magazine arts martiaux budo international avril 2014

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Le magazine international dédié aux Arts Martiaux traditionnels, sports de combat et self-défense. Téléchargement gratuit. Édition Online Avril 2014. 271 Année XXIII

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Le DVD «Krav Maga Recherche etDéveloppement» est né de la volonté de 4spécialistes du Krav Maga et des sports decombats, Christian Wilmouth et FaustinoHernandez, Dan Zahdour et Jérôme

Lidoyne. Ces derniers sont à ce jour à latête de plusieurs clubs et d’un

groupe d’une vingtained’instructeurs et moniteurs

multi-disciplines allant duKrav Maga au MMA. CeDVD n’a pas pour but demettre en avant, ni unenouvelle méthode ni uncourant spécifique deKrav Maga. Il s’agitjuste là, de présenterun programme de KravMaga axé sur

l’importance du«contenu» et le partage

de nos expériences.

REF.: ¥ KMRED1REF.: ¥ KMRED1

Tous les DVDs produits par Budo

International sont scellés au moyen

d’une étiquette holographique

distinctive et sont réalisés sur support

DVD-5, format

MPEG-2 (jamais VCD, DICX ou

similaires). De même, l’impression des

jaquettes ainsi que les sérigraphies

suivent les plus strictes exigences de

qualité. Si ce DVD ne remplit pas ces

critères et/ou si la jaquette ou la

sérigraphie ne coïncide pas avec celle

que nous vous montrons ici, il s’agit

d’une copie pirate.

Budo international. netCOMMANDES :

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Le KMRED s'est lui aussiconstruit en repensant et enmélangeant différentesapproches de Krav Magaconçues au cours de ces dixdernières années. Mais il y aun point sur lequel nousinsistons. Il s'agit des basesdont doit disposer lepratiquant de Krav Magamoderne.

KRAV MAGA RED Chorégraphies d'action made in Hong Kong &

Amérique. Spectacularité ou crédibilité. Anciennement,les Américains ne croyaient pas dans la continuité et laspectacularité, i ls préféraient baser leurs idéeschorégraphiques sur quelque chose de plus réel etcrédible. Les Chinois, et en particulier Jackie Chan,offrirent un style sans répits, avec des mouvements, deschutes, recevoir et frapper en même temps, puis unegrande scène où l'acteur se jouaient littéralement la vie,suivi d'un autre combat frénétique… vous étiez fatiguésrien que d'y penser.

CINEMA D'ARTS MARTIAUX

Les points de pressiontactiques du CombatHapkido - Activation de lacible. Dans ce dernierarticle sur les points depression tactique (PPT) duCombat Hapkido,Pellegrini va nous parlerdes méthodes et desprincipes d'activation de lacible anatomiqueappropriée, ainsi que del'importance de l'intention.Une attention particulière

et un examen constant de ce matériel vouspermettront d'améliorer considérablement et deperfectionner vos techniques et leurs applicationsau combat.

COMBAT HAPKIDO

Voir au-delàdes formesComme on

dit : « Queserait lemonde si nousaimions tousle jaune ! ».Autrement dit,i l est trèsimportant quechacun ait une

pensée, une idée et un raisonnement sur la vieet ses manifestions. Sous le regard desspécialistes orientaux, cela nous conduiraitpeut-être au concept du karma, comme lignedivisoire des événements.

THE SHIZEN TRADITION

L'un des plus grandsmalentendus de la légitimedéfense, c'est que, si on sesent menacé, il faut attaquer. Ils'agit d'une idée absolumentfausse. Pour illustrer cela, AviNardi sous expliquera lesdifférents types d'engagement.Il existe essentiellement troistypes : militaire, policier et civil.

KAPAP COMBATIVES

Qissi est un acteur caméléonesque qui a incarnéun certain nombre de personnages secondairesdans les premiers films de Van Damme. En plus dedonner vie à Tong Po dans Kickboxer, il interpréta leboxeur thaï brésilien dans Bloodsport qui affronte,dans un combat effrayant, Chong Li/Bolo Yeung.Mais qui est ce personnage ? Qui est MohamedQissi ?

CINEMA D'ARTS MARTIAUX

Parmi les éternelleslectures recommandéespour connaître l'espritoriental, en particulier celuidu Japon, ne peut manquerle classique de KakuzoOkakura, Le Livre du thé.Cette merveille de texte,écrit d'abord en anglaispour qu'une minorité

découvre le sens profond du thé en Orient, est devenuune œuvre littéraire de premier rang et un best-seller.

LE LIVRE DU THE

Hoonsanim AlbertoGamboa est l'un despionniers du Hankido dansle monde. Son intérêt, sonamour et son dévouementpour la culture coréenne àtravers le Hankido lui ontvalu le titre de Hoonsa,autrement dit professeurtraditionnel de Hankido quidomine les huit chemins(Hosindobop, Muyedobop,Sujokdobop, Kiokkidobop,K i h a p d o b o p ,B y o n g s o o l d o b o p ,S o o c h i m d o b o p ,Hwansangdobop).

HANKIDO

BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDEBudo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revuespécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagniesspécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

Une production de: Budo International Publishing Company

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Cela fait des années que DmitrySkogorev diffuse ce système dans lemonde entier et i l a déjà lareconnaissance de la communautémartiale, mais beaucoup de lecteurs nesont pas familiarisés avec son travail. Jepense que ce nouveau DVD sera uneexcellente occasion d'admirer etd'apprendre, beaucoup plus enprofondeur que dans ses précédentesvidéos, les thèses et les concepts quirendent ce système si différent et ont déjàétonnés les pratiquants d'autres styles.

DMITRI SKOGOREV SYSTEMA

Créez votre propre arme improvisée !L'utilisation d'un objet quotidien pourla défense personnelle peut améliorerconsidérablement vos possibilitésdurant une attaque. Dans cet article,je vais parler des armes improviséeset je vous donnerai quelquesexemples de la manière de lesconfectionner.

SDS-CONCEPTLa self-défense pour les

femmes doit répondre àcertaines exigences. Elledoit être simple, efficace etréaliste. L'Eskrima peut êtretrès simple, efficace etréaliste, mais peu defemmes pratiquentl'Eskrima. L'une desraisons, c'est que beaucoupde femmes semblentpenser qu'elles ne peuventpas porter un bâton dans larue. L'Eskrima est souventpratiqué par des personnesayant déjà une expériencedans d'autres sports decombat.

ESKRIMA

Notre collaborateur régulierSalvador Herraiz, ferventdéfenseur de Karatétraditionnel en accord avec lesprincipes de Dojokun, nousapporte aujourd'hui un dueldialectique amical avec leprincipal représentant duKaraté sportif, Antonio EspinosOrtueta, président de laFédération mondiale deKaraté.

WKFAvez-vous besoin d'un professeur

toute votre vie ? Il y a quelques mois,j'ai lancé dans mon association, laTAOWS Academy, un projet qui j'avaisdéjà à l'esprit depuis un certain temps.J'ai l'appelé TAOWS Lab. Dans lelaboratoire, nous essayons de faire desprogrès dans l'étude de cet art decombat fascinant.

WINGTSUN

Andreas Hoffmann est lereprésentant officiel pourl'Allemagne de RicksonGracie. Lorsque le premierUltimate FightingChampionship (UFC) a eulieu à Denver le 12Novembre 1993, l'attentionde tout le monde des artsmartiaux fut attirée sur un

nouveau style, alors inconnu pour la plupart, le Jiu-Jitsubrésilien de la famille Gracie.

WENG CHUN KUNG FU

L e stechniques duL é o p a r dexercent lavitesse, lacoordination etl ' e n du r a n c e .Elles sontbasées sur laphilosophie del'élément métalet sont utiles enc o m b a t

rapproché. Le léopard se bat puissamment eten courte distance. Contrairement au tigre quiutilise son immense pouvoir d'attaquer, leléopard est plus agile et explosif.

SHAOLIN HUNG GAR KUNG FU

REDACTION: c/ Andrés Mellado 42, 28015 Madrid, Espagne. Tél: (34) 91 897 83 40, Fax: (34) 91 899 33 19, E-mail: [email protected] • Directeur

de publication: Alfredo Tucci, e-mail: [email protected] • Coordination Internationale: Alfredo Tucci • Service publicité: (+34) 91 549 98 37. • Correspondants

permanents: Don Wilson, Yoshimitsu Yamada, Cass Magda, Antonio Espinós, Jim Wagner, Coronel Sanchís, Marco de Cesaris, Lilla Distéfano, Maurizio Maltese,

Bob Dubljanin, Marc Denny, Salvador Herraiz, Shi de Yang, Sri Dinesh, Carlos Zerpa, Omar Martínez, Manu, Patrick Levet, Mike Anderson, Boulahfa Mimoum,

Víctor Gutiérrez, Franco Vacirca, Bill Newman, José Mª Pujadas, Paolo Cangelosi, Emilio Alpanseque, Sueyoshi Akeshi, Marcelo Pires, Angel García, Juan Díaz.

• Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Les documents reçus sont conservés par la rédaction et ne sont pas rendus à leurs expéditeurs. Leur envoi

implique l’accord sans réserve d’aucune sorte pour leur publication.

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e-bunto est une science et l’art d’apprendre àutiliser de manière ordinaire les forcesinvisibles et les habiletés extraordinaires quepossèdent tous les êtres humains.Nous sommes tous faits de la même pâte.

Nous sommes des masses vibrantesd’énergie et de conscience qui possèdent un parcoursunique, celui de l’esprit qui nous alimente et nous anime.Nous parcourons les laps d’espace-temps qui nouscorrespondent et que nous appelons vie, nous nousmélangeons, nous interagissons et nous nous réajustons et,dans le meilleur des cas, nous apprenons comment polir lediamant brut que nous sommes et qui nous a été remis.Comme le sculpteur qui cisèle la pierre, nous retirons petit àpetit les parties qui occultent la merveille qui cache notreessence en son intérieur, terminant chacun notre œuvre avecune empreinte particulière.Les être humains sont capables de perceptions

merveilleuses, au-delà de nos sens habituels. Nous pouvonsentrer en contact avec des dimensions qui habitent le mondespirituel, avec des énergies mystérieuses, avec des forcescolossales et interagir avec elles. De fait, nous le faisonscontinuellement, activement ou passivement, mais la plupartdu temps sans en avoir conscience. L’extraordinaire pourtant,met parfois en lumière ces ressources, de façon inattendue,faisant briller la magie de l’invisible, au-delà de la normalitéque nous nous sommes octroyé. Parce que la réalité n’est riend’autre qu’un consensus culturel dans un cadre biologique etsocial. À travers elle, nous communions continuellement avecces cercles vicieux que sont la culture et l’éducation.Transgresser les limites de ce patrimoine est la base sine quanon de toute sagesse, le commencement de lacompréhension pour toute personne éveillée. Le monde estcependant peuplé d’endormis qui mangent, boivent, chient etse reproduisent continuellement, sans questionner le moins dumonde leur cadre d’existence et de conscience.L’e-bunto enseigne à reconnaître les énergies et les

tensions qui interagissent dans l’Univers et comment lestoucher. Il nous permet de reconnaître la nature et lestendances de ces forces, de toutes les traiter sans les juger,avec respect et lucidité. L’objectif de l’e-bunto a transcendéleurs intentions primaires, comme outil d’une culture assiégéepar des ennemis supérieurs en nombre, pour devenir avec lesannées un véhicule de perfectionnement, de sagesse et decroissance personnelle. Mais contrairement à d’autres outilsde sagesse, l’idée d’amélioration qui émane de l’e-bunton’est pas celle d’un perfectionnement par rapport à unmodèle ou à une morale, il s’agit plutôt d’agir de manièreresponsable et conséquente dans les choix que chacun fait.Cette idée apparaît clairement exprimée dans leur manièreparticulière d’affronter la philosophie, le Huzu (littéralement,l’intégration avec le spirituel).Contrairement à l’idée qui se dégage de la philosophie

occidentale (un échantillon continu de pensées plus ou moinsbrillantes de nombreux personnages sur tout ce que vouspouvez imaginer), les Shizen développèrent un systèmed’outils pour que quiconque, à sa manière, puisse construiresa réalité à partir de ses propres valeurs. Voyons, en guised’exemple, l’un de ces points pour comprendre ce à quoinous faisons référence.

Pour le Huzu, tout, absolument tout, peut être encadrédans l’un de ces trois points d’appui qu’ils appelèrent les troispiliers de la vie : le temps, le mouvement ou la stagnation.Face à n’importe quoi : soit vous intervenez, soit vous vousabstenez d’intervenir, soit vous laissez le temps faire sontravail. Ces encadrements, apparemment simples,contrairement aux formulations des philosophiesoccidentales, parviennent à faire en sorte que l’individupuisse analyser n’importe quel aspect de lui-même ou de cequi l’entoure pour situer lucidement la « réalité » à l’endroitexact où lui-même le décide. Il ne s’agit pas de trouver « la solution » pour ensuite indéfectiblement s’efforcer del’imposer ou la confronter à d’autres. Ce type de postureserait considéré comme arrogante ou stupide pour un sageShizen, même s’il l’étudierait sûrement avec intérêt aprèsl’avoir soigneusement décomposée.Pour les sages Shizen, comprendre signifiait voir depuis

plusieurs angles ; construire le monde depuis l’autreégalement produit des hommes sages, humbles etconscients, le tout d’un seul coup de plumet.Le Huzu possède trente analyses primaires comme celle

que nous présentons ici et de nombreuses autrespostérieures. L’idée, c’est de donner à chaque individu lesconditions et les raisonnements pour qu’il puisse lire sa réalitéavec lucidité et sagesse. Les hérauts de ces savoirs étaient devénérables vieillards que l’on appelait Oita qui, enrichis parleur expérience, consacraient leurs dernières années à ladistiller dans tout un matériel intellectuel capable de permettreà quiconque de tronçonner la réalité pour pouvoir ensuite larecomposer avec sagesse et brillamment. Ce que chacunfaisait d’elle lui appartenait en propre et était en relation avecson histoire personnelle, son destin et sa liberté.J’ai consacré ces dernières années à l’étude de l’e-bunto,

par besoin personnel et par fascination. Le destin aégalement joué ses cartes, qui peut le nier. Quel que soit lenombre d’années qui me reste à vivre (et pourvu qu’ellessoient nombreuses), elles seront toujours insuffisantes pourapprendre tout ce que l’e-bunto contient dans la profondeurde sa richesse et de sa sagesse, mais je regarde avec plaisiret sans hâte le trajet parcouru et je soupèse ses effets avecsatisfaction. Je le fais particulièrement maintenant, alors quemon cheminement sur leur parcours initiatique m’a conduitjusqu’à une ligne de démarcation importante au sein de leurpropre tradition, puisque j’ai été nommé Joho (Shidoshi), ladernière étape des initiations de l’e-bunto.Entrer dans la règne de Donu Tengu, le seigneur des

chemins, ne signifie pas que vous sachiez tout de l’e-bunto (ily a shidoshi et shidoshi), mais cela représente de pouvoir eninitier d’autres sur cette même voie. Sachant lesresponsabilités que cela implique et sans le moindre intérêt niconviction dans les bontés d’un prosélytisme que je déteste,n’attendez pas de moi grand-chose à ce sujet. Je ne croispas qu’il vaudrait mieux que tout le monde fasse ce que jefais, simplement parce que je le fais ; bien au contraire, lesmultitudes me dérangent. En outre, je crois sincèrement quece n’est et ne sera une voie que pour quelques-uns, mais elledeviendra pour ces élus, comme elle l’est pour moi, unesource incomparable de réalisation personnelle et spirituelle. En tant que divulgateur de son existence, j’ai déjà écrit

deux ouvrages. J’y présente le fruit de mes études et de mes

« Quand nous sommes capables de nous connaître nous-même,nous nous trompons rarement quant à notre destinée. »

Germaine De Staël

« Le destin mêle les cartes et nous jouons. »Arthur Schopenhauer

L’

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entendements sur le sujet, sans entrer dans ce qui concerne ses rituels et sespratiques. On y trouve les « quoi », mais pas les « comment ». Leurs secrets seront ensécurité entre mes mains, parce que j’ai compris la valeur et le besoin de ceux-ci.Cependant, partager ce que leur sagesse distille d’universel n’est pas seulement un nobleobjectif, c’est aussi une nouvelle stratégie dans leur histoire. Jusqu’à aujourd’hui, les Shizenfurent persécutés, alors qu’ils auraient dû être admirés et à une époque où tout estaccessible, la meilleure manière de cacher quelque chose, c’est probablement de lelaisser en vue.Les temps changent et parfois il faut changer les choses pour que rien de change

et que l’essentiel puisse rester vivant. S’adapter ne signifie pas renoncer à sanature même, mais explorer ses ressources cachées et inconnues dans unnouveau cadre. On ne peut dénaturer une culture en changeant sa robe, carl’habit ne fait pas le moine, mais on peut le faire quand on méprise sesraisons, ses principes, ses valeurs ou ses enseignements. Connaîtrequelque chose en profondeur signifie définitivement l’aimer ; et comme une culture se distingue et se construit depuis lesformes, celles-ci constituent aussi un bien indispensable.Celui qui va à Rome devra sembler romain et celui que celane plaît pas, il sait où se trouve la porte.Tout cela me situe, moi et mes frères, sur une ligne

d’action très fine pour pouvoir parvenir à bon port.Avec le sens de la responsabilité (et avec lucidité,j’espère), nous continuerons notre périple avec deuxobjectifs simples : nous perfectionner en tantqu’individus, pour vivre notre destin dans le meilleurdes contextes possibles, et perpétuer et conserverles sagesses de la spiritualité et de la cultureShizen, tant pour ceux qui y sont destinés dans leprésent ou dans le futur, que pour lecontentement et la libération de ceux qui ontvécu par elle dans le passé, afin qu’ils trouventle soulagement et le repos dans unereconnaissance bien méritée de leurmagnifique tradition. Que leurs esprits les plusillustres, les Hikarushin, nous viennent en aide !J’écris ces mots le dernier jour de ma retraite de

Shidoshi, conscient de leur signification et de leurvaleur. Demain, je retournerai dans le monde duquotidien, là où j’ai tracé pour moi-même ces objectifsil y a quelques années, ou peut-être depuis bien pluslongtemps… qui sait ? Il n’y aura donc pas de surprises, etce ne sera pas une déclaration basée sur un enthousiasmepassager.Je ne peux aujourd’hui mesurer les conséquences de cette

étape, peu m’importe, car je chemine sereinement sur la crête dequelque chose de plus grand que moi, qui me précède et mesurvivra, et parce que j’ai la certitude d’être mieux préparéaujourd’hui qu’hier pour mener à bien ce rêve.Mon Giri envers Shidoshi Jordan et Shiniyuke Sensei, son

maître. Sans eux, tout cela se serait certainement perdu, il y alongtemps. Mentionner ici Shidoshi Juliana Galende n’est passeulement juste, mais nécessaire, car sa force a imprégnéchaque pas et chaque croisée du destin dans les années les plusdifficiles. Nous continuerons d’apprendre et de faire le mieuxpossible notre travail, le reste est entre les mains de forces plusimportantes et plus puissantes.Est orgueilleux l’homme qui se croit indispensable, mais est

également idiot celui qui se déprécie en ce qui concerne sadétermination et son destin. L’orgueil de ce qui a été justementobtenu ne doit pas se dissoudre derrière le masque de lafausse humilité. La reconnaissance des signes de cedestin, tout particulièrement quand il cadre avec votreobjectif personnel, est une chance accordée à bienpeu. J’ai de la chance… moi, Joho GoemonKawazuki, je suis de ceux-là…

Alfredo Tucci est General Manager deBUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO.E-mail : [email protected]

https://www.facebook.com/alfredo.tucci.5

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Systema

Une couverture juste et bien mérité pour ce guerrier russequi a conquis l'attention de la communauté internationaleavec son travail martial sur le Systema. Le Systema estcertainement l 'une des révélations de ces dernièresdécennies dans les arts martiaux… et nous avons eubeaucoup ! Son originalité est aussi rafraîchissante quel’efficacité de sa démarche, une formule qui défie lesconcepts rigides plus violents de se situer face à desscénarios d'autodéfense.

Cela fait des années que Dmitry Skogorev diffuse cesystème dans le monde entier et il a déjà la reconnaissancede la communauté martiale, mais beaucoup de lecteurs nesont pas familiarisés avec son travail. Je pense que cenouveau DVD sera une excellente occasion d'admirer etd’apprendre, beaucoup plus en profondeur que dans sesprécédentes vidéos, les thèses et les concepts qui rendentce système si différent et ont déjà étonnés les pratiquantsd'autres styles. Naturel, détente et efficacité, combinés à unsystème qui va à la rencontre avec une défense sensitive etindiscutablement naturelle pour laquelle, étant programmé,nous avons juste besoin d'ouvrir nos esprits.

À ne pas manquer, Messieurs !

Alfredo Tucci

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Arts de Combat

Interview : Asa MalyutinaTexte et photos : Dmitry Skogorev

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L’art martial qui change la vie Le combat russe n'est pas aussi commun que le Karaté, le Taekwondo ou le Wushu. Mais cette

vieille tradition slave a été pratiquée en Russie pendant longtemps. Dmitry Skogorev, directeurde l'école de lutte de Russie « Sibirskiy Viun » (RMA système SV), nous a parlé un peu decertains points intéressants de ce style de combat particulier.

B.I. : Quelle est la particularité du combat à mains nues russe ? D.S. : Sa particularité c’est qu'il est basé sur les traditions martiales russes qui comprennent

de nombreux aspects. Et pas seulement les militaires, mais aussi ceux qui sont associés auxtraditions du combat de poings, au combat Stenoshnogo (quand on combat «wall to wall ») etaux éléments de jeu. Nous pensons généralement qu'il s'agit là d'un jeu populaire, mais il était, ily a longtemps, utilisé pour former des milices à leurs services futurs et à la défense de leur patrie.La canne de combat, différents types de lutte et l’art de la guerre actuel, la possibilité d'utiliserune épée, un couteau, une arme à feu… toute cette formation a été longuement mise en place depuis le début et les enfants, les adolescents, et puis les hommes peuvent participer aux jeux.Nous ne connaissons pas son histoire et nous entendons rarement parler du combat

russe. On en sait beaucoup plus grâce au cinéma sur les arts martiaux orientaux. Mais lestraditions martiales ont existé dans tous les pays et la Russie ne fait pas exception. Unautre problème c’est qu’il n’existe pas assez d'information documentée. Nous nepouvons que supposer de quoi il avait l’air, en nous basant sur le folklore, mais onne peut guère parler de reproduire une identité complète, malgré le folklore, lesjeux rituels et beaucoup d'informations sur l'art martial traditionnel russe. Etcomme il est inextricablement associé au folklore, son étude estinextricablement associée la compréhension de la façon dont les Russesse protégeaient eux-mêmes et à leur histoire, leurs racines.Par conséquent, dans nos cours, nous étudions à la fois la lutte, les

aspects philosophiques des arts martiaux et l'histoire du peuple russe. Etc’est intéressant pour nos élèves, parce que les gens viennent ici audépart pour apprendre l'art de l'auto-défense, mais ils se rendent compteensuite que le combat russe a toute une philosophie. Surtout les adultes.Les enfants viennent sans idées profondes sur la vie et sans désir

d'apprendre quelque chose d’autre, ils sont juste intéressés par unemanière de bouger. Mais les adultes viennent souvent consciemment,sachant que ce qu'ils veulent obtenir, ce n’est pas seulement descompétences de combat, mais aussi la connaissance de notre culture,de notre histoire et de notre philosophie.Dans nos cours, nous devons étudier beaucoup de choses liées au

folklore, à l'histoire, à la danse en tant que culture du mouvementintégral, à la philosophie, et c’est absolument nécessaire, car dans lecombat au corps à corps russe, il y a beaucoup de mouvements quiressemblent à ceux d'autres arts martiaux, mais quand nouscommençons à les examiner, on comprend que leur orientation internediffère. Cela est dû à de nombreux aspects, comme notre type génétique oula manière de bouger qui ne peut être différente des autres peuples.

B.I. : Y a-t-il une limite d'âge pour utiliser le combat au corps à corpsrusse ? D.S. : Les plus jeunes ont 4 ans et demi, 5 ans, les plus âgé, l'âge de

la retraite. Oui, nous ne sommes pas une section sportive, nousne fixons pas des objectifs et nous ne travaillons pas «pour obtenir des résultats ». Donc, beaucoupviennent chez nous juste pour bouger,communiquer avec leurs pairs, pour leursanté. Et les avantages pour la santé deces activités est énorme, parce quenous faisons un mouvementtridimensionnel, qui ne consistepas seulement à développer lesmuscles, mas qui uti l ise desexercices dans lesquels notrecorps est constamment tordu,étiré, plié, permettant sonexpansion dans toutes les directions.Il exerce l’appareil vestibulaire et biensûr, accroît le tonus général du corps,car il fait travailler le corps tout entier,même les muscles qui ne sont généralementpas utilisés.

B.I. : Y a-t-il des restrictions quant à l'état desanté ? D.S. : Pour les enfants de moins de 12 ans,

nous avons juste besoin d’une déclaration

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médicale affirmant que l'enfant peut participer àdes activités sportives. Quant aux adultes, laresponsabilité leur incombe. Dans ce cas, vousavez juste besoin de connaître vos faiblesses etd’éviter les exercices qui peuvent vous nuire. Parexemple, si quelqu’un a eu une blessure à lacolonne vertébrale, il ne devrait pas effectuer lesexercices où l’on tombe sur un sol dur. Sinon, tout lemonde peut y prendre part.

B.I. : Avec qui est-il plus facile de travailler, lesenfants ou les adultes ? D.S. : Chaque âge a ses propres caractéristiques et

nos programmes sont donc conçus en fonction del'âge. Par exemple, avec les enfants, nous ne pouvonspas analyser certaines choses plus approfondies tellesque la mécanique du corps, parce qu'ils ne comprennentpas encore. Mais les enfants sont enclins à se bagarreravec leur voisin, de nombreux enfants se battent, ils enont besoin, leur corps a besoin. Pour les adolescents,la compétition est importante parce qu'ils veulent sedémarquer de la foule, se prouver à eux-mêmes.Avec eux, les cours sont construits différemment. Engénéral, nous avons des programmes de tutorat, ilsexistent depuis des années et sont constammentperfectionnés. Et en septembre, quand l'annéescolaire commence et que de nouvelles personnesviennent s’inscrire chez nous, ils commencent parapprendre les bases. Ils apprennent à reconnaître

les mouvements, la mécanique du corps, ils apprennent à sedéplacer correctement, à tomber. Nous étudions également lesprincipes fondamentaux de la frappe, nous travaillons lespossibil ités de frappe, la résistance aux coups. Et nouscompliquons progressivement les cours, on commence par ladéfense de couteau, le bâton, évitant les saisies. Un grandnombre d'aspects du programme sont vastes et bien sûr, on nedonne pas tout d’un coup aux débutants, tout cela est présentéprogressivement. Pendant le cours, nous faisons un combat àmains nues, un sparring, dans lequel nous apprenons à mettre enpratique tout ce que nous avons appris.Ceci est très important si vous devez appliquer ces

connaissances dans la vie quotidienne, et de telles situations seproduisent. Bien qu'il soit intéressant de noter que lorsque vouscommencez à travailler les arts martiaux, votre perceptionchange en général, et dans une situation où vous souhaitezappliquer vos connaissances et entrer en contact avecl'agresseur, vous vous rendez compte que le corps lui-mêmerépond et fait ce dont vous avez besoin. Le fait est que nous nenous concentrons pas sur la mémorisation des techniquesindividuelles, nous nous efforçons de tester le système desmouvements, de comprendre la psychologie de l'ennemi et dedévelopper la possibilité de sortir d'une situation dangereuse. Parconséquent, au moment voulu, vous n'avez pas besoind'analyser les méthodes qui doivent être appliquées, le corps lui-même réagit à la situation et sélectionne l'action la plusappropriée. Mais pour y parvenir, il faut parfois vous transformervous-même, intérieurement. Le corps et l'esprit agiront alorsconjointement, comme une unité.

Arts de Combat

« Les gens viennent souvent à nous tendus. Le stress s'accumule non seulement dans le

corps, mais aussi dans la vie, et nousenseignons à libérer votre corps, le stress

s’en va, la personne commence à réagirdifféremment aux difficultés de la vie.

Autour de la personne, moins de problèmesapparaissent parce qu'elle les résout et ne

les accumule pas. L’individu prend le mondetel qu'il est et a la force de lui faire face et ne

pas se rendre. »

Page 12: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

« Les cours de combatau corps à corps visent

à développer lescompétences pratiquespour lutter contre un

ennemi au corps à corps,ils développent le courage,

la détermination, l'initiative et la

débrouillardise. »

Page 13: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

B.I. : L’apprentissage du combat au corps à corps russechange la vision intérieure que l’homme a du monde ?

D.S. : Oui. La perspective change très souvent et en mêmetemps la vie de la personne. Ce n'est pas surprenant, parce quesi quelqu’un change intérieurement, tout ce qui l’entoure changeégalement. Pour beaucoup, la vie se reconstruit radicalement.L’individu commence à se développer et par conséquent à

améliorer sa vie, sa carrière, sa formation. En outre, les gens viennent souvent à noustendus. Le stress s'accumule non seulement dansle corps, mais aussi dans la vie, et nousenseignons à libérer votre corps, le stress s’enva, la personne commence à réagirdifféremment aux difficultés de la vie. Autourde la personne, moins de problèmesapparaissent parce qu'elle les résout et neles accumule pas. L’individu prend lemonde tel qu'il est et a la force de lui faireface et de ne pas se rendre.

Sessions d’entraînementau Close Combat Objectifs, principes et méthodes d'étudeLes cours de combat au corps à corps

visent à développer les compétencespratiques pour lutter contre un ennemi aucorps à corps, ils développent le courage, ladétermination, l' init iative et ladébrouillardise. Le contenu des courscomprennent des exercices préparatoires ;le développement de la vitesse, de laforce, de l'endurance et de la souplesse ;des techniques de corde, leurslancements et déplacements ; des techniques de poing et de pied etcomment vous protéger ; des saisiesdouloureuses et des renversements ;le désarmement, la protection et l’escorte ; la manière d’utiliser desmoyens improvisés (ceinture, corde, etc.).L'instruction au sens large désigne

un transfert cohérent deconnaissances, pour développer lescompétences nécessaires pourdévelopper et améliorer les capacitésphysiques et psychologiques desélèves. La formation se fait généralement en

groupes, parfois individuellement. Lespartenaires d’apprentissage des

Arts de Combat

Page 14: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

techniques sont du même poids et de la même taille. Par la suite, lespartenaires pourront être de poids et de taille différents.

L’apprentissage de la manière de se déplacerdans les grandes séries techniques en vue dela maîtrise de soi commence dès lapremière leçon et se poursuit dans lesséances ultérieures. Toutes les techniquessont effectuées sans l'utilisation d'uneforce excessive, elles sont immédiatementstoppées au signal du partenaire (vocal oucoup sur le tapis ou sur le corps), lesrenversements se font depuis le centrevers les bord du tapis.En raison de la nature du combatrapproché, i l est recommandéd'acquérir des compétencespratiques dans un ordre strict. Il ya un développement progressifcommun des 13 pointssuivants :1. Posture, positions de

combat (explicite, implicite). 2. Méthodes de

mouvements. 3. Méthodes de

déséquilibrage du corps. 4. Collisions et corde. 5. Méthodes de libération

des saisies (circonférence). 6. Méthodes de protection

contre coups de poing et coupsde pied. 7. Façons d'attaquer mains

vers le bas. 8. Projections, poussées,

rejets. 9. Matchs d’entraînement(thèmes propres et tâchesassignées). 10. Méthodes d'armes.

11. Méthodes dedésarmement. 12. Méthodes de

menottage etd’accompagnement. 13. Unité de travail (deux,

trois, cinq).

Les quatre premiers thèmessont la base desthèmes suivants Le processus éducatif pour le

combat rapproché comprend laplanification, la logistique, laformation des formateurs et desinstructeurs à donner des cours et

des formations, ainsi que le suivipériodique de l'élaboration du

matériel sur le combat au corps àcorps (certification).

Les études deplanif ication sonteffectuées sur la basede documentsd'orientation. Lesécoles de combatrusse de Viuns i b é r i e npossèdent und o c u m e n t -guide pour lesinstructeurs et

Page 15: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Arts de Combat

Page 16: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

offre un programme de formation dequatre ans. L’organisation des séances sur le

combat rapproché doit considérer :• Associer le processus éducatif en

matière de combat rapproché avec lanature du travail et les objectifs personnelsdes élèves (armée russe, application de laloi, agences de sécurité et les entreprises,sécurité personnelle, auto-défensepersonnelle, orientation sportive) ; • Cours systématiques et réguliers de

combat sans armes ; • Uniformité de la distribution de

l'activité physique et du matériel deformation au cours de la semaine (mois,trimestre, année) ; • Conditions locales et conditions de

développement physique des élèves, ainsique soutien logistique. La formation au combat à mains nues

est basée sur le respect de plusieurs

principes : clarté, systématisation,progression, compréhension etrétention.Le principe de visibilité se réalise de

trois manières (méthodes) : • Démonstration avec explication ; • Démonstration de la répétit ion

simultanée ; • Utilisation des aides visuelles, des

v idéos e t d 'au t res ou t i l spédagogiques.

Le principe des systèmes implique unecertaine cohérence dans la formation. Lenouveau matériel doit et peut être unecontinuation de l’ancien et les coursdoivent être réguliers. Le matériel doit êtrecorrectement placé et méthodiquementutilisé pour assimiler toutes les typesd'emploi. Le principe de progression et

d'accessibilité est la transition successive

du simple au complexe, du facile audiff ici le, autrement dit on

augmente progressivement leniveau de diff iculté de lamatière, tout en effectuant unretour constant à la matièredéjà vue.

La force principe del'assimilation signif ie larépétition des éléments et del'ensemble de l'action dansdiverses combinaisons et dansdiverses circonstances, avec letest obligatoire et l'évaluationdes connaissances acquises. Tous ces principes sont

interdépendants et peuvent êtreappliqués dans une seule leçon. En plus de ces principes, il y a

trois groupes de méthodes detransfert de connaissances :verbales, visuelles et pratiques.

Les techniques verbalescomprennent une explication ducontenu de l'histoire ou unecombinaison des actionsimpliquées dans le discours. Les méthodes visuelles sont

basées sur les sensationsvisuelles et auditives. Il s'agitnotamment des programmes de

« Nous ne nous centrons pas surla mémorisation des techniques

individuelles, nous nous efforçons detester le système de mouvements

individuels. »

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démonstration, des vidéos etc., et de laformation visuo-motrice.

Les méthodes pratiques sont axées sur lesens kinesthésique et comprennent larépétition des actions à différents niveauxavec différents degrés de complexité.

On retrouve également la formationà et l'uti l isation de techniquesd'enseignement tels que les tests,mutuelle, assurance, etc.

Dans l a fo rmat ion aucombat rapproché , onadopte une séquenceméthodique.

Régulation des chargesde travail en classe

Les cours de combat au corps àcorps sont similaires à d'autresétudes de formation physique. Ilssont composés de phasespréparatoires, primaires et finales.Les manières d’organiser lesexercices peuvent être trèsdiverses. Tout dépend desbuts et des objectifs. Il estimportant que cette manière

soit strictement compatibleavec les enseignements.

Les préparatifs incluent : l'organisation(thème des leçons, clarifier objectifs et cibles) ;marcher, courir, se déplacer dans des positionsde combat (explicite et implicite), simulation dela protection et de l'impact comme un tout(développement général, entrée et exercices).Les exercices préparatoires doiventcorrespondre aux tâches effectuées dans lapartie principale de l'étude.

Les exercices secondaires sont réalisésprincipalement en binômes, par exemple,porter un partenaire sur le dos, à cheval sur lesépaules, faire des exercices de yoga dans lesgradins, assis, en utilisant des éléments ducombat couchés, à genoux, etc.

Les exercices spécifiques comprennent :des bascules vers l'avant, vers l'arrière et decôté, du saut périlleux, le rétablissement dechutes dans différentes directions.

La partie principale de la séance concerneles tâches les plus difficiles. Nous étudions les

principes de l'élimination de l'équilibre physique, les méthodesde protection, les techniques de percussion, les saisiesdouloureuses, les renversements, ainsi que la libération desaisies, les méthodes de premiers secours, la relation et lamaintenance. La majeure partie de la formation devraitcommencer par les actions et les méthodes les plus complexes. L'exécution de la partie principale dépend du volume et de

l'intensité de la charge de travail, de l'âge, de la tâche, du tempsconsacré au début et à la fin du cours. Elle dure la plupart dutemps de 45 à 60 minutes.L’activité fonctionnelle de la dernière partie de la formation est

réduite progressivement en effectuant les exercices suivants :jogging lent, marcher avec des exercices de respiration et desexercices de relaxation. À la fin de chaque séance, il faut toujours

Arts de Combat

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résumer : mesurer les étapesparcourues afin de permettre la tâcheindividuelle d'auto-préparation.Chaque séance doit être suivie par

un entraîneur. Celui-ci évaluera laprogression au bout de quelques leçonset au bout d’un an. L'ensemble desméthodes quantitatives de mesure desperformances est ergométrique. Lesmesures ergométriques sontgénéralement effectuées par diversindicateurs : l'intensité (puissance) lorsde l’application des efforts et le volumedes tâches exécutées (distanceparcourue, travail mécanique réalisé,etc.) lors de l'exécution des tâchesmotrices. Diverses tâches motricespeuvent être comparées les unes auxautres afin de planifier le travail effectuéen classe. L'état du corps humain permet une

évaluation des indicateurs externes :décoloration de la peau, fréquencerespiratoire, type de la transpiration. Laméthode la plus commune de calcul de

la fréquence cardiaque (FC) permet de caractériser tout à faitobjectivement l'état du système cardio-vasculaire pendantl'exercice. Il faut calculer la fréquence cardiaque avant, pendantet immédiatement après le cours pendant 15 secondes, puismultiplier par quatre. Vous pouvez vous orienter avec cesdonnées moyenne : début du cours, fréquence cardiaque de 60-

70 battements par minute ; milieu de l’exercice de 80 à 140battements ; après le cours, de 70 à 80 battements.

La fréquence cardiaque varie selon lespersonnes et dépend de l'âge, de la conditionphysique, de la santé, etc.

Pour déterminer la valeur reçue par lacharge dans les cours de combat martial,i l faut tenir compte les niveauxd’impulsions du systèmecardiovasculaire. La charge de travailpeut être : faible ( la fréquencecardiaque est de 120-130battements par minute) ; moyenne

(130-150 battements/min) ; élevée (150-180 battements/min) ; très élevée (plus

de 180 battements/min).Ces indicateurs devraient être davantage

pris en compte dans les cours avec lesgroupes plus âgés. Dans ces groupes, il faut

effectuer moins d'exercices exigeant desmouvements brusques ou des charges trèspuissantes et statiques. Il faut en outre consacrerplus de temps à la préparation et à la dernièrepartie du cours.

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MU TO YUVoir au-delà des formesComme on dit : « Que serait le monde si nous aimions

tous le jaune ! ». Autrement dit, il est très important quechacun ait une pensée, une idée et un raisonnement sur lavie et ses manifestions. Sous le regard des spécialistesorientaux, cela nous conduirait peut-être au concept dukarma, comme ligne divisoire des événements. Nouspourrions alors l’illustrer au moyen d’une simple analogie :c’est comme si la flamme d’une bougie était utilisée pourallumer une autre bougie et qu’au cours de ce processusla première bougie s’éteignait. Ainsi, les deux flammes ontune connexion, mais ne sont pas identiques. Ainsi sont lesmanières de considérer les arts martiaux… et la vie.Une personne est un ensemble de matière et d’esprit. Le

corps peut être considéré comme une combinaison dequatre éléments : terre, eau, chaleur et air. L’esprit est lacombinaison de la sensation, la perception, l’idée et laconscience. Le corps physique – en réalité toute la matièredans la nature – dépend du cycle formation, durée,détérioration et fin.Un jour, l’empereur Liang s’en alla voir Bodhidharma et lui

dit : « J’ai construit un grand nombre de temples, j’aitraduit de nombreux sutras et j’ai aidé beaucoup de moines,quels mérites ai-je obtenu ? ». « Aucun mérite ! », luirépondit Bodhidharma. Nous possédons différentes idées sur un même sujet et

c’est cela qui nous conduit à la juste mesure del’entendement, car, en réalité, cela nous ôte le privilège denous croire spéciaux d’une certaine manière. Par la voie dela sagesse, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de doute : legrand travail que les lois de la vie doivent réaliser sur leplan évolutif humain est celui d’élever l’actuel biotypedominant vers des formes de vie plus avancées jusqu’à cequ’il lui soit possible de comprendre et de pratiquer

l’éthique de manière rationnelle et consciente. Si la viecommence avec la respiration, la conscience débute avecla réflexion.Ce qui est clair, surtout face au fait martial et aux

pratiquants d’arts martiaux, c’est que plus l’individu estprimitif dans ses raisonnements et ses observations, plusla deuxième forme de réflexion est puissante et réelle etplus la première est faible, mystérieuse et irréelle. Plusl’être est avancé, plus la réflexion terre à terre, limitée à ceque nous voyons est illusoire… Et plus puissante, réelle etvivante est la vie abstraite, invisible. C’est pour cela quel’être primitif considère la perte de la vie physique commeune grande perte et lutte désespérément pour laconserver, tandis que l’être évolué a la sensation que lamort ne le concerne pas, car el le n’éteint pas saconscience éveillée et il reste dès lors vivant. C’est lasensation expérimentée par les grands sages… Rien endehors de soi !La mythologie japonaise nous révèle que les anciens

fabricants de sabre forgeaient leurs lames pour couper lesesprits et les âmes. Nous pourrions dire qu’au sens figuré,l’âme représente l’un des endroits à l’origine du dharma.Le terme « dharma » – qui est en réalité relié à une variétéinfinie de signifiés – est souvent associé au devoir, surtoutdans les enseignements japonais modernes Gendai.Quand nous étions élèves, le Dharma représentait laconnaissance que nous pouvions acquérir, sa formed’expression. Nous constatons cependant que le devoir,tel que beaucoup l’utilisent, est uniquement connecté àune condition individuelle ou à une époque ou un pays enparticulier. Nous ne pouvons pas attribuer à cette définitionun concept originalement établi comme quelque chosed’éternel, le même pour tous en tout endroit. Il exprime lesens de l’être interne de l’âme. Beaucoup de grandsmaîtres des écoles traditionnelles parlents du « SenKon »,

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Philosophie

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l ’âme de la guerre. Nouspouvons dire que Kokoro, lecœur en tant que sentiment (leterme utilisé en japonais pourle cœur anatomique estdifférent) est le géniteur decette vertu de réalisation,surtout sur le champ debataille. On affirme égalementque l’endroit où naît le dharmaest le cœur. Ce qui émane ducœur comme une idée pure,traduite en action, s’appelledharma, ou pour les plusexperts, « enseignement »dans son sens littéral.Le deuxième sens est

normalement associé à laforme des choses. Les maîtres attribuent le succès dans laguerre au dharma de la connaissance… Chaquecompréhension est différente, nous chargeons tous le pleinet le vide. De nombreux maîtres avec qui nous avons parlé,principalement en Europe, sont arrivés à la mêmeconclusion que nous : lamentablement, les écrits les plusrécents ne permettent pas d’éclairer les sens perdus dumot dharma, surtout en ce qui concerne les pratiques dela guerre. Ils ont tendance à ne pas présenter un sensuniforme du mot. Ils ne permettent pas non plus de trouverdes manières pratiques de réaliser le dharma. Dans lesguerres, qu’elles soient internes ou externes, les attitudesde l’individu face aux difficultés sont différentes pourchaque personne. Mais la perception de la douleur produitun effet plus ou moins commun à tous, elle met à nu etrévèle la véritable nature de l’individu. Quelle est la taille devotre dharma ? On le reconnaît au type de réaction, car il

semblerait que devant lesréalités les plus profondes dela vie, comme la douleur ou lamort, l’être ne sait pas mentir.Nous pouvons tous revenir àl’original… À la simplicité !Lao-Tseu disait : « Celui

qui connaît sa force et gardesa douceur est la vallée del'Empire. Étant la vallée del'Empire, la Vertu éternelle nel'abandonne pas. Il redevientcomme un petit enfant. Celuiqui connaît sa lumière etgarde son obscurité est lemodèle de l'Empire. Étant lemodèle de l'Empire, la Vertuéternelle ne vacille pas en lui.

Il revient à l'Illimité. Celui qui connaît sa gloire et reste dansson opprobre devient la vallée du Monde. Étant la valléedu Monde, la Vertu éternelle le comble et il revient à laSimplicité originelle. C'est cette Simplicité qui, en sedivisant, a formé toutes choses. »C’est cette simplicité qui a formé toutes les choses.

C’est comme un gros rocher d’où surgissent toutes sortesde récipients en pierre. Le sage ne fait rien sans simplicité,il dirige noblement et ne porte préjudice à personne. C’estça la règle du « retour à la simplicité originale ».L’histoire a montré que l’homme avait de grande

difficulté à admirer son semblable. Peut-être par peur, parenvie. Dans les arts martiaux contemporains – pour utiliserquelque chose de palpable – nous trouverons de grandsnoms qui ont été admirés, honnis, maltraités par la vie, parleurs collèges… L’intéressant de tout ceci, c’est qu’aufond, ils étaient admirés par leurs détracteurs et leurs

« Dans les arts martiauxcontemporains

– pour prendre quelquechose de palpable

– nous trouverons degrands noms qui ont été

admirés, honnis,maltraités par la vie, par leurs collèges… »

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agresseurs. C’est arrivé àFunakoshi, Takeda, Kano,Ueshiba, Bruce Lee, StevenSeagal... Quel besoinavons-nous d’admirerintérieurement et dedétester extérieurement ?Nous pouvons trouver

cette même attitude chezles jeunes qui tombentamoureux au collège, où legarçon ou la fille, quandquelqu’un leur plaît etquand ils ne veulent pasrévéler leur secret, traitentmal celui ou celle qui leurplaît. Les plus sages croientque, même adultes, nouscontinuons d’avoir une grande quantité de comportementsinfantiles pour ne pas dire de méchancetés infantiles.L’adolescence est une période de changements internes

et externes profonds, de l’organisme global, physiquementet mentalement. Pour le pratiquant d’art martial, c’estl’étape de son développement physique : force,résistance, vitesse… C’est également l’âge préféré pourl’éclosion de la majorité des dérangements émotionnels. Ily en a qui diront que c’est l’âge de l’ennui. La véritablevoie martiale, la vraie pratique, est en général une voie debeaucoup d’efforts et de renoncements. Il est naturel quesurgissent les rêves, les inquiétudes, les désirs… et plustard, la frustration, qui doit également être considéréecomme quelque chose de normal. Mais tous ne se libèrentpas de cette frustration et certains deviennent despersonnes amères et immatures.

Justif ier le comportementhumain comme étant laconséquence de telle ou tellecause fut un exercice inlassableau cours des temps et dans denombreux aspects de laconnaissance. Pour les maîtres,tout fait partie de chacun : nousoffrons à peine ce que nouspossédons. I l sembleraitfinalement que le seul innocent,l ibre complètement deresponsabil ités vis-à-vis desactes humains, soit la personnemême. I l semblerait que l’onméconnaisse totalement lavolition humaine, la volonté, cetteparticularité complètement

souveraine de notre caractère. Il est étrange de voir desprofessionnels se prêter à parler mal d’autrescompagnons, incitant d’autres personnes à transmettre defausses informations ou accusations. En fin de compte,c’est également un comportement humain normal.L’admiration est la face cachée de l’agresseur. Sur cepoint, nous préférons la maxime de Jean-Paul Sartre : «Je ne suis pas responsable de ce que l’on a fait de moi,mais je suis responsable de ce que je fais avec ce que l’ona fait de moi. »Avec le passage des ans, nous nous rendons

habituellement compte que nos pensées ne sont plus lesmêmes et que nos vérités se sont petit à petit modifiées.Et il ne faut pas en avoir honte ! Il y a quelques jours, unami nous commenta qu’i l était honteux d’admirermaintenant un musicien. Son passé de « métal radical »

« Les anciens fabricantsde sabre forgeaient leurslames pour couper lesesprits et les âmes.

Ainsi, nous pourrions direqu’au sens figuré,

l’âme représente l’un desendroits à l’origine du

dharma. »

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Philosophie

« L’être primitif considère la perte de la viephysique comme une grande perte et lutte

désespérément pour la conserver, tandis que l’être évolué a la sensation

que la mort ne le concerne pas, car elle n’éteint pas sa conscience éveillée

et il reste dès lors vivant. »

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avait évolué et il se permettait maintenant d’admirerd’autres facettes de la guitare à laquelle il s’était tantconsacré au cours de sa vie. Il adorait maintenant le jazz etses artistes. Le temps chemine et nous essayons d’unemanière ou d’une autre, parfois involontairement, del’accompagner. C’est le processus naturel de la maturité !Aujourd’hui nous détestons, demain nous admirons ! Etc’est la même chose dans d’autres domaines. Nousdécouvrons qu’i l existe d’innombrables sujets,d’innombrables univers, au-delà de notre compréhension.Ce grand ami comprend maintenant que quand ce

phénomène de libération du passé se produit, il y a unealtération profonde de la manière de voir la vie et del’exprimer. L’époque qui précède cette découverte est uneépoque de révolution et de tourments. Ensuite, tout lemonde désire tout connaître par soi-même. Et commeavant cela, nous ne possédons pas ce désir, nous restonsdans le monde des limites. Nous croyons qu’il n’existequ’une seule vérité, que seul une voie peut être la bonne voie !Ainsi, quand on m’interroge sur le processus de la

conscience, de libération, je dis que nous devons, enpremier lieu, nous libérer des incrustations des siècles,nous défaire de tous les idéaux et idéologies… Regarderen nous et, par conséquent, à l’extérieur de nous, divisertoute chose en ce qu’elle devrait être et ce qu’elle est, estla manière la plus illusoire d’affronter la vie.

Le bol de bois(Auteur anonyme)Un homme âgé s’en alla vivre avec son fils, sa belle-

fille et son petit-fils de quatre ans. Le grand-père avaitles mains tremblantes, la vue fat iguée et les pasvacillants.

La famille se mit à table pour manger. Mais les mainstremblantes et la vue fatiguée du grand-père ne luifacilitaient pas la tâche. Les petits pois s’en allaient roulerpar terre. Quand il prenait son verre, il renversait du lait surla nappe. Son fils et sa belle-fille n’énervaient…– Nous devons résoudre ça, papa, disait le fils.– Il y a déjà suffisamment de lait renversé, de bruits de

gens en train de manger et de nourriture par terre.Ils décidèrent alors de mettre une petite table dans un

coin de la cuisine. Là, le grand-père mangeait tout seul,tandis que les autres membres de la famille mangeaienttranquillement à table.Depuis que le grand-père avait cassé une ou deux

assiettes, ils lui servaient sa nourriture dans un bol en bois.Là, assis tout seul, le grand-père avait de temps en tempsles larmes aux yeux.Les seules paroles qu’on lui adressait étaient des

réprimandes revêches quand tombait l ’un de sescouvert ou un peu de nourriture. L’enfant de quatre ansobservait tout cela en silence. Un soir, avant de dîner, lepère remarqua que son enfant était assis par terre, entrain de travailler des morceaux de bois. Il demanda àl’enfant :– Qu’es-tu en train de faire ?L’enfant répondit doucement :- Rien, je vais un bol pour que vous puissiez manger, toi

et maman, quand vous serez plus âgés. Et l’enfant poursuivit son travail.Ces mots eurent un impact si grand sur son père qu’il ne

put articuler aucun mot. Puis, des larmes coulèrent sur sesjoues. Ce soir-là, il conduisit le grand-père jusqu’à la tablefamiliale. Depuis ce jour-là et jusqu’à son dernier jour, legrand-père partagea toujours le repas de la famille. Peuimporte si un couvert tombait, si le lait se renversait ou sila nappe se salissait…

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Philosophie

« Regarder en nous et, par conséquent,

à l’extérieur de nous, diviser toute chose en cequ’elle devrait être et cequ’elle est, est la manière la plus illusoire d’affronter

la vie. »

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L’utilisation d’un objet quotidienpour la défense personnelle peutaméliorer considérablement vospossibilités durant une attaque.

Dans cet article, je vais parler desarmes improvisées et je vousdonnerai quelques exemples de lamanière de les confectionner.

Texte : Peter Weckauf, Irmi Hanzal & Thomas SchimmerlPhotos : Mike Lehner

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Les objets quotidiens pour la self-défense – L’avantage des objets improvisés

Au cours de ces dernières années, j’ai souvent entendu direque j’avais été capable d’inspirer les gens à utiliser des objetsquotidiens à des fins d’auto-défense. Dans le SDS-Concept,nous utilisons toutes sortes de choses pour nous défendre.Cela inclut les armes réelles, les outils de self-défense et desobjets quotidiens ainsi que des outils adaptés, des armesimprovisées.

Les armes improvisées sont des objets qui ont été adaptés ouconstruits et qui sont utilisés conjointement à d'autres objets.

Armes improviséesIl y a certaines choses qui ne sont en rien des armes

efficaces. Pourtant, il peut y avoir des situations où c'estune bonne idée de combiner ces objets dans une armequi sera plus fonctionnelle et efficace que ses parties.

Cela exige un grand temps de préparation, mais il y a uncertain nombre d'avantages à cette approche, les mêmesavantages que pour les objets quotidiens. Dans denombreux pays, la loi ne vous permet pas de transporterune arme ou un outil de self-défense, et les armesimprovisées peuvent ne pas être immédiatement reconnuescomme des armes. Utiliser des armes improvisées pour laself-défense est une idée particulièrement bonne contre lesattaques qui peuvent entraîner des blessures ou mêmemenacer votre vie, surtout quand elles sont menées avecdes armes. Je vous conseille de vous armer afind'augmenter l'efficacité de votre défense.

Tout comme les objets quotidiens, des armesimprovisées peuvent être utilisées pour amplifier les coups de

poing, les pressions et les clés et peuvent être utilisées pourpoignarder, couper, faire pression ou fouetter, elles peuventmême être lancées contre un agresseur.

Comme je l'ai déjà dit, le grand avantage des armesimprovisées c’est que – juridiquement parlant – vous n'êtes pasvraiment armés, mais c’est toujours mieux que d'être désarmé. Ilne faut pas ignorer le fait qu'une arme improvisée peut facilementêtre démontée et ne sera alors pas considérée commedangereuse. Il y a pourtant quelques règles de base à suivre.

Attention aux caractéristiques de l'objet ! Lorsque vous décidezde construire votre propre arme, ayez ceci en tête : la résistancedes matériaux, la longueur et la taille, la forme (pointu, émoussé,tranchant), le poids, la souplesse, le danger pour vous-même et,last but not least, la disponibilité. Toujours tenir compte du dangerde se blesser et de l'efficacité de l'arme. Vous devez également être

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en mesure d'utiliser l'objet plus d'une fois. Il ne doit pas casser ou sedémonter si l'effet désiré ne peut pas être atteint immédiatement.

Tactiques – Utilisez tout ce que vous avez pour vous défendre ! Celainclut les coups de poing, les coups de pied, les coups de coude et lescoups de genoux en combinaison avec votre arme improvisée. Une autreoption, c’est de tromper votre adversaire jusqu'à ce qu'il se sente ensécurité pour l'attaquer quand il s'y attend le moins. Ne terminez votre actionde défense que lorsque le ou les attaquants ne constituent plus une menaceou lorsque vous pouvez vous enfuir en toute sécurité. L'esprit sportif necompte pas ici. C’est votre vie qui compte !

Qui devrait utiliser ce type de défense ? Grâce à son concept simple, l'utilisation des armes improvisées est une

possibilité pour tout un chacun. Les outils sont particulièrement utiles pour lespersonnes qui se sentent généralement en situation d’inférioritédans un combat ou une attaque.

Comment obtenir une armeimprovisée ?

Si nous voulons être prêts etpréparés à tout moment, et enparticulier quand il le faut, nousdevons appliquer une techniquepréventive appelée « radar dedanger ». Il s’agit de reconnaître lessituations, les personnes et lescirconstances dangereuses aussi rapidement que possible. Ce n’est qu’alors qu’ilest possible d'évaluer une situation et de réagir de manière appropriée. D'autre part,cependant, nous avons besoin de suffisamment de temps pour acquérir une arme, que ce soit un objetquotidien ou une arme improvisée. Le « radar de danger » inclut aussi la reconnaissance des objets quipeuvent être utilisés comme arme ou être transformés en arme. Cela demande de la pratique et laconnaissance de l'usage de certains outils ainsi qu'une bonne dose de créativité. « Utilisez ce qui fonctionne !», telle est la devise. Utilisez ce que vous considérez comme une arme utile dans une situation donnée.

Objet quotidien ou arme improvisée ? N’importe quel objet quotidien peut être utilisé pour se défendre s’il est facilement disponible et peut être

utilisé tel qu'il est.

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Nous allons également : • Inclure des objets atypiques qui ne

sont pas clairement destinés à des finsd'auto-défense (torchons de cuisine,chaussettes, journaux…)

• Améliorer l'efficacité d'un objet• Modifier et adapter un objet pour en

faire un outil de défense approprié dansune situation donnée

• Améliorer la portée, la force et lasouplesse de l'objet

• Améliorer la durabilité d'un objet afinde permettre une utilisation multiple

• Améliorer notre protection en faisanten sorte de ne pas nous blesser

• Améliorer la saisie de l'objet. Ajoutons que la construction d'une telle

arme nous aidera également àcomprendre comment l'utiliser, ce qui, àson tour, se traduira par une défense sûre,pleine et attentive.

Que sont les armesimprovisées ?

Problème : situation potentiellementdangereuse, peu de temps pour lapréparation.

Solution : développer la créativité pours'adapter, construire, assembler un objet

de sorte qu'i l puisse être uti l iséefficacement comme :

- arme tranchante ou contondante - fouet - projectile - outil coupant - entrave, etc.

Par exemple :1. Projectile ou « missile de frappe »

(une chaussette remplie de pierres, unfoulard noué, un sac avec son contenu, untorchon avec des pièces de monnaies,etc.)2. Arme de mêlée ou arme contondante

(un journal enroulé, un morceau de papierou de carton enroulé, plié et collé pourcréer un objet type bâton, un stylo avecsupport de saisie)3. Outil coupant (carte de crédit ou

règle)

Première arme improvisée - torchonavec pièces de monnaies

Pour construire cette « arme », vousaurez besoin d'un torchon de cuisine etd’une poignée de monnaies. Placez les

pièces au milieu du torchon et enroulez-le.Faites un nœud autour des pièces demonnaie afin qu'elles ne s’échappent pasquand vous uti l iserez votre arme.Maintenant, nouez les bouts du torchonpour avoir une bonne prise.

Deuxième arme improvisée – magazine

Cette « arme » est loin d'être unnouveauté, bien sûr. Je voudraiscependant vous la présenter, car unjournal, un morceau de carton ou desfeuilles de papier peuvent être les seuleschoses à votre disposition. Un carton peutêtre pressé et plié, un magazine ou un tasde papiers peuvent être enroulés. Utilisezdu scotch ou du papier collant pouraméliorer la robustesse et la résistance devotre bâton improvisé. Vous pouvezégalement ajouter un objet pointu àl’extrémité.

Pour plus d’informations sur les stageset les cours d’instructeurs, visitez la page:HYPERLINK http://www.sds-concept.com"www.sds-concept.com

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Emploi de la force etmentalité défensiveEn tant qu’instructeur d'armes à feu

civil, je rencontre souvent une idéeabsolument fausse à l'égard del'application de la force dans la défensede soi ou d'autres personnes. Les loisvarient selon les États et beaucoup degens ont intériorisé cela que parce quela loi leur permet d'util iser la forcemeurtrière dans certains cas, commepar exemple lors d’une intrusion dans ledomicile. Mais dans la plupart des cas,ces personnes n'ont pas pensé auxrépercussions d'être impliqué dans unefusil lade. Même si ce choix estconsidéré comme justifié, et n'y a doncpas des conséquences juridiques, i l existe de nombreux effetspsychologiques et sociaux qui endécoulent et qui changeront leur vie. Jene m'attarderai pas sur ces derniersdans le cadre de cet article, mais je vaisexpliquer quand la force peut êtreuti l isée. Je ne suis cependant pas

avocat. Si vous portez une arme à feupour vous défendre, je vousrecommande de consulter un avocatdans votre juridiction pour obtenir desconseils juridiques. Je parle icistrictement d'un point de vue dedéfense tactique.L’un des plus grands malentendus,

c'est que, si on se sent menacé(puisque les lois utilisent généralementcette terminologie dans leur utilisationde critères de force), il faut attaquer. Ils'agit d'une idée absolument fausse.Pour illustrer cela, je vais vous expliquerles différents types d’engagement. Ilexiste essentiellement trois types :militaire, policier et civil.Dans le cadre du premier type

d’engagement (militaire), une menaceest identifiée et notre objectif est clair :attaquer et neutraliser la menace. Nousn'avons pas le pouvoir de décider sil’engagement doit avoir lieu ou pas,quand l'ordre est donné, nous nepouvons pas nous retirer (sauf à la suited’un engagement de type tactique), et

nous devons utiliser tous les moyens ànotre disposition afin de neutraliser lamenace. Notre objectif ici est de mettrel’objectif hors combat, soit en leblessant sérieusement (ce qui exigerad’avoir des troupes supplémentaires surle champ de bataille pour l’assister), soiten le tuant.Notre deuxième type d’engagement

est un engagement destiné à préserverl'ordre public. Contrairement à l'armée,le mandat d'application de la loi, quandune menace est perçue, n'est pas deneutraliser en le tuant, mais del'appréhender et de le traduire enjustice. Comme dans le premier type derencontre, dans l'application de la loi n'apas le choix, leur travail c'estd’appréhender la menace. Lesméthodes peuvent varier, leur laissant lesoin de savoir où, quand et commentmener cette action. Alors quenormalement, il n'est pas conseillé derompre le contact avec la menace, danscertains cas, une décision tactique peutêtre de rompre le contact tout en

Texte et photos : Avi Nardia & Benjamin Krajmalnik - KAPAP Combatives -

Page 39: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

maintenant la surveillance et d’appréhender la menace dans des conditions qui sont plusfavorables aux agents ou quand sera présent un niveau de menace inférieur pour lepublic. Si, au cours de l'appréhension, le sujet est tué, ce sera alors une question quidevra être étudiée par le ministère afin d’évaluer l’usage correct des niveaux acceptablesd'utilisation de la force.Le type d’engagement qui nous concerne est un engagement civil, et je vais aller plusdans le détail. Quel que soit le jargon juridique de tout statut régissant l’usage de la

force dans la défense de soi (ce qui est plus critique quand les individuspeuvent sentir que la loi est « de leur côté »), nous devons être capables

d'articuler une défense pour notre usage de la force. Pour cela, il existetrois éléments qui doivent être abordés, le triangle capacité,

opportunité et intention. Si nous pouvons prouver que l'agresseuravait la capacité, la possibilité et l'intention d'infliger deslésions corporelles graves ou la mort, alors le déploiement dela force meurtrière sera justifié. Ces trois facteurs ne serapportent pas seulement à l'agresseur, mais aussi à lapersonne qui utilise la force dans la légitime défense.

Contrairement aux engagements militaires et desforces de l'ordre, en tant que civil, nous avons unobjectif : la survie. Chaque fois que vous utilisez laforce en légitime défense, vous allez avoir un certainniveau de responsabilité juridique, de sorte que lemeilleur plan d'action sera toujours de vous enfuir.Nous ne portons pas une arme à feu pour notreego et nous ne tirons pas pour marquer des points.Peu importe combien nous croyons être habile,quand un engagement se produit, le résultat estinconnu, et vous pouvez vous retrouver du côté desperdants de l'affrontement. Votre meilleur pland'action est toujours la fuite et ce, quel qu’aurait étél'usage de la force, avec une arme à feu ou lesmains vides.Je vais vous présenter un scénario hypothétique.

Vous vous réveillez au milieu de la nuit en entendantquelque chose qui se brise dans votre cuisine. Vous

pourriez agir de plusieurs manières.

Self-défense

Page 40: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Grands Maîtres

Option 1Vous prenez votre pistolet et vous

allez jusqu'à la zone où vous avezentendu le bruit pour affronter lamenace perçue. Quand vous arrivez à lacuisine, vous voyez une silhouetteinconnue, et « craignant pour votre vie», vous tirez un coup de feu contre lamenace et vous l’abattez. Le suspect a-t-il eu la possibilité d'infliger des lésionscorporelles ? Cela dépend. Prenons lecas où vous avez rencontré un hommebaraqué. Après qu’il soit tombé parterre, vous voyez qu'il est beaucoupplus fort que vous et à côté de soncorps vous découvrez une barre de ferqu'il avait utilisée pour s'introduire dansvotre maison. Dans ce cas, il aurait lacapacité, car il avait à la fois le potentielphysique ainsi que les moyens de lefaire. En a-t-i l eu l'occasion ?Absolument pas, à moins que vous nevous soyez approché de lui pour luiparler, il était hors d’une distance qui luien aurait donné l'occasion. En avait-ill ' intention ? Eh bien, à partir desdonnées que nous avons en cemoment, sa seule intention était de vousvoler, il n’y a pas eu de menaces claires.À moins que le sujet n’agisse demanière menaçante en vous voyant, sivous deviez tirer, ce pourrait très bienêtre considéré comme injustifié et vous

pourriez être pénalement responsables.Mais maintenant, nous allons rendre leschoses encore plus intéressantes. Aprèsavoir tiré et vous être rapproché, vousvoyez que celui que vous venez de tuerest l'ami de votre fils qui, à votre insu,était rentré d’une soirée légèrement ivreet avait trébuché en essayant de trouverun peu d'eau. Maintenant, nous entronsdans les effets sociaux etpsychologiques à la suite de la fusillade.Vous venez de prendre la vie d'uninnocent, et plus encore de quelqu'unde proche de vous. Pensez-vous quevous serez capables de vivre avec çasur la conscience ? Qu'en est-il desramifications dans vos cercles sociaux? La vie deviendra en effet trèscompliquée pour vous après cela.

Option 2Vous prenez votre arme et vous

descendez prudemment en essayant devous enfuir. Mais le suspect vous voit etvous menace. Le suspect est totalementivre et incapable de marcher droit. Il tientun de vos couteaux de cuisine. Vous êtesà un mètre et demi de la porte et il est à10 mètres de vous. Allez-vous tirer ?Tout d'abord, en essayant de fuir, vousavez déjà démontré que vous n'aviez pasl'intention d’utiliser la force. Maintenant,analysons le sujet sur la base de nos trois

critères. En avait-il la capacité ? Ceserait discutable. Il avait une arme qu'ilbrandissait et peut être aurait-il pu serapprocher assez rapide, mais tant qu’ilne le fait pas, ce serait difficile pour lui.En a-t-il eu l'intention ? Absolument, il amenacé manifestement en brandissantune arme. En a-t-il eu la possibilité ?Dans ce cas, c’est très proche de sacapacité, s'il commence à se rapprocherde vous plus rapidement que vous nepouvez échapper, alors oui. Autrement,non. L'utilisation de la force meurtrièredans ce cas dépend de la posture que lesuspect a prise quand il a vu que vousétiez en train de fuir. Toute tentative des'approcher de vous indiquerait que lecambriolage n'était pas son seul but.

Option 3La disposition de votre maison est

telle qu’il vous est impossible de vouséchapper sans être détecté. Vous faitesle 112 et vous appelez la police. Vous lesinformez de votre position exacte dans lamaison, de la menace qui est à l'intérieurde votre maison et du fait que vous êtesarmé. Vous gardez la ligne ouverte etvous criez à celui qui est en bas quevous êtes armés et que toute tentativede monter à l'étage sera interprétée parvous comme une menace mortelleimpliquant de l'utilisation de la force

Page 41: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

meurtrière. Vous prenez tactiquement position à l'étage de manière à avoir l’avantage si la menace en vient à tirer sur vous. Ensuivant ces étapes, vous vous êtes donné le maximum de couverture que vous pourriez avoir. Vous avez appelé la police pourqu’eux se chargent de l'agresseur, vous avez émis l’avertissement – qui est maintenant enregistré – de votre décision d'utiliser laforce meurtrière dans le cas où il viendrait vers vous, et vous avez pris une position tactique avantageuse. Le suspect commenceà monter les escaliers dans l'obscurité la plus totale. Vous voyez un objet dans sa main. Il a été averti de ne pas monter à l'étage.

Vous êtes déjà dans un état d'esprit défensif. Il se rapproche et il a été averti, il a donc la capacité etla possibilité, et comme il a l'objet dans sa main, il a aussi l'intention de faire du mal.

Vous tirez ? Règle n° 1 : Vous ne tirez pas tant que vous n’avez pas identifiévotre cible. Le « suspect » qui s’approchait était votre fils, revenant de

l'université pour le week-end, à l'improviste. L'objet dans sa main étaitson IPod, il était en train d’écouter de la musique et n’entendait donc

pas vos avertissements. La perception et la réalité, surtout en situation de stress, sonttrès différentes. Mais avoir un plan prévu, le suivre, et suivreune série de règles de sécurité tactiques permettra deminimiser le risque d'avoir à recourir à la force meurtrière. Ilest toujours préférable d'avoir la menace qui vienne versvous et non l'inverse. Vous ne savez pas ce que lamenace peut faire. En adoptant une posture tactique,vous réduisez vos chances d'être du côté des perdantsde l’affrontement. Vous ne serez pas pris au dépourvu.Mais même si vous avez pris toutes les mesurescorrectes comme dans notre option 3, ne tirez jamaistant que vous n’avez pas identifié votre cible. Il y aquelques mois, un célèbre coureur sud-africain a tuésa petite amie. Elle était dans la salle de bain. Il araconté qu’il s’était réveillé en entendant du bruitdans la salle de bain et il a pensé que quelqu'un étaitentré chez lui pour voler. Il a tiré avec son fusil àtravers la porte fermée et l’a tuée. Je n'aimerais pasêtre son avocat. On ne peux pas savoir si ce fut unassassinat ou pas. C'est aux tribunaux de décider,mais il est absolument coupable d'homicide, car il a tirésans identifier sa cible.

Self-défense

Page 42: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Ref. 11210Armure Kendo. Japon.

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Ref. 11170Hakama Japon bleu nuit

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Ref. 11109Hakama Noire. Polyester-Rayon

Ref. 11152Veste Aikido blanche.

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10171KyokushinkaiCompétition. Écru. Coton

Ref. 10816Kimono Tai Chi . Gris

Ref. 10630Kung Fu passepoilé blanc

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Coton

Ref. 10650/51/52Veste de Kung Fu Bleu

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Coton

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Ref. 10820Kimono Tai Chi.

Entraînement. NoirRef. 10830

Kimono Tai Chi.Entraînement.

Blanc

Ref. 10821Pantalon Tai Chi Noir

Ref. 10815Kimono Tai Chi.

Beige

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Ref. 10611Veste de Kung Fu noire. Boutons

Noirs.

KOBUDO

Ref. 10870Kimono Tai-chi avec broderie. Blanc

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Avec renfort

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Ref. 10612Veste Kung fu Blanche.

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Page 43: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

« Karaté : Images d’une histoire » est l’ouvrage qui possède la plus grande quantité de documentsd’archives historiques de l’histoire du Karaté. Funakoshi, ses maîtres, les grands des générations suivantes,Nakayama, Yamagushi, tout cela dans des documents inédits ou peu connus, des photos qui font partie del’histoire du Karaté. Un livre merveilleux.

Le terme « philosophe » est largement utilisé quand on parle du Karaté traditionnel et classique, mais pourmieux comprendre à quoi se réfère cette philosophie du Karaté sans se perdre en vaines élucubrations, il n’ya rien de mieux que de connaître les opinions et les pensées des grands maîtres à propos de la significationde l’objectif de cet art martial et de sa pratique.

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Page 45: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Points de pression tactiques du Combat Hapkido – Activation de la cible

Dans ce dernier article sur les points de pression tactique(PPT) du Combat Hapkido, je vais parler des méthodes et desprincipes d'activation de la cible anatomique appropriée, ainsique de l'importance de l'intention. Une attention particulière etun examen constant de ce matériel vous permettrontd'améliorer considérablement et de perfectionner vostechniques et leurs applications au combat. Chaque cible aune méthode spécifique d'activation et, bien que plusieurs(pas toutes) peuvent être stimulées de diverses façons, ellesont toutes une méthode plus efficace. Nous montrons cela endétail pour chaque cible tout au long des cinq niveaux de lasérie de DVD d’instruction PPT.

Ce concept d'activation spécifique approprié peut d'abordsembler complexe, mais une fois qu'il est compris et pratiqué,il devient une seconde nature. Comme nous activonsdifférents types de nerfs, il nous faut parfois utiliser un autretype de stimulus (méthode d'activation), par exemple, lors del'attaque d'une structure telle que les fibres nerveuses del’organe tendineux de Golgi. L'anatomie physique de cesfibres peut être comparée à un groupe de germes de luzerne.

L'activation de ces fibres exige un type particulier destimulus. Ces fibres sont plus profondément et plus

facilement stimulées par un mouvement defrottement alors que les frapper est très

inefficace. L'inverse s'applique auxfibres nerveuses fusiformes :

là, le frottement a peud'effet et la meilleure

méthode et la plusefficace, c’est de

les frapper.

Voici les clés générales d'activation des cibles, autrefoisconsidérées comme les « secrets » des points depression du combat :

• Frappe • Pression ou toucher • Frottement ou pression variable • Angle (presque toujours de 45 degrés) • Direction (suivre le flux du méridien pour un effet

maximum) • Intention appropriée avec la quantité et le type d'énergie

corrects• Attaquer une cible molle avec une arme dure et vice versa

(parfois appelé le Yin-Yang) • Inclure le son, la visualisation et l'émotion• La relaxation est essentielle pour fournir de l'énergie dans

la cible (ne pas tendre votre corps). • Fluidité et contact. Un coup doit être donné de sorte que

la cible soit touchée et que l'arme utilisée pour frapper resteen contact pendant au moins un dixième de seconde, afin deconférer toute l'énergie cinétique du coup.

Voici en outre quelques conseils supplémentairesdonnés par le grand maître George Dillman pour lasélection, la localisation et l'activation des ciblesanatomiques :

Reportage

« On entend ou on parle souvent,

dans les medias, du mantramental-corps-esprit, maisil est rarement vraimentcompris et encore moins

utilisé dans les applicationspratiques. »

« Je vous recommandedonc vivement d’investir unpeu de temps à étudier lapuissance de l'intentionpour améliorer chaque

étape de votredéveloppement. »

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• Plus le nerf est grand, plus la douleur estgrande.

• Attaquer les petites articulations avec la mêmeforce que les grandes articulations augmente ladouleur (et le risque de blessures). La force estrépartie autour des tendons et des ligaments, cequi se traduit par une plus grande torsion sur lazone.

• Attaquer les points d’or ig ine etd’ intersect ion des tendons st imulent lesrécepteurs d'étirement, ce sont généralementdes cibles de « frottement ».

• Attaquer les l igaments au niveau desrécepteurs d'étirement des nerfs en frappant pourétirer et tordre la cible.

• Attaquer les organes tendineux de Golgi(récepteurs nerveux spéciaux) permet decontourner le cerveau et d’envoyer des signauxdirectement à la moelle épinière créant une réactioninvolontaire.

Ces clés, conseils et méthodes physiques générauxvous aideront à améliorer l'efficacité de votre travail.Cependant, l'intention (malheureusement souvent négligée)est peut-être le principe le plus efficace dans tous lesefforts lorsqu'elle est appuyée par l'inclusion etl'application d’actions cohérentes. On entendou on parle souvent, dans les medias, dumantra mental-corps-esprit, mais ilest rarement vraiment

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compris et encore moins utilisé dans lesapplications pratiques. Dans leprogramme PPT, l'alignement de vospensées (le mental), de vos sentiments(l'esprit) et de vos actions (le corps) estessentiel pour l’activation correcte den'importe quelle cible ou technique.Pensez-y comme un effet synergique oùle résultat de la somme est supérieur àla somme des parties.

L’intention attire toute la puissance oul'énergie nécessaire pour physiquement,spirituellement et mentalement atteindreou manifester un quelconque résultat.On en a la preuve avec le simpleplacebo (une substance chimique inerte,souvent rien que du sucre). Lorsqu’unsujet croit que le placebo est autrechose, il est prouvé qu’il est le produitpharmaceutique le plus efficace. Leplacebo (ou plus exactement lacroyance du sujet, son « intention ») aguéri plus de maladies que toute autresubstance chimique dans l'histoire del'humanité. Une fois qu’un placebo créeune réaction physique ou physiologique,il n’est évidemment plus inerte. Noscroyances et nos pensées ont des effetsprofonds sur les réactions neuro-hormonales et chimiques de notrecorps.

À titre d'exemple, comment est-ilpossible qu’une mère (ou une grand-mère) de constitution légère soit capablede soulever une voiture ou un objetpesant pour libérer un enfant pris aupiège ? Combien de fois avons-nousentendu ce types d'histoires ? Qu'est-ce donc, sinon l'alignement des

pensées, des sentiments et des actionsqui permettent cet exploit miraculeux ?Maintenant, imaginez que vous pouvezexploiter ce type d'énergie dans voscompétences de self-défense.

« Un cadeau ne réside pas dans cequi est fait ou donné,

mais dans l'intention de celui quidonne ou qui agit. »

– Sénèque (1er siècle après J.-C.)

Pour ceux qui peuvent êtresceptiques, il est utile de comprendreque, biologiquement, le corps estsurtout composé de nombreusesprotéines et que ces protéinesrépondent à certains signaux. Cessignaux génériques sont physiques,chimiques et énergétiques. Un couppeut être à la fois physique eténergétique (intention), un peu commeun cachet d'aspirine peut être à la foischimique et énergétique (rappelez-vousl'effet placebo). Dans ces deuxexemples, c’est la réponse synergiquequi crée le plus grand résultat.

Nous remettons souvent en questionl'aspect énergétique comme étant «New Age » ou « mystique », mais nouscontinuons de reconnaître les réactionsphysiques et chimiques sans plus yréfléchir.

Saviez-vous que s’il n'y avait pas designal énergétique dans le corps(autrement dit de conductivité électriquecomme les nerfs), notre cœur ne battraitpas ? I l est au-delà du champd'application de ce programme

d'explorer en profondeur ce conceptunique, je vous recommande doncvivement d’investir un peu de temps àétudier la puissance de l'intention pouraméliorer chaque étape de votredéveloppement. Démystifier ce domaineest essentiel pour reconnaître que c’estnotre intention qui guide l'énergie(connue sous le nom Chai, la force devie, Ki, Qi, Prâna ou Chi dans différentescultures) qui assure le succès.

Bien sûr, cet article ne peut saisir cesujet dans son intégralité et vous êtesencouragés à l’approfondir pour mieuxcomprendre cet important domaine dela self-défense. Dans les prochainsarticles, je continuerai de développer cetimportant sujet. Mais bien sûr, vousn'avez pas à attendre. Toutes cesinformations sont disponibles dans lelivre des points de pression tactiques duCombat Hapkido et la série de DVDd'instruction, que vous pouvezcommander directement à travers deDefensive Services International auHYPERLINK "http://www.dsihq.com"www.dsihq.com et de BudoInternational au HYPERLINK"http://www.budointernational.net"www.budointernational.net

Entraînez-vous en toute sécurité, vivezdans l’honneur et portez-vous bien !

Pour tout ce qui concerne lescertificats, les livres, les DVD, les stagesou toute autre question, s'il vous plaîtcontactez :

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Reportage

« L’intention attire toute la puissance ou l'énergie nécessaire pour physiquement,

spirituellement et mentalement atteindre ou manifesterun quelconque résultat. »

« Saviez-vous que s’il n'y avait pas de signal énergétiquedans le corps (autrement dit de conductivité électrique

comme les nerfs), notre cœur ne battrait pas ? »

Page 50: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Une fois révisés et ajustés les concepts et les méthodologiesd'une école qui provient d'une méthode de combat réel, la ZenNihon Toyama-Ryu Iai-Do Renmei (ZNTIR) s'efforceactuellement de maintenir cette tradition vivante et de

conserver les formes originales à travers un système quiunifie le corps, la pensée et l'esprit de manière

réaliste et efficace. Ce DVD a été créé à lademande des pratiquants de la filiale

espagnole de la Zen Nihon Toyama-RyuIaido Renmei (ZNTIR - Spain Branch)

afin de faire connaître au mondeentier un style de combat avec une

vraie épée, créé au XXème siècledernier, mais dont les racinesplongent dans les anciennestechniques guerrières du Japonféodal. Il vous présente lastructure de base de laméthodologie qui estappliquée dans le style, depuisles exercices d'échauffementet de préparation codifiés, enpassant par les exercices decoupe, les gardes, les katas de

l'école, le travail avec unpartenaire et l'initiation au

Tameshigiri, les exercices de coupesur une cible réelle, la pierre

angulaire sur laquelle se base leToyama-Ryu. Nous espérons que la

connaissance de l'existence d'un stylecomme le Toyama-Ryu Batto-Jutsu soit un

stimulant envers ce style traditionnel, trèsdifférent des disciplines de combat actuelles et qu'il

attire ceux qui désirent aller plus loin dans leurs pratiquesmartiales. Ce DVD sera utile à tous ceux que le sabre japonaisintéressent, amateurs ou professionnels, pour appuyer leurapprentissage ou comme objet de consultation.

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Tous les DVDs produits par Budo International sontscell�s au moyen dÕune �tiquette holographique distinctiveet sont r�al is�s sur support DVD-5, format MPEG-2 (jamais VCD, DICX ou similaires). De m�me,lÕimpression des jaquettes ainsi que les s�rigraphiessuivent les plus strictes exigences de qualit�. Si ce DVD neremplit pas ces crit �res et/ou si la jaquette ou las�rigraphie ne co�ncide pas avec celle que nous vousmontrons ici, il sÕagit dÕune copie pirate.

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Page 51: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

On définit le point vital en Taekwondo comme n’importe quellezone du corps sensible ou fragile, vulnérable à une attaque. Il est

essentiel que l’élève de Taekwondo ait une connaissance desdifférents points afin de pouvoir utiliser l’outil adéquat

pour attaquer ou bloquer. Toute attaqueindiscriminée doit être condamnée, elle est

inefficace et c’est un gaspillage d’énergie. »Général Choi Hong Li, Encyclopédie du

Taekwondo, Volume II, page 88. LeTaekwondo est l’un des arts martiauxles plus importants et professionnelsdans le monde aujourd’hui. Fondé le11 avril 1955 par le général ChoiHong Hi, il continua de prospérer,même après la mort de sonfondateur en juin 2002. Avec letemps, les facteurs sportifsl’emportèrent et beaucoup d’autresaspects furent ignorés ou rejetés

dans le secteur des méthodes deself-défense originales. Dans les

écrits originaux du général Choi, leciblage, la structure et même l’usage

des points vitaux « Kupso  » (Kyusho),ainsi que le développement des armes

pour y accéder, sont décrits, mais ils n’ontjamais été entièrement enseignés. Le Kyusho

International a développé un programme pourexpliquer, instruire, intégrer et développer cet incroyable

art martial en revenant à ses concepts fondateurs. Ce nouveauprogramme a tout l’appui du fils du fondateur, Choi Jung Hwa.L’objectif de cette série est d’étudier les formes (Tul) réalisées enfonction des préceptes du fondateur de «  l’Encyclopédie duTaekwondo » (15 volumes écrits par le Général Choi Hong Li, incluantleurs points vitaux). À travers cette structure, le Kyusho s’intégrerainitialement de nouveau dans le Taekwondo. Le Kyusho internationalest fier d’apporter son aide à cette tâche de collaborationmonumentale et historique.

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International sont scellés au moyen d’une

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que les sérigraphies suivent les plus

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Page 52: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Hoonsanim Alberto Gamboa est l'un des pionniers duHankido dans le monde. Son intérêt, son amour et sondévouement pour la culture coréenne à travers le Hankido luiont valu le t itre de Hoonsa, autrement dit professeurtraditionnel de Hankido qui domine les huit chemins(Hosindobop, Muyedobop, Sujokdobop, Kiokkidobop,

Kihapdobop, Byongsooldobop, Soochimdobop,Hwansangdobop).

Son dojang central, l’un des plus grands du Chili et –pourquoi ne pas le dire – du monde, est situé à Santiago duChili. Il y enseigne personnellement à plus de 100 élèves, desenfants, des femmes, des hommes et des personnes âgées.

2

Alberto Gamboa, le précurseur du Hankido dans les pays hispanophones

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4

N’ayant aucun intérêt à être considérécomme une «vache sacrée», il n’a paspeur de l’échec, ni de mettre son doboket de passer toute la journée às’entraîner.

Né en 1952, il remporta très jeune,après la séparation de ses parents, unebourse pour aller étudier en Europe. Samère émigra avec lui et après une annéed'études dans un pensionnat enAngleterre, i l termina son parcoursscolaire en Espagne.

Comment avez-vous débuté dansles arts martiaux ?

C'est une question très fréquente,évidemment nous avons certainementtous un début et le mien fut la survie.J'étais un enfant étranger dans uneécole populaire d'un grand quartier deMadrid et bien qu’aujourd’hui, ce soitdevenu à la mode, il y avait aussi duharcèlement à l’époque. À la demandede ma mère, j'ai commencé à apprendrela Boxe et d'autres style de légitimedéfense de rue, jusqu’à me retrouverdans une école de Judo. Plus tard, auChil i , à l'école navale ( la Marinechil ienne), j 'ai été sélectionné dans l'équipe de Judo et d'Escrimespécialité sabre.

Et comment êtes-vous arrivé auHankido ?

Après avoir quitté la Marine, j 'aipratiqué le Karaté pendant denombreuses années, deux styles trèsdurs, le Kyokushin avec le Sensei VictorValdivia, à qui je dois la base de maformation martiale et plus tard le ShorinRyu avec le Sensei Brickman, qui m'amême offert de prendre en charge sonécole au Chili. Mais la dureté de cesstyles m’ennuyait et je me suis mis àchercher quelque chose de plusspirituel, souple et malléable. C'est ainsique j’ai abouti au dojang de Maître Choi,le premier maître coréen qui introduisit leHapkido au Chili et qui, plus tard, fitvenir le maître Byong Chung Moon quivint, envoyé par Kuksanim Myong JaeNam pour « évangéliser » avec un artmartial qui est en réalité une transitionvers le Hankido.

Ces deux maîtres se séparèrent dansle milieu des années 80 et moi, j’aicontinué dans la lignée de l'IHF avec lemaître Moon, mais il m’a fallu une année

entière avant de pouvoir y entrer, parceque j'avais déjà un haut grade avecMaître Choi.

À la fin des années quatre-vingt, lemaître Moon a décidé d'émigrer auxÉtats-Unis et m'a autorisé à me rendreen Corée afin de prendre en charge l'IHFau Chili. Parallèlement, le maître Choiqui enseignait le Hapkido au Chil idisparut dans des circonstancesmystérieuses. C'est ainsi que j'ai venduma voiture et que je suis parti à la rencontre de Kuksanim Myong Jae Nam.

Vous avez eu la chance d'être undisciple direct du grand maître MyongJae Nam Kuksanim et le privilège devivre avec lui pendant longtemps.Racontez-nous, comment était-il ?

Je pense que ma connexion àKuksanim a marqué ma vie. I l « m’attrapa » de façon magistrale. Lapremière fois que je suis allé en Corée,je suis revenu sans aucun papier niparchemin disant que j'allais avoir uneposition dans la Fédération. Mais ladeuxième fois que j’y suis allé, il secomporta comme un père pour moi, jene me suis jamais senti plus protégé parla Fédération que quand il était vivant. Ilme téléphonait et me parlait longuementen coréen et, bien que ni l’un ni l’autrene parlions la langue de l'autre, nousétions tous les deux heureux de nousentendre. Quand je l'ai accompagné lorsde sa tournée en Hollande et enEspagne en 1995, il s’inquiéta même dema mère, ce qui agaça d'autres Coréensparce qu'il était alors très inhabitueldans la culture coréenne de montrer durespect envers les femmes (même siaujourd'hui, ça l’est moins). Kuksanimfut quelqu’un qui suscita l’amour et lahaine de nombreuses personnes, ce quiveut dire qu’il n’est pas resté indifférentau monde. Kuksanim est le Hankido.

Comment se fait-il que Kuksanimvous demanda de l'accompagner lorsde sa tournée européenne en 95 ?

Kuksanim vit que je désiraisanxieusement passer plus de tempsavec lui, avide d'apprendre. Je n'avaisalors aucune intention de me faireremarquer, enseigner ne m’intéressaitmême pas, mais je voulais apprendre.Je me suis efforcé d’épargner chaque

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Interview

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année pour ne perdre aucune des occasions qui pourraient seprésenter à moi. Cette année-là, je me suis allé en Corée et jeme suis entraîné pendant plusieurs mois avec Kuksanim. Et ila dit simplement : « Pourquoi ne m'accompagnerais-tu pasen Europe ? » Et, bien que je n’eusse pas les conditionséconomiques de le faire, une passion est une passion et jesuis parti l'accompagner en l'Europe. Ce fut difficile pourmoi en Hollande, parce que personne ne meconnaissait. J'ai eu du mal à gagner le respect desCoréens responsables du Hapkido en Europe. Maisquand je suis arrivé en Espagne, ce fut autre chose, jeme suis senti comme chez moi. Pour moi, la chose laplus importante, c’est que le lien entre Kuksanim et moi se renforça, ce qui accrut plus encore ma loyautéenvers lui.

Passant à la question technique Hoonsanim… Qu’y a-t-il de traditionnel et de moderne dans le Hankido ?

C'est un point assez contesté et pour moi cettediscussion n’a pas de sens. Tout le monde connaîtl'histoire des arts martiaux coréens et l’époque oùdisparurent les arts guerriers de la région, en raison del'occupation japonaise. Et c'est précisément à cemoment-là qu’apparurent des personnes qui durentrecomposer le puzzle des arts martiaux coréens. Direqu'ils l’ont bien fait ou les critiquer parce qu’ils ne l’ontpas bien fait est une autre histoire. Moi, ce quim'intéresse, c'est de défendre fidèlement tout ce quereprésente l'entrée du Hankido dans le monde moderne,en tant qu’art martial moderne et novateur et en tantqu’un art martial possédant une tradition. Cela ne veutpas dire qu'il n'est pas traditionnel. En fait, on a trouvéles documents d'un prince de la dynastie Shilla réalisantdes techniques de Hankido, il y a 5000 ans. La traditiondu Hankido appartient à la culture coréenne, ausauvetage de ses racines ancestrales. Mais nous devonsrevenir à ce moment historique actuel. Kuksanim était unhomme moderne. Il est mort en 1999, il avait 60 ans. Et,au cours de cette période, il a fait beaucoup de choses,mais sans aucun doute la chose la plus importante, c’estqu’il a transformé un Hapkido traditionnel en un Hankidorenouvelé avec la culture coréenne.

Beaucoup de gens chercheront à couper les cheveuxen quatre, ils cherchent la polémique entre arts martiauxcoréens et japonais. Tous les mouvements de tous lesles arts martiaux sont communs. Il n’existe pas d’artsmartiaux qui n’aient pas de mouvements uniques, ladifférence réside dans le fond philosophique, et dans lecas du Hankido, on a les taoïstes, les confucéens et lesbouddhistes. Les héritiers de ce Hankido doivent seconcentrer sur les mêmes principes que ceux quianimèrent Kuksanim : tradition et innovation.

Le Hankido un art martial possédant solidité, art,fiabilité et surtout identité…

D'un point de vue pratique, Kuksanim a envoyé desémissaires dans le monde entier avec une idée de transitiondu Hapkido… vers ce qui allait devenir le Hankido. Cespersonnes formèrent d'autres professeurs, mais ce n'était pasencore le Hankido. La première vision ou présentation duHankido eut lieu aux premiers jeux internationaux à Séoul en

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1990. Kuksanim prépara une exhibitionavec une équipe de démonstrationconstituée de gens âgés (adultes). Ilmontra ainsi au monde que le Hankidoétait un art martial qui possédait solidité,fiabilité et art, mais surtout identité.Cette équipe de démonstration était loinde ce qui est maintenant présenté encompétition, où les démonstrations sontmarquées par les sauts et les pirouettes.C’est dans les années 90 que seformèrent la plupart des professeurs

pionniers qui acceptèrent de participer àce défi (et dont je fais partie). Lefondement de cette époque étaitl 'unif ication, mais de nombreuxprofesseurs eurent du mal à comprendrela transcendance que représentaitl’unif ication du Hapkido avec leHankido… À cette époque, on ne parlaitmême pas du Hankumdo. À partir de cemoment-là, commença la mission demodifier ou de transformer l’IHF enHKD, un concept qui intègre le Hapkido,

le Hankido et le Hankumdo. Ma manièrede comprendre le désir de Kuksanim serésume en un mot : l'intégration. Ilvoulait que tout soit inclus dans un seulconcept : le Hankido.

Avez-vous eu du mal à insérer cenouveau concept dans la société despratiquants d’art martiaux dans lemonde, étant vous-mêmeresponsable pour les pays de langueespagnole ?

Interview

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Quand j’ai passé mon examen de KwanJang pour êtrereprésentant du Hankido pour l'Amérique latine devantKuksanim, plusieurs années après mes débuts, on me donnatous les documents dans un dossier qui disait en Hanja(caractères chinois), HAN KI DO. En dessous, il y avait l'insignede l’IHF qui était utilisé à l’époque, qui disait « InternationalHandiko Federation ». Je suis alors arrivé au Chili et j'aiprésenté tous ces documents devant un comité d'expertsmartiaux de renom organisé par le Ministère de la Défense, afinde m’accorder ou de révoquer mon autorisation à être lereprésentant d'un style au Chili. Parmi eux, il y avait même unmaître de Hapkido, un Coréen, qui était arrivé, il y a quelquesannées, au Chili. La première chose qu'ils ont tous dit ce fut : « Ils se sont trompé ! Ils ont mal écrit ! Il y a la même erreursur votre dossier et votre diplôme ! Ils ont remplacé le “p” parun “n” ! ». Ces réactions générales mettaient en évidence lemanque de connaissances et de culture qu’il y avait là-bas. Jevous raconte cette anecdote pour souligner le fait que les genscritiquent et disqualifient sans même savoir de quoi ils parlent.

Un art martial n'est pas seulement une forme, c'est unemanière de vivre. Cela veut dire que je dois me cultiver, je doisapprendre à connaître leur culture, que je dois savoir au moinscomment unir une consonne et une voyelle. Kuksanim disaittoujours : « Premièrement, le Hankido doit être simple. Ensuite,vient le rythme. Et enfin, il est fait pour des gens qui sontcapables de penser. »

En 2010, le Hankido a été officiellement reconnu par legouvernement coréen comme un art martial traditionnel…

La grande contribution du fils héritier de Kuksanim à travers leDoju Myong Sung Kwan, c’est qu'en 2010, nous avonsfinalement obtenu que le gouvernement sud-coréen reconnaisseofficiellement l'héritage culturel laissé par Kuksanim à travers sontravail de sauvetage des racines de son peuple. C’est ainsiqu’aujourd'hui, le Hankido est le deuxième art martial traditionnelde Corée. Il est ainsi culturellement situé au même niveau que leTaekwondo traditionnel. Mondialement sont alors devenues « àla mode » les alliances et les coopérations entre ces deux artsmartiaux. C’est ainsi, qu’en Corée, il a plus de 600 professeursde Taekwondo qui ont veillé à apprendre parallèlement lestechniques de Hankido et de Hankumdo. Aux États-Unis et enEurope est également arrivée cette « mode » et HoonsanimAlberto Gamboa a également une opinion sur le sujet.

Que pensez-vous des alliances stratégiques qui sontfaites entre les écoles et les organisations de Hapkido,Hankido, Hankumdo et Taekwondo ? Voyez-vous un avenirà ce type d’union… ?

Du point de vue théorique, le Hankido et le Taekwondo n'ontpas de point commun, chacun fonctionne indépendamment etils ne partagent aucun organe. D’après ce que je vois donc, iln'y a aucun problème pour qu’ils se complètent et forment desalliances et des stratégies. Mais dans ce type d’alliances, il n’ya pas seulement des idées et des esprits, mais aussi deshommes et chez les hommes, on trouve toujours l'ambition et lepouvoir, en plus des rivalités concernant ce qui vient en premier :l'œuf ou la poule.

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Interview

Bref, si l'on regarde les choses d'un point de vue positif, cen’est pas seulement bon, c’est nécessaire. Tout dépend denous, de nos attitudes et de l'examen des futures alliancesstratégiques répondant aux objectifs de partage desconnaissances et laissant de côté les objectifs émotionnels.

Et enfin Hoonsanim… nous savons que cette année, vousvous trouverez début de mai en Espagne pour donner unséminaire ouvert mais aussi pour évaluer la façon dont yévolue le Hankido. Que vous attendez-vous à voir en Espagneet quels sont vos projets ou vos prévisions ?

Je vois très clairement les choses en ce qui concernel'Espagne, en termes pratiques et sur le planémotionnel. Certes, le travail de tous ceux quisont impliqués dans la réhabilitation du Hankidoen Espagne doit être pratique, méthodique etavec le pied sur terre. Beaucoup de gens ontapprécié les changements, mais ça leur en coûtepour des raisons égoïstes d'ambition et peut-êtred’orgueil aussi. Parfois, le changement impliqueaussi un sacrifice, autrement dit des heuresd’entraînement, mais aussi parfois de descendreà un rang inférieur. Il y en a qui n'acceptent pascela. Ils préféreraient sans aucun doute que lechangement soit plus doux ou plus léger et avecun soutien administratif plus rapide.

Dans le cas de l'Espagne, la progression aété bonne. Je n'ai aucune possibilité de m’yrendre plus régulièrement… seulement une foispar an. Mais depuis ma première visite enEspagne, j'ai été prêt prêt à donner le maximumde moi à tous ceux qui veulent bien faire deschangements, aux courageux. Des gens quisont des transformateurs et qui, dans la magiebien sûr de ce qu’est le Hankido, etamicalement, sans rechercher la médaille ou lareconnaissance, luttent pour quelque chose qui,à long ou à court terme, est la porte d’entréevers un monde différent.

Et nous avons réussi à créer ce mondedifférent grâce à dix professeurs qui travaillentactuellement avec beaucoup de foi et desacrifice. Des sacrifices de toutes sortes, parceque je dois aussi tenir compte de l'évolutionéconomique de l'Espagne, qui n'est pasparticulièrement bonne et cela marquecertainement la vie de tout Espagnol.Néanmoins, i ls travail lent selon leurspossibilités. De mon côté, je fais un maximumd’efforts pour obtenir le plus d’échangespossible, pour transmettre toutes lesconnaissances élémentaires afin d’avoir unebonne base et surtout pour partagerl’expérience que nous avons acquise dans cedomaine depuis quelques années et créerl’envie de développer réellement les préceptesde base de Myong Jae Nam Kuksanim.

Je suis un défenseur de la l ignéetraditionnelle de mon professeur. Je ne suis paspartisan des objectifs sportifs. J'accepte leprocessus des championnats comme un moyend'intégrer le Hankido d'une manière plusmassive, pour que les gens nous connaissent,mais je ne suis pas enclin à créer des parallèlesentre les concepts martiaux et le sport, jel'accepte parce que je dois l’accepter et parceque je suis un bon soldat et cela impliqueégalement que mon attitude envers ma manièred'enseigner soit martiale à cent pour cent.

Je crois que les Espagnols sont capables dele comprendre et d'y croire, parce que lesvicissitudes dans les pratiques sont comme lesvicissitudes de la vie, on ne sait pas ce quiarrivera demain, mais il faut continuer de sebattre pour ce en quoi on croit ou ce que l’ondésire, même si l'avenir est incertain.

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Les technique du Léopard du Shaolin Hung Gar Kung Fu

Leopard ( )Les techniques du Léopard exercent la vitesse, la

coordination et l'endurance. Elles sont basées sur laphilosophie de l'élément métal et sont utiles en combatrapproché. Le léopard se bat puissamment et en courte distance. Contrairement au tigre qui utilise sonimmense pouvoir d'attaquer, le léopard est plus agile etexplosif.

La rapidité de son pouvoir de réaction et son agilitéfont du léopard, un redoutable chasseur dans lanature. Ses attaques sont inattendue et rapidescomme l'éclair. D'autre part, il est capable de sereplier rapidement en sautant et en esquivant.Le léopard est plus petit que le tigre et doncmoins fort. C’est l’un des prédateurs lesplus rapides de la terre. Une fois qu’il achoisit une cible, il chasse avec une vites-se stupéfiante. Il tue ses victime inexora-blement, d’une morsure au cou simple etrapide. Dans votre habileté à combattre,la rapidité est l'un des facteurs-clés. Denombreuses attaques rapides, courtes etagressives frappent l'adversaire commeune grêle de balles et la contre-attaqueest presque impossible.

Les photos suivantes montrent legrand maître Martin Sewer faisant unedémonstration des mouvements de basedu style du Léopard.

Kung Fu

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“Las técnicasdel Leopardo

pueden ayudarpara el combate

de cercanía, en el cuerpo a

cuerpo”

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Kung Fu

Les mouvements sont comparables à deux meules, les mains sont ouvertes (pour comprendre l'idée de base de la technique). Le mouvement circulaire va vers l'avant.

Ces photos nous montrent la position typique de la main du style du Léopard du Kung Fu. C'est un demi poing.Autrement dit, le poing est à moitié fermé. L'important, c’est la tension musculaire dans cette position de la main. De cettefaçon, la zone de contact du poing est plus petite et donc plus douloureuse pour l'adversaire.

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Kung Fu

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Voici le mouvement de base.Des changements de direction

brusques sont, bien sûr, possiblespour changer à nouveau la directionjuste après. Je recommande depratiquer le mouvement de based’abord en détail pour ensuitepasser au changement de direction.

Et le mouvement continue dans ladirection originale.

Une fois que ces mouvementssont compris, les applications au

combat doivent ressembler à ce qui suit :

La direction change au cours du combat.

… et une fois de plus dans l’autre direction…

Comme le lecteur intéressé peut le voir, cestechniques sont extrêmement rapides, trèsefficaces et simples à apprendre. Les techniquesde Kung Fu traditionnel sont dangereuses etmieux vaut ne pas les sous-estimer.

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La self-défense pour les femmes doit répondre à certaines exigences. Elle doit êtresimple, efficace et réaliste. L’Eskrima peut être très simple, efficace et réaliste, mais peude femmes pratiquent l’Eskrima. L’une des raisons, c’est que beaucoup de femmessemblent penser qu’elles ne peuvent pas porter un bâton dans la rue. L’Eskrima estsouvent pratiqué par des personnes ayant déjà une expérience dans d'autres sports decombat. Pourtant, mes séminaires sont très populaires auprès des femmes. Elles ontd'abord pensé que l'Eskrima était bizarre, parce que nous commençions avec le maniementdes armes. Quand je commence à expliquer les principes de l’Eskrima, elles comprennentsa beauté et son efficacité. Ainsi, elles apprennent à comprendre qu'elles peuventréellement utiliser n’importe quelle arme, que ce soit un dossier ou un sac à main. Je voisles sourires sur leur visage quand elles commencent à comprendre. Je pense quen'importe quelle femme peut pratiquer et apprendre l’Eskrima.

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Eskrima pour les femmes

Leonora lutteuse d’artsmartiaux philippinsQuand je pense aux femmes de

l’Eskrima, je pense à ma première visite àl'école Pares Eskrima Doce à Cebu. J'aivu deux eskrimadors au combat, pleincontact, et se frappant l’un l'autre avecdes combinaisons dures et rapides. Cequi m'a surpris, c'est la force et la formeagressive de combattre des deuxcombattants. Le plus petit eskrimador fitune série de combinaisons de solidescoups à la tête et donna une série decoups au corps le plus grand combattant.Ce fut le moment d'arrêter le combat et leplus grand des deux est tombé sur lesgenoux. Et à ce moment-là, je suis restéabasourdi ! Le petit combattant ôta soncasque et à ma grande surprise, j'ai vuune longue chevelure noire tomber et levisage d'une jeune femme avec un grandsourire. Elle m'a vu et s'est présentécomme Leonora Rentuma. Ensuite, j'ai fait

quelques recherches et j'ai découvertqu’elle était plusieurs fois championne desPhilippines, championne du monde decombat plein contact et plusieurs foischampionne du monde de Sayaw (katas).Elle fit partie de l'équipe militaire à Manilleet fut championne invaincue. À cetteépoque, je n'aurais jamais imaginé queLeonora allait être ma femme, mais ça,c'est une autre histoire.

Une fausse idée del’EskrimaIl y a quelques années, un élève me dit

qu'il avait voyagé en train et avait réussi àvaincre deux gars dans un combat. Il avaitutilisé ses bâtons d’Eskrima. J'avais lul'histoire dans le journal, mais je n’avaisjamais pensé qu’il s’agissait d’un de mesélèves qui s'entraînait avec moi depuisdes années. Bien sûr, je n'étais pascontent de cette situation et j’ai demandéà l'élève pourquoi il voyageait avec sesbâtons d’Eskrima. Je trouvais celaétrange. Il me répondit qu'il emportait

toujours un bâton d’Eskrima. Je lui ai ditqu'il ne comprenait pas le concept del’Eskrima. Le bâton ressemble à d'autresarmes, comme une épée courte. Maisl'incident m'a fait réfléchir. Je vais doncsouligner ce qui est vraiment de l’Eskrimaet ce qui ne l'est pas. Il est important decomprendre les principes et pourquois'entraîner avec des bâtons et à quoi ilsressemblent et l’assimiler.

Bénéfice de l’EskrimaL’Eskrima est adéquat pour la self

défense, pour le combat armé et nonarmé. Mais la manière d’apprendrel’Eskrima est différente des autres artsmartiaux. En Eskrima, nous commençonspar les armes. La raison est très simple :lorsque vous êtes dans un combat et vousdevez lutter pour votre vie, vous aurez unavantage si vous savez comment manierles armes, et ça ne doit pasnécessairement être un bâton. Vouspouvez utiliser une variété d'armes légalesque l’on peut emporter partout, comme un

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parapluie, un stylo, un sac, des lunettesde soleil, un foulard (sarong), etc. Bien sûr,vous ne pouvez pas bloquer les coupstrès efficacement avec un foularde, maisvous pouvez l'uti l iser comme unedistraction et frapper votre adversaire auvisage et vous enfuir. Une veste estégalement une excellente arme pour sedéfendre. Pensez à ce scénario : envoyerune veste à la tête et donner un coup depied sur le genou ou à l'aine.

Armes dans la rueDans la rue, il y a toutes sortes d'armes

à portée de main. Des pierres, des bâtons,du sable, toutes très efficaces. On peututiliser un vélo pour se défendre commeun bouclier entre soi et l'adversaire. Lapompe de la bicyclette est une arme quipeut être uti l isée comme un bâtond’Eskrima. Pensez-y, les armes sontautour de vous. Peut-être n’y avez-vousjamais fait attention. Regardez autour devous combien d'armes i l y a en cemoment. Des ordures, des pierres, du

sable. Basiquement, tout qui peut devenirune arme. Le seul obstacle, c’est un petitesprit. Penser en grand et regardez autourde vous, regardez les armes cachées quela rue vous offre.

Armes chez vousTrès souvent, les femmes me demandent

ce qu’elles peuvent faire quand elles sontattaquées dans leur propre maison. Mapremière réponse c’est : vous devez voussentir en sécurité dans votre propremaison, mais malheureusement, il est deplus en plus commun de voir des voyousentrer dans d'autres maisons pour voler etsouvent tabasser ses occupants ou pire,même ici en Hollande. C'est un grosproblème et le problème s'accroît. Jeréponds donc : regardez autour de vousdans la maison et observez le nombred'armes qu’il y a. Couteaux, fourchettes,pots, tables, chaises, n’importe quellechose que vous puissiez utiliser, il n'y a pasde règles pour la protection de soi et celledes enfants et des proches. Aux

États-Unis, l'utilisation des armes à feu estautorisée lorsque quelqu'un entre dansvotre maison. En Hollande, il n'est paspermis d'avoir une arme à feu et si vous lefaites, il y a beaucoup de chances quevous alliez en prison à la place de l'intrus.Un bon conseil, c’est de faire beaucoup debruit, par exemple, en lançant un cendrierou un vase à travers la fenêtre. Faitesautant de bruit que possible, les intrusdétestent cela.

Armes fixes à la maisonEn raison de mes séminaires et de mes

cours d’instructeur, je dois souvent quitterla maison et ma femme reste seule avecles enfants. Je vis actuellement dans unvillage où il n'y a pratiquement pas dedélits et où i l n'est pas vraimentnécessaire de cacher des armes (faut pasêtre paranoïaque). Mais avant, nousvivions dans un quartier avec beaucoupde trafic de drogue et il fallait prendre desmesures. L’une de ces mesures futl'installation d'armes fixes comme des

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bâtons et des couteaux. Ma femmeLeonora (philippine) a bien sûr grandi avecles armes. Ses frères et les membres desa famille pratiquaient l’Eskrima. Le bâtonet le couteau étaient leurs armes favorites.Dans chaque pièce, il y avait une armedissimulée ( les enfants, bien sûr, nepouvaient pas atteindre ces armes).Leonora pouvaient facilement s’en saisiren cas de besoin. Je conseillais toujours àLeonora de faire tout ce qu’il fallait, mêmealler aux extrêmes, pour se protéger etprotéger les enfants.

Plus de femmes en EskrimaJe suis convaincu que l’Eskrima est un

art martial bon pour les femmes. Pourl'autodéfense surtout, il a tout ce qu’il faut.Il est bon de s'entraîner avec toutes sortesd’armes et de prendre conscience del'impact des armes à feu, de s'habitueraux armes et à la formation, à la foisphysiquement et mentalement. Dans lePangamot (plein combat sans armes),tous les éléments qui ont été appris avec

l’entraînement des armes sont ici utiliséssans armes. Les low kicks, les coups àl'entre-jambe, les coups de genoux, lescoups de poing, de coudes, les coupsavec les mains ouvertes, enfoncer lesdoigts dans les yeux… même un coup detête d'une femme peut être étonnammentefficace. En fait, l'ensemble du corps peutêtre utilisé pour la défense. Bien sûr, vouspouvez pratiquer l’Eskrima comme un artmartial, car il a beaucoup à offrir. Pensezaux beaux Sayaw (katas) et aux Arkos,aux élégants mouvements de clés et aux

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nombreuses techniques de désarmement qui ne fonctionnent pasque dans la salle de gym, ou au combat avec un sarong (foulard).En fin de compte, l’Eskrima a beaucoup à offrir et est à juste titreconsidéré comme l'un des arts martiaux les plus efficaces jamaisinventés. Pour les femmes qui lisent ceci, j'espère que monarticle aura attiré leur attention et éveillé leur désir d'en savoirplus sur l’Eskrima pour peut-être commencer à le pratiquer.Pensez à tous les bénéfices de l'Eskrima en tant que système

extrêmement perfectionné d'auto-défense qui est, d'autre part,bon pour la santé et la forme physique. Tout ce que vous devezfaire, c’est trouver un bon professeur. Le style n'a pasd'importance tant que vous vous rendez compte que ce qui estappris peut être appliqué aussi dans la réalité.

Camp couteau en AllemagneJ’aimerais vous inviter à mon prochain camp couteau à

Bielefeld en Allemagne du 16 au 18 mai 2014. Vous pourrezpratiquer et apprendre la défense contre couteau, ledésarmement de couteau, l’attaque au couteau, des exercices decouteau, le Karabit, la hache, l’épée, différentes méthodesd’entraînement contre couteau, le couteau contre mains nues etbien d’autres choses. Ceux d'entre vous qui voudraient fairepartie du système de combat Stroeven, qui sont intéressés àsuivre des cours d'instructeur ou à s’inscrire à des camps ou desstages peuvent me contacter à HYPERLINK"mailto:[email protected]" [email protected]

Je vous souhaite beaucoup de succès dans votreformation et peut-être nous rencontrerons-nous dans l’unde mes nombreux séminaires ! Bienvenue dans monmonde, le monde de l'Eskrima !

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Le major Avi Nardia, l'un des principaux instructeursofficiels pour l'armée et la police israéliennes dans

le domaine de la lutte contre le terrorismeet le Close Quarter Combat (CQB), et

Ben Krajmalnik ont réalisé unnouveau DVD basique sur les

armes à feu et la sécurité etsur les techniques

d'entraînement dérivéesde l'IPSC (InstinctivePoint Shooting Combat).Le tir instinctif encombat est uneméthode de tir baséesur les réactionsinstinctives etcinématiques pour tireren distance courte dans

des situations rapides etdynamiques. Un discipline

de self-défense poursurvivre dans une situation

où la vie est menacée, où ilfaut une grande rapidité et une

grande précision, où il faut sortir lepistolet et tirer en distance courte, sans

utiliser la mire. Dans ce premier volume,nous étudierons : le maniement des armes (revolver etsemi-automatique), la pratique du tir à sec et la sécurité,le Point Shooting ou tir instinctif en distance courte et enmouvement, des exercices de rétention de l'arme ensituation de stress et avec plusieurs attaquants, desexercices de recharge avec chargeur, à une main… etfinalement des pratiques en galerie de tir avec pistolets,fusils K-74, M-4, mitraillette M-249 et même lance-grenades M-16.

REF.: • KAPAP7REF.: • KAPAP7

Tous les DVDs produits par BudoInternational sont scell�s au moyen dÕune�tiquette holographique distinctive et sontr�al is�s sur support DVD-5, format MPEG-2 (jamais VCD, DICX ou similaires).De m�me, lÕimpression des jaquettes ainsique les s�rigraphies suivent les plusstrictes exigences de qualit�. Si ce DVD neremplit pas ces crit�res et/ou si la jaquetteou la s�rigraphie ne co�ncide pas aveccelle que nous vous montrons ici, il sÕagitdÕune copie pirate.

Budo international. netCOMMANDES :

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Notre collaborateur régulier Salvador Herraiz, fervent défenseur de Karatétraditionnel en accord avec les principes de Dojokun, nous apporte aujourd'hui unduel dialectique amical avec le principal représentant du Karaté sportif, Antonio Espinos Ortueta, président de la Fédération mondiale de Karaté. Herraiz, en plus de fournir les informations, pose à Espinos certaines des questionsqui sont abordées dans les cercles de Karaté, sans être peut-être ouvertementdiscutées. Intéressant échange de vues daavecns cette interview historique del'homme qui travaille sans relâche pour introduire le Karaté dans le programmeolympique.

Le président de la WKF interviewé par Salvador Herraiz

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Notre rencontre a eu lieu à Madrid au siège de la Fédérationmondiale de Karaté. Dès le premier moment, Espinos Antoniofut tout disposé. Nous avons toujours maintenu de bonnesrelations et il sait que, bien que pensant évidemment demanière différente, ce que je fais, je le fais avec le cœur et avecla garantie du sérieux.Personnellement, j'ai rencontré Antonio Espinos le jour de

son élection en tant que président de la Fédération espagnolede Karaté. J'étais membre de l'Assemblée plénière de laFédération, l'organe suprême qui le choisit. Le favori nesemblait pas être lui mais celui qui avait été jusque-là président,Celestino Fernández, pourtant il gagna les élections. En 1988,Espinos fut présent au Tournoi des exhibitions qu’il organisa àGuadalajara. Depuis l'année antérieure, j'écrivais dans la revue

« Karateka », publiée par la Fédération espagnole de Karatéqu'il présidait. J’y ai écrit pendant plusieurs années jusqu'à cequ’elle disparaisse.Ma relation avec Espinos, à la fin des années 80 et au début

des années 90 était très bonne, en partie parce que, à l’époque,j’étais le directeur des activités de la Fédération de Karaté deCastilla La Mancha (régionale appartenant à la Fédérationespagnole). Quelques mois plus tard, Antonio Espinos vintmême à mon mariage à Guadalajara. Notre relation, en dépit denos différences claires, a toujours été cordiale et respectueusedes deux côtés, comme il se doit.Des années plus tard, en février 2001, Antonio Espinos écrivit

même la préface de mon livre sur l'histoire de la WKF et del'olympisme dans le Karaté. Il dédicaça ces perles et je l’en

remercie : « Tout d'abord, je tiens à reconnaître letravail impressionnant de collecte réalisé par SalvadorHerraiz ainsi que l'effort et le dévouement que tout celaa dû représenter pour lui, j’en suis sûr. Je dois dire quela qualité de son information documentée estadmirable. Je voudrais te remercier une fois de plusSalvador, pour ton travail passionné, ton énorme travailde recherche. En tant que président de la WKF, maissurtout, comme quelqu'un pour qui le Karaté estquelque chose de si spécial et de si important. Je teremercie et je t’encourage à continuer de travaillercomme tu l’as toujours fait. Si n’avions pas quelqu’uncomme toi, Salvador, nous devrions l’inventer. »Antonio Espinos est né à Bilbao, le 13 octobre 1947,

il reçu son diplômé en 1963 à l'Institut allemand deMadrid, où il devint également ingénieur industriel en1973 et où il réside actuellement.Espinos fut compétiteur et membre de l'équipe

nationale de la section espagnole de Karaté au sein dela Fédération espagnole de Judo, de 1971 à 1974, etprofesseur de Karaté de 1975 à 1978. Cette année-là

Karaté

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naquit la Fédération espagnole de Karatéen tant que telle (avant le Karaté était duressort de la Fédération de Judo)Celestino Fernandez fut son présidentjusqu'en 1984, année où Antonio Espinosfut élu son successeur et égalementmembre du Comité olympique espagnol.« Le seul championnat du mondeauquel je n’ai pas assisté fut celui de1988, au Caire, parce que mon pèreétait très malade et, de fait, il décéda.Je m’en suis souvenu l'autre jour,quand j'ai appris la mort de ton père,toutes mes condoléances. Dans moncas, j’étais avec toi à Guadalajara,chez toi, quand il était à l'hôpital. Àcette époque, on n’avait pas detéléphone mobile comme ça sous lamain et j’étais inquiet à propos de monpère. Les deux souvenirs sontassociés. Plus de 25 ans ont passé et ila bien plu depuis ! »Sa grande capacité de gestion et de

travail, sans doute, a permis à AntonioEspinos de se faire aussi un nom dans ledomaine de la politique internationale deKaraté. De 1989 à 1995, Antonio Espinosfut Secrétaire général adjoint de l'Unioneuropéenne de Karaté (Fédérationeuropéenne de Karaté plus tard). En1994, i l est devenu premier vice-président de la Fédération mondiale de

Karaté (WKF) et un an plus tardégalement de la Fédération européenne,dont il fut élu président en 1997. « J'aiquitté la Fédération espagnol endécembre 1996, lorsque j'ai été élu àl'Union européenne en mai à Tenerife.Puis, en octobre 1998, j'ai été éluprésident de la Fédération mondiale, àRio de Janeiro. »Je me souviens que quelques jours

avant cela, nous parlions au téléphone del’un de mes livres, “Karaté, plus qu'unsport”, qui était pratiquement déjà souspresse, mais je voulais y inclure le faitqu’un Espagnol était président de laFédération mondiale de Karaté. Et il enfut ainsi. Comment se fait-il que tu aies posé les

yeux sur les fédérations européennes etmondiales ? « Tout commença àGrenade, aux Championnats du Mondede 1992. J’ai été happé. Avant cela, enréalité, je n'y avais jamais pensé.Jamais. Je n'avais même pas penséêtre un jour au Comité exécutif de laFédération mondiale. Je n'avais pas detelles préoccupations. J'avais ma viebien remplie, mon travail, la Fédérationespagnole… Mais les événementssurgirent de manière imprévue et trèsvite en plus. A également contribué àcela le fait que nous avions perdu la

reconnaissance du COI, avec JacquesDelcourt qui n'avait aucune possibilitéd'accès au COI. Ce qui se passa avecl’ITKF fut plus une questionpersonnelle contre Delcourt, qui n'étaitpas bien vu. En réalité, nous n’avionsaucune possibilité de reconnaissance,que ce soit en rejoignant ou sansrejoindre l’ITKF. Et quelqu'un commemoi est arrivé et regarde ce qui s'estpassé. »En effet, cette affaire, qui semblait

exiger une unification entre la Fédérationmondiale et l'organisation du maîtreHidetaka Nishiyama, a toujours étéétrange, car en dehors de la grandevaleur en tant que maître de Nishiyama(comme d'autres), il semblait étrangequ’elle fasse le poids dans la questionolympique. C’est une organisationcomparable, en termes de taille et deposition mondiale, à la Fédérationmondiale. D’autre part, i l a toujourssemblé étrange qu'un maître sitraditionnel comme Nishiyama lutteautant pour une question de Karatésportif. Il était clair que tout cela était unpeu rocambolesque.En 1997, Espinos reçoit la médaille

d'argent au mérite sportif, et l'annéesuivante, en 1998, il est finalement éluprésident de la Fédération mondiale de

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Karaté. Antonio Espinos, récompensé en2002 par la médail le d'or du méritesportif en Espagne, avait été réélu en2001 en tant que président de laFédération européenne et en 2004,également réélu en tant que président dela Fédération mondiale, un poste qu'iloccupe encore aujourd'hui et qu’il mène,avec beaucoup de travail, les idéesclaires, des objectifs bien formulés et…un peu de main lourde, pour conduire leKaraté sportif à cet olympisme qu’ilrecherche depuis tant d’années.Antonio Espinos est à la tête du Karaté

sportif international depuis denombreuses années. Autant d’années entant que président de la Fédérationmondiale… Quel fut le meilleur et quel futle pire ? « La meilleure chose futl'expérience, être en mesure de fairece que je pensais qu'il fallait fairedepuis mon poste de président de laMondiale. Prendre ces décisions qu’onpeut prendre seulement depuis ceposte. Le pire ? Je ne sais pas. Enregardant en arrière, i l y a eubeaucoup de bonnes et de mauvaiseschoses. Le pire c’était sûrement le faitque le Karaté soit toujours incapablede devenir un sport olympique, parceque c'est une grande injustice. LeKaraté le mérite amplement. Nousavons travaillé dur, non pas pour êtreolympique, mais pour avoir unefédération comme nous l'avons.Comparé à d'autres sports duprogramme olympique, nous avonsamplement et clairement méritésd'être olympiques. Nous n'avons pasréussi parce que… Il y a un dicton enEspagne qui dit : “C’est peu de selever matin, il faut encore arriver àl’heure”, et nous sommes arrivés à unmoment où l'expansion du programmeolympique était terminée et où il yavait beaucoup moins de chancesd'obtenir une place pour un sportcomme nous le souhaitions. Ce fut laraison principale, car tout le mondereconnaît que le Karaté, et la WKF,remplit largement tous les paramètrespour l'être. Parce que finalement, ceque le programme olympiquereconnaît, ce n'est pas un sport maisune fédération internationalereprésentative. Autrement dit, ce quele COI n'a pas reconnu ce n’est pas leKaraté, mais la WKF en tant quereprésentante du Karaté dans lemonde. C'est précisément l'une deschoses qui doivent être changées,selon les plans du nouveau présidentdu COI. Il faut le faire pour lesdifférents sports plutôt que pour lesfédérations internationales, et celanous donnerait une nouvelleopportunité, non seulement pour leKaraté, mais aussi pour d'autressports. »Je veux dire que la raison que tu

donnes… ne semble pas justifier le faitque le Karaté ne soit pas olympique alors

que le sont d'autres qui, avec tout lerespect, ne sont pas comparables quantaux données. Comme tu le sais, je nesais pas si les Jeux olympiques serontbons ou si ce sera tout le contraire pourle Karaté traditionnel que je pratique etque j'aime. Mais, même si l ’on neconsidère que l'aspect sportif de Karaté,il est très étrange que le Karaté ne soitpas aux Jeux olympiques. Qu’est-ce quise cache derrière l'attitude des membresdu COI après le récent fiasco ? Il doit yavoir quelque chose de très étrangederrière tout cela pour que le Karaté,avec le nombre de pratiquants dans lemonde, son implantation, etc., ne soitpas olympique. « Oui, il y a une raisontrès claire, c'est qu'il y a trop de sportsde combat dans le programme etcertains membres du Comitéinternational olympique croient qu'ildevrait y avoir un équilibre entre lesdifférentes familles de sports qui sontdans le programme. Et la vérité c’estque là… le Taekwondo pèse lourd. Cefut un obstacle pour nous que leTaekwondo soit arrivé avant nous, qu’ilnous devance, parce qu’en principe, leKaraté venait bien avant le Taekwondodans le thème olympique. Le COI nousa donné la reconnaissance en juin1985, il n'y avait alors même pas deFédération internationale deTaekwondo comme aujourd'hui. Maisle COI a retiré sa reconnaissance de laFédération de Karaté en Juillet 1992. Ilnous a tout pris ! C'est quelque chosequi n'est pas arrivé souvent. Mais ilnous l’a retirée. Et nous n’allons paspleurer sur le lait renversé. »Antonio Espinos ne mentionne pas ce

que je vais dire, mais moi j'y ai toujourspensé, et je le reflète ainsi dans mon livresur le Karaté et l'olympisme, un livre dont– cela dit en passant – le prologue estd’Espinos. Dans le livre, je mentionneque les dirigeants de Taekwondo, trèspuissants au COI, auraient pu fairepression pour le Karaté ne parvienne pasau programme olympique et éviter ainsiune concurrence importante dans desdisciplines qui, bien que très différentes,ne sont pas sans une certaineressemblance avec yeux des profanes.Les chiffres parlent d'eux-mêmes et l’onestime que les karatekas fédérés dans lemonde sont similaires en nombre, auxjudokas et aux pratiquants deTaekwondo ensemble ! En Asie, lesdonnées sont plus comparables, maisdans le reste du monde les pratiquantsde Karaté sont très clairement plusnombreux que ceux des deux autresdisciplines.Antonio, je crois aussi que, bien que le

Taekwondo ait toujours été fortementsoutenu par le gouvernement de sonpays, la Corée, le Karaté n'a en revanchepas été une priorité pour le Japon, n’est-ce pas ? « Oui. Le Taekwondo est lesport d’un pays et d’un gouvernementavec des ressources, etc. Et face à

cela, on ne peut pas rivaliser. Mais je necrois pas que ce fut la raison. En 1985,le programme olympique avait unevingtaine de sports et il y avait de laplace pour d'autres, mais nous l’avonsgaspillée. Ces sept années de 1985 à1992 ont été fatidiques dans l'histoirede la Fédération mondiale. Mais si celan'était pas arrivé, je ne serais pas nonplus ici aujourd'hui, je suivrais Delcourt! Finalement, tout dépend de la façondont on regarde les choses. Ça auraitété une continuité avec Delcourt ouavec son successeur, qui n’aurait été nibonne ni mauvaise, mais c'est ce qu’il y aurait eu. La perte de lareconnaissance est l'un des facteurs,ce n’est pas le seul et probablementpas le plus important. Finalement, pourqu’il y ait un changement comme en1998, il doit y avoir plusieurscirconstances et au même moment. Etc'est ce qui s'est passé. Peut-être quesi je n'étais pas venu, même avec cequi s'est passé, il n’y aurait pas eu dechangement, mais… je suis apparu.C'est comme maintenant, si personnene se présente avec lescaractéristiques et les circonstancesconcrètes que les gens attendent pourêtre président de la WKF, je pourraisl’être toute la vie, mais… »Maintenant te sens-tu impatient de

continuer ou as-tu été un peu déçu ?Parce que cette récente décision négative,je suppose que tu ne t’y attendais pas,non ? « J'ai été déçu, très déçu. Je n'aijamais pensé que je serais ici pourtoujours. Tu sais que je suis ingénieurcivil et que je me suis toujoursconsacré à ma profession. J'ai eu dumal à la combiner avec les activités dela Fédération. Énormément. J'aitoujours eu à faire d'énormes effortspour pouvoir le faire. Ma priorité atoujours été mon travail, et c'est ce quim'a permis de mener la vie que j'ai eueet de soutenir ma famille. »Antonio Espinos a passé de

nombreuses années à travailler pourl'entreprise Dragados y Construcciones,dont il était directeur à Madrid avant depasser au département développementinternational. L'été 2013, a surgit un énorme

problème entre toi et ton principalcollaborateur, ton ami même, lesecrétaire général George Yerolimpos. LeGrec Yerolimpos t’a, dit-on, demandédes explications sur ton travail en faveurde l’olympisme, tu as perçu un manquede confiance de sa part et que tu l’asdémis. Qu'est-il arrivé ? Vous étiezensemble depuis le début, non ? « Oui.Depuis le début. Je n'ai jamais penséqu’à niveau personnel ouprofessionnel, il aurait pu faire ce qu'ila fait. Cela faisait déjà quelques moisqu’il faisait des choses qu'il n'avaitjamais fait auparavant. Il prenait desdécisions sans compter sur moi et quine lui correspondaient pas. Je lui avais

Interview

À gauche, la première sortie internationale de l’équipe nationale espagnole en 1971, à Paris. Antonio Espinos, aucentre, près de Fernando Franco de Sarabia, Jésus Pasteur, Yong Hoon Cho et Antonio Oliva.

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déjà dit que ce qu'il faisait ne mesemblait pas correct. Tout acommencé avec une lettre de moi auComité exécutif (CE) pour savoir cequ’ils pensaient de l’idée d’avoir, àGuadalajara 2013, un congrèsextraordinaire pour expliquer ce quis'est passé en ce qui concernel’olympisme. Après les importantesdécisions du COI, nous avionstoujours eu un congrès ou un déjeunerde travail. Il envoya alors une autrelettre au CE disant que ce qu’il fallaitfaire, c’était des élections anticipées àGuadalajara pour tous les postes. Cefut un démarcage très clair. Lesmembres du CE ont répondu qu'ilsn'étaient pas très chauds. Il estdevenu nerveux et a commencé àappeler les gens du CE en leur disantde m’inciter à démissionner. Et toutcela sans m'appeler, étant lui unsecrétaire général, une personne ayantla plus grande confiance du présidentet en plus, c’est moi qui l’avaitproposé. Il n'a pas été élu pour saresponsabilité. Il fut proposé par moi.Fin juillet, j'ai confirmé qu'il y n’y auraitpas de congrès extraordinaire et ildevenu nerveux. Il a envoyé une lettreau trésorier, avec copie pour moi et leCE, demandant des explications descomptes, des contrats conclus avecune entreprise, espagnole, qu’ilqualifiait d’incompétente, et affirmant

que cela avait conduit à la défaite de lacandidature olympique. Il disaitégalement qu'il avait demandé àplusieurs reprises les comptes et queje ne les lui avais pas donnés. Tout desmensonges et d'ailleurs, ce n’était pasà lui de demander des comptes,puisqu’il était le secrétaire général.Puis, il a envoyé une copie de cettelettre à toutes les fédérationsnationales membres de la WKC. Lelendemain, je l’ai renvoyé. »Logiquement, puisqu’il y avait une telle

perte de confiance entre les deux et qu’ilétait ton secrétaire général. « Oui,logiquement, mais ayant mes doutesparce que c'était une démarche trèsviolente. Je crois que c'était la seulechose que je pouvais faire et, devanttoute autre option, ce que j'aurais fait,c'est m'aller avant. Il a résisté, il a ditque je n'avais pas l’autorité pour lefaire… Les statuts disent que leprésident élu propose au CE lespostes de secrétaire général pour quece dernier les approuve et ils luidonnent également le pouvoir de lesrévoquer à tout moment. Il y a aussiune disposition qui permet auprésident, en cas d'urgence, deprendre des décisions attribuées auCE, à condition que la réunion suivantedu CE les ratifie. Il n’y avait pas plusurgent que cela ! Il a interjeté en appelà la Cour d'arbitrage de Lausanne

demandant des mesures provisoiresqui paralysent la décision jusqu'à unesemaine plus tard, lorsque le tribunaldéciderait. Ils les lui donnèrent sansmême demander de renseignements,d’explications, d’informations à nosavocats. Il a ensuite déclaré qu'il étaittoujours secrétaire général et jen'avais pas d'autre remède que dedemander un vote par courriel auxmembres du CE, ce qui est égalementprévu dans les statuts. Ce fut fait etma décision fut ratifiée par 16 voixcontre 1. Je n'ai pas voté et j’aurais pufaire, ce qui aurait donné 17 contre 1.Trois autres personnes n'ont pas voté.Par conséquent, il a été renvoyé dusecrétariat de la Fédération mondiale.Et de l’Européenne aussi. Car on votalà également avec un résultat de 7contre 1, car là le Comité exécutifn’est que de 10 personnes. »Il ne reste donc aucune décision en

attente à la Cour d'arbitrage de Lausanne ?« Rien, absolument rien. Un dossier aété ouvert et il est suspendu. Il a faitappel et quand l'appel interne serarésolu, on le verra également à la Courd'Arbitrage du Sport de Lausanne. »Vous êtes vous revus personnellement ?

Parce qu’il est aussi triste de penser quevous étiez amis, et cette situation… «Nous nous sommes vus une fois parcequ'il a un poste également àl’Association générale des fédérations

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internationales de sports et il estapparu dans les Combat Gamesvoulant représenter le Karaté. Il a étéimmédiatement expulsé par moi. »Tu es également vice-président de

l’Association générale des fédérationsinternationales de sports… « Oui, maisje suis surtout président de laFédération mondiale de Karaté àlaquelle il n'est pas le bienvenu. Nousn'avons pas reparlé, et il ne m’a pasdonné d’explications sur ce qu'il a fait.Que peut-il dire ?George Yerolimpos était aussi un

fervent défenseur de la campagne « The K is on the Way » avec unmoment important le 7 Octobre 2012,avec la célébration du Jour mondial duKaraté, non ? « Ce fut la meilleurecampagne que nous ayons faite. 500villes de 90 pays participèrent et nousavons dépensé beaucoup moinsd'argent que ce qu’on aurait pu utiliser.Il l’appuya. »À Guadalajara (Espagne), la

Fédération espagnole a participé avecune belle manifestation publique enprésentant, avec lui, la ville commesiège du Mondial de Karaté 2013juniors et cadets.Pour terminer le sujet Yerolimpos,

comment est-il considéré en Grèce,dans son pays ? Parce que je croisqu'il a là aussi des problèmes internes,non ? « Peut-être, mais il contrôletoujours la Fédération, bien que je nesais pas pour combien de temps. Il aperdu le contrôle des Balkans, qui sontune poignée de pays. Il voulait à partirde là devenir président de la Fédérationeuropéenne en faisant pression surmoi… mais il a perdu ce contrôleégalement. Il est tout à fait seul. »La WKF a maintenant comme

secrétaire général par intérim TonyMendez de Puerto Rico. « En effet, iloccupe le poste temporairement, c’estce qui fut approuvé à Guadalajara2013, jusqu'à ce qu’on en choisisse unau Congrès de Brême en 2014. Ilsmodifièrent également un peu lesstatuts pour alléger le processus,même si c’est de manière cooptée(nominations internes que touteorganisation peut réaliser de sespropres membres sans dépendre decritères externes). Maintenant, parexemple, à Guadalajara, nous avonscoopté une personne comme membredu Comité exécutif, pour qu’elle sefamiliarise avec la WKF. Il s’agit deToshihisa Nagura, c’est l'une desoptions les plus fortes pour le nouveausecrétaire général de la WKF. »Nagura est un grand ami. Je l 'ai

rencontré il y a quelques années, il estmaître au club de Karaté de l'UniversitéKeio à Tokyo. Bien qu’i l soit trèstraditionnel, il aime aussi la compétitionet y participe même encore parfois dansl’un ou l’autre tournoi de vétérans. Jepense que c'est quelqu’un de très noble

qui va bien faire ce que vous avez àfaire. « Je l'ai rencontré en Janvier2013, quand j'étais à Tokyo. C'estquelqu’un de très éduqué, très instruit,il parle un anglais parfait, a vécu enAmérique, est étroitement liée auKaraté… Il me fit une forte impressionmême si je n'ai pas eu grandeinfluence sur sa proposition, qu’ils mefirent depuis la Fédération asiatique.Tout ce que je voulais, c'était essayerde faire en sorte que le nouveauprésident soit asiatique, puisque leprésident de la WKF est européen etl'ancien secrétaire général également.Il n’a pu être élu à Guadalajara car iln’était pas membre du CE, seulementcoopté, et que les statuts ne lepermettent pas (nous sommes en trainde changer, je le répète, certaineschoses des statuts). »En outre, un personnage important

depuis des années à la Fédérationespagnole de Karaté, bien que trèsinfluent aussi dans la gestion de laFédération mondiale, Francisco Alegrete,vient d’assumer le poste, nouvellementcréé de directeur général de la WKF. Ilsoutiendra le président Espinos dans laréalisation de nouveaux projets. « Jeconnais Francisco Alegrete depuis denombreuses années. Quelqu'un me l'aprésenté alors que j’étais déjàprésident de la Fédération espagnole.Antonio Torres (président de laFédération de Madrid) me présentaEmilio Garcia Manrique, secrétaire dela Fédération de Madrid. Lorsque j'aiété élu président de la FEK, j’ai pris lesdeux. Francisco Alegrete a travaillé auConseil supérieur des sports. C'est unexcellent travailleur. Nous avons été ensemble pendant 12 ans àl'Espagnole, puis il a continué de trèsbien travailler avec moi à la Mondiale.Il a fait énormément de chosesimportantes ici. Sans lui, la Fédérationmondiale de Karaté serait loin d’êtrece qu'elle est aujourd'hui. » Je l'airencontré aux alentours de 1987, àl’époque du magazine Karateka, tu tesouviens ? « Oui. Bien sûr, je mesouviens très bien. » Il était édité par

la FEK et j’y écrivais des articlescomme tu le sais.Comment est financée la WKF

actuellement ? « Et bien, c'est simple.Nous avons un budget qui estconstitué des revenus des adhésionset de la participation auxchampionnats, de nos fédérations, etd’autres revenus, plus élevés, quiproviennent des sponsors, del'approbation des équipementssportifs, karategis, tapis, etc., etcertains autres revenus. » Quelle est lasanté économique de la WKF ? « Ellea une bonne santé économique. Nousavons de bonnes réserves et nousn'avons aucun type de problèmes à cetégard. » Mais… peux-tu donner unmontant spécifique de budget annuel ?« Environ 1 million de francs suisses(plus ou moins 810.000 euros). Maisnous ne devons pas donner de l'argentaux fédérations membres, ni rien dugenre. Nous l’avons structuré de sorteque les fédérations nationalessupportent certaines dépenses et ellesont avec ça également un certain droità des revenus. Cela nous permet defaire des grands championnats avecdes dépenses très limitées à laFédération mondiale. » Que fait laWKF avec l’argent qu’elle récolte ? « Nous faisons nos cours dedéveloppement dans le monde entier. »Raconte-nous quelque chose à cesujet parce que je crois que ce n’estpas un sujet très connu par les gensen général. « Nous faisons unecinquantaine de cours par an, dessujets comme l'arbitrage, lestechniques, nous aidons pour leséquipements sportifs, les tatamis…mais surtout nous organisons descours dans certains pays d’Afrique oud’Asie… pas en en Europe. Le seulpays d’Europe comparable au pluspauvre du Monde est la Moldavie.Nous avons aussi un programmed’aide aux pays défavorisés pour lesChampionnats du Monde seniors.Nous aidons certaines associationsqui remplissent les critères en payantles billets d'avion pour la participationd'un compétiteur et d’un responsableainsi que l'hébergement pour unesemaine. Le critère que nous utilisonspour ça, est celui d’un revenu annuelharmonisé de 4000 dollars parhabitant. Ça semble très peu mais plusde quarante pays sont dans cettesituation, trente d'entre eux en Afrique.Grâce à cela, nous avons eu 116 paysparticipant au Mondial de Paris en2012. La première fois dans l'histoireoù nous avons dépassés les 100. » Etle Mondial juniors 2013 deGuadalajara, où se situe-t-il dans leclassement des participations ? « Ilest deuxième avec la plus grandeparticipation de pays dans l'histoire,après Paris en 2012. » Et le premier enparticipants, non ? « Le premier. Bien

Interview

Espinos, à droite sur la photo, en 1973 près du prince (à l’époque) Juan Carlos, de Dominique Valera, AdamCzartoryski, Tino Fernandez et d’autres karatékas illustres de l'époque.

“… Ce n’était pasà lui (GeorgeYerolimpos) dedemander des

comptes, puisqu’ilétait le secrétaire

général… Le lendemain, je l’ai renvoyé.”

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sûr chez les juniors et les cadets, lenombre des catégories est plus élevéet bien que la participation soit limitéeà un compétiteur par catégorie et parpays… il y a eu beaucoup departicipants. À Guadalajara, nousavions près de 1400 compétiteurs. Il yen a toujours plus chez les cadets etles juniors que chez les seniors. Chezles premiers, i l y a près de 30catégories tandis que chez les seniors,il y a 16 catégories avec quelque 850compétiteurs. Et nous allonsaugmenter à quatre les catégories auxMondiaux juniors en 2015. »Combien de membres y a-t-il à la WKF

actuellement ? « 188 fédérationsmembres dont près de 100 quiparticipent régulièrement à desactivités. » À combien la WKF estime-t-elle le nombre de karatékas quiexistent dans le monde, à l'intérieur età l'extérieur des fédérations nationalesmembres du Karaté WKF ? « 119millions, selon une étude qui a été faitesur la base des associations membres. »Combien au sein des fédérationsnationales membres ? « Quelque 10millions. Il s'agit d'une étude quitranscende les fédérations et les clubsde ces fédérations. Elle est faite enfonction du nombre de pratiquantsfédérés, de la population, du pays, àpartir desquels on estime les données. »Il s'ensuit que les karatékas affiliésaux fédérations membres de la WKFreprésentent à peine… « 10% », lâcheEspinos.Il est vrai que j'ai des doutes quant à

ces données aussi dévastatrices, dufait de mes contacts internationauxdans différentes organisations detypes très différents. Je ne crois pasnon plus que les caractéristiques del'étude peuvent permettre une fiabilitéextrême. Dans tous les cas, même siles données ne correspondent pasexactement à la réalité, le pourcentage

de fédérés semble être assez faible.Aux organisations de styles opérant endehors du cadre sportif (bien quecertaines font les deux, mieux oumoins bien), il faut ajouter depuis 1996la scission qui produit la nouvelle WKCet que dirigent d’anciens hautsreprésentants de la Fédérationmondiale de Karaté (anciennementappelée WUKO jusqu'en 1993) commel’Allemand Fritz Wendland, l'ItalienCarlo Henke et le Serbe MarcoNicovic… Après cette WKC fut créée,en 2004, la nouvelle WUKO (quireprend l'ancien nom de l'original) quedirigeront Henke et le Brésilien Oliveirajusqu'en 2008, lorsque le Brésiliencréera pour sa part la WUKF.Et de cette estimation des karatékas

fédérés et non fédérés que laFédération mondiale a faiterécemment, comment considère-t-oncette donnée à la WKF ? Je veuxdire… lui donne-t-on une importancequelconque ? Considère-t-on celacomme quelque chose de normal quin'a pas plus d'importance ? Commentinterprète-t-on cette information ? « Eh bien, dans énormémentd’endroits, les gens qui s’affilient sont

seulement ceux qui participentactivement aux compétitions. Laplupart des gens qui aiment le Karatéentrent dans un club pour pratiquer uncertain nombre de jours par semaine.C'est la seule lecture que nouspouvons faire. » Selon les données, ilsemble qu’il en soit ainsi, mais quoiqu’il en soit, on ne donne pasbeaucoup d'importance à la question.Ce n’est pas considéré comme unproblème ? On considère cela commenormal ? Je dis cela considérant quevous développez logiquement l’aspectéminemment sportif compétitif. Onpourrait dire alors, d’après toi, que lesgens qui ne se soucient pas del'aspect sportif se situent hors de lafédération sportive ? «Oui, parcequ’en outre la législation n’oblige leskaratékas des clubs à s'affilier à laFédération que dans quelques pays. »Je pense que ce commentairet’honore. Cela semble être plusimportant pour les fédérationsnationales et régionales, probablementparce que les karatékas hors de cesfédérations ne paient pas leursaffil iations et leurs licences etlogiquement ça fait mal. Chaque organisation a un type de

fonctionnement et l'organisationidéale est celle qui correspond le plusétroitement avec vos idées, avec lesidées et le fonctionnement du groupeauquel on appartient… L'organisationest le costume que l'on porte et il doitêtre le plus en accord avec ce qu'onfait. Je crois sincèrement qu'un excèsde perspective sportive compétitivepourrait gâcher les valeurs morales ettechniques du Karaté traditionnel. Defait, c’est ce qui est en train de sepasser.Honnêtement, je pense que les

fédérations sportives, en particulieraux niveaux national et régional, sontobsédées par l’idée d'être contre les

« On estime qu’ily a 119 millionsde pratiquants deKaraté dans lemonde, 10 millions

d’entre eux fontpartie de la WFF. »

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groupes qui fonctionnent en dehorsd’elles, alors qu'elles devraient sedemander pourquoi. Ces groupespréfèrent être en dehors et ils le sont,dans de nombreux cas, sanscomplexes et sûrs de savoir où etpourquoi ils se trouvent là, agissant enaccord avec leurs idées.Je pense que si on parlait, on

trouverait des points de rencontre.Que peut-on faire pour que cesgroupes aient envie d’être à l'intérieuret non à l'extérieur ? Ce sontgénéralement des questions de gradesde ceinture noire, beaucoup de genspensent que cela devrait être géré parles associations du style… car il s’agitd’une question qui appartient àl'aspect martial et non à l’aspectsportif du Karaté. Je me réfèretoujours, bien sûr, aux organisationsqui, légalement constituées, sontsoutenues par de prestigieusesorganisations internationales, ou parde grands maîtres, ou par des annéesà faire leurs preuves… Concevons dessystèmes pour arriver à des accordsavec ces groupes importants ouvétérans, au lieu de lutter contre eux. «Je ne peux pas être en désaccord avectoi », admet Espinos. Je pense quenous devrions avoir de la tolérance, durespect, de la reconnaissance, de lagénérosité… et pas le contraire. Peut-être les fédérations sportives devraientfaire d'autres activités techniques liéesà l'histoire et à la philosophie duKaraté, des conférences, despublications techniques (sujetsparallèles, mémoires, etc.). Les photosque nous avons montées, parexemple, pendant les Championnatsdu Monde à Guadalajara ont beaucoupplu et ont fourni une reconnaissancede l'histoire, des pionniers… « Cetteexposition fut très belle, magnifique,incroyable », commente le présidentde la WKF. Ce fut un attrait

supplémentaire qui permit deminimiser un peu cette déconnexionentre les deux facettes du Karaté.En ce qui concerne des pays

importants dans le monde, et enKaraté, comme les États-Unis, leJapon, le Brésil, la Chine, l'Iran… cettefaible proportion d’affil iés auxfédérations nationales membres de laWKF varie-t-elle ou est-elle similaire ?« Aux États-Unis, elle est plus faible.Elle est plus faible que partout ailleurs,je pense ! En Iran cependant, elle estplus élevée, au Japon elle est plus

élevée, en Indonésie elle l’estbeaucoup plus, ils ont énormément degens, en France aussi ». Et enEspagne ? « En Espagne, moins, jepense qu'il y a beaucoup plus de genspratiquant le Karaté que de gens quisont à la Fédération, beaucoup plus ».Mais pas dans ce pourcentage, non ?« Non. Pas dans ce pourcentage. Jepense qu’en Espagne, on doit avoir del'ordre de 30% d’affiliés. Pas plus, jecrois. Je pense qu’un pratiquant sur 3ou sur 4 est affilié. Pas plus. Bien sûr,vu de l'extérieur. Du point de vued’autres organisations, ils considèrentque la WKF ne représente qu’unkaratéka sur quatre dans le Monde, etque donc, eux, ont les 75% restant.C'est la conclusion qu’ils tirent et cen'est pas comme ça ». En effet, pourêtre juste, je dois dire que ces 75% dekaratékas qui sont hors desfédérations sportives nationales sontdans différents petits groupes et nesont pas unis en un seul, commeparfois semblent le prétendre certainsface au Comité internationalolympique, etc. « Bien sûr. Certains deces groupes soutiennent que le COIn’en a reconnu qu’un sur quatre et que75% des karatékas, étant en dehors dela WKF, n’auraient pas accès aux Jeuxolympiques… sous-entendu qu’ils sonttous dans un autre même groupe ! »Mais, c'est faux. « Oui, mais c'est ceque disent certains. » En fait, celachange peu le vrai problème (cela nechangerait, quoi qu’il en soit, quel'approche de certaines de cesorganisations).Et au Japon, malgré le thème des

styles, etc., i l semble qu'il y aitbeaucoup de membres, non ? « Ehbien, selon les données, il semble yavoir environ un million d’affiliés à laFédération. » La Fédération japonaisea également été pendant des annéessur le point de sortir de la WKF du fait

Interview

« Certainsgroupes

soutiennent que leCOI n’en areconnu qu’unkartéka surquatre et que75% des

karatékas, étanten dehors de laWKF, n’auraientpas accès aux

Jeux olympiques…sous-entenduqu’ils sont tousdans un autre

même groupe ! »

Gauche : Antonio Espinos salue Salvador Herraiz en 1988. Centre : Avec JacquesDelcourt au Mondial de Grenade en 1992. Droite : Avec le maire Juan Manuel Pérez trèsému, quand l’Espagne remporta le titre mondial par équipe en 1992.

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de certains problèmes mais… nousverrons cela plus tard. En fait, il estrelativement habituel que, danscertains pays, l'organisation affiliée àla WKF n'ait pas toujours été le même.En Angleterre, par exemple, il y a euassez bien de mouvements à cetégard, et il y a même eu desorganisations créées délibérémentpour ça.Il y a une question importante sur le

Comité exécutif de la WKF. On dit danscertains groupes, que ses membres,ou certains d'entre eux, sont de payspeu importants dans le Karaté, peureprésentatifs, et que toi, en tant queprésident, simplement en lescontentant dans leurs fonctions avecdes voyages payés, les hôtels, etc., tupourrais t’assurer leur voix danstoutes tes décisions. Je ne les connaispas tous et j'ai vu qu’il pourrait y avoirde tout. Que peux-tu dire à ce sujet ?« Parmi les membres du CE 16 sontélus, 5 correspondent aux fédérationscontinentales, un actuellement coopté,et le président. Plus de 20 membres.Les élus vont par continents. LesEuropéens ont la Finlande, la Norvège,la Turquie, la Grèce, la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne, c'estmoi. Je ne sais pas s’ils sontimportants. Je ne sais pas s’ils sontpetits ou grands mais il y a de tout. Ence qui concerne l’Afrique, il y al'Algérie, qui est un pays trèsimportant en Karaté, le Congo, leSénégal et la Tunisie. Quels sont les

autres pays importants en Karaté ?L’Égypte, par exemple, mais elle n'ajamais déposé sa la candidature etchange de président tous les deuxans, elle n'a donc pas de stabilité.L’Afrique du Sud est un autre paysimportant, mais c’est presque la mêmechose. En Amérique, sont représentésles États-Unis, l'Argentine, Porto Rico,Curaçao et le Venezuela. Je ne saispas s’ils sont importants ou non,mais… » Certains critiquentégalement la représentante duVenezuela, Carmen Diaz, mère du

champion Antonio Diaz, qui n’est paskaratéka et ne serait donc peut-êtrepas une représentante moralementlégitime, politisant à outrance la WKF.« Je ne sais pas s’il est importantd’être karatéka ou pas, mais ce quin’est pas bien, c'est que pourcertaines choses c’est important etpour d’autres ça ne l’est pas. C'estcomme avoir un arbitre de Karaté quiest karatéka et un arbitre de footballqui ne l’est pas. » Je suis totalementd'accord avec toi sur ce point.La politique, même sportive, est la

politique. Et je crois que l'exemple del'arbitrage est très bon, bien que là, jepense aussi que les arbitres de Karatésont également mieux préparés pourarbitrer étant également karatékas, etque c’est une garantie supplémentairede leur bon travail, que je défendshabituellement. « Je ne pense pas quel’on doive disqualifier quiconque pource genre de chose. Tout comme on nepourrait pas non plus me disqualifierpour ne pas être toujours un karatékaen activité, pour être ingénieur civil etavoir exercé ma profession. On nepeut disqualifier à la légère car en finde compte, si nous exigeons que voussoyez un pays important, que voussoyez karatéka, que vous soyez… ceque l’on veut alors que c’est que letaureau vous attrape. Carmen Diaz estlà et, bon, c’est comme ça. Ensuite, il ya le président de Curaçao, qui a aussiété pendant vingt ans le président desJeux panaméricains, depuis 1993, élu,

« Cela empêche,par exemple, quen’arrive quelqu’unde l’extérieur avec20 millions,

prenne 40 paysd'Afrique, leurdonnent del'argent et queceux-ci votentpour lui et qu’ilgagne. »

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battant George Anderson, des États-Unis, qui prit sa retraite finalement. »Tu te réfères à William Millerson ? « Oui, Millerson. » Je le connais carc'est un 8ème Dan de mon école,Wado Ryu. « Eh bien Millerson était,jusqu'au mois de mai de l'an dernier,aux Jeux panaméricains, quand il futremplacé par l'Argentine. Je ne saispas si ce que je te dis c’est importantou pas, mais c’est là. Le Brésil pourraitaussi être représenté et il ne l’est pasactuellement, mais il le fut jusqu'às’être retiré, de son propre gré, il y 4ans, c’était Oliveira. En Asie, il y a lesÉmirats, la Chine, le Japon, Taipei. Etcelui de Taipe est président de laFédération asiatique. En Océanie, il y al’Australie et Fidji, qui est présidentede la Fédération continentale. » Jesuppose qu’avec 180 pays membres, ilest difficile de choisir une vingtaine dereprésentants. Vous ne pouvez pasavoir un comité exécutif de 50personnes ! « Non, bien sûr. Mais jeveux dire qu'il y a des représentants debeaucoup de pays et que les gensvotent pour eux. Ceux qui disent cequ'ils disent, c'est qu'ils n'ont pas lu laliste. Il est vrai que le Mexique n’estpas là aujourd’hui, mais il s’y trouva denombreuses années. J'espère êtrequ’il y aura bientôt l’Allemagne, parceque son président, qui le fut de 1993jusqu'à l'an dernier, n’a jamaisprésenté sa candidature parce qu'il n'apas voulu ou parce que ça ne l’a pasintéressé pour des raisonsparticulières… Mais maintenant,

il y a un nouveau président et il veutfaire partie du CE et j'espère qu’il ensera ainsi après le Congrès de Brême 2014. »Comment se fait-il que certains pays

qui appartiennent en fait à d’autres,puissent participer aux championnatsséparément ? Le Royaume-Uni(Angleterre, Pays de Galles, Écosse,Irlande, îles Vierges britanniques), lesPays-Bas (avec Curaçao, Aruba, Saint-Martin), la Chine (avec Macao, HongKong, Taipei), la France (Guadeloupe,Guyane française, Martinique)… « LaGrande-Bretagne, par exemple, a unaccord spécial et peut être au CongrèsWKF avec un vote, mais ensuite, elle aquatre équipes et paye son affiliationséparément. Cela arrive aussi dansd'autres sports et à la Fédérationmondiale depuis des années, et cen’est pas un mal. » C’est la mêmechose pour d'autres, comme laFrance, la Chine, etc. ? « Tous les casne sont pas les mêmes. Cela se passepour la France avec les coloniesd’Océanie, mais elles peuventparticiper au championnat d’Océaniemais pas aux Mondiaux. C’est la mêmechose pour l'Asie avec Macao, qui estreconnu par les comités olympiquesasiatiques. » Tous ces cas semblablesont la reconnaissance de leurscomités olympiques respectifs ? « Il ya beaucoup de cas. Hong Kong a lemême statut que Macao. C’est laChine. Mais son Comité olympique estreconnue par le Comité olympiqueinternational et Macao n'est pas

reconnu par le COI, juste parl’asiatique, l'OCA. J'étais à la réuniondu Comité olympique asiatique enmovembre 2012 et Macao était là, entant que membre à part entière, mais iln’a pas la reconnaissance du Comitéolympique international. » Uneembrouille, de toute manière, mais ilsemble évident qu'il y aurait une basepour que la Fédération mondiale deKaraté reconnaisse ces paysséparément. « Oui. Un autre cas estcelui de Curaçao, dont, jusqu'à il y aun an et demi, le Comité olympiqueétait reconnu par l'International, etplus maintenant. » Et, n'était-ce pasjustement William Millerson, vice-président de la WKF, le président duComité olympique de Curaçao ? «Oui, bien sûr, et il l’est toujours, etayant un Comité olympique, mais quin'est plus reconnu par l'International.Cependant Aruba, qui est encore pluspetit que Curaçao, a un Comitéolympique reconnu par le COI, et a unmembre qui est un membre du COI, eta un secrétaire qui est égalementmembre du COI. » !!??!! Cela dit, si lespolitiques sportives de la Fédérationmondiale de Karaté ont leurscurieuses complications, ne parlonspas au niveau du Comité internationalolympique, où logiquement tout estbeaucoup plus… étrange et mêmeincompréhensible parfois. « En cemoment, il y a beaucoup de femmesqui, parce que ce sont des femmes…ont certains droits. Il y a des cas où,parce que ce sont des femmes, elles

Interview

Pendant les Championnats du monde 2008 à Tokyo.

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ont moins de droits que les hommes,arrivées à un certain niveau, maisquand vous passez ce niveau, vousavez plus de droits. Il y a une lignedivisoire très éthérée, et si vous lapassez… Dans le Comité olympiqueinternational, être une femmeaujourd'hui est un plus. Il y a desfemmes qui, si elles n’avaient pas étéfemmes, ne seraient pas membres duCOI. On cherche l'équilibre et c’est cequi se passe. C’est une discriminationà l’égard de certains hommes qui ontplus de mérites et ne sont pasmembres du COI. C'est la vie. »Je suis d'accord. Il y a des cas et des

groupes où la recherche de la parité a faitmonter des femmes plutôt que deshommes ou bien leur a permis d’atteindredes postes ou des rangs qui peut-être neleur correspondent pas en termes devaleur, d’ancienneté… Pour atteindrecertains rangs ou certains postes, il fautles années d'expérience qu’il faut, et siles femmes se sont incorporées au travaildans ce domaine beaucoup plus tard queles hommes, comment la parité sera-t-elle juste ? Il ne peut y avoir defemmes général, ni 10ème Dan, pourciter un exemple, si historiquement, etquelles que soient les raisons, justes ounon, elles n’ont pas développé leursactivités le nombre d'années suffisant.Mais… ne nous dispersons pas.Il y a un cas, celui de Gunnar Nordahl,

de Norvège, dont on a critiqué qu’il soitmembre du CE de la WKF alors qu’il vithors de son pays, concrètement aux États-Unis. Nordahl a été nommé, en 2005,premier vice-président de la Fédérationeuropéenne de Karaté. « Nordahl vit auxÉtats-Unis, mais il est en contactintime avec la Fédération norvégienneet le Karaté nordique. Si je devaisordonner les membres du CE enfonction de ce qu’ils représentent pourla WKF ou pour moi, Nordahl seraitl'un des premiers. Il est trèsprofessionnel et il connaît le Karaté enprofondeur. Il a été d'un grand soutienpendant longtemps. Il est vrai qu’il vitaux États-Unis depuis de nombreusesannées, mais il est pleinement informéde tout. Il a une grande valeur. Il estingénieur et a beaucoup d’expérience.C’est un grand atout. Il a aussi de trèsbonnes relations avec la Fédération duCanada et des États-Unis. J’aimeraisavoir beaucoup de gens comme lui. LeComité exécutif a toujours cherché unéquilibre entre les présidents siégeantmembres des fédérations nationales etceux qui ne sont pas. Il s'agit d'unéquilibre dynamique. En 4 ans, il y abeaucoup de changements et je veuxdes gens qui soient bien vus quand ilssont présidents et aussi quand ils nesont pas. Il y a des gens qui sontprésidents quand ils sont élus mais quiensuite cessent de l’être… et quand ilscessent de l'être, ils ne sont plustoujours bien vus dans les fédérations.

C'est quelque chose par rapportauquel je suis très prudent et j’essayerde maintenir un équilibre. » Y a t-ilbeaucoup de mouvements d’entrée etde sortie ? « Oui. Beaucoup. On nedirait pas, parce qu’on vit au jour lejour, mais si tu voyais des photos oudes données d’il y a quatre ans, tuverrais les changements et ils sontgénéralement nombreux. » Que dirais-tu à ceux qui pensent que

tu peux éliminer ceux qui ont atteint lesquatre ans dans le CE et qui pourraientmettre en danger ton poste ? Parce que,pour se présenter à président de la WKF,il faut avoir un minimum de quatre ans entant que membre du CE, n'est-ce pas ?« Oui, c’est comme ça. On ne peut seprésenter au porte de président que sion a été présent au moins 4 ans auComité exécutif au cours des troisderniers mandats, autrement dit des12 dernières années. Et sans nous êtremis d’accord, c’était déjà ce quefaisait la Fédération asiatique, et toutle monde a accepté. Ça a toujours étécomme ça. » Il ne s'agit pas d'unenorme récente ? Il en fut toujoursainsi ? « Toujours. Et avant, quand jesuis entré, ils demandaient mêmed’être 4ème dan. J’ai supprimé cetterègle parce qu’elle n’avait pas de sens,bien que certains la défendait. Pourêtre éligible, il faut être familiariséavec le sujet et en effet, il faut avoirété au moins quatre ans au CE. » Onpourrait alors de penser qu’en effet, tupeux éliminer ceux qui pourraient seprésenter pour occuper ton poste ? « Oui. Évidemment. Pouvoir, onpourrait. Ça a toujours été comme çaet ça n’a jamais été posé de cettefaçon. Quoi qu'il en soit, si on veutchercher la petite bête… Ceux quicritiquent ces choses n'ont pas bien lules statuts, car il y a une chose pourlaquelle je n'ai pas été critiqué, pasencore, et ils pourraient le faire. Pourvoter au Congrès, il faut avoir eu uneactivité sportive à la WKF l'annéeantérieure et l'année en question. Il y asûrement des gens qui pensent que cen’est pas bien que les pays qui n'ontpas eu d'activité sportive n’aient pas ledroit de voter, mais… cela empêche,par exemple, que n’arrive quelqu’un de

l’extérieur avec 20 millions, prenne 40pays d'Afrique, leur donnent del'argent et que ceux-ci votent pour luiet qu’il gagne. Ça me paraît bien.L'idée a été changée en 2006 quand ily eut de grands changements dans lesstatuts. J’ai emprunté cela à lalégislation espagnole, quand j'étaisprésident de la Fédération espagnole.Cela me semble logique. On évite ainsides masses de gens qui n'ont rien àvoir avec le fonctionnement de laFédération. Les fédérations doiventêtre gérées par ceux qui sont àl'intérieur et y travaillent, pas par ceuxqui pourraient venir en masse avecdes raisons… inconfessables. Dansd'autres domaines, c’est déjà arrivé.Les normes s’instaurent quand leschoses arrivent. » Cela me semblecorrect, car il y a des fédérationsmembres de la WKF de plus de 180pays, mais seule une centaine environparticipent aux compétitions. Jeconsidère qu’il est logique que lesautres n’aient pas le droit d'influencer.La WKF en demande-t-elle trop pour

organiser son propre Championnat duMonde de manière très claire ? « Ondit que nous avons demandé degrandes quantités d'argent pourorganiser un Championnat du MondeWKF, et une caution… Tout dépend dela façon dont on considère les choses.Je pense que nous demandons trèspeu et que nous donnons beaucoup.Nous avons demandé 30.000 francssuisses en billets d'avion pour le comitéorganisateur, certains membres descommissions, certains du Comitéexécutif (peu), et quelques nuitées, 240pour le Juniors et 280 pour le Seniors.Le reste est payé par la WKF. Nousdemandons une caution de 40.000francs que nous augmenterons un peuprobablement prochainement. ÉcouteSalvador, récemment au cours d’ungala sportif où étaient présents certainsprésidents d'Amérique du Sud –comme ils vont organiser là-bas lesJeux panaméricains de 2019 –, celui duPérou m’interrogea à propos de lapossibilité de faire là-bas le Mondial deKaraté Juniors. Quand je lui ai dit ceque nous demandions et ce que nousdonnions, il a trouvé cela trop bonmarché ! Et je lui ai expliqué qu’il yavait les droits d’image chez le Seniors,que nous produisions la télévision, lesignal international, que nous avionsdistribués les espaces publicitaires…Cela lui sembla extrêmement bonmarché ! J'ai eu l'impression quej’aurais dû lui en demander plus pourqu’il me considère ! Certains pensentque nous demandons pour être dans leluxe. Depuis que je suis là, l'hôtelofficiel, le QG (Quartier général), parexemple, doit être un hôtel pour tout lemonde. Nos normes disent que leshôtels ne doivent pas être des hôtels deluxe, ça doit être des 4 étoiles, pas des

« Nos normesdisent que leshôtels ne doiventpas être deshôtels de luxe, ça doit être des 4 étoiles, pas des 5. »

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5. Ça doit être de bons hôtels, avecde bonnes salles pour pouvoir fairele cours d’arbitrage, le Congrès, que les salles permettentl'enregistrement des délégations,les réunions… mais rien de plus.Ensuite, pour les Championnatsd'Europe, c’est pareil, mais toutbeaucoup plus modérée, aussi bienla caution demandée, qui descend à6000, que le nombre de chambresqui est réduit à moins de la moitié. »Il est bon que l’on connaisse ces

informations, parce que parfois onpeut penser des choses qui ne sontpas. « Oui, mais je pense quecertains critiquent non pas parmanque d'informations mais enétant mal intentionné. Je ne saispas pourquoi ils ne s’ajustent pas àl’information si elle existe. » Parceque tout le monde ne conserve del'information que ce qui sert sesdesseins. Chacun prend ce qu’ilveut prendre. Si on connaît dequelqu’un quatre bonnes choses etdeux mauvaises et qu’on souhaitele critiquer, on ne se souviendraque des deux mauvaises. « Jedonne les données, l'information,que tout le monde pense ensuiteque 30.000 francs suisses pour lesbillets d'avion, c’est scandaleux,c’est du vol… Ça m’est égal. Quechacun tire ses conclusions. Si 240nuits dans le QG, c’est du vol… Cesera du vol. Que chacun décide.Mais ce sont des informations. »De toute manière, nous ne devons

pas oublier que c’est de la hautepolitique sportive. Pour nous quisommes dans un Karaté traditionneldans lequel seul nous importe (àquelques exceptions près) le jouraprès jour dans l’intimité du dojo, toutcela est perçu de très loin. En ce quime concerne, à l'exception duMondial de la WKF dans ma ville,Guadalajara, toute ce petit monde mesemble bien loin de ma manière devivre le Karaté, mais je comprendsqu’au niveau de la haute compétition,de la haute politique sportive… onfonctionne ainsi. C'est comme parlerdifférentes langues. En raison duMondial de la WKF dans ma ville en2013, j'ai réalisé combien tout celaétait un mouvement qui affectaitfinancièrement tout le monde, toutesles parties. Ceux qui organisent, ceuxqui ont mis de l'argent… Pasd'objection. Autre chose est, commeje l’ai dit, que certaines personnes sesoucient très peu de tout cemouvement pour comprendre lapratique du Karaté étrangère à eux.Antonio, comment as-tu concilié

ton travail dans une grande entreprisede construction, avec tes

En haut et au centre : Espinoslors de l'ouverture du Mondial de

Paris, 2012. En-dessous : Pendantle Congrès WKF préalable.

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responsabilités à la WKF et ta famille ?Parce que tu as quatre enfants, n’est-cepas ? « Quatre enfants. Deux fillesdont l’une avec deux petits-enfants etl’autre avec un. 35 ans l’une et 33l'autre. Et deux autres fils, âgés de 27et 23 ans, qui vivent encore avec moi.Comme tu le sais, je suis ingénieurcivil et j'ai continué de travaillercomme tel jusque l’an dernier, quandj'ai pris sa retraite. » Comment as-tuconcilié ton travail et les voyagescontinuels pour la WKF ? « Et bien, enfaisant moins de voyages que depuisque je suis à la retraite. Et avecbeaucoup de travail et de dévouement.Ce fut très dur. J'ai terminé mesétudes en 1973 et j’ai travaillé depuis,39 ans sans manquer un seul jour, àtemps plein. Ils ne m’ont pas laisséprendre ma retraite avant. » Pourquoi? « Ça ne les intéressait pas. J'ai géréla filiale de Madrid dans l'entreprise,mais j’ai passé ensuite de trèsnombreuses années à la fil ialeinternationale, et peu de genspouvaient réaliser ce travail avec unetelle expérience… Ils ne m’ont doncpas laissé partir avant les 65 ans. Et ilsauraient voulu que je continue ! Maisnon. » Tu n'as jamais eu un salaire entant que tel à la Fédération mondialede Karaté, n’est-ce pas ? « Non.Jamais. »Nous allons maintenant revenir en

arrière, à tes débuts dans le Karaté,comme pratiquant. Quels sont tespremiers souvenirs de Karaté ? « Nousdevons remonter à 1969. J'aicommencé avec les Coréens. D'abord

avec Kim au gymnase Samuraï de larue Juan Bravo. Après Kim a quitté leSamouraï et s’est associé avec unautre Coréen, Cho, et ils ont formé legymnase Kimicho. On appelait alors cequ’ils faisaient du Karaté coréen. Nousfaisions de la compétition à Madrid,avec les élèves de Yamashita, Ishimi etd'autres Japonais. »Comment fut ton premier contact avec

Antonio Oliva, avec qui tu as eu ensuitebeaucoup de relations ? « Oliva étaitavec Cho. J’ai fait sa connaissancepour la première fois au gymnaseKimicho. On était en 1969 ou 1970.Ensuite, ces deux Coréens se

séparèrent et arriva un frère de Chonommé Shik et ils formèrent leShikicho ». Dans l'expositionhistorique que j’ai montée au cours duMondial de Karaté à Guadalajara, j’aimis une photo de toi dans une sortieinternationale. « Oui. C’est la photo dela première sortie internationale quenous avons faite avec le propriétairedu Samouraï, qui était FernandoFranco de Sarabia, directeur duDépartement de Karaté à la Fédérationespagnole de Judo. Lors de cettepremière participation internationalenous sommes allés à Paris pourconcourir au stade Pierre de Coubertinen 1971. Il y avait trois compétiteurs,Antonio Oliva, Jésus Pasteur,architecte, et moi. Trois. C’est curieux,je me suis rendu au Coubertin en tantque compétiteur, puis en tant queprésident de la Fédération espagnole,de l'Européenne et de la Mondiale. »Et tu as commencé à avoir plus de

relations avec Antonio Oliva ? « Oui. En1973, je suis allé avec Oliva à songymnase qu’il ouvrit rue Bravo Murillo. »Et où se rendait Dominique Valera detemps en temps parce qu'ils étaientassociés… « En effet. DominiqueValera, qui avait également été notreentraîneur à l'équipe nationale. J'aiterminé mes études d’ingénieur en1973 et je suis allé travailler ailleurs.J'ai fait l’une ou l’autre incursion deplus dans le Karaté, mais je ne pouvaisplus m'entraîner, et en 1974… je l’ailaissé. » Définitivement ? « Non,parce que j’ai donné des cours àCullera, tout en travaillant dans

« Oui, mais jepense que

certains critiquentnon pas parmanque

d'informationsmais en étant malintentionné. Je nesais pas pourquoiils ne s’ajustentpas à l’informationsi elle existe. »

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l'autoroute de la Méditerranée quenous étions en train de construire. J'aitravaillé sur la partie sud, de Valence àGandia, et puis j'ai aussi été vivre àBenicassim à partir de 1978. J'aidonné quelques cours de Karaté dansun gymnase de Castellon, deux jourspar semaine. Ils m'ont donné 60% desrevenus pour mes cours et avec ça, jegagnais plus que le salaire de montravail. Ils m’offrirent plus de cours,mais je n’ai pas voulu. Je faisais celaparce que ça me plaisait et je nevoulais pas en devenir esclave. »J’imagine que tu le faisais déjà sous lenom de Karaté et plus de Karatécoréen. « Oui. C'était du Karaté,Shotokan. Comme j’avais été avecAntonio Oliva… c'était du Karaté. Delà, j’allais à Madrid pour suivre lescours de moniteur et d’entraîneurrégional qui se faisaient à l'écoleindustrielle, place San Juan de la Cruz.J'ai eu ma ceinture noire en 1973. » Etquand as-tu finalement définitivementquitté le Karaté alors ? « En 1978,quand j'ai commencé à travailler àMadrid, j'ai commencé à être tropoccupé et maintenant… rien. Jepratiquais de temps à autre avec Olivamais… j’avais beaucoup de mal. »Et comment as-tu été repêché en 1984

pour ta candidature à la présidence de laFédération espagnole de Karaté ? « Il afallu attendre plusieurs années, de1978 à 1984, et un jour, avant l'été1984, Oliva Antonio et Pepe Perez sontvenus me voir. Ce dernier était aussiun peu loin de tout ça mais… il est

venu. Ils étaient assez contrariés parles actions de Celestino Fernández,alors président FEK. Je n’en connaispas la raison, parce que j'étais alorsvraiment loin de tout ça. Ils se mirent àm'encourager à me présenter. Ils ontbeaucoup insisté. Un jour, ils vinrentavec Antonio Torres, Matias Romo etEnrique Guerra. Il ne manquait quequelques mois pour l’élection duprésident. Ils me parlèrent d'uneréunion qui se tiendrait à Alicante unmois plus tard. Ils m’encouragèrent à yaller pour que je me fasse une idée.Les jours passèrent et j’avais oublié lesujet et je pensais qu'ils avaient aussioublié mais, quelques jours avant, enaoût, ils m'appelèrent et me dirent :“Hé, tu n’aurais pas oublié la réunion ?”J’ai dû y aller, presque forcé. Commentdevaient être candidats ! »Et en quoi consista la réunion ? « Il y

avait là-bas une vingtaine depersonne, toutes à fond dans lesaffaires fédératives, et moi qui n’avaisaucune idée de rien. Ils medemandèrent… “Quels sont vosprojets ?” Et je leur ai répondu… “Moi,absolument aucun.” Ça a dû leurplaire. Je crois que tout ce que j’auraispu leur dire leur aurait plu. Il étaitdevenu impossible d’arrêter cela. Ilsme convainquirent. Je n’ai fait aucunecampagne. J’ai juste été un jour àValladolid, avec Matias Romo etEnrique Guerra. Rien de plus. »Puis arriva le jour de l’élection, où

d'ailleurs je me trouvais en tant quemembre de la plénière de la Fédération

espagnole, avec un droit de vote, que j’aiexercé. Que retiens-tu de ce jourhistorique ? « De ceux qui votaient, jene connaissais pratiquement personne.Certains assis à côté de moi firentmême quelques commentairesdésagréables sur moi. » Mais savaient-ils que c'était toi qui étais à côté d’eux ?« Bien sûr, qu’ils le savaient. C’est pourça qu’ils l’ont fait, pour que je lesentende. J’en ai pris un coup. Qu’avais-je donc fait pour ça ! Je ne voulais pasêtre là, dans une élection impossible àgagner et en plus de ça… Eh bien… j’aigagné par 53 voix sur 58. Je ne pouvaispas le croire. J’ai pensé : “Et qu’est-ceque je fais maintenant !” Je suisd'abord allé au siège de la Fédération,rue Martinez Campos, étant sonprésident. »Et comment furent ces débuts ?

« Très difficiles parce que j'airencontré deux problèmesextrêmement graves que je suis entré.Tino Fernandez avait déjà touché latotalité de la subvention de 1984 etl’avait entièrement dépensé. Quelquessemaines plus tard, nous devions allerau Championnat du Monde deMaastricht et nous n'avions pasd'argent. Finalement, i ls nousprêtèrent ou nous avancèrent del’argent à l’agence de voyage et nousavons pu y aller. Et il y avait un autregros problème avec la Fédérationcatalane, à qui on avait attribué lesChampionnats d'Europe Juniors defévrier 1985. Les Catalans étaient deCelestino et avaient voté contre moi.

Interview

Gauche : Antonio Espinos visite les dirigeants dela Fédération japonaise de Karaté à Tokyo en

Janvier 2013. Droite : Giuseppe Pellicone, membre honoraire

du Comité exécutif WKF et Antonio Espinos, avecle K de la campagne « The K is on the way ».

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Ils étaient contre moi parce que j’étaisd’un autre style et pour d’autresraisons. Ils avaient organisé desexamens de ceinture noire pour leurpropre compte. J'ai essayéd’empêcher ça, mais ils le firent detoute manière. Puis j'ai voulu leurenlever le Championnat d'Europe. J’aienvoyé Adan Czartoryski me faire unrapport pour pouvoir leur supprimer letournoi sur cette base. Comme j’étaisnaïf ! Adan est revenu en me disantqu'ils avaient tout très bien organisé,mais il a quand même été supprimé.Finalement, il eut lieu à Madrid, auPalais des Sports, avec ses hauts etses bas, mais… le fait est qu’uneguerre commença. Il se forma uneCoordinatrice en Catalogne qui, envérité, fonctionna très bien pendantlongtemps, mais il y eu beaucoupd’histoires. » Oui, je me souviens. Tufus « très aimé » là-bas pendant uncertain temps… Je me souviens avoirvu des pancartes sur toi, dans unchampionnat à Barcelone, très peutendres. « Je ne sais plus commenttout cela fut résolu. » Et Josep Boschétait déjà là ? Il est aujourd'huitoujours là. « À cette époque, c’étaitCasanova qui présidait, ce qu'il a faitjusqu'en 1986, et Bosch est présidentdepuis. Il fait un peu… ce qu’il veut, à sa façon. »Ensuite les problèmes, qui ne cessent

jamais, se centrèrent sur les maîtresjaponais en Espagne, qui avaient jusque-là bénéficié d'un grand pouvoir dans leKaraté, logiquement, mais toi, en tantque nouveau président FEK, tu les asprogressivement réduits. « En 1984, il yavait des Japonais, comme YasunariIshimi… très puissant. On pourraitpresque dire qu'il aurait pu installer etéliminer le président. En 1988, cen’était plus comme ça, et aujourd'hui,ce n’est presque rien, tu le sais, leschoses ont beaucoup changé. En1988, il y eut un moment clé. Cela mevalu certains désaccords avec AntonioTorres, à propos d’Ishimi. Çareprésenta un tournant en ce quiconcerne l’influence des Japonaisdans le Karaté en Espagne. Ce fut fini.Il me semblait que ce n’était pluspertinent. Avec tout mon respect, maisc'était une chose à changer, c’étaitquelque chose qui avait été accepté,

mais… qui ne convenait plus. Et je lerespecte beaucoup, je suis allé, il y adeux trois ans, à l'hommage qu’on luia rendu. »Oui, des moments très délicats pour lui

personnellement. « Oui. Je reconnaisce que les Japonais ont fait pour leKaraté, mais ils ne pouvaient pasinfluencer dans des questions qui, jecrois, ne leur correspondaient pas…Ils ne voulaient pas perdre ce pouvoir.Ils ont été forcés. Maintenant, je pensequ'ils sont à leur place et que c'estbon pour le Karaté, pour sonuniversalisation. Et là, je crois que j'aijoué un rôle. Le Karaté a un airdifférente de celui qu’il aurait. » Jesuis d'accord avec toi parce que lafédération est sportive (si s’agissait deKaraté traditionnel, ce serait autrechose). Là où je ne suis pas aussid'accord c'est dans l'oubli dans lequelsont tombés des personnagesimportants de l'histoire du Karaté enEspagne (Tino Fernandez, AdamCzartoryski, etc.). L'histoire estl'histoire.Comment fut l’étape de Faustino

Soria à la tête de la Fédérationespagnole et l’Ibéro-américaine ? «Elle ne fut pas très agréable quant àmes relations avec la FEK parce que jecrois que Faustino n'a jamais étécapable de se libérer de mon ombre.Je n'ai jamais voulu imposer uncandidat après ma présidence, maisc’est moi qui ai suggéré que ce soitFaustino. J'ai pensé à lui en 1996.

J'hésitais au début aussi avec EnriqueGuerra, mais finalement, commeFaustino vivait à Madrid et avait étéhuit ans avec moi, dans mon équipe,en tant que directeur du Tribunalnationale des grades, j’ai pensé qu’ilétait la personne qui convenait. Je nesais pas si je me suis trompé ou pas.On ne sait jamais dans ces cas-là, cequi se serait passé avec un autre, maisfinalement les choses n'allèrent pascomme je l’avais pensé. Je pense qu'ilétait au-dessus de ses forces d'êtreinfluencé par moi. Il n'a pas étécapable d'être le président qu’il auraitdû avoir été, un président qui appuie leprésident de la WKF parce qu’il estespagnol… Il y avait en lui une sorte deDr Jekyll et Mr Hyde qui l’en empêchatoujours. Il ne m'a jamais pardonné deschoses qui, en réalité, étaient dues à sapropre incapacité. » D’où venait soninsécurité ou cette tension avec toi ? « Nous avons un jour été ensemble àAndorre et, au retour, il m'a demandéce que je pensais du fait qu’il seprésente comme membre du Comitéexécutif de la WKF. Ce n’était, de touteévidence, pas la bonne question.Quand une question n’a qu’une seuleréponse possible, c’est une mauvaisequestion. Je lui ai dit que cela meparaissait bien. Que pouvais-je dire ?Si je lui réponds que non parce qu’il n’apas de possibilités, il peut se fâchercontre moi ou ne pas se présenter, etensuite me le faire payer toute la vie.Qui suis-je pour dire non ? Je lui ai dit :“Fais campagne. Travaille ça bien. Cen’est pas si facile parce que j'ai déjàmes gens et je ne vais pas cesserd’appuyer quelqu'un pour t’appuyer. Nem’oblige pas à indisposer mes gens. »Quand cela se passa-t-il ? « Vers lesannées 2000 ou 2001. Puis, en 2002,lorsqu’eut lieu à Madrid leChampionnat du Monde, il se présentaà membre du CE et perdit. Il ne fut pasélu. Il a vécu ça très mal et rejeta lafaute sur moi. Il m’en fit responsable.J'ai eu la courtoisie de le nommerreprésentant de la Fédérationeuropéenne. Ce fut sans doute unefaiblesse de ma part et il ne m'en ajamais remercié. Il fut pendant quatreans membre coopté nommé par moi.En tant que président de la Fédérationeuropéenne, j’avais le droit d'être

« Je ne voulaispas être là, dansune électionimpossible à

gagner et en plusde ça… Eh bien…j’ai gagné par 53 voix sur 58. Je ne pouvais pasle croire. »

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au CE, mais j’y étais déjà en tant que président de laWKF, je pouvais donc nommer une autre personne etc’est lui que j’ai nommé. Il ne m’en a jamais remercié.Puis à Tampere, il se présenta de nouveau au CE sansmême me le dire et il a de nouveau perdu. Il me voyaitdéjà comme un diable avec des cornes et tout.Dommage parce que les dernières années furentdésagréables. Il en est même venu à me dire qu’ilavait perdu pour la deuxième fois, mais qu’il voulaitêtre membre du CE et que je fasse ce qu’il fallait pourcela. » Et qu'as-tu fait alors ? « Eh bien, tu sais, àcette époque, à la WKF, nous partagions les bureauxavec de la Fédération espagnole, rue Francisco deSales. Nous partagions même une secrétaire. C’étaitune autre époque. Il m'a dit qu'il était président de laFédération ibéro-américaine et qu’en tant que tel, jedevais faire ce qu’il fallait pour qu’il soit au Comitéexécutif de la WKF. Je lui ai expliqué que l’Ibéro-américaine n’était qu’une fédération de plus, égaleaux autres, et que si je nommais le président de laFédération ibéro-américaine, je devrais aussinommer les présidents des autres fédérations et cen’était pas possible. C’était moi en plus qui l’avaismis au poste de président de l’Ibéro-américaine. Ilm'a dit d’y réfléchir et je lui ai dit qu’une semaine plustrad, je m’en allais de là-bas. La WKF cessa departager les bureaux avec la FEK. Ce fut ma réponseet nous avons déménagé dans nos propres bureaux.Depuis lors, nous sommes restés séparés et pourtoujours. »Et comment se fait-il qu’il perdait, qu’il ne soit pas élu ?

« Il y avait quatre ou cinq candidats. Je ne mesouviens plus très bien car nous avons changé desystème. Avant, il y avait un vieux système, de l’an2002, quand il y avait Karaté K et Karaté T. » Le Kétait le sportif qui venaient de l’ancienne WUKO et leT était celui de l’ITKF du maître Nishiyama, après untemps de tentatives d'unification, n’est-ce pas ? « Correct. Nous avons éliminé cela en 2006. Le faitest qu'il y avait quatre ou cinq candidats, Nordahl,Faustino, Dinsdale et Rita Rairama qui était trèsbonne. » Elle est partie ensuite. Rita Rairama adémissionné en 2006 et a postulé pour son poste àYrsa Finn (Finlande). « En effet, elle est partieensuite. Elle était très bizarre, mais très bonne. Ilsétaient tous très bien préparés, parlaient très bienanglais, on les connaissait bien… En réalité, Faustinon’avait aucune possibilité, mais il m’en accusa. Il eutcette désagréable obsession. En 2006, après ne pasavoir été élu pour la deuxième fois, j'ai pensé que jen’allais pas le coopter, mais je l’ai fait avec leFrançais Francis Didier. » Et avec Didier, quelle étaitvotre relation ? Il me semble qu'il y eu des hauts etdes bas à un moment donné, à cause de questionsen relation avec le directeur d'arbitrage TommyMorris, non ? « Non, il n’y a rien eu. Tout s'est bienpassé avec Didier. Je lui ai demandé s’êtreresponsable de toutes les questions relatives à la

Interview

Gauche : Alejandro Blanco, président du COE,Antonio Espinos, président de la WKF et Antonio

Moreno, président RFEK pendant le MondialGuadalajara 2013.

Centre : Le président de la Fédérationmondiale à l’hommage au maître Yasunari Ishimi.

Droite : Salvador Herraiz, Antonio Espinos etAntonio Moreno lors du Congrès mondial WKF

2012 à Paris.

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Premier League… Ce qui se passa,c'est que Morris et Didier ont toujourseu beaucoup de rivalité, mais sansgrand problème. » D’où venait cettetension entre les deux, entre Morris etDidier ? « Morris était trèsimmobiliste. Il ne voulait jamaischanger quoi que ce soit. » PourquoiMorris a-t-il finalement quitté laFédération ? « En 2006, nous avonsfixé à la WKF une limite d'âge de 70ans pour les postes. Morris les faisait.Nous avons alors établi unedisposition transitoire de quatre anspour ceux qui étaient dans ce cas.Entre-temps, Morris quittal’Européenne et on mit à sa placeTommaso Mini. Morris a continué à laMondiale et puis, je l'ai convaincu des’en aller au printemps 2010, quelquesmois avant la date prévue, de sorteque le nouveau nommé, Kassis,d'Australie, puisse se faire connaîtreaux Championnats continentaux avantle Mondial de Belgrade pour que là-bas tout le monde le connaisse déjà. ÀBelgrade, Morris fut invité par moi,mais il n’y fut pas très à l’aise etcommença à se distancer. »Parlons du Japon et de son rôle dans

une discipline (je me résiste encore àl’appeler un sport) qui y est née. Le Japonest-il aujourd'hui pour la WKF un pays deplus ou est-ce un pays spécial puisque leKaraté est d'origine japonaise ? «Maintenant, avec la Fédérationjaponaise de Karaté, les choses vonttrès bien. Nous avons le directeurtechnique qui est japonais, TsuguoSakumoto. Bientôt le secrétaire général

sera japonais, Nagura Toshihisa. LeJapon est une référence. Mon premiervoyage important de l'année dernièrefut à Tokyo. Nous savons tous d'oùnous venons et il est important quenous sachions. Il est égalementimportant que les Japonais perçoiventque nous le savons. » Mais il y a desannées, il y eut un moment où laFédération japonaise connut des hautset des bas, des tensions avec laFédération mondiale de Karaté, non ? « Il y eut un moment très critique auMondial de Munich en 2000. Nousavons changé les règlements decompétition du Kumite et la Fédérationjaponaise ne les a pas aimé du tout. Ilsont même dit que si on approuvait ceschangements, ils quitteraient la WKF.Keiichi Hasumi et Toru Arakawa étaientalors à la tête. » Je les connais tous lesdeux. Hasumi fut pendant des annéesvice-président de la JKF, et dès lors lamain droite de Sasagawa dans leKaraté. Arakawa, quant à lui, est 9e

Dan Wado Kai et à l’époque le plus hautdirecteur technique. « Et bien, auCongrès mondial, c’est Arakawa quiprit la parole à ce sujet. À la fin, leschangements furent quand mêmeapprouvés et rien ne se passa. »Et il n'y a plus d’attention spéciale

envers Japon, outre cette courtoisiementionnée avant ? « Il n’y a plusmaintenant d’attention spéciale enversle Japon. Dans toute entreprise ougroupe, il arrive un moment où on doitchoisir, soit le contrôle, soit lacroissance. Pour grandir, il faut lâcherdu lest et perdre une partie ducontrôle. En nous libérant du contrôlejaponais, ce que nous avons fait, c'estque universaliser le Karaté japonais.Nous en avons déjà parlé avant. »Mais le Karaté est japonais et il fautavoir certaines valeurs associées auJapon. « Nous conserverons lesvaleurs qui ont fait du Karaté ce qu'ilest aujourd'hui. À cet égard, lesJaponais ont bien fait. Le Japon est unmembre, mais un membre important etils sont tout en haut quant auxmédailles. C'est une puissance, avecdes hauts et des bas, mais unepuissance. »En effet, pendant quelques années au

début de la compétition internationale, leJapon avait évidemment les meilleurs,mais ensuite il y eut un moment où ilspassèrent par une époque de unesécheresse à ce sujet. Pourquoi d’aprèstoi ? « Les Japonais ont eu beaucoupde mal à s'adapter aux changements,mais ils l'ont fait et l’ont bien fait.Maintenant, la JKF, son président

« Les Japonaisont eu beaucoupde mal à s'adapteraux changements,mais ils l'ont fait et l’ont bien fait. »

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Sasagawa… sont bien avec la WKF etc'est important pour moi. De toutemanière, les Japonais ont une culturetrès différente. Les Chinois aussi, etles Asiatiques en général. C'est unautre monde. Nous ne réalisons pas,mais ils sont encore loin de nous etc'est une question en suspens pournous, dans les affaires comme dans denombreux domaines. Nous n'avonspas su les conquérir comme nousl'avons fait avec d'autres pays, mêmeen Amérique. Nous avons encorebeaucoup de mal à nous entendre. »Une question importante dans le

Karaté de compétition est certainementcelui de l'arbitrage et de laréglementation. Y a t-il des changementsd’arbitrage prévus ? « Nous avons uneCommission permanente desrèglements qui prend l'initiative etpropose certains changements auComité exécutif. Elle s’est réunierécemment à Guadalajara et se réuniraégalement prochainement enHollande. Je suis très prudent avec leschangements dans le règlement car ilsprovoquent parfois de nombreuxproblèmes pour les petitesfédérations. Vous devez faire attentionà l'impact que ces changementspeuvent avoir sur l'éducation desarbitres. Parfois, les changementsnuisent à plus de personnes qu’ils n’enfavorisent. » Mais… as-tu quelquechose en tête en ce moment ? « Il y ades choses. Par exemple, ne pasponctuer les pénalisations, autrementdit, si tu as trop de pénalisations, onpeut te disqualifier, sinon, quepersonne ne puisse gagner parpénalisations. Dans ce cas, c’est unemodification importante, mais ce n’estpas trop laborieux pour les arbitres,parce que c'est quelque chosed’intuitif en réalité. Nous pensonsaussi créer d'autres catégories… maisbon, ça, ça n’appartient pas aurèglement. Nous pensons également,pour le Hantei, à un critèresupplémentaire pour que ce ne soitpas ce que les juges veulent. Parexemple, que le premier qui marquesoit le vainqueur en cas d'ex-æquo. Ceserait un stimulant. Ou encore, passerde 4 et 3 minutes dans les catégoriesmasculines et féminines à 3 et 2,respectivement. Que l'arbitre centralgère seul les pénalisations, parce queconsulter les juges dans ce casconduit à la confusion. Très importanteaussi sera la révision de la vidéo.L'entraîneur aura une carte, rouge etbleue, et il pourra l’utiliser s’il n’est pasd’accord avec quelque chose de trèspalpable. Cela se fait déjà enTaekwondo et ça fonctionne bien. Onne perd pas beaucoup plus de 25secondes entre le moment oùl’entraîneur sort sa carte et la reprisedu combat. Si l'entraîneur a raison, onla lui rend et sinon, on la lui retire, pour

qu’il y pense à deux fois et fasse unusage approprié de la formule. » Biensûr, il ne l’utilisera que si ça vaut lerisque de se tromper. « Cela donna debons résultats dans les tests que nousavons faits. » Intéressant. Je dois dire que l'élimination de

katas obligatoires, Shitei, est, à monhumble avis, une réussite. Je croisqu’ils n’auraient jamais dû exister, « Pourquoi ? » Dans mon école, laWado Ryu, par exemple, danscertaines catégories affectées par leShitei Kata (avec les katas Seishan etChinto), les karatékas devaient fairedes katas qu’ils ne devraient enprincipe pas encore pratiquer, comptetenu de la progression correcte de leurapprentissage dans le Karaté, du pointde vue d'un Karaté dosé, avec uneprogression, et d’un Karaté pour la vie! Dans les tournois de styles, surtout ily a des années, on était obligé de fairecertains kata, mais qui étaientprécisément ceux qui correspondent àcette catégorie, à ce niveau. Quelqu'unvoulut voir comment une chenilledevenait un papillon. Il la chauffa avecson haleine pour accélérer sondéveloppement ; résultat : le papillonprématuré sorti avec les ailes colléeset inutilisables et il mourut. Il ne fautpas rompre l’ordre patient de la naturepar impatience. Le dosage et laconfiance dans le Sensei sont peut-être des qui choses ne comptent paspour beaucoup, mais quipersonnellement m’importe beaucoup.« Je suis content que tu me dises celaparce que nous avions des doutes. Defait, comme nous en parlions avant,nous avons eu avec la Fédérationjaponaise de Karaté une déférencespéciale et au cours de la premièreréunion que nous avons eue pourdécider des changements – ce fut àTenerife en mai 2012 – en plus desmembres de la Commission chargésde décider de ces choses, il y avaitune personne désignée par laFédération japonaise pour laCommission permanente. OutreSakumoto, ils nommèrent Inoue quiintervint comme envoyé spécial de laJKF. Nous avons été sensibles et la

JKF eut une opinion spéciale. Celas'est avéré très positif. Inoue acceptala suppression de Shitei. Il valut mieuxle faire avec lui que sans lui. » Et jepense que pour l'image, il est mieuxégalement de compter sur eux. « Toutcela fut l’idée d'un cerveau qui vit auxÉtats-Unis… » Et qui devrait vivre enNorvège, n’est-ce pas ? Ha ha ha… « C'est ça, ha ha ha… Mon succèsc’est de m'entourer de gens commeNordahl… » Et de qui fut, en sontemps, l'idée de faire les tests appelésBunkai pour les demi-finales et lesfinales du Kata par équipe ? Parceque ça a eu un énorme succès. « DeTommy Morris. » Eh bien, ce fut unetrès bonne chose.L'esthétique du Karaté et de ses

katas en particulier, leur “étrangeélégance” est une conséquence deleurs mouvements et de leurstechniques, mais l'esthétique ne doitjamais être l'objectif recherché.Aujourd'hui, et du fait de lacompétition, les positions sontsouvent agrandies, on baisse leshanches, on ajoute des changementsde rythme inutilement, à la recherchede plus d’esthétique. C'estcomplètement aberrant, on crée uneesthétique fabriquée, exagérée etartificielle, qui n'a rien à voir avecl'efficacité des positions ou desmouvements. Le kata est, entre autres,le lien entre le passé, le présent etl'avenir. Il ne faut pas le modifier. Lesjuges “obligent” (parfois sans mêmes'en rendre compte et pris par ladynamique générale) à exagérer leschoses à l’extérieur, esthétiquement,et quand les individus ne peuvent plusle faire, pour une question d’âge, dediminution des capacités physiques,de blessures ou pour mille raisons,beaucoup cessent de pratiquer etperdent donc les avantages qu’ilsauraient pu en obtenir intérieurementet physiquement. Essayez d'être lemeilleur, c’est se faire du tort à longterme. Si, en revanche, vous cherchezdans la pratique une efficacitéphysique, une défense personnelle etdes bienfaits mentaux et spirituels quivous aident à être heureux, peuimporte cette esthétique extérieur.Vous pratiquerez le Karaté avec joie etavec vos limitations quelles qu’ellessoient, mais toute votre vie. C'est uneerreur de faire un Karaté pour qu’on levoie de l'extérieur. Le Karaté se voit àl'intérieur, il faut le sentir. Les gensdifférencient le combat et les kata,mais en réalité il y a beaucoup dechoses entre les deux facettes, il y abeaucoup de Karaté dans lestechniques établies avec unpartenaire. Cela a donné un nouvel air.« Je suis d'accord. Morris estquelqu’un de bien préparé, il travailletrès bien. » Ce fut donc une trèsbonne idée. C'est juste mon opinion.

Interview

« Si le Karatén'avait pas évolué,qui connaîtrait leKaraté ? LeKaraté est

universel, car il aété développé

comme un sport. »

À gauche, le président de la WKF lors de l'ouverture du Mondial Guadalajara 2013.

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Rien de plus. Et je te commente cecique j’aime bien tout comme je te disque je n’aime vraiment pas ces petitessecondes qu’on laisse au corps àcorps et qui permettent lesprojections… « Mais le règlements dit“deux ou trois secondes” et on enlaisse souvent cinq ou six. Il faudraitd'abord appliquer correctement lerèglement avant d'envisager de lechanger… Supprimons alors lessaisies ? Pourquoi ? Appliquonsd’abord correctement les règles etpeut-être ne faudra-t-il pas leschanger ».Est-ce donc la faute des arbitres ?

Parce que tu sais qu'il y a beaucoup decommentaires à ce sujet. Ça ne plaît pasbeaucoup dans de nombreux domainesde Karaté. Nous savons que le corps àcorps fait partie de la lutte, mais c’est duKaraté, pas du Judo… et en plus, ce sontsouvent des tentatives d’un mauvaisJudo, logiquement. « Oui. C'est vrai. »C’est pour ça aussi qu’est à la mode lecoup de pied qu’a popularisé leJaponais Matsuhisa… « Oui, Aghayevfait aussi ce genre de ruade » Oui, lecoup de pied du scorpion commel'appellent certains. « Oui, c’est quec’est vraiment comme ça, ils sontsaisis et à partir de là… On voitbeaucoup cela en Asie et dans lespays arabes. Bon, en réalité partoutdéjà. » Dans certains cas, c'est trèsbien, mais dans d'autres, la distancen'est pas bonne pour cela, il y a desdéséquilibres…Je respecte la compétit ion en

Karaté, mais comme tout le monde lesait , je suis plus d'un Karatétraditionnel, intime et centré nonseulement sur des formes techniquesdifférentes, mais aussi sur unemanière différente d'agir, avec desvaleurs pour la vie quotidienne quiincluent également une perspectiveculturel le et historique. « C'estl'éternel débat entre le Karaté sportifet le Karaté martial. J'ai mon opinionsur le sujet. Si le Karaté n'avait pasévolué, qui connaîtrait le Karaté ? LeKaraté est universel, car i l a étédéveloppé comme un sport. Celui quiveut le développer comme un artmartial a plus de possibilités de lefaire du fait qu’il se soit développécomme un sport. Il s'agit d'avoir unéquilibre. » Ce qui se passe, c’estqu'i l y a souvent un déséquil ibreévident, et i l y en a qui pourraitpenser : “Ça m’est égal que le Karatésoit plus ou moins connu ! Tout ceque je veux, c'est le pratiquer, unpoint c’est tout, sans avoir besoinque plus ou moins de personnes lepratiquent." « Et bien, il se fait queles valeurs morales inculquées par leKaraté sont assez bonnes pour qu’onles connaisse et qu’à travers elles, lajeunesse s’améliore. » Certes, ceserait idéal, ce qui se passe, c'est

que la réalité de la compétition esttrès différente.Il est clair que, techniquement, la

compétition est différente, pratique(sans inclure la grande richessetechnique du Karaté). Spirituellement,la compétition est nulle, méprisant lesvaleurs de respect, l'humilité, latolérance… Le salut est simplement ungeste vide que part du dos, pas ducœur. D’autre part, essayer plus d'êtrele meilleur semble joli pour ledépassement de soi, mais pour quecela se produise beaucoup doiventêtre écartés et souvent le résultat estla frustration et des conflits àdifférents niveaux, ce qui conduit àl'abandon de la pratique. Lacompétition en elle-même est limitée àun certain âge alors que la Karatédevrait être compris comme unepratique pour toute la vie. Les basesdu Karaté doivent être le respect,l'humilité, la tolérance, lareconnaissance, la loyauté… plus dedojo et moins de gymnase ! Jepense que, dans la compétition, ondevrait plus soigner les détails. Jecomprends que quand uncompétiteur gagne, il se réjouit etmême qu’ i l fasse un gested’euphorie, mais on voit des sauts,des gestes exagérés. Les cinq jugesattendent al ignés tandis que levainqueur fait un saut périlleux, sejette par terre… je ne sais pas si ceschoses sont bien, dans n'importequel sport, mais je pense que, dansle Karaté, vanté pour sescaractéristiques d'humilité, je croisque ça n’a pas lieu d’être et que ce

ne devrait pas être permis. « Je suisd'accord avec toi, Salvador. »Que va-t-il se passer, d’après toi, dans

les mois ou les années à venir, en ce quiconcerne aussi bien la WKF que laquestion de l'olympisme ? Remarqueque je ne te demande pas ce que tu veuxqu’il se passe, mais ce que tu crois quiva se passer. « Eh bien, je pense quecette année, il y aura des décisionsimportantes de la part du COI entermes de changements dans leprogramme pour 2024. On iraprobablement à un programme parmodalités, plutôt que par fédérationsinternationales, et s’il en est ainsi,avec un peu de restructuration, il yaura plus de possibilités pour leKaraté. Il y a 28 sports et 300modalités sportives différentes et nousaurons donc certaines possibilités etnous pourrions revendiquer la nôtre.Pour 2020, on a le même programme,parce que même si la Lutte est partie,elle est ensuite revenue. Pour 2012, lesoftball et le base-ball étaient sortis etaucun ne rentra. Pour 2016, le rugby etle golf entrèrent, mais le fait est que,dans les trois processus depuis 2005jusqu’à aujourd’hui, seuls deux sportsont pu rentrer. Une chose trèsimportante, c'est que le Karaté estdans les Jeux multisports du COI, toutcomme il n’y a pas longtemps, il étaitdans les Européens, et ça, c'estimportant. C'est la seule Fédérationnon-olympique dans les Jeux. La seuledes 18 présentes ! Parce qu’ensuite, ily a des modalités non olympiques desports olympiques, mais ça c'est autrechose. La situation ne pourrait êtremeilleure. Nous continueronsd'essayer, car c’est aussi notre devoiret notre destin. Et je suis optimiste ! »Tu as le poste jusqu’en 2016 (après

Belgrade 2010), que se passera-t-il alors ?Tu le quittera ou pas ? « Je ne sais pas sije vais m’en aller en 2016. J’aimeraisbien. Bien sûr, je ne vais pas terminerles six prochaines années. Ça, c’estclair. Il se peut que je présente macandidature pour 2017, mais ce seraitjusqu'en 2018. Je n’ai jamais envisagéd'être ici toute une vie et encore moinsmaintenant, où cela fait plus de quinzeans que je suis président de la WKF.Lorsque les élections arriveront en2016, cela fera dix-huit ans, et vingt à laFédération européenne, de 1997 à 2017,quand terminera mon mandat. Àl’Européenne, je n’ai pas l'intention decontinuer, et à la Mondiale, il est trèsprobable que je m’en aille en 2016. » Etavec qui, pense-tu, qu’elle serait en debonnes mains ? « Je n'ai pas l'intentiond'imposer quoi que ce soit. La seulechose que j’aimerais c’est ne pas lalaisser à quelqu'un qui représente lecontraire de ce que je suis. »Mais vois-tu quelqu'un de préparé ou

de bien placé pour te succéder ? «Non.Il y a beaucoup de gens préparés, mais

« Je ne sais passi je vais m’enaller en 2016.J’aimerais bien.Bien sûr,

je ne vais pasterminer les sixprochaines

années. Ça, c’estclair. Il se peutque je présentema candidaturepour 2017, mais ce seraitjusqu'en 2018. »

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je n’en ai aucun à l'esprit. Certainespersonnes disent que je devrais avoir unsuccesseur. Mais je ne crois pas. Imagineque je sorte dans la rue et qu’une voiturem’attrape et me tue. Il auraient sûrementtrès vite un remplaçant en tête. Je seraisencore chaud et ils auraient déjà pensé àquelqu’un. Comme il se doit. Nedramatisons pas. Lorsque viendra lemoment, il apparaîtra. Ce que j'ai à faire,c’est faire les choses avec soin, demanière à ce qu'il y ait une continuité etc’est cela l' idée de la nouvellerestructuration que nous sommes entrain de faire au bureau de la WKF, pourque cela se base plus sur des entrepriseset des services, sur unfonctionnement, quesur des personnes.Nous voulons aussiqu’une partie dupersonnel du bureausoit exportable et que siun nouveau présidentveut avoir son bureauail leurs – et c’est cequ’i l voudra – qu’i lpuisse le faire avec unecertaine continuité,avec le moins d'impactpossible. Nous voulonsque les services Websoient externalisés, ilssont déjà, et que les services deschampionnats, de laPremier League, ils lesont déjà eux aussi.Nous continueronségalement avecSportdata, qui est unebonne compagnie, etnous espérons que lestrois championnatsd'Europe à l’année et lechampionnat du Mondepuissent se faire avecSportdata. Je n'ai pasde successeur en têteni ne veux l’avoir. Ce quidoit arriver arrivera.Mon expérience me ditque quand tu essayesde décider quelquechose en sachant quetu as seulement unepetite partie del' information dont tuauras besoin le momentvenu…. mieux vaut nepas commencer. Il vautmieux ne pas passer dutemps à cela ni avoirtous ces maux de tête.Je sais, par exemple,qu’à Brême, l'annéeprochaine, j’aurai plusd ' i n f o r m a t i o n s .Maintenant n'est pas lemoment. Bien sûr, queje pourrais avoir uneidée claire, mais ce

n’est pas nécessaire. Regarde, Salvador,en 1998, lorsque j'ai été élu président dela WKF, j’ai dû convoquer le lendemain leComité exécutif pour décider du vice-président, du secrétaire général, dutrésorier… J'avais une idée pour certains,mais pas pour le trésorier, par exemple.J’avais travaillé de nombreuses annéesavec George Popper, mais au Brésil, ilne fut pas élu, et en plus, c'était unhomme de Delcourt, et on ne voulaitpas. En 48 heures, j'ai eu à prendre unedécision. Lorsqu’on en avez besoin, onse débrouille. J'ai regardé la liste duComité exécutif et j'ai commencé à voirqui cela ne pouvait pas être. Ce fut

miraculeux. I l ne resta que deuxpersonnes et j’ai choisi Halvin, qui s’ytrouva jusqu'à sa mort en 2007. Ce futla meil leure décision que j'ai prise.J'avais besoin de la prendre.Maintenant, il est préférable de ne pasme demander cela. »Eh bien, je te remercie pour tes

paroles et j 'espère que cetteconversation intéressera les karatékas. «Je te remercie pour ton temps. Tu asplus qu’assez d’expérience et tu saisbien refléter ce que j'ai dit. Je suis ende bonnes mains avec toi. » En toutcas, c’est ce que j'essaie. « Tu yparviens. »

Interview

Page 106: Magazine arts martiaux budo international avril 2014

Krav Maga RED et Sports de combatLes sports de combat sont de nos

jours plus incontournables que jamais.Ces 15 dernières années ont vu lamontée en puissance du MMA qui abousculé beaucoup de certitudes dansle monde des arts martiaux.Parallèlement, le nombre de pratiquants,toutes disciplines confondues, n'a cesséd'augmenter du fait de l'engouementcréé par certaines disciplines, mais aussien raison d'un contexte mondial où ildevient nécessaire de savoir sedéfendre. Le Krav Maga fait partie deces disciplines à la mode car il privilégiel'aspect réflexe et la rapiditéd'acquisition de moyens simples d'autodéfense. Cependant, ce dernier tel qu'ilest enseigné dans nos sociétésmoderne est en train, lui aussi, de subirune mutation nécessaire au maintien deson efficacité en passant du statut declose combat, qui était enseigné en 3 ou4 semaines à des soldats qui devaientdisposer de bases combatives simplesleur permettant de faire face à uncombat au corps à corps, à une

discipline sportive enseignée au sein destructures tout au long de l'année etdestinée désormais à 90 % à un publiccivil. Cela a amené un grand nombre depersonnes à modifier et ou à enrichir lecontenu du Krav Maga d'origine.Le KMRED s'est lui aussi construit en

repensant et en mélangeant différentesapproches de Krav Maga conçues aucours de ces dix dernières années. Mais ily a un point sur lequel nous insistons. Ils'agit des bases dont doit disposer lepratiquant de Krav Maga moderne. Eneffet, nous pensons que les révolutionsqu'ont connues les arts martiaux et lessports de combat avec l'avènement duMMA doivent intervenir dans le milieu duKrav Maga. Sans briser les fondementsdu Krav Maga d'origine, ce dernier se doitde devenir le MMA de la self défense. Et quelle meilleure façon de faire

évoluer cette discipline que d'élargir lescompétences des pratiquants enutilisant ce qui a fait ses preuves. Lesretours d'expériences sur les modes decombats sportifs, les modesd'agressions à mains nues ou avecarmes n'ont jamais été aussi nombreux.Alors, il est de notre devoir de s'appuyer

Krav Maga

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Krav Maga

dessus pour faire évoluer notre Krav Maga afin de ne pas se laisserdépasser par des situations nouvelles !Le KMRED accorde une part

importante à l'apprentissage correct detoutes les techniques de percussionsissues, par exemple, de disciplinescomme la Boxe anglaise, la Boxethaïlandaise, ainsi que les techniquesdes sports de préhension comme leJudo ou la Lutte pour construire unbagage technique solide chez sespratiquants. Quoi de mieux dans uncombat que de savoir gérer une distanceet envoyer des directs de Boxe anglaise,quoi de mieux que de maîtriser un coupde coude ou de genou de Boxethaïlandaise ou de savoir projeter, chuterou lutter au sol comme un judoka ou unpratiquant de Ju-Jitsu brésilien, ou bienenfin de disposer, et cela est trèsimportant, d'un mental à tout épreuve telun commando d'élite.Une fois l'acquisit ion de bases

solides, notre programme prévoit de lesmettre en œuvre dans un travail decombat afin de confronter le pratiquantà la réalité, à l'apprentissage des coupset à la complexité de gérer une situationconflictuelle. Un combattant lorsqu'ilmonte sur un ring ou un tatami ou bien

rentre dans une cage, doit gérer sescraintes, ses peurs, son stress et lesmettre de côté pour faire face à sonadversaire. Le programme KMRED dispose d'un

programme permettant aux élèves deressentir tout ça afin de les préparer aucombat avec pour seule différence que,dans la rue, il n'y a pas de règles nid'arbitres. Le pratiquant de Krav Maga moderne tel

que nous le concevons chez KMRED doitpouvoir disposer d'un arsenal completallant du travail de percussions au travailde lutte debout et au sol, mais en gardantà l'esprit qu'il ne s'agit pas de sport, maisde self défense et que le combat ne doitpas durer. Ses acquis doivent seulementlui permettre de s'extraire d'une situationdifficile ou de pouvoir assister unepersonne en difficulté.C'est pour cela que tous les

enseignants KMRED sont, en plusd'être des spécialistes du Krav Maga,des pratiquants, des combattants oubien encore des enseignants en sportsde combat et, pour la plupartégalement, des personnes issues desmilieux professionnels de la sécuritédisposant d'une longue expériencedans les conflits réels.

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JIU-JITSU BRÉSILIEN : ANDREAS HOFFMANN, CE

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Lorsque le premier UltimateFighting Championship(UFC) a eu lieu à Denver le12 Novembre 1993,l 'attention de tout lemonde des artsmartiaux fut attiréesur un nouveau style,alors inconnu pour laplupart, le Jiu-Jitsubrésilien de la familleGracie.

EINTURE NOIRE 3E DEGRÉ REPRÉSENTANT OFFICIELPOUR L’ALLEMAGNE DERICKSON GRACIE 1994-2000

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Les compétiteurs de Jiu-Jitsubrésilien renversaient avec facilitétous leurs adversaires quel que soitleur style et les obligeaient à se rendre.

En 1994, j'ai été invité aux États-Unis pour enseigner le WengChun Kung Fu. J'ai saisi l'occasionet j’ai appelé Rickson Gracie, lemeilleur combattant de la familleGracie, pour organiser un combatamical. J'étais curieux de savoir s’ilparviendrait à me renverser ainsi. Aucours des dix années précédentes,j'avais appris les arts martiaux enChine, où i l était de pratiquecourante parmi les artistes martiauxde se rendre visite l’un l'autre et defaire des entraînements amicaux,selon la tradition des « chevalierserrants » qui voyagent pourperfectionner leur art martial. C’estdans cet esprit que je voulais testerles compétiteurs de l’UltimateFighting.

À notre arrivée à Los Angeles,nous avons été pris à l'aéroport parRickson et sa femme Kim Gracie etconduits à son domicile, une bellerésidence à Pacific Palisades, prèsde l’une ou l’autre star de cinéma. Ilm'a invité dans son légendaire «garage », où beaucoup de grandesvedettes célèbres de la scène desarts martiaux, comme Paul Vunak ouFabio Gurgel, s’étaient entraîné.

Nous avons immédiatementcommencé avec un combat debout

de manière très respectueuse :Rickson envoyait des coups de piedlatéraux, essayant de déjouer mescoups de pied et mes coups depoing pour lui-même écourter ladistance au moment opportun. Jeconnaissais déjà le contrôle de ladistance grâce au Weng Chun KungFu et au cours de ce sparring lent etdétendu, j'ai réussi à neutraliser sestechniques de renversement.Ensuite, nous avons décidé decontinuer de combattre dans uneposition à genoux sans coup depoing. C'est alors que Rickson avraiment commencé à mesurprendre. Je pouvais essayer quoique ce soit, il utilisait ma force,essayant de m’obliger à me rendre.Même quand il lâchait ses bras, jen'avais aucune chance au combatau sol. C'était incroyable. Et j'airéalisé que je devais apprendre celamoi aussi. Nous avons alorsorganisé la première leçonparticulière.

Après le sparring, il m'a invité àme baigner dans sa piscine. Avecsa femme et ses quatre enfants,Rickson Gracie se détenditcomplètement dans sa vi l la del'État ensoleillé de Californie. Ils’entraînait et enseignait dans songarage et à l 'académie, maisquand les vagues semblaientappropriées, il quittait tout et allaitsurfer. Dans la fami l le Gracie,Rickson est t ra i té comme le

« Fils d’Helio Gracie, le fondateurdu style, Rickson a appris le

Jiu-Jitsu brésilien dès le berceau et a grandi avec les

arts martiaux. »

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champion de champions, comme unmaître parmi les ceintures noires.

Au Brésil et dans le monde, i l adéfendu avec succès et protégé larenommée de la famille, même contredes adversaires extrêmementdangereux. Après sa victoire sur Zulu, lechampion de Vale Tudo brésilien quiétait resté invaincu en 120 combats,Rickson est devenu, en une nuit, unestar dans tout le Brésil.

Fils d’Helio Gracie, le fondateur dustyle, Rickson a appris le Jiu-Jitsubrésilien dès le berceau et a grandi avecles arts martiaux. Il avait six ans quand ilcommença à faire de la compétition et,à l’âge de 15 ans, il a commencé àenseigner. Âgé de 18 ans, il a obtenu saceinture noire et a, depuis lors, participéà plus de 400 combats, que ce soit destournois de Jiu-Jitsu, de Judo ou de

Sambo, des combatsultimes, ou des combatsde rue en plein jour.

Mes leçons avecRickson débutèrent lelendemain. Il commençapar un typed’échauffement assez

particulier, unecombinaison spéciale

associant la respiration, lapuissance, l’endurance, les

étirements et les exercicesd’équilibre, adaptée des exercices

de base du Jiu-Jitsu brésilien ainsique du yoga. Ce système estdevenu célèbre dans sa forme laplus avancée appelée gymnastiquenaturelle, mise au point par l'ami deRickson, Alvaro Romano.

Rickson ne m'étonne passeulement comme combattant,mais aussi comme instructeur, et iln'enseigne pas seulement destechniques d'arts martiaux, mais ilinsiste également sur unealimentation équilibrée, le yoga, lesexercices de respiration, laspiritualité ainsi que « le contrôledes émotions ». Son « contrôleémotionnel » est devenuparticulièrement célèbre grâce aufilm « L’Incroyable Hulk », danslequel Rickson joue le rôle d’unmaître d'arts martiaux qui enseigneau protagoniste, Bruce Banner(Hulk), le « contrôle émotionnel » àtravers une technique derespiration et le teste en le frappantau visage.

« Rickson nem'étonne pas

seulement commecombattant, mais

aussi commeinstructeur,

et il n'enseigne passeulement des

techniques d'artsmartiaux,

mais il insisteégalement sur une

alimentationéquilibrée, le yoga,les exercices derespiration,

la spiritualité ainsique le contrôle des

émotions. »

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REF.

: DVD

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TIM

TITRE: JEET KUNE DO

REF.

: DVD

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TIM

2

TITRE: JEET KUNE DOELEMENTS OF

ATTACK

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TITRE: JEET KUNE DOBRUCE LEE’S

YMCA BOXING

REF.

: DVD

/JKD

TIM

3TITRE: JEET KUNE DO

UNLIMITED

REF.: DVD/BURTON TITRE: JEET KUNE

DO UNLIMITED

REF.: DVD/BURTON2 TITRE: BRUCE LEE: L’HOMME ET SON

HÉRITAGE

REF.: DVD/TV2

TITRE: HOMMAGEBRUCE LEE

AUTEUR: TEDWONG

& CASS MAGDA

REF.

: DVD

/BL

AUTEUR: TIM TACKETT

AUTEUR: SALVATORE OLIVAAUTEUR: B. RICHARDSON

TITRE: JKD STREET DEFENSE TACTICS:

TITRE: EXPLOSIVE DUMOG

TITRE: JKD STREET TRAPPING”

REF.: DVD/SALVA • DVD/SALVA2• DVD/SALVA3 • DVD/SALVA4• DVD/SALVA5 • DVD/SALVA6 • DVD/SALVA6• DVD/SALVA7

TITRE: J.K.D. STREET SAFE:

TITRE: KNIFE FIGHTING:

TITRE: PROFESSIONALFIGHTING SYSTEM:

TITRE: PROFESSIONALFIGHTING SYSTEMKINO

MUTAI:

TITRE: WINGCHUN KUNG FU:

SIU LIM TAOAnglais / Espagnol /

Italien

REF.: DVD/RANDY1TITRE: WING

CHUN KUNG FU:CHUM KIU

Anglais / Espagnol /Italien

REF.: DVD/RANDY2

TITRE: WINGCHUN KUNG FU:

BIU JEEAnglais / Espagnol /

Italien

REF.: DVD/RANDY3

TITRE: JKDTRAPPLING

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REF.: DVD/ALM2TITRE: FILIPINOMARTIAL ARTS

REF.: DVD/ALM3TITRE: STREET-

FIGHTING!JEET KUNE DO

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AUTEUR: RANDY WILLIAMS

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TITRE: THE WOODEN DUMMY ANGLAIS / ITALIEN

ANGLAIS

TITRE: CONCEPTS &PRINCIPLES

DVD/RANDY4

AUTEUR: JOAQUIN ALMERIA

TITRE: ESPADA Y DAGATITRE: PENTJAK SILAT

TITRE: BUKA JALAN SILAT

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TITRE: YAWARA KUBOTAN

AUTEUR:MASTER PEREZ

CARRILLO

REF.: DVD/YAW2TITRE: 5 EXPERTS -EXTREME STREET

ATTACKS AUTEURES: VICTOR

GUTIERREZ,SERGEANT JIM

WAGNER MAJOR AVINARDIA, J.L. ISIDRO& SALVATORE OLIVA

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AUTRES STYLES

AUTEUR: BOB DUBLJANIN

TITRE: JKD EFS KNIFE SURVIVALAUTEUR: ANDREA ULITANO

REF.

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/EFS

1

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Chorégraphies d’action madein Hong Kong & AmériqueSpectacularité ou crédibilité

Anciennement, les Américains necroyaient pas dans la continuité et laspectacularité, ils préféraient baser leursidées chorégraphiques sur quelque chosede plus réel et crédible. Mais au milieu desannées 90, quand Jackie Chan Jackie fitfureur avec « Rumble in the Bronx », lepublic américain commença à accepter descombats plus longs et spectaculaires. Ainsi,« Bloodsport » de Van Damme offre descoups violents, tandis que « Knock Off »présente des combats plus complexes etélaborés.

Sur le marché américain, Bruce Lee estresté pendant longtemps la référence, avecun mouvement principal spectaculaire etpeu de conséquences. L'idée généralec’est que les bons frappent et les mauvaisencaissent, sans grand-chose de plus. LesChinois, et en particulier Jackie Chan,offrirent un style sans répits, avec desmouvements, des chutes, recevoir etfrapper en même temps, puis une grandescène où l'acteur se jouaient littéralement lavie, suivi d’un autre combat frénétique…vous étiez fatigués rien que d’y penser. Ladifférence réside dans le temps consacréaux séquences de combat. Alors qu’àHong Kong, il fallait trois mois pour faireune chorégraphie d'action, aux États-Unis,on n’y consacrait que trois jours.

Image et habileté martialeUn autre aspect à faire remarquer, c’est

qu’aux USA (et nous pouvons dire en

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Occident en général) on accorde plus d'attentionà l'image du personnage qu’aux qualités del’acteur. C’est ainsi que le protagoniste sera unacteur qui ressemble à un combattant. Il aura ensuite unedoublure ou un spécialiste qui fera les scènes difficiles. Lamasse musculaire, les traits du visage, c’est ce qui importele plus lors du choix d'un acteur, son habileté martialereste au second plan.

En Asie, on ne fait pas comme ça. Vous pouvez avoir unevedette qui n’est pas un modèle, comme Samo Hung, maisdont les compétences martiales sont de haut niveau.Personnellement, j'ai eu la chance de travailler dansdifférentes productions asiatiques et américaines (ou pour lemarché international). Et, alors qu’en Amérique, vous avezquelqu’un qui vous conseille dans l’interprétation des scèneset essayera tout le temps de faire en sorte que vous exprimiezvos émotions au maximum, en Asie, vous aurez un directeurd'action et son équipe de spécialistes qui ne laisseront aucundétail au hasard en termes de séquences d'action.

Continuité des scènesUn autre détail du point de vue cinématographique, c’est

la continuité filmique. Lorsque vous filmez une scène, la

scène suivante doit donner l'idée que tout se passe aumême moment. Les productions occidentales ontgénéralement une femme qui s’occupe de celaexclusivement, on l’appelle la script. Et pourquoi est-cetoujours une femme ? Pour le simple fait qu'elles sont plusattentives aux détails que les hommes, elles remarquenttout : les vêtements, comme se déplace chaque acteur,quel pied il utilise en premier pour monter les escaliers, surquelle main il s’est appuyé quand il a perdu l’équilibre, lemoindre détail pour conserver la continuité. Mais, mêmeainsi, il y a toujours des détails qu’on ne voit pas, et quandle film est terminé, ils constituent des perles pour les fansde cinéma.

Dans les productions asiatiques, je n'ai jamais vu descript et je connais de nombreux acteurs occidentaux quiont beaucoup de problèmes lors du tournage, car lesréalisateurs ne font pas attention à ces choses-là. Quantaux combats, je pense que la continuité n'est pas aussiimportante. Les productions en dehors de l'Asie yaccordent tellement d'importance que tout semble trèsstatique, lorsque la séquence est éditée. Les Asiatiques

Cinéma Martial

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ont un style de montage qui peutfaire des merveil les avec unacteur plus âgé et de peud'expérience dans les scènes decombat. Dans cet esprit, nousallons observer maintenant unautre détail essentiel : la positionde la caméra.

Les angles de la caméra

Le cinéma asiatique estspécialiste pour montrer l'actiond'une manière différente. Si autype de montage, nous ajoutonsdes angles de camérainhabituels, nous aurons desscènes d'action frénétiques d’unstyle unique. À Hollywood,l’action est fonction de l'endroitoù se trouve la caméra et i lsemble que tout doit se déplacerautour de sa position… D'autrepart, à Hong Kong, par exemple,la caméra est positionnée enfonction de l’action qui sedéroule. Yuen Woo Ping est unspécialiste dans ce domaine etsa contribution la plus importantepour le public occidental futpeut-être dans Matrix, où l’Orientet l’Occident se complétèrentdans des scènes qui firent date,associant la technologie

numérique la plus avancée del'époque, avec d’excellentesséquences de combat.

Vitesse cinématographique

Il s'agit d'un aspect crucial dansles scènes de combat. LesOrientaux préfèrent ajouter de lavitesse aux combats, alors que lesOccidentaux sont des adeptes duralenti… À titre d'exemple, je peuxci ter les f i lms de Jackie Chanréalisés en Asie, qui ont une vitesseet une synchronisation incroyables.Ses productions américaines sontpourtant un peu plus « crédible »même si les mouvements ont unevitesse considérable. Cela se doitpeut-être à son âge, Jackie Chan après de 60 ans, mais il continue decaptiver l’intérêt de ses fans. Pourdonner un exemple clair de films qui

utilisent le ralenti pour ajouter duspectaculaire, nous pouvons citerrien moins que certains des films deVan Damme. Ainsi « Bloodsport »contient de nombreuses scènes aura lent i , qui permettent auxtechniques de jambes de Jean-Claude Van Damme de fa i re unmaximum d’effet.

Une autre vedette, cette fo isféminine, qui mani festa i tbrillamment ses habiletés aux États-Unis et à Hong Kong, c’est CynthiaRothrock. Et si vous regardez sesfilms produits en Asie du Sud-Est,vous verrez des scènes à couper lesouffle alors que dans son travailsur le territoire américain, la qualitén'est pas la même. Nous pouvonsdire que la mentalité américainecherche à ce que vous comprenieztout ce qui arrive, à première vue,pendant le combat, où il y a descombats et des ralentis pour faciliter

la captat ion des act ions. Enrevanche, à Hong Kong, onrecherche des actions frénétiques,continues et impressionnantes. Etvous devrez peut-être revoir lescombats plus d'une fo is pourpercevoir chacun des mouvementsréalisés.

Est ou OuestJ'a i personnel lement t ravai l lé

dans les deux secteurs et je peuxdire que c’est comme l'eau et l'huileà de nombreux égards. D’un côté, àHong Kong, vous avez unechorégraphie détail lée, avec desmouvements qui doivent être préciset dans l’angle correct par rapport àla caméra. C'est ce que j'ai vécu entravaillant avec Antony Szeto dans «The Fist of the Dragon », un film quin'est pas encore sorti et dont vouspouvez juste vo i r le t ra i le r sur

Cinéma Martial

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Internet. Aux États-Unis, vous pouvezfilmer dans d’excellentes conditions, avecun catering que vous ne trouverez pas enChine ou à Hong Kong, mais le niveau deschorégraphies dépendra tout le temps dutournage et de la vision du réalisateur,sans prêter beaucoup d'attent ion auxdéta i ls mart iaux ou aux angles de lacaméra. En Chine, on commenceactuellement à faire des co-productionsavec les États-Unis et d'autres paysoccidentaux. Peut-être pourrons-nous,dans un avenir pas trop lointain, apprécierdes films qui réunissent ces deux manièress i par t icu l ières de fa i re des f i lms,l’occidental et l’oriental.

Andrew Daszacteur/chorégraphe de [email protected]@gmail.comhttp://www.imdb.me/andrewdaszhttp://www.facebook.com/andrewdasz?http://www.alivenotdead.com/AndrewDasz

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Le Fu-Shih Kenpo et sarelation avec le KoshoShorei-Ruy Kenpo

La techniqueLe Kenpo Kosho base son efficacité

technique sur l'utilisation des Atemi, oucoups, mais est riche en systèmes deprojections et renversements, unchapitre très important du Kosho RyuShorei et aussi complexe qu’en Aïkidoou en Ju-Jutsu, ces derniers étant un « concept » élémentaire du système. En sécurité, avec l'art du

non- conflit, on utilise ce qu'on appelle« les blocages féminins » et les « coups féminins » (Onna no Atemi).Des blocages et des coups qui ne sontréalisés que pour causer un certaindegré de douleur et de confusion sansfaire trop de dégâts.

Philosophie et esprit duKenpo Kosho-RyuKenpo signifie « loi du poing ». Le

Kenpo est un art martial qui vise ledéveloppement de l'être humain danstous ses aspects (physique, mental etspirituel). Il poursuit la connaissanceintérieure, l'équilibre, l'harmonie et lacoexistence pacifique et respectueuseavec tous les êtres qui nous entourentet nous accompagnent sur notrechemin. Le Kosho Shorei Ryu Kenpoest divisé en deux branchesdifférentes, qui sont elles-mêmes toutun art, les techniques spirituelles et lespugilistiques ne pouvant être étudiéesindépendamment. Les arts physiquessont divisés en trois systèmes decombat indépendants, qui sont : « l'art

de la guerre du monastère Kosho-Ji »,« les arts symétriques » et « l'art de lavéritable auto-défense ». - L'art de la guerre du monastère

Kosho-Ji inclut des techniques debase d'attaque avec les poings, lesjambes, les mains, les doigts, lescoudes, etc., y compris l'aspect formeldu « kata ». Avec ces techniques, onrecherche à frapper les points vitauxdans l'intention de nuire et d'éliminerun adversaire potentiel.- Les arts symétriques se réfèrent à

l'enseignement des techniques

d'étirements et de poussées, de coupsaux extrémités. Ce ne sont pas destechniques mortelles, mais elles sontefficaces pour lutter contre unadversaire sans faire plus de mal quenécessaire. - La véritable auto-défense se base

sur les techniques de sauts et lesdéplacements d'esquive, en plusd'enseigner l'utilisation de n’importequel objet pour se défendre.L'ordre d’apprentissage du système

Kosho commence par l'enseignementdes arts spirituels, et plus tard, quandl'élève est prêt, on enseigne lestechniques physiques. La raison de cetordre vient de l'idée que, dans un vraicombat, l’élève donnera la priorité àses arts spirituels avant d’utiliser destechniques physiques les plusmeurtrières. De cette manière, il met enpratique le vrai sens du Kenpo Kosho.La véritable self-défense est l'art de

l'anticipation, prévoir les situationsdangereuses et les éviter. La plusgrande et la véritable self-défensec’est de vivre et de construire autourde nous un monde de paix etd'harmonie. Un véritable élève deKenpo évite la violence, respecte la loiet cherche à vivre en paix et enharmonie. Mais s’il le faut, dans unesituation de grand danger pour la vie, ilest parfaitement qualif ié pourrepousser l'agression et mettre enœuvre ses techniques dévastatrices etmeurtrières pour l'intégrité physique deson agresseur. Physiquement, sortirvictorieux de l'autodéfense estl'essence de l'art de Kenpo. Dans ladéfense personnelle, on vainc avec lerythme qui naît du vide, avec lacadence qui naît de l'intelligence et

avec la connaissance du rythme del'adversaire. Mais faire mal, blesser outuer n'est pas la voie de l'humanité.La partie interne, le véritable esprit

de Kenpo, réside dans l'humilité, lasimplicité, l'autocontrôle constant. Êtrehumble signifie être respectueux,responsable et équitable pour lesautres et nous-mêmes. Une personnehumble ne se rabaisse devantpersonne et ne permet pas non plus àquiconque de se rabaisser devant elle.La pratique persistante et continue

du Kenpo améliore la santé, augmente

la longévité et n'est pas dangereusepour les pratiquants. Peu importe quile pratique, homme ou femme, jeuneou vieux, faible ou fort. Vous deveztoujours préserver vos ressourcesphysiques et utiliser votre force etvotre énergie avec sobriété. Le Kenpodéveloppe la confiance en soi, nossens et notre esprit pour agir et jugerrapidement et être toujours en alerte.L'art du Kenpo est une aide précieusedans notre vie quotidienne.Le véritable pratiquant de Kenpo

doit avoir un esprit large et ouvert, êtrepatient, humble, poli et faire preuved’un calme intérieur absolu. Il doitentraîner son esprit en permanence àla stratégie et à la tactique. Il doitrechercher la simplicité, qui est la cléde la maîtrise, la perfection, la pureté,la sincérité et l'engagement danschaque technique, dans chaquemouvement, dans chaque geste.Il faut intérioriser la technique de

manière à qu’elle surgisse del'inconscient comme un mouvementnaturel. Celui qui parvient à apprendrele pouvoir du mouvement naturel seramaître de n’importe quelle situation.Pour cette raison, la technique ne doitpas être une mécanique routinière,parce qu’ainsi nous limitons notreesprit et cette limitation la rend rigideet dépourvue d'esprit. L’entraînementcontinu devrait faire partie de la vienormale pour que le corps et l'espritrestent inchangés et alertes dansn’importe quelle situation.« Entraînez-vous tous les jours avec

l’enthousiasme, la passion, la joie et lamentalité de votre premier jour. Vivezchaque séance d'entraînement,comme si c’était le dernier moment de

votre vie et travaillez comme si vousdeviez vivre éternellement. »Rappelez-vous que le vrai guerrier

n’a qu'un seul adversaire : lui-même.La voie du guerrier est le l ibreparcours de la connaissance, sanss'accrocher à rien ni à personne. C'estcela la voie du Kenpo authentique etpur. Tout le monde façonne son proprechemin. La voie est dans notre cœur, àla source de notre conscience, dansnotre esprit. Convertir le cœur del'univers en son propre cœur est lavoie du guerrier.

Fu Shih Kenpo

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Le Kenpo se pratique également comme un sport, mais ilfaut toujours garder à l'esprit la philosophie du véritable et dupur Kenpo. Pour maîtriser l'art du combat, il faut approfondirla philosophie, l’esprit. Le pouvoir physique et la maîtrise destechniques ne sont rien sans la vigilance de l'esprit.Vous devez conserver un esprit impartial, équilibré, juste,

compréhensif et condescendant dans n'importe quellesituation. Un vrai maître de Kenpo se bat toujours pour lajustice, même si les circonstances sont défavorables.Gagner ou perdre, ou se mesurer avec d'autres, n'est pas levrai Kenpo. Le but n'est pas de vaincre ou d’être vaincu,mais d’atteindre la perfection et la simplicité dans chaquetechnique et dans chaque acte de notre vie. N’oubliezjamais que le poing est un trésor dans une poche. Il ne doitjamais être montré en public. Réfléchissons sur lesénoncés suivants, nous y trouverons le secret duvéritable art martial. Dans l'art de Fu-Shih Kenpo, nous

nous identifions pleinement à cettephilosophie Kosho du maîtreMitose. Entre le grand maîtreThomas Barro Mitose etmoi, i l y a une grandrespect, de l'amitié, del'harmonie et lafraternité. Merci…

Grands Maîtres

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Fu Shih Kenpo

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Grands Maîtres

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Kyusho (le point vital) du développement de l'énergiePosture 13 « Posture du gros orteil » – Angusthasana

Cette nouvelle posture est une voie d’ouverture de l'énergieincroyable, que nous pouvons maintenant ajouter à notre sérieune fois que nous avons correctement préparé le corps,physiquement et énergétiquement. Dans la postureprécédente, nous avons commenté la pression sur les organeset mis l'accent sur l'étirement de la cage thoracique inférieureet des nerfs lombaires, ceci afin de permettre le plein potentielde cette nouvelle posture.

Sur le plan physique, c'est une posture très exigeante pourvotre équilibre et la force des pieds en particulier, développéelentement à travers les postures antérieures. L’équilibre quenous avons découvert a non seulement augmenté lescommunications entre les hémisphères droit et gauche de notrecerveau, mais il communiquait aussi continuellement à nosmuscles les innombrables réactions musculaires antagonistes,de tension et de détente qui se produisaient. Cette « tension etdétente » continue peut être considérée comme un exercicedynamique même si les postures sont stationnaires.

Par exemple, dans le cas des muscles de la jambe qui se tienten équilibre lorsque les pieds sont rapprochés, nous avons vucomment l'avant et l'arrière (ou l'extérieur et l’intérieur) desmuscles des jambes étaient constamment activés en passant dela tension à la relaxation pour maintenir cette position. C'estcomme faire des répétitions avec un poids qui provoque unetension quand nous l’élevons et une détente quand nousl’abaissons. Cette fois, le poids est notre corps… avec l'avantagesupplémentaire de la dynamique du fonctionnement droite-gauche du cerveau en conjonction avec les muscles qu'il contrôle.

Les pieds expérimentent la posture préalable en se préparantpour la distribution du poids, l’étirement, l'équilibre et,

maintenant, dans cette posture plus avancée, la forcemusculaire complète pour supporter le poids du corps entier encollaboration avec la demande d’équilibre. Ceci est nécessairepour ouvrir de manière plus productive les canaux énergétiquesqui se déconnectent presque du sol. Il est particulièrementimportant que nous soulevions nos talons du sol pour empêcherla mise en terre de l'énergie et pour permettre que seul unaspect proportionnel de nos organes s’ouvre plus complètementpour les renforcer pour un plus grand développement futur,comme nous l'avons fait physiquement jusqu'à présent.

Notre travail énergétique antérieur a renforcé lacommunication nerveuse de notre corps, notre cerveau, avecla terre et l'atmosphère de sorte que nous pouvons maintenantintensifier le développement d’une plus grande capacitéénergétique. L’entraînement adéquat des postures antérieurespendant un certain temps jusqu'à ce qu’à savoir effectuer demanière correcte chacun des exercices successifs (lespostures sont à la fois des exercices internes et externes),nous permet de gérer maintenant plus d'énergie sans lesgraves conséquences que cela aurait pu avoir si nous n'avionspas été préparés. Commentaire à part, ces conséquencessont, brièvement : anxiété, stress, insomnie, troubles émotifs,confusion, tremblements, hystérie, etc. Cela est dû à lalibération incontrôlée de la Kundalini ou sans y être préparé.

Cette posture ouvre les trois canaux de la colonne vertébralede Shushuma, Ida et Pingala ainsi que les canaux de la jambeintérieure, permettant à l'énergie de monter complètementjusqu’à la glande pinéale.

Quand les talons des pieds sont levés, l'énergie peutseulement monter, quand les talons sont serrés à l'arrière desjambes et que l’on comprime la région du genou arrière, onscelle et on empêche également la mise à terre. La plante despieds et les jambes intérieures sont étirés comme le périnée.Cela ouvre le chakra de base (l’ouverture de cette ported'énergie est cruciale car elle est le point de communication

Texto: Evan PantaziInstructora de Yoga: Carolina Lino - Ponta Delgada, AzoresFoto: Tiago Pacheco Maia - Ponta Delgada, Azores

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pour la montée et la mise en terre des énergie) et forceégalement la base de la colonne vertébrale à être le point focalde l'organisme. C'est là que la Kundalini commence sonascension à travers le sacrum où elle s'inscrit également dansIda et Pingala. L’équilibre latéral exige de lancer le mouvementd’énergie quand le cerveau droit communique et contrôle lamusculature à gauche et le cerveau gauche contrôle à droite,recevant et envoyant à la fois les transmissions neuronales.Ceci est accompli à travers le tronc principal de la moelleépinière et de manière périphérique par l'intermédiaire desnerfs rachidiens sortant de la colonne vertébrale latéralementau niveau de l'espace entre chaque vertèbre.

On retrouve le même modèle d'hélice de cette représentationde l'énergie des serpents d'Ida et Pingala dans la forme de l'ADN,ainsi que dans le symbole plus moderne de l'infini. Cette formedu sablier et de la bobine a également été traduite par les artsmartiaux chinois dans la forme appelée Sanchin qui se base surces mêmes énergies (Prana) des anciennes pratiques indiennes,les cultive et les utilise. Elles étaient considérées comme la voiede la santé et de l'illumination et le sont encore dans la culturemoderne. Elles ont même été représentées dans la médecinemoderne quand celle-ci adopta le caducée pour incarner labonne santé et sa récupération.

« Caducée » vient du mot grec kerukeion, qui signifie « baguette de héraut », le bâton du messager publique. Il esten relation avec les mots kerux et kerusso, qui appartiennent àcelui qui transmet l'information au public, tout comme lemédecin vous indique la manière de récupérer la santé.

Il n’y a pas tant de symboles que ça qui se rapportent auxcultures anciennes de l'Égypte, de la Grèce et de l'Inde qui aientsurvécus comme ça à travers le temps jusqu’au début du XXèmesiècle, lorsque la profession médicale a adopté ce symbole. Sinous regardons de plus près cet ancien symbole, on observe qu’ilest divisé en plusieurs parties distinctes et solidaires :

- La bâton : Le bâton représente la colonne vertébrale(Shushuma) et l'énergie qui transporte la vie hors du cerveau etles communications du monde au cerveau. Cette énergie dansles pratiques indiennes du Yoga représente la Kundalini.

- Les serpents : Les serpents enroulés formant un doublehélice (représentant l'ADN et le domaine de l'énergieélectromagnétique qui s'enroule autour et le long d'un trajetd'écoulement rectiligne) sont les représentations de l'énergied'Ida et Pingala, car ils représentent le positif et le négatif, leyin et le yang, le masculin et le féminin ou la vie et la mort (avecleur batail le pour l'ascension). I ls concernent aussi ledéplacement de l'énergie du cerveau droit à la gauche ducorps et vice versa.

- La glande pinéale : La boule au sommet du bâton est lapartie la plus protégée du corps humain, encapsulé au milieudu cerveau en dessous de la pie-mère, l'espace sousarachnoïdien, l’arachnoïde, l’espace sous-dural, la dure-mère,la boîte crânienne, le périoste et la peau extérieure. La glandepinéale relie le système endocrinien avec le système nerveuxoù il convertit les signaux nerveux du système sympathique dusystème nerveux périphérique en signaux hormonaux. Elle estconsidérée par de nombreuses cultures depuis les premiers

textes écrits comme le « principal siège de l'âme » ou lelien entre l'intellect et le corps. Quand elle s'ouvre enmême temps que le chakra couronne, notre consciences’étend.

- Les ailes : Elles sont le signe de cet accès à une plusgrande prise de conscience et aux royaumes au-delà duphysique, quand le développement, le bonfonctionnement et la pratique de l'ensemble du systèmeapporteront la fluidité de la vie dedans et dehors. Cetteréalisation énergétique et la connexion avec les vibrationsde l'univers rayonneront ensuite vers les autres et nousdonneront la liberté symbolisée par les ailes.

Le caducée n'est pas simplement un symbole desanté physique, c’est aussi un plan pour y parvenir.C'est la clé de la guérison, soulageant le stress etdevenant sensibles à notre place dans l'univers. Pourvraiment guérir (nous éveiller), nous devons d'abordcomprendre ce symbole antique, ce qu'il enseigne etpourquoi il ne représente pas seulement une méthodecorrecte de Chi Gung, Yoga, Ki et Prana… mais notreexistence même et notre bonne santé.

Posture du gros orteil – Angusthasana

Quand nous avons terminé les positions équidistantesde la posture précédente, nous amenons lentement lepied arrière sous la hanche et nous ajustons le piedopposé à la même position. Les talons se soulèvent etles jambes sont repliées, ce qui empêche la mise à terreet stimule le transfert vers le haut de l'énergie à traversl'intérieur des cuisses maintenant ouvertes et le périnée.De là, elle monte à travers les trois canaux. Lesexigences d'équilibre de cette position provoquent uneaugmentation des communications neuronales pourmaintenir le corps droit.

Les mains sont élevées à partir des genoux vers laversion plus avancée représentée ici. Les paumes sontjointes à plat verticalement (ce qui représente Shushumaou la Kundalini) et les coudes sont levés vers l'extérieur.Les pieds montrent la connexion avec les énergiesnégatives de la terre alors que les mains montrent ladirection du flux.

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Nous voyons les pieds, les jambes, le torse, lesbras, les mains et la tête dans une représentationétrangement exacte du caducée. Les ailesseraient les chakras et le champ aurique del'énergie partant de la tête comme lesrayons du soleil (éveil, conscience,spiritualité, l'expansion et de la lumière).

Lorsque vous maintiendrez cetteposture, vous sentirez comment laconcentration et la puissance despieds, de la colonne vertébrale, desépaules et de la tête… commenttout cela se redresse et renforcela colonne vertébrale quitransmet la vie. Vous pourrezégalement commencer àressentir une énergiecroissante qui débute aumilieu de votre tête (cerveau -glande pinéale) et s’étend versl'extérieur. Ne surchargez pastrop le physique lorsque vousbaignez dans la joie etl'émerveillement de ce que vousvivez, prenez votre temps etaugmentez progressivement lalongueur de la posture et son effetpour éviter les problèmes de santéqui pourraient en résulter.

Respiration et intentionÀ partir de la « posture de la fente »

– Janurasana lorsque vous placez le piedarrière vers l' intérieur, inspirezprofondément par le nez. Sentez le périnées’étendre vers le bas vers les talons commesi vous poussiez le périnée à travers lespieds vers le sol. Une fois dans la position debase avec les mains sur les genoux, expirezlentement et à nouveau par le nez. Sentez lacontraction et la poussée vers le haut du périnéeà mesure que vous sentez l'énergie tirer lespieds, monter par la colonne vertébrale et lestrois canaux énergétiques.

Répétez l'inspiration comme avant en sentantles vibrations remplir les jambes et les pieds.Ensuite, en expirant, amenez vos mains dans laposition plus avancée (si c’est possible et sic’est confortable). Au cours de cette respirationet de ce positionnement, vous vous sentirez unplus grand transfert de vibrations et une plusgrande concentration dans la glande pinéale.

Répétez encore une fois la procédured’inhalation et les concentrations d'énergie, maismaintenant en percevant mieux la légèreté dansle bas du corps et le périnée qui se dilate vers lebas. En expirant, répétez la prise de consciencefaite antérieurement, vous sentirez uneaugmentation substantielle de l'énergie tout aulong des trois canaux et dans le centre ducerveau. Laissez tout cela s’étendre versl'extérieur au-delà du crâne, comme si vousdéveloppiez un halo.

Une dernière mise en garde pour cette procédure: veillez à permettre l'expansion hors de la tête… Neconcentrez pas ou ne conservez pas l'énergie àl'intérieur, car cela peut conduire à des problèmes telsque ceux que nous avons mentionnés plus haut.

Prochaine Posture, nº 14 « Posture de l’arc »Dhanurasana

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l y a quelques mois, j'ai lancédans mon association, laTAOWS Academy, un projet quij’avais déjà à l'esprit depuis uncertain temps. J'ai l’appeléTAOWS Lab. Dans le

laboratoire, nous essayons de fairedes progrès dans l'étude de cet art decombat fascinant. Le WingTsun est un style de boxe

chinoise qui ne ressemble à aucunautre. Dans mes articles et mes livres,je me réfère à lui comme un style « hybride ». Ce mot définit trèsclairement les caractéristiques et lesparticularités du système lui-même.Dans mon expérience del'enseignement et de la pratique de cestyle, il y a un mot qui décrit, d’aprèsmoi, parfaitement le Wing Tsun :subtile. Ce petit mot et celui WingTsun ont beaucoup en commun. Ledictionnaire définit d’abord subtilecomme « mince, délicat et fragile… »,puis comme « aiguisé, perspicace,plein d'esprit… ». Sans aucun doute,cette deuxième directrice définitmieux ce qui, d’après moi, rend sidiff ici le la compréhension de cesystème. À de nombreuses reprises,le Wing Tsun a souffert unesimplif ication vulgaire qui a misd'excellents pratiquants dans un cul-de-sac, attrapés par les règlesinflexibles de certains professeurs ougurus qui prétendaient posséder le

brevet de la vérité (la leur bien sûr…).C’est très triste et cela va contre toutce que je manifeste depuis des mois.Mais situé dans la dynamique deconstruire et de poser des situations,je voudrais utiliser tous ces élémentsnégatifs pour l'étude d'un art etessayer de les transformer enéléments positifs. Le LAB de laTAOWS Academy est un moyen deréunir les pratiquants de WingTsun,dans un endroit pour pratiquer etétudier ce que j'appelle le Wing Tsunavancé. Bien que je ne sois pas trèsfriand des phrases grandiloquentes,j’ai dû les util iser finalement. Maréflexion veut inviter tous lespratiquants de cet art à réviser tout cequ’ils étudient avec une certaine

perspective afin de les aider dans leurpratique.« Avancé » c’est ce qui succède à

« élémentaire ». En Wing Tsun, je nesuis pas toujours d'accord avec ceque l'on entend par élémentaire ouavancé pour une question très simple.Ce que nous entendons parélémentaire n’est pas toujours plusfacile à comprendre ou à appliquerque ce que nous appelons avancé. Ceserait, à mon avis, la seule raison pourétiqueter d'une façon ou d'une autreles techniques, mais plus je pratiquece système, plus je me rends compteque les choses apparemmentélémentaires sont les plus difficiles àappliquer dans des situations réelles.Dans cette recherche de la

« simplicité apparente », on n’a pastoujours compris que ce que nouscherchons à faire, c’est à rendre simplece qui est très compliqué (battre unadversaire qui ne coopère pas et quiessaye de nous frapper ou de noussoumettre de toutes ses forces).Nous avons sûrement été trompés

par les f i lms d'action ou par lescentaines de démonstrations oud’exhibitions de compétences dansles écoles d’arts martiaux ou par ledésir de pouvoir battre desadversaires avec une technique « magique », permettant de vaincreun adversaire qui essaye de tout faireet possède une force supérieure avec

Avez-vous besoin d’un professeur toute votre vie ?

« Dans le panoramade Wing Tsun, il est

très fréquentd'entendre les

instructeurs desdifférentes branches

du Wing Chunaffirmer qu'il est

nécessaire d'étudierl'art martial pendant

plusieurs dizainesd’années. »

I« Ce que nousentendons par

élémentaire n’estpas toujours plus

facile àcomprendre ou àappliquer que ce

que nous appelonsavancé. »

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seulement deux-trois trucs…Mais, après avoir essayé celapendant vingt ans… je regrettevous dire que ce n’est paspossible !Après cette « déception », je

me suis demandé quelles chosespouvaient être changées, ou peut-être orientées différemment afinque nous puissions combattre enutilisant le style auquel certainsd'entre nous ont consacré plus dela moitié de leur vie… Pourbeaucoup des pratiquantsd'autres styles qui ont lu mesarticles et me consultent par e-mail ou sur mon site, monaffirmation leur paraîtra sûrementétrange ou semblable auxproblèmes d'autres styles ditsclassiques. Mais l'essentiel c’estd'essayer d'introduire dans lapratique un chose souvent oubliée: le bon sens. Il y a quelques jours, je préparais

une séance de LAB pour monéquipe et l'un les canaux detélévision que j’ai coutume deregarder pour étudier des élémentsdu combat et les arts martiaux,diffusait un documentaire sur leslégions romaines.Le documentaire décrivait de

façon très concise quelles étaientles différentes stratégies et

techniques que les légionsromaines utilisaient au cours de labatail le et quelles étaient lesraisons pour lesquelles ce corpsmilitaire était devenu la machineriede guerre la plus redoutée deson époque.Ils commentaient quelle

était la formationindividuelle du légionnaire.Le fait que a le plus attirémon attention fut lapériode de formation : desix mois à un an. Je mesuis interrogé, surpris dela période relativementcourte de formation dessoldats de l’Antiquité lesplus redoutables, paropposition à la formationd'un pratiquant d’art martialaujourd'hui. Dans le panoramade Wing Tsun, i l est trèsfréquent d'entendre lesinstructeurs des différentesbranches du Wing Chunaffirmer qu'il est nécessaired'étudier l'art martial pendantplusieurs dizaines d’années.Je trouve un peu plus

curieux que il y ait des gensqui prétendent que quelqu’un abesoin de 20 ans pourcompléter un système alorsqu’un légionnaire romain étaitparfaitement formé au combaten un peu moins d'un an.Quelle est la conclusion que jetire de cette contradiction ?Eh bien… c'est simple. Danstout processus de formationd'une compétence, il y a unepart de la formation et uneautre d’expérimentation. Lapartie formation ne peut, enaucun cas, durer 20 ans !C'est vraiment offensantpour l' intell igence despersonnes normales.Cependant, après unepériode de formation, lapériode d'expérimentationpeut et doit durer autantd’années que possible pouraméliorer la capacité et lacompréhension des principesou des techniques.

« Il estgratifiant de voircomment il y a

chaque jour plusde professeurscourageux quiosent proposer

de nouvellesidées (certaines

vraimentgéniales). »

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C’est là que surgit le TAOWS Lab,où compléter dès que possiblel’apprentissage du système WingTsun et expérimenter avec le systèmelui-même dans de nombreusessituations différentes qui nousobligent à nous adapter à desscénarios changeants et à dessituations qui échappent à notrecontrôle. L'expérience qui en résulteest très enrichissante. Tant et si bienque certains des exercices, des sérieset des sections que j'enseigne dansmes séminaires et formations ontsurgi de ce processus de travail et derecherche que je fais avec monéquipe de proches collaborateurs.Tout cela en cherchant à appliquer unstyle de combat au combat.À ce point de mon article, je vais

maintenant me référer au titre du mois :avons-nous besoin d'un professeurtoute notre vie ? Pour moi, non. Jepense de fait que c'est vraimentnégatif pour le développementindividuel d'un pratiquant. Je nevoudrais pas que ce soit malinterprété. Je ne parle pas de rompreavec votre professeur, votre père ouvotre instructeur, bien au contraire.Simplement de tout regarder depuisune perspective différente.L'un des professeurs, que j'admire et

relis souvent, affirma sans rougir qu’ilarrivait un certain moment où il fallait «tuer » le maître… Je suis totalementd'accord. Ne pas le faire ne permettrapas un travail d’auto-découverte etd'expérimentation personnelle quienrichira notre pratique.Ce changement de perspective

dans les relations professeur-élève

est à mon avis ce qui devrait définirle passage du statut d'étudiant àense ignant quand, s ’é tantdéve loppé jusqu’à un cer ta inn iveau à tous po ints de vue, i lreçoit le titre de Sifu. À partir de cemoment, le nouveau « père » doitregarder d i f féremment la façondont il entre en relation avec sonprofesseur et commencer à laisserson empreinte, son propre styledans le style ; en bref, c’est lapériode où les pratiquants doivents 'engager dans la prat ique etl'expérimentation et proposer denouvelles idées.

Il est vrai qu’il existe actuellementdes groupes de travail qui font untravail très intéressant (et passeulement dans mon association).L'ère des télécommunications nouspermet de voir ce qui se passe dansd'autres pays ou sur d'autrescontinents en ce qui concerne lapratique des arts martiaux. Il estgratif iant de voir comment i l y achaque jour plus de professeurscourageux qui osent proposer denouvelles idées (certaines vraimentgéniales). Une belle perspectives’ouvre parmi tant d’obscurité.Arrivé à ce point, je voudrais

inviter ceux qui veulenttravailler, à étudier et à osers'aventurer dans le Wing Tsunavancé. Celui-là même quiconstitue les phases les plusavancées du système BZT,MYC, BCD et Pole. Jevoudrais vous inviter à nepas confondre tradition etimmobil ité. À ne pasconfondre le respect enversvotre professeur avec lemanque de courage dansles propositions visant àaméliorer la pratique.

Ressemblons plutôt auxlégionnaires romains…Quelques annéesd'apprentissage et beaucoupd'autres de pratique etd’évolution. Cette grande famillede pratiquants vous enremerciera. Merci beaucoup à tous pour

votre attention et votre soutien.

« Je voudraisvous inviter à nepas confondretradition et

immobilité. À nepas confondre lerespect envers

votre professeuravec le manque decourage dans les

propositionsvisant à améliorer

la pratique. »

« Dans cetterecherche de la

simplicitéapparente, on n’a pas

toujours comprisque ce que nouscherchons à faire

c’est à rendresimple ce qui esttrès compliqué. »

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Wing Tsun

« Ressemblonsplutôt aux

légionnairesromains…

Quelques annéesd'apprentissage

et beaucoupd'autres depratique et

d’évolution. »

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Sueyoshi AkeshiLe Japon est un pays de tradition et

une ancienne culture. Les arts martiauxdu Japon le sont aussi, mais il y a unmaître d'arts martiaux qui est trèsdifférents des autres. Son nom estSueyoshi Akeshi. Maître Sueyoshi Akeshi est le dirigeant

du Raku Yu Kai Iaido. Il domine aussi leNaginata (hallebarde), le Yari (lance), leKenjitsu (combat à l'épée), le Jo-Jitsu (unbâton de 128 cm), le shuriken et plusieursautres arts de samouraïs. Il a égalementpratiqué le Tai Ki Ken, une formejaponaise d'auto-défense.Lorsque nous avons demandé au

maître Sueyoshi comment il percevait les

katas dans les arts martiaux, il a dit qu'ilcroyait que 99% des katas dans les artsjaponais étaient, au mieux, inutiles. Il nes’ajuste pas aux enseignementstraditionnels des arts martiaux, pourtant ilest également moine Tendai, possédantle rang de Gon Rishi. Et dans lebouddhisme Shingun, il a obtenu le titred’Ajari signifiant qu’il s’agit d’un moinequi a été illuminé. Il est également moineShugendo. Au cours de sa formation, il aété mis à l ’épreuve de nombreusesfaçons, il a dû, entre autres, vivre dans untrou creusé dans le sol de 4 x 4 x 8mètres pendant 10 jours sans nourritureou encore répéter le même mantra non-stop pendant 21 jours ne se reposant

que pour se laver et manger. Ces typesde moines étranges sont appelés YamaBushi, ce qui est traduit par beaucoupcomme « samouraï de montagne »quand en réalité ce terme se réfère à unmoine faisant son entraînement dans lesbois ou à l'extérieur. Il a déclaré que,pour sa formation au bouddhisme, ilpassa plusieurs périodes différentes dansle principal temple du bouddhismeShingun.Lors de son séjour dans le trou, il est

presque devenu fou, mais il parvint àatteindre le satori ou l'illumination etcommente qu'il comprend maintenant cequi est pure énergie. Il faut savoir qu’on lesortit du trou sur le point de mourir de

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palpitations cardiaques et pouvant àpeine respirer.Revenant à ses arts martiaux, il fut

élève de différents arts samouraïs sous latutelle de Kono Yoshinori et fut ainsiformé par le célèbre fondateur du Tai KiKen, le maître Sawai Kenichi qui étaitlégendaire pour ses habiletés techniquesqu’il avait apprises en Chine avec lemaître Wang Xiang Zhay.Son Honbu dojo se trouve à Tokyo au

Japon et, bien qu'il vive encore à Tokyo,c’est un grand voyageur qui a visité etenseigné ses arts martiaux et lebouddhisme dans plus de 20 paysdifférents. Lorsque nous lui avons

demandé pourquoi il était à Los Angeles, ilnous a dit qu'il voulait essayer de percerdans l'industrie du cinéma, pour propagerà la fois son bouddhisme et les artsmartiaux. Pourvu que nous ayons un jourun temple aux États-Unis. I l aactuellement des élèves au Portugal, enEspagne, en Norvège, en Autriche, auBrésil, en Angleterre et aux États-Unis. Ilest l’instructeur d'épée particulier de DaveLee Roth, du fameux groupe Van Halen.Ses passions dans la vie sont au

nombre de trois : le bouddhisme, les artsmartiaux et la fauconnerie. Il possèdedeux oiseaux rares, un aigle royal et uneeffraie des clochers. Et dans son

appartement de Tokyo, il a aussi un furetqui, il l’admet, vit en enfer. Bien que lefuret n'ait jamais été attaqué par les deuxoiseaux de proie.Son habileté avec le katana est

inégalée en vitesse et en singularité,comme le démontrent ses techniquesréalisées à la vitesse de l'éclair et dont ilest parfois difficile de comprendre lavéritable utilité tant qu’on ne les a pasvues au ralenti contre une attaque. Unefois qu’on les a vues, le sens pratique desmouvements devient évident pour tous.Ses techniques de prédilection sont sesIna Zuma ce qui se traduit par foudroyeren simulant la foudre quand on frappe. Il

Grands Maîtres

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aime également beaucoup Gun Dari quise traduit par le dessin de la Kundalini. Ilappris ces techniques avec sonprofesseur d’Iaido, il y a près de 30 ans.Sueyoshi Sensei, comme il préfère

qu'on l'appelle, croit que les capacitésphysiques qu'il a acquises au cours de saformation pour devenir un véritable moinel’ont aidé dans ses arts martiaux etinversement, car la l'objectif de larépétition de mantras est de réveillerl'énergie cachée que nous avons tous ennous. En faisant des arts martiaux et/oudes mantras, nous serons capables denous détendre complètement pour quecette force vitale ou énergie puisse circulerlibrement à travers tout notre corps.Lorsque nous lui avons demandé qu’il

nous explique, en tant que moine

bouddhiste, pourquoi la fleur de lotusétait le symbole de l'illumination, il nous adit que, dans la vie, les êtres humainsdevaient passer par toutes sortes dediff icultés pour, à la f in, devenir demeil leures personnes grâce à cesépreuves et ces tribulations. De la mêmemanière, la fleur de lotus grandit dans unétang rempli d’eau sale et dans desconditions terribles et finit par devenir unebelle fleur qui embellit le monde.Il est l'auteur de plus de 4 livres et de 20

DVD sur les arts martiaux, il continue demontrer et d’enseigner son art à travers lemonde, mais sans jamais oublier de serendre régulièrement chaque année autemple Kinpusenji pour ensuite revenir autemple de Nachi Seigantoji en passant parles montagnes japonaises.

Cette année, seules six personnesosèrent faire cette route qui existe depuis1200 et seules trois personnes purentparcourir toute la distance d'environ 124kilomètres à travers certains des terrainsles plus traîtres du Japon. Certains jours,on ne peut faire plus de 15 ou 16 km etd'autres on peut aller jusqu'à 30 km toutau plus.En résumé, il est évident que Sueyoshi

Akeshi est un véritable homme decontrastes, il est capable de parcourircette fine ligne qui existe entre la manièrede vivre japonaise et le mode de vieoccidental et peut se déplacer librementde l’un à l’autre et dans l’un et dansl’autre, suivant les véritables pas d'unmaître du bouddhisme et d’un maîtred’arts martiaux.

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Grands Maîtres

« Dans la vie, les êtres humains doivent passerpar toutes sortes de difficultés pour, à la fin,devenir de meilleures personnes grâce à ces

épreuves et ces tribulations. De la même manière, la fleur de lotus granditdans un étang rempli d’eau sale et dans des

conditions terribles et finit par devenir une bellefleur qui embellit le monde. »

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Gracie Jiu-Jitsu Principes fondamentauxdu Jiu-Jitsu : La précisionComment parvenir à une précision

naturelle ? Aller régulièrement etsystématiquement aux entraînementspeut être un problème pourbeaucoup. Au début, la plupart desdébutants de Jiu-Jitsu sont tellementcontents de pouvoir s’entraîner qu’ilsvont pratiquer presque tous les après-midi. Au bout d’un certain temps, ilsse rendent compte que ce n'est passeulement la quantité mais aussi laqualité qui est cruciale ici, de sorteque certains réduisent leur rendez-vous sur le tapis à une ou deux foispar semaine.S'entraîner dur ou

beaucoup ce n'est pasnécessairementaméliorer sonJiu-Jitsu,

souvent c’est tout le contraire qui seproduit, car celui qui s’entraîne dur oubeaucoup croit qu'il a la victoire danssa poche, et si elle ne se produit pas,la déception est si grande qu’il cessesouvent de pratiquer le Jiu-Jitsu àcause de la défaite.Quand je suis allé quelques jours à

Rio de Janeiro, je suis passé par uneécole de Jiu-Jitsu qui disait : « Ledeuxième est le premier des perdants ».On peut observer cette mentalité dansde nombreuses écoles de Jiu-Jitsusportif. Leurs membres sont alorsextrêmement compétitifs. On sentaitsouvent la peur et la déception dansl'air. Vous devez considérer,cependant, la défaite comme une

expér ience

d'apprentissage et le faire pour vous-même. I l est préférable en effetd'analyser, de tirer les leçons et deconsidérer l'expérience négativecomme quelque chose de positifpermettant de progresser, vouspourrez alors réellement bénéficier del'expérience.Si vous êtes sur la voie des sportifs

d'élite et que vous considérer le Jiu-Jitsu comme un style de vie, vousdevrez affronter les succès et leséchecs. Il serait donc préférable dèsle début d'aborder l'étude de Jiu-Jitsucomme une formation à long terme etd'affiner le répertoire techniquemettant la connaissance au premierplan. Les gens consacrent souventbeaucoup d’efforts à la compétitionde Jiu-Jitsu à la recherche duprestige, parce qu’ils ont peut-être

eu une enfance difficile ouparce qu'ils veulent attirer

l'attention. Laréussite et la

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renommée arrivent, mais elles terminent vite et sontdépassées par la réalité. Bien peu parviennent àréussir l’exploit de transformer cela de nouveau enquelque chose de positif et d’aider les autres, parceque ça, ce serait vraiment gagner quelque chose,partager leur expérience et atteindre ainsi dans lajoie le sommet du Jiu-Jitsu.Si vous lisez d'aujourd'hui les magazines de

sports de combat ou d’arts martiaux, en particulierdes magazines américains, vous pourriez croire queprès de 85% des pratiquants de Jiu-Jitsu dans lemonde pratiquent d'autres arts du grappling. Ornous ne représentons peut-être que 5% de tous lessports de combat. Mais on offre du Jiu-Jitsu uneimage qui donne l’impression que seuls les typesdurs le pratiquent, ou plutôt que chaqueentraînement de Jiu-Jitsu est vraiment dur. Legrand-maître Helio Gracie se retourneraitprobablement dans sa tombe s'il pouvait voirl’image du sport aujourd’hui… Il a toujours souligné

que son Jiu-Jitsu n'était pas fait pour leperfectionnement des athlètes, mais aucontraire que quiconque pouvaitapprendre le Jiu-Jitsu. Lesbienfaits utiles réels de Jiu-Jitsu,le bien-être physique, la forcementale, la joie de la vie, lerespect et la discipline, doiventrester au premier plan, sinon leJiu-Jitsu est tout simplement unsport de masse sans grandesprit et sans racines. Le Jiu-Jitsu est un véhicule que nousutilisons pour le développementpersonnel. La pratique du Jiu-Jitsuavec ses différences subtiles nouspousse à observer toute chose dans lavie de la manière la plus exacte et précisepossible comme on observe un match ou unetechnique d’entraînement.

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À mon avis, le principe de la « précision » dans le Jiu-Jitsu restecaché dans de nombreux aspects dela formation. Nous sommesconstamment divisés entre les nuagesdu succès et la terre ferme qui nousrappelle qu'il y a encore du travail àfaire. Les tournois peuvent êtreutilisés pour travailler la technique,indépendamment de si vous gagnezou si vous perdez, mais i ls nedevraient pas être le but ultime. C’estcependant trop souvent le véritableobjectif de beaucoup. Mais si nousvoulons considérer cela du point devue de la perspective del'amélioration constante destechniques (à long terme), les tournoissont des épreuves intermédiaires trèsutiles si pas absolument nécessairepour soi-même. On peut peut-êtreexpliquer cela comme le fait departiciper à des petites courses pour se préparer pour le marathon deNew York.L'objectif du Jiu-Jitsu devrait être le

développement personnel, pouratteindre les objectifs les plus élevés.Ce n’est pas une tâche facile. Yparvenir exige beaucoup de travail etde temps. Souvent, nous nouséloignons du vrai chemin et nouscroyons que nous pouvons prendreun raccourci, pour ensuite nousrendre compte une fois de plus queces voies ne sont pas réelles. Jepense que l'une des leçons les plusimportantes que j’ai apprises avecmon Jiu-Jitsu, c’est l’ « ici etmaintenant », le présent.

L'un des aspects les plusintéressants du Jiu-Jitsu, ce sont,bien sûr, en plus du grand nombre detechniques, les combinaisons et lesvariantes que nous apprenons et quenous pouvons, avec le temps,développer par nous-même. Aprèsavoir observé l'adversaire, son poids,son mouvement et sa dynamique,vient l'action suivante, la nôtre oucelle de l’adversaire. Dans la tête,c’est souvent comme voler en piloteautomatique, jusqu'à ne plus savoiroù aller. Le corps peut se mouvoir demanière neutre et d’une situation àl'autre pendant une longue période,jusqu'à ce que l'ennemi ou vous-même réalisiez l’action suivante. C’estici que se produit alors l'actionprécise qui déterminera le succès.

La pression et la théoriede la connexionLe professeur Pedro Hemetério

parlait souvent de l'adaptation et de lathéorie de la connexion qui veut quesi vous utilisez 80% de votre poidscontre votre adversaire, vous pouvezfacilement obtenir sa soumission. Il nefaudrait peut-être pas prendre à lalettre les 80%, mais on comprend quedans le Jiu-Jitsu, la connexion (anglede connexion) est très importante, caron peut tout simplement se sentircomment l'ennemi se comporte. Ilcommenta également à plusieursreprises qu'il ne pouvait y avoir unetechnique précise sans une véritableconnexion entre les combattants. La

position en relation avec la pressioncontre votre adversaire permet deramener le bras sous contrôle pourpouvoir faire encore une clé de brastendu. Cela peut cependant se faireen quelques secondes. Je pense à uncombat que j'ai vu l'autre jour… lecombat, une compétition de Jiu-JitsuPro, a duré plus de quinze minutes etjuste avant la fin, le compétiteur deGracie Jiu-Jitsu a évité la positionmontée d'un adversaire très fort et l’abattu avec une clé de bras. On peutvraiment qualifier cela de « meilleuremanœuvre de l’année », parce que çafait vraiment longtemps que je n'avaispas vu ça dans un grand événementde Jiu-Jitsu.Donc, on peut dire que le Jiu-Jitsu

ne tourne pas autour de latechnique, mais qu’il a à voir avectout. Dans ma carrière, j'ai eu lachance de pouvoir m'entraîner avecles meilleurs et apprendre d'eux. Maformation personnelle avec Gracie acommencé dans un petit garage àSanta Monica, puis je suis a l lérencontrer Sylvio Behring à Rio. Deretour à Los Angeles, j’ai travailléavec les cousins des Gracies, lesfrères Machado et , lors de mesnombreux voyages, j'ai pu continuermon apprent issage avec PedroHemetér io excel lente champion de J iu-J i tsu, qui n’estmalheureusement plus parmi nous.L'homme qui m'a le plus influencédans la construction de mon imagedu J iu-J i tsu fut probablementRickson Gracie. J'étais fasciné non

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seulement par ses compétences entant que combattant, mais aussi parson style de Jiu-Jitsu. Quand onparle des concepts de base au plushaut niveau, c'est lui qu’il faut voir.Je n’ai jamais eu envie, ni mêmetout au début de mon apprentissagedes techniques de Jiu-Jitsu, demémoriser une centaine de pas. J'aiessayé d'amél iorer ce que jeconnaissais plutôt que d'apprendredes mouvements inut i les quicompliquaient mon savoir. Mais jene suis pas un grand théoricien, jem’occupe plutôt de la pratique.Quiconque veut atteindre la plus

grande précision en Jiu-Jitsu doitd'abord comprendre qu’il ne s’agitpas de la soumission effective(finalisation), mais de comment arriverjusque là. Nous allons brièvementproposer quelques techniquescomme exemples :- Comme jiuj itsuka, j'ai appris

presque le premier jour avec lesGracie l’étranglement croisé (chokecross). Et cela parce que : a) J'aicompris que l'on faisait cetétranglement avec le « pouce » etpas en tirant le cou en tordant lekimono, b) Je ne devais pas maintenirla hanche dans la position de garde,mais la déplacer légèrement pourpouvoir rester plus près de la nuquede mon adversaire, et c) Je pourraisavoir besoin d'utiliser un étranglementcroisé comme une feinte pour «inverser » la garde de l'adversaire,afin de me mettre sur son ventre (enmontée).

- Dans plus de 80% des combatsde Jiu-Jitsu, on adopte plusieurspositions de garde. Et cela n'estpas facile pour beaucoup. Mais quidi t qu’ i l doi t en être a insi ? Lemaître Pedro a mis l'accent sur lanécessité de conserver la garde.Vous devez donc vous p lacercomme si réellement vous vouliezêtre dans la garde. L’adversairedevra alors maintenant se déplaceret essayer l ’une ou l ’aut retechnique et vous pourrez alorsexploiter ce moment et rompre sagarde. Mais, vous devez ici aussiapprendre à lire entre les lignes.La issez donc vot re (pu issant )adversa i re fa i re le premiermouvement, puis contrer le avecmoins de force, mais avecprécision et persistance.- Si vous êtes couché et que

l’adversaire vous domine en positionmontée, vous devez alors essayer defaire en sorte que l'adversaire sesente instable, autrement dit, il doitessayer de maintenir l'équilibre. Lemouvement de la hanche également,appelé « Upa », fut, pour le maîtrePedro et de nombreux autres expertsen Jiu-Jitsu, un élément trèsimportant. Le mouvement Upacependant ne fonctionne passeulement pour la défense de laposition montée, mais aussi pour ladéfense du contrôle latéral (100 kilos)et de la montée croisée. Avec cettetechnique, nous pouvons créer uneouverture pour nous l ibérer. Parconséquent, il s'agit d'une technique

qui peut être utilisée dans différentessituations.- Nous allons rester dans la position

pontée et contrôler maintenantl'adversaire d'en haut. Ici, nous avonsla possibilité de faire des techniquesde bras et la clé d’épaule.L'américaine est l'une des techniquesles plus efficaces. Pourquoi ?Supposons que nous sommes dans laposition montée avec une américaineet que l'adversaire puisse maintenantse déplacer tellement que je ne puissepas conserver ma position (montée).Bien sûr, nous pourrions faire unetechnique différente, mais nouspouvons également passer à laposition suivante (contrôle latéral, 100kilos) et conserver ainsi l’américaineet la force pour vaincre l'adversaire.Dans ce cas, je viens d’optimiser laposition, plutôt que d'avoir àappliquer une techniquecomplètement différente.Ainsi, nous pouvons dire de façon

concluante qu’une technique doit êtreappliquée à tous les niveaux, quel quesoit le niveau de l'élève, qu’unetechnique doit rester efficace quelleque soit la tai l le et le poids dupratiquant et enfin, mais ce n’est pasmoins important, qu’une techniquedoit être utilisable par tous, autant parles hommes que par les femmes.

www.triangleacademy.chwww.graciejiujitsu.ch

Texte et photos : © Sandra Nagel& Franco Vacirca

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Pour beaucoup, Mohamed Qissi, ami personnel de Jean-Claude Van Damme depuisl’enfance, fut une pièce cruciale dans la carrière de l’acteur belge. C’est lui quil’accompagna dans son rêve américain en plus d’intervenir activement dans leschorégraphies de Bloodsport, Kickboxer et Full Contact, les films qui firent sarenommée. Il participa conjointement à Van Damme au montage final de Bloodsportet intervint même dans son casting… De par son aspect, certains ne lereconnaîtront pas. Qissi est un acteur caméléonesque qui a incarné un certainnombre de personnages secondaires dans les premiers films de Van Damme. En plusde donner vie à Tong Po dans Kickboxer, il interpréta le boxeur thaï brésilien dansBloodsport qui affronte, dans un combat effrayant, Chong Li/Bolo Yeung. Dans FullContact, il donne vie à un légionnaire français qui poursuit Van Damme le déserteur.Mais qui est ce personnage ? Qui est Mohamed Qissi ?

Texte : Gladys Caballero & Pedro Conde.Photos : Melissa Qissi, Lily Almazan & Pedro Conde.

Tong Po et l’ombre du caméléon

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Cinéma d’arts Martiaux

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Mohamed QissiPlus connu peut-être sous son nom

artistique de Michel Qissi, l’acteur etchorégraphe est né à Oujda (Maroc)en 1962. Deux ans plus tard, sesparents émigrèrent à Bruxelles. À l’âgede 7 ans, il commença à pratiquer laBoxe dans un centre sportif. C’est là que j’ai connu

Jean-Claude, dans le même centresportif. Il avait neuf ans et pratiquaitle Karaté Shotokan. Avec le temps,Jean-Claude est devenu championde Karaté. Je lui enseignais destechniques de Boxe. Au début,quand nous nous sommes connuset que nous sommes devenus amis,il m’enseignait des coups de pied etdes techniques de Karaté et je luienseignais d’autres techniques deBoxe. C’est ainsi que commençanotre amitié. Nous sommes devenusdes frères. Je restais dormir chez luiet lui chez moi. Il appelait mesparents papa et maman et j’appelaisles siens maman et papa. Je passaisplus de temps avec lui qu’avec mespropres frères. Nous avions lamême passion, les mêmes idoles,Bruce Lee au cinéma et MohamedAli en Boxe.

Ils partagent les mêmes passionsdepuis leur enfance : les arts martiauxet le cinéma.Nous avions coutume de rester

après l’école pour acheter ungoûter et le savourer tout en voyantun film au cinéma (où nous entrionstoujours par la porte de derrière).Ensuite, nous nous revoyions plustard au centre sportif. Je mesouviens également qu’à cetteépoque, nous avions coutume defaire du porte à porte pour vendredes savons et des champoings et

en tirer un peu d’argent. Nos deuxpassions étaient indiscutablementles arts martiaux et le cinéma. Cesdeux facettes de notre vies’incarnaient dans une idolecommune : Bruce Lee.

Son rêve était de devenir, toutcomme le Petit Dragon, acteur aucinéma et de montrer son talent à toutle monde. Alors que Van Damme avait18 ans et Qissi 16 ans, ils allèrent auFestival de Milan pour essayer deconnaître des producteurs etrentrèrent chez eux avec une grandequantité de carte de visite et denuméros de téléphone d’importantespersonnalités du petit monde ducinéma. Leur i l lusion grandit etsoudain, ils se laissèrent tenter par lerêve américain. C’est ainsi qu’en1982, ils décidèrent d’aller aux États-Unis, à Hollywood, pour tenter leurchance dans le septième art. J’ai présenté Van Damme à un

styliste qui avait une usine à HongKong. Celui-ci lui proposa detravailler comme mannequin pourprésenter ses dernières créationsdans cette ville asiatique. Là, Jean-Claude réussit à connaître JackieChan. Mais le plus important peut-être de cette expérience, fut queJean-Claude obtint, en plus de sonsalaire, un billet d’avion aller-retour àLos Angeles. Là, il rencontra unimportant personnage appelé Tyronequi lui proposa de nous loger, lui etmoi, si nous revenions dans cetteville. Jean-Claude revint à Bruxelleset me proposa d’aller avec lui. Nouspartagions tous les deux la mêmepassion pour le cinéma. En 1982,nous eûmes bien du mal àrassembler l’argent nécessaire pourpayer notre voyage à Hollywood,

mais nous l’avons fait. Nous sommesparvenus à prendre contact avecCanon Productions et nous avonsfait Bloodsport, puis Kickboxer etFull Contact qui sont devenus desfilms à succès dans le monde entier.

Effectivement, ces premièresannées en Amérique furent vraimentdures pour tous les deux, même Jean-Claude fut sur le point d’abandonnerson aventure comme acteur et s’il nel’a pas fait, c’est grâce à Qissi.Quand nous avons atterri, le

premier jour à l’aéroport de LosAngeles, en 1982, nous avions untas de cartes de visite que nousavions récoltées quand nous avionsété au Festival de Milan. Là, denombreux producteurs américainsnous avaient invité à leur rendrevisite, nous promettant tout sortede choses. Mais quand nous ysommes allés, personne ne voulaitnous donner une opportunité, ils nevoulaient même pas répondre autéléphone. Jean-Claude, trèsdécouragé me dit alors : «Regarde, nous avons encore notrebillet de retour, rentrons enBelgique ! » Mais je lui ai répondu: « Pas question ! » Parce qu’avantde quitter Bruxelles, Jean-Claudeavait dit à tout le monde que nousavions un contrat aux États-Unis etque c’était pour ça que nous yallions. Je préférais donc mourir là-bas plutôt que de rentrer les mainsvides. Pendant les six premiersmois, nous n’avons rien obtenu deconcret. Nous avons fini par dormirdans une voiture car au bout dequelques mois, nous avons décidéde cesser d’abuser de l’amitié deTyrone à qui nous ne pouvions riendonner pour son logement. Vinrent

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ensuite trois années où nous nesommes même pas parvenus àobtenir un second rôle. Logiquement,nous avons commencé à nousdémoraliser. Jean-Claude fut sur lepoint de rentrer à Bruxelles àplusieurs reprises et de laisserderrière lui cette folle entreprise. Jerefusais cela catégoriquement, jepréférais crever plutôt que de devoirrevenir, humilié, en Belgique.

Au cours de quatre années très trèspénibles à Los Angeles, ils eurentl’occasion de connaître personnellementMohamed Ali lui-même, « le plus grand »,d’où surgit une relation très spéciale…Nous avons fait la connaissance de

Mohamed Ali en 1984, à travers sonassistant Abdel Kader. Abdel Kaderétait marocain et seules quelquespersonnes du Maroc pouvaient

accéder à lui et nous avons eu lachance de pouvoir le connaître. Nousétions à Hollywood, dans un barrestaurant très simple, en train deprendre un café et nous avonscommencé à bavarder avec unhomme qui était là. Nous lui avonscommenté notre intention de faire ducinéma et il nous a dit que c’étaitassez difficile, mais d’essayer de fairedu mieux que nous pouvions. Nous luiavons alors demandé ce qu’il faisait etc’est alors qu’il nous a dit qu’il étaitl’assistant de Mohamed Ali. Nousnous sommes alors regardés, Jean-Claude et moi, parce qu’il était notreidole, lui et Bruce Lee, et nous luiavons dit que nous serions enchantéde pouvoir le connaître en personne. Ilnous dit alors qu’il allait lui en parleret qu’il nous dirait quoi après. C’est

ainsi qu’un jour, alors que nousbavardions avec lui, il nous informaque Mohamed Ali avait accepté denous parler personnellement. Nousl’avons rencontré, nous étions siheureux de le voir et de pouvoir parleravec lui. Nous nous sommesbeaucoup amusés. Jean-Claude etmoi avons été chez lui. Il a ouvert unemallette et a commencé à faire destrucs de magie et je dois dire qu’ilétait très bon. Ensuite, il nous aconduit à son armoire et nous amontré un peignoir de boxe et il nousraconta qu’Elvis Presley le lui avaitoffert. C’était vraiment un très beaupeignoir. Ensuite, nous sommes allésdans son musée et nous avons vutous les trophées obtenus au cours desa carrière. Après cela, Jean-Claudeet moi sommes allés à l’église et

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avons prier Dieu de nous aider, Jean-Claude en effet avait grandi dans unefamille chrétienne. Quelques jours plustard, Mohamed Ali nous a invité à songymnase et quand nous y sommes allés,nous l’avons vu sortir. Jean-Claude a alorsdit à Mohamed Ali que j’étais égalementboxeur et ce fut l’un des moments les plusheureux de ma vie, quand Mohamed Ali medit de mettre les gants et de monter sur lering et que j’ai commencé à boxer avec lui.Je me rappellerai toujours, Mohamed s’estarrêté au milieu de l’échange et, devant toutle monde, il a crié : « Waouh, il boxe commemoi ». Tout petit déjà, je me levais à trois ouquatre heures du matin pour voir les combatsde Mohamed Ali contre Foreman et Frazier etje me souviens que j’aimais beaucoup samanière de boxer, je crois donc que j’ai essayéde le copier. Vous pouvez peut-être voir un peude Mohamed Ali chez moi dans Bloodsport.C’est ça, essentiellement, l’histoire decomment j’ai connu Mohamed Ali et lesmoments si agréables que nous avons passésensemble.

Au cours de ces années dures, ils rencontrèrentégalement Chuck Norris, le grand colosse de la

compétit ion américaine et la vedettenuméro 1 du cinéma d’arts martiaux enOccident…

Chuck Norris est quelqu’un de merveilleux. Jean-Claude et moi l’avons rencontré chez lui à LosAngeles en 1984. Nous nous entraînions avec luidans son gymnase qui se trouvait dans sa résidenceet avec Howard Jackson qui était son assistant. Ill’assistait dans tous les sparrings, c’était unchampion de Boxe et de Kick-boxing. Ce futincroyable de pouvoir connaître Howard Jackson etsurtout Chuck Norris.

Le miracle tant attendu arriva. Jean-Claude VanDamme obtint pour la première fois un rôle important. Iljoua un rôle de méchant dans le film « No Retreat NoSurrender ». Ce ne furent que quatre jours detournage, mais ce fut le premier pas important qu’ilsdonnèrent dans le monde du cinéma. Peu après, ilsparvinrent à impressionner Menahem Golan qui donnaà Van Damme le rôle principal d’un projet appelé «Bloodsport » dans lequel Qissi interpréta également unpetit rôle. Malgré le peu de poids qu’il eut dans ce film,son travail derrière les caméras fut assez important.C’est cette expérience qui lui a permis de diriger et dechorégraphier ses propres films.Le processus complexe de la réalisation d’un film

m’a toujours intéressé. De fait, j’y ai toujourscollaboré extra-officiellement même si ensuite monnom n’apparaissait pas au générique technique.Dans Bloodsport, par exemple, en plus d’aider Jean-Claude à chorégraphier les scènes d’action, j’aiégalement participé à la post-production. Quandnous avons vu le déplorable travail du montage final

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du film, Jean-Claude et moi avonsdemandé à Menahem Golan de nouslaisser monter de nouveau le film pourensuite choisir le montage qui luiplaise le plus. Il choisit le nôtre et jecrois que nous avons sauvé le film. Àpartir de là, tout alla mieux pour nous.

« Bloodsport » avait un très petitbudget, i l tr iompha pourtantdiscrètement en salles et fit des ravagesensuite dans les vidéos-clubs de mondeentier. À quoi se devait un tel succès ?Bien sûr, les arts martiaux et la

Boxe nous aidèrent énormément dansle business du cinéma, car il n’estvraiment pas facile de se frayer unchemin à Hollywood. Jean-Claudevendait quelque chose de nouveau etd’innovateur, il ne restait plus qu’à lemontrer au public, et un jour, surgitl’opportunité. Dans le cas deBloodsport, à part le fait que nousavions un bon scénario, nous avionsun très grand producteur et un grandréalisateur. Tout cela faisait déjà unbon film, mais le plus important futJean-Claude. Incroyable de voir unhomme comme lui, avec un grandécart comme le sien, capable desauter en l’air et de faire le grandécart, la technique qu’il utilise avecses jambes est unique au monde,surtout à cette époque, en 1986.

Qissi fut une pièce essentielle dans letournage de Bloodsport. Il le fut même –et cela peu de gens le savent – dans lecasting du film…Je me souviens particulièrement

d’une anecdote qui se produisit avantd’aller à Hong Kong. Ils voulaient queBody by Jake (Jake Steinfeld) ait lerôle de Ray Jackson dans le filmBloodsport. À cette époque, Body byJake était plus habitué à l’aérobic. Cen’était pas un acteur très célèbre,mais il avait fait un peu de cinéma etd’aérobic. Mark DiSalle voulait qu’ilparticipe avec ce rôle dans le film,mais quand je l’ai vu, j’ai su que,même si c’était une bonne personne,ce n’était pas l’acteur adéquat pource rôle. Je ne voulais pas quelqu’unqui aurait pu empêcher Jean-Claudede briller. Je le lui ai donc dit, je lui aidit que c’était un homme bon, maisqu’il ne valait pas pour le rôle et je l’aidit à Jean-Claude, mais Mark DiSalleavait déjà signé un contrat avec lui etl’avait payé. Je me souviens qu’àcette époque, ils lui avaient offert60.000 dollars, ce qui était beaucoupd’argent, surtout pour quelqu’un quin’était pas vraiment un acteur.Maintenant cette quantité pour unacteur, ce n’est rien, mais quand vouscommencez dans le business, c’est

quelque chose. Mais alors Jean-Claude insista et le réalisateur étaitpréoccupé parce qu’il ne savait pasoù ils allaient trouver quelqu’un entrois jours seulement. Le jour suivant,Jean-Claude et moi sommes allés àSunset Boulevard prendre le petitdéjeuner. Nous étions assis l’un àcôté de l’autre et en face de moi, jevoyais la télévision. Il y avait unprogramme, avec un homme qui avaitbel aspect. J’ai dit à Jean-Claude : «Regarde ce type, c’est un type grand,avec les cheveux longs », il me parutparfait pour le rôle, c’était DonaldGibb. Nous avons parlé avec lepropriétaire du restaurant et ceux quitravaillaient là-bas et ils nous direntqui était cet homme et nous avonspris contact avec lui. C’est ainsi quenous avons trouvé Jackson, le grandhomme de Bloodsport. Ils mepayèrent douze mille dollars et celame rendit très heureux, ils nem’avaient jamais payé avant cela.Une fois à Hong Kong, ils prirent unjeune Chinois pas très grand pour unrôle, et on voyait que c’était unhomosexuel. Je n’ai rien contre leshomosexuels. Celui-ci accompagnaitJean-Claude et Jackson tout letemps, c’était un mannequin chinois,et ça se voyait. Alors j’ai dit à Jean-

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Claude : « Non, Jean-Claude, je t’enprie, pas cet homme pour Bloodsport,s’il te plaît… » Je pensais qu’ilsl’avaient pris pour faire le rôle, maisJean-Claude me dit : « Il ne va pasfaire ce rôle, fais-moi confiance. »Jean-Claude le commenta alors àMark DiSalle. On disait que MarkDiSalle n’était pas très content parcequ’il n’avait pas beaucoup de temps.Alors, ce même jour, nous sommesallés manger et il se passa la mêmechose que la fois précédente, il avaitdéjà un contrat et on l’avait déjà payéen partie, la même chose. Nousdevions donc trouver quelqu’un car sinous ne le faisions pas, ils allaientprendre cet homme et nous nevoulions vraiment pas de ça. Nousétions donc en train de manger et j’aivu un homme travailler avec lestechniciens, avec les caméras. C’étaitl’un des assistants du groupe chinoisqui travaillait avec nous et j’ai vucomment il travaillait, comme il criaitsur quelqu’un et je le regardais, je leregardais… j’ai été le rejoindre etJean-Claude et moi lui avonsdemandé s’il avait déjà fait ducinéma. Il nous dit que pas vraiment,mais qu’il avait fait un peu de théâtreet qu’il aimait beaucoup. Nous luiavons proposé de faire un casting, il a

dit que oui et c’est ainsi que cela sepassa, c’est ainsi que nous avonstrouvé le petit Chinois du film. C’estdonc moi qui ai trouvé Jackson et lepetit homme. Tout le monde nous adit que ces deux acteurs pour cesdeux rôles, ce fut un castingincroyable.Après le succès de Bloodsport,

Jean-Claude Van Damme tournaCyborg et Black Eagle. MohamedQissi ne participa à ces films, mais enplus d’être son ami, i l était sonconseiller, son entraîneur personnel,etc. Pour lui, la carrière de son amiétait prioritaire.En effet, dans ma famille, i ls

m’éduquèrent avec la conviction queles grands frères passaient toujoursavant les petits et Jean-Claude étaitpour moi comme un grand frère. Jepensais donc toujours d’abord enquoi je pouvais lui être utile. Jecroyais en lui et je savais qu’entravaillant beaucoup et durement, ilpouvait triompher.

Enfin surgit le grand projet où ilspourraient travail ler ensemble.Kickboxer était ce projet tant attendu.Là, il donna vie à l’abominable Tong Po,le Thaïlandais méchant et sadique dulong-métrage, un personnage qui luiservit de tremplin vers la célébrité. Ce

fut indiscutablement le rôle qui le rendit célèbre, aussi bien pour sacaractérisation du Thaïlandais(beaucoup de gens pensèrent qu’il étaitun vrai boxeur thaï repêché dans ungymnase de Boxe thaï) que pour sonhabileté à paraître franchement terrifiantet odieux, causant un puissant impactchez les spectateurs. Kickboxer contienten effet certaines scènes vraimentépiques autour de Tong Po. La plusinoubliable d’entre elles est peut-êtrecelle où l’on voit le Thaïlandais endurcirses tibias à base de coups contre unevraie colonne, avec sa longue tresseserpentant au rythme de ses low-kick etles morceaux de plâtras pleuvant autourde lui…Au début, le rôle de Tong Po ne

m’était pas destiné, ils voulaient unThaïlandais. Au cours des préparatifsde Kickboxer, je fus chargé deparcourir tous les gymnasesenseignant la Boxe thaïe à lerecherche de la personne adéquate.Mais tous les Thaïlandais quej’interviewais n’avait aucune capacitéinterprétative ou n’avaient pas lepoids et la musculature qu’exigeait lerôle de Tong Po. Je suis donc parvenuà obtenir ce rôle grâce à la complicitéde Van Damme. Celui-ci raconta auxproducteurs qu’il trouverait à

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Bruxelles la personne idéale pour lerôle de Tong Po. À son retour à LosAngeles, il leur montra des photos demoi, maquillé pour paraîtrethaïlandais (un magnifique travail degrimage réalisé par le maquilleur deCyborg) et le crâne rasé. Lesproducteurs parurent ravis et lui dired’engager le « Thaïlandais » de cesphotos. Je me souviens encore deleur incrédulité quand nous leuravons révélé que ce « Thaïlandais »,c’était moi. Mon interprétationd’odieux méchant fut un véritablesuccès.

Pourquoi Kickboxer eut-il tant desuccès ? Pourquoi ce film fit-il tantd’effets sur le public ? L’équilibre dutandem Van Damme–Qissi fut-il parfait ?Au début, j’ai donné beaucoup de

bonnes idées parce que quand j’ai lule scénario de Kickboxer, il ne m’apas plu. J’ai donné de bonnes idéesqui plurent beaucoup à Jean-Claudeet le film sortit ainsi finalement. C’estdéfinitivement mon film préféré car lepersonnage de Tong Po est devenutrès célèbre et grâce à cela,beaucoup d’enfants m’ont dit qu’ilsvoulaient faire du Muay Thaï et de laBoxe. Mais je crois que le film danslequel je suis en train de travailler

maintenant sera mon numéro un. Jecrois que les producteurs et lesscénaristes sont généralement tropobsédés par l’action. Pour moi,l’action est importante, maisl’argument, le drame, les sentiments,les émotions sont beaucoup plusimportants. Un film ne peut pas êtrerien que des coups et encore descoups. L’action fonctionne mieux, estplus passionnante s’il y a une bonnehistoire derrière. L’action pour l’actionn’a pas beaucoup de sens. Pour faire des films, il faut avoir

beaucoup, beaucoup de patience, deconstance et de détermination. Lemeilleur exemple de cela fut BruceLee. Quand il arriva aux États-Unis,personne ne croyait en lui. I lparticipait à des séries de télévision,mais personne ne lui donnait une

vraie opportunité. Il dut donc aller àHong Kong pour démontrer ce qu’ilvalait. Son secret, c’est qu’il ne serendit jamais, il insista, il insista et ilinsista, jusqu’à triompher. Dans la vie,il faut laisser du temps au temps pourtrouver les personnes adéquates : lesbons scénaristes, réalisateurs,producteurs, etc. C’est comme unechaîne, il suffit que l’un des maillonsse rompe pour que tout l’ensemblecesse de fonctionner.

Le personnage de Tong Po frappatellement le public que Michel Qissi étaitplus connu sous son nom de méchantde Kickboxer que sous son nomartistique. Quand ils parlaient de lui,tous les faisaient en utilisant son nomd’infâme méchant. Qissi fut-il tenté unjour de changer son nom artistique pourcelui de Tong Po ?Je n’ai jamais eu l’idée de changer

mon nom pour celui de Tong Po,parce que Tong Po est unpersonnage. C’est moi qui ai trouvéce nom pour le film et je l’adore biensûr, et je suis très heureux d’avoir étési connu à partir de ce nom, mais jepréfère conserver mon nom,Mohamed. Tong Po est unpersonnage de film, il n’a rien à voiravec moi.

« Tong Po est un personnage

de film, il n’a rien à voir

avec moi. »

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Michel Qissi a changé son nom artistique pour son vrai nomde Mohamed, pourquoi ce changement ?C’est Jean-Claude et son père le père qui

commencèrent à m’appeler ainsi quand j’avais neuf ans.Ensuite les gens du quartier ont continué de m’appelercomme ça et à Hollywood aussi. Maintenant cependant, àl’âge que j’ai, et bien que certaines personnes continuentde m’appeler Michel, je préfère revenir à mon nom originalet j’aime utiliser Mohamed.

Après Kickboxer, ils tournèrent Full Contact. Après sa sortieen salle, des différends surgirent entre Jean-Claude VanDamme et Mohamed Qissi. Ce dernier commença sa carrièreen solitaire. Il travailla dans différentes productions àHollywood. On lui proposa de faire « Kickboxer 2 » etd’interpréter à nouveau l’odieux Tong Po, avec Sasha Mitchelldans le rôle principal. Il tourna également « Extreme Force »,« Terminator Woman », « Bloodmatch » avec BennyUrquidez… Quand la mode du cinéma de Kickboxing passa,Mohamed Qissi retourna en Belgique.Je suis rentré en Belgique et je me suis consacré à

travailler plus dans le social. À la suite de mon personnage

de Tong Po, j’ai visité de nombreusesécoles. C’est ce que j’ai fait, je me suis unpeu éloigné du cinéma, mais on y revienttoujours et je suis revenu. Avoir du succèsest fantastique, mais le plus important, c’estd’être heureux de faire ce que l’on fait. Sivous faites un film et qu’il a du succès, c’estgénial, mais si vous n’avez pas de succès,

ce n’est pas grave. Je fais ce que j’aime et c’est ce que jedésire pour tout le monde.

Dans différents moyens de communication, malgré lagrande crise que traverse le cinéma d’arts martiaux, circulal’information d’un possible tournage d’une deuxième partie deBloodsport auquel participeraient Jean-Claude Van Damme etMohamed Qissi. Qu’y a-t-il de vrai là dedans ?J’ai entendu qu’existait la possibilité de faire un remake

du film, pas une deuxième partie, et donc, oui, c’est vrai,cette possibilité de retravailler ensemble existe.

Actuellement, le cinéma d’arts martiaux traverse une grandecrise. On ne tourne pratiquement plus aucun film de ce genreen Amérique. Hollywood croit que ces fi lms ne sontactuellement plus rentables. Mais que pense Qissi à ce sujet ?Il y a des films qui ont eu beaucoup de succès pendant

des années, de nombreuses années, comme OpérationDragon avec Bruce Lee, Kickboxer avec Van Damme. Desfilms comme ceux-là ne meurent jamais et j’espère que lefilm que je suis en train de faire maintenant produira lemême effet. Je crois que de nombreux films peuvent êtrebons, mais il faut un bon scénario, des moyens et des

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acteurs adéquats, et c’est très difficile à trouver. Denombreux films d’arts martiaux manquent de scénario etce genre de film ne va nulle part. Il y a des films d’artsmartiaux qui sont bien présentés et ces films sont bonspour les jeunes car il y a beaucoup de jeunes dans la ruequi vont ensuite voir ces films. On sait que pratiquer lesarts martiaux vous écarte des mauvais chemins. Certainsde ces films peuvent sauver leur vie car certains jeunespourraient facilement sombrer dans la drogue. Les artsmartiaux, et en particulier le Shotokan, les aident às’éloigner de tous ces mauvais choix. Je pense doncévidemment qu’il y aura un marché pour les films d’artsmartiaux. Les gens ne sont pas stupides, ils aiment lesfilms bien écrits. Je répète donc qu’il n’est pas du toutfacile de trouver de bons scénarios et le réalisateurapproprié – c’est lui qui est chargé de faire des castingsaux acteurs indiqués. Je crois donc qu’il y aura toujoursun marché pour les bons films d’arts martiaux.

Il est curieux que quelqu’un qui pratiqua la Boxe et dontl’idole était Mohamed Ali souligne particulièrement le Karaté,style Shotokan, et ne dise rien de la Boxe. Que pense Qissi dela Boxe actuellement ? Continue-t-il de pratiquer le sport quilui donna tant de satisfaction ?Depuis tout petit, j’ai aimé la Boxe et Mohamed Ali, mais

ça, c’est quand j’étais très jeune. Maintenant, avec l’âgeque j’ai, je vois les choses autrement. Je ne laisserais pasmes enfants faire de la Boxe, c’est sûr, je ne conseillerais àpersonne de faire de la Boxe. Je crois que ça dépend dechacun, mais un sport qui peut blesser quelqu’un d’autre, je

ne le recommanderais à personne. J’ai inscris mesenfants au Shotokan, ce que Jean-Claude faisait, jecrois que le Shotokan est le meilleur, la seule chose,c’est qu’il faut trouver le professeur adéquat. Pour moi,le Shotokan, qui vient du Japon, est le meilleur parcequ’il implique respect, amour, paix, au lieu de lutter,vous avez des katas, et dans les combats, vous avez detrès bonnes règles, c’est très clean. Je crois que c’estle meilleur art martial que nous puissions conseiller ànos enfants. Ce que j’aime le plus du Shotokan, ce sontles katas et le fait qu’il y ait un peu de blocages, et sivous êtes un expert en Shotokan et que quelqu’un a unproblème dans la rue, une femme ou un enfant parexemple, vous pouvez aller les défendre. Cela fait denombreuses années que je me bats contre les drogues,incitant les gens à faire du sport et le seul sport que jerecommande à tous, parce que je sais qu’il est bonpour eux, c’est le Shotokan. Mais malgré cela, je distoujours qu’il faut faire attention et trouver le professeuradéquat, car en réalité, toutes les fédérations deShotokan du monde ont en général de bons plans et detrès bons professeurs. La seule raison pour laquelle jedis que la Boxe n’est pas bonne pour vous, c’est parceque j’ai pratiqué la Boxe et je sais que vous pouvezvraiment blesser quelqu’un et endommager votrecerveau avec le temps, sauf si vous ne le pratique pasbeaucoup. J’ai eu beaucoup de chance parce que je nel’ai pas beaucoup pratiquée. Pas parce que je le voulais,mais parce que j’avais un problème au coude et j’ai dûcesser de combattre, et je m’en réjouis parce que sij’avais continué de la pratiquer je pourrais avoirmaintenant des problèmes plus graves. Mais si jedevais choisir pour les enfants entre le ring ou la rue,alors, sans y penser, je choisirais la Boxe (ha ! ha !), sivous comprenez ce que je veux dire. Parce quebeaucoup de mauvaises choses peuvent arriver et lapire de toute, c’est la rue, les bagarres de rue, ladrogue, vous pouvez vous retrouver impliqués dansun tas de très mauvaises situations, avec lespersonnes inadéquates. Dans ce cas, la Boxe vautmieux que la rue.

Mohamed Qissi ne pense plus la même chose de laBoxe et de sa pratique, pense-t-il toujours la même chose

de Bruce Lee, l’idole de sa jeunesse ?Comme je vous le disais, pour Jean-Claude comme

pour moi, notre idole dans le sport était Mohamed Ali et aucinéma, c’était Bruce Lee. Bruce Lee avait un grandcharisme et connaissait la caméra, il savait où il devait setrouver, i l connaissait très bien la caméra, il étaitimpressionnant, c’est ça pour moi avoir beaucoup detalent. Grâce à lui, de nombreux enfants dans le mondeentier abandonnèrent les rues et s’inscrivirent dans lesgymnases. Et ça c’est incroyable !

Actuellement, Mohamed Qissi continue de travailler devantet derrière la caméra. Quel est le nouveau projet sur lequel iltravaille maintenant ?Je suis en train de réaliser et de coproduire un film

appelé « The Pact ». C’est une histoire comme Rocky ouRambo, mais c’est différent.

Mohamed Qissi est décidé à montrer au grand écran tousles idéaux et principes qui englobent les arts martiaux,mettant particulièrement l’accent sur leur philosophie salutaireet le pouvoir qu’ils ont d’aider tous ces jeunes qui, d’unemanière ou d’une autre, se sont perdus, que ce soit à causede la société, de la consommation de drogues ou simplementdu fait de l’endroit et du moment qui leur a été donné de vivre.

Espérons que Jean-Claude Van Damme et Mohamed Qissisoient à nouveau réunis dans un film et que celui-ci possèdele glamour et le charme de leurs premiers longs-métrages car,comme le disait Mohamed Qissi, « les bons films ne meurentjamais ». Ce sont ces films qui permirent au « Belge en or »d’avoir une légions d’admirateurs dans le monde entier.

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Le livre du thé

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Taoïsme et zen Le lien entre zen et le thé est proverbial.

Nous avons fait remarquer que lacérémonie du thé était une évolution durituel zen. Le nom de Lao-Tseu, lefondateur du taoïsme, est intimement lié àl’histoire du thé. Il est dit, dans un manuelscolaire chinois relatif aux us et coutumes,que la cérémonie d’offrir du thé à un hôteremonte à Guanyin, un célèbre disciple deLao-Tseu, qui, devant le portail du passageHan, offrit pour la première fois au « VieuxPhilosophe » une tasse de cet élixir doré.Nous ne nous arrêterons pas ici pourdiscuter de l’authenticité de ces récits, quisont précieux cependant pour confirmerl’ancienneté de l’usage du thé par lestaoïstes. Notre intérêt ici en ce quiconcerne le taoïsme et le zen résideprincipalement dans les idées concernantla vie et l ’art, tel les que nous lesretrouvons dans ce que nous appelons lethéisme.Il est regrettable que, malgré certaines

tentatives très louables, il ne sembleexister à ce jour aucune présentationpertinente des doctrines taoïstes et zen enaucune langue étrangère.Une traduction est toujours une trahison

et aussi bonne soit-elle, elle n’est, commele fait observer un auteur Ming, tout auplus que le revers d’un brocart : tous lesfils sont là, mais il manque la subtilité dudessin ou de la couleur. Mais, après tout,existe-t-il une grande doctrine qui soitfacile à exposer ? Les sages d’autrefoisne donnaient jamais leurs enseignementsde manière systématique. Ils utilisaient desparadoxes, car ils redoutaient de proférerdes demi-vérités. Ils commençaient parparler comme des insensés et finissaientpar enseigner la sagesse à leurs auditeurs.Lao-Tseu lui-même, avec son humourparticulier, disait : « Si les gens d’uneintelligence inférieure entendaient le Tao,ils riraient aux éclats. Ce ne serait pas leTao s’ils n’en riaient pas. »Tao signifie littéralement le chemin. Il a

été plusieurs fois traduit par la Voie,l'Absolu, la Loi, la Nature, la Raisonsuprême, le Mode. Ces traductions nesont pas inexactes, car l'utilisation de ceterme par les taoïstes diffère selon le sujetde la question.

Voici ce que Lao-Tseu en disait : « Il y aune chose qui contient tout, qui est néeavant l'existence du Ciel et de la Terre.Quel silence ! Quelle solitude ! Elle estunique et immuable. Elle tourne sansdanger pour elle-même et est la mère del'univers. J’ignore son nom et l'appelledonc le Chemin. Je l'appelle l'Infini avecréticence. L’Infini est éphémère,l’éphémère disparaît, la disparition est lerevenir. »Le Tao est dans le passage plutôt que

dans le chemin. C'est l'esprit duchangement cosmique, la croissanceéternelle qui revient sur elle-même pourproduire de nouvelles formes. Il serecroqueville sur lui-même comme ledragon, symbole cher aux taoïstes. Il se plieet se déplie comme font les nuages. Onpeut considérer le Tao comme la grandetransition. Subjectivement, c’est l'humeurde l'Univers. Son absolu est le relatif.Il convient de se rappeler en premier lieu

que le taoïsme, comme son successeurlégitime le zen, représente la tendanceindividualiste de l'esprit chinois du Sud paropposition à l’esprit communautaire de laChine du Nord qui s'exprime dans leconfucianisme. L'Empire du Milieu (NdT :autrement dit, la Chine) est aussi vaste quel'Europe et ses différentes idiosyncrasiessont affectées par les deux grands fleuvesqui le traversent. Le Yang Tsé Kiang etHuang He sont comme la merMéditerranée et la mer Baltique.Aujourd'hui encore, malgré des sièclesd’unification, l’homme du Sud diffère parses pensées et ses croyances de sesfrères du Nord autant que les Latinsdiffèrent des Germains. Autrefois, quand lacommunication était beaucoup plusdifficile qu'aujourd’hui, et en particulier aucours de la période féodale, cettedifférence de pensée était plus prononcée.L'art et la poésie de l'un évoquent uneatmosphère complètement distincte decelles de l'autre. On trouve chez Lao Tseuet ses disciples et chez Qu Yuan, leprécurseur des poètes naturalistes duYang Tsé Kiang, un idéalisme tout à faitincompatible avec les notions éthiquesprosaïques des auteurs du Nord qui leurétaient contemporains. Lao-Tseu a vécucinq siècles avant l'ère chrétienne.

Classique

Parmi les éternelles lectures recommandées pour connaître l’esprit oriental, enparticulier celui du Japon, ne peut manquer le classique de Kakuzo Okakura, Le Livredu thé. C’est un classique parce qu’il ne déçoit jamais, parce qu’il traversa l’épreuvedu temps. Cette merveille de texte, écrit d’abord en anglais pour qu’une minorité

découvre le sens profond du thé en Orient, est devenu uneœuvre littéraire de premier rang et un best-seller. Nousallons partager avec vous certains passages de celui-ci. Sivous ne le connaissiez pas encore, vous verrez qu’il s’agit làd’un texte qui ouvre les portes de la compréhension del’essence de l’esprit des Japonais. Un titre qui ne peutmanquer parmi les meilleurs textes classiques tels que L’Artde la Guerre de Sun Tzu ou Le Livre des Cinq Anneaux deMiyamoto Musashi, qui constituent un complémentindispensable dans la formation de tout artiste martiale.

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Le germe de la spéculation taoïsteexistait bien avant l'avènement de Lao-Tseu, surnommé Longues Oreilles.Les archives archaïques chinoises, enparticulier le Livre des Mutations,annoncent sa pensée. Mais le grandrespect accordé aux lois et coutumesde cette période classique de lacivilisation chinoise – qui culmina avecl'établissement de la dynastie Chou auXVIe siècle avant J.-C. – a tenupendant longtemps en échec ledéveloppement de l'individualisme. Et ce n'est qu’après la désintégrationde la dynastie Chou et la création d’innombrables royaumesindépendants qu'il a pu s'épanouirdans toute la luxuriance de la libre-pensée. Lao-Tseu et Zhuangzi, tousdeux du Sud, furent les plus grandsreprésentants de la nouvelle école.D'autre part, Confucius et sesnombreux disciples cherchaient àconserver les conventions ancestrales.Le taoïsme ne peut être compris sansune certaine connaissance duconfucianisme et vice versa.Nous avons dit que l’absolu taoïste

était la relativité. En matière d’éthique,les taoïstes critiquaient vertement les loiset les codes moraux de la société, carpour eux, le bien et le mal n'étaient quedes termes relatifs. Une définition esttoujours une limitation – le « fixe » et l’

« immuable » ne sont que des termesexprimant un arrêt de la croissance. QuYuan disait : « Les sages font bouger lemonde. » Nos standards de moralitésont l’héritage des besoins passés de lasociété, mais la société demeure-t-elletoujours la même ? Le respect destraditions communautaires implique desacrifier constamment l'individu à l'État.Afin de préserver cette puissantemascarade, l'éducation encourage unerace d'ignorants. On n’enseigne pas auxgens à être vraiment vertueux, mais à secomporter correctement. Nous sommesmauvais car nous sommes terriblementconscients de nous-mêmes.Nous soignons notre conscience par

peur de dire la vérité aux autres ; nousnous réfugions dans l'orgueil, par peurde nous avouer la vérité. Commentpeut-on prendre le monde au sérieuxalors que le monde lui-même esttellement ridicule ! L’esprit du troc estpartout. Honneur et chasteté ! Voyezce marchand complaisant vendant leBien et le Vrai. On peut même acheterune soi-disant religion, qui n’est riend’autre que la moralité commune,sanctif iée par des fleurs et de lamusique. Dépouillez l’Église tous sesaccessoires, que reste-t-il ? Pourtant,les affaires sont merveilleusementprospères, car les prix sontridiculement bas… Une prière pour

entrer au paradis, un diplôme pour unecitoyenneté honorable. Cachez-vousvite derrière un buisson, car si votrevéritable utilité était connue dans lemonde, vous seriez vite attribué auplus offrant par le commissaire-priseurpublic. Pourquoi les hommes et lesfemmes tiennent-ils autant à faire leurpropre promotion ? Ne serait-ce pasun instinct hérité de l'époque del'esclavage ?La vitalité de cette idée ne réside pas

tant dans son pouvoir de pénétrer lapensée de l’époque que dans sacapacité à dominer les mouvementsultérieurs. Le taoïsme fut une forceactive pendant la dynastie Qin, cetteépoque d’unification de la Chine qui està l’origine de son nom. Il seraitintéressant, si nous en avions le temps,de remarquer son influence sur lespenseurs de l’époque, lesmathématiciens, les rédacteurs traitantde lois et de récits de guerre, lesmystiques, les alchimistes et les poètesnaturalistes postérieurs du Yang TséKiang. Nous ne devrions pas non plusignorer ces spéculateurs de la réalitéqui se demandaient si un cheval blancétait réel parce qu'il était blanc ou parcequ'il était solide, ni ces orateurs des SixDynasties qui, comme les philosopheszen, se divertissaient en discutant duPur et de l'Abstrait. Avant tout, nous

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devrions rendre hommage au taoïsmepour son action en faveur de l’hommecéleste (NdT : nom donné aux habitantde l’Empire du Ciel, la Chine), en luiconférant une certaine capacité deréserve et de raffinement aussi «chaleureuse que le jade ».L'histoire de la Chine est pleine

d’exemples d’adeptes du taoïsme,qu’ils soient princes ou ermites, quisuivirent les enseignements de leurcredo avec des résultats divers etvariés. Ces récits ne vont pas sans leur quota d’instruction et dedivertissement. I ls sont riches enanecdotes, allégories et aphorismes.Nous bavarderions volontiers avec cecharmant empereur qui ne mourutjamais car il n'avait jamais vécu. Nouspourrions chevaucher le vent avecLieh-Tseu et nous trouverions celaabsolument paisible car nous serionsdevenus nous-mêmes le vent, ouencore flotter dans les airs avecl’Ancien du Huang He, qui vécut entrele Ciel et la Terre, car il n’était sujet nide l'un ni de l'autre. Même dans cettegrotesque apologie du taoïsme quel'on trouve de nos jours en Chine, nouspouvons bénéficier d’une pléthored'images impossibles à trouver danstout autre culte.Mais la principale contribution du

taoïsme à la vie asiatique appartient audomaine de l'esthétique. Leshistoriens chi-nois ont toujoursdécrit le taoïsmecomme « l'artd'être dans lemonde », car iltraite du présent,de nous-mêmes.C’est en nousque Dieu ren-contre la Natureet qu’hier sesépare dedemain. Le pré-sent est l’infinien mouvement,la sphère légi-time du relatif.La relativitécherche l’ajuste-ment, et l’ajuste-ment est un art.L'art de vivreréside dans unr é a j u s t emen tconstant à notreenvironnement.Le taoïsmeaccepte le mon-dain tel qu’il estet, à la différencedu confucia-nisme ou dubouddhisme, ilcherche labeauté dans

notre monde de malheurs et de soucis.L'allégorie Song des trois goûteurs devinaigre explique admirablement la ten-dance de ces trois doctrines.Sakyamuni, Confucius et Lao-Tseuétaient rassemblés devant une jarre devinaigre – symbole de la vie – et chacuny plongea son doigt pour goûter aubreuvage. Confucius trouva le vinaigreaigre, Bouddha le trouva amer et ilsembla doux à Lao-Tseu.Pour les taoïstes, la comédie de la

vie pourrait devenir plus intéressante sichacun préservait les unités.Conserver la proportion des choses etaccorder de la place aux autres sansperdre la sienne était le secret de laréussite dans la comédie mondaine.Nous devons connaître toute la pièceafin de tenir convenablement nosrôles. La conception de la totalité nedoit jamais se perdre dans celle del’individu. Lao-Tseu illustrait cela par samétaphore de prédilection : le Vide. Ilassurait que l’on ne trouvait ce quiétait véritablement essentiel que dansle vide. La réalité d’une salle, parexemple, se trouve dans l’espace videcontenu par le plafond et les murs, nondans le plafond et les murs eux-mêmes. L’utilité d’un broc à eau résidedans ce vide que l’on peut remplird’eau, non dans la forme du broc oudans le matériau dont il est fait. Toutest possible dans le vide, car il peuttout contenir. Le mouvement n’estpossible que dans le vide. Celui quisait devenir un vide dans lequel lesautres peuvent entrer l ibrementdeviendra un maître de toutes lessituations. Le tout peut toujoursdominer la partie.Ces idées taoïstes ont largement

influencé nos théories d’action, mêmeen Escrime ou dans la Lutte. Le Jiu-Jitsu, cet art japonais de la self-défense, doit son nom à un passagedu Tao Te Ching. Dans le Jiu-Jitsu, oncherche à attirer et à épuiser la forcede son ennemi par la non-résistance,le vide, tout en conservant sa propreforce pour remporter la victoire dans lalutte finale. Dans l’art, l’importance dece même principe est illustrée par lavaleur de la suggestion. En laissant unnon-dit, l’observateur obtient unechance de compléter l’idée. Ainsi, un grand chef-d’œuvre attireirrésistiblement votre attention, aupoint que nous semblez véritablementdevenir une partie de lui. Il y a un videdans lequel vous pouvez entrer et quevous pouvez compléter avec la pleinemesure de votre sensibilité esthétique.Celui qui a dû devenir un maître

dans l’art de vivre est un hommevéritable pour les taoïstes. À sanaissance, l’homme entre dans unroyaume de rêves et ne s’éveille à laréalité qu’à sa mort. Il tempère sapropre lumière afin de se fondre dansl’obscurité des autres. Il est « réticent

comme celui qui traverse un ruisseauen plein hiver, hésitant comme celuiqui craint son voisinage, respectueuxcomme un invité, tremblant comme laglace sur le point de fondre, modestecomme un morceau de bois encorevierge de toute gravure, vide commeune vallée, informe comme des eauxtroubles. » Pour lui, les trois joyaux dela vie sont la pitié, l’économie et lamodestie.Si nous nous tournons à présent vers

le zen, nous découvrons qu’il insistesur les enseignements du taoïsme. Lezen est un nom qui dérive du sanscritDyana qui signifie méditation. Il affirmeque par la méditation consacrée, onpeut atteindre sa propre réalisationsuprême. La méditation est l’une de sixvoies par lesquelles on peut atteindrel’état de Bouddha et les adeptes duzen prétendent que Sh?kyamuni (NdT :Bouddha) insistait plusparticulièrement sur cette méthodedans ses premiers enseignements dontil transmit les règles à son principaldisciple Mahakashyapa. Selon leurtradition, Mahakashyapa, le premierpatriarche zen, transmit son secret àAnanda qui le transmit à son tour auxpatriarches successifs jusqu’au vingt-huitième, Bodhidharma. Originaire dunord de la Chine, Bodhidharma fut,dans la première moitié du VIèmesiècle, le premier patriarche zenchinois. I l subsiste bien desincertitudes sur l’histoire de cespatriarches et leurs doctrines. Sousson aspect philosophique, le zen despremiers temps présente d’apparentesaffinités avec d’une part, le négativismeindien de Nagarjuna et, d’autre part,avec la philosophie de Shankaracharya.Le premier enseignement zen tel quenous le connaissons de nos joursrevient au sixième patriarche chinoisEno (638-713), fondateur de la sectezen du sud, appelée ainsi du fait qu’elleétait prédominante dans le sud de laChine. Il est rapidement suivi par legrand Baso (mort en 788), qui fit du zenune influence vivante dans la vie «céleste ». Hiakujo (719-814), élève deBaso, fut le premier à fonder unmonastère zen ; il établit le rituel et lesrègles de son organisation. Dans lesdiscussions de l’école zen aprèsl’époque de Baso, nous retrouvonsl’influence de l’esprit du Yang TséKiang qui permet l’adoption desmodes de pensées locaux, paropposition à l’ idéalisme indiend’origine. Bien qu’une certaine fiertépuisse inciter les disciples zen àassurer le contraire, on ne peuts’empêcher de constater lessimilitudes du zen du sud avec lesenseignements de Lao-Tseu et lesdiscussions taoïstes. Dans le Tao TeChing, nous trouvons déjà desallusions à l’ importance de laconcentration et au besoin de régler

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convenablement sa respiration… autant de points essentielsà la pratique de la méditation zen. Quelques-uns desmeilleurs commentaires du livre de Lao-Tseu ont été rédigéspar des lettrés zen.Comme le taoïsme, le zen est un culte de la relativité. Un

maître définissait le zen comme l’art de percevoir l’étoilepolaire dans un ciel du sud. La vérité ne peut être atteinteque par la compréhension des opposés. Comme le taoïsme,le zen est un fervent partisan de l’individualisme. Rien n’estréel sinon ce qui concerne le fonctionnement de notre

propre esprit. Eno, le sixième patriarche, vit un jour deuxmoines qui observaient le drapeau d’une pagode flottant auvent. L’un dit : « C’est le vent qui crée le mouvement. »L’autre répondit : « C’est le drapeau qui crée lemouvement. » Mais Eno leur expliqua que le véritablemouvement n’était pas celui du vent ou du drapeau, c’étaitune création de leur propre esprit. De même, Hiakujo sepromenait dans la forêt avec un disciple lorsqu’ils virent unlièvre s’enfuir à leur approche. « Pourquoi le lièvre s’enfuit-ildevant toi ? », demanda Hiakujo. « Parce qu’il a peur demoi », fut la réponse. « Non, expliqua le maître, c’est parceque tu as un instinct meurtrier. » Ce dialogue rappelle celuidu taoïste Zhuangzi. Un jour, Soshi se promenait sur la rived’un fleuve avec un ami. « Comme les poissons s’amusentmerveilleusement dans l’eau ! », s’exclama Zhuangzi. Sonami lui répondit : « Tu n’es pas un poisson. Comment peut-tu savoir que les poissons s’amusent ? » « Tu n’es pasmoi, répliqua Zhuangzi. Comment peux-tu savoir que je nesais pas si les poissons s’amusent ? »Le zen s’opposa souvent aux préceptes du bouddhisme

orthodoxe, tout comme le taoïsme s’opposa auconfucianisme. Dans la vision transcendantale zen, les motssont un poids pour la pensée, et l’ensemble des divers écritsbouddhiques ne sont que de simples commentaires sur desspéculations personnelles. Les adeptes du zen tendaient àune communion directe avec la véritable nature des choses,les accessoires extérieurs étant considérés comme desobstacles à une perception claire de la vérité. C’est cetamour de l’abstrait qui les amena à préférer les esquisses ennoir et blanc aux peintures en couleurs, plus élaborées, del’école bouddhiste classique. Certains devinrent même desiconoclastes dans leur volonté de reconnaître le Bouddha eneux-mêmes plutôt que dans des images et des symboles.Par un jour de grand vent, Tanka Wosho brisa ainsi unestatue de bois de Bouddha pour en faire du feu. « Quelsacrilège ! », s’exclama un passant horrifié. « Je souhaitetrouver le Shali dans les cendres ! », lui expliqua Tanka. « Mais vous ne trouverez certainement pas le Shali danscette image ! » À cette réaction pleine de colère, il rétorqua :« Si je ne l’y trouve pas, alors ceci n’est certainement pas unBouddha et je ne commets aucun sacrilège. » Puis il seretourna pour se réchauffer près du feu naissant.Une contribution particulière du zen à la pensée orientale

fut la reconnaissance du mondain comme étant aussiimportant que le spirituel. Il soutenait que dans le grandrapport des choses, il n’y avait pas de distinction entre legrand et le petit, un atome possédant autant de possibilitésque l’univers. Celui qui cherche la perfection doit découvrirdans sa propre vie la réflexion de sa lumière intérieure.L’organisation des monastères zen était très représentativede ce point de vue. À l’exception de l’abbé, chaque membrese voyait assigné une tâche dans l’entretien du monastère et,curieusement, les corvées les plus légères revenaient auxnovices et les travaux les plus pénibles et les plus fastidieux,aux moines les plus avancés et les plus respectés. De telsservices faisaient partie de la discipline zen et le moindregeste devait absolument être accompli à la perfection. Ainsi,nombre de longues discussions naissaient-elles tandis quel’on désherbait le jardin, qu’on épluchait les navets ou qu’onservait le thé. Tout l’idéal du théisme résulte de cetteconception zen de la grandeur des plus petites choses de lavie. Le taoïsme avait fourni le fondement des idéauxesthétiques, le zen les mit en pratique.

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La puissance empruntéeest un « multiplicateurde force »Bonjour, chers lecteurs de Budo

International ! Dans l'article de ce mois-ci, je voudrais expliquer un autre élémenttrès important des 26 concepts clésconnus au CRCA comme « l’A à Z de lathéorie du combat du Wing Chun ». « La puissance empruntée », ou Jyeh

Lick, est considéré comme « Le SaintGraal » du Wing Chun CRCA. Je dis celaparce le Wing Chun est un art martial. Lemot « martial » provient de « Mars », ledieu romain de la guerre. Et en temps deguerre, tout est victoire. Comme l'objectifprincipal de tout art martial véritable estla victoire dans la bataille, la meilleurefaçon d'assurer le succès contre unadversaire plus grand et plus fort, c’estde tirer parti de lui pour le vaincre.Avant de pouvoir comprendre

pleinement l' idée de puissanceempruntée, l’élève de Wing Chun sérieuxdoit d'abord comprendre les bases de lapuissance elle-même, savoir d’où ellevient, où elle va et commentl'exploiter pour son propre profit.Comme on le voit au Wing ChunCRCA, la puissance uti l iséepour frapper et bloquer est uneforce de la nature commel'électricité, la gravité, lemagnétisme, la pression de l'airou la pression de l'eau, avecdes propriétés, des restrictionset des qualités similaires àd'autres de ces forces. Un peucomme l'électricité à certainségards, la puissance vient de laterre (elle provient des talons – «Lick Yau Gyeuk Gun Sahng ») etretourne par le chemin le plus directpossible dans le sol.Quand on charge d’énergie la main

avant qui frappe ainsi que la jambearrière qui pousse et que l’on fait un pasavec le pied avant simultanément, onpeut voir facilement que le coup aurabeaucoup plus de puissance s’il estexécuté avant que le pied avant netouche le sol. C'est au cours de ce brefmoment de « dynamisation » qu'uncoup ou un blocage aura plus depuissance potentielle. Je compare celaau moment où, dans certains jeux vidéode Boxe, votre propre gant de Boxecommence à clignoter, indiquant qu’unbref instant plus tard, vous aurez un « super punch » qui fera beaucoup plusde dégâts s’il atteint l’adversaire qu’uncoup de poing normal qui touche lorsquele gant se trouve dans son état normal denon-clignotement. Et quand vous frappezl’adversaire avec un demi pas glissant(mid-step/slide), votre coup de poingaura beaucoup plus d'effet que si vousattendez que votre pied avant touche lesol ou que si vous ne faites pas de pasdu tout. De la même manière, l'adversaireest « chargé » par son propre

mouvement, surtout quand il marche,mais aussi quand il fait n’importe quelmouvement, en particulier un mouvementvers l'avant, comme quand il lance uncoup de poing ou un coup de pied ouquand il parvient à les bloquer.Je compare aussi cela avec l’un des

premiers jeux vidéo « Pac-Man »,quand le fantôme clignote, signalant quevous pouvez gagner des pointssupplémentaires si vous l’attrapez et lemangez pendant qu'il clignote, alors quevous gagnez relativement moins depoints si vous faites la même chosequand il ne clignote pas. De la mêmemanière, l'adversaire peut être frappéavec beaucoup plus de force quand ilest « chargé » par son propre pas enavant ou par son mouvement de frappeou de blocage.Quand i l comprend de manière

approfondie ces principes de puissance,le combattant de Wing Chun peutapprendre à les utiliser à son avantage,c’est ce qu’on appelle, en termesmilitaires, un « multipl icateur depuissance ». La multiplication de laforce se produit lorsque vous êtes enmesure de dérober quelque chose àl'ennemi pour ensuite l'utiliser contrelui dans la bataille. Ainsi, si vous êtescapables de vous faufiler dans lecamp de l'ennemi pendant la nuit etde voler toutes ses munitions, puis detirer sur lui avec ces mêmesmunitions le lendemain, vous aurez «multiplié » votre propre force.En combat rapproché, « la

puissance empruntée » accomplit lamême fonction. Par exemple, vousêtes face à votre adversaire dans une

relation ouverte. Il active son pied avantpour avancer et à ce moment précis, vousdécrochez votre propre pied avant etvous le frappez avec la main dominanteavant que votre pied dominant ne touchele sol. Votre adversaire s’est « chargé »lui-même en faisant un pas et dans votretête, il a commencé à « clignoter » ;vous avez, à votre tour « chargé » votremain dominante en faisant un pas, etvotre propre main a elle aussi commencéà « clignoter » comme pour un « superpunch ». En le frappant alors que vousétiez tous les deux « chargés », vousavez « emprunté » toute la puissancequ'il avait créée en marchant et vousl’avez utilisée conjointement à votrepropre puissance.De cette façon, la puissance

empruntée est comme de l'argentemprunté à la banque. Quand vousempruntez 1000 dollars, vous n'aurezpas à rembourser 1000 dollars. Au lieude cela, vous rembourserez les 1000dollars de départ, plus un pourcentagede votre propre argent comme intérêt.Lorsque vous empruntez de la puissanceà l'ennemi, vous rendez ce que vousavez emprunté, plus une partie de votrepropre puissance, « les intérêts ». Etdans le cas où l'adversaire n'est pas ou

« Comme l'objectifprincipal de tout

art martialvéritable est lavictoire dans la

bataille, la meilleurefaçon d'assurer lesuccès contre unadversaire plus

grand et plus fortc’est de tirer parti

de lui pour levaincre. »

« Avant de pouvoircomprendre

pleinement l'idée depuissance

empruntée, l’élèvede Wing Chun

sérieux doit d'abordcomprendre les

bases de lapuissance elle-

même, savoir d’oùelle vient, où elle va

et commentl'exploiter pour sonpropre profit. »

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provoquant l’effet d'un adversaire « sefrappant lui-même ».

BPa4 - Déchargeant son poids ettournant radicalement la hanche, Mariopoursuit en pivotant à gauche avec ChohMa Cheh Kuen à la mâchoire.

Puissance empruntée,séquence 2 :

BPb1 - Zoltan Bathory, guitariste ducélèbre groupe de Heavy Metal « FiveFinger Death Punch », fait face à sonadversaire dans une position fermée.

BPb2 - Sans avancer sa propreposition, Zoltan intercepte le jab avant

de son adversaire en faisant Pock SauSlap Block avec sa main arrière. Commeil n’avance pas, il n'offre à son adversaireaucune puissance empruntée et il nediminue pas la distance lorsque le coupde poing s’approche de lui.

3 - Comme l'adversaire poursuit avecun coup de coude arrière à la tête,Bathory recule en angle et pivote avecHau Chong Ma Chahng Dai Jyeung(Back Bracing Low "Spade" Palm) auxcôtes. De cette façon, l'adversaire estobligé d'absorber la totalité des forcescombinées des deux combattants dansla région très vulnérable des côtes aumoment précis où il essaye de frapper

Zoltan, souffrant ainsi une « puissancemultipliée » CRCA.

4 - Comme l'adversaire essayefaiblement de se récupérer avec un coupde hache Fun Sau, Zoltan va plus loin àl'extérieur tout en pivotant avec un coupde contre Chop Kuen dans la région descôtes déjà endommagée, empruntant ànouveau à l'ennemi sa puissance qu’ilapplique pour riposter.

5-7 - Une fois l'adversaire déséquilibrépar le coup final, Zoltan change son brasdroit à Dai Boang Sau Wing Arm afin degarder son bras hors de la voie de sonChai Wahng Gyeuk Stomping Sidekickqui, du fait de l'angle de frappe et de la

Wing Chun

n'est plus en mouvement, vous pouvezle remettre en mouvement par le tirantvers vous. Vous « lui prêtez un peud'argent » que vous pouvez ensuiterécupérer avec un « intérêt » ajouté, enle frappant alors que vous êtes tous lesdeux « chargés », comme on le voit surla photo BPc5. Imaginez que vouspourriez engendrer une versiontransparente de votre adversaire quisorte de son corps et marche à côté devous pour l’affronter avec vous côte-à-côte. C'est ce que la puissanceempruntée fait pour vous. Cela vouspermet de ne craindre aucun adversaire,aussi grand et aussi fort soit-il. Vous etlui, ensemble, pourrez certainement le

battre, et vous ne vous retrouverez pasen négatif. Imaginez avoir un double devotre adversaire à vos côtés, travaillantcontre lui tandis que vous emprunter sapuissance (Jyeh Lick) pour multipliervotre propre force. Ce concept est unearme précieuse dans l'arsenal de toutartiste martial, peu importe le style.

Puissance empruntée,séquence 1 :

1 - Mario Lopez, instructeur chefCRCA Allemagne fait face à ThomasSchrödter instructeur CRCA de Duisburgdans une position ouverte.

2 - Alors que Thomas avance avec un

jab, Mario avance aussi sur le côté et « emprunte de la puissance à Thomas »en le frappant au moment précis où lapuissance de Thomas était à sonmaximum, le contact étant effectué avantque le pied de Mario ne touche le sol. Cecigarantit le plus grand impact potentielpossible entre deux forces opposées.

BPa3 - Juste quand son adversairelance le coup avec la main arrière, Mariodescend en diagonale avec un jeu dejambes Ngoy Seen Wai (faisant face àl'extérieur) pour augmenter la puissancede son propre coup arrière vers le basdans les côtes (Chop Kuen), livré aumoment précis où il peut profiter lemieux de l’élan de l'adversaire,

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façon dont l'adversaire se tient debout,brisera à la fois la cheville et le genou.

Puissance empruntée,séquence 3 :

1 - John Simons, instructeur en chefdu CRCA de Virginie et chef de lasécurité des Five Finger Death prend laposition Bai Joang face à son adversairedans une relation fermée.

2 - Sans faire un pas vers le coupvenant en sens inverse, John utilise laprotection de sa main dominante WooSau pour faire rebondir et dévier le coup

de poing de l'adversaire avec un coupcirculaire du poignet.

3 - Utilisant Gum Gock Ging (la sensibilitétactile) quand le poing dévié commence àse rétracter, John détecte le coup suivantqui vient et, avec une précision dans letiming d’une fraction de seconde, sepenche en arrière pour lancer un coup depied intercepteur Jeet Wahng Gyeuk quiattrape le coup de poing de l'adversaire àmi-course et l’empale dans le pied defrappe avec une force supplémentairemultipliée par son propre élan.

4 - Maintenant, empruntant sa propredynamique descendante, John saisit

rapidement le bras de frappe encore tenduet frappe son adversaire à la gorge avantque son propre pied ne touche le sol.

5 - Plutôt que de pousser l'adversaireloin de son coup, John saisit de nouveaurapidement le bras droit de l'adversaire.Ceci déséquilibre Thomas encore plus etl’envoie dans le Chahng Jyeung SpadePalm de John, qui est appuyée par KauSau Hooking Trap à l'épaule. Cetteaction tire l'adversaire directement versle coup venant en sens inverse et l’yenfonce, donnant ainsi à l'adversaire unecertaine dynamique qui peut ensuite êtreemprunté et utilisée contre lui.

« La multiplication dela force se produit

lorsque vous êtes enmesure de déroberquelque chose à

l'ennemi pour ensuitel'utiliser contre luidans la bataille. »

« Lorsque vousempruntez de la

puissance à l'ennemi, vousrendez ce que

vous avezemprunté. »

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endredi 28 février a eu lieu la cérémonie de graduation de trois nouveauxShidoshi au siège européen de l'International Society Bugei, à Valence,en Espagne. Des mains des dirigeants de l'école, Shidoshi JordanAugusto et Shidoshi Juliana, les diplômés ont reçu leur licence deShidoshi et les 18 makimonos, documents traditionnels qui reprennentl'ensemble du patrimoine culturel de la tradition Shizen de l'école Kaze

No Ryu Ogawa Ha. Alfredo Tucci, Luis Nogueira et Luis Alberto Sebastian sontdevenu les premiers Shidoshi formés en Europe. C'est pourquoi il s'agit d'une étapesans précédent dans l'histoire récente de la tradition. Dorénavant, conjointement à Shidoshi Jordan et Shidoshi Julian, ils prendront encharge la maintenance et la diffusion de l'école du point de vue martial, culturel etspirituel.

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