marcel van der linden - le communisme de conseils

8/9/2019 Marcel van der Linden - Le Communisme de Conseils

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Sur le Communisme de Conseils

http://jacquesrie.blogspot.com

Nous publions, en trois pisodes, la traduction dune brve prsentation du mouvement du

Communisme de conseils par Marcel van der Linden, historien des mouvements sociaux lUniversit dAmsterdam. Pour des raisons de langue, nous nous sommes bas sur une versiondj traduite en anglais de l'hollandais, pour sa parution dans la revue Historical Materialism vol.12:4 en 2004 (disponible sur le site http://www.kurasje.org ). Traduire d'une traduction nest pasce qu'il y a de mieux mais nous navions pas le choix.

Le Communisme de conseils, parfois aussi nomm gauche communiste ou ultra-gauche - avecquelques inflexions de sens -, est loubli de lhistoire officielle du sicle prcdent. Les raisons dece refoulement apparaissent de manire vidente lorsquon comprend quil a t, ds son origine,irrductible toute intgration rformiste, synonyme de dsintgration du projet rvolutionnaire,et critique de la premire heure du capitalisme bureaucratique de la mal nomme UnionSovitique.

La prsentation qui suit est claire et concise. Elle nest pas complte videmment, mais elle noussemble tre une bonne introduction. Elle reste un document labor par un professeuracadmique, avec ce que cela comporte de biais dans la dmarche mme, notamment une certainestrilisation du mouvement en le transformant en objet. Cela apparat clairement par lamconnaissance de lauteur de lactualit de forces et de groupes hritiers de la pense et despratiques du mouvement Communiste de conseils.

A propos de cette premire partie historique, nous devons galement souligner que van der Lindenpasse sous silence le rle, dans le divorce entre Communistes de conseils et Bolcheviques, deschos directs et indirects dnonant la contre-rvolution, autour de 1920 rprimant les soviets enRussie, dont le massacre des marins de Kronstadt men par Trotski fut lapoge.

Il ne clarifie pas non plus lexistence du mouvement prcdent ce clash. Il mentionne, juste que laGauche communiste tait proche des Bolcheviques avant 1917. C'tait notamment par leur critiquecommune du rformisme parlementaire et leur rejet de ladhsion de la gauche aux va-t-en-guerre, illustr par la confrence de Zimmerwald. Ni le lien troit entre les principaux acteur dumouvement et la tentative de rvolution allemande dite Spartakiste. Encore plus surprenant,l'historien passes sous silence les insurrections conseillistes en Allemagne de l'Est en 1953 et enHongrie en 1956.

La seconde partie du texte prsente quelques unes des polmiques qui ont anim le mouvementconseilliste sur la base de son rejet du rformisme, y compris du capitalisme centralis russe. Unedes questions prsentes est la porte de la fameuse baisse tendancielle du taux de profit, soulignepar Marx dans le Capital, et les consquences que lon doit en tirer pour analyser le capitalisme. Unthme toujours dactualit, lheure o le systme

dexploitation se retrouve de nouveau en crise, et quebon nombres de critiques en restent une dnonciationdu capital financier, sans saisir que derrire cette fumemassive, le feu couve dans les lieux fondamentaux de laproduction capitaliste.

Un autre thme, dclin en plusieurs questions,concerne les conditions favorables la rvolution, que cesoit sous langle de la conscience subjective, laspontanit et de laction isole. Enfin questionrarement aborde de front, van der Linden voque larflexion mene pour imaginer des principes dun mode

de production communiste dans le mouvement. Les polmiques brivement prsentes ici ne sontpas mortes et ont volues, en se mlant dautres courants de pense (notamment ceux de lagauche communiste italienne inspire dAmadeo Bordiga), et se retrouve aujourdhui, par exempleet entre autres, dans le concept pratique de la communisation. Montrant en creux, s'il en est
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besoin, que l'aspiration communiste reste bien vivante, sous forme de dbats et de luttes.

Le dernier point est accompagn d'une liste bibliographique, que nous avons complt de quelquesliens internet vers des textes en franais. Cela ne saurait tre exhaustif.

Bonne lecture.

[Cette traduction est sous licence common creative: toute utilisation non lucrative autorise, sans

modification du texte et en mentionnant son origine http://jacquesrie.blogspot.com et son auteur.]

SUR LE COMMUNISME DE CONSEIL

Marcel van der Linden - 2004

Monte et chute

Comme la socit de la Russie rvolutionnaire devenait de plus en plus dure dans sanouvelle forme les annes suivant 1918 et le pouvoir politique tait de plus en plusconcentr ceci d en partie la violence de la guerre et de la crise conomique - dansles mains d'une lite bureaucratique, les mouvements oppositionnels ont continuellementmerg, la fois lintrieur de la Russie et l'tranger, cherchant inverser le sens dela mare1. Karl Korsch en Allemagne, Amadeo Bordiga en Italie et Timofei Sapronov enRussie ont essay et chou former une nouvelle internationale en 1926, par exemple2.Durant lanne 1930, l'opposition Boukharinite (Heinrich Brandler, Jay Lovestone, M.N.Roy et d'autres) a fait une tentative semblable. L'opposition de la gauche internationale deTrotsky, qui se forme en 1930, menant par la suite la base de la QuatrimeInternationale en 1938, est devenue le plus connu de ces projets.

Une protestation contre les tendances en Russie sest exprime trs tt aux Pays Bas eten Allemagne par danciens sympathisants des Bolcheviques qui deviendraient plus tardconnus sous le nom de communistes de conseils - un terme qui a t probablementutilis partir de 19213. Les plus charismatiques orateurs de cette protestation taientl'ducateur allemand Otto Rhle (1874-1943) et deux Nerlandais ; le pote classiqueHerman Gorter (1864-1927) et l'astronome Anton(ie) Pannekoek (1873-1960). Cesintellectuels avaient initialement t des admirateurs enthousiastes des dveloppementsen Russie. Gorter, par exemple, a ddie sa brochure de 1918 La rvolution mondiale Lnine , le rvolutionnaire qui sest lev au-dessus de tous les autres meneurs du

proltariat et pour qui Marx est le seul pair . Un an aprs, Pannekoek affirmaittoujours, En Russie, le communisme a t mis en pratique depuis deux annesmaintenant 4.

Mais leur sentiment a rapidement chang. Le motif le plus important de leur retournementa t les efforts de l'Internationale Communiste tablie en 1919 pour promouvoir l'exempleBolchevique comme modle international. En 1920, Pannekoek publie sa brochure Larvolution mondiale et les tactiques communistes, dans laquelle il dfend la propositionque les rvolutionnaires en Europe occidentale devraient employer une tactique trs

1 Remerciements Cajo Brendel, tz Langkau et aux rdacteurs de ce journal de leurs

commentaires sur des versions antrieures de ce document.2 Voir Riechers 1973, Montaldi 1975, Prat 1984.3 Kool 1970, P. 575.4 Horner 1919, P. 495.


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diffrente de leurs camarades en Russie. En Europe occidentale, l'influence d'une vieille etexprimente bourgeoisie a cadenass chaque niveau de la socit. En Russie et enEurope de l'Est, en revanche, la bourgeoisie tait encore jeune et relativement faible. Pourcette raison, les ouvriers de l'Europe de l'est subissaient peu de prjudices idologiques ettaient plus rceptifs aux ides marxistes. En consquence, la lutte contre les institutionsbourgeoises telles que les parlements et les syndicats devait tre centrale l'Ouest.

Dans son pamphlet 'Le gauchisme une maladie infantile', Lnine a rfut les positionsdes ailes gauches communistes hollandaises et allemandes5. Il a considr quePannekoek (alias K. Horner) et les penseurs proches de lui rpandaient la confusion.Tandis qu'il reconnaissait qu'il y avait une norme diffrence entre la Russie arrire et les pays avancs d'Europe occidentale , il a considr la signification universellede l'exprience russe bien plus importante : C'est le modle russe qui indique tous lespays quelque chose - et quelque chose hautement significatif - sur leur futur proche etinvitable 6. En focalisant de manire centrale, la validit internationale de certainsdispositifs fondamentaux de notre rvolution , Lnine a accentu les contradictionsfondamentales au sein du mouvement communiste international. Des discussions intenses

ont surgi l'intrieur des partis communistes d'Europe de l'ouest.Dans le parti communiste allemand (KPD), ce conflit a t aggrav par un autredveloppement. La conduite de l'organisation, dirige par Paul Levi, un associ de longterme de la rcente assassine Rosa Luxemburg, prend la dcision son congrsd'octobre 1919 que tous les membres doivent participer aux lections parlementaires etcombattre la bureaucratie des syndicats de l'intrieur des syndicats. Cette nouvelle lignetait, dans la pratique, quivalente dclarer une scission, puisque laile gauche nepouvait en aucune faon l'accepter. Le rsultat, en tous cas, a t que le KPD a perduenviron la moiti de ses cent mille membres en quelques mois. Dans quelques zones,telles que le grand Berlin, le Nord-Ouest (Hambourg et Brme), la Basse-Saxe (Hannovre)et la Saxe Est (Dresde), l'organisation a t quasiment limine.

Au dbut, l'opposition expulse n'a pas voulu fonder de nouveau parti en propre. Mais,quand la direction du KPD a agi de manire hsitante aux premiers temps de la tentativede putsch de lextrme droite de Kapp en mars 1920, et a sembl isole dans les sectionsmilitantes de la classe ouvrire, la dcision a t prise dinstituer une organisation rivale.Les 4-5 avril 1920, le Parti des ouvriers communistes d'Allemagne (KAPD) a t enconsquence fond. son commencement, il avait 38'000 membres. Ds fvrier 1920, leSyndicat Gnral Ouvrier (AAUD) avait t fond, une organisation modele dans unecertaine mesure sur lIndustrial Workers of the World (IWW) des USA, que beaucoup ontvus comme une fdration de syndicat lie au KAPD. Le KAPD s'est panoui brivement.Son apoge se situe probablement en aot 1920, quand il a eu environ 40'000 membres7.

Ds lors, le parti a t dcim par une srie de scissions et de groupes dissidents. Lecoup de grce est venu en mars 1922, avec la division entre le courant de Berlin et un courant d'Essen 8. Vers la fin 1924, les deux groupes ensemble navaient plus que

5 Herman Gorter a rpondu Lnine dans sa Lettre ouverte au camarade Lnine (Gorter1989 [1920]). Voir galement De Liagre Bhl 1978.6 Lnine 1920, Pp. 21-2.7 Bock 1993, P. 239.8 La question des revendications salariales a jou un rle central dans la scission. Lecourant d'Essen a argu du fait qu'il tait contre-rvolutionnaire de continuer d'exiger dessalaires plus levs. Puisque le capitalisme tait son lit de mort, les demandes

conomiques pourraient seulement retarder la fin de la vieille socit. Il tait temps delutter pour une conqute complte du pouvoir, pour le contrle de la socit dans sonensemble. Le courant de Berlin a continu, en revanche, souligner l'importance desrevendications salariales, parce que les ouvriers avaient besoin de salaires plus levs


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2'700 membres9.

Le KAPD a fonctionn au dbut sur la prtention que le mouvement communisteinternational pourrait encore tre rform. Mais, quand les tentatives de la dlgation duKAPD au troisime congrs du Comintern Moscou (juin- juillet 1921) de former uneopposition de gauche internationale ont choues, la dcision a t immdiatement prisede construire une nouvelle Internationale des ouvriers communistes (KAI, parfois dsignsous le nom de quatrime Internationale), quoiqu'une grande tendance dans le parti (quideviendra plus tard le courant de Berlin ) ait considr cette initiative prmature. Auniveau programmatique, la KAI a pris comme point de dpart les propositions de HermanGorter dans sa rcente lettre ouverte au camarade Lnine, qui tait, en fait, principalementune rptition des arguments de Pannekoek. En dehors de l'Allemagne, la KAI a tprincipalement soutenu par des groupes politiques trs restreints, tels que l'organisationsur hollandaise KAPN, un groupe britannique autour de Sylvia Pankhurst et le Partiouvrier communiste Bulgare autour du journal Rabotchnik Iskra.

Dans le mouvement communiste de conseils - qui sest peu peu diversifi en raison dela dsintgration du KAPD - la critique de la Russie est rapidement devenue plus intense.

Le porte-parole de Saxonnie Est, Otto Rhle fut peut-tre le premier conclure que lesBolcheviques n'tablissaient pas le socialisme. Rhle avait t un dlgu du KAPD audeuxime congrs du Comintern mi-1920, mais il lavait quitt en protestant avant mmeque le congrs ait commenc. Une fois de retour en Allemagne, il a livr sa consternation.Les Bolcheviques essayaient descamoter une poque entire par le saut direct dufodalisme au socialisme. Lajournement de la rvolution mondiale avait condamn cettetentative un chec. Les rsultats en taient une dception pouvantable 10. LesBolcheviques avaient institu un ultra-centralisme qui correspondait compltement aucaractre bourgeois de leur rvolution.

Le centralisme est le principe d'organisation de l'poque bourgeoise

capitaliste. Par ces moyens, un tat bourgeois et une conomie capitalistepeuvent tre construits. Un tat proltaire et une conomie socialiste ne lepeuvent pas cependant. Ils requirent le systme des conseils. , Otto Rhle11.

En peu de temps, cette opinion de Rhle tait gnralement accepte dans les cercles duKAPD. Au cours de 1921, le mouvement communiste de conseils a ainsi commenc sedmarquer clairement du communisme officiel. Les points de dpart du mouvementpeuvent tre rcapituls simplement. Premirement, le capitalisme est en rgression etdevrait tre supprim immdiatement. Deuximement, la seule alternative au capitalismeest une dmocratie de conseils ouvriers, base sur une conomie contrle par la classeouvrire. Troisimement, la bourgeoisie et ses allis sociaux-dmocrates essayent de

sauver le capitalisme de son destin au moyen de la manipulation dmocratique de laclasse ouvrire. Quatrimement, afin d'acclrer l'tablissement d'une dmocratie deconseils, il est ncessaire de rsister de manire consistante cette manipulation. Ce quisignifie, d'une part, boycotter toutes les lections parlementaires et, d'autre part,systmatiquement lutter contre les vieux syndicats (qui sont des organes de gestioncommune du capitalisme). En conclusion, les socits de type Sovitique ne sont pas unealternative au capitalisme mais, plutt, une nouvelle forme de capitalisme.

Ces cinq points de dpart sont les paramtres dans lesquels les discussions ont eu lieuparmi les communistes de conseils au cours des quatre-vingts dernires annes. Il y a

dans un moment de forte inflation.9 Bock 1993, Pp. 319-20.10 Rhle 1920a.11 Rhle 1920b.


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une place considrable pour des divergences de vues fondamentales dans cesparamtres. Les diffrences ont t galement soutenues par le dclin continu dumouvement, qui a ramen les communistes de conseil restants de petits groupes. Dansces groupes, la discussion thorique interne a souvent t plus importante que le travailpolitique pratique.

Le communisme de conseils organis a disparu de la scne en Allemagne aprs la prisedu pouvoir par Hitler en 1933, bien que les groupes soient demeurs actifs dans larsistance12. Aux Pays Bas, plusieurs petits groupes se sont dvelopps, un deux, leGroupe des communistes internationaux (GIC), a continu de servir de centre coordonnaux discussions internationales jusqu' la fin des annes 1930 et, entre autres choses, apubli un journal (Rtekorrespondenz, 1934-7) jusqu sa fin. Plusieurs textes, parus dansles premiers numros de ce priodique, ont plus tard fonctionn plus ou moins commeplate-forme substantielle du mouvement international. Le premier de ces textes tait Lessor d'un nouveau mouvement de travail de l'ducateur hollandais Henk CanneMeijer (1890-1962), qui peut tre vu juste titre comme lme du GIC 13. Canne Meijera expliqu que le rle historique de la totalit du vieux mouvement du travail (compos

des partis, des syndicats et des coopratives) a t puis et qu'un nouveau mouvementdu travail montait prsent, bas entirement sur une activit proltaire autonome14.

Un deuxime texte influent a t les Thses sur le Bolchevisme du journaliste etprofesseur allemand Helmut Wagner (1904-89). Wagner a caractris l'Union Sovitiquecomme un capitalisme d'Etat sans bourgeoisie, zigzaguant constamment entre les intrtsdes ouvriers et des paysans. Les plans quinquennaux et la collectivisation obligatoiren'taient rien dautre que des tentatives de garder la contradiction entre ces deux classessous contrle par la force15. Wagner supposait toujours que les Bolcheviques avaient suivides politiques incorrectes dans un effort dtablir le socialisme. Anton Pannekoek est venuquelques annes aprs une conclusion diffrente, celle que les Bolcheviques avaienteffectu une rvolution bourgeoise, de sorte que, plutt que de suivre des politiquesincorrectes, ils avaient suivi les seules politiques possibles. Leur seule erreur avait td'imaginer qu'elles taient le socialisme concret plutt que le capitalisme.

Un ancien membre du KAPD, migr aux Etats-Unis en 1926, louvrier mtallurgiste PaulMattick (1904-81), a commenc construire une opration de lui-mme Chicago audbut des annes 3016. Il tait, entre autres, le moteur du journal International CouncilCorrespondence17. En Australie, J.A. Dawson (1889-1958) publie le Southern Advocate ofWorkers' Councils pendant plusieurs annes juste aprs la deuxime guerre mondiale18,tandis que Diez dite les textes des communistes de conseils au Chili. De temps en

temps, un penseur marxiste indpendant se tourne en direction du communisme de12 Voir Ihlau 1969.13 Brendel 1974, P. 259.14 Canne Meijer 1934.15 Wagner 1934. En 1936-37, en exil en Suisse, Wagner a augment ses thses dansun manuscrit non publi Les bases des politiques de la force arme Bolchevique : Unecontribution une sociologie du Bolchevisme . Il a dit des parties de son manuscritsous le pseudonyme de Rudolf Sprenger. Voir, par exemple, Sprenger 1940.16 Bonacchi 1977, Dingel 1981.17 Cette publication a commenc en 1934, l'origine principalement version de langue

anglaise du priodique Rtekorrespondenz du GIC. Il a t retitr Living marxism en 1938puis New Essays en 1942. Sa publication a cesse en 1943. En 1970, Greenwood press adit une rimpression de fac-simil.18 Wright 1980.


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conseils, linstar du juriste et philosophe ex-communiste Karl Korsch (1886-1961) partirdu dbut des annes 30.

Le communisme de Conseils a jouit quelques annes un peu des feux de la rampe durantle florissant mouvement tudiant des annes 60, en particulier en Allemagne, Italie etFrance. Des textes classiques ont t republis et les vtrans comme Mattick et le

journaliste hollandais Cajo Brendel (n en 1915 et peut-tre dernier vritable disciple dePannekoek) taient des orateurs et des auteurs populaires. Le vieux communisme deconseils a t souvent intgr de manire plus ou moins clectique dans une nouvelle thorie ou vision du monde. C'tait patent dans le livre de Daniel et Gabriel Cohn-Bendit,Le gauchisme: remde la maladie snile du communisme 19. Avec le dclin des mouvements de 1968 , le communisme de conseils disparat galement en grande partieune fois de plus, bien que des groupes soient toujours en activit dans divers endroits enEurope occidentale et Amrique du Nord20.

Discussions

Il y a eu de nombreuses discussions internes parmi les communistes de conseils depuisles annes 20. Ici, je me confine un aperu des polmiques les plus importantes.

1. Caractrisation de la priode historique.

Qu'est ce que signifie exactement la proposition que le capitalisme est en rgression ?Dans les annes 20 et les annes 30, beaucoup de marxistes (des communistes deconseils et d'autres) ont pens que le capitalisme tait trs proche de la fin de son re.Cette opinion a t souvent soutenue avec des rfrences la thorie de RosaLuxemburg selon laquelle, en ayant conquis la plante entire, le capitalisme avait atteint

sa limite historique. Vers la fin des annes 20, une deuxime thorie a t ajoute l'argument, base sur le livre de Henryk Grossman L'effondrement du capitalisme21.Grossman a employ les schmas de reproduction de Marx pour prouver que la haussede la composition organique du capital mne automatiquement larrt du processus

19 dit Paris par Seuil en 1968.20 Le vtran communiste de conseils hollandais Cajo Brendel m'a crit (12 dcembre2001) : Ces cinq dernires annes, j'ai t tmoin de l'apparition de groupescommunistes de conseils avec leurs propres journaux Berlin, Lbeck, Hambourg, Freiburg, Salzungen, Cologne, Duisburg et Oberhausen. En outre, il y a galementdes groupes communistes de conseils en France, aux USA et au Canada. Sans compter

l'Espagne, l'Italie et la Grce . D'ailleurs, je devrais mentionner le Courant CommunisteInternational, une tendance internationale trs petite d'origine franaise, qui n'est pas proprement parler communiste de conseil, mais qui a une large affiliation.21 Grossman 1929.
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d'accumulation, et que le capitalisme a donc une limite interne objective. L'opinion deGrossman tait le sujet de discussions froces parmi les communistes de conseils audbut des annes 30. Korsch et Pannekoek, entre autres, rejetaient Grossmann, alors queMattick dfendait ses points cls22. Pannekoek a argu du fait que le socialisme verrait lejour, non pas parce que le capitalisme s'effondrerait et forcerait ainsi les ouvriers formerde nouvelles organisations, mais, plutt, parce que le capitalisme deviendrait de plus en

plus insupportable pour les ouvriers et les inciterait ainsi former les nouvellesorganisations qui feraient seffondrer le capitalisme. Mattick, en revanche, a estim quel'argumentation de Pannekoek tait un sophisme, parce que l'effondrement capitaliste et lalutte de classe rvolutionnaire sont deux faces de la mme pice de monnaie: laconcentration continue du capital mnerait la misre prolonge pour les ouvriers,transformant leur lutte conomique en lutte rvolutionnaire. Dire que l'effondrement ducapitalisme tait invitable serait ainsi identique que dire que la rvolution tait invitable.

De telles discussions ont naturellement sembl beaucoup moins pressantes pendant lelong boom de laprs Deuxime Guerre mondiale. A ce moment, la question centrale estdevenue comment interprter le boom. Aucun communiste de conseils n'a cru que le

capitalisme avait enfin trouv une manire de garder ses contradictions fondamentalessous contrle. Ils taient tous convaincus, plutt, que les annes d'or signifientseulement un ajournement du jour des comptes. Le dfi thorique et politique tait surtoutd'analyser le boom comme un phnomne provisoire. Paul Mattick, en particulier, a priscette tche sur lui. Ds la fin des annes 1930, il a commenc dvelopper une critiquede John Maynard Keynes, aboutissant en 1969 son magnum opus Marx et Keynes.Selon Mattick, Marx n'avait pas prvu qu'une priode keynsienne d'interventionconomique d'Etat tendue se produirait (cependant la thorie de Marx na nullementlimin une telle possibilit). Le keynsianisme a silencieusement accept l'opinion deMarx au sujet des crises immanentes du capitalisme, et, en mme temps, a offert unremde sous forme d'interfrence consciente avec le mcanisme du march23.

Ce remde ne peut probablement pas rsoudre le problme structurel de l'accumulationdu capital, cependant, parce que l'intervention accrue de l'Etat a men une productionplus inutile (des armes et ainsi de suite) et des travaux publics. Mme si de nouveauxmarchs ont t crs pour le capital de cette faon, " les produits finis de la productiondu gouvernement induit, rsultant d'une longue chane de processus de fabricationintermdiaires, n'ont pas la forme d'un produit qui pourrait tre vendu avec profit sur lemarch."24 La dpense de dficit public est donc non pas une partie de la demandeglobale relle, mais une politique dlibre de production au del delle 25. Cettepolitique, base sur une augmentation continuelle de la dette nationale (et, par

consquent, une dprciation rgulire des revenus et des dettes), est force datteindreun cul-de-sac un certain point. Malgr la longue dure des conditions plutt prospres dans les pays industriels avancs, il n'y a aucun terrain pour prtendre que la productioncapitaliste a surmont ses contradictions inhrentes par les interventions de l'Etat dansl'conomie26.

Mattick tait galement alerte quelques consquences non-conomiques possibles ducapitalisme d'aprs-guerre, linstar de l'attention qu'il a consacre, beaucoup plus tt quebien d'autres marxistes, aux questions cologiques. En 1976, il a consacr un essai la

22 Bonacchi 1977, Pp. 57-64.23

Mattick 1969, P. 130.24 Mattick 1969, P. 154 ; voir galement P. 118.25 Mattick 1969, P. 160.26 Mattick 1976, Pp. 232-3.


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destruction continue de l'environnement . Il a argu du fait que les menaces pour l'habitathumain n'taient pas le rsultat du dveloppement des forces productives, mais plutt,des relations capitalistes de production et de leur gaspillage monstrueux de la force detravail humain et des ressources naturelles . En mme temps, Mattick n'a pas exclu lapossibilit que le capitalisme trouve une solution cette menace par lui-mme :

Par la manire dont la marche du monde est dtermine par le profit, lescapitalistes eux-mmes peuvent finir par se soucier des problmescologiques, rien que parce qu'ils ont un impact sur les bnfices. Lescapitalistes n'ont aucun intrt particulier dtruire le monde ; s'il s'avre queprserver le monde peut aussi gnrer des profits, alors la protection du mondedeviendra galement un business. 27

2. Intervention rvolutionnaire dans les luttes des ouvriers.

La diffrence la plus importante parmi les communistes de conseils concerneprobablement l'intervention rvolutionnaire dans les luttes des ouvriers. Les partispolitiques du vieux mouvement ouvrier avaient chou. Quand il sest montr possibled'amliorer les conditions des ouvriers dans les confins du capitalisme, le mouvementouvrier, dabord radical, sest transform en institution fournissant un appui additionnelpour le statut quo social28. Est-ce que cette cooptation du vieux mouvement signifiaitgalement que le concept mme de parti ouvrier rvolutionnaire tait devenu dsuet ?Est-ce qu'un parti rvolutionnaire peut se montrer utile en instruisant le proltariat pourl'activit autonome, ou tous les partis politiques sans exception taient des organisationsbourgeoises qui devaient tre combattues ?

Au cours des annes 20, trois positions diffrentes se sont graduellement cristallises.D'abord, il y avait des communistes de conseils qui ont cru que le vieux mouvementouvrier avait seulement discrdit un certain genre de parti, mais pas l'ide de parti en soi.Le nouveau parti rvolutionnaire ne devrait pas tre spar de la classe ouvrire, maisdevrait dialectiquement se fondre avec lui. Cette position a t dfendue, notamment, parHerman Gorter, qui a rcapitul l'argumentation vigoureusement en trois points :

Premirement, le regroupement de tous les ouvriers, de la grande majorit duproltariat dans le syndicat [rvolutionnaire] ; deuximement, le regroupementdes ouvriers les plus conscients en parti ; troisimement, unit du syndicat et duparti. 29

Les avocats des organisations unitaires ont eu une deuxime position. Le thoricien leplus important de cette position intermdiaire tait Otto Rhle, qui avait dj dclar en1920 que la rvolution n'est pas une affaire de parti [Die Revolution ist keineParteisache] . Aux yeux de Rhle, la rpartition des tches entre parti et syndicat tait unlegs du capitalisme. L'organisation unitaire, que les ouvriers pouvaient utiliser pourdfendre leurs intrts sur tous les fronts et promouvoir la dmocratie de conseils, devraitles remplacer tous les deux. Le point de dpart de lapprentissage rvolutionnaire desouvriers se trouvait o ils produisaient la plus-value, c.--d. le lieu de travail. L ilsdevaient organiser leur lutte eux-mmes. Par la lutte conomique, ils s'instruiraient et

27 Mattick 1976, P. 237.28 Mattick 1969, P. 131.29 Gorter 1978, P. 170.


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arriveraient une conscience plus leve et politique. Ces apprentissages trouveraientson expression organisationnelle dans les fdrations des organisations de lieux detravail, qui mneraient lutte conomique et politique simultanment. Ce point de vue taitpratiquement identique au syndicalisme rvolutionnaire30.

Les communistes de conseils les plus radicaux taient ceux qui ont catgoriquementrefus d'intervenir dans le mouvement ouvrier. Anton Pannekoek, bien quen ntant pas lecrateur, tait le reprsentant le plus en avant de ce point de vue. Il prsente sa logiquedans ses mmoires :

[Sous l'influence de Henk Canne Meijer et dautres] de nouveaux principessont devenu peu peu plus clairs. Celui-ci en particulier : les massestravailleuses doivent elles-mmes prendre les dcisions au sujet de leur lutte, etelles-mmes l'effectuer et la mener. Ceci semble un non-sens banal ouvident ; mais il signifie qu'il n'y a aucune place pour des chefs en tant que tels.Je me rappelle avoir une fois dbattu avec moi-mme pendant une grandegrve de ce que les ouvriers devraient faire, et je ne pouvais pas mereprsenter laquelle des deux attitudes diffrentes devait tre prise ; et que dire

si on doit donner son avis ou des conseils dans un article ou un journal ? En finde compte, grce un article de Henk, j'ai vu la solution simple d'un seul trait :je nai pas me le figurer ; les ouvriers doivent se le reprsenter eux-mmes eteux-mmes prennent la pleine responsabilit de cela. 31

La tche des communistes de conseils, selon cette approche, tait exclusivementd'tudier et danalyser le capitalisme et les luttes des ouvriers. Ce point de vue, qui estencore propag aujourd'hui par Cajo Brendel et quelques associs, a valu sesdfenseurs le sobriquet de moines clotrs du marxisme 32.

3. Facteurs subjectifs.Les polmiques sur la construction du parti sont lies une autre discussion. Si, en fait, les conditions objectives dans les pays capitalistes avancs sont mres pour larvolution, quels sont les facteurs subjectifs qui empchent la classe ouvrire d'tablirune nouvelle socit ? Rhle est arriv la conclusion, autour de 1920, que la cause laplus profonde de l'chec de la rvolution allemande de 1918-19 sorigine, non pas dansles erreurs d'une ou de l'autre organisation rvolutionnaire, mais, plutt, dans la mentalitde la classe ouvrire. La rvolution serait seulement possible dans les pays industrialissquand la classe ouvrire a assez confiance en elle et de volont pour prendre le contrledes vrais lieux de pouvoir, les lieux de travail, et mettre dans les mains dorganisations

unitaires le pouvoir politique et conomique. Le fait que la classe ouvrire n'ait pas agitainsi en 1918-19 tait le rsultat de sa mentalit de subalterne. Rhle crit en 1925 :

Ce qui est le plus ncessaire aujourd'hui est le dmontage progressif del'autorit chez les personnes elles-mmes, dans leur mode d'activit psychique,dans la pratique gnrale et quotidienne de la vie dans la socit. Ledmontage de l'autorit dans l'appareil d'organisation est important. Sondmontage dans la thorie et la tactique de la lutte de classe est plus importantencore. Mais le plus important de tous est le dmantlement de l'autorit dansl'me humaine, parce que sans celui-ci il est impossible de supprimer l'autorit

30

Bock 1990.31 Pannekoek 1982, P. 215.32 Kool 1978. L'expression a commenc avec le leadersyndicaliste et parlementairervolutionnaire hollandais Henk Sneevliet (1883-1942).


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dans l'organisation ou la tactique et la thorie. 33

Tandis que Rhle prconisait ainsi une large approche pdagogique rvolutionnaire, laplupart des communistes de conseils ont considr qu'il n'tait pas ncessaire de changerla psychologie complte de la classe ouvrire, mais de lutter seulement contre les idespolitiques errones. Leur prtention fondamentale tait que l'idologie bourgeoise des

ouvriers les a empchs d'tablir une dmocratie des conseils. Comme Pannekoek le dit : Ce qui entrave [les ouvriers] est principalement la puissance des ideshrites et infuses, la puissance spirituelle formidable du monde de la classemoyenne, enveloppant leurs esprits dans un nuage pais de croyance etdidologies, les divisant, et les rendant incertains et confus. Le processus decomprhension, d'claircir et de vaincre ce monde de vieilles ides etdidologies est le processus essentiel pour tablir le pouvoir de la classeouvrire, il est le progrs de la rvolution. 34

La philosophie marxiste a eu un rle central en expliquant et en combattant lpais

nuage de la croyance et des idologies . C'est pourquoi Pannekoek, en particulier, apass un temps considrable critiquer ce qu'il a considr comme la pense bourgeoise l'intrieur du mouvement ouvrier. En 1938, il publie une critique de Lnine,particulirement de son livre Matrialisme et Empiriocriticisme de 190935. Pannekoek aessay de montrer que Lnine a chou dans sa critique des disciples machiens russesBogdanov et Lunacharsky et d'Ernst Mach lui-mme et de dpasser le matrialisme dudix-huitime sicle des lumires. Lnine a ramen la matire la matire physique,alors que le matrialisme historique a un concept beaucoup plus large de matire, savoirle concept de ralit objective , ou de lentire ralit observe , y compris lespritet les fantaisies (Eugen Dietzgen)36. Lnine a partag sa tendance vers le matrialisme de classe moyenne , selon Pannekoek, avec son mentor philosophique

Gregorii Plekhanov. Leur pense tait dans les deux cas le produit des conditionssociales russes :

En Russie le combat contre le Tsarisme tait analogue l'ancien combatcontre l'absolutisme en Europe. En Russie aussi, l'glise et la religion taientles appuis les plus forts du systme de gouvernement. La lutte contre la religiontait ici une ncessit sociale principale. Ainsi la lutte de la classe proltaireen Russie tait en mme temps une lutte contre l'absolutisme tsariste, sous labannire du socialisme. Ainsi le marxisme en Russie a ncessairement

33 Rhle 1975, P. 141. Partiellement en raison de l'influence de son pouse Alice Gerstel,Rhle a vu un lien logique entre le marxisme pdagogique qu'il a propag etIndividualpsychologie d'Alfred Adler, dans laquelle la recherche pour la conscienceintgrale de l'individu tait galement centrale. Rhle a consacr une grande partie dureste de sa vie dvelopper cette ide. Voir Kutz 1991 et Schoch 1995. Beaucoup decommunistes de conseils ont eu peu de considration pour l'orientation pdagogique deRhle. Le jugement de Mattick tait : Cette partie de l'activit de Rhle, si on l'valuefranchement ou ngativement, a peu, si ce n'est rien, faire avec les problmes quiassaillent le proltariat allemand (Mattick 1978, Pp. 110-11).34 Pannekoek 1948, P. 77.35 Le livre de Lnine avait t dit en 1909 en russe. La premire traduction en allemanda t publie en 1927.36

Pannekoek 1948, P. 61. Gorter et Pannekoek ont vu le livre Das Wesen dermenschlichen Kopfarbeit (1869) du philosophe issu de la classe ouvrire allemand EugenDietzgen (1818-88) comme une contribution cruciale au dveloppement de la thoriemarxiste. Brendel 1970, Pp. 140-2 ; Bock 1992 ; De Liagre Bhl 1996, Pp. 252-4.


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assum un autre caractre qu'en Europe occidentale. C'tait toujours la thoried'une classe ouvrire de combat ; mais cette classe a d lutter en premier lieupour ce qui en Europe occidentale avait t la fonction de la bourgeoisie, avecles intellectuels en tant que ses associs. Ainsi les intellectuels russes, enadaptant cette thorie cette tche locale, ont d trouver une forme demarxisme dans laquelle la critique de la religion s'est tenue au premier plan. Ils

l'ont trouve dans une approche des formes plus vieilles de matrialisme, etdans les premiers crits de Marx. 37

Selon Pannekoek, Lnine menait une bataille dj gagne en Europe occidentale. Lesides de Lnine taient inutiles aux gens vivant sous le capitalisme dvelopp, etrendraient seulement l'auto-mancipation de la classe ouvrire plus difficile38.

4. Le rle des actions individuelles.

Une autre polmique, sur le rle des diffrentes actions, tait galement lie ladiscussion sur le parti. Les communistes de conseils conscients devaient-ils effectuer des actions exemplaires afin de sortir le proltariat de son assoupissement ? Ou tait-ceabsolument la chose fausse ne pas faire, parce qu'elle distrait les masses de leur auto-mancipation ? Cela n'tait en aucune faon une question purement scolaire. Lescommunistes de Conseils avec des lignes activistes ont essay d'agir d'une manire exemplaire plusieurs fois pendant les annes 20 et les annes 30. Dans les annestemptueuses de la rvolution allemande, d'abord l'arpenteur Max Hlz (1899-1933) et, unpeu plus tard, lancien mouleur devenu handicap Karl Plttner (1893-1945) ont constitusdes groupes arms, qui, entre autres, ont vol les banques et pill des maisons decampagne afin de distribuer le butin parmi les pauvres. Ils espraient de cette faon

montrer la vulnrabilit des institutions existantes et inspirer d'autres ouvriers en situationssemblables39. Un autre dfenseur communiste de conseils de l'action exemplaire, leouvrier du btiment hollandais handicap Marinus van der Lubbe (1909-34), a obtenu unerenomme mondiale aprs avoir mis le feu au Reichstag de Berlin le 27 fvrier 1933,parce que, comme il le dclara plus tard la police, j'ai vu que les ouvriers n'allaient rienfaire deux-mmes [contre le national-socialisme] . Van der Lubbe avait t un membreaux Pays Bas de lopposition de gauche des ouvriers d'Eduard Sirach (1895-1937), ungroupe communiste de conseils base Rotterdam40.

Les diffrentes ractions des communistes de Conseils l'acte de Van der Lubbe ontdmontr sur quel sujet portait la discussion sur l'action exemplaire. Anton Pannekoek (qui

tait proche des anti-activistes du Groupe des communistes internationaux (GIC)) acritiqu avec force l'action de Van der Lubbe et l'a juge sans aucune valeur . EduardSirach, en revanche, a publi une brochure qui fini comme suit :

37 Pannekoek 1948, Pp. 68-9.38 Korsch (1938) tait plus ou moins proche de Pannekoek. Une raction critique (visantentre autres le lien mcanique que Pannekoek fait entre la philosophie matrialiste etla pratique rvolutionnaire) peut tre trouve chez lui [Bourrinet 2001, Pp. 256-65.]39 Hlz a t arrt en 1921, Plttner au dbut 1922. Hlz a bientt rejoint lecommunisme orthodoxe ; il est mort en 1933 en Union Sovitique dans des

circonstances qui veillent le soupon. Plttner est mort dans un camp de concentrationallemand peu avant que les allis ne le librent. Bock 1993, Pp. 308-18 et Pp. 328-33,Gebhardt 1983, Giersich et Kramer 2000, Ullrich 2000, Berghauer 2001.40 Karasek 1980, Jassies 2000.


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Mettre le feu au btiment du Reichstag tait l'acte d'un rvolutionnaireproltaire Pendant que la fume slevait de cette maison de la dceptiondmocratique, dans laquelle les masses allemandes ont t vendues aucapitalisme pendant quinze annes, les illusions dans la DmocratieParlementaire qui avait gard les ouvriers allemands enchans au capitalismesont galement parties en fume. La soif d'action et l'esprit de dvouement qui

a inspir Van der Lubbe doit galement inspirer les masses travailleuses si ellessont de mettre un terme au capitalisme criminel ! ! C'est pourquoi nous sommessolidaires avec lui ! 41

5. L'conomie post-capitaliste.

Sous l'impact des vnements en Russie/Union Sovitique, principalement des auteurspro-libre-march (Ludwig von Mises et d'autres) avaient argu, dans les annes aprs1917, qu'une conomie planification centralise tait impossible en principe. Seulsquelques socialistes radicaux avaient relev le dfi alors pour essayer de prouver le

contraire. Les exceptions positives les plus importantes taient probablement l'Austro-marxiste Otto Leichter et Karl Polnyi, qui a t inspir par les ides du socialisme deguilde 42.

L'ouvrier mtallurgiste allemand Jan Appel (1890-1985), qui avait reprsent le KAPD auxdeuxime et troisime congrs du Comintern et avait migr illgalement aux Pays Bas en1926, a essay de dvelopper une alternative communiste de conseils au capitalisme.Son point de dpart tait qu'une socit communiste dveloppe n'aurait aucun march,aucune concurrence, aucun argent et aucun prix. Il y aurait ainsi seulement une conomienaturelle, dans laquelle la production et la distribution seraient rgles dmocratiquement.Appel a par la critique de Von Mises et de ses co-penseurs qu'une conomie raisonnable

tait impensable dans de telles circonstances tant donn le manque d'une unit decomptabilit (telle que la valeur), en proposant le temps de travail socialement ncessairecomme base pour une telle unit de comptabilit. Appel a travaill cette ide dans unmanuscrit qui a t discut et dvelopp plus avant dans les groupes communistesinternationaux. Le rsultat a t publi en 1930 comme travail collectif sous le titre Lesprincipes fondamentaux de la production et de la distribution communistes43. Le texte allaitdemeurer un sujet de discussion et subir une srie de rvisions les annes suivantes44.

Les Principes fondamentaux contiennent une richesse danalyses, abordant un ventail deproblmes d'organisation conomique communiste : le rle des petits et moyens paysans,par exemple, et de priorits pour le dploiement des ressources dans diffrentes phases

de dveloppement. Mais le centre de son analyse est la question des mcanismes dedistribution. Les Principes divisent lconomie communiste en deux secteurs : d'une part les tablissements productifs qui fournissent les biens et les services pour lesquels ilsreoivent compensation, et d'autre part les tablissements usage social gnral (tablissements de GSU), qui ne sont pas compenss de leurs produits. Une usine dechaussure, par exemple, est un tablissement productif, un hpital un tablissement deGSU. Les deux secteurs se composent dunits autonomes dans lesquelles les employs

41 Sirach 1933, P. 16.42 Leichter 1923, Polnyi 1922.43

Appel 1990. Sur la biographie d'Appel, voir Van den Berg 2001.44 Tous les communistes de conseil n'taient pas enthousiastes au sujet des Principesfondamentaux. Anton Pannekoek le trouvait plutt utopiste, irraliste (Pannekoek,1982, P. 215).


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ont la libert complte de dcision. La coordination horizontale parmi les diffrentesunits rsulte du flux des produits entre eux (sous forme de moyens de production etbiens de consommation)45.

Le principe de selon les besoins est ralis par le secteur de GSU, mais pas dansl'autre secteur. En d'autres termes, la consommation totale par la population peut tre

divise en parts individuelles (produits du secteur productif) et parts collectives (produitsdu secteur de GSU). Dans les deux, les moyens de production fixes et circulants (P) sonttraits par le travail (L) afin de fabriquer des produits. Tous les composants du processusde fabrication contiennent des quantits spcifiques de temps de production social moyen.Des producteurs sont rcompenss de leurs efforts avec les certificats de travail, en valeurpar exemple une heure de temps de production social moyen 46. Mais les heurestravailles ne sont pas toutes converties en certificats de travail. Un exemple peut clarifierce point. Laissez nous supposer que tous les tablissements productifs en gnral dansun pays donn consomment 700 millions d'heures de travail de P et 600 millions d'heuresde travail de L, et fabriquent des produits dune valeur de 1.300 millions d'heures detravail. Alors, les besoins productifs du secteur productif (P) a besoin de 700 millions

d'heures de travail afin de se reproduire, laissant 600 millions d'heures de travail pour lereste de la socit. Laissez nous supposer encore, que le secteur de GSU consomme 58millions d'heures de P et 50 millions d'heures de travail de L (avec un rsultat de 108millions d'heures de travail), de sorte que ce secteur ait besoin de 58 millions d'heures detravail (P) pour se reproduire. Ceci signifie que l'entre totale sous forme de travail (L)dans la socit est 650 millions, tandis que 600 - 58 = 542 millions d'heures de travail sontlaisses pour la consommation individuelle. Le soi-disant facteur de rmunration oule facteur de la consommation individuelle (FIC) est alors 542/650 = 0.83. Si un ouvriertravaille 40 heures par semaine, il reoit ainsi seulement les certificats de travailquivalents 0.83 x 40 = 33.2 heures de travail47.

Au fil du dveloppement de la socit communiste, la taille relative du secteur de GSUaugmente, de sorte que, par la suite, des secteurs tels que les approvisionnementsalimentaires, le transport, le logement, etc. sont galement incorpors eux48. En dpit decette tendance vers la croissance, cependant, le secteur de GSU ne pourra jamais inclurela socit entire, et le FIC ne sera jamais rduit ainsi zro :

Seuls ces tablissements productifs qui assurent la satisfaction des besoinsgnraux de biens seront transformables en tablissements du type de GSU.Une petite rflexion rvlera qu'il ne sera jamais possible d'inclure dans lesystme la totalit de la distribution socialise, aux articles et biens nombreux

et varis qui refltent les gots spciaux dicts par divers intrts humains

45 Appel 1990, P. 147.46 Les Principes tiennent compte de la possibilit que aux premiers temps de la socitcommuniste, il peut d'abord tre ncessaire que certains mtiers intellectuels soientrmunrs un plus haut niveau ; par exemple, que 40 heures de travail donne droit 80ou 120 heures de produit. Au dbut de la forme communiste de la socit, ceci pourrait eneffet tre une mesure juste, si par exemple les moyens d'une ducation plus leven'taient pas disponibles chacun gratuitement, parce que la socit n'a pas encoresuffisamment organis la nouvelle base de manire complte. Aussitt, cependant, que

ces sujets seront rgls, il ne pourra plus tre question de donner aux professionsintellectuelles une plus grande part du produit social , Appel 1990, Pp. 56-7.47 Appel 1990, Pp. 94-5.48 Appel 1990, Pp. 97-8.


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d'une sorte spciale. 49

Lide noyau des Principes a sembl recevoir l'appui puissant des Grundrisse de Marx leur publication en 1939, notamment par ce passage :

L'conomie du temps, cest quoi toute l'conomie se rduit finalement...Ainsi, l'conomie du temps, avec la distribution planifie du temps de travailparmi les diverses branches de production, demeure la premire loiconomique sur la base de la production commune. Ceci devient loi, l, undegr encore plus lev. Cependant, c'est essentiellement diffrent d'unemesure des valeurs d'change (travail ou produits) par le temps de travail. 50

Les Principes fondamentaux ont jou un rle au cours des discussions des communistesde conseils jusqu'aux annes 70, mais la plupart du temps comme texte de fond, puisqueles auteurs lui ont emprunt des ides sans mentionner leur source51.

Recherche savante

L'tude de l'histoire, de la thorie et de la pratique du communisme de conseils s'estdveloppe d'une manire trs ingale52. Les chercheurs ont montr de l'intrt surtoutpour les crits et les biographies des thoriciens qui ont jou un rle dans le communismede conseils. Nous avons au moins trois monographies sur Anton Pannekoek, plus unethse de doctorat non publie53. Herman Gorter a t le sujet d'une biographie d'abordpartielle puis complte54. Personne n'a encore crit sur la vie d'Otto Rhle, mais troistudes sont de bonnes analyses de son dveloppement politique et thorique55. Destravaux ont t galement publis sur quelques communistes de conseils moins en avant

(tels que Sylvia Pankhurst et Jim Dawson). Cependant, il n'y a toujours eu aucunemonographie complte sur Mattick56. Plusieurs anthologies d'crits de thoricienscommunistes de Conseils, en particulier de Pannekoek et Gorter, mais galement deRhle, Mattick et Willi Huhn, ont t dits depuis la fin des annes 196057. Les mmoires

49 Appel 1990, P. 100.50 Marx 1973, P. 173.51 Voir, par exemple, Mattick 1968, dans le chapitre Valeur et socialisme , ouCastoriadis 1984, P. 330 : [Le calcul conomique dans une socit autonome] doit treeffectu sur la base du fonctionnement dpens par temps . Castoriadis a dfendu cetteposition ds 1957, aprs qu'il ait t en contact avec les communistes de conseilshollandais pendant un certain nombre d'annes. Voir galement Seifert 1983.52 Des archives de la plupart des communistes de conseils importants peuvent tretrouves l'Institut international d'histoire sociale Amsterdam, y compris, notamment, lespapiers de Canne Meijer, Huhn, Korsch, Mattick, Pannekoek, Pankhurst et Rhle.53 Brendel 1970, Malandrino 1987, Gerber 1989, Boekelman 1980.54 De Liagre Bhl 1973, 1996.55 Franck 1951, Herrmann 1972-3, Mergner 1973, Jacoby et Herbst 1985.56 Sur Dawson, voir Wright 1980. Beaucoup a t crit au sujet des torsions et destournants dans la vie de Pankhurst. Les travaux les plus utiles pour nos buts semblent tre

Franchini 1980, Winslow 1996.57 Bock 1969, Bricianer 1969/1978, Huhn 1973, Kool 1970, Mattick 1978, Mergner 1971,Rademakers 1970, Pannekoek 1972, Rhle 1971a, 1971b, Smart 1978 . Beaucoup detextes sont maintenant galement disponibles sur Internet.


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tendues de Pannekoek sont galement disponibles sous la forme de livre58, tandis quede plus rcents communistes de conseils mettent leurs mmoires sur papier ou sontinterviews longuement59. Des travaux d'Appel, Gorter, Pannekoek et d'autres ont trepublis. Une dition complte des crits et de la correspondance de Karl Korsch,donnant une attention considrable ses tendances communistes de conseils, est unstade avanc60. De bonnes vues d'ensemble bibliographiques ont t compiles pour un

certain nombre de communistes de conseils importants61

.

ce jour, nous sommes aussi bien quips par des travaux d'histoire narrative ducommunisme de conseils comme mouvement. L'histoire des organisations allemandes at tudie par Hans Manfred Bock, qui a non seulement crit un ouvrage de rfrencedes vnements tumultueux de 1918-2362, mais a galement reconstruit le dernierdveloppement du mouvement jusqu'au dbut des annes 7063. Philippe Bourrinet a dcriten dtail le dveloppement du mouvement hollandais (et de son interaction avec lemouvement allemand)64. Mark Shipway a tudi l'influence communiste de conseils enGrande-Bretagne (Sylvia Pankhurst, Guy Aldred et d'autres)65.

Alors qu ce jour une bonne somme est connu au sujet du communisme de conseils, il ya toujours une pnurie d'analyses compltes. Une certaine attention a t prte aux vuesdes communistes de conseils sur la crise capitaliste et le systme de conseils, mais leurscontributions thoriques mritent une tude plus srieuse66. Les Principes fondamentaux,par exemple, ont jusqu'ici peine t sujets une quelconque discussion. En second lieu,l'analyse matrialiste historique du courant est toujours dans son enfance. L'application del'analyse marxiste au marxisme elle-mme, dj prconise par Karl Korsch, est tropsous-dveloppe cet gard. Mme les blocs fonctionnels de base pour une analysemanquent encore. Il n'y a, par exemple, toujours aucune bonne vue d'ensemble del'histoire du KAPD de sa fondation sa disparition. Sur ce point, nous devons nouscontenter de fragments67. Pratiquement rien n'est connu au sujet du fonctionnementpratique et de l'organisation du KAPD, de ses organisations surs et de ses successeurs.Nous savons galement peu au sujet de son implantation sociale et de la sociologie deses dfenseurs68. Mon impression est, par exemple, que les chmeurs ont tsurreprsents parmi les communistes de conseils des annes 20 et des annes 30, maisil ne reste aucun moyen d'valuer cette hypothse empiriquement. Une tude historiquecomparative expliquant pourquoi le communisme de conseils est devenu influentprincipalement en Allemagne, alors que les intellectuels hollandais qui taient marginauxdans leur propre pays acquraient un poids politique si disproportionn dans lemouvement, est galement attendue.

58 Pannekoek 197659 Brendel 1974b, Jacoby 1982, Buckmiller 197660 Korsch 1980ff.61 Buckmiller 1973, 1981 ; Provedi 1978 ; Boekelman 1980, Pp. 368-484 ; Herbst etKlemm 1986.62 Bock 1993.63 Bock 1976.64 Bourrinet 2001. Par ailleurs, cette dition pirate du livre contient beaucoup d'erreurs etd'inexactitudes mineures. Une nouvelle dition autorise corrige et jour sera diteen 2005/6 dans la srie Historical Materialism book de Brill Academic Press.65

Shipway 1988.66 Marramao 1975-6, 1976, Pelino 1976, Villari 1977. Voir galement Glaser 1997.67 Reichenbach 1928, 1994, Rutigliano 1974, Bock 1977.68 Mais voir Bock 1976, Pp. 93-8.


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Rsultats

Les disciples stricts des doctrines communistes de conseils sont peu nombreuxaujourd'hui. Il est difficile d'laborer un bilan. Le communisme de Conseils a t

brivement un phnomne de masse au dbut des annes 20, et a vraiment pris sapropre identit distinctive seulement quand le KAPD ft dj en rgression - on pourrait leconsidrer comme un produit de la dfaite de la rvolution allemande. L'essor du national-socialisme a t le coup de grce pour un mouvement dj trs affaibli. Aprs la deuximeguerre mondiale, le communisme de conseils est demeur un courant trs marginal parmiles intellectuels de gauche pendant nombre d'annes, bien qu'il ait acquis une certaineinfluence dans les mouvements de protestation internationaux de la fin des annes 1960et des annes 70.

L'influence durable du communisme de Conseils me semble tre principalement indirecte.D'une part, le mouvement a apport une vraie contribution partir d'une perspective non-

anarchiste au soupon systmatique contre tous les bureaucrates dans le mouvementouvrier. D'autre part, il a bien montr la manire systmatique que des formes autonomeset organises de rsistance des ouvriers se manifestent continuellement. Son influence at vidente, par exemple, dans le groupe Socialisme ou Barbarie de CorneliusCastoriadis, Claude Lefort et d'autres, et mme dans les courants qui n'ont pas eu unevaluation positive de la pense oriente conseilliste, telle que loprasme [operaismo] deSergio Bologna, d'Antonio Negri, de Karl Heinz Roth et d'autres.

Ce qui reste du communisme de conseils concrtement sont principalement les textes -des textes qui semblent souvent tout fait dogmatiques et unilatraux, avec unepolarisation masculine dfinie et un foyer eurocentrique. Pourtant ces textes nanmoinscontiennent des clairages et des avertissements que nous ne devrions pas oublier69.

(Traduction anglaise par Peter Drucker. Traduction franaise http://jacquesrie.blogspot.com)

Rfrences

Appel, Jan 1990 [1930], Principes fondamentaux de production et distributioncommunistes. [Disponible en franais http://www.mondialisme.org/spip.php?article1308

et sa prface par Paul Mattick (en franais) http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/ ]

Berghauer, Knut 2001, 'Karl Plttner. Anmerkungen zur Biographie eines politischenPartisanen', in Graf (ed.) 2001.

Pannekoek und Gorter: Organisation und Taktik der proletarischen Revolution, Frankfurtam Main: Verlag Neue Kritik.

69

En plus de la littrature dj mentionne, je voudrais me rfrer, par exemple, auxpublications de Willi Huhn au sujet du mouvement ouvrier allemand (Huhn 1952) et despublications de Cajo Brendel L'Espagne des annes 30 aux annes 70 et Des luttes declasse autonomes en Angleterre, 1945-1972 (Brendel 1974a, 1977).
http://www.mondialisme.org/spip.php?article1308http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/http://www.mondialisme.org/spip.php?article1308http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/http://bataillesocialiste.wordpress.com/2009/07/28/preface-aux-%E2%80%98principes-fondamentaux-de-la-production-et-de-la-distribution-communistes%E2%80%99-mattick-1970/


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marcel van der linden - le communisme de conseils

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