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Une journée particulière au Vatican Dossier spécial commémoration du centenaire Entretien avec Tigran Hamasyan 2 e trimestre 2015 - N° 150 Prix 5 • 11, rue de Belledonne - 38100 Grenoble - Dispensé de timbrage - Port Payé - Grenoble RP AZAD magazine www.azadmagazine.com Le trimestriel arménien d’information Commémoration internationale du centenaire N° 150

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Une journée particulière au VaticanDossier spécial commémoration du centenaire

Entretien avec Tigran Hamasyan

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Le trimestriel arménien d’information

Commémoration internationaledu centenaire

N° 150

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Rafi Deryeghiyan

Les Coupons d’Alsace4, rue Francois Briot

ZAC Pied des Gouttes

25200 MONTBELIARD

Tél. 03 81 31 27 11

Fax 03 81 31 27 14

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Association régie par la loi 1901 - N° ISSN 0998-3805 - Numéro de CPPAP 0319 G 85294. Siège : 11, rue de Belledonne - 38100 Grenoble - Tél. : 04 76 48 59 38 - E-mail : [email protected] Président fondateur : Jean Marandjian - Directeur de la publication : Grégoire Atamian - Rédacteur en chef, maquette : Éric Morino Lecture, correction : Danièle Agopian - Abonnements : Gisèle Nier - Marketing : Asbed Kéchichian PAO/Impression : Coquand Imprimeur Fontaine - [email protected] - Mise sous plis : C.P.D.S. Grenoble

Reproduction autorisée avec mention de la source. Les articles signés n’engagent que leurs auteurs.

Ont participé à ce numéro : Danièle Agopian, Achot Akopian, Krikor Amirzayan, Éric Artiga, René Dzagoyan, Isabelle Kévorkian, Nicolas Maden, François-Marie Markarian, Éric Morino, Gisèle Nier, Patrice Nonni, Jérôme Sakalian, Assia Suchier-Kirakossian, les correspondants.

CCP GRENOBLE 0867308 J. - Dépôt légal : 2e trimestre 2015 - date de parution : juin 2015 AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 1

ÉDITORIAL 2

INFOS ARMÉNIENNESActualités - Arménie Caucase 3-6Actualités - Diaspora 8-9

POLITIQUE La coalition contre les coalisés 10Une journée particulière au Vatican 11La question du génocide toujours d’actualité 12-13

SPÉCIAL CENTENAIRE DU GÉNOCIDE ARMÉNIENCanonisation des victimes 14Le 24 avril en Arménie 15Le 24 avril en Turquie 16Les célébrations à Paris 17Tour d’horizon des manifestations en France 18-20Colloque international à la Sorbonne 21Commémorations parisiennes 22-23Commémorations en région 24-27

ENTRETIENPortrait d’une jeunesse arménienne ambitieuse 28-29

HISTOIRE Le soulèvement des Arméniens d’Erzerum (2e partie) 30-31

CULTUREPages arméniennes 32-33Le mémorial de Dzidzernagapert 34Entretien avec Tigran Hamasyan 36Timbres du centenaire du génocide arménien 37Actualités – Livres CD DVD 38-41

SPORTSActualités - Sports 42-43Un phénomène mondial : League of Legend 44

LIENS COMMUNAUTAIRES Agenda - Régions 46-47Actualités - Régions 48-51Dons 52

SOMMAIRE

p. 36

p. 17

p.11

p. 15

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1915-2015Cela fait cent ans qu’a débuté le génocide des Armé-niens dans l’Empire ottoman. Cela fait cent ans que le négationnisme de ce crime se situe au cœur de la poli-tique et de la diplomatie de l’État turc, qui ont été fon-dées notamment sur la spoliation des Arméniens et la destruction de leur culture. Les Arméniens dénonçaient vainement, à cor et à cri, inlassablement ce crime, sans être entendus... Cette machine bien huilée a fi ni par se gripper et a cessé de tourner rond en avril 2015.

En reconnaissant le génocide arménien, le pape François a fait exploser cette omerta lors d’une homélie historique prononcée au Vatican, en prélude à l’élévation de Saint Grégoire de Narek au rang de docteur de l’Église universelle. Depuis, la liste des pays ayant reconnu le génocide armé-nien ne cesse de s’allonger : l’Autriche, le Luxembourg, le Brésil et surtout l’Allemagne par la voix de son président, Joachim Gauck qui a donné le coup de grâce au mensonge de l’État turc en reconnaissant non seulement le génocide arménien de 1915, mais aussi en avouant la complicité, voire la co-culpabilité du IIe Reich allemand. Le gouvernement turc a réagi en vociférant, rappelant ses ambassadeurs, tout en admettant des massacres et en refusant de prononcer le mot génocide. Pourquoi ce refus ? Parce que cela mettrait

en cause le fondement même de l’État turc, parce que les plus hauts personnages seraient ravalés au rang de crimi-nels et parce qu’une telle reconnaissance pourrait avoir des implications considérables, fi nancières et même territoriales.

Tôt ou tard, les pressions internationales et internes, rendront intenable la position du pouvoir turc, et permet-tront cette reconnaissance. Cela marquera la fi n d’une époque et l’entrée pour toute la communauté arménienne dans une nouvelle ère. Les Arméniens – surtout ceux de la diaspora – pourront enfi n se défi nir et agir pas seulement autour de cette histoire tragique, mais autour de tous autres éléments qui peuvent donner un sens à leur existence. Cela permettra à cette diaspora de se mobiliser fortement pour aider l’État arménien, dont l’économie est fort mal en point. Cela permettra aux Arméniens vivant en Turquie de vivre leur arménité la tête haute, comme partie intégrante de la Tur-quie (c’était une des idées fortes de Hrant Dink), dans une société enfi n démocratique, et aux Arméniens d’Arménie de vivre dans un pays apaisé avec son voisin turc.

Beau programme, me direz-vous ! Il ne tient qu’à nous de rester mobilisés et motivés pour que ce réveil soit réel et non dans nos rêves. ■

Éric Morino, rédacteur en chef

Avril 2015 : le réveil arménien

ÉDITO

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38100 GRENOBLE 38100 GRENOBLE

AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20152

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 3

Actualités Arménie

PolitiqueRencontre avec la chancelière allemande

Serge Sarksian et Angela Merkel.

Lors du quatrième sommet du Partenariat oriental de l’Union européenne à Riga (Lettonie) la chancelière allemande Angela Merkel a rencontré le président arménien Serge Sarksian. Ils ont noté avec satisfaction le développement des relations entre les deux pays avec une soixantaine d’accords mutuels signés à ce jour. Serge Sarksian lui a témoigné sa reconnaissance pour le soutien régulier et actif de l’Allemagne à l’Arménie. Il a remercié les autorités allemandes pour avoir reconnu le génocide des Arméniens. La région du Sud-Caucase et le règle-ment pacifi que du confl it du Haut-Karabagh sous l’égide de l’OSCE ont été également évoqués.

Mise en échec de la politique turque

Après l’écho international sur le génocide des Arméniens à l’occasion de son centenaire, la diplomatie turque, quelque peu sonnée par ce camoufl et, a essayé de fourbir de nouvelles armes... Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rassemblé ses troupes, diplomates, fonctionnaires et historiens pour concevoir une nouvelle stratégie d’attaque négationniste.

Visite offi cielle en Chine

Le président chinois Xi Jinging et le président arménien Serge Sarksian.

Le président chinois Xi Jinping a rencontré, à Beijing, son homologue arménien Serge Sarksian. Ils se sont engagés à renforcer leur amitié et la coopération entre les deux pays. Le gouvernement chinois souhaite encourager les entreprises chinoises à jouer un rôle en Arménie dans les secteurs tels que le transport, l’exploitation minière, l’électricité, les technologies de l’information et les infras-tructures. Les deux présidents se sont mis d’accord pour collaborer à la construction de la Ceinture économique de la Route de la soie, indiquant que cette initiative offrait des opportunités historiques pour les deux pays afi n de déve-lopper leur coopération globale. Saluant le développement de la coopération économique et de la confi ance politique entre les deux pays depuis l’indépendance de l’Arménie, M. Sarksian a exprimé ses remerciements à la Chine pour le soutien politique et l’assistance économique apportés à son pays.

Génocide des Assyro-chaldéens et des GrecsL’Arménie a offi ciellement reconnu les génocides des Assyro-chaldéens et des Grecs lors d’une résolution adoptée à l’unanimité par son Parlement : « L’Assemblée nationale d’Arménie déclare qu’elle condamne le génocide des Grecs et des Assyro-chaldéens commis par l’Empire ottoman en 1915-1923 », ceci est écrit dans la résolution coparrainée par les principales factions parlementaires. Le document stipule que ces massacres, largement docu-mentés, sont conformes à la défi nition de génocide.

Voici la nouvelle arme de la diplomatie turque : se boucher les oreilles et cacher ses yeux !

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20154

ÉconomieUn prêt de 150 millions de dollarsLe ministre arménien des Transports, Gaguik Beglarian, a rencontré le représentant du bureau de la Banque euro-péenne de développement (BERD) Sergueï Iknatov. Au terme de la rencontre, le ministère arménien a obtenu un crédit de 150 millions de dollars (US) pour la construc-tion du quatrième tronçon de la route nord-sud et ainsi réaliser les 20,5 km d’autoroute entre les villes d’Akarak et de Katcharan à l’extrême sud de l’Arménie. Gaguik Beglarian a également discuté avec les représentants de la banque sur nombre de projets de développement des communications en Arménie, dont le but est de désencla-ver l’Arménie et de la relier aux grand axes de circulation qui existent entre l’Asie à l’Europe.

L’Arménie contournée.

1,3 million de touristes en 2014

1,3 million de touristes en Arménie en 2014, soit une hausse de 11,3% par rapport à 2013. Mekhak Abres-sian, responsable du département tourisme au ministère

arménien de l’Économie a déclaré que l’an dernier cent-vingt mille touristes supplémentaires s’étaient rendus en Arménie. « Chaque année nous enregistrons une crois-sance du nombre des touristes (...) Les diverses manifesta-tions, forums et autres rencontres ne sont pas étrangères à cette croissance ». Nouné Manoukian, présidente de l’association Festival d’Aréni a ajouté que l’Arménie se dotait de nouveaux hôtels dans les régions et se dévelop-pait de logements des touristes chez les habitants.

Gazprom diminue le prix du gaz pour l’Arménie

L’annonce a été faite par le président de Gazprom, Alexeï Miller, qui, dans un entretien avec la chaîne Rossia-24, a indiqué que le prix du gaz pour l’Arménie, compte tenu de son adhésion à l’UEE, serait ramené à 165 dollars les mille mètres cube au lieu de 189 aujourd’hui. Ce tarif permettra à Gazprom d’investir dans la modernisation du système de distribution de gaz en Arménie. Gazprom se fixe aussi comme objectif de livrer le gaz partout dans le pays. Les quotidiens précisent toutefois qu’en dépit de cette réduction, le prix du gaz restera inchangé pour les consommateurs, cette mesure ayant été prise pour prévenir une augmentation du prix du gaz pour les ménages arméniens à la suite de la dépréciation de la monnaie arménienne.

Kirk Kerkorian dans ForbesL’Arméno-Américain Kirk Kerkorian (97 ans) serait le 393e personnage le plus riche du monde, il serait éga-lement en 130e position des plus grandes fortunes des États-Unis. Sa fortune est estimée à 4,2 milliards de dollars essentiellement placés dans les casinos et hôtels de luxe en majorité à Las Vegas. K. Kerkorian est marié et père de deux enfants. Ancien pilote de chasse et pilote d’avion de ligne, boxeur et ayant exercé de nombreux métiers, il a démarré ses investissements à Las Vegas en 1962. En 1969, il ouvrait l’hôtel-casino MGM, le plus connu et le plus imposant de Las Vegas. Il est également l’Arménien le plus fortuné de la planète et a plaidé beaucoup pour l’Arménie.

Actualités Arménie

toutes les voies de communication de la région évitent l’Arménie...

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 5

Société Vardan Petrosyan, condamné à cinq ans d’emprisonnement

Vardan Petrosyan, artiste franco-arménien qui a survécu à un accident de voiture mortel en Arménie, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement après quatorze mois d’une procédure judiciaire aussi absurde qu’arbitraire. Il a été établi qu’il n’était ni alcoolisé ni sous l’emprise de produits stupéfiants au moment de l’accident. Surtout, aucun élément n’a permis de démontrer qu’il avait pu commettre une faute d’imprudence ou de négligence. Aujourd’hui, il est condamné pour un accident de voiture dans lequel il a failli perdre la vie, sans que les autorités françaises ne s’en émeuvent. Jusqu’où la France va-t-elle cautionner cette mascarade qui met délibérément en dan-ger un compatriote qu’elle se doit de protéger ?

Le kotchari au patrimoine culturel immaté-riel de l’UNESCO ?

La danse kotchari.

L’Arménie va présenter cette année la danse kotchari pour être intégré au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Hasmig Boghossian, ministre arménien de la Culture a affirmé « nous rencontrons une opposition forte pour intégrer le kotchari au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, car nos voisins affirment que le kotchari leur appartient. Mais nous allons démontrer qu’il est armé-nien ». La ministre de la Culture a ainsi désigné, sans les citer, l’Azerbaïdjan et la Turquie.

À 76 ans, il relie Érévan à Moscou… à pied !

Grigori Tepoyan à son arrivée à Moscou.

Grigori Tepoyan dit « Grisha », citoyen arménien de 76 ans parti d’Érévan, a rejoint Moscou à pied en 46 jours et a par-couru la distance de 2200 kilomètres. Il est arrivé dans la capitale russe le 8 mai, jour des célébrations du 70e anni-versaire de la victoire contre l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a fait l’objet de nombreux reportages et entretiens sur les médias russes.

Le patrimoine spolié de l’Église arménienneSelon le catholicos Karékine II interviewé aux États-Unis, le Saint siège pourrait effectuer une démarche pour la res-titution du patrimoine de l’église arménienne spolié lors du génocide des Arméniens de 1915. La Grande Maison de Cilicie, le patriarcat de Jérusalem et Constantinople ont entrepris une démarche similaire auprès des autorités turques. « Nous croyons que la Turquie n’a pas d’autre choix » a déclaré le catholicos.

Un monument arménien transformé en hôtel !

Le temple arménien d’Elazig (Kharpert), placé au patri-moine culturel de la Turquie, sera transformé en hôtel. Le site turc T24.com informe que les promoteurs immobiliers ont reçu l’autorisation des autorités locales.

Actualités Arménie

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20156

Haut-KarabaghUne élection exemplaire

La presse a commenté les « élections législatives » au Haut-Karabagh, le 3 mai, remportées à 47,3% par le parti Patrie libre dirigé par Ara Haroutiounian. Les quotidiens relaient abondamment les avis d’observateurs internationaux qui ont, tous, constaté le caractère libre et transparent de ce scrutin. Sont notamment rapportés les propos du député du Parlement européen, Franck Engel, qui a qualifié ces élections de « parfaites, qui peuvent servir d’exemple pour certains États européens ».

Amitié Haut-Karabagh - Drôme

Bako Sahakyan, président de la République du Haut- Karabagh, a entamé sa visite officielle en France par une journée drômoise. Accueillis au Département par Patrick Labaune, président du Conseil départemental et député de la Drôme, en présence de nombreux élus drômois et de représentants de la diaspora arménienne drômoise, le président Sahakyan et sa délégation ont signé une charte d’amitié entre la Drôme et le Haut-Karabagh. Objectifs : permettre la mise en place de programmes de dévelop-pement, en particulier pour les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la culture, du sport, du commerce et de la gouvernance locale. Le président a très chaleureu-sement remercié P. Labaune pour ce geste à destination du peuple du Haut-Karabagh : « C’est un événement his-torique, nous sommes particulièrement sensibles à cette marque d’amitié et de soutien ». Patrick Labaune a salué l’esprit de résistance de la République du Haut-Karabagh : « Vous êtes en Résistance, tout comme l’était le général de Gaulle en 1940. Ceux qui refusent de vous reconnaître sont dans l’erreur. Avec cette charte, la Drôme, va dans le sens de l’Histoire. »

Arkady Der Tatevossian à l’honneurLe général Arkady Ter Der Tatevossian dit “Commandos”, le héros de la guerre de libération du Haut-Karabagh, a offert au Musée “Mayr Hayastan” (Mère Arménie), la carte des opérations militaires de la libération de Chouchi le 9 mai 1992. La carte porte pour authentification la signature de l’actuel président Serge Sarksian, jadis président du Comité de défense de la République du Haut- Karabagh. « Nous avions 3000 combattants, l’ennemi 2500, et la ligne de front s’étendait sur 45 kilomètres. Il nous fallait 7500 combattants. Nous n’avions pas de réserves de munitions suffisantes pour cette attaque. Nous avons donc rusé. L’ennemi croyait que nous allions attaquer Kyeussalar car on avait envoyé un groupe de combattants dans cette direction. Ils savaient aussi que nous n’avions pas de munitions suffisantes pour me-ner cette attaque... Nos combattants ont accompli leur devoir et nous avons réussi à libérer Chouchi le 9 mai » a-t-il déclaré lors de la remise de la carte historique.

lAzerbaïdjanLe drapeau arménien effacé par l’Azerbaïdjan

La suppression du drapeau arménien des photos du défilé militaire du 9 mai à Moscou à l’occasion du 70e anniver-saire de la victoire des forces russes contre l’Allemagne nazie, par les autorités azéries, continue d’alimenter la presse internationale qui met en exergue le ridicule du régime de l’Azerbaïdjan. Le journal allemand Sueddeutsche Zeitung écrit : « lors du défilé militaire de la victoire de la Seconde guerre mondiale à Moscou le 9 mai, les soldats arméniens et azéris défilaient les uns derrière les autres. Mais l’Azerbaïdjan désirait que cela reste à l’abri du regard du monde (...) en supprimant l’image du drapeau armé-nien qui était à côté du drapeau azéri ». Un expert militaire azéri, Ouzeyir Djafarov affirme pour justifier l’acte azéri que « le ministère azéri de la Défense ne s’attendait pas à ce que les délégations militaires azéries et arméniennes dé-filent l’une derrière l’autre. Lors des répétitions, ces deux groupes militaires marchaient très loin l’un de l’autre ». ■

Rubrique suivie par Krikor Amirzayan et Éric Morino

Actualités Caucase

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 7

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20158

Liban

Marche symbolique à AlepMalgré la guerre civile, les bombardements, la peur d’être la cible d’un snipper, la communauté arménienne d’Alep a commémoré le centenaire du génocide des Arméniens par une Marche de la Justice. Geste symbolique, mais au combien fort, sachant que la communauté arménienne de Syrie, et surtout d’Alep, est issue des survivants du génocide des Arméniens il y a cent ans.

Syrie

Actualités Diaspora

Manifestation monstre à BeyrouthDes dizaines de milliers d’Arméniens ont manifesté dans les rues de Beyrouth pour commémorer le centenaire du génocide des Arméniens. Aujourd’hui, les Libanais arméniens vivent essentiel-lement autour de Beyrouth, et principalement dans le quartier de Bourj Hammoud, qui a été fondé par des survivants. Le Liban pos-sède la seule université arménienne en dehors de l’Arménie.

Messe et manifestation à JérusalemDes milliers de personnes ont participé, les 23 et 24 avril, aux com-mémorations de centenaire du génocide des Arméniens. Le jeudi soir, les cloches des dix-huit églises ont sonné cent fois de suite, une pour chaque année qui s’est écoulée depuis le génocide armé-nien qui a débuté le 24 avril 1915. Quand les cloches se sont tues, des milliers d’Arméniens ont marché avec des torches à travers la vieille ville, où les chrétiens arméniens vivent depuis le 4e siècle.

Israël

Commémoration et réticence politiqueLa communauté arménienne de Belgique a, bien sûr, commémoré le centenaire du génocide arménien dans un contexte politique ambigu. En 1998, le Sénat a invité le gouvernement turc à recon-naître la réalité du génocide. Depuis lors, rien n’a bougé. Et les polémiques persistent. Ces derniers jours, la demande d’un parti écologiste de respecter une minute de silence au Parlement bruxellois a essuyé un refus de la part du PS, qui ne voulait pas froisser les députés d’origine turque.

Belgique

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 9

Actualités Diaspora

Rubrique suivie par Éric Morino

ArgentineManifestation à Buenos Aires

La communauté arménienne d’Argentine a commémoré le cente-naire du génocide des Arméniens par une manifestation monstre de plus de dix mille participants, du jamais vu en Argentine. À Buenos Aires, la communauté arménienne a aussi assisté à une messe à la cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur où les autorités, à la fin de l’office, ont posé une plaque commémorative.

Hommage aux victimes du génocide des Arméniens à Montevideo

Des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale uruguayenne de Montevideo pour une marche contre l’oubli, pour commémorer le 100e anniversaire du génocide arménien, et aussi pour demander justice et réparation. ■

Uruguay

Manifestations en images

San Francisco

Los Angeles

Los Angeles

USA

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201510

La coalition contre les coalisés

Politique

Le 2 juin 2015, la « Coalition internationale contre Daech », composée de vingt-deux pays et prési-dée par la France et les États-Unis, s’est réunie à

Paris pour envisager les moyens de mettre fin au tragique imbroglio politico-militaire engendré par la tentative de déstabilisation de Bachar-el-Assad en Syrie en 2011. Après quatre ans de massacres, de décapitations, de viols et de nettoyages ethnoreligieux de toutes sortes, il était temps que les vingt-deux coalisés envisagent enfin des mesures radicales. Mesures radicales rendues publiques à l’issue de cette conférence internationale par le ministère des Affaires étrangères français, organisateur de la réunion.

Les peuples syrien et irakien sont les premières victimes de cette guerre.

La première de ces mesures concerne l’Irak : « Les membres de la coalition, dit le communiqué, ont réaffirmé l’importance cruciale d’avancer rapidement dans la mise en œuvre des réformes et de la réconciliation tel que prévu par le programme national du gouvernement irakien, notamment la mise en place d’une garde nationale afin de placer tous les groupes armés sous le contrôle de l’État. » Rappelons que Saddam Hussein fut capturé en décembre 2003. Donc, après douze ans d’occupation américaine et d’aide internationale, les réformes ne sont toujours pas terminées, la réconciliation entre les diffé-rentes factions toujours pas réalisée, et l’État irakien tou-jours aussi démuni d’armée et de police. Quand on songe qu’il a fallu douze ans d’effort aux vingt-deux pays, plus l’ONU et l’UE, pour aboutir à un tel résultat, on est en droit de s’interroger sur les capacités de nos dirigeants y compris sur celles du promoteur et coprésident de cette coalition, notre ministre Laurent Fabius, à gouverner le monde, voire à le comprendre.

Plus loin, le communiqué souligne « la nécessité urgente de trouver une solution politique au conflit syrien pour traiter les causes profondes de l’expansion de Daech. » En décodé, pour éradiquer le Daech, il faut d’abord éliminer Bachar-el-Assad. Ce que dit et répète à loisir

Laurent Fabius, en déclarant notamment, à l’issue de la conférence : « La stabilisation de l’Irak ne pourra être complètement achevée s’il n’y a pas de transition politique en Syrie…, puisque nous savons que Daech agit d’un côté et de l’autre de la frontière. » A priori, on ne voit pas très bien le rapport entre la nécessité de dégommer Bachar et la présence simultanée de Daech en Syrie et en Irak, mais dans ce domaine on n’en est pas à un flou près. Mais le plus étrange tient dans la suite : « Les partenaires de la coalition ont pris acte… de l’incapacité et de l’absence de volonté du régime d’Assad à lutter contre Daech. » Autre-ment dit, on reproche à Bachar-el-Assad, bête noire de la coalition, de ne pas se battre contre le Daech, c’est-à-dire de ne pas faire le travail de la coalition. Dans la logique des coalisés, il faudrait que Bachar élimine le Daech, pour qu’ensuite la coalition l’élimine à son tour. Autrement dit, en exigeant de Bachar qu’il écrase le Daech, on lui demande de se suicider politiquement. Quand on pense qu’il a fallu réunir vingt-deux ministres des Affaires étran-gères pour parvenir à un tel raisonnement (et le publier), on reste songeur.

En décodé, pour éradiquer le Daech, il faut d’abord éliminer Bachar-el-Assad, ce que dit

et répète à loisir Laurent FabiusMais le plus tragique et le plus cocasse du communi-qué tient dans cette déclaration au § 4 : « Au-delà de la campagne militaire en cours, ils (les membres de la coalition) ont également souligné la nécessité de défaire durablement Daech en Irak et en Syrie en coupant l’afflux de combattants terroristes étrangers, en bloquant les sources de financement de Daech, en luttant contre son idéologie criminelle…. » Dans l’ordre, primo, les afflux de combattants terroristes passent par la Turquie ainsi que les armements lourds et légers, comme l’a une fois de plus démontré la récente arrestation des camions humanitaires.

Or la Turquie est membre de la coalition. Secundo, les sources de financement du Daech sont de deux sortes : la vente du pétrole de Mossoul à la Turquie, membre de la coalition (voir ci-dessus) et les subventions du Qatar. Or, le Qatar fait aussi partie de la coalition. Tertio, en luttant contre son idéologie criminelle .Or, l’on sait que l’idéologie en question est exportée à coup de financement d’imams et d’organisations caritatives un peu partout dans le monde par l’Arabie Saoudite, membre de la coalition. Autrement trois membres de la coalition internationale contre le Daech, la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite, sont en même temps les soutiens et les alliés du Daech.

Compte tenu de ces faits, pour mettre un terme au chaos qu’elle a engendré, la coalition devrait peut-être commen-cer à se coaliser contre les coalisés.  ■

René Dzagoyan

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 11

Une journée particulière au VaticanLes propos du pape François peuvent-ils modifier l’attitude de ceux qui ne reconnaissent toujours pas le génocide ?

Le 12 avril 2015 restera dans la mémoire arménienne comme une journée particulière. Pour la première fois, le mot « génocide », prononcé par le pape

François, a résonné dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Le souverain pontife n’a pas employé directe-ment le terme : il l’a fait en reprenant des propos tenus par Jean-Paul II, d’abord le 9 novembre 2000, puis le 27 septembre 2001 lorsque, ce jour-là, le pape polonais et le catholicos de l’Église apostolique arménienne, Karékine II avaient signé une déclaration commune.

Reste que les Arméniens présents ce 12 avril au Vatican n’oublieront pas ce moment historique, lors de cette messe concélébrée par le pape avec le patriarche Nersès Bedros XIX Tarmouni, selon le rite catholique arménien, en présence du catholicos Karékine II, d’Aram Ier, catholicos de la Grande Maison de Cilicie et du président Serge Sarksian.

Une vision sur le présent et l’avenirLe pontife argentin a aussi, au cours de cette célébra-tion, proclamé « docteur de l’Église » Saint Grégoire de Narek, un moine mystique arménien du 10e siècle. Mais il a également marché dans les pas de Léon XIII et Benoît XV qui étaient intervenus, à leur époque, en faveur des chrétiens de la région. Ceux qui connaissent bien le pape François n’ont guère été surpris par cet emploi du terme génocide. L’ancien archevêque de Buenos Aires connaît bien ce sujet du génocide arménien. Le cardinal Jorge Bergoglio parlait régulièrement de génocide lorsqu’il évoquait cette question. Ainsi, il avait, en 2006, appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien.

Bien sûr, après sa visite en Turquie en novembre dernier, qui n’avait pas permis d’avancées dans ce domaine, le Vatican s’attendait à une réaction d’Ankara.

Même si François a su appeler à « un chemin de la récon-ciliation entre le peuple arménien et le peuple turc ». La Turquie ne s’est pas engagée dans cette voie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a aussitôt réagi, soulignant que « la déclaration du pape, qui est loin de la réalité légale et historique, ne peut pas être acceptée.» Et de convoquer aussitôt le représentant du Vatican en Turquie, Mgr Antonino Lucibello, pour avoir une explication sur l’emploi du mot « génocide » qu’ont toujours nié les autorités turques. Mais cette messe du 12 avril a permis à François de plonger dans l’Histoire pour mieux ouvrir sa vision sur le présent et l’avenir. Rappelant que le drame des Arméniens est considéré comme le premier génocide du 20e siècle, le souverain pontife a ensuite évoqué les tragédies du nazisme et du stalinisme, les « extermina-tions de masse » au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie, avant d’en venir à celles actuelles. Notamment les violences dont sont victimes les chrétiens à travers le monde, en particulier au Moyen-Orient.

Un phare dans l’histoire humaineIl définit les crimes atroces, les massacres sanglants, la folie de la destruction auxquels nous assistons comme « un temps de guerre, une Troisième Guerre mondiale par morceaux ». Pour lui, « aujourd’hui encore, nous sommes en train de vivre une sorte de génocide causé par l’indif-férence générale et collective ». Le génocide arménien reste donc comme un phare dans l’histoire humaine qui doit nous alerter. On comprend pourquoi la presse armé-nienne a pu saluer la messe du 12 avril à Saint-Pierre de Rome comme « l’événement le plus marquant » de la célébration de ce centième anniversaire. On peut le penser lorsqu’on voit qu’un sondage Gallup Internatio-nal, réalisé dans soixante-cinq pays, vient de montrer que l’Arménie est le deuxième pays le plus religieux au monde après la Thaïlande. 93 % de la population armé-nienne assure être croyante. Pour le ministre arménien de l’Éducation, Armen Achotian, François a montré « qu’il est un chef religieux qui privilégie les valeurs universelles aux intérêts politiques sans plier devant les pressions ». Ce qu’a démontré le souverain pontife dès le lendemain de la messe au Vatican. Malgré la réaction d’Ankara, il a rappelé que « le chemin de l’Église est la franchise. Elle doit dire les choses avec liberté, aussi douloureuses qu’elles soient. »

Reste à savoir maintenant si les propos du pape peuvent provoquer un changement d’attitude chez ceux qui se refusent à reconnaître le génocide arménien.  ■

Patrice Nonni

(Sources : AFP, La Croix, La Vie, Causeur.fr, Revue de la presse armé-nienne)

Politique

Le pape François avec le catholicos Karékine II.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201512

Politique

Cent ans après, la question du génocide est toujours d’actualité Retour sur les victoires et les dénis

La question du génocide arménien est un sujet sen-sible sur la scène internationale, car il n’est pas reconnu de manière unanime par la communauté

internationale.Depuis 1915, beaucoup de pays ont qualifié de géno-cide, les massacres dont les Arméniens ont été victimes. L’Uruguay, le 20 avril 1965, a été le premier pays à le reconnaître officiellement. Les derniers en date sont l’Allemagne, par la voix de son président Joachim Gauck puis suivi par le Luxembourg et le Brésil. Au total, seuls 26 pays l’ont reconnu (au moment de l’écriture de cet article). Plus que les chiffres, c’est la reconnaissance du génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l’objet d’un conflit diplomatique. La preuve : les dernières gesticulations politico-diplomatiques de la Turquie lors de la résonnance du génocide arménien par le Pape François, le 12 avril, au cours de la messe célébrée au Vatican à l’occasion du centenaire du génocide arménien. Lorsque le Parlement européen, le 15 avril, vote une réso-lution dans laquelle il réaffirme la reconnaissance du géno-cide arménien et invite la Turquie à le reconnaître. Puis le 22 avril, lorsque le Parlement autrichien reconnaît le génocide arménien en observant une minute de silence. Et en dernier lieu lorsque le président allemand Joachim Gauck, le 23 avril, reconnaît le génocide des Arméniens, en soulignant une coresponsabilité, et même, potentielle-ment, une complicité allemande dans ce crime.

Le président allemand Joachim Gauck, lors de son discours.

Il existe pourtant des différences entre ces reconnais-sances. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement, comme la France, qui a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay, comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adop-tée afin d’établir une journée nationale d’hommage aux victimes du massacre le 24 avril. Dans d’autres pays, c’est simplement un vote ou une résolution votée, comme en Russie, Grèce, Belgique ou Autriche par exemple.

Le mot « génocide » et l’auteur souvent jamais nommé

Même avec une résolution ou une loi affichée dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne votent pas au même niveau. Le degré d’engagement se reflète dans le vocabulaire choisi. L’Allemagne, après avoir longtemps admis seulement « des déportations et des massacres » s’est décidée le 23 avril 2015 à employer le terme de génocide. De même, La Turquie n’est pas tou-jours désignée explicitement comme ayant une respon-sabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l’Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l’Italie, le Liban ou la Belgique. Ce que rappelle l’historien Yves Ternon, « ce génocide a été commis dans l’Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme État qu’en 1923, mais elle se présente comme l’héritière de l’Empire ottoman, donc de son histoire. »

Realpolitik et stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide armé-nien est, en tout cas, toujours lié à une stratégie diplo-matique. Cela explique pourquoi les États-Unis ont tel-lement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne. Car la Turquie est une alliée de longue date de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient. Des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représen-tants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l’avis du président en place, sans que ces textes n’acquièrent force de loi. Cette année, le président Obama a de nouveau utilisé l’appellation arménienne Medz Yeguern (grand massacre), s’abstenant d’employer le terme de génocide au grand dam de la communauté arménienne des États-Unis. Pourtant quarante-six des cinquante États qui composent les États-Unis ont reconnu le génocide dont, cette année, le Dakota du Sud, le Neva-da, le Vermont et Hawaï.

Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi : « (...) l’un quelconque des actes ci-après, com-mis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l’intégrité phy-sique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou par-tielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ».

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 13

Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates n’utilisent jamais le mot génocide, mais de « ce qui s’est passé entre 1915 et 1923 », car le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n’a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du nord à voter une motion générale recon-naissant le génocide en janvier 2010. Israël aussi est dans la lignée du Royaume-Uni et refuse de considérer les massacres arméniens comme un génocide. On peut toutefois remarquer que dans ces trois pays (États-Unis, Royaume-Uni, Israël) la société civile et beaucoup de poli-tique demandent maintenant à leur pays de reconnaître le génocide des Arméniens.

Turquie : un régime autoritaireet une société civile de plus en plus ouverte

Il est à noter que la société civile turque avance petit à petit : publication de nombreux livres sur le sujet, mul-tiplication d’expositions et de conférences, ou encore rénovation d’églises arméniennes en Turquie (surtout au Kurdistan). Il est intéressant de noter que cet intérêt ou curiosité sur cette question a permis à de nombreux Turcs de découvrir des origines arméniennes cachées. Face à cette nouvelle génération de Turcs, de plus en plus nombreux à ne pas percevoir le génocide arménien comme un tabou ultime, la ligne des hommes politiques au pouvoir est toute autre, oscillant entre le déni et l’agression verbale. Même si pour la première fois un ministre turc, celui des affaires européennes, Volkan Bozkir, a participé à une messe, le 24 avril, à l’église arménienne d’Istanbul en hommage aux victimes du Génocide. Comme quoi quelque chose est en train de changer !

Ce centenaire : un focus médiatique positifLa cause du changement, ce centenaire y est pour beau-coup. Jamais autant d’émissions télévisées, de reportages, d’articles de presse ou de hors série ont relaté ce géno-cide. Les chaînes de télévision et la presse ont aussi très abondamment rendu compte des manifestations de la communauté arménienne à travers le monde. Partout, la diaspora arménienne s’est formidablement et forte-ment mobilisée pour que ce centenaire soit une caisse de résonnance à la revendication de justice et de reconnais-sance du génocide arménien.

Pour autant, malgré ce focus médiatique très positif, la question de la reconnaissance officielle du génocide par l’auteur du crime, la Turquie, restera encore l’acte que tout Arménien espère. Combien d’années faudra-t-il encore attendre ? ■

Éric Morino

Politique

Reconnaissance politique du génocide arménien

1965 : Uruguay (22 avril) Chypre (29 avril)1987 : Le Parlement européen (18 juin)1995 : La Douma russe (14 avril)1996 : Le Parlement grec (25 avril)1998 : Le Sénat belge (26 mars)2000 : Le Parlement de Suède (29 mars) dans un rapport Le Parlement libanais (11 mai) Le Vatican (10 novembre) sans spécifier l’auteur Le Parlement italien (17 novembre)2001 : La France (29 janvier) sans spécifier l’auteur2003 : Le Conseil national suisse (16 décembre) par postulat2004 : L’Argentine (31 mars) Les Pays-Bas (21 décembre) La Slovaquie (30 novembre) Le Canada (21 avril) sans spécifier l’auteur2005 : La Pologne (19 avril) Le Venezuela (14 juillet) La Lituanie (15 décembre)2007 : Le Sénat chilien (5 juin)2010 : Les parlements d’Écosse et d’Irlande du Nord (janvier) Le Premier ministre du Pays de Galles (27 janvier) Le Parlement de Catalogne (Espagne) (26 février) Le Parlement de Suède (11 mars)2013 : Le président égyptien par intérim (18 août)2014 : Le président syrien, Bachar El Assad (30 janvier) Les deux chambres du Parlement bolivien (30 novembre)2015 : Le Parlement syrien (19 mars) Le pape François (12 avril) Le Parlement chilien (14 avril) Le Parlement européen une 2e fois (15 avril) Le Parlement autrichien (22 avril) Le président allemand Joachim Gauck (23 avril) La Chambre des Députés du Luxembourg (6 mai) Le Sénat fédéral du Brésil (27 mai). ■

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201514

Commémoration

Canonisation des victimes du génocide arménien par l’Église apostolique arménienne

Une cérémonie de canonisation des 1,5 million de victimes du génocide arménien, perpétré par les Turcs ottomans, a été célébrée le 23 avril en

Arménie, à la veille des commémorations officielles du centenaire des massacres et ce malgré les critiques de la Turquie, qui rejette le terme de génocide.

L’office a été célébré par le chef de l’Église arménienne, le catholicos Karékine II, à Etchmiadzine, à une vingtaine de kilomètres d’Érévan. L’édifice, qui date du 4e siècle, est considéré comme la cathédrale chrétienne la plus ancienne au monde.

La plus importante des canonisations - numériquement parlant - d’une Église

chrétienne« Plus d’un million d’Arméniens ont été déportés, tués, torturés, mais ils sont restés fidèles au Christ », a déclaré Karékine II, lors de cette canonisation, la plus importante numériquement parlant, jamais décidée par une Église chrétienne. Cet événement a été accueilli comme une « délivrance » par de nombreux Arméniens car, symboli-quement, les âmes des victimes du génocide vont enfin trouver le repos éternel.

Acte symbolique, religieux et politiquement fort

Les 1,5 million morts sont désormais reconnus comme saints par l’Église arménienne. L’office s’est terminé à 19 h 15, un choix symbolique en mémoire de 1915, l’année où le génocide a commencé. Immédiatement après, les cloches ont sonné dans toutes les églises du pays, ainsi que dans plusieurs églises à travers le monde, notam-ment à Madrid, Berlin, Venise et Paris selon la télévision arménienne, et une minute de silence a été observée. En canonisant ces victimes, « l’Église ne fait que reconnaître les faits, c’est à dire le génocide » a déclaré Karékine II. Pour nombre d’Arméniens, cette canonisation a permis de réunir tous les Arméniens de la planète, car beaucoup d’Arméniens de la diaspora étaient présents ou ont suivi la cérémonie sur les chaînes arméniennes.

Les victimes du génocide sont désormais reconnues comme saintes par l’Église apostolique arménienne et reposent en paix. ■

E.M

Présentation d’une icône symbolisant les martyrs arméniens.

Tous les représentants religieux et les politiques étaient présents.

La ferveur religieuse était très intense.

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Une foule imposante était présente.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 15

Centenaire du génocide des Arméniens « Rien ne sera oublié »

La cérémonie officielle en l’honneur des victimes du génocide arménien s’est déroulée à Érévan au mémorial de Dzidzernagapert, avec une délégation

de plus de soixante pays. Les présidents français, russe, serbe et chypriote ont pris la parole pour réitérer leur soutien aux Arméniens.

Sous une fine pluie et un ciel de plomb, le long cortège officiel est arrivé au mémorial. Après une minute de silence, le président arménien Serge Sarksian a remer-cié les leaders mondiaux d’être venus rendre hommage aux victimes : « La reconnaissance du génocide n’est pas l’hommage rendu par le monde au peuple arménien et à nos martyrs. La reconnaissance du génocide est un triomphe de la conscience humaine et de la justice sur l’intolérance et la haine. Rien ne sera oublié. »

Dans son intervention, le président français François Hollande a exprimé « un message de paix et de réconci-liation » et a déclaré « s’incliner devant la mémoire des victimes ». Pour lui, la France n’oubliera jamais tout ce qui s’est passé il y a cent ans. Il a souhaité que les relations entre l’Arménie et la Turquie s’améliorent, et que les deux pays rouvrent leur frontière prochainement. « La mémoire ne doit pas être utilisée pour séparer, mais pour unir », a-t-il souligné. De plus, il a mentionné « une entreprise méthodique et systématique d’éradication à l’œuvre au Moyen-Orient », allusion aux chrétiens d’Orient qui subissent aujourd’hui la barbarie des terroristes de Daesh (État islamique). Le président français était accompagné du plus grand ambassadeur de la cause arménienne, le chanteur Charles Aznavour, et aussi du musicien André Manoukian, de l’acteur Simon Abkarian, et d’élus de la République, dont Patrick Devedjian.

Deux messages forts : ceux de la France et de la Russie

Le président russe a pris la parole après son homologue français, soulignant que la position russe avait toujours été cohérente et invariable : « On ne peut excuser les massacres. »

Ni le président turc Recep Tayyip Erdogan, ni le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu n’ont fait le déplacement à Érévan pour participer aux célébrations commémoratives. Mais le ministre aux Affaires européennes, Volkan Bozkir, a, quand même, assisté aux cérémonies et présenté ses condoléances aux descendants des victimes. ■

E.M

Commémoration

La cérémonie de commémoration à Érévan avec les présidents français, russe, serbe et chypriote.

Karekine II, Rita Sarksian, Serge Sarksian, Vladlimir Pou-tine, Volkan Bozkir, François Hollande déposent des fleurs.

Tout le peuple arménien a rendu un hommage à ses victimes.

Les dirigeants politiques à leur arrivée à Dzidzernagapert.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201516

Commémoration

Centenaire du génocide en Turquie Célébration sans reconnaissance

Pour la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens, de nombreux manifestants – réu-nis à l’appel d’un collectif d’ONG turques et inter-

nationales – se sont successivement retrouvés devant l’ancienne prison, où furent détenus les premiers Armé-niens arrêtés le 24 avril 1915, et à la gare d’Haydarpasa, d’où ils furent ensuite déportés. Sous l’œil des forces de l’ordre, ils ont exhibé les portraits de victimes tuées et des pancartes « Reconnaissez le génocide ! », en turc, en ar-ménien et en anglais.

Des Arméniens de la diaspora et d’Arménie présents

« J’ai voulu venir ici, au milieu du peuple turc, pour commémorer cette cause commune », a confié Satenik Baghdasaryan, une militante arménienne venue spéciale-ment d’Arménie. « C’est ma façon de montrer ma recon-naissance pour le travail qu’ils font ici (...) pour pousser leur État à reconnaître ce qui s’est passé ».

Pour la première fois, un ministre turc a participé le 24 avril, à une messe en l’honneur des victimes au patriarcat arménien d’Istanbul. Dans un message lu lors de cette messe, le président Recep Tayyip Erdogan a renouvelé ses « condoléances » aux victimes armé-niennes des tueries de 1915-1917.

Toujours la négation du génocide par l’État turc

Les dirigeants islamoconservateurs turcs ont sur-tout jugé « sans fondement » la qualification en gé-nocide des massacres d’Arméniens commis par l’Empire ottoman à partir de 1915. Quelques di-zaines de militants d’un parti nationaliste ont, par ailleurs, défilé à Istanbul pour dénoncer les commé-morations du génocide, aux cris de « Nous n’avons pas commis de génocide. Nous avons défendu la patrie. » De brèves échauffourées ont enfin opposé des étudiants de l’université technique d’Istanbul – qui avaient déployé sur leur campus des banderoles réclamant la reconnais-sance du génocide arménien – à des agents privés de sécurité et la police, a rapporté l’agence de presse privée turque Dogan.

D’autres rassemblements à la mémoire des victimes ont été signalés en Turquie, notamment à Diyarbakir. Plus en-core que les années précédentes, la commémoration sur la place Taksim a été solennelle, suivie par des milliers de Turcs, qu’ils soient arméniens ou pas, et également par des centaines de membres de la diaspora, plus nombreux que jamais à avoir fait le déplacement en Turquie pour soutenir la société civile turque. ■

E.M

Un rassemblement imposant.

Recueillement sur la place Taksim.

Les manifestants exhibent les portraits des victimes.

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Des centaines de personnes ont symboliquement rappelé la rafle du 24 avril 1915.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 17

Commémoration

Paris, forte commémoration du centenaire du génocide

Les commémorations du 24 avril à Paris ont débu-té par une veillée place de la République. Orga-nisée à l’initiative de dix associations de jeunes

Arméniens de France, cet anniversaire a revêtu autant d’importance que pour les aînés. Ils sont venus se sou-venir ensemble, drapeau rouge, bleu et orange sur le dos, Arthur explique que : « pour nous, petit-fils de génocidés, le devoir de mémoire est important. Mais il ne faut pas oublier qu’on est là aussi pour les autres génocides. »

Le rassemblement de la veillée des jeunes Arméniens.

L’Association nationale des anciens combattants et résis-tants arméniens (ANACRA) a, pour la première fois, défilé sur les Champs-Élysées, pour ensuite déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.

Les anciens combattants arméniens sous l’Arc de Triomphe.

Le Premier ministre, Manuel Valls et la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont commémoré le centenaire lors d’une cérémonie devant la statue du Père Komitas. Le chef du gouvernement a rappelé qu’il y a tout juste un siècle, « les Arméniens ont été décimés, victimes d’un crime de masse. Et la première responsabilité, la première exigence morale, c’est de regarder ce crime en face et de l’appeler par son nom : ce crime, c’était un génocide. » Près de dix mille personnes ont participé aux commémorations, selon les organisateurs.

Le discours du Premier ministre Manuel Valls.

Une foule imposante était présente pour ces cérémonies.

La Tour Eiffel éteinte.

La cérémonie s’est achevée par l’extinction de la Tour Eiffel, dont le scintillement a été, pour la première fois et symboliquement, interrompu toute la nuit. ■

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201518

Commémoration

Le 24 avril 2015 restera dans les mémoires de tous les Arméniens. Partout, la communauté arménienne s’est fortement mobilisée pour se souvenir de

ces enfants, femmes, hommes, vieux, assassinés il y a cent ans, parce qu’ils étaient arméniens. Azad magazine ne peut relater toutes les commémorations. Focus sur quelques manifestations majeures.

Rhône-AlpesLyon

Une manifestation monstre.

Une messe solennelle a été célébrée à l’église armé-nienne de Lyon (3e), en présence de Mgr Philippe Barbarin, primat des Gaules et archevêque de Lyon, et de Gérard Collomb, maire de Lyon. À l’issue de la cérémonie, une foule immense de quelque cinq mille personnes, a défilé vers le mémorial du génocide arménien où différentes person-nalités ont pris la parole, dont Gérard Collomb. Le monu-ment, situé place Poncet, près de la place Bellecour, est composé de trente-six colonnes sur lesquelles sont gra-vés des poèmes de Gostan Zarian.

Dépôt de gerbe du sénateur-maire Gérard Collomb.

GrenobleC’est à l’Église apostolique arménienne Saint Gabriel que s’est tenue la messe en mémoire des victimes. Étaient présents les différents représentants des églises, mais aussi – fait important – Éric Piolle, maire de Grenoble, Michel Destot, député, Michel Savin, sénateur, Jean-Claude Peyrin, vice-président du département. Le lende-main, 24 avril, devant le monument khatchkar, les repré-sentants de la communauté arménienne se sont retrouvés en force aux côtés des élus pour la commémoration.

Cinq cents grenoblois présents dans l’unité.

Étaient présents notamment Jean-Paul Bonnetain, préfet et Éric Piolle, Pascal Babakhian, représentant le Collectif des associations arméniennes de Grenoble, Jean-Claude Peyrin, Claire Kirkyacharian, vice-présidente de la Métro-pole. Dépôt de gerbes, minute de silence, témoignages, hymne national arménien Mèr Haïrénik, hymne national français La Marseillaise – interprétés par les jeunes Armé-niens – et un lâcher de colombes ont clos la cérémonie.

Valence

Un défilé imposant et unitaire.

De mémoire de Valentinois, on n’avait jamais vu autant de monde. Ils étaient plus de mille huit cents à prendre part aux cérémonies. Une foule importante était rassemblée pour écouter les interventions de la jeunesse arménienne. Puis le défilé avec, en tête, les jeunes scouts arméniens et plus d’une dizaine d’élus ont marché pour arriver devant la stèle du génocide. Étaient présents Didier Dauga, préfet de la Drôme, le père Antranig Maldjian, Baghdas-sar Ohanian, pour la Coada, Georges Isachian, pour le C24 comité du 24 avril, Patrick Labaune, député et président du conseil départemental de la Drôme, Marlène Mourier, maire de Bourg-Lès-Valence, Mathieu Darnaud, sénateur-maire de Guilherand-Granges et vice-président du Groupe d’amitié France-Arménie au Sénat, et Nicolas Daragon, maire de Valence. Un grand moment d’émotion traversa la foule quand les cloches de l’église Saint-Jean son-nèrent les cent coups de glas à la mémoire des victimes. Le public, debout, écouta le glas dans le plus grand recueillement.

Impressionnante mobilisation dans l’hexagone

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 19

Commémoration

Romans

La foule devant le lieu de mémoire.

C’est une mobilisation sans précédent qui s’est déroulée avec plus de 800 personnes, réunies dans un long défilé, pour rejoindre le Lieu de mémoire. Des messages forts se sont succédé, Bernard Cakici, président de l’Amicale des Arméniens, a exigé que « 2015 soit l’année de la vérité et de la justice ». Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans, a insisté sur le devoir de « lutter contre le néga-tionnisme ». Nathalie Niéson, députée-maire de Bourg-de-Péage, a souligné combien « le pardon est impossible tant que la faute n’est pas reconnue ». La chorale Au fil des voix a apporté sa note d’émotion en interprétant Ils sont tombés, de Charles Aznavour, juste avant le dépôt des œillets par le public. À 19h15, à Romans et dans les com-munes alentours, les cloches ont sonné en mémoire aux victimes. La mobilisation de chacun a prouvé, combien, cent ans après, il est toujours essentiel de sauvegarder la mémoire et de revendiquer la justice.

AquitaineBiarritz

Au micro, le président d’Agur Arménie avec le maire de Biarritz.

À l’initiative de l’association Agur Arménie-Pays basque de Biarritz, plusieurs cérémonies ont marqué la journée-anni-versaire du génocide. Tout a commencé par une messe de requiem œcuménique célébrée par l’abbé Maurice Franc et suivie par trois cents personnes. Ensuite, hommage a été rendu aux victimes, au monument aux morts de Biar-ritz devant deux cent cinquante personnes, en présence de Michel Veunac, maire de Biarritz, Sylvie Alaux, députée des Pyrénées Atlantiques, Max Brisson, vice-président du

conseil départemental, Vincent Bru, maire de Cambo-les-Bains, d’élus représentant les maires d’Anglet, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, Didier Borotra, ancien sénateur-maire de Biarritz et de nombreuses autorités religieuses. Après le dépôt des gerbes, Arman et Arsen, deux jeunes garçons fils de rescapés des pogroms anti-arméniens de Soumgaït ont rappelé les noms de familles membres de l’association ayant perdu des parents pendant le génocide ou durant les pogroms de Soumgaït.

Midi-PyrénéesToulouse

Ce fut une mobilisation sans précédent des Arméniens et sympathisants de Toulouse et de toute la région. Cinq à six cents personnes étaient présentes.

Six cents personnes présentes à la cérémonie.

Les cérémonies ont débuté par une très émouvante messe, en la cathédrale Saint-Etienne, présidée par Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse. S’ensui-virent les cérémonies officielles d’allocutions et de dépôts de gerbes, devant une foule dense, attentive aux discours des représentants publics et associatifs. Fait extrême-ment rare, le préfet de région était représenté par Thierry Bonnier, sous-préfet, aux côtés de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, et Georges Méric, président du conseil départemental.

Dévoilement de la plaque posée au nom de la citée.

Ensuite, une longue procession s’est dirigée vers la place d’Arménie, pour procéder au dévoilement, par le maire de Toulouse et Stéphane Kojayan, président de l’Amicale des Arméniens de Toulouse Midi-Pyrénées, de la plaque posée par la Ville avec la mention « À la mémoire des victimes du génocide des Arméniens. 1915 – 2015 ».

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20152020

Commémoration

PACAMarseille

C’est une commémoration hors norme qui s’est déroulée à Marseille. Tout a commencé par une procession dans le 12e

arrondissement, quartier historique arménien, entre l’église Beaumont et le Mémorial du génocide érigé en 2006. Entre trois mille et quatre mille y participaient. Parmi les personnes mobilisées, de jeunes étudiants, mais aussi des personnalités comme Adriana Karembeu et son mari Aram Hoanian, Martine Vassal, présidente du conseil général ou encore la députée Valérie Boyer et le conseiller municipal UMP Didier Parakian.

Quatre mille personnes au mémorial du génocide à Beaumont.

Les autorités politiques et religieuses toutes présentes

à Beaumont.

Une grande marche en direction du consulat de Turquie a été organisée. Marche cette année très symbolique puisque les autorités locales ont interdit au cortège d’approcher la représentation diplomatique turque.

Au moins six mille cinq cents personnes au défilé à Marseille.

Les jeunes scouts arméniens menaient le cortège, suivis des officiels parmi lesquels plusieurs élus, personnalités locales et responsables politiques. En première ligne, on retrouvait notamment le conseiller municipal PS, Eugène Caselli, le conseiller municipal Front démocrate, Jean-Luc Bennahmias, le conseiller général PS, Benoît Payan, le conseiller municipal UMP, Maurice Talazac, le conseiller municipal UMP, Didier Parakian. Selon nos informations, au moins six mille cinq cents personnes se sont rassemblées à Marseille, en faveur de la reconnaissance du génocide arménien de 1915.

Nice

Un défilé d’environ 1500 personnes a emprunté le boule-vard de la Promenade des Anglais pour arriver au monument aux morts, où plusieurs centaines de personnes étaient également présentes pour la cérémonie de recueillement à la mémoire des 1,5 million de victimes du génocide de 1915. Parmi les élus et officiels présents, on pouvait noter le député-maire Christian Estrosi, et Adolphe Colrat, préfet des Alpes-Maritimes.

Avignon

Ils étaient très nombreux, ainsi que les autorités politiques, militaires, civiles, religieuses et les présidents d’associa-tions aux cérémonies. La maire d’Avignon, Cécile Helle et l’Association franco-arménienne d’Avignon et sa région, présidée par Véronique Bruna-Mardoyan ont organisé une cérémonie qui a été, selon le public venu très nombreux, à la hauteur du triste événement. Après la prière et les deux hymnes nationaux, c’est au son du duduk que le public s’est recueilli. La veille, l’archevêque d’Avignon avait célé-bré une messe dans la superbe chapelle de l’oratoire pour les martyrs arméniens et fait sonner le glas à l’issue de la messe. La façade de l’hôtel de ville était parée de kakemo-nos rappelant le centenaire du génocide des Arméniens. ■

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 2121

Événement

Colloque international à la Sorbonne« Le génocide des Arméniens » : cent ans de recherche

En ce 25 mars, les portes du prestigieux Grand Amphithéâtre de la Sorbonne se sont ouvertes solennellement sur l’étude et les conséquences du

génocide des Arméniens, « cent ans de recherche ».

Colloque international sous les dorures du Grand Amphithéâtre de la Sorbonne.

Un cycle de trois journées sans précédent a été organisé par le Conseil scientifique international (CSI) avec le sou-tien de la Mission 2015, du CCAF et du Conseil régional d’Ile de France qui ont accueilli soixante-dix chercheurs venus du monde entier. Trois sessions qui ont demandé, pour leur préparation, deux années de travail, comme l’a indiqué Gaïdz Minassian.

La ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem.

Sous le haut patronage du président de la République, la ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, a inauguré le colloque international en prononçant un discours fort, retraçant les heures noires du premier génocide du 20e siècle. Elle dira, en substance, que « l’étude rigoureuse des sources, des témoignages des survivants, des documents, a permis d’établir cette

vérité qui ne fait plus débat dans la communauté scienti-fique. » [...] « C’est aussi ce qui conduit la France à affir-mer que le négationnisme est intolérable, car le droit est ce qui protège contre toutes les formes de manipulations. Et c’est la position de la France auprès de la Cour euro-péenne des Droits de l’homme. » [...] « Les intellectuels arméniens ont fait inlassablement du livre et de l’écrit un combat pour la vérité. » Ce qui l’amènera à remercier les intellectuels turcs présents dans l’amphithéâtre, tels Ragip Zarakolu et Fethi Çetin, ainsi que la politiste Büşra Ersanlı. Elle rendra un hommage appuyé aux historiens venus spécialement du monde entier pour témoigner et rendre public leurs travaux.

Un colloque de haute tenue scientifiqueDans son allocution, Pierre-Cyrille Hautcœur, président de l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS), a relevé qu’il « a fallu attendre avril 1984 pour que se tienne à Paris, dans l’amphithéâtre Richelieu, une ses-sion du Tribunal permanent des peuples sur le génocide des Arméniens. » Une session au cours de laquelle une communication fut lue par l’historien Pierre Vidal-Naquet, où il comparaît le sort des Arméniens à celui des Juifs et des Palestiniens. Le caractère le plus stupéfiant, vu d’aujourd’hui, du génocide des Arméniens, est le degré où fut portée sa dénégation. Non seulement par ceux qui l’avaient perpétré, mais aussi par l’État turc et toutes ces instances judiciaires, éducatives et diplomatiques.

Pour le Conseil régional d’Île de France, en lieu et place de Jean-Paul Huchon, sa représentante a évoqué l’arrivée des Arméniens à Marseille, et a parlé de ces Arméniens qui ont aussi construit la France. Elle a annoncé que le Conseil régional d’Île de France va distribuer dans tous les lycées le magazine l’Histoire retraçant les tenants et abou-tissants du génocide des Arméniens. Pour clore cette première partie, Vincent Duclert justifiera la tenue de ce colloque, littéralement exceptionnel, en disant : « La France contribue, par-là, à racheter sa dette de ne pas avoir tout fait pour sauver les Arméniens et empêcher leur disparition de l’Empire ottoman entre 1918 et 1923. »

En seconde partie, c’est l’historien Yves Ternon, qui, une heure durant, a développé dans le détail, l’implacable détermination des Jeunes Turcs du Comité Union et Progrès, jusqu’à Kemal Ataturk, d’anéantir tout un peuple dans ses aspirations et parce qu’ils étaient Arméniens. À l’issue de ce discours-fleuve de haute tenue, Yves Ternon a été vivement applaudi par le public du Grand Amphithéâtre pendant plusieurs minutes. ■

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Spécial centenaire

Ce mois d’avril 2015 a été marqué par une série d’ac-tualités pour commémorer « Cent ans de solitude pour les Arméniens », selon les termes de Charles

Aznavour dans la tribune qu’il a consacrée au Monde Idées, le 20 avril : « C’est vrai, je suis de ce peuple, mort sans sépulture… »Ces événements, personne ne peut s’en réjouir. Ils révèlent un crime contre l’humanité, le premier de l’histoire du 20e siècle. Il prend sa source dans des conflits qui remontent au 19e est siècle. Et cependant, ces commé- morations du centenaire du génocide des Arméniens ont permis de réunir un peuple aujourd’hui dispersé, mais aussi de fendre l’omerta. Le pape François a, le premier, employé le terme de « génocide » pour qualifier l’extermi-nation du peuple arménien, en dépit des conséquences diplomatiques, le 12 avril, célébrant une messe à la basilique Saint-Pierre de Rome. Le souverain pontife Benoit XV avait déjà écrit une lettre au sultan ottoman Mahomet V le 10 avril 1915 : « Voilà, je suis informé de ce qui se passe dans l’empire et je vous supplie d’arrêter ces massacres. »

Exposition « Arménie 1915 »

Affiche de l’exposition.

C’est l’une des pièces exceptionnelles, rendue visible à l’Hôtel de Ville de Paris, où Anne Hidalgo, maire de la ville a inauguré, en présence d’une délégation d’officiels, l’ex-

position « Arménie 1915 », qui accueille les collections du Musée-Institut du génocide arménien d’Érévan. Conçue en deux temps, par le commissaire-historien Raymond H. Kévorkian et la bibliothèque Nubar, cette exposition est la plus scientifique et exigeante jamais mise en scène.

De g. à d. Raymond H. Kévorkian, historien et commissaire de l’exposition, Anne Hidalgo, maire

de Paris, Édouard Nalbandian, ministre des Affaires étrangères d’Arménie, et Charles Aznavour.

Les violences et leurs conséquences, puis l’exil et la reconstruction. Son parti pris clinique est exacerbé dans cette imposante et majestueuse salle des Prévôts, avec un jeu de lumières froid qui appuie les photos en noir et blanc, les témoignages manuscrits, des chiffres et les lettres éloquentes : noms des déportés, nombre de villages et vilayets décimés, victimes de « mort naturelle » dans les camps de concentration, nombre d’Arméniens rapatriés dans leurs foyers, listes des convois de dépor-tés… Un autre document significatif : l’appel du Djihad du 13 janvier 1914, lorsque l’Empire ottoman entre en guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Ou le carnet noir du ministre de l’Intérieur, Talât, instiga-teur des premières arrestations, prémices du programme génocidaire. Une borne interactive reprend la chronologie des événements : déportations, routes de la mort, locali-sation des abattoirs, lieux de résistance, camps, églises et écoles détruites, biens spoliés. Rien n’est occulté. La deuxième partie se penche sur le sort des rescapés. Ce slogan édifiant « une âme, une pièce d’or, une per-sonne ». Ce que vaut une vie arménienne. Les orphelinats et le rôle des associations, en particulier Near East Relief. Le mouvement Arménophile. La figure de proue Jean Jaurès et son discours, parmi les plus marquants de la 3e République. Le rôle ambigu de Pierre Loti. La justice et ces pièces de procès, originales : 50 procès, 6 personnes exécutées.

Centenaire du génocide des Arméniens Commémorations parisiennes riches d’événements

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 23

Spécial centenaire

Des films d’archives aussi. Ce mur de 1100 portraits réalisé avec le concours du CICR de Genève. Puis l’inté-gration par le travail, et la vie qui triomphe. Au total, ce sont 400 photos, 220 pièces inédites et une exposition qui propose un parcours pédagogique pour les enfants, qui, comme l’a souligné Anne Hidalgo « portent le flambeau de la mémoire ». Le mémorial de la Shoah propose une exposition complémentaire « Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman ».

Affiche de l’exposition au Mémorial de la Shoah.

Les artistes, premiers muselés et anéantis en 1915, ont repris la parole.

Le concert du centenaire : les musiciens, 65 instru-mentistes de tous continents regroupés grâce à l’UGAB France, en une formation unique et éphémère sur la scène du théâtre du Châtelet. Ils ont notamment interprété Ciel à vif, une création originale du compositeur Michel Petrossian, sous la direction d’Alain Altinoglu.

L’orchestre du concert du centenaire AWO, au théâtre du Châtelet : « Ciel à vif ».

Le jeune chef d’orchestre fait d’ailleurs l’objet d’un portrait, parmi d’autres figures arméniennes d’actualité, dans l’ouvrage Les Arméniens, 100 ans après de Sèda Mavian, aux éditions Henry Dougier, avec cette nouvelle collection « Lignes de vie d’un peuple ».Concert unique à la salle Gaveau : le baryton-basse Adam Barro a, quant à lui, initié un concert salle Gaveau autour des airs d’opéra et chants traditionnels armé-niens. Quatre heures d’un spectacle inouï, aux couleurs myosotis, d’une qualité remarquable, entouré de Pierre Bébrossian, Fanny Crouet, Hildegarde Fesneau, Antoine de Grolée, Julia Knecht, Davide Perrone, Rémy Poulakis, Iris Topalian, Anahit Topchian, Frédéric de Verville, Emma-nuel Garcia.

Le concert à la salle Gaveau. De g. à d. Hildegarde Fesneau (violon), Anahit Topchian (récitante), Antoine de Grolée

et Davide Perrone au piano, Fanny Crouet (soprano colorature), Julia Knecht (soprano), Rémy Poulakis (ténor),

Adam Barro (baryton-basse) et Iris Topalian (harpe).

D’autres initiatives symboliques à soulignerSolidarité Protestante France-Arménie, qui fête cette année ses 25 ans, a créé avec la maison Hermès un foulard unique, en twill de soie : « Lettres d’Erevan » reprenant l’alphabet arménien et célébrant l’écrit. La Croix Bleue Arménienne a organisé une ronde des femmes récurrente, le dimanche, dans des lieux phares de la capitale, initiée le 8 mars journée de la femme, pour l’égalité des droits. Cent rosiers pour cent ans de mémoire ont été plantés.

Bénédiction du carré de soie Hermès « Lettres d’Érévan » par le père Houssik Sargsyan, en l’Église apostolique

arménienne Saint Jean-Baptiste, rue Jean Goujon.

Last but not least, ce recueillement solennel devant la statue de Komitas, figure emblématique de l’Arménie, et ce geste fort : la Tour Eiffel en berne, toutes lumières éteintes ce soir du 24 avril 2015. Assurément, Paris était au rendez-vous du centenaire du génocide des Arméniens pour rappeler que, non : « On n’oublie pas et on exige ». ■

Isabelle Kévorkian

Arménie1915, avec le concours du Musée-Institut du génocide arménien d’Erevan, comporte un parcours pédagogique dédié aux enfants. Hôtel de ville de paris. www.quefaire.paris.fr/exposhotelde-ville ; Le mémorial de la Shoah propose une exposition complémen-taire sur le génocide des Arméniens. www.memorialdelashoah.org Pour prolonger : Raymond H. Kévorkian, historien et commissaire « Comprendre le génocide des Arméniens, de 1915 à nos jours » avec Hamit Bozarslan et Vincent Duclert (ed. Tallandier, 384 p., 21,5 €) ; Georges Kévorkian, historien « La flotte française au secours des Arméniens, 1909-1915 » (Marines ed., 127 p., 29 €) et « La France chassée de l’Empire ottoman, une guerre oubliée, 1918-1923 » (l’Harmattan, 331 p., 32 €), bientôt traduit en arménien.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201524

Spécial centenaire

Azad Magazine a souhaité relater l’immense travail de toutes les associations arméniennes pour que le peuple de France sache ce qu’il s’est passé il

y a cent ans. Le journal ne pouvant pas tout relater, ces quelques pages sont un florilège des événements qui se sont déroulés dans toutes les villes de France.

Avignon

Le chœur Sahak Mesrop.

L’abbaye Saint Michel de Frigolet a reçu le chœur Sahak Mesrop, pour un concert organisé et offert par l’associa-tion franco-arménienne d’Avignon et sa région. Il était composé de cinquante-cinq choristes et quatre solistes de la cathédrale apostolique arménienne du Prado à Marseille.

BagneuxÀ Bagneux, première ville de France jumelée avec une ville arménienne, cérémonie à l’initiative de la ville, chants et poésies par les enfants de l’école arménienne, plantation de l’arbre pour la mémoire à l’initiative de la Croix bleue des Arméniens de France, et pose d’une plaque en mémoire des femmes victimes.

Bourg-lès-Valence

Exposition d’artistes arméniens d’art contemporain, réa-lisée par le collectif Diaspo’arts avec les œuvres d’une dizaine d’artistes qui exposent en France et à l’étranger. Diaspo’arts, coordonnée par Vatché Demirdjian, a exposé au musée d’art moderne à Érévan.

Cachan

Tableau de l’artiste Jirka.

Fruit de ses activités d’architecte ; et de plasticien, et de son arménité, l’artiste Jirka a voulu frapper les visiteurs, par une exposition dédiée au centenaire du génocide. La musique, le chant (liturgique), la danse accompagnaient l’événement.

Chambéry

Les jeunes choristes.

La compagnie du Briquet de Grenoble et la Cité des arts de Chambéry ont interprété Nour, une pièce de théâtre musicale, portée par soixante jeunes choristes, à l’audito-rium de Chambéry. La pièce, qui parlait du génocide armé-nien, évoquait aussi l’amour, le déracinement, la résilience et les autres drames du siècle dernier.

Centenaire du génocide des Arméniens Commémorations partout en France

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 25

Chaville

La ville de Chaville, en partenariat avec les associa-tions arméniennes de la commune a mis en lumière le martyre actuel des chrétiens d’Orient. Avec, par exemple, la conférence « Vers la disparition des chrétiens d’Orient? » de Jean-François Colosimo, historien des religions et écrivain.

Clamart

Les associations arméniennes (l’AFAC, Arménie Village, la JAF, APAF, CCAF, l’UCIA, l’ASPA, la Croix bleue et la SPFA) aidées par d’autres associations clamartoises ont proposé, en partenariat avec la municipalité, des manifes-tations culturelles et historiques autour de l’Arménie, ainsi que l’exposition « Le génocide arménien », préparée par le musée du génocide d’Érévan, et prêtée par le CCAF.

Gap

La manifestation à Gap.

Une marche silencieuse de trois cents Arméniens et Haut-Alpins a sillonné les rues de Gap en présence des élus, dont Roger Didier, maire de Gap. Cent bougies éclairées accompagnaient le dépôt de gerbes, avant les hymnes nationaux. Un concert suivait.

Grenoble

Au micro Antoine Bédrossian présente l’exposition.

L’ancien musée de peinture de Grenoble a accueilli l’ex-position « Nous sommes l’avenir ». Consacrée au sauve-tage des orphelins du génocide, elle a été réalisée par un groupe de travail de la Maison de la culture de Grenoble et du Dauphiné, sous la direction d’Antoine Bédrossian, avec près de deux cents photos inédites et des dentelles réalisées par des orphelines, provenant essentiellement de collections familiales. Elle se veut un hommage à ces femmes et ces hommes privés d’enfance, à leur courage, à ce qu’ils ont construit et enseigné à leurs descendants.Les élus, Éric Piolle, maire de Grenoble, Michel Destot député de l’Isére, Christine Crifo, conseillère générale de l’Isère et Pascal Babakian, président de la MCAGD ainsi que le public nombreux ont pu apprécier les commen-taires passionnés ainsi que le travail réalisé.

Antoine Bédrossian avec son équipe de projet.

Antoine Bédrossian, lors de son discours a présenté son équipe projet, Laure Piaton, directrice du Centre du Patrimoine Arménien de Valence, Robert Tafankéjian, qui a mis à disposition sa magnifique collection per-sonnelle de documents, Monique Atamian, recherche des documents de l’orphelinat Karagueusian, Élisabeth Pellet de Romans, projet des dentelles réalisés dans les orphelinats et Sévan Mikaélian, qui a participé à la réa-lisation du catalogue de l’exposition. Toute l’année 2015, elle sera présentée dans plusieurs villes de France (Lyon, Valence, Romans, Aubenas).

Issy-les-Moulineaux

L’Union des Églises évangéliques arméniennes de France a organisé un colloque international sur le thème « Vérité, Justice, Reconnaissance, Réparation, Réconciliation » à Issy-les-Moulineaux, à l’Oratoire Saint Nicolas.

Spécial centenaire

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201526

Spécial centenaire

Lyon

Hagop et Anaïd Boyadjian de l’orchestre Spitak.

Une soirée commémorative a présenté le film Com-prendre pour agir réalisé au site Mémorial du Camp des Milles. En alternance, la lecture de Chavarch Nartouni et Saténik Khatchatryan précédait la partie artistique de Hagop Boyadjian (doudouk) et d’Anaïd Boyadjian (chant), avant la mise en perspective historique de Pierre-Jérôme Biscarat, historien, sur l’implication des états dans les génocides et leur négation.

Marseille

Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille et Valérie Boyer députée de Marseille.

Le Musée d’Histoire de Marseille a présenté l’exposi-tion « 100 portraits de l’exil, la quête d’identité des réfu-giés arméniens », en partenariat avec l’Association pour la Recherche et l’Archivage de la Mémoire arménienne (ARAM). Elle mettait en avant les portraits photogra-phiques de cent survivants arméniens et suit le parcours spécifique de quatre d’entre eux.

Montélimar

Régis Panossian, lors de son discours inaugural.

À l’Espace Chabrillan, exposition-photos d’Antoine Agoudjian, initiée par l’association Mémoire et culture arméniennes de Montélimar et la ville, le Conseil général, la Mission 2015. Cette exposition présentait les terres de Turquie, d’Arménie, de Syrie, Irak, Iran… avec les lieux et les visages de tous ceux qu’il a rencontrés.

Nice

Lâcher de colombes à la fin de la cérémonie.

En l’église arménienne Sainte-Marie de Nice, première église arménienne construite en France par les primoar-rivants après le génocide, un olivier du souvenir en mé-moire aux martyrs du génocide arménien a été planté.

Quimper

Un public fervent. Messe en la cathédrale de Quimper (Finistère), célébrée par Mgr Guéneley, évêque émérite de Langres et adminis-trateur apostolique du diocèse de Quimper. Le journal de la paroisse a édité un document explicitant le génocide, et des panneaux sur l’histoire des Arméniens ont été dispo-sés dans la cathédrale.

Romans

Tigran Hamasyan, accompagné des huit choristes

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 27

Spécial centenaire

L’Amicale des Arméniens de Romans, en partenariat avec les Amis de la Collégiale Saint-Barnard, a offert un concert de Tigran Hamasyan, intitulé Luys i Luso, et l’ensemble vocal constitué de huit choristes du chœur de chambre d’Érévan, dirigé par Haroutyun Topikian. Romans s’inscri-vait ainsi dans la tournée mondiale des cent concerts de Tigran Hamasyan.

SarcellesUne stèle du jardin d’Ar-ménie a été inaugurée par la municipalité et la com-munauté arménienne de la ville, avec le dépu-té-maire François. Cette stèle est en hommage au père Komitas. (1869-1935). Il est une fi gure vénérée de la culture ar-ménienne dont le destin personnel tourmenté se confond avec le génocide arménien.

Toulouse

Le cinéma ABC a présenté un court-métrage réalisé par Bernard Sémerdjian, Manoug le sans-souci (20 mn), suivi de L’Arbre (52 mn), de Hakob Melkonyan, en présence du producteur Pierre Mathiote retraçant l’histoire de sa grand-mère habitant l’un des villages de Van. Avec des témoignages de rescapés du génocide et une analyse du Pr Raymond Kevorkian.

Valence

Inauguration du khatchkar.

Un khatchkar a été inauguré au parc Idjévan, en pré-sence du maire de Valence, Nicolas Daragon, VanerHarutyunyan, vice-consul d’Arménie et des hommes d’affaires et donateurs Armen Chahazizian et Karen Kakoyan. Une cérémonie qui bénéfi ciait du soutien du mi-nistère arménien de la Diaspora et de l’église arménienne d’Etchmiadzine.

Villeurbanne

L’orchestre symphonique de Lyon.

Au centre culturel et de la vie associative (CCVA) de Villeurbanne, l’orchestre symphonique de Lyon a rendu hommage aux martyrs par un concert ou il a interprété les œuvres d’Aram Khatchadourian. Concert organisé par la Croix bleue section Arax et le Cercle lyonnais des femmes arméniennes. ■

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#lanouvelleolympe est un projet de crowdfunding engagé en faveur de la cause animale. C’est l’histoire d’une Chatte-de-Van abandonnée, adop-tée dans le Finistère nord, puis de nouveau délaissée avant d’être récu-pérée par sa maîtresse. Dès lors, cette chatte bretonne d’origine armé-nienne s’est construit une identité numérique www.lanouvelleolympe.fr et @new_olympe. Devenue #geek, elle mène une vie culturelle et sociale très riche de l’autre côté de l’écran. Ce mois-ci, elle lutte contre l’abandon des animaux en période de vacances, par le biais d’un projet musical supporté par la plateforme de fi nancement participatif ULULE.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20152828

Entretien

Azad Magazine a interrogé un jeune Arménien, Ohan Avagyan venu étudier en France à Sciences Po(1). Cet article présente son parcours, celui d’un Armé-

nien qui se donne toutes les chances pour réussir.

Ohan Avagyan à Lyon.

Azad Magazine : Qui êtes-vous ? Ohan Avagyan : Je suis le quatrième d’une fratrie de garçons, le cadet de mes parents Odeta, institutrice, et Rafik, ouvrier. Âgé de 25 ans, de nationalité arménienne, mais né en Russie, je réside actuellement en France. J’ai grandi dans la seconde plus importante ville d’Arménie, Gyumri. Après des études poursuivies à l’Institut péda-gogique d’État Nalbandyan, j’ai continué à l’Institut péda-gogique de Gyumri, en section français. Je tiens à préci-ser que ma mère adore la langue française et c’était son souhait que je l’apprenne. Et c’est tout d’abord pour lui faire plaisir que j’ai tout mis en œuvre en ce sens. Je me suis très vite rendu compte qu’une seule matière n’était pas suffisante pour imaginer trouver du travail (chose très difficile en Arménie). C’est pourquoi j’ai décidé en paral-lèle de suivre une formation de guide touristique et de randonnée pédestre. Cette initiative s’est révélée très positive, car j’ai eu l’opportunité d’entrer dans deux ONG (suisse et française) et ainsi de croiser des personnes qui m’ont donné envie de connaître davantage la culture française et de maîtriser la langue. Je suis parti en voyage une première fois en 2006 avec l’association SPFA(2) dont j’étais un membre actif. Ensuite, en 2009, l’organisme DA-Connexion de Paris m’a donné l’opportunité d’être bénévole-interprète pour de jeunes Français et de les encadrer pendant les visites guidées au Haut-Karabagh. Puis la Fondation suisse KASA(3) pour laquelle j’ai eu la chance de travailler. Cela m’a énormément intéressé, et l’on m’a confié des groupes de plus en plus étoffés pour lesquels j’ai servi d’accompagnateur et d’interprète. Le travail auprès de ces associations m’a permis de déve-lopper mes connaissances en tourisme et de côtoyer des personnes de tout niveau social et culturel et sur-

tout de conforter mon intérêt pour la langue et la culture française : depuis 2008, j’ai tissé beaucoup de liens ami-caux avec des visiteurs que j’ai accueillis en Arménie et que j’aurai plaisir à revoir à l’avenir. Si bien que je suis, plus tard, devenu interprète pour des ingénieurs de la société française SADE(4) et aussi d’autres expatriés. Entre-temps, j’ai effectué mon service militaire (deux ans) au Haut- Karabagh. J’y ai été promu sergent-chef. Revenu à la vie civile, j’ai recherché un emploi. J’ai alors trouvé de petits boulots dans le tourisme. Je me suis formé sur le tas. Et pendant l’automne qui a suivi mon retour à la vie civile, j’ai accompagné six groupes différents. Je me suis aperçu que les personnes qui composaient ces groupes avaient des motivations très diverses et j’ai ressenti le besoin de me former de façon plus méthodique et plus profession-nelle.

A.M : Vous étiez guide-accompagnateur en Arménie. Avez-vous emporté avec vous cette passion de faire découvrir un lieu, une histoire, un patrimoine ? Comp-tez-vous poursuivre, si votre futur emploi du temps le permet, l’activité de guide ?O.A : Mes années universitaires à Grenoble ont passé très vite. Je peux dire que j’en ai bien profité, non seulement de la ville même, mais aussi de ses environs. Je trouve que Grenoble est une belle ville très jeune et active, l’endroit idéal pour s’amuser et s’évader lors d’agréables randonnées sur la chaîne de Belledonne ou les massifs du Vercors et de la Chartreuse. Je suis toujours curieux de découvrir d’autres cultures. En parallèle de mes études, j’ai pu faire plusieurs balades dans la région et profiter des montagnes qui me rappelaient souvent mon pays, l’Armé-nie, « pays de montagnes et de pierres ». Je n’abandon-nerai jamais vraiment ma première profession de guide, cela m’a permis de trouver ma voie professionnelle dans le tourisme. J’ambitionne de rejoindre un jour la Fédéra-tion des guides de montagne. En même temps, je reste toujours disponible pour ceux qui ont besoin de conseils pour leur séjour en Arménie. Je suis à l’écoute pour l’organisation de leurs voyages avec les différentes thématiques et même l’accompagnement depuis la France jusque dans le Caucase.

A.M : Comment êtes-vous arrivé à Sciences Po Grenoble et pourquoi ce choix ?O.A : Sans doute après toutes ces activités au contact de «l ’humain » et parce que je suis à la base attiré par la politique, c’est-à-dire comment les peuples s’organisent en fonction du quotidien. Et puis, je me suis surtout donné comme défi de viser l’une des plus grandes écoles de ce secteur, Sciences Po. En effet, Sylvaine et Jean-Claude notamment, mes grands amis suisses ou encore Mathieu, m’ont donné de leur temps et aussi apporté un grand soutien dans les lourdes

Portrait d’une jeunesse arménienne ambitieuse et pleine d’espoir

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démarches administratives afin d’obtenir un visa, le sésame qui m’a permis de tout entreprendre par la suite. Sans eux, sans leur amitié, je ne serais pas là, à suivre un master « Tourisme, territoire, innovation et gouver-nance » à Grenoble.

Ohan Avagyan accompagnant un groupe de touristes sur le site de Noravank.

A.M : Votre parcours est marqué d’une volonté forte de réussir.O.A : Je ne pense pas que je sois un cas isolé. Je crois que ce que j’ai vécu, n’importe quel étudiant nigérian ou croate par exemple, le traverse. Vouloir, malgré les diffi-cultés parfois extrêmement lourdes pour toute personne non européenne, intégrer une université de renom où l’on imagine que les portes s’ouvrent plus facilement pour un Français. Là où j’ai fait des efforts, c’est dans ma volonté de réussir et dans les heures de travail fournies en amont et ma motivation aussi à maîtriser la langue française. Tout est question de motivation personnelle. Je n’oublie pas non plus le soutien de mes amis français de ma promotion. Ils sont toujours disponibles pour m’expliquer les subtilités de la langue française.

A.M : Et demain, une fois votre diplôme obtenu, vers quoi allez-vous vous diriger ?O.A : Pour mes projets, j’aurai peut-être l’occasion d’en parler en peu plus tard pour le 200e numéro d’Azad (sourire). Pour l’instant, je reste discret, mais je peux dire que mon carnet d’adresses me permettra sans doute de dégager de nouvelles opportunités professionnelles avec comme objectif d’agir pour le développement du tourisme en Arménie. Les différentes rencontres avec des profes-sionnels du tourisme m’ont ouvert les yeux sur de nou-velles idées, d’autres façons de conquérir de nouvelles

clientèles. Je peux évoquer ici que ma première collabora-tion avec l’agence Aratast Travel qui est un nouvel opéra-teur sur le marché arménien et qui propose des formules innovantes pour cette destination, m’a fortement incité à créer et faire découvrir le pays autrement. J’ai plusieurs idées en tête et encore bien d’autres projets en attente. En me servant de l’expérience que j’ai pu acquérir et que je souhaite compléter et perfectionner encore, je voudrais soutenir le développement du tourisme en Arménie et proposer des circuits, avec de nouveaux partenaires, hors des sentiers battus et proposer des projets novateurs. Je souhaiterais tout particulièrement contribuer à l’amélio-ration de la vie des ruraux à la rencontre desquels nous irions.

A.M : 2015 est une année importante pour tous les Arméniens. En tant que jeune génération, que ressen-tez-vous et que souhaiteriez-vous dire aux lectrices et lecteurs d’AZAD ?O.A : C’est une année charnière et décisive pour le com-bat du peuple arménien pour la justice et la réparation de la part de la Turquie. Le centenaire peut permettre de faire connaître davantage l’histoire du peuple arménien. Un peuple fort et courageux, qui a survécu malgré la volonté d’anéantissement qui habitait le gouvernement Jeunes Turcs. Les Arméniens sont encore là et ont su garder leur identité, même dispersés aux quatre coins du monde. Je voudrais préciser que les générations actuelles [turques] ne sont pas responsables de ces massacres, mais elles se doivent de regretter la position figée du gouvernement turc qui refuse de se pencher honnêtement sur son histoire. Il vaut mieux que nous [les jeunes] essayions de trouver de nouvelles collaborations possibles entre les deux peuples et que nous créions des relations plus amicales pour mon-trer aux diplomaties que le vivre ensemble est possible et que c’est la seule voie envisageable. À l’heure actuelle, la frontière qui sépare l’Arménie de la Turquie est fermée. Cela empêche toute communication ou échange directs et gène bien évidemment nos relations commerciales. Concernant la reconnaissance du génocide, le travail de la diaspora est très important. Cependant, je pense que la diaspora devrait comprendre davantage la problématique de l’Arménie, en venant sur place en parler avec la popula-tion locale. Je souhaite rappeler qu’il ne faut peut-être pas tout centrer autour du sujet du génocide et ne pas oublier qu’il y a d’autres problèmes plus récents, mais également essentiels, tel que le Haut-Karabagh, petit trésor dont per-sonne n’entend jamais parler. Je ne juge pas la jeunesse actuelle, au contraire, j’ai envie de lui montrer la vérité et de tenir sa main en construisant ensemble une nouvelle page de l’Histoire, sans haine, sans violence, et sans jalou-sie. C’est de cette façon-là que l’on peut rendre hommage aux victimes de 1915. ■

Propos recueillis par Éric Artiga

(1) Institut d’Études politiques de Grenoble dit Sciences Po Grenoble(2) SPFA : Solidarité protestante France-Arménie(3) KASA : Komitas Action Suisse-Arménie(4) SADE : Société auxiliaire de distribution d’eau

Entretien

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201530

Histoire

Le soulèvement des Arméniens d’Erzerum 1688(2e partie)

Dans le numéro précédent nous avons exprimé les causes de l’hostilité des Turcs envers le prosély-tisme des missionnaires catholiques. Il s’avère

désormais nécessaire de comprendre les origines pro-bables de la violente réaction des Arméniens d’Erzerum.

Situation de la ville d’Erzerum dans la Turquie actuelle.

Les causes probables de l’insurrection des Arméniens d’Erzerum

L’œuvre de Jacques Villotte constitue l’une des rares chroniques occidentales dans laquelle les Arméniens apparaissent comme des individus pouvant faire preuve de brutalité. Dans les autres chroniques, ceux-ci étaient constamment décrits comme une des communautés les plus dociles de l’Empire ottoman. En établissant une mission à Erzerum, l’ambassade de France et la Compa-gnie de Jésus touchèrent à un point sensible de la culture arménienne. L’âme du peuple arménien réside dans son unité autour de son Église(1). Comme le rappellent les his-toriens Marc Ferro et Claire Mouradian : « Tout au long de l’histoire tourmentée de ce peuple, l’Église apostolique arménienne a été le refuge et le symbole de la person-nalité nationale. Plus que tout autre, elle est l’église d’un peuple, d’une nation(2) ». Il est donc fort probable qu’en voyant leurs congénères se convertir au catholicisme, les Arméniens pensèrent que la transmission de leur héritage culturel, dans le contexte d’une domination étrangère, se trouvait en péril.

L’église de la Sainte-Mère-de-Dieu à Erzerum.

L’uniatisme reconnaissait la validité des rites orientaux et la hiérarchie traditionnelle du clergé des églises(3). Il s’agit ici d’une faveur que la papauté offrit aux églises orientales puisqu’au 14e siècle, lorsque les souverains francs du royaume d’Arménie imposèrent progressivement l’usage du rite latin à l’église arménienne, des révoltes éclatèrent(4). Mais cette concession dut probablement constituer un facteur aggravant des troubles religieux d’Erzerum.

Nous ne pouvons pas écarter l’idée selon laquelle les Arméniens virent en ces uniates des individus subvertis-sant leur église de l’intérieur. En ce sens, l’hérétique ou le schismatique s’avère plus dangereux que l’infidèle.

Le rejet des missionnaires : un phénomène proprement arménien ?

Selon l’historien Jean-Pierre Valognes « tant à Istanbul qu’au Levant, l’expansion du catholicisme dans le milieu arménien se heurte de toute façon à la résistance de l’Église orthodoxe (5) qui en appelle au pouvoir ottoman (6).» Pourtant, dans l’Empire ottoman, le phénomène de rejet du prosélytisme des missionnaires n’était pas une spécifi-cité propre à la nation arménienne. Les Grecs orthodoxes n’hésitèrent pas non plus à faire appel au pouvoir ottoman lorsque l’influence catholique commençait à peser. Le géographe Anton Friedrich Büsching affirmait qu’il existait sur l’île grecque de Tinos une église fondée en 1710 par les missionnaires latins pour leurs ouailles ou converties au catholicisme(7). En 1760, face à l’insurrection des Grecs orthodoxes, le pouvoir ottoman dut intervenir pour spolier cette église et en remettre les clefs à l’Église grecque. Cet épisode est confirmé par les travaux contenus dans l’ouvrage Géographie mathématique, physique et poli-tique (1803), des géographes Edmé Mentelle et Conrad Malte-Brun(8). Jean-Pierre Valognes confirme lui aussi que les églises catholiques (par définition clandestines) étaient spoliées par le pouvoir ottoman qui considérait leur exis-tence comme un acte de rébellion envers l’État (9).L’étude des écrits des agents de la diplomatie française démontre que l’hostilité des chrétiens ottomans envers les missionnaires latins se retrouve dans tout l’empire. L’intervention des Occidentaux afin d’établir de nouvelles missions apparaît comme une constante auprès des autorités ottomanes. Quelques années avant la fondation de la mission d’Erzerum, le chevalier d’Arvieux, consul de France à Alep de 1679 à 1685, affirmait dans ses Mémoires (1735) que les Grecs et les Syriens étaient « les ennemis irréconciliables des missionnaires (10) ». Il préten-dait néanmoins être intervenu en leur faveur : « Le Père Besson Jésuite vint me faire ses plaintes, qu’une troupe de Juifs attendait tous les jours les Jésuites (…) ; et que ces canailles leur jetaient des pierres, et vomissent contre eux des injures atroces et des blasphèmes exécrables contre notre religion. »

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Histoire

Après que Laurent D’Arvieux a menacé le rabbin d’Alep de « casser les bras et les jambes » à ceux que l’on surprendrait en train d’offenser les missionnaires latins, les Ottomans postèrent dès le lendemain deux janissaires armés de bâtons sur le lieu de l’altercation. Claude-Charles de Peyssonnel, consul général à Smyrne de 1763 à 1783, affirmait que la « violente persécution » exercée par les Grecs orthodoxes sur leurs congénères catholiques s’ex-pliquait par la volonté des princes et des missionnaires occidentaux de les convertir (11).

Le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur de France à Constantinople de 1784 à 1792, évoquait la présence de troubles dans l’île grecque de Syra du fait d’un mis-sionnaire capucin italien y exaltant la religion catholique(12). Compte tenu de la présence importante des Européens, nous pouvons difficilement penser que les sujets catho-liques des régions occidentales de l’Empire ottoman pou-vaient dès lors potentiellement échapper aux massacres perpétrés par l’armée ottomane. Les voyageurs occiden-taux n’auraient probablement pas omis d’en faire part dans leurs chroniques, comme en attestent les événements de la Révolution grecque au début du 19e siècle.

Selon Helène Pignot, les communautés du sultanat ottoman ne connurent en rien les déboires des guerres de religion d’Occident. Les chroniqueurs du 17e siècle aimaient faire la part belle à la remarquable entente qui régnait entre elles (13). Il n’existe presque aucune trace attestant de tensions sociales ayant pu déboucher sur de véritables conflits et tragédies humaines. Bien que l’adage cuius regio eius religio (14) était inconnu des Ottomans, la question de l’existence de guerres de religion dans l’Empire ottoman fut tout de même une réalité. Ces affron-tements ont pour spécificité d’être contenus à l’échelle locale (frontières orientales de l’Empire ottoman) et d’échapper aux critères événementiels et chronologiques clairement définis auxquels nous sommes habituellement confrontés.

Le royaume de France se voulait protecteur des chrétiens d’Orient, mais sa politique étrangère pouvait, dans cer-taines circonstances, mettre éminemment en danger ces populations. ■

Nicolas Maden

(1) H. Pasdermadjian, Histoire de L’Arménie, depuis les origines jusqu’au traité de Lausanne, p. 262-263.

(2) M. Ferro, C. Mouradian, L’Arménie soviétique (1921-1980) dans G. Dédéyan (dir.), Histoire des Arméniens, p. 561.

(3) G. Khosdegian, Renaissance arménienne et mouvement de libération (XVIIe-XVIIIe siècles) dans G. Dédéyan (dir.), Histoire des Arméniens, p. 428.

(4) B. Heyberger, Les Chrétiens du Proche-Orient au temps de la réforme catholique, p. 226.

(5) Comprendre au sens de l’Église apostolique arménienne.

(6) J.-P. Valognes, Vie et mort des Chrétiens d’Orient, Des origines à nos jours, Fayard, 1994, Paris, p. 495.

(7) A. F. Büsching, Nouveau traité de géographie qui contient la Hon-grie, la Turquie en Europe, le Portugal et l’Espagne (1768), Tome III, Maison des orphelins & de Frommann, 2° éd., 1769, Züllichau, p. 291.

(8) E. Mentelle, C. Malte-Brun,Géographie mathématique, physique et politique de toutes les parties du monde, Rédigée d’après ce qui a été publié d’exact et de nouveau par les Géographes, les Naturalistes, les Voyageurs et les Auteurs de statistique des nations les plus éclairées, Destinée principalement aux Maisons d’Éducation, aux Professeurs de Géographie, aux négociants et aux Bibliothèques des hommes d’Etat, Tome X, 1803, Paris, p 253.

(9) J.-P. Valognes, Vie et mort des Chrétiens d’Orient, Des origines à nos jours, p. 74.

(10) L. D’Arvieux, J.-B. Labat, Mémoires du chevalier D’Arvieux, Tome VI, p. 74.

(11) C.-C. de Peyssonnel, Observations critiques sur les mémoires de M. le baron de Tott, Pour servir à l’histoire des Turcs & des Tatares, 5° partie, J.E Dufour et Ph. Roux, 1775, Maastricht, pp. 27 à 29.

(12) Barbier, Le rêve grec de monsieur de Choiseul. Les voyages d’un Européen des Lumières, Armand Colin, 2010, Paris, p. 115.

(13) H. Pignot, La Turquie chrétienne : Récits des voyageurs français et anglais dans l’Empire ottoman au XVIIe siècle, p. 21.

(14) « Tel prince, telle religion ».

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201532

Ջահերով երթ դեպի Ծիծեռնակաբերդ

Երևանի Հանրապետության հրապարակից մեկնարկեց Հայոց ցեղասպանության 100-րդ տարելիցին նվիրված ջահերով ավանդական երթը դեպի Ծիծեռնակաբերդի բարձունք: Երթը տևել է գրեթե երկուսուկես ժամ. այս տարի աննախադեպ թվով անձինք էին մասնակցում երթին թե՛ Հայաստանից, թե՛ Սփյուռքի գաղթօջախներից։ Բազմաթիվ հայորդիներ արտերկրից ժամանել էին Հայաստան՝ հատուկ երթին մասնակցելու համար։ Երթի մեկնարկից առաջ մասնակիցները մեկ րոպե լռությամբ հարգանքի տուրք մատուցեցին Հայոց ցեղասպանության զոհերի հիշատակին և որպես բողոքի նշան այրեցին Թուրքիայի պետական դրոշը` իրենց զայրույթը հայտնելով այդ երկրի ժխտողական քաղաքականության դեմ: ՀՅԴ պատանեկան միության անդամներն իրենց հետ տարել են ավելի քան 30 մետր երկարությամբ եռագույնը: Երթի կազմակերպիչները 500-ից ավելի ջահ եւ մոտ 10 հազար մոմ էին բաժանել երթի մասնակիցներին։

Ավելի քան 30 հազար այցելու` մի քանի ժամում

Հայոց ցեղասպանության թանգարանի նոր ցուցադրությունը, ապրիլի 24-ին, հաշված ժամերի ընթացքում 30 հազարից ավելի այցելու է ունեցել: Այս մասին ասել է Հայոց ցեղասպանության թանգարան-ինստիտուտի տնօրեն Հայկ Դեմոյանը: «Այցելուների մեջ ազգությամբ հայեր և շատ օտարազգիներ կային: Ինձ շատ զարմացրեց այն, որ բազմաթիվ թուրքեր այցելեցին թանգարան և ինձ շնորհավորեցին նոր ցուցադրության բացման առթիվ»:

Հայոց ցեղասպանության թանգարանի նոր ցուցադրության մշակման և դիզայներական նախագծի աշխատանքներն իրականացվել են սկսած դեռևս 2011թ-ից: Թանգարանային մշտական ցուցադրության մեջ ամփոփվել են վերջին 7-8 տարիների հավաքչական աշխատանքի արդյունքում ձեռքբերված հազարավոր նորահայտ նյութեր: Ներկայացված են նաև բնօրինակ և եզակի լուսանկարներ, գրքեր, փաստաթղթեր:

«24/04 նվագախմբի» «Վերածնունդ» համերգ

Ապրիլի 24-ի երեկոյան Ալ. Սպենդիարյանի անվան Օպերայի և բալետի ակադեմիական թատրոնում կայացավ«24/04 նվագախմբի» համերգը, որն անցկացվեց վերածննդի գաղափարի ներքո: Համերգին մասնակցում էին աշխարհի մոտ 43 երկրների 122 երաժիշտներ, որոնք հիմնականում ժամանել էին Ցեղասպանության ժամանակ հայ ժողովրդին ձեռք մեկնած և Ցեղասպանությունը ճանաչած երկրներից : Համերգը բացառիկ էր նաև այն առումով, որ կատարվեց վերջին 100 տարիների ընթացքում ստեղծված հայկական երաժշտությունը։ Ապրիլի 24-ի համերգը կրում էր «Վերածնունդ» խորագիրը, բաղկացած չորս թեմաներից՝ հիշողություն, երախտագիտություն, միջազգային ճանաչում և վերածնունդ: Համերգն ուղեկցվեց տեսապատկերներով, որոնց միջոցով ներկայացվեցին Արևմտյան Հայաստանի բնակավայրերը, մշակույթը, հայկական ավանդույթները, ցուցադրվեցին տեսարաններ ջարդից, գաղթի ճանապարհից:

System Of A Down համերգային շրջագայությունը

Pages arméniennes

Լուրեր Հայաստանից

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 33

Pages arméniennes

Հայոց Ցեղասպանության 100-րդ տարելիցի կապակցությամբ System Of A Down հայտնի ռոք խումբը դուրս էր եկել միջազգային համերգային շրջագայության: Այն ավարտվեց երաժիշտների հայրենիքի մայրաքաղաքում, հորդառատ անձրևի, սակայն տաքարյուն երկրպագուների ջերմ ընդունելությամբ : Ավելի քան 30 երգի անվճար կատարումն ուղեկցվում էր Հայոց ցեղասպանության ճանաչմանն ու դատապարտմանն ուղղված կոչերով: Wake up the Souls (Արթնացե’ք, հոգիներ) համերգային շրջագայությամբ System Of A Down խումբը հանդես էր եկել Գերմանիայում, Ֆրանսիայում, Բելգիայում, Հոլանդիայում, Ռուսաստանում: Խմբի բոլոր անդամների նախնիները Հայոց ցեղասպանության զոհեր են: Տղաների նպատակն էր` այս շրջագայության միջոցով նպաստել Հայոց ցեղասպանության մասին իրազեկմանը :

10-օրյա երթ` Ստեփանակերտից մինչև Երևան

Լեռնային Ղարաբաղի «Հայ բարեկամների միավորման» մի խումբ երիտասարդներ ոտքով ԼՂՀ-ից հասել էին Երեւան՝ իրենց հարգանքի տուրքը մատուցելու Ցեղասպանության զոհերի հիշատակին: «Մենք Լեռնային Ղարաբաղից Ծիծեռնակաբերդի հուշահամալիր ենք եկել ոտքով: Մենք որոշեցինք քայլել և զգալ այն ֆիզիկական ցավը, որը զգացել են 1,5 միլիոն հայերը, որոնք տեղահանվեցին իրենց բնօրրաններից» - պատմում են երիտասարդները : Երթն սկսել են Մարտակերտի շրջանի Չափար գյուղից, անցել 450 կմ ճանապարհ՝ Չափար-Ստեփանակերտ- Լաչին-Գորիս-Էջմիածին-Երևան ուղղությամբ: Ճանապարհը տևել է 10 օր: Առաջին կանգառը եղել է Էջմիածինը: Հասել են ապրիլի 23-ին, մասնակցել Սրբադասման արարողությանը եւ ճանապարհը շարունակել մինչեւ Ծիծեռնակաբերդ: «Դժվարություններ շատ կային, մենք մեր մարմնի վրա զգացինք, թե ինչ դժվարություններ են տեսել մեր նախահայրերը տեղահանման ժամանակ: Բայց բոլորս ողջ և առողջ տեղ ենք հասել: Հոգնածություն

ունեցել ենք, բայց այն մեզ չի խանգարել հասնել մեր նպատակին» :

«Ծաղկահավաք» ամենամյա միջոցառում

Ապրիլի 27-ին և 28-ին Հայոց ցեղասպանության զոհերի հուշահամալիրում տեղի ունեցավ «Ծաղկահավաք» ամենամյա համատեղ միջոցառումը: Վայրի բնության և մշակութային արժեքների պահպանման հիմնադրամի նախաձեռնությամբ, 2010թ.-ից ի վեր, ամեն տարի ապրիլի 24-ից մի քանի օր անց` թոշնած ծաղիկները հավաքվում են, դրանց ցողունն անջատվում է ծաղկաթերթերից, առաջինից պարարտախառնուրդ է ստացվում, իսկ ծաղկաթերթերն օգտագործվում են ձեռակերտ վերամշակված թուղթ պատրաստելու համար: Պարարտախառնուրդն օգտագործվում է Հիշողության պուրակում հողի մշակման համար, իսկ ձեռակերտ թուղթը նվիրաբերվում է Ցեղասպանության թանգարանին, որը վերջին տարիներին այն գործածում է հուշագրեր, շնորհակալագրեր, նամակներ պատրաստելիս: Այս միջոցառումը մեկտեղում է պոկված ծաղիկներին «երկրորդ կյանք» հաղորդելու, դրանց լուռ դեսպաններ դարձնելու խորհուրդը և բնապահպանական՝ վերամշակման միջոցով կրկին օգտագործելու առաքելությունը: Ծաղկահավաքին մասնակցում էին հասարակական, միջազգային, մասնավոր ու պետական հատվածների ներկայացուցիչներ, կամավորներ, դպրոցականներ և ուսանողներ: ■ 

Rubrique suivie par Assia Suchier-Kirakossian

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201534

Historique du monument

Il faut remonter à l’époque soviétique pour aborder la question de la création de ce mémorial. Alors que nul n’avait le droit – dans ce qui n’était alors que la Répu-

blique soviétique d’Arménie – d’évoquer le génocide au nom de l’amitié entre les peuples, mais surtout, parce que le pouvoir soviétique ne souhaitait pas froisser le voisin turc, le 16 mars 1965, un mois avant le cinquantenaire, fut pris la décision d’ériger un monument pour commémo-rer le génocide. Le 24 avril 1965, une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes se formera dans Éré-van et scandera des slogans comme « Nos terres » ou « Justice ». Cinquante ans de dictature soviétique n’au-ront pas amoindri le sentiment d’injustice que ressentait le peuple d’Arménie. Une fois la décision prise d’ériger un mémorial, un concours fut organisé afin de savoir quels architectes et quels projets seraient choisis. Ce furent les architectes Arthur Tarkhanyan et Sashur Kalashyan, avec, pour maître d’œuvre Artavazd Ordukhanyan. Le chantier sera terminé en 1967 et depuis, chaque 24 avril c’est en accédant au mémorial situé sur une colline au nord-ouest d’Érévan que viennent se recueillir les Arméniens en y déposant, autour de la flamme éternelle, des fleurs en mémoire des martyrs.

Photo prise lors de la construction du mémorial.

Composition du mémorialLe mémorial est entre-temps devenu un complexe qui s’est élargi. Mais le monument à proprement parler est composé de douze stèles qui donnent l’impression que le sol s’ouvre. De petites marches entre ces dernières amènent en son sein où, au centre, brûle la flamme éter-nelle. Il est parfois possible de lire ici et là que ces douze stèles représentent les douze provinces historiques armé-niennes perdues. Mais cette information n’est pas reprise par tous et reste sujette à caution.

Vue d’ensemble du monument de Tsitsernakapert.

Près de cet édifice se dresse une pointe en granit de 44 mètres de hauteur, représentant la renaissance du peuple arménien. Cette pointe – bien qu’il n’y paraisse pas de prime abord – est scindée en deux parties, l’une repré-sentant la partie orientale du peuple arménien et l’autre l’occidentale. Par la suite, longeant le chemin menant au mémorial a été érigé un mur de cent mètres de long, où sont gravés les noms des principaux villages et villes touchés par les massacres. Il faut également évoquer la construction plus récente du Musée du Génocide, proche du monument. Ce musée a été construit en 1995 et expose, par des photos et d’autres pièces d’époque, l’horreur du génocide. Y sont également rappelées les grandes voix qui ont pris la défense des Arméniens, comme Jean Jaurès ou Anatole France.

Un lieu de passage pour les politiquesCe complexe n’est pas seulement réservé à la visite des Arméniens et des touristes venus se recueillir. C’est éga-lement un lieu où de très nombreux hommes politiques viennent s’incliner lors de déplacements diplomatiques, parfois même alors que leur pays n’a pas reconnu le génocide (Saakachvili pour la Géorgie, Hillary Clinton pour les États-Unis…). À quelques mètres du monument, une petite pinède a été aménagée où les hommes poli-tiques viennent symboliquement planter un sapin. Pour la France, c’est Jacques Chirac qui, en septembre 2006, y planta un arbre.

Lors de la commémoration du centenaire, plusieurs dirigeants tels que M. Hollande et M. Poutine s’y sont ren-dus pour déposer une fleur et y prononcer un discours. ■

Jérôme Sakalian

Dzidzernagapert : le mémorial dédié aux victimes du génocide des Arméniens

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 35

Culture

(R)éveille la créationd’entreprise

TOUTE L’ACTU,

LES CONTACTS,

LES ÉVÉNEMENTS

POUR VOTRE PROJET,

PRÈS DE CHEZ VOUS

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201536

Le pianiste et virtuose Tigran Hamasyan a démarré une tournée mondiale, de cent concerts dans cent églises, consacrée au centenaire du génocide des

Arméniens. Intitulée Luys i Luso, elle associe le chœur de chambre d’Érévan dirigé par Harutyun Topikyan, et don-nera lieu à un nouvel album en septembre 2015.

Azad Magazine a rencontré Tigran Hamasyan lors de sa représentation à Romans-sur-Isère.

Azad Magazine : Comment vous est venue l’idée des cent concerts et quelles ont été vos motivations ?Tigran Hamasyan : Cela fait des années que j’écoute de la musique sacrée arménienne, et j’ai toujours voulu faire un projet dans lequel je peux présenter uniquement un répertoire de musique sacrée arménienne. Mais cela ne fait que deux ou trois ans que j’ai finalement commencé à y penser sérieusement, et que j’ai fait les premiers pas en vue de l’arrangement de quelques morceaux. La musique sacrée arménienne est très structurée et rassemble plu-sieurs traditions, ce qui demande beaucoup de recherche et d’étude. Et donc un nouveau voyage musical était sur le point de débuter. Tout d’abord, j’ai dû apprendre la tra-dition et « le système des huit modes », le système de notation appelé « khazagrutyun » et ensuite comprendre et ressentir ce que je voulais en faire. Il est absolument

nécessaire de connaître la tradition. Ma motivation est mon amour « pur » de la musique sacrée arménienne, et le désir de la présenter d’une nouvelle manière. Pendant notre voyage à travers les régions de l’Arménie historique, certaines représentations vont avoir lieu dans d’anciens monastères arméniens et des églises, qui sont le ber-ceau de la musique que nous allons jouer. Il est important pour moi de ramener la musique de Narekatsi, Mashtots, Shnorhali, etc. là où elle est née, et de montrer que leur musique est toujours vivante et qu’elle est jouée d’une nouvelle manière.

A.M : Avez-vous choisi les lieux de concerts, ou bien vous ont-ils été proposés ?T.H : J’ai décidé de faire tous les concerts dans des églises avec seulement quelques exceptions. Je n’ai choisi que les églises en Arménie, Géorgie et Turquie. Les autres lieux m’ont été proposés.

A.M : Avez-vous rencontré des difficultés à composer avec de la musique sacrée ?T.H : J’ai encore des difficultés avec la musique sacrée arménienne. Je vais continuer à l’étudier, car elle possède une telle profondeur qu’elle peut être une source d’inspi-ration et de connaissance sans fin.

Tigran Hamasyan. « Luys i Luso » en avant-première

à Érévan, le 25 mars 2015.

A.M : Comment avez-vous organisé votre travail avec le chœur de Chambre d’Érévan ?T.H : J’ai rencontré le chef de chœur de la chorale de chambre nationale d’Érévan, Harutyun Topikyan, grâce à Arthur Shahnazaryan. Cela a engendré un long processus de travail. Nous avons répété pendant plus de six mois, pendant lesquels je continuais d’écrire et d’apporter des changements dans les partitions. Ce fut un apprentissage merveilleux et nous avons partagé ensemble beaucoup de moments magiques. ■

Propos recueillis par Éric Morino

Cent concerts dans cent églises Entretien avec Tigran Hamasyan

Musique

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 37

Philatélie

Timbres du centenaire du génocide arménien

L’Arménie

La Poste arménienne Haypost vient d’émettre une série de sept timbres représentant le myosotis, sym-bole du centenaire du génocide des Arméniens. Ils

ont comme valeurs 70 drams (1,8 million d’exemplaires), 120 drams (1,8 million), 240 drams (600 000), 280 drams (600 000), 330 drams (600 000), 350 drams (800 000) et 870 drams (120 000). Une très belle série pour les collec-tionneurs.

L’UruguayLa Poste uruguayenne a procédé à l’émission d’un timbre-poste. D’une valeur de 50 pesos, et tiré à 10 000 exemplaires, elle représente le mémorial du génocide des Arméniens à Érévan. Y figure aussi le myosotis, symbole du centenaire du génocide, ainsi que l’inscription « recuerdo y exijo » (Je me souviens et j’exige).

L’Arménie et Chypre

L’Arménie et Chypre ont procédé à l’émission conjointe d’un timbre-poste. Fait très rare, l’image diffère. Chypre a placé l’image de l’orphelinat Melkonian, de Nicosie,

qui avait commencé à accueillir les orphelins dès 1926. Valeur : 0,64 €. Tirage à 275 000 exemplaires. L’Arménie, de son côté, a publié un timbre d’une valeur de 350 drams à 60 000 exemplaires représentant des élèves posant devant le collège-orphelinat Melkonian.

Henry Morgenthau et le Near East Relief

Dans la Bibliothèque du Congrès américain a été lancée, par la Poste arménienne, l’enveloppe premier-jour du timbre de 300 drams (50 000 exemplaires) représentant Henry Morgenthau (1856-1946), l’ambassadeur américain en poste dans l’Empire ottoman pendant le génocide des Arméniens. Il avait dénoncé à de nombreuses reprises les crimes organisés par les Jeunes-Turcs contre la popula-tion arménienne.

Haypost a également procédé au lancement du timbre-bloc de 480 drams repré-sentant l’image de la déportation du géno- cide avec son enfant dans le dos. L’émis-sion à 20 000 exem-plaires porte l’inscrip-tion “Near East Relief” avec les phrases “America we thank you” (Amérique, nous vous remercions) et “Lest they perish” (Ne les laissons pas disparaître). Ce timbre a été réalisé avec le concours de Haïk Demoyan, directeur du Musée du génocide arménien à Érévan. ■

Krikor Amirzayan

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201538

Actualités Livres - CD - DVD

L’Arménie est un mystère. Présent dans notre imaginaire à travers la mémoire du génocide, l’héritage soviétique et les cimes enneigées du mont Ararat, ce pays méconnu a toujours fasciné. Récit d’un jeune auteur fier de ses origines armé-niennes, cet ouvrage mêle les senteurs et souvenirs aux témoignages d’historiens, d’intellectuels, mais aussi d’Arméniens ordi-naires pour restituer le périple de ce peuple trois fois millénaire. Un voyage littéraire et intime pour nous conter, cent ans après le génocide, une nation toujours confrontée au poids du mythe, des légendes et de sa précaire situation géopolitique entre l’Iran, la Russie et l’Azerbaïdjan. Ce petit livre

n’est pas un guide. C’est un décodeur. Il dit la foi viscérale et chaotique des Arméniens dans l’avenir, nourrie et occultée par le sou-venir de la tragédie de 1915. Pour nous faire partager la vie, les doutes et les rêves de l’Arménie d’aujourd’hui. Afin de mieux nous la faire comprendre.Spécialiste du Moyen-Orient, T. Yegavian, journaliste, collabore à de nombreuses revues et magazines. Voyageur et arpenteur de l’Arménie, il a pris le temps de goûter à des rencontres et des chemins de traverse.

Éditions NevicataISBN : 9 782 875 230 713 - 16 x 11,5 cm96 pages – 9 € - mars 2015

Arménie. À l’ombre de la montagne sacrée – Tigrane Yegavian Rencontres

Cet ouvrage présente les valeurs fondamen-tales qui, au fil du temps, ont construit l’édi-fice de l’identité collective arménienne. Les douze piliers choisis par l’auteur désignent les événements historiques majeurs et les personnes illustres qui, par leur action, ont ouvert une page nouvelle dans l’histoire du peuple arménien. R. Der Merguerian retrace l’historique de chacun des piliers comme valeur identitaire exclusive et montre leur présence aujourd’hui dans la vie quotidienne du peuple arménien. Il s’agit notamment du patriarche Haïk, fondateur de l’ethnie armé-nienne, du mont Ararat, symbole de l’Armé-nie éternelle, du règne de Tigrane II le Grand, roi qui a bâti un empire, l’adoption du chris-tianisme, la langue et l’alphabet arménien,

la bataille d’Avaraïr, l’épopée de David de Sassoun, Komitas, Sayat Nova, le génocide, la Première République indépendante. L’ou-vrage s’adresse aux lecteurs francophones qui souhaitent découvrir les valeurs domi-nantes du patrimoine national arménien ainsi qu’aux membres de la jeunesse arménienne de la diaspora. C’est un outil de transmis-sion des fondements essentiels qui forment l’identité nationale arménienne.L’auteur est professeur émérite de l’uni-versité de Provence où il a fondé la chaire d’études arméniennes, docteur honoris cau-sa de l’université d’Érévan. Il vit à Marseille.

Éditions Thaddée ISBN : 978-2-919131-18-1 - 22 x 14 cm 216 pages - 20 € - novembre 2014

Les douze piliers de l’identité arménienne – Robert Der Merguerian Histoire

Paule Henry Bordeaux (1903-1999) n’est âgée que de 27 ans quand est publié, en 1930, son premier roman, Antaram (L’im-mortelle) de Trébizonde, sous forme de feuilleton dans les colonnes du Figaro, et dans la foulée, en un volume édité par Albin Michel. Salué par la critique, le titre manque de peu le prix Femina. C’est la première fois qu’un auteur français retrace à travers une fiction au réalisme saisissant, deux pans de l’histoire moderne de l’Arménie : l’élimina-tion des Arméniens dans l’Empire ottoman en 1915, suivie de la lutte de libération na-tionale menée par ceux retranchés dans le Caucase. Lutte désespérée couronnée par un miracle géostratégique : la création de la République arménienne de 1918. C’est

grâce à ses talents conjugués d’historienne, de romancière et de grande voyageuse en Orient – elle a pu recueillir des témoignages de survivants en Syrie – que l’auteure a réussi ce coup de maître d’un étonnant mo-dernisme.P. H. Bordeaux s’est passionnée pour l’Orient et des personnages féminins singu-liers : Lady Stanhope, La sorcière de Djoun, Marie Stuart, reine de France et d’Écosse, Louise de Savoie, régente et « roi » de France. Grand prix Gobert de l’Académie française.

Éditions ThaddéeISBN : 978-2-919-1311-9-8 - 21 x 13,5 cm270 pages - 20 € - novembre 2014

L’immortelle de Trébizonde – Paule Henry Bordeaux Roman

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 39

Actualités Livres - CD - DVD

Si l’histoire du Haut-Karabagh, enclave arménienne perdue au cœur du Caucase est très ancienne, son émergence dans le monde géopolitique date de quelques décennies seulement ; ainsi Hélène Carrère d’Encausse pouvait en 1991 s’interroger : « Qui avant 1988 a jamais entendu parler, à l’extérieur de l’URSS, hors des cercles arméniens et azéris, du Haut-Karabagh ? » Encore aujourd’hui, et ce, en dépit du conflit

avec l’Azerbaïdjan, qui de 1991 à 1994 a fait environ 30 000 morts, l’information sur cette enclave arménienne reste confidentielle, et c’est l’apanage des ressortissants ou des

spécialistes de géopolitique.

Éditions Sigest

978-2-917329-72-6 - 21 x 15 cm

180 pages - 10 € - avril 2015

Haut-Karabagh. Élections et démocratie – Pierre d’Esperonnat Géopolitique

Ce livre – pièce capitale versée au dossier de ce que l’on désigne comme le génocide des Arméniens – relate ce procès des dirigeants Jeunes-Turcs tenu en 1919-1920, alors que la plupart d’entre eux avaient pris la fuite. Dans ce remarquable travail, les auteurs, l’un turc, l’autre arménien, ont travaillé ensemble sur les archives et documents de l’époque otto-mane et restituent toute l’ambiguïté de cette période charnière qui va de 1919 à la victoire de Mustapha Kemal. Une page d’histoire tragique minutieusement étudiée. En cette année de commémoration du centenaire du génocide des Arméniens, l’Association française des avocats et juristes arméniens (AFAJA), et l’Association belge des avocats et juristes arméniens (ABAJA) ont pris l’ini-tiative de faire traduire ce livre. Il leur parais-sait important de contribuer, en tant qu’asso-

ciations d’avocats, à la justice universelle, en faisant connaître l’impact historique et juri-dique du « procès des Unionistes ». Publié à l’origine en anglais, Jugement à Istanbul est pour la première fois traduit en français.Vahakn Dadrian, né à Istanbul en 1926, a été directeur de recherche sur le génocide au Zoryan Institute (USA). Son travail est inter-nationalement reconnu. Taner Akçam, socio-logue né en Turquie en 1953, est un des premiers intellectuels turcs à reconnaître le génocide arménien de 1915 et à en parler publiquement.

Éditions de l’AubeISBN : 978-2-815910-53-8 - 22 x 14,5 cm400 pages - 26 € - mars 2015

Jugement à Istanbul – Taner Akçam, Vahakn N. Dadrian Histoire

Le samedi 24 avril 1915 commence le pre-mier génocide du 20e siècle. 1,5 million d’Arméniens périssent, principalement sur leurs terres historiques d’Anatolie Orientale. Parmi ceux qui survécurent, certains gagne-ront l’éphémère Première République d’Ar-ménie. D’autres gagneront, dès 1921, des rivages plus cléments. Débarqués à Mar-seille, ils constitueront une main-d’œuvre docile dans la France d’après-guerre. Et lorsqu’éclatera la Seconde Guerre mondiale, la plupart n’hésiteront pas à combattre l’oc-cupant, que ce soit en France, dans l’Armée Rouge ou ailleurs. Après une longue période de silence, des cris s’élèvent à Érévan le 24 avril 1965 : « Nos terres ! Justice ! Résol-

vez la question arménienne ! » Cinquante ans après l’apocalypse, les habitants de la capitale arménienne commencent le combat pour la reconnaissance du génocide par les États et par l’héritière de l’Empire ottoman : la Turquie. Un siècle plus tard, l’auteur, d’ori-gine arménienne, se plonge dans le passé de l’Arménie et de ces souvenirs doulou-reux. Un essai qui permet de comprendre l’histoire et la mémoire de ce pays, alors que le débat autour de la mémoire du génocide a fait couler beaucoup d’encre en France.

Éditions du Rocher ISBN : 978-2-268077437 - 23,5 x 15,2 cm212 pages - 17,90 € - mars 2015

L’Arménie au cœur de la mémoire – Hélène Kosséian Essai

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 20154040

Actualités Livres - CD - DVD

Quand on évoque les Arméniens, on pense Aznavour, chrétiens d’Orient, montagnes et mont Ararat, églises et monastères, géno-cide, contentieux avec la Turquie, problèmes avec l’Azerbaïdjan, et conflit du Karabagh. Mais l’on se rend vite compte des limites de nos connaissances. De ce peuple que nous croyions connaître, nous n’avons en réalité qu’une perception réduite et embrouillée. Écrit par une spécialiste de l’Arménie, tant de sa mémoire que de son actualité, ce livre a l’intérêt d’exposer avec clarté et originalité la situation présente du peuple arménien, d’en révéler franchement les diverses fa-cettes, les débats qui l’animent, les combats qu’il mène, et les nombreux défis, souvent graves, auxquels il a à faire face.

Faisant écho à la commémoration du cente-naire du Génocide de 1915, ce livre est indis-pensable à ceux que son destin ne laisse pas indifférents.Séda Mavian est journaliste, correspondante à Érévan des Nouvelles d’Arménie Maga-zine. Historienne de formation, elle a colla-boré à L’histoire du peuple arménien sous la direction de Gérard Dédéyan. Elle est l’auteure d’un essai intitulé Ma mémoire du génocide, paru en 2012.

Éditions Henri Dougier ISBN : 979-10-93594-42-2 - 19,5 x 13,5 cm143 pages - 12 € - avril 2015

Les Arméniens 100 ans après – Séda Mavian Images de vie

Arax a 100 ans, elle est aveugle et avant de mourir raconte sa vie à sa petite fille, trans-mettant la mémoire d’une Arménienne de Constantinople née au 19e siècle, dont la vie, après une enfance très heureuse, a été bouleversée par l’Histoire. La Guerre mon-diale et le génocide de 1915 la poussent à fuir vers l’est de la Turquie, à Van, puis en exode à Érévan, en passant par Batoum, Tbilissi et Moscou aux prémices de la Révo-lution russe. Après un bref retour à Constan-tinople, elle doit à nouveau s’exiler à Paris où elle vit jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale, travaillant dans les ateliers de couture. Le génocide, dont elle est une des survivantes, et les aléas qui en découlent

vont lui faire perdre la trace de sa fille de 4 ans, pour la retrouver 25 ans plus tard sur les quais du port de Tanger. Arax raconte l’Histoire, entremêlée à son histoire,marquée par la quête incessante pour retrouver son enfant. Elle nous entraîne aussi dans ses histoires d’amour et évoque les person-nages pittoresques qu’elle a côtoyés (on y croise entre autres l’enfant Charles Azna-vour, le joaillier Jean Vendôme…)

Éditions ArcadiaISBN : 978-2913019898 - 20,5 x 14 cm320 pages - 20 € - juin 2015

Sonate arménienne – Franck Perrussel, Llatie Amor Sarkissian Roman

C’est l’épopée d’un homme, cofondateur de la Fédération révolutionnaire arménienne Dachnaktsoutioun, mais aussi les coulisses intimes du mouvement révolutionnaire, partagé entre l’International et la Cause du peuple du Yerguir. De Genève à Tiflis, d’Erze-roum à Constantinople, la figure de la Cause arménienne Ara Krikorian signe là une bio-graphie étonnante et stimulante.Christapor Mikaelian est le livre événement. D’abord parce qu’il permet de toucher du doigt l’un des acteurs les plus déterminants de la question arménienne d’avant 1915. Son humanité et son humanisme. Sa face solaire et ses affres. Un portrait de révolu-

tionnaire loin des mythes grandiloquents et loin des caricatures. Ensuite parce qu’il éclaire sur l’infinie complexité de la situa-tion des Arméniens et des mouvements révolutionnaires, arméniens ou non. Le mar-quage au fer rouge d’une triple empreinte dans l’idéal de progrès social : celle de l’anarcho-socialisme, du romantisme et du positivisme.

Éditions ÉdipolISBN : 9 782 913 444 041 - 25 x 13 cm320 pages - 24 € - octobre 2015

Christapor Mikaelian et le sultan turc. Le grand défi – Ara Krikorian Biographie

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 4141

Actualités Livres - CD - DVD

Aznavour, son éternelle jeunesse, son caractère trempé, mêlé de joie, de luci-dité et d’innocence. Une leçon de vie qu’il est prêt à partager, encore et encore. Et avec son nouvel album, justement intitulé Encores, comme un clin d’œil aux rappels que le public adresse parfois à l’artiste à la fin d’un concert. Cet album, Charles l’a écrit et composé lui-même. Abordant ses souvenirs (le single Avec un brin de nos-talgie), mais aussi la joie de vivre, de parta-ger des Encores avec ceux que l’on aime, tout simplement. Il y est aussi question de

sa jeunesse dans les rues de Montmartre, ses souvenirs avec Édith Piaf, du temps qui passe et de l’horreur de la guerre. Un album qui résonne comme un témoignage sincère, l’envie de transmettre aussi (le duo avec la révélation soul Benjamin Clementine sur You’ve Got To Learn, adap-tation de la chanson Il faut savoir).

Barclay label Emi ASIN : B00NU9VCK016 € - mai 2015

Encores – Charles Aznavour CD

Anatolie, 1915. Dans le tumulte de la Première Guerre mondiale, alors que l’ar-mée turque s’attaque aux Arméniens, le jeune forgeron Nazaret Manoogian est séparé de sa femme et ses deux filles. Des années plus tard, rescapé du géno-cide, Nazaret apprend que ses filles sont toujours en vie. Porté par l’espoir de les retrouver, il se lance dans une quête éper-due, ponctuée de rencontres avec des anges et des démons, du désert de la Mésopotamie aux prairies sauvages du Dakota... Fatih Akin : « C’est un projet très personnel. Du point de vue du contenu, le film est une sorte d’examen de conscience, et du point de vue de la forme, il traduit en effet ma passion pour le septième art, car il

tient à la fois de l’épopée, du drame, du film d’aventure et du western. »Bonus : « The Cut – les origines » : À travers des entretiens avec Fatih Akin et ses principaux collaborateurs, ce documentaire retrace la genèse du projet, les recherches historiques autour du sujet et les repérages pour le tournage du film.Spécificités techniques : DVD 9 – Zone 2 – PAL – Format Image scope (16/9 compatible 4/3) – Couleur – Son 5.1 – Version française et version originale sous-titrée français.

Dark Star, UniFrance films ASIN : B00U0H8ZXW - Durée 132 minutes20 € - mai 2015

The cut – Fatih Akin avec Tahar Rahim DVD

« L’Arbre est l’histoire de ma grand-mère Azniv Martirosyan. C’est elle qui m’a raconté le génocide de 1915 dont elle fut la seule survivante des 38 membres de ma famille. Involontairement, cela est devenu une partie de ma vie. J’étais si pro-fondément impressionné que j’ai le senti-ment d’avoir tout vu de mes propres yeux. Ses récits sur les massacres des enfants se sont imprimés dans ma conscience. Je me souviens que lorsque ma grand-mère me racontait son histoire, elle devenait parfois silencieuse et son visage restait distant, froid ; elle disait qu’elle ne se souvenait plus de rien. Plus tard, après sa mort, j’ai

compris qu’elle se souvenait de tout, mais qu’elle ne voulait pas gâcher notre insou-ciance d’adolescents avec ses récits d’hor-reurs perpétrés par le gouvernement turc. Après un siècle de séparation, je reviens en Anatolie qui fut autrefois l’Arménie occidentale, pour refaire le parcours de sa déportation. »En souscription jusque fin juin, au prix de 20 € pour le DVD avec bonus. Port gratuit. (Pour 5 DVD commandés, le 6e est offert). Commande auprès de Cinergie Produc-tions, 33, avenue des Pyrénées, 31650 Saint-Orens de Gameville. Tél. 06 11 74 31 47.

L’Arbre – Hakob Melkonyan DVD

Rubrique suivie par Danièle Agopian

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201542

FootballPiunig Érévan remporte la coupe d’Arménie

Au stade Républicain Vazken Sarkissian d’Érévan, Piunig Erévan s’est imposé 3-1 face à Mika Achtarak. Il remporte ainsi, pour la deuxième année consécutive, la Coupe d’Arménie. Razmig Hagopian a ouvert très tôt le score pour Piunig (4 min). Le Brésilien Alex a égalisé sur penalty (11 min). Razmig Hagopian a inscrit un deuxième but à la 32e minute. Puis Cesar Romero (36 min) creusait l’écart. Piunig Erévan remporte ainsi pour la huitième fois la coupe d’Arménie.

Le club argentin commémore le centenaire du géno-cide des Arméniens

Le club arméno-argentin Deportivo Armenio, qui évolue en championnat de deuxième division d’Argentine, a évolué avec un maillot noir, portant l’inscription « Je me souviens et j’exige » pour marquer le centenaire du génocide. Le club de football Deportivo Armenia a été créé en 1962 par des Arméniens d’Argentine. Il a, par le passé ; évolué en première division du championnat argentin.

Le club Ararat Érévan fête ses 80 ans

La plus célèbre des équipes du football d’Arménie l’Ararat Érévan a fêté son 80e anniversaire. Le 10 mai 1935 était fondé le club Spartak, rebaptisé Dynamo d’Érévan. Ce dernier prenait en 1963 le nom d’Ararat. Depuis, le palmarès d’Ararat est écrit en lettres d’or dans l’histoire du football arménien. Mais l’actuel club n’est que l’ombre de lui-même, qui fit rêver des millions de supporters armé-niens et des journalistes sportifs... tel qu’Aharon Boyadjian.

AlpinismeDes Arméniens au sommet de l’ElbrouzLe 8 mai, jour anniversaire de la libération de Chouchi (Haut- Karabagh) les alpinistes arméniens ont hissé, au sommet du mont Elbrouz (5642 m, Russie, Caucase) les drapeaux de l’Arménie et de l’Artsakh (République du Haut-Karabagh). Les cinq alpinistes qui ont triomphé de l’Elbrouz sont Édouard Sarkissian, Chouchanig Roupinian, Ardachès Mkrtchian, Vartan Khatchatrian, Nariné Zakarian.

Actualités Sports

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 43

Actualités Sports

Rubrique suivie par Krikor Amirzayan

Jeux panarméniensLes jeux de tous les recordsLes Jeux panarméniens, qui se dérouleront du 2 au 13 août en Arménie, dédiés au centenaire du génocide des Arméniens seront les jeux de tous les records. Ils se tiendront à Érévan et également à Stepanakert, Gumri, Vandzor, Abovian et Ardachat. De plus, le nombre des inscrits pour ces 6e Jeux panarméniens est déjà largement dépassé, et au lieu des dix disciplines sportives antérieurement inscrites au programme, elles seront au nombre de dix-sept.

ÉchecsMédaille de bronze aux championnats du mondeL’équipe d’Arménie masculine est médaille de bronze aux championnats du monde par équipe, qui se sont déroulés en Armé-nie. Les organisateurs avaient choisi, pour logo de ces compétitions, le myosotis, symbole du centenaire du génocide des Arméniens. L’équipe d’Arménie, arrivée en troisième position, était composée d’Arshak Petrossian (entraîneur), Levon Aronian, Gabriel Sarkissian, Sergueï Movsissian, Vladimir Hagopian, Hrant Melkoumian.

HaltérophilieTigrane Martirosyan, triple champion d’EuropeL’Arménien Tigrane Martirosyan (77 kg) est devenu champion d’Europe d’haltérophilie lors des championnats d’Europe de Tbilissi (Géorgie). Il conquiert ainsi, pour la troisième fois, ce titre. Il a soule-vé un total de 351 kg (160 kg à l’arrachée et 191 kg à l’épaulé-jeté). Un autre représentant de l’Arménie, Antranik Garabédian (19 ans) monte sur la troisième marche du podium. Tigrane Martirosyan a dédié son titre européen au centenaire du génocide des Arméniens. Toujours à Tbilissi, Sempad Markarian (56 kg) offrait également à l’Arménie un autre titre de vice-champion d’Europe.

TennisMargarita Gasparyan remporte un tournoi ITFL’arméno-russe Margarita Gasparyan a remporté le tournoi ITF (tournoi international féminin) de Croissy-Beaubourg (France) doté de cinquante mille dollars de prix. Margarita Gasparyan (20 ans) représentant la Russie s’est imposée en finale du tournoi sur le score de 6-3, 6-4 face à la Française Mathilda Johanson. C’est le troisième tournoi ITF remporté cette année par Margarita Gasparyan qui se classe au 168e rang des meilleures joueuses au monde.

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201544

Plus de 70 millions de fans dans le monde, 1292 millions d’heures jouées en cumulé par an, un jeu online en free to play devient un véritable sport.

Bienvenue dans l’univers fascinant et étrange de LOL.

LOL, kezako?LOL est l’abréviation de League Of Legends pour les initiés. À l’instar des échecs, c’est un jeu de stratégie qui se déroule sur une carte et où les joueurs sont en opposition pour s’emparer de la base adverse. C’est une opposition pour la plus populaire en 5 vs 5. Vous êtes un invocateur et vous avez le choix entre un poste à prendre (tank, mage, tireur, support et jungle) et des champions différents avec des talents particuliers. Le but de cet article n’est pas de développer les actions de jeu ou les postes, c’est de vous présenter ce qui est considéré comme un sport, ses compétitions, et faire un léger focus sur un champion mondial russe d’origine arménienne, Éduard Abgaryan.

Éduard Abgaryan.

Un jeu un sportLancé en 2009 comme un simple jeu online (en ligne), très vite le phénomène prend de l’ampleur. Passant très rapidement de 1,2 million de joueurs dans le monde à 12 millions, des compétitions apparaissent et des équipes se forment. Au départ, les joueurs peinent à vivre de leur

art (400 dollars pour 90 heures de jeu/semaine), jusqu’à ce que l’éditeur du jeu lance les LCS. Inspiré du modèle de NBA américaine, les meilleures équipes s’affrontent sur huit matches chaque week-end. Ceux-ci sont rediffusés sur une chaîne Internet propre au jeu et sont suivis régu-lièrement par plus de cent mille spectateurs. Dès lors, les sponsors se manifestent (récemment un contrat entre une team et Coca-Cola a été signé… Mais le montant reste à ce jour secret) et les joueurs les plus cotés avoi-sinent cinquante mille dollars de revenus annuels (le plus gros contrat étant de sept cent mille dollars par an). À ce titre, ce drôle de sport comporte également son mercato. Les transferts pour composer la meilleure team sont régu-liers, surtout que les vainqueurs du championnat se voient attribuer une prime de un million de dollars !

Il est à noter que ce jeu est très populaire auprès de la jeu-nesse en Arménie et des diasporans. Il suffit de prendre le temps de chercher les groupes de joueurs d’origine armé-nienne ou arménien via Facebook pour se rendre compte de l’ampleur et de la popularité du jeu. (NDLR Nous vous invitons à interroger les adolescents de votre entourage et voir s’ils connaissent le jeu… Notez la surprise dans leurs yeux que vous veniez sur leurs terrains de sport). Et dans cet univers parallèle, un joueur se distingue, considéré comme le meilleur du monde à son poste : Éduard Abgaryan…

Quand Éduard devient EDWARDVous vous souvenez qu’en début d’article nous vous exposions les différents postes de jeu… Notre champion est support. Son rôle est de donner la vision du jeu, de diriger l’équipe vers les objectifs, d’indiquer les timers, mais surtout de protéger le tireur (appelé ADC). C’est donc un rôle-clé, très complexe à jouer puisqu’il est le stratège de l’équipe. Edouard a commencé le jeu en 2009 pour rapidement passer à plus de soixante-dix heures de jeu hebdomadaire. Très vite repéré, il intègre une première team russe, pour laquelle il a joué pendant deux ans, avant d’être recruté par des équipes américaines. (http://lol-fr.gamepedia.com/Edward) Considéré comme un support agressif, son style de jeu devient une référence pour des milliers de fans, et sa popularité ne cesse d’augmenter. Devenu incontournable sur la scène mondiale, il est une légende de LOL.

Alors geek ou pas geek ?À la suite de cet article, êtes-vous tenté par l’expérience LOL. Vous en apprendrez les complexités, les stratégies infinies de jeu… et aurez peut-être des interrogations nou-velles sur le pourquoi de ce sport. À vous de jouer, d’en parler avec vos enfants ou petits-enfants… Et de partager, au-delà des générations, l’esprit du sport dans le jeu. ■

François-Marie Markarian

Un phénomène mondial : League of Legends

Sports

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 45

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201546

Paris, Île-de-France Paris (75) Jusqu’au 25 août : exposition sur la Mésopotamie

Les Archives nationales accueillent l’exposition Mésopotamie, carrefour des cultures ; Grandes Heures des manuscrits irakiens (XIII-XIXe siècles), jusqu’au 24 août. À l’occasion du huitième centenaire de l’Ordre dominicain, il s’agit de retracer la mission des frères prêcheurs en Mésopotamie, berceau de l’écriture, des civilisations urbaines et de la chrétienté. Parmi les pièces inédites, sept fac-similés de manuscrits irakiens, patri-moine culturel de l’humanité.Info : www.archives-nationales.culture.gouv.fr

Du 30 juin au 4 juillet : semaine d’études arméniennes

Cette semaine d’études arméniennes organisée par la Croix bleue des Arméniens de France se déroulera à la Maison des étudiants arméniens de Paris. Les thèmes et intervenants sont les suivants : le génocide des Arméniens, ou comment construire un État-nation turc « homogène », par Haroutioun Kévorkian ; Le front du Caucase, par Claire Mouradian ; Les relations diploma-tiques, par Claire Mouradian ; La littérature arménienne de

la catastrophe, par Krikor Beledian ; La caricature dans la presse en 1915, par Haigouhie Guévorkian ; Les peintres arméniens témoins du génocide, par Anna Leyloyan-Yek-malyan.

Alfortville (94) Agenda des commémorations du centenaire du géno-cide des Arméniens

De mi-septembre à mi-novembre : exposition « Je me souviens »Aghet signifie catastrophe en arménien et désigne le génocide des Arméniens. Cette exposition aborde cette problématique par des angles d’approches différents : la mémoire, l’image, l’identité, le négationnisme.Centre d’art contemporain, La Raverse, 9, rue Traversière.

Du 11 au 19 septembre : « 1890-1920, la presse française et le génocide des Arméniens »Exposition axée sur la manière dont la presse française s’est fait l’écho du génocide des Arméniens. Cette exposition retrace l’émergence du mouvement arméno-phile au sein de la presse et des mouvements intellec-tuels français. Médiathèque du Pôle culturel.

25 septembre – 21 h : soirée-débatSur le thème « Restitution des biens de l’église arménienne en Turquie, premiers pas vers les réparations du génocide des Arméniens », cette conférence-débat, organisée par le FRA, traitera plus généralement de la thématique des compensations auxquelles le peuple arménien est en droit de prétendre en réparation du génocide perpétré en 1915. Maison de la culture arménienne (MCA).

ItalieDu 1er au 20 août : cours de langue et de culture armé-nienne à VeniseL’association Padus Araxes organise des cours intensifs de langue et de culture arméniennes cet été à Venise. Arrivée à Venise les 1er, 2 août et pour un départ le 21 ou le 22 août. Les cours sont répartis sur quatre niveaux. Le montant de l’inscription est de 700 €. Possibilité de logement dans une Maison de l’étudiant à Venise même.Rens. : [email protected]

RégionsAgenda

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 2015 47

Rhône-Alpes Grenoble (38) Septembre : voyage « cérémonie du Muron »L’intérêt du voyage sera d’assister à cette bénédiction qui se déroulera le 27 septembre à Etchmiadzine. Le coût approximatif du voyage s’élève à 700 € par personne hors prise en charge du transport. Rens. 04 76 00 95 50 - [email protected]

Jeudi 8 octobre à 18 h 30 : conférenceSmyrne 1922 « Nous nous rendions souvent visite ». Parcours historique et culturel. Maison de l’international. Grenoble.

Lyon (69)Du 16 au 28 novembre : expositionExposition sur les orphelins du génocide des Arméniens « Nous sommes l’avenir » à la mairie du 3e.

Valence (26)Agenda du Centre du Patrimoine arménien [CPA)

Exposition « Nous sommes l’avenir » : du 8 au 20 sep-tembreConsacrée au sauvetage des orphelins par des organisa-tions arméniennes et internationales, ainsi qu’aux orphe-linats établis en France pour les accueillir, cette exposi-tion exceptionnelle mêle de façon inédite photographies d’archives, documents familiaux et travaux réalisés par de jeunes orphelines entre 1918 et 1923. Organisée en six séquences thématiques, elle permet de retracer briève-ment le contexte dans lequel s’est déroulé le génocide, et plus longuement le sort des enfants rescapés, les enjeux liés à leur sauvetage, à leur éducation et leur établisse-ment en France. Plus qu’une simple exposition, « Nous sommes l’avenir » se veut un hommage des descendants à ces femmes et ces hommes privés d’enfance, à leur courage et à leur mémoire.

Conférence « La mémoire est-elle soluble dans le droit ? » : octobreContrairement à ce que l’on a pu lire, le débat français sur les lois dites mémorielles n’est pas clos. Pour preuve, le nombre de commentaires suscités par le dernier épisode d’un feuilleton qui divise l’opinion depuis une décennie : la censure, par le Conseil constitutionnel, de la loi Boyer de 2011 visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides. Conférence par Sévane Garibian, docteure en droit.

Saint-Martin-D’Hères (38)Du 15 au 22 septembre : expositionExposition le Golgotha des femmes, place du 24 avril.

PACAMarseille (13)Juillet : exposition de collages et de patchwork « Hommage à Komitas » (Maison de la Région - S’Art).15-16 septembre : colloqueColloque « 1915-2015, la question du génocide aujourd’hui et demain en Turquie » avec Gérard Chaliand, Charles Villeneuve, Richard Ghévonkian, Hamit Borzaslan (Univer-sité Aix Marseille).20 septembre : célébration œcuméniqueCélébration dédiée aux victimes du génocide des Armé-niens, en présence de Mgr Pontier et des dignitaires religieux de Marseille (cathédrale de la Major).

Avignon (84)Fête champêtre le 19 juillet L’association franco-arménienne d’Avignon et sa région or-ganise une Tachtahantess au centre sportif de la Souvine, route de bel air (dispositions prises en cas de mauvais temps). Animation D. Ohanessian et M. Vemian : variétés et musique arménienne, stand de livres et souvenir, bar, buffet arménien, grillades, concours de boules et tombola.

AquitaineBiarritz (64) Septembre : conférence« Analyse du régime turc, le négationnisme d’État » par Erol Ozkaray, politologue turc, conseillé en communica-tion politique, journaliste.

10 octobre (16 h) : conférencePinar Selek, sociologue turque, torturée et condamnée dans son pays pour sa liberté d’expression, présentera et signera son livre sur le génocide « Parce qu’ils étaient Arméniens ».

Midi-PyrénéesToulouse (31)Samedi 26 septembre : cinémathèque 18 h, courts-métrages- Chienne d’histoire, de Serge Avédikian (12 min)- Manoug, le sans souci, de Bernard Sémérdjian (24 min) - Les chemins arides, d’Arnaud Khayadjanian (70 min)19 h 30 Échanges avec S. Avédikian et B. Sémerdjian20 h Buffet arménien21 h Film Une histoire de fou de Robert Guédiguian.

Montauban (82)Du 15 au 31 juillet : expositionExposition : Arménie, la foi des montagnes, réalisée par l’Œuvre d’Orient, en la cathédrale de Montauban.

Albi (81)Du 1er au 15 août : expositionExposition : Arménie, la foi des montagnes, réalisée par l’Œuvre d’Orient, en la cathédrale d’Albi. ■

Agenda Régions

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201548

Paris Île-de-FranceParisCoup d’éclat du Nor Seround

Au Salon du livre de Paris, le 8 mars, la FRA Nor Seround a dénoncé la promotion d’un criminel de génocide au stand de la Turquie et le traitement réservé aux écrivains et aux éditeurs en Turquie. En effet, parmi les livres présentés par la Turquie figurait un ouvrage glorifiant Djemal Pacha, l’un des commanditaires du génocide des Arméniens de 1915. Les passants se sont joints à la protestation en applaudissant et en reprenant les slogans pour la liberté d’expression en Turquie. En quinze minutes, ce mouve-ment a atteint plus de cent personnes.

Concert du chœur de Notre-Dame d’Arménie

Deux concerts ont été donnés à Paris en avril, en les églises Saint Thomas d’Aquin et Saint Philippe du Roule par le chœur Notre-Dame d’Arménie, composé entre autres de 34 jeunes filles de l’orphelinat Notre-Dame d’Arménie. Sous la direction du Maestro Robert Mlkeyan, les artistes ont interprété les grands classiques de la musique arménienne et des œuvres européennes.

AntonyL’aigle d’Arménie au parc de SceauxLe club franco-arménien d’Antony a procédé, le 11 avril, à l’installation de l’Aigle d’Arménie, une œuvre de Rast-Klan Toros, au parc de Sceaux administré par la ville, représentant un aigle avec un corps d’homme, symboli-sant la force d’un peuple vivant malgré le génocide. Une réalisation permise grâce à quatre-vingt dix-sept dona-teurs. Plus d’une centaine de personnes était présente autour de Patrick Devedjian, député des Hauts-de-Seine et président du Conseil du département, Jean-Yves Sénant, maire d’Antony, Wissam Nehmé, président du club.

Marie et Toros, une vie consacrée à l’art.

SarcellesSignature d’une charte d’amitié

Sarcelles a signé une charte d’amitié avec la ville Martakert, situé au Haut-Karabagh, en présence du président du Haut-Karabagh, Bako Sahakian, et de l’ambas-sadeur d’Arménie en France, Viguen Tchitetchian. Cette signature intervient à l’occasion du centenaire du géno-cide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens. Les chré-tiens d’Orient sont plus de dix mille dans le Val-d’Oise.

Actualités Régions

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Rhône-AlpesValenceDavid Lussakian, une voix remarquable

Né en 1987, cet auteur-compositeur-interprète se pro-duit dans la communauté arménienne depuis dix ans, en France et en Europe, pour les fêtes, mariages et soirées privées. Ses parents sont originaires d’Istanbul, qu’ils ont quitté en 1980 pour la France. Son inspiration se nourrit des choses vécues, de l’amour et des émotions de la vie. Il fait également des reprises, interprète du gospel. Son premier album est sorti en 2014. Un deuxième est en préparation, ainsi qu’un projet de film. Sa philosophie : « J’ai une «voix», je dois donc créer et offrir le meilleur. » On peut retrouver ses chansons sur YouTube et sur son site www.davidlussakian.com.

Montélimar Affluence à la conférence d’Annie et Jean-Pierre MahéPlus de cent vingt personnes étaient présentes à la salle Saint-Martin, à l’invitation de l’association Mémoire et Culture Arméniennes de Montélimar et ses environs, présidée par Régis Panossian, et Philippe Kélédjian, à l’initiative de la conférence. Les historiens Annie et Jean-Pierre Mahé ont montré comment, après le génocide des Arméniens, la Nouvelle République d’Arménie (1918-1920) a dû se construire face aux problèmes économiques (famine, misère) et géopolitiques, compte tenu des alliances occidentales et orientales dont elle s’est trouvée exclue.

Régis Panossian au micro, président de l’association Mémoire et Culture Arméniennes de Montélimar

avec à droite Annie et Jean-Pierre Mahé.

Actualités Régions

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AZAD magazine n° 150 - 2e trimestre 201550

Actualités Régions

LyonLe mémorial du génocide vandalisé

Le mémorial du génocide arménien, situé place Antonin Poncet, à côté de la place Bellecour à Lyon a été recou-vert par endroits de tags insultants et orduriers. Ce n’est pas la première fois que le mémorial est vandalisé. Ce monument, qui avait été érigé avec le soutien de la ville, avait fait l’objet, au moment de son inauguration en avril 2006, d’une manifestation de protestation initiée par les organisations négationnistes de la région, visiblement encadrées par les services turcs.

DécinesExposition sur Napoléon Bullukian

Le Centre National de la Mémoire Arménienne a présenté, en mars, l’exceptionnel destin de Napoléon Bullukian (1905, Arménie - 1984, Lyon). Victime du génocide, orphelin, déporté puis vendu comme esclave, Napoléon Bullukian rejoint la France, puis Lyon où il bâtit un immense empire industriel et patrimonial. Info : http://www.cnma.fr/wordpress/?p=1136

Réception des étudiantes de l’UFAR

Jacques Garabédian, chargé de mission UFAR Rhône-Alpes - UGAB, avec les étudiantes de l’UFAR.

Pour la sixième année, l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB) de Lyon a accueilli, en mars, la nouvelle promotion d’étudiantes de l’Université Française en Arménie (UFAR), en présence de Georges Képénékian, premier adjoint, représentant Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et de Jean-Jacques Montois et Arayik Navoyan, recteur et vice-recteur de l’UFAR. Au nombre de sept, elles ont été affectées à Lyon et Grenoble dans les disciplines du droit, du marketing et de la gestion. Entre-prises lyonnaises partenaires : Odile Belinga et Véronique Dor, Damaris, Keolis, et Sytral, entreprises grenobloises : Marianne Experts et Raise Partner.

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Provence-Alpes-Côte d’Azur CannesGuédiguian a présenté son dernier film sur le génocide arménien à Cannes

Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride. Le réalisateur marseillais Robert Guédiguian a présen-té son dernier film, Une histoire de fou, au Festival de Cannes. Un long métrage présenté en séance spéciale hors compétition. Le film est consacré au génocide des Arméniens. Une histoire de fou commence par un pro-logue, qui raconte l’assassinat, en 1921, à Berlin, de Talaat Pacha, principal organisateur du génocide arménien, par Soghomon Tehlirian, survivant du génocide. L’histoire se poursuit soixante ans plus tard, dans les années 80. Aram (Syrus Shahidi), fils de Hovannès (Simon Abkarian) et Anouch (Ariane Ascaride), jeune marseillais d’origine arménienne, fait sauter la voiture de l’ambassadeur de Turquie à Paris. Un cycliste qui passait par là, Gilles (Grégoire Leprince-Ringuet) est gravement blessé aux jambes. Aram part ensuite rejoindre l’Asala (Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie) à Beyrouth, groupe armé qui commet des attentats et veut forcer le gouverne-ment turc à reconnaître le génocide. Pendant ce temps, sa mère va se rapprocher de Gilles. « Je me sentais comme une obligation, comme une responsabilité à faire ce film-là. Je crois que les cinéastes, les intellectuels, les chanteurs, les leaders d’opinion ont des responsabilités. » a déclaré Robert Guédiguian.

MarseilleDécès de Varoujan Christian Artin, figure em-blématique de l’association ARAM

Varoujan Christian Artin.

Varoujan Christian Artin est décédé accidentellement, victime d’une mauvaise chute alors qu’il aidait des amis à la construction d’un cabanon dans les calanques de Marseille. Militant de longue date de la cause arménienne, il avait intégré il y a quelques années le conseil d’adminis-tration d’ARAM http://webaram.com/ (Association pour la Recherche et l’Archivage de la Mémoire arménienne) qu’avait fondée son père Garbis Artin. Pour la mémoire arménienne, il avait mis ses pas dans ceux de son père, décédé lui aussi prématurément le 27 mars 2012. Un homme qui avait consacré une bonne partie de sa vie à collecter et classer les pièces du patrimoine arménien (photos, papiers d’identités, affiches, presse). Sous l’impulsion de Varoujan, l’association avait gagné une place prépondérante dans le paysage arménien. Spécia-liste reconnu internationalement des nouvelles technolo-gies et d’internet, Varoujan avait mis son intelligence et son savoir-faire au service de cette œuvre qui s’était, entre autres, traduite par la numérisation des journaux arméniens, depuis Pro Armenia jusqu’à Haratch. Indépen-damment, Varoujan était connu pour être « quelqu’un de bien ». Intelligent, sensible, humble, réfléchissant avec sa tête, sans préjugés, il était aimé par tous ceux qui avaient eu la chance de croiser son chemin. ■

Rubrique suivie par Danièle Agopian

Actualités Régions

Ont collaboré à la rubrique Actualités Régions : Krikor Amirzayan, le Conseil communautaire arménien de la Côte d’Azur, Édouard Pehlivanian, Jeanne Sétian.

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35 € M. Albert Kemikian. 30 € MM. Mmes Hatchatour Andonian ; Haroutune Antreassian ; Armand Atamian ; Gérard Atamian ; Madeleine Basmadjian ; Jean-Jacques

Beligon ; Bernard Calandar ; Hubert Chabuel Tourian ; Dikran Deirmendjian ; Eghya Demirdjian ; Marie Hamandjian ; Archavire Hamparian ; Edmond Robert Hampartzoumian , Rose Hennebois, Hosrof Christophe Iliozer ; Georges Jamagotchian ; Madeleine Kalaydjian ; Alice Kanedanian ; Roland Karaguzelian ; Edouard Kelindjian ; Davross Kentouni ; Pakra Karibian ; Jean-Pierre Kibarian ; Robert Mamourian ; Henri Massiès ; Edmond Mikaélian ; Stéphane Nazarian ; Laura Ohannessian Pierrard ; Vartkès Ounanian ; Pauline Poulet ; Robert Samoian ; Béatrice Scappucci ; Jacques Simonian ; Henri Surenyan ; Anna Tavitian ; Valentin Tchiboukérian ; Georges Torossian ; Marie-Josephe Zakarian. Association R.A.F.E.. ■

Liste arrêtée au 31 mai 2015. Rubrique suivie par Gisèle Nier

Erratum - dans le n° 149, il fallait lire : 45 € : Consulat Général d’Arménie Lyon

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AZAD magazine n° 149 - 1er trimestre 201552

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