masque pleureur

6
Masque Pleureur… C’est la saison…il pleut de partout, ils pleurent, Les nourrissons de Makiadi pleurent Pleurs sur le Congo, Pleurs sur l’Afrique Crachin miséreux, le torrent funeste des faubourgs de Malebo, Mantsanga Pichinettes lacrymales qui corrodent les tendresses malaires à Masina Mantsanga des sombres jours Il pleut sur le pays, Pleurs ! Pleure, crachin noir des projectiles qui braisent la pauvre cité Pleure donc Mokali, car le saugrenu tambour céleste gronde Les Lokolé sauvage et le tam tam nécrophage sur les sombres nuages des cieux Le jour de pleuviner sur toi, pittoresque Mokali arrive Et les diaboliques rafales des vents ameutent les sadiques cumulus, De l’Afrique sordide venue Pour accomplir la besogne infâme de mort sur la pauvre cité de ma ville de Malebo et alors ; Mantsanga Makiadi, le solfège des tristes larmes… Mantsanga, hymne de mort qui adule le mausolée de Mokali, Mantsanga Sinique saison de pleurs car Il pleut sur le pays et mon peuple voit la noyade de notre souffrance dans le courant lacrymal de nos Mères en pleurs Recroquevillées sous le tapis glauque des catafalques de rameaux Tatouées par le chagrin O mort pourquoi hantes-tu nos tentes ? Il pleut sur le pays C’est la saison…ils pleut de partout, ils pleurent Le nourrisson des nations gémit Et l’Afrique gravide des guerres et des calamités croupit sous le poids des cris de souffrance

Upload: issa-issantu

Post on 07-Jun-2015

116 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

Recueil des poèmes inédit

TRANSCRIPT

Page 1: Masque Pleureur

Masque Pleureur…

C’est la saison…il pleut de partout, ils pleurent,Les nourrissons de Makiadi pleurentPleurs sur le Congo,Pleurs sur l’AfriqueCrachin miséreux, le torrent funeste des faubourgs de Malebo, MantsangaPichinettes lacrymales qui corrodent les tendresses malaires à MasinaMantsanga des sombres joursIl pleut sur le pays, Pleurs !

Pleure, crachin noir des projectiles qui braisent la pauvre citéPleure donc Mokali, car le saugrenu tambour céleste grondeLes Lokolé sauvage et le tam tam nécrophage sur les sombres nuages des cieuxLe jour de pleuviner sur toi, pittoresque Mokali arrive

Et les diaboliques rafales des vents ameutent les sadiques cumulus,De l’Afrique sordide venuePour accomplir la besogne infâme de mort sur la pauvre cité de ma ville de Malebo et alors ;

Mantsanga Makiadi, le solfège des tristes larmes…Mantsanga, hymne de mort qui adule le mausolée de Mokali, MantsangaSinique saison de pleurs carIl pleut sur le pays et mon peuple voit la noyade de notre souffrance dans le courant lacrymal de nos Mères en pleursRecroquevillées sous le tapis glauque des catafalques de rameauxTatouées par le chagrinO mort pourquoi hantes-tu nos tentes ?

Il pleut sur le paysC’est la saison…ils pleut de partout, ils pleurentLe nourrisson des nations gémitEt l’Afrique gravide des guerres et des calamités croupit sous le poids des cris de souffrance

Ta nourrice se cite Mantsanga mä kiadiQue l’on solfie : larmes de tristesseO Congo, quelle louve t’allaitera ?Pauvre gravide nation, quelle louve pour toi ?

Congo, fleuve puissant qui gronde au cœur de l’AfriqueSymbole d’une nation qui pleureCongo, pluie de pleursLe pays nègre est noir,Le Congo est tout noir de peauNoir comme le masque nègre tatoué des larmesLe buste du défunt Kha Siala qui orne le taudis du sorcier, Sur le bois de qui, se creuse toujours le ravin qui canalise les pleurs amers des noirs qui pleurent au Congo

Page 2: Masque Pleureur

Mantsanga, MantsangaLes jérémiades inouïes des mères qui pleurent les mains fastiguéesAlors que flottent dans toutes leurs noires mainsDes banderoles de blancheurArborant les lamentations funèbres du deuil de la libertéEt on va,Et on revient les mains sur les têtes autour du cadavre de la paixLiberticide, c’est toiFleuve des larmes tu es liberticide.

&&&

Congo beau pays tendresse d’un récitalDoux est le verbe qui en moi te cite sans malCongo, éternel et doux murmure qui berceCongo, belle patrie qu’aucune lance ne perce

Longtemps j’ai écouté sans entendre ton appelLongtemps j’ai regardé sans voir ton soleilLes cris de tes appels éperdus de mèreBravant sur les parois des rochers les repères

Les lueurs vespérales de la sombre nuit d’Afrique Ratissent avec finesse du Congo les contrées Pour rassembler au jours les perdus fils mystiques Et souffler les rafales de la nouvelle brise sur la contrée

Congo beau pays tendresse d’un récitalDoux est le verbe qui en moi te cite sans mal

Je chanterai comme le devin griotLe destin miraculé du CongoLe destin du majestueux fleuve qui ravine les sombres valléesDestin mugissant qui dore et argente les alléesJe chanterai pour le Congo et je danserai en me trémoussantComme dansent dans les bois les sauvages intrépidesPour guerroyer contre les canons du tam-tamIls dansent dans la sylve aux airs limpidesEn dessinant des projections magiques dans l’espaceCes sortilèges incompris qui masquent notre souffranceC’est cela la danse d’un Congo qui se lève dès l’auroreAu rythme incontrôlé du tsa tsa tsaCette turlutaine d’espérance au jour aux jours de naguèreLa monodie africaine de l’indépendance tsa tsa tsaDoux chant que chanteront les sahraouis Opprimés en Afrique par les frères du CongoTsa tsa tsa, voilà le refrain inouïQue le Congo chante pour les sahraouis au setolo-tolo

Page 3: Masque Pleureur

Au devin griot de chanter, à nous de danser ah ouiTsa tsa tsa, tsa tsa tsaPlaintes et complaintes au CongoA la cadence du piètre tam-tam élégiaqueRythmé depuis le ciel par l’ange noir de défunte paixUn ange noir, et un masque nègre dans un ciel noir Qui plongent le Congo dans une chorégraphie occulte qui n’égaye personneTam-tam de mort qui rythme les plaintes de la NthoyaL’oiseau messager de mort

Il se complaint aux abords de la LukungaDan un langage ésotérique décmanat les ires de l’esprit de mortMantsanga fleuve de mortTu couleras sur le masque nègreTu emporteras dans ton torrent cramoisi et maculé des martyrs de la libération, Mantsanga mä kiadi

Sinistre crachin qui pleut sur la citadelle par la mortPluie de pleurs qui pleut sur le pays…partout des pleursMantsanga, triste chant élégiaque

O jour maussade et ciel noirQuand dans les lointains bois vautours et gypaètes dessinent sur la nue le cénotaphe qui dure comme le présent malheurLe cippe du masque qui pleureLe blason des puissances sorcières de Mangenge LingeMontagne vertueuse qui regarde Masina et MokaliPour le compte de ce verbe qui sacralisent le CongoEt le masque nègre est tatouéComme les habitants des cités dortoirs de MaleboDont les visages sont masqués par la braise ardente qui trottinent toujoursComme une colonne de migrateurs Nomadisés par la quête des maigres ripaillesSur le Congo Au pays de l’homme blanc

Pleur doux pleur tendre compagnonQui a assailli ma pauvre vie au jour de ma naissanceMantsanga toujours tu me recueilles à l’hypogée de mes PèresEt partout je me recueille car mon pays est un cimetièreLe cimetière de la paix, le cimetière de mort pour le masque nègreMantsanga mä kiadiPleurs amers qui enchantent le griot sur les citadellesEt avec sa harpe,Il solfie le malheur du CongoEt le cri de son soliloque déchire le silence de la sombre nuit lugubre du CongoLe masque nègre prend le ton et il crie de mortMantsanga mä kiadi, MantsangaSur toute l’Afrique, dans le Pool, à Mindouli et à Ngoma TsiétsiéPleure le griot au chant de la Nthoya à Brazzaville, où grondent encore les ires de mort

Page 4: Masque Pleureur

Et de partout, pleure…sombre masque nègreCar sous la chapelle ardente sylvestre du Congo gît l’AfriquePleure car pleurer c’est masquer son noir visage et tatouer ses joues des larmesTristes larmes, Manstanga

Vieux masque nègre aux yeux chassieux est la silhouette du maître des bois, le vilain esprit nègre qui pleure toujours Il ensorcelle la flore thérapeutique de la sylve inexplorée de l’autre flanc de la montagne sacréeC’est l’esprit de mort que revigore le tam-tam nécrophageJoué tous les soirs dans les contrées mortes de Mukondo et de YengaSa silhouette armée resteElle est gardien du trésor sacré des cultures tabouesC’est le masque nègre qui hante le noir pour garder sauvage dans le monde

O potent masque nègre, nourri des vertus floralesGarde-moi noir comme les heures vespérales qui pleurentSur les rives reverdies de la MongalaEnvoûte par ta sauvagerie, emporte ma culture dans les évasions hallucinatoires du tam-tam sorcierEnvoûte !Et fait danser la musique dopante qui enivre les esprits de mort dans les bois et partoutQuand le chef Pende saute comme une gazelle qui de la mort l’ange tout noirIl tire sa force dans les gorgées du kawa sacréBoisson des dieux noirsLe masque nègre et le vieillard qui transcendent les cités du LethéPour empoisonner les effluves magiques qui jaillissent des jungles glauquesTous les soirs pour rendre barbares les peuples civilisés

O fantômes des parfums remugles des mandragoresLes agents du masque nègre vétuste qui trône sur les montagnes tabouesLe chef de toute la magieGardez-la sauvage !La fille de la cité dortoirCelle qui se baigne sur la N’djili, et celle qui se chante pour bercer le nourrissonEnsorcelez le verbe du griot qui l’accompagneEt le masque nègre la gardera captive dans la prison de la sauvagerie

Elle sera sauvage dans toute sa beautéLa vierge du Congo hantée par la barbarie Yaka qui diabolise les prières de magies d’ailleursSauvage, belle, mais aussi barbareSera la nymphe des bois impénétrés endoctrinés par le masque nègre dont les imprécations hanteront sans cesse et encoreQu travers les diètes racinaux qui sortent de forêts C’est donc là que réside le venin qui barbarise l’Afrique civiliséeQui danse les drôleries rythmiques des balafons le jourEt la nuit dans les paroisses des sorciers autour de nos citésLe génie des rivières et tous les esprits de mort qui vivent dans la nécropole de l’-au-délà s’assemblent le soir aux santeries, lors du retour des malafoutiers qui transportent dans nos bicoques le poison qui barbarise les civilisés

Page 5: Masque Pleureur

Africa O AfricaCantate incomprise du griot solitaire, les fakirs des heures colonialesAfrica, tristes pleurs du masqueLe masque du premier ancêtre, Mokili (à suivre)