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Andre Koalaga FORMATION DES COMMUNICATEURS TCHADIENS EN COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT (CCC) DANS LES DOMAINES DE LA SANTE SEXUELLE, DE LA REPRODUCTION ET DU VIH/SIDA MANUEL DE REFERENCE POUR LE PARTICIPANT

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Andre Koalaga

FORMATION DES COMMUNICATEURS TCHADIENS EN COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT (CCC)

DANS LES DOMAINES DE LA SANTE SEXUELLE, DE LA REPRODUCTION ET DU

VIH/SIDA

MANUEL DE REFERENCEPOUR LE PARTICIPANT

JANVIER 2006

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TABLE DES MATIERES

TITRESPAGES

Introduction 4But et objectifs du cours 4

I. Les Défis en matière de SR et du VIH/SIDA en Afrique au sud du Sahara 7

1. La santé de la Reproduction 8

2. Santé Reproductive des Adolescents/es 14

3. VIH/SIDA : Définition et Epidémiologie 19

4. La Transmission du VIH 25

5. Impact de l’infection à VIH et le SIDA pour nos Pays 26

6. Prévention des IST/VIH/SIDA 30

7. Sexualité et IST /VIH/SIDA : approche culturelle 44

8. Sexualité et IST/VIH/SIDA : approche psychosociale 58

9. Approche «Genre»: Principes de base et application en matière de santé 70

II. Généralités sur la communication pour le changement de comportement

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1. Vue d ensemble : Le concept d’Information, Education et Communication 71

2. Sessions pour les présentations succinctes des différents concepts 78

3. Stratégie du Plaidoyer : Généralités 78

4. Stratégie de Marketing social : Généralités 80

5. Stratégie de Mobilisation Communautaire : Généralités 82

6. Approche participative communautaire : Généralités 85

III. Planification d’un Programme de Communication 100

1. Principales étapes de l’élaboration d’une stratégie de communication 103

2. Quelques Méthodes de recherche et leur utilisation en communication 105

3. Analyse causale : Méthode 122

4. Analyse des comportements et analyse des groupes cibles 125

5. Définition, formulation des objectifs de communication 128

6. Etape de l’élaboration des messages et matériel 132

7. Activités de communication interpersonnelle 148

8. Suivi et l’évaluation d’un programme de communication 158

9. Préparation et présentation des plans d’actions en communication 163

Liste de références bibliographiques (sites Internet) 164

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DEFINITION DES ACRONYMES

SR : Santé de la ReproductionSS : Santé Sexuelle SSR : Santé Sexuelle et ReproductivePF : Planification Familiale VIH : Virus de l’Immuno – déficience HumaineSIDA : Syndrome de l’Immuno – Déficience AcquiseMGF : Mutilations Génitales FémininesIST : Infections Sexuellement TransmissiblesIEC : Information, Education et CommunicationCCC : Communication pour le Changement de ComportementOMS : Organisation Mondiale de la SantéONUSIDA : Organisation des Nations Unies pour le SIDAPRB : Population Référence BureauCIPD : Conférence Internationale sur la Population et le DéveloppementIPPF : Fédération Internationale de la Planification Familiale MMR : Maternité à Moindre RisqueMSR : Maternité Sans RisqueIRA : Infections Respiratoires AiguësPCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’EnfantLMD : Lutte contre les Maladies DiarrhéiquesPEV : Programme Elargi de VaccinationHTA : Hyper Tension ArtérielleGEU : Grossesse Extra UtérineTME : Transmission de la Mère à l’EnfantCDV/VCT : Centre de Dépistage VolontaireCPN : Consultation Pré Natale MAP : Menace d’Accouchement PrématuréVME : Version par Manœuvre ExterneARV : AntiretrovirauxAZT: ZidovudinePACTG: Paediatrics AIDS Clinical Trials GroupSRO: Soluté de Réhydratation par voie Orale CAP : Connaissances, Aptitudes, PratiquesCIP : Communication InterpersonnelleMARP : Méthode Accélérée de Recherche ParticipativeAAP : Apprentissage et Action ParticipatifsFED/ WAD: Femme et Développement:/ Women And DevelopmentGED/GAD : Genre et Développement / Gender And Development IFD/WID : Intégration de la Femme au Développement / Women In

Development

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INTRODUCTION

Un grand nombre de cadres africains francophones (dont ceux du Tchad) ont besoin de renforcer, en matière de communication pour le changement de comportement en santé de la reproduction et du VIH/SIDA, leurs compétences et d’échanger leurs expériences. L’un des moyens les plus efficaces est d’organiser des sessions de formation à leur intention. Cette formation de deux (2) semaines offrira aux professionnels de la communication des compétences spécifiques leur permettant de faire face, avec succès, aux tâches difficiles et délicates d’induction de changement de comportement en santé de la reproduction et en VIH/SIDA susceptible d’améliorer des conditions de vie des populations dont ils ont la charge.

BUT ET OBJECTIFS DE LA FORMATION

La formation vise à fournir aux participants (es) les connaissances et compétences nécessaires pour induire l’adoption de comportements nouveaux en matières de santé sexuelle et de la reproduction et du VIH/SIDA à la population du Tchad afin d’assurer au mieux l’atteinte des objectifs du PPLS II et ceux du Millénaire pour le Développement (OMD).

Plus spécifiquement, à la fin de la formation, les participants seront capables de :

1. Identifier les principaux défis auxquels sont confrontés les pays d’Afrique sub-saharienne en général et du Tchad en particulier en matière de VIH/SIDA et de santé sexuelle et reproductive ;

2. Expliquer les contributions possibles de la CCC dans le relèvement de ces défis ;

3. Expliquer le concept et les principes de base pour un changement de comportement ;

4. Décrire l’importance de la communication dans le processus de changement de comportement en SS, SR et VIH/SIDA ;

5. Planifier un programme de communication pour le changement de comportement assorti d’un plan d’action réaliste et réalisable à mettre en œuvre dans le court terme.

CONTENU DE LA FORMATION

Le contenu de la formation se focalise sur les trois axes principaux suivants:

I. Le premier axe identifie les principaux défis en SR et en VIH/SIDA en Afrique subsaharienne et les stratégies pour les surmonter.

Définition de SR

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Les volets et composantes de la SR Les principaux défis de la SR L’ampleur de l’infection à VIH/SIDA en Afrique L’impact de l’infection à VIH/SIDA en Afrique Stratégies pour surmonter ces défis Le concept genre en SS/SR et VIH/SIDA Importance de la CCC comme stratégie de lutte contre ces

principaux défis.

II. Le deuxième axe analyse la communication pour le changement de comportement en faisant un parallèle avec l’IEC : principes et processus

Définition du concept de CCC Description des principes de base de la CCC Le processus de la CCC Description des concepts apparentés à la CCC

III. Le troisième axe porte sur les aspects liés à la planification d’un programme de communication

Identification des besoins de CCC Analyse des besoins de CCC Conception d’un programme de CCC Mise en œuvre d’un programme de CCC Suivi et évaluation d’un programme de CCC Plans d’action

PROFIL DES PARTICIPANTS

Cette formation s’adresse aux communicateurs travaillant dans les principaux secteurs du développement au Tchad (PPLS II, Action Sociale, etc.) qui souhaitent acquérir les compétences nécessaires pour conduire efficacement des activités de communication pour le changement de comportement en santé de la reproduction et VIH/SIDA.

DUREE  DU COURS

Deux semaines, soit 70 heures à raison de sept heures de travail par jour (non inclus les pauses), durant cinq jours ouvrables.

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I. SESSION INTRODUCTIVE 

Présentation par les participants de leurs domaines d’action et des problèmes de communication auxquels ils sont confrontés.

Objectifs d'apprentissage :

A la fin de la session, les participants auront : 1. Présenter les domaines d’action et principaux défis

auxquels leurs institutions ou eux mêmes ont été confrontés en tant que communicateurs,

2. Partager, avec les autres, les solutions appliquées pour

relever ces défis et les principales leçons tirées de l’expérience de chaque institution.

Quelques indications sur les présentations individuelles

En séance plénière, il vous est demandé de faire une présentation sur votre institution, sur vos responsabilités : domaine(s) d’intervention, problèmes de communication auxquels vous êtes confrontés. Pour faciliter votre présentation, nous vous prions de suivre le plan suivant :

- Présenter brièvement le(s) problèmes(s) de communication que votre Institution tente de résoudre dans son domaine d’intervention.

- Dire quels groupes cibles  sont concernés par ces problèmes,

- Quels sont les comportements que le groupe cible doit adopter pour que le(s) problème(s) soient entièrement ou partiellement résolus ?.

- Quels matériels et moyens de communication avez-vous déjà utilisé dans le cadre de l’IEC/CCC. ?

- Expliquer pourquoi vous avez choisi d’utiliser ces matériels et moyens de communication.

- Expliquer le cas échéant, les principales difficultés (du point de vue de la communication) que vous avez rencontrées lors de l’exécution de vos activités sur le terrain et dire comment vous avez surmonté ces difficultés.

- Présenter le cas échéant, les principales leçons que vous avez tirées du point de vue de la communication, de l’expérience de votre institution.

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II. LES DEFIS EN MATIERE DE SR ET DU VIH/SIDA EN AFRIQUE SUB SAHARIENNE

Objectifs d'apprentissage :

A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Interpréter les données statistiques sur la situation de la SR et du VIH/sida en Afrique au sud du Sahara

2. Déterminer les implications qui découlent des défis en matière de SR et VIH/Sida relevés, en terme de communication

Références : Situation du VIH/sida en Afrique sub-saharienne – PRB (site WEB de Population Référence Bureau)Situation VIH/SIDA dans le monde – OMS et ONUSIDA (site WEB de ONUSIDA et OMS)

CONTENU

- Introduction à la SR- Définition de la SR- Volets et composantes de la SR- Droits en matière de sexualité et de reproduction- La SR des adolescents- Rappels des connaissances de base sur le VIH et le Sida,- Ampleur et impact du VIH/sida dans le monde et en Afrique au sud du

Sahara - Modes de transmission du VIH et les facteurs d’influence,- Approches de lutte contre le VIH/Sida (prévention, traitement et soutien),- Les principaux défis de la pandémie du VIH/Sida dans nos contextes

respectifs de travail,- Le concept genre,- Les rôle et place de la communication dans le relèvement de ces défis.

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A. LA SANTE DE LA REPRODUCTION

INTRODUCTION

La santé en matière de sexualité et de reproduction est un droit tant pour les hommes que pour les femmes. Aujourd’hui, du fait d’une part, des lacunes et des insuffisances des soins de santé en matière de reproduction, de l’inégalité traditionnelle entre les hommes et les femmes et d’autre part, des pressions exercées par la société et la famille, beaucoup de personnes de par le monde ne peuvent exercer leurs droits en matière de sexualité et de reproduction. A la Conférence internationale sur la population et le développement (C.I.P.D.) en 1994, 180 pays ont reconnu que l’accès universel à l’information et aux services dans le domaine de la santé en matière de reproduction était un objectif à atteindre d’ici à 2015.Ce déni massif des droits de l’homme provoque la mort de millions de personnes chaque année, sans parler de celles encore beaucoup plus nombreuses qui subissent des lésions permanentes ou se trouvent contaminées. La plupart de ces personnes sont des femmes, et la plupart d’entre elles vivent dans les pays en développement.

En 1994, c’est-à-dire deux ans après l’adoption du Plan stratégique de l’ I.P.P.F., la Conférence internationale sur la population et le développement (C.I.P.D.) du Caire, a donné un coup d’accélérateur à la stratégie de l’I.P.P.F. en matière de santé sexuelle et reproductive. Si cette conférence s’est avérée décisive, c’est parce qu’elle a entériné le changement d’orientation du mouvement pour la planification familiale. Les objectifs en termes de fécondité et les cibles démographiques nationales ont cédé la place à une ambition d’une autre envergure : répondre aux besoins des individus en matière de planification familiale, mais aussi de santé sexuelle et reproductive. Dans le cadre de cette conférence, les gouvernements du monde entier se sont fixés pour but d’offrir d’ici à 2015 l’accès universel à une gamme complète de services de santé reproductive de qualité, parmi lesquels des services de santé sexuelle et de planification familiale. La conférence a réaffirmé le droit de chacun à la santé reproductive et plus important encore, à des services de qualité qui soient accessibles, acceptables et pratiques pour tous les utilisateurs.

DEFINITIONConcept de santé sexuelle et reproductive : Le concept de santé sexuelle et reproductive est venu englober tous les besoins des individus en matière de santé sexuelle et reproductive qui va au-delà de la planification familiale.Cette nouvelle approche envisage la santé des femmes d’un point de vue plus large, plus complet aussi, et prend en compte l’ensemble de leurs besoins en matière de sexualité et de reproduction tout au long de leur vie. Mais elle prend également en compte les besoins des hommes et des jeunes. Elle rejette une approche quantitative de problèmes perçus comme isolés les uns des autres, en faveur d’une conception intégrée et qualitative. Autre point d’importance, elle vise à ce que ceux-là mêmes qui connaissent des problèmes en matière de sexualité et de reproduction participent à la recherche des solutions.

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L’objectif final est de faire en sorte que chacun puisse vivre sa sexualité sans crainte ni contrainte, et que la qualité des relations sexuelles soit améliorée. En d’autres termes, elle requiert un changement fondamental d’attitude de la part des prestataires.

Santé reproductive : «Par santé reproductive, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités. Cela suppose donc qu’une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu’elle est capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu’elle le désire. Cette dernière condition implique qu’hommes et femmes ont le droit d’être informés et d’utiliser la méthode de planification familiale de leur choix. Ces méthodes de régulation des naissances ne doivent pas être contraires à la loi, elles doivent être sûres, efficaces, abordables et acceptables. Par ailleurs, le droit d’accéder à des services de santé qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement et donnent aux couples toutes les chances d’avoir un enfant en bonne santé, doit être également de mise.

Services de santé reproductive : Il faut donc entendre par services de santé reproductive l’ensemble des méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation, en prévenant et en résolvant les problèmes qui peuvent se poser dans ce domaine. On entend également par cette expression la santé en matière de sexualité qui vise à améliorer la qualité de la vie et des relations interpersonnelles, et non à se borner à mettre à disposition des conseils et des soins relatifs à la procréation et aux maladies sexuellement transmissibles.»

On note quatre volets à la santé de la reproduction :

VOLETS DE LA S.S.R. Ces volets comprennent :

- Santé de la femme- Santé de l’enfant- Santé des jeunes (10 – 24 ans)- Santé des hommes

LA SANTE DE LA FEMME   : Ce terme prend en compte :

- La prise en charge gynécologique- La maternité à moindre risque (MMR)- la surveillance de la grossesse- la surveillance du travail et l’accouchement- la surveillance du post-abortum, du post-partum et le suivi post-natal

LA SANTE DE L’ENFANT. Ce terme englobe :

- La Néonatologie- La surveillance de la nutrition et de la croissance de l’enfant :- la prise en charge intégrée des maladies de l’enfance (PCIME)- la lutte contre les maladies diarrhéiques (LMD)

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- les infections respiratoires aiguës (IRA)- le paludisme- Le programme élargi de vaccination (PEV)- La promotion de la santé scolaire

LA SANTE DES JEUNES. Ce terme regroupe :

- L’éducation à la vie familiale et à la parenté responsable- La prise en charge de la santé reproductive des jeunes- La lutte contre les grossesses non désirées, contre les maternités précoces et

contre les avortements provoqués- Les consultations prénuptiales et les conseils en mariage- La promotion de l’alphabétisation des jeunes non scolarisés.

LA SANTE DES HOMMES. Ce terme tient compte :

- Le dysfonctionnement et les pathologies sexuelles chez l’homme- La lutte contre la stérilité et les cancers génitaux chez l’homme- L’I.E.C. en faveur de la parenté responsable.

Ces différents volets comprennent des composantes dont les principales sont les suivantes :

Composantes communes aux 4 volets :- La planification familiale ;- Les IST/ VIH/ SIDA ;- L’hygiène, l’assainissement et l’environnement ;- Le plaidoyer et l’I.E.C. dont la CCC ;

Composantes d’appui/ Programmes d’appui

- Planification - Gestion des ressources- Supervision - Evaluation- La formation et la recherche en SR ;

Composantes connexes

- La lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes ;- La promotion de la scolarisation des filles ;- L’approche genre.

LES DROITS EN MATIERE DE SEXUALITE ET DE REPRODUCTIONLes accords internationaux relatifs aux droits en matière de sexualité et de reproduction se sont multipliés au cours des 30 dernières années. Les droits essentiels dans ce domaine sont :

le droit à la santé en matière de sexualité et de reproduction en tant qu’élément de la santé en général, tout au long du cycle de vie ;

le droit de prendre des décisions en matière de reproduction, y compris le choix volontaire du mariage, la décision de fonder une famille et le droit de décider du nombre des enfants et de l’espacement de leurs naissances, ainsi

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que le droit d’avoir accès à l’information et aux moyens requis pour exercer un choix volontaire ;

le droit à l’égalité et à l’équité pour les hommes et pour les femmes, afin de permettre aux personnes de faire des choix libres et éclairés dans tous les domaines de la vie, en étant à l’abri de la discrimination fondée sur le sexe ;

le droit à la sécurité en matière de sexualité et de reproduction, y compris le droit de n’être pas soumis à la violence sexuelle et à la coercition dans ce domaine, et le droit à la vie privée.

Ces droits se rattachent à d’autres droits : sociaux, économiques et culturels à travers un réseau complexe d’accords internationaux, nationaux et locaux énonçant les obligations réciproques des particuliers, des familles, des collectivités et de l’Etat.

Ce que coûte le déni des droits en matière de sexualité et de reproductionLes statistiques qu’on lira ci-après sont des estimations ; elles proviennent toutes de sources fiables, mais les données sont incomplètes, ce qui montre bien le peu de cas que l’on faisait dans le passé de la santé en matière de sexualité et de reproduction.Chaque année, 585 000 femmes – une par minute – meurent des suites d’une grossesse. Presque toutes ces femmes vivent dans les pays en développement. Bien plus grand encore est le nombre de celles qui souffrent d’une invalidité temporaire ou permanente consécutive à un accouchement. La plupart de ces vies et de ces souffrances pourraient être épargnées moyennant des améliorations relativement peu coûteuses des soins de santé en matière de reproduction, par exemple grâce à de meilleurs soins et à un meilleur suivi pendant la grossesse, à des systèmes d’aiguillage et de transport en cas d’urgence et à l’administration de soins après l’accouchement.

Chaque année, le manque de services contraceptifs ou leur inadéquation est à l’origine de près de 200 000 décès maternels.Entre 120 et 150 millions de femmes souhaitent limiter le nombre de leurs grossesses ou espacer celles-ci, mais n’ont toujours pas le moyen de le faire. Au total, 350 millions de couples ne disposent pas d’information sur la contraception et n’ont pas accès à une série de services contraceptifs.

Chaque année, il y a 200 millions de grossesses. On estime que 83 millions d’entre elles ne sont pas voulues ; il en résulte 50 millions d’avortements et 33 millions de naissances vivantes. Plus de neuf naissances sur dix surviennent chez des femmes pauvres vivant dans des communautés pauvres des pays industrialisés et en développement ; on estime à 150 000 le nombre des enfants mort-nés.

Chaque année, 70 000 femmes meurent des suites d’un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions de sécurité ; on ne connaît pas avec précision le nombre des femmes qui souffrent d’une infection ou d’autres maux à la suite d’un tel avortement. Un grand nombre des 25 millions d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité (estimation) pourraient être évités, si des moyens contraceptifs sûrs et efficaces étaient librement accessibles.

Chaque année, un million de personnes meurent d’une affection de l’appareil génital, y compris les maladies sexuellement transmissibles (IST). Chez les femmes âgées de 15 à 44 ans dans les pays en développement, les IST viennent immédiatement après la morbidité et la mortalité maternelle et représente près de

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15% des atteintes à la santé dans ce groupe d’âge. On estime qu’il y a chaque année 333 millions de nouveaux cas de I.S.T.Dans de nombreux pays, six femmes sur dix souffrent d’une I.S.T.. Environ la moitié des femmes atteintes peuvent ne présenter aucun symptôme, davantage de femmes ne comprennent pas les symptômes, mais pour toutes il y a un risque accru de stérilité, de cancer du col de l’utérus et d’autres graves problèmes de santé. Les I.S.T. augmentent également la réceptivité au VIH/SIDA et risquent de provoquer chez les femmes qui utilisent des dispositifs intra-utérins des maladies pelviennes de caractère inflammatoire et autres affections de l’appareil génital. La mutilation de l’appareil génital féminin augmente la réceptivité aux I.S.T..

En 2005, 4,9 millions de personnes ont été contaminées, à raison de 10 par minute, par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui provoque le SIDA. On estime que 60 à 70% de tous les nouveaux cas de IST, y compris les contaminations par le VIH, surviennent chez les jeunes âgés de moins de 20 ans.

On dénombre 130 millions de femmes qui ont subi la mutilation de l’appareil génital, et deux millions de femmes courent ce risque chaque année, sans parler du VIH/SIDA. Il s’agit, sous ses différentes formes, d’une intervention chirurgicale affectant l’intimité, qui est douloureuse et présente parfois des risques mortels et dont la nécessité ne se justifie absolument pas ; elle est pratiquée habituellement dans des conditions qui contribuent facilement à propager l’infection. Les conséquences pour la santé en matière de reproduction sont graves et durables. La communauté internationale et les différents gouvernements ont condamné cette pratique, mais elle reste répandue dans quelques 28 pays.

Le viol et autres formes de violence sexuelle se répandent, mais de nombreux cas de viol ne sont pas signalés en raison de la stigmatisation et du traumatisme qui y sont associés et du peu de compassion dont témoignent les systèmes juridiques. Les estimations concernant le pourcentage des viols signalés varie, allant de moins de 3% en Afrique du Sud à environ 16% aux Etats-Unis.Au moins 60 millions de fillettes qui devraient normalement être vivantes «manquent à l’appel» du fait d’avortements pratiqués en fonction du sexe ou du manque de soins par rapport aux garçons.

Chaque année, 2 millions de fillettes âgées de 5 à 15 ans sont livrées aux marchands du sexe.Des études révèlent que la violence familiale est chose courante dans la plupart des sociétés ; il s’agit d’une cause fréquente de suicide et de meurtre chez les femmes.Près de 600 millions de femmes sont analphabètes, contre 320 millions d’hommes.On compte 25 millions de réfugiés, dont un nombre hors de proportion est constituée par des femmes ; les soins de santé en matière de reproduction commencent à peine à faire partie régulièrement de l’ensemble des soins de santé proposés aux réfugiés. On pourrait fournir une protection contraceptive aux femmes vivant dans des camps de réfugiés pour une somme allant de 1 à 5 dollars par femme. Il est à préciser par ailleurs que mettre un enfant au monde dans de bonnes conditions de sécurité dans un camp de réfugiés, ne coûte qu’entre 5 et 10 dollars.Le montant annuel des sommes dépensées dans le monde entier pour assurer de meilleurs soins de santé en matière de reproduction atteint environ 17 milliards de dollars, soit moins d’une semaine des dépenses mondiales pour l’achat d’armements.

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SANTE REPRODUCTIVE DES ADOLESCENTS(ES)

A la C.I.P.D, la communauté internationale a reconnu officiellement pour la première fois que la santé des adolescents en matière de sexualité et de reproduction comporte un ensemble spécifique de besoins autres que ceux des adultes. Auparavant, les services de santé avaient superbement ignoré les besoins des jeunes.

L’adolescence, selon l’O.M.S., regroupe les individus de la tranche d’âge de 10 à 19 ans. Les adolescents constituent le cinquième de la population et 85% vivent dans les pays en développement.Le terme de «jeunesse» désigne les personnes de 15 à 24 ans.Les «jeunes» recouvrent tous ceux qui ont entre 10 et 24 ans.

L’adolescence se caractérise par : une croissance et un développement physique rapides ; la maturité physique, sociale et psychologique, mais pas simultanément ; la maturité sexuelle et le début de l’activité sexuelle ; les premières expériences de la vie ; un manque fréquent de connaissances et de capacités pour faire des choix

« sains » ; des modes de pensée tendant à faire passer les besoins immédiats avant les

incidences à long terme ; l’instauration de comportements à risque qui pourront rester ancrés toute la vie et

provoquer des maladies qui apparaîtront des années plus tard.

La société rurale africaine a toujours valorisé l’adolescent. L’adolescent était traditionnellement considéré comme une richesse. L’adolescent est au cœur d’un enjeu culturel, social et politique. L’adolescent suscite l’espoir. Il représente un investissement à long terme. Mais aussi, l’adolescent est devenu une source d’inquiétude (sanitaire, économique, culturelle). Ces inquiétudes sont justifiées, car une activité sexuelle précoce comporte des risques et qu’il existe un état de comportement à risque cumulatif chez les adolescents. Cela signifie que dès lors que les adolescents prennent un risque, ils sont plus enclins à en prendre d’autres tels que la consommation d’alcool, l’usage de drogues.

AMPLEUR DU PROBLEME

Plus de 10% des bébés nés dans le monde proviennent des jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans. Au Tchad, l’enquête démographique et de santé qui a eu lieu en 2004 et publiée en 2005 révèle que 71% des femmes à 20 ans ont déjà eu un enfant alors qu’en Côte d’Ivoire, il est de 35% entre 15 et 19 ans.Traditionnellement, les rapports sexuels avant le mariage étaient découragés. Mais de nos jours, nous assistons à une baisse de l’âge au 1er rapport sexuel. L’initiation sexuelle des filles se produit souvent même avant les 1ères règles. Par exemple au

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SANTE REPRODUCTIVE DES ADOLESCENTS/ES,PROBLEMATIQUE DU VIH/SIDA, EGALITE DE GENRE.

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Malawi 58% de 300 jeunes filles interrogées, ont indiqué qu’elles avaient été initiées avant les 1ères règles.Il est à signaler qu’un grand nombre des 1ères expériences sexuelles ont lieu sous l’emprise de la force ou de la contrainte exercée par des partenaires plus âgés. Au moment du premier contact sexuel, les adolescents sont souvent ignorants en matière de sexualité et de reproduction. Au Tchad, l’âge du premier rapport sexuel est de 37% parmi les 15 à 19 ans.

CAUSES DE LA SEXUALITE PRECOCE

Les raisons de cette sexualité de plus en plus précoce sont multiples :

1. La croissance exponentielle des villes : Cette urbanisation galopante a des conséquences néfastes sur le comportement des adolescents. La ville est un lieu de désintégration sociale. La ville entraîne une perte des valeurs socio - culturelles, morales et religieuses.

2. La précocité de la période pubertaire de génération en génération : Celle-ci est due à l’amélioration des conditions de vie (nutrition et bonne santé). Une enquête menée en 1983 à Adjamé et à Cocody (Côte d’Ivoire), a révélé que la période pubertaire chez les jeunes filles débutait à 9 ans ½ avec survenue des 1ères règles à 11 ans 2 mois. Selon BAUDET la puberté survient de plus en plus précoce, et avance de 4 mois tous les 10 ans.

3. La pauvreté : Celle-ci favorise la prostitution. Il est difficile aux adolescents issus de milieu pauvre de résister à certaines incitations.

4. Libertinage sexuel

5. Persistance de certaines pratiques et coutumes néfastes (exemple : mariage précoce, mariage forcé). L’âge moyen au 1er mariage est de 16 ans au Tchad

6. Manque d’information sur la sexualité

7. faible niveau d’instruction

8. Bas niveau d’éducation

9. Diffusion des films et romans pornographiques.

Cette activité sexuelle précoce est préjudiciable à la santé des futurs piliers de la société.

CONSEQUENCESIl existe un lien entre activité sexuelle, mariage et maternité. 15 millions de jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans accouchent tous les ans dans le monde. Les grossesses précoces (avant 18 ans) sont des grossesses qui comportent des risques de décès ou de handicap chez la mère ou chez l’enfant à naître.

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Dans la majorité des cas, ces grossesses ne sont pas désirées ; et dans ce cas, l’adolescente a recours à l’avortement provoqué clandestin, contraire à la loi. Ces avortements provoqués réalisés dans les conditions d’insécurité ont de graves complications qui sont :

douleur pelvienne chronique troubles des règles stérilité avortements spontanés grossesse extra utérine accouchement prématuré hémorragies génitales pendant la grossesse et l’accouchement accouchement long et difficile complications psychologiques à type de remords, culpabilité, vengeance

vis à vis du partenaire.

Dans certains cas, l’adolescente désire garder sa grossesse. Celle-ci sera émaillée de complications dans son évolution comme dans sa terminaison et ses suites. Ces complications sont :

absence de surveillance prénatale car l’adolescente cache sa grossesse pour plusieurs raisons : la honte, l’adolescente et son partenaire sont démunis financièrement.

anémie, malnutrition car l’adolescente a autant besoin d’éléments nutritifs pour sa propre croissance que l’enfant à naître.

H.T.A. : L’H.T.A a des complications mortelles pendant la grossesse et l’accouchement.

accouchements prématurés accouchements très difficiles et longs infections maternelles pertes d’urines par le vagin (fistules vésico-vaginales) pertes des selles par le vagin (fistules recto-vaginales) taux élevés de césariennes en urgence taux élevés de décès maternels chez les adolescentes par rapport aux

femmes plus âgées, stérilité secondaire.

Il est à signaler que les infections représentent la 1ère cause de décès maternelle chez l’adolescente.

L’activité sexuelle précoce expose l’adolescente ou l’adolescent aux Infections Sexuellement Transmissibles (I.S.T.) et le VIH/SIDA. Dans le monde un adolescent sur 20 contracte chaque année une I.S.T.

Il est à signaler qu’une adolescente ou un adolescent stérile est voué plus tard à unéchec social.En plus de ces complications précédemment citées l’adolescente court un risque de :

G.E.U. Avortement spontané Accouchement prématuré L’activité sexuelle précoce chez l’adolescente favorise la survenue

ultérieure du cancer du col de l’utérus.

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L’enfant de l’adolescente n’est pas épargné par les complications. Ces complications sont :

arriération mentale retard scolaire délinquance juvénile décès de l’enfant

La sexualité précoce pose aussi des problèmes sociaux à savoir : arrêt ou retard des études scolaires chez les adolescentes scolarisées diminution des chances de réussite sociale accroissement de la fécondité source d’importants problèmes soulevés

par l’inadéquation entre d’une part la population et le développement et d’autre part entre la population et l’environnement naturel.

Les graves conséquences de la sexualité précoce chez les adolescents justifient la mise en place d’une politique de prévention.

POLITIQUE DE PREVENTIONLa prévention en matière de sexualité précoce chez l’adolescent s’oriente dans 3 directions : ce sont :

CCC incluant l’IEC dont la CIP. Planification Familiale (P.F.) Promulgation des lois sociales

L’I.E.C. est l’élément le plus important de la prévention sanitaire. L’information veillera à ce que l’exercice des droits de l’adolescent ou de l’adolescente lui soit perçu comme une responsabilité. L’adolescente ou l’adolescent doit être informé que tout individu a le droit de décider de manière libre et responsable de sa sexualité, du nombre de ses enfants et de l’espacement des naissances.Les séances d’I.E.C. doivent faire progresser la prise de conscience et la compréhension des problèmes liés à la population et leur pertinence dans toutes les décisions personnelles. La CCC doit convaincre l’adolescent ou l’adolescente à prendre ses propres décisions de manière libre et responsable.

Cette information couvre un large éventail de sujets depuis les données de base sur : les statistiques démographiques les avantages de la P.F. les risques d’une grossesse précoce les différentes méthodes de P.F. les dangers des I.S.T. et du VIH/SIDA jusqu’aux données plus complexes sur :

- la santé- les risques durant toute l’existence- et les incidences réciproques entre population et environnement.

Elle doit promouvoir les valeurs morales traditionnelles.

Les activités d’I.E.C. doivent utiliser diverses filières (conseils individuels, programmes scolaires). Elles doivent aussi comporter un recours : aux médias, aux arts populaires traditionnelles et à des débats publics.Les écoles sont un lieu privilégié pour atteindre les adolescents. L’I.E.C. peut être aussi dispensée dans les édifices religieux et les organisations de jeunes.

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Ces efforts d’éducation doivent être déployés avec la participation des parents et de la communauté. L’information doit être exacte, transmise avec sympathie et dans un esprit d’ouverture. Les efforts de l’I.E.C. seront renforcés si les parents parlent sans détours de la sexualité et de la procréation avec leur enfant. Dans le cas contraire, la désinformation sera faite par la rue !  La 2ème mesure de prévention des complications secondaires à une sexualité précoce fait appel à la P.F. et aux services de santé en général. Il faut favoriser : un large accès aux services de P.F. et une large diffusion des méthodes de P.F.En effet l’utilisation des méthodes modernes de contraception est encore à un niveau très bas à l’heure actuelle. Bien qu’il soit reconnu que la P.F. a l’avantage d’empêcher les grossesses précoces et non désirées, les avortements provoqués ainsi que les I.S.T. et le VIH/SIDA.

Le dernier volet de la prévention est du ressort des législateurs. Il est nécessaire de : faire appliquer la législation sur le mariage en évitant les mariages trop précoces et forcés ; enfin promouvoir les lois visant à l’abandon des pratiques traditionnelles et coutumes néfastes (exemple la préférence pour le garçon)

CONCLUSIONLa sexualité au cours de l’adolescence est préoccupante. Elle est de plus en plus précoce.Les rapports sexuels précoces sont dus essentiellement au changement de comportement et d’attitude souvent incompatibles avec les valeurs socio - culturelles et traditionnelles. Aussi l’éducation sexuelle en encourageant un comportement moralement et pratiquement responsable favorisera-t-il des rapports sexuels plus tardifs, l’emploi des contraceptifs et un nombre plus limité de partenaires sexuels.

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QUELQUES STATISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET SANITAIRES DE QUATRE PAYS DE L’AFRIQUE AU SUD DU SAHARA (PRP, 2001)

Indicateurs Burkina Faso

RCA Tchad Togo

Démographiques

1. Population masculines en milliers

5916 ,3 1894 4153,2 2374,7

2. Population féminine en milliers 6291 1970 4236,4 2404,6

3. Accroissement de la population 2,3 2,1 3,2 3,3

4. Taux de fertilité 6,9 5,3 6,65 5,8

5. Taux de prévalence contraceptive (tous types)

11,9 14,8 9,9 23,5

6. Mortalité maternelle 1400 1200 1500 980

7. Mortalité infantile en ‰ 99,1 101,2 122,5 83,1

8. Espérance de vie 45 ,3 44,3 45,2 51,3

9. Naissances assistées % 31 44 16 51

10. Prévalence VIH/SIDA (15-24 ans) %

3,2 9,7 4,8 4

JEUNES ET ADOLESCENTS

1. Population de 15-24 ans % 20,9 14,8 19,1 20,4

2. AGE AU 1er mariage (filles) 19 19,1 ND 20,3

3. Prévalence VIH/SIDA 15-24 ans (garçons)

4,8 7 3,2 2,5

4. Prévalence VIH/SIDA 15-24 ans (filles)

11,7 16,3 5,8 7,1

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GENRE

1. Participation de la femme au développement (15-64ans)

78,8 69 69,9 54,6

2. Siège au parlement (femmes) 11% 7,3% 2,4% 4,9%

BESOINS NON SATISFAITS EN PF 25,8% 16,2% 9,7% 32,3%

ALPHABETISATION 

1. Filles non scolarisées 86% 65% 66% 57

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VIH/SIDA : DEFINITION ET EPIDEMIOLOGIE

1.1– Définition de l’infection à VIH/SIDA

L’infection à VIH est l’entrée en contact entre un individu et le virus de l’immuno déficience acquise. Il existe deux types de virus : le VIH1 et le VIH2. La détection du virus exige des moyens sophistiqués. On détecte la réaction de l’organisme contre ce corps étranger à savoir les anticorps.

On parle de séropositivité pour le VIH lorsqu'il y a présence d'anticorps dirigés contre les antigènes VIH (1 et/ou 2) chez un sujet.

La séropositivité au VIH peut être asymptomatique. La séropositivité VIH peut aussi s'accompagner de signes cliniques : c'est le SIDA.

1.2 - Epidémiologie

L’épidémiologie est l’étude de la distribution et des déterminants des problèmes de santé dans les populations humaines.

1.3 - Prévalence

La prévalence est la mesure de la fréquence d’une maladie (nouveaux et anciens cas, soit à un instant donné (prévalence instantanée), soit au cours d’un intervalle de temps t1 – t2 (Prévalence de période).

La prévalence est très utilisée en épidémiologie des maladies chroniques et des maladies infectieuses de longue durée (SIDA).

1.4 – Taux d’incidence

Le taux d’incidence mesure la rapidité de survenue (ou la force) d’une maladie dans une population. Il s’agit bien d’un taux, car seuls les nouveaux cas apparus au cours de l’intervalle t1-t2 figurent au numérateur. On doit donc toujours spécifier l’unité de temps dans laquelle est exprimé un taux d’incidence (année, mois), de même que la zone géographique ou la population pour laquelle il est calculéSelon les circonstances, le dénominateur utilisé est une estimation de la population soumise au risque de contracter la maladie au début ou au milieu de l’intervalle t1-t2.Les taux d’incidence sont aussi bien utilisés en épidémiologie des maladies infectieuses que pour l’étude des maladies chroniques.

2 - EPIDEMIOLOGIE DE L’INFECTION A VIH/SIDA2 - EPIDEMIOLOGIE DE L’INFECTION A VIH/SIDA

II.1 – Ampleur du problème En 2005, d’après l’ONUSIDA et l’OMS*, on a compté près de cinq millions de nouvelles infections à VIH dans le monde, dont 3,2 millions en Afrique subsaharienne seulement. La même année, trois millions de personnes sont mortes de maladies liées au SIDA, dont plus d’un demi-million d’enfants. Aujourd’hui, le total des personnes vivant avec le VIH est de 40,3 millions. Malgré les progrès accomplis dans un nombre croissant de pays dont le Burkina

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Faso, l’épidémie de SIDA continue à devancer les efforts déployés dans le monde pour la contenir.

- A l’échelle mondiale, moins d’une personne sur cinq exposée au risque d’infection à VIH peut accéder à des services de prévention de base. Parmi les personnes vivant avec le VIH, une sur dix seulement a fait un test et sait si elle est infectée.

- Partout dans le monde des femmes en nombre croissant sont infectées par le VIH. Des inégalités largement répandues, dont des facteurs politiques, sociaux, culturels et de sécurité humaine, aggravent encore la situation des femmes et des jeunes filles

L’ONUSIDA et l’OMS* insistent que,

- Pour que les activités de prévention du VIH soient efficaces, elles doivent s’inscrire dans un ensemble d’autres efforts, par exemple des réformes juridiques (y compris les droits à la propriété) et la promotion des droits de la femme, pour combattre et réduire la violence à l’encontre des femmes.

- Il est tout aussi important de mobiliser les hommes et les garçons dans les actions de prévention du VIH. Les hommes comme les femmes sont influencés par les normes sexospécifiques traditionnelles. Ces normes doivent donc être mises en question et modifiées pour que les hommes comme les femmes puissent se protéger de l’infection à VIH et que les hommes puissent être encouragés à assumer un rôle plus responsable dans la prévention du VIH.

- La stigmatisation et la discrimination réduisent l’efficacité des actions destinées à maîtriser l’épidémie mondiale et suscitent simultanément le climat idéal à la poursuite de sa propagation. La stigmatisation décourage bien des individus de négocier des rapports sexuels à moindre risque, de pratiquer un test VIH, de divulguer leur sérologie à leurs partenaires ou de demander des soins, même lorsque des services de prévention sont à leur disposition.

A cet effet, depuis quelques années, la volonté politique s’est affirmée, tout comme le plaidoyer des groupes de la société civile et les fonds nationaux et internationaux dégagés pour la riposte au SIDA ont considérablement augmenté. Ces progrès offrent une belle occasion d’intensifier encore les efforts et d’accélérer le mouvement vers l’accès universel à la prévention, au traitement et à la prise en charge pour tous les pays touchés par le SIDA.Pour rattraper l’épidémie, au Burkina Faso, il est essentiel d’élargir et d’intensifier les efforts de prévention du VIH, dans le cadre d’une riposte globale qui développe simultanément l’accès aux traitements et à la prise en charge pour tous et à tous les niveaux y compris les habitants des zones rurales.

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RÉSUMÉ SUR L’ÉPIDÉMIE MONDIALE DE SIDA DÉCEMBRE 2005

Nombre de personnes vivant avec le VIH en 2005Total 40,3 millions (36,7–45,3 millions)Adultes 38,0 millions (34,5–42,6 millions)Femmes 17,5 millions (16,2–19,3 millions)Enfants, moins de 15 ans 2,3 millions (2,1–2,8 millions)

Nouvelles infections à VIH en 2005Total 4,9 millions (4,3–6,6 millions)Adultes 4,2 millions (3,6–5,8 millions)Enfants, moins de 15 ans 700 000 (630 000–820 000)

Décès dus au SIDA en 2005 Total 3,1 millions (2,8–3,6 millions)Adultes 2,6 millions (2,3–2,9 millions)Enfants, moins de 15 ans 570 000 (510 000–670 000)

NB : Dans ce tableau, les fourchettes autour des estimations définissent les limites dans lesquelles se situent les chiffres mêmes, sur la base des meilleures informations disponibles. (* Prévention - Aide-mémoire | 21/11/2005, Le point sur l’épidémie de SIDA 2005 | 2)

EPIDEMIOLOGIE DU VIH/SIDA EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

L’Afrique subsaharienne compte un peu plus de 10% de la population mondiale, maiselle abrite plus de 60% de toutes les personnes vivant avec le VIH – 25,8 millions. En2005, on estime à 3,2 millions le nombre de personnes ayant contracté une infection,alors que 2,4 millions d’adultes et d’enfants sont morts du SIDA.

- La prévalence au Tchad, d’après l’EDS 2004 du Tchad, est de 5,8% chez les filles de 15-24 ans et de 3,2% chez les garçons de 15-24 ans. Dans la population générale elle est de 4,8%.

- Une baisse de la prévalence du VIH chez l’adulte à l’échelle nationale semble se produire au Kenya, en Ouganda et au Zimbabwe. Pourtant, chacun de ces pays reste frappé par une épidémie massive et potentiellement désastreuse.

- La prévalence du VIH reste exceptionnellement élevée en Afrique australe et l’épidémie poursuit son expansion, notamment au Mozambique et au Swaziland.

- L’Afrique occidentale et centrale ne montre pas de signes de changement dans les niveaux d’infection à VIH, sauf dans les zones urbaines du Burkina Faso où la prévalence semble en baisse.

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- Au Zimbabwe, des données récentes émanant du système national de surveillance montrent un déclin de la prévalence du VIH parmi les femmes enceintes de 26% en 2002 à 21% en 2004. Les changements de comportement sexuel semblent avoir contribué à cette baisse. L’utilisation du préservatif dans les relations occasionnelles a atteint des niveaux élevés (86% chez les hommes et 83% chez les femmes) et de récentes données indiquent qu’une baisse du nombre déclaré de partenaires sexuels pourrait avoir eu lieu ces dernières années.

- Toutefois, plus d’une femme enceinte sur cinq continue de se révéler séropositive au VIH au Zimbabwe et les niveaux d’infection restent parmi les plus élevés du monde.

- En Afrique du Sud, l’épidémie a évolué à une vitesse surprenante. Une prévalence nationale du VIH chez l’adulte inférieure à 1% en 1990 a grimpé en flèche à près de 25% en 10 ans. Les nouvelles données d’Afrique du Sud montrent que la prévalence du VIH chez les femmes enceintes a atteint ses plus hauts niveaux jamais enregistrés : 29,5% des femmes en consultations prénatales étaient séropositives au VIH en 2004.

- Le SIDA en Afrique du Sud fait maintenant un nombre dévastateur de décès. Une récente étude portant sur les données des registres de décès a montré que les décès parmi les personnes de 15 ans et plus ont augmenté de 62% entre 1997 et 2002.

- Une prévalence du VIH très élevée – souvent supérieure à 30% parmi les femmes enceintes – est toujours enregistrée dans quatre autres pays de la région : Botswana, Lesotho, Namibie et Swaziland. Là encore, on ne relève aucun schéma clair de baisse de la prévalence.

- Au Swaziland la prévalence du VIH parmi les femmes enceintes s’est élevée à 43% en 2004, par rapport à 34% quatre ans plus tôt. En 1992, la prévalence était de 4%.

- Au Malawi l’épidémie montre une grande diversité et n’a pas encore réalisé son potentiel de croissance. La prévalence parmi les femmes enceintes varie d’un peu moins de 7% dans un site du centre du pays à 33% à la pointe sud du pays. La prévalence dans les communautés rurales est particulièrement élevée (elle a passé de 12,1% en 1999 à 14,5% en 2003) tout comme la prévalence parmi les jeunes femmes enceintes (20% chez les 20–24 ans)

- Les niveaux d’infection sont en hausse dans toutes les régions du Mozambique, et la prévalence nationale du VIH chez l’adulte a passé de 14% à un peu plus de 16% entre 2002 et 2004, c’est dans les provinces où passent les principales voies de communication du pays avec le Malawi, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe que le VIH se propage le plus rapidement

- En Zambie, la prévalence nationale moyenne du VIH chez les femmes enceintes adultes tourne autour de 18–20% depuis 1994, avec des tendances à une hausse de la prévalence observées chez les femmes de 15 à 19 ans en consultations prénatales. Les résidents des zones urbaines ont deux fois plus

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de risque d’être infectés par le VIH que les habitants des zones rurales, et les niveaux les plus élevés d’infection sont concentrés dans les villes et bourgades situées sur les principales voies de transport.

- L’épidémie du Botswana semble se stabiliser – mais à des niveaux extraordinairement élevés, la prévalence nationale du VIH parmi les femmes enceintes étant restée entre 35% et 37% depuis 2001. Les niveaux d’infection parmi les hommes et femmes plus âgés étaient étonnamment élevés : 29% chez ceux qui sont âgés de 45 à 49 ans, et 21% chez ceux qui ont environ 50 ans. Les lacunes dans les connaissances relatives au VIH sont tout aussi surprenantes. Une personne interrogée sur quatre ne savait pas que l’utilisation systématique du préservatif évite la transmission, et 13% seulement connaissaient trois moyens de prévenir la transmission sexuelle du virus

-- De nouvelles recherches et analyses nous permettent une meilleure

compréhension de l’épidémie en Ouganda, où la prévalence nationale du VIH avait atteint un pic de plus de 15% au début des années 1990 avant de baisser régulièrement, en partie grâce aux efforts déployés dans tout le pays pour stopper l’épidémie. Cependant, ces tendances à la baisse de la prévalence pourraient bien ne pas se poursuivre dans l’avenir sans une expansion des efforts de prévention. Selon une récente enquête, 29% des hommes interrogés déclaraient avoir eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 12 mois précédents et l’utilisation du préservatif n’était pas du tout répandue.

- L’épidémie au Kenya a atteint un pic à la fin des années 1990 avec une prévalence globale du VIH chez l’adulte de 10%, qui a baissé à 7% en 2003. C’est la deuxième fois seulement en plus de 20 ans qu’une baisse soutenue des niveaux nationaux d’infection à VIH a été observée dans un pays d’Afrique subsaharienne. L’utilisation du préservatif avec des partenaires occasionnels a augmenté en particulier chez les femmes : en 2003, près de 24% d’entre elles déclaraient avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport occasionnel, par rapport à 15% en 1998. La baisse de la prévalence est également due à un début retardé de l’activité sexuelle, à une baisse du nombre des partenaires sexuels et à l’augmentation de la mortalité.

- En Ethiopie quelque 1,5 million de personnes vivaient avec le VIH en 2004. L’épidémie est principalement concentrée dans les zones urbaines, mais une bonne part du fardeau du SIDA se déplace vers les communautés rurales où le nombre de personnes qui contractent maintenant une infection à VIH est plus élevé que dans les zones urbaines. Dans un pays où le SIDA a provoqué environ 30% de tous les décès chez les adultes en 2003, moins de 10% des personnes qui ont besoin d’une thérapie antirétrovirale en bénéficiaient au milieu de 2005.

- Le Nigéria compte davantage de personnes vivant avec le VIH qu’aucun autre pays du monde à l’exception de l’Afrique du Sud et de l’Inde – entre 3,2 et 3,6 millions à fin 2003.

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- En Afrique subsaharienne, une personne sur trois au moins en attente de thérapie antirétrovirale en bénéficie dans des pays comme le Botswana et l’Ouganda, alors qu’au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Malawi et en Zambie, elles étaient entre 10% et 20% au milieu de 2005.

- Au moins 85% (presque 900 000) des Sud-Africains qui auraient besoin de médicaments antirétroviraux ne les recevaient toujours pas au milieu de 2005 ; il en va de même pour 90% ou plus de ces personnes dans des pays comme l’Ethiopie, le Ghana, le Lesotho, le Mozambique, le Nigéria, la République-Unie de Tanzanie et le Zimbabwe.

________________________________________________________________Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser à Dominique De Santis, ONUSIDA, Genève, tel. +41 22 791 4509 ou portable +41 79 254 6803, ou Annemarie Hou, ONUSIDA, Genève, tel. +41 22 791 4577. Vous pouvez aussi visiter le site web de l'ONUSIDA, http://www.unaids.org, pour obtenir des renseignements supplémentaires.

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LA TRANSMISSION DU VIH

1- Voies de transmission

Le VIH peut être transmis : Par voie sexuelle - à l’occasion de rapports, ou de contacts avec du sang, du

sperme ou des sécrétions cervicales et vaginales infectées. Ce mode de transmission est le plus fréquent. Le VIH peut être transmis par tout sujet infecté à son partenaire sexuel (par un homme à une femme, par une femme à un homme, par un homme à un autre homme et - moins souvent - par une femme à une autre femme).

Par la transfusion de sang ou d’un produit sanguin provenant d’un donneur infecté par le VIH.

Par l’utilisation de matériels d’injection ou effractifs contaminés par le VIH. Par une mère séropositive à son enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou

l’allaitement.

2 – Voies de non propagation

Les voies de non propagation sont les suivantes : la toux et les éternuements les serrements de mains les morsures d’insectes les contacts au travail ou à l’école le toucher ou les embrassades l’utilisation de toilettes l’eau ou les aliments l’usage de téléphones les baisers les piscines les bains publics l’utilisation en commun de tasses, verres, assiettes et autres ustensiles servant à

manger ou à boire.

Il ressort de la liste ci-dessus que le mode de transmission le plus fréquent du VIH est le rapport sexuel. La plupart des individus séropositifs actuellement ont contracté le virus à la suite d’activités hétérosexuelles.

3 – Facteurs de risques

Les facteurs de risques sont les suivants : Partenaire atteint Partenaires multiples Partenaires occasionnels (les) multiples Partenaires ayant d’autres partenaires Partenaire prostitué, drogué, homosexuel Fréquence des contacts à risque Présence d’une IST Altération des défenses naturelles Rapport sexuel non protégé

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IMPACT DE L’INFECTION A VIH ET LE SIDA POUR NOS PAYS

1- VIH/SIDA en Afrique

Bien que des progrès aient été réalisés en matières de prévention et de soins dans certains pays, on a compté 4 millions de nouvelles infections à VIH en Afrique subsaharienne en 1999. En Afrique, le sida tue maintenant chaque année dix fois plus d’individus que la guerre.

Il y a aujourd’hui en Afrique 16 pays dans lesquels plus d’un dixième de la population adulte (entre 15 et 49 ans) est infecté par le VIH.

Dans les six pays de l’Afrique Australe, on estime que d’ici à 2005, le sida emportera entre 8% et 25% des médecins en exercice aujourd’hui.

Dans sept pays tous situés dans la corne australe du continent, un adulte sur cinq au moins vit avec le VIH. Dans les pays où 10% de la population adulte est infectée par le VIH, près de 80% de tous les décès chez les jeunes entre 25 et 45 ans seront associés au VIH.

Les taux d’infection chez les jeunes Africaines sont beaucoup plus élevés que chez les jeunes hommes. D’après certaines études présentées dans le rapport, les taux moyens chez les adolescentes sont de cinq fois supérieurs aux taux chez les jeunes garçons. Parmi les jeunes au début de la vingtaine, les taux sont trois fois plus élevés chez les femmes. En Afrique, le pic des taux d’infection chez la femme se produit plus tôt que chez l’homme.

Une étude récente estime que, en 1997, les dépenses de santé publique imputable au seul SIDA ont déjà dépassé 2% du produit intérieur brut (PIB= de 7 pays africains sur les 16 pays échantillonnés. Un chiffre stupéfiant lorsqu’on sait que dans ces nations, la totalité des dépenses de santé représente 3-5% du PIB.

Au Zimbabwe dès 1997, la probabilité pour une jeune femme de 15 ans de décéder avant la fin de sa période de reproduction avait quadruplé, passant de 11% environ au début des années 1980 à plus de 40% en 1997. Plus de 2000 personnes meurent du SIDA chaque semaine au Zimbabwe.

Au Botswana, 35% des adultes sont aujourd’hui infectés par le VIH. En Afrique du Sud, ils sont 19,9%, alors qu’ils étaient 12,9% il y a deux ans. Le taux de prévalence du VIH chez l’adulte au Botswana a plus que triplé depuis 1992, année où on l’estimait à 10%.

Avec 4,2 millions de personnes infectées, l’Afrique du Sud est le pays du monde qui compte le plus grand nombre d’individus vivants avec le VIH/SIDA où la croissance de l’épidémie y est l’une des plus rapides du globe. Déjà, une femme Sud-Africaine sur quatre entre 20 et 29 ans est infectée par le virus.

Plus d’un adulte sur quatre vivants dans les villes de Zambie est séropositif au VIH et plus d’un adulte Zambien sur sept est infecté dans les zones rurales du pays.

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Par ailleurs, le pourcentage des adolescentes entre 15 et 19 ans enceintes et infectées par le VIH dans la capitale, Lusaka, a baissé en moyenne de près de la moitié au cours des six dernières années. Le pourcentage des femmes célibataires sexuellement actives a chuté de 52% à 35% entre 1990 et 1996.

Une étude réalisée en Zambie a montré que dans un hôpital, les décès parmi les agents de santé se sont multipliés par 13 au cours de la décennie de 1980-1990 principalement en raison du VIH.

L’Afrique de l’Ouest est relativement moins touchée. Au Nigéria, qui est de loin le pays le plus peuplé de l’Afrique subsaharienne, plus de 2,7 millions de personnes sont infectées.

D’ici 2010, les taux bruts de mortalité au Cameroun auront plus que doublé à cause du VIH/SIDA. On estime à 340,000 le nombre de personnes qui vivent aujourd’hui avec le VIH au Ghana.

Les taux d’infection en Afrique de l’Est, autrefois les plus élevés du continent, se situent juste au-dessus de ceux de l’Afrique de l’Ouest, mais ont maintenant été dépassés par les taux observés dans la corne australe.

Les taux de prévalence parmi les adultes de l’Ethiopie et du Kenya ont atteint des valeurs à deux chiffres et continuent de s’accroître. Depuis le début de l’épidémie, le sida a fait quelques 12,1 millions d’orphelins en Afrique, sur un total mondial de 13,2 millions d’orphelins du Sida. Avant l’avènement du Sida, 2ù de tous les enfants des pays en développement étaient orphelins. En 1997, la proportion des enfants qui avaient perdu un de leurs parents ou les deux avait atteint 7% dans de nombreux pays africains.

Les malades séropositifs au VIH ont occupé 39% des lits de l’hôpital Kenyatta à Nairobi au Kenya et 70% des lits de l’hôpital de Prince Régent à Bujumbura au Burundi.

Grâce à des programmes de prévention énergiques, l’Ouganda a ramené sont taux estimatif de prévalence à environ 8ù après avoir atteint un maximum proche de 14ù au début des années 1990. La prévalence du VIH parmi les adolescentes de 13 à 19 ans a considérablement chuté au cours d’une période de huit ans, alors que tous les taux chez les adolescents qui est toujours plus faible car les garçons ont une probabilité plus faible d’avoir des partenaires dans les groupes d’âges plus élevés et très infectés est demeuré approximativement le même. Le pourcentage des adolescents ayant déjà utilisé un préservatif a triplé entre 1994 et 1997. (Source : Aide Mémoire, ONUSIDA, Juillet 2000)

2 – LES CONSEQUENCES DU SIDA2 – LES CONSEQUENCES DU SIDA

2.1 – Sur la population

Dans les pays les plus durement touchés, le sida modifie déjà la structure démographique d’une manière sans précédent. De nombreuses maladies sont

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mortelles surtout pour les nourrissons et les personnes âgées, mais le sida, lui, emporte les jeunes adultes.

Depuis le début de l’épidémie, le SIDA a coûté la vie à plus de 18 millions de personnes, dont près de 15 millions en Afrique Subsaharienne. Au cours de la décennie à venir, ce chiffre va probablement doubler car on estime à 34 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH ou le SIDA et environ 5 millions de nouvelles infections surviennent chaque année.

Les décès dus au SIDA sont des décès prématurés. Dans ceux des pays en développement où le VIH se répand surtout par les rapports sexuels non protégés entre hommes et femmes, la majorité des individus infectés contractent le VIH au cours de la vingtaine et de la trentaine et décèdent du SIDA en moyenne une dizaine d’année plus tard.

Ces décès prématurés modifient de manière radicale la structure démographique, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne dans lesquels un pourcentage considérable de la population est infectée par le VIH ou est déjà mort du SIDA.

Le VIH tuera un tiers au moins des jeunes hommes ou femmes dans les pays où il est le plus fermement implanté et dans certains endroits, cette proportion pourra atteindre deux tiers. Même après des millénaires d’épidémies, de guerres et de famines, on n’a jamais vu dans l’histoire des taux de mortalité de cette ampleur parmi les jeunes adultes des deux sexes et de tous les milieux.

Dans les pays en développement, la structure démographique est généralement décrite comme une pyramide. Les groupes les plus jeunes de la population (bébés, enfants et jeunes en bonne santé jusqu’à 19 ans) constituent la base large de la pyramide, qui s’amenuise progressivement jusqu’aux groupes d’âges les plus avancés qui ont commencé à se réduire en raison de la maladie et des décès.

Avec le SIDA, une forme totalement nouvelle a fait son apparition, la « cheminée démographique », que l’on observe dans la projection de la structure démographique au Botswana en 2020.

Par rapport à la structure démographique que le Botswana aurait présentée en l’absence du SIDA, la base en est moins large. Un grand nombre de femmes infectées par le VIH meurent ou deviennent infertiles bien avant la fin de leur période de reproduction, ce qui a pour conséquence de réduire le nombre de naissance. En outre, jusqu’à un tiers des nourrissons nés de femmes séropositives au VIH seront infectés avant ou pendant la grossesse, ou par le lait maternel, et ils seront moins nombreux à survivre jusqu’à l’enfance ou l’adolescence.

Le changement de loin le plus impressionnant dans la pyramide se produit aux âges où les jeunes adultes qui sont infectés au début de leur vie sexuelle commencent à mourir su SIDA. En Afrique Subsaharienne, les jeunes ont généralement une probabilité deux à trois fois plus élevée que les jeunes hommes de contracter l’infection avant 24 ans. Par conséquent, commençant avec les femmes au milieu de la vingtaine et les hommes au milieu de la trentaine, la population adulte se réduit de manière radicale.

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Seuls les adultes qui ont échappé à l’infection par le VIH pourront survivre jusqu’à l’âge mûr ou la vieillesse. En 2020, il y aura au Botswana plus de femmes de 60 à 70 ans que de femmes dans la quarantaine ou la cinquantaine. (Source : Aide Mémoire, ONUSIDA, Juillet 2000)

2.2 – Le VIH/SIDA et le développement

L’augmentation des maladies et des décès dus au SIDA dans les régions du monde les plus touchés, notamment en Afrique Subsaharienne, anéantit des années de développement à tous les niveaux et dans l’ensemble de la société.

2.3 – Impact sur les ménages

Dans les zones urbaines de la Côte d’Ivoire, les dépenses en faveur de l’éducation ont été divisées par deux, la consommation alimentaire a diminué de 41% par habitants et les dépenses de santé ont plus que quadruplés dans les ménages dont un des membres a été atteint du SIDA.

Une des stratégies fréquemment appliqués dans les ménages touchés par le SIDA consiste à envoyer un ou plusieurs enfants vivre avec les membres de la famille élargie, pour assurer leur nourriture et leur prise en charge.

Depuis le début de l’épidémie du SIDA, 13,2 millions d’enfants (dont 95% en Afrique) ont perdu leur mère ou leurs deux parents à cause du SIDA, alors qu’ils avaient moins de 15 ans.

2.4 – Impact sur l’éducation

Le SIDA diminue le nombre des enseignants et augmente la taille des classes, ce qui réduit les sommes disponibles pour les frais de scolarité et intensifie la pression qui pousse les enfants à quitter l’école pour entrer dans la vie active.En République Centrafricaine entre 1996 et 1998, presque autant d’enseignants sont morts qu’il y a eu d’enseignants partant à la retraite. Parmi ceux qui sont décédés, 85% environ étaient séropositifs au VIH.

Au cours des dix premiers mois de 1998, la Zambie a perdu 1300 enseignants (soit un nombre équivalent aux deux tiers de tous les nouveaux enseignants formés chaque année dans le pays).

Des entretiens réalisés dans des entreprises agricoles de Zimbabwe ont montré que 48% des orphelins en âge de suivre l’école primaire avaient quitté l’école et aucun des orphelins en âges d’être à l’école secondaire n’étaient resté scolarisé. 2.5.– Impact sur le secteur de la santé

La demande accrue de soins de santé émanant des personnes atteintes de maladies associées au VIH frappe déjà les services de santé publique débordés de nombreux pays en développement et la pression ira en s’accroissant encore.

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Depuis le début de l’épidémie du SIDA, 18,8 millions d’enfants et d’adultes sont tombés malades et sont décédés. Près du double vive avec le VIH. En 1999, quelques 5,3 millions de nouvelles infections se sont produites.

Selon des estimations récentes, les dépenses de santé publique imputable au seul SIDA dépassaient déjà, en 1997, 2% du produit intérieur brut (PIB) dans sept pays africains dans lesquels la totalité des dépenses de santé (toutes les maladies confondues) couvertes par des fonds publics et privés représentent 3 à 5% du PIB.

Ces dernières années, les malades séropositifs au VIH ont occupé la moitié des lits d’hôpitaux des grandes villes dans des pays comme le Burundi, le Kenya et la Thaïlande.

Dans le même temps, une épidémie de tuberculose explose dans les pays les plus touchés par le SIDA. La tuberculose est devenue la première cause de décès parmi les personnes infectées par le VIH et représente environ un tiers de tous les décès dus au SIDA dans le monde.

La mise au point de nouvelles thérapies à l’intention des personnes infectées par le VIH augmentera encore les coûts de la santé (infrastructure, médicaments, formation, personnel).

La maladie et les décès dus au SIDA augmentent au sein du personnel de santé. Dans un hôpital Zambien, les décès parmi les agents de santé ont été multipliés par 13 entre 1980 et 1990, principalement en raison du VIH.

PREVENTION DES IST/VIH/SIDA

1- EVALUATION ET REDUCTION DU RISQUE D’IST/VIH/SIDA

1.1 - Evaluation du risque

L’évaluation du risque consiste à aider le client à revivre son passé afin d’identifier s’il a une fois eu un comportement qui l’exposait à une IST y compris l’infection à VIH. Elle permet de :

- identifier les éléments sur lesquels agir pour un éventuel changement de comportement

- identifier les comportements à éviter

- aider le client à comprendre la relation entre son comportement et son infection

- amener le client à prendre conscience des dangers

- permettre au prestataire et au client d’élaborer des stratégies pour réduire le risque

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Le prestataire pour faire une évaluation du risque peut utiliser différentes techniques parmi lesquelles :

- le questionnement

- l’utilisation de l’outil d’évaluation et de réduction du risque.

Les questions qu’il faudrait poser au client afin de l’aider à évaluer son risque sont les suivantes :

- Avez -vous déjà eu des rapports sexuels sans préservatif ?- Avez-vous, vous ou votre partenaire, déjà eu des rapports non protégés avec

une autre personne ?- Avez-vous déjà eu une IST ?- Avez-vous déjà tellement bu que vous ne saviez plus ou ne pouviez plus vous

rappeler ce que vous faisiez ?

Si le client répond oui à une seule de ces questions, cela signifie qu’il est exposé(e) au risque de contracter l’infection à VIH ou d’autres IST.

1.2 – Elaboration du plan de réduction du risque (de vie saine)

Il ne suffit pas que le prestataire aide le client à savoir s’il est à risque ou non et de le laisser partir, il faudrait l’aider à identifier les voies et moyens pour se protéger. Cette collaboration en vu de savoir quel comportement avoir afin de se préserver est appelée élaboration d’un plan de vie saine ou de réduction du risque. Le prestataire doit alors amener le client à reconnaître les attitudes qui augmentent son risque et en fonction de cela, l’aider à planifier les changements nécessaires.

Dans l’élaboration de ce plan, le client aura à choisir un ou plusieurs éléments suivants:

- Parler à mes parents, mes frères et sœurs et à mes amis des IST et du VIH

- Parler à mon partenaire de la prévention IST/VIH et de la grossesse- Demander à mon partenaire de parler à un prestataire de santé de la prévention

des IST/VIH- Décider de retarder le début de ma vie sexuelle jusqu’à un âge plus avancé ou

jusqu’au mariage- Décider d’interrompre mes activités sexuelles jusqu’à un âge plus avancé ou

jusqu’à ce que mon partenaire et moi-même fassions le test du VIH- Demander à mon partenaire d’utiliser des préservatifs- Décider d’utiliser des préservatifs en plus d’une autre méthode contraceptive

pour une double protection- Acheter des préservatifs et les avoir à portée de main afin de parer à toute

éventualité- Décider de n’avoir qu’un seul partenaire- Eviter l’alcool afin de pouvoir contrôler mes faits et gestes- Décider de mettre fin à une relation avec un/une partenaire en qui je n’ai pas

confiance ou qui me presse d’avoir des relations sexuelles

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- Décider d’utiliser un préservatif chaque fois que j’aurai un rapport sexuel, même si j’utilise par ailleurs une autre méthode contraceptive

- Faire le test du VIH ; en me rappelant que la plupart des personnes qui font le test ne sont pas infectées

- Demander à mon partenaire de faire le test du VIH

2- PREVENTION DE LA TRANSMISSION PAR VOIE SEXUELLE

Les mesures de prévention des IST/VIH/SIDA par la voie sexuelle se résument à une adoption d'un comportement sexuel responsable marqué par une éducation sexuelle pouvant aboutir à une abstinence, l’utilisation du préservatif, ou la fidélité réciproque.

2.1- L'adoption d'un comportement sexuel responsable : l'éducation sexuelle

Elle nécessite une éducation sexuelle précoce commençant avant la puberté et des campagnes d'information, éducation communication (IEC) dirigées vers le grand public et ciblant les groupes sexuellement vulnérables.

- A commencer à partir de la pré puberté. A ce stade, leur faire prendre conscience de leur identité sexuelle et leur différence par rapport à l’autre.

- A la puberté : leur expliquer la physiologie et l'anatomie de leur corps et la normalité du désir et de l'attraction vers l'autre. Les informer des risques des rapports sexuels (grossesse et IST) et des moyens de les éviter (abstinence, fidélité ou préservatif)

- Cette éducation sexuelle doit être dispensée par des éducateurs qualifiés.

2.2- La promotion de l'utilisation du préservatif par l'amélioration de la disponibilité, de l'accessibilité, de l'acceptabilité et du contrôle de la qualité du préservatif

La disponibilité : évaluer les besoins et veiller à un approvisionnement régulier

L'accessibilité : le coût du préservatif doit être suffisamment bas pour qu'il soit à la portée des jeunes les plus démunis. Le système de distribution doit veiller à réduire et si possible à éliminer les intermédiaires afin de permettre un accès direct des jeunes au préservatif. Ces préservatifs devraient être disponibles dans les centres de soins, pharmacies, lieux de loisirs des jeunes, hôtels, maisons closes etc.…. Les distributeurs automatiques répondent bien à cet objectif.

L'acceptabilité : L'amélioration de l'acceptabilité du préservatif est l'objectif le plus difficile à réaliser. Pour l'atteindre, il est fondamental de commencer les actions IEC concernant le préservatif très tôt, au moment de l'adolescence, en s'adressant aux deux sexes d'une façon égale. En effet, une fois les habitudes et le goût sexuel établis, il devient très difficile de les changer. Les campagnes IEC doivent établir  la confiance des jeunes envers le préservatif, leur apprendre sa bonne utilisation valoriser l'utilisateur de ce moyen préventif, mettre une charge érotique sur le préservatif, lutter contre les nombreuses fausses croyances relatives au préservatif et promouvoir l'utilisation des préservatifs au sein de la population.

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2.3- la fidélité réciproque

La fidélité réciproque consiste à faire en sorte les partenaires sexuels constituent un cercle fermé. Qu’il soit homme ou femme, personne n’aura de rapport sexuelle en dehors de son partenaire habituel. Pour mieux prévenir le VIH par cette voie, il est recommandé que les partenaires aient subi le test de dépistage, qu’il se reconnaissent séronégatif et qu’il aient partagé leur statut sérologique entre eux.

3 – PREVENTION DE LA TRANSMISSION MERE ENFANT

3.1 – Considérations générales

La TME est à l’origine de la majorité des infections à VIH chez les enfants de moins de 15 ans. Depuis qu’a commencé la pandémie, on estime que 5,1 millions d’enfants ont contracté l’infection dans l’ensemble du monde, presque toujours par transmission mère enfant. En 2000, plus de 600 000 enfants ont contracté l’infection, dont 90% en Afrique.

3.2- Ampleur

 Au niveau mondial, la transmission mère enfant (TME) est diversement appréciée. Toutefois, c’est l’Afrique qui détient le triste record de pourcentage de TME.

Dans ces conditions, la prévention de la TME ne pourra remplir le rôle qui est sien qu’en intensifiant le diagnostic sérologique prénatal à travers les Cliniques de Dépistage Volontaire et Anonyme « VCT ».

Pour illustrer l’ampleur de la TME, prenons l’exemple suivant 

Si le nombre de grossesses attendues est de 30.000/an dans une ville et si le taux de couverture de CPN est de 60%, seulement 18.000 femmes en grossesse auront consulté au cours de leur grossesse. Avec une prévalence de 2,7% de femmes en grossesse, on comptait : 30.000 x 60% soit 18.000 femmes en CPN ; avec 2,7% de séroprévalence chez les femmes en grossesse, on aurait 18000 x 2,7% soit 490 nouveau-nés connus exposés au VIH de la grossesse au sevrage et 324 nouveau-nés exposés au VIH non connus.

Soit un total de 814 nouveau-nés exposés au VIH par an dans cette ville seulement.

Cette réalité qui est la nôtre et qui nous interpelle, nous impose de mener un counseling bien adapté afin d’amener les femmes en grossesse à fréquenter les services de santé de la reproduction (SR), faire un test de dépistage et bénéficier de la prévention de la TME. Ainsi , la surveillance de la grossesse sera discutée avec la gestante et si possible avec le père à qui un dépistage systématique doit être proposé.

En fonction du bilan clinique, immunologique, virologique et du rapport bénéfice risque pour la femme et l’enfant, la décision de poursuivre la grossesse se fera au cas par cas, avec le soutient d’une équipe pluridisciplinaire.

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Il est recommandé de ne débuter la prophylaxie antirétrovirale qu’au début du 3è trimestre ce qui permet de limiter la durée de l’exposition in-utéro aux antirétroviraux.

3.3 – Risques de transmission

Une mère infectée peut transmettre le VIH à son enfant au cours de la grossesse, pendant le travail ou l’accouchement, ou encore durant l’allaitement au sein. Lorsque la mère n’allaite pas, la contamination se produit la plupart du temps au cours du travail et de l’accouchement. Les taux de transmission observés vont de 13 à 22% dans les pays industrialisés et de 25 à 48% dans les pays en développement. Dans les populations où les femmes ont coutume d’allaiter au sein, le nombre de nourrissons nés de mères porteuses du VIH et susceptibles de contracter l’infection lors de l’allaitement peut atteindre 20%, selon la durée de cet allaitement et en fonction d’autres facteurs de risque tels que la présence d’une mastite, d’un abcès du sein ou d’autres facteurs locaux.

Tableau 1 : TAUX DE TRANSMISSION (%)

Moment de survenue Pas d’allaitement au

sein

Allaitement au sein pendant 6 mois

Allaitement au sein pendant 18 à 24

mois

Au cours de la grossesse 5 à 10 5 à 10 5 à 10

Au cours du travail 10 à 20 10 à 20 10 à 20

Au cours de l’allaitement

- Précocement (2 premiers mois)

- Tardivement (après 2 mois)

5 à 10

1 à 5

5 à 10

5 à 10

Globalement 15 à 30 25 à 35 30 à 45

Source : De Cock KM et al. 2000

3.4 – Stratégie pour la prévention de la transmission mère enfant

Les organisations du système des Nations Unies recommandent une stratégie à trois volets pour prévenir la transmission du VIH à l’enfant :

- La prévention primaire de l’infection à VIH chez les futurs parents

- La prévention des grossesses non désirées chez les femmes infectées par le VIH

- La prévention de la transmission du VIH d’une femme infectée à son enfant en utilisant des techniques d’accouchement sûres et enfin en apportant conseils et soutien pour faire adopter des pratiques plus sûres en matière d’alimentation du nourrisson

3.4.1- Composantes d’un programme général de prévention de la transmission

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du VIH de la mère à l’enfant

L’utilisation d’un schéma prophylactique n’est que l’une des composantes d’un programme de prévention de la transmission mère enfant (TME). S’il est vrai que l’accent qui est mis sur l’utilisation de ce type de schéma prophylactique permet au public de prendre davantage conscience de la possibilité d’éviter la transmission du VIH aux nourrissons et crée par là des conditions favorables à l’action, il ne faut pas pour autant oublier les autres composantes du programme.

Les programmes de prévention de la TME se limitent souvent à des interventions données au cours de la grossesse et au moment de l’accouchement aux femmes infectées par le VIH. Pour que ces mesures aient un impact sensible et durable, il n’y a d’autre alternative que de mettre en œuvre la totalité des composantes de ce programme général. En outre, nombre de ces composantes constituent par elles-mêmes des stratégies fondamentales de l’action de prévention générale contre l’infection à VIH.

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Tableau 2 : Les composantes des programmes de prévention de la TME et leur part dans la stratégie à trois volets

(Selon vous, quelles sont les actions à entreprendre en fonction du type de prévention de la transmission mère-enfant)

Prévention primaire

De l’infection à VIH

Chez les futurs parents

Prévention des grossesses nonDésirées chez

les femmesInfectées par le

VIH

Prévention de la

transmission du VIH des

femmes infectées par le VIH à leur

enfant

Information, éducation et conseilRelatif à la prévention del’infection à VIH et aux soins correspondants y compris les méthodes de prévention de la TME-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Action en faveur de l’usage du préservatif

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Conseil et test volontaires

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Services de planification familiale-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Traitement des infections sexuellement transmissibles

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Soins prénatals

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Prévention de la transmission au moyen De schéma prophylactiques antirétroviraux

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Techniques d’accouchement sures

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Conseil et soutien en vue de l’adoption de pratiques plus sures pour l’alimentation du nourrisson-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Action communautaire en vue de faire reculer la stigmatisation et la discrimination et d’accroître l’appui sur le plan de la prévention et des soins-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Il importe également d’assurer des soins et un soutien, ou le cas échéant de les améliorer, aux personnes et à leur famille, notamment :

- Des soins à l’intention des mères infectées par le VIH- Un soutien psychosocial destiné aux mères et à leur famille- Une planification des soins et du soutien à long terme à l’intention des enfants de la famille infectées ou affectées par le VIH

On ne peut sans doute pas obtenir dans l’immédiat l’intégration dans les services de santé maternelle et infantile de toutes les interventions de bases pour la prévention de la TME, ainsi que les liens avec des interventions dans un contexte plus large, mais il faut s’efforcer d’y parvenir à long terme afin d’améliorer l’efficacité et la pérennité du programme.

3.4.2- Mesures obstétricales de prévention de la TME

Les mesures obstétricales de prévention sont en rapport avec les facteurs suivants :

- Dépister et traiter énergiquement toutes les infections du tractus génital et les IST- Dépister et traiter les Menaces d’Accouchement Prématuré (MAP) et les

chorioamniotites en cas de rupture des membranes.- Eviter les amnioscopies, les Version par Manœuvre Externe (VME) le cerclage du

col, lorsque l’indication est indiscutable doit être précédé par une prophylaxie antirétrovirale au moins 15 jours avant le geste

- Eviter au tant que faire se peut les gestes invasifs tels que les amniocentèses ou les entourer d’une asepsie et de précautions techniques rigoureuses après une prophylaxie antirétrovirale.

- Prévoir une césarienne élective à partir de 38 Semaines d’Aménorrhée- Quel que soit le mode d’accouchement, faire une perfusion d’AZT à la femme

3.4.3 - Utilisation des antirétroviraux (ARV) pour la prévention de la transmission mère enfant

Assurer la prévention primaire de l’infection à VIH chez les futurs parents et éviter aux femmes infectées par le VIH les grossesses non désirées constituent des stratégies à long terme qui sont fondamentales pour la prévention de la transmission du VIH à l’enfant. Toutefois, nombreuses sont les femmes qui ont une grossesse alors qu’elles sont infectées par le VIH et d’autres peuvent contracter l’infection alors qu’elles sont déjà enceintes. On a montré que l’administration d’antirétroviraux au cours de la grossesse et de l’accouchement réduit efficacement la transmission du virus de la mère à l’enfant. Ces traitements réduisent le risque de TME d’une part en diminuant la réplication du virus chez la mère et d’autre part, en assurant une prophylaxie chez le nourrisson pendant et après son exposition au virus.

Efficacité

C’est à partir de 1994 que l’on a observé une réduction remarquable du taux d’infections pédiatriques à VIH dans les pays industrialisés, lorsque le Protocole 076

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du Pediatric AIDS Clinical Trials Group (PACTG) a montré que l’administration de zidovudine à des femmes à partir de la quatorzième semaine de la grossesse et pendant le travail ainsi qu’à leur nouveau-né avait pour effet de réduire le risque de TME de près de 70% en l’absence d’allaitement au sein. Associé à une césarienne programmée, ce schéma prophylactique a ramené le taux de transmission à 2% voire moins, en l’absence d’allaitement au sein.

Appliquée à des femmes enceintes, l’association de thérapie antirétroviral connue sous le nom de thérapie antirétrovirale de haute activité (désignée en anglais par le sigle HAART) et utilisée pour traiter les sujets infectés par le VIH, à permis de ramener le taux de transmission verticale à des valeurs tout aussi faibles.

Le coût et la complexité de ces schémas thérapeutiques en ont restreint l’usage en milieu défavorisé. Cependant, depuis 1998, il existe un schéma plus court, basé sur l’administration de zidovudine seule à partir de la 36e semaine de grossesse, dont on a montré qu’il réduit le risque de transmission du VIH à 6 mois de 50% en l’absence d’allaitement maternel et de 37% en cas d’allaitement maternel.

D’autres essais cliniques ont montré que des schémas antirétroviraux de courte durée basés sur une association zidovudine plus lamivudine ou sur la névirapine seule pouvaient également réduire sensiblement le risque de transmission de VIH.

L’efficacité à court terme des schémas prophylactiques courts, c’est-à-dire la présence ou l’absence d’infection chez le nourrisson de 6 à 8 semaines de vie, a été mise en évidence dans le cas des schémas constitués de zidovudine seule, de zidovudine plus lamivudine ou de névirapine seule. L’efficacité à long terme, c’est-à-dire la présence ou l’absence d’infection chez l’enfant a été évaluée dans le cas du schéma court à base de zidovudine à l’âge de 24 mois et dans le cas du schéma à base de névirapine à l’âge de 18 mois, avec allaitement au sein.

Selon les données disponibles, la proportion des enfants contaminés par le VIH présent dans le lait maternel s’est révélée comparable pour ces deux schémas prophylactiques et la différence constatée au début dans la réduction de la transmission du VIH s’est maintenue malgré la poursuite de l’exposition au virus contenu dans le lait maternel. L’évaluation de l’efficacité à long terme du schéma zidovudine plus lamivudine dans ces populations est en cours.

Tous ces schémas prophylactiques comportent l’administration d’antirétroviraux pendant l’accouchement, la durée de la prophylaxie avant et après l’accouchement étant variable. Si l’efficacité des schémas les plus complexes qui comportent une prophylaxie avant, pendant et après accouchement est un peu meilleure, le schéma consistant dans l’administration d’une dose unique de névirapine à la mère pendant le travail et au nourrisson après l’accouchement, s’est également révélé efficace et il est plus commode.

Innocuité

Dans le cas des femmes et des nourrissons à qui l’on donne la possibilité de bénéficier d’une prophylaxie antirétrovirale aux fins de prévention de la TME, il faut peser le risque que comporte l’exposition à un ou plusieurs médicaments par rapport

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à l’avantage que constitue un moindre risque de transmission d’une infection mortelle au nourrisson. Tous les essais cliniques contrôlés portant sur la prévention de la TME ont montré que ces prophylaxies antirétrovirales étaient sans danger et bien tolérées à court terme. On procède actuellement au recueil de données sur l’innocuité à long terme et sur les modes de résistance aux antirétroviraux.

Choix du ou des schéma(s) prophylactique(s) antirétroviraux

Le choix d’un ou plusieurs schémas prophylactiques à inclure dans un programme de prévention de la TME doit se faire sur la base de leur faisabilité, de leur efficacité, de leur acceptabilité et de leur coût. Cependant, il convient de noter que le coût des médicaments peut ne représenter qu’une fraction du coût des services nécessaires pour le fonctionnement efficace d’un programme de prévention de la TME.

5 – UTILISATION DE LA NEVIRAPINE POUR LA PREVENTION DE LA TRANSMISSION MERE ENFANT

Depuis quelques années, le recours à la névirapine suscite beaucoup d’intérêt du fait que, comme l’ont montré les essais cliniques, elle réduit efficacement la T.M.E., elle est bon marché et d’une utilisation commode dans les programmes de prévention de la T.M.E. On trouvera dans ce qui suit de plus amples renseignements sur son utilisation à cette fin.*

La névirapine est un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI) qui, par fixation directe à la transcriptase inverse du VIH – 1, ralentit la synthèse de l’ADN viral et inhibe par conséquent la réplication du virus. Chez l’adulte, la névirapine est rapidement absorbée après administration par voie orale et elle possède une longue demi-vie d’élimination (T1/2) égale à environ 40 heures. Administrée en prise unique de 200mg par voie orale à la mère au début du travail, la névirapine franchit efficacement la barrière placentaire. Chez le nourrisson, les valeurs médianes de la t1/2 vont de 45 à 72 heures en ce qui concerne l’élimination d’une dose unique de 2 mg/kg administrée au nouveau-né.

Les essais cliniques ont montré qu’une dose unique de névirapine présentait une bonne innocuité et une bonne tolérance à court terme. D’après les données relatives à 38 couples femmes/nourrissons recrutés pour les essais initiaux de phase 1 PACTG 250 et HIVNET 006, il n’y a pas eu d’éruption cutanée ni de manifestations indésirables graves attribuables à la névirapine qui soient mises en évidence soit par des examens de laboratoire soit par observation de symptômes cliniques chez les femmes ou les enfants. Parmi les 960 couples femmes/nourrissons qui ont été exposés à la névirapine soit pendant l’accouchement, soit à la naissance dans le cadre des essais HIVNET 012 et SAINT il n’y a pas eu de différence significative en ce qui concerne les effets toxiques, la présence d’éruption cutanée, d’anémie, d’anomalies hépatiques ou la mortalité entre ceux qui étaient dans le groupe ayant reçu la prophylaxie par la névirapine et ceux ayant reçu la prophylaxie de courte durée par la zidovudine ou par l’association zidivudine + lamivudine.

Dans le cadre de l’essai PACTG 316, 1506 femmes soumises à une thérapie antirétrovirale (généralement une association de plusieurs médicaments) ont été réparties de manière aléatoire en deux groupes recevant au moment de

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l’accouchement, l’un une dose supplémentaire de névirapine et l’autre, un placebo. On a constaté de différence dans les effets toxiques observés chez les mères ou les nourrissons entre les sujets des deux bras de cette étude. Le recueil des données sur l’innocuité à long terme de la névirapine en prise unique est en cours.

Chez un certain nombre de femmes et de nourrissons qui recevaient une dose unique de névirapine ou de lamivudine aux fins de prévention de la TME, on a observé la sélection de virus résistants. Ces virus résistants vont redevenir des souches sauvages sensibles aux antirétroviraux dans les 12 à 14 mois suivant l’arrêt du traitement par la névirapine. On ignore encore quelle peut être la portée clinique, pour les programmes de prévention de la TME, de l’apparition d’une résistance aux antirétroviraux notamment en ce qui concerne les futures options thérapeutiques pour la mère ou l’enfant ou les résultats de la prophylaxie au cours d’une grossesse ultérieur, si l’on utilise le même produit. Au cours de la consultation technique de l’OMS qui s’est tenue en octobre 2000, on a examiné avec soin les données disponibles à ce sujet et la conclusion a été que la réduction de la transmission du VIH de la mère à l’enfant grâce à ces schémas prophylactiques antirétroviraux constituait un avantage compensant largement les craintes que l’on peut nourrir au sujet de l’apparition d’une pharmacopérésistance.

La névirapine et la zidovudine ont été incluses en 1999 dans la liste modèle OMS des médicaments essentiels avec pour seule indication la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le schéma prophylactique HIVNET 012 à base de névirapine utilisé pour la prévention de la TME consiste dans la prise par la mère d’un comprimé de 200 mg par voie orale au début du travail, une dose unique de névirapine de 2 mg par kg étant ensuite administrée par voie orale au nouveau-né dans les 72 heures suivant la naissance.

D’après l’expérience acquise dans ce domaine, la mère peut prendre le comprimé par voie orale à son domicile au début du travail. En revanche, il est essentiel que l’enfant soit conduit dans un établissement de soins dans les 72 heures qui suivent sa naissance pour y recevoir sa dose orale de névirapine en suspension.

6.- PREVENTION DE LA TRANSMISSION MERE ENFANT APRES L’ACCOUCHEMENT

Soins Préventifs du nouveau-né en salle d’accouchement.

A la naissance, il est recommandé dans les soins au nouveau né d’instiller desnstiller des collyres non irritantcollyres non irritant

En cas de réanimation néonatale, éviter les gestes invasifs et brusques pouvant blesser le nouveau-né

L’allaitement maternel

Procurer une alimentation efficace et sûre pour tous les enfants nés de mère VIH+ demeure la préoccupation première. L’allaitement maternel est essentiel jusqu’à 3-4 mois pour la survie des enfants dans beaucoup de pays. Le lien mère enfant et le développement de l’enfant sont fortement favorisés par la mise au sein précoce et

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l’allaitement maternel. Mais il est prouvé qu’il existe un risque croissant dans le temps d’acquisition du VIH par l’allaitement maternel.

Le risque de mortalité lié à une alimentation artificielle devient nettement élevé après l’âge de 6 mois. Il faut donc informer toutes les mères de ce fait.

Prodiguer des conseils sur les meilleures pratiques d’allaitement (bonne préhension du mamelon, hygiène rigoureuse pour éviter les gerçures du mamelon et les infections mammaires)

Eviter si possible l’allaitement maternel. Dans le cas contraire, procéder à l’allaitement exclusif pendant les 4 à 6 premiers mois en respectant les traditions culturelles locales.Prodiguer des conseils nutritionnels adaptés à chaque localité.

Les progrès thérapeutiques permettent aujourd’hui aux femmes infectées par le VIH de jouir de leur droit fondamental d’être mères. Sous traitement antirétroviral, le risque de transmission de la mère à l’enfant est d’environ 5%. Des symptômes pouvant faire évoquer une toxicité mitochondriale ont été identifiés chez les enfants exposés pendant la grossesse aux antirétroviraux. Ainsi, la prescription des antirétroviraux durant la grossesse apparaît particulièrement difficile.

La prise en charge de la femme enceinte infectée par le VIH nécessite une collaboration étroite entre le spécialiste du VIH, l’Obstétricien, le Pédiatre et la patiente.

La plupart des cas de transmission surviennent en fin de grossesse et lors de la naissance. Il est donc recommandé :

- D’informer les femmes du bénéfice du traitement et du risque de toxicité pour l’enfant des antirétroviraux administrés pendant la grossesse

- De débuter la prophylaxie antirétrovirale au troisième trimestre, de la poursuivre au moment de l’accouchement, puis chez le nouveau-né pendant 6 semaines.

L’AZT est le traitement prophylactique de référence ; l’option d’une césarienne programmée à 38 SA doit être envisagée dans la stratégie de prévention :

- De débuter un traitement par multi thérapie si l’état immunologique de la femme le nécessite

- De poursuivre les traitements des femmes traitées par multi thérapie avant ou en début de grossesse malgré les incertitudes actuelles,

- D’encourager en toute circonstance l’allaitement maternel jusqu’à 6 mois puis pratiquer un sevrage progressif.

De nos jours, il est discuté de la nécessité d’utiliser la trithérapie pour la PTME. En cas de disponibilité de moyens, il est recommandé d’utiliser la trithérapie.

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7- LA DOUBLE PROTECTION

7.1- Définition de la double protection

La double protection consiste à utiliser des moyens pour se protéger à la fois contre la grossesse non désirée et les infections sexuellement transmissibles dont le virus de l’immunodéficience humaine (IST/VIH).

7.2- Approches pour assurer la double protection

Pour aboutir à la double protection, l’individu peut utiliser différentes approches. L’approche la plus certaine est l’abstinence totale, mais comme elle est souvent inacceptable par la majorité des individus de tout âge, d’autres approches sont possibles :

7.2.1- Utilisation d’une seule méthode (préservatif) 

L’approche par l’utilisation d’une seule méthode consiste à amener les clients à porter le préservatif (masculin ou féminin ) lors de tout rapport sexuel. Un préservatif bien utilisé selon les normes est efficace dans la protection contre la grossesse non désirée et les IST.

7.2.2- Utilisation combinée de deux méthodes 

L’approche par l’utilisation combinée de deux méthodes consiste à encourager l’utilisation du préservatif en plus d’une autre méthode de contraception. Cette autre méthode peut être hormonale, chirurgicale ou mécanique. Le préservatif a pour effet de protéger contre les IST/ VIH et son efficacité protectrice contre la grossesse.

7.2.3- Fidélité réciproque dans un couple monogame ou polygame associée à une méthode contraceptive efficace Pour se protéger contre les infections y compris le VIH, il est préconisé dans cette approche de n’avoir des rapports sexuels que dans un contexte de fidélité réciproque que le couple soit monogamique ou polygamique. L’homme ou la /les femmes ne doivent avoir des rapports sexuels que dans un cadre très intime et fermé. Personne ne doit sortir de ce cadre. Si possible il est recommandé que les membres voulant constituer un tel couple partagent des informations sur leur statut sérologique pour ce qui concerne le VIH. Le bilan pour rechercher les autres infections en vu d’un traitement préalable est aussi conseillé. En plus de ces précautions il faudrait utiliser une méthode contraceptive efficace pour se protéger contre les grossesses non désirées.

7.3- Avantages et inconvénients de la double protection

7.3.1- Avantages

La double protection a beaucoup plus d’avantages que les différentes méthodes prises de façon individuelle. En général, la double protection : - Améliore la santé des individus et des familles

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- Diminue les dépenses liées aux maladies et aux grossesses non désirées- Implique les deux partenaires surtout l’homme dans la prise de décision- Renforce les relations au sein du couple- Améliore l’harmonie dans la famille

7.3.2- Inconvénients

La double protection n’a pas que des avantages, elle a quelques inconvénients même s’ils sont mineurs par rapport aux avantages. Les principaux sont :- L’adhésion de tous les membres du couple- La disponibilité des moyens à tout moment- L’apprentissage de l’utilisation des méthodes- La possibilité des effets secondaires des méthodes utilisées

7.4- Indications de la double protection

La double protection est une méthode nécessaire pour toutes les personnes sexuellement actives en dehors des désirs de maternité. Elle s’applique :- A l’homme, de l’adolescence jusqu’à l’âge très avancé où il sera sexuellement

inactif - Pour la femme de l’adolescence jusqu’à la ménopause. Après la ménopause, le

programme de protection vise les IST/VIH/SIDA étant donné que la possibilité de grossesse est écartée.

La double protection est très utile dans les circonstances suivantes : - L’adolescence- Le célibat- Les situations de migrations ou de promiscuités liées à un évènement (conflit ou

naturel)- L’éloignement du domicile- La prostitution- Les risques de rapports occasionnels

7.5 - Stratégies pour aboutir a la double protection

La double protection n’est pas une affaire d’une seule personne, c’est une question de couple donc pour y parvenir il faut : - Analyser sa propre situation, ses relations sexuelles et celles de son ou sa

partenaire- Discuter de ces problèmes de relations sexuelles avec son ou sa partenaire- Amener le ou la partenaire à accepter que les problèmes d’IST/VIH/SIDA sont

réels- Expliquer l’importance de la double protection- Etre d’accord que la double protection peut nous protéger ainsi que nos

partenaires- Apprendre l’utilisation du préservatif (les deux membres du couple)- Persuader le ou la partenaire de l’utilité du préservatif- Appliquer la fidélité mutuelle- Partenaire engagé- Assurance que l’un ou l’autre n’a pas une IST.

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III.III. SEXUALITE ET IST/VIH/SIDASEXUALITE ET IST/VIH/SIDA  : APPROCHE CULTURELLE: APPROCHE CULTURELLE

INTRODUCTION

La lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le sida en vue d’un changement de comportement pour l’amélioration de la santé, pose certaines difficultés en raison des comportements sexuels qui sont, non seulement d’ordre personnel mais aussi d’ordre culturel. En outre, aborder les questions reliées à la sexualité demeure dans certaines cultures un sujet tabou et souvent embarrassant Les nouvelles croyances sur les rapports sexuels, les rapports humains, la santé et la maladie reliées au VIH/SIDA, ébranlent et remettent en cause le bien fondé des éléments culturels liés à ces domaines. Il est par conséquent nécessaire pour les professionnels (les) de la santé de tenir compte des impératifs culturels et du contexte où vivent leurs clients afin d’assurer des soins de qualités.

1 – SEXUALITE ET IST/VIH/ SIDA : UN SUJET EMBARRASSANT

Les difficultés à aborder les questions de sexualité, d’infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/SIDA, relèvent tant du domaine culturel que du domaine personnel. Parler des infections sexuellement transmissibles (IST) dont le sida demeure, pour la plupart des gens, un sujet plutôt embarrassant puisque, d’une par, il est intimement lié à la sexualité et, d’autre part, il rejoint tous les tabous : la mort, le sexe, le sang, la prostitution et les drogues. Evoquer le comportement sexuel de l’individu ou des ses relations sexuelles proprement dites, est une question gênante et difficile à aborder même pour des prestataires expérimentés. On remarque que les gens sont souvent trop timides pour demander l’information dont ils ont besoin, de parler de leurs symptômes ou pour se procurer les soins nécessaires en cas d’infection. Des sentiments de remord, de honte et de culpabilité habitent généralement les gens lorsqu’ils sont infectés et c’est souvent, lorsqu’ils ont épuisé toutes les ressources plus ou moins bonnes pour se soigner, qu’ils viennent en consultation. C’est pourquoi, on compte beaucoup de cas de IST dont de sida non déclarés. En outre, ils sont très réticents lorsque vient le moment d’en parler avec leurs partenaires. En somme, discuter de sexe, admettre des activités sexuelles, surtout chez les adolescents et adolescentes, rend mal à l’aise et le sujet est souvent tabou et «interdit ». Par ailleurs, certains prestataires hésitent à conseiller les jeunes à utiliser les préservatifs, considérant que c’est une incitation à des pratiques précoces en contradiction avec la culture et la religion.

Quoi qu’il en soit, le personnel de santé est bien conscient des difficultés auxquels il se heurte dans l’adoption, par leurs clients et clientes, de nouveaux comportements. Pourquoi, malgré tous les messages véhiculés sur les infections sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA, les gens n’adoptent-ils pas un comportement sexuel responsable pour leur bien-être ? Il semble qu’à l’heure actuelle, force est de constater que le fait de connaître et comprendre les messages concernant la santé ne suffit plus pour que les gens changent de comportement.

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C’est pourquoi, pour obtenir de véritables changements de comportement en matière de IST/VIH/SIDA, les prestataires de services de santé devront tout d’abord tenir compte, lors de leurs consultations, de l’aspect le plus personnel de la vie de leurs clients et clientes, c’est-à-dire sa sexualité, des facteurs socioculturels qui influencent son comportement et des facteurs de résistance à un changement de comportement.

En outre, les prestataires devront avoir le courage, dans des circonstances jugées suspectes, d’évoquer avec le client ou la cliente les problèmes de sida quelque soit le statut de la personne qui consulte.

2 - LE COMPORTEMENT SEXUEL ET LES FACTEURS D’INFLUENCE

2.1 - Définition du comportement 

Avant d’expliquer les facteurs personnels et culturels qui influencent le comportement d’un individu, il est utile de comprendre le concept du comportement. Selon la définition de l’Encyclopédie UNIVERSALIS, se comporter signifie, agir, parler et être d’une certaine manière, c’est adopter une certaine conduite. Les règles du comportement humain font toujours l’objet de présomptions variables et c’est l’exécution de celles-ci qu’on appelle conduite.

Par ailleurs, Le Petit Larousse illustré 1999 donne comme signification du comportement : « un ensemble de réactions observables, objectivement, d’un organisme qui agit en réponse aux stimulations venues de son milieu intérieur ou du milieu extérieur ». Il est donc rare de rencontrer un individu ayant un comportement d’une stabilité constante puisque, au cours de sa vie, il subit diverses influences que ce soit de son milieu ou du milieu extérieur.

Bien qu’il soit révélateur des significations données par l’individu de ce qu’il perçoit et éprouve dans l’espace et dans le temps, il est l’expression d’une structure cognitive (connaissances) et affective (attitudes) à travers des opinions, croyances et idées. On observe souvent des écarts entre le niveau de connaissances acquises et le comportement sexuel de l’individu.

2.2 – Les facteurs d’influence

Le comportement sexuel, bien que déterminé par la culture, est influencé par différents facteurs qui rendent la prévention des IST et du sida particulièrement difficile. Tout d’abord on note les facteurs liés à la personnalité d’un individu, l’influence d’un groupe, du statut et du rôle social, de la religion, de l’influence de certaines personnalités importantes, des facteurs socio-économiques et juridiques ainsi que des facteurs liés aux services de santé.

2.2.1 - La personnalité

Les comportements sont extrêmement individualisés et personnalisés. Pour expliquer de quelle façon une personne se comporte dans telle ou telle circonstance, il convient de recourir à la notion de personnalité.

La personnalité, en tant que structure durable, est un ensemble de traits généraux commandant des formes cohérentes et stables de conduites. Les

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actions des individus sont expliquées en terme de pulsions, instincts, désirs et besoins (défense, besoins de dépendance, hostilité, etc.).

Le point de vue situationnel met l’accent sur le poids de la situation dans laquelle se conduit l’individu. Ici on insiste davantage sur une notion d’habitude, de statut, de rôle prescrit au plan socioculturel (socialisation, groupe d’appartenance…).

Le comportement sexuel est essentiel à l’identité et à l’estime de soi de tout individu. Il est personnel, solidement enraciné et fait partie de la vie intime de l’individu.

Les caractéristiques personnelles de l’individu : l’âge, le sexe, les expériences vécues, l’éducation reçue, les connaissances acquises et les préjugés déterminent son comportement sexuel. Certaines de ces caractéristiques peuvent soulever des obstacles quant au changement de comportement sexuel par exemple, l’inégalité des pouvoirs entre les hommes et les femmes ainsi que des attentes et des valeurs différentes liées à la sexualité masculine et à la sexualité féminine.

Les attitudes, pouvant entraîner un comportement sexuel responsable proviendraient d’un sentiment de vulnérabilité face à la maladie et de la capacité personnelle de réalisation du comportement en question.

2.2.2 – La culture

La culture est l’ensemble d’habitudes, attentes, rites, valeurs et convictions, qui sont propres à une société. Elle détermine, soit entièrement ou en partie, les modes d’expression et influence les attitudes et les idées sur la santé et la maladie. La culture détermine la manière dont on interprète et explique les infections sexuellement transmissibles (IST) et le Sida, « Il est donc essentiel de comprendre la construction culturelle du sida et ses liens avec les relations sexuelles, la procréation, le mariage et les croyances connexes pour mieux interpréter les réactions à la maladie » (Brooke Grundfest Schoepf, 1991). Dans certaines régions, par exemple, certains considèrent cette maladie propre aux homosexuels ou transmises par des prostitués ou par des étrangers. Pour d’autres, elle est imputable à la main de Dieu, au mauvais sort ou autre pouvoir surnaturel.

2.2.3- Les groupes d’appartenance

Le groupe, auquel adhère ou appartient un individu, exerce sur celui-ci une pression qui tend à le rendre conforme aux modes de comportement et de jugement du groupe. Tout groupement d’individus engendre ses habitudes, ses normes et ses valeurs dont s’imprègnent ses membres. Par exemple un groupe religieux, un groupe de travail, un groupe musical ou encore un groupe de jeunes pairs. On peut citer, aussi, les groupes militaires et paramilitaires, les migrants, les routiers. Les gens qui appartiennent à ces groupements, bien que liés par le travail, subissent diverses formes d’influence.

2.2.4- Le statut et les rôles sociaux 

Le statut social d’un individu détermine son comportement, de même qu’il induit le comportement des autres à son égard. Le rôle social est l’aspect dynamique du statut. Il représente l’exercice de fonctions sociales à l’intérieur d’un groupe.

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2.2.5 - Les personnalités influentes

Les attitudes peuvent être déterminées par l’influence de personnalités marquantes auxquelles l’individu accorde crédit, confiance, autorité et valeur personnelle. Le fait de voir une personnalité prestigieuse prendre une telle position, à propos du sida, prédispose certaines personnes à adopter cette même opinion.

2.2.6- La littérature et les médias

La littérature populaire telle que « les romans à l’eau de rose » de même que certains feuilletons télévisés par exemple, « Sublime Mensonge, Riviera, Rose Sauvage » ont souvent chez les jeunes une influence néfaste. Par le biais de ces canaux, ont véhicule des idées fausses sur les rapports entre les hommes et les femmes. Ces médiums laissent entendre que l’amour signifie « le ciel bleu » l’amour sans risque, et influencent largement le comportement des individus particulièrement les adolescents et adolescentes.

2.2.7 - Les facteurs socio-économiques

Le niveau économique d’un individu (niveau de vie, revenu), ainsi que la « culture économique » à laquelle il appartient façonnent les attitudes et prédisposent à un certain comportement. La pauvreté, par exemple, force parfois les femmes et les jeunes filles à avoir des rapports sexuels en échange de biens matériels ou voire même pour survivre. En outre, il arrive qu’une femme mariée ne puisse envisager l’utilisation du préservatif avec son mari par crainte d’une séparation et donc la perte d’un soutien financier, alors qu’elle a la certitude qu’ils a d’autres partenaires. On ne peut également faire abstraction du jeune célibataire, dont financièrement, le mariage lui est inaccessible et qui pourtant n’envisage pas l’utilisation du préservatif pour une relation qu’il souhaite durable.

2.2.8- La religion

On ne peut minimiser l’influence des facteurs religieux dans l’adoption ou le rejet de nouveau comportement face aux IST et à la pandémie du sida. La religion, dans certaines circonstances, encourage l’adoption des comportements sexuels à faible risque comme l’abstinence ou la fidélité. Cependant, elle peut tout aussi être une source d’obstacles importants au changement, en ce qu’elle décourage le libre échange de points de vue sur la sexualité et certaines mesures de protection. C’est pourquoi le prestataire doit être conscient de la manière dont les facteurs religieux influencent la réaction d’une personne face aux IST et au SIDA2.2.9- Les facteurs juridiques 

L’existence de lois protectrices pour les personnes vivant avec le VIH ou malades du SIDA et la vulgarisation des notions de droit à la santé, droit à la vie, droit à l’information en matière des IST/VIH/SIDA sont de nature à favoriser des comportements responsables et à faciliter la tâche des professionnels de santé.

Par ailleurs, lorsqu’on aborde l’exercice de droits de l’homme spécifiquement dans le contexte du VIH/SIDA, il convient de ne pas perdre de vue l’importance des particularismes nationaux et régionaux et la diversité historique, culturelle et

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religieuse. Il est néanmoins du devoir des Etats de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme dans leur contexte culturel. *

Parmi les droits de l’homme pertinents dans le contexte du VIH/SIDA, on peut

citer notamment les droits suivants :

Le droit à la non-discrimination, à une protection égale et à l’égalité devant la loi

Le droit à la vie

Le droit au meilleur état possible de santé physique et mentale

Le droit à la liberté et à la sûreté de la personne

Le droit de circuler librement

Le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile

Le droit à la vie privée

Le droit à la liberté d’opinion et d’expression et le droit de recevoir et de répandre

librement les informations

Le droit à la liberté d’association

Le droit au travail

Le droit de se marier et de fonder une famille

Le droit à l’égalité d’accès à l’éducation

Le droit à un niveau de vie suffisant

Le droit à la sécurité, à l’assistance et à la protection sociale

Le droit de participer aux progrès scientifiques et aux bienfaits qui en résultent

Le droit de participer à la vie publique et culturelle

Le droit de ne pas subir de tortures et de ne pas être soumis à des peines au traitement cruel, inhumain ou dégradants

Les droits des femmes et des enfants.

2.2.10 - Les services de santé

Les services de santé en matière de IST / SIDA jouent un rôle déterminant dans la lutte contre ces maladies et peuvent influencer largement le comportement sexuel de l’individu. En effet, le degré d’intégration des IST/VIH/SIDA, dans les programmes de santé de la reproduction, l’existence de structures et d’espaces spécifiques au conseil et au traitement des IST, une attitude favorable des prestataires à parler de la sexualité et leur formation dans ce domaine, contribuent à faire face à la propagation de ces maladies.

* Directives concernant le VIH/SIDA et les droits de l’homme,UNAIDS, 1996

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3 – Les facteurs de résistance au changement

3.1 - Les impératifs culturels

Une des difficultés que posent la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le Sida en vue d’un changement de comportement pour l’amélioration de la santé, repose sur le fait que les comportements sexuels sont, non seulement d’ordre personnel, mais aussi d’ordre culturel. Il est par conséquent nécessaire pour les professionnels(les)de la santé et les non professionnels de tenir compte des impératifs culturels et du contexte où vivent leurs clients afin d’assurer des soins de meilleures qualités. Une étude menée sur la culture et les systèmes de santé publique (Massé, 1995) a démontré que :

Un bon nombre de professionnels de la santé ont de la difficulté à reconnaître et à admettre le fait que des connaissances organisées en un système de savoir plus ou moins bien intégré et des modèles d’interprétation et d’explication des maladies existent dans la tête des gens, indépendamment des informations et des connaissances que les éducateurs et les thérapeutes leur communiquent, dans le cadre par exemple de campagnes de prévention ou durant les rencontres cliniques.

Que même dans les cas où ils reconnaissent l’existence de ces systèmes parallèles de savoir et de sens, les professionnels ne savent pas comment il convient d’articuler leur science biomédicale à ce bric-à-brac – c’est du moins ainsi que plusieurs se représentent le savoir des gens – qui forment les connaissances populaires.

Que l’édifice de la santé publique se lézarde parce que l’on a oublié de l’ancrer solidement dans le socle des cultures auxquelles appartient les malades et les biens portants. C’est en effet à cette base culturelle commune qu’il faut amarrer leurs comportements, leurs interprétations des maladies et leurs idiomes de détresse si l’on veut vraiment pouvoir intervenir de manière préventive et curative.*

En somme, étant donné les problèmes de santé publique que pose le phénomène du VIH/SIDA, il devient important de tenir compte, non seulement de stratégies préventives, mais de tenir compte des systèmes d’interprétation de la santé et de la maladie dans la mise en place de stratégies pour un changement de comportement.

3.2- Les facteurs de résistance du côté des populations

3.2.1 - Culture et ethnocentrisme

Toutes sociétés humaines du Nord comme du Sud, industrialisées ou non, possèdent une culture dont elle est fière. L’arrivée de nouvelles croyances sur les rapports sexuels, les rapports humains, la santé et la maladie telles que, par exemple, celles reliées au VIH/SIDA, ébranlent et remettent en cause, le bien fondé

* Massé Raymond, Culture et Santé Publique, Gaétan Morin Editeur ltée, Montréal, (Québec) Canada,1995

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des éléments culturels reliés à ces domaines. L’implantation de programmes de santé, visant à protéger les populations contre ce virus mortel, doit tenir compte du choc culturel – savoir savant de la part des professionnels de la santé confronté au savoir populaire véhiculé sous de multiples variantes - qui émerge de ce qui était auparavant considéré dans toutes relations humaines et rapports entre les hommes et les femmes comme normal, souhaitable et pertinent. Cela dit parce que tous les peuples ont une tendance naturelle à considérer que leur façon de penser, d’agir est au moins égale sinon supérieure à celles des autres ; il est inimaginable que le comportement sexuel auparavant approuvé devienne un instrument de mort. Les gestionnaires de programmes de santé et les professionnels de la santé doivent donc obligatoirement, et ce afin de rencontrer le moins de résistance possible du côté des populations, tenir compte de ces éléments essentiels.

3.2.2 - Les systèmes de santé locaux et étrangers

La cohabitation des deux médecines, locale et étrangère, a permis de constater que les populations distinguent deux catégories de maladies : celles qu’ils appellent «nos maladies » en référence à la médecine traditionnelle et «vos maladies » en référence à la médecine occidentale. En ce qui à trait au VIH/SIDA, c’est d’abord et avant tout pour beaucoup de gens une maladie propre aux homosexuels aux prostituées, aux étrangers ou au «mauvais sort ». Sans minimiser l’efficacité de la médecine occidentale pour certaines maladies telles que par exemple, la tuberculose ou la rougeole, le traitement de d’autres maladies comme les IST/VIH/SIDA, pour certains groupes d’individus, ce ne sera jamais du ressort de cette médecine venue d’ailleurs, c’est-à-dire de l’Occident.

3.2.3 – La représentation du rôle du médecin

Il arrive que la perception qu’a le patient du médecin diffère complètement de la perception qu’a le médecin de son propre rôle. L’un se considère comme dépositaire du savoir médical et de la guérison, alors que l’autre peut voir qu’une personne ressource en parallèle avec sa propre médecine traditionnelle. Par exemple, le médecin peut, dans certains cas, responsabiliser le patient pour l’amélioration de son état de santé, comme un changement de comportement pour une meilleure santé sexuelle, alors que le patient par exemple atteint d’une infection, ne se sent aucunement responsable de ce qui lui arrive et qu’il attribue ses symptômes à de la sorcellerie.

C’est pourquoi, le succès d’une bonne relation entre patient et intervenant requiert d’une part une bonne connaissance de la conception et de l’interprétation que ce dernier se fait de la maladie et du rôle du médecin et d’autre part, une ouverture et une grande sensibilité aux manières d’agir des populations.

3.2.4 – Les réticences face aux maladies à venir

Bien que dans toute culture, il existe un volet préventif concernant le domaine médical traditionnel et moderne, il existe aussi une réalité conjointe de ce fait, c’est-à-dire «pas de symptôme pas de maladies ». Il est difficile pour des gens n’ayant ni symptômes, ni douleur, de croire qu’ils sont porteurs d’une maladie considérée comme mortelle en l’occurrence le sida. C’est pourquoi, la pertinence de soumettre une population apparemment saine à des campagnes de prévention n’est pas

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toujours évidente. Il faut nécessairement composer avec le bagage culturel existant (les pratiques d’interdits, de comportements ou rituels qui visent à se prémunir contre la maladie) pour tout ce qui à un rapport avec cet aspect de la vie humaine.

Ainsi, les facteurs liés à la culture et aux traditions constituent des barrières presque inébranlables. Il convient donc aux prestataires de la santé soit de contourner ces barrières ou encore de les utiliser comme tremplin afin d’offrir les services appropriés.

4- IST/VIH/SIDA : FEMMES, HOMMES ET ADOLESCENTS

4.1- Les femmes sont-elles plus «à risque ou vulnérable ? »

Des études menées sur les concepts «à risque » et «vulnérabilité » laissent supposer différentes interprétations. Dans un document récent, Onusida, souligne que les femmes «ne peuvent pas contrôler le risque qu’elles encourent de contracter l’infection à VIH » et que c’est là le sens du mot «vulnérabilité » (Vidal, 1999) *. Pour d’autres, on estime que sur le plan social et économique, les femmes sont plus «vulnérables »  en raison de leur faible pouvoir de décision et sur le plan biologique qu’elles sont plus «à risque » de contracter des infections sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA pendant les rapports sexuels compte tenu de la fragilité des organes génitaux féminins. Quoiqu’il en soit, les statuts socioculturels des femmes et leurs comportements sont des facteurs qui participent tout autant de leur vulnérabilité au VIH que leur «susceptibilité » biologique.

4.1.1- Vulnérabilité économique et sociale4.1.1- Vulnérabilité économique et sociale

Le statut économique et social des femmes compromet de façon dramatique l’accès à une bonne santé sexuelle. En effet, par rapport aux hommes, elles ont la plus part du temps un rôle inférieur dans la société, elles sont moins instruites, elles gagnent moins et elles ont moins de pouvoir sans compter la violence dont elles sont victimes. En raison de cette dépendance sociale et économique elles n’ont guère, voire absolument pas, le pouvoir de choisir les conditions ni le moment du rapport sexuel. Il est particulièrement difficile, par exemple, pour une femme mariée, d’envisager ou de discuter de l’utilisation du préservatif avec son mari et ce par crainte d’une séparation et de la perte d’un soutien financier. Elle a pourtant la certitude qu’il a d’autres partenaires.

Par ailleurs, il arrive que les femmes, dans l’obligation de lutter pour survivre, vendent leur corps pour combler les besoins les plus élémentaires de leur vie quotidienne et ceux de leurs enfants. On retrouve souvent, chez ces dernière, des femmes victimes de la guerre ou encore des femmes en raison du fait des lois et des coutumes inéquitables ont perdu leurs biens ainsi que le revenu de leur mari à la suite d’un divorce ou du décès de ce dernier. Que ce soit par choix ou imposé, pour bon nombre, elles trouvent dans la prostitution occasionnelle ou régulière la seule

*Vidal Laurent, Anthropologie d’une distance :le sida, des discours multiples en discours uniformes, in Autre part, Le sida des autres, Cahier des Sciences humaines, Nouvelle Série, Paris, 1999

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solution à leur situation d’extrême pauvreté. Toutefois, en raison de leur statut dans la société, elles ont de la difficulté à obtenir des informations sur la prévention des maladies ou à solliciter et à recevoir des soins de santé. Il est donc important, dans le domaine des prestations, d’offrir des services conviviaux particulièrement pour cette clientèle vulnérable. Les unités de soins doivent faire en sorte que les jeunes filles et les femmes puissent bénéficier de soins appropriés et disposer de services de prévention à des horaires et en des lieux qui leur conviennent. De plus, il est nécessaire de développer les services conseils et de tests VIH volontaires et de mettre à disposition des préservatifs et des soins anti-IST en des lieux où les femmes puissent se rendre sans se sentir gênées.

En outre, le droit des femmes à une sexualité sans risque et à l’autonomie dans toutes les décisions relatives à la sexualité est bafoué presque partout dans le monde. Ce droit est intimement lié à l’indépendance économique. Les rapports sexuels sont, dans bien des cas, un moyen de survivre et il ne s’agit pas ici de prostitution mais bien d’un arrangement socio-économique de base entre les sexes. Les résultats de cet arrangement sont la pauvreté dont sont victimes les femmes et du fait que les hommes dominent les femmes dans un contexte de pauvreté. C’est pourquoi, au cours de l’année 2000, la déclaration du Ministre de la Santé de l’un des pays de l’Afrique australe, selon laquelle les femmes avaient droit à une sexualité sans risque, a permis de dresser une liste des grands problèmes sur lesquels doivent s’appuyer toute action contre les IST/VIH/SIDA.

Ces grands problèmes sont :

Absence de maîtrise de la sexualité et des rapports sexuels

Mauvaise santé génésique et sexuelle d’où une morbidité et une mortalité élevées

Désintérêt pour les besoins sanitaires, la nutrition, les soins médicaux

Prise en charge clinique ayant pour base des recherches chez l’homme

Toutes les formes de rapports sexuels sous la contrainte, depuis le viol jusqu’à l’obligation culturelle ou économique d’avoir des rapports sexuels non désirés

Pratiques culturelles néfastes depuis les mutilations sexuelles jusqu’à des pratiques telles que les rapports sexuels «non lubrifiés »

Ostracisme et discrimination face au sida et toutes les IST : le phénomène est beaucoup plus marqué à l’égard des femmes exposées à divers risques : actes de violence, abandon, désintérêt(des besoins sanitaires et matériels) dénuement, ostracisme pratiqué par la famille et la communauté

Adolescents, manque d’accès à l’éducation pour la prévention. Promotion des droits des adolescents en particulier des adolescentes)

Abus sexuels, des hommes adultes cherchent des partenaires féminines de plus en plus jeunes (moins de 15 ans) pour éviter l’infection à VIH ou, s’ils sont déjà infectés, pour se guérir

Révélation du statut sérologique, notification au partenaire, confidentialité.*

* WHO/OMS, Les Droits de la Personne, les Femmes et le VIH/SIDA, Juin 2000

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4.1.2- Violence féminine et VIH

Pour la première fois lors de la X111e Conférence Internationale sur le SIDA, qui se tenait à Durban en Afrique du Sud en juillet 2000, la question de la violence et VIH a été mise à l’ordre du jour. On a mis en lumière le grave problème de la violence liée au VIH/SIDA. La violence dans les relations intimes est désormais reconnue comme un obstacle à une prévention et à une prise en charge efficace de l’infection à VIH*

Des études réalisées aux Etats-Unis et au Kenya, ont démontré que près d’un cinquième des femmes séropositives ont déclaré avoir été confrontées à la violence du fait de leur séropositivité, de la part de leur mari, de leur partenaire, de membres de la famille ou de la communauté. En outre, «certaines femmes ne souhaitent pas révéler leur séropositivité par peur de la violence physique ou psychologique ou de l’abandon » a expliqué, lors de la X111e Conférence sur le sida, le Dr Pamela Hartignan, Directeur par intérim du Département Prévention de la Violence et des Traumatismes récemment créé par l’OMS à Genève*.

Par ailleurs, selon le Dr Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l’OMS, «la violence à l’égard des femmes est un facteur important de propagation du VIH » et il ajoute, « Nous ne progresserons pas dans la lutte contre le VIH tant que les femmes ne maîtriseront pas leur sexualité »*.

Compte tenu de l’importance de ce phénomène, il devient donc important pour les professionnels de la santé (médecins, agents de santé, infirmiers, sages-femmes) d’intégrer dans leurs programmes de prise en charge de l’infection à VIH et de prévention, cette notion de violence.

4.1.3- Vulnérabilité biologique

Sur le plan biologique, les femmes sont plus à risque aux IST et au VIH/SIDA que les hommes pour certaines raisons : premièrement, comme mentionné précédemment, elles sont plus fragiles à ces infections pendant les rapports sexuels parce que la surface vaginale est plus grande et plus susceptible aux sécrétions sexuelles que le pénis en grande partie recouvert de peau. En outre, le sperme, potentiellement infecté qui est libéré au moment de l’éjaculation et déposé dans le vagin de la femme, représente un volume plus important que celui des sécrétions cervicales et vaginales, potentiellement infectées, auxquelles l’homme est exposé.

Par ailleurs, les infections sexuellement transmissibles(IST) souvent «asymptomatiques »  chez la femme ne sont pas toujours traitées et une IST non traitée accroît la susceptibilité à l’infection par le VIH.

* Communiqué de Presse « Violence et VIH : briser le silence », OMS/49, 13 juillet 2000* Communiqué de Presse « Violence et VIH : briser le silence », OMS/49, 13 juillet 200* Communiqué de Presse « Violence et VIH : briser le silence », OMS/49, 13 juillet 2000

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Deuxièmement, à la suite de complications lors de l’accouchement ou d’une anémie puerpérale, les femmes reçoivent parfois une transfusion sanguine. Le sang transfusé provient de sources d’approvisionnement qui ne procèdent pas au dépistage d’infections, les femmes courent un risque accru de VIH et d’hépatite B.

Les programmes qui tiennent compte de leurs répercussions stratégiques sur l’épidémie de IST et qui disposent à cette fin des ressources limitées pourraient envisager de se concentrer sur les femmes qui courent un risque particulièrement élevé.

4.2- IST/VIH/SIDA : COMMENT ATTEINDRE LES HOMMES ?

La diffusion des messages de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), destinés à atteindre seulement les femmes ou encore de ne traiter que ces dernières, sont des stratégies présentant une efficacité limitée. Si une femme se fait traiter pour une IST, son partenaire sexuel doit obligatoirement se faire soigner aussi. Faute de quoi, la femme se fera probablement réinfecter et de précieuses ressources auront été gaspillées.

En outre, les femmes n’arriveront pas à négocier la pratique de comportements sexuels à moindre risque avec leurs partenaires tant que ceux-ci ne seront pas conscients des risques d’infections encourues et qu’ils ne seront pas disposés à changer de comportement. Ainsi donc, le fait d’atteindre les hommes revêt une importance capitale pour la prévention des IST dont le VIH/SIDA.

Les programmes de Santé de la Reproduction (SR) peuvent tendre la main aux hommes en leur faisant comprendre qu’il est dans leur intérêt personnel d’éviter les IST et le VIH, et en proposant des services à leur intention. Par ailleurs, « PROFAMILIA », la filiale de la Fédération Internationale pour la planification familiale en Colombie, est un exemple de programme qui prodigue des services aux hommes atteints de IST dans des dispensaires traditionnels aussi bien que dans des établissements exclusivement réservés au sexe masculin. Il y a des programmes de Santé de la Reproduction (SR) qui ont réussi à ajouter des services pour hommes et même élargir la gamme globale de leurs services sans avoir à réduire ceux qui sont destinés aux femmes. En somme, en offrant aux hommes chaque fois que cela est possible un espace distinct et accessible avec un personnel unique pour hommes et femmes et en y intégrant des activités de prévention et de traitements des IST/VIH/SIDA, même dans un centre de santé commun aux deux sexes, on peut augmenter le nombres d’utilisateurs masculins.

Par ailleurs, le rapport réalisé par le Programme commun des Nations Unis sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), pour l’an 2000 et publié à la fin de novembre 2000, soutient que les hommes peuvent changer le cours de l’épidémie du sida. En effet, selon ce rapport, « il est nécessaire de placer les hommes au centre de la solution et non du problème ». Il s’agit d’inciter l’homme à modifier ses attitudes et son comportement en matière

de sexualité, en dépit des influences sociales ou culturelles qu’il subit. Dans de nombreux pays, les femmes ne décident pas quand et où auront lieu leurs rapports sexuels ; il importe alors que les messages de prévention s’adressent aux hommes et que ces derniers soient associés à la lutte contre l’épidémie.

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Il faut aussi lutter contre l’association qui existe entre les conduites sexuelles à risque et la notion de «virilité ». Partout dans le monde, les hommes ont plus de partenaires sexuels que les femmes, ce qui accroît d’autant leur risque de contamination par le VIH, mais aussi le risque de contaminer leur compagne principale. Certaines conditions de vie peuvent inciter à la prise de risque : vivre dans une communauté exclusivement masculine (militaire), expatriation ou éloignement du cadre familial (recours à la prostitution).

Dans de nombreuses cultures, se préoccuper des risques liés à la sexualité et avoir recours aux préservatifs est considéré comme «peu viril ». De nombreuses actions ponctuelles et localisées ont démontré qu’il était possible de changer les mentalités.

IL faut donc directement s’adresser aux hommes :

Décoder les notions de virilité en fonction des cultures Donner une information claire sur la maladie et son mode de contamination.

Il ne s’agit pas d’abandonner les programmes de prévention déjà existant et s’adresser aux femmes et aux filles, mais de les compléter par des campagnes spécifiques aux hommes. Il y a urgence : en 1999, il y a eu 5,6 millions de nouvelles infections, dont 3,8 millions en Afrique sub-saharienne.*

4.3- LES ADOLESCENTS ET ADOLESCENTES

 4.3.1- LES RISQUES

Les jeunes filles et les jeunes garçons vivent actuellement et ce en raison des changements qu’ont connu les pays africains au cours des dernières années, des pressions sociales de toutes sortes qui se répercutent sur leur aptitude à aborder la sexualité de manière responsable. Les adolescents sont souvent incités à devenir sexuellement actifs afin de faire la preuve qu’ils sont des hommes et surtout d’être acceptés par leurs amis. Les adolescentes, quant à elles, se sentent tenu de ne pas rechercher d’information à caractère sexuel de peur d’être jugées «faciles » ou encore soupçonnées d’avoir des rapports sexuels en échanges de divers avantages. C’est pourquoi, les jeunes filles et les jeunes garçons forment un groupe qui a besoin de services adaptés à leur situation en matière d’infections sexuellement transmissibles et de VIH/Sida. Sur dix infections par IST, environ sept touchent des individus âgés de 15 à 24 ans.

Les jeunes adultes, sexuellement actifs et célibataires, courent un risque élevé d’infections sexuellement transmissibles et de VIH/SIDA, pour des raisons qui tiennent principalement à leur comportement par exemple, le fait de changer souvent de partenaires sexuels ou d’avoir un partenaire qui en a plusieurs. De surcroît, beaucoup de jeunes sont mal informés sur les IST et leurs conséquences. Quant à ceux qui sont relativement bien informés, ils peuvent avoir de la difficulté à utiliser un préservatif de façon correcte et systématique. En outre, certains jeunes ne maîtrisent pas les techniques de communication et de négociation dans les rapports avec le

* Communiqué de Presse émis le 29 novembre 2000, par Yahoo France ! Actualités, « SIDA : la solution passe par les hommes » Rapport réalisé par le Programme commun des Nations Unis sur le VIH/SIDA (ONUSIDA)

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partenaire et qui pourtant sont nécessaires, ce qui complique le recours au préservatif. Qui plus est, les jeunes qui consomment de l’alcool ou de la drogue peuvent adopter un comportement de nature à accroître leur risque de IST et de VIH/SIDA.

Par ailleurs, on peut classer le comportement à risque des adolescents et adolescentes en trois catégories de facteurs.

Les facteurs psychologiques qui prédisposent beaucoup d’adolescents aux infections sexuellement transmissibles (IST) en raison de leur sentiment général d’invulnérabilité, à leur désir de se lancer dans de nouvelles expériences et à leur volonté de prendre des risques.

Les facteurs biologiques : les adolescentes, sexuellement actives, sont particulièrement susceptibles aux infections sexuellement transmissibles (IST) pour la raison suivante : elles ont souvent une condition connue sous le nom «d’ectopie cervicale », ce qui signifie que les cellules qui tapissent la paroi du canal cervical se prolongent jusqu’à la surface extérieure du col de l’utérus. Ces cellules sont plus sujettes aux infections telles que la chlamydiase et la blennorragie. En outre, on considère que le risque de contracter la trichomonase, la chlamydiase, l’herpès ou le PVH est à son point culminant dès le premier contact avec ces organismes pathogènes. Ce premier contact se produit souvent pendant l’adolescence lors des rapports sexuels et bien que les risques d’infections soient plus élevés chez les filles que chez les garçons, ces derniers sont aussi vulnérables à ces infections.

Parmi les facteurs sociaux, qui accroissent le risque de IST chez les jeunes, figurent l’accès limité aux services y afférents en raison de la gêne, de leur manque d’indépendance et du manque d’argent. On note aussi d’autres facteurs tels que le caractère peu pratique des heures d’ouverture ou de l’emplacement des dispensaires, le manque de confidentialité et l’antipathie du personnel. On peut mentionner aussi les restrictions tout d’abord d’ordre traditionnel qu’on a légalisées pour devenir des restrictions d’ordre juridiques. Par exemple, dans certains pays, il y a des normes et restrictions et en raison des celles-ci, ont refuse les services pour les adolescents et adolescentes comme les méthodes contraceptives que l’on considère non destinées aux jeunes. Toutefois, étant donné l’ampleur des problèmes de IST/VIH/SIDA à l’heure actuelle, ces restrictions tendent à disparaître.

Un autre facteur non négligeable, qui contribue au risque d’infections sexuellement transmissibles(IST, repose sur le fait que beaucoup d’adolescentes ne font pas le poids dans leurs relations avec des adultes. Certaines ont des relations sexuelles sans consentement mutuel avec des partenaires plus âgés qu’elles et plus «puissants» hiérarchiquement, financièrement et physiquement vis-à-vis desquels elles ne se sentent pas à même de négocier le recours à des comportements sexuels à moindre risque.

4.3.2- COMMENT ATTEINDRE LES ADOLESCENTS ET ADOLESCENTES ?

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Les programmes de Santé de la Reproduction (SR) et d’autres programmes de santé doivent s’efforcer d’atteindre les adolescents et les adolescentes en particulier ceux qui sont sexuellement actifs. Non seulement il faut mettre en place des techniques spéciales pour amener les adolescents à changer de comportement, mais il faut concevoir ces techniques avec plus de créativité que si elles étaient destinées à des adultes. De nombreux jeunes, sexuellement actifs et célibataires, sont peu conscients des risques élevés d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de VIH/SIDA et ils s’abstiennent donc de solliciter des services.

Les programmes de Santé de la Reproduction(SR) ont les capacités d’atteindre les adolescents en leur proposant des services de prévention des IST, en liaison avec des programmes basés à l’école et avec des groupes communautaires. Il est particulièrement efficace d’apprendre à des adolescents de quelle façon ils peuvent informer les jeunes de leur âge. Il est prouvé que les adolescents sont les mieux placés pour convaincre leurs pairs d’utiliser des préservatifs.

Par ailleurs, pour rejoindre efficacement les jeunes, les programmes ont besoin de dispenser leurs services sans porter de jugement et en étant accessibles, c’est-à-dire en matière d’empathie, de coût, d’emplacement, d’heures d’ouverture et de réduction du temps d’attente. Les programmes de Santé de la Reproduction (SR) peuvent même créer des antennes qui ciblent précisément les jeunes par exemple, des unités de soins spécifiques aux jeunes comme à Dakar au Sénégal. En effet, à Dakar, les jeunes ont leur centre de la reproduction. « A la fois centre médical, de loisir, de culture et sportif, le centre de santé de la reproduction des jeunes (CSRJ), géré par des jeunes et pour des jeunes, leur offre des services socio-éducatifs et des consultations médicales, en particulier dans le domaine de la reproduction ».*

On peut penser aussi à des émissions radiophoniques qui s’adressent spécialement à eux. La promotion et la diffusion de l’utilisation des préservatifs, au titre de la lutte contre les IST et le VIH/SIDA, se révèlent particulièrement importantes pour les adolescents et les adolescentes.

En somme, il ne s’agit plus à l’heure actuelle de mettre en place des campagnes de sensibilisation axées uniquement sur l’information, mais bien sur l’importance d’un changement systématique de comportement. Pour se faire, les décideurs, les gestionnaires de programmes de santé publique, de même que les agents de santé doivent à tout prix travailler ensemble pour freiner l’épidémie. Ils doivent tenir compte, entre autres, des groupes les plus vulnérables tels que les femmes, les adolescents et les adolescentes. Ces derniers et dernières sont des femmes et des hommes en devenir qui sont non seulement le moteur de la prospérité, mais également appelés à jouer un rôle déterminant dans nos sociétés africaines.

IV.IV. SEXUALITE ET IST VIH/SIDASEXUALITE ET IST VIH/SIDA  : APPROCHE PSYCHOSOCIALE: APPROCHE PSYCHOSOCIALE

* Equilibre & Population, No 50, Mai 1999

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1 – L’approche psychosociale

Lorsque l’on parle d’approche «psychosociale » en référence au IST/VIH/SIDA on soulève nécessairement une approche qui tient compte des besoins individuels, mais aussi des besoins sociaux des individus. Au moment où les gens prennent conscience qu’ils peuvent être à risque d’infection sexuellement transmissible, plus particulièrement du VIH/SIDA, lorsqu’ils décident de subir le test de dépistage et lorsqu’ils reçoivent du counselling avant le test et qu’ils attendent les résultats, ils sont confrontés à des questions psychosociales dont les conséquences dont parfois insoupçonnées. Par ailleurs, certaines personnes préfèrent ne pas subir le test en raison du choc qu’occasionnera pour eux même, que pour un parent ou un ami, par un résultat positif.

Quant aux personnes séropositives, elles vivront probablement beaucoup de stress et une grande détresse lorsqu’elles commenceront à intégrer consciemment le fait qu’elles sont atteintes d’une maladie mortelle. Il en sera probablement de même la première fois qu’elles se rendront à une clinique où elles rencontreront d’autres personnes atteintes du VIH ou encore qu’elles révéleront leur séropositivité.

De part son engagement à venir en aide aux personnes les plus démunies de la société et aux personnes touchées par les infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/SIDA, les prestataires de soins de santé et les agents sociaux doivent jouer un rôle de premier plan auprès de cette clientèle. « Nous devons chercher avec nos clients à changer le climat social, à prévenir l’infection par le VIH et à donner aux personnes ayant le VIH ou le sida, aux soignants et aux collectivités l’appui dont ils ont besoin. » (Les travailleurs sociaux et le VIH/SIDA : un défi à relever pour la profession, Association canadienne des travailleurs sociaux, 1997).

1 – GENERALITE SUR LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE

Les professionnels de la santé qui offrent des soins aux personnes atteintes d’infections sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA, et les agents sociaux seront de plus en plus appelés à travailler en équipe. Parmi les gens qui prodiguent des soins et du soutien à cette clientèle on compte : des bénévoles, des non professionnels de la santé et d’autres intervenants. C’est pourquoi, ils doivent selon les circonstances être capable de s’intégrer à une équipe multidisciplinaire soucieuse de fournir aux clients les services et les ressources dont ils ont besoins. Ils doivent aussi veiller à ce que les soins soient prodigués aux clients et à leur famille dans la dignité et le respect des valeurs fondamentales. Ils ont également la responsabilité de promouvoir ces valeurs au sein de leur équipe de travail.

En ce qui a trait au VIH/SIDA, à l’heure actuelle, on constate que la majorité des personnes infectées ont entre 20 et 40 ans lorsqu’elles apprennent qu’elles sont séropositives. Etant relativement jeunes au moment où survient l’infection elles modifient de façon radicale leur perception de l’avenir. En effet, à cette étape de la vie, on cherche normalement à acquérir son indépendance, à établir des relations, à mener une vie autonome hors du cercle familial pour tisser des liens intimes avec d’autres personnes, que ce soit par le mariage, la collaboration ou d’autres relations importantes et souvent à faire carrière. Les jeunes adultes de cette catégorie d’âge

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ne s’attendent certainement pas à être atteints d’une maladie mortelle et sont, la plupart du temps, privés du soutien affectif et social en plus d’un manque de ressources financières nécessaires pour faire face à la situation.

Dans le cadre de leur pratique, les prestataires et agents sociaux constateront que le VIH perturbe considérablement le cycle de vie des personnes infectées. Celles qui sont incapables de passer normalement d’une étape à l’autre peuvent se sentir déroutées, isolées ou délaissées. Les soins psychosociaux qui leur sont dispensés doivent tenir compte de ces problèmes et d'autres considérations inhérentes aux maladies très graves.

Par ailleurs, la santé sexuelle intègre les aspects somatiques, émotionnels, intellectuels et sociaux de la sexualité humaine. La promotion d’une bonne santé sexuelle doit prendre en considération les préoccupations, les craintes, les anxiétés et les expériences des personnes concernées. La prévention et la prise en charge intégrée des maladies sexuellement transmissibles (IST) et du VIH/SIDA font partie de ces préoccupations.

C’est pourquoi, une prise en charge psycho médico-sociale efficace des IST dont le VIH/SIDA passe par l’offre des prestations suivantes :

dépistage avec pré et post test counselling prestations cliniques :

- prise en charge des IST classiques- diagnostic et traitement des affections opportunistes- multi thérapie spécifique

psychothérapie individuelle et de groupe soutien social aux adultes aux adolescents et adolescentes ainsi qu’aux enfants

infectés ou affectés appui juridique pour préserver les droits des personnes vivant avec le VIH

Elle nécessite l’intervention de toutes les parties impliquées à savoir : les prestataires cliniques et sociaux la famille et l’entourage les séropositifs asymptomatiques (spa) et les malades du SIDA (MS).

Les chapitres qui suivent proposent d‘apporter, aux prestataires et aux agents sociaux, un support professionnel et humain concernant la prise en charge psychosociale des personnes aux prises avec des infections sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA.

2 – Sexualité et IST/VIH/SIDA : Comment aborder la question ?

Généralement, dans les sociétés africaines, on ne discute pas ouvertement de sexualité. C’est pourquoi le prestataire de services de santé et l’agent social doit être capable de parler de la sexualité et de s’enquérir de toute pratique «inhabituelle » de manière à ce que le client ou la cliente n’adopte pas une attitude défensive mais puisse s’exprimer en toute franchise et liberté.

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Toutefois, même pour des prestataires expérimentés, discuter du comportement sexuel de l’individu ou des ses relations sexuelles surtout lorsqu’il s’agit du VIH/SIDA, est un aspect de la consultation parfois gênant et difficile à aborder. D’autant plus, que le client est souvent submergé de sentiments de remords, de honte et de culpabilité lorsqu’il soupçonne être infecté. Il existe dans la pratique certaines techniques permettant une consultation appropriée.

2.1- Quelques exercices pouvant facilité la discussion sur la sexualité

Il peut être difficile de parler de sexualité et d’employer des mots usuels. C’est pourquoi parfois il arrive que les prestataires omettent de communiquer d’importantes informations, ne répondent pas entièrement aux questions posées par leurs clients et clientes ou ne posent pas de questions importantes à propos du comportement sexuel. Il peut même arriver que les agents de santé essaient d’influencer le client ou la cliente quant à son choix de méthodes dans le but d’éviter par exemple d’avoir à expliquer comment se servir d’un préservatif ou de méthodes vaginales.

On ne peut pas séparer la santé de la sexualité. Afin de prendre des décisions qui seraient bonnes pour la santé, les clients et clientes ont souvent besoin de parler de leur comportement sexuel. Les prestataires de services ne doivent donc ressentir aucune gêne lorsqu’ils entendent ou utilisent des termes sexuels et se servent de dessins ou de modèles du corps. Voici quelques exercices pouvant faciliter la discussion de la sexualité :

Dresser une liste de termes et d’argot qui traitent de sexualité. Essayer de voir comment vous réagissez quand vous entendez ou employez ces mots. Comparez les mots employés pour les hommes et pour les femmes. Est-ce que ces mots évitent des résonances négatives ? Quels mots préféreriez-vous employer ? Est-ce que vos clients et clientes les comprennent ?

Une fois seul, regardez-vous dans la glace et prononcez les mots qui vous mettent mal à l’aise. Avec un peu de pratique, vous vous sentirez plus à l’aise et plus sûr de vous.

Exercez-vous à utiliser des dessins ou un modèle pour montrer clairement comment poser un préservatif sur un pénis.

Les clients et les clientes peuvent aussi avoir des difficultés à parler de sexualité et de leur sexualité. Voici quelques indications qui vous permettront de les aider :

Utiliser d’autres formules pour donner aux clients des informations délicates. Ils peuvent alors en tenir compte, même s’ils ne veulent pas en parler ouvertement. Par exemple, des affiches, des brochures, des vidéos, la radio et la télévision peuvent expliquer les risques qu’entraînent plus d’un partenaire sexuel, les indications de IST/VIH/SIDA ou la nécessité d’employer des préservatifs.

Le début d’une discussion de la sexualité est souvent l’étape la plus difficile. Comment faire savoir discrètement aux clients et clientes qu’on est prêt à parler de choses sexuelles, mais qu’on ne va pas les contraindre à participer à la conversation ? Vous pouvez demander : « Avez-vous vu dans la salle d’attente le

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panneau mural consacré aux IST et au VIH ? Est-ce qu’il vous a amené à vous poser des questions ? » ou encore «  Certaines femmes disent s’inquiéter du fait que leurs maris ont d’autres partenaires sexuels mais ne savent comment leur en parler. A leur place, que feriez-vous ? » A partir de ce moment, on peut alors passer progressivement, si le client ou la cliente accepte de le faire, à une conversation plus intime.*

Pour pouvoir discuter de sujets aussi sensibles et intimes, le prestataire doit :

Chercher à connaître les tabous ou les pratiques inhabituelles. Il doit être sensible aux différences culturelles de ses clients et clientes et être en mesure d’obtenir des renseignements sur leur vie intime, et les interpréter.

Etre à l’aise lorsqu’il discute des questions personnelles rarement abordées et/ou lorsqu’il fournit des explications sur la sexualité. Il doit axer son intervention sur des pratiques ou des comportements très précis. Il doit parler sans embarras de sujets que l’on évite en société ou lors d’une consultation médicale.

Ne pas oublier que certains clients hésitent à révéler quelques faits par crainte du jugement moral, d’une mauvaise découverte, du non-respect du secret professionnel, d’embarras à l’idée de devoir discuter de questions intimes.

Etre capables d’utiliser les techniques de communication interpersonnelles pour transmettre des informations exactes et précises sur les IST et le SIDA. Il n’y a pas de recette miracle pour définir la manière d’amener le client à parler de sujets sensibles sur la sexualité. L’efficacité de l’intervention du prestataire exigera de lui un savoir-faire, du tact et de la sensibilité. En résumé, le prestataire doit être capable d’aborder les questions liées aux IST/VIH/SIDA avec aisance et d’expliquer de manière rassurante le comportement intime de son client, et parler ouvertement de la sexualité. Pour ce faire, il doit savoir au moins que : 

Les attitudes à l’égard de la sexualité sont dictées par des facteurs socioculturels et/ou de personnalité et revêtent une importance capitale dans le comportement de l’individu

La connaissance et la compréhension de ces facteurs sont un préalable indispensable pour choisir la méthode appropriée d’intervention et définir le contenu des messages préventifs.

* Population Reports, Guide de counselling, Série J, numéro 48, Volume XXV1, numéro 4, Décembre 1998,

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2.2 - Le succès de la relation client soignant

Bien que toute relation client soignant soit parfois relativement difficile elle repose tout de même sur certains principes :

L’identité est importante. C’est le filtre qui colore toutes nos interactions. Nous ne pouvons pas pleinement comprendre l’identité de l’autre, mais nous pouvons être conscients de la nôtre et de l’influence qu’elle exerce sur nos relations.

Les soignants sont inévitablement différents des clients. Les liens seront plus serrés à certains moments et moins intimes dans d’autres circonstances.

Le client et le soignant ont tous deux des identités complexe qui évoluent avec le temps. Certaines dimensions de leur identité l’emporteront parfois sur d’autres.

Tous jugements sont colorés par l’identité, sont influencés par la communauté et la culture d’appartenance et peuvent donner lieu à des malentendus et à des erreurs.

Personne n’a le monopole des préjugés ; le soignant comme le client peuvent porter des jugements qui compromettent la communication.

Un bon intervenant se connaît bien, possède une solide formation interculturelle et a acquis de l’expérience auprès d’une gamme variée de communautés. S’il possède des compétences, c’est qu’il sait accepter et respecter les différences. Cet engagement est l’une des principales caractéristiques des soins centrés sur le client.

3- LES CARACTERISTIQUES DE L’INFECTION A VIH ET LES REPERCUSSIONS SUR LA PRATIQUE

3.1 – La stigmatisation

Principale caractéristique qui rend l’infection à VIH si différente des autres maladies très graves, la stigmatisation se répercute sur tous les aspects de la vie de la personne atteinte de VIH/SIDA. Certaines personnes se replient sur elles-mêmes, rongées par la honte ou la culpabilité. Ainsi, la qualité des rapports qu’elles établissent avec un prestataire, un agent social et toutes autres personnes, s’en trouve forcément compromise. Elles perdent toute capacité de se prendre en main. Bien qu’il ait été établi que le virus ne se transmet pas par simple contact, les gens ont une peur irrationnelle de l’infection et évitent systématiquement toutes les personnes séropositives. On peut citer par exemple, le cas d’un jeune homme qui désire prendre épouse mais dont un membre de sa famille est décédé du sida. La famille de la future épouse, connaissant la raison du décès, refuse qu’il y ait mariage entre ces deux personnes.

En outre, on note que bien des gens établissent un lien entre la maladie et l’homosexualité, l’utilisation de drogues injectables, les relations sexuelles et le milieu de la prostitution, les comportements qui embarrassent de nombreuses personnes et les forcent à remettre en question leurs propres attitudes et valeurs.

Les personnes stigmatisées et atteintes du VIH sont souvent privées de réconfort et du soutien auxquels toute personne malade a normalement droit au sein de sa société. De plus, étant marginalisées, elles doivent composer avec l’angoisse suscitée par la maladie dans un environnement social hostile.

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Les personnes séropositives éprouvent souvent beaucoup plus de réticence à révéler leur état, contrairement aux personnes souffrant d’une maladie «acceptable » comme le cancer. Elles jugent souvent plus prudent de ne pas se confier à leurs amis, aux membres de leur famille, à leur employeur ou à leurs collègues de travail, s’isolant par le fait même des personnes qui pourraient leur venir en aide.

Par ailleurs,  la stigmatisation associée au VIH peut avoir un impact sur les agents sociaux ainsi que des répercussions sur la pratique.

Un des rôles des prestataires de la santé et des agents sociaux est de secourir les personnes qui sont marginalisées ou opprimées au sein de la société. Toutefois, certains peuvent en arriver à se sentir isolés dans leur travail et d’autres peuvent même finir par croire « qu’ils sont les seuls à pouvoir aider les personnes séropositives ».

Les incidences peuvent se traduisent par l’absence de communication avec d’autres personnes travaillant dans le même domaine, pour demander de l’aide, un soutien professionnel ou une opinion éclairée.

Il arrive aussi, qu’en raison de cet isolement professionnel, ils négligent de montrer aux gens comment se renseigner sur le VIH, ou d’orienter leurs clients et clientes vers les services appropriés.

Le respect du caractère confidentiel des renseignements fournis par le client, valeur fondamentale en soins médicaux et en travail psychosocial, prend une importance toute particulière dans le cas du VIH et de la stigmatisation. Les craintes de voir leur séropositivité dévoilée peuvent entraver les efforts des prestataires qui tentent de leur fournir les ressources dont ils ont besoin ou de les orienter vers d’autres services. Les prestataires, agents sociaux et leurs clients doivent préciser ensemble ce qu’ils entendent par confidentialité, discrétion et confiance.

3.2 – Les attentes des clients séropositifs

Les attentes des personnes séropositives sont parfois énormes et même parfois démesurées envers ceux qui leur dispensent des soins. Certains clients vont préférer s’adresser à un agent social qui présente une expérience de vie semblable à la leur. Le prestataire ou l’agent social peut se faire poser la question «êtes-vous séropositifs ? » Les clients s’orientent souvent sur les réponses qu’ils obtiennent pour choisir la personne qui leur dispensera des soins.

Les répercussions sur la pratique sont de différents ordres :

Les prestataires et les agents sociaux, habitués à travailler auprès des groupes vulnérables peuvent éprouver certaines difficultés face à une clientèle plus exigeante. Ils pourraient être obligés d’adapter leur pratique ou de redéfinir leur rôle face aux attentes des clients.

Toute personne atteinte du VIH/SIDA a un cheminement qui lui est propre mais, généralement, il s’agit d’un processus continu de crises à traverser et d’adaptation. Le défi à relever, par les prestataires et les agents sociaux consiste à soutenir les clients pendant qu’ils font face au stress, qu’ils cherchent de

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l’espoir, qu’ils tentent de se redécouvrir et de voir les possibilités qui sont les leurs face à la réalité du VIH.

4 – LES TESTS DE DEPISTAGE

4.1- La décision de subir le test

Il arrive que certaines personnes sont persuadées d’être infectées et veulent obtenir une confirmation ou avoir accès à un traitement. D’autres, qui ont adopté des «comportements à risque », craignent d’avoir été exposés au VIH et espèrent que le résultat va confirmer qu’ils ne sont pas infectés. D’autres encore luttent avec leurs inquiétudes et leurs craintes pendant un certain temps avant de demander un test à un centre de dépistage ou de parler à un professionnel au sujet du test. Par conséquent, lorsqu’une personne décide de subir le test de dépistage du VIH, elle prend une mesure qui conduit à un résultat définitif pour faire face à ses craintes et à ses comportements passés.

Par ailleurs, prendre la décision de subir le test mène vers un processus complexe et anxiogène qui peut s’échelonner sur plusieurs mois et même sur plusieurs années et qui comporte les étapes suivantes :

Se faire une idée des possibilités que l’on soit séropositif, en comparant sa propre situation à celle de personnes qui sont infectées ou qui ont le sida

Peser les avantages et les inconvénients de connaître son état sérologique Décider si l’on doit ou non subir le test avec ses partenaires et amis Présenter des symptômes de la maladie ou avoir eu des contacts avec des

personnes atteintes de sida Parler avec quelqu’un qui nous aide à canaliser l’anxiété. Elaborer des hypothèses sur les résultats du test avant de le subir*

Le résultat au test de dépistage des anticorps du VIH peut avoir, pour les personnes concernée, des effets dévastateurs aux plans psychologique et affectif, s’il s’avère positif. On note par ailleurs certaines réactions dont les prestataires de services doivent tenir compte et parmi les plus courantes : L’état de choc : c’est la réaction normale lorsqu’on apprend que sa vie est

menacée. Cet état peut se manifester à travers un silence stupéfié, par un trouble et un désespoir, par une instabilité émotionnelle et par le repli sur soi.

Le déni : il peut réduire le stress, mais s’il persiste le déni peut faire obstacle au changement de comportement pour faire face à l’infection.

La colère : elle peut être manifestée ouvertement chez certains parce qu’ils se considèrent être victimes du sort et peuvent alors adopter une attitude destructive et chercher à se nuire et nuire aux autres.

* Les étapes menant à la décision de subir le test sont tirées et adaptées de Shelby, R.D., People with HIV and Those Who Help, Harrington Park Press, 1995

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Le risque de suicide : il est nettement accru chez les personnes qui apprennent qu’elles sont infectées. Ce suicide est à leurs yeux un moyen de se soustraire à la souffrance et atténuer celle de leur proche entourage.

La peur : celle de mourir seul et dans la souffrance, d’être rejeté ou abandonné, de devenir infirme est un sentiment très fréquent chez les malades.

L’isolement : il très marqué chez les malades. Ils évitent tout contact social, éprouvent une certaine honte, de la culpabilité, lesquelles génèrent un sentiment de crainte de se voir abandonnés par leur entourage.

La dépossession : elle est fréquente chez les malades. Ils ont l’impression être dépossédés de leurs ambitions, de leur apparence, de leurs relations sexuelles, de leur statut social, de leur indépendance et de leurs droits.

La culpabilité : celle d’avoir transmis l’infection à d’autres personnes ou d’avoir eu un comportement qui est à l’origine de l’infection. Ce sentiment est provoqué à la suite de la découverte de la maladie (diagnostic).

La dépression : elle peut survenir pour diverses raisons. Elle peut découler de la perte de contrôle et peut survenir du fait de ne plus pouvoir procréer, ni de faire des projets d’avenir.

L’angoisse : elle peut rapidement devenir indissociable de la vie d’une personne infectée, signe de l’incertitude chronique liée à l’infection.

Préoccupations d’ordre spirituel : la peur de la mort et les autres réactions face aux maladies incurables peuvent susciter un intérêt pour les questions spirituelles chez le malade. La recherche d’un soutien dans la religion peut l’amener à s’attacher aux notions de péché, de pardon, de réconciliation et de résignation.

Pour diminuer les effets d’anxiété et de peur, ainsi que les réactions trop violentes, il est recommandé que les personnes concernées subissent le test que si elles sont prêtes, ont donné leur consentement éclairé et se sont fait offrir un bon counselling avant et après le test. On remarque que les personnes qui reçoivent un bon counselling sont mieux informées de même qu’elles sont plus en mesure de faire face aux résultats.

A l’heure actuelle, le test de dépistage du VIH n‘est pas tellement répandu dans beaucoup de pays africains en raison de manque de moyens matériels. Toutefois, parmi la population qui subit le test, un pourcentage particulièrement élevé de personnes ne reçoivent pas un counselling adéquat avant et après le test. Les conséquences de cette lacune peuvent avoir de graves répercussions sur leur bien-être psychosocial, et peuvent aussi les empêcher de recevoir des soins appropriés ou nuire à leur capacité d’adopter des comportements plus sécuritaires. Par ailleurs, les résultats du test doivent être donnés avec bienveillance et compassion ; l’expérience a prouvé que les personnes dont les résultats sont positifs peuvent réagir fortement, manifester de la colère verbale ou physique ou tomber en dépression. Le diagnostic joue donc un rôle prédominant et d’une certaine manière façonne la vie future de l’individu séropositif.

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En outre, les problèmes psychologiques auxquels sont souvent confrontés la plupart des individus atteints du VIH/SIDA reposent sur l’incertitude et l’adaptation au nouveau statut de « séropositif ». Cette incertitude est intimement liée aux espoirs et aux attentes qu’ils ont placées dans leur avenir, celle de la famille et bien souvent de leur emploi. Elle est aussi liée à la qualité et à la durée de la vie, à l’effet du traitement et à la réaction des gens de sa communauté. C’est pourquoi, l’agent de santé doit aider son client à parler ouvertement et sans détour de sa situation, veiller à lui donner des raisons d’espérer et inciter la personne souffrante à faire preuve d’une attitude positive.

Par ailleurs, face à l’incertitude, le sujet séropositif est amené à vivre une période d’adaptation et, on constate qu’une absence apparente de réaction peut constituer en soi une «adaptation », sous forme de refus d’accepter le diagnostic. L’adaptation à l’annonce de l’infection ou de la maladie commence dès le premier instant. La vie quotidienne de l’intéressé va refléter la tension entre incertitude et adaptation. En raison de cette tension, les problèmes psychologiques et sociaux vont prendre une importance parfois démesurée.

4.2- La décision de ne pas subir le test

Prendre la décision de subir un test de dépistage du VIH demande parfois beaucoup de courage et c’est pourquoi certaines personnes préfèrent ne pas savoir qu’elles sont séropositives. Les prestataires et les agents sociaux peuvent aider ces clients de la façon suivante :

Discuter avec eux des motifs pour lesquels ils ne veulent pas subir le test.Leur parler des stratégies qu’ils peuvent adopter pour réduire les risquesLes encourager à consulter un médecin s’ils présentent des symptômes indiquant qu’ils pourraient avoir besoin de soins médicauxLeur laisser la porte ouverte au cas où ils décideraient un jour de subir le test

Parfois les gens ont de bonnes raisons de reporter le test ou de le refuser. Cependant, la décision d’un client de reporter le test ou de le refuser peut poser un dilemme pour le soignant ou l’agent social surtout si ce dernier est d’avis qu’un diagnostic précoce permettrait d’aider le client à avoir un comportement plus responsable. Néanmoins, il est important de laisser au client le temps qu’il faut pour prendre lui-même la décision qui s’impose. Le prestataire de services ou l’agent social peut jouer un rôle déterminant en aidant son client à évaluer les risques du refus de ne pas subir le test et à aborder certaines des questions découlant d’un résultat positif, avant même qu’il n’aille subir le test.

4.3- L’évaluation des risques4.3- L’évaluation des risques

Lorsque le client ou la cliente prend la décision de subir le test de dépistage, le prestataire ou l’agent social doit évaluer avec la personne les risques liés aux résultats. C’est pourquoi lors de l’évaluation des risques il demeure important de tenir compte des points suivants :

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Aider les clients à cerner et à comprendre les facteurs de risque (p.ex. avoir des relations sexuelles non protégées avec une personne qui a eu d’autres partenaires possiblement à risque)

Aider les clients à jeter un regard réaliste sur leurs comportements et à déterminer s’ils sont ou non à risque d’être infectésAider les clients à décider s’ils doivent ou non subir le testRenforcer les changements qu’ils pourraient devoir apporter à leur vie pour réduire leurs comportements à risque, peu importe les résultats du test

Cette évaluation vise à aider les personnes qui pourraient sous-estimer leurs risques – ou qui se perçoivent comme n’étant pas à risque – à faire un lien entre leurs actions et la transmission du VIH.

4.4 - La confidentialité

La confidentialité est une préoccupation particulièrement importante pour les personnes vivant dans des petites villes ou en région rurale. En raison de la stigmatisation liée au VIH, le fait de subir le test ou encore d’être séropositif peut être une expérience où la personne se sent isolée et rejetée. Les gens ne veulent pas nécessairement que leurs amis, leurs voisins ou leurs collègues sachent qu’ils subissent un test de dépistage. S’ils ne peuvent être assurés de la confidentialité du processus, c’est-à-dire s’ils craignent qu’une personne puisse les reconnaître ou révéler des choses sur eux, ils éviteront peut-être de se soumettre au test ou de se faire soigner. On sait que dans certains cas, le simple fait d’avoir subi le test peut entraîner de la discrimination.

5. L’INTERVENTION AUPRES DES ADOLESCENTS

Dans les cas de VIH/SIDA, chez les adolescents et les jeunes adultes il arrive qu’ils refusent les services traditionnels de soutien. Il faut alors pour le prestataire et l’agent social faire preuve d’imagination. A bien des égards, la démarche est la même que pour l’ensemble des adolescents : il s’agit notamment d’aider ces jeunes à décrire et à préciser ses problèmes à parler ouvertement et sans gêne et à en définir l’ordre prioritaire. Dans bien des cas, le travailleur social jugera utile d’aider son client à :

- Répondre d’abord aux besoins essentiels- Définir les stratégies antérieures d’adaptation et les points forts- Trouver des aspects de sa vie dont il a la maîtrise- Bâtir un réseau de soutien- Trouver l’espoir et le courage de continuer à planifier son avenir, de choisir une

carrière et d’acquérir son autonomie.

Les services doivent être conviviaux pour l’adolescent. Pour travailler efficacement avec celui-ci, le travailleur social doit :

- Créer un environnement respectueux

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- Etablir une relation d’aide- Créer un climat de confiance- Communiquer des messages clairs, précis et pertinents- Faire participer les pairs de son client- Permettre au client de prendre lui-même des décisions et de reconnaître les

situations et les comportements qui lui font courir des risques- Aider à répondre à ses besoins concrets comme le logement, la nourriture, le

revenu et l’accès aux soins médicaux appropriés.

L’âge médian des personnes séropositives est passé de la trentaine à la vingtaine et les prestataires et les travailleurs sociaux doivent tenir compte du stress associé à cette étape de la vie. Les jeunes clients n’ont peut-être pas encore suffisamment d’expérience pour savoir qu’il est possible de surmonter une crise, de résoudre des problèmes et de faire appel aux ressources de la communauté. Etant donné leur âge et l’étape de vie qu’ils ont atteinte, les jeunes se préoccupent beaucoup de l’image qu’ils projettent et de leur capacité de demeurer sexuellement actifs malgré le VIH. Ils peuvent se considérer comme immortels ou invincibles et, par ailleurs, se sentir impuissant.

Les gens qui apprennent qu’ils sont séropositifs alors qu’ils sont dans la vingtaine sont confrontés à des questions généralement associées à la quarantaine ou à la cinquantaine, comme la réévaluation de leur vie, les choix professionnels, les relations et les projets d’avenir. Ces préoccupations peuvent tourmenter les jeunes et entraîner le déni et le refus de toute aide, même s’ils en ont désespérément besoin. Ils peuvent aussi se livrer à des activités qui annihilent toute angoisse, comme la consommation de drogues.

Une intervention efficace auprès des adolescents doit tenir compte de leur caractère unique, les faire participer à l’élaboration des services qu’ils recevront et respecter leurs convictions et leurs compétences. Le succès dépend aussi de la capacité d’établir et de préserver des frontières appropriées. Certains adolescents ont du mal à faire confiance à d’autres personnes, surtout celles en position d’autorité. Ces considérations mettront à l’épreuve la capacité du prestataire et du travailleur social de créer un climat de confiance sans s’engager personnellement dans la vie de l’adolescent.

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L’APPROCHE « GENRE » : Principes de base et Application en matière de santé

Objectifs d'apprentissage 

A la fin de la session, les participants seront capables de :

Faire l’historique de l’approche « Genre »

Expliquer le fondement du concept « Genre » 3. Proposer des pistes de réflexions susceptibles de contribuer à la réduction des disparités de genre en santé, en SR

" GENRE EN SSR ET VIH»

1- INTRODUCTION

De plus en plus, la question de l’approche genre suscite des interrogations tant du côté des communautés à la base, du côté des acteurs du développement que du côté des pouvoirs publics. Cette approche est tellement récente que l’on cherche à la comprendre, à la maîtriser et à l’utiliser comme outils au service des hommes et des femmes au sein de la société. Afin de permettre de réaliser les objectifs du projet à travers la connaissance de l’approche genre et équité par les acteurs de développement, il s’est avéré nécessaire de renforcer les capacités de ceux-ci en genre et développement.

GENRE ET DEVELOPPEMENT

1. BUT

Développer les connaissances et les compétences des participant(e)s en genre et développement en vue de les rendre capables d’encadrer les groupes (Femmes Hommes) dans le secteur de la santé de la reproduction.

2. OBJECTIFS GENERAUX 

- Se familiariser avec le concept genre et développement ;

- Comprendre les questions genre dans la société ;

- Prendre en compte la dimension genre dans les projets et programmes liés à la santé de la reproduction des hommes et des femmes et au développement ;

- Valoriser le Statut de la Femme par la maîtrise du concept GED.

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LES DIFFERENCES BIOLOGIQUES ET SOCIALES

Pour comprendre la perspective sociale de la notion de Genre, il est important de distinguer les concepts de sexe et de genre. Les différences existant entre femmes et hommes étant d’une part de nature biologique et d’autre part de nature sociale.

S’agissant de la différence de nature biologique deux éléments sont à prendre en considération à savoir  le sexe et le rôle sexuel ou biologiqueCes deux éléments sont innés – universels – irréversibles ; ces deux éléments entrent dans les rôles de reproduction.

Exemple :

La femme tombe enceinte, elle donne naissance aux enfants, elle les allaite, etc. ces rôles étant impossibles à jouer par le sexe opposé, celui de l’homme.L’homme éjacule, effectue la fécondation et détermine le sexe de l’enfant. Ces rôles étant impossibles à jouer par le sexe opposé, celui de la femme. Cette explication biologique situe la responsabilité du couple (homme et femme) dans la détermination du sexe.

S’agissant de la différence relative à la nature sociale.

Les rôles de genre sont des comportements socialement et culturellement conçus et qui déterminent le type de tâches ou activités à exécuter. Ces rôles sont réversibles. Ainsi, des rôles de production qui étaient justifiables dans le passé peuvent être révolus avec le temps.

Les rôles de genre varient d’une culture à une autre et souvent d’un groupe social à un autre au sein d’une même culture en fonction de la classe, de l’ethnicité et de la race.

Des facteurs tels que l’éducation, la technologie et l’économie et les crises soudaines comme la guerre et la famine modifient les rôles des genres. Le genre considéré comme un contact social, parce qu’il est déterminé par des éléments sociaux et repose sur des structures sociales. Les contributions que les femmes apportent au développement économique du pays ne sont donc pas chiffrées et restent invisibles.

Le « genre » en tant que concept socialLe « genre » est le processus qui décrit les relations et les rôles des hommes et des femmes qui sont déterminés par la société sous l’influence de la culture, de la religion, de l’économie, de la politique, etc.Le « genre » varie selon les pays, les régions, les collectivités et le moment.Les attitudes et comportements liés au genre relèvent de l’acquis et à ce titre, peuvent être modifiés.

Le genre est une relation entre les sexes ; c’est une manière d’organiser les notions de féminin et de masculin ; c’est aussi une construction sociale et culturelle de la différence entre homme et femme.Les rapports du genre sont spécifiques à chaque société. Ils ne sont pas universels et varient selon les cultures et les collectivités. Ils sont donc dynamiques.

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Les relations sociales sont décrites comme étant les différentes relations structurelles qui s’entrecroisent et attribuent à un individu, une position dans la structure et dans la hiérarchie de la société.

Le genre (analyse) est un outils d’analyse ou une démarche qui permet de mettre en lumière les disparités dans les rapports entre les femmes et les hommes.L’approche genre tente de faire disparaître ou tout au moins de réduire les disparités.Il ne faut pas confondre les concepts « genre » et « sexe ».Le sexe se réfère aux rôles biologiques qui sont déterminés par la nature et qui sont liés aux fonctions de reproduction (sexe masculin, sexe féminin).

Par contre, le genre en tant que concept social, décrit les relations et les rôles des hommes et des femmes. Ces rôles et relations sont déterminés par la société dans laquelle évoluent les hommes et les femmes. Le genre est donc une variable sociale parmi d’autres.Les fonctions biologiques de la femme et de l’homme sont innées, irréversibles et inchangeables.Mais les fonctions sociales sont des valeurs constituées par la société et peuvent évoluer en faveur de la femme et de l’homme.

Dans beaucoup de sociétés, les femmes exécutent aussi des activités productrices, par exemple cultiver de petites parcelles. Ces activités ne sont pas considérées comme représentant un travail et ne sont pas remerciées.

Les femmes peuvent aussi jouer de nombreux rôles dans les activités formelles et informelles de l’économie qui sont rémunérés. Mais à l’opposé des hommes, les rôles producteurs des femmes sont souvent sous-évalués ou ne sont guère reconnus.

Les rôles et responsabilités des genres varient selon les cultures et peuvent évoluer dans le temps. Par exemple : en Inde, le travail non spécialisé est mis au rang de « Travail de femmes » tandis qu’en Afrique, c’est un « Travail d’homme ». En Europe et aux Etats-Unis la contribution que les hommes apportent aux activités domestiques devient de plus en plus importante et visible.

II/ ESSAI DE DEFINITION

Au total, l’on peut définir le genre comme une approche de développement qui se fonde sur les relations femmes hommes que détermine la société et non plus sur les femmes en tant que groupe. L’analyse de l’approche est centrée sur les forces sociales, économiques, politiques, culturelles qui déterminent la façon dont les femmes et les hommes peuvent participer à un projet, en profiter et contrôler ses ressources et ses activités.

HISTORIQUE

Trois grandes approches ont caractérisé le rôle et la place des femmes dans le développement. Il s’agit successivement de :L’approche Intégration de la Femme au Développement (IFD) ou Women In Development (WID)

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L’approche Femme et Développement (FED) ou Women And Development (WAD)L’approche Genre et Développement (GED) ou Gender And Development (GAD).

Intégration des femmes au développement IFD/WID

L’expression « WOMEN IN DEVELOPMENT » est entrée dans l’usage au début des années 70, suite à la publication du livre d’Ester Boserup, Women’s Role in Economic Development (1970). Boserup a été la première à identifier systématiquement et à l’échelle mondiale la division sexuelle du travail propre aux économies agraires. L’ouvrage de Boserup est remarquable en ce sens qu’il se fonde sur un examen de données et de faits connus depuis longtemps par les spécialistes des sciences sociales du développement, mais l’auteur fut la première à utiliser systématiquement la variable sexuelle dans son analyse.

Plusieurs courants de pensées ainsi que plusieurs programmes et projets ont milité en faveur donc du concept IFD qu’il a largement acquis l’adhésion des gouvernements et des partenaires en développement depuis la première conférence mondiale sur les femmes tenue à Mexico en 1975.

Le concept IFD se fonde sur une approche qui cherche à intégrer les femmes au processus de développement.Le concept IFD a pour groupe cible les femmes. Il cherche à résoudre le problème d’exclusion des femmes au processus du développementLe concept IFD a pour but de parvenir à un développement plus efficace et plus performant.Le concept IFD a pour stratégies, les projets féminins, les composantes femmes, les projets intégrés, l’augmentation de la productivité des femmes, l’augmentation des moyens dont disposent les femmes.

Par la suite la recherche de Boserup a été l’objet de critique pour sa trop grande simplification du travail et du rôle des femmes. En fait la formule IFD ne s’attaque pas aux causes fondamentales de la discrimination qui empêche les femmes de participer pleinement au développement des sociétés dont elles font partie.

Cette méconnaissance rendait alors le développement inefficace et celui-ci en souffrait.Au regard de cette insuffisance constatée dans la formule IFD, d’autres progrès ont été faits et la formule FEMME ET DEVELOPPEMENT fut élaborée.

Femmes et Développement FED/WAD

L’approche « Femmes et Développement » (Women and Development, WAD) est apparue au cours de la deuxième moitié des années 70, en réaction aux limites de l’IFD.L’approche « Femmes et Développement » se fonde essentiellement sur le postulat que les femmes ont toujours fait partie des processus de développement.

La perspective FED met l’accent sur la relation entre les femmes et le processus de développement plutôt que seulement sur les stratégies d’intégration des femmes au développement. Elle part du fait que les femmes ont toujours un rôle économique

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important au sein de leurs sociétés, que leur travail, à l’intérieur comme à l’extérieur du foyer, est essentiel à la survie de ces sociétés mais que cette intégration sert surtout au maintien des structures d’inégalité.

Sur le plan théorique, l’approche FED reconnaît et met clairement l’accent sur l’impact social, mais en pratique et dans la conception et la mise en œuvre des projets, elle a tendance, comme l’approche IFD, à regrouper les femmes sans analyser suffisamment les divisions de classe, de race ou d’ethnie qui toutes peuvent avoir une influence importante sur le statut social des femmes.

Une autre faiblesse, commune aux approches IFD et FED, est l’accent mis sur le secteur de la production aux dépens des aspects reproductifs du travail et de la vie des femmes. Les stratégies d’intervention IFD et FED ont donc eu tendance à se concentrer sur le développement d’activités génératrices de revenus, sans tenir compte des contraintes de temps que cela pose aux femmes (Roberts 1979 : McSweeney et Friedman 1982).

L’approche Genre et Développement (GED) ou Gender and Development (GAD)

L’approche Genre et Développement est apparue au cours des années 80 comme une solution de rechange et des corrections des insuffisances constatées dans les approches IFD et F.E.D..

Pour comprendre cette approche du Genre, il est nécessaire de partir de la réflexion des principes que comporte l’approche Genre à savoir que :

Hommes et Femmes créent la société et la perpétuent, et conditionnent la répartition des tâches. Cependant, les bénéfices et les souffrances sont mal partagés. Il faut donc plus d’importance aux femmes parce qu’elles ont été plus désavantagées que les hommes.Femmes et Hommes ont des rapports différents avec la société et, malgré une certaine interdépendance, fonctionnent souvent dans des secteurs différents de la communauté. C’est pourquoi leurs priorités et leurs perspectives sont différentes. A cause du rôle des genres, les hommes peuvent borner ou élargir les options des femmes.

Le développement se répercute de façon différente sur les hommes et sur les femmes, et les femmes et les hommes exercent une influence différente sur les projets. Les deux doivent participer à l’identification des problèmes et des solutions si l’on veut faire avancer les intérêts de la communauté.

Ce faisant, le principal élément de l’approche GED est qu’elle s’appuie sur « l’ensemble de l’organisation sociale et de la vie économique et politique afin de comprendre la formation des aspects particuliers de la société » (YOUNG 1987). L’approche GED ne s’intéresse pas aux femmes en soi mais plutôt à la construction sociale de genres et à l’attribution de rôles, de responsabilités et d’attentes spécifiques aux femmes et aux hommes. Au lieu de mettre l’accent exclusivement sur la solidarité entre les femmes, l’approche accueille favorablement les contributions potentielles des hommes qui partagent son intérêt pour les questions d’étique et de justice sociale (SEN et GROWN 1987).

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L’approche GED ne porte pas exclusivement sur les aspects productifs ou sur les aspects reproductifs de la vie des femmes (et des hommes). Elle analyse la nature de la contribution des femmes au travail productif réalisé à l’intérieur et à l’extérieur du foyer, y compris la production non marchande, et elle rejette la dichotomie public-privé qui sert habituellement à sous-évaluer le travail effectué par les femmes au bénéfice de leur famille et de leur foyer.

L’approche Genre requiert un engagement effectif de l’Etat afin d’aider à mettre en œuvre les politiques dénudées de toute discrimination culturelle fondée sur le sexe – c’est-à-dire lutter contre les stéréotypes ordinaires qui caractérisent les hommes et les femmes.

EXPLICATION DU CONCEPT GENRE

INTEGRATION DES FEMMES AU DEVELOPPEMENT

GENRE ET DEVELOPPEMENT

L’approche Une approche qui cherche à intégrer les femmes au processus de développement.

Une approche qui cherche à donner des pouvoirs aux femmes et à mobiliser des rapports inégaux entre femmes et hommes.

Cible Les femmes Les rapports entre hommes et femmes

Problème Exclusion des femmes du processus de développement

Rapports inégaux de pouvoir (riches et pauvres femmes et hommes) qui empêchent un développement équitable et la pleine participation des femmes.

But Un développement plus efficace et plus performant.

Développement équitable et durable.Femmes et hommes se partagent la prise de décision et le pouvoir.

Stratégies

Projets fémininsComposantes femmesProjets intégrésAugmentation de la productivité et des revenus des femmesAugmentation les moyens dont disposent les femmes.

Identifier les besoins à court terme définis par les femmes et les hommes pour améliorer leur sort et prendre des mesures les concernant.

En même temps, s’occuper des intérêts à plus long terme des femmes et des hommes.

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Définition des autres concepts

Le genre est un principe fondamental de l’organisation des sociétés notamment sur le plan de la répartition du travail dans les familles et les communautés et aussi sur le marché.Les rôles de Genre sont des comportements socialement et culturellement conçus et qui déterminent le type de tâches ou activités à exécuter. Ces rôles sont réversibles.

Ainsi, des rôles de production qui étaient justifiables dans le passé peuvent être révolus avec le temps. Mais s’agissant des rôles biologiques liés aux sexes. Ces rôles sont innés, universels, irréversibles. Ces rôles biologiques rentrent dans la santé de la reproduction. Mais la discrimination liée au genre prive la femme de ses droits à la santé de la reproduction.

1. Approche genre et développement

Pour comprendre cette approche du genre, il est nécessaire de partir de la réflexion des principes que comporte l’approche genre à savoir que :

- hommes et femmes créent la société et la perpétuent et conditionnent la répartition des tâches. Cependant, les bénéfices et les souffrances sont mal partagés. Il faut donc plus d’importance aux femmes parce qu’elles ont été plus désavantagées que les hommes ;

- femmes et hommes ont des rapports différents avec la société et, malgré une certaine interdépendance, fonctionnent souvent dans des secteurs différents de la communauté. C’est pourquoi leurs priorités et leurs perspectives sont différentes. A cause du rôle des genres, les hommes peuvent borner ou élargir les options des femmes ;

- le développement se répercute de façon différente sur les hommes et sur les femmes et les femmes et les hommes exercent une influence différentes sur les projets. Les deux doivent participer à l’identification des problèmes et des solutions si l’on veut faire avancer les intérêts de la communauté.

2. Définition de la santé

La santé n’est pas seulement l’absence de maladie, comme l’indique la définition adoptée par l’OMS. Elle ne peut être assurée que là où les ressources permettent de satisfaire les besoins de l’Homme et où les milieux de vie et de travail sont protégés contre les polluants, les agents pathogènes et les risques physiques menaçant la vie et la santé. La santé toutefois implique également un sentiment de bien-être et de sécurité. Les milieux de vie et de travail déficients génèrent des problèmes de santé physique aussi bien que psychosociale. La violence et l’aliénation sont associées non seulement aux difficultés de l’emploi, mais également à la médiocre qualité de logements surpeuplés, à la défaillance des services, à l’influence des loisirs, des activités récréatives et des possibilités de jeux et de développement offertes aux enfants. La prise de conscience du lien unissant tous ces facteurs a conduit à la notion d’un environnement favorable à la santé, dans lequel on ne se borne pas à réduire au minimum les risques pour la santé mais où l’on encourage l’accomplissement personnel, le progrès communautaire, l’estime de soi et la sécurité.

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Cette conception de la santé signifie que les individus, les ménages et les communautés partagent la responsabilité et de leur propre santé. Cette responsabilité est indissociable des droits des individus, des ménages et des communautés à avoir un logement convenable, à recevoir des soins de santé de qualité et à bénéficier d’une éducation y compris l’éducation à la santé.

3. Santé et développement

En général, le développement s’entend du processus par lequel on améliore la qualité de la vie humaine. Il comporte trois aspects d’importance égale :

- élever les niveaux de vie des populations (ce qui se traduit par une augmentation du revenu et de la consommation) ;

- créer des conditions favorables à l’estime de soi ;- accroître la liberté de choix des populations.

La santé et les moyens de la préserver jouent un rôle crucial dans le développement, mais la bonne santé n’est pas facilement mesurable. Le revenu, à lui seul, n’est pas un indicateur adéquat du développement, bien qu’il reste le plus utilisé parce qu’il est plus facile à mesurer que les autres aspects du développement. Les liens entre santé et le revenu sont évidents aussi bien à l’échelle individuelle qu’au niveau des moyennes par pays. La comparaison des indicateurs de santé avec les indicateurs économiques au niveau national permet de constater que les pays qui ont un taux de mortalité maternelle et infantile bas et dont les habitants jouissent d’une longue espérance de vie sont ceux où les revenus individuels sont les plus élevés.

LISTE DE POINTAGE POUR FAIRE INTERVENIR L’EQUITE ENTRE LES SEXES DANS LA CONCEPTION ET L’EXECUTION D’UN PROJET

1- Préparation et conception d’un projet

a) Préparation

Quelles couches de la population sont desservies par le projet (femmes seulement, hommes seulement, hommes et femmes, autres couches) ?

De quelles informations dispose-t-on déjà au sujet de chaque groupe de population, et de femmes en particulier ?

A-t-on réuni des informations au sujet des travaux des femmes et des hommes dans le ménage et la communauté ? Est-ce qu’elles sont pertinentes et suffisantes pour les buts du sujet ?

Y a-t-il eu des consultations avec les personnes dont l’existence sera touchée par le projet, et s’est-on occupé des femmes à ce propos ?

Est-ce que les femmes participent à tous les niveaux, à la planification et à l’exécution du projet ?

b) Objectifs et activités

Quels sont les objectifs du projet ?

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A-t-on recherché l’avis des hommes et des femmes pour définir les objectifs ? Est-ce que les objectifs du projet prennent en compte les rôles des femmes et

des hommes ? Comment les objectifs répondent-ils aux besoins et aux soucis des femmes et

des hommes ? Quels sont les programmes, activités et services du projet qui répondent aux

besoins et aux soucis des deux sexes ? Comment le fait de faire appel aux femmes aidera-t-il à atteindre les objectifs ? Comment les activités et les services accorderont-ils une place à la participation

des femmes ? De quelle façon les activités et les services profiteront-ils aux femmes ? Comment les femmes auront-elles accès aux possibilités et aux services qu’offre

le projet (formation, vulgarisation agricole, nouvelle attribution de droits fonciers, dispositifs de crédit, affiliation à la coopérative, emploi durant la construction et le fonctionnement, etc.) ?

Est-ce que le projet dispose des moyens suffisants pour offrir ces services aux femmes ?

Est-ce que le projet risque d’avoir des effets préjudiciables sur les femmes ? Quels obstacles sociaux, juridiques et culturels pourraient empêcher les femmes

de participer au projet ? Quelles dispositions ont été prises pour surmonter ces obstacles ?

2- Exécution du projet

Personnel du projet

Est-ce que le personnel du projet connaît les problèmes de genre ? Est-ce que le personnel du projet est disposé à chercher la participation des

femmes pour l’exécuter ? Dans quelles mesures le personnel féminin a l’expérience de la prestation de

services des hommes ? Dans quelle mesure le personnel masculin a l’expérience de la prestation de

services des femmes ? Si l’emploi d’un personnel masculin n’est pas acceptable pour des raisons

culturelles, est-ce que le projet prendra des dispositions pour l’intervention d’un personnel féminin ?

Dispose-t-on d’un personnel féminin pour des emplois techniques 

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Exercice : ETUDE DE CAS POUR LES INTERRELATIONS ENTRE GENRE,

SANTE ET VIH - UNE VIE DE FILLE

OBJECTIF D’APPRENTISSAGE

Analyser les interrelations entre le Genre, la santé de la reproduction et le VIH tant

au niveau individuel, familial que communautaire.

INTRODUCTION

Nulle part, les effets dévastateurs de la pandémie du SIDA ne sont aussi apparents qu’en Afrique. Et pour toute une série de raisons souvent connexes, les femmes en sont les principales victimes. Cette différence de vulnérabilité entre homme et femme pour le cas spécifique du VIH/Sida trouve son fondement dans le construit social, nos comportements. L’analyse genre de nos programmes et projets pour une prise en compte effective de cette composante transversale de la lutte contre le VIH/Sida et ses effets sur le bien être social revêt donc une importance capitale.

Le genre pose les problèmes de SR en termes d’égalité d’accès à l’information et aux services, d’exercice de droits permettant d’avoir une vie sexuelle satisfaisante dans des conditions de sécurité optimale et d’avoir la possibilité de procréer et d’avoir le choix du moment, de la fréquence et de l’importance de la procréation (nombre d’enfants). De nombreuses études montrent que cette opportunité n’est qu’un leurre dans nos sociétés traditionnelles

L’introduction de ce concept dans le système de santé en Afrique est donc en soi un défi puisque s’intéressant aux attitudes et comportements des prestataires et des populations bénéficiaires. En effet, ce concept fait appel non seulement à leur savoir (connaissances), à leur savoir-faire (compétences) mais aussi à leur savoir être (attitudes, valeurs et croyances).

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Objectifs spécifiques

A la fin de ce chapitre, les participants seront capables de :

- Expliquer les facteurs déterminants du VIIH/Sida (facteurs liés à la condition de la femme et ceux liés à la position de la femme dans la société),

- Décrire les conséquences des disparités de genre sur la propagation des IST/VIH/Sida,

- Proposer des approches de solutions tant au niveau conceptuel, méthodologique qu’institutionnel.

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Le changement de comportement que le concept genre demande doit être planifié et exécuté de façon systématique et à tous les niveaux afin de donner les moyens à tous de participer au développement et d’en partager les bénéfices.

Malheureusement, depuis toujours, les planificateurs, les promoteurs de programmes ont très peu considéré les problèmes liés au « Genre ». Ce besoin de connaissances sur l’existence de problèmes liés au genre s’exprime aussi bien à Bujumbura qu’à Muramvya en ces termes : « dans la pratique de la décentralisation au Burundi, les aspects de genre ont été pris en compte. Il n’y a pas de parti pris pour le choix des projets à financer. Les critères de sélection sont basés sur la qualité du projet, sa pertinence et son coût. Les hommes et les femmes ont la même chance d’avoir leur projet élu. De même, au niveau des organisations, il existe aussi bien des organisations féminines, des organisations d’hommes que mixtes. Il n’y a donc aucun souci sur ce plan. ». Et pourtant, les femmes et les hommes connaissent différents problèmes de santé et d’accès au développement.

Le cas ci-dessus est un prototype de ce qui est couramment rencontré dans nos pays en Afrique au Sud du Sahara (sans exclusive). Analyser ce cas et rechercher des analogies au Burundi est l’objectif principal de cet exercice

La situation : « une vie de fille »

La famille de Sydonie avait six enfants : quatre garçons et deux filles. Sydonie était le quatrième enfant et la plus jeune fille. Sa famille vivait d’agriculture et de la vente de quelques produits agricoles. Souvent, il n’y avait pas suffisamment de vivres pour nourrir correctement toute la famille. Comme dans la plupart des familles de sa communauté, le père et les frères mangeaient les premiers, suivi de Sidonie et sa sœur ; la mère mangeait en dernier. Sidonie grandit lentement mais la chose était jugée normale.A l’âge de six ans, Sidonie a commencé à aller à l’école. Deux ans après, elle dut s’arrêter, parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’argent pour scolariser tous les enfants. Ses deux aînés ont poursuivi leurs études, tandis que Sidonie et sa sœur aînée restaient à la maison pour aider leur mère à cultiver la terre, à s’occuper de leurs jeunes frères et à faire des travaux ménagers.Quand Sidonie arriva à l’âge de 12 ans, la situation financière de la famille s’était améliorée. La famille avait appris de nouvelles techniques agricoles et avait augmenté ses ventes. Sidonie voulait repartir à l’école qui était loin. Son père refusa car le long parcours l’inquiétait. Par ailleurs, l’école n’avait qu’un seul enseignant et son père ne jugeait pas approprié que sa fille, qui approchait de la puberté, reçoive un enseignement donné par un homme. En outre, comme il l’expliqua à sa femme, Sidonie allait bientôt se marier – elle n’avait pas besoin d’aller à l’école ou ni d’être « souillée » avant le mariage. Sa sœur aînée, Angeline, 17 ans était mariée depuis deux ans et avait un enfant ;Quand Sidonie atteint l’âge de quinze ans, elle épousa Amévo et alla vivre dans sa famille. Quatre mois après, elle était enceinte. A 18 ans, elle avait trois filles. Elle était toujours fatiguée, en mauvaise santé et se sentait souvent seule et déprimée. Bien qu’elle ne sache pas lire, elle avait entendu parler du planning familial et suggéra à Amévo d’envisager d’y avoir recours, afin qu’elle puisse se reposer. Amévo devint furieux et la battit. il lui signifia qu’elle ne lui avait pas encore donné de garçon et que de toute façon, le planning familial n’était pas naturel . S’estimant avoir

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été réprimandée à juste titre pour son comportement hardi et présomptueux, Sidonie ne parla plus de la question.La santé de Sidonie continua à se dégrader. Elle fut soignée plusieurs fois au dispensaire pour des démangeaisons et des écoulements des parties génitales. Chaque fois, les infirmières lui ont dit qu’elle devait employer des préservatifs pour empêcher cette maladie. Elles la critiquaient sévèrement parce qu’elle ne s’en servait pas.Mais Sidonie savait que seules les prostituées employaient des préservatifs et que Amévo refuserait de s’en servir. Le 4ème enfant de Sidonie fut un fils, ce qui rendit Amévo très heureux. Il espère avoir un 2ème et un 3ème fils. Mais à un an et demi, son dernier enfant mourut à la suite d’une fièvre accompagnée de diarrhée profuse. Ce fut la désolation et la tristesse...Entre temps, Sidonie était devenue de plus en plus triste et fatiguée et maigrissait à vue d’oeil. A la suite d’une hospitalisation, on lui fit des examens sanguins. Le résultat était sans appel, Sidonie était infectée par le VIH. Son mari qui se sentait bien refusa le test sérologique au VIH et répudia Sidonie ne voulant plus vivre avec une séropositive. La santé de Sidonie continua à se dégrader, elle n’osa plus se montrer en public et alors, s’enferma …

Discussions : 1. Analyser cette situation et faire ressortir les problèmes vécus par Sidonie,

2. Identifier les problèmes de santé liés à sa situation et sa condition de femme.

3. Quelles sont les causes de ces problèmes de santé aussi bien immédiates (Sidonie, sa famille, son mari) que lointaines (les services de santé, la société, etc.) ?

4. Ce cas est-il applicable à votre contexte social ? Si oui, donner quelques exemples illustratifs. Si non, dites pourquoi.

2. Quelles solutions proposez-vous pour réduire l’impact du genre sur la propagation du VIH et du Sida dans votre milieu de vie?

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GENERALITES SUR LA COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT

Le processus de changement de comportement : Mécanisme et principes de base

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Analyser les étapes essentielles du processus de changement de comportement

2. Expliquer les éléments influençant l’adoption d’un nouveau comportement

LE PROCESSUS D ’ADOPTION DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS

1. Il y a des comportements obligatoires et non obligatoires.

2. C ’est un processus qui comporte des étapes.

3. ces étapes ne sont pas nécessairement linéaires.

4. En matière de comportement, les résultats ne sont pas toujours définitifs.

5. il y a une interrelation entre ces étapes.

il y a des facteurs qui :

- prédisposent à l ’action

- facilitent l ’action

- renforcent l ’action

Les principales étapes du processus de changement de comportement1. on est informé (on entend parler de…), on est au courant, on acquiert les

connaissances et les compétences appropriées. 2. on est d ’accord, on approuve, on est pour, on accepte.3. on décide d ’agir, on a l ’intention de…, on est prêt.4. on agit : on adopte le comportement souhaite, on essaie, on confirme, on

maintient son comportement5. on répand la bonne nouvelle, on incite les autres à agir.

La durée du processus dépend de plusieurs variables telles que la nature et l’ampleur du changement (un comportement aux conséquences irréversibles telle que le fait de recourir à la contraception chirurgicale féminine, est ainsi plus difficile à faire adopter que la prise de pilules comme moyen de contraception par exemple) ; les caractéristiques psychosociologiques de l’individu concerné (le changement de comportement est avant tout une action individuelle), celui-ci peut être un innovateur, un adoptant précoce, moyen ou traînard et l'efficacité de l'IEC menée.

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Les éléments influençant le changement de comportement :Les variables sociodémographiques tels que le niveau d’instruction, l’âge, le revenu, le lieu de résidence, ainsi que les variables d’ordre psychosociologique (les valeurs, la religion), il est reconnu, influencent d’une manière ou d’une autre l’adoption d’un nouveau comportement. Par ailleurs, les recherches ont montré que l’être humain peut également adopter ou changer un comportement sous l’influence d’éléments relevant de l’un et/ou l’autre des facteurs suivants :

L’élément rationnel qui est fondé sur la connaissance.  Pour qu’un changement de comportement durable soit possible, il faudra que l’individu concerné possède les connaissances nécessaires sur les aspects de santé qui nécessitent de changer de comportement ou d’adopter des comportements nouveaux. Par exemple, l’individu a besoin de savoir ce qu’est le VIH/SIDA, comment elle se transmet, ce qu’on peut faire pour éviter l’infection.

L’élément émotif  qui est fondé sur l’intensité des attitudes ou des sentiments. Par exemple, en matière de VIH/SIDA, l’individu a besoin de ressentir une vulnérabilité intense et personnelle à la maladie, un engagement émotif à l’égard du comportement indispensable pour l’éviter, une compassion pour ceux qui sont déjà touchés et le souci de protéger les autres contre la maladie. Les émotions peuvent être négatives (fondées sur la peur ou la colère) ou positives (fondées sur l’amour ou sur l’espoir d’une »récompense ».

L’élément pratique est fondé sur les habiletés (la capacité personnelle) de réaliser le nouveau comportement. Ainsi l’individu qui souhaite adopter un nouveau comportement doit se sentir «compétent », capable et sûr de pouvoir adopter le comportement concerné.

L’élément interpersonnel qui est fondé sur le bénéfice de soutien des réseaux sociaux. En effet, il est important que l’individu bénéficie du soutien de certaines personnes, dans la famille, dans les «groupes des pairs », dans la communauté, dans le village, dans les associations, etc. Les connaissances, les sentiments, les attitudes, les compétences de ces personnes (qui constituent « l’entourage immédiat qui compte ») aident à renforcer (ou à refréner ) les changements qui améliorent la santé.

L’élément structurel est fondé sur le contexte social (économique, juridique, technologique, etc. ) dans lequel se situe le comportement. Afin que le changement de comportement soit durable, l’individu concerné doit avoir accès aux produits et services nécessaires. L’individu doit également vivre dans un environnement dans lequel un comportement plus sûr est rendu plus facile, est accepté et devient même routinier, tandis que le comportement dangereux est rendu difficile.

En résumé, trois aspects fondamentaux doivent être pris en compte dans un processus de changement de comportement en matière de santé :Les connaissances, les compétences, les attitudes, les sentiments, les opinions, les croyances et les pratiques de l’individu concerné.Les connaissances, les compétences, les attitudes, les sentiments, les opinions, les croyances et les pratiques des «personnes qui sont chères » à l’individu concerné, les « personnes qui comptent » pour lui.

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L’environnement (social, culturel, économique, juridique, familial, etc… ) dans lequel vit l’individu concerné.

Il est à noter que les différents éléments intervenant dans le changement de comportement sont classés par les chercheurs en trois catégories de facteurs : les facteurs prédisposant, les facteurs facilitant et les facteurs de renforcement du comportement.Les facteurs prédisposant : ils précèdent le comportement et fournissent la raison ou la motivation pour l’adoption du comportement. Il s’agit des éléments rationnels et émotionnels : connaissances, attitudes, croyances, valeurs, perceptions… de la cible par rapport au problème.Les facteurs facilitant : ils précèdent l’adoption du comportement et permettent à la motivation d’être concrétisée en comportement. Il s’agit des éléments pratiques (habilités à réaliser le comportement) et structurels (disponibilités, accessibilités des moyens pour accomplir le comportement, l’existence des lois et réglementation, volonté politique en faveur du comportement )

- Les facteurs de renforcement : ils regroupent les sanctions ou rétroactions positives ou négatives que l’individu reçoit des autres à la suite de l’adoption du comportement. Ce sont des facteurs contemporains ou postérieurs au comportement ; ils influencent le maintien. Il s’agit de l’élément interpersonnel, c’est à dire, le comportement et l’attitude des proches, des leaders communautaires, décideurs…

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VUE D’ENSEMBLE : LE CONCEPT D'INFORMATION EDUCATION COMMUNICATION

La communication pour le changement de comportement : Vue d’ensemble

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1-Définir les concepts d’information ; éducation ; communication ; IEC et de CCC,

2- Déterminer ce que l’a CCC peut faire et ne peut faire en matière de SRA

3- Effectuer une analyse comparative de la CCC et les autres concepts qui lui sont apparentés

Quelques définitions :

1. L’information peut être définie comme étant : - L’action de mettre au courant de quelque chose, avertir, aviser;- L’ensemble des messages utiles au changement de comportement désiré,- L’action de porter à la connaissance d'un individu, d'un auditoire ou d'un

public, des connaissances, des faits, des idées, des problèmes ou des solutions que celui-ci ignorait auparavant ou dont il n'avait pas connaissance dans l'intention qu'il les exploitera dans le sens de son mieux être.

L'information apporte le savoir (ensemble de connaissances). Le savoir ne suffit pas pour induire un changement de comportement. Néanmoins, cette étape permet de se positionner par rapport au sujet traité. L'information se rapporte à la connaissance et la conscience.L’éducation peut être définie comme étant :

- l’action d'enseigner, de développer les aptitudes physiques intellectuelles, physiques et morales.

- l’action d'apprendre à quelqu'un les usages de la société, les bonnes manières.

- L’action de développer une faculté ou une fonction particulière

2. L’éducation favorise l'apprentissage du comportement désiré, fait acquérir à un individu ou un groupe de manière systématisée des connaissances, des attitudes ou des pratiques bénéfiques en vue d'une amélioration de son bien-être.L'éducation apporte le savoir (connaissances), développe le savoir-faire (aptitudes), et agit sur le savoir être. Elle facilite l’adoption d’un nouveau comportement. L'éducation se rapporte à la compétence, au savoir être.

3. La communication, étymologiquement vient du mot latin "communicare" : mettre en commun, être en relation.

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Actuellement communiquer s’entend comme étant le fait d’entrer en relation avec quelqu'un, établir une relation, échanger des idées, des sentiments.

Échange d'information entre un émetteur et un récepteur chez qui l'on veut susciter le comportement désiré.

L’action de motiver et convaincre un individu (ou un groupe d’individus), à travers un dialogue, afin qu'il agisse dans le sens qui lui est bénéfique en prenant en compte ses besoins, ses intérêts, sa perception, ses valeurs, sa culture, son savoir et son expérience. Le contenu est construit par les deux partenaires au cours de l'échange.

La communication fait appel à l'adhésion et à la participation

4. L’IEC (information, éducation et communication) peut être définie commeétant :

Un processus d'apprentissage par lequel des individus et des communautés adoptent volontairement et maintiennent des comportements bénéfiques à leur santé.

L’ensemble des interventions qui utilisent de manière planifiée, et souvent intégrée, les démarches, techniques et ressources de l'information, de l'éducation et de la communication pour obtenir un changement de comportement (ou une consolidation) au niveau d'un individu, d'un groupe ou d'une population donnée. Ce changement ou consolidation va dans le sens de l'amélioration de la qualité de vie au plan individuel et / ou collectif. L'IEC est donc un puissant levier du développement.

5. La communication pour le changement de comportement :A l’heure actuelle, il est fait de plus en plus fait référence au concept de « communication pour le changement de comportement » afin de mettre l’emphase sur la notion de changement de comportement, pour préciser que le processus de communication est enclenché dans cet unique but.

Ainsi, la communication pour le changement de comportement peut être définie comme étant « un processus interactif et participatif, à double voie, permettant d'échanger des informations, des idées, des connaissances, des opinions et des décisions, en vue de favoriser dans la communauté donnée ou chez certains individus, des changements durables de comportement ou l'adoption de comportements nouveaux concourant à l'amélioration des conditions de vie de cette communauté ou de ces individus. »

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INTERRELATIONS I, E, C

Rôle de l'IEC (ce que l'IEC peut faire)

Au niveau de l’individu ou du couple

- Susciter l’implication personnelle- Accroître ou améliorer les connaissances sur les solutions aux problèmes à

résoudre- Obtenir une attitude favorable à une pratique, une idée- Combattre les rumeurs- Changer/renforcer les pratiques et les comportements conformes aux

solutions identifiées- Maintenir le bon comportement- Rendre maître de ses décisions- Encourager à informer, à persuader et à motiver d’autres individus ou couples.

Au niveau de la communauté ou du groupe

Impliquer la communauté dans le processus d’adoption des comportements désirables1. Obtenir son soutien en faveur de ceux qui adoptent les comportements2. Obtenir un changement collectif3. Rendre la communauté ou le groupe maître de son propre développement.

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AdhésionEchange

Communication

CONNAISSANCE COMPÉTENCE

PRISE DE CONSCIENCE

SAVOIR- ETRE

I E

C

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Au niveau institutionnel

1. Promouvoir les services de SR/PF/SS, améliorer leur image et les dynamiser2. Améliorer les compétences du personnel des services et améliorer la qualité des

services

Au niveau de la société globale

1. Accroître la prise de conscience du public sur les problèmes et les solutions de la relation Population et Développement

2. Sensibiliser les différentes composantes de la société sur les politiques et les problèmes de population, y compris de la SR

3. Accroître la demande des services de SR/PF/SS4. Changer les valeurs, les habitudes et pratiques sociales dans le sens de l’intérêt

collectif5. Contribuer à obtenir un appui politique de haut niveau en faveur du programme.

Limites de l'IEC (ce que l'IEC ne peut pas faire)

L’IEC ne peut rien ou peu, devant des situations telles que :

1. les insuffisances du système (sanitaire, politique, éducatif...) et des infrastructures dans un pays ou dans une région : délabrement, rareté, mauvais fonctionnement, etc.

2. le manque ou l’insuffisance de motivation du personnel pour des raisons financières (arriérés de salaires par exemple).

3. la non disponibilité des méthodes contraceptives ou les ruptures des stocks

4. les limites de la technologie : inadéquation rédhibitoire des solutions techniques

5. un environnement économique dégradé, la pauvreté généralisée...

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Analyse Comparative de la CCC et des différents concepts qui lui sont apparentés

CritèresIEC/CCC Plaidoyer Mobilisation

SocialeApproche participative

Marketing Social

Education en matière de population

OBJET

-- Connaissances- Attitudes- Croyances- Comportements

-Lois, règlements, directives, décisions officielles-Us et coutumes, traditions-Ressources-Environnement propice

- Action commune- Participation

Programme de développement communautaire

Produits : biens et services

-- Connaissances- Attitudes- Croyances - Comportements

BUT

RÉSULTAT VISÉ

Susciter un changement/ adoption volontaire de connaissances, attitudes, croyances ou comportements

Ex. : utilisation correcte d’une méthode de PF

Obtenir une décision et/ou son application effective dans l’intérêt général ou d’un individu. Résultats attendus : l'adoption de mesures favorables ; l'adhésion, l'appui, l'engagement, la tolérance ou la neutralité bienveillanteEx. : meilleure allocation des ressources

Obtenir une contribution volontaire à une entreprise commune d’intérêt public

Ex. : participation bénévole à une action de reboisement

Obtenir la participation et l’adhésion de la communauté à la planification, l’exécution, l’évaluation des projets de développement communautaire

Amener par la persuasion des personnes à consommer un bien ou un service ou à avoir une pratique par rapport à un produit dans un but social

Ex. : Achat et utilisation des sachets de SRO

Susciter un changement/ adoption volontaire de connaissances, attitudes, croyances ou comportements

Ex. : utilisation correcte d’un préservatif.

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CIBLES PRIORITAIR

ES

Bénéficiaires : personnes, groupes devant adopter ou changer de CAP ou devant agir sur la catégorie précédente pour que l’adoption/changement de CAP ait lieu effectivement

Leaders : personnes et institutions qui décident ou influencent de manière significative la prise de décision sur une question d’intérêt public ou individuel

Partenaires et alliés : personnes pouvant apporter une contribution matérielle ou immatérielle à l’entreprise commune

Communauté Consommateurs ou usagers : population à faible revenu et ayant besoin de produits accessiblesDistributeurs et autorités devant faciliter l’accès au produit

Bénéficiaires :- Ecoliers,- Elèves, - Etudiants, - Universitaires,- Extrascolaires ( apprentis, couturiers, coiffeuses,….)

MOYENS

Techniques et méthodes de l’information, de l’éducation et de la communication, techniques de motivation et du marketing

Moyens d’information et de communication, moyens et techniques d’influence non conflictuels

Techniques de l’IEC, plaidoyer, réseaux de mobilisation

Techniques d’approche participative, Techniques d’IEC, de plaidoyer et de mobilisation sociale

Techniques du marketing mixte commercial (Prix, Produit, Place, Promotion, Politique)

Techniques et méthodes de l’information, de l’éducation et de la communication

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A. STRATEGIE DU PLAIDOYER : Généralités

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la séance les participants seront capables de :

1. Expliquer le concept de plaidoyer

2. Identifier la nature des problèmes qui peuvent être résolus grâce à des interventions de type plaidoyer

Définition du plaidoyer :

Le plaidoyer peut être défini comme étant "un ensemble d'actions cohérentes menées par un individu, un groupe d'individus ou une communauté, dans un domaine quelconque d'intérêt public, en vue d'initier, de changer ou d'assurer la mise en place ou la mise en œuvre des politiques, lois, règlements, procédures, normes, programmes, dans le sens souhaité par l'individu ou la communauté qui entreprend ces actions".

Eléments à prendre en compte pour identifier un problème de plaidoyer :

- La dimension du problème (d'intérêt national par exemple)- La disponibilité des données- L'urgence de la solution- Le potentiel d'écoute positive de la part des parties prenantes- La capacité d'élaboration d'alternatives de solutions- Le potentiel de soutien- La facilité de compréhension de la liaison entre le problème et la solution.

Comment mobiliser le public:

- Inventorier tous les acteurs- Dissocier les rôles des acteurs (en fonction de la prise de décision)- Sélectionner les acteurs- Collecter des informations sur la situation du moment, sur les acteurs et les

obstacles et les contraintes des cibles- Clarifier les rôles attendus des cibles- Identifier les circuits d'accès aux cibles (canaux)- Identifier les objectifs de communication (pour chaque cible)- Elaborer les messages.

Sessions pour la présentation succincte des différents concepts 

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Quelques éléments à prendre en compte pour l’analyse de la situation

- Bien identifier le problème à résoudre

- Décrire les manifestations du problème, avec ses conséquences et ses causes (causes immédiates, sous-jacentes, fondamentales)

- Identifier les groupes qui sont affectés par le problème

- Identifier les groupes qui peuvent résoudre ou contribuer à résoudre le problème

- Déterminer les solutions possibles

- Déterminer les obstacles éventuels à surmonter et, parmi ces obstacles, ceux qui sont liés à une carence en termes de politiques, de lois, de règlements, de procédures, de normes, de programmes

- Déterminer les atouts sur lesquels on peut compter pour résoudre le problème

- Déterminer, parmi ces solutions, celles qui nécessitent des changements en termes de politiques, lois, règlements, procédures, normes et programmes.

Sources de données pour l’analyse de la situation

Les enquêtes auprès des communautés, Les évaluations des programmes de santé en cours, Les enquêtes démographiques et sanitaires, Les recensements de population, Les statistiques de santé de la reproduction, Les lois, les textes réglementaires et administratifs, Les rapports sur la population.

Forger des alliances

- Les alliances individuelles : souvent de caractère personnel. Elles visent des personnes à qui on demande de mener une action ponctuelle dans le processus de plaidoyer.

- Les réseaux se définissent comme étant un ensemble d'individus ou d'institutions ayant le même profil et dont le soutien est sollicité dans le processus de plaidoyer.

- Le groupe de pression est un ensemble d'individus ou d'organisations travaillant ensemble de manière coordonnée vers un but commun. Généralement dotés d'une influence politique, les groupes de pression peuvent être utilisés pour obtenir une décision. En général, les groupes de pression ont un statut juridique.

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B. STRATEGIE DE MARKETING SOCIAL : Généralités

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la séance les participants seront capables de :

1. Expliquer les principes de base du marketing social

2. Différencier le marketing commercial du marketing social

3. Définir le marketing social

LE MARKETING SOCIAL

Définition

Le marketing social est l'application de la philosophie du marketing commercial à des intérêts sociaux. Il a pour but de promouvoir le bien-être du public, des idées, des causes. Il met en question certains désirs du public. Il vise un bien supérieur à long terme. Il cherche à modifier les attitudes, les valeurs, les comportements. Le marketing social peut aussi se définir comme étant un processus d'influence sociale visant à convaincre, ou à l'opposé, dissuader, prévenir des comportements jugés dangereux ou malsains.

Pour certain c'est aussi la conception, la mise en œuvre et le contrôle de programmes destinés à accroître l'adhésion à une idée, une cause ou une pratique sociale, dans un ou plusieurs groupes-cibles. Il utilise la segmentation, les études de marché, le positionnement, la communication, la distribution, les actions de stimulation ainsi que la théorie de l'échange afin d'avoir la réponse la plus favorable possible, de la part du groupe-cible

Composantes fondamentales du marketing social :

- Le marketing social se construit autour des éléments ci-après: - Une orientation centrée sur l'auditoire plutôt que sur le message à diffuser - Une segmentation de la clientèle ou de l'auditoire - Une prise en compte des barrières réelles ou perçues à l'adoption d'un

comportement nouveau- Une démonstration des bénéfices auxquels le groupe visé s'associe- Une utilisation soutenue d'une variété de moyens- Le pré-test ainsi que le suivi et l'évaluation - La participation des représentants des groupes visés- Le partenariat afin de contribuer à la crédibilité et à l'accès- La synergie et la complémentarité avec tous les autres types de

communication- Un engagement substantiel et à long terme

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Stratégie de marketing social

Quel que soit le type de marketing, le consommateur est l'élément clé du marché. Par exemple dans le cadre du marketing commercial, l'entreprise étudie tout ce qui est susceptible d'expliquer comment tel consommateur est amené à décider d'acheter tel produit qu'elle propose et pourquoi tel autre consommateur ne l'achète pas. Elle définit sa politique du marketing à partir du comportement du consommateur d’abord, puis par rapport au produit proposé.Le marketing commercial consiste en un dosage optimum et cohérent, par rapport à une cible clairement définie, des différentes politiques commerciales menées sur la base des quatre éléments du marketing qui sont les suivants :En fonction de la cible choisie, elle affinera la définition du produit et choisira son positionnement, c’est-à-dire la place qu’il occupera sur le marché par rapport à la concurrence.Elle fixera le prix de vente de son produit en tenant compte du comportement du consommateur, du coût du produit, de l’attitude de ses concurrents.Elle choisira le canal de distribution le plus adapté à la cible et au produit. Elle organisera sa force de vente en fonction du ou des canaux de distribution choisi(s).Elle fera connaître son produit par des actions de communication (publicité, promotion de lancement, etc.)

Elle suivra et développera les ventes de son produit tout au long de la vie de celui-ci par des actions adaptées et cohérentes. Sans cesse, elle étudiera le marché pour déceler de nouveaux besoins et être à même de proposer de nouveaux produits pour remplacer les produits en perte de vitesse.

Les mêmes stratégies sont applicables au marketing social, toutefois, les données changent en fonction du contexte:- Dans le cadre social, les produits sont généralement des comportements qu'on souhaite voir adopter et des services à utiliser. Ils peuvent être la modification des habitudes de conduite, de consommation. Ils peuvent également constituer des dons en sang en argent en temps libre. Le prix est fixé de façon à réduire la résistance psychologique ou le coût physique de ceux à qui on s'adresse. Il peut être exprimé en monnaie, en effort psychologique, en sacrifice de temps.

La politique de distribution vise essentiellement à diversifier les points de vente. C'est ainsi qu'il faut créer et entretenir des groupes favorables et de pression à tous les niveaux. L'exemple typique de distribution efficace en matière de marketing social se voit en politique par la création des sections à tous les niveaux, la multiplication d'œuvre d'ordre social dont les écoles, les églises et les mosquées. Ceux-ci permettent de toucher un plus grand effectif.

La communication est l'ensemble des moyens pour communiquer avec la clientèle cible. On classe la communication essentiellement en deux catégories:

- les mass médias: la radio, la télévision et les affiches sont souvent utilisés. Le centre d'intérêt est le contact.

- les contacts interpersonnels qui sont souvent plus efficaces et assurés de façon bénévole

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C. STRATEGIE DE MOBILISATION COMMUNAUTAIRE:

Généralités

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la séance les participants seront capables de :1. Expliquer les concepts de mobilisation communautaire et de mobilisation sociale

2. Déterminer les moyens utilisés dans une stratégie de mobilisation communautaire

MOBILISATION SOCIALE /COMMUNAUTAIRE

FONDEMENTS

La mobilisation sociale repose sur trois (3) fondement essentiels :

1- Tout peuple, quelque soit son état (richesse, alphabétisation, géographique) a en lui un potentiel pour son développement ; 2- Un tel potentiel se trouve stocké dans les "savoir", les expériences, les compétences, les ressources culturelles et les techniques d'organisation sociale que ce peuple possède déjà ; 3- Ce potentiel peut être capitalisé et converti en action pour son épanouissement à travers un processus continu d'animation et de réflexion collective.

DEFINITION ET IMPORTANCE DE LA MOBILISATION SOCIALE

Définition

La mobilisation sociale est un processus continu d'animation et de formation offerts à une communauté afin de réaliser sa participation. La participation est considérée ici comme la contribution physique, intellectuelle, financière, matérielle et spirituelle de ladite communauté à la résolution de ses problèmes.

L'objectif de la mobilisation sociale est de permettre à une population donné de participer dans un processus clairement défini à la résolution de ses propres problèmes.Elle consiste alors à amener une communauté à reconnaître son propre potentiel dedéveloppement et partant à prendre des initiatives, des risques et des responsabilités pour transformer ce potentiel en des actions organisées afin de résoudre effectivement ses propres problèmes.

Importance

La mise à la disposition des populations d'un personnel et d'infrastructures de qualité ne suffit pas pour résoudre les problèmes quelques soit sa nature (santé,

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développement etc...). Les facteurs pouvant interagir portent sur: la pauvreté; la perception; les logiques et la façon de penser.

Le défis à relever pour tout spécialiste soucieux d'améliorer une situation quelconque au sein d'une société est de s'engager dans un processus de communication avec la population au terme duquel elle sera elle même en mesure de prendre les meilleures décisions en ce qui concerne son statut. Ce processus de communication est appelé mobilisation sociale.

DEMARCHE POUR LA MOBILISATION SOCIALE

Mettre en œuvre des activités de mobilisation sociale implique un certain nombre de préalables et d'étapes successives à accomplir qu'il faudrait clairement élucider :

a- Définition des objectifs que l'on veut réaliser en développant une telle activité.

b- Elaboration d'une démarche ou d'une approche: II faut réaliser un effort Intellectuel pour répondre à toute une série de questions qui vous permettront d'avoir une liste d'activités à mener pour réaliser vos objectifs. Ensuite il est nécessaire d'organiser tout cela en étapes et en activités de façon chronologique. Pour chaque étapes ou activités, il faut avoir une claire vision des résultats que l'on attend.

c- Identification des ressources ou moyens nécessaires à la réalisation du programme

d- Négociation et planification de la mise en œuvre

e- Détermination des conditions de base pour la mise en œuvre d'une démarche de mobilisation sociale

PROCESSUS DE COMMUNICATION POUR LA MOBILISATION SOCIALE

Dans le cadre de la mobilisation sociale, tout agent de développement doit dépasser la théorie du "pot vide et du pot plein" selon laquelle les communautés constituent le pot vide et les agents le pot plein et donc il faut toujours vider le pot plein dans le pot vide afin de le permettre de se développer.

La communication est vue ici comme un échange d'idées à travers le dialogue. Les agents partagent leurs connaissances techniques avec les populations et à la fois essaient de comprendre les connaissances, les expériences et les priorités des populations. Par ces échanges, il s'agit de donner aux populations l'occasion de s'exprimer, de discuter entre elles et aux agents, l'occasion d'écouter les membres de la communauté afin de comprendre leurs perspectives. Le but de la communication est d'arriver à une convergence de points de vue.

Au départ de la mobilisation sociale, on utilise le plaidoyer dont le but est la prise de décision pour faciliter les actions d'IEC. Mais elle utilise l'animation de groupe et essentiellement les activités de Communication interpersonnelle (CIP).

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Différentes stratégies / activités peuvent être utilisées :

Emissions radio (dans les communautés où existe une radio rurale) Information des autorités administratives et de l'élite (entretien

individuel/réunion) Information des leaders communautaires (entretien individuel/réunion) Information des groupes spécifiques (religieux, groupe socioprofessionnels...) Information de la communauté (réunion, distribution de tracts, émission radio

systèmes locaux de communication) Mise en place de comités communautaires Mise en place d'agents communautaires Création d'événements...

D. PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE

La participation de la communauté est le soubassement de la mobilisation sociale. Elle revêt une importance capitale :

- D'abord au moment de la collecte des données pour l'analyse de la situation- Ensuite pendant les étapes successives d'analyse des résultats de la

recherche et du choix des priorités.

La participation permet de :

• Réaliser l'efficacité et l'efficience des ressources (humaines, matérielles et financières) disponible même dans les communautés à faible revenus• Promouvoir l'initiative et de renforcer les capacités de gestion des communautés à résoudre leurs propres problèmes.• Concevoir et réaliser des projets en adéquation avec les besoins et les problèmes des communautés• Accroître la viabilité et la durabilité (pérennité) des projets.

QUELQUES DEFINITIONS

• Selon l'OMS la participation communautaire est un "Processus dans lequel les individus et les familles d'une part prennent en charge leur propre santé et leur propre bien-être comme ceux de la communauté, d'autre part développent leur capacité de concourir à leur propre développement comme à celui de la communauté.

. La participation est un processus permanent et continu et non une réaction ponctuelle. C'est une prise de conscience permanente, un engagement délibéré et responsable de la population et non un appel, une sollicitation circonstancielle des populations par les professionnels (santé, sociaux) pour une activité ou un programme donné.

. Engagement actif de la population locale dans les décisions concernant les projets de développement et leur exécution.

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. Faire en sorte que la communauté prenne conscience qu'elle dispose des ressources nécessaires pour réaliser une action pouvant améliorer ses conditions de vie et s'implique dans la planification, l'exécution et l'évaluation de cette action. L'appui extérieur peut être nécessaire mais il doit contribuer à l'autonomie de la communauté et l'amener à terme à l'auto développement. La communication est l'un des principaux moyen par lequel le processus se réalise.

E. APPROCHE PARTICIPATIVE COMMUNAUTAIRE : Généralités

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la séance les participants seront capables de :

1. Expliquer les principes de base de l’approche stratégique

2. Expliquer les étapes essentielles de la démarche

3. Citer au moins 3 outils de l’approche

APPROCHE PARTICIPATIVE

La participation active des destinataires de toute action de développement est reconnue aujourd'hui comme essentielle pour la réussite de celle-ci. Toute intervention visant une amélioration durable des conditions de vie des populations, est vouée à l'échec si les concernées ne sont pas les principaux acteurs de leur propre développement. Ils doivent être impliqués à tous les niveaux d'intervention, de l'identification des problème à la recherche et à la mise en œuvre de solutions.

Cette participation n'est pas spontanée elle suit une démarche communément appelé approche participative. A chaque étape du processus, c'est à dire la détermination des problèmes, des solutions possibles et des moyens de mise en œuvre, des outils ont été développés pour faciliter la communication, la collaboration entre les techniciens et la communauté bénéficiaire.

Le concept a évolué ces dernières années, de « méthode accélérée de recherche participative » (MARP), développée à partir de la fin des années 1970 par différents spécialistes, il est devenu au cours d'un atelier tenu au Sénégal en 1994, «méthode active de recherche et de planification participative » (MARP) et actuellement on parle de « apprentissage et action participatifs » (AAP). Si la première conception du MARP, comme son appellation l'indique a été axée sur la recherche, les deux autres méthodes se recoupe dans le contenu, et dans les outils utilisés. La différence réside dans le fait que l'A.A.P. met l'accent sur l'écoute du bénéficiaire de l'action de développement. Partant du principe que la population concernée sait mieux que

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quiconque ce dont elle a besoin, le technicien dans l'exercice aura un rôle de « facilitateur ».

L'apprentissage et action participatifs (AAP) :

L'AAP est une approche de développement communautaire par laquelle les animateurs travaillent avec la communauté pour l'aider à analyser ses besoins, à identifier des solutions pour satisfaire ces besoins, à élaborer et mettre en œuvre un plan d'action. L'A.A.P. est basée sur diverses approches participatives, dont la méthode de recherche et de planification participative, la méthode de recherche participative et l'anthropologie appliquée.

On peut mener l'AAP dans toutes formes de communautés (ex: en milieu rural, périurbain et urbain). Bien qu'elle fût originellement conçue pour les secteurs de l'agriculture, de l'environnement et des ressources naturelles, l'utilisation de l'AAP s'est étendue à d'autres secteurs tels que la santé, le genre, l'éducation et la prévention de la violence. Dans le contexte de la santé, on utilise l'AAP dans les projets axés sur la santé reproductive des femmes, la prévention du VIH/SIDA, la nutrition, la survie de l'enfant, le financement des soins de santé, l'eau et l'assainissement.

Fondements de l'AAP

Dans l'AAP, on suppose que les membres de la communauté sont les meilleurs« experts» lorsqu'il s'agit de leurs conditions sociales. Le rôle des animateurs est de l'aider à exploiter ses propres connaissances et ressources de manière à les utiliser efficacement.L'AAP est constitué de trois piliers, représenté sous la forme de triangle :

1. Attitudes et comportements: les attitudes et comportement sont au sommet du triangle car nombre de praticiens de l'AAP pensent que ces éléments sont fondamentaux à une bonne animation de la participation communautaire. On peut citer parmi les types d'attitudes et de comportements nécessaires à l'animation réussie de l'AAP les suivants :

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Partage Méthodes

Attitudes et comportements

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• Respect des capacités et savoir locaux (renversement des rôles) • Apprentissage rapide et progressif • "Passer le témoin" • Flexibilité et caractère informel • Limite des effets tendancieux • Recherche de la diversité • Conscience autocratique

2. Exemples de méthodes/techniques utilisées pour recueillir et analyser les données au cours du processus de AAP

• Confection de carte et de diagramme • Entretien semi-structures • Transepts "lecture du terroir" et observation • Profil historique

o Calendrier saisonnier

o Tableau de figurines

o Calendrier journalier

o Diagramme de Venn

o Arbre à problèmes

o Arbre à objectifs

o Tableau de planification villageoise.

En raison du caractère visuel de nombre de ces techniques, les personnes illettrées ou peu lettrées de la communauté peuvent les utiliser, ce qui encourage la participation de tous.

L'utilisation des techniques AAP nécessite deux stratégies clés, à savoir disposer d'une équipe pluridisciplinaire et pratiquer la triangulation

Une équipe pluridisciplinaire est composée de représentant des deux sexes, provenant de différents secteurs et de différentes disciplines. Cette forme d'équipe garantie la prise en compte de toutes les opinions.

La triangulation se réfère à l'utilisation de sources d'information variées et de techniques de collecte de données différentes pour arriver à un haut niveau d'exactitude des résultats.

3. Le Partage des informations et des expériences est un élément fondamental de l'AAP. Il se situe à plusieurs niveaux :

• Partage d'information entre les membres de la communauté eux-mêmes • Partage d'information entre la communauté et les professionnels externes • Partage d'information entre les animateurs eux-mêmes • Partage d'expériences entre les institutions menant l'AAP

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Au niveau de la communauté, le partage gratuit d'information permet de s'assurer que la communauté est véritablement la propriétaire des connaissances qui sont générées et que les animateurs extérieurs ont une vision plus complète de cette communauté.

-Etapes chronologiques du processus d'élaboration d'un programme participatif

Visite préliminaire par la structure d'appui pour proposer l'activité AAP Composition de l'équipe AAP Préparatifs Visite préliminaire du site par l'équipe AAP Collecte des données pour identifier les besoins/problèmes Synthèse et analyse des données Consensus autour des problèmes et solutions Mise en place d'un comité chargé du plan d'action et élaboration du plan Suivi de l'activité et mise en œuvre du plan d'action communautaire Suivi et évaluation participatifs.

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PLANIFICATION D’UN PROGRAMME DE COMMUNICATION

Session 1 : Vue d’ensemble des principales étapes de l'élaboration d'un programme de communication

Objectifs d'apprentissage : A la fin de session, les participants seront capables de :- Situer le programme de communication dans le programme global de SR et

du VIH/SIDA. - Déterminer les principales étapes de l'élaboration d'un programme de

communication

Session2 : Etape Analyse de la situation et définition du problème : Quelques méthodes de recherches utilisées en communication

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

- Déterminer au moins 2 méthodes de recherches qualitatives et 2 méthodes de recherches quantitatives utilisées en communication

- Pour chacune des méthodes mémorisées dire quelles sortes de données elles fournissent

Session 3 : Etape de l’analyse de la situation et définition du problème : Le focus Group

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

- Donner une définition de la méthode du Focus Group- Expliquer les principes généraux de la méthode de recherche par le focus

group Session 4 : Etape de l’analyse de la situation et définition du problème : l’analyse Causale

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

- Donner une définition de la méthode de l'analyse causale- Utiliser l'approche causale pour analyser les problèmes de communication en

matière de SR

Session 5 : Etape de l’analyse de la situation et définition du problème : analyse des comportements et analyse des groupes cibles

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

- Définir les concepts de groupe cible

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- Expliquer les 3 niveaux de cibles d’un programme de communication - Identifier les facteurs à considérer pour la segmentation du public cible- Analyser les comportements souhaités pour nos groupes cibles

SESSION 6 : Etape de la conception stratégique : Définition et formulation des objectifs de communication – Choix d'indicateurs pertinents

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :1. Définir :

- Le but du programme- Les objectifs de programme- Les objectifs de communication

2. Expliquer les caractéristiques des objectifs de communication3. Formuler des objectifs de communication pertinentes et réalistes visant des résultats concrets du point de vue comportemental en matière de VIH

SESSION 7 : Développement des messages, matériels de support en IEC/CCC : Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :1. Elaborer les grandes lignes du contenu des messages2. Identifier les caractéristiques d'un bon message3. Définir les critères de sélection des canaux de communication

SESSION 8   : Pré test et révision des messages et matériel de CCCObjectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :1. Expliquer les principes du pré test d’un message ou d’un matériel de support en CCC

SESSION 9 : Le suivi et l’évaluation d’un programme de communicationObjectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :1. Définir le suivi2. Définir l’évaluation 3. Etablir un plan de suivi des actions d’un programme de communication

SESSION 10 : Préparation et présentation des plans d’actions en communication Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de : 1. Préparer un plan en communication2. Expliquer les différents aspects du plan d’action3. Présenter le plan d’action aux participants4. Recueillir les observations des participants afin d’améliorer le plan d’action.

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Session 1 : Vue d’ensemble des principales étapes de l'élaboration d'un programme de communication

Objectifs d'apprentissage : A la fin de session, les participants seront capables de :

1. Situer le programme de communication dans le programme global de SR et du VIH/SIDA 2. Déterminer les principales étapes de l'élaboration d'un programme de communication

ETAPES ESSENTIELLES D ’UN PROGRAMME DE COMMUNICATION

Le processus d’élaboration d’un programme de communication efficace comprend plusieurs étapes essentielles (modèle du processus « P » de la John Hopkins University

1- ANALYSE

compréhension du problème examen des publics éventuels évaluation des politiques et programmes existants identification des principales organisations ou moyens institutionnels Evaluation des ressources en communications.

2- CONCEPTION STRATEGIQUE

définition des objectifs identification des publics vises élaboration des messages choix des médias et activités organisation du renforcement interpersonnel établissement d’un plan d ’exécution

3- ELABORATION, PRETESTS ET PRODUCTION DES MESSAGES ET DU MATERIEL

élaboration des principes des messages (en liaison avec le professionnels de la santé et de la communication)

essais préalables auprès du public achever les messages et le matériel complet refaire les essais préalables auprès d’un public. nouveaux essais des matériels existants. production des matériels

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4- ELABORATION, PRETESTS ET PRODUCTION DES MESSAGES ET DU MATERIEL

élaboration des principes des messages (en liaison avec le professionnels de la santé et de la communication)

essais préalables auprès du public achever les messages et le matériel complet refaire les essais préalables auprès d ’un public. nouveaux essais des matériels existants. production des matériels

5- EXECUTION, SURVEILLANCE ET EVALUATION exécution du plan d ’action surveillance des résultats évaluation des effets

N.B : La communication est un processus cyclique ou l ’évaluation fait la lumière sur de nouvelles données qui nous permettent de réorienter notre action de communication tout au long de notre projet de développement.

6- EXAMEN ET REORGANISATION

Analyse de l’effet général élaboration d’un nouveau plan de futures activités : analyse des répercussions du projet sur le public vise. identification des changements importants identification des forces et faiblesses. estimation des sources de soutien et de financement futures. réorganisation des activités continues de communication.

7. CONTINUITE DANS LE TEMPS

plan pour assurer la continuité ajustements en fonction de l ’évaluation des besoins des publics cible

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Session 2 : Etape Analyse de la situation et définition du problème : « Quelques exemples de méthodes de recherche et leur utilisation en communication »

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1- Déterminer au moins 2 méthodes de recherches qualitatives et 2 méthodes de recherches quantitatives utilisées en communication

2- Pour chacune des méthodes mémorisées dire quelles sortes de données elles fournissent

« Quelques exemples de méthodes de recherche et leur utilisation en communication » – Pierre MESSAN

Méthodes de recueil d'information

On ne connaît correctement une méthode de recherche qu'après l'avoir expérimentée par soi- même Avant d'en retenir une, il est donc indispensable de s'assurer, auprès de chercheurs qui la maîtrisent bien, de son opportunité par rapport aux objectifs spécifiques de chaque travail, a ses hypothèses et aux ressources dont on dispose. Ce panorama ne saurait remplacer cette démarche mais nous pensons qu'il peut la préparer utilement.

Le terme "méthode" n'est plus compris ici dans le sens large de dispositif global d'élucidation du réel mais bien dans un sens plus restreint, celui de dispositif spécifique de recueil ou d'analyse des informations, destiné à tester des hypothèses de recherche. En ce sens strict, l'entretien de groupe, l'enquête par questionnaire ou l'analyse de contenu sont des exemples de méthodes de recherche en sciences sociales.Dans le cadre de la mise en œuvre d'une méthode, des techniques particulières peuvent être utilisées comme par exemple les techniques d'échantillonnage. Il s'agit alors de procédures spécialisées qui n'ont pas de finalité en elles-mêmes. De la même manière, les dispositifs méthodologiques font nécessairement appel à des disciplines auxiliaires comme les mathématiques, la statistique ou la psychologie sociale notamment.

Seules les grandes catégories de méthodes seront considérées ici de sorte qu'on ne se perde pas dans des détails qui, pour être traités superficiellement, seraient de toute manière inutiles. Pour faciliter les comparaisons qui seules importent vraiment ici et au risque de paraître incomplets et trop sommaires, nous avons imite le panorama a des méthodes courantes et nous nous sommes efforcés de les exposer toutes de la même manière et très brièvement.

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- L'Enquête par Questionnaire

A/ Présentation

Elle consiste à poser un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d'une population une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale à leurs opinions à leur attitude à l'égard d'opinions ou d'enjeux humains et sociaux, à leurs attentes, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d un événement ou d'un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs.

L'enquête par questionnaire à perspective sociologique se distingue du simple sondage d'opinion par le fait qu'elle vise la vérification d'hypothèses théoriques et 1 examen de corrélations que ces hypothèses suggèrent. De ce fait, ces enquêtes sont généralement beaucoup plus élaborées et consistantes que ne le sont les sondages. Compte tenu du grand nombre de personnes généralement interrogées et du traitement quantitatif des informations qui devra suivre, les réponses à la plupart des questions sont normalement pré codées de sorte que les répondants doivent obligatoirement choisir leurs réponses parmi celles qui leur sont formellement proposées.

B/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

• La connaissance d'une population en tant que telle : ses conditions et ses modes de vie, ses comportements, ses valeurs ou ses opinions.

• L'analyse d'un phénomène social que l'on pense pouvoir mieux cerner à partir d'informations portant sur les individus de la population concernée. Exemples : l'impact d'une politique familiale ou l'introduction de la micro-informatique dans l'enseignement.l'enseignement.

• D'une manière générale, les cas où il est nécessaire d'interroger un grand nombre de personnes et où se pose un problème de représentativité.

C/ Principaux avantages

• La possibilité de quantifier de multiples données et de procéder dès lors à de nombreuses analyses de corrélation.

• Le fait que, par cette méthode, l'exigence parfois essentielle de représentativité de l'ensemble des répondants peut être rencontrée. Il faut toutefois souligner que cette représentativité n'est jamais absolue, qu'elle est toujours limitée par une marge d'erreur et qu'elle n'a de sens que par rapport à un certain type de questions, celles qui ont un sens pour la totalité de la population concernée.

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D/ Limites et problèmes

La lourdeur et le coût généralement élevé du dispositif.

La superficialité des réponses qui ne permettent pas l'analyse de certains processus tels que l'évolution du travail au noir ou celle des conceptions idéologiques profondes.

Des lors les résultats se présentent souvent comme de simples descriptions, dépourvues d'éléments de compréhension pénétrants. Le plus souvent cependant cette lacune est moins liée à la méthode elle-même qu'aux faiblesses théoriques ou méthodologiques de ceux qui l'appliquent.

L'individualisation des répondants qui sont considérés indépendamment de leurs réseaux de relations sociales.

La relative fragilité de la fiabilité du dispositif. Pour que la méthode soit fiable, plusieurs conditions doivent être remplies : rigueur dans le choix de l'échantillon, formulation claire et univoque des questions, correspondance entre le monde de référence des questions et le monde de référence du répondant, atmosphère de confiance au moment de l’administration du questionnaire, honnêteté et conscience professionnelle des enquêteurs. Si lune de ces conditions n'est pas correctement remplie, la fiabilité de l'ensemble du travail s en ressent.

Dans la pratique, les principales difficultés proviennent généralement du côté des enquêteurs qui ne sont pas toujours suffisamment formés et motivés pour effectuer ce travail exigeant et souvent décourageant.

E/ Méthode complémentaire

L'analyse statistique des données. Les données recueillies par une enquête par questionnaire, dont de nombreuses réponses sont pré codées, n’auront pas de signification en elles-mêmes, elles ne peuvent donc servir que dans le cadre d'un traitement quantitatif qui permet de comparer les réponses globales de catégories sociales différentes et d'analyser les corrélations entre variables. Prises en tant que telles, les réponses de chaque individu particulier peuvent cependant être consultées pour constituer une sélection de répondants typiques en vue d'analyses ultérieures plus approfondies.

1.2 - L'ENTRETIEN

A/ Présentation

Sous leurs différentes formes, les méthodes d'entretien se distinguent par la mise en œuvre des processus fondamentaux de communication et d'interaction humaine. Correctement mis en valeur, ces processus permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des informations et des éléments de réflexion très riches et nuancés. A l'inverse de l'enquête par questionnaire, les méthodes d'entretien se caractérisent

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par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et par une faible directivité de sa part.

Ainsi, s'instaure en principe un véritable échange au cours duquel l'interlocuteur du chercheur exprime ses perceptions d'un événement ou d'une situation, ses interprétations ou ses expériences tandis que, par ses questions ouvertes et ses rédactions, le chercheur facilite cette expression, évite qu'elle s'éloigne des objectifs de la recherche et permet à son vis-à-vis d'accéder à un degré maximum d'authenticité et de profondeur.

Si l'entretien est d'abord une méthode de recueil des informations, au sens le plus riche, il reste que l'esprit théorique du chercheur doit rester continuellement en éveil de sorte que ses propres interventions amènent des éléments d'analyse aussi féconds que possible.

Par rapport à l'entretien exploratoire, le chercheur concentrera davantage l'échange autour de ses hypothèses de travail sans exclure pour autant les développements parallèles susceptibles de les nuancer ou de les corriger. En outre - et c'est la différence essentielle - le contenu de l'entretien fera l'objet d'une analyse de contenu systématique, destinée à tester les hypothèses de travail.

On distingue généralement deux types d'entretien :

- l'entretien semi directif - le focus group appelé en français, l'entretien de groupe dirigé.

B/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

L'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements auxquels ils sont confrontés ; leurs systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, leurs interprétations de situations conflictuelles ou non, leurs lectures de leurs propres expériences, etc.

L'analyse d'un problème précis : ses données, les points de vues en présence, ses enjeux, les systèmes de relations, le fonctionnement d'une organisation, etc. La reconstitution de processus d'action, d'expériences ou d'événements du passé.

C/ Principaux avantages

Le degré de profondeur des éléments d'analyse recueillis.

La souplesse et la faible directivité du dispositif qui permet de récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs en respectant leurs propres cadres de références : leur langage et leurs catégories mentales.

D/ Limites et problèmes

La souplesse même de la méthode peut effrayer ceux qui ne peuvent travailler avec sérénité sans directives techniques précises. A l'inverse, d'autres peuvent penser

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que cette souplesse relative les autorise à converser n'importe comment avec leurs interlocuteurs.

Parallèlement, le caractère peu technique de la formation requise n'aide pas le chercheur qui envisage de mettre cette méthode en œuvre à estimer correctement son niveau de compétence en la matière.

Contrairement aux enquêtes par questionnaire par exemple, les éléments d'information et de réflexion recueillis par la méthode de l'entretien ne se présentent pas d'emblée sous une forme qui appelle un mode d'analyse particulier. Ici, plus qu'ailleurs peut-être, les méthodes de recueil et d'analyse des informations doivent être choisies et conçues conjointement.Plus fondamentalement enfin, la souplesse de la méthode peut laisser croire à une complète spontanéité de l'interviewé et à une totale neutralité du chercheur. Les propos de l'interviewé sont toujours liés à la relation spécifique qui le lie au chercheur et ce dernier ne peut donc les interpréter valablement que s'il les considère comme tels. L analyse d’un entretien doit donc comprendre une élucidation de ce que les questions du chercheur, la relation d'échange et le cadre de l'entretien induisent dans les propos de son interlocuteur. Considérer ces derniers indépendamment d'un contexte aussi marquant serait faire preuve d'une grande naïveté épistémologique.

E/ Méthodes complémentaires

En recherche sociale, la méthode des entretiens est toujours associée a une méthode d'analyse de contenu. Au cours des entretiens, il s'agit en effet de faire surgir un maximum d éléments d'information et de réflexion qui serviront de matériaux à une analyse de contenu systématique qui répond, quant à elle, aux exigences d'explication, de stabilité et d'intersubjectivité des procédures.

1.2 - L'OBSERVATION DIRECTE

A/ Présentation

II s'agit ici d'une méthode au sens strict, basée sur l'observation visuelle, non de "l'observation. Si nous écartons ici le cas très particulier (et parfois très flou) de la recherche-action, les méthodes d'observation directe les comportements au moment où ils se produisent sans l'intermédiaire d'un document ou d'un témoignage. Dans les autres méthodes, au contraire, les événements, les situations ou les phénomènes étudiés sont reconstitués à partir des déclarations des acteurs (enquête par questionnaire et entretien) ou des traces laissées par ceux qui en lurent les témoins directs ou indirects (analyse de documents).

Les observations sociologiques portent sur les comportements des acteurs en tant qu'ils manifestent des systèmes de relations sociales ainsi que sur les fondements culturels et idéologiques qui les sous-tendent. En ce sens, le chercheur peut être attentif à l'apparition ou a la transformation des comportements, aux effets qu'ils produisent et aux contextes dans lesquels ils sont observés, tels que l'ordonnance d'un espace ou la disposition des meules d’un local qui cristallisent des systèmes de communication et de hiérarchie. Bref, le champ d'observation du chercheur est a priori infiniment large et ne dépend en définitive que des objectifs de son travail et de

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ses hypothèses de départ. A partir d'elles, l'acte d'observer sera structuré, dans la plupart des cas, par une grille d'observation préalablement constituée.

Les modalités concrètes de l'observation sont très différentes en recherche sociale selon que le chercheur adopte par exemple une méthode d'observation participante de type ethnologique ou, au contraire, une méthode d'observation non participante dont les procédures techniques sont très formalisées..

B/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

Ces objectifs diffèrent en partie avec les différentes formes que peut prendre l'observation. D'une manière générale toute fois, et par définition pourrait-on dire, la méthode convient particulièrement à l'analyse du non verbal et de ce qu'il révèle : les conduites instituées et les codes comportementaux, le rapport au corps, les modes de vie et les traits culturels, l'organisation spatiale des groupes et de la société, etc.Plus particulièrement, les méthodes d'observation dépourvues de caractère expérimental conviennent à l'étude des événements tels qu'ils se produisent et peuvent donc utilement compléter d'autres méthodes d'analyse des processus d'action et de transformation sociale.

C/ Principaux avantages

La saisie des comportements et des événements sur le vif.Le recueil d'un matériau d'analyse non suscité par le chercheur et donc relativement spontané.

La relative authenticité des comportements par rapport aux paroles et aux écrits. Il est plus facile de mentir avec la bouche qu'avec le corps.

D/ Limites et problèmes

Les difficultés couramment rencontrées pour se faire accepter comme observateur par les groupes concernés.

Le problème des traces. Le chercheur ne peut se fier à sa seule mémoire des événements saisis sur le vif car la mémoire est sélective et éliminerait une multitude de comportements dont l'importance n'est pas apparue immédiatement. Comme la prise de notes au moment même n'est pas toujours possible ni souhaitable, la seule solution consiste à transcrire les comportements observés immédiatement après l'observation. En pratique, il s'agit souvent d'une réelle corvée en raison de la fatigue et des conditions de travail parfois éprouvantes.

Le problème de l'interprétation des observations. L'utilisation de grilles d'observations très formalisées facilite l'interprétation mais, en revanche, celle-ci risque d'être relativement superficielle et mécanique en regard de la richesse et de la complexité des processus étudiés. Par contre, la validité de l'observation de type ethnologique est fondée sur un travail de longue baleine et nécessite de surcroît une solide formation théorique de la part des chercheurs. En recherche sociale, la solution à ce dilemme est le plus souvent recherchée dans la mise en œuvre d'une méthode d'observation relativement souple qui est utilisée en complément d'autres

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méthodes dont les procédures techniques sont plus précises, ou encore, lorsque cela est possible, dans la collaboration de plusieurs chercheurs qui confère une certaine intersubjectivité aux observations et à leur interprétation.

E/ Méthodes complémentaires

La méthode de l'entretien, suivie d'une analyse de contenu, est certainement la plus utilisée en parallèle avec les méthodes d'observation. Leur complémentarité permet en effet d'effectuer un travail d'investigation en profondeur qui, lorsqu'il est mené avec la lucidité et les précautions d'usage, présente un degré de validité satisfaisant.

Des manières les plus diverses, les chercheurs font couramment appel à des observations de type ethnologique, mais de durée limitée, pour suppléer aux carences de méthodes de recherches très formalisées dont la rigueur technique a souvent pour corollaire un manque d’imagination et de sensibilité sur le plan des interprétations.

12- LE RECUEIL DES DONNEES EXISTANTES: DONNEES SECONDAIRES OU DONNEES DOCUMENTAIRES

A/ Présentation

Le chercheur en sciences sociales récolte des documents pour deux raisons complètement différentes. Soit-il envisage de les étudier en tant que tels, comme dans l'examen de la manière dont un reportage télévisé rend compte d'un événement, ou encore dans une analyse sociologique d'un roman. Soit-il espère y trouver des informations utiles pour étudier un autre objet comme par exemple dans la recherche de données statistiques sur le chômage ou de témoignages sur un conflit social dans les archives de la télévision. Dans le premier cas, les problèmes rencontrés relèvent du choix de l'objet d'étude ou de la délimitation du champ d'analyse et non des méthodes de recueil des informations proprement dites. Le second cas sera donc seul considéré ici.Il est courant que le travail d'un chercheur nécessite des données macro sociales que seuls des organismes officiels puissants tels que les instituts nationaux de statistiques sont en mesure de récolter. Si ces organismes existent, c'est d'ailleurs principalement pour offrir aux responsables et aux chercheurs des données nombreuses et fiables qu'ils ne pourraient recueillir par eux-mêmes. D'autre part, les bibliothèques, les archives et les banques de données sous toutes leurs formes, abondent de données qui n'attendent que l'attention des chercheurs. Il est dès lors inutile de consacrer d'importantes ressources à récolter ce qui existe déjà par ailleurs, quitte à ce que la présentation des données ne convienne pas directement et doive subir quelques adaptations.

Précisément, et en dépit de ses nombreux avantages, la récolte de données existante peut poser de nombreux problèmes qui demandent à être résolus d'une manière correcte. Pour cette raison, le recueil de données existantes est considéré ici comme une véritable méthode de recherche.

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B/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

L'analyse des phénomènes macro sociaux, démographiques, socio-économiques... L'analyse des changements sociaux et du développement historique des phénomènes sociaux à propos desquels il n'est pas possible de recueillir des témoignages directs ou pour l'étude desquels les témoignages directs sont insuffisants.L'analyse du changement dans les organisations. L'étude des idéologies, des systèmes de valeurs et de la culture dans son sens le plus large.

C/ Principaux avantages

L'économie de temps et d'argent qui permet au chercheur de consacrer l'essentiel de son énergie à l'analyse proprement dite.

Dans de nombreux cas, cette méthode permet d'éviter le recours abusif aux sondages et enquêtes par questionnaire qui, de plus en plus nombreux, finissent par ennuyer les personnes trop fréquemment sollicitées.

La mise en valeur d'un important et précieux matériau documentaire qui ne cesse de s'enrichir en raison du développement rapide des techniques de recueil, d'organisation et de transmission des données.L'accès aux documents n'est pas toujours possibles. Dans certains cas, le chercheur a effectivement accès aux documents mais, pour une raison ou une autre (caractère confidentiel, respect du souhait d'un interlocuteur...),;! ne peut en faire état.

Les nombreux problèmes de fiabilité et d'adéquation des données aux exigences de la recherche obligent parfois le chercheur à renoncer à cette méthode en cours de route. Des lors, il ne faut s'y engager qu'après une courte enquête sur le caractère réaliste ou non de la démarche.

« Les données n'étant pas recueillies par le chercheur lui-même selon les critères qui lui conviennent le mieux, elles devront normalement faire l'objet de manipulations destinées a les présenter sous les formes requises pour la vérification des hypothèses. Ces manipulations sont toujours délicates car elles ne peuvent altérer les caractères de habilite qui ont précisément justifié l'utilisation de ces données.

E/ Méthodes complémentaires

Les données statistiques recueillies font normalement l'objet d'une analyse statistique des données.

Les données recueillies dans les documents de forme littéraire sont utilisées dans divers types d'analyse et en particulier dans l'analyse historique proprement dite et l'analyse de contenu. De plus, il est courant que les méthodes d'entretien et d'observation soient accompagnées de l'examen de documents relatifs aux groupes ou aux phénomènes étudiés.

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D'une manière générale enfin, les méthodes de recueil de données existantes sont utilisées dans la phase exploratoire de la plupart des recherches en sciences sociales.

1.3 - Méthodes d'Analyse d'informations

1.3.1 - Méthode d'Analyse statistique

A/ Présentation

L'usage des ordinateurs a profondément transformé l'analyse des données. La possibilité de manipuler rapidement des masses de données considérables a encouragé la mise au point de nouvelles procédures statistiques telles que l'analyse factorielle des correspondances qui permet de visualiser et d'étudier les liaisons entre plusieurs dizaines de variables en même temps. Parallèlement, la facilité avec laquelle les données peuvent être façonnées et présentées a incité de nombreux chercheurs à les étudier pour elles-mêmes, sans référence explicite à un cadre d'interprétation.

Présenter les mêmes données sous diverses tonnes favorise incontestablement la qualité des interprétations. En ce sens, la statistique descriptive et l'expression graphique des données constituent bien plus que de simples méthodes d'exposition des résultats. Mais cette présentation diversifiée des données ne peut remplacer la réflexion théorique préalable qui seule procure des critères explicites et stables pour le recueil, l'organisation et surtout l'interprétation des données et assure ainsi sa cohérence et son sens à l'ensemble du travail.

D'autre part, les chercheurs ne renoncent pas pour autant à l'usage de certaines techniques plus anciennes comme celle des tableaux croisés. Ces derniers sont souvent mal interprétés ou peu exploités en dépit ou, peut-être bien, à cause de leur apparente simplicité. Bref, les techniques les plus récentes voisinent normalement avec d'autres plus simples et plus anciennes qu'elles enrichissent mais ne remplacent pas forcément. Ces techniques graphiques, mathématiques et statistiques concernent principalement l'analyse des fréquences des phénomènes et de leur distribution ainsi que celle des liaisons entre variables ou entre modalité de variables.

B/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

Par définition, elle convient pour toutes les recherches axées sur l'étude des corrélations entre des phénomènes susceptibles d'être exprimés en variables quantitatives. Dès lors, ces méthodes conviennent généralement très bien aux recherches menées dans une perspective d'analyse causale. Mais ce n'est guère exclusif : des grands sociologues ont utilisé ces méthodes dans des perspectives très différentes. Par exemple, dans le cadre d'un schème d'intelligibilité systémique, une corrélation entre deux variables sera interprétée, non comme une relation de causalité, mais comme une covariation entre composantes d'un même système qui évoluent conjointement (Loriaux M., "Des causes aux systèmes" ; la causalité en question", in Franck R. dir., Faut-il chercher aux causes une raison ? l'explication

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causale dans les sciences humaines, Paris, Vrin, Lyon, Institut interdisciplinaire d'études épistémologiques, 1994, p. 41-86).

L'analyse statistique des données s'impose dans tous les cas où ces dernières sont recueillies à l'aide d'enquêtes par questionnaire. Il faut donc se référer aux objectifs pour lesquels cette méthode de recueil des données convient elle-même.

C/ Principaux avantages

La précision et la rigueur du dispositif méthodologique qui permet de rencontrer le critère d'intersubjectivité.

La puissance des moyens informatiques qui permettent de manipuler très rapidement un grand nombre de variables.

La clarté des résultats et des rapports de recherche, notamment lorsque le chercheur met à profit les ressources de la présentation graphique des informations.

D/ Limites et problèmes

Les faits qui intéressent le sociologue ne sont pas tous mesurables quantitativement.

L'outil statistique a un pouvoir d'élucidation limité aux postulats et hypothèses méthodologiques sur lesquels il repose, mais il ne dispose pas, en lui-même, d'un pouvoir explicatif. Il peut décrire des relations, des structures latentes mais la signification de ces relations et de ces structures ne vient pas de lui. C'est le chercheur qui donne un sens à ces relations par le modèle théorique qu'il a construit au préalable et en fonction duquel il a choisi une méthode d'analyse statistique.

E/ Méthodes complémentaires

En amont : l'enquête par questionnaire et le recueil de données statistiques existantes.En aval : enquêtes qualitatives pour confirmées les résultats des enquêtes quantitatives.

1.3.2 - L'ANALYSE DE CONTENU

A/ Présentation

L'analyse de contenu porte sur des messages aussi variés que des œuvres littéraires, des articles de journaux, des documents officiels, des programmes audiovisuels, des déclarations politiques, des rapports de réunion ou des comptes rendus d'entretiens semi directifs. Le choix des termes utilisés par le locuteur, leur fréquence et leur mode d'agencement, la construction du "discours" et son développement constituent des sources d'informations à partir desquelles le chercheur tente de construire une connaissance. Celle-ci peut porter sur le locuteur lui-même (par exemple l'idéologie d'un journal, les représentations d'une personne ou les logiques de fonctionnement d'une association dont on étudierait les

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documents internes) ou sur les conditions sociales dans lesquelles ce discours est produit (par exemple un mode de socialisation ou une expérience conflictuelle).

B/ Principales variantes

II est courant de regrouper les différentes méthodes d'analyse de contenu en deux catégories : les méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives. Les premières seraient extensives (analyse d'un grand nombre d'informations sommaires) et auraient comme information de base la fréquence d'apparition de certaines caractéristiques de contenu ou les corrélations entre elles. Les secondes seraient intensives (analyse d'un petit nombre d'informations complexes et détaillées) et auraient comme information de base la présence ou l'absence d'une caractéristique ou la manière dont les éléments du "discours" sont articulés les uns aux autres.

Ces distinctions ne sont valables que très globalement : les caractéristiques propres des deux types de démarche ne sont pas aussi nettes et plusieurs méthodes font aussi bien appel à l'un qu'à l'autre.

C/ Les analyses thématiques

Ce sont celles qui tentent principalement de mettre en évidence les représentations sociales ou les jugements des locuteurs à partir d'un examen de certains éléments constitutifs du discours.

Parmi ces méthodes, on peut distinguer notamment :

- l'analyse catégorielle : la plus ancienne et la plus courante. Elle consiste à calculer et à comparer les fréquences de certaines caractéristiques ( le plus souvent les thèmes évoqués) préalablement regroupées en catégorie significative.

- l'analyse de l'évaluation : qui porte sur les jugements formulés par le locuteur.

D/ Les analyses formelles

Ce sont celles qui portent principalement sur les formes et l'enchaînement du discours. Parmi ces méthodes, on peut distinguer notamment :

- l'analyse de l'expression ; qui porte sur la forme de la communication dont les caractéristiques (vocabulaire, longueur des phares, ordre des mots, hésitations...) apportent une information sur l'état d'esprit du locuteur et ses dispositions idéologiques ;

- l'analyse de renonciation : qui porte sur le discours conçu comme un processus dont la dynamique propre est en elle-même révélatrice. Le chercheur est alors attentif à des données telles que le développement général du discours, l'ordre de ses séquences, les répétitions, les ruptures du rythme, etc.

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E/ Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement

Sous ses différentes modalités, l'analyse de contenu a un très vaste champ d'application. Elle peut porter sur des communications de formes très diverses (textes littéraires, émissions télévisées ou radiophoniques, films, rapports d'entretiens, messages non verbaux, ensembles décoratifs, etc.) Sur le plan des objectifs de recherche, elle peut être notamment utilisée pour :

- l'analyse des idéologies, des systèmes de valeurs, des représentations et des aspirations ainsi que de leur transformation ;

- l'examen des logiques de fonctionnement d'organisations grâce aux documents qu'elles produisent ;

- l'étude des productions culturelles et artistiques ;- l'analyse des processus de diffusion et de socialisation (manuels scolaires, journaux, publicités...) ;

- l'analyse de stratégies, des enjeux d'un conflit, des composantes d'une situation problématique, des interprétations d'un événement, des réactions latentes à une décision, de l'impact d'une mesure...;

- la reconstitution de réalités passées non matérielles : mentalités, sensibilités...

F/ Principaux avantages

• Toutes les méthodes d'analyse de contenu conviennent à l'étude du non-dit, de l'implicite.

• Elles obligent le chercheur à prendre beaucoup de recul à l'égard des interprétations spontanées et, en particulier, des siennes propres. En effet, il ne s'agit pas d'utiliser ses propres repères idéologiques ou normatifs pour juger ceux des autres, mais bien de les analyser à partir de critères qui portent d'avantage sur l'organisation interne du discours que sur son contenu explicite.

• Portant sur une communication reproduire sur un support matériel (habituellement un document écrit), elles permettent un contrôle ultérieur de travail de recherche.

• Plusieurs d'entre elles sont construite de manière très méthodique et systématique sans que cela ne nuise à la profondeur du travail et à la créativité du chercheur.

G/ Limites et problèmes

II est difficile de généraliser ici car les limites et les problèmes posés par ces méthodes varient fortement de l'une à l'autre. Les différentes variantes ne sont guère équivalentes et ne sont donc pas interchangeables. Dans le choix de l'une d'entre elles, on sera particulièrement attentif aux points suivants.

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• Certaines méthodes d'analyse de contenu reposent sur des présupposés pour le moins simplistes. Le record à cet égard appartient sans aucun doute à l'analyse catégorielle (voir plus haut). Il faut donc se demander si la recherche peut s'accommoder de ces limites. Si non, il faudra retenir une autre méthode ou en utiliser plusieurs conjointement. L'analyse catégorielle est d'ailleurs souvent mise utilement en œuvre en complément d'autres méthodes plus futées.

• Certaines méthodes, comme l'analyse évaluative, sont très lourdes et laborieuses. Avant de s'y engager, il faut être certain qu'elles conviennent parfaitement aux objectifs de la recherche et que l'on dispose du temps et des moyens nécessaires pour les mener à bien.

• Si l'analyse de contenu, prise globalement, offre un champ d'application extrêmement vaste, il n'en va pas de même pour chacune des méthodes particulières dont certaines ont, au contraire, un champ d'application très réduit. En réalité, il n'y a pas une mais des méthodes d'analyse de contenu.

H/ Méthodes complémentaires

Les méthodes complémentaires sont des méthodes de recueil de données qualitatives et se situent donc normalement en amont de l'analyse de contenu qui portera sur les informations rassemblées.

Les plus couramment associées à l'analyse de contenu sont :

- surtout les entretiens semi directifs dont les éléments d'information conviennent particulièrement bien à un traitement par l'analyse de renonciation (qui en démontera la dynamique) et l'analyse structurale ;

- le recueil de documents sur lesquels l'analyse de contenu portera ;

- plus rarement : les enquêtes par questionnaire pour le traitement des questions ouvertes.

Conclusion

Pour conclure, quelques remarques importantes sur les limites et la complémentarité des méthodes particulières, qu'elles soient de recueil ou d'analyse des informations. Rappelons tout d'abord qu'aucun dispositif méthodologique ne peut être appliqué de manière mécanique. La rigueur dans le contrôle épistémologique du travail ne peut être confondue avec la rigidité dans l'application des méthodes. Pour chaque recherche, les méthodes doivent être choisies et mises en œuvre avec souplesse, en fonction de ses objectifs propres, de son modèle d'analyse et de ses hypothèses. Dès lors, il n'existe pas de méthode idéale qui soit, en elle-même, supérieur à toutes les autres. Chacune peut rendre les services attendus à condition qu'elle ait été judicieusement choisie, qu'elle soit appliquée sans rigidité et que le chercheur soit capable d'en mesurer les limites et la validité. En revanche, le dispositif méthodologique le plus sophistiqué est impuissant si le chercheur le met en œuvre sans discernement critique ou sans savoir clairement ce qu'il cherche à mieux comprendre.

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LA METHODE DU FOCUS GROUP

La méthode du Focus Group qui a servi en marketing est utilisée comme une source isolée d’informations ou conjointement avec d’autres méthodes d’enquêtes.

DEFINITION

Le Focus Group ou Groupes de Discussion Focalisées dirigés, peut-être défini comme une méthode de recherche sociale qualitative qui consiste à recruter un nombre représentatif de groupes de six à douze personnes répondant à des critères homogènes, à susciter une discussion ouverte à partir d’une grille d’entrevue de groupe définissant les thèmes de l’étude et à faire une analyse synthèse permettant de relever les principaux messages-clés émis par les participants, de même que les points de convergence et divergence entre les groupes de l’échantillon (SIMARD – 1989). La discussion de groupe est une discussion semi structurée, autour d’un sujet donné dans un groupe homogène de 6 à10 personnes. La discussion n’est pas contrôlée de façon aussi rigide que l’est une interview qui fait appel à un questionnaire standard, mais elle n’est pas non plus une conversation libre (JUDI AUBEL-1994).On peut retenir que la méthode du Focus Group est une technique qualitative de recherche qui comporte une discussion en groupe, présidée par un animateur (modérateur) et focalisée sur un ou plusieurs thèmes précis.

B U T

La méthode du Focus Group permet de recueillir les perceptions des groupes- cibles, leurs connaissances, leurs attitudes et leurs croyances. Elle recherche l’émergence de toutes les opinions, et non le consensus. Elle apporte donc une réponse aux «pourquoi» et aux «comment» des comportements sociaux. Pour organiser et réaliser un Focus Group, ce qui constitue une opération délicate; il faut à cet effet une préparation minutieuse. On peut distinguer dix étapes essentielles :

1. Choix des objectifs ;2. Détermination de la population cible ;3. Détermination du nombre de sessions à tenir4. Élaboration d’un calendrier ;5. Conception d’un canevas d’entretien ;6. Formation des personnes exécutantes ;7. La pré - enquête ;8. Arrangement d’un site pour la discussion9. Sélection et recrutement des participants ;10.La conduite de la discussion

LA GRILLE D’ENTREVUE DE GROUPE

La grille d’entrevue ou le canevas d’entretien est le support des discussions de groupe. C’est un outil pour l’animation. Elle peut être présentée sous forme

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schématique ou sous forme de questionnaire comportant les grands axes et les thèmes essentiels de l’étude pour mieux orienter la discussion.Elle doit respecter les règles suivantes :

1. Suivre la progression logique du plan d’analyse thème par thème ;2. Comporter :

- Des questions ouvertes- Des questions claires dans un langage simple et accessible à tous ;- Des questions non biaisées, sans connotation positive ou négative, afin de

ne pas orienter les débats dans un sens ou dans un autre ;- Des questions courtes ;- Des questions ne recouvrant qu’une seule idée

Dans le cas de sujets de recherche très délicats, comme la sexualité, la prostitution, le viol, il est suggéré d’amorcer la discussion à l’aide d’un élément déclencheur, comme un court métrage ou un document audio-visuel. Les participants sont alors mis en situation et le démarrage de la discussion en est facilité.

LE RECRUTEMENT DES PARTICIPANTS

1. Le nombre de personne par groupe : 6 à 12 personnes

2. Le nombre de groupes à mettre sur pied : 10 à 150 groupes pour obtenir la saturation de contenu Il faut noter que l’échantillon doit être représentatif de l’hétérogénéité de la population.

3. Quand tenir les discussions ? Selon la disponibilité des personnes, les discussions peuvent se tenir à des moments variables. Il faut éviter la présence de personnes curieuses.

4. Où dont-on tenir les discussions ? Les discussions se tiennent dans un local convenable et neutre garantissant le silence. Ne pas oublier que les locaux véhiculent un message non verbal qui peut conditionner les participants.

Composition de l’Équipe du Focus Group : l’équipe du Focus Group comprend 3 personnes :

1. L’animation (modérateur) qui pose les questions ;2. Une personne qui manipule le magnétoscope ;3. Une autre qui observe les faits et gestes des membres du groupe;

La durée des discussions : entre 1 heure et 3 heures.

Composition du groupe : faut-il mêler les hommes et les femmes ? Le groupe mixte est possible, mais tenir compte du contexte culturel des participants et des relations de pouvoir. Le groupe le plus productif est celui qui comprend les participants d’un même sexe.

Que faire avant d’entreprendre le recrutement ? Il faudra informer les autorités administratives, coutumières et religieuses sur la recherche et ce qui va être fait.

Quand faut-il faire le recrutement ? 7 à 15 jours avant les discussions

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Qui faut-il recruter pour être membre du groupe ? C’est en fonction du thème de recherche qu’on recrute les membres du groupe ; généralement l’on tient compte des critères de base suivants : le sexe, l’âge, le statut matrimonial, le niveau d’instructions, etc…

Comment se fait le recrutement des personnes ? Le recrutement se fait par :- Contact individuel (téléphone, fax….)- Les réseaux, associations ou le Chef du Village

Faut-il rétribuer les participants ? Ce n’est pas indiqué. Offrir quelque chose aux participants à la fin des discussions : un rafraîchissement, des cahiers, des bics, des frais de taxi, etc.) Remarques : on peut adjoindre un court questionnaire sur le profil démographique et socio-économique des participants.

L’ANIMATION DES GROUPESL‘animation de groupe repose sur les principes de la dynamique de groupe. Celle-ci est l’ensemble des phénomènes psychosociaux qui se produisent dans les petits groupes ainsi que les lois naturelles qui régissent ces phénomènes. Elle comprend :

1. Positionnement du groupe : les personnages classiques suivants apparaissent souvent dans tout groupe de discussion :

- Le leader : personne qui lance la conversation, défend une position ferme et cherche à influencer les autres

- Le contre leader : personne qui défend une position opposée à celle du leader et cherche à influencer les autres

- Le leader associé : personnes qui appuie le discours du leader et recherche la reconnaissance de celui-ci.

- Le contre leader Associé : personne qui appuie le discours du contre leader et recherche la reconnaissance de celui-ci.

- Le marginal : personne qui dévie la conversation, ne respecte pas les règles implicites du groupe, cherche à attirer l’attention mais est souvent remise à sa place par le groupe.

- Le temporisateur : personne qui recherche le consensus, est nuancée, tient un discours de négociation entre les positions extrêmes du leader et du contre leader, fait réfléchir le groupe et l’amène à un certain niveau de profondeur. (personnage très utile pour l’animateur).

- Les Passifs ou timides : personnes qui restent passives, soit parce qu’elles manquent de confiance en elles-mêmes, soit parce qu’elles ont peur d’être rabrouées par le groupe, soit parce qu’elles décident de ne pas s’impliquer, en restant observatrices.

- Le rôle de l’animateur  : c’est de créer la confiance, de respecter la grille d’entrevue,

- d’éviter la contamination du groupe, de savoir utiliser l’effet caricature et le stop…

2. L’attitude de l’animateur : c’est d’animer la discussion et de garder une distance par rapport à l’action en cours.

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3. La tenue vestimentaire de l’animateur: l’animateur doit se vêtir proprement mais simplement

4. L’accueil des participants et la mise en place : l’accueil doit être chaleureux ; les chaises doivent être disposées en demi – cercle pour stimuler la participation.L’introduction et la présentation du projet : A cette étape il faut insister sur le caractère anonyme des débats, dire pourquoi il faut enregistrer les discussions, ce qu’on attend des participants…

LE PLAN D’ANALYSELe plan d’analyse est un plan d’ensemble qui doit être présenté sous forme schématique, et qui poursuit les objectifs suivants :Cerner l’objet de l’étude : regroupements de thèmes et sous thèmes ;Fournir la trame de discussions ;Proposer une répartition approximative du temps alloué à chacun des regroupements de thèmes ;Articuler l’analyse de contenu suivant le plan qui a été préalablement défini.

LA SYNTHESE DES RESULTATSLa synthèse des résultats comporte :La transcription des casettes et la traduction des langues locales en français ou en anglais.La constitution du corps des messages-clés.La quantification des donnéesL’analyse des résultats des groupes de discussion doit fournir des exemples des connaissances et attitudes les plus saillantes des participants. Elle doit viser à l’identification des propres mots des participants. Elle soit être, enfin structurée de la manière suivante :Organiser la présentation des résultats par Thème de discussionPour chaque thème, écrire un paragraphe récapitulatif qui relève les points principaux soulevés en relation avec ce thème.Compléter le paragraphe récapitulatif avec une liste de 5 à 10 exemples d’expressions complètes. Celles-ci doivent être présentées dans la langue d’origine et en français ou anglais. Il n’est pas nécessaire de commenter les phrases qui sont présentées à titre d’exemple.

AVANTAGES Et INCONVENIENTS DE LA METHODEPeu coûteusePermet de sonder les perspectifs des participants dans leurs propres motsPeut-être difficile de maîtriser la discussionPeut s’avérer difficile de susciter la participation de tout le groupe Permet de comparer les points de vue de différents individus à l’intérieur d’un groupe homogène et de différents groupes par rapport aux thèmes délimitésPeut-être difficile de généraliser les résultatsLa transcription et l’analyse des données peuvent demander beaucoup de tempsLa discussion en groupe peut susciter un échange d’idées qui n’apparaîtraient pas dans une interview individuelleNécessite un animateur et un procès verbaliste expérimentés

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Session 3 : Etape de l’analyse de la situation et définition du problème : La méthode de l’analyse causale

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Donner une définition de la méthode de l'analyse causale

2. Utiliser l'approche causale pour analyser les problèmes de communication en matière de SR

Etape 1 : L’ANALYSE DE LA SITUATION 

Cette étape vise à étudier les facteurs susceptibles d’orienter ou d’influencer les connaissances, opinions ou comportements de la cible. Ainsi à ce niveau la recherche vise à :

1- comprendre le problème, les causes, les conséquences (sociales, économiques….) de celui-ci

2- connaître la cible (profil, envergue, niveau de connaissance, attitude, comportement.)

3- étudier les politiques et programmes existants

4- identifier les principaux intervenants

5- dégager les solutions possibles

6- préciser les solutions nécessitant des interventions du genre IEC,

7- préciser les cibles prioritaires

8- avoir une idée des moyens de communication existants, de ceux qui sont souhaités par la cible….….

Priorisation d’un problème 

En générale, un programme, une campagne de communication vient en appui à un programme de développement, qui est mis en œuvre pour contribuer à résoudre un problème donné. Il arrive qu’on soit confronté à différents problèmes à priori d’égale importance. Afin d’en faciliter la priorisation, différents éléments doivent être considérés, notamment :

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- La dimension du problème- Le coût social du problème- La disponibilité des données- L’urgence de la solution- Le potentiel d’écoute positive de la part des parties prenantes- La capacité d’évaluation d’alternatives de solutions- Le potentiel de soutien- La facilité de compréhension de la liaison entre le problème et la solution.

Choix des solutions

S’agissant du choix des solutions à mettre en œuvre, les critères suivant devraient être considérés :

- Pertinence (rapport avec le problème identifié)- Idées explicites des effets potentiels- La durée escomptée pour avoir les effets- L’ampleur des effets- L’adhésion des bénéficiaires- Les contraintes pour la mise en œuvre- Les requis pour rendre la solution effective (aspects humains, éthiques,

institutionnels, matériels, etc ……)

L’Analyse Causale 

Définition : Méthode participative et rationnelle d’analyse des problèmes dont le résultat présente un modèle explicatif du problème sans forme d’un arbre. Les branches de l’arbre conduisent des causes les plus proches aux causes les plus éloignées.

Comment construire un modèle causal ?

Les conditions 

- Former une équipe interdisciplinaire et intersectorielle incluant aussi des représentants de population - cible.

- Présenter des situations neutres à chaque fois.- Utiliser des termes clairs et simples.- Détailler les plus possibles.- Soigner la présentation définitive (cases, ligues, clarté…).- Avoir un modérateur qui connaît la méthode.- Un secrétaire qui note les commentaires.

Les Procédures 

- Constituer le groupe.- Etablir une liste des facteurs connus ou présumés.- Construire les chaînes causales sur lesquels les facteurs sont regroupés

en un ensemble ordonné et hiérarchisé.

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- Développer niveau par niveau.- S’arrêter là où la prise de décision est à un niveau différent.

Précisions 

- C’est une construction rétrograde de haut en bas et du général au spécifique.

- C’est une construction simplifiée- Chaque case est une variable dépendante dont on peut construire un

modèle causal : Pas de boucles. Pas de valorisation de l’importance des cases.

Utilisation

- Planification des interventions éducatives. Car permet de choisir les facteurs sur lesquels l’intervention va concentrer ses efforts.

- Fait percevoir aux éducateurs la nécessité d’une collaboration intersectorielle.

- Permet d’être efficace au moindre coût.

Limites 

- Chaque modèle est spécifique de la composition du groupe de ce que l’on veut faire avec et de la situation.

- Elle n’est pas dynamique.- Elle ne prouve rien.- L’approche est globale et non totale.

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Session 4 : Analyse des comportements et analyse des groupes cibles

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Définir les concepts de groupe cible2. Expliquer les 3 niveaux de cibles d’un programme de communication 3. Identifier les facteurs à considérer pour la segmentation du public cible4. Analyser les comportements souhaités pour nos groupes cibles

LE CONCEPT DE GROUPE – CIBLE

Le terme est d’origine militaire « … point (Cible) qu’on vise et qu’on ne doit pas rater »

En matière comportementale, le Groupe Cible est constitué par l’ensemble de personnes qui doivent adopter les comportements souhaités pour que le problème identifié soit résolu.

Le Groupe Cible peut ne pas être le Groupe qui est directement affecté par le problème.

Ainsi :

Parlant de Groupe Cible, on en distingue souvent trois en fonction du rôle à jouer pour l’adoption des comportements souhaités :

Groupe Cible primaire : c’est le Groupe cible directement affecté par le problème.

Groupe Cible secondaire : c’est le Groupe cible qui n’est pas directement affecté par le problème mais qui peut influencer le Groupe Cible primaire pour l’adoption des comportements souhaités.

Groupe Cible tertiaire : c’est le Groupe Cible qui n’est pas directement affecté par le problème mais qui peut prendre des mesures (lois, règlements, textes) pour influencer et/ou inciter le Groupe Cible primaire pour l’adoption des comportements souhaités.

LA SEGMENTATION DU PUBLIC

La segmentation est une stratégie qui consiste à répartir le public cible en groupes homogènes en tenant compte de certains facteurs.

Facteurs à considérer pour la segmentation du public cible :

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1/ Facteurs démographiques :

- Age- Sexe- Fécondité- Etat matrimonial

2/ Facteurs géographiques :

- Accessibilité- Lieu de résidence- Villes / Villages- Provinces / Districts- Régions

3/ Facteurs économiques :

- Revenus

- Niveau du pouvoir d’achat

4/ Facteurs socioculturels 

- Langues

- Groupes ethniques

- Genre

- Niveau d’instruction

- Niveau d’alphabétisation

- Croyances religieuses

- Pratiques traditionnelles

- Mode de vie

- Exposition aux médias

- Personnalités

- Variables individuelles et communautaires.

- Niveau de connaissance, attitude, pratique

La segmentation : Pourquoi ?

On fait la segmentation du public pour faciliter :

- La définition d’objectifs de communication spécifiques à chaque groupe-cible ;

- L’élaboration de messages précis à l’endroit de chaque groupe-cible,- La conception et la production des matériels adaptés à chaque groupe-

cible,- La détermination des médias appropriés pour chaque groupe-cible.

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Session 5 : Etape de la conception stratégique : Définition formulation des objectifs de communication – Choix d'indicateurs pertinents

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Définir :

1. Le but du programme2. Les objectifs de programme3. Les objectifs de communication

2. Expliquer les caractéristiques des objectifs de communication

3. Formuler des objectifs de communication pertinentes et réalistes visant des résultats

4. concrets du point de vue comportemental en matière de S.S.R.

LA CONCEPTION STRATEGIQUE DU PROGRAMME DE COMMUNICATION 

A ce stade sont notamment précisés sur la base des informations collectées lors de la précédente étape, les objectifs du programme, les activités à mener, le plan d’exécution et d’évaluation de celui-ci.

Qu’est ce qu’un objectif de communication ?

L’objectif de communication est le changement attendu en terme de comportement, de connaissance et d’opinion ou attitude chez le groupe cible de la stratégie de communication.

Plus concrètement, les objectifs de communication :

► Montrent la manière dont la cible va changer :

- Quelle question sera traitée ?- Jusqu’à quel niveau ?- Pendant quel période de temps ?

► Correspondent au changement de comportement que l’on va encourager chez la cible (comportement réaliste).

► Chaque objectif doit :

1. Etre dirigé vers une seule cible

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2. Spécifier les changements en terme de comportements, connaissances et attitudes attendus chez la cible

3. Décrire les résultats attendus4. Etre spécifique et précis

4. Doit utiliser des verbes d’actions

- Décrit le résultat et non l’activité à faire.

Comment définir un objectif de communication ?

Cible : Mères des enfants de 18 mois.

Segment : Dans la zone suburbaine de Bamako

Action : Feront elles-mêmes un mélange correcte de SRO.

Niveau et taux de changement : 50 %

Période : après 16 mois.

→ Dans un an, 50 % des mères d’enfants de moins de 18 mois des zones suburbaines de Bamako feront elles-mêmes un mélange correcte de S.R.O.

A rappeler que lors de l’élaboration des objectifs, les indicateurs pour le suivi et l’évaluation doivent être déjà déterminer.

Un indicateur : est un variable permettant de vérifier si les activités mises en œuvre pour atteindre le but et les objectifs ont effectivement produit les changements prévus.

Un indicateur doit être :

Valable  : c’est-à-dire mesurer effectivement ce qu’il est supposé mesurer ; Objectif  : c’est-à-dire que le résultat doit –être le même si la mesure est

effectuée dans les conditions semblables par des personnes différentes ; Sensible  : c’est-à-dire qu’il devrait réagir aux modifications dans la situation ; Spécifique  : c’est-à-dire refléter les modifications uniquement dans la situation

en cause.

Dans le cadre d’un programme de communication sociale les indicateurs suivants peuvent être utilisés :

Les indicateurs d’intrants ou de structures : disponibilité, accessibilité (ces indicateurs servent d’information de base d’un projet ou programme) ; pour l’exemple cité, cela peut être par exemple : la disponibilité des centres de conseils, de démonstration pour le SRO.

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Les indicateurs de processus : activités, productivité, utilisation des services sanitaires, utilisation des ressources , qualité (ces indicateurs servent surtout à vérifier le déroulement des activités) ; par exemple : le degré d’utilisation des centre de conseils, la qualité des services offerts dans les centres ;

Les indicateurs de résultats : résultats directs des efforts : couverture, efficacité (ces indicateurs servent surtout à mesurer la réalisation des objectifs spécifiques et des activités du projet) ; par exemple : le nombre de mères sachant faire correctement la solution ;

Les indicateurs d’impact : résultats indirects des efforts sur les populations ; morbidité et mortalité : efficacité ou impact (ces indicateurs servent en particulier à mesurer l’atteinte du but ou de l’objectif global du projet) ; par exemple : la diminution du nombre d’enfants nécessitant une intervention en milieu hospitalier pour déshydratation aiguë.

Les moyens de vérification seront :

- Les études démographiques et sanitaires- Le système d’information sanitaire….

Qu’est-ce qu’une stratégie de communication ?

La stratégie de communication décrit les principes directeurs du programme. Elle comprend les grandes lignes du contenu des messages ; le ton que le matériel devrait adopter, les sources d’informations, les moyens de communication à utiliser et éventuellement les phases de l’élaboration de la stratégie de communication.

Les éléments d’une stratégie de communication 

- Les grandes lignes du contenu des messages : Le contenu des messages devra refléter l’information dont ont besoin les différents groupes-cibles, les actions qu’ils devraient entreprendre mais qu’ils n’entreprennent pas, les bénéfices qu’ils tireront de l’action, ainsi que des suggestions sur les manières de surmonter les obstacles les empêchant d’entreprendre ces actions.

- Le ton : Le ton est fonction du contexte sentimental du matériel à produire. Il peut être joyeux, humoristique, grave, familial, scientifique, sentimental, sociable, didactique, autoritaire, patriotique, urbain, moderne, traditionnel… Le ton peut changer pour chaque programme de santé et /ou chaque groupe cible. Par exemple, pour parler du SRO, le ton approprié peut être un ton sérieux et scientifique ; pour promouvoir l’allaitement maternel auprès des parents on pourrait utiliser un ton aimable et sentimental, tandis que des messages sur le même sujet à l’endroit du personnel médical doivent être dits sur un ton sérieux et scientifique.

- La source d’information : La recherche effectuée sur le groupe cible devrait donner des informations sur les sources crédibles pour le sujet retenu.

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La source d’information peut être une personne réelle, un(e) acteur (actrice), un chef religieux ou une autre personnalité respectable. Elle peut être aussi une personne fictive qui personnifie une source d’information crédible.Les sources d’information doivent être testées sur la cible afin de voir laquelle est la plus crédible, persuasive et compréhensible.

- Les moyens de communication à utiliser, les informations s’y rapportant sont également accessibles dans les résultats de recherche.

- Les phases de la stratégie de communication : tous les messages ne peuvent pas être transmis en même temps, aussi doivent-ils être classés par ordre de priorité.

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Session 6 : Etape de l’élaboration des messages et matériel : Canaux de communication et messages

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1- Elaborer les grandes lignes du contenu des messages

2- Identifier les caractéristiques d'un bon message

3 .Définir les critères de sélection des canaux de communication

L’ELABORATION, LE PRETEST ET LA PRODUCTION DES MESSAGES ET DU MATERIEL

Les canaux de communication : Le choix d’un canal de communication tant lors de la production que de l’utilisation) tient compte de différents critères :

- l’adéquation à la cible (accès, préférence, degré de familiarité)- la crédibilité- la couverture géographique- la capacité de production (technique, ressources humaines)- le coût (acquisition ou fabrication, entretien, fonctionnement)- la maniabilité….

En outre, chaque média a sa spécificité :

Les média imprimés

► pour personnes alphabétisées ou non ;► peuvent communiquer rapidement l’information ;► peuvent communiquer rapidement l’information ;► peuvent atteindre un grand nombre de personnes

Les média populaires ► utiles pour sensibiliser et éduquer ;► suscitent l’intérêt ;► encouragent la réflexion et la discussion

les mass média► utiles pour sensibiliser ;► peuvent communiquer des messages simples efficacement

Les média électroniques visuels

► à utiliser dans un contexte de groupe ;► peuvent communiquer les messages de façon mémorable et dramatique ;► peuvent montrer comment faire quelque chose.

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Les événements spéciaux► peuvent sensibiliser ou éduquer tout en divertissant

La communication interpersonnelle

► soutenir d’autres canaux d’information en répondant aux questions, en rassurant les personnes, en corrigeant les rumeurs ;► Les gens sont susceptibles de croire à un message et de les comprendre s’ils l’entendent à partir de plusieurs sources

Les qualités d’un bon message

- Fait appel au cœur et à la raison- Précise l’action à entreprendre- Précise la cible- Précise le bénéfice que la cible tire de l’action- Est positif- Est honnête- Est cohérent- Est clair

Le slogan :

- Attire l’attention- Est percutant- Est rythmé- Est concis- Est séduisant

Pré-test de messages et de matériels de supports en IEC : Comment le faire ?

- Groupes focalisés- Entretiens individuels- Action.

CAS PRATIQUE   : Exemples de messages en Nutrition et VIH

PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DES PERSONNES VIVANT AVEC LEPRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH/SIDAVIH/SIDA

1 – RELATION ENTRE NUTRITION ET VIH

Il existe une étroite relation entre nutrition et VIH :- Toute affaiblissement du système immunitaire suite au VIH/SIDA entraîne une

malnutrition

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- La malnutrition entraîne un affaiblissement des défenses immunitaires, aggrave les effets du VIH et favorise une progression rapide du SIDA.

Par conséquent, la malnutrition peut à la fois être une cause et une conséquence de la progression du VIH. Une personne mal nourrie qui contracte le VIH est plus susceptible de connaître une progression rapide vers la maladie SIDA étant donné que son corps déjà affaiblit ne peut plus lutter contre l’infection. Une personne bien nourrie a un corps plus solide qui peut mieux faire face au VIH et lutter contre les maladies. La Figure 1 montre la relation entre le VIH et la malnutrition.

Bien que les personnes vivant avec le VIH ou les malades du SIDA ont des besoins nutritionnels bien précis, il est important de noter qu’une bonne nutrition est bénéfique pour toute personne. Une bonne nutrition renforce la résistance aux infections et maladies, donne plus d’énergie et de force et permet à la personne d’être productive.

Tableau 1 : Relation entre VIH/SIDA et nutrition

« Les expressions entre guillemet sont des citations provenant des personnes vivant avec le virus »

134

V I HV I H

Les défenses immunitaires s’affaiblissent

« corps faible »« le corps ne peut pas

lutter contre les

Malnutrition« Corps et pieds enflés »« Peau, yeux et cheveux pâles »« Manque de sang »« Poids insuffisant »

Maladies infectieusesDiarrhée

TuberculosePaludismePneumonie

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CONSEQUENCES NUTRITIONNELLES Une personne infectée par le VIH est exposée à un plus grand risque de malnutrition pour les raisons suivantes :

Apport alimentaire moindres Les adultes vivant avec le VIH/SIDA souffrent de pertes d’appétit (anorexie) et ont des difficultés à manger et par conséquent, elles mangent moins et risquent de ne pas couvrir leurs besoins sur le plan nutritionnel. Plusieurs raisons peuvent pousser une personne à réduire ses apports alimentaires. Cette personne souffre d’une infection, a des boutons ou ulcérations dans la bouche ou a de la fièvre. Les effets secondaires des médicaments utilisés pour traiter une maladie peuvent entraîner une perte d’appétit. La dépression quand on se sait atteint d’une maladie mortelle et le fait d’être rejeté par les membres de sa communauté peuvent également faire perdre l’appétit et ainsi provoquer une diminution des apports alimentaires.

Malabsorption : Le VIH/SIDA affecte la manière dont l’organisme utilise les aliments qui sont consommé, entraînant ainsi une malabsorption des nutriments (protéines, glucides, vitamines, minéraux et eau). La diarrhée fréquente dans le cas de l’infection par le VIH, s’accompagne d’une malabsorption des nutriments. Des parasites comme la giardia et autres infections causées par des bactéries et des virus peuvent également entraîner la diarrhée et réduire l’absorption. Le VIH peut également endommager les cellules intestinales affectant l’absorption des graisses et glucides. Une malabsorption des matières grasses affecte également l’absorption des micronutriments comme les vitamines A et E, qui sont importantes pour le bon fonctionnement du système immunitaire.

Perturbations métaboliques : Suite à une malabsorption des nutriments, les personnes vivant avec le virus peuvent avoir du mal à diriger correctement, les aliments et par conséquent le corps est dans l’incapacité d’utiliser correctement les nutriments, surtout les matières grasses, les glucides et les protéines.

Infections et maladies chroniques : Les infections et fièvre qui sont associées à l’infection par le VIH entraînant les besoins plus importants en nutriments et causent une mauvaise utilisation des nutriments par le corps. De plus les malades chroniques risquent d’avoir moins d’appétit, réduire les apports alimentaires et entraîner une perte de poids.

Ces facteurs entraînent la perte de poids, l’atrophie des tissus musculaires et l’affaiblissement du système immunitaire. Ces facteurs sont surtout courants chez les adultes mais ils existent également chez les enfants infectés par le VIH.

Un certains nombre d’autres symptômes et maladies imputables à l’infection par le VIH entraînent des conséquences nutritionnelles qui peuvent conduire à la malnutrition.

Anorexie

L’anorexie ou perte d’appétit est présente lors de nombreuses infections et pendant la fièvre. Elle entraîne généralement une perte de poids. Elle est aussi présente chez

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les personnes déprimées ou vivant dans un environnement peu favorable du point de vue social ou émotionnel.

Diarrhée

Une personne souffre de diarrhée quand elle a plusieurs selles liquides par jour. Il existe plusieurs causes à la diarrhée : l’ingestion d’eau de boisson insalubre, les infections, les parasites ou même certains traitements médicaux. La diarrhée a pour conséquence la perte d’eau, de nutriments et de minéraux, exposant la personne à la déshydratation. La diarrhée diminue par ailleurs l’appétit et entraîne une malabsorption des nutriments. Si la diarrhée continue sur une période prolongée, elle peut causer une malnutrition grave.

Fièvre

La fièvre veut dire que la température du corps est plus élevée que d’habitude. Quand une personne a de la fièvre, elle a des frissons, elle transpire plus, a des douleurs musculaires et aux articulations et se sent fatiguée. La fièvre est courante chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA et elle n’indique pas forcément une maladie grave. Il existe plusieurs raisons à la fièvre et il est souvent difficile de déterminer si la fièvre est causée par le VIH ou autre maladie telle que le paludisme. Du point de vue nutritionnel, la fièvre peut entraîner des besoins nutritionnels accrus car le corps utilise mal les nutriments.

Nausée / vomissements fréquentsLa nausée et les vomissements fréquents peuvent être dus aux médicaments qui sont pris pour traiter le VIH/SIDA ou alors ils proviennent des infections opportunistes. La nausée est également une cause de perte d’appétit et de mauvaise utilisation des aliments consommés.

Muguet buccal

Le muguet est une infection fongique (levure candida) courante chez les personnes infectées par le VIH dont le système immunitaire est affaibli. Il s’agit de tache blanchâtres dans la bouche, sur la langue, le vagin et autour de l’anus. Ces lésions sont douloureuses et désagréables mais elles ne présentent pas de danger grave. Le problème réside dans la difficulté à manger, et la perte d’appétit qui en découle, entraînant ainsi une réduction des apports alimentaires et par conséquent, la perte de poids.

Anémie

L’anémie se caractérise par un nombre insuffisant et ou une qualité inadéquate de globules rouges dans le sang. Souvent l’anémie est due au manque de fer dans le régime alimentaire et aux infections telles que le paludisme et l’ankylostomiase qui détruisent les globules rouges et entraîne des pertes de sang. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables à l’anémie. Les personnes qui sont anémiées se sentent souvent fatiguées et faibles et peuvent avoir des yeux, une langue, des paumes et des ongles pâles. La relation entre VIH et l’anémie n’est pas très connue mais on sait que les personnes infectées par le VIH qui sont anémiques

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connaissent une progression plus rapide vers la maladie SIDA que les personnes qui ne sont pas anémique.

Récapitulatif des conséquences nutritionnelles du VIH

Autres conséquences nutritionnelles du VIH

Les autres membres de la famille ou un membre est infectée par le VIH peuvent également souffrir des conséquences nutritionnelles, surtout les jeunes enfants et les orphelins. Parfois quand les adultes sont infectés par le virus, ils sont trop malades pour travailler et ne peuvent pas assurer leur propre subsistance ainsi que celle de leur famille. Et par conséquent, la famille aura moins d’argent pour acheter la nourriture. De plus, certains autres membres de la famille devront travailler davantage soit pour gagner de l’argent soit pour fournir des soins aux personnes infectées par le VIH, entraînant ainsi une détérioration de leur état nutritionnel et celui de leurs enfants.

Stratégies pour maintenir une bonne nutrition

Une bonne nutrition pour toute personne, et surtout chez celle vivant avec le VIH/SIDA requiert que soient consommés en quantités suffisantes :

Des macronutriments (protéines, glucides et matières grasses) etc.Des micronutriments (vitamines et minéraux).

Macronutriments

La carence en macronutriments, connue également sous le nom de malnutrition protéino - énergétique se traduit par une perte d’appétit et une atrophie musculaire, signes que l’on rencontre couramment chez le malade du SIDA. Ces symptômes sont dus à un apport alimentaire réduit à la malabsorption des nutriments et à des

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Conséquences nutritionnelles

- Apports alimentaires insuffisants- Mauvaise absorption des nutriments- Troubles de métabolisme- Infection chronique- Atrophie musculaire ou perte des tissus corporels sans graisse.

Maladies liées aux conséquences nutritionnelles

- Anorexie- Diarrhée- Fièvre- Nausée- Muguet buccal- Anémie

Extrait de Network of African People Living with AIDS (Nov. 1997).

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perturbations métaboliques qui affectent la croissance des cellules, les processus enzymatiques et les réactions du système immunitaire.Une personne infecté par le VIH a donc des besoins nutritionnels plus élevés : 10-15% d’apports énergétiques supplémentaires et 50-100% d’apport protéiniques supplémentaires, comparé à une personne qui n’est pas infectée par le VIH.

Besoins en énergie et en protéines

Micronutriments

Il est important de consommer des micronutriments (surtout des vitamines A, B6 et B12, du fer et du zinc) pour renforcer le système immunitaire et lutter contre les infections. Par exemple, l’avitaminose A est associée à des taux de transmission plus élevés de la mère à l’enfant, une progression plus rapide du VIH au SIDA, à une mortalité infantile plus élevée et au retard de croissance chez l’enfant. Les vitamines du groupe B assument des fonctions importantes dans les régulations immunitaires et les carences favorisent une progression plus rapide de la maladie.

La consommation de micronutriments peut être augmentée en mangeant des aliments bien précis ou en prenant des suppléments alimentaires. Dans ce nombreux endroits, la création de jardins communautaires ou familiaux servant à cultiver des légumes et fruits locaux est important pour augmenter la consommation d’aliments riches en vitamines et minéraux. De plus, l’on peut envisager l’élevage de petits animaux comme les poulets pour aider à améliorer la consommation de protéines, de graisses et de micronutriments comme le fer et la vitamines A.

On ne connaît pas bien l’effet de la supplémentation en micronutriments sur l’infection par le VIH. La vitamine A et les vitamines du groupe B sont porteuses de promesse à cet égard. La vitamine B6 (niacine) et la supplémentation en vitamine B12 se sont avérées efficace, améliorant la survie et ralentissant la protection de la maladie mais uniquement au sein du groupe en bonne santé où les carences en micronutriments ne sont pas courantes et où la prise de ces vitamines est élevée. L’on recommande également une supplémentation en vitamine B6 (10mg tous les jour) pour les patients atteints de tuberculose qui prennent de l’isoniazide. La supplémentation en vitamine A pour les enfants des mères infectées par le VIH diminue l’incidence des maladies, surtout la diarrhée. Les suppléments en vitamine A

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Un adultes actif non infecté par le VIH a besoin d’environ 2070 kcal/jour

Un adulte infecté par le VIH a besoin de 10% à 15% d’énergie en plus par jour (soitenviron 400kcal supplémentaires pour les hommes et 300 kcal pour les femmes).

Un homme non infecté par le VIH a besoin de 57 grammes par jour de protéines etune femme a besoin de 48 grammes par jour.

Un adulte infecté par le VIH a besoin d’environ 50% à 100% de protéines en plussoit 85 grammes par jour pour les hommes et 72 grammes par jour pour lesfemmes.

Sources : Woods (1999) : James and Shofield (1990) : OMS (1985).

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sont également recommandés pour les mères immédiatement après l’accouchement et pour les enfants à partir de six mois.

Mais, dans de nombreux pays africains, la prise de suppléments en micronutriments est difficile à cause de l’indisponibilité et du coût. La création de lien entre les services de santé et le secteur privé en vue d’établir un approvisionnement régulier de suppléments de micronutriments est bénéfique pour les communautés.

Une nutrition optimale aide les gens à sentir mieux, à rester en bonne santé et à vivre plus longtemps, qu’ils soient ou non infectés par le VIH.

Multiples effets positifs pour une personne vivant avec le VIH/SIDA

- - -

3 - BONNES PRATIQUES NUTRITIONNELLES

De bonnes pratiques alimentaires jouent un rôle important pour maintenir une vie saine. Une personne infectée par VIH a déjà un système immunitaire affaibli. Un régime alimentaire approprié peut aider à maintenir le fonctionnement du système immunitaire et fournit l’énergie, les protéines et le micronutriments nécessaires. Les responsables de programme peuvent promouvoir un certain nombre de pratiques nutritionnelles que les personnes infectées par le VIH et leur familles peuvent adopter pour rester en bonne santé. Les suggestions suivantes sont fournies comme des principes généraux visant à répondre aux besoins nutritionnels des populations affectées par le VIH.

Manger de petites portions mais prendre des repas fréquents :

En maintenant un bon état nutritionnel, on renforce le système immunitaire, permettant au corps de lutter contre infections. Pour mener une vie saine, toute personne infectée ou pas par le VIH, doit satisfaire ses besoins quotidiens en

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Une nutrition adéquate a de multiples effets positifs pour une personne vivant avec le VIH/SIDA. Elle :

- Prévient la malnutrition et l’atrophie musculaire,

- Permet d’atteindre et de maintenir le poids et la force optimum.

- Renforce les capacités du corps de lutter contre les infections,

- Peut aider à retarder la progressions du VIH,

- Améliore l’efficacité des traitements à base de médicaments,

- Améliore la qualité de la vie

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énergie, protéines et micronutriments. Les personnes infectées par le VIH ont parfois du mal à avaler à cause de maladies telles que le muguet ou encore elles souffrent d’une malabsorption de nutriments Pour s’assurer qu’ils reçoivent des nutriments en quantité suffisante, les personnes vivant avec le VIH /SIDA doivent manger de petites portions (pour que les aliments puissent être absorbés) plus fréquemment tout au long de la journée. Il est important d’encourager la prise de goûters pendant la journée pour augmenter les apports alimentaires. Il est utile de préparer des aliments spéciaux plus faciles à mâcher pour ceux qui sont malades. Des aliments moins secs et plus liquides sont mieux tolérés pendant des périodes de maladie.

Manger des aliments variés :

Pour maintenir un bon état nutritionnel, il faut consommer une nourriture variée pour être certain que le corps reçoive l’énergie, les protéines et les micronutriments dont il a besoin pour bien fonctionner. Les personnes vivant avec le VIH/SIDA doivent avoir un régime alimentaire varié à base de haricots, noix, viande, riz, pommes de terre, maïs, fruits et légumes. Un régime alimentaire équilibré signifie que la personne consomme des nutriments en quantité suffisante pour apporter l’énergie et garantir un fonctionnement correct du corps. Les principaux groupes d’aliments dont toute personne a besoin pour mener une vie saine sont les suivants : aliments constructeurs (protéines et minéraux), aliments protecteurs (vitamines et minéraux) et aliments énergétiques (glucides et graisses).

Les aliments constructeurs contiennent les protéines et minéraux. Ces aliments :

- Contiennent des protéines nécessaires à la réparation et à la croissance des cellules ; des nutriments tels que le fer pour le sang et le calcium et le phosphore pour avoir des os solides ;

- Aident à la formation des os et des cellules importantes pour la croissance et ledéveloppement ;

- Aident à lutter contre l’infection et facilitent le rétablissement en temps de maladie ;

- Se trouvent dans les légumineuses (haricots, lentilles, niébé, pois cajan, arachide et noix), le lait et les produits laitiers (yaourt, fromage et pour les nourrissons le lait maternel), les produits d’origine animale (oeufs, poisson, poulet, porc et boeuf) et les céréales (blé, maïs et riz). Les produits d’origine animale sont des sources importantes de protéines mais, étant donné qu’ils sont généralement plus chers que les sources de protéines végétales, il n’est pas toujours possible d’en manger quotidiennement. On recommande de consommer tous les jours des légumineuses et des céréales.

Les aliments riches en micronutriments (tels que les vitamines A, B, C et D) et les minéraux (tels que l’iode, le zinc et le fer) sont appelés des aliments protecteurs. Les aliments riches en micronutriment :

- Aident l’organisme à digérer et à utiliser les protéines et glucides ;

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- Aident à lutter contre les infections et à digérer et à absorber d’autres nutriments ;

- Se trouvent dans les légumes à feuille de couleur verte foncée (par exemple, feuilles de manioc, de pomme de terre, de patate douce, d’épinard) et dans les légumes et fruits de couleur jaune ou orange tels que : la papaye, la patate douce, la citrouille, les carottes, les tomates, les oranges, les citrons et le bananes.

Les glucides (sucre et féculents) et les graisses donnent de l’énergie au corps. Ces aliments :

- Fournissent l’énergie pour le bon fonctionnement du corps et le maintien de l’activité physique ;

- Se trouvent dans divers aliments de base les céréales tels que le maïs, le riz, sorgho, mil et dans les racines et tubercules tels que le manioc, le taro, les pommes de terre et les patates douces ;

- Sont généralement moins chers que les aliments riches en protéines et sont disponibles plus facilement.

Les personnes infectées par le VIH ont des besoins plus importants en nutriments à cause de l’infection. Il est important de consommer tous les jours des aliments divers appartenant à chacun de ces groupes pour maintenir un bon état nutritionnel et lutter contre les maladies. De plus, grâce à un bon état nutritionnel, la personne a de meilleures chances de survivre à une infection opportuniste telle que la tuberculose ou la pneumonie sans compromettre davantage son état de santé et de nutrition.

Les activités qui encouragent la production et la consommation de divers aliments de chaque groupe ou qui élargit l’accès à ces aliments dans la communauté sont utiles pour les ménages ayant des membres infectés par le VIH. Dans les régions connaissant une insécurité alimentaire, il convient d’explorer les opportunités y compris la promotion des techniques agricoles ou les dons d’aliments pour augmenter l’accès aux aliment par les ménages affectés par le VIH. Ces programmes sont surtout utiles s’ils ont conçus et réalisé conjointement avec la communauté pour garantir le soutien communautaire et permettre ainsi d’assurer leur pérennité. Les programmes comportant un volet avec des activités génératrices de revenus sont également très utiles car ils aident le ménages à maintenir leur capacité d’acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité. Le module 6 fournit plus de détails sur comment concevoir des programmes dans lesquels la distribution de vivres et d’autre interventions, par exemple, les jardins potagers familiaux sont promus dans le but d’augmenter la quantité et améliorer la qualité du régime alimentaire.

4 - BONNES MESURES ALIMENTAIRES ET D’HYGIENE

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Les personnes vivant avec le VIH/SIDA sont plus vulnérables à l’infection car leur système immunitaire est déjà affaibli. La manipulation hygiénique de l’eau et des aliments est très importante.

Voici quelques directives pour l’utilisation de l’eau, des produits d’origine animale, des fruits et légumes et pour la conservation des aliments en général.

Eau

- Vérifier que l’eau est propre ! Faire bouillir l’eau pendant au moins 5 à 10 minutes pour tuer les germes.

- Conserver l’eau dans un récipient avec un couvercle.

- Toujours se laver les mains avec du savon avant et après avoir touché les aliments.

Produits d’origine animale

- Cuire tous les produits d’origine animale (viande, poulet, porc, poissons et œufs) à des températures élevées jusqu’à ce qu’ils soient bien cuits.

- Ne pas manger des œufs à la coque peu ou pas cuits ou de la viande saignante.

- Bien laver les ustensiles et les surfaces où sont placés les aliments non cuits, surtout la viande.

- Couvrir la viande, poulets et poissons avec un couvercle propre pour les séparer des autres aliments et éviter toute contamination.

Fruits et légumes

- Utiliser de l’eau propre pour laver tous les fruits et légumes à consommer pour éviter toute contamination

- S’il n’est pas possible de laver correctement les fruits et légumes, enlever la peau.

- Enlever les taches sur les fruits et légumes pour les débarrasser des moisissures et des bactéries

Manipulation et conservation des aliments

- Vérifier qu’il n’y ait pas de mouches sur les surfaces ou endroits où l’on prépare et sert la nourriture.

- Couvrir la nourriture qui n’est pas consommée pour éviter toute contamination.

- Garder chauds les aliments chauds et froids les aliments froids.

- Si les produits alimentaires ont des dates de péremption, ne pas consommer après

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la date indiquée « utilisé avant le … ».

- Garder les aliments cuits pendant un jour maximum et réchauffer avant de les manger.

- Si l’on dispose d’un réfrigérateur, conserver les restes dans le réfrigérateur.

5 – CONSEILS DE PREMIERS SOINS

Diarrhée

Mesures à prendre

- Boire beaucoup de liquides, surtout de l’eau bouillie et propre pour éviter la déshydratation.

- Manger des fruits, papayes, bananes mûres et mangues.

- Boire l’eau de cuisson du riz blanc et des bouillies peu consistantes faites avec du maïs et du manioc.

- Préparer une soupe de riz. Faire bouillir pendant une heure une tasse de riz dan 5-6 tasses d’eau avec un peu de sel. Boire la soupe pendant qu’elle est chaude.

- Boire du lait fermenté 3-4 fois par jour. Le lait fermenté ne contient pas de lactose, sucre associé aux douleurs abdominales pendant la diarrhée. 

- Boire de la tisane d’ail. Ecraser 3 à 4 gousses d’ail et ajouter à une tasse d’eau bouillante.

- Laisser cuire pendant 10 minutes à feu doux et ensuite laisser refroidir avant de boire. Boire la tisane 3-4 fois par jour.

Quand faut-il se rendre au centre de santé ?

- Quand il y a du sang dans les selles

- Si la diarrhée est accompagnée de fièvre qu’on n’arrive pas à faire baisser avec de l’aspirine ou un traitement à domicile

- Si le patient ou la patiente est trop faible pour manger ou très déshydraté et qu’on n’arrive pas à le réhydrater.

- Si la diarrhée ne disparaît pas après 2-3 jours.

Fièvre

Mesures à prendre

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Les personnes qui soignent le patient devraient prendre les mesures suivantes en cas de fièvre :

- Donner du jus de citron ou d’orange plusieurs fois par jour

- Râper la peau de l’orange ou du citron dans un peu d’eau. Frotter le dos du patient ou ajouter à l’eau de bain.

- Ecraser les feuilles de gommier/eucalyptus dans un mortier avec un peu d’huile de cuisson.- Frotter la poitrine du patient avec ce mélange. Ou alors mettre une grande quantité de feuilles de gommier dans un récipient d’eau bouillante. Laisser le récipient dans la chambre du patient pour qu’il inhale les vapeurs.

- Couper une branche de margousier (Azadirachta indica). Enlever les feuilles et demander au patient de mâcher l’écorce ou faire bouillir de l’eau avec les écorces et donner à boire cette tisane au patient.

Quand faut-il se rendre au centre de santé ?

- Quand la fièvre dure plus de trois jours- Quand le patient est brûlant ou quand il délire- Quand la fièvre s’accompagne d’autres signes graves de maladie.

Toux

Tout le monde a déjà eu la toux ou un refroidissement. On peut traiter sans problème la toux à domicile quand la toux ne dure pas trop longtemps et qu’il n’y a pas de complications.

Mesures à prendre

Ecraser des feuilles fraîches de gommier/eucalyptus et les placer dans de l’eau bouillante. Quand l’eau entre en ébullition, retirer le récipient du feu. Mettre un tissu ou une serviette sur la tête de la personne et la faire pencher au-dessus du récipient pour respirer les vapeurs.

Mettre 3-4 feuilles d’eucalyptus dans une tasse d’eau chaude et faire bouillir pendant20 minutes. Laisser refroidir un peu la tisane avant de la boire. Boire cette tisane 2-3 fois par jour.

La tisane peut également être préparée avec des feuilles de citronnier ou goyave.

Quand faut-il se rendre au centre de santé   ?

Si la personne tousse du sang ou du mucus gras et malodorant.Si la toux dure plus de deux semaines.

Maux de tête

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Les personnes atteintes de VIH/SIDA peuvent avoir des maux de tête pour de nombreuses raisons. Les maux de tête sont également causés par de nombreuses maladies autres que l’infection par le VIH .La chose la plus importante est de se reposer et généralement les maux de tête disparaissent.

Mesures à prendre

Repos

Prendre de l’aspirine ou du paracétamol avec un verre d’eau bouillie propreEcraser et réduire en pâte des feuilles de lavande avec un petit d’huile de cuisson. Frotter le front et les tempes avec cette pâte. Frotter un peu de lavande dans les mains et sentir ce parfum pendant qu’on se repose.

Préparer de la tisane d’ail et d’oignons. Couper en petits morceaux 2-3 gousses d’ailet la moitié d’un oignon. Mettre tout cela dans une tasse d’eau chaude. Faire bouillir à petit feu pendant 10 minutes. Après 10 minutes, laisser refroidir un peu avant de boire.

Quand faut-il aller au centre de santé   ?

- Quand la nuque du patient est raide et rigide.- Quand le patient a également une fièvre élevée- Si les maux de tête ne disparaissent pas après 2-3 jours.

Maux de gorge

Généralement, les maux de gorge ne sont pas très graves mais ils peuvent être le signe d’une autre maladie telle que la grippe.

Mesures à prendre

Presser un citron entier et mélanger avec du miel. Prendre une grande cuillerée chaque fois que nécessaire.Préparer une solution avec du sel et de l’eau chaude. Gargariser avec cette solution plusieurs fois par jour.Manger de l’ail cru ou préparer une tisane d’ail. Couper en petits morceaux 3-4 gousses d’ail.Ajouter les morceaux d’ail à une tasse d’eau bouillante. Faire bouillir pendant 10 minutes à feu doux. Laisser refroidir avant de boire. Ajouter du miel ou du sucre pour adoucir le goût si c’est nécessaire.

Quand faut-il se rendre au centre de santé   ?

Quand le patient ne peut pas avaler ou quand il a du mal à respirer.Si le patient a de la fièvre et que l’aspirine ou le traitement à domicile n’arrive pas à la faire baisser.Si le patient a une éruption cutanée (érythème).Si les maux de tête durent pendant plus de deux semaines.

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Ulcération buccale et muguet

Mesures à prendre

Eviter les boissons sucrées (boissons gazeuses) qui rendrent les plaies encore plusdouloureuses et qui favorisent la croissance du champignon. Eviter le sucre et le miel.Manger 1-2 gousses d’ail cru tous les 3-4heures si l’ail est disponible. Si l’ail cru est trop fort, écraser les gousses et mélanger avec un peu d’eau bouillie. Rincer la bouche avec ce mélange et ensuite avaler le reste. Répéter toutes les 3-4 heures.Boire du lait sur/fermenté. Cela évitera la croissance de la levure.Manger de la papaye non mure comme hors-d’œuvre ou légumes.Gargariser avec de l’eau propre, tiède et salée.

Quand faut-il se rendre au centre de santé ?En cas de fièvre qui ne peut pas être soulagée avec de l’aspirine ou autre traitement à domicile.Si aucune amélioration n’a lieu après quelques joursSi la douleur entraîne une perte complète d’appétit.

Zona

Le zona est une éruption cutanée causée par un virus qui est à l’origine d’ampoules douloureuses qui apparaissent généralement d’un côté du corps, sur la poitrine, le dos, la nuque ou le visage. Avant que les ampoules n’apparaissent, le patient se sent fatigué, a des frissons, de la fièvre et des maux d’estomac. La zone où apparaissent les ampoules est sensible 3-4 jours avant leur apparition. Normalement, les ampoules et la douleur disparaîtront dans 2 à 3 semaines. Les personnes qui sont infectées par le VIH feront des épisodes répétés de zona à cause de leur système immunitaire affaibli.

Mesures à prendre

Ecraser des feuilles de gommier/eucalyptus et les mettre dans une petite quantité d’eau bouillante. Continuer à faire bouillir pendant 15 minutes. Retirer le récipient du feu et laisser refroidir. Tremper un tissu propre dans l’eau refroidie. Essorer pour faire sortir l’eau du tissu, plier et mettre sur la partie affectée du corps. Couvrir le tissus avec un sachet en plastique propre. Couvrir le mélange d’eau avec une serviette ou autre tissu. Répéter toutes les deux heures.Utiliser les feuilles de géranium ou de lavande si les feuilles de gommier/eucalyptus ne sont pas disponibles.Ecraser une aspirine et la mélanger avec deux petites cuillérées de vaseline. Tamponner le mélange sur la zone affectée. Répéter à deux ou trois fois par jour.

Quand faut-il se rendre au centre de santé   ?

Si les conditions ne s’améliorent pas au bout de quatre semaines .Si les ampoules entraînent d’autres infections de la peau.

Autres éruptions cutanées

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Les éruptions cutanées ou érythèmes sont dus à de nombreuses causes dont le VIH. Les éruptions sont douloureuses et prurigineuses. Généralement, il ne s’agit pas d’un grave problème de santé mais ces éruptions doivent être traitées.

Mesures à prendre

Si les éruptions sont chaudes, écraser des feuilles de gommier et d’eucalyptus et les mettre dans une petite quantité d’eau bouillante. Continuer à faire bouillir les feuilles pendant 15 minutes. Retirer le récipient du feu. Tremper un tissus propre dans l’eau chaude. Essorer l’eau du tissu, le plier et le poser sur la partie affectée du corps. Couvrir le tissu avec un sachet en plastique propre. Couvrir le mélange d’eau avec une serviette ou autre type de tissu. Répéter toutes les deux heures.

S’il y a du prurit, suivre les mêmes instructions que ci-dessus mais laisser refroidir le mélange de feuilles de gommier avant de placer sur l’éruption.Ecraser les feuilles de papaye ou les feuilles de gommier et mélanger avec une petite quantité d’huile végétale. En faire une pâte et placer sur l’éruption. Répéter 3 à 4 fois par jour .

Quand faut-il se rendre au centre de santé   ?

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Session 7 : Les activités de communication interpersonnelle

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :

1. Définir la communication interpersonnelle 2. Identifier les activités de communication interpersonnelle3. Décrire les éléments de la préparation d’une causerie éducative 4. Enumérer au moins 5 qualités essentielles d’un bon animateur 5. Décrire les étapes d’un counseling 6. Enumérer au moins 5 qualités d’un bon conseiller7. Définir les principes essentiels du counseling (cas des counselings pré et

post dépistage du VIH/SIDA)

LES NIVEAUX DE COMMUNICATION :

- la communication intra personnelle

- la communication interpersonnelle

- la communication de groupe

- la communication de masse

La communication de masse

La communication de masse peut être définie comme étant l’action de transmettre le message, l’information par le biais des médias de masse, telles que la télévision, la radio, la presse écrite, le cinéma, les affiches. Sa spécificité est de couvrir un espace géographique important, et de toucher un public large.

Utiles voire incontournables pour faire passer de façon rapide les informations surtout auprès d’une cible dispersée, les médias de masse néanmoins, ne favorisent pas le feed back. , élément nécessaire pour permettre un ajustement de la perception, de l'opinion, de l'attitude par exemple. Par ailleurs, plus la capacité de dissémination du médium est grande, moins il est possible de personnaliser le processus de communication. Le contenu du message reste dans le général, mais ne peut pas refléter les préoccupations personnelles du public. Les actions des médias de masse doivent être renforcées par des activités de communication interpersonnelle.

La communication interpersonnelle (CIP) :

La communication interpersonnelle est l’échange qui s’établit par le langage verbal et non verbal (gestes et mimiques, images… entre deux individus ou au sein d’un groupe). Elle peut être enrichie par des médias ou matériels de support d’IEC. Elle peut aussi se faire à l’aide des télécommunications et de la télématique.

La CIP s’avère particulièrement efficace pour entraîner des changements de comportements. En effet, elle est utile pour :

- explorer et comprendre ;

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- convaincre, persuader ;

- combattre des rumeurs ;

- livrer une information personnalisée, un message adapté ;

- obtenir ou fournir un feedback (ou rétroaction) immédiat ;

- montrer des choses concrètes ;

- faire le suivi, assurer le soutien et la prise en charge psychosociale.

Par ailleurs, le contexte où elle se déroule la caractérise et l’influence, aussi faut-il le prendre en considération :

- cadre spatial : environnement tangible et concret (salle ordinaire, centre de santé, école, caserne, entreprise, bar, domicile, lieu public, etc.) ;

- cadre temporel : moment de la journée, place du message dans une séquence d’événements (visite prénatale ou post-natale, consultation médicale, période de l'année) ;

- contexte socioculturel : connaissances, croyances, valeurs, normes, comportement en matière de communication, style de vie dans le milieu ;

- contexte psychosociologique : statut et rôles des participants (ex. : médecin/patient), état psychologique, présence d’autrui ou non (individu, couple, famille, groupe, foule), cadre de référence (rationnel vs irrationnel).

Bien planifiée la communication interpersonnelle par le canal des animations de groupe ou encore des contacts individuels, est un outil très efficace pour les agents du changement. Toutefois, elle s’avère coûteuse lorsqu’on veut toucher une grande partie de la population et elle est dépendante de la qualité et de la motivation des agents qui en sont chargés. L’animation de groupe est une des activités les plus performantes dans ce cadre.

Ce que l’agent de changement peut faire lors des activités en petits groupes :

Clarifier la discussion en suscitant une définition commune aux objectifs, en reformulant et reliant les interventions de différents participants et en faisant le point sur les diverses idées développées.

Stimuler la participation à travers des questions permettant l’expression et l’échange d’idées, en faisant progresser le groupe vers les objectifs de la séance et en valorisant une démarche collective et consensuelle du groupe. L’éducateur doit être capable d’écouter et d’observer sans porter de jugements. Il doit être flexible, s’adaptant aux réactions des autres, connaissant ses propres limites et pouvant cohérence en cas de confusion ou de conflit. La participation active des membres du groupe incombe à ceux-ci, mais dépend de la qualité de conduite par l’animateur.

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L’animateur doit être conscient de ses attitudes personnelles et accepter la critique. Il doit savoir diriger et contrôler la discussion, établir de bonnes relations de communication avec les membres en développant et en maintenant un haut degré de participation. Il doit adapter le message à l’auditoire, conduire la réunion en s’assurant que tous y participent, sans qu’aucun ne monopolise la conversation. Il ne doit jamais perdre de vue les objectifs de la réunion.

Donner des informations appropriées et précises qui répondent aux questions posées par les participants.

Une même séance peut amener l’éducateur à donner de l’information, en récolter, animer un débat, etc., à des moments différents. La confusion des rôles ou la rigidité dans un rôle unique peut gêner la progression et les capacités créatives du groupe. Il faut donc être capable de changer de rôle aux moments où il le faut.

Les participants dans le groupe 

Dans la dynamique de groupe, certains personnages caractéristiques dont le comportement risque de perturber le déroulement de la séance, émergent souvent Face à ce phénomène dont il faut tenir compte, il est suggéré d’adopter les attitudes suivantes :

Les participants Attitudes suggérées

Le silencieuxLui poser des questions d’informationL’inviter à reformuler certaines interventionsLui confier des tâches de système partiel

Le bavard

le laisser parfois s’enliser et permettre au groupe de réagirl’interroger sur le sens précis de son intervention lui rappeler l’horaire et la nécessité d’être concislui confier des taches matérielles

« Je sais tout et j’ai raison »

ne pas jouer au bras de fer ni s’irriter protéger l’égalité de droit d’expression des opinions : « c’est votre opinion,

qu quelqu’un voit-il les choses autrement ? »lui envoyer de temps à autres une question délicate posée par un participant.

Le déviant

rappeler les objectifs spécifiques de la séance demander quel rapport spécifique il établit avec le sujet traitéafficher sa question ostensiblement mise en réserve et l’effacer aussitôt qu’elle aura été traitée

Le saboteur systématique

suspendre si nécessaire la séance et s’expliquer directement avec lui. Si celane suffit pas, exposer calmement le problème au groupe ainsi que ses conséquences face aux objectifs à atteindre « alors, que faisons-nous ? »

le susceptible

lui venir en aide dans les situations difficiles, jusqu'à ce qu’il supporte mieux les heurts inévitables en cours de discussion, au besoin, le voir à part, au cours d’une pause.

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Aptitudes nécessaires à la communication interpersonnelle

Appeler autrui à partager « une conviction » commande à l’agent de communication, d’avoir des aptitudes à la communication interpersonnelle dont les principales sont les suivantes :

- Créer un climat favorable à la communication- Connaître les caractéristiques de ses clients - Effectuer une écoute active de son interlocuteur. 

Créer un climat favorable à la communication 

La communication comporte un contenu et un aspect relationnel. Pour créer un climat favorable à une communication directe avec son interlocuteur, deux éléments sont essentiels :

- établir des rapports de confiance (confidentialité, intimité et de sympathie) ;

- permettre l’échange d’information exacte et pertinente susceptible d’aider son interlocuteur à réfléchir sur son comportement.

- exprimer la sympathie et l’intérêt au client

Connaître les caractéristiques de son interlocuteur 

L’efficacité de la communication dépend en partie de la capacité de l’agent de communication à déceler les signaux de son vis à vis (ce qu’il veut dire et ce qu’il ressent), d’en connaître l’usage et comprendre la signification. Comprendre le problème tel que le vis à vis le ressent, suppose les principes suivants :

1° Une attitude d’intérêt ouvert : c’est à dire une disponibilité intégrale sans préjugé qui soit un encouragement continu à l’expression spontanée d’autrui.

2° Une attitude de non jugement permettant de tout recevoir sans critique ni culpabilisation.

3° Une attitude de non-directivité c’est à dire qu’il n’y a pas quelque chose de présupposé à chercher ou à vérifier. Il faut faciliter la communication et non pas faire des révélations.

4° Une intention authentique de comprendre autrui dans sa propre langue, de penser dans ses termes, de saisir les significations que la situation a pour lui. Il convient de s’intéresser à la personne et non au problème lui-même, d’être centré sur ce qui est vécu et non sur les faits que le client évoque.

5° Un effort contenu pour contrôler tout ce qui se passe dans une situation de communication. Un certain nombre de caractéristiques personnelles peuvent

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empêcher une communication efficace avec son interlocuteur. L’âge et le sexe peuvent généralement influencer soit positivement, soit négativement la communication interpersonnelle. Une personne mature est mieux écoutée dans certaines circonstances, un groupe de femmes se sentira plus à l’aise à parler des IST et du Sida avec une femme qu’avec un homme.

6° Clarifier les valeurs :

Nos valeurs, nos expériences, nos motivations, notre état émotionnel et notre besoin de trouver un sens à ce que nous observons, peuvent influencer l’efficacité de notre communication. Il est de ce fait, impossible de réceptionner une information sans la modifier, la déformer, dans sa nature et/ou son intensité. Ces valeurs risquent d’influencer l’efficacité de la communication. Nous avons tendance à ignorer ou déformer les informations qui nous déplaisent, nous choquent (informations inadmissibles au point de vue culturel, professionnel) et/ou donnent l’impression d’incohérence.

La clarification des valeurs consiste à mettre en évidence ce que l’on considère comme juste, correct, acceptable. Elle sert à élucider le système de valeurs de référence pour mettre les deux interlocuteurs en phase. Bien souvent, c’est grâce aux échanges avec des gens qui n’ont pas les mêmes valeurs que nous découvrons quelles sont exactement nos valeurs.Les valeurs ne sont pas éternelles, elles évoluent avec le temps, avec l’expérience. Elles ne sont pas non plus universelles. Ce que l’on considère comme juste, correct, acceptable dans tel milieu, dans telle région ne le sera pas nécessairement dans d’autres.

En matière de communication, ceci conduit à considérer que, pour amener un individu à adopter de nouvelles manières de faire, il faut parvenir à lui démontrer comment elles vont l’aider à satisfaire des valeurs importantes pour lui.L’agent de communication doit avoir une bonne connaissance de lui-même et faire preuve d’autodiscipline. Il doit comprendre comment sa culture et ses traditions peuvent influencer sa capacité à aborder certaines questions liées à la sexualité et à accepter certains comportements. Il doit être conscient de la manière dont ses propres émotions, son attitude et ses préjugés peuvent compromettre sa relation avec son client.

- L’écoute active 

Amener une personne à changer de comportement suppose d’abord de savoir ce qu’il connaît, perçoit, pense, croit et pratique. Pour y parvenir, il est nécessaire de l’encourager à parler et à s’exprimer en utilisant les techniques de l’écoute active.

En effet, écouter ne se résume pas à entendre les paroles, les mots prononcés par l’interlocuteur, mais aller au-delà, essayer de comprendre le “dit ” et le “ non dit ”. Le mot entendre fait surtout référence à un processus physique, tandis que le mot écouter renvoie avant tout à un processus mental et émotif où notre esprit, notre sensibilité et nos yeux participent autant que nos oreilles.

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Les microtechniques de l’écoute active

Celles en rapport avec la communication non verbale : « Tout est communication » Face à un interlocuteur, nos propos s’accompagnent de tout un ensemble de comportements non verbaux (mimiques, signes de tête, expressions du visage, regards, ton de la voix, posture, etc.) qui transmettent un certain nombre d’informations non exprimées dans le contenu verbal. Ces comportements sont souvent inconscients, mais n’en influent pas moins le contenu de notre message, sur les relations que nous tissons avec nos interlocuteurs (la communication se fait à deux niveaux ). C’est pourquoi il est important de contrôler son comportement non verbal en s’exerçant à écouter son client, à travers :

Le contact visuel : une bonne communication interpersonnelle s’accompagne à priori d’un contact visuel approprié qui se situe quelque part entre le regard fixe et l’attitude qui consiste à détourner totalement les yeux. Ce contact visuel est un aspect très important de l’interaction entre les participants à la communication, car il affecte la nature même de la relation et indique la façon dont chacun se sent face à l’autre. Quand on est embarrassé ou déprimé, on aura tendance à éviter le contact visuel. Le fait de garder le visage tourné vers son interlocuteur est une manifestation d’intérêt.

Toutefois, la recherche du contact visuel constant peut devenir parfois embarrassante pour l’interlocuteur. Elle peut être considérée, pour certains, comme un comportement impoli, comme elle peut être interpréter comme une marque d’irrespect.

Le langage du corps : il comprend notre posture, nos gestes, les expressions de notre visage comme les mimiques, le sourire, la distance créée entre les deux interlocuteurs.La synchronisation des mouvements est un autre aspect du langage du corps. Lorsque vous vous penchez en avant, si les rapports sont bons, l’autre fera de même. S’écarter de quelqu’un peut-être perçu comme un rejet.

Le langage du corps peut varier d’une culture à une autre, mais la communication en dépend dans toutes les cultures.La communication non verbale joue un rôle déterminant pour une écoute efficace. L’adoption de comportements non verbaux appropriés peut renforcer le rapport avec le client en lui montrant notre intérêt et notre compréhension. Inversement, des comportements non verbaux non appropriés créent des obstacles difficiles à dépasser et nuisent à l’écoute active. C’est pourquoi il est important de développer le sens d’observation et de contrôle de nos comportements non verbaux dans une situation d’écoute.

Celles en rapport avec la communication verbale

Savoir exprimer un message, communiquer un contenu n’est pas une tâche facile et

aisée. Le prestataire doit utiliser le terme que le client peut comprendre et pouvoir

Parler Un Langage Simple, Approprié et Réel (PULSAR).

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Pour que l’information à transmettre puisse être retenue facilement, il faut :

Etre bref : choisir les aspects les plus importants et insister sur les points dont il faut

se rappeler.

Rester simple : utiliser des phrases courtes et des mots simples. Eviter les termes

techniques et les explications scientifiques compliqués. Utiliser un langage

culturellement acceptable et accessible.

Etre spécifique : les informations à fournir doivent être spécifiques et concrètes

plutôt que générales, abstraites et vagues. Elles devront être concises et précises.

La communication verbale minimale visant à encourager l’interlocuteur à

s’exprimer Cela peut être un simple son comme « mm hm » ou de simples mots

comme « je vois », « continuez.

La reformulation : Cette technique consiste à redire en d’autres termes et d’une

manière plus concise ou plus explicite ce que l’interlocuteur vient d’exprimer. On

distingue entre autres 

Les questions

- Les questions fermées appelons des réponses courtes, concises.

- Les questions ouvertes, comme « que pensez-vous ? » « comment ?" », « quelle

réaction cela suscite en vous ? », « à quoi cela vous fait-il penser ? » permettent

de donner une réponse plus longue et plus développée qui permet de recueillir

plus d’informations et de renseignements sur le sujet abordé.

La synthèse (ou résumé)

Elle consiste à résumer les idées clés évoquées par l’interlocuteur. Elle constitue un

moyen efficace pour :

- s’assurer de la compréhension de ce que l’interlocuteur vient d’exprimer,

- permettre à l’interlocuteur de corriger les éventuels malentendus,

- recentrer la discussion après une longue intervention,

- mettre un terme à l’intervention sur un sujet donné et changer de sujet de la façon

la moins abrupte possible,

- encourager l’interlocuteur à s’exprimer davantage.

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Page 155: Manuel iec ccc  janvier 2006

Les intonations de la voix jouent également un rôle dans la communication

interpersonnelle. Une augmentation du ton est souvent associée à la colère, le fait de

parler plus vite à l’angoisse, le fait de parler plus bas ou plus lentement peut être un

signe de tristesse.

La Causerie Educative

1- Préparation de la causerie

Préparation technique

- Identifier le groupe cible (à qui vais-je parler ? Quel est son problème ? Quelles sont les solutions possibles à ce problème ? Quel comportement voudrais-je que cette cible adopte ? Quel est son comportement actuel ?…)

- Formuler des objectifs (Quels seront mes objectifs ?)- Définir le thème (Que vais-je leur dire ? )- Définir la stratégie de communication (Comment vais-je le leur dire ?

Quel sera la méthodologie que je vais adopter, le plan de mon intervention, les matériels de support que je vais utiliser ? )

- Définir les critères d’évaluation de la causerie (Comment saurais-je que j’ai atteint mes objectifs ? )

Préparation administrative- Prendre un rendez-vous avec le groupe cible (surtout le

responsable), Fixer la date et choisir une heure convenable à tous.- Choisir un lieu approprié (espace suffisant, bien aéré, calme et loin

des distractions).- Apprêter la logistique.

2- Exécution de la causerie

- Arriver au moins 20 à 30 mn avant l’heure prévue.

- Aménager le lieu de la réunion.

- Accueillir et installer les participants.

- Eventuellement, laisser la parole à une personne influente, l’invité

d’honneur, pour prononcer l’allocution d’ouverture. Lui demander de vous

présenter de vous introduire auprès du groupe.

- Sinon se présenter, saluer les participants et les mettre à l’aise.

- Introduire le thème.

- Annoncer l’objectif de la causerie.

- Développer le thème.

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- Evaluer les connaissances des participants sur le thème en leur posant

des questions.

- Faire des synthèses après chaque chapitre abordé.

- Reformuler les questions si nécessaire ou même changer les techniques

d’approche.

- Se tenir de manière à voir tout le monde, à être vu et entendu facilement de tous.

- Maintenir le contact visuel.

- Faire participer tout le monde.

- Dans la mesure du possible répondre aux questions.

- Remettre les interventions qui ne concernent pas le sujet aux prochaines réunions.

- Faire la synthèse générale ou la faire faire par les participants à résumer brièvement ce qui a été dit ; cela permet de percevoir ce qui a été compris ou non, cela peut aussi constituer une forme d’évaluation.

- Evaluer la causerie : Peut être effectuée au cours de la causerie, à la fin de la causerie ou peu après la causerie. Cela dépend des critères d’évaluation définis.

- Proposer un autre rendez-vous pour la présentation d’un autre thème qui sera éventuellement défini avec les participants.

- Remercier et dire au revoir.

- Ou éventuellement laisser le responsable clôturer la réunion.

Attitudes à adopter au cours d’une causerie- être courtois, être compréhensible.

- être patient et serein.

- être respectueux.

- être humble.

- être honnête.

- être dynamique, imaginatif et compétent.

Compétences requises pour organiser une causerie

- Compétences en relations humaines (contacts, communication, gestion des conflits, …)

- Compétences techniques (maîtrise du sujet).- Compétence gestionnaire (organisation des ressources).

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Session 9 : Le suivi et l’évaluation d’un programme de communication

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de :1. Définir le suivi2. Définir l’évaluation 3. Etablir un plan de suivi des actions d’un programme de communication

LE SUIVI ET L’EVALUATION D’UN PROGRAMME DE COMMUNICATION

1- Le suivi  :

Il consiste à observer et à vérifier le déroulement des activités prévues dans le plan de travail ou le plan d’action.Ex. Vérifier le nombre et la périodicité des spots de P.F. radio – diffusés sur les chaînes nationales.

Quand faire le suivi des activités ?- Le suivi se fait au fur et à mesure que les activités se réalisent sur le terrain ; il est

donc permanent. Il peut être quotidien, hebdomadaire, mensuel, trimestriel, semestriel, annuel, etc…

Qui fait le suivi des activités ?- Les structures de base lorsque les activités se déroulent sur le terrain. Mais il doit

toujours être coordonné par le niveau central.

A quoi sert le suivi ?- Surveillance du volume de production du matériel.- Surveillance de la diffusion dans les médias.- Surveillance de la structure interne et du respect du calendrier et du budget.- Surveillance et renforcement des rapports avec d’autres organismes.- Révision nécessaire de la conception du projet.

Les instruments du suivi :- Cahier d’inventaire du matériel IEC.- Livret de statistiques cliniques.- Fiche de suivi émission radiophonique.- Fiche d’observation.- Fiche de supervision.- Fiche d’activités.- Rapport écrit.

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- Journaux des agents de terrain.

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Outil de suivi des activités

ACTIVITES(DETAILLEES)

MOYENS DEVERIFICATION PERIODE

OUTIL DE SUIVI RESPONSABLE

Organisation d’un séminaire atelier sur la diffusion des affiches P.F. à l’intention des prestataires

- Rapport du séminaire atelier

- Curriculum

Déc. 2000 -Plan d’action-Cahier de

suivi

Equipe IEC du projet

2- L’évaluation  :L’évaluation consiste : A voir si les activités prévues ont été menées, A apprécier la pertinence et l’impact de ces activités en rapport avec les objectifs

fixés, A identifier les contraintes ayant pesé sur le bon déroulement des activités.

A quoi sert l’évaluation ?L’évaluation sert à prendre des décisions majeures concernant la poursuite des activités. En effet, elle permet également :- La mesure et le suivi de la prise de conscience, de la reconnaissance, de la

compréhension, du rappel et de la pratique par le public ;- L’analyse des résultats en fonction des objectifs fixés ;- Les révisions nécessaires de la conception du projet.

Quand faire l’évaluation ?L’évaluation peut se faire :- Au début d’un programme pour apprécier la situation de départ,- A mi-parcours pour corriger des erreurs éventuelles, - A la fin d’un projet, c’est l’évaluation finale.

Pourquoi faire l’évaluation ?Pour apprécier les résultats obtenus sur la base des documents de projets.

Qui fait l’évaluation ?L’évaluation peut être conduite soit par :- La cellule d’exécution du projet, on parle d’auto évaluation,- Des personnes extérieures, des consultants, qui portent un regard neutre et

objectif sur vos résultats.

Attention : Les bailleurs de fonds exigent désormais une évaluation des projets avant de refinancer de nouvelles activités.

Il y a 3 (trois) types d’évaluation :

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Evaluation du Processus :L’évaluation du processus mesure l’efficacité de la mise en œuvre du programme et de sa gestion. Elle répond aux questions suivantes :- Qu’est-ce qui s’est passé pendant l’exécution ?- Comment s’est déroulée chaque étape ?- Les activités ont-elles été conformes aux plans et en rapport avec la stratégie ?A partir de cette information, les décideurs peuvent améliorer l’efficacité du programme, réduire les incertitudes et les inconnus et prendre des décisions basées sur les faits.Dans l’évaluation du processus, les données sont évaluées au niveau national, souvent pour expliquer les résultats des évaluations de résultats ou d’impact.

Evaluation de l’impact :L’évaluation de l’impact montre si un programme a atteint ses objectifs, fait changer les connaissances, les attitudes ou les comportements des publiques cibles, ou a exercé une influence sur les décideurs. Les programmes qui n’ont pas été évalués gaspillent du temps et de l’argent parce qu’ils n’exercent guère d’impact sur l’évaluation future.

Evaluation des résultats :L’évaluation des résultats explique les accomplissements du programme et les changements dans la situation sanitaire à long terme. Les données comportent les indicateurs de la situation sanitaire et les statistiques épidémiologiques.

NB : Les évaluations de l’impact et des résultats permettent aux responsables de programmes d’IEC de :

- Continuer, ajuster ou intensifier leurs efforts s’ils n’ont pas atteints leurs objectifs.- Choisir de nouveaux objectifs.- Démontrer le succès du programme, la crédibilité de l’approche et la compétence

de l’équipe IEC.- Redessiner les activités futures, les stratégies, les matériels et les messages.

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Page 161: Manuel iec ccc  janvier 2006

Différences entre le suivi et l’évaluation

Le suivi L’évaluation

Il répond aux questions suivantes :

- Qu’est-ce qui est en train de se passer ?

- Qu’est-ce qui se fait par rapport à ce qui était prévu ? (écarts)

- Pourquoi est-ce arrivé ? (causes, lacunes)

- Quels sont les effets intermédiaires ? (au niveau de la cible, des agents , des services)

- Comment y remédier, modifier, corriger immédiatement ?

Elle répond aux questions suivantes :

- Qu’est-ce qui s’est passé suite à l’intervention ?

- Quels changements de comportement ont eu lieu ?

- Quelle partie de la cible a adopté le nouveau comportement ?

- Pourquoi a-t-elle adopté le nouveau comportement ?

- Quel a été l‘impact du nouveau comportement sur la cible (santé, bien-être…)

Objectifs du suivi :- Corriger, réorienter, modifier le

système de prestation de services- Réajuster la stratégie de

communication et les messages

Objectifs de l’évaluation :- Démontrer l’impact des interventions

de communication- Déterminer le niveau d’adoption d’un

comportement- Déterminer l’impact du programme

sur la situation sanitaire

Quand faire le suivi et par qui ?- Il commence tout de suite après la

mise en œuvre de la stratégie de communication et se poursuit pendant l’intervention

- Les données sont collectées à une fréquence et des intervalles déterminées d’avance, ou quand l’occasion se présente

- Il est effectué habituellement par les personnes qui mettent en oeuvre les activités de communication

- Les données sont utilisées au besoin et sont utilisées immédiatement pour apporter des corrections au programme.

Quand faire l’évaluation et par qui ?Les données sont généralement collectées à différents moments pour pouvoir procéder à une comparaison :. Avant que la stratégie de communication ne commence vraiment à se mettre en place. Après une période plus longue (une année ou deux) pour comparer la situation avant et après l’intervention

- La collecte des données est souvent menée par des personnes qui ne sont pas directement impliquées dans les interventions

- Les données sont analysées et utilisées au niveau central à la fin du programme.

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SESSION 10 : Préparation et présentation des plans d’actions en communication

Objectifs d'apprentissage : A la fin de la session, les participants seront capables de : 1. Préparer un plan en communication2. Expliquer les différents aspects du plan d’action3. Présenter le plan d’action aux participants4. Recueillir les observations des participants afin d’améliorer le plan d’action

CANEVAS DE PLAN D’ACTION

Objectif spécifique n°1:Activités IOV Moyens de

vérificationPériode Responsable Ressources

Humaines Matérielles Financières

1. 2. 3. Etc.

Objectifs  :

Produits Activités Responsable Délaid’exécution

Indicateurs Moyens de vérification

Coût

Produit n°1

Produit n°2

Page 163: Manuel iec ccc  janvier 2006

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