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Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu Début XVI ème siècle

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Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu. Début XVI ème siècle. À partir du site : http://www.abbaye-chaise-dieu.com. La Chaise-Dieu. L’HISTOIRE DES TENTURES. Présentation. - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-

Dieu

Début XVIème siècle

Page 2: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

L’HISTOIRE DES TENTURESLa Chaise-Dieu

À partir du site : http://www.abbaye-chaise-dieu.com

Page 3: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Présentation• La collection compte 14 tapisseries

dont 12 constituent une suite complète. Elles sont exposées dans le chœur des moines, à l’emplacement pour lequel elles ont été faites.

• Classées "Monuments historiques" en 1844, elles sont la propriété de la commune de La Chaise Dieu et affectées au culte catholique (loi 1905).

• Elles ont connu deux programmes de restauration : par l’atelier des Gobelins en 1912-1921 et par la maison Aubry en 1973, ainsi que trois campagnes de nettoyage entre 1959 et 1996.

Page 4: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une commande de l’abbé Jacques de Saint-Nectaire

• Même en l’absence de tout document, on sait que les tapisseries de chœur de l’abbaye de La Chaise-Dieu ont été commandées par l’abbé Jacques de Saint-Nectaire, dont les armes apparaissent à de nombreuses reprises.

• Elles ont été tissées entre 1501, après l’attribution par le roi des armoiries de l’abbaye qui y sont reproduites, et avril 1518, puisqu’un document nous dit qu’elles ont été exposées le jour de la fête de saint Robert.

Page 5: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Jacques de Saint-Nectaire (Abbé de 1491 à 1518)

• Jacques de Saint-Nectaire est né en 1461 d’une famille auvergnate riche et puissante.

• Les liens que cette famille entretenait avec l’abbaye étaient nombreux.

• Il entra à l’abbaye à l’âge de 12 ans.

• Devenu profès et prêtre, il fut d’abord nommé prieur de Saint-Pantaléon (Limousin), puis en 1483 de Saint-Gemme (Saintonge).

• Il fut élu abbé en 1491 et mourut en 1518.

• Il se distingua par le goût des arts et la munificence.

• Il fit achever le réfectoire et le cloître, reconstruire les bâtiments conventuels, refaire la toiture de l’abbatiale.

• Il commanda les « draps imagés ».

• Il réalisa également des travaux importants (chapelle et maison de l’abbé) au prieuré de Chanteuges où il aimait résider.

Page 6: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DESCRIPTIF GÉNÉRALLa Chaise-Dieu

Page 7: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Un atelier inconnuOn ignore à quel atelier la réalisation de cette suite de tapisseries fut confiée. On pense qu’il s’agit d’un atelier flamand. Seuls les ateliers d’Arras, Bruxelles ou Tournai avaient à cette époque une envergure suffisante pour réaliser un ouvrage d’une telle dimension et d’une telle qualité. Il est même possible que l’atelier qui réalisa les deux tapisseries destinées à son usage personnel ait été différent de celui qui réalisa les tapisseries de chœur. Les points y sont moins fins. Elles sont bordées de guirlandes, comme il était d’usage à Bruxelles, alors que les tapisseries de chœur ne le sont pas.

Page 8: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Un thème originalOn ignore également qui a réalisé les cartons. Le sujet choisi n’est pas ordinaire. Il eût été plus traditionnel de faire réaliser des cartons illustrant la vie du fondateur de l’abbaye, saint Robert de Turlande. Le choix de montrer que l’Ancien Testament annonce le Nouveau Testament répond à une intention catéchétique évidente, d’autant qu’à cette époque précédant la Réforme la lecture de la Bible était sujet de débat. En pratique, les sources iconographiques sont évidentes. Comme l’avait relevé Émile Mâle, il s’agit principalement de La Bible des pauvres, ouvrage très populaire dans le monde germanique au XIVe siècle. De façon complémentaire, ainsi que le montre Sophie Brun dans sa récente thèse, Les Chroniques de Nuremberg et certains peintres allemands comme Martin Shaungauer ont inspiré le cartonnier. L’intervention directe de l’abbé Jacques de Saint-Nectaire dans les choix iconographiques est probable.

Page 9: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

À noter…

• La thématique présentée est celle de scènes factuelles de l’Évangile.

• On n’y voit rien qui soit en rapport avec les paraboles du Christ.

• L’approche est donc plus historique, que catéchétique à partir de l’Évangile.

• La scène centrale se présente donc comme l’accomplissement factuel, en Jésus, des prophéties de l’Ancien Testament, non comme une catéchèse de la Parole Divine de Jésus, tout autant développée dans ses paraboles que dans ses actes.

• De même, rares sont les miracles représentés hormis celui de la résurrection de Lazare (Jean 11).

• Elle pourrait paraître donc limiter la portée de l’Évangile… Cependant, dans le Credo, aucune allusion non plus aux paraboles du Christ, ni à son mesage, encore moins à ses miracles.

• Par contre, on retrouve particulièrement toutes les scènes de la Passion, particulièrement développée à cette époque dans la compostion des Mystères (théâtre devant les églises).

• Ces scènes suivent pas à pas le Credo. Les Tapisseries semblent donc plus catéchétiques dans l’énoncé de la foi que dans son développement spirituel. Une sorte de bande dessinée de ce qu’il faut savoir de Jésus et de son enracinement vétéro-testamentaire.

Page 10: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une collection complète• La collection comprend 14

tapisseries.

• Deux, représentant la Nativité et la Résurrection, n’appartiennent pas à la suite du chœur (Elles sont actuellement présentées dans la salle du trésor). Elles ont probablement été commandées par l’abbé pour son usage personnel (les armoiries de l’abbaye n’y figurent pas mais ses seules armoiries familiales) ; il est possible qu’il les destinait à son logis de Chanteuges. Si leurs cartons ont de nombreux points communs avec ceux des tapisseries destinées au chœur, on n’y retrouve pas les annonces de l’Ancien Testament.

Page 11: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une collection complète

• Les 12 autres tapisseries constituent une suite complète : le cycle liturgique y est présenté dans sa totalité de l’Annonciation au Jugement dernier. Leur disposition d’origine dans le chœur l’atteste. Un inventaire antérieur à la Révolution mentionne 18 tapisseries dont une en mauvais état disposée sur les marches de l’autel. 4 tapisseries ont donc disparu ; elles n’appartenaient pas à la suite du chœur, dont on voit qu’elle est complète.

Page 12: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une commande destinée au chœur de l’abbatiale

• La tapisserie centrale représente la Crucifixion (Elle est actuellement présentée dans le scriptorium). Elle a un plan carré qui la distingue. Le dessin est somptueux. Elle était présentée au-dessus de la porte du jubé. On sait que le jubé a été abaissé au XVIIe siècle pour permettre à l’orgue d’être mieux entendu dans le chœur. Dès lors, cette tapisserie, trop grande, ne pouvait rester à cet emplacement, même si ce positionnement dans le cycle liturgique l’imposait.

Page 13: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une commande destinée au chœur de l’abbatiale

• De part et d’autre, étaient accrochées 2 tapisseries de plus petites dimensions, l’une (à gauche) représentant le portement de Croix, l’autre (à droite) représentant la descente aux Enfers (Elle est actuellement présentée dans la salle du Trésor). Les trois tapisseries (le portement de Croix, la Crucifixion et la descente aux Enfers) occupaient exactement la largeur du chœur.

• Le long du chancel sud, sur 5 travées, étaient accrochées les 5 premières tapisseries ; le long du chancel nord, les 4 dernières. Les 5 tapisseries d’un côté et les 4 de l’autre ont une longueur identique de 29 m environ.

Page 14: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Une exposition réservée aux grandes fêtes liturgiques

• Ces tapisseries n’étaient toutes exposées que lors des grandes fêtes liturgiques. Elles étaient roulées et conservées dans la tour Clémentine lors des troubles qui affectèrent l’abbatiale pendant les guerres de Religion et la Révolution.

Page 15: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

IMAGES ET CATÉCHÈSE : LA TYPOLOGIE

La Chaise-Dieu

Page 16: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Définition• Principe de la Typologie : des

objets, des personnes ou des actions de l'Ancien Testament (appelés "types") représentent symboliquement une réalité spirituelle qui est clairement exprimée dans le nouveau.

• Donc nous voyons par la une certaine relation entre les deux alliances, prouvant qu'il n'y a pas de séparation, ni de cassure a effectuer entre les deux parties de la Bible, entre les 66 livres.

Page 17: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Dans l’épître aux Hébreux" La première alliance avait, elle

aussi, ses ordonnances relatives au culte et son sanctuaire terrestre ... Le Saint Esprit montrait par là que l'accès du Saint des Saints n'était pas encore ouvert, tant que premier tabernacle subsistait. C'est une figure pour le temps présent ... ”

( Hébreux 9/1 , 8 et  9a ).

Page 18: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

La typologie

• “La typologie" est un enseignement biblique d'après lequel les principaux éléments appartenant au N.T. ont été préfigurés dans l'A.T.

• Il est utile de distinguer le sens littéral du sens figuré (symbolique) dans la Bible.

• Effectivement, l'Ecriture emploie un langage sous forme d'illustrations, allégories, de paraboles, de métaphores, de similitudes, de symboles, de types, etc... qui sont des figures de rhétoriques.

Page 19: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le symbolisme

• Le symbolisme englobe la Typologie et la contient, c'est un vaste sujet d'étude très enrichissant.

• Toutes les formes symboliques sont fort nombreuses et diversifiées dans les Écritures.

• Les évènements sont vus comme la manifestation partielle, imparfaite, voilée du royaume de Dieu qui est venu et qui viendra sur la terre.

Page 20: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Principe• Des objets, des

personnes ou des

actions de l'Ancien

Testament (appelés

"types") représentent

symboliquement une

réalité spirituelle qui est

clairement exprimée

dans le Nouveau

Testament.

Page 21: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

LA LECTURE PATRISTIQUE ET LA BIBBIA PAUPERTUM

La Chaise-Dieu

Page 22: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

LECTURE CONTINUELa Chaise-Dieu

Page 23: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

La première rencontre

De gauche à droite :

1. Adam et Ève

2. L’annonciation

3. Gédéon

Page 24: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Thématique

• La thématique générale semble bien être celle de la Vierge Marie, présentée comme nouvelle Ève.

Page 25: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les sources

• La légende dorée de Jacques de Voragine,

• Le Speculum Historiae de Vincent de Beauvais,

• Le livre arménien de l’Enfance.

• Le Proto-Évangile de Jacques,

• Les Méditations du Pseudo-Bonaventure.

Page 26: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DESCRIPTION DE LA TENTURE1.L

es tituli2.L

es textes représentés3.I

mage par image

4. Lecture et détails5. Représentations inhabituelles6. Interprétation7. Lecture globale

Page 27: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Première scène

La chûte

Page 28: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• En haut, à gauche : Le Seigneur dit au

serpent au sujet de la femme : “Elle t’écrasera la tête” (Gn 3,15), ce qui se réalisera à l’Annonciation quand la Vierge Marie, fille d’Ève, devint, dans son humilité, la mère du Rédempteur.

• En dessous à gauche : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils (Isaïe 7,14).

Page 29: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• En haut, à droite : Sur la toison de Gédéon,

sans aucun bruit, du ciel, la rosée tomba par l’action de Dieu (Jg 6,36). De même, dans le sein de la Vierge, sans relation avec un homme, du Ciel, le Fils de Dieu descendit selon l’antique promesse.

• En dessous à droite : Il descendra comme la pluie sur la toison (Ps 71,6).

Page 30: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli

• En bas, à gauche : Cette porte sera fermée et on n’ouvrira pas. (Ezékiel 44,2)

• En bas, à droite : Le Seigneur a fait sur la terre une créature nouvelle : la femme recherchera l’homme. (Jérémie 31,22)

Page 31: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Après la chute (Gn 3, 6-15)La femme s'aperçut que le fruit de l'arbre devait être savoureux, qu'il avait un

aspect agréable et qu'il était désirable, puisqu'il donnait l'intelligence. Elle prit

de ce fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea.

Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus. Ils

attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils s'en firent des

pagnes. Ils entendirent le Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la

brise du jour. L'homme et la femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur

Dieu parmi les arbres du jardin. Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui dit : «

Où es-tu donc ? » L'homme répondit : « Je t'ai entendu dans le jardin, j'ai pris

peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Le Seigneur reprit : « Qui donc

t'a dit que tu étais nu ? Je t'avais interdit de manger du fruit de l'arbre ; en

aurais-tu mangé ? » L'homme répondit : « La femme que tu m'as donnée, c'est

elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à

la femme : « Qu'as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m'a trompée,

et j'ai mangé. » Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait

cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs.

Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta

vie. Je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta

descendance : sa descendance te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le

talon. »

Page 32: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit• La scène semble se passer dans un jardin.• On y voit un arbre fruitier. Cela semble être

un figuier, à la forme des fruits.• Dans le fond de la scène, un homme âgé,

avec une longue barbe blanche, habillé de vêtements sacerdotaux (aube, étôle, chasuble et pluvial) et couronné d’une tiare papale (aux trois couronnes). La position de ses mains semble indiquer l’arbre et une rupture.

• Dur le devant de la scène, un serpent enroulé sur lui-même. Son enroulement ressemble à un ressort, prêt à se déployer. Il a des dents, et une langue noire sort de sa bouche. Sa tête semble tournée vers l’homme âgé. Il paraît en colère, ou du moins en souffrance, ou empli d’orgueil.

Après la

chûte

Page 33: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit• Sur la gauche, deux personnages.• On distingue en premier une femme nue.

Elle regarde vers la scène suivante. Elle paraît marcher vers la scène suivante. Elle a une longue chevelure blonde. Sa main gauche couvre son sexe d’une feuille (de figuier apparemment). Sa main droite pointe un index accusateur vers le serpent. L’index et le majeur sont croisés. Quant au pouce, il est orienté vers son visage. La forme de sa bouche et son regard nous montre une profonde tristesse.

Après la

chûte

Page 34: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit• Derrière elle, un homme dont la

nudité est cachée par la longue chevelure de la femme. Il a une barbe courte, rousse. Son regard est tourné vers l’homme âgé. Son visage montre une tristesse, voire une inquiétude. On ne distingue que sa main gauche qui est posée sur son torse. Elle est sûrement tenue par son autre main, signe de la tentation difficile à maîtriser. On distingue une de ses cuisses et son pied (entre les jambes de la femme). Il fuit la scène.

Après la

chûte

Page 35: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit

• Une recherche sur les fleurs et plantes représentées (hormis l’arbre) serait peut-être révélatrice d’éléments. Il y a-t-il une symbolique des fleurs ?

• Une des fleurs représentée est la Vesce.

On ne foule point la Vesce avec la herse et on ne tourne point la roue du chariot sur le cumin ; on bat la Vesce avec une verge et le cumin avec le bâton. (Es 28,27)

Après la

chûte

Page 36: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit

• C'est ici le seul endroit de la Bible où il soit question de cette plante. Nos traducteurs ont rendu le mot hébreu par Vesce, espèce de pois très fréquemment cultivée en Europe, mais cette interprétation paraît erronée.

• On croit généralement qu'il s'agit ici de la Nigelle ou Barbeau (Nigella saliva), plante annuelle, à feuilles profondément déchirées en lanières étroites, à fleurs bleuâtres, entourées d'un involucre vert très découpé. Elle est originaire d'Orient et d'Égypte ; on la cultive beaucoup dans ce dernier pays, en Perse et aux Indes.

• Pline, parlant de l'Herbe aux épices ou Nigelle, dit qu'on employait ses graines dans les boulangeries pour assaisonner le pain. Elles sont huileuses et d'une saveur piquante semblable à celle du poivre, dont elles tiennent lieu. De nos jours encore, on prépare en Égypte une espèce de pain ou de gâteau dont la croûte est parsemée de ces graines, qu'on tire de la Haute-Égypte. Les Arabes les nomment semence noire ou semence bénie ; elles communiquent au pain une saveur aromatique et agréable ; on dit de plus qu'elles le rendent salubre et excitent l'appétit.

• Le Cumin et la Nigelle se battent encore au fléau, de la manière décrite par le prophète Esaïe.

Après la

chûte

Page 37: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit Après la

chûteTexte biblique Image

Les personnages décrits dans le texte sont présents dans la scène : Dieu le Père, Adam, Ève et le serpent.

Gn 3, 11 : Le Seigneur reprit : « Qui donc t'a dit que tu étais nu ? Je t'avais interdit de manger du fruit de l'arbre ; en aurais-tu mangé ? »

Un des deux arbres (l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal) est lui aussi représenté sous la forme du figuier.

Page 38: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit Après la

chûteTexte biblique Image

Gn 3, 7 : Ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils s'en firent des pagnes

Une des feuilles de l’arbre servira de pagne à Ève

Gn 3, 8 : Ils entendirent le Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour.

Dieu se promène dans le jardin, au souffle du jour. Ce souffle est représenté dans le mouvement du vêtement de Dieu, comme soulevé par le vent.

Page 39: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit Après la

chûteTexte biblique Image

Gn 3, 8 : L'homme et la femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin.

Adam se cache derrière la longue chevelure de sa femme, et sous les ramures de l’arbre.

Ève semble, elle, se cacher derrière l’arbre dont on distingue la proximité avec les jambes de la femme. Elle paraît aussi protéger Adam.

Gn 3, 12 : L'homme répondit : « La femme que tu m'as donnée, c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé.”

La position des mains de l’homme semble confirmer cette réponse d’Adam. La main posée sur la poitrine représente souvent au Moyen-âge le signe de la soumission.

Page 40: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit Après la

chûteTexte biblique Image

Gn 3, 12 : La femme répondit : « Le serpent m'a trompée, et j'ai mangé.”

La femme désigne le serpent avec son doigt, comme celui qui l’a tentée.

Gn 3, 14 : Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.

Effectivement, le serpent a perdu ses pattes (ou ses aîles) le condamnant à ramper. Cela explique peut-être sa colère ! Mais son regard est aussi empli d’orgueil, de la fierté d’avoir fait chûter la femme. Le serpent a la tête relevée montrant sa langue noire et ses dents ; il est enroulé sur lui-même pour montrer que le péché replie l'homme sur lui-même, alors que Marie, par le geste de ses bras, manifeste que la grâce est accueil de la Parole de Dieu et de la personne du prochain.

Page 41: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit Après la

chûteImage Interprétation

L’habillement de Dieu le Père

Il est représenté comme un Pape couronné de la tiare papale, signe de son triple pouvoir (Ordre sacré, juridiction et Magistère).

Le figuier L’arbre est représenté en figuier. La Bible ne le précise pas, mais on peut s’en douter puisqu’ils s’habillent ensuite de feuilles de figuier. Rappelons aussi que la pomme est une simple erreur de transcription latine entre “malus” (mal) et “mallus” (pomme).

Page 42: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit Après la

chûteImage Interprétation

Ève et Marie

L’allusion au lien entre les deux personnages, Marie et Ève est double. EVA d’un côté et Marie, appelée AVE (l’inverse) par l’Ange. Marie inverse la situation pécheresse d’Ève.

Cela est accentué par la similitude des visages et des cheveux des deux personnages. De plus Ève regarde vers Marie, qui elle regarde vers Dieu (sous la dorme de son messager).

Marie est la nouvelle Ève. Son fruit apporte le Salut et non la déchéance. En inversant le nom d’EVA en AVE, l’ange Gabriel annonce le rachat du péché dont l’humanité a hérité.

Page 43: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn haut, à gauche :

Le Seigneur dit au serpent au sujet de la femme : “Elle t’écrasera la tête” (Gn 3,15), ce qui se réalisera à l’Annonciation quand la Vierge Marie, fille d’Ève, devint, dans son humilité, la mère du Rédempteur.

Compréhension• On ne voit pas Ève

écraser la tête du serpent.

• Par contre, la scène suivante est présentée.

• Le lien typologique est fait : Marie est la fille d’Ève, elle vient racheter l’erreur de la première femme.

• À l’orgueil de Marie s’oppose l’humilité de la Vierge.

Page 44: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn dessous, à gauche :

• Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils (Isaïe 7,14).

Compréhension

• La traduction est ici, comme à chaque fois, celle de la Vulgate.

• Le texte hébreu parle plutôt d’une jeune fille.

• Ève est présentée comme la préfiguration de la Vierge Marie qui sera la mère de Celui qui rachètera la première faute.

Page 45: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn bas, à gauche :

• Cette porte sera fermée et on ne l’ouvrira pas. (Ezékiel 44,2)

Compréhension• Comment comprendre

ce verset ?• Certainement pour

nous indiquer que le Paradis a été fermé par Dieu (Gn 3, 24) : Il expulsa l'homme, et il posta, à l'orient du jardin d'Éden, les Kéroubim, armés d'un glaive fulgurant, pour interdire l'accès de l'arbre de vie.

Page 46: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Dante : Paradis VII

Pour n'avoir pas accepté

De mettre un frein salutaire à sa volonté

Celui qui fut homme sans naître

En se damnant damna tout son lignage.

Par lui, l'espèce humaine est demeurée

Faible, percluse, en grande erreur,

De nombreux siècles.

Jusqu'au jour où le Verbe de Dieu est descendu

Daignant réunir à sa propre personne

La nature

Qui s'était éloignée de son créateur ;

Telle est l'oeuvre de la seule puissance

De son éternel amour.

Page 47: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Deuxième scène

L’Annonciation

Page 48: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• En haut, à gauche : Le Seigneur dit au

serpent au sujet de la femme : “Elle t’écrasera la tête” (Gn 3,15), ce qui se réalisera à l’Annonciation quand la Vierge Marie, fille d’Ève, devint, dans son humilité, la mère du Rédempteur.

• En dessous à gauche : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils (Isaïe 7,14).

Page 49: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• Il est à noter que la scène centrale n’est

présentée par aucun titulus direct.• Elle est cependant éclairée

typologiquement et allégoriquement par les tituli des scènes de l’Ancien Testament.

• Seules les deux citations de l’Écriture font plus référence à la scène centrale.

Page 50: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• En haut, à droite : Sur la toison de Gédéon,

sans aucun bruit, du ciel, la rosée tomba par l’action de Dieu (Jg 6,36). De même, dans le sein de la Vierge, sans relation avec un homme, du Ciel, le Fils de Dieu descendit selon l’antique promesse.

• En dessous à droite : Il descendra comme la pluie sur la toison (Ps 71,6).

Page 51: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli

• En bas, à gauche : Cette porte sera fermée et on n’ouvrira pas. (Ezékiel 44,2)

• En bas, à droite : Le Seigneur a fait sur la terre une créature nouvelle : la femme recherchera l’homme. (Jérémie 31,22)

Page 52: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

L’Annonciation : Luc 1, 26-38

26 Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, 27 à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. 28 L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 29 A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 30 L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. 32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » 34 Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » 35 L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. 36 Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile’. 37 Car rien n'est impossible à Dieu. » 38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l'ange la quitta.

Page 53: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

L’Annonciation : Matthieu 1, 18-25

18 Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. 19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. 20 Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; 21 elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » 22 Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : 23 Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». 24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse, 25 mais il n'eut pas de rapports avec elle ; elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus.

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DescriptionCe que l’on voit• La scène se déroule dans un intérieur de

maison.• Entre les colonnes, on distingue plusieurs

objets mobiliers : un prie-dieu sur lequel repose un livre ouvert (la découpe de la structure du tabouret montre la forme d’un cierge allumé), un baldaquin de lit (on distingue l’oreiller et le dessus) dont un des rideaux est tiré et l’autre replié en boule sur lui-même.

• Une sorte de prédelle sur laquelle se déroule la scène.

• Un vase décoré contenant une branche de lys dont trois fleurs sur quatre sont ouvertes.

• Le fond de scène pourrait être un mur recouvert d’une tapisserie brodée de motifs floraux.

• L’impression donnée est celle d’une chambre cossue des Flandres.

L’Annonciatio

n

Page 55: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit• Sur la gauche, agenouillée sur le prie-dieu,

une jeune fille tourne son visage vers celui qui est à droite. Elle écarte les mains en signe de surprise. Sa main droite semble même esquisser comme un signe de bénédiction. Son visage semble apaisé, voire souriant. Elle a de longs cheveux blonds. Elle porte une robe moirée, retenue à la taille par une ceinture de tissus blanc, se terminant sur un noeud. Sur ces épaules, un grand manteau de velours bleu. Elle porte au cou un collier de perles noirées, alternée de motifs d’or, et portant une croix d’or. De sa tête émanent des rayons d’or. Le texte du livre est illisible.

L’Annonciatio

n

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DescriptionCe que l’on voit

• Derrière elle, se trouve un jeune homme ailé. Il tient de la main droite un grand bâton, sorte de verge, ou de sceptre doré. Ses ailes sont brodées d’un rouge sanguin. De la main gauche, il tient un cartouche sur lequel est écrit “Ave gratia plena” (Salut, pleine de grâce). Il porte des cheveux blonds frisés, tenus par un diadème portant une croix sur une pierre précieuse (rubis ?) sertie d’or. Son visage est grave. Une aube blanche, parcourue de motifs floraux, le couvre, à moins que ce ne soit une dalmatique. Elle est tenue par une ceinture et recouverte d’une étole blanche (qui se termine en filets d’or) croisée sur le devant, à la manière des prêtres. On ne voit pas ses pieds, il semble flotter dans l’air.

• Notons la similitude entre les mains de l’ange et de Marie.

L’Annonciatio

n

Page 57: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit

• Entre les deux personnages, une colombe vole “en piqué” vers la jeune fille. Ses ailes sont déployées. Elle semble porter sur la tête un nimbe doré. Elle tient dans son bec une branche ?

L’Annonciatio

n

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Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nTexte biblique Image

26 Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, 27 à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

Rien ne précise que cela se passe dans une maison, mais rien ne dit non plus le contraire !

28 L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »

L’ange entre chez elle, donc dans une maison, à moins que cela ne signifie une entrée en son coeur.

La parole pronocée est représentée sur le cartouche.

Page 59: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nTexte biblique Image

28 L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »

« Ayant vu la Vierge troublée, l'ange l'appelle par son nom et la rassure » (saint Bède le Vble), mais « déjà l'Esprit Saint était dans la Vierge, lui qui envoyait un ange. Le Seigneur précéda son envoyé : "Le Seigneur est avec toi" » (saint Jérôme). 

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Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nTexte biblique Image

29 A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

On constate le visage serein de Marie, mais aussi ces mains qui signifient la stupéfaction.

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. »

Le sceptre porté par l’ange peut être le signe de la royauté promise.

Page 61: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nTexte biblique Image

34 Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »

On peut considérer que le livre ouvert fait référence à cette virginité annoncée dans la traduction de la Vulgate et mis en phylactère au-dessus.

Il est à noter que le texte hébreu porte le mot « almah » qui désigne une jeune fille nubile ou une jeune femme ; la version grecque de la Bible de la fin du IIème avant J.-C., les Septante, a traduit ce mot hébreu par « vierge » indiquant par là une interprétation juive ancienne de ce verset du prophète Isaïe.

Page 62: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nTexte biblique Image

34 Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »

On peut considérer que le livre ouvert fait référence à cette virginité annoncée dans la traduction de la Vulgate et mis en phylactère au-dessus.

35 L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre

Ici, la venue de l’Esprit-Saint est symbolisé par une colombe, comme dans le baptême du Christ.

Page 63: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le voile roulé

Il est souvent le signe d’une révélation : une levée de voile, un dévoilement.

La ceinture de la Vierge

Elle a toujours été considérée comme le signe de sa chasteté qui n’a pas été dénouée.

Page 64: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

L’attitude de prière de Marie

Cela fait partie des canons iconographiques : Marie ne pouvait accueillir l’ange que dans la prière. Et la méditation du livre d’Isaïe vient renforcer cela. La Vierge est ici représentée au moment de la conturbatio, c’est-à-dire du trouble ou même de la frayeur que provoquent en elle l’arrivée de l’ange et ses paroles.

Le vêtement de l’ange

Il est habillé comme un prêtre, au service de Dieu. Son nom, Gabriel, veut dire en hébreu “Dieu annonce”, comme tout prêtre qui annonce la Parole de Dieu. En plus de sa robe blanche (in vestitus albis), il porte une dalmatique brodée d’orfrois.

Page 65: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le diadème et les ailes

Ses ailes sont blanches et pennées comme celle d’un cygne. Elles sont bordées de rouge, comme pour annoncer le sang que devra verser le Sauveur.

Le diadème est surmonté d’une Croix. La Passion est déjà annoncée. Et cela est renforcé par le rubis sur laquelle elle est posée, forme de la trace d’un clou laissant une tache de sang couleur rubis.

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Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

La colombe

Elle devient l’émanation directe de Dieu le Père et semble presque se substituer à l’Annonciateur réduit au rôle secondaire et auxiliaire d’interprète. Le texte,cependant, ne fait nullement référence à une corporéité de l’Esprit sous quelque forme que ce soit.

Sa présence met l’accent sur le mystère de l’Incarnation.

Page 67: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

La disposition de la scène

Comme souvent, elle est coupée en deux (représentant les deux mondes divin et terrestre), ici par le sceptre. Le monde terrestre semble figé en Marie alors que le monde divin est en mouvement, de par la charge dynamique de flottement de l’ange. La scène est ainsi dissymétrique.

Nous viendrons plus loin sur la séparation de la scène en deux parties par le bâton de l’ange.

Page 68: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le sceptre Il marque une séparation entre deux mondes : le divin et le terrestre.

Il peut représenter un double signe de royauté : celle qui celui qui envoie l’ange (Dieu) et celle du Fils annoncé (qui sera roi). On pourrait aussi y voir, plutôt qu’un sceptre, le bâton de messager. C’est au Dieu Mercure, messager de Jupiter, que l’Ange annonciateur emprunte sa baguette de héraut antique, bâton de commandement confié par l’empereur céleste à son ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire. À moins que ce ne soit la baguette des ostiaires, chargés de la garde et de la protection des églises (symbole assez courant dans l’iconographie flamande).

Dans de nombreuses représentations médiévales, cette séparation est aussi le signe du nouvel Arbre de la Vie (qui était perdu à jamais) qui rachète de l’arbre dont le fruit a entraîné l’homme au péché.

Page 69: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le prie-dieu (ou tabouret)

L’agenouillement de Marie est certainement tiré d’une interprétation des Méditations du Pseudo-Bonaventure (Cap. IV) : “Elle plia le genoux et joignit les mains en disant : Voici la servante du Seigneur”.

À noter que la structure de ce tabouret dessine la forme d’une bougie allumé. La parole de Dieu enflamme Marie. La Parole et la lumière sont associées dans l’esprit du texte de saint Jean (Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde – Jn 1,19), ou est-ce la lampe de la Vierge sage qui veille ?

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Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le manteau bleu de Marie

Rappelons-nous d’abord l’origine de ce manteau bleu… Ce pigment bleu (dit de lapis-lazuli) était l'un des pigments les plus chers, voire le plus cher. Plus onéreux encore que le pigment doré ! On l'utilise très rarement, et seulement lorsque cela vaut le coût. On va donc s'en servir sur les personnages les plus symboliques, les plus sacrés. Il est en plusévident que le bleu évoque alors le ciel et la paix qui s’associe donc à la Vierge Marie. Mais soulignons aussi que parmi toutes les couleurs, le bleu est celle qui est le plus souvent associée au domaine spirituel. C'est une couleur froide, au contraire du rouge, et elle incite la plupart des hommes à la réflexion. C'est la couleur du manteau de la Vierge Marie, parfois appelée de façon poètique le " lis bleu ".

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Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

La tenture du fond

Elle est parsemée de fleurs symbolisées et de feuilles de houx.

Pour les chrétiens, le houx est en effet spécifiquement associé à la naissance de l'Enfant Jésus. Le roi Hérode cherchant à massacrer tous les nouveau-nés juifs pour éliminer celui que l'on annonçait comme le roi des juifs, Marie, Joseph et leur enfant s'enfuirent vers l'Égypte. À l'approche d'une troupe de soldats, ils se cachèrent dans un buisson de houx, qui, dans un élan miraculeux, étendit ses branches pour dissimuler la Sainte Famille derrière son épais feuillage épineux. Sauvés, Marie bénit le buisson de houx et souhaita qu'il restât toujours vert en souvenir de sa protection et comme symbole d'immortalité.

On peut y distinguer aussi, entre l’ange et Marie, une sorte de fruit. Est-ce une grenade mure ? Dans le Cantique des Cantiques de Salomon, le mot grenade est utilisé plusieurs fois pour décrire la beauté féminine (4,3.13 et 6,7). La grenade est depuis des temps immémoriaux symbole de vie et de fertilité, mais aussi de puissance (orbe impériale), de sang et de mort. Dans la symbolique chrétienne, la grenade représente l’église comme ecclésia, comme communauté des croyants. Elle symbolise le fait que la création soit dans la main de Dieu, la providence. Elle est en outre aussi le symbole de la prêtrise parce qu’elle porte des fruits riches dans sa peau dure (ascèse de la prêtrise). À moins que ce ne soit une pomme de pin ? Elle est le symbole de reproduction,  de fertilité et d'éternité (sa graine survit au feu), selon la tradition greco-romaine.

Page 72: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

La tenture du fond

Peut-être semble-t-il pus juste d’y voir le chardon (comme il est représenté sur le brocart du manteau de l’ange d’Hans Memling – 1482 – MOM, New York). Les chardons préfigurent la couronne d’épines.

Quoi qu’il en soit, tous les éléments végétaux représentés sont liés à la mort et à la résurrection du Christ qui est bien le fond de scène (tenture) et le fond du message de la scène (Annonciation de ce que vivra Jésus).

Page 73: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le sol marbré

Ce sol de marbre diapré est l’image de la terre. En effet, la terre est souvent représentée sous la forme d’un carré. Par le sceptre, nouvel arbre de Vie, le passage se fait vers le ciel, symbolisé dans le bleu de la tenture moirée du fond. Le passage de l’un à l’autre se fait selon l’axe de cet arbre : l’entrée du projet divin dans l’humanité passe par le sacrifice de la croix, préfigurée ici lors de la conception de Dieu, entre autre par le diadème en forme de croix, posée sur un rubis sanguin, et par les ailes de l’ange bordées de rouge, signes du sacrifice du Christ. Ce pavement parle également de la Passion du Christ. Il préfigure le jugement de Jésus et sa condamnation à mort par Pilate : “Il s’assit à son tribunal, au lieu appelé le Dallage” (Jn 19,13).

Page 74: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le vase En iconographie chrétienne, le vase a souvent représenté la Vierge qui se prépare à être le réceptacle, le vase choisi pour recevoir le Christ. Dans la littérature médiévale, le vase est celui qui va contenir un trésor (comme le Graal). Il est le symbole du sein maternel, l’utérus dans lequel une nouvelle naissance se forme. C’est un réservoir de vie. Il est parfois transparent et traversé par un rayon de lumière, pour montrer que traversée par l’Esprit, la Virginité de Marie n’en est pas altérée. Il est donc l’emblème de sa chasteté. Marie est le vase intact. Ici, c’est une majolique qui est montrée.

Page 75: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Les lys L’emblème floral du lys tient dans l’iconographie chrétienne une place importante. Sa blancheur de neige immaculée, ses fleurs insexuées, sans étamines, l’ont fait choisir comme symbole de la pureté et plus spécialement de la virginité de Marie que Saint-Bernard appelle : inviolabile castitatis lilium. La tige est souvent terminée par trois fleurs qui symbolisent le triple virginité de Marie, avant, pendant, et après l’enfantement. Normalement une seule devrait être épanouie et les deux autres en bouron. Ici, on en voit trois épanouies et une quatrième en bouton. Ou le symbole est perdu ou l’on doit y voir le symbole des quatre vertus cardinales : Force, Justice, Tempérance et Prudence. La force étant en bouton chez Marie qui ne la vivra que lors de la Passion de son Fils. Rappelons aussi qu’elle est le lys pur parmi les épines (Ct 2,2)

Page 76: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Le visage de Marie

Nous avons déjà souligné la similitude de visage entre la Vierge et Ève comme inversement, ou retournement de l’une à l’autre.

Le dessin montre aussi qu'Ève regarde l'ange de l'Annonciation, voyant ainsi déjà en esprit la réalisation de la Parole de Dieu. En outre, on peut voir que le visage et la chevelure blonde d'Ève sont les mêmes que ceux de Marie : Marie est la nouvelle Ève, car « le Christ s'est fait homme par la Vierge, de sorte que c'est par la voie qu'elle avait commencée que prit fin aussi la désobéissance venue du serpent. Ève était vierge, sans corruption ; en concevant la parole du serpent, elle enfantait désobéissance et mort ; or la Vierge Marie conçut foi et joie lorsque l'ange Gabriel lui annonça la bonne nouvelle que l'Esprit du Seigneur viendrait sur elle… » (saint Justin, Dial. Tryphon, 100). De même, « ...parallèlement au Seigneur, on trouve la Vierge Marie obéissante, lorsqu'elle dit : "Voici ta servante, Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole". Ève, au contraire, avait été désobéissante : elle a désobéi alors qu'elle était encore vierge [...] de même donc qu'Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant vierge, devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain (saint Iréné, Adv. Hær., 3, 22, 4).

Page 77: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit L’Annonciatio

nImage Interprétation

Les positions des mains

La position des mains de Marie signifie dans la grammaire des gestes du Moyen-âge la pieuse acceptation.

La main droite de l’ange, elle, semble bénir selon le rite latin : l’index et le majeur sont déployés (symbole des natures humaine et divine du Christ), alors que les trois autres doigts sont repliés sur la paume pour symboliser la Trinité divine.

La main droite de Marie semble reprendre le même geste, mais de façon plus timide, comme si elle était en train de prendre acte de cette bénédiction.

Le collier de Marie

Ce collier pourrait évoquer le rosaire, prière à la Vierge.

Page 78: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn haut, à gauche :

Le Seigneur dit au serpent au sujet de la femme : “Elle t’écrasera la tête” (Gn 3,15), ce qui se réalisera à l’Annonciation quand la Vierge Marie, fille d’Ève, devint, dans son humilité, la mère du Rédempteur.

Compréhension

Page 79: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn dessous, à gauche :

• Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils (Isaïe 7,14).

Compréhension

• La traduction est ici, comme à chaque fois, celle de la Vulgate.

• Le texte hébreu parle plutôt d’une jeune fille.

• Ève est présentée comme la préfiguration de la Vierge Marie qui sera la mère de Celui qui rachètera la première faute.

Page 80: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Le lien avec les tituliEn bas, à gauche :

• Cette porte sera fermée et on ne l’ouvrira pas. (Ezékiel 44,2)

Compréhension• Le monde paysan a souvent

vu dans l’Annonciation la fête de la fécondité. Les portes de la terre s’ouvrent en ce jour pour recevoir les semences comme la Vierge pour concevoir le Sauveur. C’est le moment propice pour creuser le premier sillon, semer ou planter.

• On pourrait aussi penser que la porte de la virginité de Marie ne fut pas ouverte, ni avant, ni pendant, ni après (rappelons le symbole des lys).

Page 81: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Un poème de Marie-Noelle : ANNONCIATION

La Vierge Marie est dans sa maison,Son petit jardin par la porte ouverteRespire. Une abeille entre.La saison qui vient de très loin n'est pas encor verte.La Vierge Marie est penchée au bordDe son coeur profond comme une fontaineEt joint ses deux mains pour garder plus forLe ciel jaillissant dont elle est trop pleine.Un frisson le long du petit jardinA couru... Qui vient ? La feuille nouvelle ?Qui passe ?... Un oiseau sort du ciel.Soudain La graine des champs les sent partir d'elle.Le vent sur le toit vient de rencontrer Dessus, un oiseau que l'azur apporte. Qui vole ?... Le ciel a poussé la porte. La porte a chanté, un Ange est entré.

Un Ange a parlé tout bas dans la chambre. Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit, Toi seule dans l'ombre et le Paradis. Il a semé Dieu tout grand dans tes membres. La Vierge Marie est dans son bonheur. La Vierge Marie est là qui se noie Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur Autour du jardin, autour de ma joie.Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi, Tout petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble.

Page 82: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Troisième scène

Gédéon et la

toison

Page 83: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Les tituli• En haut, à droite : Sur la toison de Gédéon,

sans aucun bruit, du ciel, la rosée tomba par l’action de Dieu (Jg 6,36). De même, dans le sein de la Vierge, sans relation avec un homme, du Ciel, le Fils de Dieu descendit selon l’antique promesse.

• En dessous à droite : Il descendra comme la pluie sur la toison (Ps 71,6).

Page 84: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

L’histoire de Gédéon (Juges 6, 36-40)

36 Gédéon dit à Dieu: Si tu veux délivrer Israël par ma main,

comme tu l'as dit,

37 voici, je vais mettre une toison de laine dans l'aire; si la toison

seule se couvre de rosée et que tout le terrain reste sec, je

connaîtrai que tu délivreras Israël par ma main, comme tu l'as dit.

38 Et il arriva ainsi. Le jour suivant, il se leva de bon matin,

pressa la toison, et en fit sortir la rosée, qui donna de l'eau plein

une coupe.

39 Gédéon dit à Dieu: Que ta colère ne s'enflamme point contre

moi, et je ne parlerai plus que cette fois: Je voudrais seulement

faire encore une épreuve avec la toison: que la toison seule reste

sèche, et que tout le terrain se couvre de rosée.

40 Et Dieu fit ainsi cette nuit-là. La toison seule resta sèche, et

tout le terrain se couvrit de rosée.

Page 85: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit

• La scène se déroule en extérieur, dans un décor champêtre, bordé d’une forêt.

• Un homme, en armure complète du XV° siècle (heaume, gorgerin, cuirasse dissimulée par le pourpoint aux manches bouffantes et maintenu par une ceinture, spalières, jambières, épée, etc), visière relevée, est à genoux en attitude de prière, les mains jointes.

Gédéon

Page 86: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

DescriptionCe que l’on voit

• À ces pieds, se trouve une peau de mouton (apparemment de bélier cornu) étalée.

• Vers le ciel où le soldat regarde, on distingue un ange aîlé déroulant un phylactère sur lequel il est écrit : « Yahvé soit avec toi, vaillant guerrier ».

• D’une main, l’ange montre le message, et de l’autre le ciel, origine des paroles.

Gédéon

Page 87: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui correspond au texte biblique

Ce que l’on voit Gédéon

Texte biblique Image

36 Gédéon dit à Dieu: Si tu veux délivrer Israël par ma main, comme tu l'as dit,

37 voici, je vais mettre une toison de laine dans l'aire; si la toison seule se couvre de rosée et que tout le terrain reste sec, je connaîtrai que tu délivreras Israël par ma main, comme tu l'as dit.

L’attitude de prière exprime le dialogue avec Dieu.

On retrouve la toison à ses pieds.

Il est difficile de deviner à quel moment correspond la scène, certainement après le premier miracle lorsque Gédéon invoque de nouveau le Seigneur.

Page 88: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Ce qui est interprétatif ou allégorique

Ce que l’on voit Gédéon

Texte biblique Image

« Yahvé soit avec toi, vaillant guerrier »

La Parole de Dieu, écrite dans le phylactère présenté par l’ange n’est pas dans le texte biblique.

Page 89: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

D’autres représentations• Dans les représentations

habituelles, Gédéon est souvent accompagné d’une cruche cassée, par allusion à ses victoires sur les Madianites où ses hommes cassent les cruches qu’ils tenaient à la main pour en retirer des flambeaux.

• Au Moyen-âge, il est toujours représenté en chevalier, comme dans cette enluminure de 1462.

Page 90: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Interprétations symboliques

• Grâce à la subtilité des théologiens du Moyen-âge, ce double miracle a eu dans l’art chrétien une extraordinaire fortune. La Toison de Gédéon a été interprétée comme un symbole de la nation juive favorisée de la rosée divine quand toutes les autres nations étaient sèches, puis à son tour, par suite de son obstination à ne pas reconnaître le Messie, abandonnée par le grâce dont héritent les Gentils.

Page 91: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Interprétations symboliques• Mais une autre interprétation devait connaître

une popularitré beaucoup plus grande. • Comme le Buisson ardent de Moïse brûle sans

se consumer, la Toison de Gédéon devint un symbole de la maternité virginale de Marie.

• Dans la pensée des commentateurs, la toison mouillée est l’image de la Vierge fécondée par le Saint-esprit qui fait descendre, comme une rosée, Jésus dans son sein “sicut pluvia in vellus” (Psaume 71, 6 : Qu'il descende comme la pluie sur les regains, une pluie qui pénètre la terre) : l’aire restée séche alentour symbolise sa virginité intacte (cf. Honorius d’Autun : “Dominus sicut pluvia in vellus descendit, matris fecunditatem attulit virginitatem non abstulit” – “Le Seigneur descendit comme la pluie sur la toison, il a emmené la fertilité de la mère, sa virginité n'a pas disparu”, Migne, P.L., 172, Col. 841)

Page 92: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Interprétations symboliques• Dans le Psautier de Peterborough (XIII°

siècle), où la Toison de Gédéon est un des types de l’Annonciation, on lit ce commentaire : “Virginitas vellus, verbum ros, arida tellus est caro virginea.” – “La chair de la Vierge est la virginité de la toison, la rosée, la terre sèche.”

• Ce symbolisme d’accoucheur mystique passa des compliations théologiques dans la Bible des Pauvres et le Miroir du Salut (Speculum humanae salvationis) qui se chargèrent de le populariser par l’image.

Page 93: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

Interprétations symboliques

• Au XV° siècle, la Toison de Gédéon devient par surcroît l’emblème de l’Ordre de la Toison d’or. Les Ducs de Bourgogne avaient d’abord songé à la toison de Jason (vellus Jasonis) plutôt qu’à celle de Gédéon (vellus Gedeonis) : mais Jason, qui s’était parjuré pour conquérir la Toison, pouvait difficilement être proposé en exemple à des chevaliers ; c’est pourquoi le héros biblique fut substitué au héros mythologique.

Page 94: Méditations sur les Tapisseries de la Chaise-Dieu

INTERPRÉTATION ET LECTURE CATÉCHÉTIQUE

La Chaise-Dieu

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Première lecture

• Il est clair que le thème central de cette tenture reprend la question de la virginité de Marie.

• Elle y est présentée comme la Nouvelle Ève (la similitude des visages en est le signe probant).

• La scène de gauche est comme une prophétie faite à Ève qui se réalisera en Marie. Dieu promet à Ève qu’une femme de sa descendance prendra sa revanche.

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Première lecture• Cette revanche se fera par la

conception virginale de Jésus en son sein, dont le miracle de la Toison de Gédéon est comme la préfiguration.

• Ainsi, les deux scènes qui entourent l’Annonciation correspondent bien à une typologie habituelle, que ce soit dans les représentation artistiques de l’époque, ou dans les textes des Commentateurs qui s’appuient dur les Pères de l’Église (comme saint Ambroise qui fit le lien entre les scènes dans son commentaire de Luc).

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LES QUATRE SENS DE L’ÉCRITURE

La Chaise-Dieu

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Cité par Henri de Lubac, Exégèse médiévale : les quatre sens de l’Écriture, t. I, Paris, Aubier-

Montaigne, 1959, p. 23

Littera gesta docet,

quid credas allegoria,

moralis quid agas,

quo tendas anagogia.

La lettre enseigne les faits,

l'allégorie ce que tu dois croire,

la morale ce que tu dois faire,

l'anagogie ce que tu dois viser.

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Quatre sens, quatre lectures• Les Pères de l’Église

avaient une méthode catéchétique qui s’appuyait sur une quadruple lecture des textes bibliques.

• Le Cardinal de LUBAC, dans son fameux livre : Les quatre sens de l’Écriture” les nommera ainsi :1. Lecture littérale,2. Lecture allégorique,3. Lecture tropologique,4. Lecture anagogique.

• Au Moyen-âge commence aussi à se développer une méthode de Lectio Divina qui repose sur quatre étapes :1. Lectio2. Meditatio3. Oratio4. Contemplatio

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Quatre sens, quatre lectures• Les principes de la

Lectio divina ont été exprimés vers l’an 220 de notre ère par Origène.

• Il affirma que, pour lire fructueusement la Bible, il est nécessaire de le faire avec attention, constance, prière.

• La Lectio divina a été introduite en Occident par saint Ambroise.