magazine lm99 septembre 2014

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N°99 / SEPTEMBRE 2014 / GRATUIT Cultures et tendances urbaines NORD & BELGIQUE

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Culture et tendances urbaines Nord de France & Belgique

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n°99 / septembre 2014 / GRATUIT

Cultures et tendances urbainesnord & belgique

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S o m m a i r eLM magazine - septembre 2014

76 Exposition Design September, Patrick Guns, Tardi, Monument, Format à l’Italienne… Agenda

92 théâtrE Entretien avec Christophe Rauck et Germaine Acogny, La Comédie de Béthune, Les Invisibles, La Scène du Louvre-Lens… Agenda

114 littératurE Entretien avec Thierry Beinstingel

118 livrEs Steve Tesich, Haruki Murakami, Thomas Pynchon, Paulo Lins, Arnaud Delrue, Golo Zhao, Jesmyn Ward

122 disquEs Boys Noize+Chilly Gonzales, Erland & The Carnival, Banks, The Growlers, Naomi Shelton & The Gospel Queens

124 agEnda concErts Et soiréEs

130 lE Mot dE la fin Homme/femme. Mode d’emploi, les étiquettes qui collent aux sexes

06 nEws Vinyles à gogo, Barbatruc, Le blues du jean, Crevettes de concours, Comment désobéir ?, 24 heures chrono, Downton Abbey prend l’eau, Le record de Borremans

12 rEportagE Les potagers urbains, graines de futur

22 stylE La barbe, sur le fil du rasoir

30 société Référendum en Ecosse

38 portfolio Tom Haugomat, le vide à moitié plein

46 MusiquE Le NAME (10e édition),Woods, Beck, City Sonic, la tournée des iNOUïS, Sinkane, Sohn, Azealia Banks, Tuxedomoon, Tunng, We will folk you, Poulpaphone

68 cinéMa Les Gens du Monde, Sils Maria, Un homme très recherché, P’tit Quinquin

Design September, Celine Vahsen © Denereaz

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L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement.

Nepasjetersurlavoiepublique.

Let’Smotiv Nord & BeLgique28 rue fraNçoiS de BadtS - 59110 La madeLeiNe - f -

tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Let’smotivNord&BelgiqueestéditéparlaSarll'aStrolaB*[email protected]'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

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oNt coLLaBoré à ce N° : thibautallemand,Françoisannycke,ElisabethBlanchet,rémiBoiteux,JulienBourbiaux,MadeleineBourgois,JulienCollinet,MathieuDauchy,MarineDurand,ElsaFortant,tomHaugomat,FlorianKoldyka,raphaëlNieuwjaer,oliviaVolpietplussiaffinités.

w w w. l M - M a g a z i n E . c o M

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rédactioN : [email protected]é[email protected]é[email protected]

directioN artiStique / graphiSme : CécileFauré[email protected]

couverture : Hors-pistes ©tomHaugomat/éd.thierryMagnierlespetitestruffes.blogspot.frtomhaugomat.tumblr.com

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réSeaux Sociaux : SophieDesplat

impreSSioN : ImprimerieMénard31682 Labège

diffuSioN : C*rED(France/Belgique) ; Zoomonart(Bruxelles)

flash info Nouveau site webNouvelle adresse postale

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pour touS LeS viNyLeS du moNdepour touS LeS viNyLeS du moNde

Pourquoi les disques ? 40 ans de thérapie n’ont pas répondu à cette question. Zero Freitas, 62 ans, collectionne les vinyles depuis son plus tendre âge. Ce magnat du bus brésilien en possède des millions qu’il stocke dans un entrepôt de 2 500 m2, à Sao Paulo (sur cette photo il pose sur l’une de ses nombreuses palettes). Une armée de stagiaires est chargée de chiffrer son butin et de le numériser tandis que ses équipes d’acheteurs sillonnent le monde à la recherche des précieuses galettes. Et Zero veut l'infini (et au-delà) !

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eard Pile-poil à la mode, Pierce Thiot publie

sur son blog de nombreuses photos d'une barbe fourre-tout. Au départ, ce directeur artistique californien amusait les enfants de sa famille en stockant un maximum de stylos sous le menton. Désormais tout y passe : noeuds papil-lon, bonbons, spaghettis et même, ici, des allumettes en feu. De quoi faire son marché sans se raser. (Voir aussi notre sujet p.22). willitbeard.tumblr.com

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Sans filet à Leffrinckoucke, Nicole Vanzinghel décortique les crevettes grises plus vite que son ombre. Un sport incongru qui a même son cham-pionnat international. Et la star indétrônable depuis 8 ans a réalisé une belle perf : en 10 minutes, elle est venue à bout de 141 g de fruits de mer, éclipsant ainsi ses 119 concurrents. Qui l’eût cru (stacé) ?

✪ Le BLueS du jeaN ✪On l’a tous : ce jean troué, décoloré à force de lavages et qu'on tarde à recycler. Tobias Juretzek a trouvé une solution : immortaliser ces pièces fétiches sous forme de tables ou de chaises personnali-sées. Le designer allemand revendique un mobilier origi-nal, respectueux de l’envi-ronnement mais surtout porteur d’une histoire. Pour 699 € (!) on peut s’asseoir sur ses souvenirs ou dîner dessus. Un tarif qui invite immédiatement à confier ces vêtements à d'autres (bonnes) œuvres.www.tobiasjuretzek.com

Comment fabriquer un masque à gaz avec une bouteille en plastique ? Ou s’enchaîner à un poteau sans se faire mal ? C'est ce que pro-pose le très sérieux Victoria and Albert Museum de Londres à travers une centaine d'œuvres didactiques et décalées. Des badges antiracisme datant de l'apartheid aux billets de banque détournés par Occupy Wall-Street, l’exposition Disobedient objects souligne l’ingéniosité des « armes » du parfait petit révolutionnaire et leur apport au design. Jusqu'au 01.15, Londres, V&A Museum, 10h>17h45 sf ven. 10h>22h, Gratuit, www.vam.ac.uk

DésoBéissance, MoDe D'eMpLoi r

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Faut-il travailler plus pour... être reconnu ? Une société de management* répond à cette question en passant au crible la journée type de 26 grands artistes et penseurs. Leurs « Daily Routines » sont divisées en six activités. L’occasion de vérifier qu'il n’y a pas de règles pour passer à la postérité : Voltaire et Kant planchaient respectivement dix-huit et une heure par jour.

Notre exposition préférée depuis ce début d'année a battu un record d'affluence au Palais des Beaux arts de Bruxelles. Avec As Sweet as it Gets, rétrospective d’une centaine d’œuvres (pein-tures, dessins, films), le Gantois

Michaël Borremans a fait mieux que Frida Kahlo ou El Greco ! Signe d’un attachement du public à l’art contemporain belge, mesurable à l’aune des 9 000 "likes" recueillis sur Facebook.

+de 140 000 visiteurs

Oups ! Sur cette photo qui promeut la 5e sai-son de Downton Abbey, une bouteille d’eau en plastique trône fièrement sur la cheminée. Bel anachronisme pour la production de cette série britannique censée nous plonger dans l’aristo-cratie anglaise du début du xxe siècle. Evidem-ment, la bourde a été raillée par la presse et les réseaux sociaux. Beaux joueurs, les membres de l’équipe ont publié un cliché où ils posent avec l’objet du crime en main, relayant une campagne pour un meilleur accès à l’eau po-table. Ou comment retourner une gaffe sans boire la tasse. www.itv.com/downtonabbey

hiStoire d'eauhiStoire d’eau

*Infographie réalisée par la société Citrix, à partir de l'ouvrage de Mason Currey Daily rituals : How Artists Work (2013) - https://podio.com/site/creative-routines

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24 heures Chrono

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La graine et le muretTexte & photo ¬ Julien Collinet

« Savez-vous planter les choux, à la mode de chez nous ? » non ? eh bien maintenant, on les plante sur les toits, les friches et même au coin de la rue… si le xxe siècle a consacré l'habitat urbain, désor-mais, la tendance est bien au vert dans les villes où l’on voit pousser toutes sortes de jardins et de potagers. De Bruxelles à Lille, ils sont nombreux à montrer que l’agriculture reprend ses droits dans la cité. prenons-en de la graine.

En ce matin d’été, le soleil tape fort sur le toit de la Bibliothèque Royale de Belgique. Le vent fait frémir les feuilles de plants de carottes tandis que se dégagent des odeurs d’herbes aromatiques et de tomates. Les nom-breuses tours environnantes nous rap-pellent pourtant que nous sommes en plein centre-ville. Ludivine profite de sa pause déjeuner pour faire ses courses. Avec 7€, elle repartira aujourd’hui avec quelques courgettes, du céleri, une botte de persil et d’éclatantes

bettes rouges. « Je viens une fois par semaine, les légumes sont frais, excellents, et pas plus chers que sur un marché » explique la jeune femme. Julien est lui bénévole pour l’associa-tion Potage-Toit, à l’origine du projet. Chaque semaine, il consacre une journée pour entretenir les plantes et accueillir les clients. « J’ai appris à jar-diner avec mon père » se remémore-t-il en semant du mesclun. Enfant, cette activité n’était pourtant pas des plus exaltantes, « mais en vieillissant, j’ai

reportage

LeS potagerS urBaiNS

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pris beaucoup de plaisir à remettre les mains dans la terre. »

DesauberginesenBelgiqueL’espace a été ouvert en 2012 par Filippo Dattola. Après des essais sur son propre toit il a trouvé ce lieu idéal : « C’est accessible, la surface de 120 m2 est importante et exposée plein sud. Avec la forte réverbération des murs il y a même presque trop de chaleur. on peut faire pousser des variétés que l’on ne voit habituelle-ment pas en belgique, comme des aubergines ou des poivrons ». En plus des particuliers, l’association approvi-sionne deux restaurants. « Mais très irrégulièrement, car cela exige une production au-delà de nos possibili-tés » tempère Filippo. Or la producti-vité n’est pas capitale. « L’agriculture

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« Les gens veulent reprendre en main leur

consommation. »

urbaine reste marginale et compli-quée d’un point de vue économique. en revanche l’aspect pédagogique est très intéressant. » Filippo sensibi-lise ainsi les visiteurs aux probléma-tiques du système agro-industriel et milite pour un maraîchage diversifié et raisonné.

UneproductionlimitéeL’association Le Début Des Hari-cots partage cette logique. Elle a accompagné la création de près de 70 potagers collectifs à Bruxelles. S’i l existe depuis longtemps des jardins ouvriers, ils étaient généra-lement réservés aux employés du rail « sans aucune dimension collective » souligne Fanny Pieman, en charge de ces jardins. « Ces potagers créent beaucoup d’échanges et de partage. Ils ne permettront jamais de nourrir toute la ville, mais on ressent une réelle prise de conscience et un désir de relocaliser l’économie. Les gens veulent reprendre en main leur consommation. » Malgré leur nombre important, la pérennité de ces jardins reste précaire. « Parfois, la sauce ne prend pas entre les différents jardi-niers, et la dynamique s’essouffle. La pression démographique est éga-lement importante et peut menacer ces espaces. » L’agriculture urbaine a toutefois le vent en poupe. Des pro-jets fleurissent dans la capitale. Ainsi, à Watermael-Boitsfort, la Ferme du chant des Cailles produit fromages, fruits et légumes en quantité intéres-sante. Alors qu’un impressionnant potager de 4 000 m2 devrait voir le jour en 2015 sur le toit des halles des... Abattoirs.

àvisiter/ www.potage-toit.be & www.haricots.org

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Guérillero potager

Dans une vidéo postée sur Facebook, on le voit jardiner autour d’un arbre bordant la rue Brûle-Maison, en face de la caF de Lille. encagoulé, il lance à des policiers, intrigués : « C’est le Front de Libération de la Pomme de Terre. On plante des patates messieurs ! Des armes d’alimentation massive »… une envie de se prendre le chou ? non. Julien pilette est un guérillero potager. rencontre en terrain connu.

Il crée des mini-jardins urbains un peu partout en ville. Au pied des arbres, sur des friches... Bref, il aide la nature à reconquérir la cité. Voilà un an que ce Lillois de 35 ans a initié le collectif « Guérilla potagère ». Le principe ? « Se réapproprier

de la terre dans les espaces publics pour y cultiver de l’alimentation locale et non marchande ». La municipalité le laisse faire, tant qu’il jardine des endroits non-entretenus et non-pollués.

MarketingaltermondialisteIl a découvert ce concept via le mouvement Incredible edible (Incroyables comes-tibles), lancé à Todmorden, une petite ville anglaise coincée entre Manchester et Leeds. En 2008, trois Anglaises y ont eu l’idée de transformer les espaces publics en potagers accessibles à tous. Un art de vivre qui a germé aux quatre coins de la planète. Jusque dans la tête de Julien donc, qui se définit volontiers altermon-dialiste. Ce qui ne l’empêche pas de maîtriser les codes de la communication. « Incroyable comestible, ça ne me plaisait pas. Je suis très marketing. Guérilla potagère, ça parle plus et ça me fait marrer ces deux mots qui se télescopent ». Un sens de la mise en scène et de la formule qui lui a valu de s’attirer les faveurs des médias nationaux (TF1, M6). Depuis il a créé un blog et ouvert une page Facebook qui compte désormais un peu plus de 500 dangereux guérilleros prêts à en venir aux mains. Vertes, bien sûr.

www.guerillapotagere.org & sur Facebook: Guérilla potagère à Lille

Texte ¬ Julien Damien

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« il n’est pas nécessaire de posséder la terre en

propriété pour en recueillir les bienfaits.

une jouissance précaire peut suffire à les procurer. »

Jules-augustelemire(1853 - 1928)

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D’oùvientleconceptdujardinpartagé?C’est une invention de philanthropes et d’hygiénistes allemands du xixe siècle qui se sont occupés de la classe ouvrière des centres-villes alors dans un grave état de misère, tant sur le plan du loge-ment que de la nourriture. L’abbé Lemire a repris en France cette invention du docteur Schreiber, mais de manière plus humaniste, car son prédécesseur était en même temps l’auteur d’un manuel de dressage des enfants assez redou-table. L’abbé Lemire était quelqu’un de

cela fait quelques années qu’on assiste à un « boom » de l’agricul-ture urbaine. Mais tout cela est-il vraiment nouveau ? où cette ten-dance prend-elle ses racines ? Françoise Dubost, sociologue et di-rectrice de recherche honoraire au cnrs, nous propose un retour au xixe siècle, au bon vieux temps des jardins ouvriers de l’abbé Lemire.

fraNçoiSe duBoSt

Propos recueillis par ¬ Julien DamienPhotos ¬ Julien Damien / Nicolas Pattou

à la racine

interview

beaucoup plus sympathique, considéré comme un homme éclairé.

Quelleétaitleprojetdel’abbélemire? En tant que député (ndlr : d’Hazebrouck), il défendait une loi qui devait permettre à toutes les familles d’avoir un toit mais aussi un lopin de terre pour se nourrir. Face à l'opposition d'une assemblée à l’époque à majorité très conservatrice, il a fondé cette œuvre des jardins ouvriers, La Ligue Du Coin De Terre Et Du Foyer , comme une solution provisoire.

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effacer leur passé prolétaire), avant de délaisser ces terrains.

àquelpoint? On n’a pas de chiffres précis, mais on estime que les 9/10e ont disparu dans les années 1950-60. L'urbanisation est alors en plein essor. Ces lopins de terre qui appartenaient à des collectivités publiques, ont été repris par des promot-teurs pour construire des logements, des parkings, des hôpitaux, etc.

« avec ces jardins, les habitants retrouvent un contact

avec la nature et le goût du partage. »

Commentvaévoluercetteidée? La Ligue Du Coin De Terre Et Du Foyer continua à créer des jardins relayés par les sociétés de Saint-Vincent de Paul. Dans les années 1920, les grands patrons qui ont compris l'intérêt de la démarche construisent de plus en plus de lotissements autour de leurs usines. Puis, la crise économique va tout accé-lérer. En résumé, c'est un concours, soit associatif, soit patronal ou des collec-tivités locales, qui a permis le dévelop-pement des jardins ouvriers. Il connaît même un pic pendant la guerre, car l’état s’en mêle pour la première fois.

lePoteaurose(Villeneuved’ascq,quartierPontdeBois) : Jardin communautaire fondé en 2007 est composé d’espaces verts (5 800 m2) et d’une parcelle de 1 300 m2 mise à disposition des habitants du quartier.

Dequellemanièreintervient-il? Sous Vichy, cela colle extrêmement bien avec la devise "travail, famille, patrie". Sachant qu'on est en pleine crise de subsistance, l’Etat promulgue une loi qui encourage et protège les jardins ouvriers. Cette caution de Vichy pèsera d'ailleurs au lendemain de la guerre sur le sort de ces jardins. Avec le retour de la prospérité durant les Trente Glorieuses, on privilégie l'appellation jardins fami-liaux (à jardins ouvriers : comme pour

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Dequanddateleurretourengrâce? Dans les années 1990 apparaissent les jardins dits partagés. Ils viennent des Etats-Unis et du Canada. Ce sont les community gardens qui sont nés à l’initiative d’une artiste new-yorkaise, Liz Christy, qui jetait des bombes de graines par-dessus les palissades pour faire fleu-rir les friches.

Quelle est l’idée de ces communitygardens?De permettre à des gens de la ville de retrouver le contact avec la terre et en même temps de créer du lien social dans le quartier. En France, on investit les friches et on assiste à des initiatives spontanées, associatives qui ont des appellations multiples : jardin commu-nautaire à Lille, jardin citoyen à Lyon, jardin solidaire dans le Sud-Est, etc.

assiste-t-onaujourd’huiàun«boomdel’agricultureurbaine»?Oui. Mais, à mon avis - je suis peut-être pessimiste – il y a une réelle récupéra-tion de ce mouvement citoyen par les professionnels. En vieille soixante-hui-

tarde que je suis, cette qualité auto-gestionnaire me plaisait beaucoup. à l'heure actuelle, la tendance maîtresse des architectes est à la densification pour lutter contre l’extension infinie de l’habitat pavillonnaire. Et tous ces petits bouts de terrain dispersés dans la ville, ça ne leur plaît pas. Des agronomes, paysagistes et architectes rejettent toute forme d'agriculture urbaine, en prétextant qu'elle ne résoudra pas les problèmes d’alimentation. C'est bien vrai, mais ce n’est pas fait pour ça ! Avec cette forme de culture, les habitants cherchent à retrouver le contact avec la nature et le goût du partage.

àlire/ Les Jardins ordinaires (éd. L’harmattan – 1997, 174p.)

Jardinsfamiliaux(Wambrechies,quartierStMathieu): Créée en 2011, cette association gère 27 parcelles de jardins familiaux.

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Texte ¬ Marine Durand - Photos ¬ DR / The Bluebeards Revenge, Thiers-Issard, Herold

Depuis que la barbe s’est découvert une nouvelle jeunesse sur les mentons encore frais des citadins branchés, les « barbers » à l’ancienne investissent les rues des métropoles, offrant à ces nou-veaux adeptes du poil bien plus qu’un simple passage à la tondeuse. L’occasion pour la rédaction de frapper à la porte de deux salons : à notre droite, une institution bruxelloise, qui perpétue avec amour la tradition familiale, à notre gauche, une jeune enseigne lilloise appartenant déjà à l’élite des barbiers français. rencontre avec ces experts pas rasoirs.

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Le match des barbiers

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34 rue de la Barre, Lille www.facebook.com/LatelierDuBarbier

Ouvert en décembre 2012, l’Atelier du Barbier pourrait faire office de nouveau venu sur le marché florissant des coiffeurs-barbiers. Derrière les authentiques fauteuils années 70 de ce salon du Vieux-Lille, on trouve pourtant deux associés expérimentés et au couteau bien affûté : Mélanie Descamps et Valéry Rémy ont travaillé pendant 20 ans comme maîtres barbiers dans différentes enseignes lilloises avant de monter leur affaire. En vrai amoureux de la barbe, Valéry (qui arbore un men-ton joliment fourni) manie shavette, coupe-chou ou tondeuse à l’envi, et suivant la demande du client. « tous les outils sont bons, il suffit de s’en servir à bon escient ». C’est peut-être cette maîtrise (l’homme utilise des rasoirs depuis l’âge de 14 ans) qui a conduit le salon à intégrer le classe-ment des dix meilleurs barbiers de France, réalisé par le magazine GQ en 2013. « Une belle surprise » commente le co-gérant, entre deux rasages. Il faut dire que depuis l’ouverture, l’espace intimiste, esprit rétro « mais surtout pas poussiéreux », ne désemplit pas. Les habitués ont suivi le duo. Les hipsters viennent, de plus en plus jeunes, pour le service barbier et restent pour se faire coiffer, ou simplement pour papoter, ambiance the barber (2001) des frères Coen. Pas avare de conseils, Valéry recommande

à ceux qui débutent avec une petite barbe « maison » de s’armer d’un peigne en corne, de ciseaux fins et de beaucoup de patience. Mais de pousser les portes d’un pro passés 9 cm de long. « Même moi, je ne me taille pas la barbe tout seul », sourit le patron.

Lille

L'atelier du Barbier

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137 avenue Louise, Bruxelles www.salon-rodolphe.be

« Je suis coiffeur pour hommes et barbier, fils de coiffeur pour hommes et barbier », annonce fièrement Rodolphe Leprovost, à la tête d’un salon

réputé en plein cœur d’Ixelles. Au sein de cet espace lumineux dans les tons taupe et crème, le décor est planté : ici, poils et cheveux sont une

affaire de famille, qu’on se ferait un tort de négliger. Formé à Cannes puis passé par Paris, ce quadragénaire énergique a posé ses rasoirs et blaireaux

dans la capitale belge il y a 16 ans. Soit bien avant que le menton velu ne re-vienne en grâce chez une jeune génération adepte des chemises à carreaux et bonnets colorés. « J’ai toujours eu de la clientèle, c’est plutôt la demande qui a changé : je fais de moins en moins de rasage classique et plus de taille de barbe », confirme Rodolphe, qui aime conseiller ses gentlemen de clients. « Je suis là pour les guider au niveau du style, corriger certains détails du visage. C’est ma vocation, et ce qui me distingue de mes concurrents. » Serviette chaude, huile essentielle d’eucalyptus, savonnage au blaireau, rasage à la shavette (« pour la précision ») puis massage pour adoucir la peau, l’entretien des barbiches et autres favoris se pratique dans les règles de l’art. Et sur des fauteuils de barbier Belmont, « un clin d’œil vintage », note le patron. Du côté du coin boutique, les inconditionnels trouveront d’ailleurs tout l’attirail pour reproduire le rituel à la maison. Avec un set siglé « Rodolphe barber », pour un rasage (forcément) au poil.

salon rodolphe

Bruxelles

Le coupe-chouaussi appelé « cou-

teau », le rasoir droit à l’ancienne dispose d’une lame

qui se rentre dans la chasse (ou le manche). c’est l’instrument vintage par excellence, qui nécessite de l’entretien : un affilage à l’aide d’un « cuir sur tendeur » avant chaque rasage, et un aiguisage sur une pierre une à deux fois par an.

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Petit précis de vocabulaire capillaireLa shavettesoit un coupe-chou à lame amovible. plus pratique car elle ne nécessite pas d’affilage, la shavette est souvent jugée plus hygiénique (on en change à chaque client) par les barbiers.

La pogonotomievous l’ignoriez peut-être, mais l’art de se tailler la barbe à un nom. le terme a été inventé par le maitre cou-telier parisien Jean-Jacques perret, auteur du traité La pogonotomie ou l’art de se raser soi-même, en 1769.

BBsl’une des abréviations les plus populaires sur les fo-rums est le BBs, pour « baby butt skin » (voire « baby butt smooth), qui s’utilise pour parler d’un rasage parfait, laissant la peau « douce comme un cul de bébé ».

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le26 typologie

« Premier rasage au CC hier, avec mon Dovo SR. Résultat : quasiment BBS !* » si vous n’avez rien com-pris à cette phrase, c’est que vous n’avez pas encore osé traîner votre souris du côté du coupe-chou club, un forum d’initiés complète-ment accros au rasage à l’ancienne. rassemblant des centaines de membres actifs, le « club de ceux qui se rasent comme les cow-boys » regorge de conseils, tutos, et références culturelles pour les débutants qui hésitent à se lancer, et pour les confirmés qui veulent échanger leurs anecdotes ou faire leur marché. attention avant de vous y risquer : la passion du coupe-chou a l’air très contagieuse.* dovo (marque allemande) / Shave Ready (prêt à raser) / Baby Butt skin »

à visiter / coupechouclub.cultureforum.net

Bienvenue au coupe-chou club Sélection

CoFFrEtDEraSagEPlISSoN“BlEUNUIt”, 80,27€, en vente sur blaireauxplisson.com☛ du Made in France !

lESFaVorIS (Aussi appelés pattes ou rou-flaquettes) : une assez longue touffe de poils sur chaque joue, tandis que menton et moustache sont rasés. Elvis si tu nous entends.

laBarBEàl’IMPérIalE

Peu connue car peu portée aujourd’hui, une barbe qui tient son nom du dernier empereur des Français, Napoléon III. Soit une barbiche assez longue et une moustache fournie aux extrémités relevées.

lEBoUCoU«goatIE»Composé d’une barbiche et d’une moustache (les joues sont rasées), très en vogue dans les années 90, notamment dans les milieux artistiques et sportifs.

laBarBICHEUne touffe de poils sous le menton. Lorsqu’elle est courte, on l’appelle barbichette. Je te tiens, tu me tiens…

THe Book of Beards, de Justin James Muir (éd. Justin Jales Muir) 125p., 18,50€

DVD : Les IncorrupTIBLes, de Brian de Palma, avec Robert De Niro, Kevin Costner, Sean Connery, 9,99€.☛ Scène de rasage au coupe-chou culte avec Robert De Niro/Al Capone.

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typologie (non exhaustive) des tailles de barbe

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société

Texte & photo ¬ Elisabeth Blanchet

to leave or not to leave, that is the (scottish) question

lE dilEMME dE l'indépEndancE

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Phone box on Harris, Outer Hebrides .

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soc

iété

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c'est sur le champ de bataille

économique que se livre le

principal combat.

« David bowie est l'archétype de l'Anglais. Il représente l'empire et tout ce que

nous voulons changer », explique Peter Gillies, 33 ans, ar-tiste de Glasgow. Une opinion très répan-due dans le milieu culturel et artistique local. « Même Stuart Murdoch, le chanteur de belle & Sebastian, vient de virer sa cuti pour le "Yes" », pour-suit Peter. Alors qu'en février, les statis-tiques donnaient en-core le "No" gagnant à 70%, il semble que l'imminence du référendum rapproche les deux camps. « à mon avis, tout se décidera au dernier moment », assure Matt Bruce, représentant du Labour Party

sur l'Ile de Lewis. Pourtant l'idée d'une séparation écosse / Royaume-Uni est dans l'air depuis des décennies, voire des siècles ! Depuis 1997 et l'arrivée

des travaillistes à la tête du Royaume-Uni, l'Ecosse a gagné en autonomie et inauguré son propre Parlement à Edimbourg en 1999. « traditionnellement travail l iste, le pays est devenue majori-tairement SnP (Scot-tish National Party) en 2011 et c'est un peu dans la logique des choses qu'Alex Sal-

mond, chef du SnP (centre gauche), a demandé à Westminster (ndlr : le parlement britannique) l'établissement d'un référendum sur l'indépendance », explique Matt.

en février dernier, David Bowie recevait le Brit award du meilleur musicien britannique. en son absence, c'est Kate Moss qui se char-gea de récupérer le trophée. et de lire la déclaration du créateur de Ziggy stardust : « Scotland stay with us ! » (« écosse, reste avec nous ! »). une parole inattendue qui alertait le monde entier sur l'avenir de ce pays de près de 5,3 millions d’âmes. Le 18 septembre, ses habitants voteront en effet pour ou contre son indépendance. ce scrutin d'auto-détermination mettra-t-il fin à trois siècles de rattachement à l'an-gleterre? Les sondages prédisent que non, mais l'écart se resserre. rencontre avec des artistes fervents défenseurs du "Yes".

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Yes Scotland sign in Stornoway, Isle of Lewis, Outer Hebrides.

Artist Peter Gillies at home, Glasgow.

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lenerfdelaguerreMais pourquoi se détourner de la cou-ronne britannique ? « on en a marre que Londres prenne toutes les déci-sions pour nous, je pense que c'est légitime que nous ayons notre propre gouvernement. Pourquoi est-ce que Westminster continuerait à décider de la redistribution des richesses ? » s'insurge Peter. Un avis que partage

son confrère photographe Alan Mc-Credie : « L'écosse a le potentiel pour être très riche, notamment grâce au pétrole. Mais au lieu de réinvestir l'argent dans une fondation au profit de notre société comme le font les norvégiens, Londres l'a investi dans des guerres illégales et des armes nucléaires... ». Ainsi, c'est moins sur un terrain idéologique que sur le champ

La question Disposant déjà d’une relative autonomie

(un gouvernement, un parlement, des équipes sportives nationales distinctes…), l’écosse peut

désormais aspirer à une totale indépendance. en cas de victoire du "oui", un nouvel état serait créé,

qui déciderait de sa langue, de sa monnaie, de son hymne, de l’exploitation de ses ressources naturelles, ou encore de son appartenance à l’union européenne.

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de bataille économique que se livre le principal combat. Et c’est bien la pauvreté et l’écart entre les riches et les pauvres qui révoltent ces artistes. Mais une Ecosse indépendante serait-elle vraiment plus prospère ? Quid des retraites, des services publics, des logements sociaux ? C'est aux indé-pendantistes, avocats de la rupture, qu'incombe le fardeau de la preuve. « L'écosse indépendante serait le 14e pays le plus riche au monde ! ne vous laissez pas abuser par ceux qui prétendent que nous n'avons pas les moyens de nous offrir notre liberté ! » a récemment déclaré Angela Constance, ministre écossaise chargée de la For-mation et de la Jeunesse.Et Peter de surenchérir : « Je suis conscient que cela prendra du temps et n'aura pas d'effet immédiat d'un point de vue pécuniaire, mais ça vaut la peine pour les générations à venir ».

readyornot?Si la campagne du "Yes" est omnipré-sente - à l'image du National Collec-tive qui tourne dans toute l'écosse à l'occasion du Yes Festival, celle du "No" en revanche semble inexistante. Les bureaux de better together sont diffi-ciles à trouver et l'accueil est à la limite de la politesse britannique... D'ailleurs, son porte-parole fait clairement com-prendre qu'il est impossible de rencon-trer un acteur culturel écossais pour le "No" et qu'il se fiche de répondre à la presse internationale. En regret-tant tout de même que la campagne de better together soit si peu visible, voire catastrophique... « Il est pourtant

Yes Scotland sign in Stornoway, Isle of Lewis, Outer Hebrides. Yes

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capital de mettre en avant nos idées, pour mieux souligner que les repré-sentants du "Yes" n'ont pas vraiment de programme... ». Peter Gillies lui retourne gentiment le compliment, les supporters de Better Together, manqueraient d'arguments forts, se contentant de reprocher à leurs adversaires de vouloir créer un paradis socialiste. « Ils redoutent surtout le changement » ponctue

Labour Party member holding the No badge.

Petergillies: www.gilliesart.comalanMcCredie: www.100weeksofscotland.comtheNationalCollective:nationalcollective.comyesScotland: www.yesscotland.netBettertogether: bettertogether.net

notre hôte. Alors, changer pour le meilleur ou pour le pire, ou rester dans l'Empire ? Telle est la question qui est posée aux écossais ou résidents écos-sais. Réponse le 19 septembre.

au suivant ?Les écossais ne sont pas les seuls à réclamer leur autodétermination

cette année. un référendum aura lieu le 19 novembre sur l’indépendance de la catalogne. et le parti belge indépendantiste nVa (nouvelle alliance Flamande), qui a obtenu des scores exceptionnellement

élevés aux municipales et aux européennes de 2014, réclame lui aussi l’indépendance de la Flandre. selon plusieurs observateurs de la vie politique en europe, ces processus témoignent d'une déception par

rapport à l'union européenne.

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De larges espaces blancs, des personnages sans visage et une palette de couleurs restreinte. Le style de Tom Haugomat est reconnaissable au pre-mier coup d’œil. On est d’emblée frappé par le contraste entre le mini-

malisme de ses dessins et leur force narrative, la puissance des émotions qu’ils dégagent : mélancolie, nostalgie, mystère... Le vide qui emplit ses illustrations est un appel au sens. « J’aime qu’on puisse interpréter mon image, y projeter ce qu’on veut. Je laisse place à l’imagination », explique ce Parisien de 29 ans. Sorti de l’école des Gobelins en 2008, Tom Haugomat s’est d’abord fait connaître en réa-lisant avec son camarade de promo, Bruno Mangyoku, un film d’animation, Jean-François (2009, Arte). Ce n’est qu’en 2012 que l’illustration s’est imposée à lui. « Pendant longtemps j’ai cherché des codes pour les yeux, le nez, les expressions, mais sans parvenir à trouver ce qui me plaisait ». Le déclic est venu lorsqu’il s’est mis à croquer ses proches en gommant leur figure. « Paradoxalement, ils dispa-raissaient dès que je dessinais leur visage ! en l'absence de ces traits, ils étaient tout de suite reconnaissables ». Le reste est une histoire de jeu : « Il s’agit de don-ner le plus de profondeur avec le moins de couleurs possible. C’est ludique, une contrainte très créative ». Tom Haugomat dessine essentiellement sur ordinateur, en superposant les couleurs via une palette graphique. En parallèle de ses projets de films, il travaille pour la presse (XXI, Le Monde) et l’édition pour enfants. à Marche ou rêve (2012, CMDE), succèdera début octobre Hors-pistes (éd. Thierry Magnier), dont sont publiés ici des extraits. Ce livre est le fruit d’une collaboration avec Maylis de Kerangal (réparer les vivants, 2014) qui s’est inspirée des images de ce conteur d’histoires sans parole pour y projeter son propre récit. Et vous, qu’y voyez-vous ?

tom haugomatà visage découvert

àvisiter/ lespetitestruffes.blogspot.fr & tomhaugomat.tumblr.comàlire/ Marche ou rêve (2012, CMDE) et bientôt Hors-pistes (éd. Thierry Magnier)àvoir/ nuisible de Tom Haugomat et Bruno Mangyoku (2009, prod. Les Films d'Avalon)

Texte ¬ Julien Damien

àlire/l'interviewdetomHaugomatsurwww.lm-magazine.com

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Illustration pour la revue Citrus.

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Hors-pistes, éd. Thierry Magnier.

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Deux diptyques pour l'exposition ENDGAME à la gallery 33 à Amsterdam.

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Tu te souviens ? Quand on s'est rencontrés il y a 10 ans et que tu n’étais encore qu’un tout petit festival ? Ta maman Art Point M se remettait à

peine de ta naissance quelque part entre la Braderie de l'art et Lille 2004... Tu n'en faisais qu'à ta tête : des soirées club, mais aussi de l'art

électronique, des performances… et on peut dire tu ne t'es pas assagi en grandissant.

on dira ce qu’on voudra, mais avant, pour danser, il fallait migrer en Belgique. après la fièvre de Lille 2004 et ton Labo Factory le clubbing s'est bien installé dans la région. Tu as posé tes meubles au Tri Postal et à l'époque, tu accueillais des projets multimedia hors-norme ! Mais si,

rappelle-toi : Messa di Voce, sphèraléas, ou encore ce lapin rose géant, et toutes ces soirées d'électro minimale. ça a duré quelques éditions, et puis

tu as trouvé un autre terrain de jeux. à la gare St Sauveur on a eu droit à de grandes expositions, qui

coûtaient assez cher m'as-tu dit ! Voilà pourquoi tu t'es concentré sur le travail de fanny, l’artiste de la bande. avec « Soyez les bienvenus »,

elle est revenue sur son histoire familiale, interrogeant la notion d'exil au passage, et toi tu nous a montré les migrants de calais, d'agadez, de castel

Volturno. des sujets brûlants que tu as traités sans donner de leçons. ça plaît, ça ne plaît pas, ça déroute en tout cas. et c'est tout toi : entier et subjectif. dans la foulée, tu nous as présenté le philosophe Yves Michaud, et tu as fait jouer carl craig, ebony Bones et Buraka som systema. sans oublier ces masterclasses Ableton où tu apprends au public à mixer

et à composer ses propres morceaux ! après le Tri postal, tu as investi la Condition Publique, puis tu a défriché

la Tossée, une zone industrielle sans électricité… quelle galère... et maintenant que c'est devenu confortable, tu penses à déménager... et la suite ? Bah, tu as bien le temps de voir. enfin, je voulais te le dire :

naMe, tu as bien grandi, mais tu n'as pas vraiment changé. et c’est tant mieux.

Cher NAME,

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Dossier réalisé par ¬ Olivia Volpi & Nicolas PattouPhotos ¬ Maxime Chermat

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Votre plus grande fierté ?D'avoir 10 ans ! Et puis l'accueil du NAME au sein de la fédération internationale Deconcert ! Aux côtés des Eu-rokéennes, des Vieilles Charrues, des Nuits sonores…

L’édition la plus difficile à monter et pourquoi ?

La première édition à la Tossée : un immense nettoyage, la mise aux normes… des semaines de chantier !

Le caprice d'un artiste ? (donner au moins ses initiales)

Le plus lourd : « FK » qui a fait enlever les tranches de jambon de son sandwich à la jeune fille de l'équipe du festival chargée de l'accompagner. No comment.

A contrario, le plus cool, c’est qui ? Ellen Allien, Laurent Garnier, Superpitcher, Andrew Weatherall, Tale of Us, Radio Slave … Les artistes de talent sont souvent les moins chiants.

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Votre plus grand regret ou peine ?Le décès tragique de DJ Mehdi.

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Dix éditions, dix questions. De celles qui brûlent les lèvres et qui appellent des réponses

atypiques. Quel est l’artiste le plus capricieux ? L'édition idéale ? Quelles attentes ? L’équipe du naMe s’est prêtée au petit jeu.

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© Maxime Chermat

La plus grosse ambiance ?Tale of Us l'an dernier, Laurent Garnier en 2010 et Nicolas Jaar en 2012.

La plus forte affluence ?

Depuis que le NAME s'est installé pour ses deux nuits à la Tossée.

La personne que vous ne vous attendiez vraiment pas à voir sur le dancefloor ?

Le président du Conseil Général du Nord en visite officielle et qui se promène seul de salle en salle.

Le NAME ultime que vous aimeriez monter ?

(Où ? Quand ? Et avec qui ?)

Dans une grande ville, sur des scènes de toutes tailles et dans des lieux incongrus. En résumé, construire une ville électro pen-dant 2 ou 3 jours. Sans oublier un grand extérieur avec de l'herbe. Et à l'affiche : Ellen Allien, Laurent Garnier, Loco Dice, Andrew Weatherall, Nicolas Jaar, Brodinski, Damian Lazarus, Apparat, Ricardo Villalobos et Yvan Smagghe.

Une bonne raison de ne pas venir ? Une méchante gastro.

APM © Philippe Bousbib

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LOCO DICE,Pas le benjamin de l'étape mais certai-nement l'un des plus talentueux. Né à Düsseldorf en 1974, Yassine Ben Achour aka Loco Dice s'est d'abord illustré dans le hip-hop en tant que DJ, rappeur puis MC, en ouverture de show de Snoop ou Usher. Très vite, il poussera les BPM et domp-tera les foules à coups d'inénarrables sets tech-house dans les plus grands espaces de la planète.

TE,NNISItalien exilé à Berlin, Dj Tennis allie la science de la techno allemande à l'élégance de ses racines siciliennes. C'est aussi le fondateur de Life and Death, l'un des labels les plus passionnants du moment dont la figure de proue est Tale of Us. Il aurait réalisé des exploits en 2013, notamment au Burning Man ou au Panorama Bar. Vous n'y étiez pas ? Nous non plus... Raison de plus pour monter ici au filet.

TALE, OF USOn vous recommandait déjà ce duo tran-salpin le mois dernier. Matteo Milleri et Carmine Conte se sont fait la main sur des mixtapes repérées par Seth Troxler et le la-bel Visionquest. Puis ils se sont forgé une solide réputation, du Watergate à Berlin au DC10 à Ibiza, grâce à leur euphorisant mix house, nu-disco et pop-rock.

13.0922h>06hJulienElectrolibre,NyMa,MarcHoule,MagDa,aPM001Dunkerque, Le Kursaal, 10/6€ (prévente)

19.0918h>00h(NaMEbyday)BlaiseBandini,titoParallel,Song,Gratuit22h>06h(NaMEbynight)Matthusraman,MayaJaneColes,laurentgarnier,agoria,throbCircle,tennis,teenWalls,tallofUs,Mindagainst,PeoWatson,PachangaBoys,Ellenallien,recondite,Michael Mayer, 28/20€ (prévente)

20.0918h>00h(NaMEbyday)CED,Faraï,MissNoa, Gratuit22h>06h (NAME by night)B.a.g.a.r.r.E,Samtiba,Panteros666,2Manydjs,Brodinski,louisahhh!!!,DeivaetDJos,Clockworketavatism,MarcelDettmann,locoDice,DCSalas,reptileyouth,agentsoftime,apollinia,aPM001, 28/20€ (prévente)

Informations pratiques

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ces derniers mois, on a beaucoup évoqué Kevin Morby, respon-sable d'un premier album paru un chouïa trop tard pour figurer dignement dans les tops de fin d'année. tant pis. ce chef-d'œuvre folk donna l'occasion à beaucoup de se pencher sur le parcours de l'américain, autrefois bassiste de Woods. L'arbre qui mène à la forêt, en quelque sorte.

Et quelle forêt ! Luxuriant et accueillant, ce bois dont on fait les guitares abrite mille et une merveilles, dont les faux-airs antédiluviens ne sauraient cacher l'absolue contemporanéité. Certes, ces morceaux peuvent donner l'impression d'avoir été déjà entendus chez Neil Young, Bob Dylan ou le Jay Mascis acoustique. Bien sûr, il est difficile de renouveler un genre basé sur quelques cordes de nylon. Mais alors, à quoi tient le charme de la grosse poignée d'albums de Woods ? à l'inspiration – ces mélodies lumineuses. Et à l'exécution : simples mais jamais simplistes, limpides et jamais lapidaires, ces chansons prennent leur pleine mesure sur scène et sont por-tées par la voix d'enfant de Jeremy Earl. Ce dernier, et son alter-ego Jarvis Taveniere, incarnent les plus beaux héritiers d'une tradition toute américaine du folk électrifié et de l'indie rock. Héritier, mais pas usurier, Jeremy Earl est également tenancier du précieux label Woodsist, terre d'accueil de Blank Dogs, Pocahaunted, Ducktails, Real Estate, Thee Oh Sees ou encore Wavves – pour n'en citer que six. De quoi arpenter longtemps encore les chemins de cette forêt enchantée. thibaut Allemand

du Beau BouLeau

06.09, Bruxelles, Atelier 210, 20h30, 13/10€, www.atelier210.be20.09, Leffinge, Leffingeleuren, 45/38€, www.leffingeleurenfestival.be

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BecKLe blues rêche d'only Foot In the Grave (1994) chevillé au corps, pris dans l'étau du hip-hop et de la soul d'odelay (1996) ou revenu aux sources du folk sur Sea Changes (2002), Beck a nourri la pop moderne sans peur du grand écart. Derrière ces deux décennies de génuflexions, une constante : (se) surprendre. Dernier exemple en date, l'album Song reader (2012) n'est sorti que... sur par-titions. à l'ère du tout numérique, la pose ultime, en somme. D'ailleurs, sur quel pied danser devant un concert de Bek David Campbell ? Autrefois performeur agité, le Californien au visage diaphane se met davantage au service de ses chan-sons. Une attitude pudique peut-être inspirée par la présence du paternel David Richard Campbell, arrangeur de cordes et de cuivres sur Modern Phase (2014). Ambiance feutrée assurée. Suffisant pour nous clouer le bec ? Florian Koldyka

10.09, Bruxelles, Forest National, 20h, 45€, www.forestnational.be

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la tournéE dEs inouïs

Vous avez raté le Printemps de Bourges ? Pas grave. Cette année, c’est lui qui vient à vous, grâce à la Tournée des iNOUïS. Pour la première fois, le festival berri-chon s’exporte dans 5 grandes villes de France : Nancy, Lyon, Marseille, Bor-deaux et donc Lille. Le 30 septembre, le Grand Mix accueille les lauréats des iNOUïS 2014, ces jeunes talents que le festival déniche partout en France depuis 30 ans (Skip The Use, Les Têtes Raides) grâce au Réseau Printemps (ici, c’est l’association Dynamo qui fait office de tête chercheuse). Il s’agira de découvrir le rap hardcore de la Parisienne Billie Brelock, la pop-folk montréalaise de Mark Berube (prix du jury) ou encore l’électro-pop des Ange-vins de Thylacine. Frànçois & The Atlas Mountains (prix découverte 2011) fera office de parrain. Julien Damien

30.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 19h30, 10>7€, www.legrandmix.com

city sonicdepuis 12 ans le festival city sonic propose, à l’initiative de l’associa-tion transcultures et du Manège de Mons, une passionnante program-mation autour d’œuvres sonores avant-gardistes, interactives et toujours intrigantes. le parcours disséminé dans des lieux emblé-matiques de la ville du hainaut, comme le site des arbalestriers ou au sein des anciens abattoirs, transporte le spectateur dans une ambiance étrange et planante à la rencontre d’installations d’artistes belges et internationaux. des per-formances et concerts de Baudouin de Jaer ou de siegfried canto et Ma-gali desbazeille ont également lieu dans des jardins privés. Et comme de coutume, des ateliers d’initiation aux nouvelles pratiques audio sont proposés aux enfants. Julien Collinet

12>27.09, Mons, mar>dim, 12>18h, parcours gratuit, www.citysonic.be

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SiNKaNeLa grande sono mondiale. Une expression consacrée, un cliché bien usé, mais on n'a pas trouvé mieux pour décrire Sinkane, alias Ahmed Galleb. Débarqué gamin de son Soudan natal, le jeune homme fut aperçu der-rière les fûts de Yeasayer, Caribou, Of Montreal ou Born Ruffians. Signataire de deux albums aussi différents que prometteurs, Sinkane vient de publier Mean Love, troisième LP en forme de chef-d'œuvre. Ou comment faire cohabiter bossa nova, soul, reggae et clins d'œil à la country (cette steel guitar) en une douzaine de titres évoquant à la fois les racines et la transmission. Héritier de Curtis Mayfield (ce chant haut perché) et, dans une moindre me-sure, de la démarche de Taken By Trees (l'album other Worlds, 2012), Sin-kane pourrait bien devenir un artiste très, très demandé – et pas seulement pour son jeu de batterie. thibaut Allemand

12.09, Lille, La Péniche, 20h, 13/12€, www.lapeniche-lille.com13.09, Gand (Big next festival), Democrazy, 14h, 19/16e

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une flopée de jeunes artistes (James Blake, rhye, chet Faker), ap-porte un supplément d'âme à la musique électronique. parmi eux, soHn (fils en allemand) porte très haut le blues minimaliste des ordinateurs. signé chez 4aD (Bon iver, Beirut), celui qui faillit être comptable délivre sur scène des compositions d’une rare puissance. Né à South London, Christopher Taylor vit à Vienne depuis 2010, bien qu'il retourne régulièrement à Londres pour y réaliser ou remixer les enregistrements de figures montantes – Banks, Kwabs, Disclosure. Et il aura suffit d’un premier EP, the Wheel (2012), pour que l'Autrichien d’adoption séduise la critique et le public. Superposi-tion habile de boucles vocales, de basses et de rythmiques, ses plages introspec-tives sont pétries de soul et de rhythm and blues. Son premier long format, tremors (2014), a confirmé la dextérité de ce noctambule à transformer la mélancolie en ballades synthétiques et tourbillonnantes. « Métaphoriquement, j'ai imaginé Tre-mors tels des courants d'air frais » a-t-il d'ailleurs récemment déclaré. En dépit d'un processus de création reposant sur l'électronique, pas question pour SOHN de se produire devant un public avec des ordinateurs portables. Sur scène, il cultive le rapport physique à l'instrument. Et les sons plus chauds des synthétiseurs analo-giques conviennent mieux à son travail. Discret et timide, il apparaît souvent ca-mouflé sous une capuche et accompagné d'un trio de musiciens, bassiste et autres claviers. Une formation taillée pour une expérience sonore et visuelle. elsa Fortant

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20.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 12€/gratuit, www.legrandmix.com27.09, Anvers, Trix Muziekcentrum, 19h30, 20/17e, www.trixonline.be

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Les turpitudes d’azealia Banks accompagnent le glas de l’industrie musicale : même sans avoir publié son premier album, l’américaine de 23 ans est le dossier brûlant que se renvoient les labels. sorte de corinne charby actualisée version sauvage, Miss Banks est comme une boule de flipper.

Le single 212, rouleau compresseur de basses arrosées d’un texte gangsta (« bitch, the end of your lives are near ») portait, en 2011, les germes d’un futur prometteur… Et marquait une volonté farouche de s’installer au fond de la classe pour perturber le cours. Depuis, c’est davantage sur Twitter que sur les plateformes de streaming qu’on a aperçu Azealia Banks : hormis quelques reprises, d’Interpol (Slow Hands), des Strokes (barely Legal) et un EP millésimé 2012 (1991), nulle trace d’un long format à l’horizon. L’histoire avait pourtant bien débuté dans le giron du chic label anglais XL Recordings (Adele, M.I.A., The XX…), mais le contrat n'a pas résisté au tempérament de la New-Yorkaise, qui s’en est pris directement au patron. Avec l’argument "212", les majors se disputèrent alors la diva, très fière d’annoncer son arrivée chez Universal. Mais à nouveau très prompte à critiquer la politique maison. Récemment, la sauvageonne twittait son souhait de retrouver son premier label... Les frasques s’enchaînent, mais la colonne "musique" demeure bien vide. Reste à tester la crédibilité de la starlette sur scène, lors d’un show initialement prévu en avril. En espérant que son album ne fasse pas définitivement tilt. Mathieu Dauchy

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23.09, Gand, Vooruit, 20h, 26€, www.vooruit.be

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tuxedomooNIl faut remonter à septembre 2011 et l’Etrange Festival, à Paris, pour trouver trace de Tuxedomoon. Le groupe expé-rimental était alors sorti d’une pause de sept ans (!) pour une unique interpréta-tion live de la BO de Pink narcissus, le film érotico-gay du photographe James Bidgood. Eh bien l’expérience a donné une suite sous forme d’un album épo-nyme de 12 titres. On y retrouve le style (dépressif ?) caractéristique du quatuor californien : saxo, trompette et violon (la-mento, forcément) posés sur une basse façon Joy Division. Inclassable.13.09, Eeklo, N9, 21h, 17/14€

21.09, Louvain, Het Depot, 20h, 20/17/14€

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tunngpionniers de la folktronica, les lon-doniens de tunng s’étaient fait connaître en france avec le tube (quand même confidentiel) Bullets, sur l’album Good Arrows, en 2008. Mais cela fait 11 ans maintenant qu’ils expérimentent et jonglent avec les trouvailles synthétiques et instruments hétéroclites : coquil-lages (joués avec les orteils, s’il vous plaît), machines à écrire, boîtes à musique, etc. si Turbines, dernier bébé en date (2013), tire aussi sur la pop, il laisse toujours filtrer cette joyeuse mélancolie (Embers) si chère aux fondus de l’acoustique. 21.09, 18h, Louvroil, Espace Casadesus, 12/10/8/5€ (+ The Feather), www.espace-casadesus-louvroil.com

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Folk, neo folk, anti folk, folktronica... Ces appella-tions prisées des professionnels de la profession vous donnent le vertige ? N'ayez crainte, rien ne vaut les exercices pratiques pour découvrir un genre à l'origine si populaire. Profitez du tour d'horizon de la 4e édition de ce festival ! Il est emmené par la tendance bluegrass/country du Canadien Daniel Romano, les accents vintage du Duo Catfish, les voix mélancoliques de First Aid Kit ou le songwritting impeccable des Lillois de L'Hapax.

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25>27.09, Dunkerque, les 4Ecluses, Pass 3 soirées : 24>18€, 1 soirée : 10>7€, www.4ecluses.com Prog: Catfish, Daniel Romano (25.09) // First Aid Kit, Jo Rose (26.09) // Amen Dunes, Josephine Foster, L'Hapax (27.09)

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pouLpaphoNeLe festival boulonnais fête sa dixième édition ! La première en 2005 avait tout l'air d'un pari dans une agglomération qui ne dispose pas d'une réelle offre électro et rock. Jusqu'alors les artistes reconnus posaient systématiquement guitares et claviers à Lille, Bruxelles ou Dunkerque. Le Poulpa répare donc cette injustice, au moins une fois par an, avec une affiche éclectique. « notre volonté est de mélanger les styles pour contenter un grand nombre d'amateurs de musiques actuelles », confie Lisa Torres, programmatrice de l'évènement. En 2014, on retrouve donc des valeurs sûres (Kavinsky) et des révélations (Thomas Azier, protégé de Woodkid et crédité sur la production de trois morceaux de racine Carrée de Stromae) tandis qu’une deuxième scène s'offre aux talents made in Pas de Calais (Fools Ferguson). Une ouverture d'esprit récompensée par la fidélité des artistes : Triggerfinger, Fancy, Ez3kiel et Dj Pone rappliquent pour cet anniversaire. Le public est invité à souffler les bougies durant deux jours (10€ chacun !) dans les hangars de la friche industrielle du Garromanche. Un lieu idéal pour l'esthétique musicale de ce festival à taille humaine où vous pourrez d'ailleurs déguster quelques produits de la mer ! Clémence rolin

03 & 04.10, Boulogne-sur-Mer, site du Garromanche, 20h30, pass 1 j. 10€, www.poulpaphone.com Prog:Fools Ferguson, Fancy, Kadebostany, Pigeon John, Thomas Azier, Ez3kiel (03.10) // Rufus Bellefleur, Le Vasco, DJ Pone, Triggerfinger, Hollysiz, Kavinsky DJ set (04.10)

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plongée dans le service politique du Monde, au moment de la cam-pagne présidentielle de 2012. entre neutralité journalistique et nécessité d'affirmer une ligne éditoriale cohérente, le journal se cherche au quotidien, sur fond de passage à l'heure numérique.

d'yvesJeuland,avec Ariane Chemin, Raphaëlle Bacqué, Thomas Wieder,...Sortie le 10.09

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lEs gEns du MondE

On ne retrouvera pas ici les interminables travellings qui accompagnaient les grandes enjambées de Redford et Hoffman dans Les Hommes du président, ni une figure ou un journaliste au parcours atypique tel David Carr dans le documen-taire d'Andrew Rossi à la une du new York times. à l'instar de Nicolas Philibert dans son récent portrait de radio France, Yves Jeuland se plaît davantage à saisir, sans romantisme, la vie ordinaire de l'institution. Même le montage privilégie la pédagogie à la frénésie de l'information. Alors que la campagne présidentielle bat son plein, le film avance curieusement à un train de sénateur.

l'avenirduMondeLes questions soulevées n'en sont pas moins essentielles. Il s'agit d'abord d'enre-gistrer la mutation médiatique et politique provoquée par les réseaux sociaux. Et de mesurer l'emprise de la communication dans les débats. Du grand discours à la petite phrase, de l'analyse à la sentence, un rapport différent à la parole et à son statut s'invente aussi bien pour les journalistes que pour les politiques. Plus géné-ralement, c'est l'avenir du papier et le fonctionnement du numérique qui sont en jeu. Les Gens du Monde réussit ainsi à capter les tensions qui traversent le journal, particulièrement au moment de la question du soutien de François Hollande. Avec beaucoup de malice, Jeuland évite l'hagiographie. Il saisit les difficultés du métier avec modestie mais une grande justesse. raphaël nieuwjaer

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chaleureusement applaudi à cannes mais absent du palmarès, Sils Maria aurait mérité plus qu’une simple ovation. condensant ici plu-sieurs des thèmes déjà explorés dans son œuvre (le cinéma, internet, les dérives du star system), olivier assayas offre à son trio d’actrices une mise en abyme d’une incroyable richesse.

Il y a 20 ans, Maria Enders a incarné sur les planches Sigrid, jeune fille manipulatrice rendant folle d’amour une femme mûre. à la mort du metteur en scène et ami qui l’a révélée, la célèbre comédienne accepte de reprendre la pièce, mais en interprétant cette fois Helena, l’amante éconduite poussée au suicide. Avec son assistante Valen-tine, elle part répéter son rôle au calme, dans les montagnes suisses de Sils-Maria, mais découvre alors sur Internet les frasques de la jeune starlette américaine qui lui donnera la réplique. Impeccable en icône peinant à retrouver l’innocence de sa jeu-nesse, Juliette Binoche se retrouve pourtant éclipsée par la stupéfiante performance de Kristen Stewart. La justesse de cette dernière fait oublier les blockbusters alour-dissant sa filmographie (twilight), portant toute l’ambigüité de la relation entre les deux femmes. Elle transcende son rôle de répétitrice alors que s’inverse le rapport de force. Est-ce l’actrice, la femme, le personnage qui perd pied devant nos yeux ? Les frontières se brouillent, en même temps que descend sur la vallée l’inquiétant "serpent de Maloja", phénomène nuageux propre à la région de l’Engadine. Réflexion sur le théâtre, analyse de notre rapport au temps, Sils Maria assume son statut d’œuvre complexe, aux multiples niveaux de compréhension. Brillant. Marine Durand

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d’olivierassayas, avec Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Moretz… ENSallE

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un mystérieux clandestin d’origine tchétchène débarque à Ham-bourg, cette ville qui a abrité une cellule terroriste à l’origine des attaques du 11 septembre. torturé en russie, cet homme est l’héritier d’un général qui a fait fortune d’une bien étrange façon. Quel est son réel objectif ? Que cherche-t-il dans les milieux fondamentalistes ?

Les adaptations de John Le Carré se suivent et, heureusement, ne se ressemblent pas. Après une taupe pesante et maniérée en 2011, Un homme très recherché renoue avec un classicisme de bon aloi. Anton Corbijn, au style souvent appuyé (the American, Control), fait profil bas, laissant la place aux personnages. Et ceux-ci se révèlent, sous des dehors conventionnels, passionnants. Menée par Philip Seymour Hoffman (disparu depuis, et qui dessine ici un autoportrait en bourreau de travail), l'enquête sur ce jeune immigré progresse dans une zone où l'indétermination l'emporte sur la duplicité. Cet homme très recherché est-il une victime ou un extrémiste aux intentions meurtrières ? Une course contre la montre s'engage avec les services secrets occidentaux, mais les techniques d'espionnage révèlent quelques limites. raphaël nieuwjaer

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d'antonCorbijnAvec Philip Seymour Hoffman, Rachel Mc Adams, Grigory Dobrygin, Willem Dafoe...Sortie le 17.09

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PoUr - Bruno Dumont qui fait dans la comédie ? C’te blague. Il faut dire que le Bailleulois ne nous avait jamais vraiment taquiné les zygomatiques. Pourtant, P’tit Quinquin dézingue vite les a priori. La crudité, l’ultra-réalisme qui font la marque du réalisateur siéent à merveille au burlesque dont se pare ce Seven chez les ch’tis bien barré. Pas grand-chose n’a changé dans le fond : ces gueules du cru, ces paysages filmés façon toiles flamandes. Il en fallait fina-lement peu pour faire basculer le style dumontien dans l’humour. De celui qu’on retrouve dans le couple Delé-pine-Kervern ou chez Tati. La série doit justement beaucoup au personnage principal, mix entre Mr Hulot et Michel Simon, centre loufoque d’un univers tragicomique insoupçonné. Julien Damien

CoNtrE - à Cannes, la mini-série de Bruno Dumont avait suscité une vague d'enthousiasme. Le réalisateur de L'Humanité changeait de format, mais aussi de genre. Ce passage à la comédie serait, pour le cinéaste, une manière de "purger" son travail. Hélas, la lourdeur métaphysique et le souci un peu caricatural du contemporain déjà à l'œuvre dans Hadewijch ne prêtent jamais à rire. L'humour se construit presque exclusivement au détriment des personnages / acteurs. L'entre-prise vire à l'impuissance lorsque Dumont, pour perturber son écriture et rythmer ses scènes convoque des handicapés mentaux. évoluant sur le fil distinguant « rire avec » et « rire de », P'tit Quinquin penche, malgré quelques éclats de pure comédie, trop souvent du mauvais côté. raphaël nieuwjaer

deBrunoDumont, avec A. Delhaye, L. Caron, B. Pruvost, P. Jore, 18 & 25.09, Arte, 20h50 (4x52 min)

p'tit quiNquiNL’auteur de La vie de Jésus nous entraîne dans une enquête loufoque

au sein d’un village de la côte d’opale frappé par une série de meurtres trashs. Deux gendarmes pieds nickelés se débattent avec les affres du Mal sous le regard de p’tit Quinquin. et Bruno Dumont

fait une incursion risquée dans la comédie. a tort ou à raison ?

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s’il vous est déjà arrivé de fixer un sèche-mains avec une bizarre insistance, comme fasciné par ses courbes et l’ingé-niosité de son système à air pulsé, c’est que vous voyez la même chose que Delphine Vercautereun : « le design est par-tout autour de nous, tout le temps ». et ça fait longtemps que ça dure. à bien y regarder, depuis que l’Homo est habilis. « Les couteaux de la préhistoire, c’étaient déjà du design », nous dit la directrice du festival Design september.

Durant le mois de septembre et pour la 9e année, Bruxelles redevient ca-pitale européenne du design pour délivrer les petits secrets des objets, mais pas seulement : « on associe encore trop souvent le design à la chaise, à la table…on va essayer de le présenter tel qu’il est réellement : à l'échelle d'une petite cuillère mais aussi d'une ville, en nous intéres-sant au textile, au graphisme, à la typographie et à l’espace urbain ».

artetcommerceAu programme, plus d’une centaine d’événements (expositions, confé-rences, visites d’ateliers) dans les magasins, les musées et les institu-tions de Bruxelles ! La ville se mue en une "plateforme" où se côtoient des designers issus de Belgique et du monde entier, confirmés (Jean-François D’Or) ou émergents (Lucie Koldova, voir p.78). N’effrayons pas le néophyte pour autant : « on s’adresse aux professionnels mais aussi aux particuliers », note Delphine Vercauteren, qui mise avant tout sur "l’accessibilité" de cette discipline coincée entre le commerce et l’art. « on n’est jamais vraiment à 100% dans l’art quand on parle de design, il y a toujours un lien à l’utilité. Il permet de réaliser des objets qui améliorent notre quotidien ». Vous ne regarderez plus jamais votre petite cuillère de la même façon. Julien Damien

09.09>30.09, Bruxelles, gratuit (sauf conférence), www.designseptember.be

Le quotidieN réeNchaNtédEsign sEptEMBEr

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Des paysages abstraits d’où s’échappent des créatures oniriques et effrayantes (serpents, araignées), des formes organiques aux couleurs éclatantes… Les tapisseries de Kustaa Saksi dé-tonnent par leur psychédélisme et nous plongent dans un état hypnopompique. Le travail de ce graphiste finlandais s’inspire de cette phase de confusion sensorielle propre au réveil et parfois génératrice d’hallucinations visuelles (chez les migraineux). Exposés dans les serres du Bota-nique, ses textiles oscillent entre rêve et réalité (et réinventent l’expression « fumer la moquette »).

10>24.09, Le Botanique, lun>sam, 11h à 20h, (24h soir de concerts), gratuit, www.designseptember.be

Lucie KoLDoVa

Au-delà de la forme et de la couleur, le design est aussi une histoire de matière. Etonnant, ce canapé de Lucie Koldova a été entièrement conçu… en liège. Idéal pour les déménagements, certes, mais comment traversera-t-il le temps ? Cette jeune designer originaire de République Tchèque, spécialisée en meubles donc, mais aussi en luminaires et sculptures, privilégie les matériaux à base de bois et de verre. Et pousse les objets dans leurs limites physiques.

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the Fading of colours, the Agression (2002) Bic blue pen, 200 x 150 cm © Patrick Guns

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ce Bruxellois de 52 ans dénonce avec dérision la barbarie ordinaire du monde. La guerre, la peine de mort, le racisme ou l'immigration clandestine sont autant de sujets qui nourrissent une œuvre révoltée, corrosive mais toujours en empathie avec les victimes. Bref, patrick Guns fait de l’art avec du cochon.

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Comme s'il dansait en riant sur les ruines de l'humanité pour mieux lui rendre hommage, Patrick Guns trans-forme ses indignations en art. à tra-vers « I Know A Song to Sing on this Dark, Dark, Dark night », le MAC’s lui consacre sa première grande exposition monographique dans un musée belge. L’occasion de découvrir 20 ans d’un travail iconoclaste et humaniste. Ainsi, My last meals *** fustige le cynisme du Département de la Justice du Texas qui publiait sur le web les derniers repas demandés par les condamnés à mort. Considérant ce choix comme l'un des derniers messages du détenu, le plasti-cien décide d'en exacerber le goût pour le tirer vers la vie : en proposant à des grands chefs de réaliser lesdits menus avant de les photographier. Derrière chaque portrait ou composition chro-matique on perçoit une vibrante charge contre la peine capitale.

acideessentielPatrick Guns cherche à provoquer « une émotion visuelle, un sentiment esthétique mais aussi des question-nements ». Et il nous invite à rester vigilant. Pour autant, il ne se consi-dère ni comme un artiste engagé, ni comme un militant. Avant tout il crée des images poétiques : « à partir de collages d'idées, mon travail plastique traite des affaires humaines et de leurs interprétations ». Et pose un re-gard sombre sur son espèce : « si vous consultez des livres ou des magazines du début du xxe siècle, vous verrez que le monde n'a pas changé, la nature humaine non plus... L'homme sera tou-jours un prédateur pour l'homme ». Un point de vue accablant. Mais, son œuvre comporte suffisamment d'humour (noir) pour que l'examen de conscience ne vire au tragique. Julien Damien

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I know a song To sIng on THIs dark, dark, dark nIgHTJusqu’au 21.09, MAC’s, site du Grand Hornu, tlj 10>18h (sf lun), 8>4€. www.mac-s.be

retrouvezPatrickgunseninterviewsurwww.lm-magazine.com

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My Last Meals ***, 2007-2009 © Patrick Guns

Vue d'exposition © Ph. Degobert

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à l’occasion de la Fête de la BD, Bozar accueille une rétrospective du vaste travail de Jacques tardi sur la première Guerre mondiale. une exposition présentée lors du dernier festival d’angoulême.

« C’est nous les petits soldats français sous un soleil de plomb, les pieds dans les champs de blé, la tête au champ d’honneur, la trouille au ventre et la merde au cul. » Tant dans le récit que dans le dessin, Jacques Tardi ne s’attarde pas sur l’His-toire avec un grand H mais se concentre sur les hommes qui l’ont subie. Gamin, celui qui a perdu deux aïeux lors de la « Der des Ders » est à la fois terrorisé et fasciné par les récits de sa grand-mère. Ses premiers pas en tant que dessinateur raconteront déjà l’horreur et donneront deux albums majeurs d'une œuvre hantée par le conflit : Putain de guerre et C’était la guerre des tranchées. Cette exposition propose surtout de découvrir des planches et des grands formats de ces deux ouvrages. Les illustrations de Tardi retracent ici le quotidien et l’incrédulité des combattants les pieds dans la boue, sous la menace de la pluie et des obus. Le trait singulier et sombre centré sur les personnages renforce la dureté et la noirceur des affrontements où ne subsiste bien souvent que la couleur rouge du sang. L’occa-sion de partager une vision singulière de la guerre, éloignée des chiffres et des statistiques, mais basée sur le travail historique d’un éternel indigné. Julien Collinet

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05.09>23.11, Bruxelles, Bozar, tous les jours sauf lundi 10h>18h, jeu 10h>21h, gratuit les 05, 06 et 07.09, 4/2€, www.bozar.be

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ForMat à L’itaLienne

à Rome, on connaît la prestigieuse Villa Médicis. Mais saviez-vous que Lille dispose aussi d’une résidence exclusivement dédiée à ses artistes au cœur même de la ville éternelle ? Il s’agit de l’atelier Wicar, situé à deux pas de la Piazza del Popolo. Légué en 1837 à sa ville de naissance par le chevalier Jean-Baptiste Wicar, cet immeuble accueille chaque année depuis le xixe siècle, et durant trois mois, de jeunes créateurs originaires de la métropole. Sculptures, pein-tures, photographies, vidéos… Ce sont les travaux issus de cette immer-sion romaine que restitue depuis cinq ans l’exposition Format à l’italienne, à l’Espace le Carré. Cette année, Richard Baron, Raphaële Duchange et Anthony Rousseau, lauréats de la promotion 2013-14, y dévoilent leurs œuvres sous l’œil de Danilo Correale, Talent Prize Italie 2013 et invité d’honneur. Julien Damien

19.09>02.11, Lille, Espace le Carré. mer>sam: 14h>19h. Dim : 10h>13h et 15h>18h, gratuit, http://elc.mairie-lille.fr

MonuMent

Si Monument s’inscrit dans le cadre du centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale et de la commémoration du débarquement en Normandie, son propos est bien plus large : il s’agit de s’interroger sur le sens de la mémoire de la guerre et des édifices qui en témoignent. Une tren-taine d’artistes contemporains (sélec-tionnés suite à un appel à projets) ont défié cette question du souvenir et exposent au musée des Beaux-Arts de Calais. Ici, une série de photographies de bunkers qui semblent avoir fondu dans le paysage. Là, des statuettes décapitées, reconstituées sur la base de clichés de monuments détruits et qui représentaient un "héros" de l’Histoire… Qu'il s'agisse de peintures, de sculptures ou d'installations, ces œuvres mettent en perspective notre rapport aux objets qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. Julien Damien

Jusqu’au 16.11. Calais, musée des Beaux-Arts, mar>sam, 10h>12h, 14h>18h, Dim, 14h>18h, 2/1€, www.musee.calais.fr

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Le Manteau d’ernst Jünger, 2011 © Michel Aubry, Courtesy Michel Aubry et Galerie Eva Meyer

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GeorGes MatHieu, Vers L'aBstraction LYriQue

Après-guerre, un groupe d'artistes reven-dique une peinture où la spontanéité répondrait à la rigueur de l’abstraction géométrique. Ainsi naquit l'abstraction lyrique désormais considérée comme un mouvement majeur du xxe siècle. Au-tour de la figure de Georges Mathieu, 38 œuvres des artistes les plus embléma-tiques (Wols, Bryen, Soulages, Zao Wou-ki...) permettent d'appréhender ce mou-vement depuis sa naissance jusqu’à sa reconnaissance internationale.BoUlogNE-SUr-MEr,Musée, jusqu'au 29.09, 10h>12h30, 14h>17h30 sf mar, 3/2/1€, www.ville-boulogne-sur-mer.fr

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Peintures murales, sculptures, mais aussi concerts, pièces de théâtre… Charleroi vit au rythme de la Biennale d’Art Urbain. Pour la véritable édition d'Asphalte, dont le numéro zéro avait été initié voilà deux ans par le célèbre JR, une quinzaine d’artistes et de collectifs offrent un nouveau visage à la ville. L'occasion d'apprécier libre-ment des œuvres de street-artistes légendaires, dont certains rarement montrés en Belgique (Invader, Steve Powers, Sozyone) !CHarlEroI,jusqu’au 26.10, divers lieux, rens. www.asphalte-charleroi.be

Le tHéâtre Du criMe

Le Musée de la Photographie de Charleroi consacre une exposition à Rodolphe Archibald Reiss (1875-1929). Ce Suisse fut l’inventeur de la photographie judiciaire. Les scènes de crimes qu'i l a immortalisées, ensuite conservées dans les cartons de la police helvétique, n’étaient pas destinées au grand public. Crus, vio-lents, ces clichés dégagent pourtant une étonnante beauté. Un formidable travail documentaire sur le début du xxe siècle. CHarlEroI,Jusqu’au 07.12, Musée de la Photographie, mar>dim, 10h>18h, 6>3€/grat pour les – de 12 ans, www.museephoto.be

Les Désastres De La Guerre

La guerre est une horreur. Lieu com-mun ? Pourtant, on n’a pas toujours représenté les conflits de manière négative – pas avant les guerres napo-léoniennes. Le Louvre-Lens reflète ici le regard des artistes, du Ier Empire à nos jours en passant par les deux conflits mondiaux, l’Algérie ou le Vietnam. En tout, 200 artistes (Goya, Dix, Vallot-ton, Capa, Picasso, Combas...), 450 œuvres, peintures, dessins, photogra-phies ou artefacts (des obus sculptés par des anonymes).lENS,Louvre-Lens, jusqu'au 06.10, tlj sf mar, 10h>18h, 9/8€/gratuit, www.louvrelens.fr

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FritZ HaBer, un esprit en Guerre

Nationaliste convaincu, scientifique et ami d’Einstein, l’Allemand Fritz Haber est l’inventeur du gaz moutarde. Né Juif en 1868, ce personnage pétri de contradictions qui servit à la fois la science et la guerre, fut contraint à l’exil par les Nazis. De ce destin hors du commun, David Vandermeulen a tiré une bande dessinée d’un millier de planches. Et de ce travail est née l’exposition Un esprit en Guerre qui suit, en 500 dessins, cette trajectoire individuelle autant que celle de l'Alle-magne du début du xxe siècle. MoNS, jusqu’au 16.11, Salle Saint-Georges, mar>ven, 12h>18h, sam & dim, 14h>20h, 2€, www.sallesaintgeorges.mons.be

eLMar trenKWaLDer, orneMent et oBsession

Immenses, ces céramiques évoquent à la fois des temples hindous, des cathé-drales gothiques et romanes ou des façades baroques. En sus, l'Autrichien utilise ET dissimule fragments de corps et de parties génitales au sein de ces constructions. C'est la première rétros-pective consacrée à l'œuvre monumen-tale, aux peintures et dessins d'un créa-teur qui mêle sacré et humour.toUrCoINg,MUba, jusqu’au 24.11, tlj sf mar, 13h>18h, 5/3€/grat, www.muba-tourcoing.fr

eric poiteVin - Le cHeMin Des HoMMes

On ne célèbre pas la guerre : on la commémore. De la même façon, le photographe Eric Poitevin fit preuve d’une grande pudeur pour... rendre hommage ? Mettre en lumière ? Saluer ? Les derniers Poilus. En 1995, âgé de 24 ans, cet artiste immortalisa ces combattants. Un véritable tour de France pour retrouver les survivants et capter leur(s) silence(s) en studio, à la chambre photographique. Cent portraits de même format et de même composition où chacun se détache sur fond noir. émouvant.VIllENEUVED’aSCQ, LaM, jusqu’au 11.11, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr

Monte Le son !

Interactif et sensoriel, ce parcours en met plein les esgourdes. Dès l'entrée, un jardin suspendu sonore traduit le chuchotement des... plantes ! Ailleurs, le musicologue Michael Bradke imagine un tunnel nous bombardant de voix étranges. Puis on crée des sons avec les battements de son coeur, les mains posées sur un plateau. Le genre de pro-menade qui ravit petits et grands !VIllENEUVED’aSCQ,Forum des Sciences, jusqu’au 08.03.15, mar>ven 10h>17h30, sam>dim 14h30>18h30, 4/2€, grat -18 ans, www.forumdepartementaldessciences.fr

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à la tête du théâtre du nord depuis janvier dernier, christophe rauck défend une première saison placée sous le signe de l'ouverture. « Je ne suis pas programmateur, je suis un metteur en scène ! » insiste d'emblée l'ancien directeur du théâtre Gérard-philipe à saint-Denis. rencontre avec un agitateur d'esprit qui imprime déjà sa marque à Lille et tourcoing.

interview

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Propos recueillis par ¬ Julien DamienPhoto ¬ DR / Théâtre du Nord

nouveau souffle

Quelregardportiez-vousdepuisSaint-Denissur lethéâtreduNordetnotreEurorégion?J’ai joué trois fois dans ce lieu et je connaissais un peu les environs. La région Nord – Pas de Calais et la métro-pole lilloise sont très dynamiques, par-ticulièrement sur le plan culturel ! Le Théâtre du Nord bénéficie d'un empla-cement formidable à Lille, d'une salle modulable et d'un atelier de décors à Tourcoing, un pôle idéal pour la créa-tion. L'idée de travailler dans un centre dramatique national attaché à une école m'a aussi énormément séduit. Et puis il y a un public génial ici !

Quelles sont les grandes lignes devotreprojet?Une ouverture sur le territoire mais également un accompagnement des artistes. Nous allons multiplier les colla-borations notamment avec Le Fresnoy ou L'Aéronef. Car il y a une chose qui me paraît unique ici, c'est la faculté des structures à communiquer entre elles. Nous envisagerons alors le théâtre sous toutes ses formes : la marion-nette, le théâtre d’objets et le spectacle pour enfants. Nous développerons les actions à l'attention des familles et de la petite enfance, en plaçant la lecture au centre.

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« on veut montrer que notre maison est bien vivante »

Uneouvertureauplusgrandnombre...Ah oui ! Je rejette l'idée d'un centre dramatique comme une institution verticale. Le théâtre est la somme de plein de talents, le croisement de nombreux arts : l’écriture, la scéno-graphie, la peinture, les costumes, la dramaturgie... On veut montrer que notre maison est bien vivante. On doit ouvrir les fenêtres, recevoir la lumière et éclairer en retour. Si on ne regarde pas les gens, il ne faut pas s’étonner qu'ils ne nous regardent pas.

Commentprocèderez-vousconcrètement?En présentant des auteurs qui reflètent la création d’aujourd’hui, des œuvres contemporaines ou du répertoire. Je n’appartiens à aucune chapelle, tant qu'il est question de théâtre, au sens premier du terme : un endroit où l'on raconte des histoires. C’est un peu fou de se dire qu’on va monter des histoires pour les raconter à 400 personnes voire à toute une ville.

Maisencore?Quand je suis arrivé à Saint-Denis, je pensais qu’il fallait composer avec des questions d’identité, de modernité, des questions politiques. Mais en fait pas du tout. C'est le répertoire qui a le plus touché les habitants. Lorsqu’on a présenté Le couronnement de Pop-pée, c’est devenu flagrant. Les gens sont venus en masse. C’était beau à en pleurer ! Il y avait à la fois l’atelier d’alphabétisation, les gamins des ci-

phèdrEracine /

Mes christophe rauck

Mariée à thésée, roi d’athènes, phèdre est amoureuse de son beau-fils, Hippolyte. croyant son mari mort, elle ose avouer sa passion au jeune homme, qui refuse l’inceste, lui-même amoureux de la princesse aricie. contre toute attente thésée revient des enfers, fu-rieux devant tant de trahison. Deux hommes, deux femmes et des désirs qui déraillent : tous les ingrédients de la grande tragédie sont réunis. chris-tophe rauck creuse ici la ques-tion de la responsabilité et du libre arbitre. il ménage un dia-logue entre le vice et la vertu, la passion et la raison. et sur-tout, il s'intéresse à la musica-lité des alexandrins, en faisant entendre magnifiquement le texte de racine écrit en 1677 !05.11>23.11 (sf lun et mar), Lille, Théâtre du Nord, 25>7€, www.theatredunord.fr

Sélection

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tés, la classe moyenne de Saint-Denis et toutes les associations… Tout s’est recentré et mis en marche grâce à cet opéra.

Ilnefautdoncpasavoirpeurdurépertoire…Surtout pas. Et certainement pas avec des textes comme ceux de Marivaux, avec lesquels on ne s’ennuie pas. C’est une langue que personne ne parle et n’a peut-être jamais parlée mais on la reconnaît tous. Avec Les Serments In-discrets (voir p. 98), Marivaux travaille en permanence sur la litote, donc sur la négation. Il y a des subjonctifs et des passés simples somptueux. Pourquoiavoirrebaptisél’EPSaD«écoleduNord»?EPSAD cela me faisait penser à une pharmacie… Or dans une école on tra-vaille sur la poésie. En même temps,

Phèdre © Anne Nordmann

école du Nord, ça raconte aussi un pays, une région, une histoire.

Quelestvotreprojetpourcetteécole?Il repose sur l'acquisition des fonda-mentaux, un travail sur les grandes œuvres avec des metteurs en scène confirmés tandis que des intervenants plus jeunes dialogueront avec les élèves durant leur parcours artistique. à ceci, j'apporterai ma propre vision de l’acteur.

l’acteuresttrèsimportantpourvous…Je suis un acteur qui, à force de recu-ler s’est retrouvé dans la salle sans le faire exprès (rires). Le metteur en scène tient la lanterne au début et commence à montrer le chemin. Mais, c’est grâce aux acteurs que les œuvres s’envolent. Leur rôle est effectivement primordial !

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Les serments indiscrets Marivaux / Mes de christophe rauck

lorsqu'il montait ce spectacle on lui a prédit le pire. « Impossible !, m'a-t-on répété ». finalement, la mise en scène de christophe rauck s’est imposée comme une œuvre importante, récompensée par le syndicat de la critique (meilleur spectacle théâtral 2012-2013). l'argument ? lucile et damis, jeunes gens au caractère bien trempé, voient d’un très mauvais œil le mariage qu’ont arrangé pour eux leurs pères (Ergaste et orgon). Mais, au moment même où ils se font serment de ne pas s’épouser, ils tombent amoureux... sans toutefois se dédire auprès de leurs pères à qui ils ont déjà donné leur accord. afin de troubler tous les plans, ils conviennent même que damis courtisera la sœur de lucile, phénice… Ecrite au début du xviiie siècle, cette comédie (l’une des dernières pièces de Marivaux) portée par une langue flamboyante, s’ingé-nie à sonder, au plus profond de l’être humain, ses désirs intimes comme ses paradoxes. « La mélancolie qui se dégage de Lucile et Damis est celle des jeunes gens perdus entre le désir d’aimer et la peur de ne pas l’être » ponctue christophe rauck.18.09>28.09, Lille, Théâtre du Nord, 25/20/10/7€, www.theatredunord.fr

Les Serments Indiscrets © Anne Nordmann

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« savoir d’où l’on vient pour aller vers le futur. »

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à soixante-dix ans, la Béninoise Germaine acogny est considérée comme la mère de la danse africaine contemporaine. elle a beau-coup dansé, bien sûr, chorégraphié, côtoyé Maurice Béjart et fondé une école au sénégal. a l'invitation d'olivier Dubois, directeur du Ballet du nord, elle tourne dans le nord – pas de calais dans le cadre du projet DanseWindows. rencontre de haut vol.

interview

germaiNe acogNy

Propos recueillis par ¬ Madeleine BourgoisPhotos ¬ © François Goudier / © Hyun Kim

« l’avenir est en afrique »

Dans le programme DanseWindowsvous vous intéressez à la jeunesse.Commentabordez-vouscethème?J’ai demandé quelles étaient les pré-occupations des jeunes, ici. On m’a parlé de l’identité. J’ai donc choisi de travailler sur les identités multiples. Le spectacle s’appellera Double Je.

Commentavez-voustravaillé?Le premier jour d’audition à Roubaix avec Karima Mansour (la seconde cho-régraphe du programme), nous avons donné un cours et retenu une douzaine de danseurs. Le lendemain, je leur ai demandé d’improviser deux par deux

sur l’identité sociale, familiale, reli-gieuse. Il fallait représenter sa famille sur au moins trois générations.

Enrépétition,aviez-vousuneidéepré-cisedurésultatquevoussouhaitiez?Je travaille beaucoup à partir d’impro-visations. Quand je donne un mouve-ment, il faut que le danseur se l'appro-prie. Je ne dis jamais qu'il est mal fait, mais transformé.

àquoiressembleralespectacle?Je tiens à démonter les clichés en invitant différentes cultures à mieux se connaître. Dans le spectacle il y a un

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Noir et une Blanche, mais je n’ai pas choisi les danseurs pour leur couleur de peau. Je voulais quelqu’un qui vienne du hip-hop, il s’est trouvé qu’il était noir. Mais je ne veux pas qu’on dise qu’il est Sénégalais, Guyanais… C’est un Noir universel, tout comme la femme blanche est une Blanche universelle. Double Je durera vingt minutes. Cela doit être suffisamment simple pour être joué partout : dans un lycée, une cour, un village.

Comment avez-vous rencontré olivierDubois?Il a créé son spectacle Souls à l’Ecole des Sables, que j'ai ouverte avec mon mari au Sénégal. Il a été convaincu par l’énergie qui s’en dégage. Nous nous sommes rencontrés plus tard quand j’étais de passage à Strasbourg. On s’est tout de suite plu ! Il est revenu plu-sieurs fois et il a trouvé quelques-uns de ses danseurs chez nous.

Quepensez-vousdesontravail?J’ai beaucoup aimé tragédie pour son

travail sur la marche. Moi qui suis très pudique, je n’ai même pas vu que les danseurs étaient nus ! Chez nous, les danses traditionnelles se font seins nus. Ce n’est pas choquant quand ça fait partie d’un rituel, en rapport avec le milieu culturel. Sinon, dans mon village, présenter un spectacle où les danseurs sont nus passerait pour une provocation.

Quelle place tient la danse africainedansvoschorégraphies?Je retiens l’essence de la danse séné-galaise pour développer ma propre technique. Je collabore avec mon fils Patrick, qui est chorégraphe. Il est spécialisé dans la déconstruction des danses patrimoniales, jusqu’à l’abs-traction. C’est notre credo à l’Ecole des Sables : savoir d’où l’on vient pour aller vers le futur.

les frontières géographiques restent-ellesunobstacledanslaconstructiond'unecarrière?Les programmateurs croient savoir ce que le public aime. Si nos propositions ne correspondent pas à leur vision culturelle ou esthétique, il y a des réti-cences. Ils essaient aussi de diminuer le prix d’achat d’un spectacle parce qu’on vient d’Afrique. Mais on n’est pas des mendiants ! Ce qu’on gagne, on peut l’investir chez nous. Je reste persuadée que l’avenir est en Afrique.

DaNSEWINDoWS05.09, 20h30, Grand studio du Ballet du Nord, Roubaix /octobre, Templemars, Englos..., 10/8e, www.balletdunord.fr

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« Je n’ai pas envie que le théâtre véhicule l'image d'un truc poussiéreux et assom-mant », annonce cécile Backès. persua-dée que son art peut être à la fois gai, intelligent et simple, la nouvelle direc-trice de la comédie de Béthune défend un programme tourné vers les adoles-cents et les jeunes adultes, en phase avec le monde réel. rencontre.

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Symbole fort, la saison démarre avec J’ai 20 ans, qu’est-ce-qui m’attend… ?, présenté comme une « tentative de re-gard pluriel sur la jeunesse française d’aujourd’hui ». Il y a quatre ans, la

comédienne et metteure en scène a lancé une vaste enquête pour sonder « non pas l’état d’esprit de cette géné-ration, ce serait très ambitieux, mais des histoires ou des phénomènes qui

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J’ai 20 ans, qu’est-ce-qui m’attend… ?25.09 > 30.09 (relâche le 28.09), 20h sauf 29.09 (18h), 20/6€, www.comediedebethune.org

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en seraient représentatifs ». De tables rondes en entretiens réalisés avec des jeunes issus de tous les milieux, Cécile Backès a ensuite confié ce matériau à cinq auteurs (Aurélie Filippetti, Maylis de Kerangal, Arnaud Cathrine, Joy Sor-man et François Bégaudeau) qui en ont chacun tiré une saynète de 20 minutes. En résulte J’ai 20 ans… qui dépeint, via les thèmes de l’accès au logement ou à l’emploi, les difficultés d'entamer sa vie d’adulte.

«Je m’adresse à tous»Née d’une conversation avec le comé-dien Maxime le Gall, cette aventure se terminera à Béthune. Et donne le ton pour les créations à venir, qui bénéfi-cieront d’une salle de répétition toute neuve (la réouverture du Palace après un an de travaux), et surtout de l’arrivée

d’un collectif de jeunes artistes mus par cette même idée d’accoucher d’un théâtre d’aujourd’hui. Un pari risqué ? Cécile Backès, animée par le « goût de la transmission » et la « découverte d’écritures nouvelles », désamorce tout a priori : « Le changement peut faire peur, mais je ne m’inscris pas en rup-ture avec le travail de thierry roisin (ndlr : son prédécesseur). J’ai des goûts différents mais je m’adresse à tous ». En contrepoint de cette programma-tion, le répertoire garde d’ailleurs une belle place. La Comédie sera ainsi le seul théâtre de la région à proposer l’intégrale d’Henri VI (tout un week-end), présenté à Avignon par un certain Thomas Jolly... 32 ans. Shakespeare n’avait-il d'ailleurs pas 25 ans quand il a écrit cette trilogie ? Julien Damien

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en 2010, la journaliste Florence aubenas se glissait dans la peau d'une travailleuse précaire de la région de caen, enchaînant les "heures" pour une société de nettoyage. en 2012, isabelle pousseur adaptait son récit, Le Quai de Ouistreham, au théâtre océan nord, offrant à ses deux comédiennes une performance autant physique que politique. Forte d'un accueil triomphal, Les Invisibles revient dans son lieu de création.

Au départ, il y a la rencontre entre deux actrices et leur désir de travailler sous la direction d'Isabelle Pousseur. « Un jour, Magali Pinglaut m'a apporté Le Quai de Ouis-treham, raconte la metteure en scène belge. J'ai été frappée par la force de ce récit, par l'histoire de ces femmes humiliées par un monde du travail devenu inhumain. » De tentatives en improvisations, l'adaptation convoque différentes formes théâtrales pour rendre au mieux les épisodes essentiels du roman-reportage. Sur scène, les deux corps se transforment pour jouer la foule de ces anonymes, silhouettes fugaces du petit matin s'effaçant lorsqu'arrivent touristes et employés. Se raidissent pour endosser les habits de formatrices Pôle emploi. S'épuisent pour une séquence choré-graphiée reprenant la gestuelle aliénante des femmes de ménage. Plus que le témoi-gnage de la misère sociale, c'est la démarche de travestissement de la journaliste qui a motivé Les Invisibles. « Je voulais rendre compte de la connivence avec le travail d'acteur, car le théâtre, c'est un grand mouvement vers l'altérité ». La bouleversante puissance de vie qui se dégage de la pièce tend à le prouver. Marine Durand

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16.09>04.10, Bruxelles, Théâtre Océan Nord, mar>sam, 20h30 sauf mer 19h30, 10/7,5/5€, www.oceannord.org

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SélectionJe vous ai compris

cie du GroupoV

cette pièce produite par la com-pagnie belge du groupov repose sur de vibrants témoignages. celui d’un français d’algérie, fils de gen-darme, et d’une algérienne, fille de

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révolutionnaires et naturalisée fran-çaise. tous deux ont quitté leur pays d'origine durant la guerre, et cha-cun raconte son arrivée en france. porté par deux comédiennes pleines d’énergie (valérie gimenez et sinda guessab, également auteures), le spectacle est illustré en direct par les coups de crayon de samir gues-

sab. « Ses dessins sont projetés sur un écran pendant la pièce. Il dessine des paysages, celui d'Oran par exemple… et d’un coup on voit apparaître des impacts de balles », explique virgi-nie labroche. il sert la dramaturgie et souligne sans manichéisme cette histoire marquée par la colonisation.

26.09, 14h30 et 19h, 9/3€

Faire pousser un musée au pied des terrils (et du stade Bollaert !), c’était déjà une aventure. réussie pour le coup. Mais comment faire exister une scène au sein d’un musée ? au Louvre-Lens, on a tenté le pari, plutôt osé car finalement rare en France.

« C’est vrai que la première année il y avait très peu de public, l’attention était plutôt focalisée sur le musée, avoue Virginie Labroche, la programmatrice. Durant la deuxième saison, on a compté trois ou quatre spectacles complets… c’est quand même le signe que ça prend. on commence vraiment à être identifié ». Plus qu'avec la méthode Coué, c’est bien en misant sur la qualité que cette jeune scène veut exister. En s’appuyant sur une programmation pluridisciplinaire et équilibrée entre artistes de renommée régionale, mais aussi nationale et internationale (cette saison on attend le pionnier techno Jeff Mills ou encore "La Callas égyptienne", Karima Mansour). Sur-tout, il s’agit de faire le lien « entre le spectacle et l’exposition du moment ou des œuvres de la Galerie du temps ».

HistoiredefessesUne « contrainte créative » qui forge l’originalité du concept. Celui-ci poursuit un double objectif : proposer une autre

La ScèNe épate La gaLerie

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la pEtitE soldatE aMéricainE

texte et mise en scène : Jean-Michel rabeux

pour ce "conte sans fée mais avec moralité", Jean-Michel rabeux s’est inspiré du scandale de la prison d’abou ghraib

lors duquel furent diffusées, en 2004, des photos de prison-niers irakiens humiliés par des gi. la pièce raconte l’histoire d’une petite soldate américaine qui aime chanter. Mais un jour elle perd sa voix. pour la retrou-ver elle part à la guerre dans le désert d’arabie. Et retrouve l’usage de son bel organe après avoir tué un prisonnier. Mais à trop vouloir chanter, elle est capturée par ses victimes, puis par ses chefs qui la condamnent à mort. pas pour les horreurs qu'elle a commises, mais pour les clichés qu'elle a tirés et largement diffusés pendant le conflit. « On sent bien que cette petite soldate ça peut être nous, commente l’auteur. Nous, capables du pire ? ».12.09, 14h30 et 19h, 9/3€

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àvoir/ Concert 5.1 : 40 voix spatialisées, Les Cris de Paris (11.10, 19h) //lereversdelagaleriedutemps,Bernadetteappert (07.11, nocturne) // Œdipe roi, Mis en scène Antoine Caubet (13.11, 19h) // Carte blanche à Olivier Dubois (02.02.15>07.02.15) // Jeff Mills, performance (07.03.15, à 19h)... www.louvrelens.fr

porte d’entrée au musée et servir la médiation. « La scène doit favoriser la compréhension des œuvres et offrir un autre regard sur la création contemporaine » précise Virginie.Cette salle de 300 places permet de dépasser les limites habituelles du musée : « nos collections s’arrêtent

en 1848. Sur scène, on a la possibi-lité d’aller plus loin, de montrer des spectacles dernièrement créés ». Pour exemple, ce stand-up pédagogique de la Courriéroise Bernadette Appert, Fesses, qui proposera aux visiteurs d'approcher les statues du musée par derrière ! Julien Damien

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DapHnéGuy Joosten 09>30.09

Voici une relecture de l’opéra de Richard Strauss inspirée de la légende de Daphné, rapportée dans Les Méta-morphoses d’Ovide. Dans l’œuvre du poète latin, la nymphe est aimée du berger Leucippe autant que du dieu Apollon. Ce dernier tue son rival et transforme Daphné en laurier. Guy Joosten envisage son héroïne comme une militante écologiste. Mais, sa conscience verte ne s’exprime qu’en slogans, et non en actes. La Monnaie, qui a placé sa saison sous le signe des sept péchés capitaux, met ici l'accent sur la paresse. Avec volupté. BrUxEllES,La Monnaie, 20h sf le 14&21.09 à 15h, 125>12 €, www.lamonnaie.be

iciEmmanuelle Bischoff 16>20.09

Une habitation étrange composée de restes de décors, d’objets accumu-lés, de bouts de meubles… tous riches d’une histoire qui leur est propre. Un homme tente de trouver une organisa-tion dans ce chaos. Emmanuelle Bis-choff, scénographe de renom a conçu un moment de théâtre où l’acteur prin-cipal est le décor. Un spectacle entre installation et performance.BrUxEllES,Théâtre de la Vie, 20h, 12>1,25€, www.theatredelavie.be

un DrôLe De pèreBernard Slade / Gérald Sibleyras17.09>12.10

Plusieurs fois marié, infidèle, homme de théâtre puis de télévision, Fran-çois Garnier a mené une vie d’insou-ciance. Tout le contraire de son fils Christophe, intellectuel, timide et complexé, que le vieil homme fan-tasque reçoit pour l’été. La dernière chance pour eux de nouer des liens… Comédie sentimentale écrite en 1980 par le Canadien Bernard Slade est un classique du genre, qui amuse autant qu’il émeut.BrUxEllES,Th. Royal des Galeries, 20h15 (+sam et dim à 15h), 25>10€, www.trg.be

une année sans étéJoël Pommerat / C. Anne 24>28.09

Ils sont cinq jeunes gens d’à peine 20 ans – deux hommes et trois femmes. Loin de leurs parents, ils s’ai-ment, rêvent et fomentent de douces utopies. L’histoire raconte quelques mois de leur vie, de l’automne au prin-temps. « Sans été » renvoie à ce mo-ment de l’Histoire : l’été 1914, celui du déclenchement de la Première Guerre mondiale… Ecrite en 1987 par Cathe-rine Anne, cette pièce mise en scène par Joël Pommerat décrit le passage à l’âge adulte. BrUxEllES,Théâtre National, Complet!

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La danse est-elle le mouvement de l’âme ? La question est posée dans cette chorégraphie d’Olivier Dubois. Au son de percussions, les corps de six danseurs africains semblent s’extraire d’une scène recouverte de sable. Celle-ci illustre à la fois un berceau, un terrain de bataille et un tombeau. Ils se lèvent, s’épaulent, s’affrontent, aidés de leurs âmes qu’on a l’impres-sion de voir s’animer devant nous. Bluffant.gaND,Vooruit, 19h (25.09) & 21h (26.09), 14>10€, vooruit.be

L’art Du rireJos Houben 25.09

Pourquoi et comment rit-on ? Qu’est-ce qui nous fait nous plier en deux ? Jos Houben répond à ces questions à travers un spectacle aussi sérieux que désopilant, à mi-chemin entre la conférence et le one-man-show. Qu'il mime un camembert, se vautre sur les planches ou s'interroge sur la verticalité du corps humain, Houben décortique chaque phénomène (sou-vent incongru) à l'extrême, poussant l'ensemble jusqu'à l'absurdité la plus totale. Un joli tour de force. HaZEBroUCK,Centre Culturel André Malraux, 20h, 10>7€, www.centreandremalraux.com

MatsuKaZeToshio Hosokawa & Sasha Waltz 30.09/02&03.10

Cette adaptation lyrique d’un clas-sique du théâtre Nô du xive siècle narre le tragique destin de deux sœurs, qui les mène de l’amour à la mort et à la folie. Le compositeur japonais Toshio Hosokawa cultive ici une approche intimiste avec quatre personnages et un petit chœur, accompagnés d’un or-chestre de chambre. Les danseurs de la compagnie Sasha Waltz & Guests assurent quant à eux la partition chorégraphique. lIllE,Opéra, 20h, 34>5 €, www.opera-lille.fr

Le MoraL Des MénaGesEric Reinhardt / Stéphanie Cléau 02&03.10

Adaptée du roman d’Eric Reinhardt, cette pièce nous plonge dans les souvenirs de Manuel Carsen (Mathieu Amalric), chanteur raté de 40 ans qui a tout fait pour fuir la classe moyenne dont il est issu et qu’il exècre. Misogyne, lâche, auto satisfait, il est confronté aux femmes de sa vie (mère, épouse, fille, maîtresses, amour de jeunesse… toutes interprétées par Anne-Laure Tondu) qui dressent alors le portrait d’un héros don-quichottesque.ValENCIENNES, Le Phénix, 20h, 22>13€, www.lephenix.fr

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après une dizaine de livres, dont Retour aux mots sauvages ou Ils désertent, lauréat du prix amila-Meckert en 2013, thierry Beinstin-gel sort Faux Nègres. un vrai roman sondant les petites communes rurales, particulièrement celles qui mettent la barre très à droite. ni moralisateur, ni explicatif, ce texte s'annonce comme l'un des évènements de la rentrée.

thierry BeiNStiNgeL

Propos recueillis par ¬ François AnnyckePhotos ¬ © Tina Merandon / DR

quand la campagne penche à l'extrême-droite

Commentestvenuel'idéedecelivre?Tout est parti d’une anecdote. Dans ma région, il y a un village où on a voté majoritairement pour l'extrême-droite aux élections. à la dernière campagne présidentielle, sa patronne y a d'ailleurs tenu un meeting qui a drainé de nom-breux journalistes, pour voir comment vivaient les "Indiens" de ce village.

Etqu'ont-ilstrouvé?Un petit coin de campagne, qui n'a pas changé depuis le xixe siècle. Ces villages ont été façonnés à l'époque de Jules Ferry. On y a construit une mairie, une école et une église. On n'habite pas là par choix mais parce que sa famille y vit

interview

depuis des générations...

Pourquoinenommez-vouspasclaire-ment lepartipolitiquequidévorecetendroit?C'est volontaire. De la même manière, je ne cite pas non plus la commune en question. Car cela pourrait être n'importe quel village de France et n'importe quel parti d'extrême-droite. Ce dernier est reconnaissable mais en même temps, utiliser son nom c'est un peu comme citer une marque sur une boîte de camembert ; son nom peut changer, mais pas le contenu. Pour moi, c'est un parti d'extrême-droite, c'est tout.

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Est-il vraimentquestiond'un roman?Quelleplaceaccordez-vousàlafiction,àl'intrigue,auxpersonnages?J'ai rendu les personnages le plus romanesque possible : un narrateur qui n'a rien d'un journaliste, un preneur de son aveugle. II leur manque toujours quelque chose. Je trouvais intéressant de bâtir un roman un peu dans le style xixe en prenant au pied de la lettre le sous-titre de Madame bovary : « mœurs de province ».

Vos personnages sont très silencieux,commedansunesorted'errance.Celaconfèreuncôtétragiqueaulivre…Ce silence signifie que le langage échappe parfois aux classes populaires. Quand on est de condition modeste, a-t-on le droit d'exprimer une opinion ? Le maire du village parle par onomatopées parce que ses mots se sont raréfiés. On est dans un empêchement de paroles.

à lire / Faux nègres (Fayard), 424 p., 20€

Cela dit, mon projet est profondément optimiste. J'essaie de redonner leur noblesse aux mots. Je décris la campagne avec une certaine exigence, un vocabulaire saisissant le monde rural au plus près. C'est aussi pour ça qu'il y a du lyrisme dans ce livre. Tout l'enjeu du roman est

là : (re)donner la parole aux classes populaires.

lediscourspolitiqueestaussipasmaldézingué.onseposelaquestiondelaforceetdupouvoirdesmots…En tant que citoyen je reconnais le droit de me poser cette question : pourquoi vote-t-on à l'extrême-droite dans un petit village ? Je m'interroge sur ce qu'on fait de la politique, comment elle imprègne nos vies à l'occasion d'une élection. Je fais référence à Jules Ferry mais m'intéresse surtout à notre époque en m'appuyant sur une actua-lité -relativement- imaginaire. Mon roman pose donc des questions sans y répondre, sinon cela deviendrait un essai. Cela dit, j'ai eu quelques prémo-nitions assez étonnantes !

« J'essaie de redonner leur noblesse

aux mots »

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PaUlolINSdepuis que la samba est samba (asphalteéditions)

à la fin des années 1920 à Rio de Janeiro, le Corcovado accueille le Christ Rédempteur pendant que le quartier de l’Estació "recrée" la samba. Cet âge d’or où spiritualité et musique inventent main dans la main est retracé dans ce roman incandescent de Paulo Lins, l’auteur du fameux La Cité de Dieu. Les malandros, ces

bohémiens au verbe facile, côtoient les prostituées, les compositeurs de samba, les capoeiristes et les médiums des religions afro-brésiliennes. Souffrances, foi, désirs et chants font vibrer les âmes, danser les corps et participent à la réinvention du carnaval de la Cité Merveilleuse. Ce portrait d’époque adopte le rythme endiablé des batuques et expose l’effervescence artistique qui voyait les rejetons de l’empire co-lonial portugais s’ouvrir à la culture des petits-fils d’esclaves. 304 p., 22€. J. bourbiaux

Dramaturge, scénariste oscarisé, Steve Te-sich (1942-96) connut le succès à Broadway et Hollywood dans les années 1970-80 (on lui doit l’adaptation du Monde selon Garp de John Irving). Mais cet auteur d’origine serbe

demeurait aussi un fabuleux romancier. Son talent fut révélé en France avec Karoo, publié en 2012 par les éditions Monsieur Toussaint Louver-ture et qui exhument aujourd’hui Price, son premier roman paru aux USA en 1982. L’histoire ? Daniel Price a 18 ans. Il vient de quitter le lycée et vit avec ses parents dans une ville industrielle de la banlieue de Chicago. Il ne sait que faire de son existence, qui semble se borner aux usines locales et à un destin de rêves avortés, pile dans les pas paternels. Durant cet été 1961, deux événements vont précipiter le cours de sa vie : tandis que son père est à l'agonie, Daniel connaît son premier amour, bouleversant et destructeur. Price, c’est l’éternel récit de la perte de l’innocence, sous forme de plongée dans ce bain d’acide qu’est l’âge adulte et qui ronge toute trace de candeur. Quelque part entre J.D. Salinger et John Fante (la description de la relation père-fils), Tesich livre un roman à la fois drôle et très sombre. Mais d’une noirceur étincelante. 544p., 21,90€. Julien Damien

StEVEtESICHprice(Monsieurtoussaintlouverture)

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LiVres

JESMyNWarDLigne de fracture(Belfond)

Quatre ans avant bois sauvage (2012), son deuxième roman couron-né par le prestigieux National Book Award, Jesmyn Ward explorait déjà les terres hostiles de son Mississippi natal avec Ligne de fracture, tout juste traduit chez Belfond. Englués dans la moiteur des bayous, Jos-hua et Christophe, jumeaux de 18 ans tout juste diplômés, cherchent

du travail pour subvenir aux besoins de Ma-Mee, leur grand-mère chérie, qui les a élevés entre une mère absente et un père toxico. L’un finit par trouver un emploi chez les dockers. L’autre, ruminant sa frustration, se tourne vers le trafic de drogue. Au cœur du Sud profond des Etats-Unis, pauvre et noir, comme abandonné de tous, la jeune auteure américaine fait surgir l’espoir là où on ne l’attend pas. Une œuvre brutale, sensorielle et, déjà, magistrale. 315p., 19,50€. Marine Durand

arNaUDDElrUEun été en famille(Seuil)

Pourquoi être chroni-queur ? Certainement pour tomber sur des surprises comme celle-

ci. Tout commence par l'enterrement de Claire, la sœur du narrateur. Le deuil resserre un temps les liens familiaux. Mais toutes les plaies ne sont pas refer-mées... et les relations entre la mère, l'oncle Paul, le médecin deviennent tendues. Et il y a Marie, la petite sœur du narrateur à laquelle il s'adresse en permanence, distillant un malaise qui traverse bientôt toutes les pages. Servie par une langue remarquable, l'intrigue progresse sur un fil, à la limite du conte pour adulte, du thriller et du roman psy-chologique. Deux récits s'entrecroisent, l'un au passé centré sur la famille et l'autre au présent décrivant une fuite dont la tension est palpable. Un auteur à découvrir. 144p., 16€. François Annycke

goloZHaopasseur d’âmes (Cambourakis)

Auteur de La balade de Yaya et entre Ciel et terre, qui ont tenu en haleine des milliers de

lecteurs, Golo Zhao revient avec Passeur d’âmes, un beau livre épais, aux tons pastels, à la couverture rigide et épurée. Une fois le manhua (BD chinoise) ouvert, on retrouve le style Zhao, cette narration emprunte d’une apparente naïveté qui révèle en réalité des contes mélanco-liques aux thèmes adultes (il y parle de la mort, de la culpabilité, de la nostalgie). Sur fond d'univers urbain trépidant, sept nouvelles aux accents fantastiques et autant de tranches de vie adolescentes (liées entre elles) prennent tout leur sens au dénouement. Livre à tiroirs, au dessin élégant et gracieux, Passeur d’âmes est transcendé par une langue poétique. 176p., 22€. Isabel Amossé

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LiVresc

hr

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es120

HarUKIMUraKaMIL’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (Belfond)

Après 1Q84, Murakami délaisse le fantastique pour un roman plus réaliste, dans la même veine que La ballade de l’impos-sible (2007). Il narre ici l’histoire d’un lycéen qui a été exclu du jour au lendemain, sans explication, de son cercle d’amis.

Celui-ci entre alors dans une profonde dépression qui va bouleverser le cours de sa vie. 16 ans plus tard, incité par sa petite amie qui déplore que cette blessure n’est pas refermée, Tsukuru décide de découvrir les raisons de cette disgrâce. Et entame un pèlerinage à la recherche de ses ex-compagnons pour reconstituer ce passé qui ne passe pas. L’auteur à succès japonais livre un page-turner métaphysique sur le sens de l’existence et ne peut s’empêcher de faire cohabiter le réel avec le rêve, le fantasme. L’incolore tsukuru… se lit comme une réflexion sur le temps qui s’écoule mais ne disparaît jamais vraiment. Les fans s'y retrouveront. 384 p., 23€. Julien Damien

Hier Vice Caché, aujourd’hui Fonds Perdus, comme un diptyque : deux detective stories, deux villes emblématiques (LA/NYC), deux moments de bas-cule de l’Histoire (la fin de l’utopie hippie et l’avè-

nement de Nixon contre l’éclatement de la bulle Internet et la chute des tours jumelles). Mais l’enquête de Maxine Tarnow, chasseuse de fraudes prise dans une toile vertigineuse, donne ici lieu à un roman plus dense et plus important que son prédécesseur. La tension que le récit haletant fait subir à l’époque dépeinte - quasi-contemporaine et pourtant irrémédia-blement révolue - transforme Fonds Perdus en bouleversant requiem, au-delà de la figure imposée du roman sur le 11 septembre. Comme toujours Pynchon s’intéresse à l’articulation entre surface et profondeurs, qu’il s’agisse du mythique Xibalba ou de l’eldorado geek du Deep Web. RIP le deep nous dit le Pynch avec inquiétude et humour suraiguisés, brassant roman noir, technothriller ou chick lit, poursuivant ce travail sur toutes les formes pop(ulaires). Parfaite porte d’entrée sur l’univers pynchonien, et foudroyante introduction à notre monde. 448p., 24€. rémi boiteux

tHoMaSPyNCHoNfonds perdus(Seuil,coll.Fiction&Cie)

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ErlaND&tHECarNIValclosing Time (FulltimeHobby/PIaS)

Fruit de la rencontre entre le jeune Erland Cooper et le déjà vétéran Simon Tong, Erland & The Carnival a d’abord été un terrain où l’on jouait irrévérencieusement avec le folklore anglo-écossais. Sur ce troisième album, le ton devient plus

personnel mais les arrangements restent morriconiens et le chant liquoreux. On pense à Get Well Soon, voire au grand Neil Hannon, mais aussi, sur Quiet Love, au soft-rock 70's. Closing time s’avère plus cohérent et moins psychédélique que ses prédécesseurs - ce qui n’exclue pas une lancinante folie. Même sur la ballade dénudée et poignante qui clôt l’album, les choeurs sont reverse. Une production discrètement retorse et quelques accents électroniques viennent fêler le bel ouvrage. L’art liverpuldien - E&TC sonne comme le cousin altier des géniaux Coral - s’en retrouve drôlement bien sapé. rémi boiteux

Sur le papier, la rencontre entre Chilly Gonzales et Boys Noize semblait aussi improbable que l’accouplement entre un panda et un varan à crête rose. Ce serait oublier que le Montréalais et le Berlinois ont déjà travaillé ensemble. Ce dernier avait produit (sous son vrai blaze, Alexan-

der Ridha) l’excellent Ivory tower (2010) qui servait de trame pour un ovni cinématographique éponyme incarné par Gonzales himself et réalisé par Adam Traynor (Puppetmastaz). Plus nu-jazz, octave Minds, premier album collaboratif entre l’allumé du piano et le dynamiteur de dancefloors, pré-sente bien des similitudes avec Ivory tower puisqu’il paraît conçu comme la BO d’un film, qui cette fois n’existe pas. Ridha a mis le marteau-piqueur de côté pour lubrifier le set piano de son acolyte velu (qui ne chante quasi pas). à présent, le duo délivre une electronica qui oscille entre funk 70’s (Anthem, together, dans la droite ligne d’Ivory tower), trance progressive (Symmetry Slice, remarquable ouverture), et beats plus agressifs (royalty, Done Deal). Construisant des titres (bizarrement) narratifs, visuels. Inégal, parfois agaçant (cf tap dance), octave Minds reste une très bonne expé-rience musicale. Preuve que la somme des talents ne s’annule pas. J. Damien

BoySNoIZE&CHIllygoNZalESoctave Minds (Boysnoizerecords/laBaleine)

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DisQues

tHEgroWlErSchinese fountain(FatCatrecords/Differ-ant)

Avec une régularité que leur dégaine ne laissait pas for-cément présager, les tout débraillés Growlers sont de retour en ce beau mois de septembre avec Chinese Fountain, leur cinquième album en cinq ans. On y retrouve la pop psyché-délique portée par la voix de Brooks Nielsen (Bob Dylan et Marianne Faith-full dans la même bouche) et magni-fiée dans Hung a Heart paru en 2013 (leur meilleur opus jusqu’ici), mais cette fois exhaussée de sonorités que les Californiens n’avaient pas encore goûtées. Entre le disco moroderien qui habille délicatement Chinese Fountain ou le reggae qui rythme Dull boy (hit évident), les grogneurs donnent dans l’éclectisme sans pour autant trans-muer leur ADN de bohémiens mélan-coliques. Du tout bon. Julien Damien

BaNKSgoddess (Harvestrecords/Universal)

En l’espace de deux EP (London et Fall

over, 2013), l’Américaine s’est impo-sée comme la nouvelle figure du R&B, loin des codes (vulgarité et ostentation) d’une pop-star criarde. Influencée par Lauryn Hill, Fiona Apple ou Massive Attack, Jillian BANKS, 25 printemps, délivre quatorze titres - seize en deluxe - dont huit inédits, oscillant entre élec-tro épurée et pop menaçante. à grand renfort de mélodies synthétiques brumeuses, les plages révèlent une voix lascive, cristalline et torturée, à l’image de You Should Know Where I’m Coming From. Côté production, la Cali-fornienne s’entoure des petits prodiges qui règnent sur la scène électronique britannique: TEED (Warm Water), SOHN (Waiting Games) ou Jamie Woon (this Is What It Feels Like). Lorde n’a qu’à bien se tenir. elsa Fortant

NaoMISHEltoN&tHEgoSPElQUEENScold world (Daptonerecords/Differ-ant)

Daptone Records, label new-yorkais à qui on doit le phéno-mène Sharon Jones (100 Days, 100 nights, 2007), sort une nouvelle pépite qui ressuscite l’âge d’or de la soul, du gospel et du rhythm & blues façon Aretha Franklin. Vintage, old school, le

son de Naomi Shelton & The Gospel Queens est d’une authenticité telle que les 12 titres qui forment Cold World semblent tout droit sortis des sixties, le vinyle encore chaud, comme usiné avant-hier dans la fabrique Motown. Il a pourtant bien vu le jour en juillet dernier (dans une indifférence incompréhensible) et ne constitue finalement que le second bébé (après What Have You Done, My bro-ther, 2009) de Naomi Shelton qui crache toujours son âme d’une voix rauque et taillée sur les bancs de l’église de son Alabama natal. Julien Damien

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Concerts124

Lun 01.09

tENFootPolE+aNtIllECtUal+FatSHEEPArlon, L'Entrepôt, 20h, 11/9e

Mer 03.09

VoNMagNEt+aStorEtH+MoNgolItoBruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

SPoCK'SBEarDVerviers, Spirit Of 66, 20h, 27e

FEStIValJaZZDaNISHDElIgHt:SINNEEEg+JaCoBCHrIStoFFErSENtrIoBruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e

Jeu 04.09

BaIKaMaraJrNamur, Belvédère, 19h, gratuit

DÿSE+VaNDalx...Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

CHESHIrECat+tHEglUCKS+FrESHWarrIor+gloBUlCharleroi, Rockerill, 20h, NC

JoyaSatoyMons, Alhambra, 20h, gratuit

lIttlECaESarVerviers, Spirit Of 66, 20h, 20e

PINKMoUNtaINtoPSLille, La Péniche, 20h, 12/11e

FEStIValJaZZDaNISHDElIgHt:KIraSKoV+tHECaBINProJECtBruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e

Ven 05.09

MarVIN+PEtErKErNEl+lESINgEBlaNC+JoyaSatoyBruxelles, Magasin 4, 19h, 10e

VISIoNSoFWar+CoUNtEr-attaCK+goatVoMItLiège, La Zone, 20h, 5e

FEStIValJaZZDaNISHDElIgHt:IKI+tHEKUtIMaNgoES

orCHEStrEroyalDECHaMBrEDEWalloNIE...La Louvière, église Saint-Joseph, 16h, Gratuit

NaPalMDEatH+VISIoNSoFWar+MrMarCaIllEBruxelles, Magasin 4, 18h, 10e

Lun 08.09

HaMIltoNlooMISVerviers, Spirit Of 66, 20h, 15e

Mar 09.09

MoNStEryoUtHGand, Café Vidéo, 21h30, gratuit

Mer 10.09

SHaM69+CoNtINgENt+lESSlUgSBruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

DaNIElroMaNoAnvers, Trix, 19h30, 14/11e

BECKBruxelles, Forest National, 20h, 45e

Jeu 11.09

CUtHaNDS+gErMaNottayoUtH+rIPItBruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

JaNoSKIaNS+BlUSHAnvers, Trix, 19h30, 64/39/14e

JayMayHEM(DarKSIDEProJECt)+ColoNElSWEEtBaCK+aNal...Charleroi, Rockerill, 20h, NC

rICHIEKotZENVerviers, Spirit Of 66, 20h, 25e

tWEENSLille, La Péniche, 20h, 12/11e

Ven 12.09

BENtVaNlooyLouvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, Gratuit

Bruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e

trIBUtEtotHEDoorSByBaCKDoorSMaNVerviers, Spirit Of 66, 21h, 10e

aNJaSCHNEIDErLille, Le Magazine, 23h, NC

saM 06.09

ZENZIlE+VoltSElECtor...Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e

aNtHEaMons, Alhambra, 20h, 10/8e

PatrICKBrUElVilleneuve d'Ascq, Stade Pierre Mauroy, 20h, 68/37e

StEVEHooKErLillers, L'Abattoir, 20h, 7e

SWINgMEBaBy+FrENCHragDIVIDErSLille, Gare Saint-Sauveur, 20h, Gratuit

WooDSBruxelles, Atelier 210, 20h30, 13/10e

MCloUDVerviers, Spirit Of 66, 21h, 18e

traDE(BlaWaN+SUrgEoN)+PSyK+SKIrt+DEg...Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e

DiM 07.09

FEStIVallESMUSICalESDEBEloEIl:CHaPEllEMUSICalErEINEElISaBEtH+QUatUorMalIBraNBeloeil, Scène Champ des roses , 14h, 34/25/20e

FEStIVallESMUSICalESDEBEloEIl:SolEDaD+PHIlIPCatHErINEBeloeil, Scène Cloître , 14h, 34/25/20e

lEtraDSWINgJaZZBaNDLille, Gare Saint-Sauveur, 15h, Gratuit

FEStIValWalloNIE-HaINaUt-PrEMIèrESSCèNES:

Page 125: Magazine lm99 septembre 2014

Retrouvez l’intégralité des concerts sur

www.lm-magazine.com

CollEgIUMVoCalEgENtPUrCEll...Bruges, Concertgebouw, 20h, 41/33/25/17e

FrEDDIEgIBBSAnvers, Trix, 20h, 15e

orCHEStrENatIoNalDElIllESaint-Folquin, Salle des sports , 20h, NC

SINKaNELille, La Péniche, 20h, 13/12e

SoNICarEa+HINt...Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e

tHEtallISSCHolarSBruxelles, Bozar, 20h, 16e

KINDoFPINKAth, Maison Culturelle d'Ath, 20h30, NC

tHEtHINaNDtHEFatgUy'SArlon, L'Entrepôt, 20h30, NC

MyStEryVerviers, Spirit Of 66, 21h, 20e

WItlooFBayBruxelles, Bozar, 22h, gratuit

saM 13.09

lENgtHoFtIME+ESlagUErIlla+SUrgEoFFUry...Bruxelles, Magasin 4, 17h, 10e

CaSSSaNDrE+ElVINgallaNDQUartEt+raFDBaCKEr+BaBaSISSoKoJaZZrEVolUtIoN…Bruxelles, Botanique/Rotonde, 18h30, 8e

laSMala+DoUBlE00+rEtoUr2FlaMMES+DJSElFMons, Alhambra, 20h, 12e

orCHEStrENatIoNalDElIllEAix-La-Noulette, Salle René Gébus , 20h, NC

tUxEDoMooNEeklo, N9, 20h, 17/14e

ayMErICSylVErtOrchies, Le PACBO, 20h30, 10/8/3e

BoogErSBeauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, Gratuit

CaNtooStINatoBruges, Concertgebouw, 20h30, gratuit

CarlCraIg+FaBrICElIg...Charleroi, Rockerill, 22h, NC

gyPtIaN(JaM)WItHlIVEBaNDAnvers, Petrol Club, 22h, 15e

toNalraUSCHBruxelles, Bozar, 22h, 16e

NaMEFEStIVal:MagDa+MarCHoUlE+NyMa+JUlIENElECtrolIBrE+aPM001Dunkerque, Le Kursaal, 22h, 10/6e

DiM 14.09

tagaDaJoNES+CorBIllarDBruxelles, Magasin 4, 18h, 10e

JoaNBaEZBruxelles, Cirque Royal, 20h, 60/52,5/45,5e

Lun 15.09

rICHIEKotZEN...Lille, Le Grand Sud, 20h, 13/7/5e

toMMyCaStroVerviers, Spirit Of 66, 20h, 20e

BlaCKENglISHGand, Café Vidéo, 21h30, Gratuit

Mar 16.09

ColDPUMaS+BErlINE0.33Lille, La Péniche, 20h, 11/10e

tHEgoaStt(SEaNlENNoN&CHarlottEKEMPMUHl)...Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16e

PSyCHICtVBruxelles, Beursschouwburg, 20h30, Complet !

Jeu 18.09

WEWErEEVErgrEEN+VIlaINRoubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 8/6/1e/Grat

aMatorSKIHasselt, Cultuurcentrum, 20h, 18/16,50e

léoNIEPErNEt+BlaISEBaNDINILille, La Péniche, 20h, 12/11e

PErCySlEDgEBruges, Cultuurcentrum, 20h, 32/28/21/14e

PoW!+MUrVINJay+HolyWaVE+raWDIStrICt...Charleroi, Rockerill, 20h, NC

StEVENoSBorNEBruges, Concertgebouw, 20h, 21e

FaBrICEDEVIENNE:dIpendaDunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e

NElENEEDSaHolIDayGand, Charlatan, 22h, 5e

KIDINKLille, Le Magazine, 23h, 20e

Ven 19.09

NaME:BlaISEBaNDINI+tItoParallEl+SoNgELille, Gare Saint-Sauveur, 18h, Gratuit

FEStIValDUMétalàlaCaMPagNE:loFoFora+géNérallEEBENIgHtED+gooN+FatHErlESSCHIlD+ColoSSUS+tySoNBoogIE...Rexpoëde, Site du Meulen Hof , 19h, 15e

graMatIKAnvers, Trix, 19h30, 18e

49SWIMMINgPoolSLille, La Péniche, 20h, 14/13e

aEroPlaNE+attar...Mons, Alhambra, 20h, 12e

FlorENtPagNyLille, Le Zénith, 20h, 60/50e

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Concerts126

JaMEStayloraNDBaNDBruxelles, Cirque Royal, 20h, 70/60/50e

KINgBUZZoCourtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e

lENto+yEaroFNolIgHt...Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e

orCHEStrENatIoNalDEBElgIQUEBruxelles, Bozar, 20h, 40/32/22/10e

PErCySlEDgEHasselt, Cultuurcentrum, 20h, 34e

Play@HoME#9:MaDENSUyU+SElENIaN+WayWarDBIrDSTourcoing, Le Grand Mix, 20h, 5e

HKEtlESDéSErtEUrSOrchies, Le PACBO, 20h30, 16e

WEloVEyoU-WEarENotloUrEEDAnvers, De Roma, 20h30, 18/16e

FaBrICEDEVIENNEDunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e

NaMEFEStIVal:MattHUSraMaN+MayaJaNEColES+laUrENtgarNIEr+agorIa+tHroBCIrClE+tENNIS+tENWallS+talEoFUS+MINDagaINSt+PEoWatSoN+PaCHaNgaBoyS+EllENallIEN+rECoNDItE+MICHaElMayErTourcoing, La Tossée, 22h, 28/20e

saM 20.09

FEStIValDUMétalàlaCaMPagNE:DaNCEFloorDISStEr+W.I.l.D+NEtFaStSCorE+UNStaBlERexpoëde, Site du Meulen Hof , 14h, 15e

DEaDElVIS&HISoNEMaNgraVE+PEtErPaN

SPEEDroCK...Bruxelles, Magasin 4, 18h, 10e

NaMEFEStIVal:CED+FaraI+MISSNoaLille, Gare Saint-Sauveur, 18h, Gratuit

SoHN+gUEStTourcoing, Le Grand Mix, 19h, 12e/grat

CaSCoPHIlBruges, Concertgebouw, 20h, 32/27/21/16e

FEStIValWalloNIE-HaINaUt:lESMétaMorPHoSES/ENSEMBlEoxalySLa Louvière, église du Voeu à Saint-Antoine de Padoue , 20h, 15/12e

lEPlaNC+MCStyléS...Liège, La Zone, 20h, NC

MoaNINgCItIESMons, Alhambra, 20h, 10e

SttElllaMouscron, Centre culturel, 20h30, 20e

ZaPMaMaLouvain, Ferme du Biéreau, 20h30, 26/25/23e

FaBrICEDEVIENNEDunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e

KErMESZàl'EStBruxelles, Atelier 210, 21h, 10/7e

NaME:B.a.g.a.r.r.E+SaMtIBa+PaNtEroS666+2MaNDySDJS+BroDINSKI+loUISaHHH!!!+DEIVaEt&DJoS+CloCKWorK&aVatISM+MarCElDEttMaNN+loCoDICE+DCSalaS+rEPtIlEyoUtH+agENtSoFtIME+aPolloNIa+aPM001Tourcoing, La Tossée, 22h, 28/20e

DiM 21.09

tUNNg+tHEFEatHErLouvroil, Espace Culturel Casadesus, 18h, 12/10/8/5e

BarDoPoND+WHItEMaNNaBruxelles, Magasin 4, 18h30, 8e

aSaFaVIDaNRoubaix, Le Colisée, 19h, 45/41/37/34/8e

ENtoMBEDa.D.+graVECourtrai, De Kreun, 20h, 21/18/15e

tUxEDoMooNLouvain, Het Depot, 20h, 20/17/14e

Lun 22.09

DIEENtFüHrUNgaUSDEMSEraIl(INCoNCErt)Bruxelles, La Monnaie, 19h, 72/56/40/18e

MarISSaNaDlEr+MICKtUrNErAnvers, Trix, 19h30, 17/14e

NEgatIVEaPProaCH+graNDCollaPSE...Liège, La Zone, 20h, 8e

CaVE+roSalINDHallBruxelles, Les Ateliers Claus, 20h30, 5e

toNyBENNEttBruxelles, Cirque Royal, 20h30, 101/96/86/76

Mar 23.09

aZEalIaBaNKSGand, Vooruit, 19h, 26e

Noxagt+SHEarINgPINK...Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

laDygagaAnvers, Antwerp Sportpaleis, 19h30, 99,5>39,5e

NatUralCHIlD+ZIgZagSAnvers, Trix, 19h30, 11e

DaNISHStrINgQUartEtBruxelles, Bozar, 20h, 28/20e

MoNNo+PIUMEDIPaVoNELiège, La Zone, 20h, 7e

tHEESIlVErMt.ZIoN+tHEBESNarDlaKESLille, L'Aéronef, 20h, 17/13/9e

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Retrouvez l’intégralité des concerts sur

www.lm-magazine.com

JaMSESSIoNDunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h30, gratuit

Mer 24.09

MoNNo+artoFBUrNINgWatEr+PIUMEDIPaVoNEBruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

aPPlaUSE+VISMEtS+SHarKoBruxelles, Botanique/Orangerie, 19h30, 10e

laCéCItéDESaMoUrEUx+lI-lo*+roBBINgMIllIoNSBruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 10e

CoNCrEtEKNIVES+SaMBaDElaMUErtERoubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e

MarSrEDSKy+gloWSUNLille, L'Aéronef, 20h, 11/gratuit

SayyESDogLille, La Péniche, 20h, 12/11e

UB40Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 35e

PHarrEllWIllIaMSAnvers, Antwerp Sportpaleis, 20h30, 51/47/43/39e

JIMMIEJoyBruxelles, Atelier 210, 21h, 3e

Jeu 25.09

lEPèrENoëlESt-IlUNroCKEr?/FEINI-xCrEW+CayMaNKINgS+gUEStRoubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 3e

MEEtINgraoUlISEaSy#2Oignies, Le Métaphone, 19h30, Gratuit

MoUNtaINBIKE+NEWMooNAnvers, Trix, 19h30, Gratuit

tHEgaSlaMPKIllErBruxelles, VK*, 19h30, 19/16e

CoNCrEtEKNIVES+SaMBaDElaMUErtE...

Bruxelles, Atelier 210, 20h, 10/7e

FrEDDIEgIBBS+BlUEDaISy+WESH!SoUNDSyStEMTourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5e

KaPBaMBINo+attarI+INFECtICIDE+gloBUlVSBaraKoBaHaMaS...Charleroi, Rockerill, 20h, Grat

orCHEStrEPHIlHarMoNIQUEroyalDElIègEBruxelles, Bozar, 20h, 40/32/22/10e

rEDSNaPPEr+INWolVESOpwijk, Nijdrop, 20h, 15e

ElEPHaNtStoNEBruxelles, Botanique,Witloof Bar, Bruxelles, 20h30, 14/11/8e

FEStIValWEWIllFolKyoU:CatFISH+DaNIElroMaNoDunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e

Ven 26.09

PartCHIMP+HEyColoSSUS+UltraPHallUS+aDolINaBruxelles, Magasin 4, 19h, 10e

KaPBaMBINoBruxelles, VK*, 19h30, 16/13e

SylVaNESSoAnvers, Trix, 19h30, 14/11e

(FraNKDErUyttEr'S)o.t.oMaCHINECourtrai, De Kreun, 20h, 16/13/10e

gaïDEN&yoSHI+JBlaDoSHaD+oBI-oNELiège, La Zone, 20h, 5e

lEBalDEl’aFrIQUEENCHaNtéELomme, maison Folie Beaulieu, 20h, Gratuit sur réservation

MoUNtaINBIKE+aSUPErNaUt+tHEHolMESBruxelles, Atelier 210, 20h, Gratuit

PUggy+FùgùMaNgo+DJtUtUrMouscron, Plaine de Neckere, chaussée d'Aalbeke, Mouscron, 20h, 28/20e

SCottH.BIraM+tHEgraVEltoNESHasselt, Muziekodroom, 20h, 10/7e

tHEBootlEgBEatlESBruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26e

HaNStEEUWEN&tHEPaINKIllErSAnvers, Arenbergschouwburg, 20h15, 27,50/24,50e

JéréMIErHorErBruxelles, La Monnaie, 20h15, 40/30/25/12e

PoWErDoVE+HayVaNlaralEMIBruxelles, Les Ateliers Claus, 20h30, 8e

FEStIValWEWIllFolKyoU:FIrStaIDKIt+JoroSEDunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e

FESt.lESPHotaUMNalES:JaMaICa+gDErWSBeauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 14/12/9e

SKaNKlaB#3DaWaHIFIMEEtSWEEDINgDUBW/lIttlE-r+KaNDEELille, L'Aéronef, 22h, 8/4/3e

saM 27.09

alEKEtlESJaPoNaISES+PEtUlaClarCK+roMaNoNErVoSo+tHEMIgHtyProgErIaNS+FraNKSHINoBI+JESUSISMySoN+galVaNIZE+PHIlarEtorDrE+SPortDoEN+MartElEUr+aEroBICoNoISEBruxelles, Magasin 4, 15h, Gratuit

lEgoûtEr-CoNCErtDElIEUtENaNtCoBBTourcoing, Le Grand Mix, 16h, 5e/ Grat. 2 accompagnateurs

Page 128: Magazine lm99 septembre 2014

Concerts128

SoHNAnvers, Trix, 19h30, 20/17e

tHESUCCUBES+traNSMISSIoNCharleroi, Le Vecteur, 19h30, 5e

aMENraBruxelles, Ancienne Belgique/Theater, 20h, 19e

FEStIValWalloNIE-HaINaUt:VoyagEENtErrESBalKaNIQUES/CrIStIaNMaNDEal+orCHEStrENatIoNalDEBElgIQUE...Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 20h, 15/12/8/6e

FEStIValWEWIllFolKyoU:aMENDUNES+JoSEPHINEFoStEr+l'HaPaxDunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10/7e

FUMaNCHULille, La Péniche, 20h, Complet

grEgoryFratEUr,JoHaNNESVErSCHaEVE,toMPINtENS,DaVIDPoltroCK&MarCBoNNEBruges, Cultuurcentrum Bruges, 20h, 15/6e

lESBlérotSDEraVEl+ClUBNoUVEaUBeauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 10e

lESr'tarDataIrES+roBBINgMIllIoNS+latENtatIoNNIHIlIStEArlon, L'Entrepôt, 20h, Gratuit

orCHEStrENatIoNalDEBElgIQUE/BorISgIltBUrg,PIaNoCrIStIaNMaNDEalCharleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 20h, 15/12e

PEtErPaNSPEEDroCK+DIaBloBoUlEVarDMons, Alhambra, 20h, 12e

rUINS+SEgrEgatED+CEaSEFIrELiège, La Zone, 20h, Gratuit

SHaNEalExaNDErEeklo, N9, 20h, 12/9e

ZItaSWooNgroUPOstende, CC De Grote Post, 20h, 18/16e

aBlayECISSoKoEtVolKErgoëtZEMouscron, Centre culturel, 20h30, 5e

ElMErFooDBEatOrchies, Le PACBO, 20h30, 30/25/20/15e

roDrIgUELomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14.80e

téMétaN+CaSSSaNDrE+IVaNtIrtIaUxLouvain, Ferme du Biéreau, 20h30, Gratuit

DiM 28.09

StaNISlaVKHrIStENKoBruxelles, Bozar, 11h, 10e

aBBagolDtrIBUtEAnvers, De Roma, 15h, 18/16e

DaNIElBarENBoIMBruxelles, Bozar, 15h, 88/66/46/22e

toUrCoINgJaZZtoUr:aBlayECISSoKo&VolKErgoEtZEBondues, Espace Culturel, 17h, 5/3e

FMBElFaSt+PlaSHWaVERoubaix, La Cave aux Poètes, 18h, 12/10/8e

FIrStaIDKIt+JoroSEBruxelles, Botanique/Orangerie, 19h30, Complet !

StraNDoFoaKSAnvers, Trix, 19h30, 14/11e

Lun 29.09

CHrIStINESCHäFErBruxelles, Bozar, 20h, 34/24e

SlEEPySUNLille, La Péniche, 20h, 14/13e

SUMMErHEartGand, Café Vidéo, 21h30, gratuit

Mar 30.09

DrUMSarEForParaDES+KENMoDE+HarK+30000MoNKIESBruxelles, Magasin 4, 18h30, 8e

DaVIDSUrKaMPGand, Vooruit, 19h, 23,75e

FMBElFaSt+BErNDSENBruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e

toUrNéEDESINoUISDUPrINtEMPSDEBoUrgES,CréDItMUtUEl:FràNçoISaNDtHEatlaSMoUNtaINS+BIllIEBrEloK+MarKBErUBE+tHylaCINETourcoing, Le Grand Mix, 19h30, 10/7e

FEStIValWalloNIE-HaINaUt:réCItalDEPIaNo/laUréatDUCoNCoUrSaNDréDUMortIErAuditorium du Conservatoire Royal de Musique de Mons, 20h, Gratuit

FlaVIaCoElHoDouai, L’Hippodrome, 20h, 8e

lagraNDECHaPEllEDIrIgéParalBErtrECaSENSHasselt, Cultuurcentrum, 20h, 18/16,50e

MatSUKaZE/toSHIoHoSoKaWaEt!!!SaSHaWaltZLille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5 e

SUUNSGand, Vooruit, 20h, 15e

MoSKUS+BlaCKFloWErGand, Handelsbeurs, 20h15, 17/13/5e

toUrCoINgJaZZtoUr:aBlayECISSoKoEt!!!VolKErgoEtZELys lez Lannoy, Ferme du Gauquier , 20h30, 5/3e

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yaNglIU-Cette designer chinoise (qui vit à Berlin) s’attaque avec légèreté à un sujet qui l’est beaucoup moins : les étiquettes qui collent aux genres et enferment hommes et femmes dans des rôles séculaires. En jouant sur la comparaison, ses pictogrammes démontent allègrement les clichés et mesurent le niveau d'égalité entre les sexes. yangliu,Homme/femme. Mode d’emploi(taschen),128p.,12€

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