Selon Jean Rouch, les Kurumba devaient être plus nombreux que les Songhay.

Les cinq mariages de Harakoy Dikko sont la preuve que les brassages interethniques ont été très fréquents depuis la plus haute histoire. Ainsi les Bariba, les Gurma, les Songhay, les Hausa, les Pular et les Twarey appartiendraient à une même racine matrimoniale.

22 Ces deux jumeaux sont souvent confondus à Hini et Hassane23 Nous avons présenté ici un résumé de la version proposée par J. ROUCH et reprise

par B. GADO.

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Et contrairement au récit relatif à la filiation entre les Proto-moose, les Gurma et les Peul (Zataw) à travers leur ancêtre Angu Zangu Burzangu qui met en évidence le patriarcat, chez les Songhay, la filiation matriarcale semble à l’œuvre. Par ailleurs, les Gurma et les Peul seraient les deux groupes communs aux Ganji bi et aux Tooru.

Le récit donne aussi des informations sur la chronologie des vagues de peuplement. L’image du «Zin» traduit l’emprise des premiers occupants des rives du Niger sur les principales ressources de la région. Or, on a vu que dès le IIème et surtout à partir du VIème siècle de notre ère, la présence des Sorko et des Somono était déjà manifeste dans la zone. Maîtres des eaux et propriétaires des animaux aquatiques, les «Zin» ont été parmi les premiers sur le Niger et les familles primitives Sorko et Somono paraissent être leur prolongement.

Après les «Zin», survinrent les «Ganji bi », un groupe très composite comme nous l’avions signalé, puis suivent les Tooru, Songhay-kurmba et peut-être, presqu’à la même époque, les Twarey, les Hausa et les Zarma. Autrement dit, les Ganji bi (groupe composite dans lequel on retrouve les Proto-moose) ont devancé les Songhay (Tooru) au Niger. Mais cette chronologie d’implantation n’est pas forcément la même dans tout le Zarmaganda. C’est ainsi que d’après Boubé Gado, des Arabes ont devancé tout le monde dans le Zarmataré y compris les Atakurma («génies nains»). Après les Arabes, ce fut le tour des «Tchi, des Lafar, des Kallé venus du Sahara dans une direction nord-sud et les Zarma » (HAMA B., 1979 : 48). Il s’agit maintenant de connaître quelles relations les Ganji-bi et les Tooru entretenaient entre eux et entre eux et leurs voisins.

II. RELATIONS ENTRE PROTO-MOOSE ET SONGHOY

Les parties développées plus haut, tout en présentant les deux peuples dans leur migration jusqu’au Niger, montrent aussi à travers leur constitution quelques liens socioculturels les ayant unis. Cette partie de l’étude part de leurs positions géographiques respectives pour examiner leurs relations politiques, une collaboration dans laquelle, entre le XIème siècle, date supposée de la fondation de Gao, et le XVIème considéré comme l’âge d’or et le déclin de l’empire songhay, a mis en scène, une société militaire, celles des Proto-moose, en lutte

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contre les Songhay, organisés d’abord en royaume et plus tard en empire. D’où partaient donc ces Proto-moose pour lutter contre les Songhay ?

II.1. Les pays songhoy et proto-moaaga

Au départ tout au moins, le pays songhay se situait au Sud, dans la région de Dendi, en aval du fleuve Niger. Le premier royaume fondé par les Dia ou Za entre le VIème et le VIIème siècle était alors centré autour de Kotouka, Kano, Zamfara, une partie du pays yoruba, Djiba, Illo, Bussa, Kebbi et Weiza Gungu (NASSOURI, B.A. 2000 : 118). Ce royaume allait de Koukia au pays haussa à l’Est et l’Aïr au Nord-est. De là, suivant le court du fleuve, les Songhay seraient remontés dans le Nord où après s’être mélangés diversement au Soninko, aux Touaregs et aux Mandinko, ils fondèrent le royaume de Gao. En s’agrandissant au fil des conquêtes, Gao devint la capitale d’un puissant empire : celui des Songhay qui succéda au Ghana et au Mali. Gao passa successivement sous le contrôle des Dia ou Za entre 1009 et 1460, des Sony entre 1460 à 1493, des Askya de 1493 à 1582. Le pays songhay s’étendait alors sur la boucle du Niger, de part et d’autre du fleuve, de Dendi à Gao, et comprenait deux provinces : le Kourmina à l’Ouest et le Dendi au Sud-est (CISSOKO, S.M. 1991 : 143). A son apogée, l’empire s’étendait sur plus de 2000 kilomètres, de Téghaza au pays moaaga24 et du Tékrour à Agadès (KI-ZERBO, J. 1978 : 146).

Quant aux Proto-moose, les données sur l’emplacement exact de leur pays sont controversées. Boubé Gado (GADO B., 2000 : 46) note que tout le fleuve appartenait aux Môssantchés «au dessus d’Ayorou vers Gao». Leur présence est attestée d’abord sur la rive gauche du Niger où, d’après les écrits, ils avaient fondé un royaume dénommé Diamaré I capitale Rozi autour du VIIIème siècle.

Ensuite, poussés par les Berbères, ces Proto-moose ou Môssantchés du Niger auraient migré à Mindji (canton de Kouré, cercle de Niamey), seconde capitale de Diamaré, dans le Dallol Bosso, à cent kilomètres de Niamey (HAMA, B. 1962 : 211). De là, en prise avec les Songhay,

24 A ne pas confondre avec le territoire des Proto-moose. Ici, il s’agit des Moose du Burkina Faso, dans la boucle du Niger

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ils auraient traversé le fleuve pour s’établir sur la rive droite. Michel Izard (IZARD, M. 1970 : 105) note que l’existence de Mindji fut éphémère. Si l’on se réfère à ces informations donc, le pays des Proto-moose était au départ un voisin du royaume Songhay naissant avec lequel il a sans doute entretenu des liens.

II.2. Proto-moose et Songhoy sur les rives du Niger

L’histoire des relations sociales montre qu’aux yeux des souverains songhay, les Proto-moose constituaient un peuple dangereux contre lequel ils luttèrent pendant plus de trois siècles. Certains auteurs comparent les Proto-moose aux Tartares et aux Mongols sibériens «habiles à lancer les flèches, montés sur des chevaux hongres aux nez fendus» (IZARD, M. 1991 : 153). Pour cela sans doute, Proto-moose et Songhay eurent à s’affronter. Les sources écrites évoquent éloquemment les relations conflictuelles entre les deux peuples, relations difficiles qui auraient été à l’origine du départ des Proto-moose de la rive gauche pour la rive droite. Ainsi, les informations dont on a pu disposer 25 font état d’un regroupement des Proto-moose au départ et de leur dispersion dans deux directions. Les Moose dits «méridionaux» se seraient dirigés vers le Sud-ouest, correspondant au Nord-Togo et Ghana. Passant par le pays gourma actuel, ils se seraient dirigés vers le Sud-ouest où, mélangés différemment à d’autres peuples, ils auraient constitué selon les régions, les ancêtres des Konkomba, de Nanumba, des Mamprusi, des Dagara et des Dagomba du Nord-Ghana et du Burkina Faso.

Pendant ce temps, ceux qui sont restés sur les rives et les îles du Niger ont constitué le groupe des Moose dits «septentrionaux» qui nous intéresse ici.

Ainsi, en contact et en prise directe avec les Songhay, les Moose septentrionaux ont longuement fait parler d’eux. En effet, on relève une dizaine de batailles qu’ils ont livrées entre le XIIIème et le XVIème

siècle26. Si ces batailles se sont généralement soldées par une

25 Il s’agit du Tarikh El Fettach et du Tarikh Es Soudan. Nous avons consulté le premier mais pour le second, nous nous sommes contentés d’extraits publiés par nos devanciers.

26 Contre Gao vers 1250, Tombouctou en 1337, contre Sony Ali Ber (1492), Askya Mohammed (1499) et contre Askya Daoud par deux fois (1562 et 1582) : Source M. IZARD, 1970 ; T1, pp. 34-61

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victoire des Songhay plus organisés et nombreux, il ressort aussi que les Moose septentrionaux n’ont pas enregistré que des défaites (SIMPORE, L. 2005 : 570). Par ailleurs, plusieurs raisons seraient à l’origine de ces conflits.

La première tient de leur désir respectif de positionnement géopolitique. Les premiers (Moose septentrionaux), après avoir gagné le fleuve, voulaient contrôler les territoires de l’intérieur et des îles. Inversement, les Songhay, après une première victoire sur la rive gauche, et après avoir fondé et agrandi leur royaume pour en faire un «empire», se sentaient en position de force. Les Moose septentrionaux mis en déroute auraient traversé le fleuve près de Say dans la première moitié du XIIIème siècle (IZARD, M. 1970 : 177). Avant cette victoire des Songhay sur la rive gauche, le Tarikh el Fettach avait fait état d’une guerre de quatre ans qui aurait opposé Berra-Foloko, 24ème Za et 11è de la dynastie de Gao à un roi «mossi27» (sans précision) qui fut vaincu.

Les conflits Moose septentrionaux et Songhay eurent aussi des mobiles économiques. En effet, les chroniqueurs montrent que les principales villes comme Tombouctou et Walata étaient généralement visées. Villes carrefours et commerciales par excellence, la prise des grandes cités songhay offrait aux Moose septentrionaux des perspectives d’ouverture sur le Soudan central et occidental et le contrôle des grandes routes commerciales d’Orient. Dans ce cadre, on enregistre dans les Tarikh, de nombreux récits de pillages organisés par les Moose septentrionaux dans le Nord et au tour de Tombouctou vers 1337, de Benka vers 1433. Dans la seconde moitié du XVème siècle, les Moose auraient eu une assez forte pression sur toute la partie occidentale de la boucle du Niger. Ces pressions ne se relâcheront que vers 1483 (IZARD, M. 1970 : 40).

Victorieux au départ, les guerriers Moose seront par la suite sur la défensive. Leur atout majeur, la mobilité, semble avoir été battu en brèche par une organisation militaire28, et une stratégie de défense qui entraîna un renversement de la tendance, d’abord sous Sony Ali, et ensuite sous les Askiya.

27 Le terme est de l’auteur 28 Les Songhay disposaient dune solide infrastructure territoriale, d’une flottille sur

le fleuve et d’une cavalerie sur terre.

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Enfin, des mobiles politico-religieux soutenaient les entreprises belliqueuses des Moose septentrionaux et des Songhoy. En effet, quoique n’étant pas au départ fortement enraciné dans la société songhay, l’Islam avait pénétré dans la cour des souverains dès l’an mil avec la conversion de Dia Kossoy.

Sony Ali Ber, considéré comme le véritable fondateur de l’empire, sans avoir fait de l’Islam une religion nationale, ne s’opposa pas à son développement, surtout dans les grandes villes. Il faut attendre l’avènement d’Askya Mohammed pour que l’Islam soit une référence nationale pour les Songhay. Or, de tout temps, les Moose septentrionaux semblent avoir été «animistes». La lutte entre les deux peuples finit donc par prendre un caractère de guerre sainte. D’après Joseph Ki-Zerbo (KI-ZERBO, J. 1978 : 146), Askya Mohammed fut un musulman qui entreprit de convertir les «Mossi29». Suite à leur refus, les armées songhay pillèrent leur pays, «détruisirent la capitale du Mossi et amenant plusieurs familles en captivité» (IZARD, M. 1991 : 152). Les deux dernières expéditions songhay dont parlent les écrits furent l’œuvre d’Askya Daoud (1549-1582), lors desquelles, le roi «Mossi» abandonna son pays à l’envahisseur.

De nombreuses traditions, notamment de Ségou et de Nioro rapportées par Michel Izard (IZARD, M. 1970 : 55) font aussi état d’une ancienne présence des Moose septentrionaux entre Niamina et Niara au Mali, présence attestée par un alignement de puits qui leur seraient attribués. Tout semble montré qu’à la différence des Songhay qui s’identifiaient à un territoire conquis et pacifié30, de tout temps, les Moose septentrionaux n’ont pas constitué un groupe homogène vivant dans un espace bien précis. Ils se caractérisaient par leur mobilité. Avant leur installation sur les îles du fleuve Niger, les preuves archéologiques de leur occupation effective de Rozi et de Minji existent.

Ils y auraient vécu pend plus de cinq siècles. Mais à partir du XIIIème

siècle, leur fixation au sol semble n’avoir plus été longue. Les sources restent vagues quant à l’identification exacte de leur pays. D’après

29 Cette expression est aussi de l’auteur. Pendant longtemps, les écrits ne faisaient pas de différence entre les Moose du Burkina Faso et ceux du Niger.

30 L’empire songhay comprenait alors deux grandes provinces et des enclaves territoriales dans la boucle du Niger.

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Michel Izard, dans Decadas da Asia31, une source portugaise, il est dit que le pays du sultan du «Mossi» (Moose septentrionaux) commence au-delà de Tombouctou et s’étend vers l’Orient. D’après cette indication donc, les Moose septentrionaux ne vivraient pas au Sud, dans la boucle du Niger mais dans le Nord, en direction du Ténéré. Ce qui contredit les points de vue des historiens du Niger pour qui, les Moose septentrionaux auraient traversé le Niger à la même latitude que Say et Niamey, c’est-à-dire dans le Sud-est de Tombouctou.

L’ethnonyme «Mossi» employé par les auteurs pour désigner les Proto-moose en général pourrait n’avoir été qu’un terme générique et globalisant se rapportant à une ou à des catégories de populations se caractérisant par leur audace dans les guerres et/ou les pillages, par leur mobilité, leur religion («l’animisme»), sans doute aussi leur teint (noir par rapport aux Soninko, aux berbères métissés) et non pas toujours par leur pays.

Les récits de leurs conflits contre les armées de Sony Ali montrent aussi qu’ils se déplaçaient avec leur famille (IZARD, M. 1970 : 56). Leurs interventions se résument le plus souvent en des raids de pillage comme ce fut le cas à Walata et à Tombouctou notamment.

Les difficultés observées dans la localisation de leur pays montrent aussi que malgré l’existence d’une armée de métier, la grandeur et le prestige dont jouissait l’empire, son organisation sociale, politique et culturelle comportaient des failles que les peuples vivant en marge des règles de la société et des normes de l’Islam comme les Moose dits septentrionaux savaient exploiter pour saper sa stabilité. La présence de ces bandes armées qui écumaient régulièrement les paisibles populations à l’intérieur même de l’empire montre que tout n’était pas si parfait. C’est aussi parce que la société songhay secrétait à sa manière les germes de son instabilité. En effet, si une partie importante de la population, surtout citadine était islamisée, beaucoup de Songhay étaient animistes et vouaient un culte régulier aux esprits de la nature et aux ancêtres. Ceux-ci se sentaient plus ou moins solidaires des populations qui, comme les Moose septentrionaux assumaient leur foi «indigène» et affichaient leur hostilité sans réserve à l’Islam. Ce qui fait que d’une manière ou

31 Cette source emprunte le témoignage d’un prince wolof datant du XVème siècle (1488).

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d’une autre, ces animistes ennemis de l’Etat songhay ne pouvaient pas manquer d’alliés et jouir d’une protection sociale non officielle mais efficace.

CONCLUSION

L’étude des migrations et des contacts qui ont émaillé l’histoire ancienne des Moose a montré que c’est au sortir du néolithique que, des régions orientales d’Afrique et même d’au-delà, avec d’autres groupes, les lointains ancêtres des Moose ou Proto-moose se sont avancés en profondeur dans les régions ouest du continent. Parmi les autres groupes, il y aurait les Songhay, les Gurma, les Touareg, les Kurumba, les Peuls, etc.

L’étude décrit leur longue progression des régions orientales vers le Sud-ouest du continent, ainsi que les escales qui ont ponctué leur migration jusqu’aux vallées du Niger et montre qu’avant l’arrivée des Proto-moose dans les vallées du Niger, les informations les concernant sont sommaires. Ils auraient constitué un groupe composite et métissé sur lequel nous disposons peu d’informations. Néanmoins leur trait caractéristique semble avoir été le tient noir dominant.

L’étude montre aussi que les «Noirs» n’ont pas été partout les seuls occupants ni les premiers sur les terres de l’intérieur du continent.

De même, elle montre qu’à partir du VIIème siècle, une réorganisation et à une recomposition des groupes sociaux se sont opérées dans les vallées du Niger, suite à l’arrivée des nombreux groupes. Le Sahara actuel serait leur zone de départ. Parmi ceux-ci, on retrouve les Proto-moose au voisinage des Gurma, des Manding et surtout des Songhay.

Tous ces groupes seraient venus par des directions migratoires différentes, une différence qui justifie d’une part leur positionnement géographique respectif sur le terrain et d’autre part leur composition. Ainsi, les groupes sociaux dénommés «Proto-moose», décrits comme étant issus d’une souche initiale de libyco-berbère et composés de Bosey et de Bariba, de Peul, de Gurma et probablement aussi de Zarma, de Hausa et de Kurumba, ont occupé le Dollol Bosso. Identifiés par leur teint dominé de «Noir», ils auraient par ailleurs devancé les Songhay et les Touareg au Niger.

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Quant aux groupes dénommés «Songhay», ils seraient issus aussi d’une souche initiale d’Arabo-berbère à laquelle se seraient mélangés des Soninko, des Peul, des Touareg, des Manding, des Bariba (Bosey) du Sud (Boussa), des Gurma, des Sorko, des Gabibi, des Do et des Gow.

Autrement dit, Proto-moose et Songhay auraient depuis longtemps une parenté ethnique à travers leurs souches initiales et à travers les Peul, les Gurma et les Bariba, leurs éléments constitutifs communs. Ce qui fait dire que les relations sociales et culturelles entre les Moose et les Songhay sont anciennes et très solides.

Socialement, les ethnonymes Mo-si, Moose ou Môssantché et Songhay, tout comme Gurma, Bussa ou Bossey ou Bissa ou Boussantché, etc., sont, à l’éclairage des informations collectées, des termes génériques regroupant chacun un ensemble de populations n’ayant le plus souvent en commun que leur implantation dans un même espace géographique, ou dans le cas des Proto-moose, leur hostilité partagée à l’Islam.

Sur le plan politique aussi, les relations entre les Proto-moose et les Songhay se sont développées, surtout à partir du IXème, avec l’émergent des cités songhay. Ainsi, du XIIIème au XVIème siècle, les Proto-moose ont été pour les Songhay, ce que certains groupes minoritaires d’Europe ont été pour les Romains : des barbares, païens, dissidents et rebelles violentés.

Mais le territoire des Proto-moose a constitué une portion du pays songhay difficile à localiser avec précision. De même, les recoupements internes et la composition des deux groupes restent imprécis ; chaque groupe (Gariba ou Gurma par exemple) étant par ailleurs composé d’apports d’autres groupes sur lesquels nous ne disposons pas d’informations.

Il importe que des études sociolinguistiques et historiques approfondies et transfrontalières soient menées pour permettre de sonder davantage l’histoire ancienne, surtout celle des peuples comme les Moose qui sont de nos jours écartelés entre plusieurs frontières étatiques.

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