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Forces Contraires

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Page 1: Mathieu Bonardet
Page 2: Mathieu Bonardet

Expositions

Forces contraires à la galerie Jean Brolly

ÉquipeJean BrollyJean-Paul RobinBénédicteNassaire

Rien d’autre en face que le pur espace à la galerie Isabelle Gounod

CommissaireLéa Bismuth ÉquipeIsabelle GounodMyriam Boutry

La légende des origines à la galerie Maubert

CommissaireLéa Bismuth Équipe Florent MaubertCharles Rischard

Dans ma cellule, une silhouette à la Ferme du Buisson

CommissaireLore Gablier ÉquipeCéline BertinLucie Rochette

Ruptures à la galerie Arnés y Röpke

ÉquipeStefan Röpke Noël EstradaNatalia Márquez

Cartographies intimesau 116, Montreuil

ÉquipeJane ToussaintMarine Clouet

Mathieu Bonardet Forces [email protected]

LivrE

Création graphique et réalisationMathieu Bonardet

Crédits photographiques Mathieu Bonardetp.18, 24, 26, 29, 30, 34 et 38 : Jean-Paul Robinp.42 et 45 : Rebecca Fanuelep.60 - 69 : Émile Ouroumov p.88 : Jérôme Combe

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Mathieu BonardetForces Contraires

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Mathieu BonardetForces Contraires

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Tentons de saisir la portée d’un geste, celui de l’artiste qui décide de déployer son corps dans son amplitude afin de le confronter à une limite. La limite peut-être celle de la bordure de la feuille, mais, plus symboliquement, elle est celle de l’horizon ou encore celle de l’oeil qui ne voit que ce qu’il peut voir, face à un grand Tout qu’il ne peut nommer.

Dans la pratique dessinée de l’artiste, tout est affaire de saturation et de relâche. Sans titre (diptyque), 2015, en témoigne par la saturation de la mine graphite – centrale, verticale, grise, presque noire – à partir de laquelle la lumière rayonne, comme depuis un centre aveugle et souterrain, caché dans les profondeurs de la feuille. À partir de ce rayonnement, le graphite se charge d’électricité, d’une force de concentration très resserrée, dont le seul but serait la dilatation, la dilution dans le blanc de la feuille. Comme deux aimants qui s’attirent ou se repoussent, la tension disparaît peu à peu pour laisser place à l’effacement, en une épure du geste devenu silencieux.

Léa BismuthSituation idéale : Terre-Geste-Horizon

Sans titre (diptyque), 2015mine de graphite sur papier marouflé sur bois, 220 x 142 cm

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Mathieu Bonardet dessine sur du papier, mais il entretient un dialogue fécond entre l’espace de la feuille et l’espace réel, celui du mur ou du sol, mais aussi celui du paysage et des « grands espaces ». Ainsi, lors de l’été 2014, il se rend aux États-Unis, avec la soif de voir un horizon plus grand que lui, dans une quête similaire à celle des artistes du Land Art. Il décide d’aller à la rencontre de la Spiral Jetty de Robert Smithson, qu’il finira par reconstruire à son échelle dans un champ du Colorado (Paper spiral (folded), 2015 ). Lors de mon entretien avec l’artiste, une image pregnante apparaît et ne me quitte plus : celle de Gina Pane, Situation idéale: Terre-Artiste-Ciel (1969 ), qui nous donne à voir la continuation physique du corps de l’artiste se découpant comme un corps étranger entre deux mondes, le ciel et la terre, qui ne coexistent que par leur ligne de démarcation. L’artiste fait ce lien impossible. Les deux pieds enracinés dans la terre de cailloux, la silhouette devenant une ligne dessinée à la verticale dans une horizontalité indépassable. Qu’y-a-t’il d’idéal dans cette situation ? Justement, son caractère inatteignable, et si difficile à tenir. Tenir contre le vent, et contre l’appel de la terre. Reste la tentative idéale de se positionner, une fois seulement, dans cette attitude défiant la gravité et, faut-il le préciser, la mort. Je pense aussi à Gino de Dominicis voulant s’envoler. Et à Bas Jan Ader expérimentant dans ses Falls la chute absurde, le corps devenu marionnette

Paper spiral (folded), 2015photographie numérique

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et n’y tenant tout simplement plus. Mathieu Bonardet dialogue avec ces artistes et il l’exprime très bien, en parlant de la pièce Sans titre (flamenco), 2013, pour laquelle il met en scène le corps d’une danseuse amateur de flamenco, martelant de ses pieds nus une surface carrée et recouverte de graphite : « ce qui m’intéresse ici, c’est la naturelle accélération du corps qui s’emballe, l’accélération jusqu’au chaos. Et c’est bien l’épuisement du corps qui appelle la course effrénée, l’accélération jusqu’à ne plus pouvoir tenir. Je veux créer un espace pour que ce simple jusqu’à puisse avoir un sens ».

La question est bien la suivante : jusqu’où peut-on aller ? Jusqu’à quel point le corps peut-il se dépenser, déployer sa masse énergétique ? Jusqu’où l’amplitude du bras peut-elle porter la mine du crayon ? Mathieu Bonardet tente de répondre, dans des œuvres à l’échelle de son corps à lui, pas si grand et costaud que ça, mais bien présent. Il affirme ainsi un corps investi de sentiments, de fluides, de souffles surtout, et capable de laisser des traces, de créer des lignes de fuite, des failles, de recouvrir ou de laisser vierge. L’œuvre de Mathieu Bonardet se construit entre le rien et le plein, avec des forces contraires, soulignant sans cesse que la simplicité est une quête, que le geste est une éthique, que l’horizon prend du temps.

Sans titre (flamenco), 2013mine graphite sur papier marouflé sur bois, 80 x 80 cm et vidéo, 20’

Performé par Paquita Marsal

Sans titre (lignes) 18 / 25, 2011photographie numérique

léa BisMuth est critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. En septembre 2015, elle est commissaire de l’exposition Documents

1929-2015 à l’urdla (En résonance avec la Biennale de Lyon 2015 / focus).

paru dans 50 / 52, 11-13 éditions ( 2015 )

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Polyptyque pour ligne d’horizon, fragments d’un paysage de fin de monde ou d’aube silencieuse. De loin d’abord, l’apparente froideur de grands corps inertes, rigoureusement disposés contre le mur; à peine penchés, ils projettent sur lui leur ombre discrète qui vient souligner encore leur présence. L’espace est habité, il faut s’approcher. Et puis, la surface vibrante qui trahit le geste. Dessous le blanc du ciel, les ratures minutieuses.

Mathieu Bonardet a tout programmé. Dans son carnet de croquis, avec la précision mathématique d’un architecte, il a conçu sur deux dimensions son plan d’exécution. Soumises aux lois de la perspective, ses formes simples, minimales, existent déjà et habitent l’espace de la page sans hasard. Il est frappant de constater combien la photographie mentale de l’à venir diffère finalement peu de la photographie d’exposition. Tout est là déjà, tout est prêt.

Alexandra DelageFacteur Humain

Sans titre (polyptyque pour ligne d’horizon), 2011mine graphite sur papier marouflé sur bois, 3x 200 x 80 cm

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alexandra delage est diplômée de l’École du Louvre et de l’Université Paris I. En 2009, elle collabore avec Guillaume Désanges sur la conférence-performance Signs & Wonders (Centre Pompidou,

Tate Modern). Elle a travaillé pour Performa (New York).

Ce qui intéresse Mathieu Bonardet réside pourtant entre les deux.

Comme si l’application et la méticulosité du travail en amont autorisait alors la dérive. Derrière l’apparente rigueur formelle, il y a l’empreinte d’un corps patient qui infuse jusqu’à l’épuisement son support. Journal intime d’un condamné consentant, les panneaux de Sans titre (polyptyque pour ligne d’horizon) parlent d’un espace et d’un temps éprouvés. Inlassablement, l’artiste a tracé sous l’horizon des traits à la mine graphite en en chargeant progressivement la densité, du gris pâle au gris foncé, profond et magnétique. La répétition rendue quasi absurde, d’un trait à l’autre, d’une page à l’autre. On l’imagine compter les secondes mentalement, inexorablement, ligoté à son crayon, la hachure comme une incantation. On l’imagine droit d’abord, debout et décidé dans l’atelier. Il a forcément dû se courber, s’accroupir, se demander pourquoi, à quoi bon, divaguer aussi. Il en va ainsi de la petite mécanique fragile du geste. Sous l’illusion faussement homogène du polyptyque, entre les croquis préparatoires et l’espace de la Collection Rosenblum, le facteur humain et l’écoulement du temps enduré. Et dessous le blanc du ciel, les imperceptibles variations du paysage mental de l’artiste.

paru dans le cadre de l’exposition Comme elle vient à la Collection Rosenblum ( 2011 )

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dessin préparatoire, 2011mine graphite et crayon bleu, 25 x 38 cm

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paru dans le catalogue de l’exposition hasard d’ensembles, Beaux-Arts de Paris, éditions ( 2013 )

recherche, 2011mine graphite

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D’abord, il y a eu des paysages, très simples, très épurés, marqués par le ruban d’une route ou des panneaux de signalisation muets. Et puis, comme par un effet de concentration, ne sont restés que des signes, ou plus exactement des lignes : celle de l’horizon, celles qui délimitent des formes ou encore qui tracent n’importe quelle frontière. Une constante pourtant dans ces transformations :

Mathieu Bonardet a continué d’employer le graphite qu’il apprécie parce qu’il est à la fois dur et friable, parce qu’il pourrait en faire une sculpture, mais qu’il lui arrive aussi parfois d’en laisser la poudre au sol après l’avoir usé sur le mur, enfin parce qu’il permet une grande variété de nuances et d’effets, tantôt épousant le grain du papier, tantôt lui conférant une certaine brillance. Et progressivement aussi, l’accent s’est déplacé du paysage vers la marche au sens large, la marche entendue comme un rythme, comme un mouvement répété et régulier qui entraîne le corps autant que la pensée. Sans titre (polyptyque pour ligne d’horizon) est ainsi le résultat d’heures et d’heures pendant lesquelles a été répété le même geste, jusqu’à l’épuisement. Mais rien de cela n’apparaîtra à la fin, tant le lent dégradé de l’ombre à la lumière et le mouvement d’élévation qu’il impulse inspirent plutôt la sérénité. Et pourtant, cette dimension physique de l’acte créateur semble prendre de plus en plus d’importance, qu’elle se sente dans des gestes plus appuyés, plus nerveux, déployés sur le mur ou qu’elle soit documentée, par un film, un enregistrement sonore ou encore par les restes d’un bâton de graphite brisé net. Car telle est la particularité des recherches de Mathieu Bonardet, qui par bien des aspects évoquent celles d’un Robert Morris : elles sont d’ordre à la fois conceptuel – tout est minutieusement prévu à l’avance dans ses dessins – et physique, qu’elles s’incarnent dans son propre corps ou dans les feuillets du graphite.

Guitemie Maldonado

Fracture (vidéo), 2012vidéo, 6’50’’

Endless road I, 2010mine graphite sur papier, 50 x 65 cm

Endless road II, 2010mine graphite sur papier, 35 x 50 cm

guiteMie Maldonado est critique d’art (L’OEil, Connaissance des arts, Artforum). Elle enseigne l’Histoire générale de l’art du XXe et XXIe

siècles à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

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Forces contrairesexposition personnelle à lagalerie jean brolly17.10.15 - 21.11.15

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vue de l’exposition Forces contraires, 2015galerie Jean Brolly

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20Sans titre (diptyque), 2015mine de graphite sur papier marouflé sur bois, 220 x 142 cm

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dessins préparatoires à Sans titre (diptyque), 2015mine graphite et poudre de graphite sur papier, 76 x 56 cm chacun

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Sans titre, 2015mine graphite et poudre de graphite sur papier, 63 x 90 cm

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vue de l’exposition Forces contraires, 2015galerie Jean Brolly

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26 Sans titre, 2015mine graphite sur papier marouflé sur bois, 220 x 70 x 40 cm

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Sans titre, 2015mine graphite et poudre de graphite sur papier, 76 x 56 cm

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Dessin au mur effectué par la répétition d’un geste brutal avec une mine graphite jusqu’à ce qu’elle se brise. La caméra, posée au sol, filme l’ombre de l’action qui se déroule au-dessus. Au bout de trois minutes, elle capte la chute du graphite qui après un bruit fracassant tombe au milieu du cadre.

Fracture II, 2015mine graphite au mur et vidéo, 10’

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vue de l’exposition Forces contraires, 2015galerie Jean Brolly

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Sans titre, 2014mine graphite sur papier marouflé sur bois, 60 x 300 x 15 cm

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Sans titre, 2015mine graphite et poudre de graphite sur papier, 56 x 76 cm

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Sans titre (polyptyque), 2015mine graphite sur papier marouflé sur bois, 10x 185 x 70 cm

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Sans titre (polyptyque pour ligne d’horizon III), 2015mine graphite sur papier marouflé sur bois, 218 x 204 x 75 cm

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Sans titre, 2015mine graphite sur papier, 56 x 76 cm

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Rien d’autre en face que le pur espaceexposition collective à lagalerie isabelle gounod11.04.15 - 16.05.15

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vue de l’exposition Rien d’autre en face que le pur espace, 2015galerie Isabelle Gounod

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Paper spiral ( unfolded in a straight line ), 2015photographie numérique marouflée au mur, 230 x 80 cm

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Chemins qui ne mènent nulle partentre deux prés,chemins que l’on dirait avec artde leur but détournés,

chemins qui souvent n’ontdevant eux rien d’autre en faceque le pur espaceet la saison.Rainer Maria Rilke

À la toute fin de sa vie, Rilke semble avoir trouvé l’apaisement en Suisse, où il achèvera ses fameuses Elégies de Duino et écrira notamment, en français, Les Quatrains Valaisans, dont ces lignes sont tirées. Ces quelques vers fragiles, vacillants et légers, écrits au détour d’un sentier, rassemblent trois jeunes artistes dont la préoccupation est justement, comme le poète, celle d’une ligne qui se cherche dans le paysage, ou le blanc de la page.

Mathieu Bonardet a décidé, dans les grands espaces américains, d’aller jusqu’au bout de la ligne, à la recherche de la Spiral Jetty de Robert Smithson. Dans un ranch du Colorado, il s’installera dans une grande étendue pour y dérouler une ligne dans l’espace, et, littéralement, déplier la spirale de Smithson. La ligne, mince sillon tremblant tracé à la main, serpente sur une terre s’ouvrant sur le bleu du ciel. Non loin de là, la pièce sculpturale Faille s’ouvre quant à elle sur le sol, faille sismique ou tellurique, craquelure d’un sol trop chauffé par le soleil, ligne de séparation ou de scission.

[...] Rien d’autre en face que le pur espace : cette phrase résonne dans la rencontre de trois artistes [Mathieu Bonardet, Bertrand Rigaux et Wilson Trouvé] qui ont en partage une ligne investie d’un sens du risque, de la fêlure même lorsqu’elle endosse l’apparence rectiligne, de la tangente même lorsqu’elle semble tenir sa route, de la souplesse du serpent même lorsqu’elle est tendue comme une corde. Reste l’horizon, ouvert sur l’illimité, ou au contraire point de jointure ou de suture.

Léa BismuthRien d’autre en face que le pur espace

Mathieu Bonardet, Bertrand Rigaux,Wilson Trouvé

extrait du communiqué de presse ( 2015 )

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46Faille, 2013mine graphite sur papier marouflé sur bois, 180 x1 80 cm

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La légende des originesexposition collective à lagalerie maubert04.12.14 - 31.01.15

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51Interstice II, 2014structure en bois, mine graphite et néon, dimensions variables

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Les lignes qui couvrent les deux parois de l’interstice résultent d’un geste répété du bras qui cherche à aller le plus loin possible avec la mine graphite.

Interstice II, 2014détail du graphite sur les parois dans la lumière du néon

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Sans titre, 2014mine graphite sur papier, 61 x 152 x 8 cm

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Dans ma cellule,une silhouetteexposition collective àLA ferme du buisson01.02.14 - 20.04.14

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vue de l’exposition Dans ma cellule, une silhouette, 2014la Ferme du Buisson

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Dessin au mur dont le rythme d’exécution est impulsé par le tempo d’un métronome mécanique.

Sans titre (en allegro), 2013-14mine graphite au mur et vidéo, 7’40’’

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Sans titre (marche), 2014mine graphite sur papier marouflé sur bois, 240 x 240 x 8 cm et vidéo, 40’

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Je suis un marcheur. Bien sûr mes marches ne ressemblent pas à cette ronde, mais il y a dans la marche un rapport au temps qui m’intéresse. Faire l’éloge de la marche, c’est souvent faire l’éloge de la lenteur. Or marcher ne me semble pas un choix de la lenteur. Dans la marche, il y a quelque chose de l’urgence. C’est le temps qui anime le marcheur. La marche est un effort patient surtout – et non de lenteur, un effort qui s’étire dans le temps. Dans cet effort endurant, l’épuisement progresse imperceptiblement jusqu’à ce que s’installe une certaine fébrilité à l’intérieur des brèches ouvertes par la fatigue dans notre ferme volonté d’avancer. Et c’est cette fébrilité dans le désir de continuer qui anéantit notre rationalité face à la sensation pure. Il y a de la folie grandissante chez le marcheur, une folie à l’oeuvre mais qui permet un nouveau degré d’accessibilité du monde extérieur. L’homme qui marche est un métronome, ses pas : le tempo de son rapport au monde. Mais cette rythmique de la marche, contrairement à la rythmique de la mécanique précise et irréprochable, finit par se dérégler dans un chaos d’impressions. La marche appartient au sursis. C’est la forme en action de la contemplation. Marcher est de l’ordre de l’expérience, et c’est cette expérience qui a animé Robert Walser toute sa vie, car même après avoir cessé d’écrire, il a continué ses longues marches dans la nature. Dans sa Promenade, la marche aboutit à une révélation existentielle, et l’angoisse de mort qui naît dans le paysage à travers l’expérience de la marche apparaît à l’acmé du récit :

« Considérant la terre, l’air et le ciel, je fus saisi de l’idée morose, irrésistible, qui me contraignit à me dire qu’entre ciel et terre j’étais un pauvre prisonnier, que nous étions tous lamentablement enfermés de la sorte, que pour nous tous il n’y avait nulle part un chemin menant dans l’autre monde, sinon ce chemin unique qui nous conduit à descendre dans le trou sombre, dans le sol, dans la tombe. »

Ce rapport de la marche à la mort, je l’ai retrouvé par hasard chez Werner Herzog dans son journal Sur le chemin des glaces. Cette marche est une lutte contre la mort,

Mathieu BonardetMarcher vers (à mes grands-parents)

Sans titre (marche), 2014vidéo, 40’

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celle de son amie et critique de cinéma Lotte Eisner pour qui, ou plutôt contre la mort de laquelle, il va effectuer une longue marche solitaire de Munich à Paris.

« Un ami parisien m’a téléphoné à la fin novembre 1974. Il m’a dit que Lotte Eisner était très malade et allait sans doute mourir. J’ai répondu : cela ne se peut pas. Pas maintenant. Le cinéma allemand ne peut pas encore se passer d’elle, nous ne devons pas la laisser mourir. J’ai pris une veste, une boussole, un sac marin et les affaires indispensables. Mes bottes étaient tellement solides, tellement neuves, qu’elles m’inspiraient confiance. Je me mis en route pour Paris par le plus court chemin, avec la certitude qu’elle vivrait si j’allais à elle à pied. »

La marche est ici une prière, prière qui n’est pas seulement voeu mais action : c’est le moyen d’agir dans un domaine qui dépasse la raison car Werner Herzog ne peut rien pour son amie dans le domaine en-deçà du spirituel. C’est une action qui brave le sol, la terre enneigée, une action qui lutte contre les éléments terrestres, et le froid. Cette marche est une conjuration, elle a un caractère propitiatoire. La marche devient le rite qui la maintient en vie, mais ce sacrifice de Werner Herzog n’a pour but que d’obtenir un sursis. Cette fragile faveur intensifie le caractère d’urgence de la marche : c’est parce qu’il marche qu’elle reste en vie, mais paradoxalement, il doit malgré tout arriver avant sa mort pour que le charme opère. Ce journal a eu une grande importance pour moi, car je l’ai découvert très peu de temps après la marche qui m’est la plus mémorable : alors parti pour quelques mois à New York, j’ai rejoint depuis mon appartement les rivages

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Lorsque l’on rentre dans l’espace de la Ferme du Buisson, la grande dalle graphitée laisse apparaître l’absence du corps. La vidéo placée sur la mezzanine révèle la ronde.

de l’océan Atlantique, ultime limite qui me séparait de l’Europe, la France et la Belgique, mes pays desquels j’étais coupé, et de ceux que j’avais quitté, notamment ma grand-mère, malade. Je me souviens avoir pensé sans aucune logique « tant que je marche vers elle, elle est encore là, elle est en vie. » Cela peut sembler absurde, tout comme cette ronde, qui elle aussi est un deuil.

paru dans le journal de l’exposition ( 2014 )

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Rupturesexposition personnelle à lagalerie arnés y röpke14.02.14 - 10.05.14

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vue de l’exposition Ruptures, 2014galerie Arnés y Röpke

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Sans titre (flamenco), 2013mine graphite sur papier marouflé

sur bois, 80 x 80 cm et vidéo, 20’

Performé par Paquita Marsal

Alors que la trace apparue sur la dalle graphitée met en lumière l’absence du corps, la vidéo témoigne de l’apparition de cette trace par la répétition d’une séquence de flamenco. L’accélération progressive liée à l’emballement du corps va finir par épuiser la

danseuse au bout de vingt minutes.

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Interstice, 2014structure en bois et mine graphite, dimensions variables

L’interstice est suffisament large pour que le bras puisse y passer mais pas le corps. Chaque trait est donc le résultat

d’un geste qui trace ce qu’il peut atteindre.

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Interstice, 2014détail du graphite sur les parois de l’interstice

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Sans titre, 2014mine graphite au mur, in situ

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82Sans titre, 2014mine graphite sur papier, 76 x 56 cm

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Sans titre, 2014détail

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Ligne(s), 2011vidéo, 5’

Dans la vidéo Ligne(s), 2011, le corps trace son passage à l’aide d’une mine graphite. Alors qu’il accélère progressivement, il perd de plus en plus le contrôle de la ligne qui semble être comme en expansion sur une surface sans limite ; mais à la fin de la vidéo, le corps heurte les murs placés hors du cadre. L’espace est plus resseré que ne le laisse

penser le début de la vidéo.

La série de photographies [p.90] fige le geste dans un mouvement d’apparence quasi-chorégraphique.

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Cartographies intimesexposition collective au116, montreuil17.09.15 - 21.12.15

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dessins préparatoires à Sans titre (rouleau), 2015mine graphite et poudre de graphite sur papier, 90 x 63 cm

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Lignes, 2011photographies numériques, 36,6 x 56 cm chacune

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Lignes, 2011série de 25 photographies numériques, 36,6 x 56 cm chacune

édition de 5

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Endless road V (nothing else), 2010mine graphite sur papier, 35 x 50 cm

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I, 2012,mine graphite sur mur et dépôt de graphite au sol, 165 x 80 cm

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Expositions pErsonnELLEs

2015 Forces contraires, galerie Jean Brolly, Paris

2014 Ruptures, galerie Arnés y Röpke, Madrid

Mathieu Bonardet né en 1989, franco-belge.

Formation

2013 DNSAP - École nationale supérieure des beaux-arts de Paris

2011 MFA Program - Hunter College de New York (échange scolaire)

Expositions coLLEctivEs

2015 Art is Hope, au profit de la lutte contre le sida, Piasa, Paris

70 Art for Haïti, au profit du secours populaire pour Haïti, galerie W Eric Landau, Paris

Cartographies intimes, dessin et volume, 116, Montreuil

Rien d’autre en face que le pur espace, galerie Isabelle Gounod, Paris

2014 La légende des origines, galerie Maubert, Paris

Biennale de Belleville, Cammina Cammina, Pavillon Carré de Baudouin, Paris

GROUP show, galerie Stefan Röpke, Cologne

Biennale du Dessin des Beaux-Arts de Paris, Cité internationale des arts, Paris

Dans ma cellule, une silhouette, la Ferme du Buisson, Noisiel

2013 Accrochage collectif à l’occasion des 3 days in Paris, galerie Jean Brolly, Paris

De leur temps 4, Centre d’art Le hangar à Bananes, Nantes

Art protects, au profit de la lutte contre le sida, galerie Yvon Lambert, Paris

hasard d’ensembles, avec Djamel Tatah et ses étudiants, GAC, Annonay

2012 21x29,7, Galerie de Roussan, Paris

Series of lines, T-Gallery, Bratislava

Drawing Now, Carrousel du Louvre, Paris

2011 Palindromes, Galerie de Roussan, Paris

A studio piece, Hunter College MFA Open Studio, MFA Building, New York

Comme elle vient, les lauréats du Prix des amis des Beaux-Arts, Collection Rosemblum, Paris

Opération Yvon Lambert + AIDES au profit de la lutte contre le sida, galerie Yvon Lambert, Paris

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intErvEntions

2015 Colloque États du dessin, frac Haute-Normandie

Rencontre autour de l’exposition Rien d’autre en face que le pur espace avec des étudiants L3 et M1 de Paris 8

prix

2015 Finaliste du prix Découverte des amis du Palais de Tokyo

2014 Finaliste du prix Talents Contemporains de la fondation François Schneider dans la catégorie « dessin »

2013 Lauréat du 34ème International Takifuji Art Award

Lauréat du Prix de dessin du cabinet des amateurs : trois dessins intègrent les collections publiques de l’ensBa

2011 Lauréat du prix des amis des Beaux-Arts : Prix agnès b.

2010 Lauréat du Prix Diamond

pubLications

2015 50 / 52, 11-13 éditions

2014 Biennale de dessin des Beaux-Arts de Paris, Beaux-Arts de Paris, éditions

Artaïssime n°6, www.artais-artcontemporain.org

2013 Roven n°10, Roven éditions

De leur temps 4, Silvana Editoriale

hasard d’ensembles, Beaux-Arts de Paris, éditions

2012 Comme elle vient, Prix des amis des Beaux-Arts

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