marionnette et thérapie

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Association “Marionnette et Thérapie” ISSN 0291-7912 nouvelle série bulletin trimestriel JANVIER - FÉVRIER - MARS 2006/1 marionnette et thérapie Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/1

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Association “Marionnette et Thérapie”

ISSN 0291-7912nouvelle série

bulletin trimestrielJANVIER - FÉVRIER - MARS

2006/1

marionnetteetthérapie

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/1

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marionnette et thérapie28, rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

ASSOCIATION LOI 1901Subventionnée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative___________________________________________________________________________

Dépôt légal 1er trimestre 2006 - Reproduction interdite sans autorisation.

sommairePage

notre associationIn memoriam : Jacques Félix ............................................Madeleine LIONS 2Le site de “Marionnette et Thérapie” ............................................................ 3Relations avec “Jeunesse et Sports” ............................................................ 3Expédition du Bulletin ................................................................................... 4Commission Formation ................................................................................. 4XIe Colloque international à Charleville-Mézières ......................................... 5Un nouveau membre d’honneur ................................................................... 6“Marionnette et Thérapie” en Tunisie ................................Madeleine LIONS 6Participation à “Marionnette et Thérapie” en 2006 (cotisation, abonnement) ......... 8

formation en 2006 ........................................................................................ 9

marionnettes en hôpital psychiatriquePrésentation ................................................................................................. 10Une expérience à Reggio Emilia ......................................... Mariano DOLCI 11

documentation .............................................................................................. 26

information ..................................................................................................... 27

marionnette et thérapie ............................................................................. 28

L’Association est agréée Organisme de Formation.Elle est composée d’Animateurs, Éducateurs, Ergothérapeutes, Instituteurs, Marionnettistes, Médecins,

Orthophonistes, Psychanalystes, Psychiatres, Psychologues, Psychothérapeutes, Psychomotriciens,Rééducateurs, Spécialistes de la Documentation Internationale

BULLETIN TRIMESTRIEL DE L’ASSOCIATION “MARIONNETTE ET THÉRAPIE”

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Notre associationIn memoriam

Le 6 janvier 2006, Jacques Félix, grande fi gure du monde de la marionnette, est décédé dans sa 83e année.

Jacques Félix avait créé en 1941 les Petits Comédiens de Chiffons, association toujours active qui assure entre autres l’organisation des Festivals Mondiaux de Charleville-Mézières, festivals eux-mêmes initiés par Jacques Félix en 1962. Cet homme très dynamique a aussi créé l’Institut International de la Marionnette en 1981 et l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette en 1987.

Jacques Félix a aussi grandement contribué à la création de “Marionnette et Thérapie” en 1976 et il a toujours réservé à notre association lors de chaque festival un espace pour l’organisation d’un colloque international qui a eu lieu tous les trois ans de 1976 jusqu’à présent.

Il avait acquis une grande expérience dans le domaine international pendant les années où il avait été Secrétaire Général de l’UNIMA, et en conséquence notre association voyait en lui un partenaire particulièrement compétent pour contribuer à la création de la Fédération Internationale “Marionnette et Thérapies”. Il avait d’ailleurs accepté de faire partie du bureau créé en attendant la réunion constitutive du 17 septembre 2006.

C’est d’ailleurs aux personnes intéressées par cette Fédération internationale que Madeleine Lions, présidente de “Marionnette et Thérapie”, s’est aussitôt adressée :

« Le monde de la marionnette est en deuil. Monsieur Jacques Félix nous a quitté au matin du 6 janvier, le jour des Rois, le jour de l’Épiphanie. Quel symbole !

« Il nous laisse tristes et désemparés car en lui nous perdons bien plus qu’un ami, un guide, un soutien, un modèle.

« Sa vie fut belle bien que traversée par des épreuves cruelles. Il a toujours lutté, sans jamais renoncer, pour que le théâtre de marionnettes devienne et reste un moyen d’échanges et d’amitié entre les peuples. Un lieu de rassemblement qui nous permet de nous rencontrer, de nous connaître, de nous accepter malgré nos différences et de coopérer.

« Son œuvre est immense. M. Jacques Félix était membre fondateur de l’association “Marionnette et Thérapie”. Il nous a toujours soutenu moralement et bien conseillé. Nous devons à sa mémoire de continuer à œuvrer pour que ce qu’il a souhaité, parfois rêvé, reste une réalité.

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« 1941-2006 : il a été pendant 65 ans au service de la Marionnette et de la Paix dans le monde.

« À sa famille, à ses proches, aux Petits Comédiens de Chiffons, nous présentons nos sincères condoléances.

« Jacques, vous étiez vraiment un grand Géant des Flandres.

« Madeleine Lions. »

* * *

Le site de “Marionnette et Thérapie”.Le site http://marionnettetherapie.free.fr est en ligne sur

les pages Perso de Free où l’association a déjà son adresse électronique.

C’est à Mme Geneviève Leleu-Rouvray que nous le devons et bien sûr nous l’en remercions vivement. Elle a été assistée par Marie Yolande Capouix et, pour la communication des données, par Serge Lions.

Toutes les remarques concernant le fonctionnement de ce site, son contenu et des « actualités » à insérer seront les bienvenues et vous pouvez nous les adresser à [email protected] où nous les examinerons.

* * *

Relations avec “Jeunesse et Sports”Nous avons été invités à la présentation des vœux de

M. Jean-François Lamour, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, le 18 janvier 2006, au musée de la Porte Dorée, à Paris XIIe.

Le programme présenté par le Ministre nous a paru « énorme » : ce ministère est présent dans de très nombreux secteurs de la vie.

Nous avons essentiellement retenu trois idées directrices énoncées par M. le Ministre :

1) Refuser la tentation du repli. Une tentation, en effet, vu les obstacles rencontrés.

2) Encourager l’ouverture et le rayonnement international. C’est bien dans le cadre de notre action depuis de nombreuses années, avec des résultats encourageants, et c’est au cœur de ce projet de fédération des personnes et des associations utilisant la marionnette comme médiateur.

3) Faire le pari de la responsabilité et encourager les initiatives. Promouvoir l’égalité des chances et la cohésion sociale. Pour le premier point, c’est ce qui se passe cette année

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dans les stages de formation où plusieurs animateurs soit remplacent un départ, soit proposent une nouvelle formation. Ensuite, rappelons que depuis de nombreuses années, nos stages sont largement ouverts à des personnes motivées non prises en charge par un organisme ; nous les aidons de notre mieux à acquérir un complément de formation et nous affi rmons qu’aucune personne motivée n’a pu suivre un ou plusieurs stages pour des raisons fi nancières, bien sûr nous ne pouvons rien quant à la disponibilité ou tout autre raison personnelle.

* * *

Expédition du Bulletin.Par lettre du 9 janvier 2006, la Commission paritaire des

publications et agences de presse (CPPAP) nous a informé qu’elle ne délivrait pas d’inscription au bulletin “Marionnette et Thérapie”, ne renouvelant donc pas celle qui avait été accordée le 29 mai 1986 sous le no 68135.

Cette décision est motivée d’une part par un nombre insuffi sant de numéros « vendus » eu égard au nombre total d’exemplaires diffusés, d’autre part par le fait que la publication consacre « moins de 50% de ses pages à l’intérêt général en dehors de la vie de l’organisme éditeur » et elle est donc assimilable à « une publication ayant pour objet principal d’informer sur la vie interne d’un groupement ».

Nos lecteurs recevront donc ce bulletin et les suivants affranchis au tarif général appliqué par La Poste. Dans l’immédiat, le prix demandé pour l’abonnement en 2006 reste inchangé.

* * *

Commission Formation.La commission Formation initiée par Marie-Christine

Debien s’est réunie le samedi 21 janvier 2006, à Paris, XIe.Depuis 1980 et jusqu’en 2005, “Marionnette et Thérapie” a

organisé un cycle de formation qui a fonctionné à la satisfaction générale. Madeleine Lions, qui participait à de nombreuses formations et qui était au courant des autres formations servait de lien entre les divers formateurs et s’assurait que les contenus et les animations étaient conformes aux idées exprimées par “Marionnette et Thérapie” dans ses colloques, ses rencontres et ses publications.

En 2006, Madeleine Lions n’anime plus de stages, cédant la place à Cristiana Daneo et à Jean-Louis Torre-Cuadrada. Une

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nouvelle psychologue, Marie-Laure Escande se joint à l’équipe des formateurs. Et c’est pour renouveler ce lien que Marie-Christine Debien a suggéré des réunions entre formateurs, chacun s’exprimant sur le contenu de la formation présentée, s’assurant ainsi qu’il y a bien complémentarité entre les divers modules présentés dans notre calendrier des stages.

Rappelons qu’en 2006, trois stages de base sont prévus, tous d’une durée de cinq jours, du lundi au vendredi inclus, avec fabrication de marionnettes et réfl exion sur l’utilisation de la marionnette comme médiateur en thérapie.

Les autres formations proposées entrent dans le cadre d’une formation approfondie : un stage “Marionnette et Psy-chanalyse” sans fabrication de marionnettes mais avec produc-tion de scénarios, jeux et réfl exion ; des groupes de réfl exion organisés à la demande spécifi que des participants, etc.

* * *

XIe Colloque international à Charleville-Mézières.Ce XIe Colloque international aura lieu le samedi 16 septembre

2006, à la Chambre de Commerce et d’Industrie, gracieusement mise à notre disposition, comme lors des autres festivals, par le Comité d’organisation, que nous remercions vivement.

Le thème retenu est : « Interdits : Inter-dits ».Six intervenants ont actuellement accepté d’y faire une

communication :• Henri Saigre (Sémentron, 89) ;• Jeanine David (Le François, Martinique) ; • Stéphane Deplanques (Rouen, 76)• Julie Pélicand (Lille, 59) ;• Jean-Louis Torre-Cuadrada et Nathalie Tanghe, (Grenoble, 38).

Ce XIe Colloque international “Marionnette et Thérapie” sera prolongé le dimanche 17 septembre 2006, à Charleville-Mézières (08) par la réunion en assemblée constitutive de la F.I.M.T. Fédération Internationale “Marionnette et Thérapies” à la Chambre de Commerce et d’Industrie de toutes les personnes intéressées par le projet de regroupement international des personnes et des organismes utilisant la marionnette comme médiation.

Le droit d’inscription au Colloque est fi xé à 50 € ; il est réduit à 37 € pour les adhérents de “Marionnette et Thérapie” à jour de leur cotisation 2006 et à 25 € pour les étudiants et les chômeurs (justifi catifs demandés). Les groupes (5 personnes et plus) peuvent demander à “Marionnette et Thérapie” le tarif qui peut leur être consenti.

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Nous rappelons l’intérêt de réserver sa chambre au plus tôt si l’on désire être logé au plus près du centre ville.

Un avant programme est en cours de préparation ; il sera disponible sur demande et consultable sur le site http://marionnettetherapie.free.fr

* * *

Un nouveau membre d’honneur.Lors de sa réunion du 21 janvier 2006, le Conseil

d’administration de «Marionnette et Thérapie» a décidé de proposer de nommer membre d’honneur de “Marionnette et Thérapie” Madame Geneviève Leleu-Rouvray pour :

• son rôle à la création de “Marionnette et Thérapie” (animation de la « commission Thérapie » dans le cadre de l’Unima-France, organisation du colloque fondateur en 1976, membre du Comité d’honneur de “Marionnette et Thérapie”) ;

• son aide à la diffusion du bulletin “Marionnette et Thérapie” dans les années 1985-1992 ;

• le soin et le temps consacré, à titre gracieux, à la création du site “Marionnette et Thérapie”.

Cette nomination fi gurera à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l’association.

* * *

“Marionnette et Thérapie” en Tunisie.Le XXe Festival de Théâtre pour enfants de Neapolis, du 16

au 25 décembre 2005 à Nabeul.Depuis 20 ans, la même équipe de bénévoles organise tous

les ans ce festival en faisant appel à de nombreuses troupes étrangères : marionnettes, théâtre, clowns ou jongleurs. Notre association y est invitée depuis 1997 et chaque fois nous y organisons un stage ouvert aux travailleurs sociaux, animateurs et aux élèves de l’ISAD de Tunis (Institut Supérieur d’Art Dramatique).

Cette année, l’objectif de ce stage était de donner une représentation de théâtre d’ombres pour les enfants hospitalisés dans le service de pédiatrie de l’hôpital de Nabeul. Grâce à Gladys Kalfon qui a su redonner l’énergie nécessaire alors que j’étais terrassée par la « terrible gastro », le spectacle la Belle et la Bête a eu lieu pour la plus grande joie des enfants. Je remercie le Médecin Directeur de cet établissement ainsi que la Surveillante Générale qui étaient parmi les spectateurs et

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qui m’ont gentiment invitée à parler de notre action après la représentation.

C’était une « première » ; j’espère que cela continuera pendant les futurs festivals. Les étudiants ont été un peu intimidés au début ; jouer à l’hôpital ce n’est pas la même chose que jouer dans un théâtre. Très vite, ils se sont complètement investis dans le jeu. C’était un petit spectacle sans prétention, mais plein de poésie. J’espère que cette expérience donnera aux élèves l’envie de continuer.

Madeleine LIONS.

* * *

Un mini théâtre d’ombres à l’hôpital de NabeulPage précédente : Après la représentation, les enfants découvrent

les fi gurines de la Belle et la Bête – Ph. Madeleine Lions

Participation à “Marionnette et Thérapie” en 2006Cotisation : 27,44 €/an – Abonnement au bulletin : 30,49 €/an.Pour les étudiants et les chômeurs (justifi catifs demandés) : 15,24 €/an.

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Formation en 2006AVEC FABRICATION DE MARIONNETTES

Du 27 février au 3 mars 2006 (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).“Marionnette et Psychanalyse” avec Cristiana Daneo et Gilbert Oudot

Prix : 686 € plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

Du 15 au 19 mai 2006 (40 h), à Seyssins (38).“Marionnette, Corps et Mobilité”

avec Marie-Laure Escande et Jean-Louis Torre-CuadradaPrix : 686 €, sans repas ni hébergement (plan de formation : 640 €)

Du 2 au 6 octobre 2006, (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78)“Du conte à la mise en images - Du schéma corporel à l’image du corps”

avec Cristiana Daneo et Marie-Christine DebienPrix : 686 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

SANS FABRICATION DE MARIONNETTESDu 19 au 21 avril 2006, (24 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).

“Marionnette et Psychanalyse — Stage de théorie” avec Gilbert OudotPrix : 381 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 366 €)

Le samedi 21 octobre 2006, (6 h), (lieu à déterminer).Journée d’Étude “Marionnette et Psychanalyse” avec Gilbert Oudot

Prix : 137 €, repas non compris

GROUPE D’ANALYSE DE LA PRATIQUE“Formation approfondie à la conduite de groupes thérapeutiques avec marionnettes”

avec Marie-Christine DebienFormations organisées en fonction des demandes – Consultez l’association S.V.P.

Pour les formations organisées à l’INJEP, les frais d’accueil sont de 27,80 € /jour en 2006Ces frais d’accueil comprennent l’hébergement et les repas.

Ils sont de 16,80 €/jour pour les accueils sans hébergement ni repas du soir (choix pour tout le stage).Le tarif «Plan de formation» s’applique à l’inscription simultanée

à plusieurs stages composant une formationLes participants à un stage sont adhérents à “Marionnette et Thérapie” pendant l’année en cours.

Les dates et/ou les lieux des formations peuvent être modifi ésL’association se réserve le droit d’annuler une action de formation

dix jours avant son début au cas où le nombre de participants serait insuffi sant.Des conditions peuvent être envisagées pour des personnes non prises en charge

Dans le cadre du Festival mondial des Théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières en 2006 :Colloque international “Marionnette et Thérapie” : le samedi 16 septembre

Assemblée constitutive de la FIMT : le dimanche 17 septembre

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Nous présentons ici un texte que Mariano Dolci nous a envoyé il y a quelque temps déjà, en italien, sous le titre “ Mostra ”, et qui relatait son expérience à Reggio Emilia de 1973 à 2004. Mariano Dolci avait déjà parlé des premières années de cette expérience au colloque “Marionnette et Thérapie” de 1979 et sa communication avait fait l’objet du no 5 de la collection “Marionnette et Thérapie”. Les lecteurs assidus de nos textes retrouveront donc certaines idées déjà exposées, mais aussi de nouveaux éclairages, des réfl exions comme l’on peut en faire lorsque l’on a un recul important et quelques (rares) photos qui nous ont été communiquées. Ce texte — traduit par Mariano Dolci lui-même et nous l’en remercions vivement — doit donc être abordé comme une réfl exion autour d’une exposition rétrospective.

Ce texte a été publié, dans sa version originale en italien, dans la revue italienne Teatri delle diversità. Nous en reproduisons ci-dessous la photographie qui présente l’article dans cette revue.

Extrait de Teatri delle diversità, septembre 2005, p. 25 (Cf. note 1, p. 11)

Marionnettes en hôpital psychiatrique

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Une expérienceà Reggio Emilia

par Mariano Dolci1

Les œuvres de cette exposition2 ne représentent qu’une petite partie, et la plus récente de ce qui n’a pas disparu ou qui n’a pas été emporté par ceux qui les avait construites. Dans l’été 1980, une vingtaine de ces marionnettes produites par les patients de l’Hôpital Psychiatrique San Lazzaro furent présentées au Palais Royal de Milan à l’occasion d’une grande exposition sur les burattini et les marionnettes en Italie. Ces œuvres des années soixante-dix sont perdues. Seules restent quelques photographies.

Les activités avec les marionnettes dans l’Hôpital Psychiatrique San Lazzaro, de Reggio Emilia, débutèrent en 1973 et continuèrent jusqu’à la complète fermeture des hôpitaux psychiatriques à la suite de la loi Basaglia. Toutefois, les marionnettes accompagnèrent les patients dans leur transfert aux Hôpitaux de jour et s’y installèrent durablement pour de nombreuses années. Elles entrèrent également dans l’Hôpital Psychiatrique Judiciaire de Reggio (un des quatre instituts de ce genre encore présents en Italie destinés aux criminels ayant des maladies psychiatriques et qui n’ont pas été concernés par la loi Basaglia). À Reggio Emilia les ateliers de marionnettes dans les contextes de soin ont été fermés défi nitivement en 2004.

Pendant trente ans, des dizaines de patients adultes et d’opérateurs ont participé chaque semaine avec continuité à des séances de construction et d’animation en contextes différents :

_________________1. Reproduction d’un article envoyé par Mariano Dolci et précédemment publié

dans la Rivista Europea “Catarsi –Teatri delle diversità” N° 35, Septembre 2005, Associazione Nuove Catarsi, 61030 Cartoceto (PU, Italie).

Concernant l’auteur, Mariano DOLCI, cf. bulletin “Marionnette et Thérapie” no 2005/4, p. 31.

2. Il s’agit d’une exposition inaugurée à l’occasion de la sixième conférence organisée par l’association “Aenigma” sur les “Teatri delle diversità”, et la revue ”Catarsi”, à Cartoceto, (Urbino, Italie) les 15 et 16 Octobre 2005.

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d’abord en secteurs « fermés » ou « ouverts » de l’hôpital, ensuite dans les hôpitaux de jour, parfois sous une attentive tutelle médicale, parfois sous une simple supervision.

À mon entrée en 1973 dans l’institut “San Lazzaro”, je n’avais que quelques vagues idées, ainsi que les médecins d’ailleurs, sur d’éventuelles applications thérapeutiques. De toute façon, l’invitation qui nous avait été adressée avait des prétentions plus modestes. Un des membres de la direction sanitaire avait assisté sur la place d’un village, à un spectacle de ma compagnie et il avait été frappé par l’intense et bruyante participation des enfants qui n’arrêtaient pas de provoquer ma marionnette. Ce charme que les marionnettes exercent sur les enfants est bien connu depuis longtemps et déjà Platon en parle dans Les Lois (II-658) : “Si les enfants plus petits étaient juges, ils jugeraient sûrement comme premier celui qui montre les marionnettes…”

Parmi les spectateurs, il y avait par hasard un groupe d’enfants avec des problèmes psychiatriques et eux aussi essayèrent de s’adresser à ma marionnette. Ainsi la première idée qui justifi ait notre présence à l’hôpital était celle d’aller présenter des spectacles pour offrir quelques distractions aux malades et, si possible, essayer ainsi de les faire sortir de leur torpeur.

Nous acceptâmes mais les premières visites à l’intérieur de l’institut nous provoquèrent une impression pénible et nous nous interrogions, avec appréhension, sur nos possibilités d’intéresser un public si particulier et si hétérogène. Personnellement avec la compagnie de Otello Sarzi j’avais travaillé pour un public d’adultes sur des textes extraits d’Aristophane, de Brecht, d’Arrabal, de Lorca, etc., dont il nous intéressait de souligner toute la charge satirique et contestatrice. Il était bien évident qu’au «San Lazzaro» je n’aurais pas pu m’appuyer sur ces expériences passées. D’autre part, les malades, bien différents les uns des autres, n’étaient pas des enfants. Que leur proposer ?

M’appuyant sur mon travail pédagogique, je me suis demandé s’il serait possible de rencontrer les malades avec des procédés semblables à ceux des enseignants et des parents d’élèves qui fréquentaient mon atelier. Ayant reçu entière liberté de la part de la Direction du “San Lazzaro”, je décidai de proposer la construction et l’animation de marionnettes, aux malades, en explorant les possibilités de plusieurs matériaux et techniques. Nous expérimentâmes une quantité de jeux possibles et préparâmes aussi un spectacle avec des patients.

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Généralement, nous les stimulions pour animer régulièrement des marionnettes à gaines ou des marottes construites par eux mêmes, dans des jeux d’expression spontanée.

Bien vite, confrontés à de fréquents comportements déroutants mais signifi catifs, nous nous demandâmes avec inquiétude sur la nature de notre rôle et la possibilité réelle de le remplir sans une tutelle médicale. L’attachement sincère de certains malades à cette forme de rencontre démontrait suffi samment que les instruments de notre métier provoquaient quelques fois des répercussions que nous ne croyions pas devoir ignorer. Si les séances, à travers la médiation d’un langage pas exclusivement verbal, constituaient des moments de jeux et de gaîté, ce n’est pas pour cela qu’elles devaient être privées de signifi cations plus profondes. Au “San Lazzaro”, les marionnettes confi rmaient leur vocation à revendiquer une certaine autonomie. De notre part, quels comportements étaient à encourager ou à contrarier et en vue de quelles fi nalités ? Bref, nous étions convaincus qu’on pouvait demander beaucoup plus aux marionnettes. Dans ma préoccupation de valoriser notre activité, j’ai donc essayé de me procurer une documentation pour les soignants de l’institut “San Lazzaro”. Je suis allé rencontrer Ornella Baraggiola, qui à l’époque traitait des enfants perturbés en se servant de marionnettes. Je me suis rendu à La Verrière où le docteur Garrabé utilisait depuis longtemps les marionnettes et qui avait à peine publié son livre3 (1974). Dès lors, notre exigence ayant été reconnue, nous avons pu bénéfi cier de l’attention d’un psychiatre.

La technique avec laquelle ont été construites les marottes, et les marionnettes à fi l que nous présentons dans l’exposition, est devenue défi nitive après plusieurs tentatives au milieu des années soixante-dix.

Elle respecte notre préoccupation de limiter le plus possible les opérations complexes, ou peu gratifi antes. Graduellement, et de façon absolument empirique, nous avons sélectionné les techniques de construction et d’animation susceptibles de s’adapter au mieux aux exigences particulières de patients gravement psychotiques en vue de stimuler leurs expressions.

_________________3. Marionnettes et marottes – Méthode d’ergothérapie projective de groupe,

F. BEDOS, S. MOINARD, L. PLAIRE, J. GARRABÉ, Les Éditions ESF, Paris, 1974, 178 p. (note “Marionnette et Thérapie”).

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Photo Mariano Dolci

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Face à des personnes entièrement défi cientes et régressées, à la communication très réduite, enfermées depuis des années dans leur torpeur, on essayait de sélectionner des techniques de construction qui étaient gratifi antes, qui n’exigeaient pas d’opérations diffi ciles, ou incompréhensibles, mais qui toutefois permettaient la production de produits maniables, solides et durables, en laissant aussi aux auteurs une entière liberté d’expression pour les traits de leurs personnages. Quelques-unes de ces marionnettes ont été utilisées par les mêmes personnes pendant une dizaine d’années.

Toutes les techniques d’animation furent expérimentées (marionnettes à gaines, à main prenante, masques, etc.) pour fi nalement nous diriger vers les marottes munies d’une baguette à un seul bras. L’animateur empoigne le bâton qui soutient tout le corps, et avec l’autre main il manœuvre la baguette qui donne le mouvement au bras de la marionnette. L’animation n’exige pas de coordination particulière des doigts et donc elle n’entrave pas l’expression verbale. Dans les premières années quatre-vingt-dix, on reprit les marionnettes à fi l et, avec des patients moins atteints, nous avons expérimenté avec succès les silhouettes du théâtre d’ombres.

Face à des patients n’ayant que très peu de communication, la plupart hospitalisés depuis plus de vingt ans, avec des mains très malhabiles, on ne réussissait pas toujours à faire passer la consigne, et quand certains n’étaient pas en mesure de l’exécuter, nous avons dû parfois nous substituer à eux, au moins en partie, en essayant de respecter leurs indications. Il était diffi cile de proposer des techniques qui demandent de l’attention et de la concentration. Parfois, même coller deux feuilles de papier s’avérait être une opération hors de la portée de personnes qui depuis longtemps n’étaient plus habituées à réaliser un projet. À l’intérieur de certains groupes, on est cependant arrivé à trouver des personnes capables de coudre à la machine, de faire du crochet, d’employer des outils de menuiserie, bref, de contribuer à aider les autres participants ou l’animateur.

En expérimentant directement et en observant attenti-vement le comportement des patients, la technique suivante de construction a été sélectionnée et reproposée pendant des années. Ensuite nous l’avons proposée à nouveau dans divers autres contextes, toujours avec des patients adultes.

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– 16 –Photo Mariano Dolci

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Avec l’aide d’autres animateurs ou de quelques patients, des balles de polystyrène sont recouvertes en collant sur elles quelques couches de papier journal, de façon à obtenir, une fois sec, une forme dure et solide. La balle est ensuite solidement fi xée sur un bâton (un tuyau de plastique). Ce tube traverse tout le corps de mousse. De ce corps, encore sans membres, on fait sortir des fi celles, à la hauteur des épaules et du bassin pour fi xer les éléments des bras et des jambes.

Le corps ainsi préparé, on réunit et on donne à chaque patient un ensemble de 8 pièces de tubes plastiques, tous de la même longueur, munies de fi celles aux extrémités, qui constituent les éléments des membres (deux pour chacun). La consigne de la première séance est donc celle de nouer ces éléments entre eux et au corps de la marionnette, de façon à la munir de bras et jambes. Du point de vue de l’animation, les jambes seraient superfl ues, puisqu’elles ne seront pas visibles en scène, mais inviter à les mettre a été parfois utile pour révéler d’éventuels dysfonctionnements dans le schéma corporel du patient.

Dans un deuxième temps, on fournit du papier mâché, déjà prêt. Il doit être appliqué sur la tête pour modeler le nez, la bouche, les oreilles. Quelques soignants construisent leur marionnette en même temps que les patients. Ceci est important, soit pour disposer d’un nombre suffi sant de personnages pour les séances d’animation, soit pour montrer directement les diverses opérations manuelles à effectuer. Quelques personnes, bien qu’affectées de graves défi ciences, participent quand même à la culture commune, avec leurs préjugés en ce qui concerne les marionnettes qui seraient destinées uniquement aux enfants et il est opportun de les rassurer en montrant que même des personnes, comme le médecin, l’aumônier ou le psychologue, peuvent pratiquer cette activité.

Dans la troisième séance on passe à la peinture des têtes. On met à disposition de chaque participant des pinceaux, des couleurs déjà prêtes.

Dans la quatrième séance, ils choisissent, ils coupent et collent les cheveux de laine à tricoter.

Dans les séances suivantes, on coupe et coud les tissus pour les vêtements.

Lors de la dernière séance de construction (qu’il est bon de faire coïncider avec celle des premières animations), on place les mains, éventuellement les pieds s’il y a lieu, et fi nalement

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on fi xe une baguette pour les mouvements d’un des bras. On ne donne aucune consigne sur la manière de caractériser les personnages et, évidemment, personne n’exprime de jugement de valeur.

Dès le début de la construction, des processus d’identifi cation se mettent en évidence. Il est courant que dans la majorité des cas (que ce soit des enfants ou des adultes, des malades ou non) qui construit une marionnette pour la première fois, a tendance à lui attribuer son propre sexe.

La stratifi cation des éléments qui caractérisent le personnage, tout au long de la phase de construction, semble se former sous l’infl uence de deux pôles divergents, c’est-à-dire entre l’insertion de traits qui font partie de l’identité de l’auteur, et celle d’autres traits (qualités ou défauts) qui proviennent de personnes importantes affectivement. La « négociation » entre ces identités différentes se manifeste et se précise successivement, pendant les phases de l’animation. Par exemple, le personnage peut avoir la couleur des cheveux de son créateur mais avoir le nom d’un conjoint et effectuer le travail d’un autre. Fréquemment, à l’Hôpital Psychiatrique, on attribuait au personnage l’âge où avait eu lieu la première hospitalisation de son créateur.

La recherche d’un vêtement ou d’un bijou qui rappelle ceux de son auteur, les coiffures, la couleur des cheveux, la présence

Photo Mariano Dolci

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de boucles d’oreilles, la barbe et les moustaches, ont souvent une origine facilement identifi able. Il y a aussi des personnages complètement dépourvus de tout, exprimant solitude, pauvreté et une pénible, profonde dévalorisation de soi-même (“Dire mon nom est comme dire une sottise”, lors de la première animation d’un personnage).

Lors des séance de construction, l’identité en formation des personnages révèle déjà des traits qui anticipent ou éclairent ce qui apparaîtra plus clairement pendant les jeux des improvisations. Une bonne partie des marionnettes obtenues n’est, dans la plupart des cas, pas si différente de celles construites par d’autres personnes adultes comme les enseignants ou les parents d’élèves qui ont fréquenté mon atelier pendant des dizaines d’années. Des personnes extrêmement défi cientes ont produit de façon surprenante des personnages suffi samment structurés. Nous présumons que ce résultat est dû, au moins en partie, à notre respect pour leur manière extrêmement dilatée de vivre le temps. Je me souviens d’une patiente qui, à chaque séance, collait un seul fi l de laine pour former la chevelure de sa marotte. Nous y avons vu refl été fi dèlement le plus grand désinvestissement de toute activité, caractéristique des phases psychotiques.

Le personnage par sa construction et son animation apparaît comme une résultante entre la représentation de ce qu’est son auteur, de ce qu’il était, ce qu’il croyait être, ce qu’il voudrait être, ce qu’il a peur d’être… Ce personnage peut donc nous apprendre beaucoup de choses sur le sujet justement parce qu’il n’en est pas une copie exacte. Il est vraisemblable que certains traits montrent clairement une origine psychotique mais il n’est certainement pas possible d’en tirer un système d’interprétation précis. Il ne peut pas exister une sémiologie exacte. Plus que le produit fi nal, le processus ou, mieux, l’observation des divers microprocessus présents au cours des opérations, peut fournir des éléments de connaissance sur la personnalité du sujet.

Toutefois, les traits qui apparaissant dans l’identité d’une marionnette sont confrontés à ceux provenant d’une autre source, se placent dans un cadre de référence qui les éclaire et qui contribue à mieux les connaître. Le produit dont nous disposons à la fi n d’un processus expressif comme celui de la construction d’une marionnette est le résultat d’infl uences d’intensité et de nature différentes, entrelacées entre elles.

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Avant tout sont présentes les infl uences dues aux résistances et aux stimulations présentes dans les matériels, dans l’emploi des instruments, dans les procédures, dans les gestes de la main. Ces infl uences apparaissent très souvent sous-estimées. Il y a ensuite l’infl uence due à la présence des autres sujets avec la possibilité d’inspiration, d’imitation, de collaboration, de censure. Il y a ensuite une infl uence inconsciente due à l’élaboration primaire, et fi nalement aussi celle imposée par un projet conscient. Le poids de chacune de ces infl uences dans la composition, est fonction de différents facteurs. L’adhésion plus ou moins sentie à la proposition a son importance : moins l’auteur est motivé et plus importante sera l’élaboration secon-daire avec l’apparition de stéréotypes. Chaque comparaison entre divers produits dans la tentative d’en tirer des générali-sations ne peut pas qu’être partielle. Même l’attitude de l’animateur est importante pour éclairer le sens de quelques processus : adopter une attitude distante et silencieuse par souci de ne pas induire, c’est-à-dire d’objectivité, rend stérile une communication qui présuppose un échange. Pour prendre un seul exemple, comme celui assez courant de l’absence de l’oreille, comment établir s’il s’agit d’un oubli sans importance, d’une omission consciente diversement motivée, de ce que nous pourrions défi nir comme une sorte de «lapsus» plastique (qui témoignerait une infi ltration soudaine des processus pri-maires dans une élaboration guidée de processus secondaires), ou au contraire, d’une forte résistance pour la présence de ces organes, au point de les effacer sans interagir avec son auteur ?

Une fois construite, la marionnette, la familiarisation avec son animation se produit graduellement. Dans les premières séances, pour réchauffer un peu l’atmosphère et pour rassu-rer, on invite les participants à l’intérieur du castelet, seuls, ou en couple avec l’animateur, pour faire danser les marionnettes. Généralement, par leurs simplicités, ces exhibitions ne provoquent pas d’anxiété particulière. Successivement, on commence à requérir que les personnages se présentent et répondent à quelques questions posées par la marionnette de l’animateur. Finalement, on propose des thèmes et des situations où les personnages sont invités à y répondre.

Même si cela n’est pas une consigne, il est de règle que chacun de nous anime le personnage qu’il a lui-même construit.

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Avec le temps, quelques-uns de ces personnages acquièrent un nom, une identité stable, une situation familiale, un statut social. Je me souviens encore des plus loquaces comme si elles avaient été de vraies personnes. Certaines avaient une identité changeante, confuse ou indéfi nissable, pendant que d’autres ne parvenaient pas à en former une.

Le thème de la séance que l’on demande de respecter dans les dialogues improvisés, est généralement proposé par l’animateur ou par son personnage, ou encore par un des soignants ou, plus exceptionnellement, par un patient. Il peut même être introduit de façon non verbale, c’est-à-dire à travers l’apparition en scène d’un nouvel élément (un enfant qui réclame assistance, un chat abandonné, un paquet mysté-rieux, une arme, un porte-monnaie bien rempli ou un billet gagnant de loterie, etc.). On invite donc les participants à l’intérieur du castelet où la marionnette de l’animateur tente de conduire tous les personnages à se joindre au thème établi. Naturellement n’importe quelle autre expression, même «hors thème» est acceptée. Le personnage de l’animateur s’engage à soutenir et relancer la conversation, si possible à inviter et impliquer d’autres personnages dans l’action et parfois à savoir se mettre en retrait. De nombreuses fois, nous avons dû nous contenter d’un monologue décousu ou délirant, d’une chanson ou d’une danse à peine ébauchée.

À mon avis, l’effort de l’animateur serait de convaincre avec son attitude rassurante chaque participant à accomplir un petit effort en plus de ce qu’on pense être à sa portée. On se préoccupe avant tout de convaincre tout le monde de participer. Celui qui n’a fait que faire danser la marionnette est invité à lui faire dire quelques mots ou à chanter une chanson. Pour celui qui est capable de dialoguer, on peut recourir à une série de jeux de rôles avec des diffi cultés progressives, à proposer graduellement, de la plus simple (interpréter une situation qu’il a déjà vécue) à la plus complexe (par exemple, la répétition d’une petite scène avec inversion des rôles). Les patients peuvent établir des relations différentiés avec leurs personnages : il y a ceux qui ne sont pas en mesure de sortir du hic et nunc et répondent toujours à la première personne ; ceux qui dégagent mal l’identité du personnage de la leur mais qui semblent être en mesure de le placer dans le passé ou de se projeter dans le futur ; ou encore ceux qui sont en mesure d’assumer des rôles

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différents mais seulement gratifi ants ; et ceux au contraire qui, comme des comédiens, sont capables d’accepter et de maintenir n’importe quel rôle avec une certaine cohérence, etc.

Grâce au déroulement régulier des séances il se forme une parenthèse à la fois spatiale, c’est-à-dire l’intérieur du castelet, et temporelle, le jour de la semaine fi xé pour la séance. Cette possibilité d’entrer périodiquement à l’intérieur du castelet a pu former un « autre monde » à la croisée entre l’imagination et la réalité, une espèce de gymnase où « dégourdir » et exercer son « moi », en ambiance protégée, à travers la palette illimitée des identifi cations, des projections et des situations, que les personnages disponibles et leurs interactions peuvent évoquer.

Dans cet «autre monde» où il était possible de jouer avec l’imagination, un rapport avec la réalité n’était pas pour autant absent. Certains ont su occuper cette « autre scène », en évoquant plus ou moins confusément le passé ou en donnant forme à un désir, une préoccupation ou une angoisse, par marionnette interposée, tel une espèce de « corps auxiliaire ». Avec le temps la succession des séances a certainement atténué la crainte de s’exprimer et dans quelques cas, elle a même provoqué quelques petites prise de conscience.

D’habitude, les patients sont amenés rapidement, et spontanément, à évoquer les conditions de leur hospitalisation qui a été effectuée dans un climat angoissant et, apparemment en quelques cas ils peuvent aussi, grâce au castelet, prendre de la distance.

Je me souviens de quelques rares, mais violents, «passages à l’acte» de la part d’un sujet qui traversait un moment de crise. Quelques fois la crise paraissait se limiter à la seule marionnette qui changeait radicalement son caractère habituel pour devenir un personnage violent et grossier. Mais en général les marionnettes des patients ont montré une moralité à toute épreuve. Il semblait entièrement exclu, même dans le cas où la situation de jeu avait été bien comprise et acceptée, que les personnages aient pu accomplir des actions répréhensibles, comme par exemple imprimer de la fausse monnaie, duper, dire des mensonges, trahir l’amitié, en venir aux mains, commettre l’adultère, etc. Apparemment ils auraient été incapables même de piétiner les plates-bandes. Les malades qui prêtaient autonomie et vie à leurs marionnettes étaient très mal à l’aise

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lorsque, en scène, on détaillait de semblables perspectives. La tendance semblait celle d’extraire et de présenter une partie de soi considérée structurée, positive et de la présenter à l’extérieur. Rien à voir avec des animations d’enseignants ou de parents qui pendant des décennies ont fréquenté mon atelier : leurs personnages exprimaient inévitablement une moralité douteuse ou beaucoup moins conventionnelle, ils recouraient à un langage fortement coloré, et à un humour non édulcoré.

Quel bilan puis-je tirer de cette expérience ? Pour ma part, je conserve le sentiment que ces modalités de rencontre n’ont pas été inutiles : je me rappelle de l’émotion ressentie à l’apparition inespérée d’un sourire sur un visage habituellement inexpressif, ou d’avoir entendu quelque mot murmuré par un sujet presque toujours enfermé dans un mutisme obstiné. Ces émotions, diffi ciles à transmettre à ceux qui ne connaissent pas le contexte, m’ont personnellement convaincu jusqu’à aujourd’hui de proposer à nouveau ma méthode dans d’autres situations.

Pour mon propre compte, le but principal en proposant des marottes et des marionnettes m’apparaît éloigné soit de la création d’un nouveau test projectif, soit d’un théâtre d’amateurs. Il s’agit de transmettre un langage en vue d’augmenter le niveau de communication à travers des modalités expressives, prises au théâtre de marionnettes. Mais de toute façon il s’agit de voies transversales pour tenter de favoriser la communication, favoriser la relation, et on ne peut pas appeler cela du théâtre. Par contre, le but que je me suis toujours proposé a été celui de jouer (toutefois de faire quelque chose de très sérieux), en portant l’attention principalement aux processus plutôt qu’aux produits fi naux. Jouer pour jouer, jouer pour découvrir, et renforcer l’imagination, la fantaisie créatrice dont nous parle Vygotskij : “... l’imagination créatrice ne disparaît pas complètement dans la personne : elle devient, seulement, une rare éventualité”.

En ce sens, les langages du théâtre d’animation ont des particularités qui pourraient être exploitées. Souvenons-nous que dans le castelet, il est possible d’expérimenter et de mettre en scène avec une liberté infi nie tous les « si c’était... » et tous les «faisons semblant que...» possibles et imaginables. Des idées abstraites, sentiments, émotions peuvent aussi littéralement prendre corps. Les procédures pour objectiver des sensations subjectives sont caractéristiques de ce genre de spectacles.

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Comme le reconnaissait George Sand, marionnettiste éprouvée : “Avec le théâtre de burattini on peut manier le fantastique bien au-delà de ce qu’admettent les théâtres d’acteurs vivants.”

Ces « langages », avec leurs «grammaires» peuvent produire du sens avec une liberté infi nie, exclue pour l’acteur humain. Ils peuvent aussi décrire effi cacement le réel surtout quand ils renoncent à le copier.

Dans le contexte ouvertement thérapeutique, pour soutenir et stimuler les patients dans leur expression, le problème d’une éducation artistique n’est pas le mobile des soignants et des animateurs ; il s’agit d’autre chose. En essayant d’entrer en relation avec le patient à travers ce troisième pôle constitué par ses réalisations, les soignants doivent s’inspirer de chaque élément perceptible, que celui-ci apparaisse original ou stéréotypé, cohérent ou incongru, «beau» ou «laid», riche ou banal, pour l’exploiter comme relance à la communication. Les particularités présentées dans les manifestations d’un patient, doivent donc être vues en positif, chance possible offerte pour tenter d’établir un début de dialogue avec son monde intérieur, en acceptant préalablement, si nécessaire, ses « langages ». Le manque de respect absolu des consignes ou des attentes du patient par des personnages animés par les soignants ou d’autres patients, peut parfois même provoquer des petites prises de conscience.

Les séances d’expression spontanée avec les marionnettes se constituent et acquièrent donc un sens dans la relation et la négociation entre deux mondes : celui de la réalité objective et celui imaginaire créé à l’intérieur du castelet.

À vrai dire, nous avons eu peu d’expériences où les conditions nous ont permis d’assister à la formation de cet «autre monde», mais lorsque cela s’est vérifi é, il était évident que les malades attendaient avec impatience le jour prévu pour enfi n passer à l’intérieur du castelet. Souvent les participants nous ont révélé eux-mêmes que les petites scènes qu’ils avaient présentées les avaient fortement surpris. Peut-être, dans quelques cas étaient-ils devenus conscients de savoir plus de choses qu’ils ne le pensaient. Mettre en scène des dialogues, des petites histoires nous entraîne à imaginer tous les : « ce qu’il pourrait se passer si... » et à garder, on l’espère, cette habitude dans la vie de tous les jours.

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Se déplacer physiquement pour s’intégrer dans l’espace restreint, et insuffi samment éclairé à l’intérieur du castelet, provoque la sensation de franchir l’entrée vers un autre monde et nous invite à imaginer que nous nous trouvons dans son centre. Quoique étroitement délimité, l’intérieur du castelet ambitionne de représenter la totalité, l’immensité de l’univers ; pas seulement celui du réel, mais aussi celui du possible ou de l’imaginaire. Le macrocosme, qui s’offre dispersé et confus à l’extérieur est concentré avec toutes ses variétés possibles, au-delà de la frontière constituée par le rideau qu’il faut écarter pour entrer.

Le pas à accomplir, matériellement, pour s’intégrer à l’intérieur, symbolise le passage entre deux états, entre deux mondes, entre le certain et le possible, peut-être le souhaitable, entre le réel et l’imaginaire. L’ouverture entre les rideaux, a une valeur dynamique et psychologique, puisque non seulement elle indique un passage, mais elle invite à le dépasser. L’ouverture permet d’entrer, mais aussi de sortir, et donc d’éprouver la sensation d’aller librement d’un domaine à l’autre, sans les confondre.

En réalité, une fois établie l’habitude à travers les régulières propositions de jeu, toujours différentes à cause des imprévisibles interactions provoquées par la présence et les réactions des autres, on en vient à comprendre l’impossibilité du rêve de renfermer réellement tout le cosmos dans un espace enfermé. Ces voyages dans des mondes hypothétiques ou entièrement imaginaires, ne s’accomplissent, en réalité, qu’à l’intérieur de nous-mêmes, bien que ce petit déplacement physique du corps vers un lieu délimité apparaisse nécessaire pour les commencer.

Quoique des dialogues et de petites scènes puissent apparaître élémentaires et dépouillés, le transfert derrière le rideau semble toujours exprimer une évasion du monde quotidien et une recherche d’un hypothétique « trésor ». Mais cette recherche n’est généralement qu’une fuite de nous-mêmes. En effet on ne trouve jamais autre chose que ce que l’on a voulu fuir : nous-mêmes.

Mariano DOLCI.(Traduction de l’auteur)

* * *

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DocumentationVient de paraître

Más allá del Monigote est un ouvrage en espagnol consacré au psychodrame et présenté par le Dr Ernesto Fonseca-Fàbregas, avec une introduction du Dr Jaime Rojas-Bermúdez, tous deux bien connus des adhérents de “Marionnette et Thérapie”. En effet, nous avons plusieurs fois présenté dans notre bulletin leurs travaux, en particulier ceux de l’ESCAT à Barcelone, dans notre bulletin ainsi que dans notre colloque de 1994 et lors de la Journée de 1996 à Paris. Le corps de l’ouvrage est constitué par 28 leçons ; signalons que la 24e leçon, El Títere, un nuevo camino, est rédigée par Silvia Bierkens, présidente de l’association “Marioneta y Terapia”. L’ouvrage s’achève avec un essai du Dr Jaime Rojas-Bermúdez : De la Envidia y la Violencia.

Format 16,4 x 23, 408 pages, photographies et illustrations en noir et blanc, éd. Hamalgama, 2005. Prix : 17,50 €. Site : www.hamalgama.com

Jeux et marionnettes dans l’éducation des enfants diabétiques, c’est le titre de la thèse pour le diplôme d’État de docteur en médecine que vient de nous envoyer Julie Pélicand (qui a suivi en 2001 une formation avec “Marionnette et Thérapie» et avec laquelle nous avons gardé des contacts). Cette thèse a été soutenue en 2004 à l’Université du Droit et de la Santé Lille II, Faculté de médecine Henri Warenbourg.

Le Dr Julie Pélicand a aimablement accepté de parler de sa pratique au cours du colloque du 16 septembre 2006. Lu en 4e page de couverture de la thèse :

« L’éducation du patient fait partie intégrante des soins de l’enfant atteint de maladie chronique. Les enfants doivent acquérir les compétences nécessaires pour gérer au mieux leur maladie et devenir plus autonome dans leur vie quotidienne. Le jeu est une voie possible pour les aider. D’ailleurs, de nombreux auteurs utilisent les techniques ludiques afi n de s’adapter aux besoins et aux capacités d’apprentis-sage des enfants. Mais peu d’études décrivent ces techniques. (…) »

La thèse comprend 68 pages de texte, de nombreux tableaux et une page d’illustrations en couleurs.

Figura, revue d’expression marionnettique (en allemand et en français) éditée par l’Association suisse pour le théâtre de marionnettes/Centre suisse de l’Unima : N° 4/05, décembre 2005. Au sommaire (en français) :• Thème actuel « Quo vadis Unima Suisse ? »• Une nouvelle orientation : Nouveau cours pour marionnettistes à la Haute

École de Musique et d’Art dramatique de Zurich.• Une Saison dans la Vallée des Moumines : par le Théâtre de la Poudrière.

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• Entre la tradition et la modernité au théâtre de marionnettes : Festival de Bâle du 7 au 11 septembre 2005.

• Un coup d’œil en arrière : Festival « Il castello incantato » à Locarno du 16 août au 9 septembre 2005.

• Un conte enseigne les langues, par Elke Krafka (Info : www.laturlutaine.ch)Contact : Figura - Donaustrasse 25 - D-89231 NEU-ULM

Tél. 0049-731 725 48 36. Fax 0049-731 725 48 53. E-mail : [email protected]

Thémaa, Association nationale des Théâtres de marionnettes et des Arts associés, publie « manip », janvier - mars 2006. Au sommaire :

• Portrait. Gilbert Meyer : la marionnette, c’est la parole qui marche…• Actualité Thémaa. Marionnette et technologies contemporaines.• Marionnettes et arts associés. Les territoires du théâtre d’objet.• Bonne feuille. Stanka Pavlova : La Marionnette : périphérique d’entrée du

monde des fantômes.• International. Créatures Compagnie : Carnet de voyage à Ouagadougou…• Profession – Créations – Publications

Contact : THÉMAA - 24, rue Saint-Lazare - 75009 Paris – Tél./fax : 01 42 80 55 25 – E-mail : [email protected] – Web : www.themaa.com

InformationSans Tambour Ni Trompette présente Handiclasse 2005-

2006, le jeudi 2 mars 2006, salle Olympe de Gouges, Paris XIe : Musique-Danse-Théâtre-Clown-Magie.Contact : STNT – Tél/fax : 01 43 67 63 50 – E-mail : [email protected]

“Cheminer en groupe avec la marionnette” : Une journée autour de la marionnette en thérapie au Centre de jour de Bressuire (79), le 12 avril 2006, organisée par l’association ACEP PSY de l’Hôpital Nord Deux-Sèvres et l’association Populage. Avec la participation de Valérie Rame, marionnettiste ; Sandra et Anne, éducatrices ; Claire Marquet, psychologue ; Gilbert Oudot, psychanalyste.Contact : Valérie Rame – Tél. : 05 49 96 57 08 – E-mail : [email protected]

L’association Les Pinceaux-ATEPP-CEFAT organise sa 23e Journée annuelle le samedi 4 mars 2006, Maison Nicolas Barré, 83 rue de Sèvres, 75006 Paris.

Parmi les intervenants, nous remarquons Gabriela Pisano, psychopédagogue, art-thérapeute auprès d’enfants, Buenos Aires, qui est une de nos correspondantes à l’étranger. Sa communication est intitulée : « Tu peux m’aideeeeeeeer ? » Niqui et sa diffi culté à savoir comment faire ».Contact : ATEPP-CEFAT – 16 rue Fr. de Pressensé - 75014 Paris.

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L’association Clownanbule propose un stage du lundi 17 juillet au vendredi 21 juillet 2006 :

« Il était une fois ...un clown et une marionnette ».« Comment va réagir notre clown face à ce petit être d’argile et de chiffons

surgis de nos mains?« La marionnette va-t-elle réveiller notre âme d’enfant, nos vieilles

terreurs, nos parts d’ombre et de lumière ?« tant de mystères et de rencontres à découvrir au fi l du temps ?« Qui va s’animer, Donner le souffl e de vie ?... »

Ce stage est animé par Dominique Le Godec pour la partie marionnette (fabrication) et par Michaella Gallozzi pour le côté clown (jeu). Ce stage s’adresse aux personnes qui ont déjà travaillé le clown.Dominique Le Godec : formation “Marionnette et Thérapie”, et art-

thérapie par Jean Pierre Royol (Profac) ; travail du clown depuis 2000 ; anime des ateliers pour public en diffi culté.

Michaella Gallozzi : formatrice, travaille le clown depuis 1991 (Bataclown, Roy hart théâtre) ; formée en art-thérapie par Jean-Pierre Klein (Inecat).

Renseignements et inscriptions au 01 43 22 31 20 – Mail : [email protected]

* * * * *

Marionnette et Thérapie28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

Courriel : [email protected] - Site : http://marionnettetherapie.free.fr/Fondatrice : Jacqueline Rochette – Président d’honneur : Dr Jean Garrabé

Présidente en exercice : Madeleine Lions“Marionnette et Thérapie” est une association-loi 1901 qui «a pour objet l’expansion

de l’utilisation de la marionnette comme instrument de soins, de rééducation et de réinsertion sociale» (Article 1er des statuts).

L‛action de “Marionnette et Thérapie” est soutenue parle Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Bulletin à renvoyer au siège social de l’Association

28 r. Godefroy Cavaignac - 75011 Paris - Tél. 01 40 09 23 34 - E-m : [email protected]

NOM ............................................. Prénom ......................................................................

Profession ..................................... Tél ..............................................................................

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Désire : adhérer à l’Association - s’abonner au bulletin - recevoir des renseignementsCOTISATION (non compris le bulletin), membre actif : 27,44 €/an.ABONNEMENT au bulletin trimestriel : 30,49 € - Étudiants et chômeurs : 15,24 € (joindre justifi catif)

(expédition au tarif économique pour l’étranger).Les abonnements partent du 1er janvier au 31 décembre de l’année en cours.Règlement à l’ordre de “Marionnette et Thérapie” CCP PARIS 16 502 71 D

Directeur de la Publication : Serge LIONS - Imprimé par “Marionnette et Thérapie”

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Association “Marionnette et Thérapie”

ISSN 0291-7912nouvelle série

bulletin trimestrielAVRIL - MAI - JUIN

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marionnetteetthérapie

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marionnette et thérapie28, rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

BULLETIN TRIMESTRIEL DE L’ASSOCIATION “MARIONNETTE ET THÉRAPIE”ASSOCIATION LOI 1901

Subventionnée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative_____________________________________________________________________________

Dépôt légal 2e trimestre 2006 - Reproduction interdite sans autorisation.

sommairePage

notre associationIn memoriam : Bernard Lapierre-Armande ................................................... 2Activités de “Marionnette et Thérapie” .......................................................... 3Relations avec “Jeunesse et Sports” ............................................................ 3XIe Colloque international à Charleville-Mézières ......................................... 4Regroupement international F.I.M.T. ............................................................. 5

formation en 2006 ........................................................................................ 6

une nouvelle formation“Marionnette et Thérapie” en Rhône-Alpes .................................................. 7

Bressuire, le 12 avril 2006Présentation ................................................................................................. 12Cheminer en groupe avec la Marionnette ................... Sandra GUIGNARD, Claire MARQUET, Anne TESSIER, Valérie GENTILE-RAME 13

Une fable…Polichinelle et les enfans ............................................ Ulrich GUTTINGUER 26

Lyon, les 26-27 avril 2006Colloque “Des hommes et des ombres” ....................................................... 28

documentation .............................................................................................. 29

information ..................................................................................................... 30

marionnette et thérapie ............................................................................. 32

L’Association est agréée Organisme de Formation.Elle est composée d’Animateurs, Éducateurs, Ergothérapeutes, Instituteurs, Marionnettistes, Médecins,

Orthophonistes, Psychanalystes, Psychiatres, Psychologues, Psychothérapeutes, Psychomotriciens,Rééducateurs, Spécialistes de la Documentation Internationale

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In memoriamBernard Lapierre-Armande nous a quittés le 27 avril

2006. Bernard était éducateur spécialisé, psychomotricien et musicien. Toujours aimable, prompt à aplanir les confl its et d’un dévouement absolu aux enfants dont il avait la charge, il partageait son activité entre un orchestre de musique cari-béenne, Handisport dont il était membre fondateur, la Salpê-trière, à Paris et l’Institution Notre-Dame à Neuilly-sur-Seine.

C’est dans le cadre de cette institution qu’il animait, avec Claire Bourdais et Madeleine Lions, un atelier-marionnettes qui a accompagné nombre d’enfants pendant plusieurs années et dont l’activité a été relatée au colloque international de 1994 à Charleville-Mézières. La participation de ces enfants à la fête de l’institution en 1997 avait vivement intéressé la responsable du Ministère de la Jeunesse et des Sports chargée de “Marionnette et Thérapie” et qui avait répondu à l’invitation. Bernard avait par ailleurs participé au groupe franco-allemand, de 1992 à 1996, sur le thème “Le théâtre de marionnettes en tant que champ d’expérience interculturel”.

Nous avions appris qu’il était en longue maladie et nous sommes restés sans nouvelles, tant de sa part que de l’institution et ce n’est qu’à la dernière limite que nous avons été informés de son état et que nous avons pu servir de lien avec des personnes qui l’avaient, comme nous, bien connu et ont pu l’assurer de leur profonde amitié.

C’est dans la musique qu’il se ressourçait et c’est avec ces mots pris sur l’un de ses CD que nous quitterons Bernard, sans l’oublier :

« La musique et la vie se ressemblent. Elles prennent toute leur profondeur dans l’amour et l’amitié… Merci à ma “Famille Amour” de sa patience. Merci à mes amis de toujours et à tous ces amis pour leur “Amour Musique” sans lequel ces quelques chansons ne seraient jamais nées… Je dédie ce disque aux enfants du monde… Et, au-delà des mots, Jo… J’ai essayé de continuer la musique…»

“Marionnette et Thérapie”.

Notre association

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• 27 fév-3 mars : stage “Marionnette et Psychanalyse” à Marly-le-Roi, animé par Cristiana Daneo et Gilbert Oudot, avec la participation de 8 stagiaires ;

• 8-9 avril : formation dans le cadre du Mouvement d’art-thérapeutes à Sémentron (89). Deux jours de sensibilisation au médiateur « marionnette » pour des art-thérapeutes. Cette brève formation se renouvelle depuis plusieurs années et nous avons eu le plaisir d’apprendre que d’anciens stagiaires avaient introduit la marionnette dans leur pratique professionnelle ;

• 12 avril : participation à la journée “Cheminer ensemble avec la marionnette” organisée à Bressuire (79) par le Centre de jour de l’hôpital de Bressuire et l’association ACEP PSY ;

• 26 et 27 avril : participation au colloque “Des Hommes et des Ombres” organisé à l’Université Professionnelle Interna-tionale René Cassin, Lyon (79) par la Cie des Zonzons dans le cadre de Moisson d’avril 2006 ;

• 15-19 mai : stage “Marionnette, corps et mobilité”, à Seyssins (38), animé par Jean-Louis Torrecuadrada et Marie-Laure Escande, avec la participation de 6 stagiaires ;

• 6 juin : une après-midi de sensibilisation à l’utilisation de la marionnette comme médiateur auprès de 12 éducateurs spécialisés, dans le cadre de la Cie Falaises et Plateaux, à Arcueil (94), avec la participation de Marta Biecher, Marie Yolande Capouix et Madeleine Lions.

Le ministère a accepté le compte rendu de nos activités de 2005 pour justifi er la subvention accordée cette année-là. Rappelons que cette subvention avait été accordée après une intervention auprès du Ministre, suite au rejet de notre renouvellement d’agrément comme association nationale.

Aux dernières nouvelles, le ministère, malgré sa bienveillance à notre égard et malgré les paroles du ministre rapportées dans notre précédent bulletin, p. 3, en particulier concernant le rayonnement international, le ministère donc ne veut pas renouveler de la même manière l’attribution de cette subvention vu que les textes n’ont pas évolué et que nous sommes toujours enfermés dans ce paradoxe : adhérents et usagers nationaux et internationaux d’une part, agrément régional de l’autre.

Nous ne pouvons donc compter que sur nos fonds propres…* * *

Activités de “Marionnette et Thérapie”

Relations avec “Jeunesse et Sports”

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Ce XIe Colloque international aura lieu le samedi 16 septembre 2006, à la Chambre de Commerce et d’Industrie, gracieusement mise à notre disposition, comme lors des autres festivals, par le Comité d’organisation, que nous remercions vivement.

Le thème retenu est : « Interdits : Inter-dits ».

Avec les interventions de :Eveline CARRANO, art-thérapeute : “L’art-thérapie et la marionnette pour faciliter l’alphabétisation des enfants défi cients” (Rio de Janeiro - Brésil)

Jeanine DAVID, éducatrice, marionnettiste : “La marionnette sur le terrain” (Le François, Martinique)

Stéphane DEPLANQUES, psychologue : “Quand les marionnettes s’inter-disent... entre corps et parole” (Rouen)

Aglika IVANTCHEVA, marionnettiste :“titre en attente : sur la réalisation d’un projet de lutte contre le Sida)” (Sofi a - Bulgarie)

Maki KOHDA, professeur à l’université Seitoku : “L’enfant et la marionnette – Pourquoi l’enfant aime-t-il une marionnette ?” (Tokyo - Japon)

Dr Julie PÉLICAND, médecin : “Les marionnettes pour apprendre et dire : utilisations auprès d’enfants atteints de maladie chronique” (Bruxelles - Belgique)

Henri SAIGRE, psychothérapeute, art-thérapeute, directeur du Mouvement d’art-thérapeutes : “Je demeure interdite” (Sémentron)

Nathalie TANGHE et Jean-Louis TORRE-CUADRADA, ergothérapeutes : “À propos d’une expérience d’un théâtre d’ombres en psychiatrie”(Grenoble)

Ce XIe Colloque international “Marionnette et Thérapie” sera prolongé le dimanche 17 septembre 2006, à Charleville-Mézières (08) par la réunion en assemblée constitutive de la F.I.M.T., Fédération Internationale “Marionnette et Thérapies”, à la Chambre de Commerce et d’Industrie de toutes les personnes intéressées par le projet de regroupement international des personnes et des organismes utilisant la marionnette comme médiation.

XIe Colloque international à Charleville-Mézières.

Nous sommes porteurs d’un discours qui dirige notre vie, mais dont nous ignorons le contenu ; c’est ce que la clinique analytique ou la vie de tous les jours nous démontre.

Si ce discours nous était absolument inaccessible, notre vie serait alors livrée à un destin inéluctable… Or, il n’en est rien. Mais ce discours veut se faire entendre, à savoir qu’il se glisse dans les interstices du discours courant, entre les « dits/inter-dits ».

C’est ce que nous nous efforcerons de montrer durant ce colloque : comment ce discours se dit et peut s’entendre.

À bon entendeur salut. Gilbert Oudot.

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_________________(*) Auprès du Comité d’organisation du Festival, tél. : 03 24 59 81 05 ;

auprès de Loisirs Accueil Ardennes, tél. : 03 24 56 00 63

Organisation du Colloque.Le droit d’inscription au Colloque est fi xé à 50 € ; il est

réduit à 37 € pour les adhérents de “Marionnette et Thérapie” à jour de leur cotisation 2006 et à 25 € pour les étudiants et les chômeurs (justifi catifs demandés). Les groupes (5 personnes et plus) peuvent demander à “Marionnette et Thérapie” le tarif qui peut leur être consenti.

Nous rappelons l’intérêt de réserver sa chambre au plus tôt si l’on désire être logé au plus près du centre ville(*).

Le programme est actualisé en continu ; il est disponible sur demande et consultable sur le site de l’associationhttp://marionnettetherapie.free.fr

La brutale disparition de Jacques Félix, personnalité incontournable dès qu’il s’agissait d’ “international”, n’est pas sans conséquences sur le processus envisagé pour la constitution du regroupement international des personnes et des associations qui utilisent la marionnette comme médiateur dans les domaines du soin, de l’éducation et de la rééducation, de la réinsertion sociale, etc., et qui envisageraient de se fédérer en créant la F.I.M.T. : la fédération internationale “Marionnette et Thérapies”.

Mais, si les Français ont à faire face à des préoccupations plus immédiates, hors de France il y a des personnes qui manifestent leur intérêt pour ce projet. Citons pour mémoire le Québec, qui a relancé le projet mais qui, pour des raisons fi nancières, ne sera pas présent en septembre à Charleville-Mézières. Notons les demandes répétées des marionnettistes du Togo, Vicky Tsikplonou et Adama Bacco ainsi que la participation annoncée d’enseignants et d’artistes venus du Danemark.

Actuellement, aucune autre réunion préparatoire n’étant prévue, c’est donc le 17 septembre 2006 que les personnes intéressées se rencontreront à la Chambre de Commerce de Charleville-Mézières et décideront en commun de ce qu’elles souhaitent faire ensemble.

Nous les remercions dès à présent pour leur coopération et restons à l’écoute de toute suggestion.

* * *

Regroupement international “F.M.I.T.”

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AVEC FABRICATION DE MARIONNETTES

Du 27 février au 3 mars 2006 (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).“Marionnette et Psychanalyse” avec Cristiana Daneo et Gilbert Oudot

Prix : 686 € plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

Du 15 au 19 mai 2006 (40 h), à Seyssins (38).“Marionnette, Corps et Mobilité”

avec Marie-Laure Escande et Jean-Louis TorrecuadradaPrix : 686 €, sans repas ni hébergement (plan de formation : 640 €)

Du 2 au 6 octobre 2006, (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78)“Du conte à la mise en images - Du schéma corporel à l’image du corps”

avec Cristiana Daneo et Marie-Christine DebienPrix : 686 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

SANS FABRICATION DE MARIONNETTESDu 19 au 21 avril 2006, (24 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).

“Marionnette et Psychanalyse — Stage de théorie” avec Gilbert OudotPrix : 381 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 366 €)

Le samedi 21 octobre 2006, (6 h), (lieu à déterminer).Journée d’Étude “Marionnette et Psychanalyse” avec Gilbert Oudot

Prix : 137 €, repas non compris

GROUPE D’ANALYSE DE LA PRATIQUE“Formation approfondie à la conduite de groupes thérapeutiques avec marionnettes”

avec Marie-Christine DebienFormations organisées en fonction des demandes – Consultez l’association S.V.P.

Pour les formations organisées à l’INJEP, les frais d’accueil sont de 27,80 € /jour en 2006Ces frais d’accueil comprennent l’hébergement et les repas.

Ils sont de 16,80 €/jour pour les accueils sans hébergement ni repas du soir (choix pour tout le stage).Le tarif «Plan de formation» s’applique à l’inscription simultanée

à plusieurs stages composant une formationLes participants à un stage sont adhérents à «Marionnette et Thérapie» pendant l’année en cours.

Les dates et/ou les lieux des formations peuvent être modifi ésL’association se réserve le droit d’annuler une action de formation

dix jours avant son début au cas où le nombre de participants serait insuffi sant.Des conditions peuvent être envisagées pour des personnes non prises en charge

Dans le cadre du Festival mondial des Théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières en 2006 :Colloque international “Marionnette et Thérapie” : le samedi 16 septembre

Assemblée constitutive de la FIMT : le dimanche 17 septembre

Formation en 2006

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C’est avec la plus grande joie que “Marionnette et Thérapie” a donc pu réaliser le stage “Marionnette, corps et mobilité” à Seyssins (38), du 15 au 19 mai. Le précédent stage organisé dans cette région l’avait été en 1985, à Lyon. Mais cette fois, c’est une équipe nouvelle qui était aux commandes.

Jean-Louis Torrecuadrada, que nous ne présenterons pas à nos lecteurs tant il est présent dans nos activités, en particulier dans nos colloques, a bien voulu mettre au service des nouvelles générations l’expérience accumulée depuis de nombreuses années dans les domaines de la marionnette avec l’animation d’un atelier-bois, l’enseignement dans un collège et la production de spectacles avec des patients, en Rhône-Alpes mais aussi à Charleville-Mézières dans le cadre du Festival et du Colloque international.

Marie-Laure Escande, psychologue clinicienne qui a suivi une formation “Marionnette et Thérapie”, était inter-venue au colloque de 1994, à Charleville-Mézières, ainsi qu’à Lyon, en avril 2001 au colloque “La marionnette dans tous ses états”, organisé par Thémaa-Rhône-Alpes. Elle est par ailleurs impliquée dans l’animation d’autres associations et utilise la marionnette dans sa pratique professionnelle.

Tous les éléments étaient donc réunis pour que ce stage soit un succès. C’est ce que montrent les photos reproduites dans les pages suivantes, sélectionnées dans le reportage que Jean-Louis a offert aux stagiaires.

* * *

Une nouvelle formation

“Marionnette et Thérapie”en Rhône-Alpes

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Photos J.L. Torrecuadrada

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Photos J.L. Torrecuadrada

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Photos J.L. Torrecuadrada

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Photo J.L. Torrecuadrada

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C’est dans le cadre du Centre de jour de l’hôpital de Bressuire (79) que l’équipe qui anime depuis 6 ans dans ce lieu un atelier-marionnettes a organisé, avec l’association AcepPsy*, la Journée du 12 avril 2006 pour marquer les 6 ans d’activité de cet atelier. Représentant “Marionnette et Thérapie”, Marie Yolande Capouix, Madeleine Lions et Gilbert Oudot ont participé à l’ensemble de cette Journée.

Cet atelier est animé par : Valérie Gentile-Rame, marion-nettiste ; Sandra Guignard, éducatrice spécialisée ; Claire Marquet, psychologue ; Anne Tessier, éducatrice spécialisée.

Cette journée, très dense, a débuté par un « échauffement à l’imaginaire » analogue à celui qui est pratiqué dans les séances habituelles de l’atelier : travail autour du mime, associations de mots, jeux derrière le castelet. Puis chacun des participants s’est présenté et a exprimé son ressenti par rapport à cet échauffement. Ensuite, on a « exploité » ces ressentis, avec des interventions de Gilbert Oudot et de Madeleine Lions. Le repas, pris en commun, a précédé un échange sur les motivations et expériences de chacun. Et au cœur de l’après-midi, les animatrices du Centre de jour ont relaté leur expérience de six années. Nous reproduisons ci-après, en accord avec cette équipe, le texte préparé pour cette relation, sans commentaires. Mais dans la réalité, l’équipe a dû faire face à un feu roulant de questions, l’auditoire étant extrêmement intéressé par le fonctionnement de cet atelier et désireux de se confronter à une expérience déjà vécue ou en cours, et plusieurs fois c’est un projet « avec la marionnette » qui s’est trouvé conforté et encouragé.

L’après-midi s’est achevé avec un public élargi et important venu écouter les interventions de Madeleine Lions et de Gilbert Oudot, ce public intervenant souvent et donnant à ces exposés la forme d’un débat animé. Débat que le Dr Richon, de l’hôpital de Bressuire et par ailleurs président de l’association AcepPsy, est venu conclure, insistant sur l’importance fondamentale du cadre, « dont la solidité est déterminante pour que des choses s’expriment à l’intérieur. Et la liberté d’ailleurs ne peut se développer que dans un cadre donné. »

Une très belle Journée.*

_________________* Association pour l’approfondissement des connaissances et l’enrichissement

des pratiques en ce qui concerne le fonctionnement psychique.

Bressuire, le 12 avril 2006

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Cheminer en groupeavec la Marionnette

Un chemin de 6 années,en groupe, avec la marionnette,

une expérience du Centre de jour à partager

Nous avons créé ce support thérapeutique il y a 6 ans. À partir de la sensibilité de quelques uns…

Nous nous sommes lancés, sans expérience, mais en prenant la précaution que nous ne regretterons jamais, de poser un cadre suffi samment précis à l’intérieur d’un autre cadre suffi samment fi able lui-même, le cadre institutionnel.

Développement des « groupes thérapeutiques » dans notre centre de jour :

Ils permettent d’accueillir des patients adultes à l’intérieur d’un long parcours thérapeutique, sans fi nalité de guérison (on ne guérit pas de soi-même !), mais pour contribuer à l’aménagement d’un « mieux-vivre » psychique.

Notre Centre de Jour compte 40 groupes thérapeutiques depuis plusieurs années.

Tantôt les supports privilégient la dimension corporelle (par exemple dans l’eau), ou bien la créativité et l’expression de soi (par exemple les marionnettes), ou encore visent davantage le lien social (par exemple un chantier).

Il s’agit d’offrir un « contenant » : avec une référence symbolique (le soin), et un cadre suffi samment précis avec des limites temporelles (c’est-à-dire que les groupes se passent toutes les semaines le même jour, à la même heure, au même endroit, avec les mêmes personnes, les mêmes patients, les mêmes soignants, sauf pendant les vacances scolaires) et des limites spatiales (même salle, espaces différenciés à l’intérieur de la salle afi n de dissocier un espace parole, un espace échauffement et un espace jeu ; on passe de l’un à l’autre et on revient toujours à l’espace parole à la fi n).

1. Groupe thérapeutique et cadre institutionnel

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L’investissement des soignants est un principe fondamental. Leur engagement et celui de l’organisation du Centre de jour doivent garantir la continuité relationnelle, elle-même facteur de contenance.

Le respect de l’engagement pris avec chaque patient et tenu par chaque soignant tout au long de l’année, à travers des situations vécues et partagées ensemble, fonde la dimension psychothérapeutique des soins développés au long cours au Centre de jour.

Ce qui est thérapeutique, en effet, ce n’est pas la marionnette. « C’est le champ relationnel dans lequel il vient s’inscrire qui donne au processus tout entier son éventuelle portée thérapeutique » (Colette Dufl ot)1.

Introduction d’une intervenante extérieure (Valérie Rame), marionnettiste. L’intérêt de l’introduction de Valérie s’est confi rmé au fi l des années ; elle nous a apporté de la technique, ce qui a permis l’enrichissement du jeu…• Elle intervient désormais une fois par mois dans le groupe.• Elle aide par sa technique à garantir que l’espace offert soit

bien un espace de jeu. Des supervisions (3 à 5 par an) sont assurées par un

soignant extérieur au groupe. Elles sont une aide à la réfl exion, à la prise de distance nécessaire pour supporter et poursuivre des vécus parfois diffi ciles. Elles favorisent l’analyse de la dynamique groupale, ainsi que la reconnaissance et la valorisation de l’implication des soignants et de la marionnettiste dans notre cas.

La solidité du cadre institutionnel, son appui,… nous permettent d’aller plus loin, d’avancer en confi ance…

Nous sommes convaincus que pour le soignant, autant que pour le patient, c’est la force du cadre thérapeutique qui va être déterminante pour introduire la « fantaisie », pour inviter à l’expression de soi, pour « oser »…

a – La fabrication de la marionnette.Au début, on ne s’autorisait pas à prendre du temps

dans la fabrication. C’était du rapide, avec des matériaux de récupération, d’où rien de solide. On était loin de favoriser le jeu et la projection !

Avec les conseils de Valérie, en 2002, on se surprend à laisser la fabrication se faire beaucoup plus tranquillement durant cinq _________________1. DUFLOT Colette, Des marionnettes pour le dire. Entre jeu et thérapie, éditions

Hommes et Perspectives, Marseille, 1992, p. 139.

2. Le support marionnette et sa fabrication.

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séances et à constater une implication bien meilleure… Deux ans après, ce sont dix séances qui sont consacrées à la fabrication ! Aujourd’hui, on passe donc quasiment un trimestre pour la fabrication.

Le plaisir et les idées s’ajoutent au temps pour construire non seulement la marionnette, mais aussi son identité, le personnage.

Auparavant, la fabrication précédait le temps du jeu. C’est moins vrai actuellement. Cette année nous avons repris la façon dont Valérie intervenait dans les écoles : une séance de sensibilisation au jeu pour mieux appréhender la marionnette.

Le confort de la marionnette à fabriquer et le choix seront ainsi présents lors de la fabrication :• gaine ou marotte ;• vigilance pendant la fabrication pour que la marionnette soit

agréable à la manipulation (le corps et le poids).b- Le visage :

Seul le matériau est choisi par les soignants, que ce soit du plâtre ou du papier mâché. Il appartient ainsi au cadre thérapeutique.

Cette étape implique du modelage et du contact intime avec les mains. Elle peut être vécue comme un moment agréable pour certains, voire de détente. Pour d’autres, celle-ci peut être plutôt désagréable… On se salit les mains !

Thérèse n’a pas aimé le matériau et la technique : rejet, dégoût... qu’elle parvient à exprimer.

Le patient va devoir ensuite choisir la couleur du visage. On peut s’attendre à un visage dans les tons rosés, mais on découvre aussi un visage tout bleu pour l’un, tout vert pomme pour l’autre, d’ailleurs de la même couleur que son pull ce jour-là !

Les détails vont ensuite se rajouter : des oreilles au-dessus du crâne, ou parfois inexistantes, des taches de rousseur, des coiffures de toutes les formes…

Une notion s’est imposée à nous : il faut prendre son temps, afi n de préserver le rythme de la découverte. Celle-ci se fait aussi avec le regard du groupe. Parfois les commentaires d’une personne peuvent infl uencer et être source de changement sur la marionnette d’un autre.

Luc : il prend son temps, cherche, superpose plusieurs couches de peinture, persévère… On croit que c’est fi ni, mais non ! Puis, le déclic : il la trouve belle !

On retrouve souvent chez les marionnettes d’une même personne des traits communs : même nez, même regard, même expression…

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Thérèse : à chaque création, au modelage… au moment où le visage sort de ses mains, elle se montre surprise, déconcertée, anxieuse… Elle donnerait l’impression de quelqu’un qui « accouche » (elle qui est justement très préoccupée de ne pas avoir connu de maternité).

Et ce n’est pas facile, c’est chargé de doutes (périodes où elle arrivait souvent très en retard) !… car il lui faut accepter ce qu’elle a produit qui n’est pas ce qu’elle avait rêvé…

Puis viendra la période d’acceptation et de satisfaction !« Il surgit de l’informe (…) ce que l’on ne peut appeler autrement

que des « lapsus des mains(…)»2« (…) avec des sujets psychotiques, dont l’identité est mal

assurée, morcelée, avec qui il y a, avant d’accéder à la parole, à « construire », il est utile de laisser un temps de gestation nécessaire avant l’émergence d’une fi gure qui sera, d’une façon ou d’une autre, une représentation du sujet. »3

c – La marotte, le corps.Ensuite vient la construction du corps.Nous avons fait plusieurs tentatives de style de marionnettes.

Il y a eu les marionnettes à fi ls, mais la distance entre le marionnettiste et sa marionnette n’est pas aidante pour la projection. Cependant, la manipulation de la marionnette à fi ls est, sur le plan physique, moins fatigante que la manipulation de la marotte, ou de la gaine.

Pourtant, nous avons opté pour ces deux dernières car elles peuvent s’adapter à la corpulence et vont comme un gant à leur manipulateur et créateur.

Certains vont aller très vite dans la fabrication du corps. Un large morceau de tissu cousu peut faire offi ce de robe ; d’autres vont prendre le temps et beaucoup de plaisir à y coudre de jolis boutons, et vont ajouter des accessoires colorés, des bijoux…

Josette, elle, enrichit son personnage d’une poitrine opulente.Boris, lui, si mal à l’aise dans son corps, ne va pas réussir à fi xer sûrement

la tête de sa marionnette au corps ; le tout semble un peu désaxé, au point que parfois, on a peur que sa marionnette ne perde la tête durant le jeu !!!

d- Le personnage, par rapport à notre évolution de soignants.Au début, nous ne laissions pas se poser une identité de

personnage. Pressés de parvenir à monter de belles histoires, piégés par notre souci d’avoir un beau résultat… les marionnettes devaient s’adapter aux histoires et n’avaient pas d’identité._________________2. DUFLOT Colette, Des marionnettes pour le dire. Entre jeu et thérapie, éditions

Hommes et Perspectives, Marseille, 1992, p. 54.3. DUFLOT Colette, ouv. cité, p. 82.

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Est-ce que c’étaient nos peurs face à du matériel qui émergeait ? Est-ce que c’étaient nos résistances ?

Une journée d’étude avec “Marionnette et Thérapie”4 a permis le déclic et nous nous sommes resitués par rapport à la projection de chacun dans sa marionnette : le personnage est bien un axe pivot dans l’expression du patient.

En 2002, chaque patient établit la « carte d’identité » de son personnage (sexe, âge, éléments de vie…) et tout devient plus aidant et clair.

Le personnage peut être un « autre », mais peut aussi rester « collé » au réel de la personne (sorte de double).

Maryse : sa marionnette, une femme, est « l’amie qui me soutient », dit-elle. Elle ajoute que c’est sa meilleure amie et que lorsqu’elle lui chuchote quelque chose, sa marionnette est gênée ! Tendance à confondre personne et personnage ? ou bien, plongée totalement dans le jeu, car portée par le cadre vécu comme suffi samment solide ?

Un objet est devenu « personnage ». Il reçoit un nom, un rôle. Il s’anime dans un espace de jeu, en nouant des relations avec les autres personnages.

François : son premier personnage était un père Noël chargé d’ambivalence et d’agressivité mal contenue.

Il emprunte ensuite au monde animal (crée un cheval puis un chat avec une grande bouche qui voulait manger les autres marionnettes). La femme, c’est une « véchèvre » qui va brouter : mi-animal, mi-humain.

Son dernier personnage est une sorte de Pinocchio qui apporte la notion de bêtises, avec l’agressivité ainsi mieux contenue, mais qui peut encore briser le jeu.

Il semble évoluer dans sa gestion des pulsions et dans l’expression des émotions.

Des marionnettes « neutres » permettent d’enrichir le jeu, (cf. colloque d’Angers) (amener une fratrie, par ex), et aident à intervenir, en qualité de soignant, pour soutenir, dédramatiser, ou bien faire sortir d’une répétition ou d’un blocage…

Ce sont en général des marionnettes fabriquées en dehors du groupe afi n de ne pas être investies par quelqu’un.

Construire des marionnettes pourrait-il être suffi sant ?Passer à la dimension du jeu… Oser !

a – Le temps de l’échauffement.En cercle : on y travaille surtout la dimension corporelle

(travail autour du mime) et la dimension imaginaire (associations de mots). On y recherche du laisser-faire et de la spontanéité. Et _________________4. VIe Journée “Marionnette et Thérapie”, Angers, juin 2002.

3. Le jeu.

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l’on apprend à regarder sa marionnette, à la rendre vivante avec des expressions, des attitudes…b – Le temps du jeu derrière le castelet.

Nous mettons en place, d’abord, des exercices où l’on va travailler l’attitude et la gestuelle de la marionnette avec comme idée de lui faire exprimer des émotions.

Puis, à l’aide de petits scénarios, on laisse place à l’imaginaire et à la créativité, à condition d’avoir pu poser une base à la fois suffi samment souple, contenante et rassurante.

Luc : son stress, présent à l’échauffement, tombe quand il est derrière le castelet.

c – Savoir jouer ? Ce qui caractérise le jeu de marionnettes, comme le jeu en

général, c’est qu’il comporte un caractère gratuit, futile, et inutile et qu’il invite à faire semblant, à se distancier de la réalité, tout en semblant en être la reproduction.

Pour rester dans du jeu, on doit rester à distance du réel.Dans l’exemple de Maryse, nous pouvons voir comme c’est diffi cile de

« jouer », c’est-à-dire de rester à distance du réel.Elle peut ainsi expliquer, en entretien psychologique, qu’elle a choisi

un personnage « à l’aise partout » ; ceci est en contradiction avec ce qu’elle ressent dans sa vie.

En fait, au bout de quelques séances, elle s’est aperçue qu’elle ne jouait pas le personnage choisi, mais que c’était toujours sa personne, mal à l’aise, qui s’imposait.

Valérie nous aide à nous dégager de la parole (une parole qui remplissait et qui bloquait le jeu), au profi t de la manipulation.

Nous découvrons peu à peu que nous utilisons de moins en moins la parole, et nous prenons conscience que la marionnette devient « vivante », à chaque fois que nous parvenons à ne pas la « coller » à un endroit, et qu’elle peut se déplacer…

Telle Thérèse qui a tendance à narrer plutôt qu’à jouer, quand il y a de la parole, jusqu’à parfois en oublier sa marionnette !

Par contre, quand elle joue une scène sans paroles, sa marionnette devient expressive et vivante. Elle-même sent alors qu’elle s’est exprimée, « défoulée » !

La notion de plaisir n’est pas un but en soi. On peut accompagner des choses diffi ciles.

Certains ateliers sont ressentis « fatigants » par les patients. Des manipulations, pour eux, sont diffi ciles à appréhender : par exemple l’expression de la colère.

Rechercher et analyser ce qui se passe dans le corps sous l’effet de certaines émotions, dans le but de les retraduire dans la manipulation, demande un effort et une concentration.

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Les patients peuvent accepter ce côté un peu « douloureux » car l’objectif reste de parfaire la manipulation.

L’effort ainsi, se transforme en plaisir.Autre exemple : il reste diffi cile, matériellement et moralement,

d’imaginer des espaces virtuels dans le castelet (train, rue, bal, etc.). Mais quand ils le possèdent, le sentent… ils se mettent alors à jouer en groupe avec une utilisation de l’espace castelet tellement optimale qu’ils pourraient créer de l’envie chez certains marionnettistes professionnels !

a – La trajectoire de chacun est très personnelle.Un exemple qui illustre peut-être les limites, les diffi cultés…

face à la projection, à moins que ce ne soit celles de notre lecture :

Patrick : sa marionnette n’a pas de regard. Il n’y retouche pas. L’identité en est fl uctuante. Nous comprenons qu’il en fait comme une marionnette « neutre ».

Sa position de retrait le fait presque ressembler lui-même à une marionnette. Si on ne lui donne pas vie, il n’est pas vivant !

Autres exemples, autres trajectoires :Martin : sans hésiter, il fait surgir une marionnette chat, l’aime beaucoup,

et se sent à l’aise pour jouer comme on ne pouvait l’imaginer !Il pourra en parler en entretien. C’est l’image du chat de sa « bonne »

grand-mère qui lui apparaît distinctement : une bonne image intégrée, liée à l’enfance, réconfortante dans son diffi cile parcours de schizophrène.

Josette : sa marionnette fait tout le temps du ménage et joue clairement un personnage féminin soumis, voire esclave.

Au fi l des années les marionnettes qu’elle crée s’enrichissent de parures (colliers, etc.) et changent de comportement dans le jeu. Elles deviennent un personnage féminin « libéré », exprimant des désirs.

b – La problématique de l’intervention des soignants :Au cours d’une supervision, les encadrantes expriment ceci :

« Boris a accouché de quelque chose de monstrueux ! »En effet, la monstruosité du visage, le côté tête de mort

avec des orbites profondes, le visage démantibulé, déséqui-libré, morbide… a été ressenti par tout le monde !!! Lui-même était profondément mal à l’aise. Nous décelions un problème au niveau de l’emplacement du nez et nous sommes intervenues en le lui disant.

Alors, Boris est allé chercher lui-même les éléments pour refaire le nez. Et la modifi cation a fait accéder à une expression humaine…

« On ne pouvait pas le laisser comme cela ! » Ceci, malgré notre questionnement, nos certitudes sur la neutralité nécessaire et bienveillante autour de ce qui émerge. »

4. La projection du patient.

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c – Le matériel psychique :Au début, nous avions de nombreuses inquiétudes, le souci

de vouloir régler les problématiques, l’envie d’effi cacité…Nous constatons qu’au fur et à mesure que nous accep-

tons de prendre le temps… celui de la fabrication, celui de la découverte d’un personnage, celui du jeu et de la manipulation… nous acceptons en même temps de mieux en mieux de ne pas avoir la maîtrise du matériel psychique apporté.

On peut laisser vivre, laisser faire, être là, accompagner et écouter !

Chaque patient est par ailleurs accompagné, soutenu, invité à s’exprimer… dans d’autres espaces (par exemple : suivi médical, entretiens psychologiques, infi rmiers référents, autres temps en groupe, etc.).

En tant que soignants, nous connaissons les probléma-tiques des personnes, de la « personne », ce qui n’est pas le cas de la marionnettiste. Et nous sommes ainsi témoins de l’interface qui se situe entre la « personne » et le « personnage » mis en jeu dans l’atelier.

La marionnettiste est surtout du côté du personnage — et elle aide à le développer ?

Notre rôle consiste à accompagner là où la personne nous entraîne…

a – Elle est une autre facette importante de la situation thérapeutique.Le groupe est différent chaque année. Mais certains patients

restent avec ce support durant plusieurs années (c’est souvent nécessaire).

Nous donnons certaines conditions au groupe pour que la vie en soit renforcée :• le groupe dure toute l’année scolaire ;• des temps de parole sont formalisés : l’un en début de séance,

l’autre à la fi n.Quelques règles vont de soi, sans que nous ayons pensé à les

formuler explicitement :• on ne montre pas sa marionnette en dehors du groupe ;• on ne fait pas n’importe quoi avec la marionnette de l’autre…

Peut-être la reconnaissance de l’autre s’affi rme t-elle ainsi ? Il est rare que le patient désire utiliser une autre marionnette que la sienne.

François déformait régulièrement l’identité des marionnettes des autres. Etait-ce sa tendance au déni de l’autre ?

5. La vie du groupe :

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Quand l’identité de groupe est bien identifi ée, le patient peut se situer par rapport à ses frontières, par rapport à l’intérieur du groupe :

Ainsi, il peut entrer dedans (ou rester à la marge, le refuser…), accepter d’y laisser faire émerger quelque chose (ou le retenir)…

Les limites du groupe peuvent également étayer des limites de soi fragiles (limites corporelles et psychiques).

b – L’évolution de notre pratique au fi l des ans infl uerait-elle sur la dynamique du groupe ?La conscience du groupe s’exprime :• « En groupe, c’est plus facile ! »• « Le groupe est chaleureux, je m’y sens bien ! » (Martin)

On constate plus de solidarité, plus de chaleur, de rires… ainsi que de capacité à se renvoyer des choses :

Luc, pris par son ambivalence psychotique, a présenté son personnage comme étant un homme, alors que toutes les caractéristiques de la marionnette étaient celles d’une femme.

Il fait un jour exception à la règle dont nous avons parlé plus haut, en montrant sa marionnette à d’autres personnes du centre de jour (il en a pris le risque ?)

Il entend ainsi des réfl exions… Luc veut donc corriger, mettre un nom de femme, mais maintient un jeu particulièrement masculin !

Des discussions en groupe ont pu avoir lieu, sans jugement.On a senti que l’échange possible sur cette problématique a créé ouverture

et dédramatisation.

Christine vit une assez longue période douloureuse et régressive ; très effacée et ralentie, elle reste bien acceptée par le groupe. Nous sommes témoins de nombreuses initiatives de soutien en sa direction.

Pour sa part, elle semble attachée à venir dans le groupe et à jouer, comme si le plaisir de jeu lui laissait garder un fi l conducteur vers l’extérieur.

Josette avait eu besoin d’un sérieux recadrage en début d’année, puisqu’elle se sauvait faire des courses au lieu de venir au groupe. Sa peur d’être exclue du groupe, par nous, a semblé l’encourager à se comporter en patiente « parfaite ». Très investie ensuite, elle développe de l’aide et de l’attention à l’égard de Christine alors en diffi culté.

Auparavant, elle s’était montré seule, ignorant plus ou moins les autres.

L’expérience d’un petit groupe favorise la confrontation à l’autre, ainsi que des identifi cations moins massives.

Elle soutient le renoncement à la fusion, et facilite l’aménagement de défenses contre l’angoisse..

Elle peut aussi contribuer à retrouver les limites de son corps à travers les limites du groupe.

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« La marionnette (…) combine avec bonheur création plastique, représentation scénique, et expression langagière »5.

Notre expérience de ces années nous a, en effet, permis de découvrir la richesse de ce support qu’est la marionnette.

De l’espace imaginaire prend place :• avec ce qui naît des mains (le « lapsus des mains »), dans

l’apparition du visage notamment ; • avec le jeu qui contribue à ce que fantasmes et rêves

circulent ;• avec la mise en commun d’illusions, de pensées,

d’associations…C’est un espace transitionnel, au sens de Winnicott, qui peut

ainsi s’élaborer tout doucement, et soutenir le sujet dans son travail d’élaboration d’une frontière entre Moi et non-Moi.

Ce que nous avons tenté de vous traduire de notre expérience n’est bien sûr pas directement transposable.

En effet, selon que l’on travaille avec des adultes ou des enfants, des sujets handicapés moteurs ou sensoriels, des personnes présentant des troubles du caractère, un défi cit mental, une inadaptation sociale, des symptômes névrotique ou une désorganisation psychotique, les objectifs et les méthodes pourront être différents.

Mais il s’agira toujours d’une voie d’approche de celui qui souffre psychiquement, grâce à l’engagement personnel et institutionnel.

Avec le maître mot : accompagner ; pouvoir simplement être là et entendre…

Offrir le temps et l’espace nécessaires pour apprendre à croire à la vie, pour trouver confi ance dans les autres, pour se dégager du chaos, pour prendre forme, et trouver place dans la communauté humaine.

Sandra GUIGNARD, éducatrice spécialisée,Claire MARQUET, psychologue,Anne TESSIER, éducatrice spécialiséeValérie GENTILE-RAME, marionnettiste.

Les trois photographies reproduites pages suivantes appartiennent au Centre de jour de l’hôpital de Bressuire (79).

* * * _________________5. DUFLOT Colette, Des marionnettes pour le dire. Entre jeu et thérapie, éditions

Hommes et Perspectives, Marseille, 1992, p. 139.

Conclusion.

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Marionnette de Boris

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Marionnette de Josette

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Marionnette de Thérèse

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_________________(*) L’orthographe de l’époque a été ici conservée pour tout le texte.

Une fable…

Polichinelle et les enfans(*)

Ma foi, vive Polichinelle !Il n’est pas toujours de bon ton,Mais il est gai, bon compagnon,Et surtout d’humeur naturelle,Puis, quand il a quelque querelle,Je le vois toujours le plus fort ;Malgré moi, cela m’intéresse,Car je trouve, je le confesse,

Que les vainqueurs n’ont jamais tort.Un jour, posté devant la logeDe mon héros ; j’admirais sa valeurQui passe, à mon gré, tout éloge ;Il rossait tout ! Gendarme, procureur,

Se moquait du public, riait du commissaire,Et par ses propos agaçans

Le drôle amusait les passans, Même aux dépens de son compère. Près de moi de jeunes enfans, Ravis d’une scène aussi belle,

Joignant les mains, disaient à leur maman : « Ah ! donnez-nous Polichinelle ! » On y consent. Jugez de leur plaisir !

Le marché fait, le prix du personnagePayé, sans tarder davantage On s’empresse de le saisir. Mais en perdant son domicile Polichinelle a tout perdu. Il est muet, sourd, immobile, Comme un mort il reste étendu.

Pauvres enfans ! Leur tristesse est extrême.Ils s’écriaient, en essuyant leurs yeux :« Est-il un trait pus odieux ?

« On nous trompe, on nous trompe, et ce n’est pas le même ! »

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C’est bien le même, sur ma foi,Dit un vieux spectateur, mais apprenez de moiQue tant de gens qui chez eux font merveille,

Parlant, agissant bel et bien, Tirés de là ne sont plus rien.

Et puis encore, je le dis à l’oreille,C’est que les hommes sont ce qu’on les fait valoir.

Il faut apprendre à les faire mouvoir.Ulrich GUTTINGUER, Mélanges poétiques,

Paris, Augte Udron, 1825, p. 222-224.

* * * *

C’est à M. Marcel Turbiaux que nous devons le plaisir de publier cette fable et nous le remercions vivement de nous l’avoir envoyée. « Son auteur, nous écrit-il, Ulrich Guttinguer (1790-1853) est peu connu aujourd’hui, mais il était estimé de ses contemporains. Victor Hugo lui a dédié une ode, Sainte-Beuve a fait son éloge et Alfred de Musset lui a adressé des vers célèbres dans les «Contes d’Espagne et d’Italie». »

M. Marcel Turbiaux est psychologue, rédacteur en chef du Bulletin de psychologie, 17 rue de la Sorbonne, Paris Ve.

M. Marcel Turbiaux est intervenu à notre IXe Colloque internatio-nal à Charleville-Mézières, en septembre 2000. Sa communication, Contribution à la théorie de l’utilisation des marionnettes en thérapie, a été publiée dans le bulletin “Marionnette et Thérapie”, no 2001/1, p. 19-35 ainsi que dans la collection “Marionnette et Thérapie”, no 28, Du corps fabriqué au corps construit, p. 15-24.

Polichinelle – Création et photo de Madeleine Lions

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Un remarquable colloque international, “Des hommes et des ombres – Spiritualité, tradition et création à travers le théâtre d’ombres”, a été organisé les 26 et 27 avril 2006, à Lyon (université René Cassin), par la compagnie des Zonzons, dans le cadre de Moisson d’avril 2006.

Un colloque remarquable donc par la qualité des intervenants et la complémentarité des sujets abordés.

Le 26 avril, Toni Rumbau, de Barcelone (Espagne), inaugurait le colloque et présentait le Réseau ombres et marionnettes de la Méditerranée. Jean-Pierre Lescot — faut-il le présenter ? — parlait «Des caractéristiques de l’ombre à sa représentation». Karim Dakroub, de Beyrouth (Liban), évoquait l’écrivain iraquien Ibn Daniel, à l’origine des théâtres d’ombres du Moyen Orient et de la Turquie. La matinée s’achevait avec une intervention de Françoise Gründ sur les ombres géantes dans l’Inde. L’après-midi s’ouvrait avec Abed Al Salam Abdo (Palestine) : “Le théâtre d’ombres en Palestine de 1930 à nos jours”. Puis Mariel Oberthür : “Le Théâtre d’ombres du Chat noir dirigé par Henri Rivière à la fi n du XIXe siècle”. La journée se terminait avec Cengiz Ozek : “Présentation du Karagöz turc”.

Le jeudi 27 avril s’ouvrait avec Jean-Louis Prebet : “Les jeux d’ombres dans la vie quotidienne et dans le cinéma” et se poursuivait avec Laurent Fachard : “La ville est un théâtre de marionnettes. Ombre, lumière et espace urbain”. L’après-midi, Daniel Raichvarg, professeur à l’université de Bourgogne, évoquait : “Lorsque la technique aura volé l’ombre du monde”. Le colloque s’achevait sur une table ronde animée regroupant les intervenants encore présents.

Tous ces exposés étaient accompagnés de magnifi ques projections. L’ensemble du colloque a été enregistré et des actes devraient être disponibles.Contact : La Compagnie des Zonzons, 2, rue Louis Carrand - 69005 Lyon

Tél. : 04 78 28 92 57 - Fax : 04 78 30 00 52

* * *

Lyon, les 26-27 avril 2006

“Des hommes et des ombres”

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Publications de l’INJEP« Avec la nouvelle édition au format poche du guide “C’est quoi mes droits ?”,

l’Injep apporte des réponses juridiques concrètes aux préoccupations des jeunes en matière de famille, travail, logement, argent, santé, consommation.

« Trouver un job, ouvrir un compte en banque, choisir son orientation, louer un appartement, ou résoudre les confl its de famille, autant d’occasions d’être confronté au droit, et de se perdre dans les maquis des textes, codes et réglementations. L’ignorance n’étant pas de mise dans ce domaine, l’Injep réédite son guide pratique sur les droits des jeunes dans une version poche pratique et accessible. Conçu à partir des questions les plus fréquemment posées sur le site Internet des droits des jeunes (www.droitsdesjeunes.gouv.fr), ce guide répond aux préoccupations réelles des jeunes en leur permettant de prendre leur autonomie en toute connaissance de cause. »« C’est quoi mes droits ? » Éditions « J’ai Lu », 7,30 euros.Contact : INJEP - 11, rue Paul Leplat - 78160. Marly-le-Roi

Tél. 33.1.39.17.27.27 - Site : www.injep.fr

Figura, revue d’expression marionnettique (en allemand et en français) éditée par l’Association suisse pour le théâtre de marionnettes/Centre suisse de l’Unima : N° 1/06. Au sommaire (en français) :

• Thème actuel : Musée Suisse de la Marionnette, à Fribourg.• Suisse actuelle : Festival à Neuchâtel (novembre 2005).• International : Isabelle Bertola : pour un théâtre sur tous les terrains,

par Geneviève Charpentier.• Hommage : Cornelia Jordi, co-présidente de Figura.

Jacques Félix, Une vie au service des hommes et de l’art de la marionnette.

En allemand, dans la rubrique Thérapie : Kinder für eine Stunde bezaubern.Contact : Figura - Donaustrasse 25 - D-89231 NEU-ULM

Tél. 0049-731 725 48 36. Fax 0049-731 725 48 53. E-mail : [email protected]

Thémaa, Association nationale des Théâtres de marionnettes et des Arts associés, publie « manip », avril - juin 2006. Au sommaire :

• Portrait. Agnès Limbos : est-ce que je suis allée assez loin ?• Hommage. Jacques Félix, l’homme des amitiés : le témoignage de Michael

Meschke et des propos recueillis par Evelyne Lecucq.• Hommage. George Speaight, historien du théâtre de marionnettes et

passionné par le théâtre de papier. Avec un texte de Peter Brook.• Actualité Thémaa. Nouveau conseil d’administration et constitution

du R.A.M., Réseau Actif de la Marionnette, par 11 compagnies dramatiques, lieux de diffusion, friches, théâtres, lieux de résidence, lieux ressource, festivals…

• Marionnettes et arts associés. Rencontres nationales de la marionnette : Marionnette et technologies contemporaines.

• International. La marionnette en Palestine.• Profession. Le Théâtre de la Marionnettes à Paris : les Scènes Ouvertes

à l’Insolite et le soutien aux jeunes artistes.• Créations – Publications –Agenda du trimestre…

Contact : THÉMAA - 24, rue Saint-Lazare - 75009 Paris – Tél./fax : 01 42 80 55 25 – E-mail : [email protected] – Web : www.themaa.com

* * *

Documentation

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Festival mondial des théâtres de marionnettesIl aura lieu à Charleville-Mézières (08) du 15 au 24 septembre 2006.

Le colloque “Marionnette et Thérapie” (le 16) et les rencontres FIMT, (le 17) en font partie. Par ailleurs, François Renaud a organisé, dans le cadre du festival IN, au CHS Bélair, 5 spectacles offerts par des troupes venant de CHS, d’IME ou d’autres institutions. Ces spectacles sont annoncés dans le site du Festival : “Marionnette et Thérapie” dans la liste des compagnies.Contact : Tél. : 03 24 59 94 94 – Site : festival-marionnette.com

Toujours dans le cadre du Festival, signalons Marionnette & Conte, à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Charleville-Mézières.• Le lundi 18 septembre, La marionnette et le conte, un exemple avec

l’Odyssée : - oralité de l’œuvre homérique - parcours d’Ulysse le Méditerranéen - entretien avec les marionnettistes de Gioco Vita et de l’ESNAM (J.L. Heckel).

• Le mardi 19 septembre, Accueil des marionnettistes du Festival utilisant le conte dans leurs spectacles - Expérience, témoignage, discussion. En quoi l’oralité du conte sert-elle à la marionnette ?

Contact : Philippe VAILLANT - Association ORALIA 10, rue de l’Arquebuse08000 Charleville-Mézières - Tel : 00 33 (0)3.24.30.50.59

Formation au psychodrame thérapeutiqueLe Dr Ernesto Fonseca met en ligne un cours d’Introduction au

psychodrame thérapeutique. Ce cours, qui dure quatre semaines et se termine par un travail fi nal, est dans le courant du Prof. Dr Jaime G Rojas-Bermúdez. Des pré-inscriptions sont reçues dès à présent.Contact : http://www.edusalud.com/cursos_presentacion.php?codigo=49

Forum Euro-Maghrébin de la Jeunesse - Édition 2006La deuxième édition du Forum Euro-Maghrébin de la Jeunesse a eu

lieu à l’INJEP (Marly-le-Roi) du 23 au 28 mai. L’occasion de faire le point - et des propositions - sur l’avancée des relations entre l’Europe et le Maghreb dans le domaine de la Jeunesse.Contacts : Rabii Leouifoudi – [email protected] – Tél. : 06 24 88 22 60

Brahim Boujabit – [email protected] – Tél. : 06 07 67 07 81

Colloque franco-italien sur la JeunesseL’institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire (Injep) a

participé au colloque franco-italien sur la jeunesse, « Deux pays, deux jeunesses ? » qui s’est tenu à la Sorbonne, Paris, les 11 et 12 mai 2006.

« Ce colloque organisé par Alessandro Cavalli (université de Pavie), Vincenzo Cicchelli (Centre de recherche sur les liens sociaux - Cerlis - , université Paris V) et Olivier Galland (Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique - Gemas - , CNRS) prolonge la démarche comparative engagée dans le livre « Les jeunes Européens et leurs valeurs », dirigé par Olivier Galland et Bernard Roudet de l’Injep (La Découverte - Injep, 2005). »Contact : [email protected]

Information

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Les Peupliers à palabres.« […] L’Institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire

(Injep) soutient la mise en œuvre des « Peupliers à palabres », dans la continuité du «Forum de la Jeunesse franco-africaine» qui s’est tenu en avril 2005, à Marly-le-Roi.

« L’action de l’institut en faveur d’un meilleur dialogue entre les jeunes franco-africains et les institutions de notre pays se poursuit en effet à travers le travail du Groupement d’échanges, de formation et d’action pour le codéveloppement (Gerfac), créé à l’initiative de l’Injep, de l’association Léo Lagrange Solidarité internationale et du ministère malien de la Jeunesse et des Sports.

« Un Peuplier à palabres est un forum public local d’environ trois heures au cours duquel, jusqu’à la dernière partie, la parole est réservée aux moins de trente ans. Un fi lm ou un spectacle, des intervenants et des animateurs lancent le débat et veillent à ce que chacun s’exprime. L’expression des jeunes franco-africains est stimulée et privilégiée. Chaque Peuplier est préparé et organisé par une ou plusieurs associations locales. Un buffet ou un autre moment convivial clôture chaque événement. […]

« Suivis par des chercheurs en sciences sociales en vue d’une publication avec l’Injep, soutenus par le Conseil régional Île-de-France et la Ville de Paris, les Peupliers à palabres vont se multiplier dans les mois à venir. Une douzaine sont prévus en Île-de-France d’ici la mi-juillet. Sont déjà fi xés ceux de Montreuil (93), le 28 mai, d’Épinay-sur-Seine (93), le 3 juin, de Paris XVIIIe, le 10 juin, de Paris XXe , le 11 juin, de Villepinte (93), le 17 juin, et de Savigny-le-Temple (77), le 2 juillet. […] »Contact : Édith-Laure Chouapi – Tél. : 01 39 17 27 82/06 39 17 27 82

[email protected]

Institut français d’analyse de groupe et de psychodrameCalendrier des formations 2006/2007 : Sensibilisation à l’analyse

de groupe et au psychodrame – Formation par l’analyse de groupe et le psychodrame, etc. – Colloque : “Thérapies de groupe et psychodrame : la formation à l’épreuve de la pratique”, à Paris, le 25 novembre 2006.Contact : Institut français d’Analyse de Groupe et de psychodrame – 12, rue Émile Deutsch de la Meurthe – 75014 Paris – Tél. : 01 45 88 23 22 - Fax : 01 45 89 32 42.

Rappel : L’association Clownanbule propose un stage du lundi 17 juillet au vendredi 21 juillet 2006 :

“Il était une fois ... un clown et une marionnette”Ce stage est animé par Dominique Le Godec pour la partie marionnette

(fabrication) et par Michaella Gallozzi pour le côté clown (jeu). Ce stage s’adresse aux personnes qui ont déjà travaillé le clown.

Renseignements et inscriptions au 01 43 22 31 20 – Mail : [email protected]

* * * * *

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/2

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Marionnette et Thérapie28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

Courriel : [email protected] : http://marionnettetherapie.free.fr/

Fondatrice : Jacqueline Rochette – Président d’honneur : Dr Jean GarrabéPrésidente en exercice : Madeleine Lions

«Marionnette et Thérapie» est une association-loi 1901 qui «a pour objet l’expansion de l’utilisation de la marionnette comme instrument de soins, de rééducation et de réinsertion sociale» (Article 1er des statuts).

L’objectif de «Marionnette et Thérapie» est donc :FORMER : formation de base et formations approfondiesINFORMER : conférences, rencontres nationales et internationalesDIFFUSER : bulletin trimestriel et collection «Marionnette et Thérapie»

Créée en France en mai 1978, elle est la première association sur le plan mondial à avoir concrétisé l’idée de la nécessité d’un champ de rencontre entre marionnettistes et thérapeutes afi n de parer aux écueils de l’improvisation dans chacun de ces domaines très spécifi ques.

Agréée Organisme de Formation n° 11 75 02871 75, elle organise donc des stages de formation, des sessions en établissements, des conférences, des journées d’étude et des groupes de travail.

L‛action de “Marionnette et Thérapie” est soutenue par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

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Bulletin à renvoyer au siège social de l’Association28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

Courriel : [email protected]

NOM ...................................................... Prénom ...........................................................

Profession ............................................. Tél ...................................................................

Adresse ..........................................................................................................................

........................................................................................................................................

........................................................................................................................................

Désire : adhérer à l’Association - s’abonner au bulletin - recevoir des renseignementsCOTISATION (non compris le bulletin), membre actif : 27,44 €/an.ABONNEMENT au bulletin trimestriel : 30,49 € - Étudiants et chômeurs : 15,24 €

(joindre justifi catif) (expédition au tarif économique pour l’étranger, zones 3 à 5).Les abonnements partent du 1er janvier au 31 décembre de l’année en cours.Règlement à l’ordre de “Marionnette et Thérapie” CCP PARIS 16 502 71 D

Directeur de la Publication : Serge LIONS.Imprimé par “Marionnette et Thérapie”.

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/2

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Association “Marionnette et Thérapie”

ISSN 0291-7912nouvelle série

bulletin trimestrielJUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE

2006/3

marionnetteetthérapie

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marionnette et thérapie28, rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

ASSOCIATION LOI 1901Subventionnée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

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Dépôt légal 3e trimestre 2006 - Reproduction interdite sans autorisation.

sommairePage

notre associationAssemblée générale 2005 ............................................................................ 2Activités de “Marionnette et Thérapie” en 2006 ............................................ 5XIe Colloque international à Charleville-Mézières ......................................... 6Soutien de “BOUAM”, Adama-Baco, Lomé, Togo, à la F.I.M.T. ...................... 7Regroupement international F.I.M.T. ............................................................. 8

formation en 2007 (sous réserves) .............................................................. 9

Charleville, le 16 septembre 2006Interdits – Inter-dits ...................................................... Vicky TSIKPLONOU 10Accueil des participants au XIe Colloque ..........................Madeleine LIONS 12Ouverture du Colloque .........................................................Gilbert OUDOT 15“Je demeure interdite” ...........................................................Henri SAIGRE 18

Discussion sur “Je demeure interdite” ............................................. 27

Un conteLe Nom .........................................................................Madeleine LIONS 30

Une promenade…Silence du guignol ........................................................... Philippe DELERM 32

documentation .............................................................................................. 35

marionnette et thérapie ............................................................................. 36

L’Association est agréée Organisme de Formation.Elle est composée d’Animateurs, Éducateurs, Ergothérapeutes, Instituteurs, Marionnettistes, Médecins,

Orthophonistes, Psychanalystes, Psychiatres, Psychologues, Psychothérapeutes, Psychomotriciens,Rééducateurs, Spécialistes de la Documentation Internationale

BULLETIN TRIMESTRIEL DE L’ASSOCIATION “MARIONNETTE ET THÉRAPIE”

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Notre associationAssemblée générale 2006.

Cette assemblée générale s’est tenue le samedi 21 octobre 2006, après la Journée d’étude animée par Gilbert Oudot, dans une salle gracieusement prêtée par “Culture et Promotion”, association avec laquelle nous avons été liés depuis 1980, rue Saint-Benoît, dans le VIe, jusqu’à la fi n d’octobre 2005 date à laquelle cette association a quitté les locaux qu’elle occupait rue Godefroy Cavaignac. Nous remercions vivement “Culture et Promotion” d’avoir mis à notre disposition cette salle très confortable.

Lors du conseil d’administration du 21 janvier, on avait songé tenir cette assemblée générale à Bressuire (79) lors de la Journée organisée par l’association ACEP PSY. Finalement, elle a été reportée après le colloque de Charleville au cours duquel Madeleine Lions a nettement déclaré qu’une nouvelle direction devait au plus tôt être mise en place pour 2007. Les participants étaient donc bien au courant de l’importance de cette assemblée générale 2006.

Présents : 15 - Mandats : 7

Rapport d’activité en 2005, par Madeleine Lions.VIE ASSOCIATIVE.

• 6 réunions du conseil d’administration, les 22 janvier, 19 février, 30 avril, 24 septembre, au siège social, 28 rue Godefroy Cavaignac, 75011 Paris.

• Une assemblée générale ordinaire, le 16 avril, au siège social.• Une assemblée générale extraordinaire, le 24 septembre, 17 avenue Trudaine,

Paris IXe.DIFFUSION DE L’ACTIVITÉ.

• Rédaction, confection, mise à jour continue et publication d’une brochure de présentation générale de l’association.

• Rédaction, confection et publication du bulletin trimestriel, liaison entre les adhérents et les sympathisants.

• Entretien de la collection “Marionnette et Thérapie” concernant les numéros épuisés (photocopies disponibles).

• Accueil au siège de l’association de personnes désirant exposer leurs demandes particulières et d’étudiants en quête de documentation.

• Maintien des relations avec le ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, le Service régional de la Formation professionnelle, l’association Thémaa, l’Institut international de la Marionnette, etc.

FORMATIONS.Stages — Ont été organisés à Marly-le-Roi :

• “Marionnette et Psychanalyse”, à Marly-le-Roi, du 21 au 25 février. 8 participants dont 4 à tarifs adaptés.

• “La marionnette comme médiateur thérapeutique. Entre jeu et thérapie : espace de jeu-espace de soin”, à Marly-le-Roi, du 25 au 29 avril. 6 participants dont 4 à tarifs adaptés.

• “Du conte à la mise en images. Du schéma corporel à l’image du corps”, à Marly-le-Roi, du 23 au 27 mai. 9 participants dont 5 à tarifs adaptés.

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Autres formations• “Semaine d’animation Marionnette”, session organisée à la demande du CPCV-Ile-

de-France à Saint-Prix (95), du 14 au 18 novembre. 11 participants.• “Formation approfondie à la conduite d’ateliers utilisant la marionnette”, à Nantes

(44), les 25 février, 18 mars, 20 mai, 8 juillet, 14 octobre, et 9 décembre. 1 participant.

PARTICIPATIONS EN FRANCE.• Conférences-débats au festival de la Marionnette de Binic (22), le 6 mai (Christiane

d’Amiens).• Participation aux IVes Journées organisées par le Mouvement d’art-thérapeutes, à

Sémentron (89), les 15 et 16 octobre.PARTICIPATIONS HORS DE FRANCE (MADELEINE LIONS).

• Participation à la rencontre Un teatro dai diversi talenti à Cesena (Italie), du 2 au 4 décembre (Madeleine Lions).

• Participation et formation au Festival de théâtre pour enfants, à Nabeul (Tunisie), du 16 au 24 décembre (Madeleine Lions).

• Participation et formation à la IVe Rencontre d’Art-thérapie, à Rio de Janeiro (Brésil), le 17 juillet (Madeleine Lions).

Rapport fi nancier, par Serge Lions.1. Documents

Voir les tableaux remis aux participants concernant les comptes de résultat et de bilan de l’exercice 2005 accompagnés de l’annexe.

Résumé : charges : 18 077,11 € ; produits : 15 257,08 € ; perte : 2 820,032. Commentaires

Ces comptes remis aux participants montrent une perte de 2 820 € ; la subvention qui nous a été allouée par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative a été fortement réduite pour cet exercice. Et en 2006, cette subvention n’a pas été renouvelée ; l’association fonctionne donc uniquement avec ses fonds propres.

Élection des membres du conseil d’administration.Madame Christiane d’Amiens, dont le mandat arrive à expiration, annonce

qu’elle ne se représente pas.Madeleine Lions et Serge Lions, dont les mandats sont toujours en cours,

annoncent qu’ils ne renouvelleront pas leurs fonctions au sein du bureau, à savoir respectivement la présidence de l’association et le secrétariat et la trésorerie de l’association.

Il y a donc à élire jusqu’à 8 membres pour atteindre le niveau autorisé par les statuts et surtout à désigner le nouveau bureau pour animer l’association.

Aucune candidature ne se manifeste et parmi les membres composant le conseil d’administration élu à ce jour, à savoir :

Maria Cristiana Daneo, marionnettiste ;Madeleine Lions, marionnettiste ;Serge Lions, retraité ;Gilbert Oudot, psychanalyste ;Marie Yolande Capouix, comédienne, invitée à participer aux réunions,

aucune personne ne se porte candidate aux fonctions obligatoirement à remplir (présidence, secrétariat, trésorerie). La situation est donc bloquée, les participants se bornant à demander un temps de réfl exion, « de latence ». Pour éviter un vide

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qui amènerait la nomination d’offi ce d’un administrateur judiciaire, Madeleine et Serge Lions acceptent de prolonger leurs fonctions jusqu’à l’assemblée générale 2007, qui devra se tenir le plus tôt possible et en février 2007 au plus tard et mettre un terme à la situation actuelle. Cet engagement consiste à administrer uniquement les affaires en cours, FIMT, liquidation du Colloque 2006, festival de Nabeul, publication des deux bulletins 2006 nos 3 et 4, liquidation de l’exercice 2006.

L’assemblée générale proprement dite prend donc logiquement fi n à ce moment. Elle sera prolongée jusqu’à 20 h 30 par des discussions que Marie Yolande Capouix, Cristiana Daneo et Eleni Papageorgiou résument ici.

Serge Lions.

La discussion qui a eu lieu lors de l’assemblée générale tient compte de l’impasse dans laquelle se trouve l’association en raison de l’absence de candidatures aux postes de président, trésorier, et secrétaire. Néanmoins, nous constatons le désir de certains de continuer le travail initié par “Marionnette et Thérapie”.

Une proposition est faite par Gilbert Meyer : contacter l’Institut International de la Marionnette, en la personne de Lucile Bodson, en vue d’un accueil de “Marionnette et Thérapie” à Charleville-Mézières. Cette rencontre se veut une façon de rétablir un contact avec l’Institut initié avec Jacques Félix en octobre 2005.

Cette réunion doit se préparer de façon à éclaircir les objectifs de notre association. Gilbert propose donc un rendez-vous en amont (à Strasbourg ?) pour former un « comité de réfl exion ».

Ce comité aurait comme objectifs :– Redéfi nir les priorités de l’association en se référant aux

fondements qui l’ont constitué, tout en insuffl ant de nouvelles impulsions.

– Diffi culté à pourvoir un poste d’administrateur bénévole, nécessité de débloquer des fonds pour rétribuer un salaire. Quel outil mettre en place pour pouvoir le fi nancer ?

– Bureaux de “Marionnette et Thérapie” : débat autour de l’intérêt de conserver ses locaux en location sur Paris . En cas de résiliation de bail, que fait-on du centre de documentation et du matériel ? (photocopieuse, ordinateur…)

– Bulletin : formation d’un groupe gérant sa rédaction et distribution.

– Défi nir une date pour que l’Assemblée Générale extraordinaire ait lieu avant février 2007.

– Etablir les priorités, les nouvelles directives : de nouveaux projets sont proposés et rejoignent la nécessité de rechercher et développer des action subventionnées, autant en région parisienne qu’en province…

Autres sujets :– Déterminer des dates provisoires pour les stages de formation

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qui pourraient avoir lieu en 2007.– À partir de 2007, l’adhésion annuelle à “Marionnette et Thérapie”

comprendra dorénavant l’abonnement au bulletin.– Lors de cette Assemblée Générale, les intervenants ont à nouveau

été obligés de faire face à un constat : Dans une association telle que “Marionnette et Thérapie”,

l’absence de vie associative (communication et échanges d’expériences , projets…), le manque de retour des pratiques des personnes ayant suivi une formation auprès de “Marionnette et Thérapie”, engendrent une fragilité.

La question est : que mettre en place, quelles propositions pour que les adhérents aient envie de s’impliquer davantage.

Marie Yolande Capouix, Cristiana Daneo et Eleni Papageorgiou.

Activités de “Marionnette et Thérapie” en 2006• 27 fév-3 mars : stage «Marionnette et Psychanalyse» à

Marly-le-Roi, animé par Cristiana Daneo et Gilbert Oudot, avec la participation de 8 stagiaires ;

• 8-9 avril : formation dans le cadre du Mouvement d’art-thérapeutes à Sémentron (89). Deux jours de sensibilisation au médiateur « marionnette » pour des art-thérapeutes. Cette brève formation se renouvelle depuis plusieurs années et nous avons eu le plaisir d’apprendre que d’anciens stagiaires avaient introduit la marionnette dans leur pratique professionnelle ;

• 12 avril : participation à la journée « Cheminer ensemble avec la marionnette » organisée à Bressuire (79) par le Centre de jour de l’hôpital de Bressuire et l’association ACEP PSY ;

• 26 et 27 avril : participation au colloque « Des Hommes et des Ombres » organisé à l’Université Professionnelle Internationale René Cassin, Lyon (79) par la Cie des Zonzons dans le cadre de Moisson d’avril 2006 ;

• 15-19 mai : stage “Marionnette, corps et mobilité”, à Seyssins (38), animé par Jean-Louis Torrecuadrada et Marie-Laure Escande, avec la participation de 6 stagiaires ;

• 6 juin : une après-midi de sensibilisation à l’utilisation de la marionnette comme médiateur auprès de 12 éducateurs spécialisés, dans le cadre de la Cie Falaises et Plateaux, à Arcueil (94), avec la participation de Marta Biecher, Marie Yolande Capouix et Madeleine Lions.

• 16 septembre : XIe Colloque international “Marionnette et Thérapie”, à Charleville-Mézières (08), présidé par Gilbert Oudot, avec 14 intervenants et 33 participants ;

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• 17 septembre : organisation d’une réunion de personnes intéressées par le regroupement international des associations “Marionnette et Thérapie”, à Charleville-Mézières (08) ;

• 19 septembre : conférence de sensibilisation “Marionnette et Thérapie”, à Charleville-Mézières (08), dans le cadre de Judith et Lukasz ;

• 2-6 octobre : stage “Du conte à la mise en images”, à Marly-le-Roi (78), animé par Cristiana Daneo et Marie-Christine Debien, avec la participation de 13 stagiaires ;

• 21 octobre : Journée “Marionnette et Psychanalyse”, à Paris (Xe), animé par Gilbert Oudot, 6 participants ;

• 21 octobre : Assemblée générale “Marionnette et Thérapie”, à Paris (Xe), 15 participants et 7 mandats.

XIe Colloque international à Charleville-Mézières.Le XIe Colloque international a eu lieu le samedi 16 septembre 2006, à la Chambre de

Commerce et d’Industrie, gracieusement mise à notre disposition, comme lors des autres festivals, par le Comité d’organisation, que nous remercions vivement.

Il a été présidé par Gilbert Oudot ; 14 intervenants l’ont animé et il a été suivi par33 participants. Le thème en était : « Interdits : Inter-dits ». En voici le déroulement.

Accueil des participants, par Madeleine LIONS.Ouverture du Colloque, par Gilbert OUDOT.Eveline CARRANO : “L’art-thérapie et la marionnette-thérapie comme

moyens de faciliter l’alphabétisation des enfants qui ont des diffi cultés d’apprentissage” (Rio de Janeiro - Brésil)

Aglika IVANTCHEVA-KONTOGIANNIS et Svetlana CHRISTOVA : “Comment le théâtre de marionnettes peut-il nous aider à parler des thèmes «gênants» ? – «Atelier mobile» : réalisation d’un projet de prévention du Sida à partir d’un spectacle de marionnettes” (Sofi a - Bulgarie).

Henri SAIGRE : “Je demeure interdite” (Sémentron) Dr Julie PÉLICAND : “Les marionnettes pour apprendre et dire : utilisations

auprès d’enfants atteints de maladie chronique”. (Bruxelles – Belgique).Stéphane DEPLANQUES : “Quand les marionnettes s’inter-disent... entre

corps et parole” (Rouen).Nathalie TANGHE, Jean-Louis TORRECUADRADA et Amélie VINDRET :

“Du théâtre d’ombre en psychiatrie” (Grenoble).Maki KOHDA et M. Kita DEBUIRE : “L’enfant et la marionnette – Pourquoi

l’enfant aime-t-il une marionnette ?” (Tokyo – Japon.)Jeanine DAVID : «La marionnette sur le terrain» (Le François - Martinique)

Nous publions dans ce numéro du bulletin l’accueil des participants par Madeleine Lions, l’ouverture du Colloque par Gilbert Oudot et la communication de Henri Saigre : “Je demeure interdite”.

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Envoyé aux participants du XIe Colloque international

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Regroupement international «F.M.I.T.»Le dimanche 17 septembre 2006, de 9 à 12 heures, a eu lieu à

Charleville une réunion des personnes intéressées par un regroupement international des personnes et des associations utilisant la marionnette dans les domaines du soin, de la rééducation et de l’insertion. Il n’y avait pas d’ordre du jour pré-établi. C’est le tour de table avec les personnes présentes qui a orienté la rencontre.

À la suite de cette réunion, une circulaire a été envoyée aux personnes intéressées ; en voici le contenu :

Bonjour,Nous vous remercions d’avoir participé à la réunion du 17 septembre où

vous avez été nombreux à montrer de l’intérêt pour le projet de regroupement international des associations “Marionnette et Thérapie” déjà déclarées dans le monde sans oublier les personnes qui utilisent dans leur pratique la marionnette comme médiateur.

Les personnes qui le désirent peuvent recevoir le compte rendu rédigé en direct par Mme Christiane d’Amiens. Le texte intégral ne sera disponible que plus tard (en annexe au compte rendu du XIe Colloque).

Comme on pouvait s’y attendre, cette réunion a été une suite de questions : que faire ? comment le faire ? où le faire ? Fort heureusement, le Dr Daniel Frédéric a su donner à cette réunion son sens véritable : qu’en est-il du désir de chacun ? Si ce désir est présent et fort, les réponses arriveront sûrement.

Avant de citer le Dr Frédéric, indiquons qu’en fi n de réunion, l’association italienne Burratini e Salute a proposé d’accueillir une nouvelle rencontre à l’occasion de sa réunion de fi n d’année, les 1/2/3 décembre 2006, à Cesena, Italie, la langue utilisée étant cette fois l’italien.

Et en prolongement des paroles du Dr Frédéric, un questionnaire (bilingue grâce à une collaboratrice) est proposé pour mieux cerner « ce désir ».

« Dr Daniel Frédéric : (…) Je crois que ce qui est important, c’est de savoir ce qu’il en est du désir de chacun et à partir de là, je ne vais pas reprendre la formule habituelle, mais s’il y a un véritable désir, une véritable volonté, cela peut aboutir à quelque chose… Mais encore faut-il que cela existe… Je crois qu’il faudrait faire le tour des présents. Je pense que si on est là ce matin, ce n’est pas anodin…! »

En attendant de vous lire et en vous remerciant pour votre coopération.“Marionnette et Thérapie-France”

Au moment où ce bulletin va être diffusé, cinq réponses à ce questionnaire sont arrivées, dont deux de l’étranger (Espagne et Bulgarie). Selon les derniers renseignements, la réunion serait à Cervia (Italie), principalement le samedi 2 décembre en ce qui concerne la FIMT. Le contact recommandé est : [email protected] ; c’est l’adresse de l’association qui organise cette réunion.

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Formation en 2007

AVEC FABRICATION DE MARIONNETTES

Date à déterminer (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).“Marionnette et Psychanalyse” avec Cristiana Daneo et Gilbert Oudot

Prix : 686 € plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

Du 21 au 27 mai 2007 (40 h), à Seyssins (38).“Marionnette, Corps et Mobilité”

avec Marie-Laure Escande et Jean-Louis TorrecuadradaPrix : 686 €, sans repas ni hébergement (plan de formation : 640 €)

Date à déterminer, (40 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78)“Du conte à la mise en images - Du schéma corporel à l’image du corps”

avec Cristiana Daneo et Marie-Christine DebienPrix : 686 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

SANS FABRICATION DE MARIONNETTESDate à déterminer, (24 h), à l’INJEP, Marly-le-Roi (78).

“Marionnette et Psychanalyse — Stage de théorie” avec Gilbert OudotPrix : 381 €, plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 366 €)

En octobre 2007, (6 h), (lieu à déterminer).Journée d’Étude “Marionnette et Psychanalyse” avec Gilbert Oudot

Prix : 137 €, repas non compris

GROUPE D’ANALYSE DE LA PRATIQUE“Formation approfondie à la conduite de groupes thérapeutiques avec marionnettes”

avec Marie-Christine DebienFormations organisées en fonction des demandes – Consultez l’association S.V.P.

Pour les formations organisées à l’INJEP, les frais d’accueil sont de 27,80 € /jour en 2006Ces frais d’accueil comprennent l’hébergement et les repas.

Ils sont de 16,80 €/jour pour les accueils sans hébergement ni repas du soir (choix pour tout le stage).Le tarif «Plan de formation» s’applique à l’inscription simultanée

à plusieurs stages composant une formationLes participants à un stage sont adhérents à “Marionnette et Thérapie” pendant l’année en cours.

Les dates et/ou les lieux des formations peuvent être modifi ésL’association se réserve le droit d’annuler une action de formation

dix jours avant son début au cas où le nombre de participants serait insuffi sant.Des conditions peuvent être envisagées pour des personnes non prises en charge

Toutes les indications fi gurant ci-dessous sont données sous réserve que l’assemblée générale “Marionnette et Thérapie” 2007, prévue en février, permettra leur réalisation par l’adoption d’un nouveau bureau chargé de l’administration de ”Marionnette et Thérapie“.

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Charleville, le 16 septembre 2006

Bonjour Madeleine,

Ne pouvant pas être parmi vous le 16 septembre prochain pour le colloque, je vous envoie le travail que j’ai pu faire sur le thème dudit colloque : « Interdits – Inter-dits »

Selon le jugement que vous en faites, je serais ravie d’apprendre que mon travail a été communiqué aux participants. Tout en vous remerciant à l’avance recevez, chère madame, l’expression de mes salutations les meilleures.

INTERDITS - INTER-DITSCet thème m’a particulièrement intéressée et interpellée,

car dans ma société, la société africaine et particulièrement togolaise, les interdits et les inter - dits étaient, sont et restent notre vécu quotidien.

L’on naît dans les interdits et l’on grandit dans les interdits. Dès le bas âge, l’éducation transmise par notre société est empreinte d’interdits et de tabous d’ailleurs non expliqués. Exemple il est interdit de :

« s’asseoir sur un mortier »« siffl er la nuit »« une femme ne doit pas s’étirer devant un homme »« elle ne doit non plus contester la décision d’un homme », et

que sais-je encore. Le sexe, l’amour, la mort sont évoqués par des noms codés.

Cette éducation est transmise de père en fi ls, de mère en fi lle et ainsi donc résiste à tous les temps ; d’où la prolifération des proverbes et maximes qui compriment l’homme dans l’ignorance et l’esclavage.

Certes il y a des interdits qui en valent la peine. La plupart sont érigés :

– soit par les hommes pour mieux surveiller les femmes afi n de les contrôler. Sur ce point je me réfère à ce qu’a écrit Benoîte GROULT :

Envoi de Vicky Tsikplonou, compagnie Evaglo – Lomé – TogoCommuniqué aux participants au XIe Colloque international

Charleville-Mézières, le 16 septembre 2006

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« …nous vivions comme on nous enjoignait de vivre,pensions comme on nous imposait de penser,jouissions comme on nous permettait de jouir.Ici vous pouvez … là c’est laid ».

Cependant nous ne doutons pas un seul instant des interdits qui aident à protéger la nature, la faune et la fl ore, à préserver les qualités d’une bonne future épouse, à inculquer les bonnes manières de vivre en société, etc.

– soit par une partie de la société plus puissante pour asservir les pauvres et les faibles.

En exemple : être souverain c’est avoir prise sur la vie de ses sujets. C’est de cette manière que les souverains profi tent pour réduire leurs administrés en objets nécessaires à un Dieu protecteur de leur trône, pour éradiquer un mal qui sévit dans leur royaume ou pour faire tomber la pluie.

Ces victimes sont généralement choisies parmi la classe la plus faible donc la plus vulnérable.

Et tout ce cirque est couvert par les interdits, le sacré. C’est ainsi qu’une partie de la société s’était levée contre cet état des choses et avait créé les masques. Le porteur sous couvert de l’anonymat pouvait alors dénoncer les abus, les débordements et les maux que ces interdits-là occasionnent. Mais très rapidement cette partie de la société s’était elle aussi transformée en « société secrète » où seuls les « initiés y avait accès ». Ainsi des milliers d’interdits viennent s’ajouter à ceux déjà existant.

Mais à l’heure de l’Internet et du téléphone cellulaire, de plus en plus de voix s’élèvent contre ces interdits ou du moins veulent en savoir un peu plus. Faute de réponses claires, eh bien ! ces tabous, ces interdits risquent de disparaître. Un exemple très récent : qui pourrait imaginer qu’un jour l’excision serait boudée contestée dans la société musulmane ?

Ainsi de bouche à oreilles les inter-dits se véhiculent et se propagent à travers le temps, les âges et les esprits, pérennisant ainsi les interdits.

Bon séjour et bon colloque à tous les invités qui ont eu la chance d’être présents ce 16 septembre 2006.

À bientôt.La Directrice de EVAGLO,

Vicky TSIKPLONOU(*)_________________(*) TSIKPLONOU Vicky, S/C EphremTSIKPLONOU, BP 12837 NYEKONAKPOE, LOME, Togo. Courriel : [email protected]

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Charleville, le 16 septembre 2006

Accueil des participantspar Madeleine Lions

Très chers Amis,

Tout d’abord, je voudrais vous remercier d’avoir fait, pour certains, un si long voyage! Et d’être venus participer à ce XIe Colloque international “Marionnette et Thérapie”.

Le XIe ! Dire que voilà trente ans que nous venons ici à Charleville, que nous avons découvert les Ardennes… Je ne peux pas passer sous silence quelqu’un qui nous manque énormément. Nous regrettons beaucoup, beaucoup le départ de Jacques Félix qui est à l’origine de l’association “Marionnette et Thérapie” et qui a été plus qu’un ami, qui a été un conseiller, je ne dirais pas un père, parce que je suis âgée, mais quelque part j’avais une immense admiration pour Jacques. Jacques, je sais que votre esprit est parmi nous.

Trente ans. Trente ans de “Marionnette et Thérapie” ! C’est beaucoup… C’est beaucoup et c’est peu. Et en trente ans nous avons fait beaucoup de choses. Il y a trente ans, un groupe de passionnés de marionnettes s’est réuni dans le cadre de l’UNIMA pour former une « commission thérapie ». Et très rapidement cette commission thérapie de l’UNIMA a senti le besoin de faire de la formation un peu plus appropriée pour des personnes qui s’occupent d’enfants ou pour des personnes ayant des problèmes. C’est de ce noyau qu’est née l’association “Marionnette et Thérapie”. Et là nous avons les fondateurs… Nous avons dans la salle le Dr Frédéric et François Renaud qui sont, si je puis dire, à l’origine de l’association «Marionnette et Thérapie». Nous les remercions d’être toujours là pour nous soutenir.

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Il y a des choses très dures dans la vie. Moi, cela fait trente ans que je travaille autant que faire se peut à ce que l’association continue, perdure, contre vents et marées. Il est temps pour moi de m’arrêter ! Et j’ai décidé que cette fois-ci le moment était venu pour m’arrêter. Alors, je vous le dis à tous : je m’arrête et je laisse le fl ambeau à qui voudra le prendre. Je le fais, bien sûr, avec beaucoup d’émotion ; j’y ai tellement consacré les meilleures années de ma vie, pratiquement. J’y ai rencontré des gens magnifi ques ; j’ai connu des moments très diffi ciles, très durs. Mais j’ai rencontré plein de patients qui m’ont aidée à grandir. J’ai rencontré des soutiens qui maintenant sont des amis pour toujours. Et je les garderais au fond de mon cœur tout le restant de ma vie. (Très émue) Je sais qu’après l’hiver il y a toujours un printemps. Alors je fais confi ance aux jeunes pour reprendre le fl ambeau. Je leur souhaite du courage et je sais que quelque part, même si peut-être il y aura une période de latence parce que c’est diffi cile, je sais que la marionnette ne meurt jamais. La marionnette est un phœnix, la marionnette reprend toujours ses droits.

Alors j’aurais bien voulu mettre un interdit qui serait l’interdit de pleurer, mais je m’appelle Madeleine… Les Madeleine, ça pleure! Ne vous inquiétez pas, ce sont des larmes d’émotion. Ce sont des larmes un peu tristes, mais tellement mêlées de bonheur… de vous avoir tous auprès de moi.

Il nous manque quelqu’un de précieux. Il nous manque Vicky. Vicky Tsikplonou est une marionnettiste du Togo. Elle n’a pas pu venir. Elle nous a envoyé une petite feuille que vous avez trouvée dans votre chemise. Vicky se bat pour que la femme africaine trouve une meilleure vie. Et que pour elle certains tabous soient abolis. Qu’elle retrouve cette joie et cette fi erté d’être une femme entière, non mutilée parfois. C’est très important.(*)

*_________________(*) Nous n’avons pas pu porter à la connaissance des participants le courrier

envoyé par Adama Bacco, directrice de la Troupe féminine de marionnettes BOUAM. Nous la prions de nous en excuser. Nous la remercions pour son soutien et nous reproduisons son message dans ce bulletin, page 7.

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Nous sommes ici aujourd’hui pour parler de l’ « Interdit-Inter-dits ». Pourquoi interdire sinon pour protéger ? Mais quand on oublie le besoin de protection, l’Interdit n’a plus de sens. Enfant, fi ère de savoir lire, j’aimais lire ce qui se trouvait écrit souvent sur les murs : « Défense d’affi cher – Loi du 29 juillet 1881 » — je ne comprenais pas pourquoi ! — ; sous les vitres des compartiments dans les trains : « Défense de se pencher », et écrit en italien juste au dessous : « E pericoloso sporgersi ». « Pericoloso », cette défense en italien, limpide : « Il est dangereux de se pencher »… Ce n’est pas interdit pour interdire, c’est interdit parce que c’est dangereux ! C’est ainsi que j’ai compris, toute enfant, que derrière l’interdit il y avait une raison majeure. Les interdits sont faits pour vivre en société. Nous avons besoin d’espaces de liberté, mais aussi besoin de contraintes pour réfréner des désirs qui pourraient mettre les autres et nous-mêmes en danger ; mais nous avons aussi besoin de les transgresser… Et les transgresser, peut-être que cela va nous faire grandir. Peut-être que cela va nous mettre en danger. Là est la question.

Alors, on ne peut pas parler d’interdit sans relire Freud. Comme le dit Nasio, replongeons-nous un instant dans le plaisir de lire Freud, Totem et tabou. Alors vous comprendrez mieux que le tabou universel que l’on retrouve, c’est bien sûr : « Tu ne tueras pas » ; là, c’est tu ne tueras pas l’animal totem, en fait c’est le Père que tu ne tueras pas. Et « Tu ne commettras pas d’acte sexuel avec les personnes de ton clan », donc l’inceste. Freud s’y retrouve comme un poisson dans l’eau, tout est limpide pour lui, mais nous ?

Actuellement, il y a beaucoup de choses dans notre quotidien qui étaient permises sont maintenant interdites, car tous les jours on crée des lois nouvelles… Or, nul n’est censé ignorer la loi !

Applaudissements.

* * *

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Charleville, le 16 septembre 2006

Ouverture du Colloquepar Gilbert Oudot

Avant de commencer cette journée, je voudrais remercier personnellement Madeleine, et Madeleine n’a pas parlé juste à la fi n de Serge. Il faut bien dire que si “Marionnette et Thérapie” a fonctionné… je doute que “Marionnette et Thérapie” aurait pu fonctionner sans l’aide du mari de Madeleine, Serge, et nous avons aussi vraiment à les remercier tous les deux. C’est l’exemple d’un bon fonctionnement qui nous a été utile et on ne peut oublier absolument ni l’un ni l’autre.

Je voudrais remercier aussi les intervenants. Le thème de la journée n’est pas très facile et la plupart, pour ne pas dire tous, ont réussi à insérer leur travail dans le thème : les interdits. Madeleine a évoqué une première façon d’entendre les interdits. Effectivement, les interdits sont formateurs ; on a à se confronter à eux. Mais il y a une autre façon d’entendre les interdits : c’est ce qui doit se dire et que nous n’arrivons pas à dire, qu’autrement sous cette fameuse forme de formation de l’inconscient, les rêves, les lapsus, les symptômes, etc.

Et la façon dont les marionnettes et la psychanalyse — la psychothérapie — s’articulent, on pourrait la faire partir d’une remarque de Lacan — on a cité Freud, on va citer Lacan aussi — « Nous sommes les marionnettes du signifi ant », pour bien indiquer que de toutes parts nous sommes manipulés. Seulement c’est un truisme de dire : « Nous ne le savons pas ». Peut-être que le premier bénéfi ce de la marionnette, par le biais de la manipulation, c’est de nous ouvrir les yeux, ou l’oreille, au concept d’être ou de manipuler. Donc déjà ce serait le premier bénéfi ce de prendre conscience que la manipulation, cela existe ; on en parle mais souvent on ne se l’attribue pas.

Cette manipulation, de quoi est-elle faite ? Les manipulations sont de tous ordres, la liste serait trop longue. La première, quand je choisis telle ou telle chose, on peut dire que c’est le fameux principe du plaisir, je le connais.

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Une deuxième sorte de manipulation, c’est effectivement celle qui procède de l’inconscient ; on y reviendra.

Il existe d’autres manipulations que les sociologues, les politologues… Là, on va traverser une période de campagne électorale et je crois qu’il suffi ra de tendre l’oreille pour voir combien nous allons être manipulés de tous bords. Nous sommes dans ce mode effectif d’être manipulés.

Le but de la journée n’est pas d’évoquer toutes les sortes de manipulations, mais nous retiendrons au moins celles qui concernent l’inconscient. Et le propre de ces manifestations de l’inconscient, c’est qu’elles demandent à être dites. Et une autre formule de Lacan, qui défi nit l’être humain ; il le défi nit comme un « parlêtre ». C’est-à-dire ce qui nous fait exister, c’est la parole. Sachant que selon la fable d’Ésope, la parole peut aller dans deux directions : c’est la meilleure ou la pire chose. C’est-à-dire la parole peut être l’occasion du bla-bla-bla, de ne rien dire ou selon la formule — je ne sais si elle est de Talleyrand mais elle pourrait lui être attribuée — : la parole a été inventée pour mentir. C’est-à-dire qu’effectivement de la parole on peut tirer le meilleur et le pire. Mais il n’empêche que donner… avoir accès à notre vérité, non seulement nous libère, mais nous fait « être », exister. Donc c’est la grande question puisqu’à l’arrière plan, sans doute avez-vous feuilleté le journal concernant les interventions du Pape sur des questions de religion — c’est Malraux qui évoquait que ce siècle sera religieux ou pas —, les grandes questions transcendantales nous arrivent de tous bords, sous des formes de fanatisme ou pas, mais il reste qu’il y a une question : qu’est-ce que la vérité ? Qu’on le veuille ou pas, la question se pose. Et en analyse, il y a une façon de poser modestement le problème, c’est la vérité de son désir. Qu’est-ce que l’on veut ? Qu’est-ce que ça veut ? Et tant que l’on n’a pas abordé la question, il faut reconnaître que l’on vit un peu à côté de soi-même. L’expression « Vivre à côté de ses pompes » est absolument pertinente ; on vit, oui, mais comment ?

Donc les marionnettes, modestement, peuvent nous aider à libérer cette parole qui est en nous. Justement, si ces choses qui se disent mais qui nous échappent, devaient nous échapper absolument, eh bien ! il y aurait… Prenons la circulation sanguine, la duplication des cellules, on n’en saurait rien. Mais ces manifestations interviennent dans notre vie de chaque jour,

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et si on ne peut pas les dire, on peut les mettre en scène. Et je crois que c’est cette particularité de cette part en nous qui nous échappe qui peut être mise en scène. C’est cette particularité qui fait et qui justifi e la pratique des art-thérapies en général. Et en particulier les marionnettes, puisque non seulement il y a la fabrication des marionnettes, la question de qui est la marionnette… Et ces fameux scénarios. De cette façon, je dirais, sans avoir l’air d’y toucher, les sujets vont être au cœur du problème. Une autre façon d’aborder de Lacan : la vérité a structure de fi ction. C’est-à-dire si nous voulons atteindre cette vérité qui nous travaille — quelquefois on pose tel ou tel acte… on se demande bien pourquoi on l’a fait ? Surtout s’il s’agit de symptômes obsessionnels : on se sent obligé, on a des angoisses, on ne sait pas. On voudrait bien savoir.

Eh bien ! la meilleure façon pour savoir, c’est dans ces mises en scène. Et je reviens encore sur cette formule… Cette vérité, si on veut la dire logiquement, on n’y arrivera pas. Même si on l’énonce, elle n’aura pas de poids. La meilleure façon pour que cette vérité, notre vérité, se dise, c’est par le biais de la fi ction, du théâtre, de toutes les manifestations artistiques. Mais encore une fois, le but n’est pas tant de jouir de ces manifestations, comme on va au spectacle pour en jouir, pour un plaisir esthétique ; elle recèle notre vérité et à nous de l’entendre. Encore une formule classique : à bon entendeur salut.

Je vous remercie. Je remercie surtout les intervenants et le public d’assister et de participer à la journée. Je donne la parole à Eveline.

Applaudissements.

* * *

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Charleville, le 16 septembre 2006

Je demeure interditepar Henri Saigre(*)

Madeleine Lions : Je veux juste remercier Henri d’être venu. J’ai rencontré Henri… et je suis tombée dans son chaudron…

Henri Saigre : Eh bien ! j’allais commencer en me demandant pourquoi j’étais ici… Je me trouve ici à cause de Madeleine. J’ai le bonheur de coordonner le Mouvement d’Art-thérapeutes qui dans ses actions a entre autres une formation de psychothérapeutes relationnels-art-thérapeutes, et bien entendu, d’abord Colette Dufl ot est venue et puis c’est Madeleine qui a pris le relais et depuis des années elle vient nous voir. Elle vient bien sûr former et parler de ce qui la passionne : des marionnettes, mais de quoi parle-t-elle, quand nous déjeunons ou dînons ensemble ? (très fort :) De vous !… Elle en parle comme de ses enfants… Elle me parle de ses enfants… parfois je confonds, parce que là, ce sont ses enfants à elle, ce n’est pas les marionnettes, ce sont pas les personnes qu’elle a formées… Et elle en parle avec une telle passion que du coup elle m’a donné envie de venir.

Quand elle m’a dit : « Tu ne viendrais pas parler un peu… », je ne lui ai pas demandé : « De quoi ? », j’ai dit tout de suite : « Oui ! » Après quand j’ai connu le sujet : Oh ! la la ! et… J’en tremble… Ce n’est pas ça qui me fait trembler. C’est le plaisir que tu m’as donné d’être là au moment où tu annonces, non pas : « Je vous quitte », « Je prends de la distance » — Madeleine Lions : tu as compris — Oh oui ! Et je me dis que du coup que de temps tu vas pouvoir donner à tes propres créations ! À ton propre imaginaire. — Madeleine Lions : c’est ce que j’ai commencé à faire — Alors, ça j’en suis ravi, pour nous tous comme pour toi.

_________________(*) Intervention au XIe Colloque international “Marionnette et Thérapie”,

Charleville-Mézières, le 16 septembre 2006.

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Qu’est-ce que je n’ai pas accepté là ! Car immédiatement Serge me dit : « Comment cela va s’appeler ? ton intervention » Et moi, immédiatement, j’ai dit : « Cela va s’appeler : Je demeure interdite ». Il m’a dit : « Tu ne fais pas une faute d’orthographe ? » (rires) J’ai pris ma respiration et je me suis dit : « Ça l’arrangerait et ça m’arrangerait… Eh bien non ! C’est : Je demeure interdite ».

En fait, c’est mon imaginaire qui avait parlé là et pas du tout la raison. Tout à l’heure dans le discours de la salle, nous entendions parler de cela. Il s’avère qu’en France encore notamment — pas qu’en France — il y a un système de pensée qui fait que la pensée précède tout. Et de ce fait la place des artistes et de l’imagination n’est que d’illustrer la pensée… Alors cela fait des systèmes associationnistes et c’est triste et pénible. Bien entendu, un certain nombre de personnes et non des moindres disent : l’imagination précède la pensée. Tout ça, je le sais, pour vous c’est enfoncer des portes ouvertes. Cela fait quand même plaisir.

Alors « Je demeure interdite », cela pourrait — Cocteau l’aurait écrit, là : « Je demeure interdite. Étoile. Cocteau. » Et puis c’est tout. Lui se serait levé et serait reparti s’asseoir parmi vous en disant : « Allez-y ! » Cela me fait penser à l’intervention de tout à l’heure de cette table blanche où tout à coup l’imaginaire peut se donner libre cours.

Hélas ! il fallait parler… Je ne sais pas si c’est la meilleure des choses, parler, mais enfi n je vais essayer de ne pas trop bavarder et pour ce faire je vais suivre mes notes, sinon on y est encore à deux heures !

*

Alors, parler, c’est expliciter ce « Je demeure interdite ». Au préalable, il convient de reconnaître que toute approche thérapeutique, qu’elle soit verbale ou psycho-corporelle, qu’elle soit comportementalo-cognitiviste ou d’expression artistique, quelles qu’en soient les méthodes et les techniques, énonce et fi xe ses propres interdits qui forment le cadre à l’intérieur duquel plus ou moins de choses peuvent se dire.

Aussi bien je commencerai par préciser quelles sont les conditions nécessaires qui permettront que quelque chose puisse se dire, quelle que soit l’approche employée, et je me demanderai ensuite si les actions propres aux marionnettes

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et aux masques permettent de dire certaines choses qui ne pourraient se dire par ailleurs.

Mon propre parcours de marionnettiste professionnel a été trop court pour que je puisse interroger de façon conséquente vos pratiques, aussi me cantonnerai-je à interroger ma propre pratique des masques et de la mascothérapie, technique d’art-thérapie que j’ai pu élaborer voici plus de vingt ans. Bien entendu, il conviendra aussi de se pencher sur les limites qu’il vaut mieux ne pas transgresser avec les masques, car vous savez combien les risques sont grands à jouer les apprentis sorciers.

J’aurai alors situé l’interdit comme une nécessité protectrice offrant un cadre qui permet de dire un certain nombre de choses jusqu’alors censurées. Une fois ce terrain déblayé, je me demanderai si telle est l’unique fonction de l’interdit.

J’aborderai alors cette attirance que nous pouvons éprouver pour la transgression vers ces terres inconnues, au risque de s’y perdre.

Pour conclure, la proposition que nous font les masques ne serait-elle pas le moyen d’aller y voir, de nous permettre de reculer les limites de l’interdit et d’avoir alors accès à une dimension de notre être, à un espace où dorment et nous attendent nos possibilités créatrices.

La première fonction d’un interdit est une fonction protectrice et structurante. Il y aurait un certain nombre de limites qu’il ne faut pas dépasser.

Notre être dans le temps de sa présence terrestre projette l’étendue où il marche et la hauteur où il s’élève. De ce fait, Binswenger nous dit que nous sommes par essence cernés par la possibilité de nous fourvoyer en montant, et il étaye son propos en prenant l’exemple classique emprunté au théâtre qui est celui de Solness le bâtisseur, ce personnage d’Ibsen qui « construit plus haut qu’il ne peut monter ». Solness dresse vers le ciel des tours, d’une hauteur vertigineuse, jusqu’au jour où le vertige s’emparant de lui, il fait une chute et s’écrase disloqué sur le sol, alors que le constructeur Bergheim construit sagement sur la terre, sans poursuivre un bonheur inaccessible. Ne désirant pas plus qu’il ne peut il atteint tout ce qu’il veut et grandit ainsi à vue d’œil.

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Il y a donc un certain nombre de limites qu’il y a présomption à vouloir dépasser, mais que le cadre nous propose de remplir et d’atteindre.

Le refus des limites est bien entendu refus des contraintes. Une feuille de papier propose ses propres limites matérielles, mais à l’intérieur de ce cadre, sur cette feuille tout est possible, tout peut prendre forme et se structurer, et qui ne voit que ce qui en déborde s’échappe et disparaît, ne peut avoir accès à la présence. Le refus des limites, sous couvert de liberté, ne masquerait-il pas bien souvent la peur de notre impuissance à créer et à réaliser ?

Dans l’introduction, je disais que toute approche thérapeutique pose ses limites. Nous pourrions affi ner ce constat : il y a des limites communes à pratiquement toutes les méthodes, lesquelles sont d’une part des limites spatio-temporelles (par exemple le lieu de la séance et sa durée) et qui sont d’autre part des limites relationnelles (ainsi les liens transférentiels et symboliques qui vont se nouer dans cet espace-temps).

Mais il y a également des limites propres à certaines approches, ce que nous pouvons constater plus particulièrement dans les approches d’art-thérapie : limite de la feuille de papier pour l’écriture, de la toile pour le tableau, de la scène pour l’expression théâtrale ou dansée, du castelet en ce qui vous concerne, de l’objet-masque quant à la mascothérapie.

De ce fait, des limites qui viennent s’insérer dans le cadre même des limites, plus générales, que je citais auparavant.

Alors qu’est-ce qui peut bien se dire à l’intérieur des limites, dans le cadre propre à toutes démarches thérapeutiques ? Qu’est-ce qui communément peut se dire ? Autrement dit, quels sont les effets espérés d’une démarche psycho-thérapeutique ?

D’abord je voudrais rappeler cette réfl exion d’un ancien psychanalyste fort expérimenté qui constatait ceci : dans le simple fait de venir, le patient assure 50 % de sa transformation. À partir de là, moins nous en faisons plus nous lui donnons la possibilité d’approcher les 50 autres %. Il y a beaucoup de sagesse dans l’humilité de cette boutade.

En tout état de cause, n’est-ce pas la relation d’être à être qui demeure par delà les techniques le lieu des transformations qui vont s’opérer.

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Dans toute forme de psychothérapie deux hommes se font face, se référant l’un à l’autre en une réciproque dépendance, s’expliquent l’un avec l’autre. C’est dans cette interaction qu’agit la psychothérapie. Dans une égalité d’être à être mais dans laquelle chacun des partenaires a une place symbolique particulière. Le respect de ces places symboliques forme le cadre, l’interdit à ne pas transgresser. Et n’est-ce pas dans le cadre de cet interdit que va pouvoir se glisser l’inter-dit, ce qui sera dit entre ?

C’est à l’intérieur de ce cadre que les techniques proposées vont aider à débloquer ce qui est refoulé.

Il en découle la nécessité pour l’effi cacité de la cure, dans l’intérêt du patient, que les art-thérapeutes, aient une formation pluri-disciplinaire et ne s’en tiennent pas à une seule approche. De telle façon, nous pourrons proposer dans l’instant la technique qui nous paraîtra la plus apte à faire tomber la résistance telle qu’elle se présente alors chez le sujet.

Si nous cherchons à préciser quel point commun présente la plupart des approches expressives propres à ce qui est appelé « le système des beaux-arts », nous nous apercevons que ces approches créent un objet : ainsi d’un modelage, d’une sculpture ou d’une peinture ; ainsi d’une musique, d’un poème ou d’une chanson ; ainsi d’une marionnette ou d’un masque.

Cet objet créé est généralement porteur des projections de son créateur. Et tous ces objets, une fois créés, sont détachés de leur créateur. Ils sont posés là. Ils deviennent de ce fait support pour les projections des autres qui les regardent.

Ainsi tous ces objets, dans leur phase de création, comme dans leur phase d’exposition, témoignent du Moi du sujet et de son Ego au sens kantien, l’unité transcendantale du moi.

Or marionnettes et masques offrent à partir de cela de nouvelles possibilités, dans la mesure où ce sont des objets-personnages qui ont été créés et qui attendent d’être animés, qui attendent de vivre de leur vie propre.

Le « Je » est alors confronté à un choix : – soit s’exprimer à travers le personnage, en interdisant l’existence à celui-ci ; – soit disparaître au profi t du personnage en se mettant à son service. Se prêter à lui.

En ce faisant il apparaît de la rencontre avec la séparation et la mise à distance. Non pas la séparation d’avec l’autre, encore que cet objet que nous avons créé peut être comparé à notre enfant, mais une séparation d’avec l’autre, encore que cet objet

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que nous avons créé peut être comparé à notre enfant, mais une séparation d’avec soi-même, au cours de laquelle le « Je » devient un Autre, peut-être au sens où l’entendait Rimbaud.

Dans ce processus de disparition qui renvoie au paradoxe du comédien tel qu’en parle Diderot va pouvoir opérer une étrange alchimie.

Il semble en effet curieux de proposer à quelqu’un de s’oublier, de se perdre, de faire abstraction de lui-même, alors qu’il a déjà tant de diffi cultés à s’exposer. Mais paradoxalement n’est-ce pas lui proposer d’effectuer une démarche que je nommerai « anti-schizophrénique » ou « anti-autistique » en abandonnant pour un instant ce « moi » si encombrant, ce « je » aux horizons tellement réduits ? Et ce au profi t d’un Autre qu’il a par ailleurs créé et qui immédiatement lui échappe et cependant a besoin pour s’incarner d’un corps qui acceptera d’endosser sa propre vie.

Autrement dit ce masque que j’accepte de porter me demande de me laisser posséder par lui et m’offre ainsi la possibilité d’entrer dans son monde et d’y découvrir des dimensions jusqu’alors insoupçonnées de l’être, de telle sorte que lorsque je retirerai ce masque, je rapporterai de ce voyage un accroissement de mes propres possibilités d’être.

Dans cet interdit que je me fi xe d’être un instant moi-même, en endossant la vie d’un autre, s’entre-dit de neuves possibilités d’être. Le masque me dit : « Prête-moi ton corps afi n qu’un instant je m’incarne, en échange de quoi tu connaîtras et tu pourras t’approprier mon univers ».

Afi n qu’un instant le masque s’incarne. Telle est la limite à ne pas transgresser. Dans certains situations dites « border-line » la mascothérapie peut s’avérer dangereuse. En effet la régression que favorisent les masques peut être trop massive pour un « Moi » hésitant entre névrose et psychose et la tentation peut alors être grande pour le sujet de ne pas revenir.

Dans l’abandon de mon « moi » il y a dépersonnalisation, déstructuration. Il convient donc que je sois suffi samment construit pour pouvoir redevenir moi-même, rentrer dans ma peau en rapportant mon butin qui est une partie de l’univers du masque.

Car l’attirance pour la transgression est étrangement puissante. Transgresser c’est passer outre, aller au-delà. Baudelaire dit : « Les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir… »

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De quel voyage peut-il bien s’agir ? Partir, pour quelle quête, vers quelles rencontres, pour quel au-delà ? Quelle absence en nous convient-il de combler ? Est-ce un avenir que nous pressentons dans la peur et auquel nous cherchons à nous préparer ?

Ne percevez-vous pas que je suis en train de parler de notre mort, de notre dernière demeure ?

Cet inter-dit entre mon « Je » et ce masque qui représente l’Autre dévoile un espace de manque pour l’un comme pour l’Autre, d’un manque à être, d’une absence, d’une incomplétude. C’est comme si cet espace était le lieu qui servait de médiation pour interroger nos fi ns dernières. Dans ce moment de dépersonnalisation, de dédoublement, je mets ma vie à distance, je me déclare mort, je me prépare à être un jour absent.

Une absence très particulière à l’heure où l’homme cherche à faire revenir l’autre, où il cherche à entrer en relation non plus avec les Dieux de sa préhistoire mais avec sa part de divin. « Berçant notre infi ni sur le fi ni des mers… »

L’homme qui accède à cette dimension de lui-même rejoint d’instinct les grandes cosmogonies. Quand le divin inhibé en nous consent à s’exhiber nous entrons dans la Fête. S’y entremêlent parades animales, mouvement des astres, danses rituelles de possessions. Notre identité peut un instant se perdre dans la mesure où le groupe est suffi samment fort pour supporter cette perte. Au bout du jeu le sujet se relève.

« Tu mourras pour que tu te souviennes » disent les Juifs. Dans ce cadre scénique où se joue l’Opéra des Masques, dans cette structuration où notre « Je » pressent sa mort dans la vacuité de sa personne, se situe et le rappel de notre existence d’homme, et le souvenir de l’Autre. À l’issue de cette remémoration nous pouvons connaître notre visage.

Comme si tout se jouait à partir d’un deuil. Il n’est plus question de faire retour au passé, il s’agit de se positionner en attente d’avenir, ouvert à tous les possibles. Le sujet entre en scène ne sachant pas où il va, et sans un regard derrière lui. En cet instant, et seulement ainsi, tout peut advenir, tout peut être autrement. C’est dans une vacuité que nous nous situons, au point de rupture entre ce qui a été et ce qui peut venir à être. Sous le masque le sujet est convié à se démasquer dans un néant qui précède toute création.

Pour ce faire je dois accepter de passer de l’autre côté de ma peur, de mes interdits. Traverser, franchir sont les sens de

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« transgredior ». Or la cure thérapeutique n’est-elle pas rupture et transgression des comportements qui ont fi xé la maladie ?

Mais faut-il encore une fois rappeler que ce voyage n’est pas sans risques. Au risque de s’y perdre. Souvenez-vous de la phrase de Van Gogh : « Mon travail à moi, j’y risque ma vie, et ma raison y a sombré à moitié… Pour atteindre la haute note jaune que j’ai atteinte cet été, il m’a bien fallu me monter le cou un peu… »

Et nous voilà revenu à notre point de départ : la nécessité de l’interdit. Pour ne pas sombrer il faut un cadre solide. Ce que Heidegger appelle le seuil. C’est sur le seuil que se rencontre l’entre-deux, l’inter-dit. En sa solidité peut s’ajointer ce qui dans l’entre-deux sort et entre. Le solide du milieu ne doit céder d’aucun côté. Pour porter jusqu’au bout l’entre-deux il faut de l’endurance et en ce sens une certaine dureté. Le cadre en tant qu’il supporte l’entre-deux est dur. Heidegger ajoute : la douleur l’a pétrifi é. Cette douleur qui déchire car elle parle de séparation et de la différence. Ce « Je » qu’il me faut abandonner si je veux continuer à être ; pour pouvoir demeurer au seuil de l’être, ce « Je » demeure interdite. Sans reconnaissance, sans acceptation et sans intégration de nos différences nul enrichissement possible. Dans l’interdit du cadre l’inter-dit peut apparaître.

Encore convient-il qu’il puisse se manifester, s’exprimer pour laisser trace et porter témoignage. Telle sera la fonction de l’œuvre d’art, de la création. Toutefois que peut-on appeler œuvre d’art dans la représentation théâtrale qu’est l’Opéra des Masques ?

Couramment une œuvre d’art est avant tout une chose. Ce qui lui donne consistance c’est sa matérialité. Une matière qui rencontre une forme. Cette matière est le support et le champ d’action de la création artistique. Or ici la matière est le corps de l’acteur la forme est son mouvement.

Le « Je » s’est effacé pour faire place à l’acteur qui dans le mouvement de sa représentation installe un monde. Un monde ce n’est pas le simple assemblage des choses données, ce n’est pas un objet consistant placé devant nous. Un monde est le toujours inobjectif sous la loi duquel nous nous tenons dans l’éclaircie de l’être

L’œuvre Représentation érige un monde et fait venir. Que fait-elle venir ?

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Dans l’œuvre d’art c’est la vérité qui advient. C’est la vérité qui est à l’œuvre. Telle est la différence entre une paire de chaussures fabriquée pour quelque chose et les chaussures peintes par Van Gogh. Ces chaussures de Van Gogh nous parlent de la vérité. Elles sont comme éclairées, dévoilées.

La lumière du paraître ordonnée en l’œuvre, c’est la beauté. La beauté est un mode d’éclosion de la vérité.

Ainsi dans l’instantanéité de l’action masquée le spectateur demeure interdit face à cette beauté éphémère qui apparaît à l’insu de l’acteur et dans laquelle de la vérité ressort expressément.

L’œuvre se manifeste alors en tant que telle. Elle est.Dans l’Opéra des Masques tel est l’interdit, entre les porteurs

de masques et les spectateurs.L’espace du jeu masqué est un pur espace imaginaire, au

sein duquel l’acteur réalise des instants de beauté qui parlent aux spectateurs de la vérité qu’il fait advenir à la présence sans même le savoir et sans s’en rendre compte.

De ce fait il n’a pas accès à cette place qui lui demeure interdite.

Il est ainsi procédé à une double castration : – castration du « Je » au profi t du masque ; – castration de la connaissance de la portée de son mouvement et des effets que celui-ci produit.

À peu près comme s’il n’était qu’un passage pour la naissance de l’œuvre, qui s’anéantirait lui-même dans la création.

Le « Je » s’y dissout dans un espace formant demeure interdite. Au sein de ce « Je – demeure interdite » dorment et nous attendent nos possibilités créatrices.

Vifs applaudissements.

DiscussionGilbert Oudot : Il serait diffi cile de commenter tout ce que vous avez fait parce que… nous y serions encore la semaine prochaine… Plus simplement, je dirais que c’est terrible parce qu’il faudrait reprendre tellement de choses… Mais je me limiterai quand même à quelque chose de fondamental, au niveau pratique. C’est la question du cadre. Justement, beaucoup d’ateliers se font à droite et à gauche, mais en oubliant

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le cadre. Et vous avez parlé de ce cadre, des conditions, etc. ; pour la petite histoire cela fait dix ans que j’ai fait un séminaire qui s’appelle : « Les conditions de la parole », pour indiquer que l’on ne parle pas de n’importe quoi n’importe comment. Il y a des règles. Et effectivement, selon la discipline il y a un cadre et la première chose à s’imprégner, à élaborer parce que cela ne vient pas comme ça spontanément — il faut des années pour élaborer le cadre — c’est le cadre qui fait tout parce qu’il pose à la fois des interdits, des interdits à transgresser et, on ne l’a pas évoqué mais c’était sous-tendu, passer de l’interdit à l’impossible. C’est un peu la fi n que vous avez évoquée. La « demeure interdite », là on bute sur autre chose.

Avez-vous des commentaires ? Il y en aurait tellement à faire ! Mais peut-être un ou deux…Madeleine Lions : Moi, je demeure « interdite ». J’ai tellement ressenti de choses que tout se bouscule… (à Henri Saigre :) Que te dire maintenant… sinon te dire merci !Henri Saigre : L’association qui m’a aidée à trouver le titre, c’est toujours hélas ! des échecs. C’est bizarrement un vers de Corneille dans le Cid :

« Je demeure immobile et mon âme abattuecède aux coups qui me tuent »

Ça, c’est ce que je pensais en catimini…Gilbert Oudot : Heureusement, nous aurons le texte à réfl échir, à méditer.

Un petit effort, je sais que c’est compliqué…Madeleine Lions : (à Henri Saigre :) C’est bien que tu poses ce problème du cadre. Parce que nous ne cessons de parler du cadre. Qu’est-ce qui est possible dans l’utilisation de la marionnette dans un atelier à visée thérapeutique ? Qu’est-ce qui est possible et qu’est-ce qui est dangereux ? Quand on va avec un masque et qu’on se laisse aller, et que l’on risque sa peau… Parce que, comme tu le dis, est-ce qu’on en revient ? Et comment on en revient ? Est-ce qu’on en revient indemne ou est-ce que l’on en revient fi chu(e) pour le restant de ses jours ? Il y a une très grande responsabilité de la part des animateurs à utiliser une médiation s’ils ne sont pas formés et s’ils n’ont pas eux-mêmes ressenti ce que c’était que d’aller au-delà et de ne pas l’avoir ressenti dans leur propre personne, dans leur corps, dans leur esprit, s’ils ne l’ont pas ressenti, qu’est-ce qu’ils font vivre aux autres ? Et où est le danger ? Et comment ils vont les sortir s’ils les sentent en danger ?

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Tu m’éclaires énormément parce que dernièrement j’ai eu les confi dences d’une jeune femme, malade, qui est allée dans un atelier à visée thérapeutique, où l’on faisait du psychodrame, et elle s’est défait… Cela a été tellement diffi cile pour l’intervenant d’entendre ce qu’elle disait que l’intervenant l’a mise à la porte, et cette femme ne s’en remet pas…Gilbert Oudot : Qu’est-ce que c’est que les effets thérapeu-tiques ? Parce que selon les champs, il y a autant de défi nitions différentes et la formule : « pas de clinique sans éthique » nous rendra ça. C’est-à-dire qu’est-ce que l’on va appeler un « effet thérapeutique » ? Et on voit bien que quelquefois on pourrait opposer complètement certaines conceptions. Parce que ce que l’un appelle l’effet thérapeutique, pour l’autre ce sera au contraire une catastrophe. Mais c’est un autre débat ! On verra…

Merci encore. Vous avez évoqué tout un tas de choses mais comme nous les avons sous les yeux maintenant, nous pourrons y revenir.Dans la salle (Valérie Gentile-Rame) : Je rejoins Madeleine, parce que moi, je ne tiens plus à intervenir sans une prépa-ration préalable de l’atelier avec les personnes encadrantes souhaitant travailler avec la marionnette. Maintenant, si l’on me demande d’intervenir en tant que marionnettiste, j’explique que la démarche est possible si ces personnes se sont retrouvées déjà derrière le castelet en situation de jeu. Je ne désire plus intervenir pour des demandes qui s’assimilent plus à de la consommation d’atelier sans se poser la question du pourquoi et du comment et surtout des enjeux. Maintenant, je demande aux gens que l’on passe une demi-journée ensemble, que l’on travaille et que l’on joue ensemble pour qu’ils se rendent compte si après cette sensibilisation, ils pourront, ou pas, aller et être acteur dans ce projet. Je crois que c’est important de le dire, parce que j’ai tellement travaillé dans des endroits où l’on consommait de la marionnette sans justement prendre en compte tous les enjeux compris dans ces instants pour l’enfant ou pour l’adulte (même en tant que spectateur). Il me semble important maintenant, pour ma part, de demander aux encadrants qui veulent travailler la marionnette de se mettre eux-mêmes et avant tout en situation de manipulateur, de marionnettiste, de joueur, avant de demander aux enfants ou aux patients auprès desquels ils travaillent de se mettre en situation. Ainsi les ressentis sont partagés, et tout le monde parle avec le même langage car un minimum de codes et de cadre sont donnés.

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Place Ducale, Charleville-Mézières, septembre 2006Hommage de la Ville à Jacques FÉLIX – Ph. Jean-Louis Torrecuadrada

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Un conte

Le Nom

C’était un village sans nom. Personne ne le connaissait.

C’était un village inconnu où jamais personne n’allait. On ne l’appelait même pas le « village sans nom », car ainsi on aurait pu le désigner et il aurait eu un nom. Rien ne le distinguait des autres villages ; c’était un bel endroit ; rien n’y manquait : les habitants y vivaient bien, mais les femmes qui l’habitaient n’avaient pas d’enfants...

Or, il arriva qu’un jour une femme s’en fut en chantant dans la brousse. Personne, avant elle, ne l’avait jamais fait. Elle se mit à ramasser du bois, à cueillir des fruits et à chanter. Soudain, elle entendit un oiseau répondre à son chant. Étonnée, heureuse, elle s’écria : « Oiseau, comme ta voix est heureuse et bienfaisante. Dis-moi ton nom ! »

L’oiseau voleta de branche en branche pour se rapprocher et lui dit :

– Mon nom, femme, si je te le dis, que feras-tu ?– Je le dirai aux gens de mon village.– Quel est le nom de ton village ?– Il n’en a pas !– Alors, devine le mien !

Et l’oiseau moqueur s’envola.

Dépitée, la femme se baissa, ramassa un caillou, le lança, et la pierre tua l’oiseau en plein vol. La femme, désolée, ramena le petit corps sans vie au village. Son mari fut atterré... « Femme, qu’as-tu fait ? Tu as tué un laro, l’oiseau marabout. Le malheur va s’abattre sur nous ! Que faire ? »

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Le chef du village et tous les habitants décidèrent de faire de somptueuses funérailles à l’oiseau laro. Pendant trois jours et trois nuits, on battit le tam-tam funèbre et l’on dansa pour le repos de l’âme de l’oiseau marabout. Puis, on le pria de pardonner le mal qu’on lui avait fait et on l’ensevelit.

Quelque temps plus tard, la femme sentit la vie remuer dans son corps. Pour la première fois dans ce village, une femme donna la vie. « J’ai tué l’oiseau marabout parce que notre village n’avait pas de nom. Maintenant, il a permis que j’ai un fi ls. En mémoire de lui, je veux que ce village s’appelle « Laro ».

Après la naissance de ce premier enfant, toutes les femmes se trouvèrent enceintes. Bientôt, le village fut rempli de cris joyeux d’enfants. Cela attira beaucoup de voyageurs et quand ils demandaient quel était ce village aussi hospitalier, les habitants répondaient fi èrement : « Ce village s’appelle Laro », et aux « Pourquoi ? », ils racontaient l’histoire de l’oiseau marabout.

D’abord, ce fut le Chant de la femme. Le chant provoqua la Question. La question fi t surgir la Mort.La mort fi t germer la Vie.La vie mit au monde le Nom.

Madeleine LIONS,d’après un conte africain.

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Une promenade…

Silence du guignol« C’est dans les parcs souvent, au plus profond du vert.

II y a un doute ; comme si le présent, le passé avaient du mal à faire la part de la réalité, des souvenirs. Aux Tuileries ? Mais non, tu sais bien, il s’est arrêté depuis plusieurs années. Aux Buttes-Chaumont ? On a lancé une campagne de soutien pour sa réouverture. Au Luxembourg, c’est sûr, et aux Champs-Elysées. Il ne faut pas rater son coup, faire une fausse joie aux enfants que l’on accompagne. Et puis on n’y va pas souvent, sous peine de briser le charme. Alors il y a toujours un peu de stress — j’espère que la pluie va s’arrêter, ici c’est en plein air. Va t’asseoir sur un des petits bancs, devant, tu verras mieux. Derrière il y a des chaises, ou bien l’on peut rester debout. Quelques jeunes fi lles au pair, des grands-parents, et même deux touristes japonaises. On se sent un peu gourd, sous le sourire obligatoire du plaisir donné.

« Le marionnettiste poursuit tranquillement ses rites, ouverture du portillon, vente des billets, déplacement des aiguilles sur la pendule pour la séance suivante. Il garde son mystère avant de disparaître dans le castelet. C’est sans doute absurde, mais on a l’impression d’une grande solitude en lui, comme si son pouvoir de tenir les enfances avait un prix secret de détachement du monde, de tristesse et de silence.

« Secondes rondes comme un puits. Le rideau rouge délavé va frémir. Il y aura des peurs, des rires et des cris, des oui à peine murmurés, des le voilà trop forts. Et ce petit silence au moment de sortir. »

Extrait de Philippe Delerm, Paris l’instant, Fayard, 2002, p. 66. Communiqué par Stéphane Deplanques, adhérent “Marionnette et Thérapie” à Rouen, que nous remercions vivement.

* * * *

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– 34 –Polichinelle : « Enfi n, un peu de repos ! » – Compagnie Zouac – Photo Serge Lions

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DocumentationFigura, revue d’expression marionnettique (en allemand et en français) éditée par

l’Association suisse pour le théâtre de marionnettes/Centre suisse de l’Unima. Au sommaire du N° 2/06 (en français) :

• Thème actuel : La dramaturgie en résumé, par Elke Krafka.• Suisse actuelle : Youhouhou !• International : Avant la chute, compagnie Amoros et Augustin, par

Claire-Lise Dovat.Polichinelle et sa famille, au Festival Arrivano dal Mare !, mai 2006 à Cervia,

Italie.En allemand, dans la rubrique Thérapie : Im richtigen Moment die richtigen

Fragen stellen.

Au sommaire du N° 3/06 (en français) :• Thème actuel : Espaces intermédiaires – présence et rencontre au théâtre, par

Margrit Proske.• Suisse actuelle : Trois « noix » pour Rafara, par Eveline Gfeller. Le cœur et la main, par Elke Krafka. La découverte de la quatrième région linguistique, par Elke Krafka. Des racines et des ailes, les 20 ans du Teatro dei Fauni, par E. Krafka.En allemand, dans la rubrique Thérapie : Wir gelesen: Sachbücher und

anderes…, par Vio Bernath, Brigit Oplatka, Walter Krähenbühl.Contact : Figura - Donaustrasse 25 - D-89231 NEU-ULM

Tél. 0049-731 725 48 36. Fax 0049-731 725 48 53. E-mail : [email protected]

Thémaa, Association nationale des Théâtres de marionnettes et des Arts associés, publie « manip ». Au sommaire du no juillet-août-septembre :• Portrait. Françoise Villaume : passeuse d’une belle aventure.• Actualité Thémaa. Enquête nationale / Avignon 2006.• Marionnettes et Arts Associés. La marionnette et l’écriture contemporaine.• International. Carnets de voyage à Ouagadougou.• Profession. Quatre petites leçons de théâtre à discuter – Contrat de co-

réalisation et contrat de production.• Bonne feuille. Ce théâtre de marionnettes qu’est le monde… (Thomas Bernhard,

Le souffl e – Une décision, éd. Gallimard.• Créations – Publications – Agenda du trimestre…Au sommaire du no octobre-novembre-décembre :• Portrait. Yeug Faï, maître de marionnettes.• Dossier. Le compagnonnage.• Bonne feuille. Une question d’histoire (Anne Quentin) – La fréquentation des

grands artistes (Lean-Pierre Han), revue Dédale, no 5, janvier 2005.• International. Puppet-no-puppet (Festival à Bialystok, Pologne).• Profession. Quatre petites leçons de théâtre à discuter – Contrat de

co-réalisation et contrat de production.• Créations – Publications – Agenda du trimestre…Contact : THÉMAA - 24, rue Saint-Lazare - 75009 Paris – Tél./fax : 01 42 80 55 25 –

E-mail : [email protected] – Web : www.themaa.com

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Marionnette et Thérapie28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

Courriel : [email protected] : http://marionnettetherapie.free.fr/

Fondatrice : Jacqueline Rochette – Président d’honneur : Dr Jean GarrabéPrésidente en exercice : Madeleine Lions

“Marionnette et Thérapie” est une association-loi 1901 qui « a pour objet l’expansion de l’utilisation de la marionnette comme instrument de soins, de rééducation et de réinsertion sociale » (Article 1er des statuts).

L’objectif de “Marionnette et Thérapie” est donc :FORMER : formation de base et formations approfondiesINFORMER : conférences, rencontres nationales et internationalesDIFFUSER : bulletin trimestriel et collection “Marionnette et Thérapie”

Créée en France en mai 1978, elle est la première association sur le plan mondial à avoir concrétisé l’idée de la nécessité d’un champ de rencontre entre marionnettistes et thérapeutes afi n de parer aux écueils de l’improvisation dans chacun de ces domaines très spécifi ques.

Agréée Organisme de Formation n° 11 75 02871 75, elle organise donc des stages de formation, des sessions en établissements, des conférences, des journées d’étude et des groupes de travail.

L‛action de “Marionnette et Thérapie” est soutenue par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Bulletin à renvoyer au siège social de l’Association

28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34 Courriel : [email protected]

NOM ............................................................................Prénom .................................................

Profession ...................................................................Tél ........................................................

Adresse .....................................................................................................................................

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Désire : adhérer à l’Association - s’abonner au bulletin - recevoir des renseignementsCOTISATION (non compris le bulletin), membre actif : 27,44 €/an.ABONNEMENT au bulletin trimestriel : 30,49 € - Étudiants et chômeurs : 15,24 € (joindre justifi catif)

(expédition au tarif économique pour l’étranger, zones 3 à 5).Les abonnements partent du 1er janvier au 31 décembre de l’année en cours.Règlement à l’ordre de “Marionnette et Thérapie” CCP PARIS 16 502 71 D

Directeur de la Publication : Serge LIONS.Imprimé par “Marionnette et Thérapie”.

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nouvelle série ISSN 0291-7912

marionnette et thérapie

bulletin trimestriel OCTOBRE - NOVEMBRE - DECEMBRE

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Association "Marionnette et Thérapie"

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marionnette et thérapie

28, rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34 BULLETIN TRIMESTRIEL DE L’ASSOCIATION "MARIONNETTE ET THÉRAPIE"

ASSOCIATION LOI 1901 Subventionnée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

_____________________________________________________________________________ Dépôt légal 4e trimestre 2006 - Reproduction interdite sans autorisation.

sommaire Page

notre association Le devenir de "Marionnette et Thérapie" ...................................................... 2 "Marionnette et Thérapie" en Italie ............................................................... 3 "Marionnette et Thérapie" en Tunisie ........................................................... 3

formation en 2007 ........................................................................................ 5 regroupement international

Fédération internationale "Marionnette et Thérapies" .................................. 6 marionnette et traditions

Fin de deuil des marionnettes-fétiches de Koho (Burkina Faso) Anita BEDNARZ 11

Charleville-Mézières, le 16 septembre 2006 L’art et l’éducation créative............................................ Eveline CARRANO 17

documentation .............................................................................................. 27 marionnette et thérapie............................................................................. 28

L'Association est agréée Organisme de Formation. Elle est composée d'Animateurs, Éducateurs, Ergothérapeutes, Instituteurs, Marionnettistes, Médecins, Orthophonistes, Psychanalystes, Psychiatres, Psychologues, Psychothérapeutes,

Psychomotriciens, Rééducateurs, Spécialistes de la Documentation Internationale

Meilleurs vœux pour 2007

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Notre association Le devenir de "Marionnette et Thérapie".

Lors de l’assemblée générale du 21 octobre 2006, Gilbert Meyer s’était proposé pour contacter l’Institut International de la Marionnette, à Charleville-Mézières, en la personne de Mme Lucile Bodson, directrice de cet Institut, en vue d’un accueil de "Marionnette et Thérapie" à Charleville-Mézières.

Donc, après accord, Mme Lucile Bodson a reçu, le 16 janvier 2007, "Marionnette et Thérapie" représentée par Madeleine Lions, présidente en exercice, Serge Lions, secrétaire et trésorier, Gilbert Meyer, du théâtre Tohu-Bohu à Strasbourg.

Les problèmes qui préoccupent "Marionnette et Thérapie", déjà amplement relatés dans ce bulletin, ont été exposés à Mme Lucile Bodson, problèmes tant matériels provoqués par la perte de notre subvention "Jeunesse et Sports" suite aux nouvelles règles concernant l’attribution de l’agrément « association nationale » que de ressources humaines, aucune personne de souhaitant s’investir dans la gestion de "Marionnette et Thérapie" dans les conditions actuelles de bénévolat.

Nous remercions Mme Lucile Bodson pour son écoute attentive et bienveillante. Elle s’est déclarée prête à accueillir l’association, tant sur le plan matériel que sur une aide au fonctionnement à définir. Ceci sera discuté lors d’un conseil d’administration de l’Institut en février ou mars prochain.

À la suite de ce conseil d’administration, nous déciderons au plus tôt la convocation de l’assemblée générale "Marionnette et Thérapie" 2007. En attendant, les modalités de participation à l’association demeurent inchangées (cotisations et abonnements).

Depuis la dernière assemblée générale, l’activité de l’association continue. Des personnes sont reçues à leur demande au siège de l’association pour répondre à leurs questions. Deux stages de formation sont organisés.

"Marionnette et Thérapie" a été présente d’une part en Italie en décembre pour des interventions à des colloques et pour l’étude d’un projet de statuts pour la F.I.M.T. (regroupement international des associations "Marionnette et Thérapies"), d’autre part en Tunisie, au Festival de théâtre pour enfants de Nabeul. Ainsi qu’un week end de formation au MAT (Mouvement d’art-thérapeutes à Sémentron (89).

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"Marionnette et Thérapie" en Italie. Sur le thème « Un teatro dai diversi talenti », le Centro

Teatro di Figura Arrivano dal mare !, la Cooperativa « Le Mani parlanti, l’AssociazioneBurattini e Salute, ainsi que plusieurs autres associations présentant des spectacles, ont organisé du 1er au 3 décembre 2006 des ateliers, des spectacles, des rencontres avec échanges au cours desquels il y a eu des communications en français : Mme Marie-Dominique Delcourt, de l’Albatros en Belgique et Madeleine Lions.

Un tel ensemble d’activités avait eu lieu à la même époque en 2005 et tout ce que Madeleine Lions avait relaté dans le bulletin 2005/4 (p. 15) demeure d’actualité : l’implication très forte des « volontaires » dans leur relation d’aide aux personnes en difficulté, le rôle socialisant du théâtre de marionnettes, le plaisir de jouer, le soutien et la participation importante du public, la présence active des familles, le nombre et la qualité des communications… Compliments à nos amis Italiens !

Deux réunions ont été consacrées à la rédaction d’un projet de statuts pour la F.I.M.T. (voir ci-après pages 6 à 10).

"Marionnette et Thérapie" en Tunisie. Le XXIe Festival de théâtre pour enfants de Neapolis a eu

lieu du 17 au 22 décembre 2006 à Nabeul. Cette année, en raison de sa participation à ce Festival depuis dix ans, l’association "Marionnette et Thérapie" a été particulièrement honorée par l’attribution d’un diplôme d’honneur qui a été remis à Madeleine Lions, par Mme Samira Khayach Belhaj, Ministre de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire et en présence de M. Mohamed Lamine El Abed, Gouverneur de Nabeul et de M. Sadok Ben Amara, Secrétaire général du RCD.

Comme l’année précédente, Madeleine Lions a animé un atelier avec le désir de faire jouer un spectacle d’ombres par les participants à l’hôpital de Nabeul dans le service de pédiatrie. Trente étudiants s’étaient inscrits dans cet atelier. Heureusement Mme Denise Timsit, médecin psychiatre, adhérente de "Marionnette et Thérapie" depuis de nombreuses années et très intéressée par les marionnettes, ainsi que Samir Besbes, professeur d’Art dramatique, étaient là pour co-animer ce stage. Six étudiants, comédiens, animateurs, ont joué deux versions du conte le Petit Chevreuil et les crocodiles. Ce stage a été suivi avec intérêt par M. Hussein El Ezabi, du Théâtre National du Caire et par Staffan Björklunds, marionnettiste écologiste, venu de Suède.

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Il y avait aussi cette année un atelier « poupées en sucre ». Ces poupées en sucre sont traditionnellement offertes, seulement à Nabeul, lors des fêtes du Nouvel An de l’Hégire. Ces poupées ne sont pas destinées à être mangées par les enfants, mais elles sont conservées à l’abri des regards. Elles réapparaîtront parmi le trousseau le jour du mariage de la petite fille. Les petits garçons ont droit à des animaux tels que coqs, chatons, lionceaux qui ont, eux, un statut de bibelots. Ces explications ont été données par Mme Choumaïça Slama. Ces poupées m’ont rappelé le conte napolitain Perlino, où une jeune fille, telle Geppetto, pétrit dans sa chambre un personnage de sucre et de pâte d’amande, le fiancé de ses rêves auquel une fée donne souffle de vie.

Autre temps fort de ce Festival, le spectacle Ô mama ô du Théâtre en Flammes (Montpellier), un spectacle pour bébés merveilleusement poétique. Un spectacle à ne pas manquer si vous avez la chance de le rencontrer.

Ce Festival était un très bon cru. Je dis un grand merci à Hamadi, Fehri et Radhi qui mettent tous leurs efforts au service de ce Festival depuis tant d’années. Madeleine Lions.

* * *

Nabeul le 21 décembre 2006. Madeleine Lions reçoit des mains de Mme Samira Khayach Belhaj, Ministre de l'Equipement, de

l'Habitat et de l'Aménagement du territoire, le diplôme d’honneur À gauche, M. Hamadi Dimassi, directeur du Festival de Neapolis

(Photo Festival de Neapolis)

– 4 – Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

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Formation en 2007 AVEC FABRICATION DE MARIONNETTES

Du 26 au 30 mars 2007 (40 h), à l'INJEP, Marly-le-Roi (78). "Marionnette et Psychanalyse" avec Cristiana Daneo et Gilbert Oudot

Prix : 686 € plus les frais d’accueil à l’INJEP (plan de formation : 640 €)

Contenu : Fabrication-manipulation. Techniques diverses – Élaboration de scénarios/jeux – Approche psychanalytique des mythes et des productions imaginaires – Constitution d’un groupe "marionnettes" avec des personnes en difficulté psychique – Caractéristiques spécifiques de la marionnette : ce qui fait sa dynamique propre dans son utilisation comme moyen thérapeutique. N.B. : Utilisation de la vidéo lors des mises en scène.

* Du 21 au 25 mai 2007 (40 h), à Seyssins (38).

"Marionnette, Corps et Mobilité" avec Marie-Laure Escande et Jean-Louis Torrecuadrada

Prix : 686 €, sans repas ni hébergement (plan de formation : 640 €)

1) Jean-Louis Torrecuadrada : Fabrication de deux marionnettes de table – Présentation de plusieurs techniques pour fabriquer la tête – Rapport mobilité du manipulateur et mobilité de la marionnette. Exercices corporels pour découvrir par nous-même les torsions et la mobilité des marionnettes de papier – Jeux d’improvisations pour préparer les stagiaires au jeu avec leur création.

2) Marie-Laure Escande : "Injecter" un peu de théorie afin de mettre en sens ce qui se joue – Travail sur la mobilité tant physique que psychique en lien avec des notions de psychopathologie et les répercussions de celles-ci : rigidités, fixations à la fois corporelles et mentales – Qu’est-ce qui est en jeu ? Qui parle de qui ? Qui mobilise quoi ?

* Pour les formations organisées à l’INJEP, les frais d’accueil sont de 28,50 € /jour en 2007

Ces frais d’accueil comprennent l’hébergement et les repas. Ils sont de 17,20 €/jour pour les accueils sans hébergement ni repas du soir (choix pour tout le stage).

Le tarif "Plan de formation" s’applique à l’inscription simultanée à plusieurs stages composant une formation

Les participants à un stage sont adhérents à "Marionnette et Thérapie" pendant l’année en cours. Les dates et/ou les lieux des formations peuvent être modifiés L’association se réserve le droit d’annuler une action de formation

dix jours avant son début au cas où le nombre de participants serait insuffisant. Des conditions peuvent être envisagées pour des personnes non prises en charge

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

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Regroupement international

Fédération internationale Marionnette et Thérapies

En prolongement à la rencontre du 17 septembre 2006 à Charleville-Mézières, deux séances de travail ont été organisées par Burattini e Salute les 2 et 3 décembre 2006 à Cervia (voir ci-dessus) afin de faire le point sur les candidatures reçues et sur la rédaction d’un projet de statuts, reprenant en les complétant les propositions faites dans le bulletin 2005/4, p. 8 à 10, à la suite de la réunion du 27 octobre 2005 à Charleville-Mézières.

Tout d’abord, une déception et un regret. Dans l’esprit de "Marionnette et Thérapie", il s’agissait, à l’instar de l’UNIMA, d’un regroupement « des personnes et des associations » utilisant le théâtre de marionnettes comme médiation. Or le terme de « fédération » adopté le 27 octobre 2005 entend qu’il s’agit uniquement d’associations. Il aurait fallu employer « Union » pour que des personnes isolées y aient leur place. Espérons que celles qui se manifesteront verront leur cas étudié avec le plus de sollicitude possible.

Un projet de statuts inspiré de ceux de l’UNIMA a donc été rédigé et il est reproduit ici après avoir été envoyé à 9 structu-res considérées comme fondatrices et communiqué largement aux autres correspondants qui s’étaient manifestés. Lors de son prochain festival, fin avril début mai prochain, Arrivano dal mare ! réservera un espace pour organiser une rencontre fondatrice pour entériner ces statuts et donner le coup d’envoi de la F.I.M.T. Les personnes intéressées sont invitées à se mettre en rapport avec Corrado Vecchi ou Stefano Giunchi.(*)

Proposition pour les statuts de la F.I.M.T. PRÉAMBULE La Fédération Internationale Marionnette et Thérapies (F.I.M.T.) est une Organisation Internationale non Gouvernementale réunissant des associations du monde entier, lesquelles contribuent au développement de l’utilisation de la

(*) Corrado VECCHI, [email protected]

Stefano GIUNCHI, [email protected] Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

Page 111: marionnette et thérapie

Fédération internationale Marionnette et Thérapies (F.I.M.T.)

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marionnette comme ressource dans la thérapie, l’intégration, la réduction de l’handicap et de toutes formes d’exclusion afin de servir par cette médiation les valeurs humaines, dont la paix et la compréhension mutuelle entre les peuples, quelles que soient leur race, leurs convictions politiques ou religieuses, la diversité de leurs cultures, en conformité avec le respect des droits fondamentaux de l’être humain, tels qu’ils sont définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies du 10 décembre 1948, chaque association restant autonome par rapport aux lois, aux habitudes, aux besoins de son pays d’origine.

1 - BUTS ET MOYENS 1.1) Le but de la F.I.M.T. est de promouvoir l’expansion de

l’utilisation de la marionnette en accord avec les objectifs décrits dans le Préambule ci-dessus et d’en faire reconnaître son utilité pour répondre à des besoins spécifiques à chaque association concernée. Les champs d’action sont donc extrêmement diversifiés.

1.2) Cette tâche peut se remplir notamment de la manière suivante :

1.2.1) En provoquant, à travers toutes les formes possibles de communication, des contacts et des échanges entre les soignants, les éducateurs et les marionnettistes de toutes nations et continents ;

1.2.2) En organisant des rencontres, des conférences, des festivals, des expositions et des concours ou en donnant son soutien officiel ;

1.2.3) En encourageant la formation professionnelle et l’éducation à toutes formes d’intégration ;

1.2.4) En approfondissant la recherche historique, théorique et scientifique ;

1.2.5) En maintenant vivantes les traditions aussi bien qu’en encourageant le renouveau de l’art de la marionnette ; en promouvant des activités réalisées par des personnes en difficulté (enfants – adultes) ;

1.2.6) En proposant la marionnette comme moyen d’éducation et d’apprentissage ;

1.2.7) En participant aux travaux d’organisations internationales ayant des buts similaires.

2 - ADHÉSION 2.1) ADHÉSION

2.1.1) Toute association ayant un objet en accord avec le préambule et l’article 1 des statuts de la F.I.M.T. et acceptant

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Page 112: marionnette et thérapie

Fédération internationale Marionnette et Thérapies (F.I.M.T.)

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le règlement intérieur de la F.I.M.T. peut demander à être membre de la F.I.M.T.

2.1.2) Les personnes isolées qui désirent adhérer à la F.I.M.T. sont invitées soit à adhérer à une association elle-même déjà adhérente, soit à se constituer en association conformément aux termes de l’article 2.1 ci-dessus.

2.1.3) Des institutions publiques en accord avec les objectifs annoncés dans le préambule peuvent être nommées membres associés. Ils peuvent participer à la vie de la Fédération mais n’ont pas le droit de vote pour les décisions.

2.2) DROITS DES MEMBRES 2.2.1) Chaque membre de la F.I.M.T. est représenté à

l’Assemblée générale des membres ; 2.2.2) Chaque membre de la F.I.M.T. peut profiter des

avantages qui résultent de l’appartenance à la F.I.M.T. 2.3) DEVOIRS DES MEMBRES

Chaque membre de la F.I.M.T. est tenu : 2.3.1) de s’appliquer à répondre aux objectifs de la

F.I.M.T. ; 2.3.2) de respecter les Statuts et le Règlement Intérieur de

la F.I.M.T. ; 2.3.3) de payer la cotisation fixée par le Comité Exécutif ; 2.3.4) Les membres associés qui n’ont pas le droit de vote

aux délibérations ne payent pas de cotisation. 2.4) PERTE DE LA QUALITÉ DE MEMBRE

N’est plus membre de la F.I.M.T. : 2.4.1) celui qui a été exclu parce que son activité ne

correspondait plus aux principes fondamentaux de la F.I.M.T. ou qui a enfreint gravement les Statuts ;

2.4.2) celui qui a fait part, par écrit, de sa démission ; 2.4.3) celui qui n’a pas payé sa cotisation pendant plus

d’une année.

3 - INSTANCES Les instances de la F.I.M.T. sont : l’Assemblée générale des

membres et le Comité Exécutif, le Président, le Secrétaire général.

3.1) L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES MEMBRES 3.1.1) L’Assemblée générale des membres, instance

suprême de la F.I.M.T., se compose de tous les membres à jour de leur cotisation et des membres associés. Ceux-ci n’ont pas le droit de vote.

3.1.2) L’Assemblée générale des membres se réunit au moins une fois tous les deux ans. Elle est en mesure de prendre des décisions si au moins un tiers de ses membres est

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

Page 113: marionnette et thérapie

Fédération internationale Marionnette et Thérapies (F.I.M.T.)

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présent ou représenté. Elle prend ses décisions à la majorité simple.

3.1.3) Une Assemblée générale des membres doit être convoquée lorsqu’au moins deux tiers de l’Assemblée générale des membres le demandent.

3.1.4) L’Assemblée générale des membres a les pouvoirs les plus étendus concernant la gestion de l’Organisation et en particulier elle choisit les membres du Comité Exécutif, le Président et le Secrétaire général.

3.2) LE COMITÉ EXÉCUTIF 3.2.1) Le Comité Exécutif de la F.I.M.T. se compose de

trois à sept membres démocratiquement élus par l’Assemblée générale des membres.

3.2.2) Le Président de la F.I.M.T. préside le Comité Exécutif. Le Comité Exécutif dirige l’activité de la F.I.M.T. entre les Assemblées générales.

3.2.3) Le Comité Exécutif se réunit au moins une fois par an et est en droit de prendre des décisions à la majorité simple.

3.2.4) Une réunion ordinaire du Comité Exécutif est convoquée par le Secrétaire Général en accord avec le Président. Un réunion extraordinaire peut être convoquée par le Secrétaire Général lorsque le Président le juge nécessaire ou lorsqu’un tiers des membres du Comité Exécutif le demande.

3.2.5) Si une réunion du Comité Exécutif ne peut avoir lieu, le Secrétaire Général peut, en cas d’urgence, faire procéder à un vote par correspondance sur des sujets urgents.

3.2.6) On ne peut pas donner procuration à un autre membre du Comité Exécutif.

3.2.7) Lorsqu’un membre du Comité Exécutif ne peut plus exercer ses fonctions, il est remplacé par le candidat qui a eu le plus grand nombre de voix après les membres du Comité Exécutif élus à la dernière Assemblée générale des membres.

3.2.8) Le Comité Exécutif a le droit de modifier le Règlement Intérieur. Les modifications seront soumises à l’approbation de l’Assemblée générale des membres suivante.

3.3) LE PRÉSIDENT, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL 3.3.1) Le Président représente l’Assemblée générale des

membres ; il signe les documents officiels de la Fédération ; il prévoit avec le Secrétaire général les dates et les ordres du jour des Assemblées générales des membres et des réunions du Comité Exécutif.

3.3.2) Le Secrétaire général est aussi le trésorier de la F.I.M.T. ; il est responsable du bon fonctionnement de la Fédération ; il convoque en accord avec le Président les

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Fédération internationale Marionnette et Thérapies (F.I.M.T.)

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Assemblées générales des membres et les réunions du Comité Exécutif ; il gère les questions posées par les adhérents.

3.4) LE RÈGLEMENT INTÉRIEUR Le Règlement intérieur est constitué par les décisions

prises sur les différents problèmes posés par le Comité Exécutif et par l’Assemblée générale des membres.

4 – DÉSIGNATION OFFICIELLE, SIÈGE ET REPRÉSENTATION JURIDIQUE

4.1) La désignation officielle de l’Organisation est : F.I.M.T. (Fédération Internationale Marionnette et Thérapies).

4.2) Le siège de la F.I.M.T. est celui du Secrétariat Général. 4.3) Dans les questions de droit, la F.I.M.T. est représentée

par son Président ou quand cela n’est pas possible, par un membre délégué.

5 – LANGUES OFFICIELLES Les langues adoptées par la F.I.M.T. sont : celle du siège

du Secrétaire général, l’anglais, le français, l’italien, ainsi que la langue du pays dans lequel a lieu une Assemblée générale des membres.

6 – FINANCES Les moyens financiers de la F.I.M.T. proviennent : 1) des

cotisations de ses membres; 2) des donations, des legs et des subventions; 3) de revenus divers résultant de son activité.

7 - DISSOLUTION 7.1) La décision de dissolution de la F.I.M.T. est prise par

l’Assemblée générale des membres à une majorité des deux tiers.

7.2) L’Assemblée générale des membres décide également de la procédure de liquidation.

* * * *

Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

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Marionnette et traditions

Voyages, voyages…

Fin de deuil des marionnettes-fétiches de Koho (Burkina Faso)

Koho est un petit village de la province des Balés situé à 150 km au sud de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.

Dans cette région essentiellement animiste, de nombreuses ethnies cohabitent : les Bwaba, les Kô, les Nouna, les Samo, les Dafing, les Sissola, les Kassena, les Lela…

La famille Lamien (Bwaba) est dispersée dans diffé-rents villages : Koho, Pâ, Nien-Bon, Bendri et possède depuis quelques générations des marionnettes-fétiches qui, comme les masques, reçoivent, sortent lors des céré-monies coutumières (funérailles, fête des moissons…) et protègent de toutes sortes de maléfices et malheurs.

Le 2 décembre 2002, les marionnettes fétiches de Koho entamaient une période de deuil de trois ans. Elles venaient de perdre leur maître Siéméyéré Lamien. Son fils Zanoutié Lamien devait alors attendre que « le vieux donne le chemin ».

Dans l’obscurité de la case sanctuaire, la grand-mère et la fille ont vécu tout ce temps recluses et muettes. Petite, une quarantaine de centimètres, torse nu, les hanches entourées d’un pagne grisâtre, la grand-mère est assise sur un petit banc. Ses membres sont fixes mais elle tient dans la main droite un très grand bâton de commandement de couleur rouge, blanche et noire. Son corps en bois rouge fardé de blanc symbolise l’union des vivants et des morts. Ces deux couleurs appartien-nent également au serpent considéré comme l’ancêtre de l’homme et à l’initié dont le corps peint en rouge est parsemé de points blancs. Son visage éclairé par deux

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Fin de deuil des marionnettes-fétiches de Koho – Anita Bednarz

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grands yeux peints en blanc est orné de scarifications qui, comme chez l’homme, peuvent être relatives au sexe, à l’appartenance ethnique, à l’ordre de naissance, à la séduction, à la protection comme à la thérapie.

La fille, plus petite, ressemble à un gros bébé emmailloté des pieds à la tête dans un tissu de coton épais grisâtre taché de rose/rouge qui ne laisse entrevoir qu’un visage noir (en bois ou en calebasse). Deux cauris simulent les yeux.

« Bekienvo », l’homme, s’est absenté le temps du deuil.

Toutes les deux ont attendu là trois ans, entourées d’objets de toutes sortes : foyer sur lequel est posée une casserole, vieux chapeau, hochet en calebasse chargé de convoquer les esprits, plumes de volailles, pièces de monnaie… Ne pouvant plus converser directement avec les hommes, elles les ont néanmoins reçus, entendu leurs suppliques qu’elles ont transmis aux ancêtres. Elles sont restées actives en dehors de toute action spectaculaire sous l’œil vigilant d’un masque accroché en haut de la case dont le nom ne m’a pas été révélé et qui pourrait être méchant m’a-t-on dit…

En cette fin d’année 2006, la période de deuil est terminée. La grand-mère est toujours là, dans cette même case sanctuaire mais la fille est sortie, partie en voyage dans un lieu tenu secret, appelée par les hommes pour accomplir quelques miracles et guérisons.

« Bekienvo », encore appelé « le Vieux », lui, est revenu de l’au-delà. Emmailloté comme la fille dans un linge grisâtre qui ne laisse voir qu’un visage de bois fardé de blanc, couleur des ancêtres symbolisant tout autant des qualités positives sociables, pureté, tranquillité, paix, bonheur que le regret, la maladie, le malheur.

Intermédiaires entre l’ici et l’au-delà les marionnettes-fétiches ne peuvent rester seules. Elles ont besoin de la présence des ancêtres, tapis là dans un coin de la case, formes constituées d’un mélange de terre de termitières, de fromage, de miel… avec l’esprit desquels elles conversent. D’ailleurs « Eux seuls travaillent » a dit le maître.

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« Bikienvo », village de Koho (Burkina Faso) – Photo Anita Bednarz

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Le vieux Siemeyéré Lamien « est sorti » et à la fin de la période de deuil, il « a montré le chemin ». C’est son petit fils Lohci, né le 25 mars 2003, trois mois après son décès qu’il a choisi pour permettre aux marionnettes-fétiches d’intercéder de vive voix auprès des ancêtres. En attendant qu’il grandisse, son père Zanoutié Lamien est autorisé à faire à sa place quelques gestes : convoquer les esprits des ancêtres avec son fils à ses côtés, manipuler le couteau du sacrifice… Les marionnettes-fétiches écouteront les suppliques des hommes mais resteront cependant muettes jusqu’à la majorité de leur nouveau petit maître. À moins que devant l’urgence d’une situation, l’on doive faire appel à un autre membre de la famille Lamien du village de Pâ situé à quelques kilomètres de là. Il viendra alors établir la communication avec les esprits des ancêtres et arrachera quelques paroles à « Bekienvo ».

Il reste aussi aux hommes non pressés, la possibilité d’adresser leurs demandes aux marionnettes-fétiches des autres membres de la famille Lamien en allant directement les voir dans les villages de Pâ, de Bendri, de Nien-Bon.

J’y suis allée. À Pâ, les deux marionnettes-fétiches « les Vieux » (identiques à celles de Koho) m’ont parlé. Ou plutôt leur maître, Siémé Lamien à travers la manipulation du corps de l’un des « Vieux » a appelé les esprits des ancêtres à l’aide de sonnailles, de prières, de signes tracés à la craie par terre et sur la jambe gauche croisée. Ils ont entendu et ont répondu d’une voix nasillarde de « l’au-delà » à cette convocation1. Une discussion animée s’est alors engagée entre « Le Vieux » qui ponctuait chacun de ses mots par un claquement de

1. O. Darkowska-Nidzgorski, D. Nidzgorski, Marionnettes et masques au cœur du théâtre africain , Saint-Maur : Sépia, 1998, p. 100 : « Le marionnettiste utilisant cette "voix de l’au-delà" signe la dimension surnaturelle de son art, sa non-appartenance originelle au monde des vivants. À travers les marionnettes s’exprimant sur ce registre, se manifeste cette "beauté de la mort" dont parle Edward Gordon Craig, songeant à son concept de la "sur-marionnette" : "Celle-ci ne rivalisera pas avec la vie, mais ira au-delà ; elle ne figurera pas le corps de chair et d’os, mais le corps en état d’extase, et tandis qu’émanera d’elle un esprit vivant, elle le revêtira d’une beauté de mort". (Edward Gordon Craig). La marionnette d’Afrique illustre bien cette idée. »

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la mâchoire et le maître qui s’est empressé de me traduire ses paroles. Ils m’ont souhaité la bienvenue, se sont enquis de la cause du retard de mon avion et ont manifesté le désir d’entretenir avec moi une amitié durable. Le maître a d’ailleurs trouvé « le Vieux » un peu trop bavard…

Je les ai remerciés avec un peu d’argent (5000 CFA) qui a servi à acheter une bouteille d’alcool fort. Le maître a bu d’abord, craché ensuite sur les effigies des ancêtres, ouvert toute grande la bouche du « Vieux » à qui il a donné une bonne lampée à boire. Il en a même redemandé.. « Trop gourmand » a dit le maître… » Le reste de la bouteille a été partagé entre les personnes présentes.

Mais ce jour-là, Siémé Lamien a oublié d’offrir aux ancêtres, un sacrifice. Alors son grand frère Diuré Lamien, absent au moment de notre rencontre, s’est fâché et l’a sommé de recommencer la cérémonie en bonne et due forme le lendemain matin.

J’ai acheté deux poulets, et encore un peu d’alcool. Les esprits ont été convoqués, ils sont venus, « Le Vieux » nous a transmis leurs messages. Les sacrifices ont été de bon augure, les volailles sont tombées sur le dos et leurs entrailles étaient « propres ».

Détendus, réconciliés, les frères, la famille, les enfants ont bu une nouvelle fois et partagé les différentes parties des poulets selon leur rang tenu par chacun dans la hiérarchie familiale.

Les autres membres de la famille Lamien des villages de Bendri et de Nien-Bon possèdent eux aussi des marionnettes-fétiches. Il semble que celui de Nien-Bon refuse le rôle d’intercesseur auprès des ancêtres. Mon « tuteur », interprète auprès de la famille, est resté muet sur cette question, et n’a pas souhaité m’y emmener pour le moment…

Anita Bednarz Janvier 2007

* * *

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Charleville, le 16 septembre 2006

L’art et l’éducation créative par Eveline Carrano Henrique

interprétée par Ariana Carrano Henrique(*)

Bonjour ! Je ne parle pas français et ma fille Ariana va traduire mes propos. Je suis psychologue, art-thérapeute ; je travaille à Rio de Janeiro où je suis professeur en art-thérapie à l’Université. Je travaille comme psychologue depuis trente ans et comme art-thérapeute depuis treize ans. Et depuis que j’ai connu Madeleine je travaille de plus en plus en thérapie avec la marionnette. Et depuis l’année dernière je travaille dans une école publique avec la psychologie, l’art-thérapie et la marionnette.

Aujourd’hui je vais vous montrer ma recherche à son début. Le titre de cette intervention est : L’art-thérapie et la marionnette-thérapie comme moyens de faciliter l’alphabétisation des enfants qui ont des difficultés d’apprentissage — L’art et l’éducation créative — Atelier de création d’histoires avec des marionnettes.

* Depuis longtemps au Brésil on parle de la nécessité

de valoriser l’éducation et, spécialement, on parle de l’importance de l’école pour les enfants.

Chaque gouvernant au début de son mandat, apporte des nouvelles propositions, des idées inédites et des grands projets qui sont imposés dans les programmes pédagogiques des écoles.

Néanmoins, je me demande ce qui signifie l’éducation pour ces politiciens qui à la veille des élections défendent

(*) Intervention au XIe Colloque international "Marionnette et Thérapie",

Charleville-Mézières, le 16 septembre 2006. Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4

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l’importance de l’augmentation du nombre de places vacantes pour les étudiants aux établissements d’enseignement et la construction des nouvelles écoles.

Ainsi, il semble que pour ces politiciens l’une de principales conditions pour mettre en œuvre l’éducation, spécialement pour les enfants de l’enseignement basique, c’est la fourniture de la partie matérielle.

Je travaille dans des écoles dès l’année 1964. Dans cette année j’ai commencé une nouvelle étape de ma vie professionnelle comme psychologue travaillant directe-ment avec les enfants. Ultérieurement, après l’année 2000, j’ai commencé à travailler comme professeur dans des écoles publiques.

Le présent travail est le résultat de mon expérience comme enseignante d’écoles primaires et de lycées publics. Dans cet environnement, j’ai pu observer que la difficulté d’apprentissage des enfants était liée à leur démotivation à apprendre.

La présence à l’école est obligatoire, la nécessité d’alimentation est constante, mais le désir d’apprendre n’est pas manifesté ni motivé.

À l’école, il semble exister une image uniforme : les classes homogènes remplies d’enfants sages et silencieux qui sont d’accord pour rester assis sur des chaises dures et sans confort pendant 4 heures, avec des pauses de quinze minutes.

Pour certains enfants, cela semble impossible.

La recherche a été réalisée avec des enfants d’une école primaire publique à Rio de Janeiro, au Brésil. Dix enfants qui présentaient des difficultés d’apprentissage, âgées entre 7-8 ans, ont été sélectionnées par le professeur.

Notre proposition était de stimuler l’imagination créative et motiver l’alphabétisation à travers la construction et manipulation des différents types de marionnettes.

Ainsi, les enfants auraient l’opportunité de créer des personnages et des histoires pour eux-mêmes. Ils pourraient aussi construire des scénarios.

Cet exercice d’imagination apporte des grands

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bénéfices pour les enfants, puisqu’il remplit leur nécessité d’imaginer, en aidant la formation de leur personnalité et la construction de leur caractère.

Raconter et écouter augmente l’horizon des enfants, élargit leur perception d’eux-mêmes et du monde, provoque des émotions, incite leur imagination et créativité.

Le début du travail. Au début, on a travaillé avec dix enfants qui étaient

très contentes d’avoir une raison pour ne pas aller au cours.

Lors de la première session, nous nous sommes présentés aux enfants et on a présenté aussi un autre ami, une marionnette très chic et bien habillée, qui était un cadeau de Madeleine Lions. Les enfants ont commencé à l’appeler par le prénom de Julio.

Julio c’était notre grand allié. Il parlait avec les enfants en français et elles étaient enchantées par son accent. Elles étaient très intéressées d’en savoir plus sur lui et sur la France.

Au début, notre idée était de construire des marionnettes pour motiver les enfants à lire et à écrire.

Ainsi, quand l’enfant commence à jouer avec la marionnette, il va utiliser ses possibilités intellectuelles, motrices, sensitives et expressives en utilisant ses émotions et en motivant son imagination et sa créativité.

Pour mieux connaître les enfants, on a commencé par utiliser les langages de l’art qu’ils connaissaient déjà. Donc on a travaillé avec la peinture et le dessin. On a travaillé aussi le corps au travers de la danse et de la créativité.

Dans un premier temps, on a fait un exercice pour relaxer (détendre) le corps et libérer l’imagination. On a utilisé une technique avec de la musique et de la danse. Après, on a invité les enfants à dessiner. Au cours des sessions, on a observé leurs dessins et on a constaté que quelque chose n’allait pas. En effet, la situation était compliquée. On voulait que les enfants construisent des personnages et des histoires, mais ils ne voulaient pas

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s’exprimer au travers de dessins. En fait, leurs dessins avaient toujours les mêmes

caractéristiques. En pratique, quand un enfant faisait un type déterminé de dessin, les autres faisaient la même chose. Tous les dessins étaient pareils, seulement avec quelques petits détails différents.

Et on a dû tout recommencer avec une nouvelle proposition.

Jouant avec l’imagination. Le premier moment de la nouvelle proposition de

travail : On a posé une question aux enfants et elles ont reçu

une invitation. — Vous êtes déjà allées dans un musée ? — Non ! était en général la réponse. — Vous voulez aller dans un musée maintenant ?

Une enfant a demandé : Qu’est-ce que c’est un musée ? On leur a expliqué ce qu’était un musée et elles

étaient très contentes de pouvoir y aller. Elles se sont mises en file, l’une derrière l’autre, (parce que c’est comme ça qu’elles doivent faire pour sortir du cours) et elles ont dit : « Allons-y ! »

On a expliqué que le musée où on allait était très spécial. Il y avait des tableaux spéciaux qui ont été peints par des artistes merveilleux qui étaient capables de peindre des tableaux que personne ne pourrait peindre.

Les enfants étaient très exaltés et ils voulaient aller très vite à ce musée.

La salle où on travaillaient était une salle de lecture. Il y avait six tables blanches carrées. On invitait chaque enfant à son tour et on l’introduisait comme étant le peintre. On disait le prénom de l’enfant et on expliquait qu’elle était en train de peindre un tableau très intéressant.

On invitait les enfants à se mettre autour de la table pour voir l’artiste en train de peindre. L’enfant dessinait avec son doigt sur la table, sans encre ou crayon. C’était un dessin invisible et les autres enfants essayaient de

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deviner ce qui était en train d’être dessiné. Chaque enfant créait des nouvelles formes différentes

pour le dessin. Ils étaient motivés à dessiner selon leur imagination et créativité.

C’était très émouvant de voir que tous les enfants participaient à l’activité. Pendant que l’un dessinait, les autres devinaient.

Après cet exercice, chacune a reçu une feuille de carton, blanche et très grande, et de l’encre pour peindre avec les doigts. Elles étaient stimulées à créer de nouvelles formes et couleurs.

C’était un grand plaisir pour elles de découvrir des nouvelles couleurs a partir du mélange de deux couleurs différentes. Chaque fois qu’elles créaient une couleur nouvelle elles disaient : « Oh c’est de la magie ! »

La nouvelle tâche. Après l’exercice de peinture, on a commencé à

construire des personnages. Chaque enfant a reçu un dessin en blanc. Elles étaient invitées à peindre leurs personnages intérieurs.

Ensuite, elles créaient une histoire pour chaque personnage qui a été peint.

Les lignes gagnent de la forme et se transforment. Des nouvelles tentatives ont été faites pour stimuler

l’imagination créative. On a commencé par l’exercice d’occuper avec les propres corps des différents coins de la salle.

Ensuite, les enfants ont reçu une feuille de papier A 3 et un crayon. Elles devaient jouer avec les lignes du papier selon le rythme de la musique.

Ainsi, le papier a été rempli des lignes qui montaient et descendaient, en remplissant l’espace qui était blanc.

Après avoir dessiné, chaque enfant a reçu une petite fenêtre de papier qui ouvrait et fermait. Cette fenêtre a été positionnée sur les dessins dans des différentes positions. Les enfants choisissaient une place et ouvraient la fenêtre.

Quand la fenêtre était ouverte, plusieurs lignes

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apparaissaient. La tâche était de chercher une forme pour ces lignes, de les peindre et dessiner.

Cet exercice a comme objectif de montrer aux enfants qu’il y a le moment pour jouer, s’amuser, se concentrer, faire attention, abstraire et rencontrer un signifié pour une chose qui n’était pas là au début.

Cette activité a contribué pour le développement de la capacité de concentration, de sélection et d’imagination. Ainsi, elle amplifie les possibilités cognitives.

Les personnages sont nés et racontent des histoires. Après avoir expérimenté différentes façons de

travailler avec l’art, les enfants commencent à créer les personnages.

Ces personnages interagissent entre-eux en gagnant une identité et en construisant des histoires.

À travers ces histoires, les enfants ont apporté leur monde intérieur dans la salle de lecture.

Elles parlaient de leurs peurs et de leurs désirs. Elles sont restées plusieurs jours en jouant avec le théâtre d’ombres.

Conclusion. Les enfants possèdent un énorme potentiel qui est

dans leur intérieur, enfermé et inconnu. En utilisant les moyens appropriés et une

stimulation positive, ils répondent. Ainsi, l’enfant s’aperçoit comme un être capable de

réussir, il commence à être en contact avec sa potentialité et non plus avec son incapacité. il arrête de dire : « Je ne sais pas. »

Cette participation active aide à l’enfant à avoir confiance en lui. Il devient un enfant plus assuré de lui-même, spécialement les enfants qui sont entourés par la terreur de la violence et de la peur.

Petit à petit, l’enfant commence à n’avoir plus peur de l’échec. Il commence à croire en ce qui est possible, et cela fait la différence.

Quand les enfants sont en contact avec les

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marionnettes, ils commencent à connaître des sentiments qui étaient inconnus.

Les marionnettes deviennent le moyen approprié pour l’expression de ces sentiments.

Les personnages au début sont une autre personne pour l’enfant. Il ne se rend pas compte qu’il est en train de parler de ses propres sentiments, de ses peurs et de ses désirs.

Pendant le cours de l’histoire l’enfant commence à parler de lui même , des sentiments qui sont reconnus comme étant les siens et qui postérieurement seront confrontés et dépassés.

Ainsi, l’apprentissage est permis. L’enfant peut apprendre à lire.

Je vous remercie. Eveline Carrano Henrique. Applaudissements.

Discussion

Gilbert Oudot — Nous avons effectivement à vous remercier parce que je ne dirais pas que c’est un parcours complet… Vous êtes partie de pas grand-chose pour arriver à un terme auquel beaucoup de thérapeutes, de psychanalystes espèrent… Et ce que j’ai suivi en particulier… Vous avez peut-être développé l’imagination des enfants, mais pour développer cette imagination, vous devez avoir beaucoup d’imagination ! Il y a un écart entre pratique et théorie… Effectivement, on pourrait le déplier… Le rôle de l’imagination dans tout travail de psychothérapie… mais entre dire l’importance de l’imagina-tion et trouver les moyens de la mettre en actes chez les participants, c’est une autre histoire ! Il faut beaucoup d’imagination pour ça. Et j’en aurais été bien incapable.

Madeleine Lions — C’est la richesse du Brésil ! J’ai été enchantée de voir que le Dr Diafoirus était devenu

Brésilien et que maintenant il s’appelait Julio. (rires).

Gilbert Oudot — Dans la salle ? Qu’est-ce que cela vous a inspiré, ce travail ?

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Madeleine Lions — Son intervention est vraiment dans le contexte des interdits. Quand les enfants sont dans une classe « normale », ils sont « interdits de bouger » ; il faut qu’ils restent calmes, silencieux… Ils passent leur temps à contrôler leur énergie… et ils ne pensent plus à travailler… Ce n’est pas encore bien mis en forme, mais (vers Eveline) est-ce que tu comprends ce que je veux dire ?

Gilbert Oudot — Y a-t-il des questions dans la salle concernant ce rôle de l’imagination ? Le point de départ de cette réflexion, c’est que l’enfant, on essaie… Lui, il voudrait « être libre », et tout autour de lui essaie de refouler sa vitalité pour le cadrer, pour qu’en classe il obéisse, il fonctionne. Aussi bien en classe que dans sa famille. Et l’enfant et l’adulte sont de toutes parts bordés par le refoulement. Et je dirais que la conséquence du refoulement, c’est l’extinction du désir et c’est là qu’est le vrai problème. Et je pense que beaucoup d’adolescents que j’entends autour de moi, le thème c’est : oui, on se fait ch…, le vie ne vaut pas le coup d’être vécue, etc., et c’est une teneur très sombre et il n’y a pas d’imagination. Le quotidien a envahi leur vie ; ils sont pris dans la répétition qui est un concept fondamental de l’inconscient, de la psychanalyse. Et essayer de repartir par le biais de l’imaginaire est certainement le premier travail à effectuer. Pour lever les interdits qui sont d’abord dans la tête avant d’être à l’extérieur. La difficulté, c’est trouver les moyens de créer cet imaginaire. Et là on est plus ou moins doué ; on a bien les repères théoriques, mais le charisme pour trouver les petits détails — puisqu’on va être dans le détail — pour lever cet imaginaire c’est une difficulté, une piste de travail que malheureusement on n’a pas tous. Et c’est une direction que, en tout cas, vous avez beaucoup… et on vous remercie de ce travail.

Dans la salle — Ce n’est pas une question, mais je voudrais dire que (Georges Alain ?) parle beaucoup d’une pédagogie de l’imaginaire « à inventer », mais là ce qui s’est passé est assez étonnant. Avec des enfants en difficultés, c’est insensé… Tout un parcours… C’est très intéressant.

Gilbert Oudot — Tout un parcours, tout à fait, depuis le départ jusqu’au terme, absolument ! Habituellement on est plus spécialiste je ne dis pas du terme, mais de la partie avancée… du point de départ.

Madeleine Lions — Ce qui est très beau, c’est que chaque enfant a pu ouvrir une fenêtre qui était « sa » fenêtre

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personnelle à l’endroit qui n’était pas celui du voisin. Et ça j’ai beaucoup aimé.

Mariano Dolci — Je trouve que ce problème est très actuel, est très important, ce rôle de l’imagination. (Gilbert Oudot : absolument !) Parce que c’est une société qui nous dérobe continuellement les enfants de notre possibilité d’imaginer. Quand j’étais gosse, je pouvais imaginer Blanche-Neige, on me l’avait racontée de toutes les façons imaginables. Maintenant elle est « comme ça ». Et la télévision continue à nous réprimer, à réduire notre imagination. Alors pour faire ce travail, je crois qu’il faut avoir une conception très élevée de la marionnette. Ce n’est pas un jouet uniquement pour les enfants, mais aussi une conception très élevée de l’enfant. L’enfant peut faire des choses extraordinaires et si on ne part pas d’une conception élevée de l’enfant, on se réduit à faire des petits jeux. Le grand psychologue Brunner dit : « On n’a pas une vie si on ne la raconte pas ». Nous autres, nous avons défini notre identité par des réactions quand on raconte quelque chose, les réactions, l’effet que l’on a sur les autres. Alors celui qui ne réussit pas, qui ne peut pas, qui ne parvient pas à raconter sa vie n’a pas « une » vie (Gilbert Oudot : il ne se l’approprie pas). N’a pas une identité.

Je trouve au contraire assez dangereux d’essayer de continuer en pédagogie à chercher les motivations. Parce que c’est vraiment la faillite de la pédagogie. L’enfant, si on a une image élevée de l’enfant, est si curieux, il a un besoin continuel de connaître, d’explorer, que si on ne réussit pas à l’intéresser, c’est vraiment un échec de l’éducation. On n’a pas besoin de motivation. Les enfants la trouvent… dans la flaque d’eau, dans l’escargot qui retire ses cornes quand on le touche… (il faut se joindre à ces éléments ?…)

Gilbert Oudot — Là vous venez d’évoquer une formule, je m’excuse, lacanienne : pas de clinique sans éthique. Ce que vous avez évoqué, c’est une éthique, en fait. À savoir la valeur de l’enfant, la valeur de l’imaginaire et que l’on ne peut pas en faire l’impasse dans ce travail. C’est un problème éthique. Plus que pédagogique.

Mariano Dolci — Éthique-esthétique, c’est le même problème…

Gilbert Oudot — Absolument !

* * * *

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Documentation SPARADRAP, Association pour aider les familles et les professionnels quand un enfant est malade ou hospitalisé :

• diffuse le programme de ses formations en 2007 ; • publie un nouveau livret : J’ai des soucis dans la tête… ; • offre un centre de documentation : consultation et/ou

vente de publications (livrets, guides, fiches, films vidéos, jeux, supports pédagogies…) Contact : Association SPARADRAP – 48 rue de la Plaine – 75020 Paris

Tél. : 01 43 48 11 80 – Site : www.sparadrap.org – Courriel : [email protected]

Thémaa, Association nationale des Théâtres de marionnettes et des Arts associés, publie « manip », janvier-février-mars 2007. Au sommaire :

• Portrait : Lucile Bodson, directrice de l’Institut International de la marionnette.

• Actualité : 14e Festival Mondial de Théâtres de Marion-nettes à Charleville-Mézières.

• Passé-Présent :Regard sur la structuration de la marion-nette en France.

• Bonne feuille. Cécile Giteau : Marionnettes et collections. • Profession : Focus sur le DLA, Dispositif Local d’Accompa-

gnement. • Festival. 2007-2009 : Les Saisons de la Marionnette. • Profession – Créations – Publications

Contact : THÉMAA - 24, rue Saint-Lazare - 75009 Paris – Tél./fax : 01 42 80 55 25 E-mail : [email protected] – Web : www.themaa.com

Information La Passion du Bois tiendra sa biennale 2007 à Grenoble Alpexpo du 19 au 22 avril 2007. Au programme des conférences au caractère démonstratif accompagnées d’animations et de mini-stages, ainsi que des forums avec exposés d’expériences et suivis de débats. En particulier 1) Les enfants au bois, témoignages d’actions en direction de l’enfance, échanges d’expériences pédagogiques, confrontation d’idées entre des formateurs suédois, lettons et grenoblois 2) Créer un atelier bois associatif, présentation de l’expérience unique en France de l’agglomération grenobloise qui bénéficie de neuf ateliers de ce type. Contact : La Passion du Bois – B.P. 2413 – 38034 Grenoble cedex 2

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Marionnette et Thérapie 28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34

Courriel : [email protected] Site : http://marionnettetherapie.free.fr/

Fondatrice : Jacqueline Rochette – Présidents d’honneur : Dr Jean Garrabé Présidente en exercice : Madeleine Lions

"Marionnette et Thérapie" est une association-loi 1901 qui "a pour objet l’expansion de l’utilisation de la marionnette comme instrument de soins, de rééducation et de réinsertion sociale" (Article 1er des statuts).

L’objectif de "Marionnette et Thérapie" est donc : FORMER : formation de base et formations approfondies INFORMER : conférences, rencontres nationales et internationales DIFFUSER : bulletin trimestriel et collection "Marionnette et Thérapie"

Créée en France en mai 1978, elle est la première association sur le plan mondial à avoir concrétisé l’idée de la nécessité d’un champ de rencontre entre marionnettistes et thérapeutes afin de parer aux écueils de l’improvisation dans chacun de ces domaines très spécifiques.

Agréée Organisme de Formation n° 11 75 02871 75, elle organise donc des stages de formation, des sessions en établissements, des conférences, des journées d’étude et des groupes de travail.

L’action de "Marionnette et Thérapie" est soutenue par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Bulletin à renvoyer au siège social de l’Association

28 rue Godefroy Cavaignac – 75011 Paris – Tél. 01 40 09 23 34 Courriel : [email protected]

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Désire : adhérer à l’Association - s’abonner au bulletin - recevoir des renseignements COTISATION (non compris le bulletin), membre actif : 27,44 €/an. ABONNEMENT au bulletin trimestriel : 30,49 € - Étudiants et chômeurs : 15,24 €

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Directeur de la Publication : Serge LIONS.

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Bulletin Marionnette et Thérapie 2006/4