mémoire 2003 valérie gros-dubois

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1 Université Paris I Panthéon Sorbonne - UFR 04 Arts Plastiques et Sciences de l'Art Maîtrise de Conception et de Mise en Oeuvre De Projets Culturels Présentée par Valérie GROS-DUBOIS née RETIF Un premier pas à Paris pour une fête de la danse à vocation nationale : La manifestation "Entrez dans la danse...", XII e arrondissement Sous la direction de Françoise JULIEN-CASANOVA Maître de Conférences En Sorbonne Juin 2003

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Page 1: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

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Université Paris I Panthéon Sorbonne - UFR 04

Arts Plastiques et Sciences de l'Art

Maîtrise de Conception et de Mise en Oeuvre

De Projets Culturels

Présentée par Valérie GROS-DUBOIS née RETIF

Un premier pas à Paris pour une fête de la danse

à vocation nationale :

La manifestation "Entrez dans la danse...",

XIIe arrondissement

Sous la direction de Françoise JULIEN-CASANOVA

Maître de Conférences

En Sorbonne

Juin 2003

Page 2: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

2

Mes chaleureux remerciements

à tous ceux et celles qui m'ont soutenu

dans l'accomplissement de ce travail d'étude et de recherche.

Plus particulièrement :

à Françoise Julien-Casanova

pour son implication généreuse, pour son suivi stimulant,

ainsi que ses encouragements constants,

à l'équipe de Mouvance d'Arts,

aux responsables des Institutions publiques et privées,

aux artistes, chorégraphes et danseurs,

qui partagent mon enthousiasme et m'apportent leur concours.

Page 3: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

3

Table des matières

Introduction 7

I- Approche définitionnelle et organisationnelle 15

I-1 Domaines de recherche 16

I-1-A Le contexte politique général 18

I-1-B Le contexte général de fréquentation 19

I-1-C Le contexte social général et de la pratique de la danse 20

I-1-D L'espace public de la ville 22

I-1-E Le champ expérimental du projet : un quartier du XIIe

arrondissement 24

I-1-F La danse : une histoire, une mémoire, un médium 28

I-1-G Fête / Festival 36

I-1-H La rue : une scène et des décors naturels et urbains en 3D 38

I-1-I Du dedans au dehors 39

I-1-J La Journée Internationale de la Danse 40

I-1-K Le projet "ENTREZ DANS LA DANSE..." 42

I-1-L L'Association Mouvance d'Arts 42

I-2 Cahier des charges 44

I-2-A Modélisation de la stratégie 45

I-2-B La programmation 46

I-2-C La médiatisation 46

I-2-C-a Le site internet 46

I-2-C-b Une communication de proximité 47

I-2-C-c La presse et les outils de communication 47

I-2-D Budget prévisionnel 49

I-2-E Planning de réalisation du projet 49

II- Construction de l'outil de recherche 51

II-1 Double posture ou le terrain comme angle d'approche 52

II-2 Présentation des méthodes du TER 52

II-2-A L'observation/Recherche-action : "Entrez dans la danse" 53

II-2-B Questionnaires/entretiens 55

III- Ce qu'en disent les principaux intéressés 59

III-1 Le public donne son avis 59

III-1-A Une vraie demande 60

III-1-A-a La danse à la rencontre des publics : se donne à

voir, se donne à danser, à rassembler 60

III-1-A-b Une autre conception de la pratique culturelle

et de l'art chorégraphique scénique 61

Page 4: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

4

III-1-A-c Des spectateurs/danseurs ouverts à l'expérience 62

III-1-B Ce que pense le public des artistes-contacts 63

III-1-B-a Plus de risques pour les artistes : plus de

proximité avec les publics 64

III-1-B-b Rapports modifiés 65

III-1-C Un cadre favorable 67

III-1-C-a Un contexte non-commercial : la gratuité 67

III-1-C-b Brassage des publics, brassage des danses :

la perméabilité 68

III-1-C-c La découverte facilitée 68

III-1-C-d Le lien convoqué 70

III-1-D Les réticences 71

III-2 L'avis des artistes et chorégraphes 72

III-2-A Les professionnels 73

III-2-A-a Les raisons de leur rémunération :

Un engagement idéologique 73

III-2-A-b Une démarche pédagogique 75

III-2-A-c Un retour aux sources 77

III-2-A-d Des résistances pour certains 79

III-2-A-e Une volonté festive 80

III-2-B Les amateurs et les bénévoles 81

III-2-B-a Les raisons de leur bénévolat 82

III-2-B-b Un souci de partage et de reconnaissance 83

III-3 L'avis des partenaires 84

III-3-A Les partenaires publics 84

III-3-A-a Un réel intérêt 84

III-3-A-b Les limites 86

III-3-B Les partenaires privés 87

III-3-B-a Un enthousiasme suivi de faits 87

III-3-B-b Autres partenaires pressentis 89

III-3-C Les intérêts ou motivations avoués et

inavoués 90

IV-Analyse d'une situation spécifique et les limites d'un dispositif 92

IV-1 Réserves et solutions 93

IV-1-A Les éléments masqués 93

IV-1-B Des artistes en "concurrence" : bénévoles/rémunérés 96

Page 5: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

5

IV-1-C Une manifestation coûteuse 96

IV-1-D Résolution du problème 97

IV-2 Médiation pour un nouvel accès à la culture chorégraphique :

"Entrez dans la danse..." 98

IV-2-A Le dispositif de médiation : "Entrez dans la danse...",

version 2004 98

IV-2-B Evolution du projet 98

Conclusion 102

Bibliographie 108

ANNEXES 116

Budget prévisionnel I

L'équipe du projet II

Compagnies et personnalités pressenties pour la première édition III

Photos des cinq lieux pressentis IV

Pré-programmation par lieux V

Lettre d'engagement de Bercy- Village VI

Questionnaire VII

Résultats des questionnaires VIII

Tableau des Festivals de danse en France 2002-2003 IX

Note d'intention de Pierre Doussaint pour La Brigade Sécuritaire X

et son parcours

Page 6: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

6

INTRODUCTION

Copyright Valérie Gros-Dubois, Paris, 2003.

" Entrez dans la danse, voyez comme on danse,

Sautez ! Dansez ! Embrassez qui vous voudrez ! "

Page 7: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

7

INTRODUCTION

Au printemps 2004, dans le quartier de Bercy Saint-Emilion dans le XIIème

arrondissement de Paris, se déroulera la première édition d'une journée culturelle

gratuite multi-danses en plein air "Entrez dans la danse...".

Organisée par l'équipe de Mouvance d'Arts, grâce au soutien varié de

partenaires publics et privés, cette manifestation s'adresse aux publics qui désirent

accéder à la culture des danses. Il s'agit d'un dispositif de médiation entre les danseurs

professionnels et les danseurs amateurs, entre les danseurs tous statuts sociaux

confondus et les publics, entre la profession chorégraphique, les divers partenaires, et

Mouvance d'Arts.

L'ambition de cet événement est de redonner à la danse sa fonction de lien

social :

- en déplaçant les danseurs professionnels et amateurs de leurs lieux habituels de

représentation ou de pratique vers les lieux habituels de fréquentation des publics :

l'espace public ;

- en permettant aux publics d'observer, d'expérimenter la danse sous de multiples

formes pendant une journée, afin qu'ils se la réapproprient ;

- en ravivant le patrimoine ethnologique national et international que constitue la

danse : patrimoine immatériel au sein d'un patrimoine matériel ;

- en créant, non pas un festival supplémentaire, mais une fête à vocation nationale qui

inscrira la danse dans les moeurs et la vie intime française, comme cela a été le cas

pour la Fête de la Musique.

La danse est un rituel, une pratique, un art, ou un divertissement. Pour certains,

elle est les quatre à la fois. En effet, les motivations de ceux qui dansent sont diverses :

elles peuvent être politiques, économiques, sociales, religieuses ; on danse aussi pour

l'esthétique et pour le plaisir.

Page 8: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

8

Le mode gestuel de la danse, ou sa non-verbalité, permet de communiquer, de

ressentir avec le corps ce que le pouvoir des mots n'arrive pas à transmettre. Il peut

également permettre d'exprimer ce qu'on a décidé de transmettre par le corps

volontairement. C'est vrai pour ceux qui dansent et pour ceux qui regardent la danse.

Il peut y avoir, chez le danseur et chez le spectateur, identification, sympathie et

ouverture à l'autre. Comme l'affirme France Scott-Billmann, en s'appuyant sur un type

de danse particulier, "le dispositif des danses populaires, quelles qu'elles soient, permet

au danseur, à travers la musique et le geste partagé en groupe, de faire l'expérience de

l'altérité, en mettant en relation l'Autre au-dehors de soi avec ce qui est en soi"1

. Dans

ce monde où l'individualisme est roi, et où la communication déjà entre deux êtres peut

être périlleuse, une fête de la danse, à l'échelle d'un quartier pour la première année, si

elle ne prétend pas apporter toutes les solutions, peut s'avérer être une parenthèse qui

réintroduit une harmonieuse réflexion intellectuelle et corporelle sur notre perception

de l'Autre, le voisin, l'étranger, sur notre manière d'appréhender notre environnement.

Tester la faisabilité de ce projet est l'objet de ce travail de recherche. Afin de le

concrétiser nous avons besoin à la fois d'un terrain d'observation, d'analyse et d'un

tremplin pour le projet national et international ; une apparente utopie qui, une fois

mise en oeuvre, pourrait convaincre les différents intéressés d'aller plus loin dans leurs

investissements, leurs investigations.

Pourquoi ne danse-t-on presque plus dans l'espace urbain ?

Quelle pertinence pour une fête de la danse de quartier dans la cartographie des

manifestations et festivals déjà existants ?

Quels sont les apports d'une fête de la danse d'un point de vue relationnel ?

Quel est le bien fondé d'une fête de la danse pour les publics novices ou avertis,

pour les professionnels, pour les amateurs, pour la Mairie du XIIe arrondissement,

pour la Mairie de Paris, pour le Ministère de la Culture et leur politique culturelle

1 France Schott-Billmann. Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, janvier 2001.

Page 9: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

9

respective ?

Qu'apporte une fête de la danse hors les murs à l'appropriation de l'espace

urbain ?

Quels sont les facteurs de réussite ou d'échecs pour une fête de la danse à

l'échelle d'un quartier ? Quels sont les outils de mesure nécessaires à cette évaluation

pour que le même projet soit ensuite transposable à l'échelle nationale, puis

internationale ?

Telles ont été les interrogations initiales qui ont motivé ce travail de recherche,

ainsi que la conception et la mise en oeuvre de notre projet. Y répondre est complexe

et ne relève en rien de l'évidence. Nous allons tenter d'y parvenir à la lumière de notre

problématique qui peut se formuler ainsi : une fête annuelle de la danse, gratuite et

hors les murs, associant pratiques professionnelles et amateurs, modifie-t-elle le

rapport du public à la danse, aux danseurs (au sens de danser et/ou de regarder la

danse), et à son environnement ?

Cette même fête change-t-elle le rapport des chorégraphes et des danseurs

professionnels et amateurs à la scène et aux publics ?

Tels sont les deux versants d'une même problématique.

A partir de ces derniers, nous chercherons à définir les interactions entre les

divers interlocuteurs impliqués et interrogés. Nous pourrons ainsi identifier ce qui

favorisera ou entravera la mise en oeuvre du projet.

Cette recherche engage une approche expérimentale qui s'est appuyée sur un

dépouillement documentaire non exhaustif pour situer le projet dans ce qui a existé

antérieurement en matière de danse, en extérieur notamment, mais aussi, pour le

replacer dans son contexte social, économique et politique actuel.

Nous avons également eu recours aux méthodes éthno-sociologiques de la

recherche-action, du questionnaire et de l'entretien qui nous ont fourni des éléments de

Page 10: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

10

réponses en adéquation avec nos hypothèses.

Concernant les publics, nous formulons l'hypothèse suivante : proposer à la

population d'un quartier une fête de la danse, où elle peut voir, expérimenter, et faire

des rencontres, lui permet d'adhérer à celle-ci. Ces publics peuvent alors embrasser

cette fête au point de susciter de nouveaux désirs, de nouveaux besoins, et peut-être

même de nouvelles habitudes. Il s'agit de prouver qu'on peut renouveler l'intérêt des

habitants d'un quartier pour la danse, pour les spectacles de danse, ceci en les faisant

entrer en contact.

Pour toutes les formes de danses, nous postulons que la rue peut être une scène

avec des aménagements plus ou moins conséquents.

Une autre de nos hypothèses est que l'interactivité des danseurs et des publics en

présence directe favorise une incitation aux pratiques interpersonnelles et à la

rencontre collective.

En effet, une des propositions majeures de notre réflexion, est qu'une fête de la

danse peut redonner à la danse sa place originelle dans le fait social, par le biais de la

déambulation2

, des démonstrations interactives, et des bals. D'après France Schott-

Billmann3

, "la danse est un acte fondamental, un rite social qui offre à l'homme, à

travers une expérience psycho-corporelle, une démonstration et une commémoration

du lien social, qui ritualise par la musique et le mouvement les conditions nécessaires à

l'humanisation : le rapport de l'individu à la culture, la façon dont elle l'appelle, se

transmet en lui et l'inscrit dans le groupe humain"4

.

1 Déambulation : technique, stratégie propres au théâtre de la rue reprises par des compagnies ; il s'agit du

rituel pour se réapproprier les rues parfois avec folie et délire. Se jouer des circulations à l'endroit, à l'envers, réveillant

les quartiers ou allant chercher ceux qui hésitent ; donner envie aux passants de suivre et s'embarquer dans l'aventure

du spectacle.

3 Psychanalyste et danse-thérapeute. France Schott-Billmann enseigne l'art-thérapie à l'université de Paris V

4 Schott-Billmann (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001.

Page 11: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

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La sociologie l'a démontré : la ritualisation est un moyen de souder les membres

d'une société entre eux. C'est ce qu'une fête de la danse nous propose.

Nous émettons l'idée que la mise en correspondance des publics et des danseurs,

et leur réciproque conquête rendront effective la perméabilité entre les différents types

de danse.

Pour les chorégraphes, "Entrez dans la danse..." implique de désirer une prise

de risques, de la gérer, de vouloir changer de cadre, de tenter d'autres expériences, un

renouvellement des genres, de s'exposer à ce qui sort de leur contrôle. Si certains sont

ouverts à l'aventure de lieux insolites, comme Meg Stuart5

ou encore Valentine

Verhaeghe6

, pour ne citer qu'elles, d'autres auront besoin de motivations nouvelles

impliquant une réflexion de fond afin d'être convaincus.

En concevant une manifestation gratuite, nous avons pensé pouvoir compter sur

la participation bénévole des professionnels. Nous avons donc formulé l'hypothèse que

les artistes professionnels pourraient accepter de participer gracieusement à cette

manifestation. Ils participeraient à cette expérience afin de rendre la culture

chorégraphique visible par tous, et d'être des précurseurs au sein d'un événement

culturel qui vise une extension nationale.

Pour les danseurs amateurs ou ceux qui prennent le chemin de la

professionnalisation, nous avons émis celle que cette fête puisse être un tremplin pour

5 "Highway 101 [de Meg Stuart/Damaged Goods] est un projet itinérant , créé tout au long d'une année, dans

une succession d'endroits. Il s'inspire de l'architecture de chaque lieu.", in Mouvement n°10, Paris, novembre-

décembre 2000.

6 "Les performances chorégraphiques et rurales de Valentine Verhaeghe...". Dans un article du Monde du 13

avril 2001, cette strasbourgeoise est décrite comme "une spécialiste des interventions chorégraphiques en milieu rural -

elle gît dans la neige en toute petite tenue dans son spectacle Les Immedia, rit parmi les fleurs dans Hi Hi Ha Ha Ho

Ho -" On y parle aussi de sa pièce Silva Forestis donnée en forêt franc-comtoise, où en robe fleurie, elle s'avance "

divinité des bois, avec un seau pour se livrer à une joyeuse toilette matinale. Toute enduite de savon, elle se dirige vers

les promeneurs interloqués, devenus soudain spectateurs à leur insu, les prend par la main, danse arc-boutée contre un

arbre, ploie vers le sol tel un animal blessé. Corne et cymbales scandent ce simulacre d'hallali." Ou encore, son

expérience en Pologne où elle distribue "des fleurs et danse à tous les arrêts dans un bus campagnard."

Page 12: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

12

être vus et obtenir un début de reconnaissance professionnelle, car "l'insertion" dans le

milieu de la danse est difficile.

Par ailleurs, le projet "Entrez dans la danse..." nous a amenée à étudier plus

spécifiquement certaines pratiques chorégraphiques professionnelles et amateurs qui

déjà ont emprunté le chemin de la rue. Cette pratique tournée vers l'espace public est

liée à diverses motivations : un choix artistique pour certains, une réaction face aux

règles des institutions étouffant la créativité, ou encore, pour d'autres, une rébellion

face à l'injustice. Nous posons donc l'hypothèse que le renouvellement de la

conception, de la construction chorégraphique et des conditions de représentation

qu'impose le cadre extérieur, peut participer au renouvellement de la création et de la

créativité, aux "temps de rafraîchissement" espérés par beaucoup, tant par les danseurs

professionnels et amateurs que par les publics.

Nous formulons aussi l'hypothèse qu'une fête de la danse peut participer

grandement au processus permettant aux espaces urbains de redevenir des espaces de

convivialité, des espaces de communication : ceci grâce au choix des lieux, à la

démarche des chorégraphes et des danseurs allant à la rencontre des publics, et à

l'adhésion de ces derniers.

Enfin, nous postulons que cette manifestation par son dispositif de médiation

rend effective la démocratisation de la culture chorégraphique et de la culture des

danses.

Les méthodes utilisées au cours de notre travail d'étude et de recherche ont

éclairé avec succès la démonstration que nous cherchions à développer.

Ainsi, nous verrons que les publics interrogés par sondage ont répondu par

l'affirmative aux hypothèses qui les concernaient. Les chorégraphes et les danseurs

amateurs et professionnels soumis aux entretiens ont validé la plupart de nos

Page 13: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

13

affirmations. Les professionnels en ont infirmé une à l'unanimité : leur rémunération

s'est avérée incontournable. Les partenaires publics et privés ont confirmé, par leur

adhésion de principe et leur investissement dans le suivi, la pertinence d'un tel projet.

Les publics, nous le constaterons, viennent pour danser et regarder danser, pour

partager, pour fêter en fonction de l'importance qu'ils donnent à l'art ou au relationnel.

Les chorégraphes et les danseurs participent pour montrer, être reconnus,

partager, informer, sortir du cadre conventionnel et institutionnel, fêter, ressourcer leur

créativité, et leur mode de représentation.

Les partenaires publics, quant à eux, décident de nous soutenir pour maintenir la

cohésion sociale, pour favoriser l'investissement d'une population sur son quartier,

pour établir des ponts entre professionnels et amateurs. Ils désirent voir naître une

manifestation chorégraphique de prestige à Paris, accessible à tous, et mêlant pratiques

professionnelles et pratiques amateurs.

Les partenaires privés s'y associent principalement pour des raisons de

retombées économiques et de prestige, d'image de marque associée à la culture, pour

les ponts établis avec les institutions publiques, et pour l'esprit de fête.

Nous dégagerons un point du vue sur le pilotage du projet local "Entrez dans la

danse...", et tenterons de rendre compte des enjeux mis au jour grâce aux premières

démarches de la phase de mise en oeuvre.

Nous soulignerons les enjeux de la création artistique chorégraphique dans

l'espace public : notamment, nous noterons comment, dans les consciences et en amont

de la manifestation, l'idée de la danse hors les murs, embrassée par tous, changent

notre perception du monde chorégraphique, et modifie notre perception de

l'environnement pour construire un patrimoine commun. Nous remarquerons également

les enjeux de l'opération pour la dynamique citoyenne recherchée par la politique de la

Ville à travers l'émergence de telles manifestations dans l'espace public.

Page 14: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

14

Enfin, avec la construction de notre projet artistique de quartier, les enjeux

politiques et culturels qu'il suscite seront dégagés, ainsi que l'apport probable pour la

population considérée, ceci afin d'envisager dans les prochaines éditions une extension

nationale.

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15

I- APPROCHE DEFINITIONNELLE & ORGANISATIONNELLE

Copyright David Chanrion, Paris, 2003.

Page 16: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

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I - APPROCHE DEFINITIONNELLE & ORGANISATIONNELLE

I-1 Domaines de recherche

Notre projet a été inspiré, à l'origine, par le modèle de la Fête de la Musique.

Nous devons garder à l'esprit que celui-ci se démarque cependant de ce modèle par un

contexte radicalement différent. Il ne s'agit pas en effet d'une commande émanant du

Ministère de la Culture confiée à un organisme de coordination comme ce fût le cas

avec l'ADCEP7

pour la Fête de la Musique, mais d'une proposition spontanée faite aux

institutions par une association Mouvance d'Arts. De plus, il existe des différences

fondamentales entre la pratique de la danse et celle de la musique : on notera par

exemple que, selon les statistiques8

, la musique touche un public beaucoup plus large,

et qu'elle est bien plus facile d'accès. Sa pratique est plus spontanée et plus autonome,

et sa consommation est davantage présente dans le quotidien.

Concevoir et mettre en oeuvre une fête de la danse inédite à la conquête de

l'espace urbain et de nouveaux publics, comme nous nous proposons de le faire, a

nécessité un travail de recherche et un référencement des divers écrits et témoignages

(ouvrages, mémoires, thèses, articles, interviews...) en interaction avec notre domaine.

Nous avons également réalisé un dépouillement documentaire qui est venu enrichir

notre travail, le légitimer, lui donner une existence critique au sein de ce qui s'est déjà

fait ou se fera dans l'avenir.

Aujourd'hui, le foisonnement chorégraphique est évident, et, on participe de plus

en plus à des cours de danse de toutes natures. Parallèlement, les gens fréquentent

encore trop peu les spectacles chorégraphiques qu'ils jugent souvent hermétiques. Ils

7 Association pour le Développement de la Création - Etudes et Projets.

Cette association et Jean-François Millier ont été missionnés par le Ministère de la Culture et de la

Communication en 1981 pour coordonner la Fête de la Musique.

8 CARDONA Janine, LACROIX Chantal. Chiffres clés, édition 1997. Statistiques de la Culture. La

Documentation Française. Paris, 1997.

Page 17: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

17

ne dansent presque plus dans les espaces publics, ce qui ne favorise pas la rencontre

entre les publics et la danse, ni la convivialité qui s'en dégageait.

Ce constat nous a donc amené à étudier les différents paramètres nécessaires qui

permettent la mise en oeuvre d'une fête de la danse qui soit un succès. En effet, l'intérêt

d'un tel projet est qu'il rétablisse la danse dans les pratiques culturelles courantes et les

espaces publics, en accueillant de nouveaux publics.

Dans les lignes suivantes, nous situerons le contexte d'élaboration du projet, et

nous offrirons un panel non exhaustif des recherches préexistantes sur lesquelles vient

s'appuyer ou rebondir le projet.

Page 18: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

18

I-1-A Le contexte politique général

Dans les années 80, la situation de la danse en France était critique, mais dès

1981, Jack Lang dynamise ce secteur sinistré en relançant la création et la diffusion ...

Lorsque Catherine Trautmann en 1997 intègre le Ministère de la Culture et de

la Communication, en qualité de Ministre, les principaux objectifs sont de faire

connaître, de conserver et de restaurer le patrimoine culturel et de contribuer à

l'émergence des moyens d'expressions artistiques renouvelés. Dans les domaines qui la

concerne, la Direction de la Musique et de la Danse est un acteur essentiel de la

recherche, privilégiant notamment les travaux en lien direct avec une activité de

création artistique.

Depuis le 1er janvier 1998, dans le cadre de la déconcentration des moyens de

l'Etat au sein des Directions Régionales des Affaires Culturelles, de nouvelles

procédures ont été proposées et mises en place pour accompagner la création et la

diffusion des spectacles de danse.

L'élaboration de ces nouvelles règles a pour objectif de faciliter les relations

entre le service public et ses usagers en présentant des modes d'intervention mieux

définis, plus lisibles et mieux adaptés aux besoins du milieu chorégraphique.

La mise en oeuvre de ces nouvelles procédures a pour cadre la déconcentration

des crédits au niveau des Directions Régionales des Affaires Culturelles.

L'Etat est en mesure d'aider la création et la diffusion de la danse par trois voies

différentes :

* l'aide à la création, qui s'adresse aux compagnies de création,

* l'aide à la résidence, prioritairement pour les structures d'accueil du spectacle vivant

engagées sur un projet chorégraphique,

* l'aide à la diffusion, pour les structures engagées dans un processus de diffusion

spécifiquement consacrée à la danse.

Page 19: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

19

Le budget de la culture en 2001 (+2,6% par rapport au budget 2000), premier

budget préparé par Catherine Tasca et Michel Dufour, place l'action du Ministère de la

Culture sous le triple signe de la diversité culturelle, de l'égalité d'accès, qui reste une

préoccupation essentielle de l'action publique, et de la décentralisation culturelle.

En matière de spectacle vivant, le soutien à la création et aux réseaux de

diffusion se poursuit dans la diversité des disciplines, des expressions et des lieux où la

danse se développe. Les priorités du Ministère vont aussi à la reconnaissance et au

soutien de l'émergence de nouvelles générations et de nouvelles esthétiques, aux

initiatives innovantes, à l'élargissement des publics et des pratiques, notamment par

l'amélioration de l'offre en matière de sensibilisation et d'enseignement artistique.

On note que se poursuit également une politique d'ouverture des scènes

nationales à la musique et à la danse avec notamment, le Théâtre national de Chaillot

qui a ouvert largement sa programmation à la danse.9

L'article paru sous le titre "Une nouvelle impulsion pour la danse" dans La

Lettre d'Information du Ministère de la Culture et de la Communication n° 93, en

février 2002, confirme ces orientations qui sont appuyées par un budget de 76,23

millions d'euros (500 MF).

I-1-B Le contexte général de fréquentation

Nous prenons en compte la situation économique globale et la fréquentation des

salles de spectacles en France, notamment pour ce qui concerne la danse, qui varient

selon les régions et le soutien financier, les scènes nationales étant nettement

avantagées. Globalement en 1991, concernant la fréquentation des spectacles de

9 Budget 2001, Rapport Culture et Communication du mercredi 20 septembre 2000 présenté par Catherine

Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, et Michel Dufour, Secrétaire d'Etat au patrimoine et à la

décentralisation culturelle.

Page 20: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

20

danse dans la population française âgée de 15 ans et plus, on constate que 17% sont

allés voir un spectacle de danse, il y a plus de 4 ans, 8% il y a plus d'un an et moins de

4 ans. 9% sont allés voir au moins un spectacle de danse au cours des 12 derniers mois

et 66% ne sont jamais allés voir un spectacle de danse.10

L'analyse de la fréquentation de la danse dans les établissements d'action

culturelle (maisons de la culture, centres d'action culturelle, centres de développement

culturel) fait apparaître une légère progression globale de 13% depuis 1984. Ce chiffre

concerne surtout la fréquentation des spectacles de danse contemporaine et ne peut

être extrapolé à l'ensemble des spectacles de danse ; il est probable que la considérable

augmentation de l'offre chorégraphique française depuis 1981 et le regain d'intérêt

qu'elle entraîne, au moins de la part des médias et des programmateurs artistiques, ont

eu un effet bénéfique sur la fréquentation globale des spectacles de danse.

I-1-C Le contexte social général et de la pratique de la danse

Perte des valeurs, ouverture des frontières, apport galopant de la technologie,

recherche d'une identité, telles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles resurgit

un intérêt pour le patrimoine, sa mise en valeur, sa protection...

La danse en fait partie.

On sait que 6,6% de la population adulte française aimerait avoir l'occasion de

voir un spectacle de danse, 10 % se déclarent au contraire "pas tentés du tout", et 80%

n'ont pas d'opinion à ce sujet ; la plupart de nos concitoyens se montrent donc plutôt

indifférents à la danse. L'évocation du mot "danse" n'éveille donc ni désir, ni sentiment

de culpabilité : on peut socialement se passer de ballet de danse sans aucun problème.

Une telle indifférence est d'autant plus remarquable que les spectateurs de danse

manifestent, eux, une grande curiosité et une vive demande de danse. Le manque de

10 GUY Jean Michel. Les Publics de la Danse / La Documentation Française, Département des Etudes et de la

Prospective. Paris, 1991.

Page 21: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

21

curiosité et le manque d'envie ne sauraient toutefois justifier à eux seuls la non-

fréquentation de la danse : elle résulte de "l'inculture générale" des Français en matière

de danse, et masque probablement les "peurs" qu'inspire la danse.

La pratique de la danse s'avère être une activité plutôt jeune et féminine, dont

l'expansion sociale semble récente : la proportion de Français qui déclare faire ou avoir

fait de la danse est en effet notablement plus élevée dans les tranches d'âge

correspondant aux jeunes générations. On remarque que la danse est pratiquée plus

volontiers dans les classes moyennes (employés, professions de la santé et de

l'éducation). En outre, la pratique de la danse est plus répandue chez les enfants que

chez les adultes, puisque 12 % des français de 5 à 15 ans feraient actuellement de la

danse contre 2 % d'adultes. La danse est "réservée", sinon imposée aux enfants ; elle

est perçue par les parents comme une discipline proprement enfantine, réputée utile au

développement physique de l'enfant, à l'éveil de sa sensibilité, voire à l'acquisition de

codes sociaux et sexuels de comportement.11

Dans une société où tout contribue à un individualisme forcené, la danse qui, à

l'origine, tissait des liens, est devenue une activité individuelle recherchée parce qu'elle

développe l'ego et des qualités artistiques. C'est aussi un métier, et un art de

représentation. Elle est devenue un produit de consommation.

Dans beaucoup de cas et pour de multiples raisons, la danse, qui, au début du

siècle dernier, était proche du quotidien des populations, est devenue une activité de

loisir. Elle n'est plus ce moyen convivial de rassemblement nécessaire à l'échange et à

la cohésion de la collectivité.

11 CARDONA Janine, LACROIX Chantal., Chiffres clés, édition 1997. Statistiques de la Culture. La

Documentation Française, Paris, 1997.

Page 22: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

22

I-1-D L'espace public de la ville

Un des axes majeurs de la politique de la ville à Paris est la gestion par les

habitants de leur environnement. Pour y parvenir, elle tend à donner valeur et fonction

à un espace public pour qu'il devienne le lieu où la cohésion sociale est rendue

possible.

"Les projets culturels de quartiers veulent démontrer (...) qu'ils constituent un

puissant levier, tant pour l'épanouissement personnel que pour la communication

sociale des habitants au sein de leur ville"12

. "Entrez dans la danse..." s'inscrit dans

cette perspective.

Selon les auteurs Riout, Gurdjian, et Leroux, "le phénomène de massification à

l'oeuvre dans la ville enferme les individus dans une solitude douloureuse autant que

dangereuse."13

En effet, une forte densité de population amenuiserait les "rapports

proxémiques"14

entre les individus, engendrerait l'isolement et une moindre qualité de

vie. Les recherches d'Edward T. Hall soutiennent l'idée que l'espace est organisé de

façon à favoriser la communication entre les sujets, ou au contraire, leur isolement.

D'où l'importance d'un projet qui va tisser du lien à plusieurs niveaux.

D'après le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, "la

ville est un espace, avec des formes, dont la croissance laisse des traces encore

visibles. C'est un lieu où l'histoire de tous rencontre les petites histoires de chacun et

où la mémoire n'a pas disparu, pour peu qu'on s'y intéresse. C'est un climat, une

ambiance, faits de petits riens du quotidien, des couleurs, des rythmes, des formes, des

bruits, des atmosphères, de la solitude et de la convivialité."15

Nous démontrerons

d'ailleurs, grâce aux résultats de notre enquête, que l'histoire de la danse peut

12 AESCHBACHER Marianne, Mémoire de CMPC, Le projet culturel de St Denis, Sous la direction de

Bernard DARRAS, Université Paris 1, 1997.

13 RIOUT (D), GURDJIAN (D), LEROUX (J.P.). Le livre du graffiti, Syros Alternatives, Paris, 1990.

14 WINKIN (Y). La nouvelle communication, Points Essais, Editions du Seuil, Paris, 1981.

15 Livret de l'environnement urbain, Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement.

Page 23: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

23

s'entremêler de nouveau avec l'histoire d'un quartier, et celle de ses habitants.

Selon Nathalie Marshal, "l'art peut investir la ville dans des lieux éclatés,

qualifiés de non culturels. Mis au second plan dans l'usage, ces lieux peuvent être

choisis pour leur force. Ils créent alors une dynamique d'échanges qui s'établit entre

l'espace et les groupes sociaux qui le fréquentent."16

Ainsi, l'art, la danse peuvent être

des vecteurs d'interactions entre l'espace et les habitants. Dans le XIIe arrondissement,

nous ne sommes pas en présence de lieux éclatés, mais de lieux qui vont devenir,

durant une journée et une soirée, des espaces d'interactions fortuites entre la

population et la danse, entre les habitants et leur environnement dont l'usage habituel

aura été détourné, entre la danse et l'espace public.

En effet, Armel Huet affirme que "les personnes qui participent aux différentes

animations ont la possibilité de s'investir dans des projets plus ou moins collectifs, de

changer le registre du travail quotidien ou de l'école, de s'évader en quelque sorte, de

rêver et de vivre ses passions, de se confronter à la technique, aux arts, et plus

simplement aux autres. C'est l'occasion pour les personnes de s'investir, même

modestement ou discrètement, dans la vie sociale et culturelle de la cité."17

C'est en partie sur la base de ces réflexions que notre projet désire aussi établir

des "passerelles" entre les habitants et la danse, entre les habitants et leur quartier,

entre les habitants entre eux, en réclamant leur investissement et leur participation.

C'est ainsi qu'ils vont s'approprier ou se réapproprier la danse sous ses multiples

formes tout autant que leur cadre vie. Nous savons qu'il faudra provoquer une prise de

conscience de la population concernée. Pour y parvenir, nous comptons nous appuyer

sur le sondage effectué, sur une présentation-consultation du projet lors des conseils de

quartier18

, et, sur une communication développée en amont de la manifestation.

16 MARSHAL (N). La ville et l'art, Mémoire de CMPC, sous la direction de Bernard DARRAS, Université de

Paris I, 1994.

17 HUET (A). L'action socioculturelle dans la ville, L'Harmattan, Paris, 1994.

18 "Les Conseils de Quartier, prévus dans la future loi "démocratie et proximité", sont des éléments de [la]

Page 24: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

24

La présence sur le terrain d'associations, porteuses de nombreux projets

culturels de quartier, permet d'établir des relations privilégiées entre les habitants. Le

réseau associatif fonctionne sur la notion d'initiative qui, selon José Aroncena, "se

nourrit de la mémoire collective et se fonde sur l'énergie qu'elle est capable de

mobiliser pour créer des activités nouvelles, un nouveau type d'échanges et de modes

de vie."19

C'est pourquoi notre projet fait largement appel aux initiatives des

associations de danse du quartier, et de tout établissement qui a choisi de devenir

partenaire de cette fête de la danse.

I-1-E Le champ expérimental du projet : un quartier du XIIe

Arrondissement

Le XIIe arrondissement, où se situe le test de faisabilité de notre projet, a une

superficie totale de 637,7 hectares.

Il est constitué de quatre quartiers, respectivement nommés Bel Air (139,2), Picpus

(184,4), Bercy (190,4), et Quinze-Vingts (123,7).20

Au recensement de 1990, le XIIe arrondissement comptait une population de

130 274 habitants, ce qui représente 6,05% de la population parisienne.21

Le XIIe arrondissement est le plus vert de tous les arrondissements de Paris

avec 24 jardins ouverts au public, ce qui représente 47,16% des espaces verts

parisiens : le Parc de Bercy avec 133 600 m2 de superficie, la Promenade Plantée avec

22 000 m2, le Square Charles Péguy avec 13 000 m2, le Bassin de l'Arsenal avec 10

000 m2, et enfin, le Square St Eloi avec 10 000 m2.

démocratie participative, le reflet et la prise en compte de l'exigence, sans cesse renouvelée par les changements

sociaux, d'une participation toujours plus large de la population au service de l'intérêt public." Extrait du préambule de

la Charte des Conseils de Quartiers adoptée par le Conseil du XIIe arrondissement de Paris le 1er octobre 2001.

19 ARONCENA (José). Le développement par l'initiative locale, L'Harmattan, Paris, 1986.

20 Mairie de Paris. Paris en chiffres-Générique, édité par la Direction Générale de l'Information et de la

Communication de la Mairie de Paris, Paris, 1996.

21 INSEE. Recensement de 1990.

Page 25: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

25

Le projet va se concrétiser dans le quartier de Bercy. Du fait de son parc et du

secteur de Bercy-Village disposant de places et d'espaces piétonniers, il semble le plus

adéquat.

Les sites pressentis pour la première édition sont les suivants : La place des

Vins de France, le Cours Saint-Emilion, la Maison de l'Etang/rue François Truffaut, la

place Gabriel Lamé, la place Lachambeaudie/rue de la Nativité.

Avant mars 2001, la politique de l'arrondissement, et ce, depuis une dizaine

d'années, était tournée vers le développement de l'urbanisme, la rénovation des

quartiers, et la valorisation de l'environnement, délaissant la culture.

La population, bien que se renouvelant, est constituée d'une majorité "vieille école",

qui préfère le calme aux activités un peu tardives qui viendraient troubler leur

tranquillité, y compris le bruit occasionné par des discussions de trottoirs à la sortie

d'un vernissage.

Le premier constat que nous avons pu dégager de cette période, montre que les

activités culturelles développées dans le XIIe arrondissement étaient à l'initiative des

associations, des entreprises privées et commerciales, et des centres d'Animation

(rattachés au Ministère de la Jeunesse et des Sports).

Le second constat, lui, révèle que les associations culturelles, et les théâtres

privés faisaient, dans la plupart des cas, peu ou pas remonter les informations liées à

leurs activités ou à leur programmation aux services de la Mairie ; ceci était

regrettable, puisqu'environ 1200 personnes fréquentent cet espace central de semaine

en semaine.

Mais, des raisons de divergences politiques pouvaient expliquer cette quasi-absence de

partenariat formel ou informationnel.

Page 26: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

26

Mademoiselle Pautras22

, chargée de la culture, tentait d'établir un lien de

confiance entre la Mairie et les différents acteurs de la vie culturelle du XIIe, tout en

admettant que son rôle était très limité. Elle conseillait les personnes, qui venaient

solliciter son aide pour un projet, sur les démarches à suivre pour demander des

subventions. Elle les dirigeait vers les directions administratives de la Ville de Paris,

du Ministère de la Culture ou vers d'autres organismes compétents capables de

répondre à leurs interrogations. "Je soutenais leur action par une lettre de

recommandation, ou en visant leur dossier d'un avis favorable. Je me déplaçais sur les

lieux des manifestations pour soutenir aussi par ma présence, en mettant moi-même la

main à la pâte si le besoin s'en faisait sentir." Selon ses propres paroles, il n'y avait pas

de politique culturelle de l'arrondissement en dehors de celle menée par la Ville de

Paris, et donc, pas de budget, ni de lieux spécifiques appartenant à la Mairie du XIIe.

Elle était amenée cependant, depuis peu, à bénéficier d'une part du budget du Comité

des Fêtes (ce dernier étant environ de 19 700 euros/an), à force de persévérance et de

plaidoiries lors de réunions hebdomadaires. A son arrivée, cela semblait pratiquement

impossible puisque tout était déjà cloisonné, réparti et attribué par avance, presque

traditionnellement.

Grâce à ses démarches, des prêts de salles municipales au sein du bâtiment de la

Mairie ont été accordés pour l'organisation d'expositions. Des aides logistiques et

publicitaires ont été attribuées pour la mise en place de manifestations.

La culture ne semblait pas être une priorité du Maire, ni de son adjoint, pas plus

que le domaine socio-culturel.

Aucune association culturelle n'était subventionnée par la Mairie du XIIe.

Il semble que les différents arrondissements de Paris aient été fortement

tributaires de la politique culturelle de la Ville de Paris, qui, par ailleurs, était brillante

et foisonnante. Ceci ne permettait pas une gestion décentralisée des projets de quartier.

La Mairie du XIIe arrondissement s'appuyait donc sur les activités culturelles

22 Compte-rendu de l'interview de Melle Pautras, Chargée de la culture dans le XIIe arrondissement réalisée

par Valérie Gros-Dubois en février 1998.

Page 27: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

27

des associations qui leur servaient de relais pour une vie culturelle au sein même de

l'arrondissement.

Elle tentait de faire le lien entre les différentes associations qui avaient les mêmes

activités pour organiser des rencontres. Mais là encore, avec peu de succès, car ayant

été absente de leur parcours tant financièrement qu'humainement, une méfiance

demeurait omniprésente.

Depuis les élections de mars 2001, il apparaît que la volonté de la nouvelle

municipalité soit de permettre aux habitants du XIIe de se réapproprier leur

arrondissement. Nous le constatons par la place faite à l'information sur la vie et les

activités de ce dernier, sur sa vie associative depuis ces deux dernières années, mais

aussi, par un désir affirmé et des projets concrets pour une culture de proximité.

Notamment, avec le projet "Le Dansoir" porté par Karine Saporta, chorégraphe

renommée, et Nadine Rémy, chargée de la culture auprès du nouveau Maire Michèle

Blumenthal, nous notons l'intérêt sans précédent de la nouvelle municipalité pour la

création chorégraphique actuelle.

La préoccupation de la Mairie du XIIe arrondissement pour la qualité de

l'environnement et de la vie quotidienne de ses concitoyens rejoint celle de l'Hôtel de

Ville. Elle l'amène à embrasser des événements qui relient ses priorités en faveur de

l'urbanisme et de la convivialité dans les quartiers. La montée de l'urbanisme rend

nécessaire le renforcement du lien social, afin de lutter contre l'individualisme et la

solitude : une fête de la danse peut en être le médiateur privilégié, et créer une

rencontre inopinée entre toutes les couches de la population, des plus jeunes aux plus

âgés.

En matière de danse, nous avons répertorié le Conservatoire Municipal Paul-

Dukas, une dizaine d'écoles de danse, sept centres d'animation (Ville de Paris), et une

quinzaine d'associations pluri-artistiques où l'on pratique la danse (divers styles). On

Page 28: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

28

compte aussi treize théâtres privés (qui ne programment pas tous de la danse), un

établissement public l'Opéra Bastille, et le Palais Omnisport de Paris Bercy.

Le Conseil de Quartier de Berçy, qui est un cadre régulier de concertation entre

les habitants et la municipalité, va jouer un rôle prépondérant dans la mise en oeuvre

du projet. Il participe à l'animation du quartier. Il est une source d'informations sur les

préoccupations des habitants, mais également une source d'informations pour les

habitants.

Lors du Conseil de Quartier du 2 octobre 2002, l'insuffisance de l'animation

était constatée dans le quartier de Bercy. On notait le manque de manifestations

culturelles. " Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de mettre en place des

lieux d'animation culturelle et sportive, d'organiser des fêtes..."23

. Déjà, la commission

d'animation et de projets culturels du conseil de quartier s'avère être un outil favorisant

le dialogue entre Mouvance d'Arts, les habitants, les associations, et les commerçants

du quartier de Bercy.

I-1-F La danse : une histoire, une mémoire, un médium

Le Robert définit le terme de danse, dans son sens premier et principal, comme

ayant "des connotations très différentes selon les contextes : d'une part, chorégraphie

(danse classique, entraînant le vocabulaire propre de la chorégraphie), danses propres

à chaque civilisation (antiques, modernes, européennes et exotiques, "orientales", etc.),

danse professionnelle moderne liée au spectacle (music-hall, etc.) ; d'autre part,

activité sociale réunissant hommes et femmes pour danser, avec une évolution

historique considérable, des danseries du XVIe et du XVIIe siècles aux bals, sauteries,

surprises-parties et aux lieux publics consacrés à la danse (dancings)"24

, de la danse

classique jusqu'à la danse contemporaine.

Et c'est bien dans ce contexte que le projet s'inscrit. Cette fête de la danse invite

23 Compte-rendu du Conseil de Quartier de Bercy du mercredi 2 octobre 2002, Sébastien Roy, Chargé de

mission à la Démocratie locale.

24 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.

Page 29: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

29

toutes les danses à entrer dans la Danse, et ceci, dans l'espace public, au dehors,

rompant avec toutes les barrières pour aboutir, dans cette réunion d'hommes et de

femmes, à une mémoire en marche...

La danse est un des seuls arts à ne pas avoir de système d'écriture universel.

La musique, le silence portent la danse, c'est-à-dire qu'ils portent le mouvement,

l'espace, le temps...

La musique est légitimée par son écriture, ce qui n'est pas le cas de la danse.

Pourtant certains systèmes d'écriture existent (Laban, Conté, Benesh ....), mais ils sont

très peu utilisés. Ils sont souvent des codes inventés directement par le chorégraphe

pour mémoire.

La danse se travaille donc " à l'oreille " avec des comptes, des images visuelles

et verbales, des sensations corporelles, des représentations mimétiques du quotidien, la

dynamique, l'énergie, l'utilisation de l'espace...

Comment donner son importance, sa légitimité à un art, la danse, qui n'existe

pas "matériellement", surtout dans une société de culture occidentale où la culture de

l'écrit prédomine ? En effet, dans les sociétés primitives, la tradition orale est forte, la

danse tient encore une place importante. Elle se transmet de génération en génération,

ainsi son rôle de cohésion sociale demeure.

Quoi qu'il en soit, la danse pose, par son essence éphémère, le problème de la

mémoire.

L'avancée technologique, telle qu'on la perçoit au travers du cinéma, de la vidéo

et du multimédia offre désormais de nouveaux supports pour la transmission de la

danse de génération en génération.

La danse, autant que la musique, nécessiterait un éventail de définitions

distinguant, au sein des activités de recherche qu'elle suscite, les axes majeurs autour

desquels celles-ci s'ordonnent. Le terme globalisant de " recherche en danse " regroupe

à l'heure actuelle les premières pistes d'exploration et les récents travaux sur les

notions de patrimoine, d'écriture et de mémoire de la danse. Ils sont destinés à

connaître d'importants développements dans l'avenir.

Page 30: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

30

"La première danse fût un acte sacré. L'ancêtre des danseurs a 14 000 ans. C'est

sur le site de Séfar, dans le massif du Tassili des Ajjers, qu'une peinture pariétale

montre la coexistence des techniques de danse au néolithique : bond, renversement du

corps cambré, extension des bras, tournoiement...

La danse de groupe apparaît 8 000 ans avant Jésus-Christ dans une grotte près

de Palerme. C'est la première représentation de la Ronde à l'intérieur de laquelle le

meneur de jeu est au centre (la ronde étant le mouvement primitif de la danse chorale).

Notons que la danse est considérée ici, notamment, comme un jeu."25

On recense, entre autres,

- les danses primitives :

- celles liées à des rites de la vie quotidienne (combat, chasse, cultures, saisons),

- celles liées à des rites de passages (naissance, initiation, mariage, mort),

- celles liées à des rites thérapeutiques ;

- les danses magiques et religieuses (notamment, la danse-prière, la danse de culte...) ;

- les danses de divertissements ou spectaculaires dont font partie le ballet populaire,

politique, burlesque, classique, moderne, moderne-jazz, jazz, contemporain ;

- les danses de sociétés, de salon (apparues de 1820 à 1900) : la contre-danse (en

ligne), et le quadrille (en carré), le galop, la valse (présente en France dès 1780), valse

viennoise et valse latine, valse moderne (on y tourne en permanence. Début : 1820), le

chahut-cancan, la polka (1844), la polka piquée, la mazurka, la java, la scottish

(introduite en France en 1849), la redowa (elle apparaît vers 1860, elle eut une durée

de vie de 10 ans), le pas de quatre, le pas des patineurs, la berline, l'ostendaise, le

cotillon, la matchiche (vers 1900 : succès court), la musette ;

- la vague latino "des danses chaudes" depuis le début du XXème siècle : le tango

classique (naissance en 1880 à Buenos Aires et Montevidéo), le tango argentin (il est

arrivé d'Argentine en France en 1905), la rumba, le paso-doble, le chacha, le danzon,

25 PRUDHOMMEAU Germaine, Histoire de la Danse. Université de Paris I Panthéon -Sorbonne. Paris, année

universitaire 1982-1983.

Page 31: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

31

le boléro, le bayon, la samba, le mambo, la biguine, la lambada, la salsa portoricaine,

la salsa cubaine ;

- l'influence des ballets russes durant la période 1900-1940 qui bouleversa la

chorégraphie, mais plus encore les costumes et les décors ;

- l'influence de l'Amérique : le boston (1880), le cake-walk (il est né en 1903 dans les

plantations du sud ; c'est une caricature des maîtres blancs par les esclaves noirs et il

est le précurseur du jazz qui apparut vers 1920 dans les salles de bal françaises), le

grizzly bear dance ou la danse de l'ours, le bunny hug ou l'étreinte du petit lapin, le

turkey trot ou la danse du dindon (ces danses viennent de l'Amérique rurale et du

mimétisme des animaux), le one step, le two step (présent de 1900 jusqu'après la

Première Guerre), l'avionnette ou l'aéronette (liée au début de l'aviation), le charleston,

le foxtrot, le twist, le swing, le triple swing, le jive, la tap dance ou claquettes, le rock

(1954-1960 : période d'apothéose), le rock acrobatique, le be-bop, le disco ;

- la danse folklorique dont les danses paysannes : la moresque (XIVe siècle, connue en

Angleterre), la gaillarde (XVe siècle, connue en France, Allemagne, Angleterre,

Espagne), la volte (XVe siècle), la bourrée (XVIe siècle), la gavote (XVIe siècle,

danse de montagnards d'Auvergne et des Alpes de Provence), le passe-pied (XVIe

siècle, originaire de Bretagne), la gigue ; dont les danses de cour : le branle (XVIe

siècle), la courante (1515), la pavane (XVIe siècle, fréquemment exécutée par les rois

et les reines), l'allemande (fin du XVIe siècle) ; dont les chorégraphies de lignes : la

ronde, la farandole ;

- les danses de groupe plus récentes dites "à pulsation électronique" : le rock (déjà

cité), le rap, le disco (déjà cité), la danse hip-hop (née dans le Bronx à New York vers

la fin des années 70) avec la break dance, le smurf ou électric boogie, la hype et enfin

la techno ;

- les pratiques artistiques pour amateurs avec notamment l'exploration de toutes sortes

de formes étrangères à notre culture, danses métissées pratiquées pour elles-mêmes : le

hip-hop, la danse africaine, la danse amérindienne, la danse indienne, la capoeira

brésilienne, la danse orientale, le flamenco, la danse jazz, la danse moderne-jazz, la

danse afro-jazz, la danse urban-jazz (danses faites sur de la musique jazz) la danse

Page 32: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

32

moderne, la danse contemporaine, l'expression primitive (danses tribales) ;

- la danse escalade ;

- la danse classique.26

La danse souvent liée à des expressions de joies, de tristesses, de grandes

sensations, a été la plupart du temps associée à des fêtes de toutes natures, familiales,

commémoratives... La danse, mémoire inscrite dans le corps, va exprimer au-delà des

mots. C'est une transmission de génération en génération à la manière de la tradition

orale. Ainsi, comme le souligne Elie Faure : La danse "est une forme liturgique

élémentaire de communion organisée qui élève l'instinct individuel à la conscience la

plus fervente, sinon la plus lucide des intérêts supérieurs de la collectivité (...). Elle

rappelle sans cesse à cette collectivité par ses rythmes puissants, par ses répétitions

rituelles, par ses retours périodiques qui célèbrent les événements les plus solennels de

la vie sociale, qu'il convient de sauvegarder dans les moeurs l'ordre qu'enseignent aux

hommes les manifestations constantes de l'univers astronomiques et biologiques... La

danse est la première messe célébrée par les humains." 27

Elle porte en elle une part de

l'histoire du mouvement, une part de l'histoire de chacun, une part de l'Histoire. C'est

ce que nous chercherons à confirmer au cours de notre étude.

Ce qui nous amène à penser la danse comme facteur d'intégration à une

communauté, à un environnement, un facteur de convivialité nécessaire. Le Groupe de

Recherche pour l'Education et la Prospective remarque d'ailleurs que "de tout temps la

danse a été l'une des manifestations les plus expressives de la vie et de l'imaginaire des

collectivités humaines [...] Dans les formes laïcisées que nous lui connaissons

aujourd'hui, elle est à la fois jeu et rituel, donnant à voir dans ses gestuelles, ses

rythmes et ses mouvements, l'infinie variété des rapports qui se jouent dans la fête

26 Classement des danses non exhaustif proposé par Valérie Gros-Dubois à partir des sources de l'Histoire de la

danse de Germaine Prudhommeau, du Besoin de danser de France Schott-Billmann et de Danser en société, Bals et

danses d'hier et d'aujourd'hui, de Henri Joannis-Deberne.

27 FAURE Elie. L'Homme et la Danse. Historien de l'art et essayiste français (1873-1937), auteur d'une

Histoire de l'Art 1909-1927 et de l'Esprit des Formes 1927.

Page 33: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

33

comme dans la vie, entre chacun et l'autre, entre chacun et les autres"28

.

"Danser est [...] une pratique largement interculturelle. Le bal, la fête, mais aussi la

danse rituelle sont l'occasion pour des jeunes de se confronter à des anciens, des

hommes à des femmes, des gens de différentes ethnies à d'autres groupes. La danse est

un moyen privilégié d'intégration sociale. Elle aide l'étranger à trouver sa place dans le

groupe local qu'il découvre, tout en donnant à ce dernier l'occasion d'affirmer son

identité collective."29

Le bal tiendra ainsi une place de choix au sein du projet. Le terme de bal, dans

Le Robert, est "le déverbal (1150-1200) de l'ancien et moyen français Baller (v.1165)

"danser, remuer, se balancer" (av. 1249) [...] et a été synonyme de "danse" jusqu'au

XVIe siècle. Par métonymie, il a pris sa valeur actuelle de "réunion dansante" (1228),

s'appliquant aussi à des lieux où l'on se réunit pour danser (1794). Selon les coutumes

et les styles de danse mondaine ou sociale, le mot donne lieu à des syntagmes (bal

public, bal masqué, bal musette ; carnet de bal...) et à des locutions parfois figurées,

comme conduire le bal "mener, diriger (une action)".

Selon Henri Joannis-Deberne, à la fin du XVIIIe siècle l'on recense environ 400

bals publics (danses populaires et de salon). Et même après la deuxième guerre

mondiale, si l'on note une forte diminution de ces réunions dansantes, elles demeurent,

puis évoluent vers de nouvelles formes.

Le bal était "la fête de tous les sens"30

, qui avait ses "mécanismes de régulation

sociale"31

. "La société s'y mettait en scène"32

et il y avait "des bals à tous les niveaux de

28 Danse, Education, Société, in Pour n°145. Groupe de recherche pour l'éducation et la prospective GREP,

Paris, 1995.

29 Ibid. Danse, Education, Société, in Pour n°145. Groupe de recherche pour l'éducation et la prospective

GREP, Paris, 1995.

30 JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine Bonneton

Editeur, Paris, 1999.

31 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine

Bonneton Editeur, Paris, 1999.

32 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine

Bonneton Editeur, Paris, 1999.

Page 34: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

34

la société"33

.... On peut classer "les bals du XIXème siècle en quatre niveaux,

correspondant aux diverses classes sociales qui les fréquentaient, des aristocrates aux

classes sociales les plus modestes"34

. Chaque bal avait son mode de fonctionnement et

ses codes.

Il regroupe sous l'appellation de bals aristocratiques, les bals d'apparat, les bals

costumés (festival du narcissisme), les bals masqués (où l'anonymat est de rigueur), les

bals blancs (où seuls dansaient les jeunes filles et jeunes garçons à marier), les bals de

bienfaisance, les bals officiels (on y vient pour être vu) ; sous l'appellation de bals de

société ou bals d'associations (associations de métiers, d'anciens élèves, de sportifs, de

pratiquants d'une activité, d'originaires d'une région qui se réunissaient pour un bal

33 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine

Bonneton Editeur, Paris, 1999.

34 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine

Bonneton Editeur, Paris, 1999.

Page 35: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

35

environ une fois par an), les bals des métiers, les bals des mutuelles, les bals

régionaux, les bals étudiants ; sous l'appellation de bals publics (souvent mal famés.

Entreprise commerciale ouverte à tous), les bals de carnaval (le bal de l'Opéra 1715-

1903), les grands bals publics (le bal Mabille 1840-1875 ; le bal Bullier ou Closerie

des Lilas 1847-1920) , les bals célèbres (le bal du Moulin Rouge ; le bal du Moulin de

la Galette) ; et enfin sous l'appellation de bals populaires, les bals de célébration (pour

célébrer une occasion telle que le jour de l'An, les Rois, les oeufs de Pâcques, la fête

du muguet, la Sainte-Catherine, le 14 juillet35

), les bals de quartier, les bals musettes36

,

les bals voyou (ou bals de barrière, parce qu'ils se déroulaient aux portes de Paris car

mal fréquentés).

Selon Ginot I. et Michel M., concernant la danse moderne,

" la danse, et tout particulièrement la danse moderne, reste cet art énigmatique dont

l'histoire est enfouie dans le corps et la mémoire vivante, et mobile, de ses interprètes.

Au-delà du seul problème de la reconstitution ou du maintien d'un répertoire moderne,

toute interrogation sur cette mémoire atteint dans le même mouvement le corps des

danseurs et les sources de la création. C'est pourquoi aussi, plus peut-être qu'à d'autres

arts, la conscience de sa propre histoire lui est nécessaire : l'héritage passif ou

inconscient des acquis historiques s'inscrit dans le corps et la pensée des danseurs, et,

tant qu'il n'a pas été identifié en tant que tel, il modèle leur langage, leur mouvement et

leur pensée."37

Nous chercherons à montrer qu'une mémoire préservée passe aussi par

le partage entre les danseurs et les publics.

35 " Les bals du 14 juillet furent, en quelque sorte, une conquête du peuple. On avait planté le 14 juillet 1790

une pancarte sur les ruines de la Bastille " ici l'on danse", et on y tint un bal. Pendant les deux tiers du XIXe siècle,

cette fête républicaine eut du mal à être reconnue car la France d'alors n'était pas une république. Le 14 juillet ne fut

choisi comme fête nationale que le 8 juin 1880. La grande époque du bal du 14 juillet fut l'entre-deux guerre où

triomphait l'esprit laïque et républicain. La fête comprenait représentations de théâtre gratuites, défilé militaire,

retraite aux flambeaux, discours du maire, bal et feu d'artifice.[...] La tradition reprit dans l'euphorie dansante de 1947.

[...] Ces bals de rue du 14 juillet décrurent lentement dans les années 60", in Danser en société, Bals et danses d'hier

et d'aujourd'hui, de JOANNIS-DEBERNE Henri, Editions Bonneton, Paris, mars 1999.

36 On dansait au son d'une cornemuse fonctionnant avec un petit soufflet sous le bras qui s'appelait musette et

qui venait d'Auvergne.

37 GINOT (I), MICHEL (M). La Danse au XXe siècle, Bordas, Librairie de la Danse, Paris, 1995.

Page 36: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

36

Par ailleurs, d'après la compagnie toulousaine "Revêtement Mural", qui est née

de la rencontre entre un grimpeur Vincent Rebours et une danseuse professionnelle,

Valérie Nègre, et qui propose donc un type de danse spécial, "la Danse Verticale, qui

explore un milieu inhabituel, à l'image de l'eau pour l'apnéiste, révèle à l'intérieur du

corps, doucement, nécessairement, des espaces inconnus où le mouvement peut

naître."38

Dans l'espace public, qui n'est pas le cadre habituel de la danse, il s'agit aussi

d'une exploration qui ne se fera pas uniquement en douceur. Elle donnera naissance à

n'en pas douter à une gestuelle, une écoute et des rencontres spécifiques à l'intérieur et

à l'extérieur du corps, chez les danseurs comme chez les spectateurs/acteurs. Pour

cette compagnie qui offre des spectacles dansés de rue, "il est des mises en scène qui

élargissent tout de suite le lieu du spectacle. C'est une ouverture sur plusieurs plans qui

met le spectateur en prise directe avec la folie de l'imaginaire. Du sol au plafond, de la

chute à l'envol, sur ou entre les murs, l'événement scénique surgit, les corps se

déplacent et réinventent le moindre recoin en tissant l'espace au fil de l'étrange."39

Notre

projet veut stimuler des créations originales qui s'adaptent aux sites naturels ou

architecturaux. Nous avons commencé à constater cette stimulation théorique auprès

des chorégraphes rencontrés au cours du processus de mise en oeuvre, mais nous ne

pourrons la vérifier réellement qu'en observant les propositions chorégraphiques

auxquelles la manifestation va donner naissance.

I-1-G Fête / Festival

Le mot fête a d'abord " le sens de "célébration faite à un jour marqué" dans un

contexte religieux. Par extension, il désigne une réjouissance qui rompt avec la vie

quotidienne, un ensemble de réjouissances organisées, une cause de plaisir, une

commémoration"40

. Quand au terme de festival, il désigne une période de fête avec de

38 Propos de Valérie Nègre et de Vincent Rebours recueilli sur le site internet de la Compagnie Revêtement

Mural, 2000.

39 Propos de Valérie Nègre et de Vincent Rebours recueilli sur le site internet de la Compagnie Revêtement

Mural, 2000.

40 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.

Page 37: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

37

la musique. Le Robert nous indique que "par extension, festival s'emploie en français

dans d'autres arts que la musique, et, par figure, désigne une manifestation complète

des aptitudes, du talent de quelqu'un [...]".41

Dans le cadre du projet, il s'agit d'une célébration des diverses formes de danses

hors du cercle qui leur a été circonscrit, qui va provoquer rencontres, partages,

échanges, implications, médiations diverses. Nous avons recensé à ce jour plus d'une

centaine de festivals ou manifestations culturelles de danses, tous genres confondus sur

la France entière pour la période 2002-2003.42

L'un des premiers festivals à inviter la danse dans la rue est Danse à Aix. Ceci

dans un contexte particulier : " au début du festival, Odile Duboc, Daniel Larrieu ou

Georges Appaix ne disposaient pas de salles ; quoi faire d'autre que danser dans la

rue ? "43

rappelle Ginette Escoffier, ex-directrice de ce festival né en 1977. Par la suite,

selon Jean-Claude Diénis, "c'est devenu ainsi mieux qu'une habitude, une tradition, une

spécialité à l'égal du calisson. Mais rien d'improvisé dans cette affaire : on a rendez-

vous sur une place avec un spectacle généralement conçu pour l'endroit, on arrive à

l'heure, on s'installe, à l'ombre de préférence, et on suit...comme au théâtre...".44

"De la danse, donc, au coin des rues, sur les placettes, dans les parcs et jusque

dans les fontaines, de la danse suspendue même, au milieu des arbres... Les plus

grands chorégraphes répondent présents à cette demande incongrue qui va devenir le

label de Danse à Aix. Carolyn Carlson, Susan Buirge, Alvin Nicolaïs, Dominique

Bagouet, Maguy Marin...mais aussi le ballet de l'Opéra de Paris arpentent le pavé ou

se hissent sur des podiums de fortune. Pour Ginette Escoffier, la Flamande Anne

41 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.

42 Conf. le Tableau des Festivals de danse recensés en ANNEXE IX.

43 Propos recueillis par Jean-Claude Diénis dans la revue n° 190 de Danser, Spécial Festivals. Article "Viens

dans ma rue ! " Juillet/Août 2000.

44 Extrait de l'article "Viens dans ma rue ! " de Jean-Claude Diénis dans la revue n° 190 de Danser, Spécial

Festivals. Juillet/Août 2000.

Page 38: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

38

Teresa de Keersmaeker se plie à la contrainte des rencontres préalables avec le public,

tandis que Bernard Menaut conçoit des performances sur le marché d'Aix entre

cageots de légumes et jets d'arrosage des balayeurs. "Rien ne me faisait plus plaisir

que voir, le matin, les ménagères poser leur cabas pour suivre un atelier avec Rosella

Hightower et puis repartir comme si de rien n'était. Aujourd'hui, ce sont les répétitions

publiques chaque soir qui affichent complet. Je crois au dialogue et à la nécessité de

donner des clefs aux spectateurs... Il fallait tout de même une bonne dose de folie pour

oser faire danser des gens dans une ville aussi traditionnelle, amoureuse de ses vieilles

pierres et uniquement préoccupée de son festival de musique lyrique," ajoute

néanmoins Ginette Escoffier-Carrère en guise de parenthèse."45

L'idée de notre projet n'est pas d'ajouter un festival ou une manifestation de plus

dans la cartographie déjà existante, mais de créer, une fête de la danse annuelle unique

en son genre qui rallierait les multiples partenaires à un moment T.

I-1-H La rue : une scène et des décors naturels et urbains en 3D

Une fois par an, la danse multiforme va rejoindre et investir la rue en qualité de

fête à part entière, et en ce sens, elle va s'inscrire dans le long parcours des Arts de la

rue.

Le théâtre, la danse, la musique, les arts forains et de prouesses, les arts

plastiques, l'audiovisuel et les effets spéciaux sont des disciplines constitutives de ces

arts de la rue.

"C'est en paraphrasant le napolitain Pino Simonelli : la ville est un théâtre à

360° que peut s'argumenter en grande partie l'évolution des Arts de la rue et plus

particulièrement du Théâtre de Rue contemporain.

Durant la période intuitive et festive des années 70, de nouveaux saltimbanques se

forgent une pratique de rue entre le plaisir de jouer pour un public nombreux, acquis

45 Extrait de l'article "Quand la ville danse" de Rosita Boisseau dans l'hebdomadaire Télérama Spécial

Festivals, n°2682 - 6 juin 2001.

Page 39: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

39

et avide de convivialité, et la dure réalité d'animer artistiquement les Z.U.P. et les

Z.A.C. dans les périphéries des grandes villes. De ces chocs contradictoires se dégage

un genre spécifique. Les artistes dans la rue deviennent des artistes de rue ; ce

déplacement du dedans au dehors reposant sur le simple fait d'altérités multiples.

Altérités des lieux, de leurs dimensions, de leurs matériaux et matières, de la lumière.

Altérité des espaces sociaux et des pratiques sociales où se joue l'enjeu artistique. Ces

altérités constituent une part importante du fondement des Arts de la Rue modernes."46

Le projet va rebondir sur ces altérités pour que l'on danse de nouveau dans les

espaces publics en d'autres occasions que celle de notre fête, avec d'autres projets,

d'autres expériences qui pourraient se multiplier. Comme c'est le cas déjà, notamment,

avec les Rencontres d'Ici et d'Ailleurs organisées par la Compagnie Oposito depuis

presque quinze ans. Cette compagnie propose à sa ville, Noisy-le-Sec, et à ses

concitoyens, un rendez-vous annuel, un lieu d'échanges et de confrontations. Une

dizaine de compagnies de danse sont invitées à présenter leur création devant un

public de plus en plus nombreux. Depuis 1999, leur démarche s'ouvrant à d'autres

horizons a permis de découvrir les univers musicaux de plusieurs fanfares : Oxyde de

Cuivre, le Snob, Uranus Bruyant et Acousteel Gang. Cette manifestation se déroule

essentiellement en extérieur, et les intervenants sont aussi invités à prendre part à un

spectacle commun où se conjuguent les divers savoir-faire.

I-1-I Du dedans au dehors

Généralement, le principe des lieux où se pratiquent la danse, les spectacles de

danse, repose sur une rupture avec la réalité : les sons, les lumières les odeurs de la vie

du dehors sont en partie exclus. On met les spectateurs dans des conditions de

représentation coupées de la réalité ; ils sont eux-mêmes de plus en plus coincés dans

un minimum d'espace. Le prix des places aussi sélectionne les publics.

46 "L'espace public de la ville : la scène d'un théâtre à 360° ", le lieu, la scène, la salle, la ville. Dramaturgie,

scénographie, et architecture à la fin du XXème siècle en Europe. Note d'intention de l'intervention de Michel

Crespin au Centre d'Etudes Théâtrales de l'Université de Louvain La Neuve - Décembre 1997.

Page 40: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

40

La scène de notre projet est l'espace public, inscrit dans un environnement

urbain chargé de signes préexistants dont il faudra tenir compte comme de la

particularité des différents lieux, des couleurs, des sonorités du quartier.

"Une autre différence est le rapport au public. Dans sa nature d'abord : le public

de la Rue est un public-population dans une très grande diversité culturelle et sociale.

Dans son comportement ensuite : dans l'espace public, on a, en tant que spectateur,

une palette de choix qui n'existe plus dans les lieux de la convention devenus trop

codés dans leur organisation spatiale, leurs rituels. Dans la rue, on peut partir, rester,

changer son angle de vision, et dans ce sens devenir "acteur"[...]"47

ou danseur. Ainsi,

le processus de la Rue est actif, il demande de la part du spectateur une démarche

personnelle, un questionnement, un positionnement. Il n'est pas seulement sollicité au

niveau de son cortex pour juger ; tout son corps et sa présence sont engagés et à sa

façon, il danse déjà.

I-1-J La Journée Internationale de la Danse

La Journée Internationale de la Danse a été instaurée en 1982 à l'initiative du

Comité Internationale de la Danse de l'Institut International du Théâtre de l'UNESCO.

La date choisie pour fêter la journée est le 29 avril, date de commémoration de

l'anniversaire de la naissance de Jean-Georges Noverre (1727-1810)48

, qui est

généralement reconnu comme le créateur du ballet moderne.

Chaque année un message international rédigé par une personnalité de la danse

mondialement reconnu, est diffusé. En 2003, cette charge a été confiée à Mat Ek49

.

"Les objectifs de la Journée Internationale de la Danse et du Message sont de réunir le

47 Crespin Michel. Réflexion d'un pionnier, in Hors les Murs, Hors série. Parc de la Villette, Paris, octobre

1997.

48 Noverre (1727-1810) : Danseur et chorégraphe français. Ses "Lettres sur la danse et sur les ballets" (1760)

tendent à réformer la danse pour en faire un art autonome (musique et costumes spécifiques) et une peinture de la vie.

49 Chorégraphe contemporain suédois, ex-directeur artistique du Ballet Cullberg. Depuis 1993, il est

chorégraphe indépendant.

Page 41: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

41

monde de la danse, rendre hommage à la danse, célébrer son universalité et,

franchissant toutes les barrières politiques, culturelles et ethniques, rassembler

l'humanité toute entière en amitié et paix autour de la Danse, langage universel."50

De nombreux pays ont répondu présent à cette initiative, notamment des

institutions aux Etats-Unis, en Afrique, en Bulgarie, en Finlande, en Suisse, au

Canada...

Cependant, on constate que cette Journée Internationale de la Danse en France

n'a pas, à ce jour, rencontré l'adhésion et la résonance, sûrement escomptée, dans le

milieu chorégraphique et au niveau des publics. Un lien ne s'est pas effectué. La raison

majeure nous semble être contenue dans l'un des objectifs : en effet, "réunir le monde

de la danse" , monde à part pour beaucoup, ne tient pas compte des différents publics

qui pourraient en devenant participants-acteurs-danseurs porter cette Journée en se

l'appropriant. Cette Journée semble être tournée essentiellement vers la pratique

professionnelle ; elle gagnerait à embrasser les pratiques amateurs et populaires. La

Fête de la Musique s'est appuyée premièrement sur les pratiques des amateurs, sur

l'initiative des musiciens prêts à s'emparer du 21 juin comme d'un moment festif pour

partager leur musique avec les autres. C'est ce qui a fait son succès des premières

années.

Cette appropriation par la population d'une Journée de la Danse nous paraît

essentielle. Une Journée Internationale de la Danse ne touche pas les gens dans leur

quotidien au prime abord. Elle doit devenir aussi la leur, par des dispositifs de

proximité qui s'inscrivent dans leur "monde". Afin que cette journée prenne son essor

en France, elle doit aussi s'enraciner dans les esprits par une inscription dans leur

quartier, leur arrondissement, leur ville, leur village, leur hameau.

Cependant, l'existence de cette Journée ne peut être ignorée de l'équipe de

Mouvance d'Arts, et l'idée de faire coïncider la première édition d' "Entrez dans la

danse..." et les suivantes, avec cette date du 29 avril est à l'étude. Nous sommes entrés

50 Texte emprunté au site internet de l'Unesco.

Page 42: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

42

en contact avec le Comité de la danse de l'Institut International du Théâtre de l'Unesco

dans cette perspective, mais aussi pour envisager un travail commun pour que cette

journée trouve un plus grand rayonnement à Paris et en France auprès des différents

acteurs et publics.

I-1-K Le projet "ENTREZ DANS LA DANSE..."

Le projet pose la question de la création chorégraphique en milieu urbain , du

dedans au dehors. On pourra observer comment la ville et l'espace public vont susciter

chez les artistes professionnels, les amateurs, les différents participants, une autre

manière d'aborder la création, d'envisager les publics et de provoquer des rencontres.

Dans notre programmation figurent des compagnies de danse de rue qui ont une

expérience des conventions innovantes de représentations en extérieur. Certaines

compagnies ont entamé un travail de recherche et une démarche pour amener leurs

chorégraphies au-dehors, d'autres manifestent le désir de se confronter à cette aventure

avec tout ce qu'elle implique.

Notre projet va aussi localement développer une responsabilité artistique de

proximité et agir en qualité de partenaire culturel. Sa mission d'intérêt public auprès

des institutions, des collectivités territoriales, et des associations sera de mener à bien

un travail de création collectif ponctuel ou d'accompagnement des formes

chorégraphiques festives et traditionnelles proposées.

I-1-L L'Association Mouvance d'Arts

L'association Mouvance d'Arts a été créée officiellement le 4 mai 2002 pour

soutenir et mettre en oeuvre le projet "Entrez dans la danse..." sous l'impulsion de la

conceptrice de ce dernier. Elle réunit un collectif de six membres fondateurs pour la

plupart artiste ou créateur.

Page 43: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

43

Cependant, son objet ne se borne pas à la concrétisation de ce seul projet. Elle a

pour but de promouvoir des événements culturels et artistiques, d'assurer un rôle de

conseils, de gestion et de coordination de projets en France comme à l'étranger, de

développer des activités, notamment chorégraphiques, et des débats artistiques visant à

enrichir les actes de création et la réflexion qu'ils engendrent.

Mouvance d'Arts développe ainsi des ateliers artistiques d'expression corporelle

et picturale pour enfants, depuis le mois de janvier 2003 en partenariat avec le Centre

social de la rue de Charenton dans le XIIème arrondissement, et la CAF de Paris.

L'association depuis l'ouverture de ces activités compte une trentaine d'adhérents,

comprenant les enfants mineurs (10) et leurs parents (20). Les ateliers présenteront une

petite prestation des enfants de 3 à 9 ans dans le cadre de la première édition de la

manifestation "Entrez dans la danse ...".

L'association a, par ailleurs, commencé bénévolement à assurer son rôle de

conseils auprès d'autres associations, et de maisons de production, telles que Ligne de

Mir, Carthago, Réalités Créoles, Madiana Productions.

Le développement des activités de l'association permet de tisser un réseau de

relations. Ces ressources humaines ne demandent qu'à être exploitées, au sens noble

du terme, pour la réussite du projet.

La mise en oeuvre d' "Entrez dans la danse..." est possible grâce à une équipe

de travail constituée des membres de l'association Mouvance d'Arts, ainsi que

d'intervenants extérieurs, qui ont su embrasser la vision prometteuse de cette

manifestation, et y contribuer par leurs talents. Le parrainage et la co-direction

artistique sont assurés par Monsieur Pierre Doussaint, chorégraphe contemporain de

renom.51

51 Conf. le parcours de Pierre Doussaint en Annexe X.

Page 44: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

44

Ainsi, l'étude de la situation politique, économique, sociale et culturelle permet

de dégager des points essentiels et déterminants dans l'élaboration de notre projet et de

ses objectifs.

- Celle-ci démontre que ce projet ne pourra voir le jour que soutenu par la Ville de

Paris et plus particulièrement, la Mairie du XIIe arrondissement. Le Ministère de la

Culture sera aussi sollicité.

- Elle met en exergue le besoin de tisser du lien social entre les différentes couches de

la population.

- La situation sociale doit être prise en compte et devenir un atout.

- Le tissu des structures associatives et privées, les actions culturelles et festives en

matière de danse seront, dans le XIIème arrondissement, une locomotive pour la

concrétisation de notre première édition, et un exemple pour les éditions futures.

- La politique culturelle en faveur de la danse se poursuit, et la volonté étatique d'aider

le développement des jeunes vers la découverte artistique, et de sauvegarder le

patrimoine matériel et immatériel seront aussi des atouts pour la réussite du projet, et

pour le légitimer.

I-2 Cahier des charges

Dans les mois à venir, il nous reste un certain nombre de tâches à accomplir

pour mener à terme le processus de mise en oeuvre d' "Entrez dans la danse...". Nous

avons eu, et nous aurons recours aux compétences de l'ingénierie culturelle, du

management, de la gestion juridique et financière qui vont nous permettre une mise en

oeuvre cohérente et efficace du projet. Cela inclut une stratégie de développement qui

tient compte des objectifs, un montage juridique, un plan de communication, un

montage financier, des ressources humaines, et une organisation technique.

Page 45: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

45

NE PAS PERDRE DE VUE

LES OBJECTIFS

ADAPTER EN PERMANENCE

SON COMPORTEMENT

A L'ENVIRONNEMENT

UNE EQUIPE DE PILOTAGE UN ENVIRONNEMENT

Déterminer et programmer des actions :

- calées sur l'environnement

- finalisées sur l'objectif - L'environnement politique et institutionnel général

- cohérentes entre elles - Les partenaires du projet directements concernés

- ordonnées dans le temps - Les réglementations

- Les entreprises (logiques, usages…)

Conduire et organiser des actions : - Les publics (logique, mode…)

- analyser l'effet, les répercussions sur l'environnement - Les autres (concurrence, antécédents…)

- adapter, corriger, modifier le programme

un cercle où l'on parle peuvent être des alliés ou des freins

des méthodes évoluent dans le temps

un comportement inter-réagissent

O

B

J

E

C

T

I

F

S

D

U

P

R

O

J

E

T

I-2-A Modélisation de la stratégie

Notre stratégie c’est :

Page 46: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

46

I-2-B La programmation

Nous avons tenu à rencontrer chaque chorégraphe, chaque compagnie

professionnelle ou amateur, d'une part, pour recueillir leur avis et leur témoignage

lorsqu'ils s'y prêtaient, d'autre part, pour apprécier la qualité de leur travail, mais aussi,

leur état d'esprit. Ainsi, nous avons présélectionné une vingtaine de prestations

offrant un panel de spectacles, de démonstrations, de déambulations en danse, de

genres différents. Nous continuons de les rencontrer régulièrement pour leur

communiquer l'esprit d' "Entrez dans la danse...", et pour établir un lien de confiance

qui facilitera le dialogue, la collaboration, et le travail d'équipe le jour de la

manifestation. Nous poursuivons notre prospection, car une programmation élaborée

un an avant la date effective de l'événement peut être modifiée, mais aussi enrichie.

I-2-C La médiatisation

Plusieurs axes sont d'ors et déjà envisagés : d'une part, la création d'un site

internet qui va permettre une communication rapide de l'événement auprès du plus

grand nombre, d'autre part, la mise en place d'une communication de proximité et d'une

communication médiatique.

I-2-C-a Le site internet

Aujourd'hui, avoir son site pour une association lui assure une ouverture sur le

monde, une amorce de crédibilité dont nous avons estimé ne pas pouvoir faire

l'économie en qualité de "jeune" association. Permettre au plus grand nombre d'avoir

accès à l'historique de l'association, à l'équipe du projet, à ses objectifs, à la

programmation, à des informations sur l'esprit de la fête, nous est apparu

incontournable pour le lien d'interactivité que nous voulons établir durant la

manifestation "Entrez dans la danse...", et par la suite. Mettre à disposition un espace

"votre avis nous intéresse" est indispensable pour analyser la réception de la fête

Page 47: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

47

auprès des publics.

Nous souhaitons qu'il soit un des outils de mesure pour réaliser l'impact de cette

fête par les retours escomptés sur le forum de discussion.

I-2-C-b Une communication de proximité

Compte tenu des faibles réserves financières de Mouvance d'Arts, une partie de

cette communication est en négociation avec Monsieur Jean-Jacques Fasquel, directeur

de Bercy-Village, et, Madame Sabine Masquelier, Responsable des animations. La

prise en charge d'un accueil pour la presse et des frais de réception, une campagne

d'affichage dans les commerces du Cours St Emilion et des rues avoisinantes ont été

considérées. Les termes exacts de cette communication restent cependant à définir.

Parallèlement, la Mairie du XIIème arrondissement semble envisager une

communication dans le Journal du XIIème, et leur site internet, quant à la Mairie de

Paris, une possibilité de passer par leur réseau interne de communication et un

éventuel accès aux panneaux Decaux pour la campagne d'affichage ont été évoqués.

Ces partenariats vont être définis plus précisément au début de janvier 2004.

I-2-C-c La presse et les outils de communication

Le matériel de communication sera en partie réalisé par des professionnels

gravitant autour du projet et souhaitant être partenaires du projet par leur apport

bénévole. Leur nom et logo seront sur les supports de communication s'ils le

souhaitent.

Il comportera des invitations, des dossiers de presse, des communiqués de

presse et des tirés à part (partenariat), des affiches, des programmes.

Le choix du visuel de la manifestation doit être fait avant la fin du mois de

Page 48: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

48

février 2004 pour être décliné sur tous les supports cités précédemment. Les

invitations seront envoyées à la presse, à chaque partenaire et toute personne ayant

contribué de près ou de loin à la concrétisation d'"Entrez dans la danse...".

Afin de s'assurer la plus grande couverture médiatique possible, à l'occasion d'un

printemps riche en événements dans la région parisienne, il conviendra de conclure des

accords de partenariat avec plusieurs titres de la presse (par exemple : Le Monde,

Télérama, Les Saisons de la Danse...) et une radio (France Culture, France Info...).

Avec la presse écrite, la réalisation d'un tiré à part (quantité à définir), distribué

sur les divers sites de la manifestation et servant de guide serait souhaitable. Il sera

composé d'une partie rédactionnelle et d'une partie d'informations pratiques

(remerciements, plan des points cruciaux de la manifestation, lexique, signalétique des

genres et du niveau des prestations, publicités pour d'autres activités culturelles de la

Mairie...). La partie rédactionnelle sera entièrement reprise dans l'édition nationale du

magazine sous la forme d'un article et non d'un supplément encarté. La Mairie ne

prendra à sa charge que les frais techniques et les frais d'impression.

En échange nous mettrons le logo du magazine sur l'ensemble de nos moyens de

communication (invitations, dossiers de presse, affiches, bâche extérieure).

Pour les espaces publicitaires dans la presse écrite, nous envisageons un article

dans Télérama, ZURBAN, Les saisons de la Danse, Mouvement. Le quotidien reste à

déterminer.

Avec une ou plusieurs radios, nous souhaitons acheter un nombre déterminé

d'espaces publicitaires auxquels la radio ajoutera gratuitement des espaces

publicitaires.

En échange, nous mettrons le logo de la radio sur l'ensemble de nos supports de

communication.

Page 49: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

49

Le montant du budget alloué à la communication de la manifestation et le détail

exact de l'assistance de certains services de la Mairie de Paris doivent être définis au

plus tôt. Nous pourrons alors présenter un prochain plan de médiatisation chiffré qui ne

tiendra compte que des frais à imputer au budget de la communication et, qui nous

permettra de procéder aux négociations et aux réservations publicitaires. Le budget

global de communication pour la manifestation est estimé à 21 343 euros (soit 140 000

francs), dans l'idéal.

L'organisation d'une inauguration est nécessaire au lancement de cet événement.

I-2-D Le budget prévisionnel

Les postes du budget prévisionnel52

se répartissent ainsi : prestations artistiques,

défraiements, technique, communication, administration, personnels, imprévus. La

partie la plus importante du budget est destinée aux prestations artistiques et charges

de personnel, vient ensuite le poste technique, puis le poste communication.

Ce budget important pourra se voir restreint en fonction des engagements

effectifs des partenaires, en effet, le défi majeur est d'équilibrer nos charges et nos

produits. Certains postes pourraient être diminués, notamment certains salaires peuvent

être renégociés, ainsi que le poste technique suivant les accords avec des entreprises

de matériels.

I-2-E Planning de réalisation du projet

De mai à décembre 2003, la phase de montage et de mise en oeuvre se

caractérisera par la recherche de nouveaux partenaires, par la poursuite des

négociations engagées, par la finalisation du site internet, par l'ajustement du budget

prévisionnel, par la mise en place des moyens techniques, humains, administratifs,

juridiques et de communication et par la continuité des relations nouées avec les

52 Conf. le budget prévisionnel en ANNEXE I.

Page 50: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

50

artistes.

Les deux dates envisagées pour la manifestation sont le 29 avril 2004, si nous

décidons de faire coïncider "Entrez dans la danse..." avec la Journée Internationale de

la Danse de l'Unesco, ou le dimanche 16 avril 2004, si nous choisissons de nous

démarquer.

Le tableau suivant préfigure, dans les grandes lignes, les actions à mener, ou les

objectifs à atteindre de janvier 2004 au jour "J" :

PHASE de

MONTAGE

& de MISE

en OEUVRE

PHASE de

REALISAT°

PHASE des

BILANS

Jan-04

Fév-04

Mar-04

Avril/Mai 04

La veille

Le jour "J "

Juin 04 à

déc-04

Mise en ligne

Mise à

jour

du site

Installation

Inauguration

du site internet

internet

technique

Réalisation

Programmat°

du visuel

Répétitions

Bilan

médiatique

Réalisation

du plan

Campagne

de médiatisat°

& de communicat°

d'affichage*

Signatures

Analyses

Retombées

Signature des

convent° avec

les partenaires

Contrats

Arrivée subvent°

Arrivée

Subventions

Pot Presse

Clôture

Rémunérat°

Bilan

Budgétaire

des artistes

Dans le chapitre suivant, nous exposerons les méthodes que nous avons choisies

pour mener à bien notre approche expérimentale, et qui nous ont permis de recueillir

les données. Ces dernières une fois analysées nous donneront des résultats qui

valideront ou infirmeront nos hypothèses.

Page 51: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

51

II- CONSTRUCTION DE L'OUTIL DE RECHERCHE

Page 52: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

52

II - CONSTRUCTION DE L'OUTIL DE RECHERCHE

II-1 Double posture ou le terrain comme angle d'approche

Etre à la fois fondatrice de l'association Mouvance d'Arts, conceptrice, chef de

projet d' "Entrez dans la danse..." et engagée dans un processus de recherche, nous

place de fait dans une double posture et dynamique dans le registre des méthodes. Les

deux approches menées de front, d'une part, la conception et la mise en oeuvre, de

l'autre, le Travail d'Etudes et de Recherche universitaire, nous amènent à utiliser des

compétences de champs disciplinaires très différents, qui pourtant à certains niveaux

se complètent.

Pour la conception par exemple, le travail de contextualisation politique, social,

historique, et l'étude de "marché" appliqués à notre manifestation culturelle, rejoignent

en partie le travail de documentation nécessaire à l'élaboration de notre premier

chapitre sur l'étude des domaines intervenant dans la faisabilité théorique du projet.

La mise en oeuvre du projet 53

, elle, requière les méthodes spécifiques de

l'ingénierie et du management culturels, les outils de la logistique, et de la

communication qui regroupe elle-même des procédés divers de mise en forme des

informations et de la médiatisation de l'événement. La mise en oeuvre et sa

coordination nécessite aussi notamment de faire appel à des savoirs appartenant aux

domaines de la gestion et de la comptabilité, à des compétences tant sur le plan

juridique que sur le plan du droit du travail, du droit des artistes...

II-2 Présentation des méthodes du TER

Dans le cadre de notre Travail d'Etudes et de Recherche universitaire, nous nous

sommes attachés au travail de fondement de la faisabilité du projet. Il nous a paru

53 Conf. Chapitre I-2 Cahier des charges, page 47.

Page 53: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

53

efficace de construire notre outil de recherche sur la base de méthodes orientées vers

l'analyse et l'évaluation du projet en lui-même. Compte tenu de notre sujet, il nous est

apparu judicieux et logique de porter notre choix sur des méthodes issues du champ

des sciences humaines, et plus particulièrement, celles de l'ethno-sociologie qui

permettent d'entreprendre une approche plus compréhensive qu'explicative. Elles ont

eu pour but de répondre aux objectifs de connaissance suivants :

- évaluer les motivations de la population et des publics potentiels,

- évaluer les motivations des différents acteurs et partenaires du projet,

- évaluer le rôle d'une fête, où sont mêlées danses de spectacle et pratique des danses,

dans la cohésion sociale, et dans la cartographie des festivals de danse,

- estimer ce qui favorisera une prise de conscience des danses comme mémoire

collective.

Ces objectifs dans l'analyse ont orienté des choix méthodologiques qui tendent

finalement à évaluer la pertinence et la faisabilité du projet dans sa fondation même.

II-2-A L'observation/Recherche-action : "Entrez dans la danse..."

L'étude de ce projet se situe d'emblée dans la recherche-action54

. Et en effet,

l'inscrire dans une totalité dynamique, c'est ce que propose la recherche-action,

lorsque, selon René Barbier, elle "devient existentielle, et accepte de s'enquérir de la

place de l'homme et de l'action organisée pour donner du sens"55

.

Comme l'affirmait Kurt Lewin56

: "Quand nous parlons de recherche, nous sous-

entendons Action-Research, c'est-à-dire une action à un niveau réaliste toujours suivie

par une réflexion auto-critique et une évaluation des résultats puisque notre but est

54 RESWEBER Jean-Paul. La Recherche-Action, Que sais je ? N°3009, PUF, Paris, 1995

55 BARBIER René. La Recherche-Action, Anthropos, Editions Economica, Paris, 1996.

56 "On s'accorde en général pour soutenir que l'origine de la recherche-action revient à Kurt Lewin,

psychologue d'origine allemande, naturalisé américain durant l'épreuve de la Seconde Guerre Mondiale". BARBIER

René. La Recherche-Action, Anthropos, Editions Economica, Paris, 1996.

Page 54: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

54

d'apprendre vite, nous n'aurons jamais peur de faire face à nos insuffisances. Nous ne

voulons pas d'action sans recherche, ni de recherche sans action"57

.

"L'approche multiréférencielle des événements et des pratiques individuelles et

sociales en constitue la référence majeure"58

d'après René Barbier. Cette approche

distingue ainsi radicalement la recherche-action de la sociologie traditionnelle.

Il s'agit d'élaborer un outil réflexif et critique, sur le sens, la viabilité et la portée

d'un tel projet dans sa phase de conception comme tout au long de sa mise en oeuvre,

puis dans la phase de l'après-manifestation.

Ainsi, plusieurs étapes nous ont été nécessaires. Premièrement, celle de

l'observation générale (avec une prise de notes et la tenue d'un journal de bord,

notamment lors des réunions de quartier, des divers rendez-vous...), correspondant à

l'étude de l'environnement. L'étape suivante a été celle du recueil de données qui est

venu constituer notre corpus et qui nous conduit naturellement à l'analyse de ces

données. Enfin, nous sommes parvenus à celle de la mise à jour des résultats, cette

dernière aboutissant à la rédaction du TER. Cette méthode nous a permis de relier

notre travail de terrain à une observation "objective" nécessaire et stratégique, puisque

nous avions besoin d'un outil d'évaluation et de régulation qui nous permette des

ajustements entre les directions théoriques et la réalité pratique. Elle s'est avérée

précisément adaptée à l'étude d'un projet en cours de validation et associant la

recherche théorique et la réalisation pratique.

De plus, les objectifs cités précédemment déterminent une procédure d'actions

principalement tournée vers leur atteinte, et vers l'accomplissement des démarches

pour décider et/ou agir. Cette méthode permet des allers-retours entre les types de

connaissance dégagés, qui sont nécessaires à la conduite du projet et de la recherche.

57 Cité par MARROW (A.J.). Kurt Lewin, Edition S.F., Paris, 1972.

58 BARBIER (R). L'écoute sensible en approche transversale, Pratiques de Formation / Analyses, n° 25-26 La

multiréférentialité en formation et en sciences de l'éducation, sous la direction de J. Ardoino et R. Barbier, Université-

Paris VIII, Paris, mai 1993.

Page 55: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

55

II-2-B Questionnaires/entretiens

La méthode du questionnaire est adaptée à la détermination de pratiques

sociales, connaissances dont nous avons besoin.

Avec François De Singly, nous pensons que "le questionnaire est une excellente

méthode pour l'explication de la conduite. Elle [la méthode] doit être retenue si les

effets de certains facteurs sociaux sur le comportement et les pratiques doivent être

repérés."59

Le travail préalable à l'élaboration du questionnaire60

a été la définition et la

délimitation du sujet de l'enquête. Les étapes suivantes ont consisté à la structuration

du questionnaire, au choix de l'échantillon, à savoir, l'ensemble de personnes à qui l'on

adresse l'enquête, et au choix des indicateurs qui permettraient de repérer ce qui fonde

la participation et l'adhésion des publics sondés.

Nous avons aussi eu recours à la méthode des entretiens. Ce qui nous a intéressé

dans celle-ci, comme le souligne à juste titre François De Singly, c'est que "dans

l'entretien, c'est surtout la personne interrogée qui est maîtresse de ce choix

(conservation/élimination) alors que, dans le questionnaire, l'individu qui répond le fait

dans un cadre fixé à l'avance par le spécialiste. L'entretien a d'abord pour fonction de

reconstruire le sens "subjectif", le sens vécu des comportements des acteurs sociaux ;

le questionnaire a pour ambition première de saisir le sens "objectif" des conduites en

les croisant avec des indicateurs, des déterminants sociaux"61

.

Selon lui toujours, "l'entretien est un instrument privilégié pour la

compréhension des comportements, le questionnaire est une excellente méthode pour

59 DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan

Université, Paris, 1992.

60 Conf. Le questionnaire en ANNEXE VII.

61 DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan

Université, Paris, 1992.

Page 56: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

56

l'explication de la conduite"62

. Deux aspects dont notre projet ne peut faire l'économie.

Dans notre cas, nous avons déjà connaissance d'un certain nombre de pratiques

culturelles en danse grâce à l'enquête réalisée par La Documentation Française en

1998 sur Les pratiques culturelles des Français. Cependant, le cadre extérieur de la

manifestation et le caractère innovant du projet, par sa vocation nationale, nécessitent

la recherche de nouvelles données qui nous permettent de vérifier nos hypothèses.

Pour ce faire, nous nous sommes placée en amont de la première édition d'

"Entrez dans la danse...", qui propose un dispositif d'accès gratuit à une fête des

danses en extérieur avec en arrière plan l'évocation d'une évolution sur le plan national,

pour recueillir les données. Nous avons interrogé par questionnaire soixante dix

personnes dans le quartier de Bercy ; par ailleurs, nous avons soumis une vingtaine de

chorégraphes et danseurs amateurs et professionnels à un entretien.

Conformément à nos objectifs de recherche, nous tenterons de discerner ce qui

motive les uns et les autres - publics, chorégraphes et danseurs, partenaires publics et

privés - pour qu'émergent, de leurs points de vue, les conditions favorables à la

réception de cette fête et à sa faisabilité.

Nous chercherons à définir dans quelle mesure ces diverses motivations influent

concrètement sur la faisabilité de cette fête. Nous interrogerons les raisons de

l'incontournable rémunération, condition de la présence d'artistes professionnels.

Dans une acception proche de celle d'Olivier Donnat : "l'objectif principal des

enquêtes [...] reste à mes yeux d'identifier les déterminants qui favorisent ou entravent

l'accès à l'art et à la culture"63

, nous verrons que l'analyse des questionnaires et des

entretiens met en lumière l'interaction des enjeux qui relie artistes - spectateurs -

institutions publics et privés pouvant faire de cette manifestation un succès.

62 Ibid. DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan

Université, Paris, 1992.

63 DONNAT (O). Les enquêtes de public et la question de démocratisation, in "Les publics du secteur culturel.

Nouvelles approches." Sous la direction de Jean-Paul Baillargeon, 1996.

Page 57: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

57

L'utilisation de ces deux types de méthodes, recherche-action et

questionnaire/entretien, nous ont permis d'observer et de mieux appréhender la réalité

sociale, la réalité chorégraphique et la réalité partenariale.

Elles vont également nous rendre capables d'infirmer ou de confirmer nos

hypothèses sur la base d'une lecture plurielle, multiréférentielle des situations

humaines ; ce que la scientificité habituelle dans les universités, compartimentant les

champs des compétences méthodologiques, ne propose pas et, n'aurait donc pas

permis.

Nous saurons si cette fête de la danse modifie effectivement les comportements

et les attentes des acteurs potentiels d' "Entrez dans la danse...", s'il surgit des

dispositions spécifiquement propices à sa réalisation, et si, finalement, les interactions

entre les différents acteurs de la fête participe à sa faisabilité.

Enfin, il nous restera à défendre les possibilités d'application et de généralisation

de cette fête au niveau national, puisque le problème du coût d'une telle manifestation

envisagée sur cinq lieux et un quartier laisse "songeur".

Page 58: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

58

III- CE QU'EN DISENT LES PRINCIPAUX INTERESSES

Copyright Christine Fricker, Marseille, 2003.

Page 59: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

59

III - CE QU'EN DISENT LES PRINCIPAUX INTERESSES

Ce projet est à plusieurs égards une continuité de ce qui existe déjà dans

certains festivals où la danse sort des murs conventionnels pour aller vers le public.

L’originalité est de proposer non pas un autre festival dans une cartographie déjà

riche64

, mais, une fête ayant une portée nationale programmant en extérieur la danse

sous de multiples formes et cultures.

Afin d’éprouver l’engouement des principaux intéressés, nous sommes allés à

leur rencontre. Pour connaître notre public, nous proposons de découvrir et d’analyser

le sondage65

que nous avons effectué en février 2001. Concernant les professionnels de

la danse, un questionnaire/entretien sera exploité plus loin. Nous avons également

analysé les entrevues et les entretiens menés auprès des responsables de la politique de

la ville et des partenaires privés.

III-1 Le public donne son avis

Le public a été sondé dans le quartier de Bercy, lieu de la première édition-test

de cette « Fête de la danse ». Pour avoir une idée très précise de la portée d’un tel

projet, de sa possible réception et des attentes, il nous fallait interroger suffisamment

de personnes, de tous âges, sexes et professions. Et en particulier, il s'agissait d'être en

mesure de différencier le public fréquentant le quartier de Bercy, de ses habitants, afin

de répondre à la question des enjeux pour une population et pour son environnement.

Sur un échantillon de 70 personnes, nous avons sondé en même proportion les

hommes et les femmes (respectivement 23 pour 24 chez les - de 35 ans, et, 13 pour 15

chez les + de 35 ans), avec légèrement plus de personnes de - de 35 ans, et un rapport

sensiblement égal entre les étudiants, les cadres et les employés. Nous avons sondé

36% de personnes habitant ou travaillant à Bercy, le reste des personnes interrogées

sont des passants, puisqu'il s'agit d'un quartier très commerçant. Des questions très

64 Voir la liste des festivals répertoriés en ANNEXE IX.

65 Conf. le questionnaire en ANNEXE VII et les résultats en ANNEXE VIII.

Page 60: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

60

ouvertes ont été posées afin de recueillir des témoignages personnels sur leurs

expériences vis-à-vis de la danse. D’autres questions fermées nous ont permis

d’identifier les facteurs de succès ou d’échecs liés à notre projet afin de l’éprouver et

de s’assurer de sa faisabilité.

III-1-A Une vraie demande

Une très écrasante majorité du public sondé aime la danse. Pourtant, lorsque

l’on examine le taux de fréquentation des lieux de danse, et des spectacles de danse,

pour ce même public, les chiffres décroissent très vite. Pour 93% des - de 35 ans qui

déclarent aimer la danse, 69% fréquentent un lieu de danse, et 43% assistent à des

spectacles. On note une très forte demande : celle de découvrir différents types de

danses (59,5% des - de 35 ans et 68% des + de 35 ans). La danse est décrite très

majoritairement comme étant à la portée de tous "puisque tout le monde a un corps et

sait bouger"66

. 88% des - de 35 ans, et 82% des + de 35 ans le pensent. Il est

intéressant de souligner que pour la plupart des gens questionnés, "danser" est

synonyme de "bouger". De plus, à la question « Pouvez-vous imaginer que les rues et

les jardins de votre quartier soient un lieu où l’on danse durant 24 heures ? », les - de

35 ans répondent à 74% oui, et les + de 35 ans répondent positivement à 93%. Un

passant d'une trentaine d'années nous raconte : "Il m'arrive fréquemment d'esquisser

quelques pas de danse dans la rue avec ma femme, juste comme cela, pour le plaisir.

Alors oui, évidemment, je considère que l'on peut danser partout, pourvu qu'on ose le

faire". Ainsi, on constate que le projet "Entrez dans la danse..." est bien accueilli

parce qu'il répond à une demande et à des attentes qui ne sont pas toujours formulées

au milieu d'un quotidien souvent trépidant.

III-1-A-a La danse à la rencontre des publics : se donne à

voir, à danser, à rassembler

66 Remarque faite par plusieurs personnes sondées surprises par la question.

Page 61: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

61

Le sondage démontre que le public aime avant tout danser, et regarder danser.

Aussi, proposer des danses qui sortent à sa rencontre le séduit. Qu'elles se donnent à

voir ou à danser. Les plus jeunes ont une préférence pour danser, à l’inverse des + de

35 ans. Ensuite, vient l’apprentissage de la danse ou la volonté de donner des cours de

danse. Etre acteur-danseur et/ou spectateur semblent être la motivation essentielle pour

participer à cette fête. Pourtant, chacun perçoit, au-delà de cet art, des phénomènes

intrinsèques à la danse qui font qu’elle véhicule une image de tradition et de cohésion

sociale. Cette image se trouve renforcée dès que la danse investit des lieux ouverts, en

l'occurrence ici, l'espace public. Pour certains, cela évoque les bals du 14 juillet "où

l'on dansait sans considération de personne et où l'on pouvait discuter avec des

inconnus, ou des voisins, ou en famille assis sous un platane, parce que l'ambiance s'y

prêtait67

" ; pour d'autres, c'est l'idée que "la ville se transforme en une sorte de comédie

musicale68

" qui leur plaît : "s'imaginer un instant danser notre vie, cela la rendrait plus

belle !69

". Pour 76% des - de 35 ans et 82% des + de 35 ans, l’incitation à la danse

tient à l’ambiance qui sera propagée lors de la manifestation. Et 53% des + de 35 ans

perçoivent la possibilité de se rencontrer, d’échanger : "être dehors, avec de la

musique, et de la danse, quoi de plus idéal pour se rencontrer, communiquer ? Ah si, je

n'ai pas cité le beau temps..." remarque un homme. Le public attend de la danse un

spectacle, une pratique, mais aussi et surtout une rencontre qui lui permet de se

découvrir. On constate le désir d'être ensemble et de partager une passion commune "si

peu mise en avant au sein d’un quartier, dans une ville" selon les assertions de

nombreux passants interrogés.

III-1-A-b Une autre conception de la pratique culturelle et de

l'art chorégraphique scénique

Ce sondage a fait tomber une de nos idées reçues selon laquelle la pratique de la

67 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.

68 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.

69 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.

Page 62: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

62

danse était associée à la participation à des cours.

D'après cette enquête, la pratique de la danse est souvent assimilée aux danses

de salon que l’on danse dans des occasions assez rares (40% des - de 35 ans et 75%

des + de 35 ans connaissent les danses de salon, loin devant tous les autres types de

danses). Pour un certain nombre de personnes, on remarque que les questionner sur la

pratique de la danse moderne ou de la danse dite contemporaine les renvoie, dans leur

conception, aux pratiques modernes disco-funk-rap, etc... Quant aux spectacles de

danse, ils ont une réputation hermétique, et en particulier, ceux qui se situent dans le

registre de la danse contemporaine. C'est pourquoi, sensibilisés par cet état de la

réception et de la compréhension des publics, la plupart des acteurs et des

responsables de ce secteur culturel ressentent fortement l’enjeu d’amener cette danse

de représentation vers les publics, et de la faire découvrir à ceux qui sont encore

frileux vis-à-vis de cette discipline artistique. A la question "Combien de fois par an

allez-vous voir un spectacle ? ", 36% des + de 35 ans et 14 % des - de 35 ans

répondent « jamais ». Ces derniers, pour 77 %, ne répondent pas à cette question. Sur

les lieux de pratique les + de 35 ans et les - de 35 ans sont unanimes : ils préfèrent

danser chez des amis (réponses respectives : 68% et 81%). Suivent les boîtes de nuit

avec respectivement 36% et 50 % des "suffrages" exprimés. Nul doute que la danse

peut être redécouverte et amenée dans les lieux publics. Et cela est confirmé par les

40% des - de 35 ans qui se déclarent motivés par la découverte, et par les 53% des +

de 35 ans qui le sont par l’aspect convivial de la danse.

III-1-A-c Des spectateurs/danseurs ouverts à l'expérience

L'enthousiasme avec lequel le public a accueilli la proposition du projet "Entrez

dans la danse..." se voit dans le sondage, puisque 74% des - de 35 ans et 93% des +

de 35 ans pensent que l'on peut investir les rues et les jardins pour y danser, mais

aussi, respectivement 60% et 68% des sondés déclarent que tous les genres peuvent y

être représentés. Ce qui traduit l'attente des populations et leur ouverture à tous les

styles. Cependant, nous remarquons un intérêt particulier pour les danses de rue, les

Page 63: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

63

carnavals et les parades chez les - de 35 ans. Vient ensuite la danse contemporaine.

Concernant les + de 35 ans, leur prédilection va pour 22% aux danses régionales et

traditionnelles, et pour 14% aux bals populaires.

62% des - de 35 ans et 68% des + de 35 ans déclarent vouloir participer à la fête

"Entrez dans la danse..." comme acteurs-danseurs, se montrant ouverts à toutes

expérimentations. D'autre part, hors sondage, les réactions furent très positives.

Nombreux furent ceux qui nous proposèrent les coordonnées d'écoles de danse de leur

connaissance, ou un soutien quelconque pour contribuer au succès de cette

manifestation.

III-1-B Ce que pense le public des artistes-contacts

La population sollicitée pendant la période de sondage apprécie qu'on lui

demande son avis avant qu'une fête s'implante dans son quartier. Le public potentiel a

aussi été interpellé par la démarche des artistes qui sont prêts à sortir de leurs murs.

Plusieurs réactions ont été recueillies. Tout d'abord, l'idée que les danseurs puissent

rechercher la proximité avec le public, séduit. Ensuite, les expériences tentées dans ce

domaine ont donné envie aux danseurs, qui s'étaient déjà exposés à danser dans un

autre cadre que la scène, d'aller plus loin dans leur recherche artistique et pédagogique.

Pour les personnes soumises au questionnaire, le désir de participer à une telle

aventure est évident. Cette fois, le sondage du public sur un événement à venir est

venu s'appuyer sur l'expérience en la matière de quelques danseurs et chorégraphes, et

a été confirmé par le retour/appréciations du public. Plusieurs réactions ont été

retenues, très positives. Nous parlerons essentiellement du sentiment du public de voir

des artistes être plus en phase avec la réalité, avec les gens, et du sentiment de prise de

risque que le cadre extérieur implique. Ainsi le public apprécie l'interaction que leur

procure un déambulatoire chorégraphique, le "dérangement" provoqué dans leur

parcours habituel, dans leur cadre de vie et les nuances apportées à leur conception de

la danse. Cette danse qui vient à eux leur donne aussi le sentiment d'une

reconnaissance.

Page 64: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

64

III-1-B-a Plus de risques pour les artistes : plus de proximité

avec les publics

Confronté à un public qui ne se trouve pas dans les lieux habituels de danse,

revient à dire, en partie, changer de public. Que les artistes retrouvent les mêmes

assidus ou que le public soit complètement renouvelé, le cadre est différent. Les

chorégraphies doivent s'adapter, le spectacle doit être revisité, et l'appréciation du

public aussi. Tous le perçoivent. Le public rend compte de l'effort fourni. Il vient alors

vers les artistes pour exprimer sa reconnaissance tant pour ce qu'il aura vu que pour le

sentiment agréable d'avoir été intégré dans la démarche de création ou de

représentation, ou encore, de démonstration. Le spectacle s'inscrivant dans un décor

"naturel", une grande adaptation de la part des chorégraphes et des danseurs est

requise permettant aux prestations d'être en adéquation avec l'environnement. Le

public s'identifie aux danses, car celles-ci utilisent, comme lieu d'implantation70

, un

terrain qui lui est familier : la rue. Ainsi on peut voir des spectacles où l'on déambule,

activité reconnaissable du public. Des danseurs prennent l'apparence de personnages

connus que la population côtoie dans son quotidien, tels des policiers... Ou encore, des

spectacles insolites, comme par exemple un final aérien71

, viennent apporter du rêve ou

un autre regard sur le lieu habituel de vie. Il y a alors promesses de symbioses, de

magie de l'instant, et cela plaît aux publics.

70 "Implantation : préparer, former, embaucher, fabriquer sur place. On prépare le terrain et on fabrique

l'histoire". Définition proposée par Hafida Boulekbache-Mazouz/Patrizia Laudati/Sylvie Mervieu-Leleu. L'art dans

l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, in Publication électronique des Actes des 1ères

rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de

l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.

71 "Final aérien : c'est l'instant de magie par excellence, où tout le monde a le nez en l'air, comme des mômes.

Moment privilégié où la foule vibre à l'unisson. C'est l'occasion d'imprimer dans le paysage urbain des images

fugitives, des instants du spectacle, des mirages qui resteront gravés dans la mémoire collective". Hafida Boulekbache-

Mazouz/Patrizia Laudati/Sylvie Mervieu-Leleu. L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la

communication, in Publication électronique des Actes des 1ères rencontres internationales : "Arts, sciences et

technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de l'Université de la

Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.

Page 65: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

65

III-1-B-b Rapports modifiés

La séparation entre les deux microcosmes, l'univers des danseurs et celui du

public est ébréché. Entre les deux, une ressemblance s'est créée, et par la même

occasion une possibilité de dialogue, de compréhension, d'échange. L'intimidation due

au respect de l'art, et à la vocation de l'artiste, s'estompe, et le danseur qui devient un

des pairs du public, est plus accessible. Celui qui s'est déguisé en policier, est devenu

mime, acteur, amuseur. Le public l'identifie à quelqu'un qui l'amuse, qui veut créer une

complicité. L'humour, la joie et le partage qui sont véhiculés par la danse, sont à

nouveau présents. Le facteur social est enfin réhabilité. Le public qui ne se trouve plus

sur un siège dans une atmosphère guidée par les lumières du spectacle, peut voir les

visages des voisins et communiquer ses sentiments, rires, interrogations. La fête est

alors à l'honneur. Parfois, quand le spectacle le permet, le public se met à danser. Les

danseurs ne sont plus intouchables et inimitables, ils se mettent au service de la danse

et des publics pour transmettre et partager une passion.

Aux questions "Pensez-vous qu'une fête de la danse qui rende les spectacles de

danse et les pratiques accessibles gratuitement puisse augmenter votre compréhension

de cet univers ? Votre désir de fréquenter des cours ? Votre désir de fréquenter des

spectacles ? Votre désir de danser ? ", voici ce qu'ils répondent :

Page 66: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

66

Nous constatons qu'il y a un fort pourcentage de personnes qui ne se prononce

pas sur les répercussions possibles d'une telle fête sur leur conception de la danse et

sur leurs pratiques futures, ce qui se conçoit aisément. Cependant, nombreux sont ceux

qui pensent que leur perception de la danse, des spectacles et du monde

chorégraphique se trouvera modifiée positivement avec "Entrez dans la danse...". Le

désir de fréquentation des cours de danses et des lieux de spectacles de danse des

personnes interrogées est sensiblement augmenté par rapport aux habitudes constatées

chez ces mêmes personnes.

Page 67: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

67

III-1-C Un cadre favorable

Offrir au public une prestation qui l'enrichit, qui lui ouvre les portes, ne peut que

retenir son attention. Le cadre hors mur est également un élément appréciable, puisque

le public se sent désiré : les danseurs viennent sur son terrain. La surprise est aussi un

élément important. Cette initiative n'est pas née d'une volonté artificielle pour flatter le

public, mais de personnes amoureuses de la danse qui désirent transmettre cet

émerveillement qu'elle peut susciter. Les motivations de danser sont bien perçues dans

le public selon des critères relationnels (76 % des - de 35 ans et 82% des + de 35 ans

sont motivés à danser par l'ambiance créée). Le sondage utilisé pour connaître les

goûts des publics rencontrés, a permis à ceux-ci de se reconnaître, de faire de cette

fête, leur fête. Le public, sa personnalité, a été prise en compte.

III-1-C-a Un contexte non-commercial : la gratuité

La gratuité de la manifestation est un enjeu important à plusieurs titres, et

l'analyse des questionnaires le souligne : tout d’abord, pour attirer de nouveaux publics

vers des chorégraphes plus ou moins connus du grand public et réservés aux initiés,

ou, vers des amateurs pleins de ressources ; ensuite, pour permettre aux publics

défavorisés d’avoir accès à la manifestation. Plusieurs personnes nous ont fait

remarqué que, sans la gratuité, elle ne pourrait pas obtenir dans l'avenir le statut de

Fête nationale. 40% des - de 35 ans et 36% des + de 35 ans citent la gratuité comme

une incitation à danser pour toutes les couches de la population. Ensuite, la gratuité

permet de mêler plus adroitement des démonstrations de compagnies d’amateurs, aux

compagnies renommées. Il s'agissait pour nous, de diversifier l’ensemble de la

prestation mais aussi de lui donner toute son ampleur. Puisque les professionnels ne

peuvent envisager de se produire sans être financés, au vu de la situation économique

dans laquelle ils évoluent, le coût d’une manifestation uniquement constituée de

professionnels ne serait pas acceptable. Ce qui est un parti pris dans la conception

même de cette fête, semble mettre les publics à l'aise, avec pour certains, le sentiment

Page 68: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

68

de libre choix devant l'offre plurielle. Voici quelques réflexions prises sur le vif :

"Apparemment avec ce que vous proposez, on ne nous impose pas un style, et puis, je

peux bouger, et aller vers autre chose si ce que je vois ne me convient pas", "quand je

paie une place de spectacle, si c'est mauvais, j'hésite à m'en aller et dans tous les cas,

j'ai la sensation de m'être fait avoir...", "je vais pouvoir découvrir des spectacles pour

lesquels je n'aurais pas pris le risque si j'avais dû payé"72

.

III-1-C-b Brassage des publics, brassage des danses : la

perméabilité

La danse est souvent assimilé à un art destiné à un public d'avertis, ou alors,

c'est une occasion de fête, lors de réunions sociales très typées (mariages,

anniversaires, bals de village, discothèques, soirées de vacances). Ici, la multiplicité

des danses proposées sur un espace rapproché (un quartier) permet une perméabilité

entre les genres rendue accessible à chacun. C'est ce que remarquent beaucoup de

ceux que nous avons interrogé. Le brassage des publics s'effectue simultanément avec

un brassage des danses. Ceci est rendu possible par la proposition hors les murs qui

permet de toucher les habitués, comme les "découvreurs". Brasser les publics, c'est

aussi proposer un large panel de possibilités visant à décomplexer ceux qui ne désirent

pas danser mais juste regarder, ou ceux qui ne savent que "bouger" et qui ne

connaissent pas les codes de danses particulières. Ceux qui le désirent auront la

possibilité de s'initier comme c'est l'attente de 43% des - de 35 ans, et de 25% des + de

35 ans. Finalement, en plus de la danse en elle-même, le public veut en profiter pour se

rapprocher, se brasser, se connaître : 24% des - de 35 ans désirent danser, afin de se

rencontrer, ainsi 53% des + de 35 ans.

III-1-C-c La découverte facilitée

Nous proposons la découverte de danses pluri-culturelles dans un cadre

72 Propos recueillis lors du sondage de Février 2001.

Page 69: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

69

extérieur. C'est aussi le voeu de la majorité du public : à la question "quelle genre de

danse y verriez-vous ?", 59,5% des - de 35 ans déclarent vouloir y voir tous types de

danses ainsi que 68% des + de 35 ans. L'éventail des présentations, ainsi que les cinq

lieux73

ont été choisis pour mettre en valeur les danses et les espaces. On pourra

élaborer son parcours de découverte à la carte, en fonction des horaires et de ses

goûts, des déambulations dans certaines rues, des chorégraphies et des démonstrations

interactives sur les places, un bal interactif lui aussi. Les espaces urbains à travers ce

dispositif se trouvent réinvestis par la convivialité et redeviennent des lieux de

communication comme le soulignent bon nombre de personnes interrogées qui y sont

particulièrement sensibles, confirmant ainsi notre hypothèse.

Notre questionnaire nous a révélé que nous étions en présence d'un public de

"découvreurs".

Si la préférence du public est essentiellement de danser (50% des - de 35 ans,

71% des + de 35 ans), nous pouvons considérer que la découverte intervient en

regardant les autres danser (74% des - de 35 ans, 61 % des + de 35 ans), puis en

apprenant à danser (43% des - de 35 ans, 25% des + de 35 ans). La découverte est une

notion importante surtout pour les - de 35 ans : pour 40% d'entre eux, ce serait une

incitation à danser, contre 28% pour les + de 35 ans. A la question "qu'attendez vous

d'une fête de la danse", 55% invoquent le désir d'y être spectateur ou danseur. La

possibilité de découvrir des spectacles chorégraphiques les interpellent aussi.

Ce sondage a également mis en lumière un public de "participants".

A la question "qu'attendez vous d'une fête de la danse" 45% du public (- de 35

ans et + de 35 ans en même proportion), déclarent vouloir y participer simplement sans

exprimer d'attente particulière. D'autres sont plus précis. 78 % des - de 35 ans et 68 %

des + de 35 ans veulent s'y amuser. L'aspect festif fait l'unanimité. 53 % des - de 35

ans et 43 % des + de 35 ans désirent y danser, et enfin 47 % des - de 35 ans et 39 %

des + de 35 ans y viendront pour regarder.

Le désir de participation du public à l'animation de cette fête de la danse, avec 62%

73 Conf. Photos des lieux pressentis en ANNEXE IV.

Page 70: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

70

d'enthousiastes chez les - de 35 ans , et 68% chez les + de 35 ans, peut se repartir

selon plusieurs centres d'intérêts. Il y a ceux qui veulent enseigner la danse. Ils sont

peu nombreux : environ 5%. Cependant, même quelques seniors étaient enjoués à

l'idée de communiquer un savoir danser aux plus jeunes : le tango, la valse, les

marches... Ensuite viennent ceux qui veulent s'investir dans la fête "pour les rencontres

que l'on fait lorsqu'on est acteur de la vie d'un quartier ". Certains veulent tenir un

stand, informer lors de la manifestation, d'autres se proposent d'insonoriser un lieu.

Enfin, il y a tous ceux qui veulent participer à l'animation, sans noter d'action précise,

et qui implique que l'animation doit être prise au sens le plus large possible. Les

bonnes volontés ne font pas de doute et se retrouvent chez les jeunes et les moins

jeunes. Autant d'indicateurs pour montrer leur volonté de voir cette manifestation

aboutir, toutes générations confondues.

III-1-C-d Le lien convoqué

La proximité des danseurs et du public favorise la participation du public.

L'interaction qui s'y crée, intense, se voit dans la réponse aux questions sollicitant sa

participation (chiffres cités auparavant). De plus, le concept de Fête de la danse

implique une manifestation d'ordre national, au même titre que la Fête de la Musique,

bien assimilée à ce jour par le public (74% des - de 35 ans disent y participer, pour

68% des + de 35 ans). Ce concept provoque un fort désir d'y ajouter son expérience,

d'engager sa personne, puisque une fête nationale, s'adresse à chacun d'entre nous. La

cohésion du public s'y trouve renforcée, d'autant plus que dans l'imaginaire collectif, la

danse, encore plus que la musique (puisqu'elle prolonge l'écoute de la musique par des

actions du corps, ou des interactions entre corps) est signe de fête, de fraternité,

d'engagement, de cohésion sociale. A ce titre, il nous a semblé intéressant de souligner

un autre aspect se dégageant des questionnaires : 69 % des - de 35 ans et 65% des +

de 35 ans se sont déclarés prêts à danser avec leurs voisins, et la raison principale

invoquée était le désir de les connaître, d'entrer en contact avec eux dans un cadre

convivial.

Page 71: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

71

III-1-D Les réticences

Le phénomène de rassemblement provoque des réticences inévitables. En

premier lieu (pour les - de 35 ans et les + de 35 ans), vient la peur des violences

(respectivement 31% et 36%).

Nous trouvons dans l'expression de cette crainte une partie de la réponse au fait

que l'on ne danse presque plus dans l'espace urbain et que l'on n'y trouve quasiment

plus de bals.

Une autre des raisons avancées par Henri Joannis-Deberne, expliquant en

particulier la décroissance des bals de rue du 14 juillet74

à partir de 1960, est que

l'accordéon et son répertoire ne plaisaient plus aux jeunes. Les chemins se séparaient.

La fête populaire où les jeunes et les plus vieux dansaient mélangés se disloquait. Les

bals de rue disparurent. C'est alors que le bal du 14 juillet devint synonyme de bal des

pompiers. A partir des années 70 et 80, on ne dansait plus que dans leurs casernes :

une vingtaine de bals dans Paris avec orchestre ou sonorisation jouant la musique du

jour. Paris devait connaître une atmosphère semblable au 14 juillet d'autrefois

beaucoup plus tard, dans les années 90, avec des orchestres de coin de rue. C'était lors

de la fête de la musique. Fait symptomatique, la danse ne faisait plus partie des

réjouissances. Ce n'est qu'en 1998, que la Techno parade relança la danse populaire

dans la rue"75

.

Aujourd'hui, les personnes qui ont répondu au questionnaire, démontrent

majoritairement que le mélange des générations n'est plus un obstacle au retour des

pratiques dans les rues et des bals.

74 "On a peine à imaginer aujourd'hui ce qu'était la soirée du 13 juillet, de 1947 jusque vers 1970. Les témoins

rapportent un véritable tourbillon, des estrades au milieu de la rue, devant les cafés, où des orchestres d'accordéons

jouaient sans répit. Tout le monde dansait, on aurait pu traverser tout Paris de carrefour en carrefour sans s'arrêter de

danser", in Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, de JOANNIS-DEBERNE (H), Christine

Bonneton Editeur, Paris, 1999.

75 JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine Bonneton

Editeur, Paris, 1999.

Page 72: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

72

Viennent ensuite les nuisances sonores qui sont redoutées par environ 25% des -

de 35 ans et des + de 35 ans. Le chiffre le plus frappant est cependant celui des

personnes sans réserve, pour les - de 35 ans et les + de 35 ans, ils sont 51% à ne pas

avoir de réserve. L'étude de ces chiffres doit évidemment nous amener à prendre en

compte de façon vigilante la conception de cette fête de la danse, afin d'envisager les

risques encourus, et les moyens de les gérer efficacement par la mise en place d'un

service de sécurité, par la signature d'une charte sur le volume sonore, ou encore une

forte communication sur les conditions d'accès à la manifestation, compte tenu d'un

quartier déjà saturé par le trafic des véhicules engendré notamment par les événements

du POPB76

, mais aussi pour gérer les flux du public.

Il est à retenir que, selon l'enquête effectuée par Hafida Boulekbache-Mazouz,

Patrizia Laudati, Sylvie Mervieu-Leleu77

, la déambulation correspond pour les

spectateurs à une des réponses à leur "attente de la sécurité ; car la déambulation

implique la nécessité de se réapproprier la rue, de la même façon que le besoin de

sécurité. On se sent rassuré quand on arrive à prendre "pour sien" un espace"78

, et

lorsque l'on se sent canalisé, encadré.

III-2 L'avis des artistes et chorégraphes

La recherche d'artistes-chorégraphes, danseurs professionnels et amateurs dans

la perspective de notre fête a nécessité plusieurs phases.

La première a été de définir l'état d'esprit de cet événement qui va de pair avec

76 Parc Omnisport de Paris-Bercy

77 Enquête menée pour rédiger L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, in

Publication électronique des Actes des 1ères rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24

novembre 2000. Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec

le Ballet Atlantique Régine Chopinot.

78 Extrait de L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, rédigé par Hafida

Boulekbache-Mazouz, Patrizia Laudati, Sylvie Mervieu-Leleu, in Publication électronique des Actes des 1ères

rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de

l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.

Page 73: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

73

la qualité artistique attendue.

La seconde a consisté au tri des personnalités qui pourraient être tentées par

cette approche des publics sur leur terrain et à la rencontre des intervenants potentiels.

La troisième s'attache à la cohérence de notre sélection en accord avec notre

cahier des charges et à établir une confiance mutuelle par des contacts réguliers en vue

de faciliter la coordination et la communication le jour "J".

III-2-A Les professionnels

La plupart des professionnels contactés se sont montrés enthousiastes à l'idée de

participer à une telle manifestation et se sont prêtés de bonne grâce au questionnaire-

entretien.

III-2-A-a Les raisons de leur rémunération :

un engagement idéologique

Après quelques entretiens, nous avons réalisé qu'envisager leur participation

sans rémunération avait été irréaliste. La plupart ont été éduqués par le système

culturel des instances chorégraphiques qui sous-tend que ce qui est gratuit est douteux

quant à la qualité artistique. Ainsi, la reconnaissance passe par la rémunération. Leur

proposer de danser gratuitement revient à nier leur professionnalisme. Ils ont le

sentiment que s'ils acceptent une fois de danser gratuitement, il n'y a plus de limites

aux causes qui pourraient de nouveau justifier leur participation sans rémunération.

"On croyait l'artiste au-dessus de la mêlée , il est un travailleur comme les

autres", selon Daniel Conrod79

qui présente le dernier livre de Pierre-Michel Menger80

.

79 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama

n° 2776 du 26 mars 2003.

80 Sociologue au CNRS et à l'EHESS, il observe particulièrement les milieux de l'art et de la culture. Son

dernier ouvrage : Portrait de l'artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme, éditions Le Seuil/La République

des idées, Paris, 2003.

Page 74: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

74

Une des chorégraphes professionnelles interviewées, nous rappelle que "danser et

chorégraphier, ce sont des métiers. Des métiers où l'on travaille dur. Et même si l'on

est animé parce que l'on fait, on ne s'amuse pas. L'acte de création ou d'interprétation,

c'est sérieux. Un artiste-chorégraphe, un artiste-danseur-interprête, ce sont aussi des

artistes-intermittents81

qui doivent cumuler un certain nombre de cachets pour vivre, et

assurer la survie de leur statut. C'est la réalité économique. Les perspectives de

prestations sont liées aux perspectives de diffusion qui restent un combat quotidien. Et

puis, la considération des tutelles, et les subventions qui en découlent passent par le

fait que telle création a été achetée (x) fois ou non. Si la plupart d'entre nous sommes

parfois prêts à faire des concessions budgétaires, il faut réaliser que ce n'est pas parce

que nous n'avons pas besoin d'argent. C'est pour faire un geste en faveur d'une situation

précise, mais qui est toujours au détriment financier de la compagnie. Il y a aussi une

question d'éthique, travailler gratuitement me semblerait une concurrence déloyale

envers la profession du corps dansant (au sens de la famille chorégraphique) qui se bat

pour la reconnaissance de son statut."82

Elle rejoint ainsi l'opinion de Pierre-Michel

Menger qui nous assure que, "contrairement à nos fantasmes, l'artiste ne tombe pas du

ciel. C'est un travailleur inscrit dans un marché de l'emploi."83

Un autre chorégraphe surenchérit en soutenant que "la Mairie de Paris se doit

d'assumer les salaires des professionnels qui assurent à notre ville son rayonnement

artistique"84

.

La première reste convaincue que la danse, malgré ses avancées spectaculaires

dans la société et au sein des institutions ces vingt dernières années, demeure "le

81 Régime spécifique de l'assurance-chômage dont relèvent les artistes et techniciens du spectacle vivant et de

l'audiovisuel.

82 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois le lundi 19

mai 2003.

83 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama

n° 2776 du 26 mars 2003.

84 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le

jeudi 14 novembre 2002.

Page 75: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

75

parent-pauvre de la culture". Pour elle, "aller danser dans la rue est d'abord un acte

artistique et pédagogique qui pourrait devenir bientôt un acte politique"85

. Elle ressent

ce que décrit Pierre-Michel Menger comme une bataille acharnée au sein d'une

machinerie culturelle où beaucoup se sentent appelés et où il y a peu d'élus suivant la

formule consacrée. Ainsi " la grande masse des artistes est une espèce en grand

danger", d'après l'article précité de Daniel Conrod, et "c'est peut-être cette réalité que

la réforme de l'intermittence du spectacle risque de venir consacrer. Pour les plus

performants, les mieux adaptés au marché, la pérennisation du statut. Et pour les

autres, qui tardent à percer la muraille de la notoriété, le RMI86

ou bien le statut de

travail intérimaire"87

. Dans ce contexte qui concerne évidemment les artistes

chorégraphiques, on comprend bien le positionnement de ces derniers, puisque, entre

autres, notre proposition première n'offrait pas aux intervenants les moyens de vivre de

leur art. Nous avons abandonné cette option de départ. Désormais, en qualité

d'organisateurs, nous nous trouvons face à un dispositif économique déséquilibré : une

manifestation dont l'accès est gratuit, et des artistes professionnels rémunérés, ce qui

augmente considérablement le budget. C'est pourquoi nous aurons recours de façon

plus significative au mécénat. Par ailleurs, la participation des artistes-amateurs

bénévoles de qualité devient déterminante pour la mise en oeuvre, car elle sera un

atout pour convaincre les partenaires de la reconduction de cette fête, sans qu'elle soit

considérée par eux comme un gouffre financier alimenté à perte.

III-2-A-b Une démarche pédagogique

Nous avons rencontré Christine Fricker, chorégraphe de danse contemporaine,

marseillaise, qui s'est montrée enthousiaste à l'idée de participer à la manifestation

85 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois le lundi 19

mai 2003.

86 En 1997, il y avait en France 32 275 artistes RMistes (Rapport du Ministère de la Culture, de la Délégation

au RMI et de la Ville de Paris).

87 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama

n° 2776 du 26 mars 2003.

Page 76: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

76

"Entrez dans la danse...", puisqu'elle-même développait depuis un an un travail qui

allait dans le sens du concept de notre manifestation. Elle a créé en 2001 une pièce

déambulatoire Ici et Maintenant, et l'a présentée en juillet de la même année au

Festival d'Aix-en-Provence à l'Ecole Supérieure d'Art en extérieur principalement.

Pour cette chorégraphe, "le concept du déambulatoire permet d'inscrire la danse

dans un paysage urbain, de mettre en résonance un lieu architectural, une composition

chorégraphique et un univers sonore ; c'est proposer au public un spectacle présenté

sous forme de modules en duo, trio et quatuor qui s'enchaînent dans un parcours

préétabli. La densité du lieu appelle une danse physique mais aussi ciselée en écho à la

composition musicale. La danse, par son rapport organique aux matières naturelles,

engendre des énergies qui circulent tels des vases communicants dans une forme

éphémère et spontanée."88

Christine Fricker s'intéresse au fait qu'un environnement spécifique influence le

contenu de sa danse, de même que le mouvement chorégraphique peut changer la

perception d'un espace quotidien. En proposant une création qui s'inscrit hors des lieux

conventionnels de représentation, Christine Fricker tente de réduire le fossé qui existe

entre le spectaculaire et le quotidien, pour les danseurs, mais aussi pour les publics.

Plus qu'un parcours chorégraphique avec une poétique du geste, de la voix et du

son, il est question ici d'interactivité. "Danseurs et musiciens se réunissent, ils

deviennent complices du lieu qu'ils révèlent subtilement autour d'un public qui se

promène, regarde, écoute, s'interroge... Le spectateur est aussi acteur, il est intimement

lié au jeu chorégraphique des danseurs. Avec ce concept de déambulatoire, le

spectateur peut perdre une vision d'ensemble, mais il devient actif en se créant son

propre champ de vision ainsi qu'une lecture personnelle du spectacle. Donner aux

spectateurs à voir et à entendre.

Ce type de représentation répond à notre désir d'établir des ponts entre le public et

l'art contemporain hors des lieux conventionnels de représentation."89

88 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois en juillet

2002.

89 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois en juillet

2002.

Page 77: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

77

III-2-A-c Un retour aux sources

Pierre Doussaint, chorégraphe, danseur professionnel en danse contemporaine et

danse de rue, professeur, directeur artistique de festivals de danse, s'est prêté avec

simplicité et convivialité à notre entretien. Cet homme, au parcours riche, digne d'un

"baroudeur", pense que la pratique de la danse est à la portée de tous. Selon lui, les

spectacles de danse le sont aussi à la condition que les chorégraphes ne perdent pas de

vue qu'ils s'adressent aux publics. Il regrette que "beaucoup de créations soient trop

élitistes et nombrilistes". Cette forte personnalité s'exprime sans détour sur la question

de sa démarche artistique, qui, ces cinq dernières années, s'affiche de plus en plus dans

la rue : " Il s'agit presque d'un retour à mes tous débuts, lorsqu'à la Rochelle (avant

1983), je testais toutes mes créations sur la place des marchés. J'observais les

réactions des danseurs et des publics ; cela me stimulait. On avait un retour direct. Il

faut dire aussi que nous avions peu de lieux à notre disposition, que la vie était rude

pour les danseurs, et que, faire les marchés nous aidait à vivre. Après, est venue la

reconnaissance institutionnelle espérée et les résidences...Il était dès lors mal vu, et

mal venu de poursuivre nos représentations dans la rue. La notoriété, les subventions

réclamaient leur part de sacrifices : rentrer dans un certain moule était de rigueur,

certaines concessions de mise. Aujourd'hui, c'est un vrai choix que de retourner dans la

rue, un appel d'air pour ma créativité, un désir de me détacher de l'emprise qu'ont

exercé les institutions en imposant leur diktat sur la création contemporaine, de

réaffirmer ma liberté de chorégraphe, de revenir à quelque chose de plus vrai et proche

des gens"90

.

D'où, les interactions de la Brigade Sécuritaire91

établies avec les publics, la

90 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le

jeudi 14 novembre 2002.

91 Dernière création de Pierre Doussaint : il s'agit d'une "Brigade Sécuritaire" composée de sept policiers qui

martèlent, raclent le "pavé" de leurs grosses godasses, développent un monde à la fois réel et onirique, et qui

s'infiltrent dans la cité, la ville. Les policiers se lancent dans des missions qui évoluent selon le public et les sites

proposés par le lieu de représentation, sur des compositions personnelles ou des mélodies plus connues telles que

Page 78: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

78

connivence recherchée les amenant à être du spectacle, parties intégrantes d'une

aventure partagée et complice in situ. Pour lui, il ne fait aucun doute que les rues, les

places et les jardins puissent être investis par la danse le temps d'une journée, puisque

"cela fait partie de son histoire"92

. Il conçoit déjà l'espace public comme "l'espace du

regard de l'autre", et à cet égard, une des scènes possibles où exposer sa création.

Selon lui, toute danse qui se donne à voir, à danser, à partager, pourrait faire partie de

cette manifestation. Cependant, le choix de l'espace en fonction de la prestation et, la

présentation aux publics sont essentiels pour la réussite de la rencontre

danseurs/publics. Par ailleurs, Pierre Doussaint, à la question "Qu'attendez-vous d'une

fête de la danse : danser, montrer, regarder, participer, vous amuser, partager, initier,

innover ?" répond "que si le budget le permet, une manifestation devrait pouvoir

proposer l'ensemble de ces possibilités au public"93

.

Abdou Ndaye, chorégraphe et danseur Hip-Hop, présent avec sa compagnie lors

des dernières Rencontres à La Villette, se sent prêt à investir la rue parce qu'il a

désormais la reconnaissance de la scène. Il ne veut pas oublier "d'où il vient" pour ne

pas perdre la source de sa créativité. Il rejoint en cela le témoignage de Kader Attou de

la Compagnie Accrorap : "Je suis persuadé que le mouvement hip-hop reste et restera

une forme, une culture, et que son évolution passe par le travail acharné des gens qui le

représentent. Ce qui manque aujourd'hui, il me semble, dans les spectacles hip-hop, les

miens y compris, c'est la poésie. Celle du quotidien, ces rencontres, ces anecdotes qui

embellissent la vie de tous les jours. Un regard furtif, un mot d'enfant"94

. La rue est

aussi le lieu de ces anecdotes et le lien avec elles.

Abdou Ndaye ajoute : "Pour moi, la rue, c'est là où se trouve la vie, le public,

"Le pont de la rivière Kwai", "Mission impossible", "Le Grand Méchand Loup". Voir la note d'intention de

Pierre Doussaint en ANNEXE X.

92 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le

jeudi 14 novembre 2002.

93 Ibid. Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de

Verre le jeudi 14 novembre 2002.

94 Extrait de Pris sur le vif, Kader Attou, chorégraphe de la Compagnie Accrorap in Le Monde du 11 janvier

2002.

Page 79: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

79

celui à qui j'ai envie de parler par le corps, le mien et celui de mes danseurs."95

Il se

déclare inciter à participer grâce à la rencontre et au partage avec les publics, par la

confrontation à l'espace public avec le désir de faire évoluer sa création en fonction du

site, par le jeu qu'une telle posture implique.

Quand à Makissa Diabaté96

, elle se présente ainsi :

"En tant que compagnie, notre travail créatif s'organise autour de deux lignes

directrices : l'exploration d'actions quotidiennes, la "déshermétisation" de la danse

contemporaine. Et c'est à travers le filtre spécifique du corps, élément multiple, mais

commun à tous, que nous souhaitons montrer à quel point la danse contemporaine -

telle que nous la pratiquons : loin de toute mystification - est un acte, tout ce qu'il y a

de plus abordable. Contrairement à l'image généralement véhiculée, les motivations en

sont fort simples..."97

. Son désir rejoint le nôtre de voir la danse retrouver une

dimension populaire et sociale.

III-2-A-d Des résistances pour certains

Pour Charles Cré-Ange98

, chorégraphe contemporain, les problèmes techniques

que soulèvent la réalisation d'une telle manifestation ainsi que son expérience du

terrain semblaient freiner considérablement son adhésion. La création récente de notre

association semble avoir porté préjudice à la crédibilité du projet. Lors de l'entretien,

sa perception semblait attacher à recréer l'espace scénique traditionnel dans l'espace

public. Ces conditions lui apparaissaient comme incontournables pour que des

professionnels acceptent de participer à cette fête. Il tenait à aborder la question

95 Extrait de l'entretien réalisé auprès d'Abdou Ndaye, chorégraphe de danse hip-hop par Valérie Gros-Dubois

le jeudi 31 octobre 2002.

96 Chorégraphe de la Compagnie Aki Gahuk et fondatrice des Vertiges.

97 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Makissa Diabaté, chorégraphe de danse contemporaine, par Valérie

Gros-Dubois, lors des Vertiges 4, le 28 février 2003.

98 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Charles Cré-Ange par Valérie Gros-Dubois le 17 octobre 2002.

Page 80: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

80

budgétaire et de la rémunération qui, au moment de cet entretien, n'était pas encore

finalisée en terme de budget prévisionnel, et qualifiait déjà le projet de belle utopie,

peu ancré dans la réalité. Malgré un accueil sympathique, nous n'avons pas su

convaincre un homme qui se plaçait en qualité d'expert avec des objections qui ne

laissaient pas de place à l'évolution d'un projet encore en phase de conception et

d'ajustement avec le terrain. En une interview, il a cristallisé la plupart des réticences

que nous avions anticipées. Cette rencontre nous a convaincu de faire face à ces

objections avec diligence, par exemple en contactant des techniciens professionnels

ayant l'expérience de manifestations extérieures qui pouvaient nous apporter des

informations sur la logistique, sur les questions de sécurité, et sur le budget à

envisager, en contactant aussi des organisateurs de festivals pour établir un budget

prévisionnel cohérent au plus proche de la réalité, même si on nous parlait le plus

souvent d'évaluer les différents postes "à la louche". Somme toute, cet entretien s'est

avéré précieux pour assurer une présentation du projet plus aboutie du point de vue

financier .

III-2-A-e Une volonté festive

Pour la plupart des personnalités interviewées, la décision de participer à cette

première édition va de pair avec le désir de soutenir l'initiative qui réintroduit la danse

au coeur d'une pratique festive à la portée de tous. Il y va aussi de l'air du temps qui est

à la pratique de rue, au retour des carnavals et des parades, avec cette notion sous-

jacente nous semble-t-il, du dehors/liberté/expression par opposition au système

dedans/enfermé/aliéné. Ceci rejoint le résumé critique99

de Dominique Frétard, selon

lequel, le fil conducteur du dernier ouvrage d'Agnès Izrine100

est "celui du rapport étroit

de la danse et du pouvoir, son aliénation consentie aux modèles définis, son

99 Présentation du dernier ouvrage d'Agnès Izrine par Dominique Frétard dans son article : La danse, le

pouvoir, et la création, in Le Monde du 14 février 2003.

100 Auteur de La danse dans tous ses états, Editions l'Arche, Paris, 2003.

Page 81: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

81

émancipation souvent chèrement payée"101

. Cette volonté festive clairement affirmée

par les différents interlocuteurs semble aussi flirter avec ce désir d'émancipation de

manière plus ou moins consciente. Dans leur démarche personnelle, les chorégraphes

cherchent aussi à inventer leurs alternatives créatives propres pour veiller à ne pas être

instrumentalisés par les diffuseurs. Ils semblent voir dans cette fête une de ces

potentielles alternatives.

Par ailleurs, Pierre Doussaint a souligné qu'il avait ressenti très fortement, lors

des interventions de sa Brigade sécuritaire, "le besoin des gens de faire la fête, de

retrouver une convivialité dans ce qui représente leur environnement quotidien. Leur

désir est évident de se retrouver ensemble, de dialoguer, et d'avoir des occasions

d'oublier la noirceur du monde qui les entoure. L'ambiance créée par un environnement

dansant semble démontrer qu'elle parvient à dénouer les angoisses, à délier les corps

et les langues. Le lieu a aussi une grande importance à leurs yeux : pour une fois, cela

n'arrive pas qu'aux autres, sous-entendue l'expérience éphémère de la rencontre

artistique. Il s'agit bien de leur coin de rue, de leur placette, de leur marché...102

".

III-2-B Les amateurs et les bénévoles

Les amateurs interrogés sont principalement issus d'écoles privés, de

conservatoires ou sont recommandés par des compagnies professionnelles qui désirent

leur mettre le pied à l'étrier, reconnaissant le sérieux de leur travail. Les bénévoles sont

aussi des étudiants(es) universitaires appartenant entre autres au Département Danse

de l'Université de Paris VIII en Seine Saint-Denis.

101 Extrait de l'article La danse, le pouvoir, et la création, de Dominique Frétard, in Le Monde du 14 février

2003.

102 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le

jeudi 14 novembre 2002.

Page 82: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

82

III-2-B-a Les raisons de leur bénévolat

La plupart d'entre-eux et leur professeur y voient l'occasion de montrer le fruit

de leurs efforts, de leur créativité, de leur engouement pour cet art-loisir-discipline

dans un autre cadre que celui de l'examen final, ou du spectacle de fin d'année. Ils se

montrent ouverts à un éventuel travail chorégraphique commun, encadré par des

professionnels et mêlant ces derniers aux amateurs.

Nicole Garrido et Emilie Buestel, étudiantes en danse à l'Université Paris VIII,

sont déjà des interprètes professionnelles et parallèlement, débutent dans la création en

qualité de chorégraphes. Pour elles, comme pour bien d'autres dans leur cas, le débat

ne se pose pas encore sur le plan de la rémunération. Le peu d'occasion qui leur est

donné de présenter leurs pièces, en dehors des concours ou des plates-formes, les

motive évidemment à participer à des manifestations telle qu' "Entrez dans la

danse...". Nous les avons rencontré lors de la quatrième édition des Vertiges103

à La

Brique,104

où huit intervenants nous invitaient à une manifestation déambulatoire de

spectacle vivant. Elles se sont montrées très enthousiastes à la possibilité de montrer

leur chorégraphie "M" dans une des stations de métro du quartier de Bercy,

puisqu'elles racontent : " Nous sommes parties de bruits enregistrés dans le métro,

d'observation de personnes qui se croisent, se regardent ou s'ignorent. Le métro est un

lieu que peu de gens apprécient, mais que l'on est souvent obligé d'emprunter, un lieu

où nous devons protéger notre espace vital. Nous y vivons ensemble et nous nous

ressemblons... C'est la rencontre de deux individus que rien ne réunissait à priori. Ils

commencent par se jauger, se juger, finissent par se regarder, s'émouvoir et faire un

bout de chemin ensemble. Une histoire toute simple que vous n'entendez sans doute

pas pour la première fois. Nous désirions cependant la raconter en dansant, car danser

103 Ce spectacle déambulatoire était proposé par la Cie de danse Aki Gahuk : art de la danse, expérimentation du

corps dans l'espace ; ces rencontres relèvent d'un mélange d'étrangeté et de surprise, où le public doit trouver sa propre

place dans un espace de représentation en perpétuel mouvement.

104 � Lieu étonnant, sans confort, tout en béton, froid, situé au dernier étage du 104, rue de Couronnes dans le

20e arrondissement à Paris, que les artistes en présence ont su réchauffer de leur belle énergie, de leur intelligente

intensité et créativité.

Page 83: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

83

est pour nous un moyen de dire les choses les plus simples autrement, de raconter ces

histoires anodines qui nous touchent."105

Bien sûr, elles étaient stimulées aussi par la

participation à une fête de la danse qui leur permette d'établir des ponts et des liens

avec des chorégraphes professionnels, par le fait de pouvoir échanger des points de

vue et confronter leur travail à celui des autres dans une ambiance privilégiée.

III-2-B-b Un souci de partage et de reconnaissance

Nicole Garrido et Emilie Buestel ajoute que " la relation avec le public est

essentielle. Nous attachons une grande importance à la convivialité d'un moment

partagé et à la réception des publics à nos créations. Nous voulons rester proches des

gens, à l'écoute de leurs préoccupations qui sont bien souvent les nôtres à un moment

ou à un autre. Et puis, savoir que notre travail est apprécié, qu'il donne du plaisir et/ou

du rêve, qu'il porte à la réflexion, cela compte énormément."106

Une autre danseuse, Maya Martin, qui pratique en tant qu'amateur, et qui

poursuit des études en Arts du Spectacle à Paris III-Nouvelle Sorbonne, nous dit : "On

danse rarement uniquement pour soi. Le désir d'être vu, d'être reconnu par l' "autre"

quelqu'il soit ne peut être nié."107

Ces amateurs sont proches des gens par leur attitude, leur démarche, par le

réseau relationnel dans lequel ils s'inscrivent, familial, amical, associatif, scolaire,

universitaire, ou de voisinage. Ils tentent de leur transmettre une passion qui n'exclue

pas toujours la qualité technique, avec une fraîcheur que de nombreux professionnels

ont souvent perdue à force d'élitisme. Le plaisir de danser est manifeste, le plaisir de

partager et de communiquer aussi.

105 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Nicole Garrido et d'Emilie Buestel, chorégraphes amateurs, par

Valérie Gros-Dubois, lors des Vertiges, le 28 février 2003.

106 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Nicole Garrido et d'Emilie Buestel, chorégraphes amateurs, par

Valérie Gros-Dubois, lors des Vertiges 4, le 28 février 2003.

107 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Maja Martin, danseuse contemporaine amateur, par Valérie Gros-

Dubois, suite au spectacle Cantieri de Catherine Diverrès à Chaillot, le jeudi 10 octobre 2002.

Page 84: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

84

III-3 L'avis des partenaires

"Entrez dans la danse..." est le premier projet d'envergure porté par Mouvance

d'Arts. De ce fait, la recherche de financements et de partenariats est la phase la plus

sensible du projet. En effet, malgré le grand soin apporté au dossier de présentation et

à la qualité des entrevues, il s'agit toujours de convaincre de la pertinence du projet et

de notre capacité à le piloter. Cependant, la plupart des personnes contactées ont été

réceptives à la présentation du projet "Entrez dans la danse..." même lorsque leur

politique de mécénat orientée vers d'autres priorités telles que l'insertion des jeunes ou

de minorités, ne leur permettait pas d'envisager une collaboration.

III-3-A Les partenaires publics

Dès les premiers envois de la note d'intention en décembre 2001, les réponses se

sont avérées encourageantes, et, ont débouché sur des entrevues.

III-3-A-a Un réel intérêt

Les premières à avoir accueilli favorablement "Entrez dans la danse..." dès

janvier 2002, ont été Nadine Rémy, Chargée de la culture à la Mairie du XIIème et sa

collaboratrice déléguée aux manifestations culturelles, Karen Taïeb108

.

A travers les différents entretiens que nous avons eu ensemble, ont émergé

divers enjeux. En effet, par le biais de cette manifestation, La Chargée de la culture

aurait l'opportunité de valoriser localement plusieurs volontés de la Mairie de Paris en

matière de politique de la ville et de politique culturelle. "Entrez dans la danse..."

rejoint plusieurs axes de ces politiques. Par exemple, avec la participation des publics,

des associations et de la population du quartier, entre autres, cette fête de la danse

entraîne le développement de la participation des habitants à la vie de leur quartier, qui

108 Fondatrice du Festival "Onze bouge" à Paris dans le 11ème arrondissement.

Page 85: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

85

est une des priorités du principe de la démocratie locale développé par la ville.

Par ailleurs, les représentants de la Mairie de Paris voient, dans l'activité sociale

de la danse, la possibilité de redonner à l'espace urbain sa fonction de lien social,

d'espace de communication, de dialogue et de convivialité, et une solution pour

enrayer l'isolement, le sectarisme et l'insécurité. Dans tous les cas, ils semblent y voir

un point de départ.

Ensuite, "Entrez dans la danse..." répond aux besoins repérés par des

responsables de la politique culturelle de la ville , à savoir de construire des

interactions entre les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles.

Enfin, il est apparu, lors des divers entretiens, que la Mairie de Paris voulait

offrir, à sa ville et à ses habitants, une manifestation populaire, des pratiques

chorégraphiques et dansantes qui soit d'envergure et de qualité.

Au fil de l'avancée du projet, les échanges de courriers avec l'Hôtel de Ville ont

évolué vers des appels téléphoniques provenant du Cabinet du Maire de Paris

témoignant de l'attention croissante de Thomas San Marco, Chef adjoint du Cabinet et

de Christophe Girard, Adjoint au Maire de Paris, Chargé de la culture pour "Entrez

dans la danse...". Nous espérons les rencontrer dans les mois à venir. Nous avons eu

un premier entretien le 4 avril 2003 avec Tatiana Lobadovsky, directrice du théâtre et

de la danse de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris. Elle confirmait

son désir d'apporter de l'aide au projet, dans la mesure où ce dernier établissait des

ponts entre amateurs et professionnels. Elle avait eu de nombreux retours positifs suite

à la lecture du dossier de partenariat faite par différents décisionnaires de l'Hôtel de

Ville et de la DAC. Elle a demandé à voir le travail des compagnies et des groupes ou

solos retenus pour se rendre compte de la qualité artistique de nos choix. Elle nous a

ensuite expliqué que si elle donnait un avis favorable au dossier, le projet ayant déjà

suscité l'intérêt de divers élus, la Commission du Conseil de Paris, ainsi que la

Commission budgétaire entérineraient probablement la décision. Elle nous a proposé

son aide en amont pour que le dossier que nous déposerons pour les commissions soit

le plus abouti et le mieux renseigné possible.

Page 86: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

86

III-3-A-b Les limites

Il apparaissait très clairement, dès les premières entrevues, que la principale

barrière pour une implication concrète dans la mise en oeuvre de ce projet, serait

d'ordre financier. Avec honnêteté, Nadine Rémy, Chargée de la culture à la Mairie du

XIIème et Karen Taïeb, Déléguée aux manifestations culturelles, m'ont annoncé que

sans investissements privés, il n'y aurait pas d'investissements publics, d'autant que le

pilotage de cette manifestation était assurée par une "jeune association". Tout semblait

dépendre de notre capacité à rallier des partenaires de qualité, et au moins une figure

renommée de la danse qui pourrait parrainer l'événement, le crédibiliser tant au niveau

chorégraphique, qu'au niveau institutionnel.

Une autre réserve émise plus tard par la Directrice du théâtre et de la danse de

la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, est que cette fête n'entre pas

dans les cadres conventionnels de soutien de la Ville de Paris. Les subventions sont

accordées à des chorégraphes en résidence dans un lieu culturel appartenant à la Ville

de Paris et développant une politique de créations et de diffusions innovantes.

Cependant, leur volonté apparente de voir naître une manifestation de danse qui

pourrait s'étendre de quartier en quartier sur Paris, sur la base d'un concept solide qui

rallierait les différents réseaux, semblait rendre contournable la définition stricte de

l'attribution des subventions au secteur de la danse.

Madame Yannick Kergreis est détachée par la DAC afin d'enquêter sur les

différents acteurs de la danse et la pratique amateur sur Paris. Le 22 mai 2003, elle

nous a confirmé le désir de la Municipalité de mieux distribuer les financements et

notamment, en direction des structures qui proposeraient des concepts élaborés

capables de rallier les énergies, les initiatives des réseaux, d'embrasser la population,

et de créer une dynamique citoyenne. D'après Madame Kergreis, "cela est préférable

plutôt que de continuer à essaimer les subventions sur des micro-projets qui souvent

s'essoufflent au bout de quelques éditions, faute de moyens techniques, financiers et

Page 87: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

87

humains, et ne répondent pas à l'exigence qualité qui était sous-entendue au départ des

négociations. Il ne faut pas forcément instrumentaliser."109

III-3-B Les partenaires privés

III-3-B-a Un enthousiasme suivi de faits

Le premier contact établi avec un partenaire privé a été celui de la direction de

Bercy-Village, propriétaire notamment du Cours Saint-Emilion, l'un des cinq lieux où

nous souhaitions faire intervenir démonstrations et déambulations interactives. Ce

dernier nous avait octroyé, en amont de la mise en oeuvre du projet, l'autorisation

d'effectuer notre enquête au sein de la zone piétonne dépendant de son aval.

Dès la première entrevue, la position de demandeur, et le rapport de force

dominant/dominé dans lequel nous étions de fait, a évolué pour faire place à une

relation d'échanges productifs qui laissait présager une future collaboration.

Selon la Chargée d'animation et la Chargée de communication, le directeur serait

favorable à la mise à disposition du Cours Saint-Emilion pour un tel événement, si

notre manifestation se déroulait un dimanche (le samedi étant un jour d'affluence

commerciale très forte), et si elle avait une ampleur et une portée médiatique qui

dépassait le cadre de Bercy-Village.

Il semblait disposer à un prêt de matériel, de locaux pour les loges des artistes,

et à prendre en charge une partie de la communication sur le site.

Au fur et à mesure des rendez-vous, le sérieux de l'avancée du projet et la prise

en compte des suggestions émises par les interlocuteurs ont créé une ambiance de

concertation, un début de collaboration et de confiance. La négociation ainsi engagée a

109 Extrait de l'entretien téléphonique de Madame Yannick Kergreis, détachée par la Direction des Affaires

Culturelles de la Ville de Paris pour établir un rapport sur les acteurs de la danse à Paris et sur les pratiques amateurs,

réalisée par Valérie Gros-Dubois, le jeudi 22 mai 2003.

Page 88: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

88

abouti d'ors et déjà à la rédaction d'une lettre qui stipule l'engagement de principe des

partenaires, reprenant les termes des aides précitées, qui précise leur volonté de nous

accorder une participation financière substantielle, ainsi que leur désir d'être associés à

cette manifestation. Cette lettre de soutien a été rédigée aussi dans le but clairement

exposé de susciter l'adhésion d'autres partenaires, conscients que l'investissement de

personnes d'influences pouvait en convaincre d'autres de suivre leur exemple.

Il est évident que la direction de Bercy-Village a bien cerné les bénéfices

qu'elle pourra retirer d'une telle manifestation, à savoir, la possibilité d'améliorer

l'image de l'entreprise, de faire évoluer son identité commerciale en développant un

axe culturel qui lui donnera une dimension plus humaine ,et qui va dans le sens de la

politique récente de village-culture, lieu marchand et culturel.

Le second contact privé s'est fait sous l'impulsion du premier, puisque le

directeur de Bercy-Village fait partie du bureau de l'Association des Commerçants du

quartier de Bercy. Il nous a donc introduit auprès du Président de l'association qui s'est

prononcé en faveur du projet. Il s'est engagé à le présenter devant la prochaine

Assemblée Générale de son association pour obtenir un premier accord de principe au

soutien financier de la manifestation. Selon lui, notre projet de manifestation culturelle

"cadre parfaitement avec la qualité d'animation que recherche la commission culturelle

mise en place par le Conseil de Quartier"110

auquel il participe.

Nous avons également commencé un dialogue avec le Ministère des finances

qui a une partie de ses locaux Place des Vins de France, autre site d'élection pour

notre fête. Le Ministre a marqué un réel intérêt à la lecture de notre dossier-partenaire

et son sous-directeur des supports de communication nous a dirigé vers trois

associations culturelles du Ministère susceptibles de soutenir notre action. Les

négociations sont en cours.

110 Extrait de l'entretien mené auprès du Docteur Joël Tordjman, pharmacien et Président de l'Association des

Commerçants du quartier de Bercy par Valérie Gros-Dubois, le 6 mars 2003.

Page 89: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

89

III-3-B-b Autres partenaires pressentis

Au cours des mois qui vont suivre, nous pensons aussi développer une

collaboration et un partenariat avec les institutions suivantes :

- La Préfecture de Paris, dans le cadre de la politique de la ville et des autorisations ;

- l'Unesco et l'ITT, dans le cadre de la Journée Internationale de la Danse, le 29 avril ;

- la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le cadre de sa politique de partenariat en

faveur de la danse ;

- la RAPT ;

- le Ministère de la Culture,

- le Ministère de l'Education Nationale,

(Concernant ces deux ministères, les dernières élections présidentielles nous ont

ramené au point de départ, et ont annulé les premières prises de contacts qui

semblaient favorables au projet.) ;

- le CND.

D'autres seront aussi envisagés.

Compte tenu du budget prévisionnel ambitieux, la recherche de nouveaux

partenaires est vitale, les négociations seront sans aucun doute la partie la plus âpre de

la mise en oeuvre.

Page 90: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

90

III-3-C Les intérêts ou motivations avoués et inavoués

Ainsi, être partenaire d'un projet qui établit des ponts entre la population et les

divers acteurs de la vie sociale et locale, entre les habitants et les artistes, entre les

professionnels de la danse et les amateurs, entre les générations, attire... Quand le

dialogue est établi, chacun se sent investi, et alors, le soutien afflue. La concertation et

les négociations commencent.

Dès lors qu'un ou plusieurs partenaires privés potentiels affirme son appui

effectif au projet et entre dans un partenariat, les élus locaux se sentent plus en

confiance. A leur tour, ils commencent à engager des contacts, des démarches

concrètes, tels qu'un suivi constant du développement du projet, une amorce de soutien

et d'informations liés aux aspects techniques, logistiques et financiers, et aux délais.

Ceci s'est avéré vrai pour la Mairie du XIIe arrondissement et pour la Mairie de Paris.

Nous avons nettement senti que la participation financière potentielle et l'intérêt

évident que manifestait la Direction de Bercy Village pour "Entrez dans la danse..."

avait marqué un tournant décisif dans l'attitude des élus et avait participé à rallier

l'équipe culturelle de la Mairie de Paris et de la Mairie du XIIe pour que le projet

devienne effectif en 2004.

Le report du projet sur l'année 2004 nous a semblé évident puisque l'ensemble

des partenaires privés n'était pas encore mobilisé, et que les délais pour les diverses

commissions allaient obliger tous les acteurs du projet à travailler dans l'urgence. Ce

qui n'apparaissait pas souhaitable pour nouer des relations qui participeraient à

pérenniser l'événement.

Par ailleurs, chacun des acteurs mobilisé autour du projet, agit avec des intérêts

et des motivations très divers. Certains peuvent être tentés de se l'approprier. Par

exemple, de notre propre initiative, mais aussi encouragée par Nadine Rémy, nous

Page 91: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

91

nous sommes rapprochée de Karine Saporta111

, qui anime Le Dansoir dans le XIIe

arrondissement, pour une éventuelle collaboration et un parrainage de l'événement.

Elle s'est montrée d'autant plus réceptive qu'elle avait eu une idée similaire et m'a

demandé de venir exploiter mon projet à Caen, car elle y avait de solides appuis. Sa

proposition pouvait sembler alléchante, mais sa forte personnalité, et son attitude

laissaient présager une absorption du projet par son équipe. Rester maître du pilotage

du projet devient alors un exercice de style et un enjeu périlleux, que seules la

diplomatie et la négociation peuvent permettre112

.

111 Directrice du Centre National de la danse à Caen, chorégraphe, et organisatrice de nombreux projet.

112 Concernant l'art de négocier, conf. ARONCENA (J). Le développement par l'initiative locale, L'Harmattan,

Paris, 1986.

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92

IV-ANALYSE D'UNE SITUATION SPECIFIQUE

ET LES LIMITES D'UN DISPOSITIF

Copyright Christine Fricker, Marseille, 2003.

Page 93: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

93

IV-Analyse d'une situation spécifique et les limites d'un dispositif

IV-1 Réserves et solutions envisagées

"Entrez dans la danse...", au cours de sa mise en oeuvre, et grâce aux outils de

la recherche universitaire, a commencé à démontrer que tous les paramètres ne

peuvent être anticipés.

IV-1-A Les éléments masqués

Nous ne sommes pas en mesure d'identifier toutes les réticences ou les facteurs

d'adhésion des différents partenaires. Ils sont souvent liés à des contextes politiques,

économiques, sociaux. Les intérêts peuvent être divers (la plupart du temps, on parle

de "vitrine politique"). Il est alors essentiel pour l'équipe de pilotage d'adopter une

attitude d'ouverture qui permet à chaque rendez-vous, chaque conversation d'être une

source riche d'informations tant au niveau du discours, de l'ambiance, qu'au niveau du

non-dit et de la non-verbalité. Il nous faut être capable de repérer et d'utiliser tous les

éléments mouvants pour en tirer partie et pour rebondir en faveur de la concrétisation

du projet.

Sur la quasi-absence de la danse et des bals dans les rues de Paris, nous a été

répondu ceci : "A une époque encore récente, c'était vrai. Sans doute, pour des motifs

de sécurité, de lois, de logistique, de détournement de la circulation trop important, et

aussi, parce que les effets des bals, notamment, étaient devenus incontrôlables.

Aujourd'hui, les choses sont envisagées différemment. On voit d'ailleurs se multiplier

les festivals de rue, où la danse trouve de plus en plus souvent sa place"113

. Cet élément

évasif de réponse méritera d'être creusé en parallèle avec la mise en oeuvre du projet,

et auprès de la Préfecture de Paris. Nous devons être conscients des résistances, que

113 Témoignage d'une personne qui n'a pas souhaité être citée.

Page 94: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

94

nous pourrons encore rencontrer à ce sujet.

France Schott-Billmann, dans son ouvrage Le besoin de danser114

, au sujet de la

techno-parade affirme que "le peuple a fait d'une parade musicale une véritable fête de

la danse".

Nous tenions à souligner le regard qu'elle porte sur les tentatives de répression

de cette culture techno, car nous pensons qu'il met en lumière les craintes que peuvent

susciter de telles manifestations populaires tant auprès de la population que des

pouvoirs publics. Elle raconte à ce propos : " L'union du corps à cette puissante

musique suffit à rendre infatigables de nombreux danseurs. Mais d'autres s'aident de

drogues, ce qui entraîne actuellement une répression accrue de ces fêtes, déjà

suspectes en raison de l'intensité sonore d'une musique répétitive insupportable aux

voisins, du "look" étrange de ces nouveaux primitifs [...].

Les pouvoirs publics, perplexes, distribuent de façon assez incohérente interdictions et

autorisations. Dès 1991, un essai de réglementation conduit les raves à devenir de plus

en plus clandestines mais elles sont parfois autorisées sous des formes gigantesques

[...]115

. Le 29 mai 1996, la question des raves est examinée à l'Assemblée nationale qui

décide une politique répressive suivie depuis par le ministre de l'Intérieur. En

septembre 1996, les ravers organisent dans les rues de la capitale une manifestation

avec pour slogan : "Laissez-nous danser." Le mouvement gagne à sa cause des alliés

inattendus, ministres de la culture, Jack Lang puis Catherine Trautmann. Après la

multiplication des interdictions et des interventions policières contre plusieurs raves

[...] en 1997, Jack Lang prend position en leur faveur [...]. Trouvant absurde que Paris

ait interdit des manifestations musicales sous prétexte de sécurité, il ajoute : "Le public

de la techno est admirable, sympathique et gentil. La techno n'est pas un phénomène

passager et ne peut être dissoute par la répression.116

" Aujourd'hui, soutenues par des

sympathies officielles, beaucoup de rave-parties sont désormais autorisées. Par contre,

114 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001.

115 [en 1992, l'une d'elles rassemble deux mille cinq cent personnes à la Grande Arche de la Défense à Paris.]

116 Courrier international, N° 369, novembre-décembre 1997, p. 16.

Page 95: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

95

les "free-parties", fêtes gratuites organisées par les ravers eux-mêmes, restent

interdites et confidentielles."117

Concernant la danse hip-hop, le même auteur nous parle de son évolution de la

rue vers la scène : "En 1999, ont lieu les premières rencontres nationales de danse

urbaine qui passionnent un public diversifié et de nombreux chorégraphes s'inspirent

maintenant de ce mouvement rebelle".118

Nous constatons que ces deux mouvements témoignent d'une recherche d'un

mode d'expression et/ou de transgression, et de rébellion, d'un esprit de fête pour la

culture techno, et d'un esprit de transmission par l'imitation pour la culture hip-hop.

Nous repérons des tentatives différentes d'intégration de ces mouvements par les

institutions publiques pour enrayer les débordements que peuvent provoquer de telles

manifestions.

Les motifs de "contrôle" et de sécurité, qui poussaient les autorités à éradiquer

certaines pratiques populaires dansées (les bals de plein air par exemple), semblent

amener aujourd'hui les pouvoirs publics à les intégrer. Ce phénomène révèle peut-être

l'enjeu politique d'absorber la violence ambiante et les revendications sous-jacentes de

ces mouvements culturels et de culture. En effet, en offrant aux danseurs de hip-hop

une scène et une reconnaissance légitime des institutions et du milieu chorégraphique,

en accordant des autorisations pour les raves-parties, on donne aux uns et aux autres

un cadre qui permet de les "cerner" au sens propre comme au sens figuré.

Ce contexte devrait jouer en faveur de notre fête de la danse. D'autant plus que

la place du corps de l'individu est interrogée par le nouveau découpage géo-politique

de l'Europe, et par la mondialisation. L'élargissement de notre fête de la danse sur un

plan national, puis international veut favoriser une humanisation, et une fraternité entre

les personnes d'un même pays, et des nations entre elles. L'engagement associatif et

humanitaire, les mouvements de jeunes autour des raves-parties et les danses de rue

117 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001. P. 32-33.

118 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001. P. 29.

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96

issues des quartiers défavorisés, intégrés dans notre société, témoignent d'une

recherche de l'être humain, et de sa quête de liens et d'unité.

IV-1-B Des artistes en "concurrence : bénévoles/rémunérés

Nous avons été amenés à choisir une double logique économique pour permettre

la viabilité financière du projet : d'une part des artistes professionnels rémunérés,

d'autre part, des artistes amateurs bénévoles. Ménager les susceptibilités des uns et des

autres au sein du dispositif de la fête sera un des enjeux de la réussite de la

manifestation, et la garantie d'une bonne ambiance. L'idée étant que sur chaque lieu de

représentation interviennent professionnels et amateurs. Une signalétique claire doit

être en place tant sur le programme distribué que sur les lieux, afin que les

interventions ne se desservent pas entre elles, et que les publics aient des repères sur le

genre, et sur le niveau des compagnies en présence. Une option est aussi à l'étude :

certains groupes amateurs seraient encadrés par des compagnies professionnelles et

intégrés dans la présentation professionnelles.

III-4-C Une manifestation coûteuse

Cette première édition est chiffrée à 163 120 euros (soit 1 070 000 Francs)

en estimation haute. Elle ne pourra voir le jour sans un budget minimum de 91 469

euros (soit 600 000 francs) et avec des apports en nature substantiels.

S'il apparaît que la concrétisation de la première édition d' "Entrez dans la

danse..." soit en bonne voie, la recherche de multiples partenariats, et la difficulté

d'entretenir ces derniers par les seuls efforts de la structure Mouvance d'Arts, posent

problèmes. En effet, la reconduction de l'événement restera tributaire des intérêts de

chacun, lesquels évoluent constamment en fonction des événements politiques,

économiques et sociaux. Envisager ce fonctionnement au niveau national semble

aléatoire, voire difficilement réalisable en l'état.

Nous suivons Marc Jimenez lorsqu'il affirme que "si les lois du marché n'influent

Page 97: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

97

directement ni sur le rôle des médias, ni sur le contenu de la culture de masse, ni sur le

mode de réaction des consommateurs culturels, ignorer l'impératif catégorique de la

rentabilité économique relèverait de la pure naïveté"119

. Il s'agit pour nous de trouver,

dans un premier temps, un moyen d'équilibrer nos charges et nos produits, dans un

second temps, de trouver un moyen de contourner les fluctuations des intérêts

économiques de chacun.

IV-1-D Résolution du problème

Le Ministère de la Culture et de la Communication a publié dans la Lettre

d'Information numéro 103 de février 2003 un dossier intitulé "Le plan gouvernemental

en faveur du mécénat et des fondations". Ce document annonçait une réforme

présentée au Premier Ministre par Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture et de

la Communication, qui aurait "pour vocation unique, celle de rendre aux citoyens, aux

entreprises, et à l'ensemble de la société civile, leur liberté de participer aux grandes

causes nationales en rappelant que l'Etat n'a pas le monopole de l'intérêt général". Les

propositions majeures portaient sur des incitations fiscales, sur une accélération et une

simplification de la reconnaissance d'utilité publique.

Cette réforme devenue effective (surtout en faveur du maintien des trésors

nationaux sur le territoire français) pourrait cependant nous concerner et devenir un

atout en matière de partenariat, si nous parvenions à rassembler les éléments

constitutifs de l'utilité publique.

Pour une fête nationale, il apparaît évident qu'il conviendra de rassembler plus

de bénévoles et d'amateurs et de les appeler à s'emparer d'une journée pour montrer

leur réalisation dans les rues, en suivant quelques principes d'organisation.

Une autre solution sera d'envisager autrement le positionnement de l'association

au coeur du dispositif stratégique de médiation. Cette option est développée dans la

partie suivante.

119 JIMENEZ (M). La critique. Crise de l'art ou consensus culturel ? , Editions Klinchsieck Esthéthique, Paris,

1997.

Page 98: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

98

IV-2 Médiation pour un nouvel accès à la culture chorégraphique :

"Entrez dans la danse..."

IV-2-A Le dispositif de médiation : "Entrez dans la danse...",

version 2004

IV-2-B Evolution du projet

Pour l'extension nationale d' "Entrez dans la danse...", et sur la base de l'analyse

du fonctionnement et des retombées de la première édition, Mouvance d'Arts ne se

présentera plus comme la structure d'organisation de cette fête. Elle se positionnera

comme étant la créatrice d'un concept éprouvé dont les institutions et la population

s'empareront, afin de mettre la pratique de la danse à l'honneur dans leur espace.

L'équipe de l'association après avoir négocié le concept auprès des institutions en

Page 99: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

99

mesure de le médiatiser, assurera auprès des initiatives locales un rôle de conseil et de

coordination de l'événement. Gageons que les danseurs professionnels ne tarderont pas

à se manifester pour faire événement dans l'événement comme c'est le cas pour la Fête

de la Musique. Ces derniers pourraient alors trouver leur rémunération directement

auprès des institutions, qui, par leur partenariat, assureraient le rayonnement de leur

image auprès du citoyen, mais aussi, le rayonnement de leur ville.

Ce fonctionnement était notre postulat de départ, y compris pour la première

édition. Cependant, nous nous sommes trouvée dans la position de devoir prouver

notre capacité à mettre en oeuvre, à gérer une telle "utopie", puisque d'autres y avaient

pensé sans pourtant oser aller jusqu'au bout des résistances. Au fur et à mesure de nos

rencontres institutionnelles, cette option réapparaît comme la seule alternative à

l'extension nationale. Elle est d'ores et déjà à l'étude.

Dans cette optique, mais dans un tout autre registre que la danse, l'exemple du

succès d'Immeubles en Fête120

nous encourage dans cette voie.

Démocratiser la culture chorégraphique peut continuer à être une utopie si on ne

restaure pas la fonction sociale de la danse qui est de générer des liens, des relations,

des réseaux.

Au-delà des discours intellectuels, politiques, économiques, démocratiser la

culture chorégraphique peut devenir réalité.

120 L'histoire d'Immeubles en fête : "L'idée d'Immeubles en Fête est née en 1990 quand Anatase Périfan et un

groupe d'amis créent l'association "Paris d'amis" dans le 17e arrondissement de Paris pour renforcer les liens de

proximité et se mobiliser contre l'isolement. En 1999, l'association lance dans le même arrondissement ce qui

deviendra la Fête des voisins. Le succès est immédiat puisque 800 immeubles y participent, permettant de mobiliser

plus de 10 000 habitants. En 2000, grâce au soutien des Maires de France, 30 municipalités parrainent l'opération.

Dans tout le pays, 500 000 personnes se retrouvent autour d'un verre entre voisins. En 2001, 70 villes et 20

organismes HLM contribuent au succès grandissant de l'événement, permettant ainsi à plus de 1 000 000 de

personnes de prendre part à l'opération Immeubles en fête. L'association des Maires de France, l'Association des

Maires de grandes villes de France et l'Union nationale HLM s'impliquent fortement. En 2002, la dynamique

s'amplifie encore : 126 municipalités et des offices HLM sont partenaires. Pour cette 3e édition nationale, plus de 2

000 000 habitants se sont mobilisés dans toute la France. En 2003, Immeubles en fête prend une dimension

internationale et s'installe en Belgique, au Portugal et en Irlande." L'objectif pour cette première édition internationale

était d'atteindre les 3 000 000 participants pour le mardi 27 mai. Ce texte est emprunté au site internet d'Immeubles en

fête.

Page 100: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

100

Il s'agit de faire comprendre aux parties intéressées, publics/danseurs/partenaires, qu'

"Entrez dans la danse..." est une occasion de provoquer des rencontres entre danseurs

amateurs et professionnels, entre la population du quartier, entre les différents publics

et ces danseurs, entre voisins aussi, pour rompre avec l'isolement des villes, avec

l'anonymat, avec les idées reçues.

Participer à "Entrez dans la danse..." sera très simple : le jour de la fête,

l'initiative de chacun (groupe ou individu, professionnels ou amateurs) trouvera sa

place et chacun pourra partager son savoir-danser avec les autres, en le donnant à voir

ou à danser.

L'organisation de la fête "Entrez dans la danse...", dans la plupart des cas,

pourra être légère et bénéficier des conseils de l'association : choisir un lieu (places,

kiosques, rues, trottoirs, jardins, parcs, cours d'immeubles, escaliers, métros) pour se

mettre en scène, sonoriser à dimension humaine, dans le respect de quelques règles de

sécurité et de procédures (demande d'autorisations auprès des organismes compétents.

Des accords avec la Sacem seront négociés par Mouvance d'Arts). Ceux qui auront

besoin d'une logistique plus pointue se tourneront vers des partenaires institutionnels,

privés, ou des sponsors qui associeront leur image au concept de la Fête. Les publics

(danseurs en puissance) et les danseurs professionnels et amateurs seront ensemble les

véritables acteurs du succès de cette manifestation.

Certaines personnes se sont exprimées à propos de la décentralisation121

qui doit

aussi, selon nous, favoriser l'accès à la culture pour tous. Elle soulève cependant pour

les chorégraphes et les compagnies, la question des critères artistiques, de la garantie

d'indépendance, de la peur du clientélisme. Ils expriment la crainte "d'une porte

ouverte à un nivellement vers le bas"122

, se posant la question suivante : "Les

121 Transfert de compétence de l'Etat aux collectivités locales et territoriales.

122 Extrait de l'article Réalités du transfert rédigé par Agnès Izrine dans la rubrique intitulée Attitude : La

décentralisation, in Danser n°215, novembre 2002.

Page 101: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

101

compagnies "locales" ont-elles le même niveau que celles qui sont subventionnées par

l'Etat ?"123

. Si le milieu artistique est demandeur d'une garantie de l'Etat, ce n'est pas

seulement pour une question d'argent : pour l'instant, l'Etat est la seule instance qui

possède des experts. Nous savons que proposer une fête de la danse où amateurs et

professionnels sont ensemble les artisans d'un événement à succès peut soulever des

inquiétudes du même ordre.

Mais à notre sens, c'est la voie pour que la danse, au-delà du discours

intellectuel et des "bonnes intentions" sur l'accès à la culture chorégraphique pour tous,

retrouve cette fonction qui était la sienne et redevienne un art de vivre et de danser

ensemble.

123 Ibid. Extrait de l'article Réalités du transfert rédigé par Agnès Izrine dans la rubrique intitulée Attitude : La

décentralisation, in Danser n°215, novembre 2002.

Page 102: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

102

CONCLUSION

Le rapport du public à la danse, aux danseurs, aux spectacles de danse et à son

environnement, ainsi que le rapport des chorégraphes et des danseurs professionnels et

amateurs à la scène et aux publics peuvent être modifiés par notre manifestation

"Entrez dans la danse...". Notre travail de recherche s'est axé autour de cette

problématique.

Nous avons démontré par l'analyse des questionnaires que les personnes

sondées n'ont pas pour la plupart une forte pratique de la danse ou une véritable

fréquentation des spectacles chorégraphiques. Nous constatons malgré cela que le

projet a rencontré une forte adhésion. Nous pouvons donc conclure que nous pouvons

mobiliser la population d'un quartier et faire naître un réel intérêt pour la danse et sa

pratique à travers une fête de la danse.

Par ailleurs, l'hypothèse selon laquelle la rue peut-être une scène pour toutes les

formes de danses, a été entérinée par les publics interrogés, et par la plupart des

professionnels avec lesquels nous nous sommes entretenus. Ces derniers soulignaient

cependant que, d'une part, la mentalité protectionniste, voire frileuse de certaines

disciplines pouvait être une entrave, et que, d'autre part, la façon d'amener chaque

forme de danse dans l'espace public devait être repensée au moins dans son rapport au

public.

Une autre de nos hypothèses validées par les méthodes de recherche, est que

l'interactivité des danseurs et des publics en présence directe par le biais des

déambulations, des démonstrations auxquelles les publics sont appelés à participer en

dansant, favorise une incitation aux pratiques interpersonnelles et amène la rencontre

collective. La ritualisation engendrée par la pratique de la danse en groupe soude les

membres d'une société en eux. Nous ne pourrons pas l'affirmer dans l'immédiat

concernant notre fête de la danse. La justesse de cette hypothèse ne pourra être

Page 103: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

103

mesurée qu'à la suite de la manifestation en recueillant les témoignages des

participants. Pour le moment présent, nous pouvons juste nous appuyer sur les constats

faits par la sociologie en cette matière et sur les recherches de France Schott-Billmann

qui défendent ensemble ce phénomène appliqué à la danse.

Le cadre extérieur de la manifestation, les lieux rapprochés dans lesquels se

dérouleront les diverses interventions chorégraphiques, la signalétique d'information

pour la population doivent participer à la rencontre des publics avec les nouvelles

formes de danses autant qu'avec les anciennes, en partie aussi sur l'invitation des

danseurs professionnels et amateurs qui feront le lien. Là encore, nous ne pourrons

valablement valider cette hypothèse et cette volonté du projet uniquement après le

déroulement de la fête.

Nous confirmons l'idée que nombre de chorégraphes et de danseurs professionnels ou

amateurs ont le désir de prendre des risques pour tenter des expériences

chorégraphiques en plein air et se mettre à la portée de tous les publics. Ils se sont

montrés prêts à l'interaction avec les publics, à les intégrer dans le déroulement de leur

spectacle, à modifier leur conception de l'espace scénique pour l'adapter à l'espace

urbain, et à changer la construction de leur pièce chorégraphique, si cela s'avérait

nécessaire.

Nous avons cependant conclu que nous ne pourrons pas amener les professionnels à

cette participation sans qu'ils soient rémunérés pour leurs prestations, au même titre

que les amateurs. C'était sans compter avec la réalité du terrain chorégraphique.

L'hypothèse selon laquelle des passionnés de leur art accepteraient, une fois

dans l'année, de donner leurs oeuvres à voir sans recevoir une rémunération, avec

l'objectif atteint de l'accès pour tous à la culture chorégraphique, s'est effondrée dès les

premières rencontres. Les deux raisons principales avancées le plus souvent sont les

suivantes : "on a déjà donné" et "la reconnaissance d'une vraie qualité artistique passe

par la rémunération". Evidemment, il y a aussi des raisons purement existentielles : les

Page 104: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

104

chorégraphes, les danseurs et l'équipe qui les soutient dans leur travail de création et

de représentations ont besoin d'assurer un quotidien et d'assumer leurs responsabilités.

L'infirmation de cette hypothèse a bouleversé de manière significative le budget

prévisionnel rendant cette manifestation coûteuse. Le positionnement de notre

association en qualité d'organisatrice sera peut-être remis en question.

En ce qui concerne les danseurs amateurs ou en voie de professionnalisation, les

témoignages recueillis ont confirmé l'opportunité pour eux d'être présents dans cette

fête, le désir de reconnaissance étant leur motivation pour rallier le projet.

Les entretiens réalisés auprès des professionnels de la danse ont confirmé que

danser dans la rue, amener des spectacles conçus initialement pour la scène dans

l'espace urbain entraînent inévitablement un renouvellement de la conception, de la

construction chorégraphique et des conditions de représentation. Il en va de même du

rapport aux publics. Aussi, pouvons-nous valablement soutenir que le concept d'

"Entrez dans la danse..." va participer au renouvellement de la création et de la

créativité en permettant aux chorégraphes et danseurs d'explorer d'autres champs

expérimentaux, en les incitant à se dégager des contraintes institutionnels ou des

diffuseurs, réductrices pour le foisonnement créatif que nous avons connu dans les

années 80-90.

Avec Daniel Conrod, nous nous sommes interrogée sur ce que sera la danse

dans les années à venir, et nous sommes d'accord avec lui pour donner à la pratique

chorégraphique un nouvel espace de liberté : "Du moins ne peut-elle ignorer que la

question du moment concerne sa place dans l'espace public, et relève de l'éthique et de

la politique davantage que de l'esthétique. C'est le noeud du problème. Qu'elle

abandonne un instant le chemin des ministères, des conseils régionaux, généraux,

municipaux, qu'elle se défasse des règlements, des conventions, qu'elle se débarrasse

des communicateurs et de ses multiples gestionnaires. Qu'elle délaisse un instant ce

qu'elle connaît et pratique comme une habitude et regarde le monde tel qu'il est

aujourd'hui. Alors, nous verrons autre chose sur les plateaux. Qu'elle se retrouve seule,

vigilante, sans vanité, avec ses armes propres, face aux humains, face au monde, pour

Page 105: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

105

leur dire ce qu'elle a à leur dire, leur montrer ce qu'elle doit leur montrer. En tout

premier lieu, la liberté du corps dans le temps et l'espace, la puissance irremplaçable

de l'acte de représentation et de l'indignation. Alors, nous verrons autre chose... Qu'elle

change d'échelle, sorte de ses laboratoires et se montre au grand jour avec moins de

plomb dans les chaussures et plus d'azur dans la tête. Qu'elle témoigne de l'humanité

dans un monde où la question de l'humanité est très exactement la question majeure.

L'utopie d'aujourd'hui"124

.

Nous pensons qu' "Entrez dans la danse..." offre des perspectives multiples à

tous ceux qui vont dans le sens de l'ouverture.

Grâce au choix des lieux, à la démarche des chorégraphes et des danseurs allant

à la rencontre des publics, et à l'adhésion de ces derniers, nous pouvons également

conclure qu'une fête de la danse peut transformer les sites urbains en des espaces de

convivialité et de communication. Tous sont unanimes : la vie, l'ambiance, le partage,

la communication non-verbale et la communion émanent de la danse elle-même. Si les

danseurs véhiculent ces valeurs, elles feront partie de ces lieux, qui deviendront à leur

tour dans la mémoire et dans le quotidien des populations, des espaces conviviaux

favorisant la communication par la trace qu'elles auront laissée.

De ce fait, cette fête des danses peut amener des pistes de réflexion pour la politique

de la Ville qui a cette volonté manifeste de redonner aux espaces urbains leurs

fonctions d'échanges et de rencontres favorisant les liens sociaux.

Enfin, les réponses du public-population, des chorégraphes et danseurs tant

amateurs que professionnels soutiennent l'hypothèse que, dans la conception qu'elle

développe, "Entrez dans la danse..." rend les pratiques dansées accessibles à tous, et

par la même, participe efficacement à la démocratisation de la culture chorégraphique

et de la culture des danses auprès des publics.

124 Extrait de l'article Pour plus d'azur dans la tête de Daniel Conrod, dans le mensuel Danser n°220 "Numéro

anniversaire 20 ans", avril 2003.

Page 106: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

106

La volonté de la manifestation qui est de permettre aux danseurs professionnels,

aux danseurs amateurs et aux publics d'être ensemble les véritables acteurs du succès

de cette fête de la danse, lui donne toutes les chances de rendre effective cette

démocratisation désirée de tous côtés.

Nous sommes cependant toujours dans la phase de mise en oeuvre, et nous

demeurons de ce fait dans une affirmation théorique qui reste à démontrer, à rendre

vivante et "dansante" sur le terrain.

Cette participation du public escomptée à un moment "T" passe par une action

éducative en amont, une médiation qui prépare les consciences. D'autant que cette

participation n'est pas notre seule attente. Nous espérons que la rencontre dépasse

l'histoire d'un jour, et que nous assisterons à un prolongement durant l'année par

l'adhésion à des cours de danse pour accroître la pratique amateur, ou par la

fréquentation de salles de spectacles de danse. C'est ce que nous entendions

notamment par susciter de nouvelles habitudes chez les publics. La mesure de ces

effets escomptés ne pourra être réalisée qu'avec des années de recul s'il y a

pérennisation de l'événement.

L'accueil réservé au projet par les partenaires publics, et les entretiens avec les

interlocuteurs de la Ville de Paris ont démontré la pertinence d' "Entrez dans la

danse..." qui intervient à un moment clef favorisant certains enjeux de leur politique de

la ville et de leur politique culturelle. Cette fête répond notamment à leurs

préoccupations actuelles suivantes :

- de développer les initiatives qui entraînent la participation des habitants à la vie de

leur quartier, pour rendre vivant le principe de démocratie locale ;

- de redonner à l'espace urbain sa fonction de lien social, d'espace de communication,

de dialogue et de convivialité, pour enrayer l'isolement, le sectarisme et l'insécurité ;

- de construire des ponts entre les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles ;

- d'offrir à Paris une manifestation populaire des pratiques chorégraphiques et

dansantes d'envergure et de qualité.

Page 107: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

107

L'objet de notre étude se situant dans le cadre d'une recherche expérimentale,

nous sommes conscients qu'au fil de la mise en oeuvre, l'état de la recherche va

continuer à s'approfondir et à s'enrichir des expériences d'autres projets analysés,

d'autres réflexions recueillies. Ces apports, issus des outils universitaires, ne pourront

figurer dans la démonstration de notre Travail d'Etude et de Recherche, mais c'est ainsi

pourtant que notre projet va prendre toute sa force et sa cohérence : en prenant appui

sur une réflexion théorique nourrie de celles des autres et sur les expériences passées

et actuelles, riches d'apprentissages multiples, et dont le projet a besoin de se nourrir

pour être réceptif, souple, capable de rebondir.

Il est essentiel de reconnaître que notre analyse s'est concentrée sur un objet-test

original, événement à venir, "Entrez dans la danse...", ne nous permettant pas de

rendre compte avec assurance de la réception finale. Si le modèle de la Fête de la

Musique a été évoquée sommairement, et que les données de départ diffèrent, le

succès immédiat de cette proposition mérite cependant une analyse minutieuse afin d'

examiner les mécanismes, et, en quoi ils pourraient s'appliquer à notre manifestation.

Il en va de même pour l'exemple d'Immeubles en Fête.

Un projet construit sur des fondations solides et référencées séduit davantage les

partenaires en donnant à ceux qui le défendent une force de conviction et une

détermination qui sont nécessaires à tout projet ambitieux.

En conclusion, les premiers engagements des partenaires institutionnels et

privés, des chorégraphes et des danseurs professionnels et amateurs, et l'adhésion des

publics attestent de la faisabilité du projet et soulignent le rôle majeur de la médiation

qui est au coeur du dispositif d' "Entrez dans la danse".

Page 108: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

108

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Page 109: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

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Délégation de la danse, Direction de l'Administration Générale, Département des études et

de la prospective, La mémoire de la danse : Mémoire, patrimoine, culture, journée d'étude

organisée avec le concours du Théâtre de la Cité Internationale dans le cadre des Iles de

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*Fiches d'information sur les nouvelles procédures mises en place au 1er Janvier 1998 dans

le cadre de la déconcentration des moyens de l'Etat en faveur du développement

chorégraphique / Ministère de la Culture .

Sites de ressources sur la danse :

> http://www.ladanse.com

> http://www.danceservice.co.uk

> http://www.tanznet.de

> http://www.dancer.com/dance-links

> http://www.danceonline.com

> http://emporium.turnpike.net

Site de ressources sur la sociologie :

> http://www.agorasoc.ovh.orj

Revues et périodiques :

Danser

Les Saisons de la Danse

Ballet intenational

Mouvement

Fédération Française de Danse

Nouvelles de Danse

Art Press

Le Monde

Page 116: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

116

ANNEXES

Page 117: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

117

ANNEXE I

CHARGES Produits en francs

Prestations artistiques 25 916,33 € RATP 22 867,35 € 150000,00

, 4 573,47 € SOGEMA 22 867,35 € 150000,00

Technique 38 112,25 € Mairie de Paris 12 195,92 € 80000,00

Communication 21 342,88 € Mairie du XIIème 4 573,47 € 30000,00

Administration 3 048,98 € Bercy Village 12 195,92 € 80000,00

Personnel 36 587,76 € NOOS 10 671,43 € 70000,00

Imprévus 33 538,78 € Caisse des Dépôts et Consignations 10 671,43 € 70000,00

Crédit Agricole 7 622,45 € 50000,00

DRAC 6 097,96 € 40000,00

Paris Première 6 097,96 € 40000,00

Ministère de l'Economie 6 097,96 € 40000,00

Ibis Accor Hotels 6 097,96 € 40000,00

Pierre&Vacances 6 097,96 € 40000,00

Conseil Général 4 573,47 € 30000,00

Conseil Régional 4 573,47 € 30000,00

La Poste 4 573,47 € 30000,00

SACD 3 048,98 € 20000,00

NCND 3 048,98 € 20000,00

Club Med World 3 048,98 € 20000,00

As. des Com. Pl. Lachambeaudie 2 286,74 € 15000,00

CEBV 2 286,74 € 15000,00

F.F.D. 1 524,49 € 10000,00

TOTAUX euros 163 120,45 € TOTAUX euros 163 120,44 € 1070000,00

TOTAUX Francs 1 070 000, 00 TOTAUX Francs 1 070 000, 00

Page 118: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

118

ANNEXE II

L'équipe de la manifestation "Entrez dans la Danse..."

La manifestation culturelle "Entrez dans la danse" est issue d'un projet et d'une recherche

universitaire conçus et dirigés par Mme Valérie GROS-DUBOIS. Sa mise en oeuvre est possible

grâce à une équipe de travail constituée des membres de l'association Mouvance d'Arts, ainsi que

d'intervenants extérieurs, qui ont su embrasser la vision prometteuse de cette manifestation, et y

contribuer par leurs talents. Le parrainage et la co-direction artistique sont assurés par M. Pierre

Doussaint, chorégraphe contemporain de renom.

Direction artistique

Valérie Gros-Dubois

Pierre Doussaint

Administration

Secrétaire de Mouvance d'Arts

Olga Legars

Administrateur de pierre Doussaint

Gustave Galéote

Présidente de Mouvance d'Arts – Conseils

Trésorière

Géraldine Pourrat

Yolande Béguin

Communication / mécénat

communication/relations presse

Xavière Santarelli

mécénat/communication

David Chanrion

Production/régie générale & technique

directeur technique

Walter Pace

assistant technique

Xavier Cotte

Page 119: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

119

ANNEXE III

PRE-PROGRAMMATION Les personnalités en présence

Parrain et Co-Directeur artistique d' "Entrez dans la danse..." avec Valérie Gros-Dubois

(conceptrice et maître d'oeuvre) : Pierre DOUSSAINT, Chorégraphe, interprète, pédagogue

et bon vivant... Directeur artistique de la Compagnie Pierre Doussaint... Angel Strip, Dialogue

sous chapiteau, les 41ème rugissants, l'Atelier, Vox Populi Vox, le Pain d'Alouette, La Classe...

Il fréquente le bitume et la terre battue depuis son plus jeune âge...

Il est le maître d'oeuvre d'événements festifs tels que "Gododo" spectacle dans la cour du Roi

d'Abomey (Bénin), "Un Dimanche pas comme les autres" (Airvault), "le Pas du Nombril"

(Pougne Hérisson), veillées de danses traditionnelles et contemporaines dans les deux Sèvres,

"Couleurs feux et signe 2000", défilés pour Parade(s) (Nanterre)...

Chorégraphe pour les compagnies Gosh, les Plasticiens Volants...

Directeur artistique du festival des Arts de la rue "Fête des Vendanges" (Suresnes)

Compagnie Pierre Doussaint, Les Acharnés : "Les Brigades Sécuritaires" - déambulatoire

burlesque

Durée : 3 X 30 mn de déambulation

Texte à venir

Compagnie Aki Gahuk, Makissa Diabaté : chorégraphie contemporaine

Durée

Texte à venir

Compagnie Alter Tango : Tango argentin

Durée :

Texte à venir

Compagnie Afro-cubaine, Daniela : chorégraphies Afro-cubaines

Durée

Texte à venir

Compagnie Agma, Nathalie Tissot, chorégraphe et interprête solo : "Sonates pour Fantoches" -

chorégraphie contemporaine

Musique : DJ food

Prokofiev Sonate n°1 op.80

Fuera

Durée : 25 mn

Fantoche est un personnage soti d'un jeu virtuel. Dévié de sa partie, il découvre un autre

fantochard qui le détourne de ses tâches d'épouvantail et l'entraîne dans une rêverie musicale

et dansée. Un hommage aux fantômes, un esprit dans le rideau, dans le paillasson...Eh

Paillasso !

Emilie Buestel & Nicole Garrido : " M " comme métro - chorégraphie contemporaine

Durée : 5 à 10 mn

Texte à venir

Page 120: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

120

Compagnie Flamme&Co Teatro : Flamenco

Durée :

Texte et titre à venir

Florence Portehault & Jung-On Moon : "La tectonique des plaques" - chorégraphie

contemporaine

Durée : 10 mn

Texte à venir

Compagnie GBF Lords, Abdou Ndiaye : chorégraphie hip-hop

Durée : 8 à 10mn

Texte et titre à venir

Silvia Hillard, chorégraphe et interprête solo : "Fa" - chorégraphie contemporaine

Durée : 15 mn

Fa parle de cette note de musique située au quatrième degré de la gamme de do, sur laquelle

l'ensemble des planètes se basent pour graviter autour du soleil...

Compagnie Itinerrances, Christine Fricker : "Ici et maintenant" - pièce déambulatoire

contemporaine avec danseurs et musiciens

Chorégraphe et directrice artistique (Marseille)

Durée : 45 mn

Chaque acte s'inscrit dans un lieu urbain, offrant une autre convention à la danse. A chaque

rendez-vous, les protagonistes s'imprègneront du décor naturel pour une création éphémère et

spontanée. La danse, par son rapport aux matières naturelles, engendrera des énergies qui

circuleront telles des vases communicants ; elle sera également interactive grâce à la proximité

du public.

Compagnie La Pachanga : Démonstration interactive de salsas

Durée : 45 mn

Texte à venir

Compagnie Lo & Co, Laurence de Rosey : "Phénoména" - chorégraphie hip-hop

Création collective

Durée : 5 mn

Texte à venir

Compagnie du Petit côté : "Cadrage-débordement" - chorégraphie contemporaine

Durée : 50 mn

Texte à venir

Compagnie Proverbes : chorégraphies antillaises - quadrille antillais

Durée :

Texte à venir

Compagnie Les Transe-Mutants : "Le Marécage" - chorégraphie contemporaine, danses tribales

- possibilité d'un déambulatoire

Durée : 45 mn

Texte à venir

Page 121: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

121

Compagnie Triade Nomade : "Juego de manos" - tango sur échasses

Durée : 3 tableaux chorégraphiques de 15 mn chacun au sol et en échasses

Triade Nomade est une rencontre entre Jorge Pell, chorégraphe et danseur de tango argentin

et Florence Boutet, Félix Cantero et Marie Falquet, échassiers comédiens.

"Le tango est une possibilité infinie", Léopoldo Maréchal.

Mouvance d'Arts, Valérie Gros-Dubois : Ateliers enfants 3/5ans - "Tranches de rêves"

Durée : 2mn

Texte à venir

Démonstration interactive de salsas cubaine et portoricaine avec les professeurs de La Pachanga

Durée : mn

Texte à venir

Première partie du Bal : Stone et Charonne - Quatuor humoristique

Paname Tropical, et son Bal Déclassé

Le Paname Tropical, c'est le bon plan. Porte de la Fonk, des Biguines, du Baiao, du Sega, ou

de la Bourrée, elles mènent toutes à la danse et à la fiesta des rouges, blancs, jaunes et noirs.

La formation présente ses compositions et comprend 5 individus. Sur scènes on trouve un bar,

des tables, des chaises, des amplis, des instruments, des objets de la rue et surtout une bonne

communicative.

Instruments pratiqués : basse, batterie, guitare, sax alto, clavier, accordéon, banjo,

harmonica, surdo, derbouka, maravane.

Langues chantées : le français, les créoles antillais et mauriciens.

La formation sur scène peut se transformer en troupe ambulante et parcourir les rues au son

des percussions et des saxophones.

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126

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127

ANNEXE VII

QUESTIONNAIRE

Durant 24 heures, dans les rues et les jardins de votre quartier, nous désirons organiser une

fête de la Danse qui réunira tous les genres ( danses de salon, danses classique, contemporaine, jazz,

moderne, hip-hop, danses régionales, danses africaines, créoles...) sous forme de spectacles en plein

air, de démonstrations, d'initiations, de bals.

Afin de mener à bien notre projet " Entrez dans la Danse...", nous souhaitons recueillir vos

impressions par le biais de ce questionnaire.

Nous vous remercions de votre collaboration.

1. Sexe F M

2. Age

- de 15 ans

De 15 à 19 ans De 45 à 54 ans

De 20 à 24 ans De 55 à 64 ans

De 25 à 34 ans De 65 ans et plus

De 35 à 44 ans

3. Profession

Artisan, commerçant ou chef d'entreprise

Cadre

Intermittent

Employé

Ouvrier

Retraité

Congé parental

Sans emploi

Autre inactif

4. Niveau d'études

Aucun

BEPC

CAP, BEP

BAC et équivalent

Etudes supérieures

5. Habitez-vous le quartier de Bercy ?

Oui Non

Si oui, depuis combien de temps ? .................................................................................

6. Aimez-vous la danse ?

Page 128: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

128

Oui Non

si non, pourquoi ?.................................................................................................. ........

7. Quelles sont vos préférences ?

Regarder les autres danser

Danser

Apprendre à danser

Enseigner la danse

8. Savez-vous danser ?

Oui Non

Danse de salon Danse hip-hop

Danse classique Danse régionale

Danse contemporaine Danse africaine

Danse jazz Autres Précisez : ...............

Danse moderne Bouger

9. Dans quels lieux avez-vous l'habitude de danser ?

Boites de nuit

Concerts

Festivals

Cours de danse

Bals

Chez vous

Chez des amis

10. Fréquentez-vous un lieu où l'on danse ?

Si oui, lequel ?............................................................................................................. .

Si non, pourquoi ?................................................................................................... ......

11. Combien de fois dansez-vous par an ?

Pendant l'année :..........................................................................................................

Pendant les vacances :........................................................... .......................................

Autres : .................................................................................................................... ...

12. Allez-vous voir des spectacles de danse ?

Si oui, quel genre ?.......................................................................................................

Et combien de fois par an ?...........................................................................................

Si non, pourquoi ?.........................................................................................................

13. Pensez-vous que la danse est à la portée de tous ?

Oui Non

Pourquoi ?...................................................................................................... ..............

14. Pouvez-vous imaginer que les rues et les jardins de votre quartier soient un lieu où l'on

danse le temps durant 24 heures ?

Oui Non

Pourquoi ?......................................................................................... ............................

15 Quel genre de danse y verriez-vous ?

......................................................................................................................................

Page 129: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

129

......................................................................................................................................

16. Qu'est-ce qui vous inciterait à danser dans les rues et les jardins de votre quartier ?

Le genre musical La découverte

L'ambiance Le jeu

Le partage La moyenne d'âge des participants

La rencontre La gratuité

17. Emetteriez-vous des réserves ? Lesquelles ?

......................................................................................................................................

......................................................................................................................................

18. Qu'attendez-vous d'une fête de la danse ?

Danser

Apprendre à danser

Regarder

Participer

Vous amuser

Autres Précisez : .............................................................

19. Voulez-vous danser avec vos voisins / voisines ?

Oui Non

Pourquoi ?................................................................................................................... ..

20. Fréquentez-vous la Fête de la Musique ?

Oui Non

Si oui, chaque année ?...................................................................................................

21. Si l'occasion vous est donnée, participerez-vous à l'animation de cette fête de la danse ?

oui Non

Pourquoi ?................................................................................................................... ..

.....................................................................................................................................

.....................................................................................................................................

21. En quelques mots, décrivez votre meilleur souvenir lié à la danse :

.....................................................................................................................................

.....................................................................................................................................

.....................................................................................................................................

22. En quelques mots, décrivez votre pire souvenir lié à la danse :

.....................................................................................................................................

.....................................................................................................................................

.....................................................................................................................................

Merci

Page 130: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

130

ANNEXE VIII

RESULTATS QUESTIONNAIRES

Questionnaire soumis à 70 personnes Cours Saint-Emilion dans le XIIème arrondissement à Paris

Déterminants sociaux

- 35 ans

+ 35 ans

Q1

Femmes interrogées

55 %

50 %

Hommes interrogés

45 %

50 %

Q2

Nombre/ tranche d'âges

42 pers.

28 pers.

Q3

Etudiant

36 %

3.5 %

Artisan/Chef d'entreprise

7 %

14 %

Cadre

23 %

35 %

Intermittent

7 %

-

Employé

27 %

17 %

Ouvrier

-

3.5 %

Retraité

-

20 %

Congé parental

-

3.5 %

Sans emploi

-

3.5 %

Autre inactif

-

-

Page 131: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

131

Q4

Aucun

7 %

-

BEPC

7 %

-

CAP/BEP

3 %

11 %

BAC

27 %

18 %

SUP

56 %

71 %

Q5

Lieu d'habitation ou de travail

: Quartier de Bercy

OUI

36 %

NON

64 %

Q7

Préférences

- 35 ans

+ 35 ans

Regarder les autres danser

50 %

71¨%

Danser

74 %

61 %

Apprendre à danser

43 %

25 %

Enseigner la danse

5 %

3.5 %

Q8

Savent danser

- 35 ans

+ 35 ans

OUI

83.5 %

82 %

NON 16.5 %

18 %

Danse de salon

40.5 %

75 %

Danse classique

5 %

7 %

Danse contemporaine

9.5 %

7 %

Danse jazz

9.5 %

7 %

Danse modern

24 %

14 %

Page 132: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

132

Danse hip-hop

26 %

-

Danses régionales

9.5 %

18 %

Danse africaine

16.5 %

14 %

Autres (Zouk, danses

orientales…)

9.5 %

11 %

BOUGER

75 %

39 %

Q9

Lieux où ils pratiquent

- 35 ans

+ 35 ans

Boîte de nuit

50 %

36 %

Concerts

36 %

14 %

Festival

21.5 %

11 %

Cours

14 %

21.5 %

Bals

31 %

21.5 %

Chez vous

57 %

29 %

Chez des amis

81 %

68 %

Page 133: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

133

Q8/9

Pour Pop. interrogée

Savoir Danser

- 35 ans

+ 35 ans

= BOUGER 93 %

96.5 %

= ENSEIGNEMENT

14 %

21.5 %

Chez vous/ Chez des amis

88 %

68 %

Bals/ Concerts/ Festivals

45 %

36 %

Boite de nuit

48 %

36 %

Cours

14 %

21.5 %

Q10

Lieux de fréquentation

évoqués

- 35 ans

+ 35 ans

Ecoles/Conservatoires

16 %

25 %

Boite

15 %

7 %

Chez vous/ Chez des amis

7 %

7 %

Pas le temps

2 %

29 %

Pas de lieux

29 %

18 %

Autres

-

3 %

Ne se prononcent pas

31 %

11 %

Page 134: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

134

QUESTION 11 : Combien de fois dansez-vous par an ?

Q11

Combien de fois dansez-vous

par an?

- 35 ans

+ 35 ans

365 jours/an

9 %

3 %

entre 6 à 12 fois par an

33 %

14,5 %

entre 1 à 5 fois par an

12 %

36 %

entre 6 à 12 fois par mois

15 %

-

entre 1 à 5 fois par mois

31 %

21 %

Jamais

-

14,5 %

Non renseigné

-

11 %

QUESTION 12 : Quel genre de spectacle allez-vous voir ?

Q12

Quel Genre de spectacle

allez-vous voir ?

- 35 ans

+ 35 ans

Tous genres

2 %

32 %

Classique

4,5 %

39 %

Afro- cubain

2 %

7 %

Tango

2 %

11 %

Hip-hop

2 %

14,5 %

Contemporain

2 %

46,5 %

Rock accrobatique

-

3 %

Salsa

-

7 %

Page 135: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

135

Flamenco

-

3 %

Jazz

2 %

3 %

Africain

4,5 %

3 %

Pas le temps

7 %

39 %

Trop cher

7 %

18 %

Pas d'intérêts

-

39 %

Aucun

7 %

29 %

QUESTION 12 : Combien de fois par an allez-vous voir un spectacle ?

Q12

Combien de fois par an

allez-vous voir un spectacle ?

- 35 ans

+ 35 ans

entre 6 à 12 fois par an

2 %

21 %

entre 1 à 5 fois par an

7 %

43 %

Jamais

14 %

36 %

Non renseigné

77 %

-

QUESTIONS 6/10/11/12/13/14

QUESTIONS

Nombre de pers

répondant à la Q

OUI

Non

S'abstiennent

Q6/ Aimez-vous la

danse ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

39 pers./42

22 pers./28

93 %

78 %

1/42

4/28

2 /42

2 /28

Q10/ Fréquentez-vous

un lieu où l'on danse ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

29 pers./42

19 pers./28

69 %

68 %

Page 136: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

136

Q11/ Combien de fois

dansez-vous par an ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

38 pers./42

23 pers./28

90 %

82 %

Q12/ Allez-vous voir

des spectacles de

danse ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

18 pers./42

19 pers./28

43 %

68 %

Q13/ Pensez-vous que

la danse est à la portée

de tous ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

37 pers./42

23 pers./28

88 %

82 %

4/42

4/28

1/42

1/28

Q14/ Rues, Jardins :

lieux où l'on pourrait

danser ?

- de 35 ans

+ de 35 ans

31 pers./42

26 pers/28

74 %

93 %

9/42

2/28

2/42

QUESTION 15 : Quel genre de danse ?

Q15

Quel genre de danse ?

- 35 ans

+ 35 ans

Tous

59.5 %

68 %

Africain

9.5 %

-

Hip-hop

9.5 %

-

Salsa/Tango

7 %

7 %

Classique

-

4%

Contemporain

11.5 %

-

Régionales/traditionnelles

9.5 %

21.5 %

Bals populaire

-

14 %

Carnaval/ spect. de rue/

Parade

24 %

4%

Page 137: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

137

orientale

7 %

-

Rock

7 %

-

Monde

7 %

-

QUESTION 16 : Incitation à danser ?

Q16

Genre

musical

Ambian

ce

Partage

Rencont

re

Découver

te

Jeu

Âge

Gratuité

- de

35 ans

27/42

64 %

32/42

76 %

9/42

21 %

10/42

24 %

17/42

40 %

9/42

21 %

5/42

12 %

17/42

40 %

+ de

35 ans

10/28

36 %

23/28

82 %

11/28

39 %

15/28

53 %

8/28

28 %

6/28

21 %

5/28

18 %

10/28

36 %

QUESTION 16 : Palmarès des motivations

Q 16

Motivations

- de 35 ans

Motivations

+ de 35 ans

N°1

AMBIANCE

76 %

AMBIANCE

82 %

N°2

GENRE MUSICAL

64 %

RENCONTRE

53 %

N°3

DECOUVERTE

40 %

GRATUITE

40 %

PARTAGE

39 %

N°4

RENCONTRE

24 %

GRATUITE

36 %

GENRE MUSICAL

36 %

Page 138: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

138

N°5

PARTAGE

21 %

JEU

21 %

DECOUVERTE

28 %

N°6

ÂGE

12 %

JEU

21 %

N°7

ÂGE

18 %

QUESTION 17 : Sur les réserves

Q 17

Intempéri

es

Sécurité

Nuisan

ce

sonore

Genre

chorégraphi

que

Mauvais

e

ambianc

e

Mentali

Sans avis

ou sans

réserve

- de

35 ans

3/42

%

13/42

31 %

2/42

24 %

1/42

2%

1/42

2 %

1/42

2 %

22/42

52 %

+ de

35 ans

0

10/28

36 %

7/28

25 %

0

0

2/28

7 %

14 /28

50 %

QUESTION 18 : Qu'attendez-vous d'une fête de la Danse ?

Q18

Qu'attendez-vous d'une

fête de la Danse ?

- 35 ans

+ 35 ans

Danser

53 %

43 %

apprendre à danser

43 %

11 %

Regarder

47.5 %

39 %

Participer

45 %

46.5 %

Page 139: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

139

vous amuser

78.5 %

68 %

autres

5 %

-

QUESTION 19 : Êtes-vous prêts à danser avec vos voisins ?

Q19

Danser avec vos voisins

- 35 ans

+ 35 ans

OUI

69 %

64.5 %

NON

26 %

35.5 %

S'abstiennent

5 %

-

Q19

Raisons invoquées

sur 70 personnes

Pour les connaître

40 %

Ecarts d'âges

16 %

Autres

10 %

Ne donnent pas de raison

34 %

QUESTION 20 : Participez-vous à la Fête de la Musique ?

Q20

Participation Fête de la

Musique

- 35 ans

+ 35 ans

OUI

74 %

68 %

NON

26 %

32 %

Page 140: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

140

QUESTION 21 : Participeriez-vous à l'animation de cette fête de la danse ?

Q21

Participer à l'animation

- 35 ans

+ 35 ans

OUI

62 %

68 %

NON

38 %

32 %

Q21

Raisons invoquées

sur 70 pers.

Etre acteur de la vie du quartier

16 %

Pour les rencontres

20 %

Artistes/enseigner/sonoriser un lieu

11.5 %

sans avis

32 %

Pas le temps

21,5 %

QUESTION 22 : Pensez-vous qu'une fête de la danse qui rende les spectacles de danse et les pratiques

accessibles gratuitement, puisse augmenter... ?

Q22

Une Fête de la danse peut-elle augmenter...

- 35 ans

+ 35 ans

- votre compréhension de cet univers ?

OUI

NON

Ne sait pas encore

31 %

13 %

56 %

42 %

18 %

40 %

- Votre désir de fréquenter des cours ?

OUI

NON

Ne sait pas encore

45 %

19 %

36 %

51 %

25 %

24 %

- Votre désir de fréquenter des spectacles ?

OUI

NON

Ne sait pas encore

27 %

12 %

61 %

38 %

19 %

43 %

- Votre désir de danser ?

OUI

NON

Ne sait pas encore

53 %

10 %

37 %

59 %

4 %

37 %

Page 141: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

141

QUESTION 23 : Votre meilleur souvenir en danse ?

Q23

Meilleur souvenir

- 35 ans

+ 35 ans

Cours/Prof./

Spectacle fin d'année

19 %

29 %

Boite/Fête c/o soi

ou amis/Bal

31 %

21 %

Sortie Spectacle

10 %

25 %

Rencontrer son conjoint

7 %

14 %

Mariage

7 %

11 %

Emotions

7 %

-

Sans

19 %

0 pers.

QUESTION 24 : Votre pire souvenir ?

Q24

+Mauvais souvenir

- 35 ans

+ 35 ans

Ne pas savoir danser/

honte/exclusion

17 %

12 %

Boite/Bal/mauvaise

ambiance/bagarre

16 %

14 %

Spectacle fin d'année/

trac/clous

5 %

7 %

Sortie Spectacle

.

3 %

Sans

62 %

64 %

Page 142: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

142

ANNEXE IX

FESTIVALS DE DANSE 2002 - 2003 Sources : La saison culturelle, France 2002 - 2003, la presse, Internet, entretiens

NOM

DATES

GENRES

LIEUX

Festival Macadam

du 4 au 12 avril 03

Danse

Aix

Danse à Aix

du 19 juillet au 3 août 03

Danse

Aix

Festival d'Angers

dates à communiquer

Danse

Angers

Festival Estival&Académie

du 9 au 14 août 03

Danse

Annecy

Festival Danse Cité

3 au 6 juin 03

Danse

Abbeville

Les Suds

Eté 2003

Pluridisciplinaire

Arles

Vivat la danse !

23 au 28 nov. 02

Danse

Armentières

25ème Avignon en hivernales

22 fév. - 2 mars 03

Contemporain

Avignon

Festival d'Avignon

8 au 28 juillet 03

Pluridisciplinaire

Avignon

L'été des Hivernales

9 au 28 juillet 03

Danse

Avignon

RCI de Seine-Saint-

Denis

du 5 au 10 et du 15 au

17 avril 03

Danse

Bagnolet

Festival Passion

4 avril 03

Niels Storm Robitzky

Bagnolet

Le temps d'aimer

5 au 21 sept. 03

Danse

Biarritz

RCI de Seine-Saint-

Denis

23 avril au 24 mai 03

Danse

Bobigny

Scènes d'été en Gironde

5 juin au 27 sept. 03

Danse

Bordeaux

Festival Temps-Dance 02

19 au 28 nov. 02

Danse -Pluridisciplinaire

Bourges

Page 143: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

143

Festival les Antipodes

10 mars - 23 mars 03

Danse, Contemporain, Hip-

hop, Danses traditionnelles

Brest

Les Boréales 2002,

11ème Festival d'art et

de littérature nordique

6 nov. - 18 déc. 02

Pluridisciplinaire

Caen

Festival de Carcassonne

Eté 2003

Danse

Carcassonne

Fédération des Festivals

et Carnaval de Guyane

5 janv. - 5 mars 03

Danse, folklore, musique

du monde

Cayenne

Festival International de

Cesson Sévigné

du 7 au 12 juillet 03

Pluridisciplinaire

Cesson Sévigné

Dancité

22 nov. 02

Danse

Cergy Pontoise

Parcours de danse

Dimanches juillet 03

Danse

Chamarande (91)

A la Campagne

Eté 2003

Pluridisciplinaire

Chamberet

Festival de

Châteauvallon

Eté 2003

Danse

Châteauvallon

Festivals de Confolens

dates à préciser 03

Danses et musiques du

monde

Confolens

Festival musiques et

danses du monde

24 mai 03

Danses et Musiques du

monde

Courcouronnes

Festival international

exit

26 fév. - 15 mars 03

Danse, Théâtre,

Musiques actuelles, rock

Créteil

Danses et Musiques du

monde

dates à préciser 03

Danse

Cugand

Paso Passion

31 juillet au 3 août

Danse et musique

Dax

Toros y Salsa

12 au 14 sept. 03

Salsa

Dax

I love Dijon

17 oct. - 20 déc. 02

Danse, Théâtre,

Musiques actuelles, rock

Dijon

Festival Art Danse

1er mars - 31 mars 03

Danse

Dijon

Page 144: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

144

4ème Festival Entre

cour et jardins

15 août-1er sept. 03

Danse

Dijon

4ème Mars en danse

7 mars - 2 avril 03

Danse, Festival pour

Jeunes

Elancourt

Le Chainon manquant

25 mars - 30 mars 03

Pluridisciplinaire

Figeac

Les nuits de Fourvières

17 juin au 7 août 03

Pluridisciplinaire

Fourvières

Arts-Mêlés

Pluridisciplinaire

Grenoble

L'Humour des notes

23 mai - 31 mai 03

Humour, Spectacles de

rue, Variétés

Haguenau

Festival de danse Hédé

dates à préciser 03

Danse

Hédé

Ile de Danse

Novembre 03

Danse

Ile de France

Festival Isle-sur-Sorgue

dates à préciser 03

Danse

Isle-sur-Sorgue

Festival de la

Salindrenque

dates à préciser 03

Musiques celtes, Contes,

Danse

Lasalle

Latitudes Contemporaines

3 juin -7 juillet 2003

Danse contemporaine

Lille

9ème Biennale

12 au 14 juin 03

Danse

Limoges

Celtic World -Festival

interceltique de Lorient

dates à préciser 03

Musiques, Danses, arts

et traditions

Lorient

Biennale de Lyon

Art contemporain,

Danse

Lyon

Les Journées GRAME

2003

18 mars - 22 mars 03

Danse, Musiques du

monde, Musique

Lyon

14ème Festival Mozart

5 nov. 02 - 29 mars 03

Danse, Musique, Art

lyrique

Marcq en Baroeul

Festival Corps à coeur

2 au 21 juin 03

Pluridisciplinaire

Marseille

Festival "On the Edge"

dates à préciser 03

La Friche de la Belle de

mai

Marseille

Page 145: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

145

8ème Festival de Marseille

2 - 20 juillet 03

Danse contemporaine

Marseille

Festival de danse de

Maubeuge

15 au 28 nov. 02

Danse

Maubeuge

Ma villes est un tango

17 au 20 juillet

Tango

Menton

Printemps des Arts de

Monte Carlo

26 avril - 4 mai 03

Danse, Jazz, Musique

Monaco

Festival Arte Flamenco

30 juin au 5 juillet 03

Musique et danse

Mont de Marsan

Festival de Montignac

dates à préciser 03

Danses et musiques du

monde

Montignac

Festival Off de

Montpellier

dates à préciser 03

Danse

Montpellier

Montpellier Danse

26 juin - 5 juillet 03

Danse

Montpellier

Les Algériennes

8 fév. - 17 déc. 03

Danse, Musiques du

monde

Montolieu

RCI de Seine-Saint-

Denis

23 avril au 24 mai 03

Danse

Montreuil

20ème Printemps des Arts

12 mai - 28 juin 03

Danse, Musique

Nantes

La danse s'amuse

25 au 30 nov. 02

Danse

Nîmes

Les chemins de traverse,

5ème Festival de danse

et de Théâtre

7 mars - 16 mars 03

Cirque, danse, Théâtre

Noisy le Grand

Festival d'animation

rurale

15 sept. - 15 déc. 03

Pluridisciplinaire

Nouan Le Fuzelier

Journées Danse Dense

22 avril - 4 mai 03

Danse

Pantin

Les Rencontres de la

Vilette 2002

23 oct. - 11 nov. 02

Pluridisciplinaire

Paris

Faits d'Hiver Danses

d'Auteurs

dates à préciser 03

Danse

Paris

Page 146: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

146

Festival Prétendanse

dates à préciser 03

Danse

Paris 11e

Festival Eclectique

dates à préciser 03

Danse

Paris 11e

Festival d'Automne à

Paris

13 sept. -21 déc. 02

Danse, Musique,

Théâtre

Paris

4ème Festival de l'imaginaire

26 fév. - 6 avril 03

Pluridisciplinaire

Paris

11ème Festival Don Quijote

29 nov. - 16 déc. 02

Danse, Théâtre

Paris

Festival de Butô

du 5 au 28 juin 03

Danse Butô

Paris

100 Dessus Dessous

19 juillet au 31 août 03

Danse

Paris 19e

Onze Bouge

5 au 15 juin 03

Arts de la rue, Danse,

Musique, Festibars,,

Cinéma, Théâtre

Paris 11e

Festival les

Inaccoutumés 15

du 3 au 21 juin 03

Danse contemporaine

Paris 11e

Paris, Quartier d'été

14 juillet au 17 août 03

Pluridisciplinaire

Paris

6ème Festival Agora

1er au 24 juin 03

Pluridisciplinaire

Paris

Dance Box

mars à mai 03

Contemporain et Buto

Paris 1er

Festival Les coulées

douces

Juin

Pluridisciplinaire

Paris

Festival Danses

plurielles

2 au 5 avril 03

Danse

Pau

Mimos

4 au 10 août

Danse

Périgueux

Mondial Folk Juillet

Chants, Musique ,

Danses

Plozévet

Cité Médiévale de

Provins

30 mars - 3 nov. 03

Pluridisciplinaire, son et lumière,

spectacles historiques

Provins

Festival international

des Pyrénées

dates à préciser 03

Danses, Folklores et

Traditions populaires

Pyrénées

Page 147: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

147

Les Tombées de la nuit

9 au 13 juillet 03

Musiques du monde,

Danses et folklore

Rennes

Festival Dans Fisel

Fin août

Danses, concert

Rostrenen

Les Transculturelles

dates à préciser 03

Pluridisciplinaire

Roubaix

25ème Festival de Sablé

du 20 au 23 août 03

Danses et musiques

anciennes

Sablé/Sarthes

Les Affouages, 19èmes

Rencontres folkloriques

internationales

7 juin - 8 juin 03

Danse, Folklore,

Musiques du monde

Saint-Amand Montrond

Artrock

Juin 03

Musique et danses (Hip-Hop)

Saint -Brieux

Festival de Saint-Denis

dates à préciser

Danse, Musique,

Création

Saint -Denis

Ballet des Jeunes d'Europe

1er juillet au 13 août 03

Danse

Saint-Martin -de-Crau

Festival de Sens

dates à préciser 03

Danse

Sens

Fiesta Latina

26 juillet au 11août 03

Danse latine et musique

Sète

Les Nuits de la Citadelle

19 juillet au 9 août 03

Musique Classique,

Danse, Théâtre

Sisteron

Cités Danse

dates à préciser 03

Danse

Suresnes

15ème Festival ibéro-andalou

de Tarbes et de Bigorre

21 nov. - 6 déc. 02

Musiques du monde

Tarbes

Festival Jeunes Talents

17 et 18 mai 03

Danse

Thionville

Festival Danse à

Toulouse

14 au 18 juillet 03

Pluridisciplinaire

Toulouse

Toulouse Tangueando

dates à préciser 03

Festival Tango argentin

Toulouse

Festival banlieues'arts

19 mai au 6 juin 03

Pluridisciplinaire

Trappes

Festival Pas de Troyes

5 au 18 avril 03

Contemporain

Troyes

Page 148: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

148

Festival de la Nouvelle Danse

2 au 29 juin 03 Danse

Uzès

Festival de danse de

Vaison-la -Romaine

11 au 28 juillet 03

Danse

Vaison-la -Romaine

Festival Alba la

Romaine

15 au 27 juillet 03

Danse

Valence

3ème Festival Ligne de corps

26 nov. - 6 déc. 02

Danse

Valenciennes

20ème Musique Action

19 mai - 7 juin 03

Danse, Musique,

Cinéma, Audiovisuel

Vandoeuvre les Nancy

Festival ArtDan Thé

14 déc. 02 - 11 fév. 03

Danse

Vanves

Bacchus, divine mémoire

de la vigne en Champagne

18 juil. - 26 juillet 03

Son et lumière,

spectacles historiques

Vendeuvre sur Barse

Festival Celtitudes

12 mars - 22 mars 03

Pluridisciplinaire

Villeurbanne

Novembre Australien

12 nov. - 1er déc. 02

Danse

Vitry sur Seine

12ème Biennale nationale

de danse du Val de Marne

26 fév. - 3 avril 03

Danse

Vitry sur Seine

14ème Festival international de

Vivonne, chants et musiques

d'ici et d'ailleurs

6 juin - 9 juin 03

Danse, Musiques su

monde

Vivonne

Méditerranéa

dates à préciser 03

Cies de danse du

pourtour méditerranéen

Villes de Méditerranée

Page 149: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

149

ANNEXE X

NOTE D'INTENTION de PIERRE DOUSSAINT

SUR LA BRIGADE SECURITAIRE

"Depuis que j'écris des pièces de danse, j'ai toujours réservé la primeur à la rue.

A mes débuts surtout et ensuite en ouvrant la porte des studios et des théâtres, en

dansant dans l'entrée, sur le parvis, en organisant des défilés ou des actions dans une

ville, un village, une région ou une fête. J'aime confronter mon travail et celui de la Cie

à différents publics et j'aime la patine qui en résulte.

Le projet des "Grosses Godasses" est né du travail de flamenco réalisé les

années précédentes au sein de la Cie avec Mari Carmen Garcia ainsi que des dernières

expériences présentées en rue par les Acharnés avec les spectacles "Agogos" et

"Force 4". Le passage par le clown et son nez rouge a été obligatoire et nous a permis

de désacraliser notre danse. Maintenant nous n'en avons plus besoin. Par contre, le

travail d'improvisation lié à la présence du public est resté. D'où une forme d'écriture

en déambulation avec des arrêts et des temps forts. Pour ce faire nous avons inventé

une nouvelle sorte de claquettes ainsi que des chants rythmiques à plusieurs voix,

restitués souvent à l'aide d'un kazou. De fait, le groupe fonctionne aussi comme une

fanfare. Les thèmes musicaux choisis sont très simples. Les musiques sont soit des

compositions personnelles, soit des mélodies plus connues telles que "Le pont de la

rivière Kwai", "Mission Impossible", "Le Grand Méchant Loup" et d'autres.

Il s'agit d'une "Brigade Sécuritaire" composée de sept policiers qui martèlent,

raclent le "pavé" de leurs grosses godasses, développent un monde à la fois réel et

onirique et qui s'infiltrent dans la cité, la ville. Les policiers se lancent dans des

missions qui évoluent selon le public et les sites proposés par le lieu de représentation.

Le spectacle restera écrit mais il s'adaptera complètement à la réalité.

Pourquoi la "Brigade" et les "Bleus" ? C'est un moyen pour moi et les

"Acharnés" de nous situer avec humour et sans violence, par rapport à la montée

sécuritaire qui nous entoure. Et surtout de réaliser une vraie déambulation qui n'a pas

besoin de raconter une "histoire" car elle se raconte d'elle-même. "Vous voulez du bleu

??!! En Vla !! Et du plus chic !! "... "Les Agents de la Paix" sont autant de rappels à

une époque ou comme avec "l'âne du pape" dans la pure tradition du carnaval le peuple

s'est toujours moqué de l'ordre établi. Molière est un exemple décapant encore."

Pierre Doussaint

Page 150: Mémoire 2003 Valérie Gros-Dubois

150

PIERRE DOUSSAINT

Chorégraphe, Danseur, Directeur Artistique

Le parcours

Pierre Dousaint s'initie au mouvement de la danse contemporaine auprès de

Karin Waehner,Susan Buirge, Caroline Carlson, et d'autres chorégraphes. Elève en

danse classique de Jaque Chaurand et Colette Milner, il obtient le 1er prix du

Conservatoire National de la Rochelle en solo et en duo.

Elsa Wolliaston le pousse à revenir à ses origines, l'Afrique où il passa les

premières années de sa vie (Tunisie). il s'immerge dans cette culture qu'il reconnaît

comme sienne. Hideyuki Yano lui proposera une nouvelle approche du corps, fruit

d'une rencontre de l'art contemporain et traditionnel.

En 1983, il fonde une compagnie avec Isabelle Dubouloz. ils obtiendront

ensemble le premier prix de chorégraphie au concours de Bagnolet (1985).

La rencontre avec Kobayashi Senseï et Maître Cognard, maîtres d'aîkido,

marque le chorégraphe. Il part au Japon (prix Villa Médicis Hors Les Murs) où il

s'initie à la danse buth de Kazuo Ohno. De retour en France, il crée, en 1988, "La

beauté des fleurs" programmée au Théâtre de la Ville à Paris.

Un an plus tard, Pierre Doussaint fonde sa compagnie et bénéficie d'une

résidence de création aux Mureaux, qui s'étendra par la suite aux six communes du Val

de Seine. Le projet "Droits de Cité" lui permet de confronter son art à une population

dite en rupture sociale.

Il crée les "41ème Rugissants", pièce pour huit danseurs dont Koffi Kôkô,

danseur chorégraphe africain.Une musique de Jean-Paul Buisson, des lumières de

Walter Pace, des costumes de Laurent Lamoureux. Ensemble, ils affinent et définissent

un style.

Pour "L'atelier" créé en 1994, les artistes développent leurs propres conceptions d'un atelier et s'initient aux

différents styles, en particulier la danse Flamenca avec Mari Carmen Garcia.