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avril 2003 trimestriel 2,3 n°11 Dossier L’instrumentation scientifique Faire face à la pénurie de médecins Travaux de thèses Le ticket d’Archimède

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avril 2003trimestriel

2,3 €

n°11

Dossier

L’instrumentationscientifique

Faire face à la pénurie de médecins

Travaux de thèsesLe ticket d’Archimède

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Repères L’équipe de direction au complet 3Plus d’étudiants à l’ULP en 2002/2003 3

International La cordillère des sciences 4/5

Repères Départs à la retraite à l’horizon 2012 6

DossierL’instrumentationscientifique 7Entretien avec Dominique Pestre 7Instruments au fil du temps 8Le microscope du vivant 9De l’infiniment petit à l’infiniment grand 10/11Modélisation: quand le virtuelse fait réel 12Les métiers de l’instrumentation 13

FormationLMD: trois lettres pour une réforme 14Faire face à la pénurie de médecins 15Devenir sauveteur secouriste du travail 16

RechercheUn nouveau support pour la catalyse hétérogène 17Travaux de thèses 18/19Nuisances olfactives,quels effets? 20

CultureLe ticket d’ArchimèdePourquoi le ciel est-il bleu ? 21Scientifiques, lisez Saussure 22

> Agenda culturel 2003 22> Livres 23

PortraitFabrice JossinetDe la paillasse au pixel 24

sommaire]

éditoLa déclaration du premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ne manquait pas depanache: “Il faut des universités fortes, insérées dans le tissu local mais ayant unrayonnement au-delà de ce tissu local, capables de rivaliser avec les grandes univer-sités d’Europe et du monde”. C’était en février dernier.Seulement voilà, on apprend par ailleurs que le vent de la rigueur va bientôt selever. Selon le journal Le Monde (12 mars 2003), les gels de crédits pourraientamputer de 30 % les moyens des laboratoires publics. Et les nouvelles concer-nant l'enseignement supérieur risquent fort d’être aussi sombres. Simple phé-nomène conjoncturel ? La lecture d'un rapport récent de la Commission deBruxelles laisse plutôt penser le contraire*. Alors que le nombre d'étudiantsaccueillis dans les établissements d'enseignement supérieur n'a cessé de croîtreau sein de l'Union (12,5 millions en 2000, 9 millions dix ans plus tôt), les dépensesconsacrées à ce secteur n'ont, dans aucun pays membre, augmenté de façon pro-portionnelle. Elles ont même baissé, l'écart avec les États-Unis se creusant au fildu temps : 1,1 % du PIB pour l'Union contre 2,3 % (soit plus du double) pour lesÉtats-Unis. Rivaliser avec les universités du monde? L’objectif est louable, maisavec quels moyens?Michel Kaplan, président de l’Université Paris 1, a communiqué à la presse desinformations fort intéressantes à ce sujet lors de la Conférence des présidentsdes universités (CPU) qui s’est tenue en janvier dernier. La dépense moyennepar étudiant en 2001 était en France de 12 910 euros pour un élève de classepréparatoire aux grandes écoles, de 10 500 euros pour un élève de BTS… et de6 590 euros pour un étudiant à l’université (tous cycles et disciplines confondus).De 1982 à 2001, cette dépense moyenne par étudiant a augmenté de 28 % pourles étudiants des universités contre 84% pour les élèves du secondaire. Et MichelKaplan de conclure :“La France a fait des arbitrages défavorables à l’enseignementsupérieur, et au sein de celui-ci des arbitrages défavorables à l’Université”.Voilà quel-qu’un qui ne manie pas la langue de bois !

Éric HeilmannRédacteur en chef

ulp.sciences est téléchargeable à partir du site web de l’ULP à la rubriqueactualités : www-ulp.u-strasbg.fr

> Pour envoyer vos suggestions au comité de rédaction,une adresse mail est à votre disposition: [email protected].

> Université Louis Pasteur : 4 rue Blaise Pascal 67000 Strasbourg • tél. 03 90 24 50 00 • fax 03 90 24 50 01> site web: www-ulp.u-strasbg.fr > directeur de la publication: Bernard Carrière > rédacteur en chef : Éric Heilmann > coordination de la publication : Agnès Villanueva > contact de la rédaction - service de la communication de l’ULP :4 rue Blaise Pascal • 67070 Strasbourg Cedex • tél. 03 90 24 11 40 > comité de rédaction : Véronique André-Bochaton,Valérie Ansel, Florence Beck, Gérard Clady, Éric Heilmann,Wais Hosseini, Mario Keller, Shirin Khalili,, Richard Kleinschmager, Isabelle Kraus, Florence Lagarde,Pascal Schreck, Gilbert Vicente,Agnès Villanueva.> ont participé à la rédaction de ce numéro : Véronique André-Bochaton (V.A-B.),Valérie Ansel (V.A.), SylvieBoutaudou (S. B.), Déborah Gaymard-Boxberger (D. G-B), Guy Chouraqui (G. Ch.), Éric Heilmann(E.H.), Jean-Hervé Lignot (J-H. L.), Frédéric Naudon (Fr. N.),Agnès Villanueva (A.V.), Frédéric Zinck (Fr. Z.) et les étudiants du DESS Communication scientifique et technique : Eva Arlettaz (E.A.), Clara Bensoussan (C.B.),AlexandraDe Kaenel (A.D.K.), Émilie Gouet (E.G.), Gaëlle Jolivet (G.J.), Sandrine Le Flohic, (S.LF.), Joanna Derrider (J.D.),Line Roy (L.R.), Catherine Ressot (C.T.),Vincent Richeux (V.R.), Priscille Tremblais (P.T.), Patrice Vannier (P.V.),Delphine Vasserot (D.V.).> photographies : Bernard Braesch (sauf mention) > conception graphique et maquette : LONG DISTANCE > imprimeur : OTT> tirage : 10 000 exemplaires > n° ISSN : ISSN 1624-8791 > n°commission paritaire : 0605 E 05543

* Le rôle des universités dans l'Europe de la Connaissance, COM (2003) 58 final, février 2003 - document accessible sur le site de l’Union européenne : http://europa.eu.int

Illustration de la page de couverture et de la page 7 : coupe de moelle épinière de rat - Image numérique réalisée avecun microscope à fluorescence. Source: M. Lasbennes - Unité mixte de recherche ULP/CNRS 7519 Neurophysiologiecellulaire et intégrée.

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Pascal Aimé

Sylvie Koenig

Bertrand Ludes

Charles Lieber

Willy Neunlist

Michel Granet

Roland Wiest

Yvette Agnus

L’équipe de directionau complet

3avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

repères[

Plus d’étudiants àl’ULP en 2002/2003Avec près de 700 étudiants supplémentaires cetteannée sur un total de 17121, l’ULP enregistre uneaugmentation de plus de 4 % après plusieursannées de stagnation de ses effectifs étudiants.Si les 1ers et 3e cycles enregistrent les plus fortesaugmentations, le nombre des étudiantss’inscrivant pour la première fois à l’université ainsique celui des étudiants étrangers sont en haussesignificative. Les 3401 étudiants étrangersreprésentent près de 20 % des effectifs et plus dudouble de la moyenne nationale (36 % sont en 1er cycle, 29 % en 2e cycle et 35 % en 3e cycle).Ces étudiants viennent de 117 pays et sont issuspour 40 % du continent européen (dont 75 % del'Union européenne), pour 40 % du continentafricain et pour 20 % d’autres pays.

Élue à la majorité absolue le 15 janvier 2003 par l’assemblée des trois conseils de l’ULP, la nouvelle

équipe de direction accueille deux nouveauxmembres : Yvette Agnus, maître de conférences dechimie devient vice-présidente Finances & politiqueimmobilière et Roland Wiest,professeur de chimie,vice-président Ressources humaines.

Les autres vice-présidents :> Richard Kleinschmager, professeur de géographie,

premier vice-président, Politique européenne etrelations internationales

> Christiane Heitz, professeur de pharmacie,Formation initiale et continue

> Michel Granet, physicien du globe,Recherche et formation doctorale

> Nicolas Ménard, étudiant en sciences économiques,Vie étudiante

> Alain Beretz, professeur de pharmacie,Relations avec les entreprises et valorisation.

Ils composent, avec le président Bernard Carrière, lesecrétaire général Pascal Aimé, les deux secrétairesgénéraux-adjoints, Willy Neunlist et Sylvie Koenig,l'agent comptable, Charles Lieber et le doyen de laFaculté de médecine, Bertrand Ludes, le bureau quidirige l'université.

A.V.

Répartition par cycle

1er cycle

2e cycle

3e cycle

28 %

31 %

41 %

Plus de 17 000 étudiants

IUT

Sciences

Sciences humaines et sociales

Écolesd’ingénieurs

25 %

31 %

7 %

5 %

Santé

32 %

Plus de 3400 étudiants étrangers

Répartition par grands secteurs

Les 10 pays les plus représentés

RichardKleinschmager

Bernard Carrière

Alain Beretz

Christiane Heitz

Nicolas Ménard

Maroc

500

400

300

200

100

0

Luxem

bour

g

Algérie

Allem

agne

Tunis

ie

Sénég

al

Bulgar

ie

Rouman

ie

Madag

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Camer

oun

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Àl’heure où l’internet n’a plus de secret pour lacommunauté scientifique internationale, les mis-

sions à l’étranger sont toujours d’actualité. “Il est évi-dent que nous pourrions réaliser quelque chose sans se voir,mais il est tout aussi évident que le rapport humain esttrès motivant et surtout nécessaire à unebonne réflexion” confie Lionel Hilaire,directeur de recherche. Et c’est bien là,le cœur des échanges avec le Chili etl’Argentine. A l’origine de toutes colla-borations se trouve généralement unerencontre entre chercheurs. Ajoutez àcela un domaine de recherche commun et un rapporthumain allant bon train, et vous obtenez logiquementune discussion portant sur les possibilités d’associerles recherches à l’avenir.Gérard Poillerat, professeur de chimie, fait partie despionniers de la collaboration avec le Chili. En 1988,alors qu’il n’existe aucune structure de coopérationd’envergure avec ce pays, il décide avec le professeurPierre Chartier, après plusieurs séjours en Amériquedu Sud et plusieurs rencontres, de créer l’Associationfranco-chilienne pour le développement de l’enseigne-ment et de la recherche universitaire en chimie(AFCUC). S’en sont suivis de nombreux échanges avecplusieurs universités françaises qui ont couvert unebonne partie de la chimie des matériaux, de la chimieorgano-minérale et de la chimie analytique. Le Chili,en tant que grande puissance minière, a développé denombreux programmes de recherche visant à étudierles propriétés des matériaux présents dans ses mines

(cuivre, molybdène, mercure, argent, ruthénium, etc.)ainsi que les relations entre leur structure et leur réac-tivité électrochimique. Les collaborations entre l’uni-versité de Santiago du Chili et le laboratoire de GérardPoillerat, perdurent aujourd’hui malgré la fin de deux

programmes ECOS successifs (voir enca-dré), et portent sur les oxydes métal-liques et leur utilisation dans laconversion d’énergie chimique en éner-gie électrique mise en œuvre dans lespiles et les batteries au lithium-ion parexemple. Mais si le rapport humain est

un des ingrédients d’une bonne collaboration, la com-plémentarité scientifique en est un autre.Après diffé-rents échanges de 1989 à 1995, par l’intermédiaire desprogrammes internationaux de coopération scienti-fique (PICS), avec les universités de Santa Fe, La Plataet Bahia Blanca en Argentine, Raymonde Touroude,directrice de recherche, entame cette année un nou-veau programme ECOS. “Nous travaillons sur la miseau point de catalyseurs d’hydrogénation sélective perfor-mants en milieu biphasique (gaz-solide). La collaborationavec nos homologues argentins, qui viennent de monter unréacteur permettant une catalyse en phase liquide, devraitnous permettre de déterminer si les catalyseurs que nousutilisons ont les mêmes fonctions en milieu triphasique(liquide-gaz-solide), ce qui rendrait alors le procédé appli-cable à l’industrie du parfum et pharmaceutique” expliqueRaymonde Touroude.De plus,“le Chili et l’Argentine sont un peu l’identité latino-américaine des sciences. Ils sont chacun dotés d’établisse-

4 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

international]

La cordillère des

Le Chili et l’Argentine

sont un peu l’identité

latino-américaine des

sciences.

Le Chili etl’Argentine,

qui comptent parmiles plus européanisés

des pays latino-américains ont toutpour être présents

sur la scèneinternationale:

des laboratoiresperformants,

des scientifiques etdes étudiants, avides

d’échanges.

Argentine > État fédéral d’Amérique du Sud> Superficie : 2780000 km2

> Nombre d’habitants :36 millions

> Capitale : Buenos Aires

Chili > État d’Amérique du Sud> Superficie : 757000 km2

> Nombre d’habitants :15 millions

> Capitale : Santiago

Universités partenaires :Université du Chili > www.uchile.clUniversité de Santiago du Chili > www.usach.clUniversité catholique du Chili > www.puc.clUniversité de Buenos Aires> www.uba.arUniversité de Saint Martin> www.unsam.edu.arCentre de recherche partenaire:Institut Balseiro> www.ib.edu.ar

Chili - Salar d’Acatama d’où est extrait le lithium Chili - Arc d’Antofagasta

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5

international[

avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

sciencesments universitaires de qualité et de laboratoires de niveauinternational. Et même si les échanges de ces deux payssont majoritairement dirigés vers les États-Unis, il y a uneouverture naturelle vers la France. Les collaborations rem-plissent pleinement leur rôle d’échanges de compétencesdans un sens comme dans l’autre” explique HuguesDreyssé, professeur de physique. Son laboratoire està l’origine de plusieurs programmes d’échanges avecle Chili et l’Argentine, dont le dernier avec l’Universitéde Buenos Aires (programme ECOS) s’achève cetteannée, sur le thème de la modélisation numérique àl’échelle atomique de nanostructures et en particuliersur l’étude de leurs propriétés magnétiques.Néanmoins, si les programmes d’échanges internatio-naux favorisent les collaborations scientifiques, péda-gogiques et culturels, ils sont établis pour une périodedonnée. Et, c’est là que l’internet intervient à nouveau.Il permet de maintenir le contact et de pérenniser leséchanges.Tout en sachant qu’à chaque nouveau séjourà l’étranger, de nouveaux liens se créent...

Fr. Z.

“Le Chili est un despays les plussismiques au monde.Il ne se passe pasune semaine sanssecousse” expliqueLouis Dorbath(4),directeur de

l’équipe Sismogenèse à l’Institut dephysique du globe de Strasbourg.Toutau long des côtes de ce pays, laplaque pacifique s’enfonce sous lecontinent sud-américain, à une vitessemoyenne de 8 centimètres par an etprovoque des séismes de subduction,accompagnés pour la plupart de razde marée.Véritable mined’informations pour le sismologue,

c’est presque naturellement qu’unecoopération s’est mise en place en1988, entre l’Université du Chili àSantiago et l’ULP. “Depuis, noustravaillons comme une seule équipe,avec, à notre actif, plusieurs thèsesréalisées en co-tutelle par l’intermédiairedes programmes ECOS et la mise enplace d’un réseau de surveillancesismique de 25 stations dans le Nord dupays” commente Louis Dorbath. Ceréseau, utile aux scientifiques chiliensafin de prévenir la protection civiledu pays, est également un réseau derecherche nécessaire à lacompréhension et à la prévention desgrands séismes de subduction.

“Néanmoins, si ce pays a l’un desmeilleurs codes de construction aumonde et s’il est assez bien suivi, lesmoyens de prévention restent encore àdévelopper. En effet, comparé à laFrance qui a une activité sismique faible,le Chili ne possède que le tiers de nosstations de surveillance, à savoir unetrentaine” souligne Louis Dorbath.

(4) Louis Dorbath est aussi directeur derecherche à l’Institut de recherche pour ledéveloppement (IRD).

Mis en place par les ministères des affaires étrangères,de l’éducation nationale et de la recherche en 1992,les programmes ECOS (Evaluation orientation de lacoopération scientifique) visent à être un instrumentd’évaluation des projets de coopération scientifique etuniversitaire avec l’Amérique hispanophone (ECOS-Sud:Argentine, Chili, Uruguay - ECOS-Nord : Mexique, Colombie,Vénézuela). Ils financent pour une période de trois ans les échanges entre les chercheurs sous la forme de missionsde courte durée, de stages de perfectionnement et de bourses doctorales. Le projet est élaboré en communavec une implication intellectuelle équivalente.Parmi les critères d’évaluation, les conséquences éventuellesen termes de formation doctorale et de valorisationindustrielle sont très appréciées. La majorité desprogrammes sont à l’origine de publications communes etde thèses réalisées en co-tutelle.

Prévention des séismes

Cordillère des Andes Université de Santiago du Chili

photos : G. Poillerat etP. Garcia de Poillerat

Nord du Chili - soufre natif

Le programme ECOS

(1) Gérard Poillerat, professeur de chimie au Laboratoire d’électrochimie etphysicochimie des complexes et des sytèmes interfaciaux (ECPM - Unitémixte de recherche (UMR) ULP/CNRS 7512).

(2) Hugues Dreyssé, professeur de physique à l’Institut de physique et dechimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS - UMR ULP/CNRS 7504).

(3) Raymonde Touroude, directrice de recherche au Laboratoire desmatériaux de surfaces et procédés pour la catalyse (ECPM - UMR ULP/CNRS 7515).

Gérard Poillerat (1)

Hugues Dreyssé(2)

Raymonde Touroude(3)

Si la plaque pacifique a provoqué des séismes à denombreux endroits, certaines zones (indiquées en

rouge) pourraient être le siège de prochains grandsséismes de subduction au Chili.

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6 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

repères]

Questions àRoland Wiest,vice-présidentchargé desressourceshumaines

Quelles sont lesprévisions concernant les départs à laretraite des personnels de l’université?

> Roland WiestEn retenant une échéance à 10 ans, on peutformuler les observations suivantes. Parmile personnel IATOS qui comptait 1061agents au 31 décembre 2002,374 sont susceptibles de partir à la retraiteà 60 ans avant le 31 décembre 2012.C’est-à-dire un peu plus de 35 % del’effectif actuel. Ils se répartissent commesuit : 22 % de catégorie A, 29 % decatégorie B et 49 % de catégorie C. Parmiles enseignants-chercheurs, la proportion

est plus élevée: 321 personnes sur 736(plus de 43 % des effectifs) sontsusceptibles de partir à la retraite en 2012.Elle est encore plus élevée parmi leshospitalo-universitaires, où 144 personnessur 220 (plus de 65 % des effectifs) sontsusceptibles de partir à la retraite en 2012.Cela dit, ces chiffres devraient être révisésà la baisse, car tout le monde ne part pasnécessairement à la retraite à 60 ans,notamment les enseignants-chercheursdont l'âge moyen de départ à la retraite estde 63 ans.

Doit-on craindre une pénurie depersonnels dans les années à venir?

La situation ne me paraît pas aussiinquiétante qu’on le laisse parfois entendre.Il faut savoir que l’université est habituée àfaire face à un brassage important despersonnels qui, par le jeu des concours, despromotions, des mutations, etc. intègrent

ou quittent chaque année notre institution.C'est dire que le renouvellement despersonnels se fait en permanence.Les départs à la retraite à venir vontcertainement amplifier le phénomène, maisle vivier des candidats à un emploi estsuffisament large pour combler nosbesoins. Ma préoccupation porte plutôt surla transmission des compétences à traversles générations : les personnels en place ontacquis au fil du temps des savoirs et dessavoir-faire, une culture de l'établissement,qu'il faudrait réussir à formaliser et àtransmettre aux nouveaux arrivants.Autrement dit, on ne devrait pas les laisserpartir sans avoir réussi au préalable àvaloriser ce qui constitue la richessehumaine de notre communauté.

E. H.

Départs à la retraiteà l’horizon 2012

Pour en savoir plusSite d'information sur l'avenir des retraites:

www.retraites.gouv.fr/Site du Conseil d'orientation des retraites:

www.cor-retraites.fr/

Les personnels IATOSS* à l’ULP au 31/12/2002 Les enseignants-chercheurs (hors hospitalo-universitaires) à l'ULP au 31/12/2002

24 16

86 55

121 72

106 60

82 58

91 52

92 59

52

60 ans et +

de 55 à 59 ans

de 50 à 54 ans

de 45 à 49 ans

de 40 à 44 ans

de 35 à 39 ans

de 30 à 34 ans

moins de 30 ans

65 ans et +

de 60 à 64 ans

de 55 à 59 ans

de 50 à 54 ans

de 45 à 49 ans

de 35 à 39 ans

de 40 à 44 ans

de 30 à 34 ans

moins de 30 ans

35

3 16

27 48

38 62

33 45

20 47

46 28

70 18

55

6

9

9

16

12

23

43

24

4

2

6

5

7

3

3

2 6

* Personnels administratifs et techniques rémunérés sur le budget de l’État et sur celui de l’établissement.

Femmes Professeurs

Femmes Maîtres de conférences

Hommes Professeurs

Hommes Maîtres de conférences

Femmes Hommes

Après plusieurs années d’atermoiements, ponctuées de nombreux rapports et audits, une réforme des retraites estdésormais inscrite dans l’agenda du gouvernement. La définition d’un nouveau contrat entre les générations sembles'imposer: à partir de 2006-2008, selon le Conseil d’orientation des retraites (rapport 2001), la population active devraitperdre 10 % de son effectif sur une quarantaine d’années alors que les retraités seront de plus en plus nombreux, plus85 % sur la même période, en raison de l’allongement de la durée de vie et du basculement des baby-boomers vers laretraite. Quelle est la situation à l’ULP?

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avril 2003 - n°11 - ulp.sciences] 7

Quel rôle l’instrumentation a-t-elle jouédans le développement des sciences?

> Dominique PestreUn rôle éminent. La science moderne tellequ’elle se met en place au XVIIe siècle,invente un lieu, le laboratoire, qui estorganisé autour des instruments. C’est unlieu fermé car tout le monde ne peut yentrer (alors que tout le monde peutphilosopher). On y fait des expériences.Et l’expérience, c’est précisément ce quel’on fait avec un instrument : il sert àfabriquer des phénomènes artificiels en vuede leur étude. C’est dire que le savant abesoin de l’instrument pour interroger laréalité du monde, fabriquer des faitsscientifiques. C’est bien là que réside lagrande nouveauté de la science moderne.On n’est plus dans l’ordre du discours(celui de la philosophie aristotélicienne)mais dans l’ordre d’une pratique. Celle deslaboratoires où la réalité peut êtremaîtrisée techniquement.

Ces instruments ont-ils une utilité endehors des laboratoires?

Ils le peuvent, bien sûr. Du XVIe au XVIIIe

siècle, les instruments (type astrolabes oulunettes) servent dans la navigation, laconstruction et les relevés de terrain,l’artillerie ou la fortification. Plus tard,

du temps de la seconde révolutionindustrielle (dans le dernier tiers du XIXe

siècle), la maîtrise pratique desphénomènes rendue possible par lesinstruments de laboratoire (les diodes ettriodes dérivées de la découverte et del’étude des électrons par exemple) conduità transformer l’industrie. Les sciences - laphysique mais aussi la chimie organique etles mathématiques - offrent désormais auxindustriels des capacités de productionnouvelles. À l’industrie de la guerre enparticulier. Qui s’intéresse d’abord à laradio ou au télégraphe longue distance?L’armée.Tous les brevets Marconi sontachetés en exclusivité par la Royal Navy.Cet intérêt des États - et de leurs armées -pour la très haute technologie n’a jamaisfléchi depuis. Autre évolution notable autournant du siècle, l’apparition d’un nouvelespace de recherche: le laboratoireindustriel où les scientifiques font uneentrée massive. Dès la première guerremondiale aux États-Unis, ils sont plusnombreux à y travailler que dans lesuniversités. Les laboratoires Bell aux États-Unis témoignent de ce phénomène.Notez que ça marche dans les deux sens :les industriels offrent également auxscientifiques de l’instrumentation.Ainsi dansl’électronique, les industriels fabriquent destubes de toute sorte qui seront utilisés parles scientifiques. C’est le cas par exemple

des tubes à vide qui équipent tous lesgrands calculateurs conçus à partir de la findes années 40, puis des transistors à partirdes années 60.

Peut-on parler de différents typesd’instrumentation?

Oui, totalement. Certaines sontmonumentales (au CERN par exemple) etelles mobilisent des dizaines de milliers depersonnes pendant des décennies! D’autresrestent simples et sont construites par leschercheurs ou les ingénieurs dulaboratoire. Certaines sont produitesindustriellement et transforment lesdisciplines (la chimie, bouleversée après-guerre par l’instrumentation physicienne) ettoutes ont été révolutionnées parl’informatique. Dans tous les cas, lesinstruments unifient les communautés dechercheurs : c’est avec eux que se déplacentles savoir-faire, qui sont au cœur dessavoirs.

E. H.

dossier[

Questions à Dominique Pestre, historien des sciences, directeur d'études à l'EHESS et directeur du CentreAlexandre Koyré (Paris)

D. Pestre a publié en 2002 l'ouvrageHeinrich Hertz. L'administration de lapreuve, aux PUF. Sur les lieuxd'élaboration de la science, voir aussideux numéros spéciaux coordonnéspar l'auteur pour La Recherche :300 ans de sciences (n°300, juillet-août1997), La science et la guerre(hors série n°7, 2002).

L’instrumentationscientifique

L’instrumentation scientifique

1 2 3 4

Photo 1 : sphérolite de polyéthylène formé par cristallisation > microscopie électronique à balayage. Photo: S. Graff - CNRS Photo 2 : section de moelle épinière d’un embryon de poulet > microscopie confocale. Photo: Fl. Revel - ULPPhoto 3 : portion de neurone de sangsue > microscopie à fluorescence. Photo: C.Lohr - Institut de zoologie de KaiserslauternPhoto 4 : marquage en vert chez la souris, d’une catégorie de neurones du cerveau qui dégénèrent chez l’homme atteint de la

maladie de Parkinson > microscopie à fluorescence. Photo: R.Ortmann - Novartis - Bâle

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8 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

dossier]

L’instrumentation scientifique Instruments au fildu temps

Entre la technique de résonance magnétiquenucléaire et celle du soufflage d’appareil de verre pour le laboratoire, le fossétechnologique est important.Au-delà se cacheun travail d’artisan régi par un même but :éliminer le point d’interrogation duchercheur.

Un scientifique peut difficilement se passer d’ins-truments pour mener à bien ses recherches. De

l’hypothèse, jusqu'à la réalisation d’une expérience età l’analyse des résultats, les instruments sont nom-breux et leur manipulation demande des compétencesbien précises. À l’interface entre les instruments et lescientifique se trouvent des ingénieurs chargés d’uneveille scientifique et technologique afin d’offrir lesmeilleures conditions d’utilisations possibles.Dominique Bauer est ingénieur d’études en traitementdu verre à la verrerie scientifique du CNRS àCronenbourg depuis 1965.Dans son atelier,point d’or-dinateur, mais une succession d’outils en laiton et engraphite au manche de bois patiné. “Et pour quoi faireun ordinateur?” s’interroge Dominique Bauer qui s’esttoujours contenté de croquis réalisés le plus souventà main levée par les scientifiques. “C’est avant tout unmétier manuel où il est important d’avoir la sensation dece que l’on fait, par le toucher, la vision et l’ouïe. Il fautprendre conscience de la vie du verre dans la flamme”ajoute-t-il.À l’opposé, l’environnement de travail de Jésus Raya,ingénieur de recherche dans le Laboratoire de réso-nance magnétique nucléaire (RMN) et intervenant auservice commun de RMN de l’ULP depuis 1994, estune mine technologique. Le contact avec la matière nese fait que par l’intermédiaire d’une machinerie com-plexe.Le produit à étudier est placé dansun tube en pyrex de haute précision puisdéposé au centre du spectromètre deRMN qui permet d’étudier les composéschimiques présents jusqu'à la moindreliaison chimique. Mais l’informatique nefait pas tout.“Il y a bien “Georges”, le plusancien de nos spectromètres, qui réalise desanalyses de manière automatique. Maispour les autres spectromètres, chaque pro-blématique que nous soumet un scientifiquenous amène à concevoir une utilisation dif-férente de l’appareillage. Et c’est bien pourcette raison que les appareils fournis par

les constructeurs sont dotés d’un logiciel d’utilisation per-mettant de varier le plus de paramètres possibles”explique Jésus Raya. L’outil RMN est encore en évolu-tion constante et pour plusieurs laboratoires, à l’imagede celui de Jésus Raya, la technique de RMN est undomaine de recherche à part entière. “En quatre ans,notre méthode de travail a énormément changé et elle nedevrait pas en rester là” commente Jésus Raya.Un savoir-faire sans cesse renouvelé pour l’outil RMNà l’inverse du savoir-faire acquis depuis longtemps pourle souffleur de verre. “La composition du verre a beau-coup évolué et de nouveaux appareils permettant unedécoupe plus fine sont apparus, mais le travail du verreproprement dit est toujours le même, un symbole d’har-monie entre l’homme, la matière et le feu. Néanmoins,chaque nouveau prototype que je fabrique amène de nou-velles problématiques. Et même si l’informatique et sespossibilités de modélisation et le développement de pro-duits manufacturés ont beaucoup freiné notre activité, l’ex-périmentation et donc la fabrication de prototypes adaptésseront toujours nécessaires” explique Dominique Bauer.“Tout comme le chimiste ne peut se passer de l’instrumentRMN” conclut Jésus Raya.

Fr. Z.

Dominique Bauerdans la verreriescientifique. De lamatière, de la chaleuret un savoir-faire àtoute épreuve.

Jésus Raya dans le service commun de RMN. De la matière, un champmagnétique et un savoir-faire en constante évolution.

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dossier[

avril 2003 - n°11 - ulp.sciences] 9

Visualisation de la surface des villositésintestinales du rat et des orifices des cryptes deLiberkühn, site de production des cellules de laparoi intestinale à l'échelle du micromètre (10-6).

Le microscope du vivant

Acquis en décembre 1999,le microscope électronique àbalayage “environnemental” (ESEM XL 30) du Centred'écologie et physiologieénergétiques* représente la dernière avancée majeuredans le domaine de lamicroscopie électronique à balayage.Il permet de travailler surn'importe quel échantillon à la pression de l'atmosphère,et ce avec une excellenterésolution. Cet appareilouvre ainsi de nouvellesapplications inaccessiblesjusqu’à présent à lamicroscopie à balayageconventionnelle.En effet, il présente laspécificité de visualiser sansaucune préparation desorganismes vivants ainsi quedes échantillons biologiquesdans leur état naturel.Des équipementscomplémentaires (caméra infrarouge, micro-manipulateur/microinjecteur,picoampèremètre,amplificateurs et détecteurspour électrons rétrodiffusés,microanalyse X) permettentdésormais d’utiliser l'ESEMcomme un vrai laboratoired'expérimentations “in situ”unique en son genre.

J-H. L.

* Unité propre de recherche duCNRS 9010 associée à l'ULP

L’instrumentation scientifique

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10 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

dossier]

L’instrumentation scientifique

De l’infiniment petit à l’infi

Détecter les rayonsgamma

Le détecteur de particules EUROBALL tientson nom de sa forme. C’est une immensesphère d’environ deux mètres de diamètre,pesant plus de cinq tonnes et constituée de71 détecteurs. Financé par six pays euro-péens, ce détecteur est hébergé, depuis juin1999, par l’Institut de recherches subato-miques sur le campus de Cronenbourg.Il détecte les traces laissées par des particulessi petites que même un micros-cope ne peutles mettre en évidence : les rayons gamma.Ces rayonnements sont émis lors de réac-tions de fusion entre atomes. En effet,lorsque deux atomes se rencontrent à trèsgrande vitesse, leurs noyaux fusionnent pourformer un nouveau noyau. Le noyau ainsicréé est instable car il contient une trèsgrande quantité d’énergie. Pour revenir à unétat stable, il se débarasse d’un surplusd’énergie sous forme de rayons gamma. Aterme, grâce à EUROBALL, les scientifiquesespèrent comprendre les formes et struc-tures adoptées par le noyau pour assurer sastabilité.

L.R.

Observer les atomes

Visualiser les atomes n’est plus un mythe.Le microscope à effet tunnel permet dedévoiler la topographie d’une surface àl’échelle atomique. La mécanique quantiquea montré qu’un courant électrique peut seformer entre deux métaux, malgré l’exis-tence d’une barrière isolante telle que levide. C’est ce qu’on appelle l’effet tunnel.Cependant ce phénomène ne peut se main-tenir qu’à une distance avoisinant les 10 ang-ströms (10-9 mètre). Avec ce microscope, lecourant résulte de l’application d’une tensionentre une surface conductrice et une sondesi fine qu’elle ne comporte qu’un seul atomeà son extrémité. Lorsqu’elle balaye l’échan-tillon à étudier, la sonde est contrôlée parordinateur pour conserver l’effet tunnel. Lessignaux émis, qui dépendent de la positionde la sonde, permettent ensuite d’obtenirpar traitement informatique une image tridimensionnelle des atomes constituant lasurface de l’échantillon.

V. R. & E. G.

Étudier les cellules

Localiser une protéine dans une cellulereviendrait à “chercher une aiguille dans unebotte de foin” si le microscope à fluorescencen'existait pas ! Une molécule fluorescente,appelée fluorochrome, peut être artificielle-ment attachée à une protéine cible dont onne connaît pas la localisation. En révélant lafluorescence, le microscope permet de situerdans la cellule le fluorochrome et donc laprotéine associée. Cet instrument permetégalement de détecter des anomalies chromosomiques. Les chercheurs ont aussirecours au microscope confocal, plus per-fectionné encore. Les ordinateurs reliés àcelui-ci effectuent des coupes virtuelles dansles cellules ou les tissus étudiés, et enregis-trent séparément la fluorescence émise danschaque plan de coupe. L'image du planobservé n'est plus perturbée par la fluores-cence d'autres plans et le signal est plus net.Ce système permet d'analyser l'intérieurd'une cellule sans la détériorer et même d'enreconstituer une image tridimensionnelle.

C. B., G. J., D.V. & A. D.K.

EUROBALL, multidétecteur de rayonnement gamma installéauprès de l'accélérateur VIVITRON de l'IReS (Unité mixte derecherche (UMR) ULP/CNRS 7500), agit comme unmicroscope gamma pour sonder la structure des noyauxatomiques.

Illustration théorique desformes successivementadoptées par le noyauatomique pour assurer sa stabilité à très grandevitesse de rotation:l'observation parEUROBALL desrayonnements gamma émispar les noyaux permet deremonter à leur forme.L'existence des deux

premières formes, Normalement-Déformée et Super-Déformée, a été prouvée expérimentalement avecEUROBALL. La troisième, la forme Hyper-Déformée(ellipsoïde très allongé), a récemment fait l'objet d'uneexpérience au Vivitron qui est en cours d'analyse.

Microscope à effet tunnel : en dévoilant le comportement des atomes à la surface des conducteurs, ce microscope ouvrela voie vers la miniaturisation des composants électroniques.

Microscope confocal : cellule du cervelet.

Le microscope à effet tunnel permet de visualiser la surfaced’un cristal reconstruit en zigzag. Ces zigzags contiennent des défauts réguliers qui permettent “d’accrocher” des plotsde Cobalt sur la surface. Chaque plot fait deux couchesatomiques et contient 200 atomes.

Source : IPCMS, UMR ULP/CNRS 7504

Microscope à fluorescence: myélinisation des axones dusystème nerveux central chez la souris, coupe flottante decerveau (100µm).

Source: IGBMC - UMR ULP/CNRS 7104 - U 184

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11avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

dossier[L’instrumentation

scientifique

niment grand

Sonder le sol

L’Institut de physique du globe de Strasbourgest l’un des rares laboratoires français à uti-liser le géoradar. Cet instrument permet dedétecter et de cartographier les différentesstructures matérielles souterraines jusqu’à40 mètres de profondeur.Les géologues peu-vent ainsi localiser des vestiges archéolo-giques enfouis et les sismologues repérer desfailles. Le principe du géoradar consiste, dansun premier temps, à envoyer des ondes élec-tromagnétiques dans le sol à l’aide d'uneantenne émettrice. Quand les ondes frap-pent la limite entre deux matériaux différentsou entre un matériau et le vide, elles sontrenvoyées en surface à un récepteur(antenne). En mesurant le temps aller-retourdes ondes, les scientifiques établissent alorsune carte précise des différentes couches dematière du sous-sol étudié.

S. LF. & E.A.

Visualiser la Terre enrelief

Le stéréoscope est un appareil qui permetd’obtenir une vue en relief à partir de deuxphotos aériennes. Il réunit les conditionsfavorables au cerveau humain pour créer uneimage en 3D. En effet, lorsqu’on regarde unobjet, les yeux ne voient pas la même chose:leur écartement (environ 6 cm) entraînedeux visions légèrement différentes de l’ob-jet.A partir de ces deux vues planes, le cer-veau reconstitue une seule image en relief.Ainsi il est nécessaire que les photographiesaériennes représentent une même vue maissous deux angles légèrement différents. Lestéréoscope présente à chaque œil une pho-tographie. Une fois la tridimensionnalitéreconstituée, il est possible de connaître pré-cisément la hauteur et la profondeur d’unmassif montagneux par exemple. Les géo-graphes utilisent cet outil pour effectuer desanalyses de la morphologie et de l’utilisationdu sol.

P.V.

Observer les astres enrayonnement X

Le satellite XMM (X-ray Multi-Mirror), lancéen 1999 par l’Agence spatiale européenne,est utilisé par l’Observatoire de Strasbourgdans le cadre d’études de corps stellairestrès chauds.Mesurant 10 mètres de long et pesant prèsde 4 tonnes, ce satellite réceptionne lesrayons X dégagés par les astres. XMM a étémis en orbite à environ 114000 km de laTerre. En effet, l’atmosphère ne laissant paspasser les rayons X, l’observation au sol estimpossible. Il lui faut 40 heures pour effec-tuer une rotation autour de la Terre.Cet instrument astronomique est composéde trois télescopes qui font converger lesrayons lumineux, réceptionnés par le miroirprincipal, vers des capteurs. Le fonctionne-ment d’un télescope est assez comparable àcelui de l’entonnoir d’un pluviomètre quirécolte la pluie sur une grande surface pourla faire couler vers un petit récipient. Lesdonnées réceptionnées par les capteurs sontensuite utilisées et traitées sous formed’images.

C. R., J.D. & P.T.

Géoradar Stéréoscope Satellite XMM (X-ray multi-mirror mission).Crédit photo: Agence spatiale européenne

Image géoradar obtenue sur une dune de sable en utilisant lesantennes de 225 et 450 MHz.

Source: Institut de physique du globe de Strasbourg - IPGS -UMR ULP/CNRS 7516

Le cerveau opère la fusion de deux images 2D pour créer uneimage en 3D.

Source: IGN - Faculté de géographie et d’aménagement

Images enrayons X du centre de la galaxied’Andromède.

Crédit photo:Agence spatialeeuropéenne

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Chacun a dans son esprit sa propre représentationdu monde. C’est une modélisation au même titre

qu’une œuvre artistique. Le scientifique utilise l’ordi-nateur pour créer des modèles simulant le réel, afinde mieux comprendre le monde qui nous entoure.La modélisation est une création, la création d’une abstraction: un objet virtuel.“J’essaie d'identifier les hétérogénéités ther-miques à l'intérieur de la Terre en utilisant lavitesse de propagation des ondes sismiques”explique Éric Debayle chargé de rechercheà l’École et observatoire des sciences dela Terre (EOST). Les ondes sismiques observées ontdes vitesses différentes selon le milieu qu’elles traver-sent. L’idée est de se servir des séismes naturelscomme autant de sources de vibrations enregistrablesdonnant des informations sur l’intérieur du globe etsur la tectonique des plaques.Éric Debayle utilise la puis-sance du calcul informatique pour construire, à partir desrelevés de vitesses moyennes de propagation desondes, un modèle numérique censé représenter lastructure “réelle” de la Terre. L’utilisation de l’infor-matique permet bien plus qu’une représentation car-tographique, elle donne naissance à un objet virtuelayant un comportement, que l’on espère suffisammentproche de l’objet réel. Les objets et les processus quel’on désire modéliser sont en général en mouvement,vivants, en évolution permanente. Une modélisationaura donc un caractère dynamique fourni par unnombre très important de calculs que seul l’ordina-teur est en mesure de produire.“Dès que l’on sait simu-ler plus vite que la réalité, on sait prévoir” souligneRomaric David, administrateur de l’ordinateur le pluspuissant de l’ULP, une machine parallèle à 52 proces-seurs. Cette puissance de calcul à la disposition deschercheurs désirant “faire tourner leurs modèles” repré-sente environ 1000 heures de calculs par jour pourun ordinateur classique. “Les modèles des chercheurssont toujours en avance sur la puissance de calcul, de plus

en plus gourmands en ressources pour coller le plus pos-sible à la réalité. Ce n’est pas pour rien que l’on achèteconstamment de nouvelles machines !” explique-t-il.Odile Petit, chargée de recherches CNRS au CEPE*

cherche à comprendre comment s’organisent lesdéplacements collectifs dans un groupe d’une quin-

zaine de primates. Comment le groupeprend-il la décision de se déplacer ? Est-ilgouverné par un leader? Est-ce le résultatd’un processus social combinant des rela-tions complexes entre les individus ? Elletente de répondre à ces questions en s’ins-

pirant de travaux de recherche sur les insectessociaux, comme les fourmis, qui simulent des déplace-ments collectifs en utilisant des moyens d’analyse infor-matique puissants. “La transposition n’est pas aisée carles modèles actuels sont conçus pour des groupes d’indivi-dus très nombreux et aux capacités cognitives très faibles.Toutes les entités du groupe sont identiques et interchan-geables, ce qui empêche de prendre en compte l’individudans son unicité” explique Odile Petit. Un bon modèledoit comporter des paramètres simples et peu nom-breux. Il doit par la suite tenter de recréer l’événe-ment, la dynamique observée. “Nous réussissons àrecréer certains comportements. Le modèle doit encorebeaucoup progresser. Cette collaboration très riche avecd'autres équipes de recherche nous donne des réponsesinaccessibles par une démarche classique. Mais commedeux modèles différents peuvent expliquer le même phé-nomène, faire l’économie de la confrontation du modèleavec le réel enlèverait toute crédibilité à la modélisation”ajoute-t-elle.

Fr. N.

dossier]

12 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

Modélisation: quand le virtuel se fait réel

Dès que l’on sait

simuler plus vite

que la réalité,

on sait prévoir.

Banc de simulation en 3 DHolobench qui permet notammentla visualisation immersive d’objets

d’études scientifiques.“Nous voulons faire oublier au

chercheur que ce qu’il manipule estinformatique”.

(à droite)

Visualisation étudiée par l’équipeInformatique géométrique et

graphisme du LSIIT - Laboratoiredes sciences de l’image, de

l’informatique et de latélédétection (LSIIT)

UMR ULP/CNRS 7005(à gauche)

Source: IRCAD

L’ordinateur est unobjet à part dansl’instrumentation

scientifique. Outil auservice de l’esprit,

il sert à voir et àcomprendre, il donneà imaginer et à créer.

L’instrumentation scientifique

Carte des variations latérales de la vitesse d’ondes sismiques (S)

à 150 km de profondeur dans le manteau terrestre

* Centre d’écologie de physiologie énergétiques - UPR du CNRS 9010associée à l’ULP

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13avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

Les métiers del’instrumentationDe nombreuses techniques viennent prolonger

l’œil humain et requièrent des formations dehaut niveau. Que ce soit en recherche ou en dévelop-pement, dans une phase d’industrialisation ou de pro-duction, il est constamment nécessaire de contrôler àchaque étape ce qui se produit. Hervé Michel est res-ponsable informatique et métrologie au centre tech-nologique Aérial, spécialisé notamment dans lesapplications industrielles des rayonnements ionisantsutilisés en agro-alimentaire. Il est chargé de la gestiondu parc d’équipements, et plus particulièrement del’étalonnage de capteurs servant à la mesure de l’irra-diation.“J’ai reçu de solides bases dans des disciplines trèsdiverses, ce qui me donnait l’opportunité de travailler danspratiquement n’importe quel domaine”. Il a obtenu sonDUT Mesures physiques option techniques instru-mentales en 1996 à l’IUT Louis Pasteur. Cette optionest orientée vers les métiers du nucléaire que l’onretrouve en imagerie médicale,en surveillance des pol-lutions radioactives éventuelles, etc. Une optionMatériaux et contrôles physico-chimiques est égale-ment proposée et vise à former des techniciens encharge d’élaborer et de contrôler de nouveaux maté-riaux.Depuis longtemps, l’ULP est réputée pour sarecherche et ses compétences dans le domainenucléaire.Trois diplômes tirent profit de cet environ-nement technique et pédagogique. Une licence pro-fessionnelle propose de former des spécialistes enmesure et instrumentation nucléaires. Le DESS IMAC-SEN forme des cadres capables d’utiliser de nom-breuses techniques de mesures (spectromètres,microscopes électroniques, chromatographes, etc.) etaussi de concevoir les méthodes nécessaires lors de

processus de recherche-développement (R&D), d’in-dustrialisation, de normalisation, etc. Le DESS MIIN estbasé sur les mêmes principes tout en développant unfort potentiel pour la conception d’instruments demesures. Diplômé du DESS IMACSEN, Éric Leonardisest ingénieur commercial chez Bruker, constructeurde spectromètres RMN. “Par son caractère généraliste,le DESS offre des possibilités d’emploi très diverses. L’idéede faire du “commercial” n’était pas du tout planifiée.Peu à peu, il m’est apparu que les métiers de l’instrumen-tation et des techniques d’analyses ne s’arrêtaient pasexclusivement à des emplois de R&D ou de responsablede laboratoire”.Avec le DESS Imagerie biologique créé en septembre2001, le panorama est complet. Les étudiants de ceDESS seront capables d’assurer l’interface entre lesbiologistes et les spécialistes du développement enimagerie biologique.Alexandre Mathis est assistant derecherche chez FORENAP, structure de recherchedont les travaux sont centrés sur les neurosciencesfondamentales et appliquées.“Je pensais m’orienter versla biochimie associée aux techniques de microscopies. Jetravaille en imagerie médicale sur la mise au point de testscognitifs appliqués à l’IRM fonctionnelle. Cette orientationinattendue et très enrichissante a été possible grâce à uneformation très complète : techniques d’imagerie biologique(microscopie optique, électronique, etc.) et médicales (IRM,etc.), programmation, etc. ”. Ce DESS forme principale-ment aux aspects matériels de nombreuses tech-niques, aux traitements informatiques des images maiségalement à l’exploitation de l’image scientifique envue de leur diffusion vers un plus large public.

Fr. N.

dossier[L’instrumentation

scientifique

Analyse, mesure, détection, métrologie,traitement de l’image, spectrométrie, autant determes qui définissent l’instrumentation, un outilincontournable, de la recherche à la productionindustrielle. À l’ULP, plusieurs cursus formentaux métiers de l'instrumentation.

Les filièresinstrumentationà l’ULP

> DUT Mesures physiquesResponsable : Michel RombourgContact: 03 90 24 25 20

> Licence professionnelleTechniques nucléaires etradioprotectionResponsable : Jean-Claude SensContact : 03 88 10 64 55

> DESS Instrumentation etméthodes d’analysechimiques, spectroscopiques,électroniques et nucléaires(IMACSEN) Responsable : Jean-Claude SensContact : [email protected]

> DESS Méthodes etinstrumentation pourl’industrie nucléaire (MIIN)Responsable : Benoît GallContact : 03 88 10 64 55

> DESS Imagerie biologiqueResponsable : François LasbennesContact : 03 90 24 14 57

Vaisseaux sanguins (en rouge) et neurones (en vert)produisant une enzyme synthétisant l'oxyde nitrique.

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Éric Leonardis, ingénieur commercialchez Bruker

Hervé Michel, responsableinformatique et métrologie chezAérial

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En juin 1999, vingt-neuf ministres euro-péens de l'éducation adoptaient à

Bologne une déclaration commune en vuede la création d'un espace universitaireeuropéen.Cet engagement s’est traduit parune politique qui vise à harmoniser lescursus, à accroître leur lisibilité à l'échelleinternationale et à faciliter la mobilité desétudiants.L’adoption du schéma “licence-master-doc-torat” constitue la première étape de cetteharmonisation. Elle passe aussi par uneorganisation des études partout identique:des semestres constitués par des unitésd'enseignement (UE) dont le suividébouche sur l'acquisition de “crédits” capi-talisables et transférables d'une universitéet d'un pays à l'autre*. C'est dire que le sys-tème repose fondamentalement sur unprincipe de confiance des étudiants et desenseignants dans la qualité des formationsmises en œuvre par les universités engagéesdans ce processus.Pour accroître la visibilité de son offre deformation, chaque établissement est invitéà afficher clairement ses grands domainesde compétence, en veillant en particulier àarticuler de façon cohérente cette offreavec ses forces scientifiques (équipes derecherche, écoles doctorales, etc.). Dans le

même sens, un certain nombre de “par-cours-types” doivent être définis au sein dechaque domaine afin de permettre l’acqui-sition de compétences identifiées et d’as-surer une orientation progressive desétudiants. La création de parcours qui inté-grent des approches pluridisciplinaires ouincluent des compétences transversales estencouragée pour faciliter l’organisation depasserelles entre les différents parcoursproposés,notamment entre un master pro-fessionnel (de type DESS) et un masterrecherche (de type DEA).Dans la mesure où le ministère a fait savoirque les établissements disposaient d’unegrande autonomie pédagogique pourmettre en œuvre cette réforme, l’attracti-vité de leur offre de formation dépendralargement de leur capacité d’innovation enla matière.Du travail en perspective...

E. H.

* Le nombre de crédits nécessaires pour valider le cursusLicence est de 180 (6 semestres de 30 crédits) et celui deMaster de 120 crédits supplémentaires (4 semestres de 30 crédits). Des crédits pourront être capitalisés en dehorsde l’université grâce à la validation des expériences acquisesdans un cadre professionnel (comme c’est déjà le cas enFrance avec le dispositif de la validation des acquis del’expérience - VAE).

14 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

formation]

LMD:trois lettres pour une réformeDans le cadre de la construction d'un espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche, une réforme descursus universitaires est en cours. Elle prévoit une architecture des études fondée sur trois grades: Licence, Master,Doctorat (LMD). Ce dispositif est déjà à l’œuvre dans plusieurs pays européens. Une douzaine d’universités françaises s’ypréparent pour la rentrée 2003, l’ULP pour la rentrée 2005. Quels sont les objectifs et les enjeux de cette réforme?

Le 30 janvier dernier, en présence de M. Jean-Pierre Korolitski, chef du Service des contrats et des formations à la Direction de l’enseignement supérieur du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, M.Yannick Vallée, président de l’Université JosephFourier (Grenoble I) et Mme Jocelyne Galezot, vice-présidentede l’Université Claude Bernard (Lyon I) ont apporté le témoignage de leur expérience récente sur la réforme LMD.

Le calendrier de laréforme à l'ULP> avril - juin 2003: élaboration de l'offre

globale des licences et des masters enconcertation avec les composantes et lesuniversités d'Alsace.

> juillet 2003: première présentation del'offre de formation devant les conseils del'université.

> septembre - octobre 2003: derniersajustements des propositions descomposantes.

> octobre - novembre 2003: validation parles conseils du schéma de déclinaison enDomaines, Mentions et Spécialités deslicences et masters de l'ULP.

> 1er décembre 2003: transmission auMinistère de la jeunesse, de l'éducationnationale et de la recherche de la nouvelledéclinaison de l'offre de formation de l'ULP.

> automne 2004: transmission au ministèredes dossiers d'habilitation de ces nouvellesformations.

> octobre 2005: mise en place de laréforme.

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15avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

formation[

Faire face à la pénurie de médecins

Yvon Berland, doyen de la Faculté demédecine de Marseille, a remis en

novembre 2002 le rapport de la mission“Démographie des professions de santé”dont il était le président. Il note des signesd’alerte démographiques nombreux. Et deciter : “les pénuries disciplinaires à l’hôpital, lesphénomènes de files d’attente en augmentationpour certaines spécialités ou la désertificationdes zones rurales”. L’avenir serait plus sombreencore. Depuis 2002, la courbe de la densitémédicale s’oriente à la baisse. Il y a actuelle-ment, en France, 332 médecins pour 100000habitants.La pyramide des âges et la longueurdes études médicales ne laissent aucun doutesur le nombre de médecins en exercice pourles prochaines années : 305 pour 100 000habitants en 2012 et moins de 300 ensuite.En élevant le numerus clausus des étudesmédicales de 4700 à 8000 en quatre ans,comme le propose Yvon Berland, la densitéactuelle ne serait retrouvée qu’en 2037.

En attendant…2037“Le rapport Berland insiste à juste titre sur lefait que les chiffres de la densité médicale nedisent pas tout. La féminisation*, le vieillissement

de la population des médecins et la réductiondu temps de travail auront aussi pour effet deréduire l’offre de soins” estime le Pr. BertrandLudes, doyen de la Faculté de médecine deStrasbourg. Que faire en attendant ? YvonBerland préconise de redéfinir les contoursdes métiers, de mettre en place un partagedes tâches et de faciliter les passerelles entreles différentes professions de santé.“L’idée estd’associer d’autres professions de santé à l’acti-vité des médecins pour organiser les soins diffé-remment et libérer du temps médical”, expliqueBertrand Ludes. “Nombre d’actes techniquespourraient être délégués à des techniciens trèsqualifiés, poursuit-il. Sur le modèle des mani-pulateurs en radiologie qui utilisent les appa-reillages et laissent au radiologue le soin del’interprétation, des infirmières formées en car-diologie ou en néphrologie pourraient se char-ger des électrocardiogrammes ou des dialysesqui incombent actuellement aux médecins.”

Redessiner les formations Une collaboration de ce type suppose unchangement profond dans les mentalitésaussi bien dans les hôpitaux que dans lescabinets libéraux où des associations (gyné-

cologue et sage-femme par exemple) pour-raient mieux répondre à la demande desoins. “La réforme de la formation est essen-tielle pour accompagner ce mouvement, estimeGilbert Vicente, responsable administratif dela Faculté de médecine de Strasbourg.Une première année non pas commune à tousles professionnels de la santé, mais permettantde les réunir par le biais de modules transver-saux, créerait de nouveaux liens facilitant cetteévolution.”Quoi qu’il en soit, il reste indispensable pourl’avenir de former davantage de médecins.“Un numerus clausus à 8000 n’a rien d’insur-montable en terme d’accueil, même avec lapédagogie actuelle en petits groupes”, estimeGilbert Vicente, rappelant que ce chiffre étaitcelui de 1978.Un numerus clausus plus géné-reux est réclamé depuis dix ans par laConférence des doyens, mais un nombreélevé de médecins génère davantage d’actesqui doivent être remboursés. “Il s’agit d’unchoix de société. Si le gouvernement s’inspire despropositions du rapport Berland, l’établissements’adaptera, nous y sommes prêts”, conclutBertrand Ludes.

S. B.

* Les femmes médecins travaillent actuellement 30 % demoins que les hommes.

Évolution et projection de la densité médicale (nombre de médecins pour 100000 habitants) selon le numerus clausus (nombrede places offertes par concours aux étudiants en médecine à l’issue de leurpremière année).

Depuis 30 ans, la densité médicale a fortement augmenté en France. La courbe s’inverse actuellement et l’offre de soinsrisque d’en pâtir. Le rapport du professeur Berland tire de ce constat des propositions qui supposent une redéfinition des compétences de l’ensemble des professionnels de la santé.

Ce schéma repris du rapport Berland montre l’urgence, maisaussi les limites de l’augmentation du numerus clausus (NC):élevé à 8000 dès 2003, il ne suffira pas à empêcher la baisse dela densité médicale au-dessous de 300 entre 2012 et 2032.

densité à 305en 2012

NC à 8000380 15000

13000

11000

9000

7000

5000

3000

1977

1980

1983

1986

1989

1992

1995

1998

2001

2004

2007

2010

2013

2019

350

320

290

260

230

200

170numerus clausus

densité médicale

340

300

260

220

180

1977

1982

1987

1992

1997

2002

2007

2012

2017

2022

2027

2032

2037

2042

2047

NC à 7000

NC à 6000

NC à 4700

Source : DREES - novembre 2002 - Ministère de l'emploi et de la solidarité.

2016

observé

numerus clausus densité médicale

projeté

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Àl’issue d’une session de formation, tous les participantsnous font généralement la même réflexion : il faudrait

que chacun reçoive dès l’école un enseignement pratiquedes gestes indispensables pour alerter les secours et appor-ter les premiers soins en cas d’accident ou de malaise”,raconte Gabrielle Arth, infirmière et formatrice despersonnels au diplôme de Sauveteursecouriste du travail (SST). La réalité esttrès différente de cet idéal : en France 4 % seulement de la population a reçudes rudiments de secourisme. “Notreobjectif à l’ULP est de disposer de plusieurspersonnes formées par bâtiment, ce quisemble souhaitable au vu de la dispersiongéographique des personnels”, indique le Dr Christine Collat, responsable duService de médecine de prévention des personnelsULP. Il y a actuellement 150 secouristes, mais ils sontinégalement répartis : plus nombreux dans les labora-toires où l’on manipule des produits ou des instru-ments dangereux et plus rares dans les lieux où lanotion d’un risque potentiel est moins présente. “Lespersonnels des laboratoires de chimie sont très sensibiliséset généralement bien au fait des gestes à effectuer devantune projection de produit, par exemple. Grâce à la pré-sence de secouristes, la prise en charge immédiate desbrûlures chimiques a beaucoup progressé depuis unedizaine d’années et les erreurs grossières ne se rencon-trent plus”, remarque Bernadette Payot, infirmière etformatrice au diplôme de SST.Si l’effort doit se poursuivre autour des dangers par-ticuliers liés au travail, les manques les plus importantsse situent ailleurs.“Il est essentiel de comprendre que l’uti-lité d’un secouriste ne se limite pas aux lieux ou aux acti-vités professionnelles qui peuvent générer des risquesspécifiques, précise Gabrielle Arth.Un malaise cardiaqueou une chute grave sont susceptibles de se produire n’im-porte où. ” Et parfois dans des contextes inattendus,comme le raconte Olivier Bildstein, concierge de la

faculté de psychologie : “Un dimanche après-midi, j’aientendu un bruit étrange et un appel au secours. Un jeunegarçon avait escaladé le bâtiment et fait une chute. Il étaitconscient. J’ai pu le maintenir dans une position correcteen attendant les secours, comme je l’avais appris.”L’imprudent s’en est sorti avec de multiples fractures.

Les accidents graves sont heureusementrares, mais au quotidien, la présence ras-surante d’une personne qui sait réagirde façon adaptée permet tout simple-ment de vivre plus sereinement en col-lectivité. Marcelle Bourgeois, adjointetechnique à la cartothèque de la Facultéde géographie et d’aménagement, en faitl’expérience tous les ans pendant lespériodes d’examens. “Il n’est pas rare

qu’un étudiant se sente mal sous le coup du stress ou toutsimplement parce qu’il est venu à jeun, trop noué pourmanger avant une épreuve. Mes interventions sont trèslimitées, il suffit généralement de le mettre à l’écart, aucalme, le temps qu’il reprenne ses esprits. En revanche, s’iln’y a personne pour prendre ce genre d’initiative, c’est lapanique!”

S. B.

formation]

16 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

Contact :Service de médecine de

prévention des personnelsTél. 03 90 24 15 04

Devenir sauveteursecouriste du travail

Incident de laboratoire, chute, malaise: les personnescapables d’apporter une aide adaptée dans ces situationssont encore trop peu nombreuses, en particulier dans leslieux où la notion de risque professionnel est peu présente.Volontaires, encore un effort!

Il n’est pas rare qu’un

étudiant se sente mal

sous le coup du stress

ou tout simplement

parce qu’il est venu à

jeun, trop noué pour

manger avant une

épreuve.

Le diplôme de Sauveteur secouriste du travail(SST) est délivré après une formation de 14 heures, prise sur le temps de travail et qui sedéroule en deux journées ou quatre demi-journées, selon les disponibilités desvolontaires. Ce diplôme est validé ensuitechaque année par un recyclage de quatreheures. Sur demande, il peut donner uneéquivalence à l’Attestation de formation auxpremiers secours (AFPS).

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Protection de l’environnement, santé publique, lacatalyse joue un rôle fondamental dans l’économie

en produisant de nombreux produits d'usage quoti-dien, tels que les carburants et les médicaments.Les procédés catalytiques sont en général moinsconsommateurs d’énergie et moins polluants. Leurimpact financier est énorme et serait d’ailleurs direc-tement responsable de 20 à 30 % du pro-duit national brut des pays développés.Les catalyseurs ont ceci de particulierqu’ils autorisent certaines réactions chi-miques, les accélèrent et les oriententmême parfois tout en étant réutilisables.Ils agissent comme de véritables entre-metteurs pour molécules qui ne se ren-contreraient pas toutes seules, ou très mal. Dans lecas de la catalyse hétérogène, le catalyseur est déposésur un support solide pour réagir avec des liquides oudes gaz. Ce support doit être inaltérable, ne pas inter-venir dans la réaction chimique et offrir une grandesurface d’échange. Les pots d’échappement des véhi-cules à essence sans plomb fonctionnent avec ce typede catalyse. Le catalyseur, à base de platine et de rho-dium, transforme les gaz toxiques d’oxydes d’azote etde carbone ainsi que les résidus d’hydrocarbures enproduits inoffensifs tels que l’oxygène, l’eau, l’azote etle dioxyde de carbone. Le support utilisé dans les potscatalytiques est l’alumine car elle offre une bonne sur-face d’échange. Elle est déposée sur de longs tubescreux en céramique ne conduisant pas la chaleur. Il estalors impossible de préchauffer le pot catalytique cequi assurerait une efficacité optimale dès les premièresminutes de fonctionnement. De plus, ce système ne

supporte pas les chocs et vieillit très mal. “Aucun nouveau support, plus adapté aux spécifications actuelles,n’a été développé depuis des décennies, déclare M. J. Ledoux,directeur du LMSPC*.Le travail de l’équipeque j’anime a été de mettre au point un support conduc-teur, résistant thermiquement, léger, très poreux et facile àcharger en catalyseurs. De plus, il sera plus économique à

fabriquer”. Le procédé de fabricationconsiste à mettre en contact une moussede carbone avec de l’oxyde de silicium à1200°C.Une transformation progressiveconservera la forme initiale et produiraune mousse solidifiée de carbure de sili-cium (SiC).Ce procédé de fabrication dit“à mémoire de forme” est très simple à

mettre en œuvre et fournit un matériau ayant toutesles propriétés désirées. “Nous avons pratiquement tousles jours des résultats qui nous ouvrent de nombreusesperspectives nouvelles, comme la synthèse de nanotubes decarbure de silicium selon le même principe”. Reconnuecomme l’experte mondiale dans son domaine, l’équipede M. J. Ledoux collabore avec de grandes entrepriseseuropéennes et américaines. Elle participe à l’amélio-ration des procédés existants tels que le raffinage dupétrole, la désulfurisation des gaz industriels, ou la syn-thèse de molécules à visée thérapeutique ou de chimiefine.

Fr. N.

* Laboratoire des matériaux, surfaces et procédés pour la catalyse -Unité mixte de recherche (UMR) ULP/CNRS 7515.

17avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

recherche[

Nous avons

pratiquement tous

les jours des résultats

qui nous ouvrent

de nombreuses

perspectives nouvelles.

Un nouveau support pourla catalyse hétérogène

Employés couramment dans l'industrie, les catalyseurs ont parfois besoin d'être déposés sur un support pour être utilisables. La découverte de nouveaux supports va encore accroîtreleurs potentialités.

Transfert detechnologie:création deSICAT S.A. àOtterswiller

C’est en mars 2002 que lasociété SICAT est née avecun capital de départ de 4 millions d’euros. Elle estissue des recherchesmenées conjointement parPéchiney et l’équipe de M.J. Ledoux sur la mise aupoint d’un nouveausupport pour catalyseurs àbase de carbure desilicium. Elle assure sacroissance par la vente deses produits à deschimistes et par descollaborations avec desconstructeurs automobilespour le développement depots catalytiques essenceet diesel.

Mousse de carbure de silicium Réacteur utilisé par SICAT S.A.L’équipe de recherche du Pr. Ledoux Nanotubes de carbone de silicium> avant réaction > après réaction

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> La Cathédrale,toujours en chantier…

Depuis des années, la Cathédrale de Strasbourg estentourée d’échafaudages car sa restaurationnécessite du temps mais exige surtout decomprendre comment elle se dégrade.Céline Thomachot a apporté sa contribution àcette réflexion en étudiant les caractéristiquespétrophysiques des grès utilisés pour saconstruction.

La Cathédrale de Strasbourg est construite principalementavec deux types de grès : le grès à Meules*, fin et argileux,utilisé dès la construction au XIe siècle et le grès Vosgien*

plus grossier et moins argileux, employé essentiellement àpartir de 1960 pour la restauration.Différentes altérations de ces grès affectent le monument

mais celles-ci ne se développent pas de façon uniforme. Elles traduisent les réactions de lapierre aux variations des conditions extérieures et en particulier à la présence d’eau. Cetteeau pénètre dans les pierres par capillarité et en ressort par évaporation. Ces mécanismesde transfert de l’eau sont en grande partie responsables de la dégradation des grès. La quan-tité et la vitesse d’imbibition et d’évaporation dépendent des propriétés pétrophysiques despierres. Ces caractéristiques spécifiques changent d’autant plus lorsque ces grès sont soumisau gel.Le travail de Céline Thomachot durant sa thèse a été notamment de comparer les carac-

téristiques pétrophysiques des deux grès composant la Cathédrale pour comprendre leurs différences de com-portement. L’observation montre que le grès Vosgien comparé au grès à Meules se dégrade moins facilement : ila une faible porosité, une imbibition plus lente mais un séchage plus rapide.Ainsi, dans des conditions identiquesd’exposition, le grès Vosgien sera toujours moins saturé que le grès à Meules, ce qui justifie en partie sa résis-tance à l’altération. Des expériences de gel-dégel en laboratoire ont permis de montrer que le gel, en augmen-tant la porosité et en ralentissant l’imbibition, accentuait les phénomènes liés aux transferts d’eau mais nepouvait pas être, seul, responsable des dégradations observées.

C.R.

* Grès provenant des Vosges du Nord.

18 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

recherche]

Travaux de thèsesChaque année, près de 10 000 thèses sont soutenues en France, près de 400 en Alsace (voir ulp.sciences, n°3). En 2002, 260 thèses ont été soutenues à l'ULP. Pour le profane, le titre deces travaux demeure souvent mystérieux. D'où l'idée de la rédaction d'aller rencontrer troisjeunes docteurs.

Écaillage, désagrégation sableuse de la balustrade du Transept Nord

Exemplesd’altérationsattribuées au gel

Source: C.Thomachot

Éclatement de la pierre - Piliersde la cathédrale.Source : Œuvre Notre-Dame

Fracturation de la balustrade du Transept Nord

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19

recherche[

avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

> Les pulsars,des phares dans l’Univers

Qu’est-ce qu’un pulsar? Quel est soncomportement? Réponses avec Jérôme Pétriqui vient de terminer une thèse enastrophysique.

Au commencement, il y avait uneétoile… Lorsque du gaz (de l’hy-drogène) se condense dansl’Univers par l’attraction gravita-tionnelle, il s’échauffe et lorsque satempérature est suffisammentélevée,une fusion thermonucléaire

se produit en son sein : une étoile naît. Cette fusions’arrête quand tout cet hydrogène est consommé.A ce moment là, l’étoile explose (elle devient unesupernova) en expulsant son enveloppe externe et encondensant son noyau. Selon sa masse, ce noyau vadevenir soit une naine blanche, soit une étoile à neu-trons, soit un trou noir. Un pulsar est en fait une étoileà neutrons en rotation sur elle-même qui possède unchamp magnétique. Il émet des ondes électromagné-tiques unidirectionnelles et du fait de sa rotation, cefaisceau d’ondes peut être comparé à celui d’un phare.Pour un observateur fixe, les pulsars sont donc assi-milés à des clignotants ! La nature et la direction deces ondes sont déterminées par les caractéristiquesde régions particulières du champ magnétique qui sontchargées négativement ou positivement.Ainsi, “il sem-blait très intéressant de construire des modèles théoriquesde leurs structures (vitesse, forme et densité) afin de mieuxcomprendre leur fonctionnement”,explique Jérôme Pétri.Pour se faire, il a fallu tout d’abord prendre en compteles données recueillies sur les 2000 pulsars dénombrésà l’heure actuelle. Ces modèles ont ensuite étéconfrontés aux observations : ceux qui donnent uneassociation d’ondes électromagnétiques qui n’a pas étéobservée (qui n’existe donc pas dans la nature) sontrejetés.Cette étude a ainsi largement participé à l’avan-cée des connaissances sur le comportement des pul-sars. Et si les sujets “phares” en astrophysique ne sontpas paradoxalement les pulsars mais la cosmologie etles astroparticules,on peut être sûr que les recherchesde Jérôme Pétri n’éteindront pas l’intérêt envers cesphares de l’Univers…

G. J.

> Un système antiviral qui endort les gènes

Les cellules végétales et animales ont encommun le silencing, un système de défensecapable d’éteindre les gènes de certains virus.Sébastien Pfeffer a étudié ce mécanismeavant de partir aux États-Unis pourapprofondir ce sujet de rechercheprometteur.

Pour survivre, un virus doit pou-voir pénétrer dans une cellule puisdétourner ses fonctions pourassurer sa propre multiplication.Au cours de l’évolution, animauxet végétaux ont développé des sys-tèmes de défense que les virus ont

su à leur tour déjouer. Pendant ses quatre années dethèse, Sébastien Pfeffer a étudié le silencing, un de cessystèmes dont la fonction est de dégrader l’ARNdouble brin (ARNdb),d’origine virale.Lors d’une infec-tion, l’ARNdb est rapidement intercepté par une pro-téine du silencing. Ensuite, par un processus complexe,tous les ARN identiques à l’ARNdb sont éliminés.Pourévaluer les effets du silencing, Sébastien Pfeffer a utiliséune plante qu’il a rendu fluorescente sous ultraviolet,en incorporant un gène de méduse dans son matérielgénétique.Après injection d’un virus à ARN ayant intégré, luiaussi, le gène de fluorescence, le silencing est enclenché.La plante perd alors sa fluorescence.“Ce qui signifie quetous les ARN comportant le gène de méduse ont étééteints. Ceux du virus tout comme ceux de la plante”,explique Sébastien Pfeffer. Ce mécanisme d’extinctiondes gènes ouvre des perspectives très intéressantespour lutter contre les virus.

V. R.

> Céline Thomachot asoutenu sa thèse, intitulée“Modifications des propriétéspétrophysiques de grèssoumis au gel ou recouvertsd’encroûtements noirsvernissés”, le 7 mars 2002sous la direction de DanielJeannette directeur derecherche CNRS auCentre de géochimie de lasurface (UMR ULP/CNRS7517), avec une boursedocteur ingénieur CNRSet le soutien de l’œuvreNotre-Dame en charge dela restauration de laCathédrale de Strasbourg.

> Jérôme Pétri a soutenu sa thèse,intitulée “Structureélectromagnétique globaleautour des pulsars”,le 6 septembre 2002 sousla direction de JeanHeyvaerts, professeur àl'Observatoireastronomique deStrasbourg (UMR ULP/CNRS 7550).

> Sébastien Pfeffera soutenu sa thèse,intitulée “Identification etétude fonctionnelle deprotéines virales impliquéesdans la suppression del’extinction post-transcriptionelle de gènes”,le 15 octobre 2002 sous ladirection de Ken Richardsdirecteur de recherche auCNRS, à l'Institut debiologie moléculaire desplantes (UPR CNRS 2357).

Plante modèle (Nicotianabenthamiana), en cours de silencingsous lumière ultra-violette.Les zones rouges correspondent àcelles où le gène de méduse n'estplus exprimé.

Pulsar du Crabe observé en rayons Xpar le satellite Chandra.http://chandra.harvard.edu

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20 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

recherche]

Les odeurs qui serépandent autour de

certaines usinesreprésentent-elles unrisque pour la santé?

Tout dépend de lafaçon dont on définit

la santé…

Les odeurs que l’on perçoit en passant à proximité de certaines entreprises industriellesinquiètent nombre de Strasbourgeois qui s’interrogent sur leur effet nocif. S’il fallait

répondre d’une seule formule, je dirais qu’il n’y a aucun lien entre la toxicité et les odeurs,bonnesou mauvaises”, explique le Pr.Alain Cantineau, professeur de la Faculté de médecine deStrasbourg et membre du SPPPI*. De nombreux exemples illustrent cette dissociation.Les dérivés soufrés, très désagréables, sont parfaitement inoffensifs : ils servent à donnerune odeur au gaz domestique. À l’inverse, le monoxyde de carbone est d’autant plusredoutable qu’il est inodore.Certains gaz dangereux sentent bon,comme le terrible cya-nure qui dégage une odeur d’amande amère ou comme la plupart des hydrocarbureset des solvants dits aromatiques.“Les plaintes concernent notamment la zone du Port du Rhin et les odeurs incriminées pro-

viennent d’un mélange d’humus, d’un produit de traitement de la pâte à papieret de l’évolution biologique des bois stockés. L’ensemble ne sent pas bon, maisne présente aucun danger d’intoxication. Plus généralement, en dehors d’inci-dents rares, il n’y a pas de dissémination de produits dangereux à partir dessites industriels de l’agglomération”, rassure Alain Cantineau. Pourtant, lanotion de toxicité n’épuise pas la question des nuisances olfactives.“Une

exposition à des odeurs fortes provoque une baisse puis une perte de l’odorat”, précise AlainCantineau. Ce processus peut s’expliquer par l’altération des cellules du bulbe olfactiflorsque le produit est toxique, mais le même résultat apparaît à partir d’odeurs inof-fensives, par un effet de saturation. Par ailleurs, les aspects psychologiques et culturelsliés à l’odorat doivent être pris en compte. La proximité d’une usine d’équarrissage esttoujours mal vécue, alors que les produits en décomposition sont sans danger. L’imagedu cadavre est culturellement répulsive, au point de rendre cette odeur difficile à sup-porter.De la même façon, les premiers contacts avec l’atmosphère d’une salle d’autopsiesont souvent pénibles. Si, dans ces deux cas, la cause de la gêne est psychologique, ellea pourtant des manifestations très concrètement pathologiques : perte de connaissance,nausées, malaises ou chute, par exemple.Plus grave, l’exposition à des effluves jugés répugnants peut provoquer un “syndromed’intolérance aux odeurs” aux conséquences sociales parfois dramatiques.“Ce syndromese développe toujours sur un terrain psychologique particulier”, remarque Alain Cantineau.Il commence par une gêne de plus en plus prononcée par rapport à une odeur parti-culière, souvent en lien avec un événement traumatisant ou une véritable intoxication.Cette intolérance peut s’étendre progressivement à toutes les odeurs, provoquant ungrave handicap social. “La propriétaire d’un salon de coiffure qui logeait au-dessus de soncommerce, devenue intolérante aux produits qu’elle utilisait quotidiennement, a ainsi étécontrainte de déménager, puis de changer de métier. De ce point de vue, et si l’on ne s’entient pas au seul critère de la toxicité, les odeurs mal supportées peuvent provoquer de véri-tables atteintes à la santé”, conclut Alain Cantineau.

S. B.

* Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles de l’agglomération de Strasbourg.

Il n’y a aucun lien

entre la toxicité et

les odeurs, bonnes ou

mauvaises.

Contact :DRIRE Alsace

1, rue Pierre Montet67082 Strasbourg Cedex

Tél. 03 88 25 92 92

En mai 2000, la Communauté urbaine deStrasbourg et un certain nombred’industriels ont signé une “charte odeur” pour aller au-delà des obligationsréglementaires.Un numéro de téléphone centralisé estmis au service du public pour signaler lesnuisances olfactives :03 88 43 63 87.

Nuisances olfactives,quels effets?

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L’exposition itinérante, le ticket d’Archimède, est en Alsace pendant toute l’année 2003.Une sensibilisation à la science pour les jeunes et les moins jeunes.

Clara, Even, Simon, Isabelle,Yliesse et Lucas ont

rendez-vous ce matin au centresocioculturel d’Illkirch “le phare del’III” avec le ticket d’Archimède, uneexposition et des ateliers mis enplace par la Mission culturescientifique et technique del’ULP, la Fédération des centressociaux et socioculturels du Bas-Rhin et la Nef des sciences.“Cette exposition a été conçuepour un large public, elle est surtoutun prétexte à discussions. Le dis-cours varie en fonction des visi-teurs, enfants ou adultes” expliqueChristel Le Delliou, animatricescientifique de l’exposition. Desobservations de la vie quoti-dienne portant sur quatrethèmes - l’eau, la chimie, les cou-leurs et la météo - sont expli-quées simplement sur des

posters. La discussion s’engagerapidement autour des images etdes croquis. Les enfants décou-vrent le cycle de l’eau en répon-dant activement aux questionsde l’animatrice. Puisvient le momentdes expériences.Une tasse videplacée au centred’un saladier, recouvert d’un filmalimentaire, est entourée d’eauchaude. Une bille est déposéesur le film juste au-dessus de latasse symbolisant un pays.Grâceà l’évaporation et à la condensa-tion, de la buée puis de petitesgouttes d’eau apparaissent sur lefilm. Quand elles sont troplourdes, elles ruissellent sur lesparois du saladier et vers la bille,véritable bec verseur : il pleut surle pays! Le cycle de l’eau est ainsi

en partie reconstruit dans ce labo-ratoire de campagne. Une autreexpérience consiste à étudier laportance de l'eau. Tous lesenfants doivent construire leur

propre bateau avecune feuille d’alumi-nium. De ces feuillesémergent de drôlesde petites barques.

“C’est pas un vrai bateau ça !”lance un des enfants,“en tout casle mien y va couler, ça c’est sûr !”Tous les bateaux sont remplisd’eau peu à peu pour détermi-ner lequel sombrera le dernier.“L’important c’est pas de gagner,c’est d’apprendre” lance Clara quivient de voir son bateau coulerà pic. “C’est comme le Titanic, ils’est écrasé contre un iceberg, etaprès il a crié Aaaahhhh” compareYliesse.Les phénomènes météo-rologiques sont ensuite décodés.Qu’est-ce que la foudre ?Pourquoi ne doit-t-on pas semettre sous un arbre lors d’unorage? Comment calculer la dis-tance d’un orage en faisant la dif-férence entre la lumière perçueet le son? A quoi sert le para-tonnerre?Sur deux demi-journées, ce sontune vingtaine de questions quipeuvent être discutées, expli-quées : pourquoi le ciel est bleu,quels sont les secrets du camé-léon, pourquoi le pain cuit,

la forme d’une goutte de pluie,la recette du brouillard, pour-quoi la mer est salée, pourquoiles tulipes bleues n’existent pas,etc. A la fin de la séance d’uneheure trente, les enfants ontpassé en revue deux thèmes surquatre “Quand on prend uneteinte violette, elle est composée derouge et de bleu” expliqueIsabelle. “C’était super bien ! Lachimie surtout, car Christel nous afait plein d’expériences pour qu’oncomprenne. On ne savait pas pour-quoi on utilisait le savon pour selaver les mains ; là, on a la réponse”conclut Clara. “Le public est inté-ressé. Je pense qu’il retient les principes essentiels, ne serait-ceque de comprendre ce qu’est uneexpérience scientifique” ajouteChristel Le Delliou. L’expositionva voyager dans toute l’Alsace etsera peut-être à l’origine denombreuses créations de clubsscientifiques dans les centresocioculturels et les écolesd’Alsace.

Fr. N.

21avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

culture[

L’important

c’est pas de gagner,

c’est d’apprendre.

Contact:Déborah Boxberger

Mission Culture scientifique et technique

Tél. 03 90 24 05 85

Pourquoi le ciel est-il bleu?*

* Le ciel est bleu grâce à la diffusion de la lumière du soleil par les molécules quicomposent l’atmosphère (oxygène, azote,dioxyde de carbone...)

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22 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

agenda culturel 2003

culture]

> Jusqu’au 29 juinCousin, cousine, au Musée zoologique deStrasbourg.Quatre siècles se sont écoulés depuis ladécouverte par des explorateurs français de lanature sauvage et magnifique du Québec.Cartier reconnaîtrait-il les paysages actuels?Partez sur la piste des échanges qui ont marquél’histoire naturelle du Québec et de la France etdécouvrez comment la rencontre entre cesdeux mondes les a, à jamais, transformés.

> Du 16 mai au 6 juilletD’eau et de lianes, au Musée zoologique de Strasbourg.La forêt alluviale du Rhin, entre Bâle etLauterbourg, est l’une des plus riches forêts de plaine d’Europe. En une centaine dephotographies commentées, cette expositionmontre les raisons de cette richesse, explique le fonctionnement d’une forêt alluviale, décrit les aspects particuliers de sa flore et de safaune… Des conférences et des animationsaccompagneront cette exposition.

Musée zoologique: 03 90 24 04 89

> Jusqu’à fin juinLe ticketd’Archimède,(cf p.21) dans lescentres socioculturelset les établissementsscolaires du Bas-Rhin.Une exposition pourtous pour aborder lascience en partantd’observations simplesde la vie quotidienne.

Les rendez-vous:> du 31 mars au 4 avril au centre d’animation

sociale et familiale “Bisch’Art” de Bischwiller,> du 7 au 11 avril au centre de loisirs

“La souris verte” de Lampertheim,> du 28 avril au 9 mai à l’école élémentaire P. et

M. Curie d’Erstein,> du 12 au 16 mai au centre socioculturel “L’îlot

du moulin” de Saverne,> du 19 au 30 mai à l’école élémentaire de

Lipsheim,> du 2 au 6 juin à l’école élémentaire A. Renoir

d’Obernai.

Entrée libre dans les centres socioculturels.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 14 - http://science-ouverte.u-strasbg.fr

Expositions

Le langage de la science poursuit un fantasme: celui d’éliminer les résonances ambi-guës des langages naturels, d’assurer une communication parfaite sur des objets

clairement définis. Cela peut s’imaginer, mais plus comme cas limite que comme pra-tique constante. Dans les termes employés par le fondateur de la linguistique moderne,Ferdinand de Saussure (1857-1913), un signifiant - la face visible du mot dans le langageécrit, ou bien le son du mot dans le langage parlé - est généralement associé à des signi-fiés variables selon le contexte. Ce fait inéluctable est la source de malentendus quiobèrent toute communication (indépendamment de facteurs psychologiques liés à desinterprétations subjectives). Toute pratique de la communication scientifique, en parti-culier à visée pédagogique,doit nécessairement intégrer cette donnée.Mais la remarquebanale de l’importance du couple signifiant/signifié (qui n’est d’ailleurs qu’une “paire deSaussure” parmi d’autres), n’est pas la motivation première du choix du thème de cebillet. Ce n’est pas non plus le fait que le grand linguiste était doté d’un esprit remar-quablement scientifique, hérité d’une famille genevoise qui a donné des physiciens, deschimistes, des géologues, etc.En réalité,mon propos part d’un livre vertigineux:Les mots sous les mots - Les anagrammesde Ferdinand de Saussure, de Jean Starobinsky (Gallimard - 1971), coup de sonde dansles insondables carnets inédits de notre auteur.Sur une base érudite,Saussure a esquisséune théorie qui pourrait évoquer les gravures des “Prisons” de Piranèse, ruines antiques,ou projets blasphématoires : escaliers grimpant vers des abîmes, portes ouvertes sur levide, passerelles jetées entre deux murs aveugles… Saussure croyait être sur la pisted’un principe générateur de la poésie latine, qui procèderait du démembrement dunom d’un dieu ou d’un homme, en lettres semées tout au long des poèmes. En somme,une sorte d’anagramme généralisé, filigrane secret de la poésie. Je prends le risque dedire mon sentiment : cet essai de système était désespérément absurde. En effet, lacombinatoire des signes de l’écriture, ou des sons de la parole, permet de faire surgirà peu près n’importe quel mot de n’importe quel texte! Prenez la phrase précédente,et en suivant les procédures de Saussure, vous y trouverez le nom LOUIS PASTEUR, àpeine chamboulé. Je réécris en mettant en capitales les lettres du nom cherché : “eneffet, La cOmbInatoire deS signes de l’écritUre, ou des sons de la PArole, permet defaire Surgir à peu près n’impoRTE qUel mot de n’importe quel texte”…Mais qu’est-ce qui faisait courir Saussure dans une telle impasse? La légitime ambitiond’un découvreur, à l’image d’un Copernic, d’un Newton, d’un Champollion? Oui, maisplus encore une constante de l’esprit : la quête constante du sens, avec le risque corol-laire de projeter du sens sur ce qui n’en a pas ! C’est cette propension, cet automa-tisme, qui nous font voir des figures dans les nuages, des silhouettes dans les rochers,des signes dans les coïncidences, des causes nécessaires dans des événements contin-gents.C’est là l’origine des mythes,des superstitions (le superstitieux n’est au fond qu’unhyper-rationaliste, lisant une “ratio” derrière chaque fait), des erreurs scientifiques maissans doute aussi celle de l’authentique esprit scientifique.Si Le sommeil de la raison enfante des monstres (Francisco Goya), une raison toujours enéveil, telle un feu s’emparant de brindilles éparses et les embrasant en une vaine flam-bée, court le risque de fonder, sur des signes insignifiants, de folles hypothèses. Desombres irréductibles subsisteront à jamais, à côté du versant éclairé par la science.

G. Ch.

Scientifiques,lisez Saussure

humeur

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23avril 2003 - n°11 - ulp.sciences]

culture[

> Durant les vacances de PâquesAteliers Mission découverte, au SUAS,43 rue Goethe.> du 14 au 17 avril (4 demi-journées)

Dis pourquoi? pour les 6-8 ans. Pourquoi lesavon lave-t-il ? Pourquoiun bateau flotte? Desquestions et bien d’autresauxquelles les enfantsapporteront des réponses

grâce à des expériences liées à l’eau, à lacouleur, à la chimie et à la météo.

> du 22 au 25 avril (4 demi-journées)L’école des agents secrets pour les 8-12 ans.Une formation accélérée… pour résoudre desénigmes, coder des informations et apprendretoutes sortes de techniques pour devenir unbon espion!

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 13 - http://science-ouverte.u-strasbg.fr

L’atelier des p’tits jardiniers, au Jardin botanique.> du 14 au 17 avril (4 demi-journées)

pour les 9-12 ans.> du 22 au 25 avril (4 demi-journées)

pour les 6-8 ans.Venez découvrir ce que signifie le printempspour les plantes et pour les jardiniers.À partir du mois d’avril, le Jardin botaniqueproposera chaque mercredi, hors vacancesscolaires, des ateliers pour les enfants.

Jardin botanique: 03 90 24 18 86 ou 03 90 24 18 65

Ateliers

La crypte aux étoiles, au Planétarium deStrasbourg.À découvrir dans cet espace d’exposition dédiéà l’astronomie, des bornes multimédias et deséléments d’interactivité.

Planétarium: 03 90 24 24 50http://www.planetarium.fr.fm

> En juinLe Jardin botanique propose une exposition surle thème Les plantes et les cinq sens. À noterégalement des visites guidées en semaine, surrendez-vous, pour les scolaires et lesparticuliers.

Jardin botanique: 03 90 24 18 86 ou 03 90 24 18 65

Expositions

Conférences> Avril, maiLes conférences du Jardin des sciences, àl’amphithéâtre Fresnel de l’Institut de physique.Le cycle d’avril et mai sera l’occasion d’évoquerl’Alsace à travers sa faune, sa flore, son histoiregéologique et sa sismicité. Rendez-vous les jeudis3 et 10 avril, 15 et 22 mai à 18h. Entrée libre.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 14 - http://science-ouverte.u-strasbg.fr

Les mardis de l’histoire médicale, à la salle dumusée, Institut d’anatomie pathologique, Hôpitalcivil, à 18h30. Entrée libre.> le 29 avril : “L’histoire sociale et culturelle de

l’homéopathie en France, XIXe-XXe siècles”.> le 27 mai :“La cellule : entre théorie et

méthode”.Département d’histoire et

de philosophie des sciences de la vie et de la santé03 90 24 40 78 - http://www-ulpmed.u-strasbg.fr/dhvs

Les jeudis de l’éthique, à la salle du musée,Institut d’anatomie pathologique, Hôpital civil,à 20h. Entrée libre.> le 10 avril : “Allons-nous vers un gouvernement

des juges?”.> le 22 mai :“Impact de l’information médicale

sur la personne du patient”.

Département universitaire et hospitalier d’éthique03 90 24 40 78 - http://www-ulpmed.u-strasbg.fr/duhe

livres

Himalaya-Tibet. Le choc des continents

Ouvrage collectif sous la direction de J.P.Avouac et P. De WeverÉditions du CNRSMuseum d'histoirenaturelle, décembre2002

Les hautes terres d'Asie,de l'Himalaya aux confinsde la Sibérie, constitue

une formidable mosaïque géologique, fragmentsde continents issus de collisions successives,géographique, des régions chaudes et humidesaux déserts et humaine par des populationsvivant au bord des anciennes routes de la soie.Des spécialistes de disciplines variées, dont leprofesseur Gérard Wittlinger, sismologue etJérome Van der Woerd, chargé de recherches ettectonicien à l'EOST, se sont réunis pour écrire unouvrage passionnant sur cette partie du mondeaux reliefs saisissants.

V.A.

Découvertes, professionenseignant-chercheur

4e édition de laCollectionimages del'Université LouisPasteur,décembre 2002.

Service de la communication ULPPhotographies : Bernard Braesch Textes: l'ensemble des enseignants-chercheursphotographiés. Ouvrage disponible à laboutique de l'ULP: 03 90 24 11 34/39

Partez à la rencontre de quelques enseignants-chercheurs de l’ULP.Pourquoi ont-ils choisi ce métier ? Ils parlent de ce qui les motive et évoquent leurvision de l’enseignement supérieur et de larecherche. Grâce au traitement des portraits,cet ouvrage permet aussi de découvrir leurunivers professionnel. Les 42 personnesphotographiées parmi les 1300 en activité à l’ULPont été retenues selon une méthode aléatoirepermettant d'intégrer différents critères (SectionCNU - Faculté, UFR, école d'ingénieur, institut derattachement…) afin de proposer un ensemblereprésentant toutes les composantes de l'ULP etune répartition H/F des enseignants-chercheurscorrespondant à la situation actuelle.

A.V.

Au Planétarium deStrasbourg.Des spectacles pour tous :Les mystères du ciel austral,En route pour les étoiles !,Le Petit Robot et lesPlanètes,Au rythme du

Soleil et La planète aux mille regards.À noter au mois de mai, trois soirées spécialesautour du théâtre et de l’observation du ciel.Pour les dates et les horaires, renseignez-vous.

Planétarium: 03 90 24 24 50 - http://planetarium.fr.fm

Spectacles

Dimanche 4 maiLe printemps des muséesLors de la 5e édition du Printemps des musées,les structures muséales de l’ULP ouvriront leursportes. À cette occasion, des visites-conférencessur le thème “Découvertes scientifiques etcollections à l’université de Strasbourg” serontproposées entre 14h à 18h. Départ toutes lesdemi-heures au 7 rue de l’université.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 14

Evénements

D. G.-B.

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24 [ulp.sciences - n°11 - avril 2003

portrait]

Quand je parviens à trouver l’antre de FabriceJossinet, il est face à son écran plat favori. “Juste

un dernier mail”, me dit-il, avant de me conduire dansune minuscule salle de réunion. Nommé maître deconférences à l’Institut de biologie moléculaire et cel-lulaire de Strasbourg (IBMC) depuis quelques mois,Fabrice déborde d’enthousiasme : ses yeux pétillentquand il évoque son métier d’enseignant-chercheur etsa spécialité, la bio-informatique. Pourtant, quatre ansauparavant, l’approche in-silico de la biologie lui estencore inconnue: venue sur le tard, cette passion naîtd’un “incident de parcours”. Septembre 1990: le jeuneFabrice entame une année préparatoire Sup-Bio àStrasbourg. Il veut tout comprendre jusqu’au moindredétail et sa démarche se révèle vite incompatible avecle rythme imposé dans ces classes. Cette expériencemalheureuse n’est qu’un semi-échec: elle lui donnerala “rage” pour toutes ses études à venir. C’est larecherche qui l’intéresse, il l’a toujours su.Tout jeune,il aime “farfouiller dans les bouquins” et “chercher la petitebête”. Fabrice va de l’avant : il intègre l’ULP via unDEUG de série B, continue avec une licence de biolo-gie, une maîtrise de biochimie, un DEA de biologiemoléculaire et cellulaire. Sa voie semble toute tracée :convaincu et travailleur, il bûche des années durant.Sonassiduité est payante :mention bien,mention très bien,puis major de promotion… son avenir dans larecherche semble assuré. Il lui faut encore patienterun an, le temps du service national, avant de démarrersa thèse, en 1997. Il se lance dans un doctorat de bio-logie moléculaire et cellulaire, avec monitorat. Il prendses quartiers à l’IBMC, au 4e étage, et s’attelle à l’étudede l’ARN du virus du sida, au sein du départementStructure et fonction des ARN du laboratoire dirigépar B. Ehresmann*. Les mois passent, les expériencesqu’il mène ne se déroulent pas aussi bien qu’il l’avaitescompté. Il entretient “des rapports conflictuels avecses manips”. L’enthousiasme n’est plus au rendez-vous… Les cours qu’il donne en immunologie sont“une bouffée d’air frais”, loin du travail laborieux à lapaillasse. L’enseignement lui plaît ; il envisage unmoment de se réorienter vers la communication scien-tifique. En troisième année, il investit une part de sabourse de recherche dans l’achat d’un ordinateur et

la mise en route d’une connexion web. Et là, c’est ledéclic ! Il se découvre la fibre de l’informatique, s’en-flamme pour la programmation. P. Fonteneau, qu’il ren-contre lors de ses cours d’immunologie, est directeurde l’IUP de Technologies avancées des sciences duvivant, qui propose une option bio-informatique : il leguide dans sa reconversion balbutiante. Les débouchésdans ce domaine semblent nombreux. Aussi, lors desa quatrième année, il mène de front sa thèse,un demi-poste d’attaché temporaire d’enseignement et derecherche (ATER) en Bio-informatique et techniquesde la biologie structurale et le DESS de Compétencecomplémentaire en informatique de l’ULP: le soutiende B. et C. Ehresmann, celui de P. Fonteneau lui sontprécieux durant cette période. Il obtient le DESS enseptembre 2001, soutient sa thèse trois mois plus tard,puis intègre le laboratoire Modélisation et simulationd’acides nucléiques d’E.Westhof, son maître de stageen DESS. Il développe des outils bio-informatiques,visant une meilleure compréhension des règles derepliement de… l’ARN, au 3e étage de l’IBMC! Sa “réorientation” s’inscrit finalement dans la conti-nuité : aujourd’hui, il travaille plus en amont de sonancienne problématique de recherche. Fabrice aretrouvé son entrain d’antan. Grâce à sa double com-pétence, il comprend le langage et la démarche du bio-logiste et de l’informaticien. Il connaît les attentes deschercheurs à la paillasse et les outils qui leurs sontutiles. En étant “à l’interface”, il continue à apprendredans les deux domaines en constante évolution.Un luxe selon lui qu’il ne pourrait se permettre dansle secteur privé. Glouton, il dévore les ouvrages deprogrammation et se délecte de Java, Python, ouSQL… Mais il a à cœur de se connecter au monde etquitte son ordinateur pour donner des cours d’infor-matique, de bio-informatique et de biologie structu-rale en licence, maîtrise, magistère de chimie-biologieet au sein de l’IUP. Après douze ans de travail acharné,Fabrice formule enfin des projets ni biologiques, niinformatiques : il songe simplement à profiter de l’exis-tence. A 30 ans, il n’est pas trop tard pour découvrirla randonnée en VTT,oser des voyages,ou faire ses pre-miers pas en cuisine!

V.A.-B.

en quelquesdates

1er novembre 1972Fabrice Jossinet naît à Phalsbourg.

1990 - 1991Il obtient son Bac D à Haguenau.Il est accepté en Sup-Bio au lycéeJean Rostand.

1991 - 1996Passionné de recherche, il entre àl’ULP et y enchaîne les diplômes du DEUG B au DEA de Biologiemoléculaire et cellulaire.

1997 - 2001Il prépare son doctorat à l’IBMC,sous la direction de BernardEhresmann. Il se consacre à l’étudede la dimérisation de l'ARNgénomique du virus du SIDA.En septembre 2000, il intègre leDESS CCI. Un stage de six mois lemène dans l’équipe d’Eric Westhofet dans un laboratoire américainqui gère une banque mondiale decoordonnées spatiales demolécules (Protein Data Bank).Il finalise son DESS et soutient sathèse fin 2001.

2002Il est nommé maître deconférences à l’IBMC, après avoiroccupé un poste d’ATER en Bio-informatique et modélisationmoléculaire.

Contact: 03 88 41 70 44 - [email protected]

Fabrice Jossinet

De la paillasse au pixel

Chaque interview est une rencontre, une étape

dans une quête sans fin : percevoir ce qui anime

l’être humain, quel que soit son métier, son statut.

Comprendre ce qui a motivé ses choix anciens et

saisir son idéal de vie, sa substance.Tenter ensuite

de restituer son parcours, sans l’écorner… Pudeur

masculine ou discrétion, Fabrice n’a pas livré

totalement le secret de sa jeune “vocation”.

* Structure des macromoléculesbiologiques et mécanismes dereconnaissance - Unité propre derecherche 9002 du CNRS