mécanismes de défense

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31 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 82 - SEPTEMBRE 2005 Henri CHABROL, Professeur de psychopathologie à l’Université du Mirail, Toulouse. Les mécanismes de défense Les mécanismes de défense sont des opéra- tions mentales involontaires et inconscientes qui contribuent à atténuer les tensions internes et externes. Les concepts d’organisation défen- sive, de style défensif, décrivant des combinai- sons de mécanismes de défense, relativement stable et caractéristique de la personnalité d’un sujet, apparaissent une dimension majeure du fonctionnement de la personnalité, du normal au pathologique. Les études sur les mécanismes de défense ont conquis l’intérêt des cliniciens, largement en dehors du champ psychanaly- tique. Cependant, la fidélité et la validité insuffi- santes des moyens d’évaluation limitent encore les études empiriques des relations des méca- nismes de défenses avec la santé psychologique ainsi que des utilisations thérapeutiques de ces concepts.  Mots clés : mécanismes de défense, coping, évaluation, thérapie RÉSUMÉ Defence mechanisms are mental operations that are involuntary and unconscious and contribute to reduce internal and external stresses. The concept of defensive organisation or style, defined as a set of defence mechanisms relatively stable and characteristic of personali- ty appears to be a major dimension of persona- lity, from normal to pathology. Studies on defence mechanisms have gained the interest of clinicians, largely outside the psychoanalytical field. However, the lack of reliability and validity of the assessment instruments still limits the empirical studies of the relation between defen- ce mechanisms and psychological health as well as of their therapeutic implications. Key-words: defence mechanisms, coping, assess- ment, therapy ABSTRACT L ES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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31RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 82 - SEPTEMBRE 2005

Henri CHABROL,Professeur de psychopathologieà l’Université du Mirail, Toulouse.

Les mécanismes de défense

Les mécanismes de défense sont des opéra-tions mentales involontaires et inconscientesqui contribuent à atténuer les tensions interneset externes. Les concepts d’organisation défen-sive, de style défensif, décrivant des combinai-sons de mécanismes de défense, relativement

stable et caractéristique de la personnalité d’unsujet, apparaissent une dimension majeure dufonctionnement de la personnalité, du normalau pathologique. Les études sur les mécanismesde défense ont conquis l’intérêt des cliniciens,largement en dehors du champ psychanaly-tique. Cependant, la fidélité et la validité insuffi-santes des moyens d’évaluation limitent encoreles études empiriques des relations des méca-nismes de défenses avec la santé psychologiqueainsi que des utilisations thérapeutiques de cesconcepts.

 Mots clés : mécanismes de défense, coping,évaluation, thérapie

R É S U M ÉDefence mechanisms are mental operationsthat are involuntary and unconscious andcontribute to reduce internal and externalstresses. The concept of defensive organisationor style, defined as a set of defence mechanismsrelatively stable and characteristic of personali-ty appears to be a major dimension of persona-lity, from normal to pathology. Studies ondefence mechanisms have gained the interest of clinicians, largely outside the psychoanalyticalfield. However, the lack of reliability and validityof the assessment instruments still limits theempirical studies of the relation between defen-ce mechanisms and psychological health as wellas of their therapeutic implications.

Key-words:defence mechanisms, coping, assess-ment, therapy

ABSTRACT

L ES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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INTRODUCTION

Notre résilience, notre capacité à faire face aux tensions,aux conflits, aux dangers perçus à l’intérieur de nous oudans le monde extérieur, mobilise 2 types d’opérationsmentales, les mécanismes de défense et les processusde coping. Les mécanismes de défense sont des pro-cessus mentaux automatiques, qui s’activent en dehorsdu contrôle de la volonté et dont l’action demeureinconsciente, le sujet pouvant au mieux percevoir lerésultat de leurs interventions et s’en étonner éven-tuellement. Au contraire, les processus de coping, mot

traduit en français par stratégies d’adaptation ou pro-cessus de maîtrise, sont des opérations mentales volon-taires par lesquelles le sujet choisi délibérément uneréponse à un problème interne et/ou externe. Les méca-nismes de défense ont été découverts par la psychana-lyse et occupent une place importante dans les théorieset les thérapies psychanalytiques. Les processus decoping ont été étudiés par les méthodes de la psycho-logie scientifique et font actuellement l’objet principale-ment de l’intérêt des psychologues de la santé et desthérapeutes cognitivo-comportementalistes qui leuraccordent une place importante dans leurs théories etleurs thérapies. Le peu de communication ou les conflitsentre les approches psychanalytique et cognitive-com-portementale ont conduit à des réflexions et à desétudes parallèles de la défense et du coping. Très peude publications abordent l’étude des relations entredéfense et coping.

Tout pousse au contraire à reconnaître l’intérêt etla nécessité de ces études conjointes (Chabrol etCallahan, 2004).D’abord, l’opposition entre les mécanismes dedéfense, automatiques et inconscients, et les pro-cessus de coping, mis en jeu volontairement etconsciemment, dichotomise assez artificiellement lesopérations mentales et ne rend pas compte de leurcomplexité qui laisse la place à des processus men-taux intermédiaires, dont les degrés de conscience etd’intentionnalité sont variables.

Ensuite, défense et coping coexistent en chacun denous. L’opposition entre les défenses qui seraitpathologiques et le coping qui serait adaptatif estmaintenant dépassée. Défense et coping peuvent êtredes processus adaptatifs ou mal adaptatifs. Ce carac-tère fonctionnel ou dysfonctionnel dépend à la foisdu type de défense ou de coping, de l’intensité et dela durée de sa mise en jeu, mais aussi du contexteinterne et externe de leur mobilisation et des inter-actions éventuelles entre défense et coping.

Enfin, défense et coping s’activent habituellementconjointement ou successivement et contribuentensemble à notre adaptation aux difficultés de la vie

quotidienne, comme aux situations difficiles de la vieou aux traumatismes majeurs.

Défense et coping constituent donc deux dimensionsentremêlées de nos moyens de faire face aux pro-blèmes intérieurs et extérieurs qu’il est importantde prendre en compte simultanément pour la com-préhension du sujet en souffrance comme pour lacompréhension des facteurs contribuant à la santé.Il paraît également évident que les interventions thé-rapeutiques pour les sujets en souffrance peuventbénéficier d’une approche intégrative visant à l’amé-lioration conjointe du système de défense et de

coping du sujet.Cet article présentera successivement le problèmede la classification des mécanismes de défense, la des-cription des principaux mécanismes de défense, leurmesure, les études des relations entre défense etsanté psychique et physique, les implications théra-peutiques.

LE PROBLÈME DE LA CLASSIFI-CATION DES MÉCANISMES DEDÉFENSE

Deux principales classifications ont été proposées.La première classe les mécanismes de défense enfonction de leurs effets plus ou moins adaptatifs. Laseconde les classe en fonction de leur cible princi-pales, les émotions ou les pensées.

Classification en fonctiondu caractère adaptatif 

La classification la plus habituelle distingue lesdéfenses matures, les défenses névrotiques ou inter-médiaires et les défenses immatures en fonction deleur niveau adaptatif. Les défenses matures contri-buent à la santé psychique et physique. Les défensesnévrotiques d’abord liées aux névroses où elles sont

prédominantes sont maintenant plutôt appeléesdéfenses intermédiaires car elles sont utilisées parchacun d’entre nous. Les défenses immatures, quandelles prédominent, sont liées aux troubles de la per-sonnalité, aux troubles psychiatriques, comme lesdépressions graves ou les psychoses. Le DSM-IV(Manuel diagnostique et statistique des troubles men-taux, Association américaine de psychiatrie, 1994)propose une classification en 7 niveaux avec unniveau mature et intermédiaire et une subdivisiondes défenses immatures en 5 niveaux.

Ces classifications en niveaux ont été critiquées.D’abord, certaines études ont suggéré que les

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LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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défenses pouvaient se classer sur une seule dimen-sion, allant du plus dysfonctionnel au plus fonc-tionnel, selon une continuité, sans distinction clairede niveaux. Ensuite, certains auteurs ont insistésur le fait que tous les mécanismes de défense pou-vaient servir l’adaptation et aider à surmonter l’ad-versité. L’efficacité adaptative d’un mécanisme dedéfense dépend de sa nature, mais aussi de l’in-tensité et de la souplesse de sa mise en jeu, et descirconstances. Pour chaque mécanisme de défense,les modes d’activation légère tendent à être fonc-tionnelles, et les variantes plus intenses tendent àêtre dysfonctionnelles. Le niveau de stress subi

intervient aussi dans l’adaptation. Dans les stressmajeurs, les mécanismes de défenses réputés lesplus immatures, dysfonctionnels ou pathologiquespeuvent avoir une fonction protectrice. Les stresslégers peuvent ne nécessiter que les mécanismesde défense matures, les stress plus significatifs peu-vent requérir les mécanismes intermédiairesnévrotiques pour la plupart des sujets et les stressintenses réclament au moins l’activation brève desdéfenses immatures. Dans les situations extrêmes,même les mécanismes habituellement considéréscomme les plus pathologiques peuvent servir à sur-monter l’adversité.

Classification en fonction de la cible

Certains auteurs ont distingué les défenses dirigéescontre les pensées ou cognitions et celles dirigéesdirectement contre l’émotion. L’humour est unexemple des mécanismes modifiant les cognitions.La somatisation, définie comme le déplacement d’unaffect douloureux sur une partie du corps, est unexemple d’une défense centrée sur l’émotion.

Cette classification est largement artificielle : lesdéfenses centrées sur les cognitions agissent indi-rectement sur les émotions puisque les cognitionsdéterminent ou tout au moins influencent fortementles émotions. D’autre part, les défenses centréessur l’émotion peuvent recourir à des processuscognitifs. La cible ultime des mécanismes de

défenses est les émotions : « Le moi n’est pas seule-ment en conflit avec les rejetons du ça qui essayent del’envahir pour avoir accès au conscient et à la satisfac-tion. Il se défend avec la même énergie contre les affectsliés à ces pulsions instinctuelles. Lors du rejet des exi-

 gences pulsionnelles, c’est toujours à lui qu’incombe latâche capitale de se débrouiller au milieu des affects :amour, désir, jalousie, humiliations, chagrins et deuil,toutes manifestations qui accompagnent les désirssexuels ; haine, colère, fureur, liées aux pulsions agres-sives. Tous ces affects… se voient soumis à toutes sortesde mesures qu’adopte le moi pour les maîtriser…Chaque fois qu’un affect se modifie… c’est que le moia agi. » (Anna Freud, 1936, p. 32).

Ces deux classifications ne doivent donc pas fairesous estimer la relative unité des mécanismes dedéfense.

LA DESCRIPTION DES PRINCI-PAUX MÉCANISMES DE DÉFENSE

La question du nombredes mécanismes de défense.

Il n’existe pas de consensus sur le nombre de méca-nismes de défense qui est très variable selon lesauteurs. L’affirmation de Schafer (1954) est toujoursactuelle : « Il ne peut y avoir de listes «exactes » ou« complètes» de mécanismes de défense, mais seule-ment des listes variant dans leur exhaustivité, dans leur consistance théorique interne, et dans leur utilité pour ordonner l’observation clinique et les données de larecherche» (p. 161).

Les mécanismes de défenses seront présentés parniveau selon l’échelle de fonctionnement défensif du DSM-IV. Cette échelle représente une étapeimportante vers l’intégration de l’approche psy-chanalytique à la démarche diagnostique. Elle n’estpas le produit d’une étude empirique utilisant uneméthode d’analyse factorielle : elle résulte d’unconsensus entre cliniciens mettant en communleurs connaissances et leurs expériences à la foispour choisir les mécanismes de défenses présentéset pour les organiser hiérarchiquement en7 niveaux défensifs. Elle propose des définitionsopérationnelles, claires et concises, des mécanismesde défense. Elle permet de coter les mécanismesde défense habituellement utilisés par le sujet et depréciser le niveau de fonctionnement défensif actuelprédominant à partir d’une classification hiérar-chique et de définitions opérationnelles desdéfenses.

Les 7 niveaux sont : le niveau adaptatif élevé repré-

sentant les défenses matures, le niveau des inhib i-tions mentales représentant les défenses intermé-diaires névrotiques et les n iveaux immatures avecles niveaux de distorsion mineure et majeure del’image de soi et des autres, le niveau du désaveu,le niveau de l’agir et le niveau de la dysrégulationdéfensive.

Le niveau adaptatif élevé assure une adaptationoptimale aux facteurs de stress. Les défenses habi-tuellement impliquées autorisent la perceptionconsciente des sentiments, des idées et de leursconséquences. Y sont décrits l’anticipation, l’affilia-tion, l’affirmation de soi, l’altruisme, l’auto-observation,

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l’humour, la sublimation, la répression. Ce niveauinclut des mécanismes qui se rapprochent des pro-cessus de coping les plus fonctionnels.

Le niveau des inhibitions mentales ou de la for-mation de compromis est constitué de défensesmaintenant hors de la conscience idées, sentiments,souvenirs, désirs ou craintes potentiellement mena-çants (déplacement, dissociation, intellectualisation,isolation de l’affect, formation réactionnelle, refou-lement, annulation).

Le niveau de distorsion mineure de l’image de

soi, du corps ou des autres est représenté pardes mécanismes utilisés pour réguler l’estime de soi.Ce sont les défenses narcissiques : dépréciation, idéa-lisation, omnipotence.

Le niveau du désaveu est constitué de défensesmaintenant hors de la conscience des facteurs destress, des impulsions, idées, affects ou des senti-ments de responsabilité en les attribuant ou non àune cause extérieure (déni, projection, rationalisa-tion).

Le niveau de distorsion majeure de l’image desoi et des autres regroupe des défenses produi-sant une distorsion majeure ou une confusion del’image de soi et des autres (clivage, identificationprojective, rêverie autistique,).

Le niveau de l’agir est constitué de défense parl’agir ou le retrait (passage à l’acte, retrait apathique,plainte associant demande d’aide et son rejet, agres-sion passive).

Le niveau de la dysrégulation défensive estconstitué de défenses caractérisées par l’échec de larégulation défensive provoquant une rupture mar-quée avec la réalité objective (projection délirante,déni psychotique, distorsion psychotique).

L’ouvrage «Mécanismes de défense et coping »(Chabrol et Callahan, 2004) présentent ces méca-

nismes de défense en les illustrant par des exemplescliniques.

Le niveau adaptatif élevé

Le principal «promoteur» de ce niveau adaptatif élevé, Vaillant (2000) le conçoit comme regroupantde véritables mécanismes de défense nettementdistincts des modes de coping fonctionnels. Ilinsiste sur le fait que les mécanismes de ce niveausont involontaires, s’activant automatiquement endehors du contrôle du sujet : «Bien que plus près dela conscience que des mécanismes comme la projec-tion ou le refoulement, les mécanismes matures ne

peuvent être volontairement déployés. » (p.92). Ilconsidère que ces mécanismes de défense, quali-fiés de matures, sont « supérieurs aux processus decoping volontaires », arguant que ces mécanismes«peuvent réguler notre perception des réalités interneset externes que nous sommes impuissants à changer »(p.89). Il décrit dans ce groupe l’anticipation, l’al-truisme, l’humour, la répression et la sublimation,tous caractérisés par une activation automatiqueéchappant à la volonté du sujet. Le DSM-IV intro-duit une confusion regrettable en ajoutant à cesmécanismes adaptatifs, l’affiliation, l’auto-affirma-tion, et l’auto-observation, qui ne sont pas invo-

lontaires, qui ne sont pas des mécanismes dedéfense et qui correspondent à des stratégies decoping cognitives délibérées parmi les plus fonc-tionnelles et qui ne seront pas décrites ic i.

L’humour 

L’humour souligne «les aspects amusants ou iro-niques des conflits ou des situations de stress »(DSM-IV). L’humour, qui s’applique à soi-même, s’op-pose à l’ironie et au sarcasme qui s’exercent auxdépens des autres. Pour Vaillant (2000), l’humour estinvolontaire : «L’humour, comme l’anticipation et la sup-pression, est un dispositif de faire face si judicieux qu’il devrait être conscient, mais, presque par définition,l’humour nous surprend toujours» (p.95). Pour Freud(1905), l’humour « est lié à une condition, celle derester préconscient ou automatique», car « le déplace-ment humoristique est… impossible sous l’éclairage del’attention consciente» (p. 407).

Freud considérait l’humour « comme la plus haute desréalisations de défense» (p. 407). En effet, au contrairedes autres processus de défense, «corrélats psychiquesdu réflexe de fuite», l’humour «dédaigne de soustraire àl’attention consciente le contenu de représentation atta-ché à l’affect pénible» (p. 407) dont il transfigure laconnotation émotionnelle en lui adjoignant une com-posante positive, transformant partiellement ou tota-lement le déplaisir en plaisir.

La sublimation

La sublimation canalise « des sentiments ou des impul-sions potentiellement inadaptés vers des comportementssocialement acceptables (ex : les sports de contact pour canaliser des accès impulsifs de colère) » (DSM-IV). Lasublimation permet aussi de transformer le déplaisirlié à l’impossibilité de décharger la pulsion en plaisir.Cette définition propose un double élargissement dela conception classique de Freud pour qui la subli-mation concernait la dérivation de la pulsion sexuellevers des buts non sexuels socialement valorisés, prin-cipalement l’activité artistique et l’investigation ou lacréation intellectuelle. La définition du DSM-IV étend

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LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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clairement la sublimation à l’agressivité et élargit l’ex-pression de la sublimation aux activités positives dela vie quotidienne. La sublimation permet égalementde lutter contre les affects dépressifs.

L’anticipation

L’anticipation est décrite dans le DSM-IV commeune réponse «aux conflits émotionnels ou aux facteursde stress internes ou externes en éprouvant les réac-tions émotionnelles par avance ou en anticipant lesconséquences d’un possible événement futur et en envi-sageant les réponses ou solutions alternatives réalistes»

(DSM-IV, p. 755).L’anticipation, mécanisme adaptatif, reste réaliste etest à distinguer de l’anticipation anxieuse où le sujetéprouve une anxiété importante qui est renforcéepar des pensées exagérant les difficultés. Cette anti-cipation anxieuse, loin de préparer le sujet à affron-ter la situation, peut entraîner des réponses dys-fonctionnelles comme une attitude d’évitement.

La répression

La répression est une réponse aux conflits et stress«en évitant délibérément de penser à des problèmes,des désirs, des sentiments ou des expériences pénibles »(DSM-IV). Ces éléments perturbants sont écartésdans le préconscient et restent accessibles. Larépression peut être assimilée à un oubli réversibleet fonctionnel.

L’altruisme

L’altruisme est une réponse aux conflits et aux stres-seurs, internes ou externes, «par le dévouement aux besoins des autres ; à la différence du sacrifice de soi quiest parfois caractéristique d’une formation réactionnelle, lesujet reçoit des gratifications soit directement par la réponsedes autres, soit indirectement par procuration» (DSM-IV).On peut ajouter la satisfaction apportée par l’appro-bation du surmoi. Pour Vaillant (2000), l’altruisme estun mécanisme automatique qui ne peut être «volon-

tairement déployé» (p. 92).

L’altruisme n’est pas toujours facile à distinguer dupseudo-altruisme classé dans les mécanismesnévrotiques. Le pseudo-altruisme prend trois aspectsprincipaux : 1) il peut n’être que le simulacre de l’al-truisme : le sujet aide les autres ou fait semblant deles aider mais il poursuit inconsciemment un butintéressé ; 2) le pseudo-altruisme peut résulter d’uneformation réactionnelle contre l’agressivité ; 3) lepseudo-altruisme peut, au travers du sacrifice de soi,exprimer un masochisme moral ; le sacrifice de soipeut-être un moyen de contrôle de l’autre par la cul-pabilité.

Niveau des inhibitions mentaleset des formations de compromis

Ce niveau correspond au niveau névrotique ou inter-médiaire constitué de défenses maintenant hors dela conscience des idées, des sentiments, des souve-nirs, des désirs ou des craintes potentiellementmenaçants. Ces défenses sont utilisées de façon pré-dominante par le sujet dit «névrotique». La plupartd’entre elles font également partie du répertoire desmécanismes de défense utilisés par les sujetsexempts de tout trouble psychopathologique signi-ficatif dits «non cliniques». Les défenses intermé-

diaires/névrotiques « sont utilisées par tout lemonde, en particulier aux périodes difficiles de lavie» (Bowins, 2004, p. 9).

Le refoulement 

Le refoulement expulse « de la conscience desdésirs, des pensées ou des expériences perturbantes.La composante affective peut rester consciente maisdétachée des représentations qui lui sont associées»(DSM-IV). L’affect peut être déplacé, isolé ourefoulé.

En clinique, le refoulement peut se trahir par desvides, par l’absence des réponses auxquelles on s’at-tendrait comme à des réactions appropriées à la réa-lité : le clinicien n’observe pas les idées, sentiments,attitudes qu’il s’attendrait à retrouver. Le refoule-ment peut aussi se manifester par une absence desouvenirs.

Le refoulé, bien qu’il ne soit pas accessible à laconscience, reste toujours actif et nécessite uneconsommation incessante d’énergie psychique quipeut se manifester par de la fatigue, de l’inhibition,un appauvrissement général de la personnalité.

L’insuffisance ou la défaillance du refoulement per-mettent le retour du refoulé : 1) les actes man-qués, lapsus, montrant des pensées, des senti-ments, des intentions en contradiction avec les

contenus conscients ; 2) les rêves révélant claire-ment des désirs, des pulsions, des sentiments, despensées, différents de ce que le sujet éprouve dansla vie diurne ; 3) Ce qui est insuffisamment refoulépeut être déplacé ou projeté ; 4) des symptômesnévrotiques.

Freud a insisté sur le caractère universel du refou-lement : « Personne n’échappe au refoulement »(Freud, 1946, p. 55). Le refoulement est un méca-nisme essentiel du développement normal chez l’en-fant et l’adolescent et de la santé mentale de l’adulte.Le refoulement n’est pas pathologique en lui-même.Il existe un refoulement normal. C’est son caractère

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excessif et massif qui est pathologique de même quel’insuffisance de la capacité à refouler, observée dansles états limites et les psychoses de l’enfant, l’ado-lescent et l’adulte.

Le déplacement 

Le déplacement transfère «un sentiment ou uneréaction d’un objet à un autre objet substitutif (habi-tuellement moins menaçant)» (DSM-IV). Le dépla-cement est à l’origine de phobies.Ce mécanisme a été particulièrement évoqué pourles phobies d’animaux dont le cas le plus célèbre est

celui du petit Hans dont la peur du père est dépla-cée sur le cheval. Ce déplacement permet de cir-conscrire la peur à une situation évitable et derésoudre un conflit d’ambivalence : si l’enfant ne sesent plus menacé par son père, il peut éviter de lehaïr ce qui diminue sa peur de la rétorsion et sa cul-pabilité. Le déplacement peut concerner une autrepersonne, un objet inanimé, ou une autre situation.

La formation réactionnelle

Une formation réactionnelle substitue « à des pen-sées ou à des sentiments inacceptables, d’autres com-portements, pensées ou sentiments qui leur sont diamé-tralement opposés (ce mécanisme est habituellementassocié au refoulement)» (DSM-IV). La formation réac-tionnelle vient renforcer le refoulement par lecontre-investissement d’attitudes opposées au désirrefoulé.

Les formations réactionnelles peuvent être locali-sées comme dans le cas de « l’inquiétude excessiveque manifeste un petit garçon «quand son père doitquitter la maison le soir ou par temps de brouillard» »qui «indique à coup sûr des souhaits de mort refoulés».Le désir de mort serait refoulé et remplacé par soncontraire, la peur de la mort du père. (Anna Freud,1965, p. 11).

Les formations réactionnelles peuvent être durablesmais limitées à une relation ou une catégorie de rela-

tion. Ainsi, une surprotection peut-être une formationréactionnelle contre l’agressivité à l’égard d’un enfant.

Les formations réactionnelles peuvent être généra-lisées et se manifester par un trait de caractère. Parexemple, l’agressivité contre le père peut conduire àun trait de personnalité réactionnel marqué par uneattitude sociale générale de soumission.

Les formations réactionnelles ont un rôle impor-tant dans le développement normal, en particulierà la phase de latence où elle sont le fondementd’un grand nombre de nos vertus (Freud, 1942,p. 152-153).

Il existe un niveau sain de formation réactionnelle.Les dysfonctionnements peuvent être liés à un excèsd’usage de formation réactionnelle, mais aussi à uneinsuffisance des formations réactionnelles qu’on peutrencontrer, par exemple, chez certains sujets affec-tés d’un trouble de la personnalité limite ou antiso-cial.

L’annulation

L’annulation utilise « des mots ou des comporte-ments visant à annuler ou à compenser symbolique-ment des pensées, des sentiments ou des actes jugés

inacceptables» (DSM-IV).L’annulation rétroactive est un mécanisme particu-lièrement employé dans la névrose obsessionnelleoù elle est souvent liée à la pensée magique. Elle estévidente dans les rituels expiatoires succédant à despensées agressives ou sexuelles, vécues comme inac-ceptables.

L’isolation

L’isolation sépare « les idées des sentiments qui leur étaient initialement associés. Le sujet perd ainsi lecontact avec les sentiments associés à une idée donnée(ex : un événement traumatique) alors qu’il resteconscient des éléments cognitifs qui l’accompagnent(ex : des détails descriptifs) » (DSM-IV). L’isolationde l’affect peut être formulé comme un refoule-ment de l’affect sans refoulement de la représen-tation.

L’isolation de l’affect peut s’observer comme défensenormale face à la survenue d’un événement trauma-tique où sa fonction adaptative est souvent évidente.Elle peut persister à distance, liée à une absenced’élaboration psychique, et s’intégrer aux symptômesd’un état de stress post-traumatique.

La dissociation

La dissociation altère « les fonctions d’intégration de la

conscience, de la mémoire, de la perception de soi ou del’environnement ou du comportement sensori-moteur »(DSM-IV). Elle permet de se détacher de la réalitéinterne ou externe.

Les manifestations principales de la dissociation sontl’absorption dans l’imaginaire, la dépersonnalisationet la déréalisation où le sujet a l’impression de vivreun rêve, un sentiment d’étrangeté et d’irréalité. Ellepeut se manifester par une amnésie. La prévalenceélevée des manifestations de la dissociation dans lapopulation générale, en particulier des formes lesplus légères suggère que la dissociation est un méca-nisme de défense majeur.

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LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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La fonction adaptative de la dissociation se révèledans les situations de stress intense où elle permetau sujet de se détacher d’une réalité insupportable.

L’intellectualisation

L’intellectualisation est une réponse aux conflits etaux stress «en s’adonnant à un usage excessif de penséesabstraites ou de généralisations pour contrôler ou mini-miser des sentiments perturbants» (DSM-IV). Elle per-met de maîtriser les affects en évitant au sujet de seconfronter à son implication personnelle dans unesituation conflictuelle. Les généralisations servent à

banaliser en se référant à l’expérience collective(«C’est la vie !»). L’abstraction permet de s’évaderd’une réalité pénible en privilégiant le monde des idéeset du raisonnement logique. L’intellectualisation adonc une forte composante cognitive.

Niveau de distorsion mineurede l’image

Le niveau de distorsion mineure de l’image de soi,du corps et des autres regroupe la dépréciation,l’idéalisation et l’omnipotence, défenses qui visent larégulation de l’estime de soi. Ces défenses sontcaractéristiques des personnalités limites et narcis-siques. Elles sont également très utilisées à l’adoles-cence. Les adultes, exempts de tout troubles psy-chopathologiques, peuvent également y recourir.

L’idéalisation

L’idéalisation attribue aux autres des qualités exagé-rément positives.En fait, il faut distinguer deux niveaux d’idéalisation,l’idéalisation névrotique et l’idéalisation primitive.L’idéalisation névrotique observée typiquement chezles déprimés est une formation réactionnelle contrel’agressivité envers l’objet qui vise à réduire la cul-pabilité. Cette formation réactionnelle renforce lerefoulement de l’agressivité : puisque la personne estidéale, le sujet n’a plus de raison de lui faire desreproches et de lui en vouloir. Dans l’idéalisation

névrotique, l’image de l’objet reste réaliste.

L’idéalisation primitive crée, au contraire, une imageirréaliste d’une personne perçue comme totalementbonne, toute-puissante, dépourvue des faiblesses etdes défauts ordinaires. Les thérapeutes font souventl’objet d’une idéalisation primitive de la part des per-sonnalités limites ou narcissiques et des adolescents.

La dépréciation

La dépréciation produit des représentations injuste-ment et exagérément inférieures de certaines per-sonnes. Sa fonction est de protéger l’estime de soi

(Si l’autre est nul, on n’a pas à se remettre en ques-tion) ou d’éviter les sentiments de perte en cas deséparation ou de menace de séparation (Si l’autreest sans valeur, s’en séparer est un soulagement).

L’omnipotence

Dans l’omnipotence (toute-puissance), le sujetrépond aux conflits et aux stress «en se sentant eten agissant comme s’il possédait des capacités ou despouvoirs exceptionnels et comme s’il était supérieur aux autres» (DSM-IV).La personnalité narcissique est caractérisée par la

prédominance de l’omnipotence manifestée par lesens grandiose de sa propre importance, de la déva-lorisation des autres sauf de quelques individus pro-tégés par l’idéalisation primitive.

Niveau du désaveu

Le niveau du désaveu regroupe le déni, la projectionet la rationalisation : ces défenses empêchent la prisede conscience de facteurs de stress, d’impulsions,d’idées, d’affects désagréables ou inacceptables. Cesdéfenses font partie des défenses dominantes despersonnalités limites mais elles peuvent être utiliséspar les sujets « névrotiques» et « non-cliniques».

Le déni 

Le déni est une réponse aux conflits et aux stress «enrefusant de reconnaître certains aspects douloureuxde la réalité externe ou de l’expérience subjective quiseraient évidents pour les autres» (DSM-IV). Cettedéfinition recouvre la réalité psychique et la réalitéexterne. Le déni est l’exclusion active et inconscientede certaines informations hors de l’attention focale.Contrairement au déni psychotique où la distorsionde la réalité interne ou externe est majeure, sa mécon-naissance dans le déni n’est qu’apparente ou incom-plète et elle peut ne pas être permanente. L’entourageet le soignant peuvent avoir l’impression que le sujet

sait et ne sait pas à la fois. On a parlé de «demi-savoir».

Le déni peut être adaptatif, pourvu qu’il soit tempo-raire, dans les situations de stress intenses ou dansles traumatismes majeurs. Le déni est une réactionhabituelle dans le deuil. « Il peut constituer la dernièreressource pour faire face à une réalité insupportable »(de Tychey, 2001, p. 55).On a parlé de déni normal, sain ou mature pour dési-gner ces illusions positives qui contribuent à édul-corer les inévitables difficultés de la vie. Dans cer-tains troubles psychologiques, cette capacitéd’auto-illusion est altérée en particulier dans lesdépressions.

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Comme pour le refoulement, il existe un déni nor-mal et des pathologies liées à l’excès ou au défaut dudéni. L’usage excessif de déni est surtout présentchez les personnalités limites et psychopathiques. Ladéficience du déni peut s’observer dans les dépres-sions ou la mélancolie.

La projection

La projection attribue «à tort à un autre ses propressentiments, impulsions ou pensées inacceptables»(DSM-IV, p. 756). Elle permet d’expulser de soi et depercevoir dans un autre ce que le sujet refuse de

reconnaître en lui-même. Plus généralement, la pro- jection peut concerner tout ce que notre esprit res-sent comme douloureux ou déplaisant (Joan Riviere,1937).

Dans une première forme de projection, le sujet s’estcomplètement débarrassé de la pulsion ou de l’affectinacceptable ou désagréable qui ne sont plus res-sentis. Freud a insisté à plusieurs reprises sur lecaractère normal de la projection dont Joan Riviere(1937) a pu souligner l’usage général dans la vie quo-tidienne, sous forme de la tendance à dénoncer chezles autres ce que la personne essaie de nier en elle-même.

Dans une autre forme de projection, la pulsion esttoujours ressentie. Ainsi l’agressivité peut être pro-

  jetée à l’extérieur mais être toujours éprouvée etmobilisée contre le danger perçu à l’extérieur. JoanRiviere (1937) a vu dans ce mécanisme «notre pre-mière mesure de sécurité » (p. 19) dont il est fait unusage « universel » (p. 19) pour se défendre desforces destructrices internes. Cette « agressivité pre-mière qui constitue un danger est expulsée et localiséeailleurs en tant que chose mauvaise» (p. 22). «Ayantréussi dans notre esprit à localiser le danger à l’extérieur de nous et à le concentrer, nous procédons alors à unedeuxième manœuvre projective, qui consiste à décharger les pulsions agressives en nous sous forme d’une attaquecontre ce danger extérieur » (p. 22).

La rationalisation

La rationalisation dissimule «les motivations réellesde ses propres pensées, actions, sentiments, derrièredes explications rassurantes ou complaisantes maiserronées» (DSM-IV). La rationalisation est une jus-tification tendancieuse recourant à la logique ou à lamorale permettant au sujet de se cacher ses véri-tables motivations qui ne sont pas perçues par laconscience. La rationalisation, en tant que mécanismeinconscient et involontaire, est à distinguer de la fal-sification délibérée utilisée pour tromper, manipuleret tenter de dissimuler aux autres ses véritablesintentions dont le sujet a pleinement conscience.

Niveau de distorsion majeurede l’image

Ce niveau regroupe des mécanismes de défense dontla mise en jeu provoque une distorsion majeure del’image de soi et des autres : le clivage, l’identifica-tion projective, la rêverie autistique.

Le clivage

Le clivage compartimente «des états affectifs opposéset en échouant à intégrer les aspects positifs et négatifs desoi et des autres dans des images cohérentes. Les affects

ambivalents ne pouvant être éprouvés simultanément, desreprésentations de soi et des autres et des attentes vis-à-vis de soi et des autres plus nuancées sont exclues de l’ex-périence émotionnelle. Les images de soi et d’objet tendentà alterner entre des pôles opposés : être exclusivementaimant, puissant, respectable, protecteur et bienveillant ouexclusivement mauvais, détestable, en colère, destructeur,rejetant et sans valeur » (DSM-IV). Le clivage traduit ladivision du soi et des objets en parties entièrementbonnes ou mauvaises et se manifeste par le renverse-ment soudain et complet de tous les sentiments etconceptions concernant soi-même ou une personneparticulière.

Le clivage est associé au déni : quand il passe d’unétat à un autre, le sujet dénie l’état antérieur. Quandil est sous l’emprise d’une image de soi et d’objet,les autres images de soi et d’objet sont déniées.Le clivage est au centre de l’organisation défensivedes états limites et des psychoses comme l’est lerefoulement pour les névroses. Dans l’état limite, leclivage protège le moi des conflits intrapsychiquesen dissociant les représentations contradictoires desoi et des autres. Le clivage protège le sujet d’uneambivalence intense : « Aussi longtemps que ces étatscontradictoires du moi peuvent être maintenus séparés lesuns des autres, l’angoisse liée à ces conflits est évitée oucontrôlée» (Kernberg, 1984, p. 32).

L’identification projective

L’identification projective est un « mécanisme par lequel, comme au cours de la projection, le sujet répond aux conflits émotionnels et aux stress internes ouexternes en attribuant à tort à une autre personne sespropres sentiments, impulsions ou pensées inaccep-tables. Cependant, à la différence de la projectionsimple, le sujet ne désavoue pas entièrement ce quiest projeté. Il reste au contraire conscient de ses affectsou impulsions mais il les ressent comme des réactionslégitimes aux attitudes de l’autre personne. Il n’est pasrare que le sujet induise chez l’autre les sentimentsmême qu’il lui avait faussement attribué, rendant dif-ficile de clarifier qui a fait quoi à qui le premier »(DSM-IV).

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LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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L’identification projective est difficile à repérer dansle fonctionnement relationnel du sujet à partir desinformations subjectives et nécessairement biaiséesqu’il en donne quels que soient ses efforts de sin-cérité. Elle peut être inférée des observations desinteractions en thérapies familiales où on laretrouve généralement dans les familles très per-turbées. En situation thérapeutique, le soignantpeut en éprouver la puissance et le caractèrecontraignant : l’identification projective «peut sediagnostiquer grâce… à l’activation en lui-même (lethérapeute) de dispositions affectives puissantes quireflètent ce que le patient est en train de projeter »

(Kernberg, 1987, p. 150-151).Deux types d’identification projective ont été décrits,l’identification projective concordante, où les mêmesaffects sont éprouvés par le sujet et par l’autre, etl’identification projective complémentaire, où lessentiments éprouvés par le sujet et par l’autre sontopposés.

Dans l’identification projective concordante lesujet induit chez l’autre un affect semblable à celuiqu’il veut désavouer. La projection de l’agressivitéinduit chez l’autre des sentiments agressifs et le faitressentir comme menaçant et agressif. Le sujet semontre méfiant, dévalorisant et hostile envers le soi-gnant et lui reproche de se conduire de façon reje-tante, méprisante et agressive. Le soignant peut sesentir victime d’une attaque injuste ou d’une tenta-tive de manipulation et éprouver des sentiments d’in-

  justice, de colère et de révolte qui le pousse àcontre-attaquer et à rejeter le patient. Le soignantpeut se sentir victime d’une tentative de contrôlesadique, d’une manipulation perverse pour lecontraindre à perdre la maîtrise de lui-même et à seconduire d’une manière agressive. L’identificationprojective concordante peut aussi concerner les par-ties dévaluées, dépressives de soi, les désirs sexuelsrefusés ou les parties idéalisées de soi.

Dans l’identification projective complémen-taire, les sentiments éprouvés par le sujet et l’autre

ne sont pas identiques mais opposés. Ce moded’identification projective permet d’éviter des sen-timents pénibles comme : la faiblesse, la peur, ladépendance, l’envie, et de les remplacer par les sen-timents contraires. La projection des aspects déva-lués du sujet lui fait éprouver un sentiment de supé-riorité et de triomphe sur l’autre qui se sent faible,incapable. D’autres formes d’identification projec-tive complémentaires peuvent se produire commela projection des aspects faibles et craintifs de soisur l’autre qui se dévalorise et se soumet alors ques’active chez le sujet l’identification à une imageparentale sadique. Ce mécanisme paraît jouer unrôle majeur dans certaines situations de harcèle-

ment. A l’inverse, la projection des parties sadiquesde soi active chez le sujet des attitudes de soumis-sion passives et masochistes alors que l’autre estpoussé à adopter un rôle sadique. Les patients maso-chistes peuvent ainsi induire des attitudes sadiqueschez les soignants.

La rêverie autistique

La rêverie autistique substitue «une rêverie diurneexcessive aux relations interpersonnelles, à uneaction plus efficace ou à réfléchir à la résolution duproblème» (DSM-IV).

La rêverie est une activité normale chez l’enfant,l’adolescent et l’adulte. Son absence est au contrairepathologique, témoignant d’une inhibition de la viefantasmatique. La rêverie peut être pathologique parson caractère envahissant, par la nature des fan-tasmes qui la sous-tendent ou par l’importance dudéni de la réalité. Elle se rencontre principalementdans les personnalités limites ou psychotiques.

Niveau de l’agir

Le niveau de l’agir regroupe des défenses par l’ac-tion ou le retrait, passage à l’acte, retrait apathique,plainte associant demande d’aide et son rejet, agres-sion passive.

Le passage à l’acte

Le passage à l’acte est une réponse aux conflits etaux stress «par des actions plutôt que par des réflexionsou des sentiments. Les passages à l’acte défensifs ne sontpas synonymes de «mauvais comportements» car il estnécessaire de montrer qu’ils sont liés à des conflits émo-tionnels» (DSM-IV).Les passages à l’acte défensifs sont une défensecontre une expérience subjective intolérable etcontre la prise de conscience d’un conflit intrapsy-chique : le sujet agit pour ne pas ou ne plus ressen-tir et pour ne pas savoir.

Les passages à l’acte agressifs ou dangereux ou

excessifs se rencontrent dans les personnalitéslimites et psychopathiques mais aussi à l’adolescence.En thérapie, ces sujets opposent beaucoup de résis-tance à la tentative de les amener à réfléchir au sensde leur passage à l’acte et ressentent habituellementtrès négativement cette démarche qu’ils viventcomme intrusive ou persécutoire.

Le retrait apathique

Le retrait apathique est une réponse aux conflits etaux stress par un repli sur soi, une restriction desactivités extérieures et un état d’indifférence affec-tive (DSM-IV).

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On le rencontre aussi chez les personnalités limitesou psychopathiques ou à l’adolescence où il peuts’observer par un stress ou un conflit modéré.

La plainte associant demande d’aide et  son rejet 

La plainte associant demande d’aide et son rejet estune réponse aux conflits et aux stress « par desplaintes ou des demandes d’aide répétées qui dissimu-lent une agressivité cachée ou des reproches à l’égard des autres qui s’expriment par le rejet des suggestions,des conseils ou de l’aide apportés par les autres. Les

plaintes ou les demandes peuvent concerner des symp-tômes physiques ou psychologiques ou des problèmes dela vie» (DSM-IV).Cette défense permet au sujet d’exprimer son agres-sivité tout en la niant. Cette défense doit être connuedes soignants qui peuvent être décontenancés par dessujets qui à la fois réclament de l’aide et la rejette oula font échouer. On la rencontre associée aux traits depersonnalités masochistes, limites et psychopathiques.

L’agression passive

L’agression passive exprime «une agression envers lesautres de façon indirecte et non combative. Une façaded’adhésion masque la résistance, le ressentiment et l’hos-tilité. L’agression passive peut représenter une modalitéadaptative pour des sujets en position de subordonnésqui ne peuvent s’affirmer plus ouvertement par d’autresmoyens» (DSM-IV). On la rencontre souvent à l’ado-lescence en particulier face aux contraintes scolairesou familiales.

Niveau de la dysrégulation défensive

Le niveau de la dysrégulation défensive décrit desmécanismes caractéristiques des psychoses aiguës etchroniques, la projection délirante, le déni psycho-tique et la distorsion psychotique. Ces mécanismessont caractérisés par une rupture avec la réalité

objective. Ces défenses peuvent être adaptatives, àun certain degré, dans les situations extrêmes (campsde concentration…).

La projection délirante

La projection délirante est une projection avec rup-ture du contact avec la réalité. Elle peut être conçuecomme le rejet à l’extérieur de parties d’objets cli-vés. La projection délirante peut rendre compte deshallucinations et des idées délirantes. Dans les hal-lucinations auditives pénibles, les voix extériorisentles menacent et les attaques des mauvais objets per-sécuteurs. Les idées de persécutions qui sont les

idées délirantes les plus fréquentes résultent de laprojection. Le persécuteur du sujet résulte de l’ex-pulsion dans le monde extérieur des mauvais objetsinternes qui sont projetés sur une personne ou surun groupe de personne.

Le déni et la distorsion psychotiques

Le déni psychotique est caractérisé par une altérationmajeure de l’appréciation de la réalité. Mais la mécon-naissance de la réalité est rarement totale dans les psy-choses. Deux attitudes coexistent, l’une tient comptede la réalité, l’autre, détache le moi de la réalité.

La distorsion psychotique entraîne, quant à elle, unedéformation majeure de la réalité objective pour larendre conforme aux désirs du sujet. Ces distorsionscognitives sont si importantes que leur fonctiondéfensive peut être contrebalancée par leurs consé-quences négatives.

LA MESURE DES MÉCANISMESDE DÉFENSE

Les quatre principales méthodes de mesure sont l’en-tretien, des questionnaires, des tests ou des testsprojectifs. L’élaboration de ces méthodes s’estappuyée sur la constatation d’Anna Freud (1965) :«Bien que ces mécanismes soient automatiques et nonconscients en eux-mêmes, les résultats auxquels ils abou-tissent sont manifestes et facilement accessibles à l’ob-servation» (p.11). D’une façon générale, les étudesd’évaluation de la fidélité et de la validité restentinsuffisantes et insatisfaisantes. Quand ces différentesmesures ont été comparées, elles se sont révéléespeu ou pas corrélées entre elles.

Pour améliorer la fidélité de l’évaluation clinique parentretien ont été proposées des échelles présentantdes définitions opérationnelles des mécanismes dedéfense, l’Échelle de Fonctionnement Défensif duDSM-IV et les Defense Mechanism Rating Scales

(DMRS, récemment traduite en français, Perry et al.,2004) dont la cotation prend beaucoup de temps.Cette échelle probablement trop complexe etd’usage difficile n’a été que très peu utilisée.

Quelques questionnaires ont été proposés. Ils explo-rent des comportements défensifs, expression mani-feste des mécanismes de défense. Bien qu’ils soientle moyen d’évaluation le plus utilisé parce que le plusfaciles, les auto-questionnaires ont été considéréscomme insuffisants. Le plus utilisé est le DefenseStyle Questionnaire dont la version française à40 items est présentée dans «Mécanismes de défenseet coping» (Chabrol et Callahan, 2004).

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LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

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Des tests ont été élaborés pour mesurer les défenses,le Defense Mechanism Inventory (DMI ; Ihilevich etGleser, 1995) qui évalue les réactions du sujets à deshistoires conflictuelles et le Defense MechanismProfile (Johnson, 1982, cité par Chabrol et Callahan,2004) est un test de phrases à compléter. Ces tests,qui ont diverses limitations, ne semblent pas avoir ététraduits et validés en langue française.

Les tests projectifs sont probablement le mode d’éva-luation qui pose le plus de problème de fidélité et devalidité. Deux principales échelles d’évaluation desdéfenses ont été proposées pour le test de Rorschach :

l’Échelle de défense de Lerner et Lerner (LDS, 1980)et les Rorschach Defense Scales (RDS) de Cooper etal. (1988) (cités par Chabrol et Callahan, 2004). Cesdeux échelles ont encore à faire la preuve d’une repro-duction suffisante des résultats par des investigateursindépendants pour être considérées comme validéesempiriquement. Les échelles de défenses élaboréesavec le Thematic Apperception Test (TAT) ont lesmêmes limitations.

Les études empiriques sont pour l’instant limitéespar l’insuffisance de fidélité des instruments d’éva-luation marquée par un faible accord inter-juges pourles échelles par observateur externe ou un faibleaccord inter-instruments. La possibilité de faireentrer les mécanismes de défense dans le champ dela psychologie scientifique n’est pas encore démon-trée. Le degré de fidélité n’apparaît pas satisfaisantpour un usage clinique.

ÉTUDES DES RELATIONS ENTREDÉFENSE ET SANTÉ PSYCHIQUEET PHYSIQUE

Les études de Vaillant et al. (cités par Chabrol etCallahan, 2004) ont montré que la maturité desdéfenses prédisait la bonne santé mentale et physique.Les études de Vaillant et al. sont de vastes observa-

tions longitudinales évaluant les relations entre his-toires de vie, mécanismes de défense et adaptationpsychosociale. Dans les deux échantillons, très diffé-rents socio-économiquement, le degré d’utilisation desdéfenses matures a été corrélés avec différents indi-cateurs de santé physiques et mentales mesurés envi-ron 20 ans plus tard : les défenses matures prédisaientl’adaptation psychosociale, le soutien social, le plaisirà vivre, et le fonctionnement physique subjectif. Parcontre, les défenses matures ne prédisaient pas la santéphysique objective.

La plupart des études ont retrouvé que les niveaux dedéfense distinguaient les sujets ayant des troubles psy-

chiatriques des sujets contrôles. Les études utilisantle DSQ ont régulièrement retrouvé que les défensesimmatures distinguaient les sujets ayant un troublepsychiatrique des sujets contrôles. Par contre, la plu-part des études comparant les défenses de diverstroubles psychiatriques ont trouvé peu de différence.

Certaines études ont évalué si des défenses parti-culières étaient associées aux différents troubles psy-chiatriques. Les troubles dépressifs et anxieux ontété les plus étudiés avec des résultats peu concor-dants. La capacité de la mesure des mécanismes dedéfense à distinguer les différents troubles de la per-

sonnalité a donné des résultats contradictoires.

IMPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES

Plusieurs études ont évalué les effets des thérapies surles mécanismes de défense. Les résultats sont difficilesà interpréter. Ils suggèrent que le style de défense n’estpas stable et peut être modifié, même par des traite-ments qui n’agissent pas directement sur les méca-nismes de défense comme les antidépresseurs ou lesthérapies comportementales. Toutefois, les modifica-tions des défenses obtenues avec des thérapies nondynamiques n’ont été observées qu’avec le DSQ. Or,les études réalisées avec le DSQ dans les dépressionspeuvent suggérer que les modifications du DSQ reflè-tent une amélioration symptomatique plus qu’unemodification des défenses. Cette hypothèses paraîtrenforcée par les études réalisées avec les DMRS quimontrent que la modification des défenses est tardivealors que certaines études ont observé dans lesdépressions une amélioration précoce des défensescontemporaine de l’amélioration symptomatique.

La capacité de l’évaluation des défenses à prédirel’évolution thérapeutique est également douteuse. Lesétudes empiriques n’ont pas confirmé que les défensesimmatures soient liées à un pronostic thérapeutiqueplus défavorable et qu’il soit important de les prendre

en compte dans la stratégie thérapeutique.

C’est bien sûr la psychanalyse qui a mis l’accent surl’intérêt d’un travail thérapeutique centré sur lesmécanismes de défense. Cette analyse des méca-nismes de défense peut se faire par un travail pro-gressif permettant au sujet de prendre conscienced’un processus défensif et de reconnaître en lui lefonctionnement automatique d’une organisationdéfensive, son rôle et ses effets. L’analyse des méca-nismes de défense prend une place majeure et par-fois centrale dans la psychanalyse et les psychothé-rapies analytiques des sujets ayant une organisationnévrotique, limite ou psychotique de la personnalité.

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On manque cependant de textes suffisamment expli-cites sur les procédures thérapeutiques. On manqueaussi d’études d’évaluation de l’efficacité de ce typed’intervention.

Ihilevich et Gleser (1995) ont proposé un modèle depsychothérapie éclectique centrée sur la modifica-tion des modes de défense et de coping : «Une foisque la relation thérapeutique est établie et que l’alliancethérapeutique est formée, le traitement devrait se concen-trer sur l’identification et, si nécessaire, la modificationdes méthodes du patient pour faire face aux conflitsinternes et aux menaces perçues à l’extérieur. Ces

méthodes incluent les efforts de résolution des problèmes,les habiletés de coping, et les mécanismes de défenseinconscients…» (p. 239). Dans le domaine des inter-ventions thérapeutiques, la possibilité de combinerun travail simultané ou successif sur la défense et lecoping, la possibilité d’associer les approches psy-chodynamique et cognitive restent largement à pré-ciser. Les modalités de combinaison des interven-tions doivent être décrites et leur efficacité à court,moyen et long terme devront être évaluées. La placedes études qualitatives dans cette démarche sera éga-lement importante.

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