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McKinsey Global Institute L’heure des Lions : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne—Synthèse 0 « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne Synthèse

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Page 1: MGI Lions on the Move French Translation Executive Summary

McKinsey Global Institute L’heure des Lions : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne—Synthèse 0

« L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne

Synthèse

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 9

L’Afrique aujourd’hui

1 600 milliards de $ PIB de l’ensemble des pays africains en 2008, équivalant au PIB du Brésil ou de la Russie

860 milliards de $ Dépenses de consommation de l’ensemble du continent africain en 2008

316 millions Nombre de nouveaux abonnés à la téléphonie mobile en Afrique depuis 2000

60 % Proportion des terres arables non cultivées dans le monde situées en Afrique

52 Nombre de villes africaines comptant plus de 1 millions d’habitants

20 Nombre d’entreprises africaines affichant un CA d’au moins 3 milliards de $

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 10

L’Afrique demain

2 600 milliards de $ PIB du continent africain en 2020

1 400 milliards de $ Dépenses de consommation de l’Afrique en 2020

1,1 milliard Nombre d’Africains en âge de travailler en 2040

128 millions Nombre de ménages africains disposant d’un revenu discrétionnaire en 2020

50 % Proportion d’Africains vivant en ville en 2030

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 1

Synthèse Le pouls économique de l’Afrique s’est accéléré, impulsant au continent un nouveau dynamisme commercial. Le PIB réel a grimpé de 4,9 % par an entre 2000 et 2008, deux fois plus vite que dans les années 80 et 90. Les télécoms, la banque et le commerce de détail prospèrent. Le BTP est en plein essor. Les investissements étrangers montent en puissance.

Certes, nombreuses sont les économies nationales, parmi la cinquantaine que compte l’Afrique, qui doivent encore faire face à de sérieux défis : pauvreté, maladies ou mortalité infantile élevée. Pourtant, avec un PIB de 1 600 milliards de $ en 2008, le continent africain fait à présent presque jeu égal avec le Brésil ou la Russie, et figure parmi les régions économiques affichant la plus forte croissance. Cette accélération témoigne d’un progrès désormais tangible, et porte aussi en germe une promesse d’avenir.

Si le regain de dynamisme économique de l’Afrique est désormais un fait établi, ses déterminants et sa pérennité sont, eux, moins évidents. C’est ce qui a incité le McKinsey Global Institute et les quatre bureaux africains de McKinsey & Company à lancer une étude conjointe. Nous avons cherché à comprendre les causes du décollage de la croissance africaine, les perspectives économiques à court et moyen terme, ainsi que les opportunités émergentes pour les entreprises. Car si, à l’échelle d’un pays donné, des politiques gouvernementales inadaptées, des guerres ou d’autres événements accidentels, peuvent toujours ébranler localement la croissance, notre analyse tend à indiquer que les perspectives économiques de l’Afrique dans son ensemble sont plutôt solides à long terme : les entreprises mondiales ne peuvent donc se permettre d’ignorer ce potentiel. Il ressort en effet de notre étude les conclusions suivantes :

■ L’accélération de la croissance de l’Afrique ne peut être portée au seul crédit du boom des ressources naturelles. Les mesures prises par les gouvernements pour mettre un terme aux conflits politiques, améliorer la situation macroéconomique et créer un climat plus propice aux affaires, ont sans doute davantage contribué à stimuler la croissance dans les différents pays et secteurs.

■ La croissance future de l’Afrique s’appuiera sur des tendances fondamentales exogènes, comme la course mondiale aux ressources naturelles, l’accès facilité du continent noir aux capitaux internationaux et sa capacité accrue à trouver de nouveaux partenaires d’affaire étrangers.

■ La croissance à long terme sera également tirée par les évolutions sociales et démographiques internes, en particulier l’élargissement du marché du travail, l’urbanisation et l’émergence concomitante des consommateurs des classes moyennes.

■ En ce qui concerne les entreprises, quatre grands secteurs devraient à eux seuls afficher un chiffre d’affaires cumulé de 2 600 milliards de $ en 2020. Il s’agit du secteur des biens et services de consommation (ex. le commerce de détail, les télécommunications, la banque), des ressources naturelles, de l’agriculture, et des infrastructures.

Enfin – même s’il est bien évident que chaque pays africain suivra son propre chemin de croissance – nous proposons un modèle pour identifier les opportunités et défis caractéristiques des différentes catégories de pays. Même imparfait, ce modèle pourra aider, d’une part, les dirigeants d’entreprises et les investisseurs à élaborer leurs stratégies pour le continent africain et, d’autre part, les dirigeants politiques à œuvrer en faveur de la pérennisation de la croissance.

Page 5: MGI Lions on the Move French Translation Executive Summary

McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 2

BIEN DAVANTAGE QUE LA MANNE DES MATIÈRES PREMIÈRES

Certes, l’Afrique a largement bénéficié de l’envolée du cours des matières premières dans la décennie écoulée. Ainsi, le cours du pétrole est passé de moins de 20$ le baril en 1990 à plus de 145$ en 2008. Les cours des minerais, des céréales et d’autres produits de base ont également grimpé en flèche dans le sillage de la demande mondiale.

Pourtant, la manne des matières premières ne peut à elle seule expliquer la croissance de l’Afrique. En fait, à peine 24 % de la hausse du PIB entre 2000 et 20081 ont été générés par le secteur des ressources naturelles. Le reste provient de secteurs tels que le commerce de gros et de détail, les transports, les télécommunications et l’industrie manufacturière (Figure A). Par ailleurs, le développement économique s’est accéléré sur l’ensemble du continent, dans 27 des 30 principales économies. Or, nous avons constaté que le PIB progressait de façon comparable dans tous ces pays, qu’ils disposent ou non d’importants marchés d’exportation de ressources naturelles.

FIGURE A

Taux de croissance annuel moyen, %

Part des secteurs dans l’évolution du PIB réel, 2002 - 2007%, 100 % = 235 Mds $1

L’Afrique a affiché une solide croissance dans tous les secteurs

SOURCE : Global Insight, Fonds monétaire arabe, Banque africaine de développement, McKinsey Global Institute

6

2

2

5

5

6

6

9

10

12

13

24

Autres services2

Services collectifs en réseau (ex. eau, électricité)

Tourisme

Immobilier, services aux entreprises

BTP

Administration publique

Services financiers

Industrie manufacturière

Transports, télécommunications

Agriculture

Commerce de détail et de gros

Ressources naturelles

1 En dollars 2005. Total correspondant au cumul des 15 pays pour lesquels des données étaient disponibles, représentant 80 % du PIB de l’Afrique : Algérie, Angola, Cameroun, Egypte, Ethiopie, Kenya, Libye, Maroc, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Soudan, Tanzanie, Tunisie, Zimbabwe.

2 Education, santé, services sociaux, services aux particuliers

7,1

6,8

5,5

7,8

4,6

24

3,9

7,5

5,9

8,7

7,3

6,9

Au-delà de l’effet des matières premières, ce sont surtout l’amélioration de la stabilité politique et les réformes économiques qui expliquent l’accélération de la croissance sur le continent noir. Tout d’abord, plusieurs pays africains ont mis fin à des conflits meurtriers, créant la stabilité politique nécessaire à la croissance économique. Ensuite, les gouvernements ont réduit l’inflation, leurs dettes étrangères et leurs déficits budgétaires, jetant les bases d’une croissance plus saine. Enfin, ils ont multiplié les politiques visant à dynamiser les marchés, privatisé les entreprises publiques, desserré les freins au commerce, allégé la charge fiscale des entreprises

1 Les ressources naturelles ont également contribué indirectement à la croissance via la hausse induite des dépenses publiques. Nous estimons cette croissance indirecte à 8 % de PIB supplémentaire depuis 2000. Nous n’avons en revanche pas pris en compte la contribution de l’accroissement des revenus du travail lié aux ressources naturelles, étant donné que l’emploi a très peu évolué dans les secteurs pétrolier, gazier et minier en Afrique (et qu’il est même en recul dans de nombreux pays).

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 3

et renforcé les organes de réglementation et les systèmes juridiques. Même si un grand nombre de gouvernement devront poursuivre et amplifier ces efforts, ce sont ces premières mesures décisives qui ont permis l’émergence d’un secteur privé robuste.

Combinées, ces évolutions structurelles ont contribué à dynamiser la productivité africaine, en aidant les entreprises à accroître leurs économies d’échelle, à investir davantage et à améliorer leur compétitivité. La productivité du travail, auparavant en constant recul depuis 1980, s’est infléchie en 2000, et affiche depuis une progression de 2,7 % par an.

DES PERSPECTIVES DE CROISSANCE PROMETTEUSES

Si l’on se tourne vers l’avenir, une question essentielle consiste à déterminer si ce bond en avant restera un épisode exceptionnel, ou s’il marquera un réel décollage économique de l’Afrique. La croissance du continent s’était également emballée pendant le boom pétrolier des années 70, mais avait ensuite brutalement ralenti lors de l’effondrement des cours du pétrole et des autres matières premières dans les deux décennies suivantes. Notre analyse tend à indiquer que les perspectives de croissance à long terme du continent sont cette fois solides, même si certaines économies africaines pourraient encore essuyer des revers. Ces perspectives positives se fondent en effet tout à la fois sur des tendances globales et sur des changements à l’œuvre à l’échelle des sociétés et économies du continent.

Tout d’abord, l’Afrique va continuer à bénéficier de la hausse de la demande mondiale en pétrole, gaz naturel, minerais, denrées alimentaires, terres arables et autres ressources naturelles. Le continent regorge de richesses et concentre notamment 10 % des réserves pétrolières, 40 % des gisements d’or, et 80 à 90 % du chrome et du platine de la planète. La demande de matières premières est tirée principalement par les économies émergentes, qui représentent à présent la moitié du commerce africain. La donne commerciale ayant changé, les gouvernements africains nouent de nouveaux types de partenariats économiques : les acheteurs des économies émergentes payent d’avance, investissent dans les infrastructures, et partagent compétences managériales et technologies. Les investissements étrangers directs en Afrique ont explosé, passant de 9 milliards de $ en 2000 à 62 milliards de $ en 2008 – des flux qui, rapportés au PIB, sont presque aussi élevés que ceux en direction de la Chine.

Mais graduellement, la croissance à long terme de l’Afrique va reposer davantage aussi sur des ressorts internes : des tendances sociales et démographiques interdépendantes qui vont entraîner de nouveaux moteurs de croissance domestique. Les principales sont l’urbanisation et l’ascension des consommateurs africains des classes moyennes. En 1980, à peine 28 % de la population africaine vivait en ville. Aujourd’hui, on compte 40 % de citadins, un pourcentage proche de celui de la Chine et supérieur à celui de l’Inde – et ce taux devrait continuer à progresser. Lorsque le nombre d’Africains délaissant les travaux agricoles pour des emplois urbains augmente, leurs revenus suivent la même tendance. En 2008, quelque 85 millions de ménages africains ont gagné au moins 5000$2, seuil au-delà duquel ils commencent à consacrer la moitié ou plus de leurs revenus à d’autres postes de dépense que la nourriture. Le nombre de ménages disposant d’un revenu discrétionnaire devrait progresser de 50 % au cours des 10 prochaines années, pour atteindre 128 millions (Figure B). D’ici 2030, le pouvoir d’achat cumulé des 18 premières villes du continent pourrait se monter à 1 300 milliards de $.

2 Mesuré en Parité de Pouvoir d’Achat (PPP), tenant compte des prix relatifs de biens ne faisant pas l’objet d’échanges internationaux

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 4

FIGURE B

Part des ménages par tranche de revenus%, millions de ménages

D’ici 2020, plus de la moitié des ménages africains disposeront d’un pouvoir d’achat discrétionnaire

Consommateurs de classe moyenne(10 000 $ – 20 000 $)

Consommateurs émergents(5 000 $ – 10 000 $)

Tranches de revenus des ménages$ à PPP1 2005

Citoyens du monde (>20 000 $)

Consommateurs de produits / services essentiels(2 000 $ – 5 000 $)

Nécessiteux (< 2000 $)

SOURCE : Canback Global Income Distribution Database (C-GIDD), McKinsey Global Institute

Ménages disposant d’un revenu > 5 000$Millions

59 85 128

Besoins essentiels

Revenu discrétionnaire

1 La parité de pouvoir d’achat corrige les différences de prix entre pays pour des biens identiques afin de mettre en évidence les écarts de pouvoir d’achat dans chaque pays

3424 18

29

3229

1821

23

100% =

2020 (prév.)

244

17

12

2008

196

14

8

2000

163

11

6

En parallèle, la population active augmente. D’ici 2040, elle devrait compter 1,1 milliard d’individus, dépassant celle de la Chine ou de l’Inde. Si l’Afrique est en mesure de fournir à sa jeunesse l’éducation et les compétences dont elle a besoin, ce vaste bassin de main d’œuvre pourrait représenter une part importante de la consommation et de la production mondiales.

DIFFERENTS CHEMINS DE CROISSANCE

Si les perspectives à long terme du continent africain sont dans l’ensemble prometteuses, les trajectoires de croissance des pays qui le composent n’en seront pas moins diverses. Afin de comprendre leurs spécificités en termes d’opportunités et de défis, nous avons classé les pays3

en fonction de leur niveau de diversification économique d’une part, et de leurs exportations rapportées au nombre d’habitants d’autre part. Ceci permet d’évaluer deux dimensions connexes : la capacité à développer d’autres sources de croissance économique en plus des ressources naturelles et de l’agriculture, et la capacité à générer des revenus d’exportation pour financer l’importation de biens d’équipements nécessaires aux investissements. L’histoire économique montre que des progrès sur ces deux axes accompagnent généralement le développement des Etats.

Le modèle résultant de cette classification permet de distinguer quatre grands groupes de pays : ceux à économies diversifiées, les exportateurs de pétrole, ceux à économies en transition et ceux à économies en pré-transition (Figure C). Malgré des différences sensibles entre pays au sein d’un même groupe, les structures et les défis économiques sont relativement homogènes pour chaque catégorie. Notre modèle permet ainsi de mieux identifier les opportunités de croissance au-delà de la variété des situations nationales.

3 Nous nous sommes concentrés sur les 31 plus grosses économies d’Afrique : les pays affichant soit un PIB d’au moins 10 milliards de $ en 2008, soit une croissance du PIB réel d’au moins 7 % par an entre 2000 et 2008. Ces 31 pays représentaient 97 % du PIB de l’Afrique en 2008.

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McKinsey Global Institute « L’heure des Lions » : L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne – Synthèse 5

FIGURE C

100

Exportations par habitant, 2008, $

80

Nigéria

Namibie

Mozambique

Maroc

Ile Maurice

Mali

Madagascar

Libye

KenyaGhana

40

Ethiopie

Egypte

Côte d’Ivoire

Rép. du Congo

RDC

Tchad

Cameroun

Botswana

Zambie

Tunisie

Tanzanie

Soudan

Afrique du Sud

Sierra Leone

Sénégal

AngolaAlgérie

30

1 000

100

10

Diversification économiquePart de l’industrie et des services dans le PIB, 2008, %

Gabon

907060

10 000

5020

Rwanda

Une segmentation des économies africaines selon leur degré d’ouverture et de diversification met en évidence quatre groupes de pays

SOURCE : OCDE, indicateurs de développement de la Banque mondiale, McKinsey Global Institute

Diversifiés

Exportateurs de pétrole

En transition

En pré-transition

Taille de la bulle proportionnelle au PIB

500 – 1 000$

1 000 – 2 000$

2 000 – 5 000 $

> 5 000$

< 500$

PIB par habitant

Ouganda

Guinéeéquat.

Economies diversifiées : les moteurs de croissance de l’Afrique. Les quatre économies les plus avancées d’Afrique (l’Egypte, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie) possèdent déjà une industrie manufacturière et un secteur des services bien développés. Au cours des 10 dernières années, le secteur tertiaire (ex. banque, télécoms et commerce de détail) a représenté plus de 70 % de la croissance de leur PIB national. Leurs villes ont accueilli plus de 10 millions de résidents supplémentaires depuis 2000, et les dépenses réelles de leurs consommateurs ont progressé de 3 à 5 % par an. Aujourd’hui, 90 % des ménages de ce groupe disposent, peu ou prou, d’un revenu discrétionnaire. Ces économies affichent les taux de croissance les plus stables d’Afrique et devraient largement bénéficier du renforcement de leurs liens avec l’économie mondiale. Toutefois, les économies africaines diversifiées affichent encore des coûts unitaires de la main d’œuvre4 supérieurs à ceux de la Chine ou de l’Inde, et doivent par conséquent chercher à se développer dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée. Elles devront également relever d’autres défis : accroître leurs exportations, tant sur les marchés régionaux que mondiaux, améliorer l’éducation afin de disposer de la main d’œuvre qualifiée indispensable dans les secteurs de pointe, et développer les infrastructures nécessaires pour accompagner la croissance.

Exportateurs de pétrole : renforcer la croissance en se diversifiant. Les pays africains exportateur de pétrole et de gaz affichent le PIB par habitant le plus élevé, mais ont les économies les moins diversifiées. La hausse des cours de l’or noir a considérablement gonflé leurs recettes d’exportation : entre 2000 et 2008, les trois plus gros producteurs (l’Algérie, l’Angola et le Nigéria) ont engrangé 1 000 milliards de $ grâce aux exportations de pétrole, contre 300 milliards de $ dans les années 90. Toutefois, l’industrie manufacturière et les services restent relativement modestes, puisqu’ils ne représentent qu’un tiers du PIB en moyenne. Ces pays bénéficient de solides perspectives de croissance, pour autant que la manne pétrolière soit utilisée pour financer le développement de leur économie dans d’autres secteurs.

4 Les coûts unitaires de la main d’œuvre sont définis comme les coûts du travail rapportés à la productivité du travail

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L’expérience d’autres pays en développement, tels que l’Indonésie, montre qu’une telle voie existe, mais il est alors indispensable d’investir sans relâche dans les infrastructures et l’éducation. En plus de ces défis spécifiques, les exportateurs de pétrole africains sont aussi confrontés à des défis partagés par nombre de pays en développement de par le monde, notamment celui de préserver la stabilité politique et de maintenir le rythme des réformes économiques ; de résister à la tentation de trop dépenser et de surinvestir, ce qui les rendrait vulnérables à un recul des cours des matières premières ; et d’établir un environnement économique permettant aux entreprises de tous les secteurs de prospérer.

Economies en transition : s’appuyer sur les récentes avancées. Les économies africaines en transition, au nombre desquelles figurent le Ghana, le Kenya et le Sénégal, affichent un PIB par habitant inférieur à celui des pays des deux premiers groupes, mais leurs économies se développent rapidement. Les secteurs de l’agriculture et des ressources naturelles cumulés pèsent 35 % du PIB et deux tiers des exportations. Toutefois, ces pays exportent aussi de plus en plus de biens manufacturés, principalement vers d’autres parties du continent : des combustibles et produits alimentaires transformés, des produits chimiques, des vêtements et des cosmétiques par exemple. Développer le commerce intra-africain et élargir les marchés régionaux est l’un des sources de croissance future des économies en transition. Ces pays pourraient également concurrencer des économies émergentes à bas coûts sur le marché mondial en améliorant leurs infrastructures et leurs régimes réglementaires. Par ailleurs, même si le secteur tertiaire connaît une expansion rapide, les taux de pénétration de certains services comme les télécoms, la banque ou le commerce de détail formel restent largement inférieurs à ceux des pays où l’économie est diversifiée, d’où une opportunité pour les entreprises de répondre à une demande insatisfaite. Enfin, plusieurs économies en transition vont probablement accroître leurs exportations de ressources naturelles dans les années à venir, ce qui pourrait stimuler leur croissance. Grâce aux nouveaux gisements pétroliers récemment découverts, le Ghana et l’Ouganda, par exemple, vont engranger des recettes supplémentaires qui, judicieusement investies, pourraient accélérer aussi leur diversification.

Economies en pré-transition : renforcer les fondamentaux. Les économies en pré-transition sont très pauvres – leur PIB annuel par habitant n’excède pas, en moyenne, 353 $ – mais certaines se développent très rapidement. Trois des plus importantes (la République Démocratique du Congo, l’Ethiopie et le Mali) ont enregistré une croissance moyenne de 7 % par an depuis 2000, après une stagnation dans les années 90. Cependant leur croissance, en dents de scie par le passé, pourrait faiblir à nouveau. Même si les économies en pré-transition sont très hétérogènes, toutes souffrent d’un même problème : les fondamentaux de la croissance ne sont pas réunis, notamment un gouvernement et des institutions publiques stables, des conditions macroéconomiques saines, et un développement agricole durable. Les principaux défis de ce groupe : préserver la stabilité politique, assainir les fondamentaux économiques et créer un environnement des affaires plus prévisible. A cet effet, les agences internationales et les organisations philanthropiques ont un important rôle d’accompagnement à jouer.

UN MARCHE POTENTIEL DE 2 600 MILLIARDS DE $

La croissance économique de l’Afrique offre des opportunités substantielles ; ces nouveaux marchés sont pourtant souvent négligés par les entreprises mondiales. D’après nos prévisions, au moins quatre grands secteurs pourraient représenter ensemble un potentiel de chiffre d’affaires de 2 600 milliards de $ en 2020. (Figure D).

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FIGURE D

Quatre grands secteurs devraient afficherun CA total de 2 600 milliards de $ d’ici 2020

SOURCE : McKinsey Global Institute

CA annuel estimé2020Mds de $

TCAM2008 - 2020%

Croissance, 2008 - 2020Mds de $

1 Prévision de 880 Mds de $ en 2030, extrapolée de manière linéaire pour 2020.2 Investissements, sur la base d’une hypothèse de stabilité en part du PIB d’ici 2020.

4 %

2 %

5 %

9 %

4 %980

520

110

220

130200

500

540

Total

Ressourcesnaturelles

2 620

Infrastructures2

Agriculture1

Biens et servicesde consommation

1 380

Le secteur africain des biens et services de consommation (notamment les biens de grande consommation, les télécoms et la banque) offre le potentiel le plus important et se développe d’ores et déjà deux à trois fois plus rapidement que dans les pays de l’OCDE. Les ménages africains ont dépensé 860 milliards de $ en 2008, davantage que les ménages indiens ou que les ménages russes. Si le PIB réel continue de progresser au rythme actuel, ce chiffre devrait atteindre 1 400 milliards de $ dans les dix prochaines années. La nourriture et les boissons sont la catégorie de biens de grande consommation promise à la plus forte progression en valeur absolue, et l’on assistera à une montée en gamme des achats. Mais la consommation augmentera plus vite encore dans d’autres catégories sous l’effet de l’enrichissement des ménages – les rythmes de progression les plus rapides étant attendus dans la banque de détail, les télécoms et le logement. Cette croissance va créer davantage de marchés de taille suffisante pour attirer les multinationales. Dans chacun des cinq principaux bassins de consommation du continent en 2020 (Alexandrie, Le Caire, Le Cap, Johannesburg et Lagos), les dépenses des ménages pèseront plus de 25 milliards de $ et seront ainsi comparables à celles de Bombay ou New Delhi. Plus d’une dizaine d’autres villes africaines (dont Dakar, Ibadan, Kano et Rabat) développeront des marchés de consommation pesant chacun plus de 10 milliards de $ par an.

Les perspectives de croissance des secteurs liés à l’exploitation des ressources naturelles en Afrique continuent d’être prometteuses. D’après notre analyse, la production de pétrole, de gaz naturel, et de la plupart des minerais, pourrait continuer à progresser de 2 à 4 % par an en volume. Même aux cours actuels, les revenus tirés de la production de ces ressources passeraient ainsi de 430 milliards de $ aujourd’hui à 540 milliards de $ d’ici 2020. Une hausse des cours mondiaux ferait grimper ces revenus davantage encore. Aux revenus directs issus de la commercialisation des ressources s’ajoutent d’ailleurs d’autres bénéfices. Avec la montée en puissance de la Chine et d’autres acteurs émergents, la concurrence entre acheteurs s’aiguise. Aussi, les contrats d’achat de matières premières incluent de plus en plus des investissements étrangers dans les infrastructures et la transformation, en sus de l’extraction des ressources. Selon nos décomptes, près d’un quart des grands contrats conclus au cours des quatre dernières années prévoyaient une telle clause, contre à peine 1 % dans les années 90.

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De son côté, l’agriculture africaine recèle un énorme potentiel pour les entreprises opérant à tous les maillons de la chaîne de valeur. Avec 60 % des terres arables non cultivées du monde et de faibles rendements agricoles, elle est mûre pour une « révolution verte », à l’image de celles qui ont transformé l’agriculture en Asie et au Brésil. Les obstacles à une augmentation de la production agricole africaine sont bien connus et les surmonter ne sera pas chose aisée : manque de semences sophistiquées et d’autres intrants adaptés aux conditions écologiques du continent, infrastructures inadaptées pour commercialiser les récoltes, effets pervers des barrières douanières et des aides fiscales, manque d’assistance technique et de financements pour les agriculteurs. Mais si le continent noir parvenait à lever ces entraves – et certains pays élaborent des plans crédibles dans ce sens – nous estimons que la production agricole pourrait passer de 280 milliards de $ aujourd’hui à 880 milliards de $ d’ici 20305. Une telle progression tirerait la demande de produits en amont (engrais, semences) tout en stimulant la croissance des activités de transformation en aval (raffinage des céréales, biocarburants). Ensemble, l’amont et l’aval pourraient générer un chiffre d’affaires additionnel de 275 milliards de $ à l’horizon 2030.

Enfin, la construction des infrastructures africaines constitue également un gisement d’opportunités pour les entreprises. Actuellement, gouvernements africains et acteurs privés investissent au total 72 milliards de $ par an dans de nouvelles infrastructures sur le continent6 ; la part des investissements privés représente 13 % de ce marché émergent, contre 7 % en 2000. Les besoins sont toutefois encore loin d’être intégralement couverts, en particulier en matière d’approvisionnement en électricité et en eau, ainsi que de transports, qui nécessiteront au moins 46 milliards de $ de dépenses supplémentaires par an. Un objectif atteignable à la faveur d’un accroissement des dépenses des gouvernements, des entreprises privées et des investisseurs hors OCDE, ainsi que de réformes réglementaires qui viseraient à accroître sensiblement l’efficience opérationnelle de ces infrastructures.

□ □ □

Si les tendances actuelles se confirment, le rôle joué par l’Afrique dans l’économie mondiale ira croissant. A l’horizon 2040, elle abritera un jeune de la planète sur cinq et la plus grande population en âge de travailler. Chefs d’entreprises et investisseurs ne peuvent se permettre de négliger l’immense potentiel de ce continent : l’Afrique doit être intégrée à leurs plans stratégiques à long terme. Aujourd’hui, les taux de rentabilité des investissements étrangers réalisés en Afrique sont plus rentables que dans toute autre région en développement. S’implanter rapidement dans les pays africains offre la possibilité de créer des marchés, d’établir des marques, de façonner la structure des secteurs, d’influencer les préférences des consommateurs et de nouer des relations sur le long terme. Les entreprises peuvent apporter leur pierre à la construction de l’Afrique de demain.

5 Projections établies sur des hypothèses de cours des produits agricoles à leurs niveaux de 2008

6 Ce chiffre inclut les dépenses en construction et en maintenance des infrastructures, mais exclut les redevances des utilisateurs de ces infrastructures

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