magazine «environnement» 4/2008 - bois: le grand retour

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4/2008 ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT Bois: Bois: le grand retour le grand retour

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Magazine ENVIRONNEMENT 4/2008 de l'Office fédéral de l'environnement OFEV

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4/2008

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EN

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NE

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NT

Bois:Bois:le grand retourle grand retour

Vieille ressource,nouvelle sève

Le bois fait son grand retour.

Après la guerre, cette ressource

locale et traditionnelle a été

négligée au profit d’autres maté-

riaux – jugés plus modernes –

et d’agents énergétiques fossiles.

En 1949, dans un livre vision-

naire intitulé « The Coming Age

of Wood », Egon Glesinger de la

FAO prédisait que le bois jouerait un rôle économique

majeur dans le monde et qu’il serait de plus en plus

recherché. Pourtant, pendant des décennies, il a gardé une

image vieillotte et nostalgique. Le regain d’intérêt qu’il

suscite ne date que de quelques années, mais ouvre des

perspectives souriantes à la sylviculture et à l’économie

du bois. Dans le même temps, de nouvelles questions

surgissent.

Le bois permet de bâtir des maisons, de les agrandir, de

les aménager et de les chauffer. Il sert de matériau de base

pour le papier et le carton, pour des carburants et même

peut-être, à l’avenir, pour des substances chimiques. À

l’heure où les autres ressources se font rares et chères, son

extraordinaire diversité d’emploi laisse présager que la

pression sur cette matière première – et donc sur la forêt –

va sensiblement s’accroître.

Dans ce contexte, l’OFEV s’est allié à l’Office fédéral de

l’énergie (OFEN) et au Secrétariat d’État à l’économie

(SECO) pour définir une politique de la ressource bois,

d’entente avec les principaux milieux concernés. Ce

document servira de point de repère stratégique pour une

mise en valeur optimale des produits ligneux.

Le bois constitue le thème central de ce numéro du

magazine ENVIRONNEMENT. Le dossier parle aussi de

forêt, puisqu’une sylviculture durable offre les meilleures

conditions pour approvisionner notre économie en bois sur

le long terme. « Qui veut la forêt doit aussi vouloir le bois»,

disait-on lorsque cette matière première souffrait encore

d’une demande anémique. La formule peut désormais

être inversée: de nos jours, qui veut le bois doit prendre

soin de la forêt.

Andreas Götz, sous-directeur de l’OFEV

ENVIRONNEMENT 4/082

4 Spots

6 – 41 DOSSIER BOIS

6 Une ressource à mieux exploiter

L’OFEV est en train d’élaborer une politique pourqu’on utilise tout le potentiel du bois et qu’on levalorise au mieux du point de vue économique.

10 Plein régime dans les scieriesLa Suisse façonne de plus en plus son bois. Elle peutnéanmoins encore mieux se diversifier au niveau desproduits.

15 Une sylviculture naturelleUn nouveau catalogue d’exigences doit garantirque l’exploitation du bois ne se fasse pas audétriment des autres fonctions de la forêt.

21 Constructions avant-gardistesL’architecture en bois se décline en nouvellesdimensions. Deux exemples: Green Offices etla cabane du Mont-Rose.

25 Au service du climatEn utilisant le bois pour construire et se chauffer, oncontribue à protéger le climat.

27 RechercheLe programme Wood Fibre 2020 se penche surdiverses solutions de valorisation innovantes pourle bois.

28 Glossaire

29 La situation en SuisseLe bois abonde dans nos forêts.

30 Nos bois en bref (à déplier)Panorama des volumes et essences indigènes.

37 Un excellent pourvoyeur d’énergieÀ l’avenir, le bois pourrait couvrir les besoins dechauffage d’un quart des bâtiments en Suisse.

40 Protéger les sols forestiersLes lourds engins qui récoltent le bois doiventménager les sols forestiers. Cours pour les exploi-tants.

ÉD I T OR I A L Sommaire

ENVIRONNEMENT 4/08 3

42 – 53 HORS DOSSIER

42 Subventions vertesLa réforme de la péréquation financière et de larépartition des tâches (RPT) s’applique aussi à laprotection de l’environnement.

44 Chats sauvagesUn programme de l’OFEV les compte et lessurveille dans le Jura.

47 Éducation à l’environnementLe service-environnement est de plus en plusconnu et actif.

49 Biotechnologie et sécuritéLa formation des responsables de la sécuritébiologique va se professionnaliser.

51 Lutte contre la corrosionLe revêtement de la conduite forcée de l’usineélectrique de Tenero contenait des PCB: il a étéassaini. Une intervention modèle.

54 Jugement / Rubrique internationale

55 Nouvelles des cantons

59 OFEV interne

60 Agenda

61 Dernières publications de l’OFEV

62 Actif

63 Le savoir-vert / Impressum

Bois: tous les liensLa rubrique Online a été déplacée. Vous la trouverez surle site de l’OFEV à l’adresse suivante:www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4Ce service a été étendu et comprend une liste de liensainsi que des sources bibliographiques pour chaquearticle du numéro.

En couverture: Le bois est un bon employeur. En Suisse,l’économie forestière et l’industrie du bois occupent quelque80 000 personnes, surtout dans les régions rurales.Photo: OFEV/AURA E. Ammon

Le bois des forêts suisses est à nouveau demandé:récolte dans la forêt bourgeoisiale de Sumiswald (BE).

OFEV/AURA E. Ammon

ENVIRONNEMENT 4/08 SPOTS4

Des rues éclairées à la demande

L’éclairage nocturne coûte de l’argent et de l’énergie tout enpolluant l’atmosphère. La ville de Lemgo, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, explore de nouvelles solutions avecson système de lampadaires économiques. Un coup de télé-phone suffit pour allumer pendant quinze minutes leslampes des rues que l’on veut parcourir. L’utilisateur ne paieque la communication. Ce système est actuellement testédans trois communes. Jusqu’à la mi-2009, les responsablesrassemblent des données concrètes sur les économiesd’énergie réalisées, la réduction des émissions de CO2 et lecomportement des utilisateurs. Les demandes reçues de laRépublique tchèque, d’Autriche, des Pays-Bas et de Suisse neseront examinées qu’ensuite.Dial4Light®, Frank Bräuer, Services industriels de Lemgo (Allemagne),

0049 5261 255 251, www.stadtwerke-lemgo.de

Agir pour le grand tétras et le pic mar

La parade du grand tétras (photo) est un spectacle fascinantque l’on observe de moins en moins dans les forêts suisses. Lesdernières populations qui ne soient pas directement menacéesse rencontrent dans les Grisons, les Préalpes septentrionales etla chaîne du Jura. La situation du pic mar n’est guère plusenviable: on ne recense plus qu’un demi-millier de couplesnicheurs. Pour conserver ces deux espèces, l’OFEV, la Stationornithologique suisse de Sempach et l’Association suisse pourla protection des oiseaux (ASPO/Birdlife Suisse) ont développédes plans d’action au sein du programme de conservation desoiseaux en Suisse. Ils y ont défini les objectifs à moyen terme,la stratégie, les priorités des mesures ainsi que les conditionsorganisationnelles et financières de la mise en œuvre. Cettedernière est de la compétence des cantons, qui bénéficientd’un soutien de la Confédération dans le cadre de la nouvellepéréquation financière.Bruno Stadler, section Chasse, faune sauvage et biodiversité en forêt,

OFEV, 031 325 57 14, www.conservation-oiseaux.ch

Les CFF mettent le freinaux gaspillages

Les conducteurs de locomotive des CFF sont formés à laconduite écologique. Lorsqu’un gros train ralentit de 200 à160 km/h en utilisant uniquement le frein électrique, il éco-nomise la quantité de courant que consomme un ménagemoyen en une semaine. Le perfectionnement des mécaniciensfait partie du programme d’économies d’énergie lancé parl’entreprise. L’objectif est de réduire la consommation de 10 %d’ici à 2015.Markus Halder, Centre environnemental ferroviaire des CFF,

Berne, 051 220 42 94, www.sbb.ch/umwelt

mise à disposition

CFF

OFEV

SPOTSENVIRONNEMENT 4/08 5

SPOTS

Une fleur pour l’environnementLes écolabels sont des instruments de l’économie de marché qui aident le consommateur à prendredes décisions responsables. Ces dernières années, le label à la fleur de l’UE s’est bien établi en Europe.En tant que partenaire commercial important de l’Union, la Suisse observe cette évolution avec inté-rêt. Pour certains groupes de produits, des experts suisses collaborent à la définition des critèresd’attribution. Depuis 2006, les établissements touristiques de notre pays peuvent se faire examinerdirectement par un vérificateur suisse. La certification se fait ensuite en Autriche. D’autres branchesn’ont pas encore cette chance: elles doivent suivre toute la procédure dans un État membre de l’UE.C’est ce qu’a fait la société Panolin SA, à Madetswil (ZH), qui fabrique des lubrifiants sophistiqués:sept de ses produits ont été certifiés en Allemagne. Le label est parfois incontournable puisqu’enFrance, par exemple, la loi l’exige pour divers produits.Anna Wälty, cheffe de la section Biens de consommation et écobilans, OFEV, 031 323 13 17, www.eco-label.com,

www.panolin.com, www.swisstourfed.ch

Déchets électroniques:zéro pointé pour les portablesSi l’on emballait tous les déchets électroniques suisses de 2007 dans despalettes entassées l’une sur l’autre, on obtiendrait une colonne hautecomme 53 fois le Cervin. Près de 50 000 tonnes d’appareils électriqueset électroniques usagés ont été éliminées l’an passé par SWICO Recy-cling, une commission indépendante et à but non lucratif de l’Associa-tion économique suisse de la bureautique, de l’informatique, de la télé-matique et de l’organisation (SWICO). Cette quantité, en hausse de6,5 % par rapport à 2006, correspond à un taux de retour de 80 %. Lestéléphones portables font toutefois exception, avec des retours de 15 %seulement, bien qu’ils soient repris gratuitement dans tous les points devente. Ces téléphones contiennent des métaux lourds comme le plombet le chrome, ainsi que des substances dangereuses comme le baryumet le béryllium. Presque tous leurs composants peuvent être valorisés.SWICO va miser davantage sur l’information pour faire connaître cetype de recyclage.SWICO Recycling, Zurich, 044 445 38 10, www.swicorecycling.ch

Une étude réalisée sur mandat de l’Office fédé-ral des routes (OFROU) a montré qu’un enfantsur dix, en Suisse, est amené à l’école en voi-ture – même près d’un sur trois à proximitédes centres urbains. Or, selon les experts, lesenfants qui se rendent à pied à l’école appren-nent à tenir compte de la circulation, font desexpériences sociales enrichissantes et prennentconscience de l’environnement et de la naturequi les entourent. C’est la raison pour la-quelle l’Association Transports et Environne-ment (ATE) a lancé « À pied à l’école… uneaventure fascinante ». Cette campagne doitnotamment montrer que jouer les chauffeursde taxi pour ses enfants n’est pas une fatalité.Les pédibus, par exemple, permettent auxjeunes élèves de se déplacer à pied et engroupe sur le chemin de l’école. Bien connusdes Romands, ils commencent à faire desémules en Suisse alémanique.Association Transports et Environnement, Berne,

0848 611 611, www.ate.ch

Le pédibus fait son niden Suisse alémanique

mise à disposition

Livraison de déchets électroniques chez Immark SA, à Regensdorf (ZH).

mise à disposition

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS6

Utiliser durablement et valoriser efficacement le bois, tel est l’objectif de la politique de laressource bois, en cours d’élaboration à l’OFEV. Le potentiel de production de nos forêts doitêtre intégralement exploité, et le bois récolté être utilisé comme matériau d’abord, puis, en finde vie seulement, comme agent énergétique.

La forêt nous loge et nous réchauffePOLITIQUE DE LA RESSOURCE BOIS

Le bois est l’une des principales res-sources naturelles de notre pays: c’estun matériau et un agent énergétique àla fois climatiquement neutre et renou-velable. En outre, son exploitationcontribue au rajeunissement régulierdes forêts et à leur stabilité.

Selon la loi, nos forêts doivent satis-faire à des exigences multiples et parfoiscontradictoires: fournir le bois, offrirun lieu de détente, protéger contre lesdangers naturels, aider à conserver labiodiversité. La Confédération est te-nue de veiller à ce que la forêt puisseremplir durablement toutes ces fonc-tions.

Cela implique entre autres que l’uti-lisation du bois tienne compte de façonoptimale, d’un point de vue écono-mique, des différents intérêts. En colla-boration avec le Secrétariat d’État àl’économie (SECO) et l’Office fédéral del’énergie (OFEN), l’OFEV élabore dansce but une politique de la ressource boisqui devra répondre à deux questionsdéterminantes: combien de bois laforêt suisse peut-elle fournir durable-ment chaque année et comment levaloriser au mieux?

Un potentiel inexploitéÀ l’échelle nationale, nous pourrionsutiliser durablement davantage de bois:on abat en effet moins de bois exploi-table qu’il n’en repousse. Ce fait s’ex-plique par la faible demande du passé,

le comportement des propriétaires deforêts en matière d’offre, les petitesstructures des propriétés et les coûts derécolte élevés dus à la topographie danscertaines régions.

Avec la raréfaction du pétrole àl’échelle mondiale, pourtant, la de-mande en bois s’est considérablementaccrue depuis 2006. En outre, les poli-tiques climatique et énergétique misentsur les énergies renouvelables pour ré-duire les émissions de CO2, ce qui aug-mente la pression sur les forêts.

Bien que la population aime lesforêts entretenues, claires et « propres »,d’aucuns craignent que l’exploitationaccrue du bois ne les détruise. La poli-tique de la ressource bois a été discutée

avec les différents groupes d’intérêts –économie forestière et industrie dubois, cantons, organisations environ-nementales, milieux scientifiques –pour tenir compte des exigences dechacun.

L’objectif actuel est d’exploiter au-tant de bois qu’il en croît. Des étudesapprofondies examinent s’il seraitaussi opportun de réduire les grandesréserves.

Valoriser intelligemmentLa concurrence entre les diversesformes de valorisation – matérielle ouénergétique – de cette matière premièrelimitée s’est renforcée. Sur le plan del’économie nationale, et pour autantqu’une utilisation comme matériau soitpossible, la valorisation directe du boisà des fins énergétiques n’est pas idéale.L’objectif stratégique est plutôt del’utiliser en cascade: bois et produits

suite page 8

Les politiques climatique et énergétique misent sur les éner-gies renouvelables pour réduire les émissions de CO2, ce quiaugmente la pression sur les forêts.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 7

Politique de la ressource bois:les objectifs pour 2020

1. Une sylviculture rentable utilise à fond lepotentiel de production de bois durablementexploitable dans les forêts suisses.Ce potentiel est estimé à 8 ou 8,5 millions de mètres cubes (m3)par an. 5,7 millions de m3 ont été récoltés en 2007. Avec la pro-portion d’écorce et les pertes de récolte de près d’un million dem3, ce chiffre représentait environ 80 % du potentiel.

2. La demande en produits ligneux sedéveloppe, notamment la proportionde bois dans le parc immobilier.La consommation annuelle de sciages et de dérivés du bois doitpasser à 0,39 m3 par personne, soit 20 % de plus qu’en 2006. Lapart du bois dans le parc immobilier suisse doit grandir de 50 %.Le potentiel existe: en Autriche, la consommation de dérivés dubois et de produits de scierie était en 2006 de 0,84 m3 par habi-tant.

3. La valorisation énergétique du bois desforêts, du bois hors forêt et du bois usagéaugmente.Le potentiel d’exploitation du bois d’énergie de nos forêts variede 2,7 à 3,2 millions de m3 par an selon les estimations. Actuel-lement, on en utilise environ 1,3 million; un recensement exactest impossible, surtout dans les forêts privées. Le bois usagé peutégalement être valorisé davantage. Voir aussi page 37.

4. Le bois est utilisé en cascade.Les assortiments qui se prêtent à une utilisation tant matériellequ’énergétique sont d’abord exploités comme matériau.

5. Le potentiel d’innovation de la chaînede valeur ajoutée du bois s’accroît.En raison de leurs petites structures, l’économie forestière et l’in-dustrie du bois suisses ne peuvent réaliser seules les investisse-ments nécessaires: il faut donc soutenir la recherche, le dévelop-pement et le transfert de savoir et créer des conditions favorablesà l’innovation.

6. La concertation avec d’autres politiquessectorielles et acteurs importants est assurée.L’OFEV veille à garantir une collaboration de confiance avec lesautres offices fédéraux, les cantons, le secteur de la forêt et dubois, les milieux scientifiques et la recherche.

OFEV

/AUR

AE.

Amm

on

ligneux doivent demeurer aussi long-temps que possible dans le système éco-nomique. Une telle utilisation partd’une valeur ajoutée élevée pour des-cendre successivement les échelons. Lebois exploitable en tant que matériaune devrait jamais être employé en pre-mier lieu comme combustible – mais enfin de vie, si. Il faut commencer par seloger avant de se chauffer!

Le plan d’action boisLa politique élaborée sera mise en œuvreà l’aide d’un plan d’action bois, qui pour-suivra dès 2009 certaines activités debois 21, le programme d’encouragementde l’OFEV (voir encadré page 9). L’accent

est mis sur l’utilisation judicieuse dubois en termes économiques et écolo-giques. Les mesures tiennent comptedes situations différentes de l’économieforestière et de l’industrie du bois.

L’un des principaux champs d’ac-tion destinés à accroître l’efficacité dela production de bois consiste à conseil-ler et motiver les propriétaires de forêts.Pour améliorer les conditions de ce dia-logue, les dispositions correspondantesde la politique forestière vont être opti-misées et flanquées de mesures structu-relles, par exemple dans les domainesdes coopérations et de la logistique.

Des impulsions utilesÀ la différence de l’économie forestière,le secteur de la transformation du boisn’a pas besoin de mesures pour rendreses structures plus efficaces: c’est lemarché qui s’en charge. Mais il fautcréer les conditions nécessaires à l’in-novation et à la compétitivité, notam-ment en matière de recherche et dedéveloppement, de formation et de per-fectionnement ainsi que de transfert dusavoir. On soutiendra par exemple ledéveloppement d’immeubles en bois deplusieurs étages à haute performanceénergétique, ou la recherche de nou-velles filières de valorisation pour lebois de feuillus.

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS8

La politique de la ressource bois, axée sur l’utilisation, est indépendante de la politique forestière. Pour toutesles mesures concernant l’exploitation du bois, elle tient compte des dispositions actuelles de la loi fédéralesur les forêts, qui prescrit une gestion durable.

OFEV

Activités internationales

Politique énergétique

Politique climatique

Politique économiqueet régionale

Politique de la ressource boisMise à disposition durable du bois

Valorisation efficace

Filière bois: du bois sur pied à la valorisation ou àl’élimination, en passant par les produits en bois

Politique forestièreConservation et utilisa-tion durable de la forêt

Utilisation dela ressource bois

Politique de la ressource bois: définition et délimitation

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 9

bois 21bois 21 est un programme d’encou-ragement de l’OFEV auquel partici-pent l’industrie du bois, les hautesécoles et les organisations environ-nementales. Lancé en 2001, le pro-jet entend poser les fondementsd’une valorisation durable du boisd’ici à fin 2008. Il a pour principauxobjectifs d’accroître les ventes,d’utiliser le bois indigène et d’amé-liorer le rendement de la chaîne dubois, de la forêt au marché. Les prio-rités sont les suivantes:• améliorer la compétitivité de

l’économie forestière et de l’in-dustrie du bois;

• augmenter le rendement de l’in-dustrie du bois, en mettant l’ac-cent sur les coopérations et letransfert de savoir;

• perfectionner les bases tech-niques de l’utilisation du bois;

• lancer des produits et des procé-dés novateurs;

• faire connaître et couronner lesobjets et les projets innovants.

Grâce à bois 21, des progrès impor-tants ont été réalisés dans la pro-duction, la transformation et l’utili-sation du bois. Une évaluation duprogramme a montré que pour l’es-sentiel, les objectifs ont été atteints.La politique de la ressource bois et le

plan d’action bois ne sont pour l’essen-tiel que des outils d’accompagne-ment: en effet, les flux de matièressont surtout régulés par le marché,qui est fortement influencé par la po-litique énergétique dans le cas du

bois. Reste que ces outils peuventdonner des impulsions et empêcherou du moins atténuer de nombreuxconflits grâce à l’harmonisation despolitiques sectorielles.

Ulrike Krafft, OFEV

Récolte de bois par produit, 1986–2006en milliers de mètres cubes

Grumes Bois d’industrie Bois d’énergie Total1986 2976 758 894 46281987 2923 763 884 45701988 2793 809 893 44951989 2887 842 813 45421990 4488 895 879 62621991 2987 764 786 45371992 2917 721 845 44831993 2908 594 836 43381994 3234 518 858 46101995 3304 542 833 46781996 2663 478 853 39951997 2990 454 940 43831998 3386 460 1000 48451999 3294 462 981 47372000 6801 811 1626 92382001 3920 619 1122 56622002 3046 520 991 45572003 3501 513 1107 51212004 3425 561 1147 51332005 3421 584 1251 52562006 3630 634 1417 56812007 3648 689 1329 5666

Source: Statistique forestière suisse, OFS

INFOSRolf Manser, chef de la

division Forêts, OFEV

031 324 78 39

[email protected]

Ulrike Krafft

Cheffe de projet Politique

de la ressource bois, OFEV

031 324 40 45

[email protected]

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques:www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-01

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS10

Il y a peu, la Suisse exportait encore une bonne partie de son bois brut sans le façonner. Uneépoque révolue, car depuis la mise en service de la scierie industrielle de Domat/Ems (GR) en2007, les capacités de sciage ont considérablement augmenté. Cette tendance devrait semaintenir ces prochaines années.

L’ère des méga-scieriesTRANSFORMATION DU BOIS

En empruntant l’A13 ou en prenant letrain de Coire en direction de l’Ober-land grison, on longe, à hauteur deDomat/Ems, les tas de grumes et le boisdébité de la scierie Stallinger Swiss Tim-ber: jamais on n’avait vu autant de boisen même temps en Suisse.

L’entreprise StallingerLa quantité de débitage visée – un mil-lion de mètres cubes (m3) par an – frisele record, le temps nécessité pour laplanification et la construction aussi:un an à peine après le premier coup debêche, les scies et les trieuses avaient

déjà commencé à travailler sur la lignede canter. La mise en service des rails,du séchoir et de la raboterie a suivi.Christian Felix, responsable processuset qualité à la scierie Stallinger, estimeque le mérite revient aussi au chefde projet chargé de la construction,

OFEV/AURA E. Ammon

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 11

Gregor Sax. Ce dernier, longtemps res-ponsable technique chez Stallinger enAutriche, connaissait par cœur leslignes de sciage Linck et les installa-tions de triage Springer.

Le bois provient à 25 % des Grisons,à 60 % du reste de la Suisse et à 15 %d’Autriche, d’Allemagne et de France.Les livraisons des Grisons sont achemi-nées pour la plupart par camion, alorsque les autres le sont à 90 % par train.Le bois grison devrait être lui aussitransporté plus souvent par le rail àl’avenir.

Une installation automatiséeUne fois les arbres déchargés et entassésdans le parc à grumes, une grue lesamène à l’installation de triage, où ilssont déposés sur une chaîne d’ame-nage. De sa cabine de pilotage, RenatoCaviezel classe les fûts qui passentbruyamment devant lui. « J’ai deuxsecondes à peine pour évaluer un troncpuis presser sur un bouton », explique-t-il.

Renato Caviezel travaille de 5 à 14heures ou de 14 à 23 heures. Sa tâcheconsiste également à superviser surécran tous les processus automatiquesde la ligne de tri, de l’écorçage autriage. « Il faut au moins avoir uneformation de forestier-bûcheron pourfaire ce travail », ajoute-t-il.

Les troncs dont la base est tropvolumineuse sont déviés sur un circuitde contournement, puis rabotés par un

réducteur de pattes. On procède en-suite à l’écorçage, au passage dans undétecteur de métal et à la mensurationdu tronc écorcé. L’écorce est réutiliséedans la nouvelle centrale biomasseTegra Holz & Energie AG, toute proche(voir page 37).

Des exportations dans le monde entierDans la première ligne de canter, on dé-bite deux planches de bord à l’aide defraises d’angle et de lames de scie; onretourne alors le tronc pour en tirerdeux autres. Le rectangle restant passepar la scie circulaire; on peut en fairejusqu’à dix planches.

Ici aussi, un collaborateur est assisdevant plusieurs écrans. Il supervisel’installation totalement automatiséeen suivant les différentes étapes, desscies à l’emballage en passant par latrieuse de planches. Une partie du boisde sciage est façonnée à la raboteuse.

Chez Stallinger, on travaille aussibien le sapin que l’épicéa. Le second,plus demandé dans la construction, sevend à meilleur prix. Le bois débitéquitte la scierie pour deux tiers par rail,pour un tiers par camion, à destinationsoit de l’Autriche, où il sera transforméen bois lamellé-collé, soit d’un autrepays de l’UE, mais aussi du Japon, desÉtats-Unis, du Proche- ou du Moyen-Orient.

L’entreprise compte s’agrandir. Elleveut produire elle-même le bois lamellé-collé. D’autres options consistent à fa-

briquer des panneaux ou à installer uneunité de production de pellets, qui ré-utiliserait la sciure et les copeaux de ra-botage afin d’en faire du combustiblepour les chauffages. Valoriser sur placela sciure serait une solution optimalepour Stallinger, car le transport dessous-produits du bois exige une logis-tique démesurée.

La scierie de Domat/Ems compteactuellement 109 postes de travail ets’étend sur 15 hectares. Son parc àgrumes est aussi vaste que 14 stades defootball réunis. Une surface de 4,5 hec-tares est réservée aux projets d’exten-sion.

Moins nombreuses mais plus grandesLa mise en service de l’usine Stallingera permis à la Suisse de prendre le viragede la transformation industrielle dubois. De 2002 à 2007, la quantité degrumes sciées a augmenté de 12 % pouratteindre 2,5 millions de m3, soit prèsde 70 % de la récolte 2007. Durant lamême période, la concentration s’estpoursuivie dans le secteur des scieries:le nombre d’exploitations a diminué deprès de 20 %, avec en corollaire unehausse de la productivité moyenne de43 %. En 1996, aucune scierie ne dépas-sait les 100 000 m3 de bois débité. Ellesétaient deux en 2002 et cinq en 2007.

Malgré ces capacités en augmenta-tion, un tiers du bois abattu en Suisseest toujours exporté tel quel, sans être

Les troncs sont classés avant d’être écorcés: un miroir placé dans lacabine de contrôle permet à l’expert de voir tous les côtés du fût(en haut à gauche). Après l’écorçage, un chargeur frontal (à droite)dépose les troncs triés sur la ligne de canter, où ils sont amenésvers les scies. Un collaborateur surveille le processus au pupitre decommande.

suite page 13

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS12

OFEV/AURA E. Ammon

L’écorce est acheminée vers la centrale de Tegra (en haut à gauche). Après le premier débitage du tronc,le rectangle de bois de cœur restant (en haut à droite) peut donner jusqu’à dix planches. Elles sont triéespar un collaborateur. Suivant leur position, marquée par une couleur donnée, le convoyeur à courroie lesmène dans différentes filières (au milieu à droite). Puis elles sont emballées et expédiées.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 13

Importations 2

Exportations 2

Utilisation en Suisse

1 Statistique forestière suisse, OFS2 Commerce extérieur suisse, DGD

façonné. Mais si, comme prévu, l’usineSchilliger de Luterbach (SO) ouvre sesportes en 2009 et traite 0,6 million dem3 par an, le secteur suisse de la trans-formation du bois ne pourra définitive-ment plus être considéré comme sous-développé. D’autant plus que d’autresgrosses entreprises pensent à s’agrandir.

Une matière première suffisante?Les forêts suisses produiront-elles assezde bois pour couvrir les besoins de cetteindustrie? Oui, mais pas de la qualitévoulue: nos scieries transforment en ef-fet à 95 % des résineux. Si tous les pro-jets de construction et d’agrandisse-ment se réalisent, la demande pourraitpasser de 2,5 millions de m3 actuelle-

ment à 4 millions en 2010. Or le poten-tiel des grumes de résineux est estimé à3,4 millions de m3 par an pour le pays.Les forêts suisses ne livreront donc plusassez de bois pour faire tourner les scie-ries à plein régime. Hansruedi Streiff,directeur de l’association Industrie dubois Suisse, s’attend à ce que la concur-rence joue toujours plus sur l’achat dematière première et fasse disparaîtred’autres petites scieries.

Les épicéas, principaux fournisseursdes scieries, poussent en majorité dansles Préalpes et les Alpes. Dans ces ré-gions, la récolte est plus difficile que surle Plateau, mais grâce à la technologieet aux infrastructures permettant l’ac-cès aux forêts, l’activité est rentable,

surtout si le prix du bois continue àaugmenter. Une tendance à la hausseest en effet enregistrée depuis 2006: ilvaut enfin à nouveau la peine pour lespropriétaires de forêts d’abattre leur ca-pital vert. En 2007, 5,7 millions de m3

de bois ont été récoltés, soit 13 % deplus que la moyenne des vingt der-nières années.

Les feuillus à mieux exploiterIl n’en va pas de même pour les feuil-lus: seuls 131 000 m3 ont été abattus enSuisse en 2007, ce qui représente 5 %du total des coupes. Le hêtre, le feuillule plus répandu dans nos forêts, étaitencore en partie transformé en cellu-lose jusqu’en 2007. Aujourd’hui, il n’est

Flux du bois de forêt en Suisseen millions de mètres cubes

Grumes Bois d’industrie Bois d’énergie

0,1

Récolte de bois 5,71

2,5

1,3

0,7

0,1

0,11,3

OFEV 2008

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS14

plus utilisé que comme matériau éner-gétique ou exporté. Il serait possible demieux l’exploiter. Augmenter la créa-tion de valeur n’est pas le seul argu-ment en faveur de l’ouverture de nou-velles grandes scieries de feuillus: àl’état naturel, la forêt du Plateau enserait peuplée, et sous un climat enréchauffement, les résineux, plutôtadaptés à des températures plus basses,devraient s’y trouver encore plus en dif-ficulté qu’aujourd’hui.

Le projet AvantiBoisConscients de cette situation, des repré-sentants publics et privés de la sylvicul-ture des cantons de Vaud, de Fribourg,

de Berne, de Neuchâtel et du Jura ontlancé le projet AvantiBois afin de cons-truire une scierie de feuillus. Le lieud’implantation prévu était Avenches(VD), mais la ville a opposé un refus en2007, cédant en dernière minute le ter-rain convoité au géant californien del’informatique Yahoo.

AvantiBois est donc à la recherched’un nouvel emplacement. Les sites fa-voris sont pour l’heure Grandson etMoudon, dans le canton de Vaud. Selonune étude mandatée par AvantiBois,810 000 m3 de feuillus provenant d’unrayon de 150 kilomètres pourraient êtrelivrés chaque année à la scierie, dont540 000 m3 de France et 270 000 m3 deSuisse. De son côté, une entreprise exa-mine maintenant la possibilité d’im-planter une scierie de feuillus en Suisseorientale.

L’exploitation de cette sorte de boisne dépend cependant pas seulementdes capacités de sciage, explique Hans-ruedi Streiff. En Allemagne, malgré lamise en exploitation de trois grandesscieries pour hêtres, on transforme bienmoins de feuillus qu’il y a dix ouquinze ans. En effet, le rendement deces espèces est moindre, leur tri plusardu et leur transformation plus lente.Leurs produits sont donc plus chers, etsont remplacés par d’autres, meilleurmarché, en imitation bois (stratifié), enmatériau dérivé du bois ou en résineux.

Diversifions les produitsL’économie forestière et l’industrie dubois occupent actuellement 80 000 per-sonnes en Suisse, et ce surtout dans lesrégions rurales, où les emplois dansl’industrie et les services sont rares.Façonner plus de bois dans le pays estl’un des principaux objectifs de la poli-

tique de la ressource bois (voir aussipage 6). Marco Zanetti, chef de la sec-tion Économie forestière et industrie dubois à l’OFEV, estime qu’un grandpotentiel de création de valeur existeen Suisse dans l’industrie du bois (pro-duction de produits finis et semi-finistels que poutres collées ou composantsde bâtiments). « Nous n’avons pas pourl’instant de production notable decontreplaqué. » Et selon HansruediStreiff, aucun entrepreneur du pays nepropose encore de maisons préfabri-quées standardisées en grand nombre.

Cette situation se reflète égalementdans la balance commerciale du bois(bois, produits en bois, produits semi-finis, pâte de bois et cellulose), qui affi-chait encore en 2007 un déficit de2,6 milliards de francs. « Il faudrait desinvestisseurs privés », souligne MarcoZanetti. Les cantons pourraient évi-demment aussi soutenir jusqu’à un cer-tain degré le secteur, à l’image de ce quis’est passé aux Grisons avec l’entrepriseStallinger. À Luterbach, le projet deSchilliger Holz AG bénéficie égalementde l’appui du canton de Soleure.

Brigitte Weidmann

INFOSMarco Zanetti

Chef de la section Économie

forestière et industrie du bois, OFEV

031 324 77 84

[email protected]

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens

et sources bibliographiques: www.environne-

ment-suisse.ch/magazine2008-4-02

Mayr-Melnhof reprendle groupe Stallinger(bw) En 2008 aussi, le groupe Stallin-ger a fait parler de lui, sur son marchéd’origine cette fois: ce groupe autri-chien qui possède des scieries en Au-triche, en Allemagne et en Suisse, avec875 collaborateurs et un chiffre d’af-faires de 250 millions d’euros, a étérepris par son plus gros concurrentnational, Mayr-Melnhof. Selon la presse,l’un des plus importants transforma-teurs de bois européens peut ainsi fairepasser son chiffre d’affaires de 400 à600 millions d’euros. La scierie Stallin-ger de Domat-Ems reste pour l’instantà 75 % aux mains des frères Stallinger,qui assumeront des tâches de gestionau sein du groupe Mayr-Melnhof etdevront surtout veiller à la santé dela scierie grisonne. Hansruedi Streiff,directeur de l’association Industrie dubois Suisse, considère le groupe Mayr-Melnhof comme un partenaire extrê-mement solide, qui produit aussi enTchéquie et sera sous peu en Russie. Lareprise de Stallinger lui permettra dejouer dans la cour des grands, auniveau mondial.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 15

Nouveau catalogued’exigences

SYLVICULTURE PROCHE DE LA NATURE

Mieux exploiter le bois est l’un des objectifs de la politique forestière suisse. Afin que cela nese fasse pas au détriment des autres fonctions de la forêt, on élabore actuellement un cata-logue d’exigences élémentaires pour une sylviculture proche de la nature. Des critères quel’entreprise forestière de la Bourgeoisie de Sumiswald (BE) n’aura aucun problème à remplir.

Un sapin s’élève bien droit dans le ciel,tel une colonne de cathédrale go-thique. Il atteint les 70 centimètresd’épaisseur à hauteur de poitrine et sontronc est lisse jusqu’à une bonne quin-zaine de mètres. Il est enraciné dansune pente raide de la forêt bourgeoi-siale de Sumiswald, dans l’Emmental.

Il doit avoisiner les 250 ans. Sa crois-sance, lente, garantit un bois auxcernes fins.

Un abattage cibléCe sapin est sur le point d’être abattu.L’ingénieur forestier Walter Marti, res-ponsable de la division forestière 4 du

canton de Berne, l’a marqué la veilled’un point rouge, en présence de deuxreprésentants de la Bourgeoisie. Lascierie Brand de Zollbrück (BE) don-nera entre 115 et 160 francs par mètrecube pour la partie inférieure du tronc.Elle viendra le prendre sur la routeforestière et en fera des planches pour

Du bois de qualité pour le marché mondial: les troncs des sapins abattus dansla forêt bourgeoisiale de Sumiswald sont exportés jusqu’au Japon.

OFEV/AURA E. Ammon

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS16

fenêtres, portes et autres produits exi-geant du matériel de première qualitéqu’elle livrera ensuite à des menuiserieslocales, européennes ou même japo-naises. La Bourgeoisie obtiendra égale-ment un prix correct pour la partie su-périeure du tronc, branchue, qu’ellevendra à une autre scierie. Seules lacime et les grosses branches finiront enbois d’énergie ou d’industrie, pour unprix allant de 25 à 50 francs par mètrecube: parmi les acquéreurs, on trouve lacentrale de chauffage à distance deSumiswald, qui chauffe 80 immeubles,ou l’usine Kronospan de Menznau(LU), spécialisée dans la fabrication dematériaux en bois.

Sur une surface de deux hectaresautour du majestueux sapin, environ70 arbres d’un volume de tige moyende trois mètres cubes (m3) sont marquéspour l’abattage: quelques-uns ont at-teint un âge semblable à notre sapin etfourniront eux aussi du gros bois d’ex-cellente qualité; d’autres poussent trop

près d’arbres prometteurs qui ont be-soin de place pour croître; d’autres en-core doivent disparaître pour que lesjeunes pousses aient plus de lumière.

Un épicéa dont la couronne a étérabattue par la tempête Lothar de 1999sera laissé tel quel. Son bois mort n’aplus aucune valeur économique, mais ilest devenu un précieux biotope. Un picnoir y a creusé son nid.

Écologique et rentableWalter Marti estime qu’il faudraquelque neuf jours à deux hommes del’équipe forestière pour abattre les ar-bres, parer le bois et le déposer, trié parqualité, en bordure de route forestière.Ils devraient en tirer 200 m3 de bois,soit un revenu de 20 000 francs pour laBourgeoisie. Une affaire qui tourne.

D’un point de vue écologique égale-ment, les résultats sont probants. Enchoisissant avec soin les arbres à récol-ter, les bûcherons conservent une forêtà la structure variée et étagée, peuplée

de sapins, de hêtres et d’épicéas detoutes classes d’âge. Cette forme de syl-viculture proche de la nature, tradition-nelle dans l’Emmental surtout, génèrece que l’on appelle des forêts jardinées.L’exploitation se fait sur de petites sur-faces ou même par individu; la forêt estconstituée d’espèces adaptées au lieu.Celle de Sumiswald, avec ses 354 hec-tares, en est un bel exemple.

Cette forêt produit 2800 m3 de boisutilisable par an, plus ou moins tousexploités. Les comptes d’exploitationaffichent régulièrement des bénéfices;ils étaient équilibrés même après latempête Lothar, alors que le prix dubois avait chuté et que la plupart desentreprises forestières suisses étaientdans les chiffres rouges.

Une paresse raffinéeEn quoi la Bourgeoisie de Sumiswald sedistingue-t-elle des autres exploitants?Elle cultive une « paresse raffinée »,selon la formule de Hans Leibundgut,

OFEV/AURA E. Ammon

La forêt bourgeoisiale de Sumiswald (BE) à l’automne: l’accroissement est entièrement exploité.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 17

professeur de sylviculture à l’EPFZ entre1941 et 1979. On laisse la nature tra-vailler et ne gère son évolution qu’enabattant les « bons » arbres. Le rajeunis-sement naturel de la forêt permetd’économiser sur les plantations et deréduire les soins aux jeunes peuple-ments – habituellement exigeants – àde petites interventions après les abat-tages. La récolte représente 90 % dutravail sur place. Ce sont surtout lesgrands arbres fournissant beaucoup debois de qualité qui sont coupés.

Le transport jusqu’à la route fores-tière accessible aux camions se fait par

treuil et tracteur ou, pour des distancesplus importantes, avec un système àcâble-grue.

Quatre forestiers-bûcherons et unouvrier forestier se répartissent troispostes de travail auprès de la Bourgeoi-sie. Ils consacrent la moitié de leurtemps à des engagements auprès detiers, pour des travaux de correctionle long de routes ou de torrents ou pourl’abattage de bois dans des forêtsprivées, générant ainsi des revenus.

Cent ans de persévéranceCette situation favorable est le fruit dela ténacité de plusieurs générations,souligne Walter Marti. Ces cent der-nières années, il a été possible d’aug-menter fortement la part de bois dequalité lors de la récolte et d’optimiserle mélange des essences. Les feuillussont deux fois plus nombreux qu’en1912. Ils représentent environ 25 % desarbres, ce qui correspond aux condi-tions locales.

Cette forêt jardinée prouve qu’unesylviculture proche de la nature permetla réussite économique, tout en satisfai-sant les autres exigences de la sociétéenvers la forêt, comme l’a soulignéPeter Bachmann, professeur émérite del’EPFZ et président du groupe d’expertsde la Fondation Binding, qui a décernéun prix à la Bourgeoisie de Sumiswalden 2007. Le prix Binding pour la forêtest attribué à des propriétaires ou desentreprises forestières qui pratiquentune gestion durable exemplaire, tenant

compte des potentiels écologiques et del’environnement social, et appliquantdes stratégies économiques à longterme.

L’entreprise forestière de la Bour-geoisie de Sumiswald est ainsi parvenueà relever avec succès un défi auquel estconfronté l’ensemble de la forêt suisse.Après des années de chute de prix, lacote du bois est à nouveau à la hausse.L’augmentation du prix des énergiesfossiles, l’utilisation toujours plus fré-quente du bois dans la construction(voir page 21), l’augmentation des capa-cités des scieries (voir page 10), maisaussi la nécessité de limiter les émis-sions de gaz à effet de serre ont stimuléune demande autrefois moribondepour ce matériau et agent énergétiqueneutre du point de vue du CO2. Mieuxexploiter la matière première de nosforêts est donc un objectif de la politiquede la ressource bois formulée par laConfédération sous l’égide de l’OFEV(voir page 6). Mais la différence entrel’exploitation durable de tout le boisdisponible et la surexploitation est par-fois ténue.

Entre mécanisation et ménagementPar ailleurs, l’économie forestière est enprofonde mutation. Le coût des salairesa presque doublé depuis 1980. La main-d’œuvre doit être remplacée par desmachines si l’on veut que la récolte debois génère des profits ou couvre aumoins les sommes investies. La ten-dance est à la mécanisation complète,

Les forêts protec-trices égalementconcernéesUne exploitation plus intense du boisprofiterait aussi à certaines forêts quiprotègent habitations, voies de com-munication et autres biens des ava-lanches et des chutes de pierres. Dansde nombreux endroits en effet, le ra-jeunissement est défaillant parce quele bois n’a plus été abattu depuislongtemps ou que le gibier ongulé atrop brouté les jeunes pousses d’ar-bre. L’abattage aide donc à maintenirla fonction de protection. Mais il doitrespecter les particularités du lieu: ilfaut parfois renoncer à couper un ar-bre pour ne pas réduire l’effet protec-teur de la forêt.

Les principes d’exploitation de cetype de forêts ont été élaborés dansle cadre du projet Gestion durable desforêts de protection, puis formulés dansdes instructions pratiques.

Gestion durable des forêts de protection.

Soins sylvicoles et contrôle des résultats:

instructions pratiques. L’environnement

pratique, OFEV, 2005.

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS18

qui a d’ailleurs ses avantages pour lesouvriers forestiers: elle réduit fortementl’usure physique et les risques d’acci-dent. Mais permet-elle encore de mé-nager suffisamment la diversité à petiteéchelle des sites et des habitats enforêt?

« Il faut maintenant assurer le main-tien du niveau écologique atteint enSuisse dans la sylviculture », expliqueChristian Küchli, chef de la sectionPrestations forestières et qualité desforêts à l’OFEV. Dans ce but, l’office alancé un projet qui consiste à élaborer

des exigences élémentaires pour une sylvi-culture proche de la nature. Elles garan-tiront que l’augmentation des coupeset la rationalisation du travail n’em-pêchent pas nos forêts d’assumer leursdiverses fonctions.

Une démarche participativeLe projet est suivi par des représentantsdes principaux groupes d’intérêts. L’ob-jectif est d’établir un catalogue denormes réalisables, bénéficiant d’unelarge assise. Elles ont été testées dansdes forêts du Plateau, du Jura, desPréalpes, des Alpes et du versant suddes Alpes. Il s’agit également de déter-miner des critères et des indicateurs quiserviront à contrôler le respect des exi-gences élémentaires.

« Une sylviculture proche de la na-ture influence le développement de laforêt afin d’atteindre des objectifs éco-nomiques, écologiques et sociaux; ellese fonde pour ce faire sur les processusnaturels »: tel est le principe directeurdu projet. Les normes définies visent àsauvegarder la fertilité du sol, la régéné-ration des peuplements, le mélange desessences ainsi que la biodiversité.

Ni engrais ni produits phytosanitairesLa protection des sols revêt deux as-pects, l’un chimique et l’autre phy-sique. D’une part, il faut empêcher quedes produits chimiques nocifs y pé-nètrent. La sylviculture proche de lanature renonce donc aux engrais et auxproduits phytosanitaires. Personne neremet en question cette prescription,qui est respectée de tous. La protectionphysique est une question plus déli-cate. L’image de sols maltraités, mar-qués de profonds sillons à vif, est fami-

lière à ceux qui fréquentent les forêts.Correctement utilisées, les énormesmachines auxquelles on a toujours plusrecours actuellement ont cependant unimpact limité (voir page 40).

Rajeunissement naturelLa régénération de la forêt doit se fairele plus naturellement possible. Maiscela n’est réalisable que si des arbresporte-graines de l’espèce souhaitée setrouvent dans les environs. Or lesfaines ne tombent pas loin du hêtre.Les exigences élémentaires relatives aurajeunissement concernent donc égale-ment l’étendue des surfaces de régéné-ration, et par conséquent aussi celle desparterres de coupe. Si la largeur deceux-ci ne dépasse pas une hauteur etdemie d’arbre, les espèces à semenceslourdes peuvent elles aussi se régénérer.Un microclimat favorable est égale-ment indispensable pour que lesgermes poussent. Certaines sortes d’ar-bres ne parviennent pas à se rajeunirsur de trop grandes surfaces ouvertes.

Pour des forêts mélangéesLe mélange des espèces correspond àune sylviculture proche de la naturelorsqu’il est suffisamment adapté àl’emplacement pour ne pas nuire à sespropriétés écologiques – ne pas acidifierson sol par exemple. Il peut donc aussicomprendre des essences qui, à l’étatnaturel, ne pousseraient pas dans unerégion donnée, comme les épicéas surle Plateau. La part de résineux prévuedans les exigences élémentaires est dumême ordre de grandeur que celle rele-vée dans les peuplements actuels. Elleatteint 50 % dans les aires de feuillus.Une pratique autrefois courante, la

Labels de qualité pourla gestion durabledes forêtsLes normes communes des différentslabels garantissant aux consommateursque bois et produits en bois provien-nent de forêts exploitées de manièredurable sont en cours de remaniement.Il s’agit du label FSC du Forest Steward-ship Council, du label Q de Swiss Qua-lity / Agro Marketing Suisse ainsi que dulabel du PEFC (Programme for the En-dorsement of Forest Certification Schemes),qui rassemble depuis 1999 des milieuxde l’économie forestière et de l’indus-trie du bois issus de différents pays eu-ropéens.

Les normes de ces trois labels del’économie privée sont harmoniséesavec les exigences élémentaires pourune sylviculture proche de la nature;elles se réfèrent aux mêmes indica-teurs. Notons que leurs standards mi-nimaux de certification sont plusstricts que ceux des exigences élémen-taires. Les forêts certifiées remplissentdonc également les normes imposéespar le projet de l’OFEV. C’est le cas de60 % de la surface forestière suisse.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 19

Gros bois de très bonne qualité: mesurage d’un tronc (à gauche).Débardage en terrain difficile: utilisation du câble-grue (à droite).

monoculture d’épicéas sur de grandessurfaces, n’est par contre pas compatibleavec les nouvelles normes.

Le mélange d’essences est égalementimportant pour garantir l’effet de filtragedes sols: les forêts de feuillus protègentmieux les eaux souterraines des dépôtsd’azote atmosphérique – et donc de lapollution par les nitrates – que celles derésineux. Près de 10 % des surfaces fores-tières suisses se trouvent dans des zonesde protection des eaux souterraines.Dans ces secteurs, il est indiqué de fixer

des parts de feuillus plus élevées quecelles figurant dans le catalogue.

Arbres biotopes et bois mortUne exploitation plus poussée du bois nenuit pas à la biodiversité. En effet, depuisdes décennies, il croît plus de bois qu’iln’en est coupé. Les forêts suisses se sontainsi densifiées et assombries. Cette ten-dance met en péril certains habitants deslieux, des orchidées héliophiles à denombreux papillons vivant en forêt, enpassant par le grand tétras qui tient de

loin la première place sur la liste rougedes espèces menacées. Abattre des arbresest un moyen efficace de remédier auproblème.

En outre, les bêtes qui ont besoin debois mort pour vivre doivent pouvoir endisposer. Les exigences élémentaires pré-voient donc également un taux mini-mum de bois mort. Les arbres biotopesdoivent eux aussi être ménagés, parexemple ceux qui présentent des ca-vités utilisées par les pics ou les chauves-souris. Enfin, il faut suspendre les tra-

Photos: Walter Marti

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS20

vaux forestiers durant certaines pé-riodes sensibles telles que celle de la re-production d’oiseaux menacés.

Aucune exigence n’a de rapportdirect avec la fonction récréative de laforêt. Mais les objectifs déterminés ne lacompromettent pas – bien au contraire.

Gare aux sols« Il ne faut pas voir dans ce catalogueune définition complète de la sylvicul-ture proche de la nature, mais desnormes minimales qui doivent être ap-pliquées dans toutes les forêts exploi-tées », souligne Christian Küchli. « Il

s’agit de mettre en place un filet de sé-curité écologique pour un proche avenirqui verra la pression augmenter à nou-veau sur la forêt. » Les tests réalisésjusqu’à maintenant ont montré que cesnormes sont en général respectées. « Laprotection physique des sols, elle, laisseencore à désirer. Dans ce domaine, lesexigences minimales requièrent que lesmachines de récolte empruntent tou-jours le même réseau de layons de dé-bardage, préservant le reste de la forêt. »

Hansjakob Baumgartner

La forêt bourgeoisiale de Sumiswald est un exemple type de forêt jardinée comme on en trouvedans l’Emmental. À l’arrière-plan, la Schützenalp (BE).

INFOSChristian Küchli, chef de

la section Prestations forestières

et qualité des forêts, OFEV

031 324 77 80

[email protected]

Walter Marti

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et sources bibliographiques: www.environne-

ment-suisse.ch/magazine2008-4-03

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 21

C’est dans le bas de la commune deGivisiez, aux portes de Fribourg, que sedresse Green Offices. Il s’agit d’ungrand bloc moderne de trois étagesconstitué pratiquement à 100 % debois, à l’exception des fondations etdes murs du sous-sol. La façade est ta-pissée de lamelles et trouée de fenêtresallongées protégées par des storesjaunes.

À l’intérieur, le parterre est couleurlie de vin, les balustrades chocolat, lesmurs sont crépis à l’argile et peints enocre. À maints endroits, le bois est aussilaissé à l’état brut, notamment pourles escaliers ou les cloisons entre lesespaces de travail. Près de quarantepersonnes, faisant partie d’une dizainede bureaux ou entreprises, occupent lelieu, inauguré en 2007. Selon ConradLutz, l’architecte initiateur du projet, àla fois maître d’ouvrage et utilisateur,tout le monde s’y sent bien. Les locauxsont généreux et agréables à vivre hivercomme été. À la saison chaude, unpuits canadien les tempère.

Green Offices est le premier immeu-ble de bureaux certifié Minergie-P-Eco.Ce label est le plus exigeant de tous auniveau de la construction. Pour l’heure,seuls six bâtiments l’ont obtenu enSuisse.

Un modèle d’économie d’énergieExemplaire du point de vue énergé-

tique et écologique, Green Offices agagné le Watt d’Or 2008, une récom-pense attribuée par l’Office fédéral del’énergie pour les meilleures perfor-mances énergétiques. Afin d’illustrer lacontribution de sa réalisation à la luttecontre les gaz à effet de serre, ConradLutz met face à face la consommationde CO2 d’un pilier en bois et celle d’unpilier en acier: le premier a absorbé 200kilos de CO2 pendant sa croissance,alors que le second en rejette 300 kilos.

Même scénario en ce qui concernel’énergie grise, soit celle impliquée lorsde la fabrication, du transport et du

montage: Green Offices n’a sollicitéque 946 000 kilowattheures (kWh) pourêtre élevé, alors qu’un bâtiment stan-dard engloutit plus de 2 000 000 kWhpour cette seule phase. En optant pourle bois, on a donc, dans le cas des bu-reaux de Givisiez, économisé plus d’unmillion de kWh, ce qui équivaut àl’énergie nécessaire pour chauffer lebâtiment pendant cent ans. ConradLutz s’enthousiasme: « Il y a là un po-tentiel gigantesque. Il faudrait que detelles constructions deviennent lanorme. »

Du bois partoutPour trouver le matériau de base deGreen Offices, il n’a pas fallu aller bienloin. La forêt de Semsales, située prèsde Châtel-Saint-Denis (FR), a fourni lenécessaire, soit 500 mètres cubes desapin blanc et d’épicéa. Les caractéris-tiques matérielles du bois peuvent va-rier selon le moment où on le coupe.Dans le cas de Green Offices, ce travaila été effectué à la bonne lune (décrois-sante et descendante). « Couper à cemoment-là garantit un bois plus sec,qui travaille moins et qui sera moinssusceptible d’être attaqué par les cham-

pignons et les insectes », expliqueConrad Lutz. L’architecte a tenu à tra-vailler avec des entreprises locales, au-tant au niveau de l’abattage, du sciage etdu collage que du montage du matériau.

Mais le bois n’est pas seulementprésent dans l’ossature, les façades, letoit et les planchers. L’isolation ther-mique est, elle aussi, faite à partir dedérivés de cette ressource, à savoir decellulose et de fibre de bois. Elle pré-sente d’ailleurs une épaisseur de 40 cmdans les façades et de 50 cm entre la

De plus en plus de bâtiments de plusieurs étages en bois voient le jour en Suisse. Évocation dedeux réalisations phare dans ce domaine: l’une déjà existante, Green Offices, près deFribourg, et l’autre en chantier, la cabane du Mont-Rose, au-dessus de Zermatt.

Toujours plus haut,toujours plus grand

CONSTRUCTIONS EN BOIS

En optant pour le bois, on a économisé plus d’un millionde kWh, ce qui équivaut à l’énergie nécessaire pour chaufferle bâtiment pendant cent ans.

suite page 24

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS22

Grâce à son recours au bois et à son efficacité énergétique, l’immeuble de bureauxGreen Offices, à Givisiez (FR), n’a absorbé pour sa construction que la moitié de l’énergie sollicitéepour un bâtiment traditionnel. Les fenêtres, étroites et décalées, laissent entrer suffisammentde lumière et de chaleur. Le bois se retrouve aussi dans l’aménagement intérieur.

Conrad Lutz Architecte Sàrl

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 23

Un sommet de plus dans le panorama des Alpes valaisannes:la nouvelle cabane du Mont-Rose (montages photographiques).

Studio Monte Rosa

cave et le rez-de-chaussée ainsi quesous le toit. L’immeuble est tellementbien isolé qu’en guise d’installation dechauffage, un seul petit poêle à pelletsposé dans le hall central fait l’affaire.Autre endroit où on utilise le bois, àGreen Offices: les toilettes sèches. Dansce genre de WC, les copeaux rempla-cent l’eau.

De son côté, Michael Gautschi, dela section Économie forestière et indus-trie du bois de l’OFEV, se réjouit de lapart toujours croissante du bois dans laconstruction en Suisse: « Dans les im-

meubles d’habitation, il atteint mainte-nant une part de marché d’environ 5 %et il est en continuelle progression. »Ce boom est en partie dû aux nouvellesdirectives de protection incendie, quipermettent depuis 2005 d’édifier desbâtiments en bois allant jusqu’à sixétages. Le développement techniquequi a conduit à ces nouvelles prescrip-tions a été grandement soutenu parl’OFEV dans le cadre du programmed’encouragement bois 21 (voir encadrépage 9).

Un bijou sur plansIl faut encore, pour l’instant, se rabattresur les maquettes ou des photomon-tages pour pouvoir se faire une idée dela nouvelle cabane du Mont-Rose.Étonnant. Cela ressemble à une sortede cristal argenté qui aurait été poli etstylisé. On ne sait pas exactement où fi-nissent les parois et où commence letoit. Reste à imaginer l’objet ancré à

2795 mètres d’altitude, au milieu d’unpanorama grandiose.

L’édifice comptera cinq étages et of-frira 120 places réparties en chambresde huit lits au maximum, disposées enétoile autour d’un local d’accès com-mun. L’ossature sera essentiellement enbois, mis à part les fondations en acieret en béton fixées dans la roche. Re-couverte d’une couche protectrice enaluminium, l’enveloppe du bâtimentfonctionnera comme un thermos, pourgarantir une isolation optimale. Lacabane bénéficiera de deux grandes sur-

faces vitrées: les fenêtres du restaurantpanoramique et la cage d’escalier. Lereste du diamant sera percé de petitesouvertures, pour réduire au maximumla déperdition de chaleur. L’énergienécessaire au bon fonctionnement dela cabane sera produite à 90 % en autar-

cie grâce à un procédé stockant l’éner-gie excédentaire des cellules photovol-taïques dans des accumulateurs, à unecentrale thermique fonctionnant àl’huile de colza et à un système de récu-pération de chaleur de l’air vicié. Laseule énergie fossile utilisée sera du gazpour la cuisine. Mais on est toujours àla recherche d’alternatives.

Encore un exemplede construction durableParmi les principaux sponsors de lanouvelle cabane du Mont-Rose figurentl’OFEV, Énergie Ouest Suisse (EOS) et leproducteur de matériaux de construc-tion Holcim. Peter Greminger, consul-tant senior à l’OFEV, souligne l’impor-tance d’une telle construction pour laSuisse et le monde: « C’est la premièrefois que l’OFEV s’engage autant pourun tel projet; ce genre de réalisation estavant-gardiste et montre qu’il est pos-sible d’allier la technologie moderneavec l’efficacité énergétique et le ména-gement des ressources. » Tout commeGreen Offices, la nouvelle cabane duMont-Rose donne en plus un signalclair quant à l’utilisation du bois dansl’architecture moderne. Autre pointpositif: elle encourage également laproduction locale, en l’occurrence, ici,l’exploitation des forêts valaisannes.

Les fondations du refuge ont étéposées pendant l’été 2008. L’avance-ment des travaux dépendra de la clé-mence de la météo. L’inauguration estprévue pour l’automne 2009.

Cornélia Mühlberger de Preux

L’énergie nécessaire au bon fonctionnement de la cabanesera produite à 90 % en autarcie grâce à un procédéstockant l’énergie excédentaire des cellules photovoltaïquesdans des accumulateurs et à un système de récupérationde chaleur de l’air vicié.

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Pour retrouver cet article en ligne, avec liens

et sources bibliographiques: www.environne-

ment-suisse.ch/magazine2008-4-04

INFOSMichael Gautschi

Section Économie forestière

et industrie du bois, OFEV

031 324 77 85

[email protected]

Peter Greminger

Consultant senior (gestion

des risques et gestion

forestière) de la direction, OFEV

031 324 78 61

[email protected]

Jusqu’à présent, la forêt était surtoutconsidérée comme un puits de carbone:les arbres en croissance absorbent eneffet le CO2. On sait aussi que le bois,agent énergétique climatiquement neu-tre, peut remplacer le pétrole et le gaz.On connaît moins ses avantages entant que matière première: les chantiersd’ouvrages en bois rejettent beaucoupmoins de dioxyde de carbone (CO2)que pour des bâtiments en béton, enacier ou en verre (voir aussi page 21).

Une étude de l’OFEV (CO2-Effekteder Wald- und Holzwirtschaft, avecrésumé en français) s’interroge sur laforme de gestion forestière et de valori-sation du bois la plus favorable au bilansuisse de CO2. Elle quantifie à l’aide demodèles et de scénarios les impacts del’utilisation du bois et les compare àl’effet de puits de carbone. Le volumede bois récolté en forêt et son exploita-tion comme matériau ou comme agenténergétique varient selon les scénarios.

Se loger avant de se chaufferConclusion de l’étude: c’est une utilisa-tion optimisée du bois qui a l’effet posi-tif le plus durable sur le bilan de CO2.La forêt est alors exploitée de façon à cequ’il repousse le plus de bois possible,qui sera mis à profit tant dans le bâti-ment que pour l’énergie. À long terme,il vaut mieux viser une utilisation ac-crue du bois, notamment dans laconstruction, que mettre l’accent surl’agent énergétique. Les scénarios « op-timisation de l’accroissement, priorité à

la construction » et « optimisation dupoint de vue du Protocole de Kyoto »donnent les meilleurs résultats. « En seservant du bois dans le bâtiment et, desdécennies plus tard, pour le chauffageet l’électricité, on ménage doublementle climat », dit Richard Volz, de la sec-tion Prestations forestières et qualitédes forêts à l’OFEV. « D’abord, on éviteles émissions de CO2 lors de la cons-truction; ensuite, le bois réutilisé sousforme énergétique remplace les com-bustibles fossiles. »

L’intérêt de cette utilisation en cas-cade n’est pas négligeable. En 1990,quelque trois millions de tonnes derejets ont été ainsi évitées en Suisse, etce chiffre pourrait augmenter de sixmillions d’ici à 2025. Il représenteraitalors 12 % de nos émissions annuellesprésentes de gaz à effet de serre.

Du dioxyde de carbone stockéPour la politique climatique, les bâti-ments en bois sont aussi intéressantsen tant qu’entrepôts intermédiaires deCO2. Même en appliquant toutes lesmesures prévues, il ne sera pas possible,d’ici à 2025, de réduire les rejets autantque l’exigent les milieux scientifiques.L’utilisation du bois dans la construc-tion ou pour d’autres biens durablesnous accorde un sursis: le CO2 prélevéde l’atmosphère pendant la croissancedes arbres est stocké provisoirement etne sera libéré que longtemps après. « Lebois construit aujourd’hui et brûlé enfin de vie nous aidera à surmonter la

phase critique des prochaines décen-nies, où les émissions demeureronttrop élevées », explique Richard Volz.

Un puits pas éternelDans le scénario prévoyant une dimi-nution de l’exploitation, la forêt a uneffet de puits relativement important àcourt et moyen termes. Mais il s’atté-nuera dans un proche avenir. Dès 2075au plus tard, si ce scénario devient réa-lité, la forêt émettra du CO2 au lieud’en stocker: le gaz sera libéré lors de laputréfaction du bois. Ce phénomènepourrait même se produire bien plustôt si les tempêtes déracinent beaucoupd’arbres – un risque dont le modèle netient pas entièrement compte.

Meilleure utilisation = plus d’emploisQu’en serait-il si l’économie forestièreet l’industrie du bois suisses mainte-naient la situation actuelle? Ce serait lapire des solutions, à court comme àlong terme. « Du point de vue clima-tique, il faut viser dans tous les cas unemeilleure utilisation », dit Richard Volz.« Si le potentiel de la forêt est intégrale-ment exploité pour la protection du cli-mat, l’économie forestière et l’industriedu bois en profiteront aussi. » En effet,l’étude estime que 27 000 nouveauxemplois seraient ainsi créés. Ils rappor-teraient une valeur ajoutée supplémen-taire de deux milliards de francs par an.

Kaspar Meuli

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 25

Un précieux alliécontre le CO2

BOIS ET CLIMAT

Une étude de l’OFEV démontre qu’exploiter davantage – mais durablement – le bois et levaloriser judicieusement profite plus au climat que le laisser en forêt.

suite page 26

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS26

INFOSRichard Volz

Section Prestations forestières

et qualité des forêts, OFEV

031 324 77 86

[email protected]

Scénarios étudiés1. Optimisation de l’accroissementL’accroissement du bois produit dansles forêts suisses est maximisé à longterme et complètement exploité.• Priorité à la constructionLa part de bois dans la construction esten hausse de 80 %. On utilise nette-ment plus de bois provenant de la forêtpour l’énergie (+120 %).• Priorité à l’énergieLa part de bois dans la constructionreste à son niveau actuel. On utilisebeaucoup plus de bois provenant de laforêt pour l’énergie (+345 %).2. Optimisation du point de vuedu Protocole de KyotoL’exploitation de la forêt doit permettrede créer des puits de carbone absor-bant 1,8 million de tonnes de CO2 paran – quantité imputable selon le Proto-cole de Kyoto – tout en assurant unegrande production de bois. Cela im-plique un accroissement de l’utilisa-tion: +80 % dans la construction et+65 % pour l’énergie.3. Scénario de baseMaintien de la situation actuelle: aucours des prochaines années, l’exploi-tation du bois s’accroît de 20 %, l’utili-sation de bois dans la construction et àdes fins énergétiques augmente dansles mêmes proportions.4. Réduction des soins sylvicolesL’exploitation annuelle de la forêtsuisse baisse de 40 %. On utilise nette-ment moins de bois dans la construc-tion (–25 %) et beaucoup moins debois provenant de la forêt pour l’éner-gie (–80 %).

Référence: utilisation moyenne versl’an 2000. Tous les scénarios tablent surun commerce extérieur constant.Contribution annuelle (en haut) et cumulée (en bas) de la forêt suisse à la protec-

tion du climat.

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Optimisation de l’accroissement(construction)Optimisation du point de vue duProtocole de Kyoto

Réduction de l’entretien de la forêtOptimisation de l’accroissement (énergie)Scénario de base

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Optimisation de l’accroissement(construction)Optimisation du point de vue duProtocole de Kyoto

Réduction de l’entretien de la forêtOptimisation de l’accroissement (énergie)Scénario de base

OFEV 2007

OFEV 2007

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques:

www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-05

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 27

INFOSMarco Zanetti, voir page 14

Wood Fibre 2020RECHERCHE

En Suisse, il n’existe pas de chaire universitaire consacrée aux diverses applications du bois.Mais le programme de recherche Wood Fibre 2020 va donner à cette ressource la placequ’elle mérite dans la science et l’économie.

Le mariage d’une forme familière etd’un matériau commun peut donnerdes résultats surprenants, comme en té-moigne un immeuble de six étages àSteinhausen (ZG): de forme cubiqueaux jolies structures variées, il attire leregard par sa façade de cèdre rouge,inhabituelle pour ce genre de bâtiment.Pour des raisons esthétiques, l’archi-tecte l’a voulue en bois importé duCanada. Mais à part la façade, la pre-mière maison en bois de cette hauteuren Suisse a été entièrement bâtie avecdes arbres de la région. En août 2006,elle a accueilli ses premiers habitants.

En complément des techniquesusuelles de transformation du bois, denouvelles solutions ont dû être déve-loppées, notamment pour assurer l’in-sonorisation et la protection contre lesbruits de pas. La planification non plusn’a pas été une mince affaire: il a falluse procurer et monter dans les délaisplusieurs milliers de mètres carrés depanneaux de bois et de plâtre et autreséléments préfabriqués. Mais tout cela avalu la peine: l’immeuble a été saluépour sa parfaite isolation sonore et sesperformances énergétiques supérieuresaux normes Minergie.

L’OFEV partie prenanteLe bois est un matériau très prometteurpour l’innovation, à condition de dis-poser de la logistique, de l’ingénierie etdes connaissances nécessaires sur lesfibres et les structures moléculaires.C’est ce qui a décidé un groupe de spé-cialistes issus de divers horizons – uni-

versités, hautes écoles spécialisées(HES), instituts de recherche, économiedu bois, administrations, associations –à lancer un projet ambitieux.

Wood Fibre 2020 réunira la recherchefondamentale universitaire et le secteurRecherche appliquée et développementde l’ancien programme Innovations-Roadmap 2020 des HES. Le nouveauprojet couvre aussi bien le cycle devie des produits que le matériau soustoutes ses dimensions, de la moléculeau bois de construction. Paul Gilgen,chimiste à l’Institut fédéral de re-cherche Empa (Materials Science &Technology) et coordinateur de WoodFibre 2020, en est convaincu: « Si l’onveut pouvoir utiliser de manière opti-male cette ressource limitée qu’est lebois quand les matières premières vien-dront à manquer, il faut une visionglobale. »

À moyen terme, Wood Fibre 2020doit aboutir à la création d’un pôle derecherche national et d’une nouvellechaire. Mais auparavant, il s’agit deconvaincre différentes institutions departiciper au financement initial. L’OFEVenvisage d’y contribuer: « Il est impor-tant que la recherche puisse trouverde nouveaux procédés de production,de transformation et de valorisation dubois », explique Marco Zanetti, chef dela section Économie forestière et indus-trie du bois à l’OFEV.

Nouveaux procédés etproduction durableEn effet, les applications du bois sont

en pleine évolution. Yves Weinand, del’École polytechnique fédérale de Lau-sanne (EPFL), a développé des struc-tures portantes novatrices et, en colla-boration avec la HES de Bienne, lesoudage par friction: deux éléments debois sont frottés l’un contre l’autre soushaute pression pendant que la zone decontact est exposée à des ultrasons. Lalignine se fluidifie en surface et soudeainsi les deux parties. Ce procédé per-met de construire de grandes formesvoûtées qui ne pouvaient être réaliséesjusqu’ici qu’en béton coulé. Dans ledomaine moléculaire, on étudie la pos-sibilité de fabriquer des produits à basede cellulose au lieu de pétrole.

Un autre volet du programme sepenche sur les modes de transforma-tion et les incitations économiquesdans le domaine de l’utilisation éche-lonnée des fibres. Le débat scientifiquesur la production durable du bois enforêt pourrait aussi représenter un axeprioritaire de Wood Fibre 2020. Il vise àgarantir que la course aux ressources nese fasse pas aux dépens de la nature.

Lucienne Rey

Pour retrouver cet article en ligne, avec lienset sources bibliographiques: www.environne-ment-suisse.ch/magazine2008-4-06

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS28

AccroissementRégénération du volume de bois de tige durant unecertaine période.

Bois débitéProduits des scieries tels que les planches, les poutres ou leslattes.

Bois d’énergieBois brûlé à des fins énergétiques. Il peut s’agir de bois pro-venant directement de la forêt, mais aussi de déchetsde bois ou de résidus provenant des scieries et de leursentreprises de transformation.

Bois de tigeLa tige est l’axe principal de l’arbre, de la surface du sol à lacime. Le bois de tige est donc le bois aérien d’un arbre, sansles branches, mais avec l’écorce.

Bois d’industrieBois utilisé dans la fabrication de la cellulose, du papierou des panneaux.

Bois hors forêtBois provenant des haies, des boisements riverains descours d’eau, des allées.

CelluloseSubstance principale des parois cellulaires du bois. Surtoututilisée pour la fabrication du papier.

DébusqueuseMachine servant à extraire les grumes, qui soulève lacharge hors du sol pour la déposer soit dans sa proprestructure soit sur une remorque.

Déchets de boisBois usagé provenant de la démolition de bâtiments ou del’élimination de meubles et d’emballages.

Gros boisArbres d’un diamètre de plus de 50 cm à hauteur de poitrine.

GrumeTronc d’arbre ou morceau de tronc brut, pas encore équarri.

IFNInventaire forestier national: recensement périodique de laforêt suisse.

Layon de débardageSentier tracé en forêt pour faciliter le passage ou pour éta-blir des divisions, des coupes.

Ligne de canterUn canter est une machine qui sert à équarrir les grumes.La ligne se compose de différentes unités de transformation:sciage, débitage de planches, profilage, tronçonnage, etc.

LignineSubstance des parois cellulaires du bois.

LoupeExcroissance à la base et au sommet de certains arbres, qui,par les enchevêtrements, offre une riche variété de dessinset de nuances. Utilisée en ébénisterie.

Pâte de boisFibres de bois produites mécaniquement, matière premièrepour la fabrication du papier.

Pertes de récolteParties des arbres restant en forêt lors de la récolte: bran-ches, cimes, morceaux de troncs pourris. Le calcul dupotentiel de production de bois part du principe que lesgros branchages et les rameaux peuvent être utilisés, pres-que entièrement pour les premiers, à 50 % pour les seconds,comme bois d’énergie ou comme bois d’industrie.

Potentiel de production de boisChaque année, 11,3 millions de mètres cubes de bois se ré-génèrent dans les forêts suisses. Certains arbres ne sont pasexploitables parce qu’ils sont difficilement ou pas du toutaccessibles ou parce qu’ils doivent rester en forêt pour desraisons de protection de la nature. Les branches et l’écorcedes arbres abattus ne sont pas entièrement utilisables nonplus. Le potentiel durablement exploitable et à valeur éco-nomique tangible se réduit ainsi à 8 ou 8,5 millions demètres cubes.

Résidus de boisRésidus non pollués de l’industrie du bois, de son artisanatet des chantiers.

Volume de boisDans l’IFN, le volume de bois est défini comme levolume de bois de tige par unité de surface, y comprisles arbres secs ou à terre.

Glossaire

Pour retrouver ce glossaire en ligne: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-07

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 29

(hjb) Nos réserves de bois sont con-nues dans le détail: tous les dix ans,l’Institut fédéral de recherches sur laforêt, la neige et le paysage (WSL) re-cense sur 7000 parcelles les condi-tions locales, la composition desespèces ligneuses dans les différentesclasses d’âge et d’autres indicateurspermettant de suivre l’état de nos fo-rêts. Chaque arbre de 12 centimètresde diamètre ou plus est mesuré indi-viduellement.

Le premier inventaire forestiernational (IFN 1) a été réalisé entre1983 et 1985. La période de 2004 à2006 a déjà fait l’objet du troisièmerecensement. Les résultats provisoi-res démontrent que le volume totalde bois en forêt augmente toujours,mais plus lentement que par le passé.En 2004–2006 (IFN 3), il était supé-rieur de 3 % à celui de 1993–1995(IFN 2), alors qu’il avait augmenté de13 % entre les deux premiers inven-taires.

Actuellement, on compte 359 mè-tres cubes (m3) de bois par hectarede forêt, soit 29 de plus qu’il y a21 ans. Les réserves sont équivalentesen Autriche ou en Allemagne voisine(Bavière et Bade-Wurtemberg).

Le volume de feuillus, en particu-lier, a augmenté dans toutes les ré-gions du pays. L’accroissement dé-passe l’exploitation et la mortalité na-turelle des arbres de plus d’un millionde m3 par an. Chez les conifères, parcontre, la croissance annuelle est de6,2 millions de m3 pour 6,6 millionsde m3 de bois exploité ou de boismort. Le volume a donc baissé ces dixdernières années, notamment dansle cas de l’épicéa sur le Plateau: de40 millions de m3 en 1995, il a chutéà 32,5 millions en 2006. Ce recul estdû à la tempête Lothar, à la séche-resse de 2003 et aux épidémies de bos-tryches qui ont suivi, mais aussi àl’exploitation accrue de cette essence.

On relève de grosses différencesrégionales: dans le Jura et lesPréalpes, l’accroissement est à peuprès compensé par l’exploitation etla mortalité. Les forêts des Alpes etdu sud des Alpes, elles, sont nette-ment sous-exploitées. L’accroisse-ment y est de 1,6 à 3,5 fois supérieurà l’exploitation et à la mortalité, con-trairement à la situation sur le Pla-teau.

Les bûchers sont pleins

INVENTAIRE FORESTIER NATIONAL

La forêt suisse produit plus de bois que jamais. Et le volume ne cesse d’augmenter. Paspour toutes les essences toutefois: sur le Plateau, l’épicéa est en recul.

Exploitation et accroissement du bois, de 1993–1995 (IFN 2) à 2004–2006 (IFN 3),chiffres provisoires en millions de mètres cubes par an*

accroissement exploitation mortalité différenceJura 1,65 – 1,27 – 0,24 0,14Plateau 2,88 – 2,62 – 0,84 – 0,58Préalpes 2,29 – 1,54 – 0,67 0,08Alpes 1,99 – 0,86 – 0,39 0,74Sud des Alpes 0,66 – 0,07 – 0,12 0,47Suisse, total 9,47 – 6,36 – 2,26 + 0,85

* L’IFN calcule l’accroissement et l’exploitation sur la base du bois de tige en écorce. Ses données incluent les pertesde récolte restées en forêt. C’est pourquoi l’IFN indique des valeurs d’exploitation plus élevées que la statistiqueforestière, qui ne recense que les ventes de bois sans écorce: 5,7 millions de mètres cubes en 2007.

INFOSHans Peter Schaffer

Section Questions générales

et métiers forestiers, OFEV

031 324 69 26

[email protected]

Pour retrouver cet article en ligne, avecliens et sources bibliographiques:www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-08

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Walter Marti

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1 ÉpicéaLéger, tendre et solide, mais peu résistant aux intem-péries. Le plus apprécié en construction intérieure(charpentes, parois, etc.). Largement utilisé dans lafabrication de meubles et de matériaux en bois ainsique dans l’industrie du papier.

2 SapinTendre et facile à travailler. Aisé à imprégner con-trairement à l’épicéa et donc utilisable à l’extérieur(revêtements, barreaux). Également employé en cons-truction intérieure et dans l’industrie du papier.

3 Pin sylvestreTrès résineux et donc résistant aux intempéries.Facile à travailler et prisé dans la fabrication demeubles, de portes et de planchers, mais aussi en uti-lisation extérieure (fenêtres, ponts et constructionnavale).

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ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS32

4 MélèzePlus dur et durable que les autres bois de conifères. Trèsrésineux et donc résistant aux intempéries. Utilisé dansl’industrie du meuble et en construction intérieure,mais aussi dans la fabrication de châssis de fenêtres, derevêtements extérieurs et de mobilier de jardin.

5 HêtreDur, solide et facile à courber à la vapeur. C’est le boisaux utilisations les plus nombreuses: parquets, meubles,escaliers, jeux de plein air, véhicules, énergie et indus-trie du papier.

6 ChêneLe cœur de chêne est le plus dur et le plus durable detous les bois européens. Très résistant à l’eau. Utilisépour la fabrication de meubles, de parquets, en tonnel-lerie et pour répondre à des exigences de haut niveaudans le bâtiment.

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DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 33

7 MerisierMi-dur, élastique, robuste, dense, possède un grain fin.Ne résiste pas aux intempéries. La beauté de son grainest très appréciée pour les aménagements intérieurshaut de gamme, pour les meubles, en marqueterie etdans la facture d’instruments de musique.

8 Érable de montagneDevient entièrement blanc s’il est correctement stocké.Relativement dur et durable. Facile à travailler et à im-prégner. Utilisé pour la fabrication de meubles, d’amé-nagements intérieurs et de parquets. Prisé par lessculpteurs sur bois et les facteurs d’instruments.

9 OrmeDur, très résistant à la pression, robuste et flexible. Du-rable en intérieur. Facile à travailler. Utilisé pour lafabrication de meubles, d’aménagements intérieurs etde parquets. Loupe appréciée pour la beauté de songrain par les tourneurs et les sculpteurs sur bois.

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ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS34

10 ChâtaignierDur, dense et solide. Très durable, en plein airaussi, grâce à une forte teneur en tanin. Facile à tra-vailler. Utilisé dans les aménagements intérieurs et lesconstructions extérieures, comme échalas et pare-avalanches.

11 FrêneDur, robuste et flexible. Relativement facile à travail-ler. Durable à condition d’être imprégné pour l’usageextérieur. Employé pour les aménagements intérieurs,les parquets et les meubles, les manches de balais etd’outils ainsi que les engins de gymnastique.

12 TilleulTendre, léger et robuste. N’est pas durable en plein air.Facile à travailler. Utilisé en sculpture, en tonnellerie,pour la fabrication de jouets, d’allumettes et de lainede bois ainsi que dans la construction de modèlesréduits et pour le placage de meubles.

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Photos: Jean-Denis Godet

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DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 35

1 ÉpicéaL’épicéa est l’arbre le plus ré-pandu en Suisse, où il représente44,8 % du volume de bois. Seshabitats de prédilection sont lesPréalpes, abondamment arroséespar la pluie, et les versants alpinsd’altitude. En montagne, il déve-loppe des cernes serrés et régu-liers qui le destinent à un usage

bien particulier: celui de corps de résonance. Les régionsalpines exportent dans le monde entier des produits semi-finis de haute qualité qui seront transformés en instru-ments de musique.

2 SapinAimant l’ombre et l’air humide,le sapin pousse en moyenne alti-tude (Jura, Oberland bernois etPréalpes). Grâce à ses racines pi-votantes, il forme des futaiesstables dans la forêt de protec-tion. Il représente 14,8 % du vo-lume de bois. C’est l’arbre deNoël classique. Cette traditionn’existe toutefois en Europe que

depuis le début du XIXe siècle.

3 Pin sylvestreLe pin sylvestre a besoin debeaucoup de lumière. Cela mis àpart, il est rustique et peuple lessols secs, acides ou humides quebeaucoup d’autres essences évi-tent. Il ne représente que 2,8 %du volume de bois. On récoltaitautrefois sa résine abondante enincisant son écorce. Des copeauxtrempés dans la résine servaient

de torches et éclairaient salles de châteaux et intérieurspaysans.

4 MélèzeLe mélèze est une essencepionnière. Ses aiguilles ca-duques lui permettent de sup-porter le froid en altitude. Ilest le premier arbre à repous-ser après les coupes rases etles glissements de terrain.En pourrissant à terre, sesaiguilles préparent le sol pour

des arbres plus exigeants comme l’épicéa et l’arolle. Ilreprésente 5,5 % du volume de bois. Avide de lumière,il forme souvent des futaies clairsemées où le bétailpeut paître.

5 HêtreLe hêtre, qui représente17,6 % du volume de bois, estle feuillu le plus répandu enSuisse. À condition de bénéfi-cier d’un sol de bonne qualitéet de précipitations en suf-fisance, il domine naturelle-ment en plaine comme enmoyenne altitude. Sa cou-

ronne épaisse laisse passer peu de lumière et on netrouve à son pied que des herbes fleurissant avant lafeuillaison. Les jeunes hêtres se développent unique-ment dans les vides laissés par l’abattage ou l’exploita-tion.

6 ChêneChez nous, on trouve surtoutdeux sortes de chênes: lechêne sessile pousse sur destertres dans un sol meuble,alors que le chêne pédonculése développe dans les dépres-sions de terrain. Le chêneprivilégie un climat pluschaud que le hêtre et on le

rencontre rarement à plus de 1000 mètres d’altitude. Ilne représente que 2,1 % du volume de bois. Au MoyenÂge, son rôle était vital: il fournissait du bois, du taninmais aussi de la viande, car ses glands nourrissaient lescochons.

ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS36

7 MerisierLe merisier privilégie les futaiesde feuillus clairsemées et enso-leillées ou les lisières de forêt,jusqu’à 1500 mètres d’altitude.Il ne représente que 0,2 % du vo-lume de bois. Il est l’ancêtre detoutes les variétés de cerisier,dont la culture date de plusieurssiècles avant notre ère. Le géné-

ral romain Lucullus fut le premier à rapporter des cerisesd’Asie mineure à Rome, d’où elles furent ensuite introdui-tes en Europe centrale.

8 Érable de montagneL’érable de montagne poussedans les sols riches et les zones àair humide du Jura jusqu’auxAlpes. On le rencontre jusqu’àla limite de la forêt, souvent avecle sorbier des oiseleurs. Il repré-sente 2,6 % du volume de bois.Selon la légende, le cheval deTroie était en érable, ce qui attes-

te sa facilité à être travaillé.

9 OrmeL’orme de montagne poussedans les sols humides et riches –souvent avec le chêne pédonculé– ou dans les forêts de ravin avecle frêne et l’érable de montagne.On le trouve jusqu’à 1500 mè-tres d’altitude, mais il ne formepas de futaies importantes. Il nereprésente avec l’orme cham-

pêtre que 0,2 % du volume de bois. Depuis un siècle, lesormes européens sont menacés par un champignon trans-porté par un petit insecte appelé scolyte.

10 ChâtaignierLe châtaignier pousse auTessin et dans le Val Brega-glia entre 800 et 1000 mètresd’altitude. On en trouve aus-si quelques exemplaires dansles zones tempérées du norddes Alpes. Il représente 1,2 %du volume de bois. Introduitpar les Romains, il fournis-

sait un aliment de base il y a quelques générations en-core. Aujourd’hui, l’exploitation des châtaigneraiesest déficitaire et ne subsiste que grâce à l’aide publi-que.

11 FrêneLe frêne aime les milieuxfrais et les sols riches et pro-fonds. Il pousse principale-ment sur les rives dans lesforêts de ravin et les forêts al-luviales, jusqu’à 1500 mètresd’altitude. Il représente 3,6 %du volume de bois. Nos an-cêtres utilisaient son feuil-

lage pour nourrir les chèvres et les moutons durantl’hiver: ils faisaient sécher les branches coupées dansles arbres et sous les auvents.

12 TilleulLe tilleul à petites feuillespousse jusqu’à 1400 mètresd’altitude dans les sols fraiset profonds, alors que letilleul à grandes feuilles ne sedéveloppe que sur les solscalcaires secs. Tous deuxaiment la chaleur. Ensemble,ils représentent 0,5 % duvolume de bois. Autrefois,

tandis qu’on dansait sous le tilleul à grandes feuilles,on exploitait le tilleul à petites feuilles dont l’écorcecontient des fibres utilisables comme ficelles.

Beatrix MühlethalerPour retrouver ce panorama des volumes et essences indigènesen ligne, avec liens et sources bibliographiques:www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-09

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 37

Un combustible à nouveau priséBOIS D’ÉNERGIE

La Suisse, qui brûle aujourd’hui 3,6 millions de mètres cubes de bois d’énergie par an, pourraitdoubler sa consommation sans pour autant grignoter ses ressources. Et par la même occasionréduire ses émissions de CO2 d’environ 4 %.

Une bonne odeur de feu de cheminéeflotte dans l’air, en contraste total avecles énormes tuyaux, les citernes ven-trues, les pompes, les génératrices et lachaudière en acier haute de plusieursétages. Nous sommes dans la chaufferiede l’unité 2 de l’usine Tegra Holz &Energie AG à Domat/Ems (GR). Le feu

brûle sans interruption, alimenté auto-matiquement par les immenses tas decopeaux de bois stockés dans la hallevoisine. Chaque jour, la chaudière entransforme 320 tonnes en électricité eten chaleur.

Ces copeaux sont produits à partirde bois d’énergie issu de la forêt, de

déchets de bois, ainsi que de résidus etd’écorce fournis par la scierie Stallingertoute proche (voir aussi page 10).« Notre matière première provient d’unpérimètre d’environ 70 kilomètres », ex-plique Christian Welte, copropriétairede Tegra.

suite page 38

L’usine Tegra de Domat/Ems (GR) transforme 320 tonnes de bois par jour. Une râpe fait des copeaux à partir du bois livré.

OFEV/AURA E.Ammon

Une usine presque propreLe bilan des rejets polluants de l’usineest excellent. « Grâce à notre systèmede filtrage sophistiqué, nos émissionsde poussières fines sont largement infé-rieures à la limite légale », dit ChristianWelte.

Tegra injecte 128 000 mégawattheures(MWh) d’électricité par an dans le ré-seau, assez pour satisfaire les besoinsd’une ville de 15 000 habitants. Elle pro-duit en outre 220 000 MWh de chaleur

sous forme de vapeur chaude pour EmsChemie et la scierie Stallinger, et est ennégociations avec Coire pour alimenterun nouveau lotissement à l’ouest de laville par une conduite de chauffage àdistance d’environ 8 kilomètres.

Le taux d’utilisation (rapport entrel’énergie exploitable et exploitée) del’usine s’élève à 60 % et serait meilleurencore si elle ne produisait que de lachaleur. Mais la demande locale esttrop faible – la consommation des mé-nages est saisonnière – et l’électricité sevend plus cher.

Nouvel essor du bois d’énergieUn cube de bois de 10 � 6 � 6 centimè-tres renferme un kilowattheure d’éner-gie, autant qu’un décilitre de pétrole ouque l’énergie électrique exploitable dé-gagée par un litre d’eau faisant unechute de 386 mètres. Jusque tard dansle XIXe siècle, le bois était la principalesource d’énergie en Suisse. Il fut par lasuite relégué dans l’oubli par le char-bon, puis par le pétrole et le gaz natu-rel, et ne couvre plus que 3,6 % de la

consommation énergétique. Le boisd’énergie connaît toutefois un nouvelessor depuis quelques années et ali-mente désormais près de 700 000 foursà bois ou cheminées et un nombrecroissant de grandes installations.Quelque 3,6 millions de mètres cubes(m3) sont ainsi transformés chaque an-née, principalement en chaleur. La fo-rêt en fournit directement 1,3 millionde m3 seulement. La plus grande partieest issue des scieries et de la transforma-tion de leurs produits ainsi que du boisrécupéré dans les démolitions. Le boishors forêt est utilisé lui aussi.

La forêt encore plus sollicitéeLe potentiel en bois d’énergie forestierest loin d’être entièrement exploité: se-lon les estimations, on pourrait en pré-lever 2,7 à 3,2 millions de m3 sansépuiser les réserves ni concurrencerd’autres emplois, en respectant le prin-cipe de l’utilisation en cascade qui veutqu’on ne brûle jamais directement deprécieuses grumes (voir page 6). Touteintervention dans la forêt, notammentpour son entretien, produit du bois demoindre valeur comme des branches etdes troncs tordus qui peuvent serviruniquement comme bois d’industrie oud’énergie.

Dans les années à venir, les scieries,qui sont en train de développer massi-vement leurs capacités, augmenterontleur production de bois d’énergie (voirpage 10). Les déchets de bois recèlentégalement un potentiel inexploité,puisqu’une grande partie (environ400 000 tonnes par an) est exportéedans les pays voisins pour être transfor-mée essentiellement en panneaux d’ag-gloméré. Mais nous ne renforcerionspas particulièrement la protection duclimat en brûlant directement ces dé-chets dans nos chaudières, car un pan-neau d’aggloméré en fin de vie peut

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OFEV/AURA E.Ammon

Le taux d’utilisation (rapport entre l’énergie exploitableet exploitée) de l’usine s’élève à 60 %.

aussi se substituer aux agents énergé-tiques fossiles. Que ce soit chez nous ouailleurs est indifférent sur le plan clima-tique.

La Suisse pourrait transformer enénergie 5,5 à 7 millions de m3 de boispar an, soit 2 à 3,5 millions de m3 deplus qu’aujourd’hui. Si elle utilisait cescapacités pour remplacer une quantitééquivalente de pétrole, elle réduiraitses émissions de gaz à effet de serre de2,5 à 4,3 %.

Pas pour nos voituresC’est dans les chaudières des réseaux dechauffage à distance que le bois déploiesa plus grande efficacité énergétique(taux d’utilisation: plus de 80 %). Laproduction d’électricité couplée à l’ex-ploitation des rejets de chaleur est unpeu moins efficace.

Le taux d’utilisation atteint sonplancher lorsqu’on transforme le boisen carburant à grand renfort d’énergie.« Sur le plan de l’économie des res-sources, faire le plein de bioéthanol estla pire solution », dit Claire-Lise Suter,de la section Économie forestière et in-dustrie du bois de l’OFEV. « Elle n’estappropriée qu’en fin de chaîne, parexemple lorsque le carburant est issu

d’un déchet comme le substrat ligno-cellulosique. »

Avec une puissance installée de 82mégawatts (MW), la centrale à bois deTegra est la plus grande de Suisse. Enproduisant la même quantité d’énergieavec du pétrole, on dégagerait 280 000tonnes de CO2, soit 0,5 % des émis-sions de la Suisse.

D’autres grandes centrales à bois(15,6 et 6,4 MW) sont implantées àBulle (FR) et à Wilderswil (BE). Unetroisième (30 MW) est en constructionà Bâle et une installation combinantbois et gaz (55 MW) est en projet àBerne.

Boom prévisibleGrâce à une meilleure isolation et auxprogrès de la technique thermique, lesbâtiments devront être de moins enmoins chauffés. Si la consommation debois de chauffage progresse en chiffresabsolus, le pourcentage du bois dansla production de chaleur augmenterafortement. Il est tout à fait possiblequ’un jour, la forêt suisse couvre direc-tement ou indirectement un quart desbesoins en chauffage des bâtiments.

Cela étant, il ne faut pas oublier queles foyers à bois, notamment ceux des

ménages, émettent des poussières fines.« Le problème vient souvent d’erreurs demanipulation », explique Beat Müller,chef de la section Industrie et combus-tion de l’OFEV. « On ferme l’arrivéed’air pour réduire la perte de chaleurpar la cheminée ou on n’allume pas lefeu correctement. » Pour être sûr debien s’y prendre, il suffit d’observer lafumée: s’il y en a, elle doit être peuabondante et blanche. Les chauffagescentraux à accumulation de chaleur ouà alimentation automatique en granu-lés de bois ne posent quant à eux aucunproblème.

Urs Fitze/hjb

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Dans la chaudière, le feu brûle sans interruption(au milieu). Des conduites amènent la vapeur àla turbine (à droite). Un collaborateur surveillele processus au poste de commande (à gauche).

INFOSClaire-Lise Suter

Section Économie forestière

et industrie du bois, OFEV

031 324 78 58

[email protected]

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ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS40

Sus aux ornièresPROTECTION DES SOLS FORESTIERS

Aller chercher le bois abattu en forêt demande l’utilisation de gros véhicules. Comment pro-céder à ce travail en ménageant les sols? Une quinzaine de machinistes ont affiné leursconnaissances à ce propos en suivant un cours organisé en avril 2008 au Centre de formationprofessionnelle forestière du Mont-sur-Lausanne.

Ce début de printemps 2008 est diffi-cile pour les machinistes en forêt. Eneffet, il a beaucoup plu ces dernièressemaines et les sols sont détrempés. Lerisque de compactage, lorsqu’on passeavec les engins, est grand. « Il n’est pasévident de tout concilier: la plani-fication, les délais de livraison, lamétéo », explique Pascal Oppliger, deLa Sagne (NE). Pascal Oppliger travailledans une forêt de résineux à quelque1000 mètres d’altitude. Si la pluies’installe pendant plusieurs jours, pouréviter d’endommager les zones plusfragiles, il essaie de se rabattre sur deschantiers de réserve, où les risques dedégâts sont moindres. Autre possibilité:profiter du temps donné pour entrete-nir, réparer, réviser le matériel. « Leproblème est que si cela dure trop long-temps, la rentabilité de l’entreprise en

souffre; en plus, quand revient le beautemps, on ne sait plus où donner de latête tant le travail s’est accumulé »,ajoute le débardeur.

De la théorie…En attendant, aujourd’hui, 23 avril2008, Pascal Oppliger retourne sur lesbancs d’école. C’est la première fois que,soutenu par l’OFEV et en partenariatavec le Service des eaux, sols et assainis-sement du canton de Vaud (SESA) etl’Institut fédéral de recherches sur laforêt, la neige et le paysage (WSL), leCentre de formation professionnelleforestière, situé au Mont-sur-Lausanne,organise un cours sur la protection dessols forestiers à l’intention des machi-nistes. Dix-sept d’entre eux sont venusdes quatre coins de Suisse romande pourparticiper à cette demi-journée. En avant

donc pour quelques bases théoriquesd’abord. Véronique Maître, pédologueau SESA, rappelle les principales caracté-ristiques du sol, sa structure, sa porosité,sa granulométrie, tout en s’attardant sursa sensibilité au compactage. Elle insistesur le fait qu’il faut un siècle pour for-mer un centimètre de sol. Dans l’exposéqui suit, Fritz Frutig, du WSL, expliquela base légale en la matière, décrit les dif-férentes perturbations constatées sur lessols forestiers et les types d’ornièresobservées, avant d’aborder les mesuresde prévention. Ainsi, au niveau opéra-tionnel, de nombreuses optimisationss’offrent aux machinistes, notammenten ce qui concerne la technique desrécolteuses ou encore leur utilisation. Lamatière est dense, complexe, mais les in-tervenants parlent un langage clair etdonnent des pistes concrètes.

DOSSIER BOISENVIRONNEMENT 4/08 41

… à la pratiqueSuit une visite sur le terrain dans lesbois du Jorat. Des coupes transversalesdu sol ont été effectuées à divers en-droits. Les machinistes doivent déter-miner, à l’œil nu ou en composant despetits boudins, dans quelle mesure laterre est compactée. Est-elle friable?Est-elle meuble? Ils ont également droità la démonstration de la sonde PANDA(pénétromètre automatique numériquedynamique assisté par ordinateur) quipermet de montrer la résistance à lapénétration en fonction de la profon-deur. Plus la résistance d’un sol est éle-vée, plus il est fortement compactéet plus sa capacité d’infiltration d’eauet d’air est faible. Les participants sontensuite confrontés à différents typesd’ornières. Les discussions sont ani-mées. On arrive à plusieurs conclu-

sions. La plus importante: il y a moyend’intégrer les machines de façon judi-cieuse et il existe de nombreuses me-sures permettant de réduire de façonconséquente la pression sur le sol et deprévenir les dégâts (voir encadré).

Et qu’a retenu Pascal Oppliger ducours? « Pour ma part, je vais continuerà faire attention à la nature du terraindans la mesure du possible et adapterma façon de travailler ainsi que mes en-gins en fonction des consignes don-nées. » Quant à Jean-Pierre Clément, dela section Sol de l’OFEV, égalementprésent à la demi-journée, il clôt la dis-cussion en soulevant un élémentimportant: « Pour que le travail soit faitdans les règles de l’art, il faudrait quetout le monde tire à la même corde:les propriétaires de forêt, les entre-preneurs, les ingénieurs forestiers, les

gardes forestiers de triage, les forestiers-bûcherons et les machinistes. »

Cornélia Mühlberger de Preux

INFOSJean-Pierre Clément

Section Sol

OFEV

031 322 93 49

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Comment réduire les risquesPour rester concurrentielle, l’économie forestière se rationalise en mécani-sant la récolte de bois: des abatteuses-ébrancheuses coupent et élaguentles arbres et déposent les troncs débités dans le layon, tandis que des dé-busqueuses transportent les grumes jusqu’à la route forestière la plusproche, où elles seront chargées sur un camion.

Ces lourdes machines font courir un risque aux sols, qu’il est néanmoinspossible de réduire: des engins dotés d’un grand nombre de roues pourrépartir le poids, des pneus à pression variable ou des systèmes à chenillesou à bandes permettent de diminuer l’impact exercé. D’autres solutionsconsistent à densifier le réseau de dessertes, à former un tapis de branchesdans les layons et à recourir aux machines uniquement à l’endroit et aumoment adéquat: il faudrait par exemple éviter leur emploi sur des sols hu-mides, qui sont plus sensibles.

L’OFEV a lancé avec l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neigeet le paysage (WSL) un projet allant dans ce sens (Physikalischer Boden-schutz im Wald). Il comprend la compilation des données existantes et leurmise en pratique, ainsi que l’organisation de cours et de conférences. Ceprojet s’adresse aux écoles forestières, aux services de protection des sols,aux responsables de la formation et aux bureaux d’ingénieurs.

Lors du troisième Inventaire forestier national (IFN 3, voir aussi page 29),on a pour la première fois recensé les atteintes portées aux sols par l’ex-ploitation du bois. Les résultats seront connus début 2009.

Véronique Maître (au milieu page 40)explique les dégâts causés au sol: compactage(zone grise dans la coupe du sol, premièrephoto à gauche), ornières sillonnant lechemin de desserte (à droite page 40). Unmoyen de les prévenir consiste à former destapis de branches dans les layons (ci-dessous).

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Pour retrouver cet article en ligne, avec lienset sources bibliographiques: www.environne-ment-suisse.ch/magazine2008-4-11

En matière d’environnement aussi, laréforme de la péréquation financière etde la répartition des tâches (RPT) con-duit à de nouvelles formes de collabo-ration entre Confédération et cantons.Les subventions allouées projet parprojet sont remplacées par des contri-butions globales versées sur la base deprogrammes pluriannuels définissantdes objectifs liés aux prestations. Cetteapproche partenariale renforce le prin-cipe de subsidiarité. La Confédérationse concentre sur la définition d’unestratégie nationale, tandis que les can-tons assument plus de responsabilitéset bénéficient d’une marge de manœu-vre plus large pour la mettre en œuvre.Ce système a le mérite de simplifier laprocédure administrative.

Confédération et cantons ont né-gocié les conventions-programmes en2007, les objectifs environnementauxréunissant un vaste consensus. Bienqu’incontestables, les interventionsqui s’imposent au niveau des cantons,surtout dans la prévention des dangerset la protection de la nature et du pay-sage, dépassent toutefois largement lesressources fédérales.

Une kyrielle deconventions-programmesAu total, 223 conventions ont été con-clues, qui regroupent les vingt-six can-

tons et régissent les domaines suivants:protection de la nature et du paysage,revitalisation des eaux, protection con-tre le bruit et isolation acoustique, ou-vrages de protection selon la loi sur lesforêts et la loi sur l’aménagement descours d’eau, forêts protectrices, bio-diversité en forêt, gestion forestière etzones protégées pour faune sauvage etoiseaux d’eau. Dans le cadre de cesprogrammes, la Confédération verseraentre 2008 et 2011 quelque 610 mil-lions de francs aux cantons pour cou-vrir des prestations environnementales(voir tableau).

À ce total viendront s’ajouter prèsde 400 millions destinés à la nature etau paysage, à la lutte contre le bruit etaux mesures d’isolation acoustique,aux ouvrages de protection et auxforêts protectrices. Cette somme cor-respond à de grands projets qui restentsubventionnés isolément et à des en-gagements pris précédemment.

Environ 60 % des ressources fédé-rales réservées à l’environnement se-ront dès à présent utilisées selon lesprogrammes définis, et cette part s’ac-croîtra dans les années à venir avec l’ar-rivée à échéance des anciens engage-

ENVIRONNEMENT 4/08 RÉFORME DE LA PÉRÉQUATION FINANCIÈRE42

Une procéduresimplifiée

SUBVENTIONS À L’ENVIRONNEMENT

L’allocation de subventions sur la base de programmes s’appliqueaussi à la protection de l’environnement. Dans ce domaine, environ60 % des ressources fédérales sont d’ores et déjà affectées à desprogrammes pluriannuels. Exemples tirés de la gestion forestièreet des zones protégées pour oiseaux d’eau.

Ressources fédérales allouées dans le cadredes conventions-programmes de 2008 à 2011en francs suisses

Protection de la nature et du paysage 114 900 569Revitalisation des eaux 10 800 000Protection contre le bruit et isolation acoustique 59 948 200Ouvrages de protection selon la loi sur les forêts 78 888 740Ouvrages de protection selon la loi sur l’aménagementdes cours d’eau 70 325 300Forêts protectrices 186 213 735Biodiversité en forêt 34 590 310Gestion forestière 45 139 440Zones protégées pour faune sauvage et oiseaux d’eau 9 141 636Total 609 947 930

ments. La Confédération consacre autotal 45 millions de francs à l’économieforestière. Dans ce domaine, elle a con-clu des conventions-programmes avectous les cantons, qui peuvent les mettreen œuvre selon leurs impératifs et leurspriorités. La gestion de la forêt suisseest ainsi assurée à long terme.

Ensemble pour exploiterUn financement initial alloué par laConfédération peut par exemple favo-riser la collaboration entre proprié-taires de forêts et optimiser les structu-res de la gestion forestière. C’est ce quiest prévu à Lucerne: les forêts de cecanton appartiennent en grande partieà des particuliers, que l’on veut inciterà former des organismes régionauxd’exploitation. Ces unités de gestionprivées et professionnelles planifientl’exploitation et la vente du bois, demême que l’entretien des forêts, par-delà les limites des propriétés. Douze deces organismes devraient voir le jourdans le canton et regrouper la plupartdes 12 000 et quelques propriétaires.

Unis pour commercialiserUn autre objectif consiste à rationaliserla répartition des tâches et la logistiquedu bois, en vue d’accroître l’efficacité.Là encore, la Confédération assurera lefinancement initial. Des cantons de

Suisse orientale créeront ainsi un orga-nisme commun pour commercialiserleur bois. Un seul service logistique,assisté par ordinateur, réduira les fraisadministratifs et les frais des entrepri-ses. Une présence collective sur le mar-ché, avec des offres communes, amélio-rera la compétitivité et les revenus.

Des stratégies pourles zones protégéesLa Suisse compte aujourd’hui dix réser-ves d’oiseaux d’eau et de migrateursd’importance internationale. La listedes réserves d’importance nationalecomprend dix-huit objets, auxquelshuit autres viendront s’ajouter bientôt.On dénombre en outre quarante et undistricts francs fédéraux. Ces habitatsoù la protection de la faune est priori-taire occupent 4 % du territoire. Aumoyen des conventions-programmes,la Confédération subventionne l’entre-tien de ces réserves par les vingt et uncantons concernés.

Avant l’entrée en vigueur de la RPT,la Confédération cofinançait les coûtsde surveillance (salaires des gardes-chasse, équipement, cabanes, forma-tion de base, marquage des réserves),de même que la prévention et l’indem-nisation des dégâts dus au gibier. Dansle cadre du programme concernant lesréserves pour faune sauvage et oiseaux

d’eau, elle peut désormais aussi ap-puyer financièrement l’élaboration destratégies de gestion. De tels projetss’imposent pour protéger la faune con-tre les dérangements dus aux personnesqui pratiquent leurs activités de loisirsà toute heure du jour et à toute saisonen dehors des chemins balisés. Ilss’avèrent très efficaces, car ils permet-tent d’identifier les conflits d’utilisa-tion, puis d’adopter, d’entente avectous les acteurs, des mesures qui serontensuite appliquées et contrôlées. Pen-dant la première phase de réalisation,soit jusqu’en 2011, la Confédérationsoutiendra l’élaboration de ces straté-gies dans dix-sept réserves.

Barbara Haering

HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 43

INFOSFlorian Wild (en haut)

031 322 93 45

[email protected]

et Daniel Lehmann (en bas)

031 322 93 31

[email protected]

Codirecteurs du projet RPT/

Environnement, OFEV

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ENVIRONNEMENT 4/08 FAUNE44

Les chats sauvages reviennentà pas feutrés

FAUNE

Ils sont invisibles, difficiles à identifier et ne laissent pas de traces évidentes. Pourtant, il estpossible de surveiller les populations de chats sauvages en combinant sagesse populaire,analyses génétiques moléculaires et méthodes statistiques. Une telle opération est en coursdans le Jura.

Notre époque moderne assiste à la re-naissance de la faune sauvage. Et passeulement du lynx, du loup et de l’ours:le renard conquiert les villes, la martreagace les automobilistes. Les animauxque la nature a dotés de griffes acéréeset d’une mâchoire puissante suscitentencore et toujours des controverses.

Mais le retour du chat sauvage sefait sans bruit. Ses effectifs sont en lenteprogression en Europe centrale, proba-blement depuis les années 1930 déjà. Ila fallu du temps pour qu’on s’en aper-çoive.

Cela ne s’explique pas seulementpar son mode de vie extrêmement dis-cret. Même si on a la chance de voir unchat sauvage dans la nature, on ne peutjamais en être sûr. Certains chats do-mestiques ont en effet exactement lamême couleur et le même dessin. Et leschats errants circulent partout, y com-pris au cœur de la forêt. Les traces quel’animal laisse dans la neige ou ses fècesne livrent pas non plus d’indicationssûres. L’indice crânien – la longueur ducrâne divisée par la capacité crânienne– est la seule caractéristique morpholo-gique fiable qui le distingue, car le chatsauvage est doté d’un plus gros cerveau.Mais cette valeur ne peut être chiffréequ’une fois l’animal mort.

Protégés partout en Europe« Le chat sauvage appartient aux es-pèces les plus nuisibles de notre pays »;« les chasseurs ont toute raison d’élimi-ner cet hôte indésirable par tous lesmoyens »: tel était encore le verdictde manuels de chasse du XXe siècle.Quand il a été enfin généralement re-connu que l’animal ainsi diffamé s’enprenait presque exclusivement aux sou-ris et ne représentait donc une menaceni pour d’autres espèces, ni pour les en-fants, il avait presque disparu d’Europecentrale. Les dernières populations im-portantes vivaient dans une régionmontagneuse de forêts s’étendant desArdennes belges au Jura français en pas-sant par le massif palatin, en Alle-magne, et par les Vosges. Aujourd’hui,le chat sauvage est protégé dans tous lespays d’Europe.

On ne sait s’il avait complètementdisparu de Suisse ou si quelques indivi-dus avaient survécu dans le Jura. Dansles régions frontalières, certains de-vaient avoir subsisté. Du côté du Gla-serberg, par exemple, un territoire isoléau nord de la rivière Lucelle. C’est de làque proviennent sans doute les chatssauvages apparus dans les années 1970sur le Blauen, une chaîne de collinesboisées du Jura bâlois. Chasseurs et pro-

meneurs en ont observé là à plusieursreprises, mais les preuves avérées se li-mitaient à deux individus écrasés pardes voitures en 1991 et 2005.

Le biologiste Darius Weber, qui vit àproximité du Blauen et s’y rend sou-vent, a voulu en savoir plus sur la pré-sence de l’animal dans la région. Il amis au point une méthode permettantde calculer les effectifs de chats sau-vages sur le terrain. Elle associe sagessepopulaire et technique de pointe.

La valériane les attireLes méthodes de génétique moléculairepermettent depuis peu de distinguer leschats sauvages des chats domestiquessans attendre leur mort: un poil suffitpour faire une analyse génétique. Maiscomment s’en procurer dans la nature?En ayant recours à une vieille astuce: lavalériane. Celle-ci est connue pour soneffet irrésistible sur les femelles commesur les mâles, surtout pendant la pé-riode du rut, en décembre et janvier.Les animaux se frottent alors auxplantes avec ardeur.

Des chercheurs allemands ont étéles premiers à tirer parti de cette atti-rance dans les montagnes du Harz. Ilsont vaporisé de la teinture de valériane

suite page 46

HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 45

Lors du projet d’études sur les chats sauvages du Blauen (BL),un appareil photo automatique avait été installé à côté de certains

poteaux imprégnés de valériane. Un détecteur de mouvementdéclenchait la prise de vue. Les animaux photographiés ici en train de

se frotter avec ardeur à l’appât arborent tous le dessin caractéris-tique du chat sauvage. Seule l’analyse des poils restés collés au bois

permettra de vérifier qu’il ne s’agit pas de croisements.

Hintermann & Weber SA

ENVIRONNEMENT 4/08 FAUNE46

sur des poteaux en bois non rabotésqu’ils ont plantés le long des voies demigration du gibier. Les chats qui s’yfrottent y laissent forcément quelquespoils.

Recensement pileuxDarius Weber s’est servi de cette mé-thode dans un projet de recherchequ’il a mené en 2006 et 2007 en col-laboration avec les généticiennes Bar-bara Hefti-Gautschi et Tabea Stoeckleainsi qu’avec les chasseurs du Blauen.136 poteaux ont été placés sur les pas-sages du gibier dans un périmètre de66 kilomètres carrés et examinés à in-tervalles de quinze jours pendant uneannée. Le matériel récolté a d’abord ététrié sous le microscope. Les poils d’au-tres animaux attirés par la valériane –hérissons, martres, loirs et renards –ont été mis de côté, tout comme ceuxdont la couleur permettait d’affirmerqu’ils provenaient de chats domes-tiques. Les poils soupçonnés avoirappartenu à un chat sauvage ont étéanalysés en laboratoire.

L’étude génétique ne montre passeulement si l’on a affaire à un chatsauvage ou domestique. Chaque indi-vidu laisse sa propre empreinte. L’ana-lyse signale donc d’emblée le nombreminimal de bêtes présentes dans larégion, soit toutes celles qui ont étéidentifiées individuellement.

Un brin de mathématiqueÀ l’aide de méthodes statistiques, on

parvient ensuite à faire une estimationassez précise des populations, y com-pris des bêtes non identifiées. Elle re-pose sur le fait que quelques chatsn’ont laissé des traces sur les poteauxqu’une fois, d’autres plusieurs fois. Lecalcul est compliqué, mais le principeest simple: quand tous les échantillonsproviennent du même animal, il estprobable qu’il se déplace seul. À l’in-verse, quand chaque échantillon pro-vient d’un animal différent, on n’a sansdoute pas encore recensé toute la popu-lation. Dans la réalité, il peut arriverqu’on trouve une seule preuve pourcertains individus, deux pour d’autres,davantage pour d’autres encore. Lessommes partielles et le total de tous lesanimaux identifiés permettent d’abou-tir à une estimation de la populationentière. Au Blauen, on est ainsi arrivé àdes effectifs de 25 à 38 chats.

Un programme de surveillancenationalLe chat sauvage vit dans des forêtsétendues, devenues rares sur le Plateau.Dans les Alpes, les hivers sont tropdurs: quand il y a de la neige, l’animaldoit renoncer aux souris, devenuesinaccessibles. La région de propagationpotentielle de l’espèce se limite doncen Suisse au Jura: là, il y a suffisam-ment de forêts et en période d’enneige-ment, il reste toujours quelques ver-sants sud dégagés pour chasser.

C’est donc sur cette région que seconcentre le programme national de

surveillance à long terme lancé récem-ment sur mandat de l’OFEV. L’objectifn’est pas de recenser le nombre dechats sauvages vivant en Suisse, maisd’obtenir un indicateur de l’état de lapopulation, permettant de savoir si leseffectifs sont en hausse, en baisse ou àpeu près stables. En l’occurrence, onvérifie la proportion de surfaces peu-plées par rapport à la totalité des habi-tats adéquats. 150 surfaces représenta-tives d’un kilomètre carré, comptantchacune trois poteaux exposés pendanttrois mois et contrôlés toutes les deuxsemaines, suffisent pour obtenir unevaleur présentant la précision voulue.

Les travaux de terrain sont effectuéspar les gardes-chasse locaux. Ils dure-ront jusqu’à la fin de l’hiver 2009/2010.

Hansjakob Baumgartner

INFOSThomas Briner

Section Chasse, faune sauvage

et biodiversité en forêt, OFEV

031 324 78 49

[email protected]

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HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 47

Tous unisau service de la cause

ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

Plusieurs prestataires de l’éducation à l’environnement se sontregroupés au sein d’un service commun. Leurs activités de marke-ting concertées leur assurent une présence plus professionnelle etaméliorent la visibilité de la branche.

Publicité, marketing, corporate design…Pour un écologiste de la vieille école, lestermes issus du monde économique ontquelque chose de suspect: « éco » et « bio »lui paraissent être des notions diamétrale-ment opposées à celles de hausse du chiffred’affaires et de bénéfices. À tort, juge PeterLehmann, directeur du sanu, qui proposeune formation pour le développement du-rable. « Parce que les différents prestatairesont longtemps négligé tout marketing sys-tématique et agi chacun pour soi dansdes niches, l’énorme potentiel de l’éducationà l’environnement n’a pas été exploitéjusqu’ici. »

De plus en plus de secteurs impliquésDe fait, les besoins en éducation à l’envi-ronnement sont considérables. Une étu-diante l’a confirmé après avoir évalué l’ap-plication de la législation lors de son stageauprès du sanu, en 2005. Les autorités com-munales, les petites et grandes entreprisesdu bâtiment et des transports, les usinesd’élimination des déchets et les servicesindustriels et bien d’autres personnes et ins-titutions sont tenus tous les jours de mettre

en œuvre les consignes de la politique et dudroit de l’environnement.

Certains prestataires avaient bien es-sayé, par le passé, de vendre leur produit.« Mais il est impossible, avec des moyensmodestes, de concurrencer des hautesécoles reconnues et leurs grands stands auxrendez-vous du monde de l’éducation. »Peter Lehmann est bien placé pour lesavoir! En 2005, le sanu a donc participé àune table ronde avec des représentants del’OFEV et d’autres organismes proposantdes cursus écologiques. Avec l’EPFZ, leshautes écoles spécialisées, la formation pro-fessionnelle, la formation des adultes etl’éducation à l’environnement, tous lesniveaux étaient impliqués, et le service-envi-ronnement a été mis en place. « Nous avonsopté pour une organisation souple, sansforme juridique, mais avec un budget et unobjectif annuels », dit Peter Lehmann.

Un organisme actifLe service-environnement marque sa présencelors des salons et publie un guide compre-nant un catalogue des prestataires, unaperçu des diverses filières et des témoi-

gnages de personnes ayant suivi lescours en question. Chaque année, il seconcentre sur un groupe cible qu’il sou-haite familiariser avec les formationsoffertes. « L’automne passé, nous avonsorganisé une réunion avec l’Associationsuisse pour l’orientation scolaire etprofessionnelle (ASOSP) », relate PeterLehmann. « Des multiplicateurs fantas-tiques qui adressent maintenant les in-téressés à nos prestataires. »

Lors de la manifestation NATUREqui s’est tenue à Bâle en février 2008, leservice s’est présenté de manière trèsprofessionnelle, avec un budget de27 000 francs. « Finis le manque demoyens et les stands de fortune, nousn’avons plus besoin de nous cacher »,jubile Peter Lehmann. « Des spécialistesde l’environnement, il en faut par-tout », tel était le slogan. Le stand mon-trait, avec des exemples tirés de diffé-rentes professions, que de nombreuses

personnes doivent relever des défis en-vironnementaux et sociaux dans leurdomaine d’activité. Une compétenceaccrue dans les questions du dévelop-pement durable peut donc signifier unéchelon de plus dans une carrière.

Pour 2008, le service-environnement achoisi comme groupe cible une clien-tèle exigeante: il a mis sur pied uneprésentation spéciale pour s’adresser aumilieu de la finance. Car les banqueset les assurances sont de plus en plusconcernées par les développementsécologiques et sociaux et exercent uneinfluence importante sur toute l’éco-nomie.

Le vent en poupeLe sanu est le moteur du service-environ-nement. La cotisation que les organisa-tions membres versent chaque annéesert exclusivement à financer les activi-tés de marketing, car le sanu ne factureaucune dépense de personnel au projetqu’il pilote: « Notre engagement estcouvert par un mandat de l’OFEV », ex-plique Peter Lehmann.

Les efforts investis sont payants,même s’il est difficile de chiffrer les suc-cès. « Au cours des deux à trois ans pas-sés, le sanu a enregistré à lui seul unedemande en hausse de 20 %. Cette évo-lution s’explique aussi par l’appui poli-tique actuel », estime Peter Lehmann.

Mais le service n’attache pas la prioritéà une augmentation des chiffres d’af-faires. « Il s’agit bien plutôt de mettreen évidence l’utilité et l’offre de labranche, et de faire prendre conscienceà ses représentants de l’importance dela communication. »

L’OFEV soutient le service-environ-nement. « C’est une sorte de projetmodèle de partenariat dans ce secteur »,dit Daniela Jost, de la commissionÉducation et formation OFEV. « C’estainsi que les choses devraient être: tousunis au service de la cause, même si unecertaine concurrence reste nécessaire. »

Lucienne Rey

ENVIRONNEMENT 4/08 ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT48

Le service-environnementréunit les sept insti-tutions et organisationssuivantes: EPFZ, dépar-tement des sciences del’environnement, hauteécole des sciences appli-quées de Zurich, institutde l’environnement etdes ressources natu-relles, haute école tech-nique de Rapperswil,filière architecturedu paysage, Centreforestier de formationde Lyss, Silviva, sanu etOFEV.

INFOSGisela Basler

Éducation et formation OFEV

031 323 03 06

[email protected]

Daniela Jost

Éducation et formation OFEV

031 324 48 30

[email protected]

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HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 49

Vers plus deprofessionnalismedansla sécuritébiologique

BIOTECHNOLOGIE

La recherche et la production impliquantdes organismes génétiquement modifiésou pathogènes comportent un risquepour l’homme et l’environnement. Lesresponsables de la sécurité biologiqueont pour tâche de le limiter au maximum.Avec le secteur de la biotechnologie, laConfédération met sur pied une formationuniforme.

D’où vient le virus de la grippe aviaire?Comment fabriquer des médicamentsplus efficaces grâce au génie génétique?En Suisse, de nombreux laboratoiresprivés, instituts universitaires et ser-vices fédéraux étudient des agents pa-thogènes et des organismes génétique-ment modifiés. Or ce travail est délicat.Le personnel, les équipes de nettoyageet les visiteurs des laboratoires ne doi-vent pas s’infecter. C’est le but de l’or-donnance sur la protection des travail-leurs contre les risques liés auxmicro-organismes (OPTM). Il faut aussiéviter que des agents pathogènes nes’échappent des laboratoires, ce qui fait

l’objet de l’ordonnance sur l’utilisationconfinée (OUC).

Suivant ces deux ordonnances, en-trées en vigueur en 1999, les entreprisesconcernées doivent nommer des res-ponsables de la sécurité biologique(Biosafety Officer, BSO). Actuellement,près de 700 BSO travaillent en Suisse.Leurs activités et leurs compétencesvarient considérablement, d’après uneétude réalisée en 2007 sur mandat desoffices fédéraux de l’environnement,de la santé publique et de la protectionde la population. De grandes unités derecherche emploient plusieurs BSO àplein temps, alors que cela n’aurait

guère de sens dans les petits labora-toires utilisant occasionnellement desorganismes pathogènes. « De plus, lasécurité biologique est plus ou moinslacunaire auprès des employeurs qui lajugent peu importante », constatent lesauteurs de l’étude.

Formation: des exigences plus élevéesLes sociétés concernées sont tenues deconfier la sécurité biologique à un BSO.Il doit disposer de connaissances tech-niques et sécuritaires suffisantes pourêtre à même de remplir sa fonction.Mais le contenu de cette formationn’est pas précisé. À l’exception d’un

IVI Kathrin Summermatter

Quartier de haute sécurité pour les agents pathogènes: poste de biosécurité biologiqueà l’institut de virologie et d’immunoprophylaxie (IVI) de Mittelhäusern (BE).

séminaire annuel d’une journée consa-cré à la biosécurité, aucune instructionsystématique n’est proposée en Suisse.

Les offices fédéraux sont conscientsde cette lacune. « Notre objectif estd’élaborer un cours pour les BSO quipermettra d’améliorer le niveau de con-naissances », déclare Daniel Kümin,collaborateur scientifique à la sectionBiotechnologie et flux de substances del’OFEV jusque récemment.

L’étude de 2007 indique aussi com-ment pondérer les éléments de la for-mation prévue. Elle propose notam-ment de soumettre le BSO, qui agénéralement fait des études de micro-biologie ou de biologie moléculaire, àdes exigences différenciées selon le ni-veau de sécurité requis. Les laboratoiresoù l’on travaille avec des agents patho-gènes et des organismes génétiquementmodifiés sont classés en fonction duniveau de risque. Il est par exemplemoins dangereux de manipuler desplantes ou des souris génétiquement

modifiées (niveau 1) que des virus dusida (niveau 3).

Le concept de sécurité, l’élimina-tion des déchets et la sécurité au travaildans un environnement à risque biolo-gique doivent être des matières suiviespar tous. Les équipements de sécuritéau laboratoire et la sécurité biologiquene seraient enseignés que pour les ni-veaux 2 et 3. L’instauration d’une cul-ture de la sécurité, la prévention et lamaîtrise des accidents majeurs n’inter-viendraient que pour le niveau 3.

Un organe de surveillance est entrain d’élaborer le cahier des chargesdétaillé du BSO. Il pourra ensuite ho-mologuer les hautes écoles spécialisées,universités et autres institutions quidispenseront la formation. Le premiercours de base pourrait démarrer dès lesecond semestre de 2009.

Harmonisation avec l’UELa sécurité biologique revêt un carac-tère d’urgence dans le monde entier,

d’autant plus que l’industrie pharma-ceutique ignore les frontières. La forma-tion de BSO doit donc être uniformiséeà l’échelle internationale. Les modulesactuellement en projet ont aussi étésoumis à l’Association européenne debiosécurité (European Biosafety Associa-tion, EBSA), où la Suisse est représentéeet engagée financièrement. « Une har-monisation arrangerait notamment labranche pharmaceutique », souligneDaniel Kümin. Ainsi, les formationsseraient reconnues partout en Europeet les BSO certifiés pourraient changerde poste sans difficulté.

Reste à voir si un BSO peut être en-gagé de l’extérieur à la journée ou s’ildoit rester sur place en permanence –une condition que les petits labora-toires auraient de la peine à satisfaire.Et l’on ne sait pas encore si la Confédé-ration prendra à sa charge une partiedes frais de formation.

Pieter Poldervaart

ENVIRONNEMENT 4/08 BIOTECHNOLOGIE50

La Suisse pionnière

(pld) « La formation de BSO en Suisse est rudimentaire », estime StéphaneKarlen, BSO à l’EPF de Lausanne. Selon lui, les connaissances sont généralementsommaires, à part dans quelques grandes sociétés et établissements publics. Denombreux BSO ignorent presque tout de l’analyse des risques et de l’apprécia-tion des dangers. Stéphane Karlen espère que la formation prévue sera prochede la pratique. Il faudrait par exemple enseigner le déroulement d’une déconta-mination, pour que le BSO soit au clair sur ce sujet en cas d’urgence.

Kathrin Summermatter, BSO à l’Institut de virologie et d’immunoprophylaxie(IVI) de Mittelhäusern (BE), qui travaille au niveau de sécurité 4, regrette égale-ment que le perfectionnement se limite souvent à s’informer auprès de collèguesexpérimentés et à apprendre sur le tas. Elle estime en revanche que les contactspersonnels sont fructueux. Cette experte en biosécurité propose donc d’institu-tionnaliser les échanges d’expériences entre BSO au même titre que leur forma-tion. Elle souligne aussi combien il est important d’harmoniser le cursus proposéavec celui de l’UE: « Avec ses projets, la Suisse joue un rôle d’avant-garde auniveau international. »

INFOSSabrina Leuenberger

Section Biotechnologie

et flux de substances, OFEV

031 323 83 96

[email protected]

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HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 51

Un assainissement complexe,mais exemplaire

REVÊTEMENTS ANTICORROSION

En 2005, une analyse effectuée par le canton du Tessin a révélé que le revêtement de la con-duite forcée aérienne de l’usine électrique de Tenero contenait des polychlorobiphényles(PCB) toxiques. Il fallait donc intervenir.

La vieille conduite forcée de la centrale de Tenero (TI), ici au-dessus de la Verzasca, a dû être assainie. LesPCB toxiques sont invisibles, mais les taches de rouille, elles, se repèrent à l’œil nu.

Région de Gordola (TI), février 2008:une tente interminable serpente à tra-vers une zone résidentielle entouréede jardins et de vignes. À l’intérieur rè-gnent un bruit assourdissant et unbrouillard dense: on ôte l’ancien revê-tement verdâtre de la conduite forcéemenant à la centrale électrique deTenero, en commençant sommaire-ment sous haute pression à 2800 bars,

pour finir par un décapage fin au sable.La présence de polychlorobiphényles(PCB) en teneurs élevées dans le vernisa rendu nécessaire l’assainissement.

Des mesures de protection maximalesMaintenant, toute trace de peinturenocive a disparu. L’assainissement de laconduite a été une tâche onéreuse etdifficile. « Le revêtement anticorrosion

datait des années 1970. Comme lateneur en PCB de la couche externe at-teignait 7,5 %, il a fallu prendre desmesures draconiennes pour protégerl’environnement lors de l’ablation del’ancien vernis. Presque tous les sec-teurs étaient concernés: l’air, l’eau, lesol, les déchets spéciaux et les sitescontaminés, sans oublier la protectionde la nature », déclare Gianni Ruchti,

Division tessinoise de l’environnement, section de la protection de l’air, des eaux et du sol

ENVIRONNEMENT 4/08 PROTECTION DES SOLS52

qui travaille à la section de la protec-tion de l’air, des eaux et du sol au seinde la division tessinoise de l’environne-ment.

La société Verzasca SA, dont lesactionnaires principaux sont le cantondu Tessin et la ville de Lugano, a dû em-baller la conduite forcée dans desfeuilles de polyéthylène indéchirablesreliées de manière étanche sur une lon-gueur de 670 mètres. Un sas d’accès, undispositif de filtration de l’eau et unsystème d’aération et d’extraction del’air équipé de filtres à poussières com-plétaient l’installation.

Traitement drastique des déchetsLes mesures de sécurité comprenaientégalement un système élaboré d’élimi-nation des déchets, impliquant unmaximum de retraitement: « Le sable aété extrait plusieurs fois; un huitièmeseulement a été éliminé en tant que dé-chet spécial », indique Urban Müller,

de la société Marty Korrosionsschutz AGde Pfäffikon, qui avait remporté l’appeld’offres public.

L’eau utilisée pour les travaux soushaute pression passait par un systèmede filtrage et de contrôle à plusieurs pa-liers avant d’être déversée dans le col-lecteur. La boue résiduelle polluée étaitévacuée dans des fûts.

Course d’obstaclesEn théorie, tout allait très bien: « Nousétions au clair sur les charges et sur lescoûts », déclare Urban Müller. Mais laréalité a été bien différente: « Sur ce ver-sant recouvert d’éboulis, on ne pouvaitpas se contenter de poser des feuilles enplastique. Nous avons dû installer unplancher en bois étanche. » Puis l’abra-sion et la projection se sont heurtées àdes difficultés. « L’idée initiale consis-tait à injecter la dernière couche dunouveau revêtement à l’intérieur dutube. Mais nous avons dû nous résou-

dre à la poser à la main. Il a fallu qu’unhomme rampe dans le tuyau de 70 cen-timètres de diamètre et progresse seg-ment par segment. »

Le temps manquait pour revêtir laconduite forcée en deux passagescomme il avait été prévu initialement,aussi a-t-il fallu la traiter en une fois.Des plaintes de voisins gênés par lebruit des filtres n’ont pas permis detravailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Or le délai disponible était dequatre mois seulement, car la conduiteforcée devait être remise en service enmai 2008. La tâche étant beaucoup plusimportante que prévu, il y a eu unretard de trois semaines. « Notre offrese montait à 780 000 francs seulement.Cela a été notre chantier le pluscher… », résume Urban Müller d’unevoix morne.

Une préparation minutieuseLa société Verzasca SA, la commune de

Pour assainir la conduite forcée, il a fallu l’étancher avec des feuilles de polyéthylène (à gauche). À droite de la tente, un systèmed’aération alimente le tunnel en air frais. La conduite qui serpente sur le versant escarpé de Gordola en direction de Tenero, au borddu lac Majeur, traverse une zone résidentielle parsemée de vignes (au milieu).

HORS DOSSIERENVIRONNEMENT 4/08 53

Les PCB nuisentà la santé

En Suisse, l’utilisation des polychloro-biphényles (PCB) dans les systèmesouverts est interdite depuis 1972. De-puis 1986, cette interdiction s’ap-plique aussi à leur importation, à leurproduction et d’une manière généraleà toutes leurs applications. Mais on entrouve encore sous la forme d’additifs,en particulier comme plastifiant dumastic et d’autres pâtes d’étanchéité,ainsi que dans le revêtement des pontsen acier, des piscines, des installationsd’épuration et des conduites d’eausous pression. L’érosion en entraînedonc encore un peu dans l’environne-ment, et parfois même dans la chaînealimentaire. De grandes quantités sontdisséminées lorsqu’on ôte des pein-tures anticorrosion par projection desable sans capter les poussières.

Les matériaux contenant des PCBdoivent être stockés provisoirement,transportés et incinérés dans des foursà température élevée en tant que dé-chets spéciaux. Traités autrement, ilsproduisent des dioxines extrêmementdangereuses.

L’absorption répétée de quantitésimportantes de PCB peut entraîner desirritations cutanées, des dégradationsdu foie et des reins ainsi qu’un affai-blissement du système immunitaire.Des doses élevées de PCB sont mêmesusceptibles d’avoir un effet cancéro-gène. Des troubles de la reproductionont été observés chez des animaux ex-posés pendant un certain temps auxPCB. C’est peut-être une des raisonspour lesquelles la loutre a disparu deSuisse.

INFOSRoland von Arx

Chef de la section Sol, OFEV

031 322 93 37

[email protected]

Gordola et le canton du Tessin avaientpourtant préparé l’intervention d’unemanière exemplaire: ils avaient analyséle sol aux alentours de la conduite etdans les jardins voisins, puis étudié leseaux superficielles et souterraines ainsique le revêtement de la conduite. Leseffets possibles de l’assainissementavaient également fait l’objet d’uneanalyse des risques.

Les responsables n’ont pas pris ladécision d’assainir avant d’avoir acquisla certitude que la population ne cou-rait aucun danger. L’implication despersonnes directement concernées ajoué un rôle important: les riverains –une cinquantaine de propriétaires – etla presse ont été mis au courant. Des ex-perts ont répondu aux questions de lapopulation lors d’une soirée publiqued’information. Par exemple à celle-ci:ne serait-il pas plus simple de démonterla conduite forcée et d’en construireune nouvelle? Cette option avait évi-

demment figuré parmi les scénariosexaminés par le comité d’étude. « Ledémontage et l’élimination de l’an-cienne conduite ajoutés à la fabricationet au montage de la nouvelle auraientcoûté beaucoup plus cher », déclareMarco Bertoli, directeur de la sociétéVerzasca qui détient la centrale élec-trique de Tenero. L’assainissement afinalement coûté 1,5 million de francs.« Mais la méthode a d’abord été choisieen fonction de la sécurité de la popula-tion et des travailleurs ainsi que de laprotection de l’environnement », sou-ligne Gianni Ruchti, de la division tes-sinoise de l’environnement.

Vera Bueller

À droite: la peinture nocive a été enlevée; il ne manque plus que la nouvellecouche de protection.

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Division tessinoise de l’environnement, section de la protection de l’air, des eaux et du sol

ENVIRONNEMENT 4/08

Jugement

À Opfikon-Glattbrugg (ZH), de nombreuses parcellessont situées sous un axe de décollage de l’aéroport deKloten. Dans dix-huit cas pilotes, la Commission fédé-rale d’estimation a statué sur des demandes d’indem-nisation pour cause d’immissions sonores excessives.

Le droit de défense des riverains contraint no-tamment une entreprise à éviter d’engendrer desatteintes abusives (fumée, suie, émanations désa-gréables, bruit, vibrations) sur la parcelle de sonvoisin. En revanche, on ne saurait l’invoquer dans lecas d’une installation publique telle que l’aéroportde Zurich: le plaignant ne peut être qu’exproprié etindemnisé.

Dans un cas précis, la Commission fédéraled’estimation a évalué que la perte de valeur de l’im-meuble due au bruit des avions se montait à 140 000francs, somme qui devait être versée au propriétairepar l’aéroport de Zurich. Les deux parties ont toutefoisattaqué cette décision auprès du Tribunal fédéral.Dans son jugement rendu le 8 février 2008 (1E.15/2007 et 1E.16/2007), celui-ci a décidé que l’aéroportdevait payer un dédommagement de 150 000 francspour la dépréciation du bien concerné.

Le Tribunal fédéral a examiné les trois conditionsnécessaires pour que la violation des droits de voisi-nage habilite le propriétaire à exiger une indemnisa-tion: l’imprévisibilité et la spécialité des immissions,ainsi que la gravité des dommages subis.

Le 1er janvier 1961 constitue un seuil pour le cri-tère d’imprévisibilité des nuisances sonores dues auxaéroports nationaux. Si une parcelle a été acquise àune date ultérieure autrement que par héritage, iln’existe pas de droit à une indemnisation. La condi-tion de spécialité est remplie en particulier si les im-missions sonores dépassent les valeurs limites d’ex-position définies par le droit de l’environnement. Enraison du bruit excessif, le propriétaire ne disposeplus alors que d’une partie de l’ancienne valeur vé-nale de la parcelle. L’ampleur de cette perte est déter-minante: lorsque la dévalorisation se monte à 10 %ou plus, on considère que le dommage est grave.

Informations complémentaires: Maurus Bärlocher,

division Droit, OFEV, 3003 Berne, 031 325 43 29,

[email protected]

Indemnisationspour les riverains d’aéroports

Rubrique internationale

Payer pour les écosystèmesLes écosystèmes constituent les infrastructures naturelles du ré-gime hydrologique. Ils sont indispensables à l’épuration des eauxusées ou à l’atténuation des crues. Les paiements pour services en-vironnementaux (PES) financent des prestations qui contribuent àentretenir ces écosystèmes. Il peut s’agir d’un signe de solidaritéentre des entreprises privées et l’État, ou entre des personnes quivivent à proximité du même cours d’eau, en amont et en aval. Cegenre d’entraide est particulièrement indiqué dans le cas de l’eau,une ressource qui fait déjà défaut à un tiers de la population duglobe. À l’occasion de la 17e Semaine mondiale de l’eau en août2008 à Stockholm, les chances et les risques des PES ont été discu-tés lors d’un séminaire dirigé par l’OFEV. En résumé, si ces instru-ments ne sont pas la panacée, ils peuvent être efficaces quand ilssont associés à d’autres mesures nationales ou internationales.Sibylle Vermont, section Affaires globales, OFEV, 3003 Berne,

031 322 85 47, [email protected]

Sur les traces des changements climatiquesQui dit changements climatiques dit hausse des températures,tempêtes et nouveaux régimes de précipitations. Chaque varia-tion de ces facteurs exerce une influence sur les catastrophesnaturelles. Le projet international AdaptAlp (Autriche, Suisse,Allemagne, France, Italie et Slovénie) doit étudier les effets duréchauffement sur les différentes régions alpines et voir com-ment prévenir au mieux les dangers naturels. Représentée parl’OFEV, la Suisse coordonne un projet partiel et en profite pourtester le nouvel instrument en ligne RiskPlan. Cet outil de calculet de gestion permet d’évaluer de manière pragmatique les pro-cessus liés aux dangers naturels et les risques qui en découlent.Peter Greminger, consultant senior, OFEV, 3003 Berne, 031 324 78 61,

[email protected], www.riskplan.admin.ch

Des échanges productifsLes graves problèmes écologiques ne peuvent être résolus quedans le cadre d’une coopération internationale, et les questionsd’économie, de développement et d’environnement sont étroi-tement liées. Les mémorandums d’entente peuvent tenir comptede tous les aspects: ils incitent à l’échange bilatéral d’informa-tions sur les technologies, les innovations, la législation et lesavoir-faire. Une collaboration environnementale de ce type peutaussi accompagner des accords de libre-échange. La Suisse aconclu en 1989 un accord de collaboration avec la Russie, en2005 un mémorandum d’entente avec l’Uruguay. Des négocia-tions sont envisagées avec la Chine, le Mexique, l’Indonésie etl’Inde.Karine Siegwart, cheffe de la section Europe, commerce et coopération

au développement, OFEV, 3003 Berne, 031 322 68 62,

[email protected]

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VS La métamorphosed’Ossona

Si vous y êtes passé il y a à peine dix ans,vous ne reconnaîtrez pas les hameaux d’Os-sona et de Gréféric, dans le Val d’Hérens. Àcette époque, tout y était à l’abandon. Leplateau d’Ossona revit maintenant grâce àun projet pilote de développement régionalrural soutenu par la Confédération, le can-ton et la commune de Saint-Martin. Lesterres sont à nouveau exploitées et dévoluesà l’agrotourisme. On peut y assister à la fa-brication du fromage et à la traite des chè-vres, aider l’agriculteur à cueillir les fruits ouà faire les foins. Les anciennes bâtisses ontété réhabilitées et certaines d’entre ellestransformées en gîtes. Depuis l’été 2008, uneauberge accueille les promeneurs de passage.Maria Pires, Daniel Beuret, 079 467 11 43,

www.ossona.ch

Le débit est l’un des trois facteurs qui déterminent l’état écologique d’uncours d’eau, avec la qualité de l’eau et les conditions géographiques etstructurelles de la rivière. Les utilisations humaines influencent non seu-lement l’écoulement total, mais aussi sa répartition au cours de la jour-née et de l’année. Pour appliquer la législation, les cantons doivent no-tamment évaluer leurs rivières sur le plan hydrologique. Pour cela, ilsdisposent désormais d’une procédure standardisée à l’échelle nationale,le module « Hydrologie – régime d’écoulement » au niveau R (région),abrégé « HYDMOD-R ». Des outils informatiques sont aussi disponiblesgratuitement.Martin Pfaundler, chef suppléant de la section Gestion des eaux, OFEV, 3003 Berne,

031 323 03 12, www.systeme-modulaire-gradue.ch > Hydrologie

CH Nouvelle procédure d’évaluationpour les cours d’eau

ZH Pour une information transparentedu contribuable

Les taxes prélevées pour l’approvisionnement en eau potable ou pourl’élimination des eaux usées peuvent susciter une grande incompréhen-sion auprès des contribuables. Dans le canton de Zurich, par exemple,chacune des 171 communes a son propre système de calcul. Les autoritésont ainsi de la peine à expliquer les différences de prix ou à justifier deshausses de tarif. Un nouveau système de gestion financière fournit dé-sormais aux communes une base claire pour aménager et communiquerleur structure de taxation. Développé par l’office cantonal de l’eau, del’énergie et de l’air (AWEL) en collaboration avec le service cantonal descommunes, il suscite un fort intérêt dans toute la Suisse.Office cantonal de l’eau, de l’énergie et de l’air, Stefan Schmid, Zurich, 043 259 32 07,

[email protected], www.abwasser.zh.ch > Finanzierung

site internet

Martin Pfaundler / OFEVMur du barrage de Montsalvens (FR).

Ossona (VS).

NOUVELLES DES CANTONS ENVIRONNEMENT 4/08

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VS Quand la forêt renaîtde ses cendres

En 2003, le plus grand incendie de forêt à toucher le Valaisdepuis plus de cent ans avait détruit quelque 200 000 arbresdans la réserve forestière de Loèche. Cinq ans plus tard, cetteterre brûlée a reverdi et les premiers jeunes saules, bouleauxet trembles s’élancent vers le ciel. En certains endroits, ontrouve maintenant davantage d’oiseaux et de plantes qu’avantla catastrophe. L’épinard-fraise, par exemple, n’y avait plusété recensé depuis un siècle. L’Institut fédéral de recherchessur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a assuré le suiviscientifique de la recolonisation de la zone sinistrée.Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage,

Birmensdorf, 044 739 21 11, www.wsl.ch > Recherche: « Waldbrand im

Wallis » (sur le site allemand du WSL)

BE Le recyclage des piles se développe

Les installations de l’entreprise de recyclage Batrec IndustrieSA à Wimmis sont en cours d’agrandissement. Leurs capaci-tés vont passer de 3500 à 5000 tonnes de piles par an. La plu-part des piles usagées de Suisse sont valorisées à Wimmisdans le cadre de procédés de fusion. L’entreprise a développéun système pionnier qui isole à la fois les substancestoxiques et les métaux, dans un circuit fermé, pour les trans-former en produits. Une nouvelle installation permettra enoutre le recyclage des charbons actifs et des catalyseurs utili-sés dans l’industrie du gaz. Capacité annuelle: 8000 tonnes.L’entreprise a été créée en 1989 à l’initiative de la Confédéra-tion.Batrec Industrie SA, Wimmis, 033 657 85 00, www.batrec.ch

Dans l’espace trinational du Rhin Supérieur, 5,9 millions depersonnes vivent sur une surface de 21 500 km2. Pour les au-torités, le monde politique, les médias, les entreprises et lescitoyens, une plateforme internet baptisée SIGRS regroupemaintenant de nombreuses données concernant la région:aires bâties, infrastructures de transport, évolution démogra-

phique, développement économique, formation et re-cherche, loisirs et tourisme, environnement et climat. Lesdonnées sont sans cesse complétées, pour répondre entreautres aux suggestions des utilisateurs.http://sigrs-gisor.org

Suisse du Nord-Ouest Trois pays, une base de données

mise à disposition

BatrecFour à induction: coulée du ferromanganèse et des scories.

NOUVELLES DES CANTONS ENVIRONNEMENT 4/08

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Le M2 pour lequel les Lausannois ont voté il y a six ans estenfin opérationnel. Le premier métro urbain entièrementautomatique sur pneus de Suisse roule depuis fin octobre2008. Il traverse la capitale vaudoise du nord au sud. Le tra-jet long de 6 km s’effectue à 90 % en tunnel, avec 14 stationset 336 mètres de dénivellation. Celle-ci est la plus forte d’Eu-rope pour ce genre d’engins: à certains endroits, la penteatteint 12 %. Le métro M2 est une des mesures importantesd’assainissement de l’air de la région lausannoise acceptéespar le canton. Il est censé faciliter la mobilité et renverserdurablement la répartition modale en faveur d’une plusgrande utilisation des transports publics. Selon les prévi-sions, le nouveau métro devrait transporter chaque année25 millions de voyageurs.Olivier Français, conseiller municipal et directeur des travaux,

021 315 52 00, www.lausanne.ch/m2

VD Un métro révolutionnaire

Ruben Wyttenbach

Dans le village de Schüpfheim, lorsque l’eau potable sort durobinet, elle a déjà produit du courant propre. La centralehydraulique de Pfrundweid (photo) fonctionne avec l’eaudu réseau. Depuis début 2008, elle fournit du courant pourenviron 40 ménages. Les centrales à l’eau potable ne sontpas une nouveauté en Suisse. Ces dix-huit dernières années,on en a construit une centaine, qui fournissent un total de60 millions de kilowattheures par an, de quoi approvision-ner 12 000 ménages. Selon l’Office fédéral de l’énergie(OFEN), le potentiel inexploité est du même ordre de gran-deur.Wasserversorgung AG Schüpfheim, 041 484 24 50; Office fédéral de

l’énergie, Ittigen (BE), 031 322 56 11, www.suisse-energie.ch

LU L’électricité,ça coule de source!

mise à disposition

Depuis quelques années, l’association Mobilité Emmentals’engage activement pour des modes de déplacement dura-bles dans les régions de Berthoud et de Langnau. Ses objec-tifs sont ambitieux: réduire le trafic individuel motorisé de10 à 20 % d’ici à 2020, dans un espace où vivent quelque70 000 personnes. Pour cela, le programme emmental bewegtpropose des offres de mobilité et des services innovants. ÀLangnau et Trubschachen, il existe désormais un courrier-

vélo de livraison à domicile, un « bus des citoyens », descours de mobilité pour personnes âgées et une location devélos électriques.Association Mobilité Emmental, Berthoud, 078 628 96 70,

www.mobilitaet-emmental.ch;

direction du programme « emmental bewegt »,

Berne/Berthoud, 079 467 99 36,

www.emmental-bewegt.ch

BE Ça bouge dans l’Emmental

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GE, VD, VSLa qualité de l’air en direct

Quel est le niveau d’ozone à Sion? Et de poussières finesà Genève? Le nouveau site internet www.transalpair.eufournit des informations actuelles sur la qualité de l’airdans une vaste région située à cheval sur la France, l’Ita-lie et la Suisse. À côté de la cartographie de la pollutionatmosphérique, il présente également un indice de laqualité de l’air pour les différentes zones, sur la base deslégislations suisse et européenne en la matière. Le projeta notamment été soutenu par les cantons de Genève, deVaud et du Valais.www.transalpair.eu

Dans les établissements scolaires, il est pos-sible d’améliorer fortement l’efficacité éner-gétique. Les petits Genevois qui ont parti-cipé aux « Opérations Énergie » depuis 1997le savent bien. Cette démarche consiste àcombiner un programme pédagogique avecun audit énergétique des bâtiments pouvantdéboucher sur des économies très concrètes.Incités à devenir de véritables « Robins deswatts », les élèves impliqués dans le projetessaient de préserver l’énergie par tous lesmoyens. Du coup, les utilisateurs des bâti-ments passent du rôle de consommateurspassifs à celui d’acteurs responsables. Ceprojet mené par l’association TerraWatt areçu le prix cantonal du développementdurable 2008, ex aequo avec trois autreslauréats.Service cantonal du développement durable,

Genève, 022 388 19 40, www.terrawatt.ch

GE L’énergie traquéedans les écolesGE Du quai de la gare au terminal

Dans le cadre de son système de management, l’aéroport interna-tional de Genève met en œuvre différentes mesures de protectionde l’environnement. L’un des principaux soucis est de limiter letrafic routier engendré par l’aéro-port. Grâce à la gestion de la mo-bilité pratiquée depuis 2002, lapart de passagers qui se rendent àl’aéroport avec les transports pu-blics est de 35 %. De nouvellesoffres devraient encore augmen-ter cette proportion, notammentdes incitations financières plussubstantielles pour les passagerset les employés qui renoncent àprendre leur véhicule.Aéroport international de Genève,

022 717 71 05, www.gva.ch

NOUVELLES DES CANTONS ENVIRONNEMENT 4/08

site internet

Rapport environnementalde l’aéroport de Genève.

mise à disposition

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OFEV interneNouveau chef pourla division Hydrologie

Le Valaisan Dominique Bérod, âgé de44 ans, a repris le 1er septembre la direc-tion de la division Hydrologie de l’OFEV.Il succède à Manfred Spreafico, parti àla retraite.

Dominique Bérod dirigeait jusque-là l’unité d’aménagement des coursd’eau du Service des routes et des cours

d’eau du canton du Valais. Il était responsable de la protec-tion contre les crues, de la prévention des dangers et de la re-vitalisation des rivières. Il reste par ailleurs actif dans diversorganes spécialisés. Dans sa nouvelle fonction à l’OFEV,M. Bérod consolidera encore le centre de compétences natio-nal en hydrologie. Son prédécesseur, M. Spreafico, a contri-bué de manière décisive au rayonnement de cette structuredurant les trente ans qu’il a passés au service de la Confédé-ration. Considéré comme l’un des meilleurs experts interna-tionaux en hydrologie, il continue d’enseigner à l’Universitéde Berne.

Le magazine de l’OFEVfête son 50000e abonnéet prépare sa mueLe magazine ENVIRONNEMENT que vous tenez dans vosmains suscite un intérêt croissant. À la fin juillet 2008, LucaDemarta, de Lugano-Pregassona, est devenu son 50 000e

abonné. La publication a enregistré quelque 20 000 abonne-ments supplémentaires au cours des six dernières années.On peut la commander gratuitement par téléphone, au031 324 77 00, ou par courriel ([email protected]).Tous les numéros sont aussi disponibles sur Internet(www.environnement-suisse.ch/magazine) en français, enallemand et partiellement en italien.

Pour le prochain numéro, ENVIRONNEMENT s’offriraune nouvelle maquette. La graphiste Ruth Schürmann, deLucerne, lui a préparé un nouvel habit moderne qui met da-vantage en valeur les contenus et permet de mieux les pré-senter sur Internet. À découvrir dans quelques mois!

Quatrième édition deNATURE à Bâle: une foire,un congrès et un festivalLa quatrième édition de NATURE, la plus grande foire suissedes modes de vie durables, aura lieu du 19 au 22 février 2009à Bâle, durant le deuxième week-end de la MUBA. Destinée àtoute la famille, elle proposera des expositions interactives,un zoo permettant aux enfants de caresser les animaux, desproduits écologiques ainsi que des découvertes culinaires.L’OFEV y sera présent avec une exposition sur les flux desubstances dans l’environnement. Parallèlement, le festivalNATURE présentera à nouveau un défilé de mode durable, le« Green Fashion Switzerland ». Le 19 février, le congrèsNATURE aura pour thème « La nature de l’énergie – l’énergiede la nature ». Enfin, une « Journée de la NATURE » aura lieule 21 février au forum de la MUBA.Informations sur la foire et le festival ainsi qu’inscription au congrès:

www.natur.ch ou 061 205 10 11 (secrétariat NATURE).

www.wsl.ch/landscapeandhealth

ENVIRONNEMENT 4/08

www.chasseautresor.ch

www.slowup.ch

www.planat.ch

Agenda 1er marsHôtel de Ville,Bussigny (VD)

24 et 25 marsOlten (SO)Programme détaillédisponible dès janvier2009. Informations etinscriptions sur le siteinternet

Du 1er au 3 avrilBirmensdorf (ZH),inscription jusqu’au15 février, 280 et150 francs

À partir du 26 avrilJournées sansvoitures, dans toutela Suisse

29 avril

Journée internationale

contre le bruit, dans

toute la Suisse

15 et 16 mai

Communes, villes,

entreprises et écoles

de toute la Suisse

3e festival du Film vertAu programme de cette édition, quatrefilms: L’enfant qui voulait être un ours; Mamondialisation; Aigoual, la forêt retrouvée;Bruno Manser – Laki Penan.

De nouveaux instruments pourla gestion des dangers naturelsPremière rencontre PLANAT pour les spécia-listes et les responsables de l’information àla Confédération, dans les cantons et lescommunes, ainsi que dans les organisationsprivées.

Paysage et santéCette conférence internationale sur lethème « Détente et santé dans le paysageet la forêt » rassemblera des participantsissus de la pratique et des sciences.WSL, Birmensdorf, 044 739 24 75, [email protected]

Slow up!En 2009 également, des journées sans voi-tures seront organisées dans différentesrégions de Suisse. Vue d’ensemble sur lesite internet qui leur est dédié.Fondation « La Suisse à vélo », 031 307 47 40,[email protected]

Les effets néfastes du bruitJournée d’actions avec pour devise « Évitezle bruit ». Le site internet fournit des infor-mations thématiques et renseigne sur lesdifférentes manifestations.Cercle Bruit Suisse, c/o Service de la protection de

l’environnement du canton de Lucerne, 041 228 60 60

« Chasse au trésor »La Fondation suisse pour la pratique environ-nementale (Pusch) conseille les autorités etles entreprises pour l’organisation de cettejournée. Thème: utilisation parcimonieusedes ressources, des produits et des déchets.021 624 64 94, [email protected]

www.festivaldufilmvert.ch

www.natur.ch

www.salonbois.ch

www.ecoquartier.ch

www.ville-ge.ch/mhng

Jusqu’au

26 avril 2009Musée d’histoirenaturelle, Fribourg,026 300 90 40,[email protected]

Jusqu’au

14 juin 2009Musée d’histoirenaturelle, Genève,022 418 63 00,[email protected]

8 décembre 2008

Pôle Sud, quartier du

Flon, Lausanne, 20 h

Du 6 au 8 février 2009

Centre polyvalent

Espace Gruyère,

Bulle (FR)

Du 19 au 22 févrierCentre des congrès deBâle, de 10 h à 18 h,16 francs, gratuit pourles moins de 16 ans,061 205 10 47,[email protected]

Hermine et beletteCette exposition met à l’honneur les deuxplus petits carnivores du monde. Au menu:des images, des postes interactifs ainsi quediverses animations (conférences, projec-tions de films et sorties sur le terrain).

Genève contre nature?Le canton de Genève recèle plus de 15 000espèces animales et végétales. Quatre che-minements empruntant des cours d’eaugenevois et la rade en présentent quelquesfacettes.

Conférence-débat: « L’écoquartierKronsberg, un modèle pourLausanne? »L’écoquartier Kronsberg, situé au sud-estde la ville de Hanovre en Allemagne, a étéréalisé selon des standards écologiques trèsélevés. Il possède en outre une grande mixitésociale et un centre de quartier très actif.

Salon du boisDepuis 2003, la plateforme Salonbois réunitsous un même toit des exposants de toutela Suisse actifs dans le domaine du bois.026 912 63 55, [email protected]

La nature sous pressionDe nombreux conflits doivent être résolus,par exemple entre la protection des eaux etl’utilisation de la force hydraulique, ou entrel’écologie et la consommation de biomasse.La Foire NATURE abordera ces thèmes àtravers des expositions et des ateliers.

www.fr.ch/mhn

Vous trouverez des informations concernant des manifestationsdiverses sur notre site: www.environnement-suisse.ch/calendrier

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www.laerm.ch

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Dernières publications de l’OFEV

Pour les personnes intéressées• Information spécialisée sur la pêche. Pêcher est synonyme

de loisir, de défi et de plaisir – mais aussi de responsabilités.12 p.; F, D, I, E; gratuit; DIV-9506-F.

• Faune et flore des zones alluviales. Fiche 13 du dossier Zonesalluviales. 20 p.; F, D; gratuit; commande: Service conseilZones alluviales, rue des Pêcheurs 8A, 1400 Yverdon-les-Bains, 024 426 32 28, [email protected].

• Attention! Dangers naturels. La Confédération informe et pré-vient. Les bonnes informations au bon endroit au bon mo-ment. Dépliant. 6 p.; F, D; gratuit; DIV-7530-F.

• Crues de 2005 en Suisse. Rapport de synthèse de l’analyse desévénements. 22 p.; F, D, I, E; gratuit; DIV-7529-F.

• Revêtements de routes peu bruyants à l’intérieur des localités.Rapport final 2007. Condensé. Édité en collaboration avecl’Office fédéral des routes (OFROU); 23 p.; F, D, E; gratuit;DIV-6003-F.

• Nouvelles impulsions pour la recherche environnementale.Thèmes prioritaires et mesures présentés dans le Plan directeurde recherche Environnement 2008–2011. Dépliant. 6 p.; F, D;gratuit; DIV-1027-F.

• Posterserie zu Klimawandel und Klimapolitik. Neuf posters enallemand sur les changements climatiques et la politiqueclimatique suisse, destinés aux communes, aux écoles etaux organisations; voir www.environnement-suisse.ch/cli-mat > Service climat > Protéger le climat au quotidien >Protéger le climat à l’école. Édité en collaboration avecl’OcCC et ProClim; gratuit; commande: 031 322 93 26 [email protected].

Indications bibliographiques: Titre. Sous-titre. Nombre de pages; langues disponibles; prix en francs; numéro de commandepour les versions imprimées ou code à saisir dans le champ de recherche pour le téléchargement gratuit du fichier PDF.

CommandeOFEV, Centrale d’expédition, CH-3003 Berne,+41 (0)31 322 89 99, fax +41 (0)31 324 02 16,[email protected],www.environnement-suisse.ch/publicationsN’oubliez pas le numéro de commande de la pu-blication souhaitée! Des frais de port sont prélevéspour les grandes quantités, même si la publicationest gratuite. Vous trouverez un bulletin de com-mande inséré au milieu de ce numéro.

Pour les spécialistes• Aide-mémoire en cas de dégâts de tempête. Aide à l’exécution

pour la maîtrise des dégâts dus à des tempêtes en forêt classéesd’importance nationale. 300 p.; F, D, I; gratuit; UV-0801-F.

• Directives d’exécution relatives aux mesures de compensationdes rejets de CO2 des centrales à cycles combinés alimentéesau gaz en Suisse. Communication de l’OFEV et de l’Officefédéral de l’énergie (OFEN) en leur qualité d’autorités d’exécu-tion. 47 p.; F, D; pas de version imprimée; UV-0826-F.

• NABEL. La pollution de l’air 2007. Mesures exécutées à l’aidedu Réseau national d’observation des polluants atmosphé-riques (NABEL). 139 p.; F, D; pas de version imprimée; UZ-0823-F.

• Revêtements de routes peu bruyants à l’intérieur des localités.Rapport final 2007. Édité en collaboration avec l’Office fédé-ral des routes (OFROU); 119 p.; F, D; gratuit; DIV-6002-F.

• Programme de sécurité de l’entreprise au sens de l’ordonnancesur l’utilisation confinée (OUC). Directive pour l’exécution del’OUC. 24 p.; F, D; pas de version imprimée; UV-0817-F.

• Mesures de sécurité dans les laboratoires de diagnostic micro-biologique médical. Directive pour l’exécution de l’ordonnancesur l’utilisation confinée (OUC) lors de l’analyse d’échantillonsde matériel clinique. 22 p.; F, D; pas de version imprimée;UV-0815-F.

• Schutzauftrag und Subventionierung bei Naturgefahren.Rechtsgutachten. Avec résumé en français. 121 p.; D;20 francs; UW-0821-D.

• Ereignisanalyse Hochwasser 2005. Teil 2: Analyse von Prozes-sen, Massnahmen und Gefahrengrundlagen. 427 p.; D;35 francs; UW-0825-D.

ENVIRONNEMENT 4/08

ActifLe sentier didactique des Marais de Mategnin, près de Meyrin,vient d’être entièrement restauré. Situé dans une réserve géréepar Pro Natura Genève, il traverse des prairies humides et desroselières entourées d’arbres. La zone abrite une diversitéremarquable d’oiseaux et d’insectes. De nombreux migrateurss’y arrêtent. Cette réserve est la première du canton et une desseules en Suisse à posséder un parcours didactique accessibleaux personnes à mobilité réduite.Pro Natura Genève, 022 311 10 10, www.pronatura.ch/ge

À travers les marais de Meyrin

À l’heure où le climat vacille, chacun d’entre nous devrait agirpour diminuer son impact sur l’environnement. Tel est le credode LaRevueDurable, qui vient de lancer l’opération « Le climatentre nos mains ». Cette initiative permet de calculer ses émis-sions à effet de serre, de les réduire, de partager ses expérienceset de suivre ses progrès. Des exemples de gestes à adopter?Remplacer le bœuf et le veau par du porc et du poulet local,acheter moins, régler la température de son logement à 19 de-grés ou encore adopter une conduite écologique.LaRevueDurable, 026 321 37 11, www.leclimatentrenosmains.org

Le climat entre nos mains

Envie de vacances actives dans les Grisons? La fondation Berg-waldprojekt propose de découvrir l’écosystème forestier en yeffectuant des travaux concrets, en collaboration avec lesservices forestiers locaux. Des projets spéciaux s’adressent auxfamilles.Fondation Bergwaldprojekt, Trin (GR), 081 650 40 40,

[email protected],

www.bergwaldprojekt.ch > Schweiz

Un coup de pouce à la forêt

mis

disp

ositi

on

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Un nouvel ouvrage de Patrimoine suisse présente cinquantemoyens de transport et leur histoire par le texte et la photo.Une lecture d’hiver qui peut donner des idées d’excursionspour le printemps!« Les plus beaux moyens de transport de Suisse », édition bilingue en

français et allemand, disponible pour 12 francs auprès de Patrimoine suisse,

Zurich, 044 254 57 00, www.patrimoinesuisse.ch,

n° ISBN 978-3-033-01522-7

Du bateau à vapeurau funiculaire

mise à disposition

S. Miazza/Pro Natura Genève

site internet

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Le Trivial Pursuit du voyage équitableDécouvrir le monde en respectant les populations locales et l’environnement, celas’apprend. Une manière ludique de s’exercer à devenir un touriste responsable est dejouer à Pazapa. Ce jeu, lancé par l’association Tourism for Help, a été conçu avecl’aide du WWF et de la Fondation Éducation et Développement.Information et commande: Tourism for Help, 022 792 75 59, www.tourismforhelp.org,

[email protected]; ou Fondation Éducation et Développement, 021 612 00 81,

www.globaleducation.ch, [email protected]. Prix: 69 francs.

La flore du Jura à portée de clicOù se cachent l’étoile d’eau à fruits obtus, le potamot nageant ou l’utriculaire né-gligée? Le nouveau portail internet dédié à la flore du Jura bernois et du canton duJura, www.filago.ch, l’indique aux botanistes curieux, qu’ils soient amateurs ou spé-cialistes. Des cartes détaillées donnent les aires de répartition de la flore régionale etsont régulièrement mises à jour. Le portail permet aussi de participer à des en-quêtes sur différentes espèces.Philippe Juillerat, 032 724 48 89, www.filago.ch

Vivre sans voitureLe Club des Suisses sans automobile est une plateforme d’information et de discus-sion destinée au million de personnes qui, en Suisse, vivent sans voiture – et à cellesqui ont l’intention de bientôt vendre la leur.Club des Suisses sans automobile, Zurich, 044 430 19 31, www.clubderautofreien.ch

Un poisson bien dans votre assietteSurpêche, destruction des milieux marins, algues tueuses et eutrophisation: lesmers ne vont pas bien. Les populations de poissons sont aussi touchées. Un guided’achat du WWF aide à faire le bon choix lorsque l’on veut manger du poisson oudes fruits de mer.Siège régional romand du WWF Suisse, Vernier, 022 939 39 90; le guide d’achat peut être

téléchargé sous www.wwf.ch > Ce que vous pouvez faire > Alimentation > Poissons et fruits de mer

Le savoir-vertImpressum 4/08, novembre 2008

Magazine ENVIRONNEMENT de l’OFEV, parution quatre foispar an. Gratuit, n° ISSN 1424-7135

Éditeur: Office fédéral de l’environnement (OFEV)L’OFEV est un office du Département fédéral del’environnement, des transports, de l’énergie et dela communication (DETEC).

Direction du projet: Bruno Oberle, Thomas Göttin

Conception, rédaction, production, marketing:Georg Ledergerber (direction), Flavia Castelberg (sup-pléante); Hansjakob Baumgartner (hjb) et Marco Zanetti(coordination du dossier Bois); Beat Jordi, CornéliaMühlberger de Preux

Collaborations externes:Vera Bueller, Urs Fitze, Barbara Haering, Kaspar Meuli,Beatrix Mühlethaler, Pieter Poldervaart, Lucienne Rey,Brigitte Weidmann; Peter Bader et Nicole Bärtschiger(rubriques); Danielle Jaurant (coordination et rédactionlinguistique de la version française)

Traductions:Anne Anderson, André Carruzzo, Nadine Cuennet, StéphaneCuennet (éditorial, rubriques), Milena Hrdina, Tatiana Kolly,Christian Marro, Stéphane Rigault

Réalisation et mise en page:Atelier Ruth Schürmann, Lucerne

Délai rédactionnel: 29 septembre 2008

Adresse de la rédaction:OFEV, Communication,rédaction ENVIRONNEMENT, CH-3003 Berne,031 322 93 56, fax 031 322 70 54,[email protected]

Langues: français, allemand;italien uniquement sur Internet

Internet: sauf les rubriques,le contenu du magazine se retrouve surwww.environnement-suisse.ch/magazine

Abonnement gratuit, changement d’adresse et commandede numéros supplémentaires:UMWELT / ENVIRONNEMENT, case postale,CH-4501 Soleure031 324 77 00, fax 032 624 75 08,[email protected]

Papier: Cyclus Print, 100 % devieux papier sélectionné

Tirage:18 000 ENVIRONNEMENT / 51 000 UMWELT

Impression et expédition:Vogt-Schild Druck AG, 4552 Derendingen (SO)

Copyright: reproduction du texte et des graphiquesautorisée avec indication de la source et envoi d’unexemplaire justificatif à la rédaction.

Ce magazine entend favoriser le débat.On y trouve par conséquent des contributionsqui ne reflètent pas forcément l’avis de l’OFEV.

Le numéro 1/2009 sortira à la mi-février avec pour dossier:

Des ressources pour la vieLa raréfaction des ressources naturelles met l’humanité devant un défi majeur.Comme les autres pays, la Suisse dépend de la fertilité de ses sols, de laproductivité de ses forêts, de la propreté de ses eaux. Un air pur, des habitatsriches en espèces et des paysages variés constituent les fondements de la qua-lité de vie – et aussi les atouts d’un site économique. L’OFEV s’engage pourque les générations futures disposent encore de ces trésors naturels.

Pour un abonnement gratuit:031 324 77 00 ou [email protected]

Infos: 031 322 93 56 ou [email protected]