marion mazauric dans la gazette de nîmes pour la sortie de vote fn, pourquoi ? au diable vauvert

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11 RUE REGALE 30000 NIMES - 04 66 58 77 77 07/13 MARS 13 Hebdomadaire Province OJD : 5479 Surface approx. (cm²) : 1463 Page 1/5 8779e56758f04507e2e345a4530a257707a60865f163367 DIABLE 5195555300509/LBO/OTO/2 Eléments de recherche : AU DIABLE VAUVERT : maison d'édition située à Vauvert (30), toutes citations e vouvert "L'état dè notre région nous incombe à tous"

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e vouvert

"L'état dènotre régionnousincombeà tous"

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Marion Mazauric,une éditrice contre le FN

La maison d'éditionAu diable vauvert publiejeudi 14 mars "Vote FN,

pourquoi ?", recueil de cinqtextes rédigés après

les élections presidentielle etlégislatives de 2012. L'éditrice

Marion Mazauric éclaireses motivations etcelles des auteurs.

La Gazette. L'année 2012 a été marquée par deuxsecousses politiques dans le Card : Marine Le Pen enpremière position au premier tour de la presiden-tielle et l'élection de Gilbert Collard dans la circons-cription de St-Gilles... L'élément déclencheur de "VoteFN, pourquoi ?" a-t-il été ces dernières élections, lar-gement commentées dans l'ouvrage, ou est-ce unsujet auquel vous pensiez depuis longtemps ?

Marion Mazauric. C'est un sujet qui me tient àcœur depuis longtemps, et de façon croissanteà mesure que croissent ici les manifestationsordinaires du racisme anti-maghrébin, qui estLE terreau du vote FN ici, le corps sur lequel sondiscours gangrène.

Oui, mais jusqu'à présent vous n'aviez pas sorti delivre...

C'est vrai, je ne voyais pas jusque-là d'oppor-tunité éditoriale réelle. De ce point de vue-là,les élections législatives ont en effet été le déclen-cheur. En particulier, la surprise, voire l'élec-trochoc, que ce résultat (la victoire de GilbertCollard NDLR) a créé chez beaucoup, alors qu'ilétait à la fois prévisible et conforme à l'état decrise de notre territoire C'était vraiment le bonmoment pour qu'un livre soit réalisé et qu'iltrouve un large écho . le sujet était clairementposé, et dans toute la France

Comment avez-vous vécu personnellement les der-nières élections ?

Sans surprise hélas du point de vue du résul-tat FN aux présidentielles chez nous, mais je nel'attendais pas aussi élevé au plan national. J'aiaussi été très intéressée par l'apparition d'unegauche anticapitaliste redynamisée par Mélen-chon. Après la presidentielle, les législativesm'ont en quelque sorte "rappelée à la maison":l'état de notre région nous incombe à tous, etil est urgent d'agir

En parlant d'action justement, êtes-vous directementà l'origine de ce livre ?

Non, c'est Elian Cellier, qui m'a interpelée justeaprès le second tour des législatives J'ai aussiété interrogée par des journalistes parisiensou étrangers venus enquêter dans le Gard surles présidentielles. Tous découvraient une situa-tion politique que nous voyions s'installer avecinquiétude depuis vingt ans II est devenu clairqu'un document était nécessaire pour répondreaussi à l'intérêt national suscité par une situa-

tion locale et à tout ce qu'on a pu lire à ce pro-pos.J'ai souhaité y répondre par un petit documentcollectif, analysant le vote "Front national" sousplusieurs angles, reprenant les faits et les méca-nismes historiques à l'œuvre, sans parti pris,mais de manière également accessible à tous,par son petit prix 5 € et sa forme très simple,de façon à pouvoir être aussi, et bien sûr plusparticulièrement chez nous, un outil pour com-prendre et expliquer, utilisable par tous ceuxqui le souhaiteraient

De prime abord, le livre est un essai, une analyse.Mais c'est aussi clairement un livre engagé, d'ailleurstous les auteurs sont engagés en politique. Vousrevendiquez aussi cet engagement ?

Si s'inscrire dans notre histoire française démo-cratique, celle des droits de l'homme, de l'éga-lité et de la fraternité, c'est être engagé, je peuxdire que nous sommes tous effectivement enga-gés, auteurs et éditeur ! Vous savez, je ne connaispas beaucoup d'éditeurs qui ne soient pas intrin-sèquement avertis contre les idées racistes etles dangers de l'extrême droite : nous avons à

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la fois lu de l'histoire et George Orwell !Le seul engagement manifeste du livre est effec-tivement celui-ci, la conscience de s'inscrired'un côté d'une histoire française, celui de l'hu-manisme, et non de ses heures sombres Maisil n'y a pas d'autre engagement manifeste, lesauteurs ont fait oeuvre d'analyse, au-delà deleurs engagements personnels.

Dans aucun texte on ne trouve d'allusion aux res-ponsabilités politiques de la droite tradition ne! le etde la gauche, PCF compris, dans la montée du FM. Àpeine une allusion en tout fin de texte de Danielle Flou-tier au "glissement de l'électorat UMP passé à moinsde 25 % entre 2007 à 2012 au profit du FNët à "fo dis-crétion d'un PS aux commandes dans la Région Lan-<juerfoc-ffouss///on". N'est-ce pas une lacune dansl'analyse ? Ou est-ce prévu dans un tome z ?

L'attitude des différentes forces politiques faceà la montée du FN est effectivement un sujeten soi, et là aussi notre région est sans douteemblématique de la situation française. Notreouvrage pose sérieusement la question etesquisse des réponses.Mais comme éditeur, ce problème n'était pasle plus intéressant pour nous. Le propos de celivre est de s'interroger sur les causes pro-fondes du mal être qui conduit une partie descitoyens à une protestation fondée sur des choixen réelle contradiction avec nos fondementsciviques. Le lecteur sera à même de distinguerpar lui-même les politiques qui combattent ounon les causes du mal, dans notre régioncomme ailleurs, - essentiellement chômage,misère culturelle et urbanisation sans pers-pectives collectives. Et ceux qui placent l'anti-racisme et la lutte contre la discrimination aucœur de leurs actes.

L'ultime texte d'Elian Cellier oppose deux modèlessous le titre "Rolland ou Tartarin". Ta rt arm c'est la"figure caricaturale du Méridional". Et Elian Cellierprécise : 'T"élite régionale" elle-même ne répugnepas, démagogie ou complaisance coupable, à se mou-lerdans ce style outrancier". Deux hommes politiquescités : Georges Frèche et Gilbert Collard. Êtes-vousd'accord avec ce rapprochement ?

Ce rapprochement concerne les écarts de lan-gages, l'usage populiste de la vulgarité et, certes,Frèche en a fait un usage abusif qu'il revendi-quait et expliquait avec auto-complaisance !Mais pour moi il n'y a rien de comparable entrele comportement politique, le charisme et ladimension visionnaire dè Frèche, et les aven-tures politiques de Gilbert Collard, qui sembleexclusivement conduit par le désir de paraître,à tout prix.

Toujours dans le texte d'Elian Cellier, à l'opposé deTartarin, Rolland et Joseph Agricol Viala sont décritscomme des personnages positifs. Mais aucun nomn'est cité dans cette catégorie.Y a-t-il un tel déficit dechampions pour illustrer "l'humanisme méridionaldu Languedoc et de la Provence" ? Des championscapables de lutter contre la dialectique FN ?

Nous vivons dans un pays de passion et devertu ancienne, nous avons tous des cham-pions, des inspirateurs, des initiateurs ici. Ilest effectivement important de les valoriserpour que d'autres paraissent. Pour moi, et dansle désordre, outre les camisards et les maqui-sards qui m'ont beaucoup inspirée adolescente,je citerais Picasso (je le "naturalise" !), GeorgesBrassens, Nimeno 2, Marie Durand, Jean-PierreChabrol, Denys Colomb de Daunant, PaulRicard, Zidane (il est certes marseillais !), JackySiméon, Eddie Pons, Françoise Nyssen, AlainBonijol...

Depuis les élections régionales de 1984, le FN s'estinstalle semble-t-il en profondeur. Le phénomènevous parait-il inéluctable ?

Comme le dit Corbière cela dépend de chacun,dans nos vies quotidiennes. Il fallait sans douteun déclencheur, pour que paroles et initiativesse libèrent. À Vauvert, du IS au 17 mars, nouscréons avec le nouveau libraire de la ville unweek-end du livre contre les discriminations,IN/DIFFERENCES, qui sera annuel. Et plus devingt associations se mobilisent sur ce thèmependant la semaine nationale. Dans le Gardavec la semaine départementale de la Frater-nité et du Vivre ensemble, le Préfet montrel'exemple à toutes les institutions... C'est lameilleure réponse à votre question.

PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE BORTOLINET FRÉDÉRIC DELON

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Cinq auteursf cinq extraits

"Laconsciencedè s'inscrired'un côtéd'une histoirefrançaise,celui del'humanisme,et non de sesheuressombres"

Marion Mazauric, 52 ans, dirigela maison d'édition Au diablevauvert qu'elle a fondée en2oooaVauvertAu premier etage est installéeune residence d'auteursSon parcours dans l'éditiondebute a Actes Sud En 1987, elledevient adjointe du directeurpuis directrice litteraire de J'ai Luavant de revenir dans le GardAvec Simon Casas etl'association les Avocats dudiable vauvert elle cree le PrixHemingway en 2004 pourdistinguer une nouvelle méditesur la tauromachie

DESARROILa premiere force du FM, c'est le recul de l'intérêt pourla chose publique, c'est le desarroi qui frappe plusparticulièrement les milieux populaires, l'ignoranceet la confusion dans lesquelles on les plongeComprendre cela est d'une importance majeureCette real ite, qui saute aux yeux dans le Gard, seretrouve partout en France et dans le mondeRepondre au FN, un enjeu europeenALEXIS CORBIERE, enseignant en histoire

ENNUIPour reprendre une expression du géographe RobertFerras, en même temps qu'il y a eu dehtementdesliens economiques et sociaux, s'est affirmée ladisparition du liant constitue par les corpsintermédiaires organisations liées au travail,syndicats, a la citoyennete, partis politiques , auxgrandes idéologies et aux religions La vie associativeelle-même a perdu sa capacite a creer des lieux «ouse confronter se connaître, faire tomber les préjugeset se battre ensemble pour améliorer cette qualite devie qui se degrade» (Bernard Girard) L'exemple deBeaucaire est révélateur d'un repliement sur lespratiques peu innovantes les societes de chasse etles clubs taurins étant nettement plus nombreux queles associations sportives ou culturelles La petite ville«Bleu Marine» est une ville ou I on s'ennuie iUn vote unique, des causes multiplesCATHERINE BERNIÉ-BOISSARD.geographe, professeur a Unîmesl'université de Nimes

ÉLÉMENTS DIVERSNotons des l'abord que chaque fois que les forcesd extrême droite ont réussi a percer significativementen France, c'est en amalgamant des elements diversc'est la une caractéristique d'ensemble bien connuequ'il convient de ne jamais oublier Le premier est laxénophobie, maîs celle-ci comme on le verra peut fortbien avoir une existence indépendante sansdéboucher forcement sur une option politiqueL'autre vecteur progressivement etabli se rapporte aunationalisme Des circonstances d'ordre internationalont pu, de facon différentielle, peser dans la balancepour le surexciter momentanément La troisiemeassise, ce sont les forces traditionnelles d'extrêmedroite, souvent faibles maîs généralement liées a uncatholicisme intransigeant, qui retrouvent unecertaine vigueur a I occasion de crises singulières,comme au début du XXe siecle ou a la suite du concile

de Vatican ll Enfin l'extrême droite peut utiliser,capter au moins partiellement, un mécontentementd'ordre social ou culturel, affectant de faconprivilégiée des couches moyennes paysans, artisans,petits commercants, travailleurs independants oumême certaines franges de la classe ouvriere de typeancien ll faut examiner de ce point de vue l'histoiredu Gard depuis la fm du XIX siecle Et commencer parl'existence de reactions xénophobesUne breve histoire de l'extrême droite en pays gardoisRAYMOND HUARD,histonen, professeur emeritea l'université Paul Valery de Montpellier

MAGHRÉBINSLe rejet établit une différenciation des immigrationset stigmatise plus particulièrement l'immigrationmaghrébine, occultant le fait que la plupart desMaghrébins, enfants des immigres des annees 70-80,sont francais Cette difference en fonction du paysd'origine des immigres semble caractéristique de lacomplexité des perceptions qu'en ont les citoyens«Avec les Italiens ou les Espagnols, ce n'est pas pareil,on a la même culture»La Camargue gardoise un vote raciste en terre d immigrationDANIELLE FLOUTIER, professeur des ecoles

INFÉRIORITÉLa constitution d'un ego de domine passe parl'acceptation d'une infériorité ressentie, dans unprocessus classique de transformation et deretournement d'un trait de dévalorisation enemblème de soi c'est la une forme de racismeintériorise identique a celui qui peut transformer lejeune «beur» ostracise en «caillera» consentante Enreaction a cette normalisation, des Provençauxcomme des Languedociens, sont quelquefoisconduits a se réfugier dans un repli identitaire qui lesenferme avec fierté dans une figure caricaturale duMéridional, suppose être incarne dans des figurespopulaires le Tartarm d'Alphonse Daudet ou le Césarde Pagnol ou se ressourcent nombre de noscontemporains Line partie du peuple du Sud enarrive a se complaire ainsi dans des posturesnégatives, faisant par exemple du machisme (cf LaFemme du boulanger) et de l'innocente ignorance,des étendards, et du propos raciste un lieu communL'«ehte» regionale elle-même ne répugne pas,démagogie ou complaisance coupable, a se moulerdans ce style outrancierRolland ou Tartarm la question du modeleEUAN CELLIER, historien, professeur en college a Nîmes

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'UN CERCLE VICIEUX EXTRÊMEMENT DANGEREUX'

> Vote FM, pourquoi ?Catherine Bernié-Boissard,Élian Cellier, Alexis Corbière,Danielle Floutier,Raymond Huard.Au diable vauvert, 2013.Prix:s€.

XX Du meurtre de AAounir à Vauvert en 1992 au défilé decet été dans les arenes du Cailar, on a lentement

autorisé chez nous, légitimé les propos racistes,toujours justifiés par la nature intrinsèque de "l'Arabe".On a en vingt ans officialisé dans notre langue, avec lesmots "Arabes" ou "intégration", la stigmatisation d'unepartie des citoyens français au nom de leur origine, cequi est contraire à notre propre constitution.

Honte francaiseCela conduit fatalement à une crise de la citoyenneté etdu modèle républicain. C'est un cercle vicieux extrême-ment dangereux pour la nation, sa cohésion, la paix.C'est pour moi une honte française, car la France s'estconstituée seculairement comme un pays de mélan-ge, de Celtes, de Gallo-romains, de Wisigoths,d'Arabes, d'immigrés venus de partout

LibertéEt c'est une honte régionale, car les valeurs qui nousnourrissent et ont forgé la fierté languedocienne,sont plutôt l'ouverture, le grand mélange des ori-gines, la sociabilité, l'art de vivre, de l'échange et de laparole, le commerce et l'amour de la terre, la résistan-cejusqu'au bout au nom de la liberte de croire, ou dechanter I Le contraire du racisme.