marvillet marine mémoire de recherche

117

Click here to load reader

Upload: marine-marvillet

Post on 07-Apr-2016

228 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

 

TRANSCRIPT

Page 1: Marvillet Marine Mémoire de recherche

INSA de Strasbourg

Département architecture

Les couleurs du Cabañal

« Colores del Cabañal »

MARVILLET Marine

Mémoire de recherche

Sous la direction de M. Jean-Jacques VIROT

Novembre 2014

Page 2: Marvillet Marine Mémoire de recherche

2

« Si tout était blanc, le paysage, l’architecture et les matières n’existeraient plus. »

Evelyne GAUTHIER

« Le sérieux de la couleur réside dans ses composantes. »

Jean-Marc BIRY

Figure : 1 ; Patchwork

Source : de l’auteur, p1

Page 3: Marvillet Marine Mémoire de recherche

3

Remerciements

Je tiens à remercier particulièrement :

- M. Jean Jacques VIROT, mon directeur de mémoire pour m’avoir suivie tout au

long de cette année et avoir su m’orienter tant dans mes recherches que vers des

interlocuteurs privilégiés ;

- M. Gaétan DESMARAIS, pour avoir coordonné l’écriture de nos mémoires et

pour ses conseils dans l’écriture de celui-ci ;

- M. Denis STEINMETZ, coloriste et directeur du master couleur, architecture et

espace à l’université de Strasbourg, pour ses conseils avisés et sa disponibilité ;

- Mme Maribel DOMENECH, M. Tato HERRERO, Mme Carmen SEVILLA et

toute l’équipe de l’association Salvem el Cabanyal, pour avoir su me recevoir et me

fournir de précieuses informations tant sur l’histoire du quartier Cabañal que sur leur

combat actuel, pour avoir pu me fournir à chaque fois des documents pertinents et

utiles, pour avoir toujours été enthousiastes et avoir su m’encourager dans l’écriture de

mon mémoire. En espérant que leurs 15 années de lutte serviront à la préservation du

Cabañal et lui permettra de renaître de ses cendres ;

- M. Josep PEREZ CAMPS, membre de l’association Ceramologia à Alicante,

pour le temps passé à m’apporter de précieuses informations sur la céramique ;

- Mme Angela GARCIA CODONER, M. Pablo SEDENO, Mme Esther

GONZALEZ AURIGNAC, enseignants à l’Universidad Politecnica de Valencia, pour

avoir su me mettre en contact avec des interlocuteurs privilégiés ;

- Javier VALLES BENLLOCH, et toute sa famille, pour avoir su me recevoir lors

de ma dernière visite à Valencia et avoir su me faire découvrir et partager toute la

richesse de la région valencienne. Remerciement particulier à Javi qui a été un guide

parfait et a réussi à faire marcher son réseau pour que je puisse obtenir le maximum

d’informations possibles ;

- Ma famille, pour m’avoir soutenue et aidée à aller au bout de ce mémoire ;

- Tous ceux qui de près ou de loin ont pu apporter leur contribution

Page 4: Marvillet Marine Mémoire de recherche

4

Comment mettre à profit la couleur dans une politique de revalorisation du

quartier Cabañal de Valencia?

Introduction 5

I – Cabañal, Valencia, Manises, Onda, Nolla, un contexte déterminant 12

1- Un quartier, un héritage 12

2- Une histoire de céramique 17

a) Manises, Onda, hauts lieux de la céramique 17

b) Motifs, techniques, pigments et couleurs 18

c) Pavimento de Nolla 20

3- La rue, une trame au service de l’appropriation spontanée 21

II – Un patrimoine à réhabiliter 25

1- Typologies d’habitats 25

2- Analyse du potentiel coloristique du quartier 28

3- Calle San Pedro: les origines délaissées 42

III – Réhabiliter Cabañal ? 46

1- Une trame verte repensée 46

2- Espaces détruits, sutures du lieu 49

3- San Pedro, ¡A todo color! 52

Conclusion 56

Vocabulaire hispano-français 60

Bibliographie 61

Liste des figures 63

Annexes 64

Page 5: Marvillet Marine Mémoire de recherche

5

Introduction

Après avoir suivi pendant 5 mois un cours de Couleur dans les espaces publics

lors de mon séjour Erasmus à Valencia, j’ai pu prendre conscience de l’intérêt à porter à

cet aspect dans tout projet, qu’il soit urbain ou architectural. C’est une question qui se

trouve bien souvent négligée dans le processus de conception et n’intervient qu’en fin

de réflexion, lorsqu’il s’agit de traiter les façades ou les perspectives d’ambiance.

L’expression même d’un matériau, qui peut modifier la couleur qui lui est apposée, est

une dimension sous exploitée et la couleur se trouve bien souvent absente dans les

projets actuels. Certains architectes se sont d’ailleurs emparés du problème il y a

plusieurs décennies, à l’image de Rem KOOLHAAS pour qui

« Il est tout à fait logique que, étant donné l’incroyable agression sensorielle qui

nous assaille chaque jour, […] la nature de la couleur soit appelée à changer non

pas superficiellement, mais d’une manière qui altère réellement la perception. En

ce sens, l’avenir de la couleur est brillant » [KOOLHAAS, R. Colours. 2005]

Et pourtant lorsqu’on traverse une ville, peu importe sa situation dans le monde,

on reviendra avec une image en tête qui correspond bien souvent, au-delà des bâtiments

emblématiques, à une ou plusieurs façades types rencontrées tout au long du parcours de

celle-ci. On se souviendra d’un matériau, d’une harmonie colorée ou encore d’une unité

d’équipements d’espace public jouant un fort rôle dans l’identité de la ville ou d’un

quartier traversé. Ainsi, Strasbourg sera associée aux maisons à colombages aux enduits

blancs, les îles cycladiques à ses cubes recouverts de chaux blanches et surmontés d’un

toit bleu, Toulouse à ses constructions de briques rosées qui changent de nuance au gré

du temps et des reflets de la Garonne et Venise ou Amsterdam à leurs canaux sans fin. Il

en est de même si l’on traverse la Sahara ou l’Amazonie : on conservera tantôt l’image

de ces dunes de sables passant du jaune au marron et à l’orangé au fil de la journée,

tantôt un patchwork de verts, transpercé ça et là par les rayons du soleil. Chaque espace

possède sa propre identité qui passe en partie par les couleurs dont il est paré.

La couleur est présente au quotidien et joue un rôle important que l’on ne perçoit

pas toujours. Elle peut marquer plus ou moins fortement l’identité du lieu, qu’elle

s’exprime au travers des matériaux de construction locaux ou encore du climat. En effet,

le soleil peut changer la perception ou la valeur assignée par la culture à la couleur

considérée alors comme identificateur local (place rouge à Moscou). Elle peut aussi

Page 6: Marvillet Marine Mémoire de recherche

6

jouer un rôle dynamisant dans l’espace en possédant la capacité d’évoluer dans le temps

(vieillissement des enduits, remplacement des menuiseries, modification de

l’environnement, …), ainsi que d’apparaître différemment selon la distance à laquelle

on se place d’elle, le temps pendant lequel on la perçoit et la dimension de l’objet sur

laquelle elle est apposée. Elle peut aussi permettre d’informer d’une fonction

notamment via la signalétique qui possède des codes propres et universels. Enfin, la

couleur peut être un stimulateur de l’intégration sociale en améliorant les conditions de

vie dans un quartier (projet Luz Nas Vielas à Vila Brasilândia) ou en aidant à un

meilleur usage des espaces collectifs selon son sexe, son âge, sa culture ou son ethnie.

La couleur possède aussi de nombreuses symboliques à travers le monde qui se

recoupent parfois les unes les autres. Ainsi, le blanc est très souvent devenu un simple

support et a perdu son statut de couleur. Il est fréquemment associé au noir, autre non

couleur (ainsi qu’à toutes les nuances de gris résultant du mélange de blanc et de noir),

et toutes deux s’opposent aux couleurs vives. Ces dernières possèdent des significations

très diverses selon les civilisations. Si le rouge désigne les pouvoirs et la magie au Mali,

il représente le sang et le sacrifice au Guatemala et chez les Aborigènes mais aussi le

feu en Iran ou les démons dans la roue de la vie tibétaine. De même, le jaune sera la

couleur de l’empereur en Chine, de la sagesse dans la religion islamique, de la

prospérité au Guatemala, du soleil en Iran et des hommes au Tibet. Enfin, le vert

symbolise le paradis chez les Islamistes et les titans au Tibet. On comprend donc que

certains quartiers possèdent de forts marqueurs de la présence d’une ethnie dans

certaines grandes villes du monde du fait de leur occupation par des groupes d’individus

d’une culture autre. Ce fut le cas à Londres dans les années 1970 lorsque les immigrés

indiens et pakistanais commencèrent à peindre leurs maisons de couleurs vives.

Néanmoins, l’analyse de grandes villes de culture occidentale permet d’en faire

ressortir trois schémas types de rapport entre la forme urbaine et la couleur. La ville

d’affaires contemporaine est plutôt revêtue de noir, blanc et aluminium, couleurs

d’autant plus courantes avec l’importance actuelle apportée à la peau d’un bâtiment

directement liée aux questions thermiques. Elle possède une répartition en damier de ses

unités bâties. On trouve aussi le modèle historique dans les tons ocres avec une

organisation concentrique autour d’un centre et enfin la ville populaire, souvent

maritime, aux couleurs vives et variées et bien souvent chaotique.

Page 7: Marvillet Marine Mémoire de recherche

7

Le quartier Cabañal de Valencia, que je propose d’étudier dans ce mémoire,

rentre plutôt dans cette dernière catégorie. Ancien village de pêcheurs, il se distingue du

reste de la ville par la succession de ses petits immeubles aux façades parées de faïences

et d’enduits colorés. On retrouve encore aujourd’hui dans le parcellaire très marqué, et

le quadrillage des rues, les vestiges des anciens alignements de barracas qui occupaient

la zone. Il possède toujours un caractère de village dans la ville avec des typologies

d’habitats qui diffèrent du reste de la trame urbaine (immeubles individuels, étroits,

allant du R0 au R+2 maximum). Chaque immeuble fonctionne de manière autonome ce

qui est très lisible en façade du fait de la forte démarcation qu’il existe entre chaque

entité.

Son identité est très intimement liée à la couleur qui se retrouve au-delà de

l’interface de la rue, jusque dans les intérieurs des habitats et des îlots urbains. Chaque

façade possède sa propre expression que ce soit dans le choix des matériaux qui la

composent (azulejos, enduit coloré, gardes corps métalliques, menuiserie, …) et même

sur celles simplement enduites, les couleurs sont aussi diverses qu’il y a d’immeubles

dans la rue. Cependant, une véritable homogénéité se dégage au sein du quartier,

notamment dans l’horizontalité des constructions dont les étages sont parfaitement

alignés. Les gabarits sont assez similaires et on ressent une réelle cohérence dans la

consonance du lieu lors de sa traversée.

Actuellement, la ville souhaiterait prolonger l’une des artères principales de la

ville, l’Avenida Blasco Ibañez, afin de relier directement l’autoroute de Barcelone à la

mer, accès pour l’instant empêché par le quartier qui fait front. Le Cabañal ayant été

déclaré Bien d’Intérêt Culturel par la Consellería de Valencia en 1993, le projet de la

mairie a du être stoppé. Elle mise donc maintenant sur la dégradation progressive du

quartier pour arriver à ses fins : en choisissant volontairement de couper toutes

subventions pour la mise en valeur du quartier et en interdisant pratiquement aux

habitants d’entretenir leurs immeubles, le quartier se trouve menacé !

J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises de traverser le quartier du Cabañal et

j’ai été à chaque fois frappée de la richesse culturelle dont il regorge malgré son manque

d’entretien visible. A l’écart de tous les circuits touristiques proposés par la ville,

Cabañal est un lieu dont il faut s’imprégner. Chaque rue, chaque recoin est l’occasion

Page 8: Marvillet Marine Mémoire de recherche

8

d’une découverte, de l’apparition d’un motif nouveau, d’une rencontre, … Le quartier

présente un véritable intérêt architectural qui n’est pas suffisamment valorisé et qui ne

demande finalement qu’à être révélé pour redonner au Cabañal sa dimension passée.

Ce sont toutes ces observations qui m’ont poussée à m’intéresser à ce quartier, à

son histoire et son évolution qui l’ont amené jusqu’à son état actuel. Mon objectif à

travers ce mémoire consiste à observer et analyser les phénomènes en place et à

identifier les enjeux du quartier, à comprendre l’espace urbain qu’il représente en tant

que tel et les connexions à la ville existantes. Tout cela doit être étudié au travers de son

habitat, qui constitue, en quelques sortes, une façade de ce qu’il est. De nombreux

ouvrages traitent des problématiques et de l’histoire du quartier, des enjeux actuels, des

possibilités d’évolution, mais trop peu prennent en compte la dimension sociale sous

jacente.

En effet, le Cabañal a toujours été un quartier hétéroclite, peuplé par des

habitants d’origines très diverses qui en ont fait sa richesse. Depuis quelques années, sa

lente dégradation a vu l’arrivée et l’installation d’une grande partie de la population

immigrée à Valencia et le développement progressif des trafics en tous genres. Ces

changements progressifs sont en partie à l’origine du mal être de certains habitants et

contribue à la dégradation du quartier suite à l’abandon de leur immeuble par certains

d’entre eux. Je souhaite à travers ce mémoire retranscrire non seulement les

problématiques actuelles du quartier mais aussi insister sur la vision des habitants sur

leur quartier et m’intéresser aux perspectives d’évolution qu’eux même envisagent, aux

changements qu’ils souhaiteraient, … Pour cela, je me suis rendue à plusieurs reprises

sur le terrain afin d’observer et de m’imprégner du lieu mais aussi pour échanger avec

les habitants, pour connaître au mieux leurs attentes et leur vision du quartier. La phrase

la plus marquante que j’ai pu entendre restera sans nul doute

« No es un barrio muy feliz ahora. Lo que yo quiero es recuperar esta felicidad. »

[Entretien avec DOMENECH Maribel, Mai 2014]

Ma démarche pour l’écriture de ce mémoire consiste donc à m’approprier le

thème traité par ma propre expérience, par mes rencontres, mes déambulations, mes

séjours, mes échanges au sein du Cabañal. L’approche que je propose du sujet sera donc

bien plus sensible que la simple compilation et le recoupement de données glanées dans

Page 9: Marvillet Marine Mémoire de recherche

9

divers ouvrages. La couleur et sa perception relevant avant tout du sensible, la

considération du sujet d’un point de vue personnel me paraissait d’autant plus

appropriée et présentant plus d’intérêt dans la manière d’aborder la thématique.

A la suite des observations effectuées, je souhaite m’intéresser à la manière

d’intégrer la couleur, ici déjà très présente, dans une pensée de restructuration et de

réhabilitation du Cabañal. Comment mettre à profit la couleur dans une politique de

revalorisation de ce quartier ? Il s’agit de s’interroger non seulement sur la façon

d’utiliser, d’injecter la couleur, mais aussi sur les moyens de révéler celle-ci.

Pour répondre à cette problématique, qui pourrait s’appliquer dans de

nombreuses villes, je propose tout d’abord de m’intéresser au quartier dans sa globalité

et de comprendre les processus qui ont permis à la céramique de prendre une place si

importante dans celui-ci. La première interrogation porte sur les événements successifs

qui ont amenés, suite à diverses évolutions, au développement du quartier tel que l’on

peut le percevoir actuellement. Nous verrons que l’organisation du réseau viaire en un

quadrillage très marqué est directement héritée de la trame mise en place par les anciens

pêcheurs et agriculteurs qui vivaient là auparavant.

Les couleurs des façades possèdent deux origines : les enduits mais surtout la

céramique. L’abondance de ce revêtement est assez unique et il convient donc de

s’interroger sur sa présence aussi marquée dans le Cabañal. La région de Valencia a

toujours été un bassin de production d’éléments en terre cuite grâce à ses so ls argileux

ce qui a permis aux habitants du quartier, sous l’influence du modernisme, de parer

leurs habitats de ce matériau. Il présente en outre la particularité d’être plus résistant

dans le temps et bien plus facile d’entretien.

Le parcellaire du Cabañal est quant à lui très fort et très régulier, calqué sur celui

originellement en place. Les rues, axes clairement signalés, rectilignes sont, pour la

majorité, encombrées par les voitures stationnées sur le bord de la chaussée. Seules de

petites ruelles transversales demeurent exclusivement piétonnes et cyclables. Malgré

cela, le Cabañal, comme grand nombre de quartiers populaires est un lieu où la vie

sociale a peu de limites. La rue représente ainsi le lieu de la sociabilisation, de la

Page 10: Marvillet Marine Mémoire de recherche

10

rencontre, de l’échange. Nous verrons que la rue possède un rôle bien plus large que

celui d’espace de circulation. Sa trame très homogène et répétitive a quelque part poussé

les habitants du quartier à exprimer leur personnalité, leurs goûts sur les façades et dans

les intérieurs de leurs habitats. La rue constitue ainsi comme une extension de l’habitat

que s’approprient les habitants. C’est une sorte de trait d’union entre la sphère privée et

la sphère publique. C’est ainsi un espace à part entière à considérer dans la dynamique

et la statique qu’il propose, dans son interaction avec l’habitat et sa capacité à

rassembler.

Dans un second temps, je souhaite me pencher plus précisément sur l’état actuel

du quartier. L’habitat contribue au dynamisme de la rue, sa façade donne une coloration

à l’ambiance qui s’installe dans le lieu. C’est un peu l’élément clé du quartier, celui qui

permet à tout un chacun d’exprimer ce qu’il est réellement, de se distinguer de son

voisin. Face à l’homogénéité des gabarits, la décoration intérieure et extérieure de son

habitat permet ainsi à chacun de se sentir exister au sein du groupe. Directement hérités

des anciennes barracas, il est assez simple d’identifier des types d’habitats selon leurs

gabarits.

A partir des premières observations faites sur l’organisation du Cabañal, il est à

présent nécessaire de connaître plus précisément le fonctionnement du système, de faire

une analyse coloristique du quartier : quels sont les matériaux utilisés ? Où est apposée

la couleur, sur quel support ? Quelles sont les couleurs dominantes ? Pourquoi ? Quels

sont les motifs utilisés ? … Tout ceci permettra finalement de dégager des constantes

dans l’organisation, la décoration des façades et de déboucher sur d’éventuels axes

majeurs de remise en valeur du quartier par la couleur, dans une trame en accord avec

celle déjà en place. Le quartier étant très étendu, l’étude portera sur un fragment de

territoire choisi pour son caractère de modèle à l’échelle du Cabañal.

Pour terminer cette phase analytique, je propose de m’intéresser plus

précisément à la Calle San Pedro, rue fondatrice du quartier. Elle est actuellement l’une

des plus endommagées du quartier et qui a connu le plus de destruction. L’objectif est

d’avoir une vision globale de son état actuel, de ses faiblesses, de ses vides, pour tenter

de renverser le processus et d’en faire des qualités et des forces.

Page 11: Marvillet Marine Mémoire de recherche

11

Enfin, à partir de ces analyses, je souhaite expliciter plus précisément certaines

propositions d’actions sur le quartier qui pourraient permettre de lui redonner vie, de la

revaloriser aux yeux de ses habitants et des passants mais aussi de remettre en valeur la

richesse patrimoniale dont il est serti. La première étape consistera à repenser la trame

verte quasi-inexistante dans le quartier et qui pourrait lui permettre de gagner

grandement en qualité de vie.

Dans un second temps, je m’intéresserai aux espaces vides qui jalonnent le lieu

et qui actuellement donne une image de quartier abandonné, où il ne fait pas bon vivre.

Comment ces vides peuvent être mis à profit et devenir au contraire de ce qu’ils sont des

espaces de suture du lieu. Face à la forte densité du Cabañal, il est possible de les

réinvestir dans des espaces de qualité au service de tous, habitants ou visiteurs.

Enfin, à partir de la connaissance précise de l’état de la Calle San Pedro, je

propose d’ébaucher un projet couleur pour la remise en valeur de celle-ci. Quelles

tonalités, quels matériaux peuvent être envisagés dans l’optique de lui redonner une

forte présence à l’intérieur du quartier. Il ne s’agit pas d’envisager un état figé futur

mais d’amorcer un processus de réflexion pouvant servir de base à une pensée de la

réhabilitation de cet espace.

Page 12: Marvillet Marine Mémoire de recherche

12

I – Cabañal, état des lieux

1 – Historique du quartier

Cabañal n'a pas toujours été ce qu'il est, un quartier maritime de plus de 20.000

habitants, de la troisième plus grande ville d'Espagne. À l'origine au XV° et XVI° siècle

un groupement de huttes et de cabanes de pêcheurs le long de la côte méditerranéenne

constitue le village. Il est alors un hameau qui se regroupe ensuite avec Cañamelar et

Cap de França, deux autres noyaux de population, pour former la municipalité

autonome de los Pueblos Nuevos del Mar (Villages nouveaux maritimes). Les

habitations, appelées barracas, s’alignent selon un axe Nord-Sud, laissant déjà paraitre

le tracé de l’actuelle Calle San Pedro (Rue Saint Pierre). L’orientation suit le tracé des

canaux d’irrigation qui parcourent alors la zone pour alimenter les huertas. Ce

positionnement donne aux logements une double orientation avantageuse entre mer et

huerta, Est/Ouest, qui permet en outre de profiter du soleil le matin et le soir, qui vient

réchauffer les maisons, mais aussi de la brise marine pour éviter les surchauffes en été.

Situé à seulement 5 km à l'est de la ville de Valencia, le site devient dès le XVII° siècle,

un lieu prisé de la bourgeoisie valencienne le week-end et pendant les vacances pour se

rapprocher de la mer, à laquelle la ville a toujours tourné le dos. Cabañal fait face à une

croissance rapide, accueillant toujours plus de nouveaux habitants, qui se tournent vers

la pêche et vers l'agriculture. Le village profite ainsi pleinement de ses atouts

géographiques. Il est toujours constitué de nombreux alignements de barracas qui

reproduisent la trame initiale : les rues sont orientées selon les points cardinaux avec des

axes principaux suivant les directions nord-sud et des traversantes Est-Ouest. Cette

trame très marquée est celle que possède toujours le quartier aujourd'hui. Le Cabañal a

dès ses origines entretenu d’étroits liens avec la ville de Valencia. On retrouve encore

actuellement le tracé de l'ancienne route reliant la ville et le village qui est devenue

l’actuelle Avenida del Puerto (Avenue du Port). Après près de quatre siècles

d'indépendance, Cabañal se retrouve intégré à la municipalité de Valence en 1897, en

même temps que Cañamelar et Cap de França, devenant un quartier à part entière de la

ville.

Parallèlement, plusieurs incendies ravagent les barracas qui, constituées de bois,

propagent rapidement les flammes à une grande partie des constructions. Après un

Page 13: Marvillet Marine Mémoire de recherche

13

important incendie en 1796 puis un second en 1875, détruisant plus de 250 barracas, la

décision est prise de reconstruire les habitations mais avec des matériaux plus résistants.

C'est le début de la construction des immeubles que l'on rencontre encore aujourd'hui.

Ils sont faits de murs maçonnés et de toitures en tuiles, bien plus résistants aux aléas de

la vie. Le parcellaire reste cependant inchangé, chaque construction venant reprendre

l’exact emplacement de la précédente, ce qui explique les gabarits plutôt homogènes des

habitations. La proximité de la mer ne présente pas que des avantages. En effet, si elle

permet au quartier de vivre des activités de la pêche, l’air marin détériore rapidement les

enduits et crépis apposés en façade. Il ne reste à ce jour que deux exemplaires de

barracas dans le quartier que certains urbanistes avaient projeté de détruire dans un plan

de réaménagement du quartier, pour les remplacer par une place arborée.

En 1893, Blasco IBAÑEZ, très attaché à la Méditerranée, émet l’idée de créer

une promenade maritime, très verte, jusqu’à la côte pour tisser un lien plus fort entre

Valencia et la mer, tenter de relier la ville à ce qu’elle a toujours nié. Son idée est de

connecter les deux entités mais sans se mettre en travers de l’existant. Cette date marque

le début de la construction de l’Avenida Blasco Ibañez, qui n’a aujourd’hui plus grand

chose à voir avec la promenade maritime qu’avait ébauchée Blasco Ibañez. Les

immeubles de grande hauteur ont occupé peu à peu les terrains destinés à l’origine à

l’implantation de petites unités d’habitation, comme en témoignent les quelques seuls

exemples construits qui subsistent tout au début de l’avenue, à proximité des jardins de

Viveres. La promenade maritime imaginée par Blasco Ibañez s’est ainsi peu à peu

transformé en une large avenue très passante (pas moins de six à huit voies de voitures

au total), qui vient dans sa fin se heurter au Cabañal. Ce développement si urbain et

routier est à l’origine des problèmes actuels de possible destruction d’une partie du

Cabañal pour prolonger l’avenue jusqu’à la mer.

Parallèlement, des travaux d’agrandissement du port de Valencia se succèdent.

Celui-ci est en perpétuelle expansion pour répondre aux problématiques d’espace pour

les chargements et déchargements de marchandises et de touristes. Les phases de

travaux sont incessantes entre la fin du XIX° et se poursuivent encore aujourd’hui. Ceci

a pour conséquence un recul progressif du Cabañal dans les terres, éloignant chaque fois

plus de la côte le noyau historique du quartier. Les nouvelles constructions s’étendent

ainsi toujours plus vers la mer. Le phénomène de tectonique des plaques amplifie cette

Page 14: Marvillet Marine Mémoire de recherche

14

problématique : chaque année la péninsule ibérique perd un peu de littoral sur sa façade

atlantique quand elle en gagne sur sa façade méditerranéenne.

Nous sommes alors à la fin du XIX°, début du XX° siècle, époque à laquelle

commence à se développer le modernisme partout en Europe. A Barcelone, les travaux

de Gaudí, s’inscrivant dans le courant Art Nouveau (modernisme catalan), utilisant la

technique du trencadis sont réalisés. C’est dans ce contexte que, décidés à rendre leurs

maisons les plus pérennes possible, les habitants du Cabañal commencent à apposer des

carreaux de céramique sur la façade et sur les parois intérieures de leurs logements. Les

habitants font en quelque sorte leur propre interprétation du modernisme à travers les

ornementations dont ils parent peu à peu les immeubles. On trouve aussi de nombreuses

maisons enduites à la chaux mais la céramique offre par rapport à la peinture la

possibilité d'une plus grande richesse ornementale et de motifs. Les couleurs

dominantes utilisées sont le bleu, couleur de la mer et le vert, couleur de la nature. Elles

sont directement tirées de l’entourage proche du quartier. De même, les motifs

s’inspirent aussi de ce contexte avec une prédominance des éléments aquatiques et

végétaux. Si les couleurs et les attributs se retrouvent un peu partout à travers le

quartier, lui donnant une certaine harmonie, chacun a cependant la volonté d'exprimer

sa personnalité, ses goûts à travers son logement. Le quartier jusque là très uniforme,

commence à se parer de multiples couleurs. Cette diversité coloristique et picturale est

encore aujourd'hui très visible et donne au lieu cette singularité, cette beauté qui m’a

moi même particulièrement intriguée lors de sa traversée et qui m'a finalement amenée à

m’y intéresser dans ce mémoire.

Pendant la période franquiste, la croissance urbaine du quartier continue, en

parallèle de celle de Valencia. Les quartiers de la ville ont fini par rejoindre le Cabañal

avec un développement sans réel lien avec les structures existantes dans le quartier. Au

cœur de l'ancien village maritime, à la fin des années 60, début des années 70, des

immeubles de grande hauteur aux crépis jurant avec le contexte sortent de terre ça et là.

On peut encore les distinguer aujourd’hui, comme des fractures dans le paysage urbain,

mais ils n'ont heureusement pas supplanté les habitats traditionnels aux céramiques

toujours aussi colorées.

Page 15: Marvillet Marine Mémoire de recherche

N

Cap de França

Cañamelar

Cal

le d

e la

Rei

na

Cal

le E

scal

ante

Cal

le S

an P

edro

Avenida Blasco Ibañez

Avenida Blasco Ibañez

Calle Millares

Plaza L.

de la Flor

Calle Pescadores

Le quartier Cabañal

Limites du quartier

100 50 100m25

15

Figure : 2 ; Plan ‘Conservación’

Source: http://www.plancabanyal.es/planos.php, 1998

Page 16: Marvillet Marine Mémoire de recherche

16

En 1993, fort de sa richesse architecturale, le quartier Cabañal obtient son

classement comme Bien d’intérêt culturel par la Consellería de Valencia. Malgré cela,

en 1997, la mairie de la ville décide la mise en place du plan PEPRI, prévoyant, entre

autres, la prolongation de l'Avenida Blasco Ibañez, comme expliqué ci-dessus. Il s'agit

de l'axe reliant l'autoroute venant du nord de l'Espagne à Cabañal et donc à la mer. La

municipalité souhaite donc créer une percée jusqu'à la mer, en coupant en plein centre

ce noyau urbain qui lui paraît trop hermétique, du fait de son fort réseau viaire orienté

Nord/Sud. Ce projet prévoit aussi la destruction de 2651 maisons dont la plupart sont

normalement protégées par le classement de 1993. De plus, il envisage de venir border

le prolongement de l’avenue d’immeubles tout aussi hauts que ceux qui se trouvent

actuellement le long de l’axe Blasco Ibañez, ce qui va à l’encontre du tissu urbain du

Cabañal qu’il viendrait percer.

Après de nombreuses visites du Cabañal, j'ai aussi été frappée par l'absence

notable de végétation. On croise bien quelques arbres Calle de la Reina, qui jouxtent ça

et là le bitume et les pavés usés par trop d'années de délaissement. On ne trouve aucune

étendue verte (jardin, parc, forêt, …) qui ait su trouver sa place dans cet ancien village

pourtant autrefois tourné vers la nature, l’agriculture. Seules quelques herbes folles

rôties par le soleil poussent par endroit, là où sous l'impulsion humaine les terrains

vagues ont pris la place des anciens bâtis. Cette absence évidente de la prise en

considération de l’élément végétal m'est apparue comme un manque réel pour la qualité

du quartier, dans cette ville côtière où les températures atteignent bien souvent des

sommets et où quelques espaces ombragés seraient les bienvenus. Si Cabañal, en tant

qu'entité urbaine, se caractérise par sa prédominance minérale, il gagnerait certainement

en qualité à parvenir à faire cohabiter la nature avec ce qui existe déjà. Le point soulevé

ici, me parait essentiel et devra certainement être questionné dans l’importance de sa

prise en compte dans la revalorisation du Cabañal.

Depuis plus de 15 ans, un collectif de voisins ‘Salvem El Cabanyal’ (Sauvons le

Cabañal), milite pour la sauvegarde du quartier dans son intégralité. Malgré l'opposition

du collectif et des instances nationales espagnoles, la municipalité de Valencia a déjà

réussi à récupérer pas moins de 400 maisons. Le résultat aurait pu être bien plus

défavorable sans les soutiens massifs qui se font plus nombreux au fil du temps et la

crise actuelle qui a permis de limiter les interventions urbaines et les rachats de

Page 17: Marvillet Marine Mémoire de recherche

17

bâtiments par la municipalité. Pour récupérer les maisons, la mairie emploie des

méthodes qui restent discutables. Elle mise en priorité sur l’appauvrissement progressif

du quartier accompagné par le départ spontané des populations, prêtes alors à lui céder

les immeubles à très bas coût. Pour assurer la détérioration progressive des bâtis et les

départs, elle freine autant que possible l'entretien des façades, en s'opposant à leur

rénovation et installe des populations migrantes, ne possédant aucune accroche réelle

avec le Cabañal se souciant peu de son devenir. Ce sont bien souvent des habitants aux

situations familiales et/ou sociales parfois difficiles. En quelques années, face à ces

mouvements de populations, le quartier est devenu le repère des trafics en tous genres et

a vu l’émergence de zones où la pauvreté se développe de plus en plus. Cabañal reste à

l'écart de tous les circuits touristiques de la ville, comme livré à lui-même. Ce territoire

délaissé ne parvient ainsi plus à mettre en valeur la richesse architecturale donc il est

emprunt, ce qui le met en péril.

2 – Une histoire de céramique

a) Manises, Onda, hauts lieux de la céramique

L’histoire du Cabañal est intimement liée à celle de la céramique. En effet,

comme nous venons de le voir, le grand incendie de 1796 amène à remplacer peu à peu

les barracas en bois par des constructions de briques bien plus résistantes. A la fin du

XVIII° début du XIX° siècle, l’influence du modernisme pousse les habitants à parer les

façades et intérieurs de leurs maisons de nombreuses céramiques colorées. La situation

du Cabañal au cœur de la communauté autonome valencienne n’est pas étrangère à cet

engouement pour la céramique. En effet, depuis le III° siècle avant JC, la région de

Valencia constitue un important centre de production de pièces en terre cuite. Que ce

soit dans la région du Quart de Pla (regroupant les localités de Manises, Alacuás,

Aldaya, Quart de Poblet) ou, plus au nord, entre la ville d’Onda et la rivière Mijares, les

sols sont très riches en argiles de grande qualité, constituant la base de la fabrication des

pièces céramiques.

Page 18: Marvillet Marine Mémoire de recherche

18

Les céramiques que l’on retrouve sur les façades du Cabañal datent pour la

grande majorité de la fin du XIX° siècle, et proviennent essentiellement de 2 régions :

Manises et Onda. Manises se situe à 10km à l’est de Valencia. Ce centre s’est développé

depuis le XIV° siècle du fait de la richesse de ses terres en argile, de l’abondance d’eau

disponible, de la proximité avec le port de Valencia qui lui permettait d’exporter

facilement ses productions, et grâce à la juridiction de la famille Boil entre les XIV° et

XVIII° siècles, qui a contribué à développer l’activité. La proximité de Manises avec le

Cabañal lui a permis de fournir facilement les artisans pendant toute la période de

reconstruction des habitats.

Cependant, le principal centre d’approvisionnement en céramiques est celui

d’Onda, à 70km plus au nord de la ville de Valencia. La région d’Onda, forte de sa

situation dans les contreforts des monts Ibérique, possède des sols très riches en marne

claire et en calcaire gris. Leur extraction a entraîné la descente des roches plus en

altitude, très riches en argile. Les argiles d’Onda sont très reconnaissables du fait de leur

légère coloration rosée due à la présence d’oxydes de fer dans les sols. Ils sont assez

compacts, lents au séchage et délicats, et nécessitent donc un gros travail en amont de

mélange de la terre crue avec de la terre cuite pour rendre la préparation plus facile à

travailler. La céramique d’Onda est très réputée grâce à Gaudí qui en fait une grande

utilisation dans ses productions. Le centre est devenu le plus gros producteur des

céramique à partir de la seconde moitié du XIX° siècle, du fait du déclin de la

production de Valencia qui a souffert de celle d’Onda, devenue de meilleure qualité,

mécanisée, plus économique et avec des résultats beaucoup plus homogènes. De plus, la

destruction des murailles médiévales de Valencia en 1865 a entraîné une réorganisation

du secteur industriel et favorisé le report progressif de l’activité de la céramique à Onda.

b) Motifs, techniques, pigments et couleurs

Les céramiques que l’on retrouve au Cabañal, tant en façade que dans les

intérieurs, sont pour la plupart des céramiques émaillées (cerámica vidriada). Après une

première cuisson de la terre crue modelée, la plaque d’argile est recouverte d’une

couche d’émail ou de vernis à base de plomb, de sel et de sable, puis est recuite pour

devenir imperméable. Cet émail, devenu blanc après la cuisson, constitue une couche

Page 19: Marvillet Marine Mémoire de recherche

19

opaque que l’on retrouve souvent en fond des azulejos. La couleur est apposée à l’aide

de trepas, sortes de pochoirs préparés dans du papier de zinc qui permettent de laisser à

nu les espaces où doivent être apposées les différentes couleurs. Pour réaliser un motif

complet d’azulejo, plusieurs trepas sont nécessaires : il faut des trepas pour chaque

couleur, et pour éviter que le trepa ne se déchire à force d’être humidifié, plusieurs

exemplaires doivent être prévus pour chaque motif monochrome. Une dernière cuisson

permet de fixer le tout. Une autre technique permet d’obtenir un aspect marbré. On parle

alors d’azulejo (jaspeado ou marmolineado). Il s’agit pour cela d’appliquer les pigments

colorés en même temps que l’émaillage stannifère (à base d’étain) pour obtenir une

dispersion des couleurs sur la surface recouverte.

Les motifs représentés font bien souvent référence à la nature (dans la lignée du

courant moderniste catalan) avec une prédominance de formes courbes, de

représentations de plantes, de branches et de motifs animaux et végétaux. Les

céramiques, en accord avec les propriétaires reprennent aussi des motifs internationaux

comme le damier, qui tire son origine dans le mouvement sécessionniste viennois, mais

veulent aussi parfois représenter l’environnement qui est le leur. En se promenant dans

le quartier du Cabañal, on retrouve aussi de nombreux motifs asiatiques ou égyptiens

qui interrogent quant à leurs origines. N’oublions pas que ce quartier a accueilli pendant

plusieurs siècles, et continue d’accueillir, une grosse communauté de pêcheurs et de

marins, en lien avec les activités portuaires. Ces derniers se sont parfois rendus très loin,

jusqu’en terres asiatiques ou égyptiennes à l’occasion d’échanges commerciaux.

Revenus au Cabañal, forts des cultures auxquelles ils avaient été confrontés, ils

souhaitaient reproduire sur leurs façades ce qu’ils avaient vu. C’est ainsi que des motifs

tels que des têtes égyptiennes ont fait leur apparition sur certaines céramiques du

quartier.

La céramique offre la possibilité d’utiliser une grande variété de couleurs. Ces

couleurs sont obtenues à partir d’oxydes qui constituent les pigments de base qui sont

ensuite mélangés à l’émail ou au vernis. L’oxyde de fer permet d’obtenir des tons ocre

et marron. Présent en grande quantité dans les sols de la région d’Onda, il a permis entre

1840 et 1870 de fabriquer le rouge d’Onda, ton très prononcé. L’oxyde de manganèse

permet l’obtention des tons foncés, de violet de noir et de marron prononcé. L’oxyde de

cobalt génère les variétés de bleu voir de noir, mais pour ce dernier on préfère souvent

Page 20: Marvillet Marine Mémoire de recherche

20

utiliser l’oxyde de manganèse. Le cobalt est extrait notamment dans les montagnes près

de Chóvar. C’est un oxyde plus cher que les autres car son processus de purification

demeure assez complexe. L’oxyde d’antimoine est à l’origine des nuances de jaune qui

peuvent aussi être réalisées lorsqu’il s’agit de colorer des décors avec du chromate de

plomb, qui confère un côté plus orangé. Enfin, le vert est obtenu à partir d’oxyde de

cuivre.

Les tons obtenus par mélange des pigments avec l’émail sont bien souvent plus

ou moins modifiés selon l’émail ou le vernis utilisé ainsi que selon le processus de

cuisson. Il est très difficile d’obtenir des tons clairs car ils brûlent facilement à la

cuisson. Enfin, l’ajout d’agents modificateurs, qui ne sont pas de réels pigments, permet

d’influer sur les tons pris par les couleurs pendant la cuisson.

Dans le quartier du Cabañal, on trouve de façon dominante des tons de bleu et de

vert. Malgré son coût plus élevé, le bleu est un pigment beaucoup plus stable et qui

conserve donc facilement sa couleur à la cuisson. Il s’agit, en outre, du ton

historiquement le plus utilisé dans l’histoire de la céramique émaillée. Le vert, quant à

lui, est un pigment très peu coûteux. Il a été très utilisé dans toute la production

céramique islamique car il était considéré comme l’expression même de la couleur. Le

contexte historique et technique permet donc d’expliquer la forte présence de ces deux

tons dans les céramiques présentes au Cabañal.

d) Pavimento de Nolla

Enfin, on trouve quelques exemplaires isolés de revêtements en pavage de Nolla

(pavimento de Nolla). Cette fabrique, située dans la localité de Meliana, à 10km au nord

de Valencia, a été fondée en 1860 par Miguel NOLLA BRUIXET. L’entreprise s’est

très rapidement développée face à l’innovation du matériau qu’elle proposait. Le pavage

de Nolla est en effet constitué à la base de kaolin, une argile blanche très présente dans

les terres alentour de Meliana. La grande différence technique qu’elle présente avec la

céramique réside dans la manière de gérer la couleur. Celle-ci est en effet directement

mélangée au kaolin, qui se retrouve teinté non pas en couche superficielle, mais

directement dans la masse. Les motifs sont ensuite réalisés par l’assemblage de petits

Page 21: Marvillet Marine Mémoire de recherche

21

morceaux de couleurs différentes, à la manière d’une mosaïque. Ce procédé de teinte

dans la masse confère au pavage de Nolla une plus grande résistance dans le temps.

Ce produit était, et est toujours considéré comme un produit de luxe, donc plutôt

utilisée par les familles bourgeoises, du fait de sa grande qualité encore aujourd’hui

reconnue. Lors de son apparition au milieu du XIX° siècle, il était très novateur dans le

monde du design par la modernité et l’efficacité de sa technique. La fabrique de

Meliana a fini par fermer dans les années 1970, après plus de 110 ans d’activité, face à

l’engouement progressif pour le granite qui a fini par supplanter le pavage de Nolla.

Aujourd’hui, on retrouve encore de nombreux exemples de son utilisation, notamment

sur les sols des immeubles bourgeois du centre ville de Valencia. Les revêtements de

façades ont eux toujours été très peu nombreux et constituent une grande richesse

patrimoniale. Il devient de plus en plus difficile actuellement de restaurer et préserver

les pavages de Nolla du fait de l’arrêt de la production du matériau il y a plus de 40 ans.

3 – La rue, une trame au service de l’appropriation spontanée

Comme nous avons pu le voir précédemment, l'organisation du quartier est basée

intégralement autour d'un quadrillage de rues. Les axes Nord-Sud constituent de plus

grosses artères que les axes Est-Ouest qui ne jouent que le rôle de ruelles traversantes.

On note d'ailleurs que les accès piétonniers correspondent à ces dernières tandis que les

voitures empruntent les voies les plus larges. Le résultat de cette composition est une

succession de voies carrossables bordées d’alignements sans fin de voitures en

stationnement. Si les voies de circulation sont empruntées, le trafic reste assez faible.

Les ruelles transversales sont elles assez larges pour permettre l’installation d’activités.

Ces deux facteurs associés à la culture du quartier et au climat favorable tout au long de

l’année, ont permis le développement d’un mode de vie adapté au sein du Cabañal.

En effet, la rue se trouve investie pleinement par ses habitants, ses usagers, qui

en ont fait un véritable lieu de vie où ils passent, pour certains, la grande majorité de

leurs journées. Les habitants du quartier, comme dans de nombreuses villes au climat

Page 22: Marvillet Marine Mémoire de recherche

22

très clément, ne se contentent pas d’habiter dans leur immeuble, ils vivent au cœur

même de leur quartier et utilisent l’espace de la rue comme s’il n’était qu’un

prolongement de leur habitat. Au même titre que certains possèdent un jardinet ou un

perron, les habitants de Cabañal ont fait de la rue leur interface entre les sphères

publiques et privées. Du fait du climat, on peut y croiser à toute heure et à toutes les

saisons, des enfants jouant au ballon, se courant après, des mères de famille assises en

groupe à discuter leur landau à la main d’autres se promenant, ou encore des hommes

plus âgés faisant leur sieste ou consultant le journal du jour. La rue est associée ici au

lieu même de la sociabilisation, de l’échange entre tous.

Elle possède une organisation très particulière où chacun semble avoir établi une

sorte de territoire à partager avec ses concitoyens. En repérage dans le quartier pour

m'imprégner du lieu et ramener quelques photographies pour l'écriture de ce mémoire,

j'ai été interpellée par un jeune garçon d'une dizaine d'années qui souhaitait que je mette

fin à ma prise de photos. Il m'a fait comprendre que je n’étais pas d'ici et que je devais

donc me plier à sa demande. Je n'ai pas souhaité insister face à sa détermination et ai

continué mon chemin dans une autre direction. Cette confrontation m’a quelque part fait

prendre conscience que si Cabañal n'est plus un village et fonctionne totalement avec le

reste de la ville il en conserve finalement certaines caractéristiques. Chacun semble se

connaitre et est capable de distinguer celui qui est alors ‘étranger’ au lieu. C’est

d’ailleurs ce regard là qu’a dû me porter le petit garçon rencontré. Il me considérait

comme ne faisant pas partie de son quartier et souhaitait me le faire comprendre.

Face à cette connaissance que tout un chacun a de son voisin, la rue apparait

alors comme un facteur clé, prépondérant. Au-delà de l'usage qui est devenu sien, elle

représente avant tout l'entrée dans le quartier, elle donne à voir celui-ci, permet de le

percevoir, de mettre en évidence les clés de lecture. En tant qu’élément important de

compréhension de l'espace, il est nécessaire de la mettre en relation avec le bâti qu’elle

borde, dans l'optique de mettre celui-ci le plus en valeur possible. Le rôle qu'elle a su

acquérir malgré son caractère de voie carrossable a su façonner et continue de modeler

Cabañal à l'image de ce qu'il est aujourd'hui. De la même manière, les habitants

investissent la rue à leur image, pour lui donner ce statut d’espace presque semi-privé

qu'elle possède. On observe ainsi qu’une sorte d'interrelation, d’interaction très forte

Page 23: Marvillet Marine Mémoire de recherche

23

entre les habitants et l’espace qu’ils habitent, les deux entités se faisant écho l'une

l'autre.

Lors d’une visite guidée du Cabañal à laquelle j’ai eu la chance de prendre part il

y a quelques semaines, à l’occasion des Portes Ouvertes annuelles du quartier, une

phrase de la guide a retenu mon attention :

« Las fachadas son como un fondo de telón de teatro, en el cual dialogan los

vecinos. » [Visite guidée de SEVILLA MADRID Carmen, Octobre 2014]

Cette vision que peuvent avoir les résidents de leur quartier révèle bien

l’importance que possède l’interface façade dans une compréhension du lieu. Dans ce

parcours, la rue tient un rôle primordial. Cette notion est actuellement quelque peu

délaissée et la rue ne parait envisagée que dans son état présent.

On constate ainsi que dans ce quartier, comme dans bien d’autres dans le monde,

l’espace public, identifié ici principalement à la rue, joue un très grand rôle. Il est un

espace partagé, où chacun doit pouvoir se rencontrer, se retrouver, échanger, s’identifier

et apprendre à se connaître. Les couleurs et matériaux en façade se trouvent donc ancrés

non seulement dans une culture locale, mais dans un système beaucoup plus large où

chacune vient dialoguer avec celles qui l’entourent. Les propriétaires des maisons

s’étant fourni en céramique dans les mêmes fabriques, il est ainsi normal de retrouver

certains motifs et tons répétés à travers le quartier. Cela donne au Cabañal une certaine

identité, une certaine unité face au patchwork qui le compose.

La rue constituant la majeure partie de l’espace public, glissant parfois vers le

domaine semi-privé, on comprend aisément le rôle prépondérant des façades et au-delà

de l’habitat dans la lecture et la compréhension de l’espace du Cabañal. Il m’apparait

donc important de prêter une attention toute particulière à cet habitat si singulier.

Si l'on se penche sur le parcellaire de Cabañal, on constate rapidement que les

parcelles sont plutôt régulières. Comme vu précédemment dans la partie historique,

cette organisation est directement héritée des anciens alignements de barracas

remplacées progressivement par des bâtiments en dur. A l'origine, les maisons se

trouvaient espacées d'1mètre36 pour permettre l'écoulement des eaux pluviales sur le

terrain qui était le sien. Les nouvelles constructions avaient obligation de s'aligner sur

Page 24: Marvillet Marine Mémoire de recherche

24

l'ancienne emprise au sol en maintenant l'interstice tant que l'habitation voisine n'avait

pas été remplacée. Les ventes et appropriations successives de ces espaces résiduels ont

finalement mené à l'apparition de parcelles aux largeurs variables : 5m40, 6m40 (le plus

courant car calqué directement sur les parcelles des barracas), 7m80, 8m45 et 9m15.

Les maisons occupent ainsi les parcelles dans leur profondeur tout en créant un

patio dans la partie arrière. Généralement les bâtis s'élèvent sur des hauteurs allant du

rez-de-chaussée au R+2, mais la majorité présente une typologie en R+1. Cette

homogénéité se retrouve non seulement dans les gabarits mais aussi dans ses usages. Le

rapport à l'espace public est identique, les distributions et l'usage de l'espace intérieur

sont les mêmes. Il ne reste finalement que la façade, son expression, qui donne à chaque

maison ses caractéristiques, ainsi qu’une identité propre.

Face à cette trame viaire si régulière et ce parcellaire si homogène, on comprend

aisément que celle-ci soit devenue le lieu de l'expression du propriétaire. Chacun peut

ainsi s'identifier à son logement, non pas par son adresse, mais par les caractéristiques

extérieures qu’il a souhaité donner à son habitat et qui reflètent sa personnalité. Les

habitants diront ainsi plus volontiers ‘j'habite la petite maison verte avec les céramiques

à damier’ que ‘j'habite Calle de la Reina 137’. Chacun se retrouve à travers son habitat,

à travers la façade qu'il a souhaité lui donner. Comme évoqué précédemment, les

devantures sont largement inspirées du courant moderniste, alors en plein essor. On

retrouve une très large palette de couleurs et de matériaux, notamment l’usage de la

céramique qui est omniprésente.

Page 25: Marvillet Marine Mémoire de recherche

25

II – Un patrimoine à réhabiliter

1 – Typologies d’habitats

L’observation des façades des maisons permet de noter rapidement des

similitudes entre elles, qui vont bien au-delà de leurs gabarits très homogènes. Elles sont

bien souvent symétriques avec un axe central et des ouvertures régulières et homogènes.

Un examen plus précis des matériaux et couleurs en façade, mais aussi une

connaissance approfondie de l’habitat permet de regrouper différents bâtis suivant des

caractéristiques communes et de les classer selon différents types explicités et justifiés

ci-dessous.

Types d’habitats :

Type A -> un seul niveau (RDC) accueillant un seul logement

Type B -> un seul niveau (RDC) avec deux logements par niveau

Type C1-> deux niveaux (RDC + R+1) avec un logement par niveau

Type C2 ->deux niveaux (RDC + R+1) avec deux logements par niveau

Type D -> trois niveaux avec deux logements par niveau

Les maisons de type A accueillent une seule famille ou un commerce ou un

atelier. Souvent, la façade comporte deux ouvertures composées d’une porte et d’une

fenêtre. La porte se trouve au centre de la moitié de la façade. Le soubassement est traité

sur une hauteur de 65 à 95 cm environ. Il est souvent peint mais trouve parfois son

expression dans l’usage d’un matériau. L’acrotère surmontant l’édifice est décoré de

moulures, céramiques ou s’apparente à un simple garde corps en ferronnerie lorsque la

toiture se trouve accessible.

Les maisons de type B sont implantées sur des parcelles de largeur plus

importante que celle de type A. La porte est alors introduite au centre et entourée de part

et d’autre par une fenêtre. Leur organisation globale est ensuite identique aux habitats

de type A.

Page 26: Marvillet Marine Mémoire de recherche

26

Les maisons de type C1 présentent la même structure que celles de type A, mais

avec un étage complet en plus. Le rez de chaussée est identique mais il existe une porte

plus étroite en partie basse permettant de desservir l’étage. On observe alors la présence

de deux portes côtes à côte qui cohabitent avec deux fenêtres de dimensions moindres.

Si le bâti est occupé par une seule et même famille sur les deux niveaux, la deuxième

porte est absente en façade car la desserte est alors faite par l’intérieur. Le R+1 présente

un axe de symétrie et est séparé du rez de chaussée par une moulure qui vient se fondre

avec les dalles en saillie des balcons. On retrouve le soubassement comme dans tous les

autres types sur une hauteur de 50 à 70 cm. Les ouvertures sont plus fortement

marquées par un encadrement et des cache-volets sont apposés en partie haute, servant

parfois de support à une expression ornementale. En partie haute se trouvent les grilles

de ventilation qui se fondent dans un bandeau souvent de matérialité différente. Enfin,

le fronton vient masquer les toitures. C’est un élément très important de la façade qui lui

donne un réel caractère. Il est souvent très travaillé, regorgeant de détails et peut même

laisser apparaitre le nom des personnes propriétaires de la maison ainsi que l’année de

construction du bâtiment. Lorsque la façade est totalement recouverte de céramiques,

certains éléments disparaissent, remplacés par des frises très picturales et colorées.

Les habitats de type C2 sont identiques aux C1 à la différence près qu’ils

présentent une plus grande largeur permettant d’accueillir deux logements par niveau.

La composition reste symétrique et s’apparente à l’accolement de deux entités de type

C1 unies par une couverture commune. On trouve alors deux portes doubles d’accès,

deux fenêtres ainsi qu’une porte plus étroite au centre pour la desserte de l’étage. Le

schéma de la partie supérieure est identique avec toujours la présence de balcons,

moulure de séparation, cache-volets, … Une ouverture souvent factice est placée au

centre, au-dessus de la porte de desserte de l’étage afin de ne pas rompre le rythme

instauré. Le fronton filant vient terminer d’unir la façade. Ce type est le plus fréquent

dans le quartier Cabañal.

Enfin, les constructions de type D calquent leur organisation sur le type C. Les

bâtiments présentent cependant un étage de plus au minimum, nécessitant la répétition

du motif dans les étages supérieurs.

Page 27: Marvillet Marine Mémoire de recherche

27

A l’origine, les maisons n’étaient pas forcément divisées en plusieurs sous

unités. Cependant, les héritages successifs ont fini par brasser les populations et rendre

les différents logements occupés par chacun des enfants ou encore des personnes

d’origines diverses. Cette occupation qui tend à se diversifier est parfois très lisible en

façade. En effet, il n’est pas rare de constater qu’un même bâtiment présente plusieurs

couleurs et/ou matériaux comme cartographiés sur la façade selon des zones bien

précises. Les nombreuses variations, le mélange des styles, construisent au final un

environnement très imaginatif où les langages et les couleurs articulent un ensemble

artisanal très subjectif qui sert pour qualifier, différencier et personnaliser. Certaines

personnes au Cabañal se souviennent encore de leurs parents ou grands parents

s’activant pour décorer au mieux leur maison, lui donner une touche personnelle,

unique. Cette différenciation personnelle, l’élaboration et l’apport se font bien souvent

depuis l’habitat intérieur qui vient qualifier l’extérieur. En fin de compte, la maison de

chacun qui, typologiquement n’offrirait pas de variations importantes, vient se révéler,

exister au milieu des autres.

Il faut noter que la couleur et les céramiques ne se retrouvent pas seulement en

façade mais trouvent aussi leur place jusqu’au cœur de l’habitat que ce soit dans les

différentes pièces constitutives du logement ou dans le patio jouxtant l’habitat, évoqué

plus haut. On retrouve ainsi la présence d’un soubassement en céramique sur une

hauteur de 80 à 90cm ainsi que des motifs iconographiques modernistes, riches en

lignes courbes provenant de stylisations végétales. Le revêtement de sol est souvent fait

de gros carreaux de céramique couvrant une très grande gamme de couleur.

Cette appropriation de l’espace par la couleur, les matériaux et les motifs permet

l’établissement d’un jeu ludique entre couleur et ornementation. Cette action que chacun

fait de venir apporter sa touche personnelle à sa maison s’apparente à une sorte de

territorialisation du secteur privé mais aussi public à l’image de la territorialisation

spatiale de l’espace de la rue elle aussi très présente.

Page 28: Marvillet Marine Mémoire de recherche

28

2 – Mise en évidence du potentiel coloristique du quartier

Il me parait à présent nécessaire de m’intéresser en détail aux façades qui

constituent la vitrine du quartier, l’interface avec l’espace public. J’ai pour cela mis en

place une grille d’analyse recensant les différents éléments qui se retrouvent sur les

façades. L’observation spontanée permet de recenser les constantes des différentes

maisons. Le schéma d’organisation type d’une façade est le suivant (largeurs, hauteur

et nombre d’ouvertures pouvant bien évidemment varier) :

Figure : 3 ; Façade type du Cabañal Source: de l’auteur

Page 29: Marvillet Marine Mémoire de recherche

29

De bas en haut, le bâti nait d’abord d’un soubassement qui vient englober les

ouvertures aux menuiseries très présentes et mises en valeur par des encadrements

souvent contrastés. Le corps principal de la façade se déploie ensuite, entrecoupé par

des moulures de séparation entre chaque niveau, et est agrémenté parfois

d’ornementations diverses. Les ouvertures des étages sont composées comme au rez de

chaussée d’une menuiserie mise en valeur par un encadrement distinct. Elles se

prolongent vers l’espace public par des balcons en saillie aux gardes corps métalliques

et surmontés de cache-volets permettant l’écoulement des eaux de pluie au-delà du

vitrage. En partie haute, le fronton, parfois acrotère est le support de la plus grande

richesse décorative, que ce soit au niveau des matériaux, des couleurs ou de

l’ornementation. Je m’intéresse alors pour chaque élément constitutif de la façade à sa

présence ou son absence, sa matérialité, sa couleur, son motif. Je détermine ainsi pour

chaque façade un profil coloré synthétisant les couleurs et motifs en présence et la

proportion qu’ils occupent sur la façade. Je prends aussi note des zones les plus abimées

qui correspondent aux points les plus fragiles. La compilation de ces données me

permettra ensuite de déterminer un profil coloristique du quartier et d’identifier les

zones d’usure principales des façades.

Pour procéder à cette analyse, après avoir bien étudié et observé le quartier, je

propose une sélection de 35 maisons de types différents que je propose de décortiquer

pour en retirer le maximum d’informations et mieux appréhender leur composition. La

carte en annexe 4 laisse apparaître les maisons étudiées. Je propose ensuite une sélection

des fiches d’analyse faites, les autres se trouvant en annexe 5.

Page 30: Marvillet Marine Mémoire de recherche

30

Page 31: Marvillet Marine Mémoire de recherche

31

Page 32: Marvillet Marine Mémoire de recherche

32

Page 33: Marvillet Marine Mémoire de recherche

33

Page 34: Marvillet Marine Mémoire de recherche

34

Page 35: Marvillet Marine Mémoire de recherche

35

Page 36: Marvillet Marine Mémoire de recherche

36

Page 37: Marvillet Marine Mémoire de recherche

37

Page 38: Marvillet Marine Mémoire de recherche

38

Page 39: Marvillet Marine Mémoire de recherche

39

Figure : 4-13 ; Analyse de façades

Source: de l’auteur

Page 40: Marvillet Marine Mémoire de recherche

40

Après avoir étudié plus précisément la composition des différentes façades, je

peux à présent faire l’inventaire des couleurs en présence. Il me paraît nécessaire de se

pencher plus précisément sur les différentes tonalités, les saturations, les contrastes et

les associations qui cohabitent.

Le vert est une couleur très présente. On la retrouve beaucoup sur la céramique,

en particulier sur celle aux motifs végétaux. Comme explicité dans la partie I.2, le

pigment vert, issu de l’oxyde de cuivre, est peu coûteux et symbolise la couleur dans la

culture islamique. Ceci explique sa si forte représentation. Il est utilisé dans des tons de

forte saturation, la saturation maximale étant atteinte dans les enduits des

soubassements. Le vert est utilisé dans des tons de forte saturation, la saturation

maximale étant atteinte dans les enduits des soubassements. Ceci étant souvent

contrasté par des encadrements d’ouvertures dans des tonalités de blancs, d’ocres clairs

ou de verts pâles. Cela permet d’obtenir une transition avec les menuiseries boisées très

saturées en marron, de mettre en valeur les ouvertures qui structurent la façade. On

trouve quelques exemples d’enduits et briques peintes dans des tons de verts clairs,

associés à des encadrements de baies blancs et des soubassements dans les tons d’ocre.

Deux associations me sont apparues assez inédites parmi celles observées sur les

façades étudiées. Au 185 de la rue Barraca, le vert pâle est associé à un bleu de même

saturation, qui fait presque vibrer la façade. Au de la même rue, le bleu du

soubassement, beaucoup plus saturé que les autres éléments de façade, met en avant

l’élément. Au lieu de chercher à le faire oublier, comme c’est le cas sur les autres

bâtiments, il est au contraire détacher et assume sa présence.

Le bleu se retrouve aussi beaucoup sur les éléments en céramique. Malgré son

coût élevé, l’oxyde de cobalt est plus stable que les autres pigments, d’où sa grande

utilisation en céramique. On le retrouve essentiellement sur des façades recouvertes

entièrement de céramiques, sans encadrements de baies pour venir contraster. Il se

trouve alors au contact du marron très saturé des boiseries. Les ouvertures se trouvent

alors gommées, comme mise sur le même plan que le reste de la façade. Les motifs sont

assez souvent simples et basés sur une alternance de blanc et de bleu, reprenant un

même élément de base (carreau, losange, demi-lune, …). On trouve quelques exemples

Page 41: Marvillet Marine Mémoire de recherche

41

de façades enduites dans le quartier, qui sont ce coup-ci contrastées par des

encadrements blancs ou bleus pâles.

Les ocres sont aussi très représentés, aussi bien dans des tonalités claires (ivoire)

ou plus intenses allant jusqu’au marron. Sur les façades étudiées, ils sont surtout

présents sur les soubassements sous forme d’enduits ou de pierres apparentes. Ce sont

alors plutôt des ocres clairs qui sont utilisés bien qu’on puisse noter quelques exemples

d’utilisation d’ocres foncés sous forme d’enduits. Les tonalités claires se retrouvent

aussi sur les éléments chromatiques d’articulation. Sur l’ensemble du quartier, les ocres

sont très présentes sous forme d’enduits de façade. Cela représente même une grande

majorité d’édifices. Utilisés dans différentes saturations, passant du jaune au beige ou

au carmin, ils donnent un fort relief à la rue. Les tons les plus saturés sont souvent mis

en valeur par des encadrements en tons beaucoup plus clairs et moins saturés, mettant

en exergue les boiseries. Les ocres intenses sont aussi souvent données par les

matériaux même.

Enfin, quelques façades arborent des tonalités rosées. On l’observe sur des

céramiques aux saturations diverses. Elle apparaît aussi sur des enduits souvent mis en

relation avec du blanc ou des ocres clairs. La proportion reste cependant assez minime à

l’échelle du Cabañal, mais contribue à l’étendue de la palette coloristique.

Le traitement de façade le plus récurent est celui de type mixte, faisant cohabiter

enduit et céramique. Les bâtiments recouverts entièrement d’azulejos sont souvent

beaucoup plus simples et épurés car présentant peu ou pas d’ornementation. Bien

souvent une frise vient remplacer l’élément ornemental.

On observe que la couleur est ici un facteur de territorialité dans le sens où elle

se convertit en un élément pour signifier et désigner les différents secteurs habités au

sein d’un même bâtiment ou d’une même rue. La couleur permet de détacher, mettre en

valeur non seulement une maison par rapport à une autre mais aussi un élément

ornemental apposé en façade.

Page 42: Marvillet Marine Mémoire de recherche

42

Cabañal est finalement un paysage urbain créé de toute pièce par ses habitants,

ses usagers résultant d’une expérience chromatique personnelle de chacun qui se

convertit en une manifestation collective des goûts personnels comme valeur esthétique,

individuelle et sociale de ce noyau de population caractéristique et différencié du reste

de la ville à laquelle il appartient. Le paysage urbain actuel est le fruit des décisions de

ses propres usagers menés par une expérience quotidienne de la couleur. Il n’y a pas

d’intervention extérieure en présence. Les anciens se souviennent encore de leurs

parents choisissant la manière de décorer leur maison. La couleur reste ici vitale pour ce

noyau urbain qu’est Cabañal, dans l’expression de la richesse dont il est emprunt.

L’importance des couleurs apposées en façade au travers des divers matériaux

qui la constituent (enduits, bois, balustrades métalliques, …) a toujours été envisagé

comme un choix personnel du propriétaire. A l’origine, comme évoqué plus haut, le

Cabañal constituait le lieu de résidence d’été ou de weekend de la bourgeoisie

valencienne. Le choix des matériaux de façade, l’ornementation, la surabondance des

motifs, permettaient à chacun de laisser paraître son rang social à travers son habitat.

Plus la famille été aisée, plus la façade était couverte de céramique travaillée, de détails

ornementaux, et plus l’acrotère était travaillé. On en revient ainsi encore à une

territorialisation qui s’exprime à travers les façades, symboles d’une identité.

3 – Calle San Pedro: les origines délaissées

La rue San Pedro, comme évoqué dans la première partie, représente le point de

départ du quartier Cabañal. C’est à partir de cet axe que l’ensemble du village initial

s’est développé. En tant que rue fondatrice, celle-ci est forcément chargée d’histoire et

de mémoire. Elle porte d’ailleurs le nom de San Pedro, ou Saint Pierre, qui n’est autre

que le saint patron des marins pêcheurs et qui est à l’image des origines du lieu : le petit

village maritime de pêcheurs.

Cependant, lorsque l’on se promène à travers le quartier aujourd’hui, l’arrivée

dans la rue San Pedro laisse perplexe. Là où autrefois s’alignaient les barracas des

Page 43: Marvillet Marine Mémoire de recherche

43

pêcheurs et agriculteurs, on se retrouve face à la portion la plus dégradée de tout le

Cabañal. Là où régnaient la densité et l’alignement, on ne trouve plus qu’une succession

de vides parfois bien plus imposants que les espaces bâtis qui les bordent.

En effet, la rue San Pedro est l’une des premières au contact de la fin actuelle de

l’avenue Blasco Ibañez. Cette proximité a quelque part favorisé sa détérioration certes

progressive, mais plus marquée qu’ailleurs. Paradoxalement, alors qu’elle avait été bâtie

en front maritime, San Pedro est maintenant le rue la plus éloignée de la mer, suite ua

recul progressif du front d’eau, notamment lié à la construction des nouvelles

infrastructures portuaires. Si dans le reste du quartier les habitants clament haut et fort

leur soutien à l’association Salvem el Cabanyal, la majorité est ici toute autre : les

habitants bordant le tracé du prolongement de Blasco Ibañez se prononcent plutôt en

faveur du plan PEPRI, porté par Rita Barberá, à la tête de la ville de Valencia. On

comprend ainsi aisément que la zone concernée par le projet soit ainsi aussi en proie aux

destructions massives.

De simples photos de terrain permettent d’obtenir une façade actuelle de cette

rue. Elle s’assimile à cela :

Page 44: Marvillet Marine Mémoire de recherche

44

Figure : 14 ; Façades de la rue San Pedro

Source: de l’auteur

On constate que les vides prennent une place très importante sur la partie Ouest

de la rue, et vont jusqu’à supplanter les pleins. Ils ne sont pour l’instant que de vastes

espaces résiduels laissés à l’abandon. L’exemple le plus marquant que j’ai pu noter est

sans nul doute celui du tracé de la piste cyclable qui mène de Blasco Ibañez à la plage.

Elle continue dans son dessin à contourner un îlot, inexistant depuis de nombreuses

années. Ces délaissés sont très rarement investis pas des enfants qui en ont fait leur

terrain de jeu, face au manque évident d’espaces de loisirs qui leur sont dédiés au sein

du quartier. Malgré cela, l’état actuel de la rue inciterait presque à pousser au

prolongement de l’avenue, comme le souhaite la municipalité, pour redonner au lieu une

fonction. Cela ne viendrait bien sûr pas lui rapporter sa dignité perdue. C’est pourquoi il

est grand temps de s’interroger sur le devenir de ces vides, aujourd’hui subi, afin de leur

Page 45: Marvillet Marine Mémoire de recherche

45

attribuer une véritable fonction et qu’il devienne des espaces structurants du quartier, en

révélant la richesse patrimoniale qui les borde.

Parallèlement, l’observation des façades permet de constater une quasi-absence

de céramique, très présente partout ailleurs, dans la rue. Les quelques maisons en très

bon état sont celles aux façades de briques. Les autres laissent apparaître une succession

d’enduis défraîchis qui laissent à penser que les maisons et les immeubles sont

abandonnés.

L’exemple de la rue San Pedro prouve parfaitement la résistance au temps des

matériaux comme la brique ou la céramique par rapport à l’enduit qu’il est nécessaire de

renouveler beaucoup plus souvent. La vieillesse des enduits a quelque part dévêtu la rue

de ses couleurs originelles et la fait paraître aujourd’hui comme très pâle et trop

uniforme. Les couleurs doivent reprendre leur place !

La remise en valeur du patrimoine historique de la rue San Pedro, à l’origine du

quartier du Cabañal, doit ainsi être envisagée selon différents aspects à considérer dans

une pensée de réhabilitation à l’échelle globale du quartier. Il s’agit d’adapter la

nouvelle trame aux vides hérités, en les investissant par des fonctions structurantes.

Cette reconsidération des espaces délaissés doit être mise en relation avec une réflexion

sur la place d’une trame verte beaucoup plus développée et qualifiée, qui va pouvoir

venir occuper une partie de ces vides. La dernière action que je propose, consiste à

mettre en place un ‘plan couleur’, qui consiste à repenser les matérialités, couleurs et

contrastes des maisons dégradées et ternies par le temps. Tout ceci fera l’objet de la

dernière partie de ce mémoire.

Page 46: Marvillet Marine Mémoire de recherche

46

III – Réhabiliter Cabañal ?

1 – Une trame verte repensée

Mes diverses visites du Cabañal m’ont permis de déceler un manque réel

d’espaces verts au cœur même du quartier. En partie Est, on trouve le grand parc, venu

remplacer les anciennes voies de chemin de fer. A l’Ouest on se trouve au contact de

l’aboutissement de l’avenue Blasco Ibañez, possédant une zone paysagée centrale. Dans

le quartier, seuls quelques arbres jonchent les rues ça et là. La place Lorenzo de la Flor,

au cœur du Cabañal, était avant un espace arboré, de loisirs, agréable pour les familles.

Elle a accueilli la première halle de marché du quartier, qui a depuis été déplacée un peu

plus au sud. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques éléments végétaux, les autres

ayant été arrachés, car jugés malades. L’espace de jeux n’est plus qu’une zone vague où

s’amoncellent sable et cailloux. Le quartier gagnerait donc beaucoup à récupérer une

véritable trame verte structurante : possibilité que je propose d’explorer à présent.

L’analyse de l’existant permet de constater que les vides laissés par les

destructions viennent recréer des axes forts de piétonisation, jusque là inexistants, ainsi

que des espaces plus dilatés au cœur du quartier, dont la trame originelle laisse peu de

place à des espaces vides étalés. On a ainsi un réseau d’axes et de poches vides qui se

prêtent totalement au réinvestissement.

La première entrée qu’il me paraît pertinent d’explorer est celle de la rue des

pêcheurs (Calle Pescadores). Elle vient en effet au contact de l’avenue Blasco Ibañez et

se prolonge vers l’est jusqu’à la mer. Centrale dans le quartier, la voie paraît stratégique.

C’est d’ailleurs le tracé actuel suivi par la piste cyclable. Je propose de réinvestir cet axe

par le vert. Il pourrait voir alterner : alignements arborés, espaces de pelouse et

végétation plus basse. En partie ouest, l’accroche est assez évidente avec des

alignements d’arbres préexistants sur lesquels je viens m’appuyer. En partie est, on a

déjà la présence d’un square sur la Plaza de los Hombres del Mar (Place des hommes de

la mer), ainsi que d’une promenade maritime plantée. La connexion se fait ainsi

aisément dans le prolongement de ce qui existe déjà. Dans la traversée du quartier, les

vides permettent au vert de s’étaler, créant une pause, une respiration.

Page 47: Marvillet Marine Mémoire de recherche

47

Le second axe qu’il me paraît primordial de reconsidérer est celui voyant

alterner les rues Millars, Sol et Empar Guillem. En effet, il relie maintenant

visuellement la fin de l’avenue Blasco Ibañez, marquée par le bâtiment de la station de

métro, à la Plaza Lorenzo de la Flor. Il se prolonge à l’est jusqu’au terrain vague, apparu

après la destruction de l’ancien terrain multisports, déplacé 20 mètres plus au nord. Le

lien entre ces différents éléments dégradés pourrait aussi s’envisager par un renouveau

partant du sol qui laisserait ainsi la végétation devenir l’élément unifiant. De même que

dans la rue des pêcheurs, les vides en périphérie de l’axe pourraient permettre

ponctuellement la dilatation de l’espace végétal.

Ces deux axes verts principaux proposés sont bien sûr voués à impulser des

dynamiques de végétalisation le long des axes nord-sud, routiers, où la marge de

manœuvre reste plus restreinte du fait de leur fonction. Il faut veiller à végétaliser avec

parcimonie afin de ne pas non plus faire disparaître les façades, dont les qualités

architecturales et patrimoniales ne font maintenant plus aucun doute. Elles doivent

conserver leur visibilité qui donne toute son identité au quartier. Les deux axes proposés

comme premiers supports d’une trame verte structurante, n’ont pas forcément vocation

à cohabiter. L’un peut fonctionner sans l’autre et inversement. De plus, la réflexion

amorcée peut être envisagée le long de l’ensemble des axes piétonniers est-ouest.

L’intervention est à adapter chaque fois en fonction des éléments de contexte ainsi que

des accroches en présence.

La végétalisation du cœur du quartier Cabañal me parait donc primordiale dans

une pensée de traversée plus douce de celui-ci. Elle trouve écho dans l’idée qu’avait

Blasco IBAÑEZ de créer une promenade jusqu’à la mer. Elle est en quelque sorte une

réponse à la considération des connexions des différentes entités de part et d’autre du

quartier. L’élément végétal permettrait en outre de venir recréer des zones ombragées,

adaptées au climat, dans une ville où les températures atteignent fréquemment les 40°C.

Page 48: Marvillet Marine Mémoire de recherche

N

Cap de França

Cañamelar

Cal

le d

e la

Rei

na

Cal

le E

scal

ante

Cal

le S

an P

edro

Avenida Blasco Ibañez

Avenida Blasco Ibañez

Calle Millares

Plaza L.

de la Flor

Calle Pescadores

Repenser la trame verte

Axes majeurs structurant

Transversales à exploiter

Diffusion nord-sud

Etendues végétales

Promenade maritime existante

Espaces verts existant

100 50 100m25

48

Figure : 15 ; Repenser la trame verte

Source: de l’auteur

Page 49: Marvillet Marine Mémoire de recherche

49

2 – Espaces détruits, sutures du lieu

La politique actuelle de la ville de Valencia laisse vacants de nombreux espaces,

comme nous l’avons déjà évoqué. Le maillage du Cabañal, autrefois très dense et

uniforme, s’est transformé par endroits en un véritable gruyère, laissant de nombreuses

friches livrées à elles-mêmes et dans un état de délabrement avancé. Par endroits, on se

croirait presque sur un champ de bataille tant la dégradation et la destruction sont

présentes. Cette impression est renforcée par la forte présence de rayures marron et

beige sur les murs au contact des vides. Il s’agit d’un marquage apposé par la

municipalité à chaque fois qu’elle parvient à récupérer une maison, comme pour

signifier sa force et son pouvoir de destruction. L’ensemble est assez effrayant.

Ces vides, porteurs de stigmatismes profonds, sont actuellement sous exploités

et nuisent à la perception des bâtiments alentour. Dès lors, il paraît nécessaire de

s’interroger sur leur devenir et leur possible réintégration au quartier, de ne plus les

percevoir comme des espaces dégradants mais plutôt comme de véritables potentiels de

renouveau et de restructuration du lieu. Nous l’avons vu, la rue est un lieu clé au

Cabañal, dans sa dimension sociabilisante. C’est un espace emprunt de nombreuses

valeurs insufflées par les habitants. Ces friches représentent une réelle opportunité

d’offrir de nouveaux espaces de sociabilisation aux résidents.

De plus, nous avons déjà pu constater que le Cabañal comporte très peu

d’espaces publics de places, placettes, squares, aires de jeux ou parcs en dehors de la

Plaza Lorenzo de la Flor. Ce sont donc des fonctions à envisager dans la requalification

de ces vides. Cette programmatique se doit de traiter les nouvelles interfaces en

présence : les destructions ont laissé des pignons aveugles et des pans de mur en contact

direct de l’espace public. Ce sont des supports, des limites à questionner et exploiter.

Cela peut s’envisager de diverses manières: art urbain, recouvrement complet par la

couleur enduite ou la céramique pour trouver un écho à l’existant,…

Si l’on s’intéresse à la situation actuelle du Cabañal, on note une forte présence

des vides en partie ouest, au contact de l’avenue Blasco Ibañez et de la rue San Pedro

(phénomène abordé en II.3). On trouve aussi de plus petites friches en partie centrale du

Page 50: Marvillet Marine Mémoire de recherche

50

quartier. Elles possèdent des formes, des dimensions et des contextes très divers, ce qui

permet d’envisager d’y réinjecter de multiples usages.

Le quartier de Cabañal est aujourd’hui un quartier essentiellement résidentiel.

On retrouve seulement quelques commerces dans la rue de la Reine (Calle de la Reina),

la rue Josep Benlliure ou la rue d’Escalante. De même, on retrouve très peu

d’équipements. On note seulement la présence du Théâtre de l’Estrella (de l’étoile) sur

la Plaza Lorenzo de la Flor, aujourd’hui peu utilisé, d’une bibliothèque de quartier dans

la rue de la Reine et du terrain multisports en partie est. Il est donc tout à fait

envisageable et même souhaitable de projeter de nouveaux équipements dans ce quartier

de plus de 20000 habitants.

En partie est, au contact de l’avenue Blasco Ibañez et de la Place Lorenzo de la

Flor, là où les vides sont les plus étendus, je propose de venir replacer de l’équipement,

qui nécessite de vastes surfaces de programme et pourrait en outre bénéficier d’espace

de parvis, qui lui-même combinerait les fonctions de parvis et de place. Ce travail

autour d’un vide fonctionnel, permettrait le maintien de plus fortes connexions avec

Valencia. Sa situation stratégique en tête du quartier donnerait une nouvelle dimension à

l’entrée dans le Cabañal, lui permettant de gagner en lisibilité extérieure. Les

équipements viendraient occuper les parcelles les plus larges pendant que d’autres

pourraient être investies par des espaces de places, de passages végétaux ou minéraux.

Les interstices les plus modestes de dents creuses pourraient accueillir de nouveaux

espaces de logements ou de commerces, pour venir suturer la trame mise à mal.

J’imagine assez bien l’implantation d’un véritable pôle culturel en lien direct à la

Place Lorenzo de la Flor, nouvellement végétalisée, qui viendrait s’affirmer comme un

réel centre dynamique et attractif pour le quartier. Ce renouveau s’accompagnerait bien

évidemment d’une remise en valeur du patrimoine bâti, alors délesté des délaissés

actuels. Le pôle culturel serait tout à fait en mesure d’accueillir un musée de la

céramique, afin de mettre en avant la richesse du lieu. Il faut garder à l’esprit que la

restructuration du quartier par la couleur, notamment en s’appuyant sur le matériau

céramique, passe non seulement par sa remise en valeur (environnement, restauration,

recul, …), mais aussi et surtout par une meilleure connaissance de celle-ci par le grand

public. Une programmatique de la sorte permettrait ainsi de répondre aux deux enjeux.

Page 51: Marvillet Marine Mémoire de recherche

51

Un second vide constitue un site à potentialités, du fait de son étendue. Il s’agit

de la friche de l’ancien terrain multisports, déplacé par la municipalité dans son optique

de prolongement de l’axe Blasco Ibañez. Sa proximité aux équipements sportifs de plein

air, à la plage et au parc laisse envisager la possibilité d’implanter un équipement à

vocation sportive dans la continuité de l’axe déjà en place, sur l’ancien tracé des voies

de chemin de fer.

Les deux pôles ainsi projetés définiraient un véritable axe structurant pour le

quartier, lui permettant de se reconnecter à la périphérie, mais aussi d’insuffler de

l’activité, dans l’optique de révéler ce lieu aux yeux du plus grand nombre. Les vides

viendraient par leurs nouvelles fonctions redonner des couleurs aux éléments de

patrimoine architectural, alors porteurs d’une plus grande force.

Page 52: Marvillet Marine Mémoire de recherche

N

Marché

Bibliothèque

Théâtre

Cap de França

Cañamelar

Cal

le d

e la

Rei

na

Cal

le E

scal

ante

Cal

le S

an P

edro

Avenida Blasco Ibañez

Avenida Blasco Ibañez

Calle Millares

Plaza L.

de la Flor

Calle Pescadores

Réinvestir les vides

Places et parvis d’équipements

Equipements existants

Equipements socio-culturels

Equipements sportifs

Espaces végétalisés

Logements 100 50 100m25

52

Figure : 16 ; Réinvestir les vides

Source: de l’auteur

Page 53: Marvillet Marine Mémoire de recherche

53

3 – San Pedro, ¡A todo color!

Comme évoqué en II.3, la rue San Pedro, fondatrice du quartier Cabañal, est la

plus menacée du quartier. En proie aux destructions massives, les espaces de vide ont

peu à peu supplanté les espaces bâtis sur certaines portions. De nombreuses maisons se

retrouvent abandonnées et donc menacées. Il faut dire que beaucoup de façades sont

enduites et perdent peu à peu leurs couleurs. On assiste à un effacement progressif du

lieu qu’il est urgent de réactiver.

Je propose donc dans cette dernière partie de me centrer sur une portion de la rue

qui fait face à un immense espace vide (figure 14 – panorama 1) et de proposer une

amorce d’un plan couleur pour ces maisons.

Figure : 17 ; Zone d’étude

Source: de l’auteur

On perçoit immédiatement la présence des rayures marron et beige de la

municipalité qui se fondent de manière uniforme dans le paysage de cette rue. Les

couleurs en présence sont assez ternes et dans des tons d’ocre. On note aussi la présence

d’un certain nombre de bâtiments plutôt endommagés. Seuls trois bâtiments ont attiré

mon attention : le premier bâtiment bleu sur la gauche qui présente une morphologie un

peu différente de celles qui sont observables dans le quartier. Sa couleur bleue très

saturée le démarque fortement. Le deuxième bâtiment est la petite maison ocre rouge à

la porte bleue. L’association des deux couleurs rappelle fortement celle utilisée sur la

façade du théâtre de l’Estrella donnant sur la Place Lorenzo de la Flor. L’encadrement

de porte traité par le blanc vient marquer fortement l’entrée et permet à l’ocre et au bleu

de ne pas se faire concurrence. Cette belle complémentarité de tons et de saturations

permet à la façade d’exister. Enfin, le dernier bâtiment, aux rayures bleues et blanches

Page 54: Marvillet Marine Mémoire de recherche

54

est en réalité la façade arrière du théâtre de l’Estrella. La façade de la place était

auparavant traitée de la même manière avant sa réhabilitation. Elle attire l’œil par son

jeu de rayures blanches et bleues qui occupent une grande partie de la façade. La

signalétique joue elle aussi un rôle primordial dans la compréhension du caractère

public et culturel du bâtiment.

Autour de ces trois maisons gravitent des bâtiments aux qualités architecturales

et patrimoniales évidentes mais qui ne demandent qu’à retrouver des couleurs. Il est

possible de s’appuyer sur des structures chromatiques et architecturales en place. On

note la présence de soubassements assez marqués qui s’inscrivent dans la lignée de ce

qui s’observe dans le quartier. On retrouve les compositions des façades types

identifiées et les gabarits.

L’analyse coloristique effectuée dans le II.2, m’a permis de percevoir des

systèmes chromatiques et architecturaux récurrents. Les encadrements de baies sont

souvent traités par des coloris clairs mais affirmés (blanc, vert, beige, …), contrairement

au fond de la façade qui, enduit ou en céramique, présente des tons plus foncés et

saturés. C’est un procédé à réutiliser ici. Les façades enduites et céramiques cohabitent

dans les rues et les deux matériaux se font très souvent écho sur une même façade. On

retrouve des couleurs récurrentes comme le bleu, le vert et les ocres mais il ne se

détache pas une véritable règle d’harmonie, ce qui fait est à l’origine de la singularité et

de la richesse du lieu.

A partir de toutes ces observations, je propose à présent une nouvelle façade

pour cette portion de la rue San Pedro. Cela permettrait de la réinsérer au cœur même du

Cabañal et d’apporter une image plus positive du lieu.

Page 55: Marvillet Marine Mémoire de recherche
Page 56: Marvillet Marine Mémoire de recherche

56

Conclusion

A travers ce mémoire, je souhaitais donc m’intéresser au quartier du Cabañal,

interface maritime de la ville de Valencia. C’est un lieu qui m’a toujours étonnée et

touchée par la richesse architecturale, patrimoniale et coloristique qu’il présente

richesse qui, à mon sens, n’est pas suffisamment exploitée. C’est un lieu où règnent la

couleur et l’éclectisme qui sont de réels marqueurs de son identité. Tout au long de

l’étude que j’ai pu faire du quartier, la couleur m’a servie de fil conducteur, ce qui m’a

amenée à m’intéresser à ses supports, ses expressions, ses usages, … J’ai pu constater

que le Cabañal s’est construit de lui-même, de l’intérieur. A chaque fois ce sont ses

usagers qui ont su le façonner à leur image.

Afin de remettre en valeur ce lieu, j’ai proposé trois axes d’action : une pensée

du vert au cœur du quartier, un réinvestissement de ses vides et une réflexion autour

d’actions couleur sur les façades. Les trois propositions fonctionnent de manière

totalement conjointe dans la mesure où la couleur, pour être révélée, a aussi besoin d’un

contexte pensé pour la révéler.

La trame verte doit à mon sens être développée en premier lieu autour d’axes

stratégiques lui permettant de recréer des espaces de promenade, de déambulation mais

aussi des connexions entre la ville de Valencia et le front maritime. A partir de cette

base, le végétal peut s’étendre progressivement et venir par endroits investir les espaces

détruits.

Ces friches doivent aussi être mises à profit du quartier. Certaines peuvent

devenir des parcelles à projet, notamment d’équipements dont manque le quartier.

Toutes n’ont pas la nécessité d’être comblées. Il faut profiter de ces failles, de ces

dilatations créées dans ce réseau si dense, pour en faire des lieux de sociabilisation, de

détente, des espaces où les habitants puissent venir réinvestir des valeurs et qu’ils aient

la possibilité de s’approprier de la même manière qu’ils se sont toujours appropriés

pleinement l’espace de la rue.

Page 57: Marvillet Marine Mémoire de recherche

57

Enfin, la restructuration plus urbaine du Cabañal ayant été envisagée, il est alors

possible de se pencher sur les façades, supports des couleurs. Leur remise en valeur doit

leur permettre de retrouver des couleurs, un éclat perdu. Cela passe par une pensée des

matériaux, des motifs et des tons à faire dialoguer les uns avec les autres. S’il existe

aujourd’hui un nuancier des teintes à utiliser, je pense qu’il est possible de passer bien

au-delà de cela. Le quartier est le résultat d’un ensemble d’actions individuelles et

spontanées sur les façades, qu’il faut à mon sens arriver à préserver sans vouloir par

tous les moyens réglementer. Il ne faut pas non plus en arriver à penser que tout peut

être envisagé mais plutôt réfléchir la couleur dans un lien à l’existant et par une

concertation, un dialogue qui laisse la possibilité de préserver cet éclectisme.

Le quartier du Cabañal, dans son état actuel, peut être le support d’une infinité

de projets, d’actions. Il est possible de s’intéresser à des quartiers similaires dans

d’autres villes pour percevoir l’étendue du champ des possibles. L’île de Burano, au

nord de la lagune de Venise, en Italie présente de nombreuses similitudes avec le

Cabañal. Petit village de pêcheurs grâce à sa proximité avec la mer, elle est réputée pour

sa succession de maisons aux enduits très colorés et sa dentelle. Les couleurs n’étaient

certainement pas aussi vives à l’origine mais l’arrivée des pigments d’origine organique

ont permis d’assister aujourd’hui à une véritable explosion des teintes. On vient de très

loin pour admirer les façades si singulières que la ville a réussi à mettre en valeur.

Cependant, le phénomène devient de plus en plus touristique, obligeant les habitants à

repeindre tous les deux ans leurs façades pour les maintenir en état.

Cet exemple prouve qu’il est possible d’attirer grâce à un patrimoine singulier,

coloré, lorsqu’il est mis en valeur et entretenu. Un appui plus important de la

municipalité ou d’organisations nationales et internationales pourrait permettre cela.

L’association Nord Américaine World Monument Found, a d’ailleurs classé en 2011 le

quartier dans sa liste ‘Watch’, son programme de défense des monuments en danger de

disparition ou de dégradation.

Ce classement est une véritable reconnaissance pour le Cabañal qui va

certainement lui permettre d’impulser une nouvelle dynamique dans les années à venir.

La traversée du lieu permet de se rendre compter, qu’au-delà de la couleur, le quartier

est un peu un musée de la céramique à ciel ouvert. C’est un exemple assez unique en

Page 58: Marvillet Marine Mémoire de recherche

58

son genre, qui regroupe dans un espace restreint un nombre incroyable de spécimens. Le

travail de l’argile dans toute la communauté autonome valencienne a créé une véritable

impulsion en même temps que le développement du modernisme.

Il serait donc judicieux de penser, au-delà de la simple mise en valeur par la

restauration, un moyen de faire connaître ces céramiques, leurs caractéristiques, leurs

modes de production, leurs origines, … Pour cela, plusieurs options sont envisageables.

La plus simple consisterait à créer un parcours dans le Cabañal, Cañalemar et Cap de

França, recensant les façades clés à découvrir. Cette déambulation in-situ serait un

formidable vecteur de réactivation d’une activité non pas centralisée en un point mais

répartie sur la globalité du quartier.

Une seconde option, qui pourrait fonctionner conjointement à la première, serait

la création d’un musée dédié à la céramique. Il permettrait aux habitants du Cabañal,

aux Valenciens et aux visiteurs de redécouvrir l’art céramique si présent dans la région

valencienne et pourtant trop peu connu. Il pourrait s’insérer dans la ville comme un

complément au Musée Marqués de dos Aguas du centre ville, qui présente les

collections du fondateur du musée, Manuel GONZALEZ MARTI. L’équipement

viendrait de plus réactiver un pôle d’activités culturelles en venant réinvestir les espaces

de vides hérités.

Pour maintenir le Cabañal, il reste cependant urgent d’entreprendre avant tout un

gros travail de pensée à l’échelle urbaine, globale de la ville de Valencia : repenser les

connexions piétonnes, cyclables, automobiles. Le nombre important de percées est-

ouest à travers le quartier permet d’envisager leur utilisation partielle pour proposer une

alternative au plan PEPRI, bien trop déconnecté de l’existant. Il faut songer à utiliser

aussi les axes majeurs qui mènent directement à la mer, à savoir l’avenue du Port, qui

relie directement le centre ville au port en partie sud, ou encore l’avenue Tarongers, plus

au nord, qui dessert une grande partie des universités et se connecte aux réseaux

autoroutiers du nord de l’Espagne.

Evidemment, la solution de prolongement de l’avenue Blasco Ibañez, en

poursuivant de manière systématique sont tracé, recréerait un lien très fort et beaucoup

Page 59: Marvillet Marine Mémoire de recherche

59

plus perceptible à la mer. Mais est-ce vraiment penser la ville, que de vouloir à tout prix

créer cette relation sans s’interroger sur les espaces traversés, sur leurs qualités et les

enjeux qu’ils portent à l’échelle globale du territoire urbain ? Valencia s’est établie non

pas au contact de la méditerranée mais à 3 km plus à l’ouest, dans un bras de la rivière

Turía. Elle lui a toujours tourné le dos. Il est grand temps pour elle d’exploiter enfin

cette richesse, mais certainement pas au détriment de la destruction pure et simple d’un

noyau porteur d’autant de valeurs, et qui pourrait être un véritable appui dans ce

nouveau lien à tisser vers l’est.

Après un an de recherche, il est à présent temps de conclure cette étude, riche en

apprentissages et en découvertes. C’est en tout cas un travail dans lequel je me suis

sentie pleinement investie. La thématique de la couleur dans la pensée des espaces

urbains et architecturaux m’a toujours semblée primordiale et j’ai pu grâce à ce

mémoire prendre la mesure des possibilités qu’elle offre.

J’ai eu beaucoup de plaisir à retourner à la rencontre du quartier et de ses

habitants. J’ai à chaque fois été accueillie, écoutée, conseillée. Cela a toujours été de

vrais moments d’échanges et de partage, que j’attends impatiemment de revivre lors de

mes futures visites à Valencia. J’espère que la ténacité et le courage des habitants finira

par leur prouver qu’ils ont eu raison de se battre pour la sauvegarde d’un si bel exemple

de patrimoine à préserver.

Page 60: Marvillet Marine Mémoire de recherche

60

Vocabulaire hispano-valencien

Azulejos : carreaux de faïences décorés de motifs souvent peints à la main. On

les retrouve beaucoup dans les régions du sud de l’Espagne et au Portugal

Barracas : petites maisons de bois, souvent servant d’habitats aux pêcheurs et

que l’on retrouve dans toute la région valencienne

Huerta : terres cultivables, en général très fertile car profitant de l’irrigation de

cours d’eau ou de dépôts sédimentaires hérités des temps passés

Trencadis : technique de mosaïque utilisant des bris de céramiques qui a été très

utilisée pendant la période moderniste catalane et valencienne et est réputée à travers les

œuvres de Gaudí.

Viveres (ou viveros en castillan) : pépinières

Page 61: Marvillet Marine Mémoire de recherche

61

Bibliographie

Livres:

ALBERT-VANEL, M. La couleur dans les cultures du monde, Editions Dangles,

Chine, 2009, 424 p.

CABALLERO, G., PASCUAL, J.V., TARIN, S., CHORNET, J., GALLART V., DIEZ,

J. et MARTORELL, P. Houses from El Cabanyal Valencian Modernism for the XXI

century, L’oronella, réedition de 2013, Valencia, 167 p.

FRASER, T. et BANKS, A. Couleur : le guide le plus complet, Evergreen, Auckland,

2005, 224 p.

JARQUE, F. et SIMO, T. El Cabanyal un barrio patrimonial a rehabilitar, Universitat

de Valencia, Universitat Politècnica de Valencia, 2013, Valencia, 125 p.

LENCLOS, J.P. et LENCLOS, D. Couleurs de l’Europe : géographie de la couleur, Le

Moniteur, Paris, 2003, 271 p.

NOURY, L. et PASTOUREAU, M. La couleur dans la ville, Le Moniteur, Paris, 2008,

167 p.

NOURY, L. Symbolique : la ville en couleur, Huitième jour, Paris, 2010, 153 p.

SERVANTIES, M.P. Chromo-architecture : l’art de construire en couleur, Editions

Alternatives, Paris, 2007, 156 p.

Thèses:

GARCIA CODONER, A. Las estructuras cromáticas en el paisaje urbano del

Cabanyal. Thèse de doctorat, sous la direction de DE LA CALLE, R., Facultat de

Bellas Artes de la Universidad Politécnica de Valencia, 1986, 488 p.

FELIU FRANCH, J. La cerámica arquitectónica de Onda en el siglo XIX. Thèse de

doctorat, sous la direction de MINGUEZ CORNELLES V. M., Universitat Jaume I

Castellón de la Plana, 11/12/1998, 482 p.

Page 62: Marvillet Marine Mémoire de recherche

62

Mémoire:

GARCIA BLAYA, S. Cerámica artística de Onda. Mémoire de recherche pour

l’obtention du titre universitaire en culture et patrimoine, Universitat per a majors

Jaume I Castellón de la Plana, Mai 2006, 100 p.

Projet de fin d’études:

GADEA FAJARDO, J. L. Prolongación de la Avenida Blasco Ibañez, evolución del

proyecto. Projet de fin d’études en ingénierie de la construction, Universidad

Politécnica de Valencia, 16/07/2013, 23 p.

Etudes de terrain :

DOMENECH, M. Entretien du 27 Avril 2014, 1h30 d’enregistrement

SEVILLA MADRID, C. Visite guidée du Cabañal, dans le cadre des XVI° Portes

Abertes ‘Cabanyal l’Art de Resistir’, 26/10/2014, 2h de visite

Sites web consultés:

http://www.cabanyal.com/

http://urbancidades.wordpress.com/2010/01/28/el-cabanyal-de-valencia/

http://es.wikipedia.org/wiki/Caba%C3%B1al-Ca%C3%B1amelar

http://www.plancabanyal.es/galeria.php

http://es.ecowikis.wikia.com/wiki/Valencia_-

_Destrucci%C3%B3n_del_barrio_del_Cabanyal

http://www.lasprovincias.es/v/20110311/valencia/pavimentos-nolla-empresa-pionera-

20110311.html

Page 63: Marvillet Marine Mémoire de recherche

63

Liste des figures

Figure : 1 ; Patchwork

Source : de l’auteur, p 1

Figure : 2 ; Plan ‘Conservación’

Source: http://www.plancabanyal.es/planos.php, 1998 et de l’auteur, p 15

Figure : 3 ; Façade type du Cabañal

Source: de l’auteur, p 28

Figure : 4-13 ; Analyse de façades

Source: de l’auteur, p 30-39

Figure : 14 ; Façades de la rue San Pedro

Source: de l’auteur, p 43-44

Figure : 15 ; Repenser la trame verte

Source: de l’auteur, p 48

Figure : 16 ; Réinvestir les vides

Source: de l’auteur, p 52

Figure : 17 ; Zone d’étude

Source: de l’auteur, p 53

Figure : 18 ; Un projet couleur pour la rue San Pedro

Source: de l’auteur, p 55

Page 64: Marvillet Marine Mémoire de recherche

64

Annexes

Annexe 1: Le Cabañal dans la ville de Valencia

Source : https://proyectomarianmorenolara.files.wordpress.com/2012/11/plano-

valencia-letras-grises.jpg

Page 65: Marvillet Marine Mémoire de recherche

65

Annexe 2: L’évolution du Cabañal et de son habitat,

Source : Images réalisées par Alfonso FERNANDEZ MOROTE pour la stratégie

'Prolongar El Cabanyal' coordonnée par Luis Fco HERRERO GARCIA

Page 66: Marvillet Marine Mémoire de recherche

66

Page 67: Marvillet Marine Mémoire de recherche

67

Page 68: Marvillet Marine Mémoire de recherche

68

Page 69: Marvillet Marine Mémoire de recherche

69

Page 70: Marvillet Marine Mémoire de recherche

70

Page 71: Marvillet Marine Mémoire de recherche

71

Page 72: Marvillet Marine Mémoire de recherche

72

Page 73: Marvillet Marine Mémoire de recherche

73

Page 74: Marvillet Marine Mémoire de recherche

74

Page 75: Marvillet Marine Mémoire de recherche

75

Page 76: Marvillet Marine Mémoire de recherche

76

Page 77: Marvillet Marine Mémoire de recherche

77

Page 78: Marvillet Marine Mémoire de recherche

78

Page 79: Marvillet Marine Mémoire de recherche

79

Annexe 3: Le plan PEPRI

Source : http://www.plancabanyal.es/planos.php

Page 80: Marvillet Marine Mémoire de recherche

N

Localisation des bâtiments étudiés

Bâtiments référencés

0 50m25

80

Annexe 4: Localisation des bâtiments étudiés

Source : de l’auteur

Page 81: Marvillet Marine Mémoire de recherche

81

Annexe 5: Analyse des façades

Source : de l’auteur

Page 82: Marvillet Marine Mémoire de recherche

82

Page 83: Marvillet Marine Mémoire de recherche

83

Page 84: Marvillet Marine Mémoire de recherche

84

Page 85: Marvillet Marine Mémoire de recherche

85

Page 86: Marvillet Marine Mémoire de recherche

86

Page 87: Marvillet Marine Mémoire de recherche

87

Page 88: Marvillet Marine Mémoire de recherche

88

Page 89: Marvillet Marine Mémoire de recherche

89

Page 90: Marvillet Marine Mémoire de recherche

90

Page 91: Marvillet Marine Mémoire de recherche

91

Page 92: Marvillet Marine Mémoire de recherche

92

Page 93: Marvillet Marine Mémoire de recherche

93

Page 94: Marvillet Marine Mémoire de recherche

94

Page 95: Marvillet Marine Mémoire de recherche

95

Page 96: Marvillet Marine Mémoire de recherche

96

Page 97: Marvillet Marine Mémoire de recherche

97

Page 98: Marvillet Marine Mémoire de recherche

98

Page 99: Marvillet Marine Mémoire de recherche

99

Page 100: Marvillet Marine Mémoire de recherche

100

Page 101: Marvillet Marine Mémoire de recherche

101

Page 102: Marvillet Marine Mémoire de recherche

102

Page 103: Marvillet Marine Mémoire de recherche

103

Page 104: Marvillet Marine Mémoire de recherche

104

Page 105: Marvillet Marine Mémoire de recherche

105

Page 106: Marvillet Marine Mémoire de recherche

106

Annexe 6: Retranscription de l’entretien du 27 Avril 2014 avec Maribel

DOMENECH (1h30 d’enregistrement)

Source : de l’auteur

Résumé:

Le quartier Cabañal était autrefois constitué de barracas. Après une succession

d’incendies, les propriétaires furent obligés de reconstruire des maisons en dur. Sous

l’influence du modernisme, ils ont commencé à peindre leurs façades en couleur pour

qu’elles soient à leur image, que leur identité paraisse. Maintenant, il existe une palette

de couleurs à utiliser que la mairie impose. En ce moment, elle autorise très peu de

ravalements de façades pour tenter de mettre en place le plan PEPRI, un projet urbain

spéculatif, et par ce biais empêche au quartier de maintenir sa dignité. Le plan PEPRI,

projeté depuis 1997, prévoit de prolonger l’avenue Blasco Ibañez et donc de partitionner

le quartier en deux parties, en détruisant au passage 1651 maisons. Ils n’ont même pas

mis en place d’expropriations forcées. Ils laissent juste le quartier se dégrader pour

pousser les gens dehors et récupérer les maisons à bas coût. En 18 ans, ils n’en ont

récupéré que 400, ce qui montre que les gens ne veulent pas partir.

La rue fondatrice est la rue San Pedro, qui est celle qui souffre le plus

aujourd’hui. La mer a reculé et d’autres rues se sont développées. Le terrain multisports

est installé sur les anciennes voies ferrées qui reliaient Cabañal à Valencia, 3 km plusà

l’est dans les terres. Maintenant, les deux sont reliés. Il n’y a plus qu’une seule et même

ville, même si Cabañal a conservé certaines caractéristiques d’un village. On y trouve

tout type de population : qui travaille pour le port, qui a des commerces, des

médecins,… De plus en plus, la mairie tente d’instrumentaliser la pauvreté dans le

quartier. Elle installe des populations pauvres, souvent émigrées, pour encercler certains

habitants et les pousser dehors. On n’a jamais eu de différenciation sociale, maintenant

si. Il y a des zones plus pauvres que d’autres et cela a même ramené des trafics de

drogues. Je voudrais récupérer la gaieté de mon quartier, le retrouver comme avant.

Cela passe certainement par la savoir vivre ensemble, le dialogue social, ce à

quoi nous n’avons même pas accès. On a beaucoup de rues pour les voitures et on

pourrait en utiliser certaines pour remplacer ce prolongement tant voulu de Blasco

Page 107: Marvillet Marine Mémoire de recherche

107

Ibañez en créant un réseau d’entrées/sorties. La rue est quelque chose d’important, c’est

l’endroit où l’on sociabilise. On sort de chez nous, on est dans la rue. C’est essentiel

pour nous. Avec la crise, beaucoup de commerces ont fermé, ça a fait perdre de la

dynamique au quartier. En plus, le terrain multisports fait comme une frontière entre ici

et le nouveau quartier plus orienté vers la mer. Il n’y a là bas que quelques constructions

pour les touristes, la grande majorité appartient aux habitants. La connexion est quand

même assurée grâce aux anciennes friches (Lonja de Pescadores, Fábrica de hielo et

Casa dels Bous), que les pêcheurs utilisaient.

Le quartier est tellement riche que l’on pourrait faire tous types de musées : de la

pêche, de la gastronomie, de la céramique, … Cabañal est un peu un musée à ciel ouvert

de la céramique. On ne la retrouve pas seulement sur les façades mais jusqu’en intérieur

et même dans les patios. Cela résiste beaucoup mieux à l’air marin. On se rend compte

que beaucoup d’auteurs ont écrit sur le Cabañal, beaucoup plus que sur Valencia. On est

en train d’essayer de regrouper tous les écrits pour avoir un lieu où on puisse les trouver

tous. Il y a peu d’équipements dans le quartier : seulement une bibliothèque et une salle

où se réunissent les femmes au foyer et où on peut faire des expositions et des

conférences. Il n’y a pas de véritable centre dans le quartier, mais plutôt un axe central

qui relie les églises et passe par les rues où les bâtiments ont le plus haut niveau de

protection (niveau 2).La rue San Pedro est la rue fondatrice du quartier et ils veulent la

détruire ! Il existe une thèse d’Angela GARCÍA CODOÑER sur les couleurs du

Cabañal que tu pourrais consulter. Il y a aussi différents sites internet: celui de

l’association ‘Salvem el Cabañal’ ou de l’association de voisins.

Il y a tellement de projets à faire ici, partout. On pourrait recréer plusieurs

centralités ou construire un musée de l’histoire dans la rue San Pedro ou encore

développer un axe dans le quartier qui permettrait de faire découvrir les endroits clés.

Cabañal est oublié des circuits touristiques, c’est dommage, il y a tant de choses à

découvrir ici. Mais ils laissent tout mourir. Avant, il y avait des arbres mais maintenant

ils les ont enlevés. Il faudrait qu’on arrive à remettre du vert dans le quartier.

On est toujours content de voir que vous vous intéressez à Cabañal. C’est

important pour nous, pour qu’il puisse se maintenir le plus longtemps possible. On doit

récupérer le quartier heureux que l’on avait.

Page 108: Marvillet Marine Mémoire de recherche

108

DOMENECH, M.: Te quería decir este que los colores en las fachadas o en la

arquitectura del barrio son muy importante. Van siempre con la identidad de las

personas. Este barrio, a nivel arquitectónico, la particularidad que tiene es que cada

familia ha construido su casa en el siglo XVIII-XIX. La última vez que hubo un

incendio tan terrible, se decidió que no iban a reproducir las barracas, las antiguas

barracas que tenían el techo de paja. Obligaban a que, si había un incendio, la

construcción o reconstrucción en el mismo solar de una casa, lo podían hacer, pero de

ladrillo. Así durante los siglos XVIII y XIX, hay una regeneración del barrio. Así como

las casas realmente se hacían por los propietarios, se las construyeron las familias, la

fachada recogía esos gustos que ellos tenían. El modernismo que ocurría ya en

Barcelona, por parte de la burguesía, este modernismo con elementos floral, vegetal.

Aquí hay muchas fachadas en las cuales vemos como este modernismo se transformó en

algo popular, muy mezclado y empiezan también con el color a pintar estas fachadas, le

daban un carácter muy personal. Y él de al lado, y el otro vecino y otro vecino,… Fíjate

que todos los solares de las antiguas barracas tienen esta anchura que tiene la casa de

enfrente o que tiene esta, son 6 metros y medio, todo sale de este mismo parcelario, y a

partir de ahí si eran dos hermanos, como hay casas que son la mitad que tienen justo lo

balcón que no tienen tres ventanas, no son anchas como esta, que son las clásicas las de

tres puertas o tres ventanas, pues que podemos observar ahí. Así empezamos a observar

esta partición, pero si sumas las dos al lado, que las reúnes tienes esta. Así a cada uno le

interesaba decorar de una manera diferente, para diferenciar las dos viviendas, si uno

pintaba de un color, aunque este la misma fachada el otro pintaba de otro color. Si

paseas por el barrio podrás notar que a veces tienes la misma fachada pero que esta

partida en la decoración, está pintada de distinto color. Entonces, aquí el color tiene esta

singularidad de mi casa es la casa de color azul, que también era una manera de darle

una identidad y una singularidad a la propiedad.

MARVILLET, M.: ¿La gente que vive aquí pinta de nuevo cada vez que cambia

de casa o lo deja como ya está cuando se mude?

DM: Siempre hay, como aquí es un conjunto histórico, lo que es una serie, una

paleta de colores que cuando tienen que pintar ahora orienta el ayuntamiento. Ahora no,

porque el ayuntamiento lleva con este plan especulativo que amenaza al barrio, no

Page 109: Marvillet Marine Mémoire de recherche

109

realizan trabajos de obra, no dejan que las fachadas se pinten, o unas familias tienen

permiso, otras no, entonces hay como una dificultad para mantener una dignidad en el

barrio como tenían antes.

MM: ¿Y este plano que desarrolla el ayuntamiento en qué consiste? Yo sé que

quieren prolongar la avenida Blasco Ibañez hacia el mar pero ¿en qué consiste

realmente?

DM: Pues lo que quieren es una barbaridad. Se presentó el proyecto de

prolongación de Blasco Ibañez en el año 1997. Este proyecto tiene como objetivo partir

por la mitad el barrio, desde la estación Cabañal para llegar más fácilmente hasta la

playa. Pero vale mucho más un conjunto histórico que abrir un camino en recto.

También pueden llegar por Taronjers (Avenida de las Naranjas) o por Pintor Ferandis, o

Mediterráneo, con poca adaptación podría organizar una serie de salidas y entradas.

Cuando vemos el número importante de calle que se pueden cruzar con los coches en

dirección Oeste-Este… Que se oyen mucho los coches qué sería una u otra manera

poder cruzar el barrio de manera más adecuada más amable sin necesidad destruir 1651

viviendas. Porque esto es un abuso y este plan es especulativo. Lo que intenta hacer el

Ayuntamiento es primero degradar y luego justificarlo. Así nosotros pedimos una

reforma de las casas. Están destruyendo el barrio para hacer esta avenida y no han hecho

un plan de expropiación forzosa, no han hecho nada sino que lo que quieren es que den

las casas voluntariamente los vecinos, es decir voluntariamente y a bajo coste. Pero vale

lo que nosotros decimos. Primero es que esto es un conjunto histórico no se puede

destruir así, no se puede poner en marcha un proyecto que crea expolio de patrimonio.

Además cómo se hace un plan arreglado en el que está arreglada la expropiación lo que

te hacen a ti es negociar, no ajustar los precios. Por eso nos hizo casi nada. Fíjate que en

18 años el ayuntamiento ha podido comprar 400 casas pero son 1651 que necesitan lo

que demuestra que la gente no se quiere ir, claro que no.

MM: A mí me gusta mucho todo el barrio. Necesito escribir una tesina y el año

que viene tendré que reflexionar sobre mi proyecto de fin de carrera y me parecía

interesante trabajar sobre el bario para por qué no proponer otro plano de remodelación

del barrio, de restructuración, para entender mejor lo que quiere el ayuntamiento,

intentar confrontarlo con lo que quieren los vecinos, los propietarios. Porque a mí me

Page 110: Marvillet Marine Mémoire de recherche

110

parecía importante mantener la vida de este barrio por qué es un barrio cuando lo

cruzamos parece siempre que podría ser mucho mejor.

DM: Si quieres, te puedo dar el número de un vecino que también es profesor de

Arquitectura en la Universidad Politécnica y que tiene unas ideas muy buenas para el

barrio y que el día 20 que viene, va a presentar este proyecto en la Universidad del

centro de la ciudad. No es un proyecto son ideas propuestas. Se llama Tato Herrero. Lo

que quiere es la máxima protección del barrio y facilitar una serie de travesías a lo

mejor en estas zonas nuevas. Porque antes era una huerta. Fíjate que la calle aquí, la

calle San Pedro es la fundadora del Cabañal y la primera que sufre es ésta. Los primeros

pescadores que llegaron aquí dijeron yo quiero mi barraca aquí. Hay el mar y es una

orientación perfecta Sur-Norte Este-Oeste porque antes estaba el mar, no estaba tan

lejos como ahora. El mar iba hasta esta calle, a partir de esta calle y de la fundadora

surgieron otras. Existen antiguos planos en los cuales podemos ver hasta dónde llega el

agua. Hay que saber que en esta parte había huerta y en otra había el mar, la pesca con

lo cual el barrio empezó poco a poco a tener dos tipos de población: una que vivía de la

agricultura y otro que vivía de la pesca El barrio fue creciendo conforme al mar que se

iba retirando cada vez más hasta llegar al punto al que está. Vemos también en el barrio

una zona en la que está el polideportivo, donde se encontraban las antiguas vías de tren

que permitía rellenar el centro de Valencia con el barrio y con la parte norte de España.

Porque el centro de la ciudad es más o menos a unos tres kilómetros de aquí, aunque

ahora todo es una sola ciudad, una única ciudad.

MM: ¿El Cabañal sigue manteniéndose como un pueblito o vive realmente

integrado a la ciudad de Valencia?

DM: No, no es un barrio de la ciudad lo que pasa es que ha mantenido las

características de su pasado. Además ten en cuenta de que hay el puerto aquí y por eso

hay muchas personas que han venido incluso de Francia y tal porque son consignatarios

internacional. Por eso por el comercial interno, por el comercio internacional, por todo

esto viene gente y suele vivir por aquí. Compran sus casas en el barrio. Así vive en

todas, estas personas que viven del puerto también de la pesca y los otros que tienen

todas las tiendas de la zona comercial. Que tenemos también médicos la gente trabaja en

Page 111: Marvillet Marine Mémoire de recherche

111

todos los sectores de trabajo. Hay realmente todo tipo de profesionales aquí. Ahora

todavía tienes este marcado carácter de su origen cómo pueblo de pescadores.

MM: ¿Hay también extranjeros que viven en el barrio, una población más

pobre?

DM: Bueno ahora sí por, que con la acción de degradación con estas 400 casas

que el ayuntamiento tiene en su poder, es lo que más descara el barrio. Como han

dejado casas cerradas y han destruido todo el interior para que nadie les ocupen no hay

nadie o bien les han alquilado a familias gitanas, romanas,… Por eso ahora existe una

franja por la que pasa el proyecto, en la que existe esta mezcla cultural. Lo que nosotros

denunciamos es que se instrumentaliza la pobreza. Se utiliza la pobreza para que una

familia qué tiene una casa y que han comprado las dos de los lados para presionarlo.

Utilizan esto para que bajen los precios, para presionar a las familias. Están actuando

como verdaderos mafiosos, ya desde hace 16 años en este barrio que es una maravilla y

sigue siendo una maravilla con 16 años de acoso a los vecinos y con una permisividad.

No tengo ningún problema con las familias gitanas, siempre hay familias gitanas que

han vivido aquí, no tantas, pero siempre han estado aquí. Nunca hemos conocido

pobreza tan extrema, pero gente con todo tipo de economía. Nunca hemos conocido una

zona de pobres y otra de ricos, siempre ha sido una mezcla. No te puedo decir esta zona

es pobre, pero ahora sí que tenemos zonas más pobres que otras. La cosa es que hay

gente propietaria que cuida su casa la pinta. Eso es un sentido muy bueno para el barrio.

También es siempre mejor una habitación habitada que una vacía. Pero lo que intenta

crear el ayuntamiento es un territorio más hostil para el vecino. Lo que hace es

estabilizar mucho las vidas de las familias. Yo estoy muy preocupada porque hay cada

vez más mujeres solas, mujeres mayores que no entienden lo que está pasando a su

alrededor. Hay gente que siempre ha vivido aquí. Cada vez más hay familias que viven

aquí pero que no tienen sus raíces, sólo están en paso en esta situación tan débil.

Además hay muchas familias gitanas que se han convertido en el cartel de la droga, por

eso son los que pueden comprar casas vivir de manera más estable. Nosotros no estamos

felices con esto porque antes el barrio nunca ha sido un lugar para el cartel de la droga.

Ahora es ‘Queremos comprar droga, pues hay que ir al Cabañal’. No nunca ha sido así,

ahora sí. Por eso, además atraiga a gente que presenta una peligrosidad y se desarrolla

cada vez más robo. No es un barrio muy feliz ahora, lo que yo quiero es recuperar esta

Page 112: Marvillet Marine Mémoire de recherche

112

felicidad con gente normal. Cuando digo normal me refiero a gente de todo el mundo,

no hay problema, pero la palabra que yo quiero poner de relieve es convivencia, porque

todo esto lo que hace es fractura social. Por ejemplo aquí no tenemos una oficina de

asuntos sociales y somos un pueblo de 20.000 habitantes, un barrio. Por eso es necesario

que tengamos una oficina de asuntos sociales aquí, no en el barrio de al lado, sino aquí.

Porque aquí está el problema. Necesitaríamos también mediación social, porque es muy

importante la mediación social. ¡No hay! Entonces, no nos han dejado a nuestra suerte.

Entonces estamos en una situación que hay que frenar y recuperar.

MM: Andando por el barrio he podido notar que habían muchas calles que

permitían el paso para los coches. ¿Es verdaderamente necesario que tengáis tantas o se

podría pensar el barrio de otra manera con peatonales por ejemplo? Como la gente vive

mucho en la calle se podría quizás pensar de otra manera.

DM: Pintor Ferandis, Mediterráneo, Tarongers son de dos coches, las otros son

de un coche. Lo que pasa es que aquí abres la puerta y ya estás en la calle, es una

unidad. Y además en Valencia tenemos buen tiempo. Así socializamos mucho en la

calle. Es precisamente lo que propone Tato Herrero. Es utilizar estas travesías para

poner unos comercios. Antes habían muchos comercios ahora han cerrado mucho

porque está la crisis y también aquí está el mercado del Cabañal. Cerca del mercado en

la calle Escalante y todo. Había antes muchos comercios por ejemplo hornos deliciosos

con pan artesanal y todo. Pero después la case José Benlliure antes era la calle Mayor la

con todos los comercios era muy comercial. Había peluquerías, bodegas, también

podías encontrar restaurantes, pastelerías. Había también una casa de cerámica,

teníamos todo lo necesario para aquí. No mucho pero lo necesario. Así que no sólo sea

pobre sino que el comercio ha sufrido mucho con la creación de las nuevas grandes

superficies, las nuevas aéreas comerciales, y también porque las familias también

cambian. Por eso. Antes la mujer se quedaba en casa, trabajaba en casa y así podía ir al

mercado, a los comercios de proximidad y todo, mientras que ahora trabajan padres y

madres los dos. Hay siempre tiendas de ropas por ahí. Podrías hablar con las personas

que tienen estas tiendas te podrían dar unas informaciones sobre el comercio en el

barrio. Esta franja creada por la desaparición de las vías del tren, gran espacio por el

polideportivo crea como una frontera entre el barrio y esta zona. Crea un pequeño muro

que hay que saltar para llegar a este otro núcleo. Este núcleo más hacia el mar sigue

Page 113: Marvillet Marine Mémoire de recherche

113

siendo para los del barrio, no para los turistas salvo estos edificios de de los años 30-40

Excepto este. Este es la lonja de pescadores. Hay las casas de los antiguos pescadores, la

fábrica de hielo, la casa dels bous. En esta esquina que tiene unos edificios muy

singulares. Lo que te explica perfectamente la conexión de Valencia con la playa porque

éstas son antiguas naves industriales. Las casitas eran para los que construían unas

barracas de madera para los pescadores.

MM: Me parece que en el barrio no tenéis tantos equipamientos culturales

¿Nos os pareciera interesante proyectar unos?

DM: Fíjate aquí podríamos hacer el museo náutico, museo naval, museo de la

pesca, museo de la gastronomía, que sea Valenciana, española o mixe, de la cerámica,…

Porque el barrio es más o menos un museo al aire libre de cerámica. Cuando ves esta

casa es de 1908. Es un edificio que era de una misma familia. Tenía cuatro hijos así uno

vivía en la otra parte y tres hijas que vivían, una aquí, una en el primero y otra en el

segundo. Las tres hermanas vivieron con más de 90, una murió a 90, otra 96 y la última

ya tiene noventa y esta casa la construyeron sus padres. Esta es un ejemplo de lo que

puedes encontrar aquí en el barrio. Las cerámicas de origen, te enseñaré, que tienes

cerámica por todas partes interior, no sólo exterior. Mi casa se mantiene. Es que

utilizaban cerámica para proteger las casas en frente de los peligrosos del Mar. ¿Sabes

que el mar con el salto puede destruir rápidamente la casa? Así poner cerámica permitía

proteger más durablemente la casa. Por eso no sólo se pone al exterior, sino también al

interior incluso hacia los espacios en el patio que yo tengo aquí. Hay un Ángelo en una

fuente que te voy a enseñar. Podemos ver que está escrita la fecha de construcción de la

casa de 1908. Ahora no están todas las cerámicas porque tuve que pintar de nuevo.

Alguien lo hizo antes pero podemos notar que está por todas partes, incluso en la cocina

en el comedor y todo. Tuvieron que dejar una parte por causa de la humedad, pero

protegían mejor. Todo esto es una maravillosa

MM: ¿Que tipo de equipamientos tenéis en el barrio?

DM: Hay una biblioteca, la biblioteca de la Reina en esta misma calle con la

misma altura. Cerca del puerto hay también un local donde se reúnen las amas de casas

Page 114: Marvillet Marine Mémoire de recherche

114

donde podemos hacer conferencias, exposiciones. Hay que saber que se ha escrito más

sobre este barrio que en todos los barrios de Valencia. Estamos ahora intentando crear

un lugar para poner toda la literatura que hay del Cabañal, porque verdaderamente nos

damos cuenta de que a los escritores les interesa mucho ese barrio y han escrito mucho

sobre este. Es decir que hay mucho que escribir sobre el barrio, que hay muchas cosas

interesantes. Que sean los libros de Blasco Ibáñez hasta las investigaciones más

eficientes de la Universidad de Valencia, han escrito sobre el barrio: su historia, su

mundo patrimonio, la diversidad, arquitectónica que ubica. Sí que hay unos edificios

horrorosos que se construyeron con altura, pero sin tener cuenta de lo que existía antes.

Esto se construyó al final de los años 60 principio de los años 70. Con el desarrollismo

franquista existen zonas más preciosas que las otras, por ejemplo donde estamos es una

de las zonas más preservadas del barrio.

MM: ¿Y existe un centro en el barrio?

DM: Es que en todos los pueblos tenemos la plaza con la iglesia y parece que

aquí no tiene, porque quizás hay muchos centros. Sí aquí tenemos Iglesias sabes que en

la iglesia aquí marca en el barrio. No hay un núcleo central, sino que hay uno aquí, otro

aquí y el tercero aquí. La plaza Lorenzo de la flor, la Plaza de San Pedro y la iglesia de

Los Ángeles y esto hace como un eje que nosotros utilizamos para dar un paseo como

un eje de conexión que va Norte Sur. Es un poco un recorrido por las calles más

fundamentales del barrio, es decir que ayer en Los Ángeles, Calle del Rosario, San

Pedro. ¿Sabes que San Pedro la quieren destruir? Es una locura porque es la calle

fundadora del barrio donde encontramos la mayor parte de las casas protegidas que

tienen un nivel de protección 2. Casi todas están protegidas y en la calle de las barracas

también. Para tener una idea más en detalle de lo que podrías encontrar pues consulta la

tesis de Angela García Codoñer, que ella ya hizo hace unos años. Era su tesis doctoral

sobre los colores en el Cabañal que se puede consultar en la Biblioteca Universitaria de

la Universidad Politécnica de Valencia. También puedes encontrar Vicente. Hay que

contactarlo, es otro arquitecto que trabaja aquí como arquitecto y él forma parte de la

Asociación Salvem El Cabañal y también es vicepresidente de la Asociación de

Vecinos. Te podría dar unas informaciones más técnicas sobre el barrio si quieres.

Page 115: Marvillet Marine Mémoire de recherche

115

MM: Lo que me gustaría ser sería recorrer andando una zona del barrio que sería

más representativa de lo que es realmente el barrio en su totalidad, pero como está un

poco extendido no puedo recorrer todo el barrio. Me gustaría estudiar más precisamente

una zona, no sé si hay una zona que presentaría más el barrio en general.

DM: Puedes entrar en la parte más amenazada y analizar cómo estaba y ver un

poco como se ha destruida, pero puedes también ir hasta la calle Josep Benlliure esta

calle es fantástica porque como además era la calle Mayor antes, tiene una cantidad de

casas muy decoradas que podrías analizar y podrás también notar sus comercios que

persiguen. Pues también tienes este conjunto de barracas que tiene siempre el estilo

barraca y que también está muy bonito que podrías analizar. Hay zonas maravillosas,

muy bien conservadas también si vas más por ahí. Ahora en la calle de la Reina podrás

encontrar casas de cerámica fantásticas. En la calle de la Reina hay muchas casas que

ver a nivel de color porque me parece que es lo que te interesa a ti. Verás que hay

cerámicas pero de distintos colores que podrían ser muy interesantes para tú en la web.

MM: ¿Dónde podría encontrar la reglamentación que existe sobre los colores

que se pueden poner en las fachadas, en la web o en algún lugar aquí en Valencia?

DM: Pues me parece que en la web podrías ir a la página web de la Asociación

Salvem El Cabanyal, también en archivo vivo Cabañal, en archivo vivo encontrarás

todas las cosas necesarias. También en esas páginas webs podrás encontrar muchísima

documentación y muchísimas imágenes de casas como eran antes sus fachadas, cómo se

han vuelto ahora, ver los solares que existen, porque hay casas que fueron destruidas.

Todo esto lo encontrarás. También existen unos libros que podrás consultar con estas

fotos y todo, pero seguramente que lo mejor es que recorres las calles. No sé, si hoy es

domingo, mañana, quizás el lunes, no se si se hará. Hay una chica del turismo que hace

un tour por la ciudad de Valencia, se llama Marta Alcalá y hace visitas guiadas. Yo sé

que el sábado y el domingo hay las visitas pero el lunes no sé. Tienes que llamarla para

ver si acaso hace una mañana, porque conoce una cantidad de cosas sobre el barrio y te

podrá indicar seguramente lo mejor que ver y que observar aquí. Tienes que mirar su

blog. Tienes que encontrar con su nombre, se llega a los turistas a los lugares más

significativos del barrio conoce muy bien la historia y todo. Puedes observar en el plano

del barrio las antiguos sequías. Siempre decimos Cabañal pero de verdad Cabañal son

Page 116: Marvillet Marine Mémoire de recherche

116

tres pueblos marítimos Cap de França, Cañamelar. La zona más amenazada

seguramente es Cabaña. Puedes también ir a fotografiar en la zona de las naves de la

lonja de pescadores, de la fábrica de hielo. En toda la lonja de pescadores nunca han

vivido personas ahí. Ahora son viviendas en esta nave. Todo mide 100 metros de largo

por 25 metros de profundo. Se alquilan siempre las casas. Ahí está nadie, es una

maravilla estar ahí, porque son edificios de 1909 y a nivel arquitectónico también está

muy interesante y se podrían utilizar esas naves para recuperar o producir algo para el

barrio, quizás. La lonja de pescadores es seguro que tiene que mantenerse con las casas,

las viviendas, no hay que cambiar, no hay que hacer un museo no sé qué, la gente tiene

que seguir viviendo ahí. Se podría por ejemplo recuperar la fábrica de hielo para poner

un museo, sería perfecto porque es un lugar industrial. La casa de los bueyes podría ser

un museo de la pesca, pero de verdad la lonja de pescadores es un lugar donde vive

mucha gente y no les podemos preguntar que se vayan. Es el problema que tenemos

aquí es que es la playa de Valencia y así viene la policía. A mí me parece que si hay

algo que hacer, primero hay que ser respetuoso con la historia del barrio con lo que ya

existe, trabajar con este puedo entender, hacer unas cositas para tener un tráfico más

calmado, permitir cruzar el barrio más fácilmente, pero no tan radical destruyendo

tantas casas. Organizar la vida del barrio en diferentes sitios, para por ejemplo generar

algún tipo de centralidad en el barrio. Seguramente que vamos todos los días a la playa,

cuando vives aquí lo haces todos los días. Cuál será el día que estemos en invierno, en

verano, que esté lloviendo y todo siempre vamos. Este barrio tiene mucho potencial,

muchos proyectos potentes. Mira, sólo si miramos la calle San Pedro, la fundadora. Ahí

se podría hacer un museo de la historia que contaría la historia del barrio, de los

habitantes. Mientras ahora, está desolada, llena de solares. ¿Por qué no hacer cosas que

llamarían la atención de turismo de la Cultura? Tenemos un teatro, el teatro de la

Estrella en esta plaza. Fue remodelado por un arquitecto hace poco, y no te lo puedes

perder. Lo notas desde lejos, es un teatro fantástico. Antes habían más y habían cines

pero que están cerrados pero ahora están cerrado, es que el teatro, estos edificios se

podrían utilizar para hacer un centro cultural o algo así, que no tenemos, se podría crear

más actividad también. Tenemos muchas casas para estudiantes Erasmus, habíamos

hablado un momento de que pongamos casas compartidas, no para estudiantes pero que

gestionaría la universidad.

MM: Muchas gracias para todo. Creo que ya tengo un montón de informaciones

y voy a intentar mejorar esta con las página web que me has indicado.

Page 117: Marvillet Marine Mémoire de recherche

117

DM: Pues con placer, es que a nosotros nos importas mucho que os fijéis en el

Cabañal, que os interese, lo que pasa. Porque de verdad es muy importante. Me gustaría

que se mantenga lo máximo posible este barrio lo que existe, sería interesante crear un

recorrido, el de las iglesias, me parece muy interesante. Además se podría crear como

un eje en el que podrías encontrar, descubrir los lugares importantes, significativos del

barrio. Sería muy interesante tener los puntos de interés, me parece mejor potenciar que

destruir y al reconstruir después.

MM: Última pregunta, me parece que no hay tanta vegetación. ¿No sería algo

interesante utilizar algunos árboles en las calles para dar o algo para poner un poco más

de verde? Tal vez sería interesante pensar un poco el barrio más verde.

DM: Sí, es que la vegetación, de verdad, ha desaparecido, pero sí que antes

teníamos. Dijeron que estaban muriendo los árboles, por eso les tiraron y se ha quedado

más desnudo el barrio. Hay un poco en la plaza Lorenzo de la Flor pero de verdad como

forma parte de la zona más amenazada, lo han dejado morir un poco. Encontramos un

poco de vegetación en el polideportivo pero no tanto. Sería interesante pensar mejor la

trama verde del barrio para volver a darle su plaza. En el mercado, se podría poner un

restaurante, que no hay, utilizando los productos que venden. Hay que recuperar el

barrio feliz.

MM: Lo que me intriga es que cuando miramos las guías de Valencia nunca

hablan del barrio Cabañal. ¿Por qué?

DM: Es verdad, es algo muy interesante en la ciudad, pero como está amenazado

la gente no viene y además hay muchas personas que nos dicen que es peligroso vivir

aquí. Cuando lo conocemos un poco más, nos decimos que no tanto.

MM: Pues, de todas maneras muchas gracias para todas estas informaciones y

quizás nos encontraremos de nuevo para las puertas abiertas en octubre. ¡Hasta luego!