marvillet marine mémoire de recherche
DESCRIPTION
ÂTRANSCRIPT
INSA de Strasbourg
Département architecture
Les couleurs du Cabañal
« Colores del Cabañal »
MARVILLET Marine
Mémoire de recherche
Sous la direction de M. Jean-Jacques VIROT
Novembre 2014
2
« Si tout était blanc, le paysage, l’architecture et les matières n’existeraient plus. »
Evelyne GAUTHIER
« Le sérieux de la couleur réside dans ses composantes. »
Jean-Marc BIRY
Figure : 1 ; Patchwork
Source : de l’auteur, p1
3
Remerciements
Je tiens à remercier particulièrement :
- M. Jean Jacques VIROT, mon directeur de mémoire pour m’avoir suivie tout au
long de cette année et avoir su m’orienter tant dans mes recherches que vers des
interlocuteurs privilégiés ;
- M. Gaétan DESMARAIS, pour avoir coordonné l’écriture de nos mémoires et
pour ses conseils dans l’écriture de celui-ci ;
- M. Denis STEINMETZ, coloriste et directeur du master couleur, architecture et
espace à l’université de Strasbourg, pour ses conseils avisés et sa disponibilité ;
- Mme Maribel DOMENECH, M. Tato HERRERO, Mme Carmen SEVILLA et
toute l’équipe de l’association Salvem el Cabanyal, pour avoir su me recevoir et me
fournir de précieuses informations tant sur l’histoire du quartier Cabañal que sur leur
combat actuel, pour avoir pu me fournir à chaque fois des documents pertinents et
utiles, pour avoir toujours été enthousiastes et avoir su m’encourager dans l’écriture de
mon mémoire. En espérant que leurs 15 années de lutte serviront à la préservation du
Cabañal et lui permettra de renaître de ses cendres ;
- M. Josep PEREZ CAMPS, membre de l’association Ceramologia à Alicante,
pour le temps passé à m’apporter de précieuses informations sur la céramique ;
- Mme Angela GARCIA CODONER, M. Pablo SEDENO, Mme Esther
GONZALEZ AURIGNAC, enseignants à l’Universidad Politecnica de Valencia, pour
avoir su me mettre en contact avec des interlocuteurs privilégiés ;
- Javier VALLES BENLLOCH, et toute sa famille, pour avoir su me recevoir lors
de ma dernière visite à Valencia et avoir su me faire découvrir et partager toute la
richesse de la région valencienne. Remerciement particulier à Javi qui a été un guide
parfait et a réussi à faire marcher son réseau pour que je puisse obtenir le maximum
d’informations possibles ;
- Ma famille, pour m’avoir soutenue et aidée à aller au bout de ce mémoire ;
- Tous ceux qui de près ou de loin ont pu apporter leur contribution
4
Comment mettre à profit la couleur dans une politique de revalorisation du
quartier Cabañal de Valencia?
Introduction 5
I – Cabañal, Valencia, Manises, Onda, Nolla, un contexte déterminant 12
1- Un quartier, un héritage 12
2- Une histoire de céramique 17
a) Manises, Onda, hauts lieux de la céramique 17
b) Motifs, techniques, pigments et couleurs 18
c) Pavimento de Nolla 20
3- La rue, une trame au service de l’appropriation spontanée 21
II – Un patrimoine à réhabiliter 25
1- Typologies d’habitats 25
2- Analyse du potentiel coloristique du quartier 28
3- Calle San Pedro: les origines délaissées 42
III – Réhabiliter Cabañal ? 46
1- Une trame verte repensée 46
2- Espaces détruits, sutures du lieu 49
3- San Pedro, ¡A todo color! 52
Conclusion 56
Vocabulaire hispano-français 60
Bibliographie 61
Liste des figures 63
Annexes 64
5
Introduction
Après avoir suivi pendant 5 mois un cours de Couleur dans les espaces publics
lors de mon séjour Erasmus à Valencia, j’ai pu prendre conscience de l’intérêt à porter à
cet aspect dans tout projet, qu’il soit urbain ou architectural. C’est une question qui se
trouve bien souvent négligée dans le processus de conception et n’intervient qu’en fin
de réflexion, lorsqu’il s’agit de traiter les façades ou les perspectives d’ambiance.
L’expression même d’un matériau, qui peut modifier la couleur qui lui est apposée, est
une dimension sous exploitée et la couleur se trouve bien souvent absente dans les
projets actuels. Certains architectes se sont d’ailleurs emparés du problème il y a
plusieurs décennies, à l’image de Rem KOOLHAAS pour qui
« Il est tout à fait logique que, étant donné l’incroyable agression sensorielle qui
nous assaille chaque jour, […] la nature de la couleur soit appelée à changer non
pas superficiellement, mais d’une manière qui altère réellement la perception. En
ce sens, l’avenir de la couleur est brillant » [KOOLHAAS, R. Colours. 2005]
Et pourtant lorsqu’on traverse une ville, peu importe sa situation dans le monde,
on reviendra avec une image en tête qui correspond bien souvent, au-delà des bâtiments
emblématiques, à une ou plusieurs façades types rencontrées tout au long du parcours de
celle-ci. On se souviendra d’un matériau, d’une harmonie colorée ou encore d’une unité
d’équipements d’espace public jouant un fort rôle dans l’identité de la ville ou d’un
quartier traversé. Ainsi, Strasbourg sera associée aux maisons à colombages aux enduits
blancs, les îles cycladiques à ses cubes recouverts de chaux blanches et surmontés d’un
toit bleu, Toulouse à ses constructions de briques rosées qui changent de nuance au gré
du temps et des reflets de la Garonne et Venise ou Amsterdam à leurs canaux sans fin. Il
en est de même si l’on traverse la Sahara ou l’Amazonie : on conservera tantôt l’image
de ces dunes de sables passant du jaune au marron et à l’orangé au fil de la journée,
tantôt un patchwork de verts, transpercé ça et là par les rayons du soleil. Chaque espace
possède sa propre identité qui passe en partie par les couleurs dont il est paré.
La couleur est présente au quotidien et joue un rôle important que l’on ne perçoit
pas toujours. Elle peut marquer plus ou moins fortement l’identité du lieu, qu’elle
s’exprime au travers des matériaux de construction locaux ou encore du climat. En effet,
le soleil peut changer la perception ou la valeur assignée par la culture à la couleur
considérée alors comme identificateur local (place rouge à Moscou). Elle peut aussi
6
jouer un rôle dynamisant dans l’espace en possédant la capacité d’évoluer dans le temps
(vieillissement des enduits, remplacement des menuiseries, modification de
l’environnement, …), ainsi que d’apparaître différemment selon la distance à laquelle
on se place d’elle, le temps pendant lequel on la perçoit et la dimension de l’objet sur
laquelle elle est apposée. Elle peut aussi permettre d’informer d’une fonction
notamment via la signalétique qui possède des codes propres et universels. Enfin, la
couleur peut être un stimulateur de l’intégration sociale en améliorant les conditions de
vie dans un quartier (projet Luz Nas Vielas à Vila Brasilândia) ou en aidant à un
meilleur usage des espaces collectifs selon son sexe, son âge, sa culture ou son ethnie.
La couleur possède aussi de nombreuses symboliques à travers le monde qui se
recoupent parfois les unes les autres. Ainsi, le blanc est très souvent devenu un simple
support et a perdu son statut de couleur. Il est fréquemment associé au noir, autre non
couleur (ainsi qu’à toutes les nuances de gris résultant du mélange de blanc et de noir),
et toutes deux s’opposent aux couleurs vives. Ces dernières possèdent des significations
très diverses selon les civilisations. Si le rouge désigne les pouvoirs et la magie au Mali,
il représente le sang et le sacrifice au Guatemala et chez les Aborigènes mais aussi le
feu en Iran ou les démons dans la roue de la vie tibétaine. De même, le jaune sera la
couleur de l’empereur en Chine, de la sagesse dans la religion islamique, de la
prospérité au Guatemala, du soleil en Iran et des hommes au Tibet. Enfin, le vert
symbolise le paradis chez les Islamistes et les titans au Tibet. On comprend donc que
certains quartiers possèdent de forts marqueurs de la présence d’une ethnie dans
certaines grandes villes du monde du fait de leur occupation par des groupes d’individus
d’une culture autre. Ce fut le cas à Londres dans les années 1970 lorsque les immigrés
indiens et pakistanais commencèrent à peindre leurs maisons de couleurs vives.
Néanmoins, l’analyse de grandes villes de culture occidentale permet d’en faire
ressortir trois schémas types de rapport entre la forme urbaine et la couleur. La ville
d’affaires contemporaine est plutôt revêtue de noir, blanc et aluminium, couleurs
d’autant plus courantes avec l’importance actuelle apportée à la peau d’un bâtiment
directement liée aux questions thermiques. Elle possède une répartition en damier de ses
unités bâties. On trouve aussi le modèle historique dans les tons ocres avec une
organisation concentrique autour d’un centre et enfin la ville populaire, souvent
maritime, aux couleurs vives et variées et bien souvent chaotique.
7
Le quartier Cabañal de Valencia, que je propose d’étudier dans ce mémoire,
rentre plutôt dans cette dernière catégorie. Ancien village de pêcheurs, il se distingue du
reste de la ville par la succession de ses petits immeubles aux façades parées de faïences
et d’enduits colorés. On retrouve encore aujourd’hui dans le parcellaire très marqué, et
le quadrillage des rues, les vestiges des anciens alignements de barracas qui occupaient
la zone. Il possède toujours un caractère de village dans la ville avec des typologies
d’habitats qui diffèrent du reste de la trame urbaine (immeubles individuels, étroits,
allant du R0 au R+2 maximum). Chaque immeuble fonctionne de manière autonome ce
qui est très lisible en façade du fait de la forte démarcation qu’il existe entre chaque
entité.
Son identité est très intimement liée à la couleur qui se retrouve au-delà de
l’interface de la rue, jusque dans les intérieurs des habitats et des îlots urbains. Chaque
façade possède sa propre expression que ce soit dans le choix des matériaux qui la
composent (azulejos, enduit coloré, gardes corps métalliques, menuiserie, …) et même
sur celles simplement enduites, les couleurs sont aussi diverses qu’il y a d’immeubles
dans la rue. Cependant, une véritable homogénéité se dégage au sein du quartier,
notamment dans l’horizontalité des constructions dont les étages sont parfaitement
alignés. Les gabarits sont assez similaires et on ressent une réelle cohérence dans la
consonance du lieu lors de sa traversée.
Actuellement, la ville souhaiterait prolonger l’une des artères principales de la
ville, l’Avenida Blasco Ibañez, afin de relier directement l’autoroute de Barcelone à la
mer, accès pour l’instant empêché par le quartier qui fait front. Le Cabañal ayant été
déclaré Bien d’Intérêt Culturel par la Consellería de Valencia en 1993, le projet de la
mairie a du être stoppé. Elle mise donc maintenant sur la dégradation progressive du
quartier pour arriver à ses fins : en choisissant volontairement de couper toutes
subventions pour la mise en valeur du quartier et en interdisant pratiquement aux
habitants d’entretenir leurs immeubles, le quartier se trouve menacé !
J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises de traverser le quartier du Cabañal et
j’ai été à chaque fois frappée de la richesse culturelle dont il regorge malgré son manque
d’entretien visible. A l’écart de tous les circuits touristiques proposés par la ville,
Cabañal est un lieu dont il faut s’imprégner. Chaque rue, chaque recoin est l’occasion
8
d’une découverte, de l’apparition d’un motif nouveau, d’une rencontre, … Le quartier
présente un véritable intérêt architectural qui n’est pas suffisamment valorisé et qui ne
demande finalement qu’à être révélé pour redonner au Cabañal sa dimension passée.
Ce sont toutes ces observations qui m’ont poussée à m’intéresser à ce quartier, à
son histoire et son évolution qui l’ont amené jusqu’à son état actuel. Mon objectif à
travers ce mémoire consiste à observer et analyser les phénomènes en place et à
identifier les enjeux du quartier, à comprendre l’espace urbain qu’il représente en tant
que tel et les connexions à la ville existantes. Tout cela doit être étudié au travers de son
habitat, qui constitue, en quelques sortes, une façade de ce qu’il est. De nombreux
ouvrages traitent des problématiques et de l’histoire du quartier, des enjeux actuels, des
possibilités d’évolution, mais trop peu prennent en compte la dimension sociale sous
jacente.
En effet, le Cabañal a toujours été un quartier hétéroclite, peuplé par des
habitants d’origines très diverses qui en ont fait sa richesse. Depuis quelques années, sa
lente dégradation a vu l’arrivée et l’installation d’une grande partie de la population
immigrée à Valencia et le développement progressif des trafics en tous genres. Ces
changements progressifs sont en partie à l’origine du mal être de certains habitants et
contribue à la dégradation du quartier suite à l’abandon de leur immeuble par certains
d’entre eux. Je souhaite à travers ce mémoire retranscrire non seulement les
problématiques actuelles du quartier mais aussi insister sur la vision des habitants sur
leur quartier et m’intéresser aux perspectives d’évolution qu’eux même envisagent, aux
changements qu’ils souhaiteraient, … Pour cela, je me suis rendue à plusieurs reprises
sur le terrain afin d’observer et de m’imprégner du lieu mais aussi pour échanger avec
les habitants, pour connaître au mieux leurs attentes et leur vision du quartier. La phrase
la plus marquante que j’ai pu entendre restera sans nul doute
« No es un barrio muy feliz ahora. Lo que yo quiero es recuperar esta felicidad. »
[Entretien avec DOMENECH Maribel, Mai 2014]
Ma démarche pour l’écriture de ce mémoire consiste donc à m’approprier le
thème traité par ma propre expérience, par mes rencontres, mes déambulations, mes
séjours, mes échanges au sein du Cabañal. L’approche que je propose du sujet sera donc
bien plus sensible que la simple compilation et le recoupement de données glanées dans
9
divers ouvrages. La couleur et sa perception relevant avant tout du sensible, la
considération du sujet d’un point de vue personnel me paraissait d’autant plus
appropriée et présentant plus d’intérêt dans la manière d’aborder la thématique.
A la suite des observations effectuées, je souhaite m’intéresser à la manière
d’intégrer la couleur, ici déjà très présente, dans une pensée de restructuration et de
réhabilitation du Cabañal. Comment mettre à profit la couleur dans une politique de
revalorisation de ce quartier ? Il s’agit de s’interroger non seulement sur la façon
d’utiliser, d’injecter la couleur, mais aussi sur les moyens de révéler celle-ci.
Pour répondre à cette problématique, qui pourrait s’appliquer dans de
nombreuses villes, je propose tout d’abord de m’intéresser au quartier dans sa globalité
et de comprendre les processus qui ont permis à la céramique de prendre une place si
importante dans celui-ci. La première interrogation porte sur les événements successifs
qui ont amenés, suite à diverses évolutions, au développement du quartier tel que l’on
peut le percevoir actuellement. Nous verrons que l’organisation du réseau viaire en un
quadrillage très marqué est directement héritée de la trame mise en place par les anciens
pêcheurs et agriculteurs qui vivaient là auparavant.
Les couleurs des façades possèdent deux origines : les enduits mais surtout la
céramique. L’abondance de ce revêtement est assez unique et il convient donc de
s’interroger sur sa présence aussi marquée dans le Cabañal. La région de Valencia a
toujours été un bassin de production d’éléments en terre cuite grâce à ses so ls argileux
ce qui a permis aux habitants du quartier, sous l’influence du modernisme, de parer
leurs habitats de ce matériau. Il présente en outre la particularité d’être plus résistant
dans le temps et bien plus facile d’entretien.
Le parcellaire du Cabañal est quant à lui très fort et très régulier, calqué sur celui
originellement en place. Les rues, axes clairement signalés, rectilignes sont, pour la
majorité, encombrées par les voitures stationnées sur le bord de la chaussée. Seules de
petites ruelles transversales demeurent exclusivement piétonnes et cyclables. Malgré
cela, le Cabañal, comme grand nombre de quartiers populaires est un lieu où la vie
sociale a peu de limites. La rue représente ainsi le lieu de la sociabilisation, de la
10
rencontre, de l’échange. Nous verrons que la rue possède un rôle bien plus large que
celui d’espace de circulation. Sa trame très homogène et répétitive a quelque part poussé
les habitants du quartier à exprimer leur personnalité, leurs goûts sur les façades et dans
les intérieurs de leurs habitats. La rue constitue ainsi comme une extension de l’habitat
que s’approprient les habitants. C’est une sorte de trait d’union entre la sphère privée et
la sphère publique. C’est ainsi un espace à part entière à considérer dans la dynamique
et la statique qu’il propose, dans son interaction avec l’habitat et sa capacité à
rassembler.
Dans un second temps, je souhaite me pencher plus précisément sur l’état actuel
du quartier. L’habitat contribue au dynamisme de la rue, sa façade donne une coloration
à l’ambiance qui s’installe dans le lieu. C’est un peu l’élément clé du quartier, celui qui
permet à tout un chacun d’exprimer ce qu’il est réellement, de se distinguer de son
voisin. Face à l’homogénéité des gabarits, la décoration intérieure et extérieure de son
habitat permet ainsi à chacun de se sentir exister au sein du groupe. Directement hérités
des anciennes barracas, il est assez simple d’identifier des types d’habitats selon leurs
gabarits.
A partir des premières observations faites sur l’organisation du Cabañal, il est à
présent nécessaire de connaître plus précisément le fonctionnement du système, de faire
une analyse coloristique du quartier : quels sont les matériaux utilisés ? Où est apposée
la couleur, sur quel support ? Quelles sont les couleurs dominantes ? Pourquoi ? Quels
sont les motifs utilisés ? … Tout ceci permettra finalement de dégager des constantes
dans l’organisation, la décoration des façades et de déboucher sur d’éventuels axes
majeurs de remise en valeur du quartier par la couleur, dans une trame en accord avec
celle déjà en place. Le quartier étant très étendu, l’étude portera sur un fragment de
territoire choisi pour son caractère de modèle à l’échelle du Cabañal.
Pour terminer cette phase analytique, je propose de m’intéresser plus
précisément à la Calle San Pedro, rue fondatrice du quartier. Elle est actuellement l’une
des plus endommagées du quartier et qui a connu le plus de destruction. L’objectif est
d’avoir une vision globale de son état actuel, de ses faiblesses, de ses vides, pour tenter
de renverser le processus et d’en faire des qualités et des forces.
11
Enfin, à partir de ces analyses, je souhaite expliciter plus précisément certaines
propositions d’actions sur le quartier qui pourraient permettre de lui redonner vie, de la
revaloriser aux yeux de ses habitants et des passants mais aussi de remettre en valeur la
richesse patrimoniale dont il est serti. La première étape consistera à repenser la trame
verte quasi-inexistante dans le quartier et qui pourrait lui permettre de gagner
grandement en qualité de vie.
Dans un second temps, je m’intéresserai aux espaces vides qui jalonnent le lieu
et qui actuellement donne une image de quartier abandonné, où il ne fait pas bon vivre.
Comment ces vides peuvent être mis à profit et devenir au contraire de ce qu’ils sont des
espaces de suture du lieu. Face à la forte densité du Cabañal, il est possible de les
réinvestir dans des espaces de qualité au service de tous, habitants ou visiteurs.
Enfin, à partir de la connaissance précise de l’état de la Calle San Pedro, je
propose d’ébaucher un projet couleur pour la remise en valeur de celle-ci. Quelles
tonalités, quels matériaux peuvent être envisagés dans l’optique de lui redonner une
forte présence à l’intérieur du quartier. Il ne s’agit pas d’envisager un état figé futur
mais d’amorcer un processus de réflexion pouvant servir de base à une pensée de la
réhabilitation de cet espace.
12
I – Cabañal, état des lieux
1 – Historique du quartier
Cabañal n'a pas toujours été ce qu'il est, un quartier maritime de plus de 20.000
habitants, de la troisième plus grande ville d'Espagne. À l'origine au XV° et XVI° siècle
un groupement de huttes et de cabanes de pêcheurs le long de la côte méditerranéenne
constitue le village. Il est alors un hameau qui se regroupe ensuite avec Cañamelar et
Cap de França, deux autres noyaux de population, pour former la municipalité
autonome de los Pueblos Nuevos del Mar (Villages nouveaux maritimes). Les
habitations, appelées barracas, s’alignent selon un axe Nord-Sud, laissant déjà paraitre
le tracé de l’actuelle Calle San Pedro (Rue Saint Pierre). L’orientation suit le tracé des
canaux d’irrigation qui parcourent alors la zone pour alimenter les huertas. Ce
positionnement donne aux logements une double orientation avantageuse entre mer et
huerta, Est/Ouest, qui permet en outre de profiter du soleil le matin et le soir, qui vient
réchauffer les maisons, mais aussi de la brise marine pour éviter les surchauffes en été.
Situé à seulement 5 km à l'est de la ville de Valencia, le site devient dès le XVII° siècle,
un lieu prisé de la bourgeoisie valencienne le week-end et pendant les vacances pour se
rapprocher de la mer, à laquelle la ville a toujours tourné le dos. Cabañal fait face à une
croissance rapide, accueillant toujours plus de nouveaux habitants, qui se tournent vers
la pêche et vers l'agriculture. Le village profite ainsi pleinement de ses atouts
géographiques. Il est toujours constitué de nombreux alignements de barracas qui
reproduisent la trame initiale : les rues sont orientées selon les points cardinaux avec des
axes principaux suivant les directions nord-sud et des traversantes Est-Ouest. Cette
trame très marquée est celle que possède toujours le quartier aujourd'hui. Le Cabañal a
dès ses origines entretenu d’étroits liens avec la ville de Valencia. On retrouve encore
actuellement le tracé de l'ancienne route reliant la ville et le village qui est devenue
l’actuelle Avenida del Puerto (Avenue du Port). Après près de quatre siècles
d'indépendance, Cabañal se retrouve intégré à la municipalité de Valence en 1897, en
même temps que Cañamelar et Cap de França, devenant un quartier à part entière de la
ville.
Parallèlement, plusieurs incendies ravagent les barracas qui, constituées de bois,
propagent rapidement les flammes à une grande partie des constructions. Après un
13
important incendie en 1796 puis un second en 1875, détruisant plus de 250 barracas, la
décision est prise de reconstruire les habitations mais avec des matériaux plus résistants.
C'est le début de la construction des immeubles que l'on rencontre encore aujourd'hui.
Ils sont faits de murs maçonnés et de toitures en tuiles, bien plus résistants aux aléas de
la vie. Le parcellaire reste cependant inchangé, chaque construction venant reprendre
l’exact emplacement de la précédente, ce qui explique les gabarits plutôt homogènes des
habitations. La proximité de la mer ne présente pas que des avantages. En effet, si elle
permet au quartier de vivre des activités de la pêche, l’air marin détériore rapidement les
enduits et crépis apposés en façade. Il ne reste à ce jour que deux exemplaires de
barracas dans le quartier que certains urbanistes avaient projeté de détruire dans un plan
de réaménagement du quartier, pour les remplacer par une place arborée.
En 1893, Blasco IBAÑEZ, très attaché à la Méditerranée, émet l’idée de créer
une promenade maritime, très verte, jusqu’à la côte pour tisser un lien plus fort entre
Valencia et la mer, tenter de relier la ville à ce qu’elle a toujours nié. Son idée est de
connecter les deux entités mais sans se mettre en travers de l’existant. Cette date marque
le début de la construction de l’Avenida Blasco Ibañez, qui n’a aujourd’hui plus grand
chose à voir avec la promenade maritime qu’avait ébauchée Blasco Ibañez. Les
immeubles de grande hauteur ont occupé peu à peu les terrains destinés à l’origine à
l’implantation de petites unités d’habitation, comme en témoignent les quelques seuls
exemples construits qui subsistent tout au début de l’avenue, à proximité des jardins de
Viveres. La promenade maritime imaginée par Blasco Ibañez s’est ainsi peu à peu
transformé en une large avenue très passante (pas moins de six à huit voies de voitures
au total), qui vient dans sa fin se heurter au Cabañal. Ce développement si urbain et
routier est à l’origine des problèmes actuels de possible destruction d’une partie du
Cabañal pour prolonger l’avenue jusqu’à la mer.
Parallèlement, des travaux d’agrandissement du port de Valencia se succèdent.
Celui-ci est en perpétuelle expansion pour répondre aux problématiques d’espace pour
les chargements et déchargements de marchandises et de touristes. Les phases de
travaux sont incessantes entre la fin du XIX° et se poursuivent encore aujourd’hui. Ceci
a pour conséquence un recul progressif du Cabañal dans les terres, éloignant chaque fois
plus de la côte le noyau historique du quartier. Les nouvelles constructions s’étendent
ainsi toujours plus vers la mer. Le phénomène de tectonique des plaques amplifie cette
14
problématique : chaque année la péninsule ibérique perd un peu de littoral sur sa façade
atlantique quand elle en gagne sur sa façade méditerranéenne.
Nous sommes alors à la fin du XIX°, début du XX° siècle, époque à laquelle
commence à se développer le modernisme partout en Europe. A Barcelone, les travaux
de Gaudí, s’inscrivant dans le courant Art Nouveau (modernisme catalan), utilisant la
technique du trencadis sont réalisés. C’est dans ce contexte que, décidés à rendre leurs
maisons les plus pérennes possible, les habitants du Cabañal commencent à apposer des
carreaux de céramique sur la façade et sur les parois intérieures de leurs logements. Les
habitants font en quelque sorte leur propre interprétation du modernisme à travers les
ornementations dont ils parent peu à peu les immeubles. On trouve aussi de nombreuses
maisons enduites à la chaux mais la céramique offre par rapport à la peinture la
possibilité d'une plus grande richesse ornementale et de motifs. Les couleurs
dominantes utilisées sont le bleu, couleur de la mer et le vert, couleur de la nature. Elles
sont directement tirées de l’entourage proche du quartier. De même, les motifs
s’inspirent aussi de ce contexte avec une prédominance des éléments aquatiques et
végétaux. Si les couleurs et les attributs se retrouvent un peu partout à travers le
quartier, lui donnant une certaine harmonie, chacun a cependant la volonté d'exprimer
sa personnalité, ses goûts à travers son logement. Le quartier jusque là très uniforme,
commence à se parer de multiples couleurs. Cette diversité coloristique et picturale est
encore aujourd'hui très visible et donne au lieu cette singularité, cette beauté qui m’a
moi même particulièrement intriguée lors de sa traversée et qui m'a finalement amenée à
m’y intéresser dans ce mémoire.
Pendant la période franquiste, la croissance urbaine du quartier continue, en
parallèle de celle de Valencia. Les quartiers de la ville ont fini par rejoindre le Cabañal
avec un développement sans réel lien avec les structures existantes dans le quartier. Au
cœur de l'ancien village maritime, à la fin des années 60, début des années 70, des
immeubles de grande hauteur aux crépis jurant avec le contexte sortent de terre ça et là.
On peut encore les distinguer aujourd’hui, comme des fractures dans le paysage urbain,
mais ils n'ont heureusement pas supplanté les habitats traditionnels aux céramiques
toujours aussi colorées.
N
Cap de França
Cañamelar
Cal
le d
e la
Rei
na
Cal
le E
scal
ante
Cal
le S
an P
edro
Avenida Blasco Ibañez
Avenida Blasco Ibañez
Calle Millares
Plaza L.
de la Flor
Calle Pescadores
Le quartier Cabañal
Limites du quartier
100 50 100m25
15
Figure : 2 ; Plan ‘Conservación’
Source: http://www.plancabanyal.es/planos.php, 1998
16
En 1993, fort de sa richesse architecturale, le quartier Cabañal obtient son
classement comme Bien d’intérêt culturel par la Consellería de Valencia. Malgré cela,
en 1997, la mairie de la ville décide la mise en place du plan PEPRI, prévoyant, entre
autres, la prolongation de l'Avenida Blasco Ibañez, comme expliqué ci-dessus. Il s'agit
de l'axe reliant l'autoroute venant du nord de l'Espagne à Cabañal et donc à la mer. La
municipalité souhaite donc créer une percée jusqu'à la mer, en coupant en plein centre
ce noyau urbain qui lui paraît trop hermétique, du fait de son fort réseau viaire orienté
Nord/Sud. Ce projet prévoit aussi la destruction de 2651 maisons dont la plupart sont
normalement protégées par le classement de 1993. De plus, il envisage de venir border
le prolongement de l’avenue d’immeubles tout aussi hauts que ceux qui se trouvent
actuellement le long de l’axe Blasco Ibañez, ce qui va à l’encontre du tissu urbain du
Cabañal qu’il viendrait percer.
Après de nombreuses visites du Cabañal, j'ai aussi été frappée par l'absence
notable de végétation. On croise bien quelques arbres Calle de la Reina, qui jouxtent ça
et là le bitume et les pavés usés par trop d'années de délaissement. On ne trouve aucune
étendue verte (jardin, parc, forêt, …) qui ait su trouver sa place dans cet ancien village
pourtant autrefois tourné vers la nature, l’agriculture. Seules quelques herbes folles
rôties par le soleil poussent par endroit, là où sous l'impulsion humaine les terrains
vagues ont pris la place des anciens bâtis. Cette absence évidente de la prise en
considération de l’élément végétal m'est apparue comme un manque réel pour la qualité
du quartier, dans cette ville côtière où les températures atteignent bien souvent des
sommets et où quelques espaces ombragés seraient les bienvenus. Si Cabañal, en tant
qu'entité urbaine, se caractérise par sa prédominance minérale, il gagnerait certainement
en qualité à parvenir à faire cohabiter la nature avec ce qui existe déjà. Le point soulevé
ici, me parait essentiel et devra certainement être questionné dans l’importance de sa
prise en compte dans la revalorisation du Cabañal.
Depuis plus de 15 ans, un collectif de voisins ‘Salvem El Cabanyal’ (Sauvons le
Cabañal), milite pour la sauvegarde du quartier dans son intégralité. Malgré l'opposition
du collectif et des instances nationales espagnoles, la municipalité de Valencia a déjà
réussi à récupérer pas moins de 400 maisons. Le résultat aurait pu être bien plus
défavorable sans les soutiens massifs qui se font plus nombreux au fil du temps et la
crise actuelle qui a permis de limiter les interventions urbaines et les rachats de
17
bâtiments par la municipalité. Pour récupérer les maisons, la mairie emploie des
méthodes qui restent discutables. Elle mise en priorité sur l’appauvrissement progressif
du quartier accompagné par le départ spontané des populations, prêtes alors à lui céder
les immeubles à très bas coût. Pour assurer la détérioration progressive des bâtis et les
départs, elle freine autant que possible l'entretien des façades, en s'opposant à leur
rénovation et installe des populations migrantes, ne possédant aucune accroche réelle
avec le Cabañal se souciant peu de son devenir. Ce sont bien souvent des habitants aux
situations familiales et/ou sociales parfois difficiles. En quelques années, face à ces
mouvements de populations, le quartier est devenu le repère des trafics en tous genres et
a vu l’émergence de zones où la pauvreté se développe de plus en plus. Cabañal reste à
l'écart de tous les circuits touristiques de la ville, comme livré à lui-même. Ce territoire
délaissé ne parvient ainsi plus à mettre en valeur la richesse architecturale donc il est
emprunt, ce qui le met en péril.
2 – Une histoire de céramique
a) Manises, Onda, hauts lieux de la céramique
L’histoire du Cabañal est intimement liée à celle de la céramique. En effet,
comme nous venons de le voir, le grand incendie de 1796 amène à remplacer peu à peu
les barracas en bois par des constructions de briques bien plus résistantes. A la fin du
XVIII° début du XIX° siècle, l’influence du modernisme pousse les habitants à parer les
façades et intérieurs de leurs maisons de nombreuses céramiques colorées. La situation
du Cabañal au cœur de la communauté autonome valencienne n’est pas étrangère à cet
engouement pour la céramique. En effet, depuis le III° siècle avant JC, la région de
Valencia constitue un important centre de production de pièces en terre cuite. Que ce
soit dans la région du Quart de Pla (regroupant les localités de Manises, Alacuás,
Aldaya, Quart de Poblet) ou, plus au nord, entre la ville d’Onda et la rivière Mijares, les
sols sont très riches en argiles de grande qualité, constituant la base de la fabrication des
pièces céramiques.
18
Les céramiques que l’on retrouve sur les façades du Cabañal datent pour la
grande majorité de la fin du XIX° siècle, et proviennent essentiellement de 2 régions :
Manises et Onda. Manises se situe à 10km à l’est de Valencia. Ce centre s’est développé
depuis le XIV° siècle du fait de la richesse de ses terres en argile, de l’abondance d’eau
disponible, de la proximité avec le port de Valencia qui lui permettait d’exporter
facilement ses productions, et grâce à la juridiction de la famille Boil entre les XIV° et
XVIII° siècles, qui a contribué à développer l’activité. La proximité de Manises avec le
Cabañal lui a permis de fournir facilement les artisans pendant toute la période de
reconstruction des habitats.
Cependant, le principal centre d’approvisionnement en céramiques est celui
d’Onda, à 70km plus au nord de la ville de Valencia. La région d’Onda, forte de sa
situation dans les contreforts des monts Ibérique, possède des sols très riches en marne
claire et en calcaire gris. Leur extraction a entraîné la descente des roches plus en
altitude, très riches en argile. Les argiles d’Onda sont très reconnaissables du fait de leur
légère coloration rosée due à la présence d’oxydes de fer dans les sols. Ils sont assez
compacts, lents au séchage et délicats, et nécessitent donc un gros travail en amont de
mélange de la terre crue avec de la terre cuite pour rendre la préparation plus facile à
travailler. La céramique d’Onda est très réputée grâce à Gaudí qui en fait une grande
utilisation dans ses productions. Le centre est devenu le plus gros producteur des
céramique à partir de la seconde moitié du XIX° siècle, du fait du déclin de la
production de Valencia qui a souffert de celle d’Onda, devenue de meilleure qualité,
mécanisée, plus économique et avec des résultats beaucoup plus homogènes. De plus, la
destruction des murailles médiévales de Valencia en 1865 a entraîné une réorganisation
du secteur industriel et favorisé le report progressif de l’activité de la céramique à Onda.
b) Motifs, techniques, pigments et couleurs
Les céramiques que l’on retrouve au Cabañal, tant en façade que dans les
intérieurs, sont pour la plupart des céramiques émaillées (cerámica vidriada). Après une
première cuisson de la terre crue modelée, la plaque d’argile est recouverte d’une
couche d’émail ou de vernis à base de plomb, de sel et de sable, puis est recuite pour
devenir imperméable. Cet émail, devenu blanc après la cuisson, constitue une couche
19
opaque que l’on retrouve souvent en fond des azulejos. La couleur est apposée à l’aide
de trepas, sortes de pochoirs préparés dans du papier de zinc qui permettent de laisser à
nu les espaces où doivent être apposées les différentes couleurs. Pour réaliser un motif
complet d’azulejo, plusieurs trepas sont nécessaires : il faut des trepas pour chaque
couleur, et pour éviter que le trepa ne se déchire à force d’être humidifié, plusieurs
exemplaires doivent être prévus pour chaque motif monochrome. Une dernière cuisson
permet de fixer le tout. Une autre technique permet d’obtenir un aspect marbré. On parle
alors d’azulejo (jaspeado ou marmolineado). Il s’agit pour cela d’appliquer les pigments
colorés en même temps que l’émaillage stannifère (à base d’étain) pour obtenir une
dispersion des couleurs sur la surface recouverte.
Les motifs représentés font bien souvent référence à la nature (dans la lignée du
courant moderniste catalan) avec une prédominance de formes courbes, de
représentations de plantes, de branches et de motifs animaux et végétaux. Les
céramiques, en accord avec les propriétaires reprennent aussi des motifs internationaux
comme le damier, qui tire son origine dans le mouvement sécessionniste viennois, mais
veulent aussi parfois représenter l’environnement qui est le leur. En se promenant dans
le quartier du Cabañal, on retrouve aussi de nombreux motifs asiatiques ou égyptiens
qui interrogent quant à leurs origines. N’oublions pas que ce quartier a accueilli pendant
plusieurs siècles, et continue d’accueillir, une grosse communauté de pêcheurs et de
marins, en lien avec les activités portuaires. Ces derniers se sont parfois rendus très loin,
jusqu’en terres asiatiques ou égyptiennes à l’occasion d’échanges commerciaux.
Revenus au Cabañal, forts des cultures auxquelles ils avaient été confrontés, ils
souhaitaient reproduire sur leurs façades ce qu’ils avaient vu. C’est ainsi que des motifs
tels que des têtes égyptiennes ont fait leur apparition sur certaines céramiques du
quartier.
La céramique offre la possibilité d’utiliser une grande variété de couleurs. Ces
couleurs sont obtenues à partir d’oxydes qui constituent les pigments de base qui sont
ensuite mélangés à l’émail ou au vernis. L’oxyde de fer permet d’obtenir des tons ocre
et marron. Présent en grande quantité dans les sols de la région d’Onda, il a permis entre
1840 et 1870 de fabriquer le rouge d’Onda, ton très prononcé. L’oxyde de manganèse
permet l’obtention des tons foncés, de violet de noir et de marron prononcé. L’oxyde de
cobalt génère les variétés de bleu voir de noir, mais pour ce dernier on préfère souvent
20
utiliser l’oxyde de manganèse. Le cobalt est extrait notamment dans les montagnes près
de Chóvar. C’est un oxyde plus cher que les autres car son processus de purification
demeure assez complexe. L’oxyde d’antimoine est à l’origine des nuances de jaune qui
peuvent aussi être réalisées lorsqu’il s’agit de colorer des décors avec du chromate de
plomb, qui confère un côté plus orangé. Enfin, le vert est obtenu à partir d’oxyde de
cuivre.
Les tons obtenus par mélange des pigments avec l’émail sont bien souvent plus
ou moins modifiés selon l’émail ou le vernis utilisé ainsi que selon le processus de
cuisson. Il est très difficile d’obtenir des tons clairs car ils brûlent facilement à la
cuisson. Enfin, l’ajout d’agents modificateurs, qui ne sont pas de réels pigments, permet
d’influer sur les tons pris par les couleurs pendant la cuisson.
Dans le quartier du Cabañal, on trouve de façon dominante des tons de bleu et de
vert. Malgré son coût plus élevé, le bleu est un pigment beaucoup plus stable et qui
conserve donc facilement sa couleur à la cuisson. Il s’agit, en outre, du ton
historiquement le plus utilisé dans l’histoire de la céramique émaillée. Le vert, quant à
lui, est un pigment très peu coûteux. Il a été très utilisé dans toute la production
céramique islamique car il était considéré comme l’expression même de la couleur. Le
contexte historique et technique permet donc d’expliquer la forte présence de ces deux
tons dans les céramiques présentes au Cabañal.
d) Pavimento de Nolla
Enfin, on trouve quelques exemplaires isolés de revêtements en pavage de Nolla
(pavimento de Nolla). Cette fabrique, située dans la localité de Meliana, à 10km au nord
de Valencia, a été fondée en 1860 par Miguel NOLLA BRUIXET. L’entreprise s’est
très rapidement développée face à l’innovation du matériau qu’elle proposait. Le pavage
de Nolla est en effet constitué à la base de kaolin, une argile blanche très présente dans
les terres alentour de Meliana. La grande différence technique qu’elle présente avec la
céramique réside dans la manière de gérer la couleur. Celle-ci est en effet directement
mélangée au kaolin, qui se retrouve teinté non pas en couche superficielle, mais
directement dans la masse. Les motifs sont ensuite réalisés par l’assemblage de petits
21
morceaux de couleurs différentes, à la manière d’une mosaïque. Ce procédé de teinte
dans la masse confère au pavage de Nolla une plus grande résistance dans le temps.
Ce produit était, et est toujours considéré comme un produit de luxe, donc plutôt
utilisée par les familles bourgeoises, du fait de sa grande qualité encore aujourd’hui
reconnue. Lors de son apparition au milieu du XIX° siècle, il était très novateur dans le
monde du design par la modernité et l’efficacité de sa technique. La fabrique de
Meliana a fini par fermer dans les années 1970, après plus de 110 ans d’activité, face à
l’engouement progressif pour le granite qui a fini par supplanter le pavage de Nolla.
Aujourd’hui, on retrouve encore de nombreux exemples de son utilisation, notamment
sur les sols des immeubles bourgeois du centre ville de Valencia. Les revêtements de
façades ont eux toujours été très peu nombreux et constituent une grande richesse
patrimoniale. Il devient de plus en plus difficile actuellement de restaurer et préserver
les pavages de Nolla du fait de l’arrêt de la production du matériau il y a plus de 40 ans.
3 – La rue, une trame au service de l’appropriation spontanée
Comme nous avons pu le voir précédemment, l'organisation du quartier est basée
intégralement autour d'un quadrillage de rues. Les axes Nord-Sud constituent de plus
grosses artères que les axes Est-Ouest qui ne jouent que le rôle de ruelles traversantes.
On note d'ailleurs que les accès piétonniers correspondent à ces dernières tandis que les
voitures empruntent les voies les plus larges. Le résultat de cette composition est une
succession de voies carrossables bordées d’alignements sans fin de voitures en
stationnement. Si les voies de circulation sont empruntées, le trafic reste assez faible.
Les ruelles transversales sont elles assez larges pour permettre l’installation d’activités.
Ces deux facteurs associés à la culture du quartier et au climat favorable tout au long de
l’année, ont permis le développement d’un mode de vie adapté au sein du Cabañal.
En effet, la rue se trouve investie pleinement par ses habitants, ses usagers, qui
en ont fait un véritable lieu de vie où ils passent, pour certains, la grande majorité de
leurs journées. Les habitants du quartier, comme dans de nombreuses villes au climat
22
très clément, ne se contentent pas d’habiter dans leur immeuble, ils vivent au cœur
même de leur quartier et utilisent l’espace de la rue comme s’il n’était qu’un
prolongement de leur habitat. Au même titre que certains possèdent un jardinet ou un
perron, les habitants de Cabañal ont fait de la rue leur interface entre les sphères
publiques et privées. Du fait du climat, on peut y croiser à toute heure et à toutes les
saisons, des enfants jouant au ballon, se courant après, des mères de famille assises en
groupe à discuter leur landau à la main d’autres se promenant, ou encore des hommes
plus âgés faisant leur sieste ou consultant le journal du jour. La rue est associée ici au
lieu même de la sociabilisation, de l’échange entre tous.
Elle possède une organisation très particulière où chacun semble avoir établi une
sorte de territoire à partager avec ses concitoyens. En repérage dans le quartier pour
m'imprégner du lieu et ramener quelques photographies pour l'écriture de ce mémoire,
j'ai été interpellée par un jeune garçon d'une dizaine d'années qui souhaitait que je mette
fin à ma prise de photos. Il m'a fait comprendre que je n’étais pas d'ici et que je devais
donc me plier à sa demande. Je n'ai pas souhaité insister face à sa détermination et ai
continué mon chemin dans une autre direction. Cette confrontation m’a quelque part fait
prendre conscience que si Cabañal n'est plus un village et fonctionne totalement avec le
reste de la ville il en conserve finalement certaines caractéristiques. Chacun semble se
connaitre et est capable de distinguer celui qui est alors ‘étranger’ au lieu. C’est
d’ailleurs ce regard là qu’a dû me porter le petit garçon rencontré. Il me considérait
comme ne faisant pas partie de son quartier et souhaitait me le faire comprendre.
Face à cette connaissance que tout un chacun a de son voisin, la rue apparait
alors comme un facteur clé, prépondérant. Au-delà de l'usage qui est devenu sien, elle
représente avant tout l'entrée dans le quartier, elle donne à voir celui-ci, permet de le
percevoir, de mettre en évidence les clés de lecture. En tant qu’élément important de
compréhension de l'espace, il est nécessaire de la mettre en relation avec le bâti qu’elle
borde, dans l'optique de mettre celui-ci le plus en valeur possible. Le rôle qu'elle a su
acquérir malgré son caractère de voie carrossable a su façonner et continue de modeler
Cabañal à l'image de ce qu'il est aujourd'hui. De la même manière, les habitants
investissent la rue à leur image, pour lui donner ce statut d’espace presque semi-privé
qu'elle possède. On observe ainsi qu’une sorte d'interrelation, d’interaction très forte
23
entre les habitants et l’espace qu’ils habitent, les deux entités se faisant écho l'une
l'autre.
Lors d’une visite guidée du Cabañal à laquelle j’ai eu la chance de prendre part il
y a quelques semaines, à l’occasion des Portes Ouvertes annuelles du quartier, une
phrase de la guide a retenu mon attention :
« Las fachadas son como un fondo de telón de teatro, en el cual dialogan los
vecinos. » [Visite guidée de SEVILLA MADRID Carmen, Octobre 2014]
Cette vision que peuvent avoir les résidents de leur quartier révèle bien
l’importance que possède l’interface façade dans une compréhension du lieu. Dans ce
parcours, la rue tient un rôle primordial. Cette notion est actuellement quelque peu
délaissée et la rue ne parait envisagée que dans son état présent.
On constate ainsi que dans ce quartier, comme dans bien d’autres dans le monde,
l’espace public, identifié ici principalement à la rue, joue un très grand rôle. Il est un
espace partagé, où chacun doit pouvoir se rencontrer, se retrouver, échanger, s’identifier
et apprendre à se connaître. Les couleurs et matériaux en façade se trouvent donc ancrés
non seulement dans une culture locale, mais dans un système beaucoup plus large où
chacune vient dialoguer avec celles qui l’entourent. Les propriétaires des maisons
s’étant fourni en céramique dans les mêmes fabriques, il est ainsi normal de retrouver
certains motifs et tons répétés à travers le quartier. Cela donne au Cabañal une certaine
identité, une certaine unité face au patchwork qui le compose.
La rue constituant la majeure partie de l’espace public, glissant parfois vers le
domaine semi-privé, on comprend aisément le rôle prépondérant des façades et au-delà
de l’habitat dans la lecture et la compréhension de l’espace du Cabañal. Il m’apparait
donc important de prêter une attention toute particulière à cet habitat si singulier.
Si l'on se penche sur le parcellaire de Cabañal, on constate rapidement que les
parcelles sont plutôt régulières. Comme vu précédemment dans la partie historique,
cette organisation est directement héritée des anciens alignements de barracas
remplacées progressivement par des bâtiments en dur. A l'origine, les maisons se
trouvaient espacées d'1mètre36 pour permettre l'écoulement des eaux pluviales sur le
terrain qui était le sien. Les nouvelles constructions avaient obligation de s'aligner sur
24
l'ancienne emprise au sol en maintenant l'interstice tant que l'habitation voisine n'avait
pas été remplacée. Les ventes et appropriations successives de ces espaces résiduels ont
finalement mené à l'apparition de parcelles aux largeurs variables : 5m40, 6m40 (le plus
courant car calqué directement sur les parcelles des barracas), 7m80, 8m45 et 9m15.
Les maisons occupent ainsi les parcelles dans leur profondeur tout en créant un
patio dans la partie arrière. Généralement les bâtis s'élèvent sur des hauteurs allant du
rez-de-chaussée au R+2, mais la majorité présente une typologie en R+1. Cette
homogénéité se retrouve non seulement dans les gabarits mais aussi dans ses usages. Le
rapport à l'espace public est identique, les distributions et l'usage de l'espace intérieur
sont les mêmes. Il ne reste finalement que la façade, son expression, qui donne à chaque
maison ses caractéristiques, ainsi qu’une identité propre.
Face à cette trame viaire si régulière et ce parcellaire si homogène, on comprend
aisément que celle-ci soit devenue le lieu de l'expression du propriétaire. Chacun peut
ainsi s'identifier à son logement, non pas par son adresse, mais par les caractéristiques
extérieures qu’il a souhaité donner à son habitat et qui reflètent sa personnalité. Les
habitants diront ainsi plus volontiers ‘j'habite la petite maison verte avec les céramiques
à damier’ que ‘j'habite Calle de la Reina 137’. Chacun se retrouve à travers son habitat,
à travers la façade qu'il a souhaité lui donner. Comme évoqué précédemment, les
devantures sont largement inspirées du courant moderniste, alors en plein essor. On
retrouve une très large palette de couleurs et de matériaux, notamment l’usage de la
céramique qui est omniprésente.
25
II – Un patrimoine à réhabiliter
1 – Typologies d’habitats
L’observation des façades des maisons permet de noter rapidement des
similitudes entre elles, qui vont bien au-delà de leurs gabarits très homogènes. Elles sont
bien souvent symétriques avec un axe central et des ouvertures régulières et homogènes.
Un examen plus précis des matériaux et couleurs en façade, mais aussi une
connaissance approfondie de l’habitat permet de regrouper différents bâtis suivant des
caractéristiques communes et de les classer selon différents types explicités et justifiés
ci-dessous.
Types d’habitats :
Type A -> un seul niveau (RDC) accueillant un seul logement
Type B -> un seul niveau (RDC) avec deux logements par niveau
Type C1-> deux niveaux (RDC + R+1) avec un logement par niveau
Type C2 ->deux niveaux (RDC + R+1) avec deux logements par niveau
Type D -> trois niveaux avec deux logements par niveau
Les maisons de type A accueillent une seule famille ou un commerce ou un
atelier. Souvent, la façade comporte deux ouvertures composées d’une porte et d’une
fenêtre. La porte se trouve au centre de la moitié de la façade. Le soubassement est traité
sur une hauteur de 65 à 95 cm environ. Il est souvent peint mais trouve parfois son
expression dans l’usage d’un matériau. L’acrotère surmontant l’édifice est décoré de
moulures, céramiques ou s’apparente à un simple garde corps en ferronnerie lorsque la
toiture se trouve accessible.
Les maisons de type B sont implantées sur des parcelles de largeur plus
importante que celle de type A. La porte est alors introduite au centre et entourée de part
et d’autre par une fenêtre. Leur organisation globale est ensuite identique aux habitats
de type A.
26
Les maisons de type C1 présentent la même structure que celles de type A, mais
avec un étage complet en plus. Le rez de chaussée est identique mais il existe une porte
plus étroite en partie basse permettant de desservir l’étage. On observe alors la présence
de deux portes côtes à côte qui cohabitent avec deux fenêtres de dimensions moindres.
Si le bâti est occupé par une seule et même famille sur les deux niveaux, la deuxième
porte est absente en façade car la desserte est alors faite par l’intérieur. Le R+1 présente
un axe de symétrie et est séparé du rez de chaussée par une moulure qui vient se fondre
avec les dalles en saillie des balcons. On retrouve le soubassement comme dans tous les
autres types sur une hauteur de 50 à 70 cm. Les ouvertures sont plus fortement
marquées par un encadrement et des cache-volets sont apposés en partie haute, servant
parfois de support à une expression ornementale. En partie haute se trouvent les grilles
de ventilation qui se fondent dans un bandeau souvent de matérialité différente. Enfin,
le fronton vient masquer les toitures. C’est un élément très important de la façade qui lui
donne un réel caractère. Il est souvent très travaillé, regorgeant de détails et peut même
laisser apparaitre le nom des personnes propriétaires de la maison ainsi que l’année de
construction du bâtiment. Lorsque la façade est totalement recouverte de céramiques,
certains éléments disparaissent, remplacés par des frises très picturales et colorées.
Les habitats de type C2 sont identiques aux C1 à la différence près qu’ils
présentent une plus grande largeur permettant d’accueillir deux logements par niveau.
La composition reste symétrique et s’apparente à l’accolement de deux entités de type
C1 unies par une couverture commune. On trouve alors deux portes doubles d’accès,
deux fenêtres ainsi qu’une porte plus étroite au centre pour la desserte de l’étage. Le
schéma de la partie supérieure est identique avec toujours la présence de balcons,
moulure de séparation, cache-volets, … Une ouverture souvent factice est placée au
centre, au-dessus de la porte de desserte de l’étage afin de ne pas rompre le rythme
instauré. Le fronton filant vient terminer d’unir la façade. Ce type est le plus fréquent
dans le quartier Cabañal.
Enfin, les constructions de type D calquent leur organisation sur le type C. Les
bâtiments présentent cependant un étage de plus au minimum, nécessitant la répétition
du motif dans les étages supérieurs.
27
A l’origine, les maisons n’étaient pas forcément divisées en plusieurs sous
unités. Cependant, les héritages successifs ont fini par brasser les populations et rendre
les différents logements occupés par chacun des enfants ou encore des personnes
d’origines diverses. Cette occupation qui tend à se diversifier est parfois très lisible en
façade. En effet, il n’est pas rare de constater qu’un même bâtiment présente plusieurs
couleurs et/ou matériaux comme cartographiés sur la façade selon des zones bien
précises. Les nombreuses variations, le mélange des styles, construisent au final un
environnement très imaginatif où les langages et les couleurs articulent un ensemble
artisanal très subjectif qui sert pour qualifier, différencier et personnaliser. Certaines
personnes au Cabañal se souviennent encore de leurs parents ou grands parents
s’activant pour décorer au mieux leur maison, lui donner une touche personnelle,
unique. Cette différenciation personnelle, l’élaboration et l’apport se font bien souvent
depuis l’habitat intérieur qui vient qualifier l’extérieur. En fin de compte, la maison de
chacun qui, typologiquement n’offrirait pas de variations importantes, vient se révéler,
exister au milieu des autres.
Il faut noter que la couleur et les céramiques ne se retrouvent pas seulement en
façade mais trouvent aussi leur place jusqu’au cœur de l’habitat que ce soit dans les
différentes pièces constitutives du logement ou dans le patio jouxtant l’habitat, évoqué
plus haut. On retrouve ainsi la présence d’un soubassement en céramique sur une
hauteur de 80 à 90cm ainsi que des motifs iconographiques modernistes, riches en
lignes courbes provenant de stylisations végétales. Le revêtement de sol est souvent fait
de gros carreaux de céramique couvrant une très grande gamme de couleur.
Cette appropriation de l’espace par la couleur, les matériaux et les motifs permet
l’établissement d’un jeu ludique entre couleur et ornementation. Cette action que chacun
fait de venir apporter sa touche personnelle à sa maison s’apparente à une sorte de
territorialisation du secteur privé mais aussi public à l’image de la territorialisation
spatiale de l’espace de la rue elle aussi très présente.
28
2 – Mise en évidence du potentiel coloristique du quartier
Il me parait à présent nécessaire de m’intéresser en détail aux façades qui
constituent la vitrine du quartier, l’interface avec l’espace public. J’ai pour cela mis en
place une grille d’analyse recensant les différents éléments qui se retrouvent sur les
façades. L’observation spontanée permet de recenser les constantes des différentes
maisons. Le schéma d’organisation type d’une façade est le suivant (largeurs, hauteur
et nombre d’ouvertures pouvant bien évidemment varier) :
Figure : 3 ; Façade type du Cabañal Source: de l’auteur
29
De bas en haut, le bâti nait d’abord d’un soubassement qui vient englober les
ouvertures aux menuiseries très présentes et mises en valeur par des encadrements
souvent contrastés. Le corps principal de la façade se déploie ensuite, entrecoupé par
des moulures de séparation entre chaque niveau, et est agrémenté parfois
d’ornementations diverses. Les ouvertures des étages sont composées comme au rez de
chaussée d’une menuiserie mise en valeur par un encadrement distinct. Elles se
prolongent vers l’espace public par des balcons en saillie aux gardes corps métalliques
et surmontés de cache-volets permettant l’écoulement des eaux de pluie au-delà du
vitrage. En partie haute, le fronton, parfois acrotère est le support de la plus grande
richesse décorative, que ce soit au niveau des matériaux, des couleurs ou de
l’ornementation. Je m’intéresse alors pour chaque élément constitutif de la façade à sa
présence ou son absence, sa matérialité, sa couleur, son motif. Je détermine ainsi pour
chaque façade un profil coloré synthétisant les couleurs et motifs en présence et la
proportion qu’ils occupent sur la façade. Je prends aussi note des zones les plus abimées
qui correspondent aux points les plus fragiles. La compilation de ces données me
permettra ensuite de déterminer un profil coloristique du quartier et d’identifier les
zones d’usure principales des façades.
Pour procéder à cette analyse, après avoir bien étudié et observé le quartier, je
propose une sélection de 35 maisons de types différents que je propose de décortiquer
pour en retirer le maximum d’informations et mieux appréhender leur composition. La
carte en annexe 4 laisse apparaître les maisons étudiées. Je propose ensuite une sélection
des fiches d’analyse faites, les autres se trouvant en annexe 5.
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
Figure : 4-13 ; Analyse de façades
Source: de l’auteur
40
Après avoir étudié plus précisément la composition des différentes façades, je
peux à présent faire l’inventaire des couleurs en présence. Il me paraît nécessaire de se
pencher plus précisément sur les différentes tonalités, les saturations, les contrastes et
les associations qui cohabitent.
Le vert est une couleur très présente. On la retrouve beaucoup sur la céramique,
en particulier sur celle aux motifs végétaux. Comme explicité dans la partie I.2, le
pigment vert, issu de l’oxyde de cuivre, est peu coûteux et symbolise la couleur dans la
culture islamique. Ceci explique sa si forte représentation. Il est utilisé dans des tons de
forte saturation, la saturation maximale étant atteinte dans les enduits des
soubassements. Le vert est utilisé dans des tons de forte saturation, la saturation
maximale étant atteinte dans les enduits des soubassements. Ceci étant souvent
contrasté par des encadrements d’ouvertures dans des tonalités de blancs, d’ocres clairs
ou de verts pâles. Cela permet d’obtenir une transition avec les menuiseries boisées très
saturées en marron, de mettre en valeur les ouvertures qui structurent la façade. On
trouve quelques exemples d’enduits et briques peintes dans des tons de verts clairs,
associés à des encadrements de baies blancs et des soubassements dans les tons d’ocre.
Deux associations me sont apparues assez inédites parmi celles observées sur les
façades étudiées. Au 185 de la rue Barraca, le vert pâle est associé à un bleu de même
saturation, qui fait presque vibrer la façade. Au de la même rue, le bleu du
soubassement, beaucoup plus saturé que les autres éléments de façade, met en avant
l’élément. Au lieu de chercher à le faire oublier, comme c’est le cas sur les autres
bâtiments, il est au contraire détacher et assume sa présence.
Le bleu se retrouve aussi beaucoup sur les éléments en céramique. Malgré son
coût élevé, l’oxyde de cobalt est plus stable que les autres pigments, d’où sa grande
utilisation en céramique. On le retrouve essentiellement sur des façades recouvertes
entièrement de céramiques, sans encadrements de baies pour venir contraster. Il se
trouve alors au contact du marron très saturé des boiseries. Les ouvertures se trouvent
alors gommées, comme mise sur le même plan que le reste de la façade. Les motifs sont
assez souvent simples et basés sur une alternance de blanc et de bleu, reprenant un
même élément de base (carreau, losange, demi-lune, …). On trouve quelques exemples
41
de façades enduites dans le quartier, qui sont ce coup-ci contrastées par des
encadrements blancs ou bleus pâles.
Les ocres sont aussi très représentés, aussi bien dans des tonalités claires (ivoire)
ou plus intenses allant jusqu’au marron. Sur les façades étudiées, ils sont surtout
présents sur les soubassements sous forme d’enduits ou de pierres apparentes. Ce sont
alors plutôt des ocres clairs qui sont utilisés bien qu’on puisse noter quelques exemples
d’utilisation d’ocres foncés sous forme d’enduits. Les tonalités claires se retrouvent
aussi sur les éléments chromatiques d’articulation. Sur l’ensemble du quartier, les ocres
sont très présentes sous forme d’enduits de façade. Cela représente même une grande
majorité d’édifices. Utilisés dans différentes saturations, passant du jaune au beige ou
au carmin, ils donnent un fort relief à la rue. Les tons les plus saturés sont souvent mis
en valeur par des encadrements en tons beaucoup plus clairs et moins saturés, mettant
en exergue les boiseries. Les ocres intenses sont aussi souvent données par les
matériaux même.
Enfin, quelques façades arborent des tonalités rosées. On l’observe sur des
céramiques aux saturations diverses. Elle apparaît aussi sur des enduits souvent mis en
relation avec du blanc ou des ocres clairs. La proportion reste cependant assez minime à
l’échelle du Cabañal, mais contribue à l’étendue de la palette coloristique.
Le traitement de façade le plus récurent est celui de type mixte, faisant cohabiter
enduit et céramique. Les bâtiments recouverts entièrement d’azulejos sont souvent
beaucoup plus simples et épurés car présentant peu ou pas d’ornementation. Bien
souvent une frise vient remplacer l’élément ornemental.
On observe que la couleur est ici un facteur de territorialité dans le sens où elle
se convertit en un élément pour signifier et désigner les différents secteurs habités au
sein d’un même bâtiment ou d’une même rue. La couleur permet de détacher, mettre en
valeur non seulement une maison par rapport à une autre mais aussi un élément
ornemental apposé en façade.
42
Cabañal est finalement un paysage urbain créé de toute pièce par ses habitants,
ses usagers résultant d’une expérience chromatique personnelle de chacun qui se
convertit en une manifestation collective des goûts personnels comme valeur esthétique,
individuelle et sociale de ce noyau de population caractéristique et différencié du reste
de la ville à laquelle il appartient. Le paysage urbain actuel est le fruit des décisions de
ses propres usagers menés par une expérience quotidienne de la couleur. Il n’y a pas
d’intervention extérieure en présence. Les anciens se souviennent encore de leurs
parents choisissant la manière de décorer leur maison. La couleur reste ici vitale pour ce
noyau urbain qu’est Cabañal, dans l’expression de la richesse dont il est emprunt.
L’importance des couleurs apposées en façade au travers des divers matériaux
qui la constituent (enduits, bois, balustrades métalliques, …) a toujours été envisagé
comme un choix personnel du propriétaire. A l’origine, comme évoqué plus haut, le
Cabañal constituait le lieu de résidence d’été ou de weekend de la bourgeoisie
valencienne. Le choix des matériaux de façade, l’ornementation, la surabondance des
motifs, permettaient à chacun de laisser paraître son rang social à travers son habitat.
Plus la famille été aisée, plus la façade était couverte de céramique travaillée, de détails
ornementaux, et plus l’acrotère était travaillé. On en revient ainsi encore à une
territorialisation qui s’exprime à travers les façades, symboles d’une identité.
3 – Calle San Pedro: les origines délaissées
La rue San Pedro, comme évoqué dans la première partie, représente le point de
départ du quartier Cabañal. C’est à partir de cet axe que l’ensemble du village initial
s’est développé. En tant que rue fondatrice, celle-ci est forcément chargée d’histoire et
de mémoire. Elle porte d’ailleurs le nom de San Pedro, ou Saint Pierre, qui n’est autre
que le saint patron des marins pêcheurs et qui est à l’image des origines du lieu : le petit
village maritime de pêcheurs.
Cependant, lorsque l’on se promène à travers le quartier aujourd’hui, l’arrivée
dans la rue San Pedro laisse perplexe. Là où autrefois s’alignaient les barracas des
43
pêcheurs et agriculteurs, on se retrouve face à la portion la plus dégradée de tout le
Cabañal. Là où régnaient la densité et l’alignement, on ne trouve plus qu’une succession
de vides parfois bien plus imposants que les espaces bâtis qui les bordent.
En effet, la rue San Pedro est l’une des premières au contact de la fin actuelle de
l’avenue Blasco Ibañez. Cette proximité a quelque part favorisé sa détérioration certes
progressive, mais plus marquée qu’ailleurs. Paradoxalement, alors qu’elle avait été bâtie
en front maritime, San Pedro est maintenant le rue la plus éloignée de la mer, suite ua
recul progressif du front d’eau, notamment lié à la construction des nouvelles
infrastructures portuaires. Si dans le reste du quartier les habitants clament haut et fort
leur soutien à l’association Salvem el Cabanyal, la majorité est ici toute autre : les
habitants bordant le tracé du prolongement de Blasco Ibañez se prononcent plutôt en
faveur du plan PEPRI, porté par Rita Barberá, à la tête de la ville de Valencia. On
comprend ainsi aisément que la zone concernée par le projet soit ainsi aussi en proie aux
destructions massives.
De simples photos de terrain permettent d’obtenir une façade actuelle de cette
rue. Elle s’assimile à cela :
44
Figure : 14 ; Façades de la rue San Pedro
Source: de l’auteur
On constate que les vides prennent une place très importante sur la partie Ouest
de la rue, et vont jusqu’à supplanter les pleins. Ils ne sont pour l’instant que de vastes
espaces résiduels laissés à l’abandon. L’exemple le plus marquant que j’ai pu noter est
sans nul doute celui du tracé de la piste cyclable qui mène de Blasco Ibañez à la plage.
Elle continue dans son dessin à contourner un îlot, inexistant depuis de nombreuses
années. Ces délaissés sont très rarement investis pas des enfants qui en ont fait leur
terrain de jeu, face au manque évident d’espaces de loisirs qui leur sont dédiés au sein
du quartier. Malgré cela, l’état actuel de la rue inciterait presque à pousser au
prolongement de l’avenue, comme le souhaite la municipalité, pour redonner au lieu une
fonction. Cela ne viendrait bien sûr pas lui rapporter sa dignité perdue. C’est pourquoi il
est grand temps de s’interroger sur le devenir de ces vides, aujourd’hui subi, afin de leur
45
attribuer une véritable fonction et qu’il devienne des espaces structurants du quartier, en
révélant la richesse patrimoniale qui les borde.
Parallèlement, l’observation des façades permet de constater une quasi-absence
de céramique, très présente partout ailleurs, dans la rue. Les quelques maisons en très
bon état sont celles aux façades de briques. Les autres laissent apparaître une succession
d’enduis défraîchis qui laissent à penser que les maisons et les immeubles sont
abandonnés.
L’exemple de la rue San Pedro prouve parfaitement la résistance au temps des
matériaux comme la brique ou la céramique par rapport à l’enduit qu’il est nécessaire de
renouveler beaucoup plus souvent. La vieillesse des enduits a quelque part dévêtu la rue
de ses couleurs originelles et la fait paraître aujourd’hui comme très pâle et trop
uniforme. Les couleurs doivent reprendre leur place !
La remise en valeur du patrimoine historique de la rue San Pedro, à l’origine du
quartier du Cabañal, doit ainsi être envisagée selon différents aspects à considérer dans
une pensée de réhabilitation à l’échelle globale du quartier. Il s’agit d’adapter la
nouvelle trame aux vides hérités, en les investissant par des fonctions structurantes.
Cette reconsidération des espaces délaissés doit être mise en relation avec une réflexion
sur la place d’une trame verte beaucoup plus développée et qualifiée, qui va pouvoir
venir occuper une partie de ces vides. La dernière action que je propose, consiste à
mettre en place un ‘plan couleur’, qui consiste à repenser les matérialités, couleurs et
contrastes des maisons dégradées et ternies par le temps. Tout ceci fera l’objet de la
dernière partie de ce mémoire.
46
III – Réhabiliter Cabañal ?
1 – Une trame verte repensée
Mes diverses visites du Cabañal m’ont permis de déceler un manque réel
d’espaces verts au cœur même du quartier. En partie Est, on trouve le grand parc, venu
remplacer les anciennes voies de chemin de fer. A l’Ouest on se trouve au contact de
l’aboutissement de l’avenue Blasco Ibañez, possédant une zone paysagée centrale. Dans
le quartier, seuls quelques arbres jonchent les rues ça et là. La place Lorenzo de la Flor,
au cœur du Cabañal, était avant un espace arboré, de loisirs, agréable pour les familles.
Elle a accueilli la première halle de marché du quartier, qui a depuis été déplacée un peu
plus au sud. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques éléments végétaux, les autres
ayant été arrachés, car jugés malades. L’espace de jeux n’est plus qu’une zone vague où
s’amoncellent sable et cailloux. Le quartier gagnerait donc beaucoup à récupérer une
véritable trame verte structurante : possibilité que je propose d’explorer à présent.
L’analyse de l’existant permet de constater que les vides laissés par les
destructions viennent recréer des axes forts de piétonisation, jusque là inexistants, ainsi
que des espaces plus dilatés au cœur du quartier, dont la trame originelle laisse peu de
place à des espaces vides étalés. On a ainsi un réseau d’axes et de poches vides qui se
prêtent totalement au réinvestissement.
La première entrée qu’il me paraît pertinent d’explorer est celle de la rue des
pêcheurs (Calle Pescadores). Elle vient en effet au contact de l’avenue Blasco Ibañez et
se prolonge vers l’est jusqu’à la mer. Centrale dans le quartier, la voie paraît stratégique.
C’est d’ailleurs le tracé actuel suivi par la piste cyclable. Je propose de réinvestir cet axe
par le vert. Il pourrait voir alterner : alignements arborés, espaces de pelouse et
végétation plus basse. En partie ouest, l’accroche est assez évidente avec des
alignements d’arbres préexistants sur lesquels je viens m’appuyer. En partie est, on a
déjà la présence d’un square sur la Plaza de los Hombres del Mar (Place des hommes de
la mer), ainsi que d’une promenade maritime plantée. La connexion se fait ainsi
aisément dans le prolongement de ce qui existe déjà. Dans la traversée du quartier, les
vides permettent au vert de s’étaler, créant une pause, une respiration.
47
Le second axe qu’il me paraît primordial de reconsidérer est celui voyant
alterner les rues Millars, Sol et Empar Guillem. En effet, il relie maintenant
visuellement la fin de l’avenue Blasco Ibañez, marquée par le bâtiment de la station de
métro, à la Plaza Lorenzo de la Flor. Il se prolonge à l’est jusqu’au terrain vague, apparu
après la destruction de l’ancien terrain multisports, déplacé 20 mètres plus au nord. Le
lien entre ces différents éléments dégradés pourrait aussi s’envisager par un renouveau
partant du sol qui laisserait ainsi la végétation devenir l’élément unifiant. De même que
dans la rue des pêcheurs, les vides en périphérie de l’axe pourraient permettre
ponctuellement la dilatation de l’espace végétal.
Ces deux axes verts principaux proposés sont bien sûr voués à impulser des
dynamiques de végétalisation le long des axes nord-sud, routiers, où la marge de
manœuvre reste plus restreinte du fait de leur fonction. Il faut veiller à végétaliser avec
parcimonie afin de ne pas non plus faire disparaître les façades, dont les qualités
architecturales et patrimoniales ne font maintenant plus aucun doute. Elles doivent
conserver leur visibilité qui donne toute son identité au quartier. Les deux axes proposés
comme premiers supports d’une trame verte structurante, n’ont pas forcément vocation
à cohabiter. L’un peut fonctionner sans l’autre et inversement. De plus, la réflexion
amorcée peut être envisagée le long de l’ensemble des axes piétonniers est-ouest.
L’intervention est à adapter chaque fois en fonction des éléments de contexte ainsi que
des accroches en présence.
La végétalisation du cœur du quartier Cabañal me parait donc primordiale dans
une pensée de traversée plus douce de celui-ci. Elle trouve écho dans l’idée qu’avait
Blasco IBAÑEZ de créer une promenade jusqu’à la mer. Elle est en quelque sorte une
réponse à la considération des connexions des différentes entités de part et d’autre du
quartier. L’élément végétal permettrait en outre de venir recréer des zones ombragées,
adaptées au climat, dans une ville où les températures atteignent fréquemment les 40°C.
N
Cap de França
Cañamelar
Cal
le d
e la
Rei
na
Cal
le E
scal
ante
Cal
le S
an P
edro
Avenida Blasco Ibañez
Avenida Blasco Ibañez
Calle Millares
Plaza L.
de la Flor
Calle Pescadores
Repenser la trame verte
Axes majeurs structurant
Transversales à exploiter
Diffusion nord-sud
Etendues végétales
Promenade maritime existante
Espaces verts existant
100 50 100m25
48
Figure : 15 ; Repenser la trame verte
Source: de l’auteur
49
2 – Espaces détruits, sutures du lieu
La politique actuelle de la ville de Valencia laisse vacants de nombreux espaces,
comme nous l’avons déjà évoqué. Le maillage du Cabañal, autrefois très dense et
uniforme, s’est transformé par endroits en un véritable gruyère, laissant de nombreuses
friches livrées à elles-mêmes et dans un état de délabrement avancé. Par endroits, on se
croirait presque sur un champ de bataille tant la dégradation et la destruction sont
présentes. Cette impression est renforcée par la forte présence de rayures marron et
beige sur les murs au contact des vides. Il s’agit d’un marquage apposé par la
municipalité à chaque fois qu’elle parvient à récupérer une maison, comme pour
signifier sa force et son pouvoir de destruction. L’ensemble est assez effrayant.
Ces vides, porteurs de stigmatismes profonds, sont actuellement sous exploités
et nuisent à la perception des bâtiments alentour. Dès lors, il paraît nécessaire de
s’interroger sur leur devenir et leur possible réintégration au quartier, de ne plus les
percevoir comme des espaces dégradants mais plutôt comme de véritables potentiels de
renouveau et de restructuration du lieu. Nous l’avons vu, la rue est un lieu clé au
Cabañal, dans sa dimension sociabilisante. C’est un espace emprunt de nombreuses
valeurs insufflées par les habitants. Ces friches représentent une réelle opportunité
d’offrir de nouveaux espaces de sociabilisation aux résidents.
De plus, nous avons déjà pu constater que le Cabañal comporte très peu
d’espaces publics de places, placettes, squares, aires de jeux ou parcs en dehors de la
Plaza Lorenzo de la Flor. Ce sont donc des fonctions à envisager dans la requalification
de ces vides. Cette programmatique se doit de traiter les nouvelles interfaces en
présence : les destructions ont laissé des pignons aveugles et des pans de mur en contact
direct de l’espace public. Ce sont des supports, des limites à questionner et exploiter.
Cela peut s’envisager de diverses manières: art urbain, recouvrement complet par la
couleur enduite ou la céramique pour trouver un écho à l’existant,…
Si l’on s’intéresse à la situation actuelle du Cabañal, on note une forte présence
des vides en partie ouest, au contact de l’avenue Blasco Ibañez et de la rue San Pedro
(phénomène abordé en II.3). On trouve aussi de plus petites friches en partie centrale du
50
quartier. Elles possèdent des formes, des dimensions et des contextes très divers, ce qui
permet d’envisager d’y réinjecter de multiples usages.
Le quartier de Cabañal est aujourd’hui un quartier essentiellement résidentiel.
On retrouve seulement quelques commerces dans la rue de la Reine (Calle de la Reina),
la rue Josep Benlliure ou la rue d’Escalante. De même, on retrouve très peu
d’équipements. On note seulement la présence du Théâtre de l’Estrella (de l’étoile) sur
la Plaza Lorenzo de la Flor, aujourd’hui peu utilisé, d’une bibliothèque de quartier dans
la rue de la Reine et du terrain multisports en partie est. Il est donc tout à fait
envisageable et même souhaitable de projeter de nouveaux équipements dans ce quartier
de plus de 20000 habitants.
En partie est, au contact de l’avenue Blasco Ibañez et de la Place Lorenzo de la
Flor, là où les vides sont les plus étendus, je propose de venir replacer de l’équipement,
qui nécessite de vastes surfaces de programme et pourrait en outre bénéficier d’espace
de parvis, qui lui-même combinerait les fonctions de parvis et de place. Ce travail
autour d’un vide fonctionnel, permettrait le maintien de plus fortes connexions avec
Valencia. Sa situation stratégique en tête du quartier donnerait une nouvelle dimension à
l’entrée dans le Cabañal, lui permettant de gagner en lisibilité extérieure. Les
équipements viendraient occuper les parcelles les plus larges pendant que d’autres
pourraient être investies par des espaces de places, de passages végétaux ou minéraux.
Les interstices les plus modestes de dents creuses pourraient accueillir de nouveaux
espaces de logements ou de commerces, pour venir suturer la trame mise à mal.
J’imagine assez bien l’implantation d’un véritable pôle culturel en lien direct à la
Place Lorenzo de la Flor, nouvellement végétalisée, qui viendrait s’affirmer comme un
réel centre dynamique et attractif pour le quartier. Ce renouveau s’accompagnerait bien
évidemment d’une remise en valeur du patrimoine bâti, alors délesté des délaissés
actuels. Le pôle culturel serait tout à fait en mesure d’accueillir un musée de la
céramique, afin de mettre en avant la richesse du lieu. Il faut garder à l’esprit que la
restructuration du quartier par la couleur, notamment en s’appuyant sur le matériau
céramique, passe non seulement par sa remise en valeur (environnement, restauration,
recul, …), mais aussi et surtout par une meilleure connaissance de celle-ci par le grand
public. Une programmatique de la sorte permettrait ainsi de répondre aux deux enjeux.
51
Un second vide constitue un site à potentialités, du fait de son étendue. Il s’agit
de la friche de l’ancien terrain multisports, déplacé par la municipalité dans son optique
de prolongement de l’axe Blasco Ibañez. Sa proximité aux équipements sportifs de plein
air, à la plage et au parc laisse envisager la possibilité d’implanter un équipement à
vocation sportive dans la continuité de l’axe déjà en place, sur l’ancien tracé des voies
de chemin de fer.
Les deux pôles ainsi projetés définiraient un véritable axe structurant pour le
quartier, lui permettant de se reconnecter à la périphérie, mais aussi d’insuffler de
l’activité, dans l’optique de révéler ce lieu aux yeux du plus grand nombre. Les vides
viendraient par leurs nouvelles fonctions redonner des couleurs aux éléments de
patrimoine architectural, alors porteurs d’une plus grande force.
N
Marché
Bibliothèque
Théâtre
Cap de França
Cañamelar
Cal
le d
e la
Rei
na
Cal
le E
scal
ante
Cal
le S
an P
edro
Avenida Blasco Ibañez
Avenida Blasco Ibañez
Calle Millares
Plaza L.
de la Flor
Calle Pescadores
Réinvestir les vides
Places et parvis d’équipements
Equipements existants
Equipements socio-culturels
Equipements sportifs
Espaces végétalisés
Logements 100 50 100m25
52
Figure : 16 ; Réinvestir les vides
Source: de l’auteur
53
3 – San Pedro, ¡A todo color!
Comme évoqué en II.3, la rue San Pedro, fondatrice du quartier Cabañal, est la
plus menacée du quartier. En proie aux destructions massives, les espaces de vide ont
peu à peu supplanté les espaces bâtis sur certaines portions. De nombreuses maisons se
retrouvent abandonnées et donc menacées. Il faut dire que beaucoup de façades sont
enduites et perdent peu à peu leurs couleurs. On assiste à un effacement progressif du
lieu qu’il est urgent de réactiver.
Je propose donc dans cette dernière partie de me centrer sur une portion de la rue
qui fait face à un immense espace vide (figure 14 – panorama 1) et de proposer une
amorce d’un plan couleur pour ces maisons.
Figure : 17 ; Zone d’étude
Source: de l’auteur
On perçoit immédiatement la présence des rayures marron et beige de la
municipalité qui se fondent de manière uniforme dans le paysage de cette rue. Les
couleurs en présence sont assez ternes et dans des tons d’ocre. On note aussi la présence
d’un certain nombre de bâtiments plutôt endommagés. Seuls trois bâtiments ont attiré
mon attention : le premier bâtiment bleu sur la gauche qui présente une morphologie un
peu différente de celles qui sont observables dans le quartier. Sa couleur bleue très
saturée le démarque fortement. Le deuxième bâtiment est la petite maison ocre rouge à
la porte bleue. L’association des deux couleurs rappelle fortement celle utilisée sur la
façade du théâtre de l’Estrella donnant sur la Place Lorenzo de la Flor. L’encadrement
de porte traité par le blanc vient marquer fortement l’entrée et permet à l’ocre et au bleu
de ne pas se faire concurrence. Cette belle complémentarité de tons et de saturations
permet à la façade d’exister. Enfin, le dernier bâtiment, aux rayures bleues et blanches
54
est en réalité la façade arrière du théâtre de l’Estrella. La façade de la place était
auparavant traitée de la même manière avant sa réhabilitation. Elle attire l’œil par son
jeu de rayures blanches et bleues qui occupent une grande partie de la façade. La
signalétique joue elle aussi un rôle primordial dans la compréhension du caractère
public et culturel du bâtiment.
Autour de ces trois maisons gravitent des bâtiments aux qualités architecturales
et patrimoniales évidentes mais qui ne demandent qu’à retrouver des couleurs. Il est
possible de s’appuyer sur des structures chromatiques et architecturales en place. On
note la présence de soubassements assez marqués qui s’inscrivent dans la lignée de ce
qui s’observe dans le quartier. On retrouve les compositions des façades types
identifiées et les gabarits.
L’analyse coloristique effectuée dans le II.2, m’a permis de percevoir des
systèmes chromatiques et architecturaux récurrents. Les encadrements de baies sont
souvent traités par des coloris clairs mais affirmés (blanc, vert, beige, …), contrairement
au fond de la façade qui, enduit ou en céramique, présente des tons plus foncés et
saturés. C’est un procédé à réutiliser ici. Les façades enduites et céramiques cohabitent
dans les rues et les deux matériaux se font très souvent écho sur une même façade. On
retrouve des couleurs récurrentes comme le bleu, le vert et les ocres mais il ne se
détache pas une véritable règle d’harmonie, ce qui fait est à l’origine de la singularité et
de la richesse du lieu.
A partir de toutes ces observations, je propose à présent une nouvelle façade
pour cette portion de la rue San Pedro. Cela permettrait de la réinsérer au cœur même du
Cabañal et d’apporter une image plus positive du lieu.
56
Conclusion
A travers ce mémoire, je souhaitais donc m’intéresser au quartier du Cabañal,
interface maritime de la ville de Valencia. C’est un lieu qui m’a toujours étonnée et
touchée par la richesse architecturale, patrimoniale et coloristique qu’il présente
richesse qui, à mon sens, n’est pas suffisamment exploitée. C’est un lieu où règnent la
couleur et l’éclectisme qui sont de réels marqueurs de son identité. Tout au long de
l’étude que j’ai pu faire du quartier, la couleur m’a servie de fil conducteur, ce qui m’a
amenée à m’intéresser à ses supports, ses expressions, ses usages, … J’ai pu constater
que le Cabañal s’est construit de lui-même, de l’intérieur. A chaque fois ce sont ses
usagers qui ont su le façonner à leur image.
Afin de remettre en valeur ce lieu, j’ai proposé trois axes d’action : une pensée
du vert au cœur du quartier, un réinvestissement de ses vides et une réflexion autour
d’actions couleur sur les façades. Les trois propositions fonctionnent de manière
totalement conjointe dans la mesure où la couleur, pour être révélée, a aussi besoin d’un
contexte pensé pour la révéler.
La trame verte doit à mon sens être développée en premier lieu autour d’axes
stratégiques lui permettant de recréer des espaces de promenade, de déambulation mais
aussi des connexions entre la ville de Valencia et le front maritime. A partir de cette
base, le végétal peut s’étendre progressivement et venir par endroits investir les espaces
détruits.
Ces friches doivent aussi être mises à profit du quartier. Certaines peuvent
devenir des parcelles à projet, notamment d’équipements dont manque le quartier.
Toutes n’ont pas la nécessité d’être comblées. Il faut profiter de ces failles, de ces
dilatations créées dans ce réseau si dense, pour en faire des lieux de sociabilisation, de
détente, des espaces où les habitants puissent venir réinvestir des valeurs et qu’ils aient
la possibilité de s’approprier de la même manière qu’ils se sont toujours appropriés
pleinement l’espace de la rue.
57
Enfin, la restructuration plus urbaine du Cabañal ayant été envisagée, il est alors
possible de se pencher sur les façades, supports des couleurs. Leur remise en valeur doit
leur permettre de retrouver des couleurs, un éclat perdu. Cela passe par une pensée des
matériaux, des motifs et des tons à faire dialoguer les uns avec les autres. S’il existe
aujourd’hui un nuancier des teintes à utiliser, je pense qu’il est possible de passer bien
au-delà de cela. Le quartier est le résultat d’un ensemble d’actions individuelles et
spontanées sur les façades, qu’il faut à mon sens arriver à préserver sans vouloir par
tous les moyens réglementer. Il ne faut pas non plus en arriver à penser que tout peut
être envisagé mais plutôt réfléchir la couleur dans un lien à l’existant et par une
concertation, un dialogue qui laisse la possibilité de préserver cet éclectisme.
Le quartier du Cabañal, dans son état actuel, peut être le support d’une infinité
de projets, d’actions. Il est possible de s’intéresser à des quartiers similaires dans
d’autres villes pour percevoir l’étendue du champ des possibles. L’île de Burano, au
nord de la lagune de Venise, en Italie présente de nombreuses similitudes avec le
Cabañal. Petit village de pêcheurs grâce à sa proximité avec la mer, elle est réputée pour
sa succession de maisons aux enduits très colorés et sa dentelle. Les couleurs n’étaient
certainement pas aussi vives à l’origine mais l’arrivée des pigments d’origine organique
ont permis d’assister aujourd’hui à une véritable explosion des teintes. On vient de très
loin pour admirer les façades si singulières que la ville a réussi à mettre en valeur.
Cependant, le phénomène devient de plus en plus touristique, obligeant les habitants à
repeindre tous les deux ans leurs façades pour les maintenir en état.
Cet exemple prouve qu’il est possible d’attirer grâce à un patrimoine singulier,
coloré, lorsqu’il est mis en valeur et entretenu. Un appui plus important de la
municipalité ou d’organisations nationales et internationales pourrait permettre cela.
L’association Nord Américaine World Monument Found, a d’ailleurs classé en 2011 le
quartier dans sa liste ‘Watch’, son programme de défense des monuments en danger de
disparition ou de dégradation.
Ce classement est une véritable reconnaissance pour le Cabañal qui va
certainement lui permettre d’impulser une nouvelle dynamique dans les années à venir.
La traversée du lieu permet de se rendre compter, qu’au-delà de la couleur, le quartier
est un peu un musée de la céramique à ciel ouvert. C’est un exemple assez unique en
58
son genre, qui regroupe dans un espace restreint un nombre incroyable de spécimens. Le
travail de l’argile dans toute la communauté autonome valencienne a créé une véritable
impulsion en même temps que le développement du modernisme.
Il serait donc judicieux de penser, au-delà de la simple mise en valeur par la
restauration, un moyen de faire connaître ces céramiques, leurs caractéristiques, leurs
modes de production, leurs origines, … Pour cela, plusieurs options sont envisageables.
La plus simple consisterait à créer un parcours dans le Cabañal, Cañalemar et Cap de
França, recensant les façades clés à découvrir. Cette déambulation in-situ serait un
formidable vecteur de réactivation d’une activité non pas centralisée en un point mais
répartie sur la globalité du quartier.
Une seconde option, qui pourrait fonctionner conjointement à la première, serait
la création d’un musée dédié à la céramique. Il permettrait aux habitants du Cabañal,
aux Valenciens et aux visiteurs de redécouvrir l’art céramique si présent dans la région
valencienne et pourtant trop peu connu. Il pourrait s’insérer dans la ville comme un
complément au Musée Marqués de dos Aguas du centre ville, qui présente les
collections du fondateur du musée, Manuel GONZALEZ MARTI. L’équipement
viendrait de plus réactiver un pôle d’activités culturelles en venant réinvestir les espaces
de vides hérités.
Pour maintenir le Cabañal, il reste cependant urgent d’entreprendre avant tout un
gros travail de pensée à l’échelle urbaine, globale de la ville de Valencia : repenser les
connexions piétonnes, cyclables, automobiles. Le nombre important de percées est-
ouest à travers le quartier permet d’envisager leur utilisation partielle pour proposer une
alternative au plan PEPRI, bien trop déconnecté de l’existant. Il faut songer à utiliser
aussi les axes majeurs qui mènent directement à la mer, à savoir l’avenue du Port, qui
relie directement le centre ville au port en partie sud, ou encore l’avenue Tarongers, plus
au nord, qui dessert une grande partie des universités et se connecte aux réseaux
autoroutiers du nord de l’Espagne.
Evidemment, la solution de prolongement de l’avenue Blasco Ibañez, en
poursuivant de manière systématique sont tracé, recréerait un lien très fort et beaucoup
59
plus perceptible à la mer. Mais est-ce vraiment penser la ville, que de vouloir à tout prix
créer cette relation sans s’interroger sur les espaces traversés, sur leurs qualités et les
enjeux qu’ils portent à l’échelle globale du territoire urbain ? Valencia s’est établie non
pas au contact de la méditerranée mais à 3 km plus à l’ouest, dans un bras de la rivière
Turía. Elle lui a toujours tourné le dos. Il est grand temps pour elle d’exploiter enfin
cette richesse, mais certainement pas au détriment de la destruction pure et simple d’un
noyau porteur d’autant de valeurs, et qui pourrait être un véritable appui dans ce
nouveau lien à tisser vers l’est.
Après un an de recherche, il est à présent temps de conclure cette étude, riche en
apprentissages et en découvertes. C’est en tout cas un travail dans lequel je me suis
sentie pleinement investie. La thématique de la couleur dans la pensée des espaces
urbains et architecturaux m’a toujours semblée primordiale et j’ai pu grâce à ce
mémoire prendre la mesure des possibilités qu’elle offre.
J’ai eu beaucoup de plaisir à retourner à la rencontre du quartier et de ses
habitants. J’ai à chaque fois été accueillie, écoutée, conseillée. Cela a toujours été de
vrais moments d’échanges et de partage, que j’attends impatiemment de revivre lors de
mes futures visites à Valencia. J’espère que la ténacité et le courage des habitants finira
par leur prouver qu’ils ont eu raison de se battre pour la sauvegarde d’un si bel exemple
de patrimoine à préserver.
60
Vocabulaire hispano-valencien
Azulejos : carreaux de faïences décorés de motifs souvent peints à la main. On
les retrouve beaucoup dans les régions du sud de l’Espagne et au Portugal
Barracas : petites maisons de bois, souvent servant d’habitats aux pêcheurs et
que l’on retrouve dans toute la région valencienne
Huerta : terres cultivables, en général très fertile car profitant de l’irrigation de
cours d’eau ou de dépôts sédimentaires hérités des temps passés
Trencadis : technique de mosaïque utilisant des bris de céramiques qui a été très
utilisée pendant la période moderniste catalane et valencienne et est réputée à travers les
œuvres de Gaudí.
Viveres (ou viveros en castillan) : pépinières
61
Bibliographie
Livres:
ALBERT-VANEL, M. La couleur dans les cultures du monde, Editions Dangles,
Chine, 2009, 424 p.
CABALLERO, G., PASCUAL, J.V., TARIN, S., CHORNET, J., GALLART V., DIEZ,
J. et MARTORELL, P. Houses from El Cabanyal Valencian Modernism for the XXI
century, L’oronella, réedition de 2013, Valencia, 167 p.
FRASER, T. et BANKS, A. Couleur : le guide le plus complet, Evergreen, Auckland,
2005, 224 p.
JARQUE, F. et SIMO, T. El Cabanyal un barrio patrimonial a rehabilitar, Universitat
de Valencia, Universitat Politècnica de Valencia, 2013, Valencia, 125 p.
LENCLOS, J.P. et LENCLOS, D. Couleurs de l’Europe : géographie de la couleur, Le
Moniteur, Paris, 2003, 271 p.
NOURY, L. et PASTOUREAU, M. La couleur dans la ville, Le Moniteur, Paris, 2008,
167 p.
NOURY, L. Symbolique : la ville en couleur, Huitième jour, Paris, 2010, 153 p.
SERVANTIES, M.P. Chromo-architecture : l’art de construire en couleur, Editions
Alternatives, Paris, 2007, 156 p.
Thèses:
GARCIA CODONER, A. Las estructuras cromáticas en el paisaje urbano del
Cabanyal. Thèse de doctorat, sous la direction de DE LA CALLE, R., Facultat de
Bellas Artes de la Universidad Politécnica de Valencia, 1986, 488 p.
FELIU FRANCH, J. La cerámica arquitectónica de Onda en el siglo XIX. Thèse de
doctorat, sous la direction de MINGUEZ CORNELLES V. M., Universitat Jaume I
Castellón de la Plana, 11/12/1998, 482 p.
62
Mémoire:
GARCIA BLAYA, S. Cerámica artística de Onda. Mémoire de recherche pour
l’obtention du titre universitaire en culture et patrimoine, Universitat per a majors
Jaume I Castellón de la Plana, Mai 2006, 100 p.
Projet de fin d’études:
GADEA FAJARDO, J. L. Prolongación de la Avenida Blasco Ibañez, evolución del
proyecto. Projet de fin d’études en ingénierie de la construction, Universidad
Politécnica de Valencia, 16/07/2013, 23 p.
Etudes de terrain :
DOMENECH, M. Entretien du 27 Avril 2014, 1h30 d’enregistrement
SEVILLA MADRID, C. Visite guidée du Cabañal, dans le cadre des XVI° Portes
Abertes ‘Cabanyal l’Art de Resistir’, 26/10/2014, 2h de visite
Sites web consultés:
http://www.cabanyal.com/
http://urbancidades.wordpress.com/2010/01/28/el-cabanyal-de-valencia/
http://es.wikipedia.org/wiki/Caba%C3%B1al-Ca%C3%B1amelar
http://www.plancabanyal.es/galeria.php
http://es.ecowikis.wikia.com/wiki/Valencia_-
_Destrucci%C3%B3n_del_barrio_del_Cabanyal
http://www.lasprovincias.es/v/20110311/valencia/pavimentos-nolla-empresa-pionera-
20110311.html
63
Liste des figures
Figure : 1 ; Patchwork
Source : de l’auteur, p 1
Figure : 2 ; Plan ‘Conservación’
Source: http://www.plancabanyal.es/planos.php, 1998 et de l’auteur, p 15
Figure : 3 ; Façade type du Cabañal
Source: de l’auteur, p 28
Figure : 4-13 ; Analyse de façades
Source: de l’auteur, p 30-39
Figure : 14 ; Façades de la rue San Pedro
Source: de l’auteur, p 43-44
Figure : 15 ; Repenser la trame verte
Source: de l’auteur, p 48
Figure : 16 ; Réinvestir les vides
Source: de l’auteur, p 52
Figure : 17 ; Zone d’étude
Source: de l’auteur, p 53
Figure : 18 ; Un projet couleur pour la rue San Pedro
Source: de l’auteur, p 55
64
Annexes
Annexe 1: Le Cabañal dans la ville de Valencia
Source : https://proyectomarianmorenolara.files.wordpress.com/2012/11/plano-
valencia-letras-grises.jpg
65
Annexe 2: L’évolution du Cabañal et de son habitat,
Source : Images réalisées par Alfonso FERNANDEZ MOROTE pour la stratégie
'Prolongar El Cabanyal' coordonnée par Luis Fco HERRERO GARCIA
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
Annexe 3: Le plan PEPRI
Source : http://www.plancabanyal.es/planos.php
N
Localisation des bâtiments étudiés
Bâtiments référencés
0 50m25
80
Annexe 4: Localisation des bâtiments étudiés
Source : de l’auteur
81
Annexe 5: Analyse des façades
Source : de l’auteur
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
Annexe 6: Retranscription de l’entretien du 27 Avril 2014 avec Maribel
DOMENECH (1h30 d’enregistrement)
Source : de l’auteur
Résumé:
Le quartier Cabañal était autrefois constitué de barracas. Après une succession
d’incendies, les propriétaires furent obligés de reconstruire des maisons en dur. Sous
l’influence du modernisme, ils ont commencé à peindre leurs façades en couleur pour
qu’elles soient à leur image, que leur identité paraisse. Maintenant, il existe une palette
de couleurs à utiliser que la mairie impose. En ce moment, elle autorise très peu de
ravalements de façades pour tenter de mettre en place le plan PEPRI, un projet urbain
spéculatif, et par ce biais empêche au quartier de maintenir sa dignité. Le plan PEPRI,
projeté depuis 1997, prévoit de prolonger l’avenue Blasco Ibañez et donc de partitionner
le quartier en deux parties, en détruisant au passage 1651 maisons. Ils n’ont même pas
mis en place d’expropriations forcées. Ils laissent juste le quartier se dégrader pour
pousser les gens dehors et récupérer les maisons à bas coût. En 18 ans, ils n’en ont
récupéré que 400, ce qui montre que les gens ne veulent pas partir.
La rue fondatrice est la rue San Pedro, qui est celle qui souffre le plus
aujourd’hui. La mer a reculé et d’autres rues se sont développées. Le terrain multisports
est installé sur les anciennes voies ferrées qui reliaient Cabañal à Valencia, 3 km plusà
l’est dans les terres. Maintenant, les deux sont reliés. Il n’y a plus qu’une seule et même
ville, même si Cabañal a conservé certaines caractéristiques d’un village. On y trouve
tout type de population : qui travaille pour le port, qui a des commerces, des
médecins,… De plus en plus, la mairie tente d’instrumentaliser la pauvreté dans le
quartier. Elle installe des populations pauvres, souvent émigrées, pour encercler certains
habitants et les pousser dehors. On n’a jamais eu de différenciation sociale, maintenant
si. Il y a des zones plus pauvres que d’autres et cela a même ramené des trafics de
drogues. Je voudrais récupérer la gaieté de mon quartier, le retrouver comme avant.
Cela passe certainement par la savoir vivre ensemble, le dialogue social, ce à
quoi nous n’avons même pas accès. On a beaucoup de rues pour les voitures et on
pourrait en utiliser certaines pour remplacer ce prolongement tant voulu de Blasco
107
Ibañez en créant un réseau d’entrées/sorties. La rue est quelque chose d’important, c’est
l’endroit où l’on sociabilise. On sort de chez nous, on est dans la rue. C’est essentiel
pour nous. Avec la crise, beaucoup de commerces ont fermé, ça a fait perdre de la
dynamique au quartier. En plus, le terrain multisports fait comme une frontière entre ici
et le nouveau quartier plus orienté vers la mer. Il n’y a là bas que quelques constructions
pour les touristes, la grande majorité appartient aux habitants. La connexion est quand
même assurée grâce aux anciennes friches (Lonja de Pescadores, Fábrica de hielo et
Casa dels Bous), que les pêcheurs utilisaient.
Le quartier est tellement riche que l’on pourrait faire tous types de musées : de la
pêche, de la gastronomie, de la céramique, … Cabañal est un peu un musée à ciel ouvert
de la céramique. On ne la retrouve pas seulement sur les façades mais jusqu’en intérieur
et même dans les patios. Cela résiste beaucoup mieux à l’air marin. On se rend compte
que beaucoup d’auteurs ont écrit sur le Cabañal, beaucoup plus que sur Valencia. On est
en train d’essayer de regrouper tous les écrits pour avoir un lieu où on puisse les trouver
tous. Il y a peu d’équipements dans le quartier : seulement une bibliothèque et une salle
où se réunissent les femmes au foyer et où on peut faire des expositions et des
conférences. Il n’y a pas de véritable centre dans le quartier, mais plutôt un axe central
qui relie les églises et passe par les rues où les bâtiments ont le plus haut niveau de
protection (niveau 2).La rue San Pedro est la rue fondatrice du quartier et ils veulent la
détruire ! Il existe une thèse d’Angela GARCÍA CODOÑER sur les couleurs du
Cabañal que tu pourrais consulter. Il y a aussi différents sites internet: celui de
l’association ‘Salvem el Cabañal’ ou de l’association de voisins.
Il y a tellement de projets à faire ici, partout. On pourrait recréer plusieurs
centralités ou construire un musée de l’histoire dans la rue San Pedro ou encore
développer un axe dans le quartier qui permettrait de faire découvrir les endroits clés.
Cabañal est oublié des circuits touristiques, c’est dommage, il y a tant de choses à
découvrir ici. Mais ils laissent tout mourir. Avant, il y avait des arbres mais maintenant
ils les ont enlevés. Il faudrait qu’on arrive à remettre du vert dans le quartier.
On est toujours content de voir que vous vous intéressez à Cabañal. C’est
important pour nous, pour qu’il puisse se maintenir le plus longtemps possible. On doit
récupérer le quartier heureux que l’on avait.
108
DOMENECH, M.: Te quería decir este que los colores en las fachadas o en la
arquitectura del barrio son muy importante. Van siempre con la identidad de las
personas. Este barrio, a nivel arquitectónico, la particularidad que tiene es que cada
familia ha construido su casa en el siglo XVIII-XIX. La última vez que hubo un
incendio tan terrible, se decidió que no iban a reproducir las barracas, las antiguas
barracas que tenían el techo de paja. Obligaban a que, si había un incendio, la
construcción o reconstrucción en el mismo solar de una casa, lo podían hacer, pero de
ladrillo. Así durante los siglos XVIII y XIX, hay una regeneración del barrio. Así como
las casas realmente se hacían por los propietarios, se las construyeron las familias, la
fachada recogía esos gustos que ellos tenían. El modernismo que ocurría ya en
Barcelona, por parte de la burguesía, este modernismo con elementos floral, vegetal.
Aquí hay muchas fachadas en las cuales vemos como este modernismo se transformó en
algo popular, muy mezclado y empiezan también con el color a pintar estas fachadas, le
daban un carácter muy personal. Y él de al lado, y el otro vecino y otro vecino,… Fíjate
que todos los solares de las antiguas barracas tienen esta anchura que tiene la casa de
enfrente o que tiene esta, son 6 metros y medio, todo sale de este mismo parcelario, y a
partir de ahí si eran dos hermanos, como hay casas que son la mitad que tienen justo lo
balcón que no tienen tres ventanas, no son anchas como esta, que son las clásicas las de
tres puertas o tres ventanas, pues que podemos observar ahí. Así empezamos a observar
esta partición, pero si sumas las dos al lado, que las reúnes tienes esta. Así a cada uno le
interesaba decorar de una manera diferente, para diferenciar las dos viviendas, si uno
pintaba de un color, aunque este la misma fachada el otro pintaba de otro color. Si
paseas por el barrio podrás notar que a veces tienes la misma fachada pero que esta
partida en la decoración, está pintada de distinto color. Entonces, aquí el color tiene esta
singularidad de mi casa es la casa de color azul, que también era una manera de darle
una identidad y una singularidad a la propiedad.
MARVILLET, M.: ¿La gente que vive aquí pinta de nuevo cada vez que cambia
de casa o lo deja como ya está cuando se mude?
DM: Siempre hay, como aquí es un conjunto histórico, lo que es una serie, una
paleta de colores que cuando tienen que pintar ahora orienta el ayuntamiento. Ahora no,
porque el ayuntamiento lleva con este plan especulativo que amenaza al barrio, no
109
realizan trabajos de obra, no dejan que las fachadas se pinten, o unas familias tienen
permiso, otras no, entonces hay como una dificultad para mantener una dignidad en el
barrio como tenían antes.
MM: ¿Y este plano que desarrolla el ayuntamiento en qué consiste? Yo sé que
quieren prolongar la avenida Blasco Ibañez hacia el mar pero ¿en qué consiste
realmente?
DM: Pues lo que quieren es una barbaridad. Se presentó el proyecto de
prolongación de Blasco Ibañez en el año 1997. Este proyecto tiene como objetivo partir
por la mitad el barrio, desde la estación Cabañal para llegar más fácilmente hasta la
playa. Pero vale mucho más un conjunto histórico que abrir un camino en recto.
También pueden llegar por Taronjers (Avenida de las Naranjas) o por Pintor Ferandis, o
Mediterráneo, con poca adaptación podría organizar una serie de salidas y entradas.
Cuando vemos el número importante de calle que se pueden cruzar con los coches en
dirección Oeste-Este… Que se oyen mucho los coches qué sería una u otra manera
poder cruzar el barrio de manera más adecuada más amable sin necesidad destruir 1651
viviendas. Porque esto es un abuso y este plan es especulativo. Lo que intenta hacer el
Ayuntamiento es primero degradar y luego justificarlo. Así nosotros pedimos una
reforma de las casas. Están destruyendo el barrio para hacer esta avenida y no han hecho
un plan de expropiación forzosa, no han hecho nada sino que lo que quieren es que den
las casas voluntariamente los vecinos, es decir voluntariamente y a bajo coste. Pero vale
lo que nosotros decimos. Primero es que esto es un conjunto histórico no se puede
destruir así, no se puede poner en marcha un proyecto que crea expolio de patrimonio.
Además cómo se hace un plan arreglado en el que está arreglada la expropiación lo que
te hacen a ti es negociar, no ajustar los precios. Por eso nos hizo casi nada. Fíjate que en
18 años el ayuntamiento ha podido comprar 400 casas pero son 1651 que necesitan lo
que demuestra que la gente no se quiere ir, claro que no.
MM: A mí me gusta mucho todo el barrio. Necesito escribir una tesina y el año
que viene tendré que reflexionar sobre mi proyecto de fin de carrera y me parecía
interesante trabajar sobre el bario para por qué no proponer otro plano de remodelación
del barrio, de restructuración, para entender mejor lo que quiere el ayuntamiento,
intentar confrontarlo con lo que quieren los vecinos, los propietarios. Porque a mí me
110
parecía importante mantener la vida de este barrio por qué es un barrio cuando lo
cruzamos parece siempre que podría ser mucho mejor.
DM: Si quieres, te puedo dar el número de un vecino que también es profesor de
Arquitectura en la Universidad Politécnica y que tiene unas ideas muy buenas para el
barrio y que el día 20 que viene, va a presentar este proyecto en la Universidad del
centro de la ciudad. No es un proyecto son ideas propuestas. Se llama Tato Herrero. Lo
que quiere es la máxima protección del barrio y facilitar una serie de travesías a lo
mejor en estas zonas nuevas. Porque antes era una huerta. Fíjate que la calle aquí, la
calle San Pedro es la fundadora del Cabañal y la primera que sufre es ésta. Los primeros
pescadores que llegaron aquí dijeron yo quiero mi barraca aquí. Hay el mar y es una
orientación perfecta Sur-Norte Este-Oeste porque antes estaba el mar, no estaba tan
lejos como ahora. El mar iba hasta esta calle, a partir de esta calle y de la fundadora
surgieron otras. Existen antiguos planos en los cuales podemos ver hasta dónde llega el
agua. Hay que saber que en esta parte había huerta y en otra había el mar, la pesca con
lo cual el barrio empezó poco a poco a tener dos tipos de población: una que vivía de la
agricultura y otro que vivía de la pesca El barrio fue creciendo conforme al mar que se
iba retirando cada vez más hasta llegar al punto al que está. Vemos también en el barrio
una zona en la que está el polideportivo, donde se encontraban las antiguas vías de tren
que permitía rellenar el centro de Valencia con el barrio y con la parte norte de España.
Porque el centro de la ciudad es más o menos a unos tres kilómetros de aquí, aunque
ahora todo es una sola ciudad, una única ciudad.
MM: ¿El Cabañal sigue manteniéndose como un pueblito o vive realmente
integrado a la ciudad de Valencia?
DM: No, no es un barrio de la ciudad lo que pasa es que ha mantenido las
características de su pasado. Además ten en cuenta de que hay el puerto aquí y por eso
hay muchas personas que han venido incluso de Francia y tal porque son consignatarios
internacional. Por eso por el comercial interno, por el comercio internacional, por todo
esto viene gente y suele vivir por aquí. Compran sus casas en el barrio. Así vive en
todas, estas personas que viven del puerto también de la pesca y los otros que tienen
todas las tiendas de la zona comercial. Que tenemos también médicos la gente trabaja en
111
todos los sectores de trabajo. Hay realmente todo tipo de profesionales aquí. Ahora
todavía tienes este marcado carácter de su origen cómo pueblo de pescadores.
MM: ¿Hay también extranjeros que viven en el barrio, una población más
pobre?
DM: Bueno ahora sí por, que con la acción de degradación con estas 400 casas
que el ayuntamiento tiene en su poder, es lo que más descara el barrio. Como han
dejado casas cerradas y han destruido todo el interior para que nadie les ocupen no hay
nadie o bien les han alquilado a familias gitanas, romanas,… Por eso ahora existe una
franja por la que pasa el proyecto, en la que existe esta mezcla cultural. Lo que nosotros
denunciamos es que se instrumentaliza la pobreza. Se utiliza la pobreza para que una
familia qué tiene una casa y que han comprado las dos de los lados para presionarlo.
Utilizan esto para que bajen los precios, para presionar a las familias. Están actuando
como verdaderos mafiosos, ya desde hace 16 años en este barrio que es una maravilla y
sigue siendo una maravilla con 16 años de acoso a los vecinos y con una permisividad.
No tengo ningún problema con las familias gitanas, siempre hay familias gitanas que
han vivido aquí, no tantas, pero siempre han estado aquí. Nunca hemos conocido
pobreza tan extrema, pero gente con todo tipo de economía. Nunca hemos conocido una
zona de pobres y otra de ricos, siempre ha sido una mezcla. No te puedo decir esta zona
es pobre, pero ahora sí que tenemos zonas más pobres que otras. La cosa es que hay
gente propietaria que cuida su casa la pinta. Eso es un sentido muy bueno para el barrio.
También es siempre mejor una habitación habitada que una vacía. Pero lo que intenta
crear el ayuntamiento es un territorio más hostil para el vecino. Lo que hace es
estabilizar mucho las vidas de las familias. Yo estoy muy preocupada porque hay cada
vez más mujeres solas, mujeres mayores que no entienden lo que está pasando a su
alrededor. Hay gente que siempre ha vivido aquí. Cada vez más hay familias que viven
aquí pero que no tienen sus raíces, sólo están en paso en esta situación tan débil.
Además hay muchas familias gitanas que se han convertido en el cartel de la droga, por
eso son los que pueden comprar casas vivir de manera más estable. Nosotros no estamos
felices con esto porque antes el barrio nunca ha sido un lugar para el cartel de la droga.
Ahora es ‘Queremos comprar droga, pues hay que ir al Cabañal’. No nunca ha sido así,
ahora sí. Por eso, además atraiga a gente que presenta una peligrosidad y se desarrolla
cada vez más robo. No es un barrio muy feliz ahora, lo que yo quiero es recuperar esta
112
felicidad con gente normal. Cuando digo normal me refiero a gente de todo el mundo,
no hay problema, pero la palabra que yo quiero poner de relieve es convivencia, porque
todo esto lo que hace es fractura social. Por ejemplo aquí no tenemos una oficina de
asuntos sociales y somos un pueblo de 20.000 habitantes, un barrio. Por eso es necesario
que tengamos una oficina de asuntos sociales aquí, no en el barrio de al lado, sino aquí.
Porque aquí está el problema. Necesitaríamos también mediación social, porque es muy
importante la mediación social. ¡No hay! Entonces, no nos han dejado a nuestra suerte.
Entonces estamos en una situación que hay que frenar y recuperar.
MM: Andando por el barrio he podido notar que habían muchas calles que
permitían el paso para los coches. ¿Es verdaderamente necesario que tengáis tantas o se
podría pensar el barrio de otra manera con peatonales por ejemplo? Como la gente vive
mucho en la calle se podría quizás pensar de otra manera.
DM: Pintor Ferandis, Mediterráneo, Tarongers son de dos coches, las otros son
de un coche. Lo que pasa es que aquí abres la puerta y ya estás en la calle, es una
unidad. Y además en Valencia tenemos buen tiempo. Así socializamos mucho en la
calle. Es precisamente lo que propone Tato Herrero. Es utilizar estas travesías para
poner unos comercios. Antes habían muchos comercios ahora han cerrado mucho
porque está la crisis y también aquí está el mercado del Cabañal. Cerca del mercado en
la calle Escalante y todo. Había antes muchos comercios por ejemplo hornos deliciosos
con pan artesanal y todo. Pero después la case José Benlliure antes era la calle Mayor la
con todos los comercios era muy comercial. Había peluquerías, bodegas, también
podías encontrar restaurantes, pastelerías. Había también una casa de cerámica,
teníamos todo lo necesario para aquí. No mucho pero lo necesario. Así que no sólo sea
pobre sino que el comercio ha sufrido mucho con la creación de las nuevas grandes
superficies, las nuevas aéreas comerciales, y también porque las familias también
cambian. Por eso. Antes la mujer se quedaba en casa, trabajaba en casa y así podía ir al
mercado, a los comercios de proximidad y todo, mientras que ahora trabajan padres y
madres los dos. Hay siempre tiendas de ropas por ahí. Podrías hablar con las personas
que tienen estas tiendas te podrían dar unas informaciones sobre el comercio en el
barrio. Esta franja creada por la desaparición de las vías del tren, gran espacio por el
polideportivo crea como una frontera entre el barrio y esta zona. Crea un pequeño muro
que hay que saltar para llegar a este otro núcleo. Este núcleo más hacia el mar sigue
113
siendo para los del barrio, no para los turistas salvo estos edificios de de los años 30-40
Excepto este. Este es la lonja de pescadores. Hay las casas de los antiguos pescadores, la
fábrica de hielo, la casa dels bous. En esta esquina que tiene unos edificios muy
singulares. Lo que te explica perfectamente la conexión de Valencia con la playa porque
éstas son antiguas naves industriales. Las casitas eran para los que construían unas
barracas de madera para los pescadores.
MM: Me parece que en el barrio no tenéis tantos equipamientos culturales
¿Nos os pareciera interesante proyectar unos?
DM: Fíjate aquí podríamos hacer el museo náutico, museo naval, museo de la
pesca, museo de la gastronomía, que sea Valenciana, española o mixe, de la cerámica,…
Porque el barrio es más o menos un museo al aire libre de cerámica. Cuando ves esta
casa es de 1908. Es un edificio que era de una misma familia. Tenía cuatro hijos así uno
vivía en la otra parte y tres hijas que vivían, una aquí, una en el primero y otra en el
segundo. Las tres hermanas vivieron con más de 90, una murió a 90, otra 96 y la última
ya tiene noventa y esta casa la construyeron sus padres. Esta es un ejemplo de lo que
puedes encontrar aquí en el barrio. Las cerámicas de origen, te enseñaré, que tienes
cerámica por todas partes interior, no sólo exterior. Mi casa se mantiene. Es que
utilizaban cerámica para proteger las casas en frente de los peligrosos del Mar. ¿Sabes
que el mar con el salto puede destruir rápidamente la casa? Así poner cerámica permitía
proteger más durablemente la casa. Por eso no sólo se pone al exterior, sino también al
interior incluso hacia los espacios en el patio que yo tengo aquí. Hay un Ángelo en una
fuente que te voy a enseñar. Podemos ver que está escrita la fecha de construcción de la
casa de 1908. Ahora no están todas las cerámicas porque tuve que pintar de nuevo.
Alguien lo hizo antes pero podemos notar que está por todas partes, incluso en la cocina
en el comedor y todo. Tuvieron que dejar una parte por causa de la humedad, pero
protegían mejor. Todo esto es una maravillosa
MM: ¿Que tipo de equipamientos tenéis en el barrio?
DM: Hay una biblioteca, la biblioteca de la Reina en esta misma calle con la
misma altura. Cerca del puerto hay también un local donde se reúnen las amas de casas
114
donde podemos hacer conferencias, exposiciones. Hay que saber que se ha escrito más
sobre este barrio que en todos los barrios de Valencia. Estamos ahora intentando crear
un lugar para poner toda la literatura que hay del Cabañal, porque verdaderamente nos
damos cuenta de que a los escritores les interesa mucho ese barrio y han escrito mucho
sobre este. Es decir que hay mucho que escribir sobre el barrio, que hay muchas cosas
interesantes. Que sean los libros de Blasco Ibáñez hasta las investigaciones más
eficientes de la Universidad de Valencia, han escrito sobre el barrio: su historia, su
mundo patrimonio, la diversidad, arquitectónica que ubica. Sí que hay unos edificios
horrorosos que se construyeron con altura, pero sin tener cuenta de lo que existía antes.
Esto se construyó al final de los años 60 principio de los años 70. Con el desarrollismo
franquista existen zonas más preciosas que las otras, por ejemplo donde estamos es una
de las zonas más preservadas del barrio.
MM: ¿Y existe un centro en el barrio?
DM: Es que en todos los pueblos tenemos la plaza con la iglesia y parece que
aquí no tiene, porque quizás hay muchos centros. Sí aquí tenemos Iglesias sabes que en
la iglesia aquí marca en el barrio. No hay un núcleo central, sino que hay uno aquí, otro
aquí y el tercero aquí. La plaza Lorenzo de la flor, la Plaza de San Pedro y la iglesia de
Los Ángeles y esto hace como un eje que nosotros utilizamos para dar un paseo como
un eje de conexión que va Norte Sur. Es un poco un recorrido por las calles más
fundamentales del barrio, es decir que ayer en Los Ángeles, Calle del Rosario, San
Pedro. ¿Sabes que San Pedro la quieren destruir? Es una locura porque es la calle
fundadora del barrio donde encontramos la mayor parte de las casas protegidas que
tienen un nivel de protección 2. Casi todas están protegidas y en la calle de las barracas
también. Para tener una idea más en detalle de lo que podrías encontrar pues consulta la
tesis de Angela García Codoñer, que ella ya hizo hace unos años. Era su tesis doctoral
sobre los colores en el Cabañal que se puede consultar en la Biblioteca Universitaria de
la Universidad Politécnica de Valencia. También puedes encontrar Vicente. Hay que
contactarlo, es otro arquitecto que trabaja aquí como arquitecto y él forma parte de la
Asociación Salvem El Cabañal y también es vicepresidente de la Asociación de
Vecinos. Te podría dar unas informaciones más técnicas sobre el barrio si quieres.
115
MM: Lo que me gustaría ser sería recorrer andando una zona del barrio que sería
más representativa de lo que es realmente el barrio en su totalidad, pero como está un
poco extendido no puedo recorrer todo el barrio. Me gustaría estudiar más precisamente
una zona, no sé si hay una zona que presentaría más el barrio en general.
DM: Puedes entrar en la parte más amenazada y analizar cómo estaba y ver un
poco como se ha destruida, pero puedes también ir hasta la calle Josep Benlliure esta
calle es fantástica porque como además era la calle Mayor antes, tiene una cantidad de
casas muy decoradas que podrías analizar y podrás también notar sus comercios que
persiguen. Pues también tienes este conjunto de barracas que tiene siempre el estilo
barraca y que también está muy bonito que podrías analizar. Hay zonas maravillosas,
muy bien conservadas también si vas más por ahí. Ahora en la calle de la Reina podrás
encontrar casas de cerámica fantásticas. En la calle de la Reina hay muchas casas que
ver a nivel de color porque me parece que es lo que te interesa a ti. Verás que hay
cerámicas pero de distintos colores que podrían ser muy interesantes para tú en la web.
MM: ¿Dónde podría encontrar la reglamentación que existe sobre los colores
que se pueden poner en las fachadas, en la web o en algún lugar aquí en Valencia?
DM: Pues me parece que en la web podrías ir a la página web de la Asociación
Salvem El Cabanyal, también en archivo vivo Cabañal, en archivo vivo encontrarás
todas las cosas necesarias. También en esas páginas webs podrás encontrar muchísima
documentación y muchísimas imágenes de casas como eran antes sus fachadas, cómo se
han vuelto ahora, ver los solares que existen, porque hay casas que fueron destruidas.
Todo esto lo encontrarás. También existen unos libros que podrás consultar con estas
fotos y todo, pero seguramente que lo mejor es que recorres las calles. No sé, si hoy es
domingo, mañana, quizás el lunes, no se si se hará. Hay una chica del turismo que hace
un tour por la ciudad de Valencia, se llama Marta Alcalá y hace visitas guiadas. Yo sé
que el sábado y el domingo hay las visitas pero el lunes no sé. Tienes que llamarla para
ver si acaso hace una mañana, porque conoce una cantidad de cosas sobre el barrio y te
podrá indicar seguramente lo mejor que ver y que observar aquí. Tienes que mirar su
blog. Tienes que encontrar con su nombre, se llega a los turistas a los lugares más
significativos del barrio conoce muy bien la historia y todo. Puedes observar en el plano
del barrio las antiguos sequías. Siempre decimos Cabañal pero de verdad Cabañal son
116
tres pueblos marítimos Cap de França, Cañamelar. La zona más amenazada
seguramente es Cabaña. Puedes también ir a fotografiar en la zona de las naves de la
lonja de pescadores, de la fábrica de hielo. En toda la lonja de pescadores nunca han
vivido personas ahí. Ahora son viviendas en esta nave. Todo mide 100 metros de largo
por 25 metros de profundo. Se alquilan siempre las casas. Ahí está nadie, es una
maravilla estar ahí, porque son edificios de 1909 y a nivel arquitectónico también está
muy interesante y se podrían utilizar esas naves para recuperar o producir algo para el
barrio, quizás. La lonja de pescadores es seguro que tiene que mantenerse con las casas,
las viviendas, no hay que cambiar, no hay que hacer un museo no sé qué, la gente tiene
que seguir viviendo ahí. Se podría por ejemplo recuperar la fábrica de hielo para poner
un museo, sería perfecto porque es un lugar industrial. La casa de los bueyes podría ser
un museo de la pesca, pero de verdad la lonja de pescadores es un lugar donde vive
mucha gente y no les podemos preguntar que se vayan. Es el problema que tenemos
aquí es que es la playa de Valencia y así viene la policía. A mí me parece que si hay
algo que hacer, primero hay que ser respetuoso con la historia del barrio con lo que ya
existe, trabajar con este puedo entender, hacer unas cositas para tener un tráfico más
calmado, permitir cruzar el barrio más fácilmente, pero no tan radical destruyendo
tantas casas. Organizar la vida del barrio en diferentes sitios, para por ejemplo generar
algún tipo de centralidad en el barrio. Seguramente que vamos todos los días a la playa,
cuando vives aquí lo haces todos los días. Cuál será el día que estemos en invierno, en
verano, que esté lloviendo y todo siempre vamos. Este barrio tiene mucho potencial,
muchos proyectos potentes. Mira, sólo si miramos la calle San Pedro, la fundadora. Ahí
se podría hacer un museo de la historia que contaría la historia del barrio, de los
habitantes. Mientras ahora, está desolada, llena de solares. ¿Por qué no hacer cosas que
llamarían la atención de turismo de la Cultura? Tenemos un teatro, el teatro de la
Estrella en esta plaza. Fue remodelado por un arquitecto hace poco, y no te lo puedes
perder. Lo notas desde lejos, es un teatro fantástico. Antes habían más y habían cines
pero que están cerrados pero ahora están cerrado, es que el teatro, estos edificios se
podrían utilizar para hacer un centro cultural o algo así, que no tenemos, se podría crear
más actividad también. Tenemos muchas casas para estudiantes Erasmus, habíamos
hablado un momento de que pongamos casas compartidas, no para estudiantes pero que
gestionaría la universidad.
MM: Muchas gracias para todo. Creo que ya tengo un montón de informaciones
y voy a intentar mejorar esta con las página web que me has indicado.
117
DM: Pues con placer, es que a nosotros nos importas mucho que os fijéis en el
Cabañal, que os interese, lo que pasa. Porque de verdad es muy importante. Me gustaría
que se mantenga lo máximo posible este barrio lo que existe, sería interesante crear un
recorrido, el de las iglesias, me parece muy interesante. Además se podría crear como
un eje en el que podrías encontrar, descubrir los lugares importantes, significativos del
barrio. Sería muy interesante tener los puntos de interés, me parece mejor potenciar que
destruir y al reconstruir después.
MM: Última pregunta, me parece que no hay tanta vegetación. ¿No sería algo
interesante utilizar algunos árboles en las calles para dar o algo para poner un poco más
de verde? Tal vez sería interesante pensar un poco el barrio más verde.
DM: Sí, es que la vegetación, de verdad, ha desaparecido, pero sí que antes
teníamos. Dijeron que estaban muriendo los árboles, por eso les tiraron y se ha quedado
más desnudo el barrio. Hay un poco en la plaza Lorenzo de la Flor pero de verdad como
forma parte de la zona más amenazada, lo han dejado morir un poco. Encontramos un
poco de vegetación en el polideportivo pero no tanto. Sería interesante pensar mejor la
trama verde del barrio para volver a darle su plaza. En el mercado, se podría poner un
restaurante, que no hay, utilizando los productos que venden. Hay que recuperar el
barrio feliz.
MM: Lo que me intriga es que cuando miramos las guías de Valencia nunca
hablan del barrio Cabañal. ¿Por qué?
DM: Es verdad, es algo muy interesante en la ciudad, pero como está amenazado
la gente no viene y además hay muchas personas que nos dicen que es peligroso vivir
aquí. Cuando lo conocemos un poco más, nos decimos que no tanto.
MM: Pues, de todas maneras muchas gracias para todas estas informaciones y
quizás nos encontraremos de nuevo para las puertas abiertas en octubre. ¡Hasta luego!