metronome technologie cd8 s€¦ · sur le premier mouvement de tableaux d’une exposition de...

4
32 BANC D’ESSAI METRONOME TECHNOLOGIE CD8 S FICHE TECHNIQUE : Origine : France - Prix : 7 980 euros - Dimensions unitaires : 450 x 115 x 435 mm - Poids : 15 kg (DAC) - Entrées numériques : 1 sur USB type B. - Formats d’entrée : PCM de 44,1 kHz à 384 kHz en 16, 24 ou 32 bits, et DSD 64 à DSD256 (11,2 MHz) sur USB (24 bits/192 kHz en S/PDIF) - Capacité dynamique : 123 dB - Traitement interne : 32 bits - Réponse en fréquence : 10 Hz à 25 kHz ± 0,1 dB - Niveau de sortie ligne : 2,5 V RMS (RCA sous 47 kΩ) ou 2,5 V RMS (XLR) sous 600 Ω

Upload: phamnga

Post on 10-Sep-2018

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

32

B A N C D ’ E S S A I

METRONOMETECHNOLOGIECD8 S

FICHE TECHNIQUE : Origine : France - Prix : 7980 euros - Dimensions unitaires : 450 x 115 x 435 mm - Poids : 15 kg (DAC) - Entrées numériques :1 sur USB type B. - Formats d’entrée : PCM de 44,1 kHz à 384 kHz en 16, 24 ou 32 bits, et DSD 64 à DSD256 (11,2 MHz) sur USB (24 bits/192 kHzen S/PDIF) - Capacité dynamique : 123 dB - Traitement interne : 32 bits - Réponse en fréquence : 10 Hz à 25 kHz ± 0,1 dB - Niveau de sortie ligne :2,5 V RMS (RCA sous 47 kΩ) ou 2,5 V RMS (XLR) sous 600 Ω

La dynamiqueactuelle destechnologies del’audionumériques’oriente vers les

serveurs, lecteurs de réseauavec ou sans DAC, et leslecteurs de CD dont les circuits

de conversion ne se contententpas de la liaison interne I2Savec le bloc de lecture optique,

mais s’ouvrent à l’extérieur. Le CD8 S de Métronome

Technologie suit cette tendance,d’autant que son DAC interne, de très haute qualité, mérite bien la connexion à d’autres sources

numériques. Ainsi, l’ajout d’uneembase S/PDIF optique et d’un port

USB2 permet de profiter pleinement de toutes les possibilités du CD8 S.

UN EQUIPEMENT TRES COMPLETLogé dans un coffret en acier, orné d’uneface avant en aluminium taillée dans lamasse et anodisée noir (disponible aussi en finition alu brossé), l’équipement secompose d’une platine de lecture sur basePhilips/Daisy améliorée par MetronomeTechnologie, et d’un DAC performant. Le CD8 S intègre de nombreux circuitsd’alimentation comprenant troistransformateurs toriques capotés et huit unités de régulation, suivies d’undécouplage de 50 condensateurs de1000 µF, soit 50000 µF, une valeur énormepour un lecteur de CD. Mieux vaut cetagencement que deux condensateurs de 25000 µF, par exemple, tant pourl’abaissement de la résistance série liée à ces 50 capacités en parallèle que pour la rapidité du temps de récupération del’alimentation, à la suite d’une demande de courant instantané.

UN BLOC OPTIQUE EFFICACELe mécanisme de lecture prend place dansune épaisse plaque de méthacrylate teintéede noir dans la masse. Cette platine,d’origine Philips/Daisy CDM Pro 2 v 6.8, a été modifiée par Metronome, notammentle logiciel des commandes, puisque le constructeur n’utilise pas de tiroir, le chargement s’effectuant par le dessus, cequi explique la présence d’un microrupteurdans le couvercle. Une diode bleue éclairela platine de lecture, ce qui facilitera, dansl’ombre, le chargement du CD sur son axe.Notons la forme de cette pièce, qui neressemble plus à un cône d’entraînement,mais à une forme s’approchant d’uncylindre, sur lequel vient s’enficher un paletpresseur en Delrin. La base massive deméthacrylate, d’un centimètre d’épaisseur,repose sur un trépied amorti, constitué de silentblocs de mousse de 60 mm dediamètre sur 80 mm de hauteur, en troisparties montées plongeurs, pour undécouplage mécanique optimal.

UN DAC DE HAUTE VOLEEIl prend place sur une carte fille, située sur lapartie gauche de la carte mère. Ce moduleDAC dispose de circuits très récents,marquant tout l’intérêt de la carte fille si l’onenvisage des mises à jour ! Justement, le CD8 S profite d’innovations récentes dans ledomaine de l’audionumérique. Commençonspar l’interface de réception numérique AsahiKasei AK4118AEQ, prenant en charge lessignaux S/PDIF en PCM jusqu’à 192 kHzsous 24 bits. Cette puce possède une boucleà verrouillage de phase (PLL) qui diminuefortement le jitter. Puis le signal transite par un changeur de fréquence d’échantillonnage,convertissant tout signal entrant à 192 kHz.On retrouve également un circuit PLL dans ce Cirrus Logic CS8421, qui possède une

33

B A N C D ’ E S S A I

Cette source combineune platine de

lecture optique et un convertisseur

accessible à d’autresappareils en externe,

tant en PCM qu’enDSD, cédant à cettetendance pertinente,

car pratique.

résolution de 32 bits. C’est aussi la résolutionde l’excellent convertisseur Asahi KaseiAK4490 qui accepte toute fréquenced’échantillonnage jusqu’à 768 kHz en PCM,et les trois premières fréquencesd’échantillonnage du DSD : 64, 128 et 256,soit du 2,8 MHz à 11,2 MHz, l’entrée USBouvrant cette voie royale vers la hauterésolution. Les sorties audio de cette puce de conversion fonctionnent sous le modesymétrique, et le filtrage dans le modenumérique s’adapte à la fréquenced’échantillonnage, ce qui ne nécessite pas decircuit compliqué en sortie. Ainsi, à quelquesrésistances de haute précision et à quelquescondensateurs au polypropylène près,formant un filtre passe-bas à faible pente, les étages de sorties différentielles (à l’imagede celles de l’AK4490) emploient quatreamplificateurs opérationnels Burr-BrownOPA604 dont la réputation, en termes demusicalité, est fort bien établie.

ECOUTEPHILIPPE DAVIDTimbres : Les modèles de lecteurs CDprécédents, déjà excellents, de chezMetronome Technologie, démontrent à

l’évidence que le mieux est l’ennemi du bien.La richesse harmonique atteint des sommetsen matière de définition et de réalisme. La restitution générale s’effectue en hautemusicalité, toute en douceur et en respect destimbres, à tel point que l’on peut reconnaîtrede grandes similitudes entre la guitareacoustique de Mark Curry (sur l’album It’sOnly Time) et celle de Ted Hawkins (albumThe Next Hundred Years) : on reconnaît lasonorité des fabuleuses Martin, et ce malgréle toucher différent des deux guitaristes.L’orgue électrique et sa cabine Leslie sur

l’album Cascades de Pascal Gutman donnentaussi dans la richesse harmonique par lasuperposition de leurs jeux, dont les timbresvarient de manière subtile lorsque la Leslieaccélère ou ralentit, produisant un effet devibrato typique.Dynamique : À la pureté des timbres et leurcontenu harmonique, vient s’ajouter un suividynamique précis et scrupuleux. Si laviolence, bien que contenue, des fortissimisur le premier mouvement de Tableaux d’uneexposition de Moussorgski dans sa versionarrangée par Maurice Ravel ne pose aucunedifficulté au CD8 S, à même de restituer despassages très vifs et complexes, il en va demême avec la restitution des signaux defaible amplitude, les pianissimi. Le temps oùla définition se dégradait proportionnellementà la baisse du niveau de restitution est bel etbien révolu : le Metronome Technologie

conserve l’intégralité du message musical en toutes circonstances. Ses attaques, trèsrapides, proposent une lisibilité optimale detous les instants, améliorant la définition dechaque instrument, comme si chaque sourcemusicale disposait de sa propre enveloppedynamique, indépendante des autres, enconjuguant, d’une manière très habile, cetteprécision instantanée et la cohésion del’ensemble de l’œuvre musicale. Scène sonore : Cette cohérence s’illustre aussidans le relief de la restitution. En effet, le DACdu CD8 S s’exprime avec une acuité peucommune, en adaptant les acoustiques desalle à reproduire à la réalité des nuances

captées par la prise de son. La composantemono du signal reste bien campée entre lesdeux enceintes (des Avantgarde Duo XD,cette fois, enceintes fantastiques) tout enfaisant entendre cette notion de profondeurqui se confond, dans l’espace sonore, avec la position du mur arrière de la restitution.Dans l’église où Jean Guillou jouait en soloTableaux d’une exposition aux grandesorgues, on perçoit distinctement laréverbération qui s’étend par vaguessuccessives, ajoutant de l’authenticité à la restitution.

VERDICTCe combiné lecteur de CD/DAC à deuxentrées externes, de très haut de gamme, suitles dernières évolutions technologiques et enfait bénéficier les audiophiles avertis, friandsde musicalité sans concession. La base deMetronome Technologie est excellente, avecsa mécanique de lecture optique optimisée etdécouplée, ainsi que les alimentations isoléesles unes des autres, et le châssis en acier,

dont le poids contribue à soninertie. Mais le CD8 S va plusloin en proposant un DACconstitué de composants trèsrécents. Cela se vérifie dans la réception des signaux,l’algorithme de suréchantillonnage

et le circuit de conversion de haute qualité, doté de sorties audiodifférentielles, pour ne citer que cela. Le CD8 S est incontournable dans le pelotonde tête des meilleures sources disponibles.

ÉCOUTE DOMINIQUE MAFRANDTimbres : Écouté en lecteur de CD encompagnie des enceintes Avantgarde DuoXD et de nos électroniques d’amplificationrepères, le CD8S installe un climat de hautedéfinition et de justes tonalités. Un pari quin’était pas gagné d’avance avec la trèshaute résolution des pavillons qui auraientpu accentuer un défaut en amont. Le piègeamicalement tendu au MetronomeTechnologie a donc été déjoué de fort belle

B A N C D ’ E S S A I

34

35

manière, le piano Fazioli magnifié par MichelDalberto sur Debussy nous est offert avecune limpidité exceptionnelle, un sensremarquable de l’harmonie et desharmoniques (superbes déclinaisonsvibratoires à chaque toucher). La voix deJoan Sutherland («Lo, Here the GentleLark» de Bishop) nous enveloppe de sonépaisseur et de sa texture bien restituées par le CD8S.Dynamique : La partition de Debussy(Général Lavine) enchaîne les variationsmodulatoires que le CD8S transpose au doigt et à l’œil. La vivacité des notesconfère une sorte d’apesanteur magnifiqueau message, l’énergie développée par le pianiste sur les forte ne déstabiliseabsolument pas l’appareil qui «déroule» tel l’athlète qui domine ses adversaires. Il y ade l’aisance (légèreté et durée des fins denotes) et de la détermination (instantanéitédes attaques) dans le travail expressif duMetronome qui semble nous rappeler qu’unlecteur de CD mécanique bien optimisécomme le CD8S arrive toujours à créer le choc musical.Scène sonore : Le volume et l’espace du studio d’enregistrement sur «Animal»

par Francis Cabrel sont parfaitementrestitués par le CD8S. On arrive à évalueravec une incroyable précision la profondeurde la pièce tant les différents échos et réverbérations sont nombreux, magistralement piqués et focalisés. L’image est plantée devant nous tel un pieu dans le sol. C’est parfaitement stable (détourage net des différentsinstruments) et déployé en largeur selon les informations encodées dans le support,la position des enceintes ne rentre plus en ligne de compte. Pour reprendre une expression bien connue, on oublie le système.

VERDICTLe lecteur CD8S et son DAC embarquénous ont gratifiés d’une restitution de trèshaut niveau. Rien d’étonnant à cela aprèsavoir constaté le magnifique travailtechnique réalisé sur le produit, unehabitude chez ce constructeur. Le DACouvre la connectivité vers le dématérialisé et permet au CD8S de se créer une place de choix dans la hiérarchie des sourcesnumériques haut de gamme capables de traiter CD et fichiers. Bien joué !

À gauche, lesalimentations et leurs

50000 µF de découplage. Au centre, le bloc optique

monté sur un trépiedamorti. À droite,

on aperçoit une partie de la carte fille supportant

le SRC et le DAC.