magazine 2c

36
L’INDISCRET NEUILLY CHIC, PORTRAIT Kader, un SDF de luxe SPORT Au coeur du foot business ENQUETE Une ville victime des médias ? ÉCONOMIE Le malaise du logement REPORTAGE Un trafic de drogue grandissant NEUILLY CHOC ! AVRIL 2013* Intensives IEJ 2C

Upload: anne-chutczer

Post on 07-Mar-2016

221 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

Magazine de Presse écrite réalisé par les étudiants d'IEJ 2C pendant leurs intensives

TRANSCRIPT

Page 1: Magazine 2C

L’INDISCRETNEUILLY CHIC,

PORTRAIT Kader, un SDF de luxe

SPORT Au coeur du foot business

ENQUETE Une ville victime des médias ?

ÉCONOMIE Le malaise dulogement

REPORTAGE Un trafic de droguegrandissant

NEUILLY CHOC !

AVRIL 2013* Intensives IEJ 2C

Page 2: Magazine 2C
Page 3: Magazine 2C

Direction de la publication Franck Papazian et Magali BonaviaDirection de la rédaction Laëtitia Linnebank et David LortholaryRédactrice en chef Cécile Dumonceau, Rédacteur en chef adjoint Massimo BelliniService société Mohamed Lahiba, Service politique Camille Ythier, Service économie Carlotta Sacchettini Service culture Laëtitia Mouton, Service médias Victoire Mabille, Service sport Aurélien GaucherService artistique Paul Ducassou, Mohamed Lahiba

SOCIÉTÉ 4 La drogue s’invite dans les rues 5 Sécurité : pas aussi sûre que riche ? 6 Le banditisme cinq étoiles 7 Témoignage : de l’autre côté du miroir 8 La face retouchée de Neuilly 10 Moi, Neuilléen, quand je serai grand… 12 Portrait d’un SDF

POLITIQUEUn peu gauche 13L’après Sarkozy 14

Mopeasy VS Autolib 16 A fond la tradition ! 17

La visite de l’ambassadeur d’Israël 17

ÉCONOMIE18 On ne va pas vous faire marcher ! 20 Logements sociaux : le ghetto doré 22 Immobilier, vous avez parlé de crise ?

MÉDIASConfessions d’une journaliste page 23

M6 : l’exception des médias page 24Neuilly, pas si sociale ! 26

Entre bling bling et calme plat 26People : Le berceau d’or 27

CULTURE28 Le défi culture et jeunesse 30 Le centre Saint-Anne : la fierté d’une ville 30 Une expo écolo 31 Le Collectif D.kO aux platines

SPORTFoot : au cœur du business 32

A chacun son sport ! 34

SOMMAIREÉDITO

Non mais à l’eau, quoi!

Il est bien loin le petit village de pêcheurs du XIIeme siècle ! Elles sont bien loin les plaines marécageuses et autre forêt des ori-gines celtes. Noulun est devenu Neuilly.-sur-SeineFini les expérimentations de plantations de pommes de terre dans la plaine des Sablons; maintenant, c’est sur la place du marché qu’il faut les récolter à prix d’or. Derrière son profil de bourgeoise, la bourgade cinq étoiles nous cache bien des choses. En ap-parence trop sûre, trop calme, reliftée par-fois, la vie des Neuilléens n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Plutôt une foire à tout. Et quand les bouches se délient, ça peut faire froid dans le dos.Dans cette ville étrange, en terrasse de café, on vous demande si vous préferez de l’eau minérale ou municipale... «  Nan mais à l’eau, QUOI  !?  ». A chacun sa pochette surprise: c’est comme avec les Kinder, on n’est jamais décu de l’oeuf en chocolat mais un peu plus de son contenu. Carré-ment flippant parfois. Ne soyons pas trop sévère malgré tout, Neuilly reste une ville où il fait bon vivre. La devise même de la municipalité le confirme  : « Praeteritis egregia, quotidie florescit  » («  Illustre par son passé, elle devient de jour en jour plus florissante »). Mais il faut toujours se méfier de l’eau qui dort.

Cécile Dumonceau,

Page 4: Magazine 2C

- SOCIÉTÉ -

LA DROGUE S’INVITE DANS LES RUES

La banlieue proche de Paris est le fief du trafic de stupéfiants. La jeunesse dorée est la nouvelle cible des dealers venus de tous horizons. Cette jeunesse qui a les moyens et qui penche vers la qualité est en quelque sorte le

client parfait et tant souhaité de ces nouveaux acteurs du grand banditisme francilien. A Neuilly-sur-Seine,la thèse est toujours valable.

Arrivés sur l’artère principale de la commune, l’avenue Charles de Gaulle, le calme plat nous

dévore. Les passants nous portent un regard assez suspicieux. Un phénomène tout à fait légitime compte tenu des habitudes locales. Ils se recon-naissent tous entre eux, et le moindre «nouveau» est très rapidement remarqué.

De l’autre côté du trottoir, nous apercevons notre guide du jour, le commissaire Fabrice Jouallou. Cet ex-policier de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) nous invite chez lui pour éviter les regards curieux. Nous quittons donc, la banlieue chic pour rejoindre un quartier parisien réputé pour son grand bandi-tisme, le XVIIIème arrondissement. Sur le chemin, en parcourant Neuilly, rien d’alarmant, sauf que Fabrice nous rattrape pour nous montrer plus de détails. Les planques des trafiquants. Ils s’installent rarement dans cette ville, mais font régulièrement des allers-retours dans les zones résidentielles.

« Les petits trafiquants ne risquent rien »Bien que la ville n’abrite pas les cerveaux du tra-fic de drogue, elle est devenue tout de même un point de départ vers la fortune de quelques hors-la- loi. Faute d’avoir assez de confiance et d’assurance, ces dealers « ne s’installent jamais à Neuilly », dixit Fabrice. « Un trafiquant du XVIIIème préfère rester dans son QG où il a ses repères ». En arrivant en bas de chez lui, l’ex-brigadier, nous montre une boite aux lettres, à première vue banale, mais qui servait à stocker et à distribuer de la cocaïne. Cette drogue est généralement dédiée aux quartiers riches, là où les clients potentiels ont un penchant pour la drogue dure. Pour traquer ce business, la Police Nationale n’a plus vraiment les moyens. Le dispositif à mettre

en place est tellement coûteux, que «  les forces de l’ordre privilégient les gros coups de filet, les petits tra-fiquants ne risquent rien aujourd’hui », poursuit Fabrice.

Il nous explique que « suivre un mec, c’est cinq voi-tures qui se relaient entre elles, des policiers qui ne bougent pas, un sous-marin et des balises de haute technologie ». En se servant un verre, il nous avoue que la méthode de lutte contre les stupéfiants est devenue obsolète. D’autant plus que les intermé-diaires se multiplient. «Aujourd’hui, c’est quasi in-gérable, dès qu’une tête tombe elle est très rapidement remplacée » conclut Fabrice.Le climat qui règne dans la commune est de plus en plus défavorable aux policiers. Les habitants sont exigeants, et de ce fait « f***re le bordel pour inter-peller des malfrats » n’est pas forcement une bonne idée. Devant ce sentiment d’impuissance, la seule solution serait «  la répression militaire ». Rien que ça.

Mohamed Lahiba et Charlotte Attal

«Aujourd’hui, c’est quasi ingérable, dès qu’une tête tombe elle est très

rapidement remplacée »

Page 5: Magazine 2C

Neuilly-sur-Seine, de réputation calme, tran-quille mais surtout riche, attire la convoitise

des malfaiteurs. Si cette commune possède des caméras implantées un peu partout, comment fonctionne la sécurité de la ville ? Neuilly n’est pas autant sécurisée que sa réputa-tion l’affirme. A part les caméras qui sont instal-lées plus pour dissua-der que pour surveiller, il n’y a personne dans les rues. Les soirs et les week-ends c’est sou-vent désert. Il y a des rondes de police mais au bout d’un moment les dealers connaissent les horaires des patrouilles et s’adaptent en consé-quence.

Existe-t-il une forma-tion spécifique de la police quant à la surveillance d’un microcosme tel que Neuilly? Cette ville bénéficie d’effectifs mieux équipés, mais pas forcement mieux formées, au contraire. Les offi-ciers ont la même formation que la police nationale. Ils ont donc des lacunes en matière de tir. On leur demande surtout d’être attentifs à leur apparence mais aussi de respecter certains principes de com-munication. Dans cette banlieue il faut que les po-liciers soient à l’écoute des habitants, mais surtout aimables et présentables à l’image de la commune. En plus d’être une ville riche avec peu de mou-vement, Neuilly apporte un calme et une séréni-té qu’on ne trouve pas ailleurs. Est-ce une cible stratégique de la part des revendeurs de drogue?

Ils choisissent surtout cette banlieue par rapport au taux de bénéfice qu’ils peuvent faire. Un dealer va aller se fournir dans le XVIIIème, payer son gramme de cocaïne 50€, qu’il va ensuite revendre à la clientèle neuilléenne 70 voire 80€ le gramme.

Neuilly est un coin re-lativement tranquille avec des échappatoires rapides notamment le Bois de Boulogne et le périphérique. Le pro-blème, c’est que ces tra-fiquants ne sont que des vendeurs de passage. Ils n’y résident pas mais y font une marge plus in-téressante. Ca devient irréaliste. Ils agissent avec un tel détachement comme si rien ne pou-vait leur arriver. Il existe aujourd’hui une étrange sérénité dans l’illégalité.

Si aujourd’hui, les dealers ont ce statut « d’intou-chables », comment la police peut-elle gérer cette nouvelle vague ? C’est quasiment ingérable. Le fait que les dealers se basent sur des acheteurs riches leur permet d’ac-céder à des zones où ils ne courent aucun risque. Il faudrait arriver à cibler les grosses têtes pour avoir l’intégralité du réseau mais c’est impossible car les leaders ne se déplacent jamais. Ils fournissent les pe-tits dealers, et eux ne risquent rien. Ils connaissent même la quantité précise qu’ils peuvent avoir sur eux pour être à l’abri de toutes procédures judi-ciaires.

- SOCIÉTÉ -

« UNE SÉRÉNITÉ DANS L’ILLÉGALITÉ... »

Après plusieurs années passées au coeur de la Police Nationale, Fabrice Jouallou a décidé d’ôter son uniforme. Aujourd’hui il nous parle du nouveau terrain de chasse de nouveaux,

Neuilly-sur-Seine.

Mohamed Lahiba et Charlotte Attal

5

Page 6: Magazine 2C

UN NOUVEAU BANDITISME AUX PORTES DE PARIS

Les chiffres de délinquance générale en France ont baissé de 0,34% entre 2011 et 2012. Parallèlement, il existe un phénomène que l’Etat n’arrive guère à chiffrer: le grand banditisme. Cette nouvelle forme de

criminalité se répand dans l’Hexagone, et grappille du terrain, pointant même le bout de son nez dans les banlieues riches.

Si sur quatre ans la ville de Neuilly-sur-Seine peut se vanter d’une baisse générale de sa criminalité,

elle n’est plus à l’abri des mafieux qui viennent s’ins-taller en plein milieu de l’élite française. La délin-quance générale a reculé de 18%, selon la préfecture de Police. Ces statistiques montrent également que les cambrio-lages ont perdu plus de 26 points, tan-dis que les vols avec violence en ont perdu 13. Preuve que le nouveau ban-ditisme se mesure à une échelle plus grande.Le problème principal est sans doute lié à la pré-

sence sur place d’une population plus aisée que la moyenne. Le risque d’intervenir sur ce terrain est d’autant plus grand que la tranquillité des lieux risque de s’en retrouver troublée. En 2012, plus de 300 Neuilléens ont signalé leurs absences auprès de la préfecture de police afin que le plan « Tranquillité vacances » soit mis en place. Un concept qui permet aux citoyens de laisser leurs de-meures sans crainte. Les forces de l’ordre effectuent diverses rondes dans le but d’anticiper d’éventuels

cambriolages. Dans une ville réputée pour son côté chic, cette opération est d’autant plus légitime. Une police dépassée

Pour lutter contre l’implantation de cités dans la commune, les habitants préfèrent avoir plus de charges. En 2010, Neuilly était en effet la ville où l’on payait le plus d’impôts sur la for-tune (plus de 23 000 euros en 2010).

Pourtant, la sécurité laisse à désirer. La confirma-tion nous vient de Fabrice Jouallou, ex-policier de la BAC (Brigade Anti-Criminalité), qui nous avoue que « ces caméras sont surtout là pour décorer ». Si les signalements d’absences sont efficaces en matière de sécurité, la Police des « beaux quartiers » n’est pas forcement adaptée au grand banditisme. Les offi-ciers sont souvent bien moins armés que les délin-quants locaux. Cette nouvelle génération de mal-frats s’octroie aujourd’hui de moyens draconiens. « Des mecs qui ont cent AK 47 dans leurs salons ne peuvent pas être interpellés par des gendarmes armés seulement de petits 9mm », nous explique notre té-moin. Le statut social de ces favorisés représente la difficulté majeure des forces de l’ordre. « Ces rési-dents sont des gens très riches mais surtout des fils de diplomates qui se sentent intouchables  », conclut-il, affligé. Aujourd’hui il s’agit «  du nouveau jeu des riches  » Neuilléens. Les gangs se dirigent désormais comme des entreprises. Comme le trafic de stupéfiants, la lutte contre le grand banditisme dans cette ville s’annonce acharnée.

- SOCIÉTÉ -

« Ces caméras sont surtout là pour décorer...»

Mohamed Lahiba et Charlotte Attal

Page 7: Magazine 2C

DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR « Aujourd’hui, j’ai appris à oublier »Neuilly, cette banlieue chic n’est plus le paradis d’antan. Preuve de la métamorphose de la ville, les habitants

ne sont plus en sécurité, du moins, pas tous les jours. Alexia Dod, 20 ans en a fait les frais.

- SOCIÉTÉ -

Timide mais souriante, Alexia nous attend au Café de la Jatte, à deux pas de chez elle. Un

verre et des cigarettes sur la table, l’étudiante est bien décidée à combattre les idées reçues de Neuil-ly-sur-Seine. Si aujourd’hui, elle affirme se sentir « en sécurité » dans sa ville, le chemin a souvent été tortueux. Et pour cause, il y a moins d’un an, cette brune aux yeux clairs s’est faite agressée en bas de chez elle, en pleine jour-née. Une sécu-rité de façade quas i -perma-nente domine la ville. Pourtant, les agressions existent et le calme des rues est relatif. Pas de chance pour Alexia, c’est justement cette tranquillité et cette sécurité accrue qui lui «a coûté» une agression. Des rues désertes, où per-sonne ne circule attisent la convoitise de criminels potentiels.

Notre jeune neuilléenne confirme cette réalité: «Per-sonne dans les rues, tout le monde dort le dimanche matin. J’avance vers chez moi et je vois ce type. Il s’ap-proche de moi et se met à me toucher les pieds. Je com-mence à m’énerver, mais il ne veut pas me lâcher, je me met à pleurer et à hurler ». Après avoir allumé une cigarette, Alexia nous dé-voile les détails de son agression. Arrivée devant sa

porte, ce fétichiste des pieds ne s’est guère soucié des caméras de surveillance postées partout dans la ville. « J’étais vraiment terrorisée, j’avais peur qu’il rentre avec moi dans mon immeuble mais j’étais inca-pable de faire le code tellement je tremblais ». Si cette situation peut paraître anodine, les habi-tants de la ville mettent pourtant les moyens pour éviter ce genre de situation.

Fixant la table, elle se rappelle son sentiment d’impuissance  : «  Je m’imagine tout et n’importe quoi à ce mo-ment là, j’ai beau crier, personne ne m’entend», poursuit-elle le regard vide. Alexia se plonge dans un sou-venir doulou-reux. Emploie curieusement le présent  : «  J’ai l’impression de le

revivre en vous le racontant ». La voix tremblante, elle raconte  : «  Il s’est mis à genoux et a commencé à me tripoter les pieds et là par miracle, une femme est sortie de mon immeuble ». La victime a mis du temps avant de ne plus avoir peur : «  J’ai eu du mal à me dire que je n’avais plus rien à craindre, je demandais à mon père de m’attendre à chaque fois que je rentrais chez moi. Mais aujourd’hui, j’ai appris à oublier ».

Mohamed Lahiba et Charlotte Attal

7

Page 8: Magazine 2C

LA FACE RETOUCHÉE DE NEUILLYArgent, beauté, milieu aisé, à Neuilly, l’esthétisme est très important. En apparence...

- SOCIÉTÉ -

Le refus de vieillir, le désir de plaire, la recherche de travail ou l’envie d’être célébre, les raisons

sont multiples pour avoir recours à la chirurgie esthétique. Pourtant, tout le monde ne peut pas se per-mettre ce genre d’opération très peu pris en charge par les assurances. Les complexes peuvent prendre une grande place dans notre vie, mais ce n’est pas considéré comme une maladie.

Pour les mieux lotis, la barrière financière ne re-présente pas un problème. D’ailleurs, Neuilly est connue pour ses folies financières : coupes de cham-pagne, vêtements chics et… soirées botox ! La ville du 92 accueille tout de même près de 20% des riches en France, d’après une enquête de l’hebdomadaire

Le Point. Cependant, d’après le chirurgien Richard Aziza, le fait de vouloir recourir à une chirurgie

esthétique provient d’une réelle motivation. « Il n’y a pas forcément de clients riches ou pauvres. Ce sont des gens qui ont des handicaps et des complexes. On ne va pas se faire une anesthésie générale pour le plaisir». Néanmoins, le chirurgien le rap-pelle, l’opération reste « bien évi-demment un investissement consé-

quent». Lorsqu’on parle de chirurgie esthétique, on s’attaque à des milliers d’euros. En moyenne, pour se faire refaire la poitrine, il faut compter 5 000€. Se faire gonfler les lèvres, avoir de nouvelles fesses ou s’implanter des cheveux pour cacher une cal-vitie, ces pratiques sont désormais démocratisées,

« On ne va pas se faire une anesthésie générale pour

le plaisir»

Page 9: Magazine 2C

« je vais souvent dans les soirées mandaines»

- SOCIÉTÉ -

voire banalisées. La chirurgie esthétique est présen-tée comme une opération accessible au plus grand nombre. Près de 200 000 personnes en France ont recours chaque année à une intervention de ce type.

Une opération de bien-êtreLe luxe est la culture des quartiers aisés : « voila pourquoi il y a énormément de chirurgiens dans le XVIe ou à Neuilly ». Le médecin nous précise aussi, sans grand étonnement, que les chirurgies les plus pratiquées sont les lipossucions, les liftings, mais aussi les prothèses mammaires.

D’ailleurs, pour cette dernière opération, la nouvelle génération de Neuilly est principalement concer-née. Jordane, 21 ans et Eva, 25 ans, qui souhaitent conserver l’anonymat, sont deux étudiantes neuil-léennes. Elles ont déjà eu recours à une augmenta-tion mammaire. Pour Eva, une jolie brune très lon-giligne, et au décolleté plongeant, l’argent n’est pas un facteur qui rentre en compte dans cette décision. Pas besoin pour autant de venir de Neuilly pour se l’offrir : « Dans mon entourage, je vois sans arrêt des filles avec une nouvelle poitrine ou un nouveau nez. Elles sont issues de différentes classes mais elles trouvent l’argent, juste pour plaire et se sentir bien».

Les motivations de Jordane, quant à elles, étaient assez simples : «  je faisais un petit 75A…»Du coté de la troisième génération, les attentes ne sont pas les mêmes. Zaieb habite à Neuilly depuis son plus jeune âge. Pour cette sexagénaire, le niveau de vie agit forcément sur le fait de vouloir pratiquer ce type d’opération. « Certaines personnes, pourtant

bien dans leur peau, n’hésitent pas à enlever une petite ride en trop. Mes amies font du botox tous les mois pour paraître plus jeunes, mais elles assument entière-ment cette superficialité». Zaieb n’a peut-être jamais touché aux produits rajeunissants, mais 15 ans au-paravant, elle n’a pas hésité à refaire sa poitrine. Elle a d’ailleurs pris un rendez-vous pour se refaire une beauté, «  à l’approche des vacances ». Mariée à un riche entrepreneur, elle n’éprouve aucune gêne à parler de son monde : «  je vais souvent dans des soirées mondaines à Neuilly et dans le XVIe , et j’y croise régulièrement des femmes liftées qui en parlent ouvertement ». Désormais, pour devenir belle, il ne faut plus souffrir ; il faut payer.

Newin Bokhari

9

Page 10: Magazine 2C

MOI, NEUILLÉEN, QUAND JE SERAI GRAND ...Si Neuilly-sur-Seine porte l’étiquette d’une ville bourgeoise, c’est aussi une ville qui compte des instituts scolaires de bonne réputation. Ainsi, les élèves neuilléens sont souvent vus comme étant des privilégiés. Qu’en est-il réelle-ment ? Les étudiants neuilléens eux-mêmes vous en parlent.

« J’étais destiné aux longues études » Ségolène, Neuillénne de 23 ans.

- SOCIÉTÉ -

Des envies d’enfants, comme partoutPetit, à l’étape de l’école primaire, les enfants ne pensent pas au monde professionnel. Non. Les en-fants rêvent de faire de leur passion, un métier, ou du moins de ce qu’ils pensent en être un. Loin du bac et des rendez vous avec la conseillère d’orientation, encore plus loin des salaires et des congés payés, ces écoliers ne souhaitent qu’une chose : vivre leur rêve. L’insouciance infantile leur permet d’imaginer leur avenir comme ils le veulent : « En primaire, je me disais : plus tard, quand je serai grand, je veux faire du foot» assure Arthur-Louis aujourd’hui âgé de 20 ans, et ancien de l’école élémentaire Poissonniers. Diane, elle, préférait l’architecture car « j’adorai dessiner » alors que Julie a plutôt eu « envie d’être astronaute ». Même s’ils sont issus d’écoles et de familles neuil-léennes, leurs envies ne semblent pas pour autant se démarquer d’autres jeunes écoliers. Si à la rigueur ils se démarquent par le quartier dans lequel est située leur école, la taille de leur chambre, ou la marque de leur manteau, le très jeune âge permet aux bambins neuilléens d’avoir des rêves plein la tête … comme les autres.

Des parents qui ne demandent que l’excellenceMais l’enfance, et l’insouciance qui va avec, ne dure qu’un temps. Il faut grandir, évoluer, quitter l’école primaire pour rallier le collège et son adolescence. « Le lycée c’est demain ». Une phrase qui raisonne dans tous les établissements français, répétée par des professeurs soucieux de rappeler à leurs élèves qu’il faut penser à l’avenir. Et ce futur, il passe par l’orien-tation. Et justement, si jusqu’ici dans la globalité de ses envies l’élève de Neuilly-sur-Seine ne présentait pas de grandes différences avec les autres enfants de son âge, il en devient autrement lorsque ses parents interviennent dans le cursus de leur progéniture.

Neuilly sur Seine est réputé pour son coté bourgeois. Un centre où sont principalement réunis les familles de cadres supérieurs et indépendants aux parcours scolaires longs et remarquables. « Plus jeunes, mes parents ont, tous les deux, réalisé une classe prépara-toire puis une école de commerce. J’étais prédestinée à faire de longues études » admet Segolène, actuel-lement en deuxième année d’école de commerce à l’EM Strasbourg, et passée par le lycée Sainte-Croix. Louis Arthur, en deuxième année à l’IESEG ra-joute que « mes parents voulaient me laisser faire ce que je voulais, mais il fallait que j’aille loin. » Par-fois c’est la voie de leurs parents qu’ils souhaitent suivre, en étant aussi influencés par leurs amis, comme Diane, lycéenne à Neuilly « Mes parents et mes sœurs sont avocats et beaucoup de mes amies sont rentrées en droit donc j’ai pu me renseigner parfaite-ment. Si j’ai mon bac cette année, j’irai en droit. »

Une ambiance particulièreÀ Neuilly-sur-Seine, il y a forcement une identité bourgeoise mais que Benjamin considère « triste

et malsaine ». Les gens sont trop riches se cachant derrière des doudounes à 600euros. Il est très rare que les gens soient appréciés à leur juste valeur. » Lycéen de Neuilly-sur-Seine, il considère que l’ad-ministration et les professeurs eux-mêmes veulent les faire rentrer dans un moule en poussant « des jeunes riches, qui ne connaissent pas tout de la vie et qui vivent dans une bulle » , comme les qualifie Julie, élève de Terminale à Notre-Dame de Sainte Croix, vers des études longues et prestigieuse. « Ils poussent ainsi les élèves à viser ce qui est bien vu plutôt que ce qui leur plait » souligne Benjamin.

Page 11: Magazine 2C

MOI, NEUILLÉEN, QUAND JE SERAI GRAND ...

Classement des lycées Neuilléens en 2012 :

Lycée Sainte-Marie de Neuilly : Hauts-de-Seine : 2ème lycée (sur 51)Île-de-France : 22ème lycée (sur 463)France : 32ème lycée (sur 2309)

Lycée Notre-Dame de Sainte-CroixHauts-de-Seine : 7ème lycée (sur 51)Île-de-France : 49ème lycée (sur 463)France : 94ème lycée (sur 2309)

Lycée Louis PasteurHauts-de-Seine : 13ème lycée (sur 51)Île-de-France : 95ème lycée (sur 463)France : 236ème lycée (sur 2309)

Lycée La Folie Saint-JamesHauts-de-Seine : 42ème lycée (sur 51)Île-de-France : 306ème lycée (sur 463)France : 1743ème lycée (sur 2309)

Selon les critères suivant : Effectif, Taux de réussite au bac, Taux attendu académie, Valeur Ajoutée du lycée, Taux d’accès de la seconde au Bac, Taux d’accès attendu Académie, La proportion de bacheliers par-mi les terminales.

« Une ambiance triste et malsaine.»Benjamin, en Terminale à Neuilly sur Seine

- SOCIÉTÉ -

La preuve en est, à Neuilly-sur-Seine, s’il existe bien le Lycée professionnel Vassily Kandinsky, la majeure partie de ses étudiants ne sont pas originaires de la ville. Diane insistant même sur le fait que « ce lycée est un peu à part » et poursuivant en disant qu’à Neuilly-sur-Seine des étiquettes sont placées sur les lycées. « À Louis Pasteur ou Saint James, il y a plus de «fraisheur» (NDLR, « fraisheur » = « cool-atti-tud »), et dans les lycées comme Saint-Croix ou Sainte Marie, il y a plus de «catho coincés». Voilà les stéréo-types pouvant être faits à l’égard de ces lycées. Des images qui placent les élèves dans certaines cases, et qui laissent planer une ambiance singulière.

Ce qu’il en est concrètement pour les conseillères d’orientation« À Neuilly Sur Seine, les enfants sont globalement favorisés, on ne peut pas le nier » nous confie Ka-rine*, longtemps conseillère d’orientation au sein des établissements neuilléens. « De par le parcours de leur parents ils possèdent davantage d’informa-tions sur les différentes opportunités qui s’offrent à eux. Ils nous consultent simplement pour avoir une confirmation sur une idée ». Il y a aussi le facteur économique. Souvent issus de familles dont les parents perçoivent un haut revenu, ils peuvent

plus facilement prétendre aux écoles de com-merce, ainsi qu’aux classes préparatoires privées, réputées pour leurs frais scolaires exorbitant. Mais cela ne suffit pas forcément, car il existe des exceptions. « Être issus d’un milieu privilégié ne fait pas tout. L’affectif et l’équilibre familial jouent beau-coup dans la scolarité d’un élève » poursuit Karine, aujourd’hui membre du CIO de Puteaux . «Il peut arriver que les parents, pour des raisons profession-nelles, ne puissent pas accorder une grande importance au suivi scolaire de leurs enfants. Et là, il peut y avoir un manque de rigueur de l’élève pour ses études. Consé-quences : de mauvais résultats et un mauvais dossier qui peuvent compromettre ses ambitions professionnelles ». De plus, Karine rappelle que tous les élèves scolarisés à Neuilly ne sont pas issus d’un milieu social favorisé.Mais pour la conseillère d’orientation la scolari-sation et les programmes restent les mêmes. Ain-si, il n’y a pas de secret, le travail et l’implication font la différence. Comme l’avait résumé l’acteur James Dean « Puisqu’on ne peut changer la direc-tion du vent, il faut apprendre à orienter les voiles ».

*Le prénom a été changé.

Lucas Carbone

11

Page 12: Magazine 2C

SURTOUT UNE DIGNITÉ FIXE

Kader a vu disparaitre un à un les «  anciens » SDF de Neuilly-sur-Seine. Il tente avec fierté de surmonter la galère.

«Il m’arrive d’aider une dame à décharger les

courses...»

- SOCIÉTÉ -

A l’heure du déjeuner, la foule se presse au Mono-prix de Neuilly-sur-Seine. Des grands patrons,

des employés de banques, des personnes âgées ou encore des femmes au foyer. Devant la porte, une silhouette longiligne, légèrement courbée, la barbe grisonnante, se feint une place. Des journaux empi-lés furtivement, un sac à dos de fortune, Kader a déjà bien entamé sa journée de boulot. Refusant qu’on le qualifie de personne en difficulté, il ne veut pas non plus être associé aux sans domicile fixe de Neuilly. Kader, aussi atypique qu’il soit, est ce qu’on appelle un vendeur de journaux de rue. Son métier ? «  Aider les autres » répond-il. Ici, dans la rue des Huissiers, tout le monde le connait. Pas un seul habitant ne passe sans lui dire bonjour. Il est un peu comme la mascotte du quartier. Cela fait seize ans qu’il tient cette place. Au départ, c’est un ami qui lui a cédé l’emplacement, lui disant qu’il y avait beaucoup d’argent à se faire à Neuilly, réputa-tion oblige. Kader, lui était du côté du trottoir «  Le Nôtre » en face du Monoprix. Du commerçant de rue au patron de brasserie, aucun n’ignore la pré-sence de ce débrouillard. «  Il m’arrive d’aider une dame à décharger les courses, de surveiller les voitures lorsque les contractuelles sont de passage » . Alors les gens me rendent ma gentillesse par des pièces, par-fois des billets. Avec ce travail préfabriqué, il réussit à gagner sa vie et même se payer un loyer. Car la vie n’a pas toujours été tendre avec lui. D’origine maro-caine, il arrive en France sans papier, passe par tous

les pièges de la misère sociale ; travail au noir, mau-vaises fréquentations. Kader connait la case prison lorsque lors d’une perquisition à son domicile, les policiers trouvent du cannabis. Malgré tout Kader a une formation de cuisinier, et a déjà travaillé dans la restauration. Mais là encore, des patrons peu

scrupuleux ont abusé de sa situation de sans papier.Kader ne cache pas son attirance pour Neuilly-sur-Seine. « C’est une banlieue chic » , la population est aisée et géné-

reuse si tu es attentionné envers elle. C’est une at-mosphère spéciale cette rue des huissiers, mais qu’il ne quitterait pas si facilement. L’ex-épouse de Ni-colas Sarkozy, à l’époque où il était maire, aurait notamment aidé Kader à ne pas être délogé de son emplacement si précieux.

Albane Rajaonson

Page 13: Magazine 2C

UN PEU GAUCHEPassionné par les grands voyages aux quatre coins du monde, l’aventu-reux Benoît Viénot a choisi il y a quelques années de prendre le large,

direction la vie politique.

- POLITIQUE -

Neuilléen de soixante printemps et sympathi-sant du Parti Socialiste depuis toujours, cet

ancien cadre d’une banque d’investissement a passé le cap en devenant militant actif en 2007. L’élément déclencheur  ? «  Il était important pour moi d’agir afin d’éviter à la France de voir Nicolas Sarkozy deve-nir Président de la République » . Benoît Viénot et ses camarades de colo ne devaient cependant pas avoir le vent en poupe parce que manque de chance, on connaît tous le terminus que le train électoral avait finalement emprunté.

Malgré cette première expérience, le sexagénaire n’abandonne pas la barque et se concentre sur les campagnes électorales locales et régionales. Cinq ans plus tard, les élections présidentielles se représentent et, paré d’un nouveau capitaine qui répond au nom de Hollande, le navire du Parti So-cialiste tente une nouvelle fois d’arriver à bon port. Et pour varier du grand large et arriver au sommet, bâtons de marche aux mains et chaussures tout ter-rain aux pieds, Benoît Viénot et ses douze collabo-rateurs les plus actifs s’investissent dans le porte à porte pour convaincre les éternels indécis de dépo-ser dans l’urne le bulletin sacré. Vendée Globe politique puisque le Parti Socialiste

arrive en tête et réussit à s’imposer face à la droite qui avait monopolisé la scène politique ces dernières années. Petit playmobil et gros nounours sont sur le même bateau, petit playmobil tombe à l’eau… Mais malgré cette victoire, le bureau du Parti Socialiste dans lequel évolue le militant ne prend

pas pour devise « la vie est un long fleuve tranquille » car il rame à contre courant. Et pour cause puisqu’il est situé à Neuilly-sur-Seine, ancien fief de Nicolas Sarkozy et ville de droite. «  La particularité de Neuilly est surtout que cela a été le repaire de Nicolas Sarkozy et que les journalistes suivent cela de près et avec curiosité » ajoute t-il. Mais même si le militant assure que les actions mises en place portent leurs fruits, il ne succombe cependant pas comme Ulysse au chant des sirènes et reste lu-cide : « Effectivement à Neuilly, il n’y a pas de possibi-lités réelles de gagner les élections locales ».Alors tout l’enjeu reste pour le parti de rallier de nouveaux matelots à l’aventure de la gauche. D’ici là et avec les évènements de ces dernières semaines, il semblerait pourtant qu’on ait troqué le passion-nant Vendée Globe pour la très controversée Croi-sière s’amuse.

Mélodie Szczerba

13

Page 14: Magazine 2C

LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANTMaire de Neuilly sur Seine pendant 19 ans, Nicolas Sarkozy a laissé son empreinte dans cette commune des Hauts de Seine. Depuis 2008, c’est Jean-Christophe Fromantin qui a pris le relais. Sécurité, culture, dans

quels domaines le nouveau maire s’est t-il illustré ?

«Une politique de proximité».C’est le maître mot du nouveau maire Jean-Christophe

Fromantin. Mercredi matin, Place du marché, les habitants sont unanimes, le maire est très présent pour la ville: “Il est différent de Sarkozy, ce qu’il dit, il le fait! Cela faisait 16 ans que j’étais en guerre avec les vendeurs qui m’empêchaient de travailler.Lorsque j’en ai parlé avec Mr Fromantin, il a rapidement pris

les choses en main, je suis ravie!” confesse Latifa, res-ponsable d’un kiosque de Neuilly sur Seine. Un vé-ritable changement pour les Neuilléens!

Et pour cause, depuis quelques années beaucoup de bouleversements ont eu lieu dans cette ville de 61 754 habitants. Pour commencer, la population : les Neuilléens sont plus jeunes qu’il y a vingt ans. Fromantin a alors agi pour moderniser sa ville, avec

notamment la mise en place des vélibs et surtout la création du Neuilly Campus, espace dédié aux jeunes de seize à vingt-cinq ans. Ce lieu de travail

permet aux étudiants de rencontrer des profession-nels pour être aidés et conseillés. “Pour le maire, l’avenir des jeunes est un sujet central, il souhaite que la ville se développe et continue de s’améliorer” atteste une salariée de la mairie. Mais dans l’une des villes les plus riches de France, la sécurité est mise à rude épreuve. Les délits ne cessent d’augmenter, allant du vol à l’arraché jusqu’aux cambriolages. Le maire actuel a donc décidé d’ins-taurer à Neuilly sur Seine la vidéosurveillance.

«Heureusement qu’il a pris cette décision  ! Depuis sa mise en place, nous retrouvons plus facilement les dé-linquants» explique un policier. “La comparaison entre le travail de Nicolas Sarkozy

- POLITIQUE -

Page 15: Magazine 2C

à la mairie et de Jean-Christophe Fromantin est vite faite! Je préfère Fromantin. Grâce à lui la ville est nettement plus moderne. Après en tant que président c’est différent…” affirme Françoise, habitante depuis trente ans à Neuilly sur Seine. Un sans faute pour le nouveau maire qui a réussi à convaincre ses ha-bitants.

Virginie Huleux

Un triste anniversaire

Vingt ans! C’est le nombre d’années depuis la célèbre prise d’otage de l’école ma-ternelle du Commandant Charcot causée par Human Bomb ( Erick Schmitt). Une

vingtaine d’enfant avait été enfermée pendant deux jours dans leur classe par un in-formaticien au chômage, le matin du 13 mai 1993. Ses revendications? Cent millions de Francs et une voiture pour s’échapper. Après quarante-six heures de négociations,

le Raid avait fait irruption dans la classe et abattu Erick Schmitt. A cette époque, Nicolas Sarkozy maire de Neuilly sur Seine avait réussi à négocier la libération de quelques enfants. Le 13 mai prochain, aucune commémoration n’aura lieu, les fa-

milles ne souhaitent qu’une chose : oublier.

JEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN, UN PARCOURS SANS FAUTE

Député des Hauts de Seine depuis le 17 juin 2012 et conseiller général du même département pen-dant un an, Jean-Christophe Fromantin est surtout un homme déterminé. Lors des élections législatives françaises de 2008, il arrive en deuxième position avec 14,74 %. Ce qui l’encourage donc à se présenter aux muni-cipales de Neuilly face un candidat de taille, David Martinon candidat UMP mais surtout soutenu par l’ancien maire de la ville : Nicolas Sarkozy. Ce qui aurait pû arrêter Jean-Christophe Fromatin, mais en grand homme dynamique et ambitieux, il persévère. David Martinon retira finalement sa can-didature le 12 février 2008 et les instances politiques de l’UMP décident alors de soutenir le candidat de l’UDI, Jean-Christophe Fromantin. Le maire ac-tuel est alors élu avec 61,67 % des voix, le 23 mars de la même année. Mais le maire de Neuilly sur Seine a une autre pas-sion que la politique : le sport. En 1980, il l’em-porte le tour de France. Le marathon de Paris, les 100 km de Millau et la Transbaie n’ont plus aucun

secret pour lui. Auteur de « Mon village dans un monde global », il montre dans son premier livre sa volonté de changer la politique et surtout de la re-nouveler. « La politique n’est pas un métier comme un autre. C’est un engagement qui demande énormément de liberté, de discernement et d’objectivité », explique t-il. Un vrai message pour les jeunes! « Dans ce livre, je veux rassurer les jeunes qui sont effrayés dans ce pays en pleine crise ». Un pari réussi selon les habitants.

Virginie Huleux

- POLITIQUE -

15

Page 16: Magazine 2C

MOPEASY VS AUTOLIBQuand Neuilly arbitre l’auto-partage

Depuis maintenant deux ans, deux plateformes d’auto-partage se côtoient à Neuilly-sur-Seine. Guerre po-litique ou véritable conscience écologique, les voitures électriques deviennent sujettes à la compétition entre

gauche et droite.

- POLITIQUE -

L’auto-partage est LA solution économique et écologique pour se déplacer en ville. Rapide,

pratique, elle est de plus en plus appréciée par les automobilistes urbains. La ville de Neuilly-sur- Seine ne fait pas exception. Il n’y a pas une, mais deux options. D’un côté MOPEASY, réalisé avec l’aide d’entreprises privées comme, Sodetrel, filiale du groupe EDF et Peugeot qui a fourni les véhicules électriques. De l’autre côté AUTOLIB, plateforme lancée par le maire de Paris, Bertrand Delanoë en relation avec le groupe familial Bolloré. Alors véri-table guerre politique ou simple engouement éco-logique ?Créé pour les entreprises et les PME de Neuilly-sur-Seine, la plateforme MOPEASY se veut dynamique et efficace comme les institutions présentes dans la ville. Implantée le 14 décembre 2011, et inaugurée par Jean-Christophe Fromantin, maire de l’agglo-mération neuilléenne. Une solution de proximité prônée par le conseiller général des Hauts-de-Seine. Les modules de voitures électriques se sont déve-loppés avant la mise en place du système AUTO-LIB, en 2012. La provocation politique n’est jamais très loin. Une idée de gauche qui séduit une ville de droite, cela ne court pas les rues. Pourtant à la mai-rie de Neuilly on balaye du revers de la main cette hypothèse : « Les objectifs sont différents. Les réduc-tions de gaz à effet de serre méritent que l’on explore les deux idées ».

Nous sommes de fausses jumellesLes deux solutions ont toutes les deux leurs parti-cularités. MOPEASY étant basé à Neuilly, elle se concentre sur l’activité neuilléenne et son centre des affaires. L’utilisateur ne peut effectuer que 12 kilomètres avec son véhicule et doit le ramener à la borne de départ. Bruno Filnois, le directeur et le fondateur de MOPEASY appuie sur le fait que cette solution est « ultra-locale ». Quant à AUTOLIB, il peut servir de moyen de locomotion longue durée et long trajet, un moyen alternatif pour citoyens

écolos. Du côté des utilisateurs, le temps est au beau fixe. « Utiliser ces voitures, c’est un moyen rapide de se dé-placer dans le centre ville et on protège la planète. Quand il pleut, le vélo ce n’est plus aussi pratique. »

… Nées sous le signe de l’écologieMOPEASY et AUTOLIB, deux plateformes d’au-to-partage axées sur l’écologie.  Idée de gauche dans une ville de droite, la voiture électrique libre comme l’air ne choisit pas son camp politique.

L’auto-partage à Neuilly-sur-Seine- MOPEASY, propose un abonnement de 29,90 € par mois (de 5 à 7 € par heure sup-plémentaire). L’ensemble se fait sur internet ou via Smartphone.- AUTOLIB, propose plusieurs abonnements identiques pour toutes les villes où le système est implanté. Ils vont de 10 à 165 € en fonc-tion de la durée choisie.

Camille Ythier

Page 17: Magazine 2C

DE LA TRADITION PUR JUSL’association la Maison de la Famille créée en 1933

vise à défendre les intérêts matériels et moraux des familles de la ville mais également mettre à disposition les services nécessaires à leur épanouissement. La prési-dente, Patricia de Lastelle, Neuilléenne de conviction, trop occupée à l’organisation de la braderie, elle n’a pas pris le temps de nous reçevoir.La Maison de la Famille dispose d’une garderie, une bra-derie ( qui perçoit 15% du prix de ce qu’une personne va vendre ), organise des ateliers (yoga, informatique, cuisine..) ou encore des visites culturelles.Elle accueille toutes les familles de Neuilly sans distinc-

tion de religion, d’opinion politique ou de nombre d’en-fants et leur met à disposition une conseillère conjugale et familiale agréée.

Une association également engagée politiquement puisqu’elle récoltait des dons, afin de faire venir des fa-milles non parisiennes à la manifestation du 24 mars contre le mariage pour tous et affiche clairement sur son site ses positions «Un papa + une maman = c’est mieux pour un enfant», pas étonnant à Neuilly.

Anais Meslem

UNIS POUR LA PAIXNeuilly a reçu la visite de son excellence Yossi Gal,

ambassadeur d’Israël à Paris, le 20 mars dernier au Cercle International de Neuilly afin d’expliquer la situation géopolitique au Proche-Orient.

Ce diplomate de 63 ans a été l’invité de la conférence débat qui a eu lieu à l’Hôtel de ville de Neuilly. Une visite qui semble très appréciée par le député-maire de la ville Jean-Christophe Fromantin qui est également le vice-président du groupe parlementaire d’amitié France-Israël. 

Une conférence peu médiatisée sauf dans la sphère juive, où sa visite n’est pas passé inaperçue avec des ar-ticles publiés sur le site du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) et du consistoire israé-lite de Paris (institution fondée sous Napoléon chargée d’organiser le culte hébraïque).

D’autant plus que la ville est « historiquement amie » avec Israël d’après le maire de Neuilly et possède une communauté juive importante et engagée.

Lors de cet évènement, l’ambassadeur Yossi Gal a évo-qué le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens « La question centrale aujourd’hui n’est pas celle d’un Etat palestinien (…)Mais le chemin pour y parvenir. Nous sommes en faveur d’un Etat palestinien - deux Etats pour deux peuples - et nous pensons, comme la France, que la seule voie pour y arriver c’est celle des négociationsdirectes ».

Un joli symbole de paix pour la ville qui ne fait que renforcer les liens entre Neuilly et Israël.

Anais Meslem

- POLITIQUE -

17

Page 18: Magazine 2C

ON NE VA PAS VOUS FAIRE MARCHER !Depuis le XIXème siècle, le marché de Neuilly accueille 130 commerçants le mercredi, le vendredi et le

dimanche. Un lieu d’échanges, de rencontres et de commerce autrement dit un endroit incontournable de cette banlieue cossue des Hauts-de-Seine.

Place du marché, il y a comme un air de vacances et un délicieux mélange de saveurs et de culture.

Comme une escapade, le temps d’arpenter les al-lées partagées entre les commerçants alimentaires et les autres (vêtements, bijoux, ustensiles en tout genre). On compte 53 abonnés alimentaires,  qui disposent d’un contrat à la séance ; ils payent leur emplacement toutes les quinzaines du mois, ce sont les réguliers. Les autres, les « volants » ou «  inter-mittents  », viennent au jour le jour et proposent des produits divers et variés. D’après Gisèle, une Neuilléenne, le marché est qualifié le temps d’une matinée de « petit village ».

Un marché organisé Pour veiller au bon déroulement de ce marché prin-cipal, Monsieur Thibault s’est fait confier le rôle d’appariteur, régisseur et placier. C’est le représen-tant civique et quotidien qui est sur place afin de faire respecter le règlement municipal. Il fait appli-quer la législation et les arrêtés du Maire en termes d’obligations, d’hygiène et de respect des emplace-ments. Malgré ce que l’on peut penser, avoir une place sur le marché de Neuilly est tout à fait abor-dable. La facturation se fait au mètre linéaire de l’al-lée, compter entre 3,5 et 4 euros du mètre ; ce prix comprend l’énlèvement et le traitement des déchersl’enlèvement et le traitement des déchets, ainsi que l’électricité.

Un marché : 2 clientèlesSelon les commerçants, il n’y a pas d’âge moyen

(non ce ne sont pas que les retraités qui font leurs courses au marché !). La semaine, il y a essentielle-ment des bureaucrates et les réguliers du quartier, quant aux week-ends, le marché expose un visage plus familial. Toutes ces personnes viennent cepen-dant chercher un même service. D’après Georges qui tient un stand de chaussures, «  il faut stopper les préjugés : certes les Neuilléens ont du fric mais un marché reste tout de même accessible à beaucoup  ». Cependant, certains avouent que le panier moyen d’un résident de Neuilly est plus élevé quant aux autres villes (entre 25 et 40 euros, plus ou moins selon les achats évidemment). Leur pouvoir d’achat est plus important, ils viennent chercher des pro-duits couteux mais de qualité, « la clientèle est fidèle puisque le service est à la hauteur de leur exigence, cela reste une clientèle aisée et agréable » explique Nadine, marchande de fleurs.

Un marché qui coûte de l’argentLa ville de Neuilly ne se « fait pas d’argent » grâce à l’activité du marché d’après Monsieur Thibault, au contraire. Dans la plupart des communes cela engendre des frais importants dû aux installations notamment. Celles-ci sont louées par un conces-sionnaire qui détient un contrat particulier. A cela s’ajoute le nettoyage, l’enlèvement et le traitement des ordures, l’entretien du marché, le circuit élec-trique… D’autant plus le prix des emplacements est loin d’être exorbitants ce qui ne permet en aucun cas de dégager un profit pour la ville de Neuilly-sur-Seine.

- ÉCONOMIE-

Page 19: Magazine 2C

ON NE VA PAS VOUS FAIRE MARCHER !Un marché qui booste l’économie des petits com-mercesA raison de 156 marchés en moyenne par an, l’acti-vité économique qui se dégage de ceux-ci contribue au bon fonctionnement des commerçants alentours. Indirectement, jour de marché rime avec augmenta-tion de la consommation. Les commerces de proxi-

mité profitent du marché pour attirer d’autant plus de clients. Et cela ne concerne pas uniquement les commerçants mais aussi les brasseries. Un exemple typique : après un tour de marché (essentiellement le dimanche), nombreux sont ceux qui se rendent à la célèbre brasserie Durand Dupont ou au tabacdes Sablons.

On note 20% de recette supplémentaire acquise parles commerces et restaurants un jour de marché.

Le marché annexeOuvert du lundi au samedi, le Carreau de Neuilly est un marché couvert de 70 commerces alimen-taires et produits divers (vêtements, papeterie…). Privé et indépendant, il est géré par les GIE (grou-pement d’intérêt économique) ou par les commer-çants. Les locaux appartiennent à la ville mais les commerçants sont propriétaires de leurs stands. C’est une façon différente de concevoir le marché (cela fait plus supermarché), la clientèle est assez âgée (entre 50 et 65 ans), fidèle et aisée. La crise ne semble pas avoir touchée ces allées du marché. Alors que l’on imagine les français chercher des produits à moindre coûts, les neuilléens semblent, quant à eux, privilégier la qualité des produits en venant ici. Sans se soucier du prix du produit, relativement plus élevé qu’ailleurs.

Marché conclu !Les beaux jours arrivent. Pour ceux qui ne connaissent pas, un petit détour par le marché de Neuilly est indispensable. Fini les préjugés, il n’y a pas que les bourgeois et les quinquas qui l’arpentent. La clientèle est diversifiée, l’ambiance décontractée et plaisante  ; une vision et une manière d’aborder différemment cette ville chic du 92.

- ÉCONOMIE-

Carlotta Sacchettini

19

Page 20: Magazine 2C

Loin des classiques tours insalubres des HLM, les logements sociaux de Neuilly-sur-Seine sont intégrés au paysage. Ainsi, la ville a conservé son cadre paisiblement privilégié, mais les opposants de leur côté dénoncent des efforts

insuffisants.

GHETTO DORÉ- ÉCONOMIE-

La loi SRU, Solidarité et renouvellement urbains, impose aux communes de plus de 3 500 habi-

tants, - 1 500 en Île-de-France -, de « disposer d’au moins 20 % de logements locatifs sociaux par rapport à leur parc de résidences principales ». La volonté de Cécile Duflot, ministre de l’égalité des territoires et du logement, de relever ce pourcentage à 25%, a été validée par le Conseil Constitutionnel le 17 janvier dernier. Neuilly-sur-Seine, à 4,35%, tente de rattraper son retard ; la ville s’est lancée dans la construction de 90 nouveaux logements de ce type, entre le 195 et le 211 du boulevard Bineau, sur l’Île de la Jatte. Un tel immeuble est également attendu rue d’Armenonville, fin 2013. 62% des logements créés entre 2005 et 2007 sont sociaux : malgré des efforts depuis quelques années, l’objectif imposé n’est pas prêt d’être atteint.

A chacun ses prioritésLa loi prévoit une amende pour les communes les plus récalcitrantes, mais l’ancien fief de Nicolas Sar-kozy parvient à y échapper. En toute légalité. Le ca-binet du Maire a déclaré que la ville « ne paie pas cette somme [3,3 millions d’euros en 2010] dans la mesure où elle soutient activement le logement social par un montant supérieur de subventions déductibles versées aux bailleurs sociaux ». Le Maire se retranche derrière le manque de place  ; jeudi 28 mars, la Cour administrative d’appel de Versailles a rendu un jugement favorable du contentieux intenté par le Maire, Jean-Christophe Fromantin, contre l’Etat.Mais dans ce cas, pourquoi ne pas transformer des habitations actuelles en logements sociaux ? La dé-léguée en charge, Mireille Bertrand, déclare que « ce n’est pas aussi facile, il faut racheter des biens im-mobiliers et on est limités par les coûts prohibitifs ». Selon Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l’as-sociation « Droit Au Logement », « c’est une question de priorité, et ce n’est justement pas celle du Maire». De tels chantiers de construction sont, certes, très couteux, mais « les impôts locaux de la ville sont para-doxalement parmi les plus faibles de France », malgré

une augmentation de 12% en 2009. Jean-Baptiste Eyraud reste sceptique, « la loi SRU a ses limites : les mal-logés de Gennevilliers ne trouveront pas de place à Neuilly ».

Censure socialeLe service de communication de la mairie partage volontiers la documentation officielle déjà publiée sur le sujet, mais lorsqu’il s’agit de questions plus poussées, «  on nous demande d’être très minima-listes ». La SEMINE, -Société d’économie mixte de Neuilly-sur-Seine-, qui gère les demandes d’habitats sociaux, se plonge, quant à elle, dans un mutisme total dès l’évocation du sujet. Du côté des habitants, certains sont persuadés qu’il n’existe véritablement pas de ce type d’habitations dans leur ville, ou bien

Page 21: Magazine 2C

Interview de Lucienne Buton

- ÉCONOMIE-deviennent mal à l’aise sur ce sujet sensiblement ta-bou. D’autres, enfin, n’hésitent pas à partager leur avis bien tranché :

« les gens propres et bien élevés ne veulent pas avoir de gens sales à côté de chez eux» ; les stéréotypes ont la peau dure dans la banlieue huppée.

Marie-Sarah Bouleau

Depuis quand menez-vous ce combat ?Je suis arrivée à Neuilly-sur-Seine en 1971,

mon mari avait obtenu un logement de fonction. C’était la pénurie déjà, et j’ai toujours été touchée par les gens qui ne peuvent pas se loger, c’est le pre-mier des droits d’avoir un toit au-dessus de la tête ! Une fois élue au conseil municipal en 1983, je n’ai jamais abandonné la bataille. J’ai été repérée tout de suite  : rejetée par ceux qui étaient en total dé-saccord, et sollicitée par tous ceux qui en avaient besoin.

Pourquoi le logement social est-il devenu un su-jet tabou dans la ville ?Les gens sont fous ici. Vous ne pouvez pas imagi-ner ce que ça représentait d’être dans un conseil municipal de droite, et de parler des questions so-ciales, notamment du logement. Aujourd’hui, je suis très fière : j’ai eu raison avant tout le monde. Par ailleurs, Jean-Christophe Fromantin, élu Maire en 2008, a fait en sorte de donner un peu plus de transparence sur le sujet, en créant une commission d’attribution des logements sociaux de la ville, dont je suis membre.

La ville est très loin des 25% imposés par la loi, le Maire se défend par le manque de place dans la ville ; pourquoi cette raison ne vous semble-t-elle pas suffisante ?C’est vrai que Neuilly est serrée entre la Seine et Paris. Mais tout Maire d’une commune a le droit de préempter ! Il suffirait de créer des logements so-

ciaux dans des appartements déjà présents. De plus, on entre dans la saison des expulsions, et Neuilly-sur-Seine n’est pas épargnée puisqu’une centaine de personnes sont concernées.

Quels sont les profils des habitants des logements sociaux actuels ?On n’a jamais pu véritablement obtenir une liste auprès de la mairie. Du temps de Sarkozy, certaines personnes ont ob-tenu des logements sociaux qu’elles n’auraient pas dû avoir, mais com-ment mettre à la porte des gens qui ont des moyens  ? Pendant ma cam-pagne de 1995, je me suis battue sur ce sujet  : le fils de PPDA a notam-ment été obligé de quitter son appar-tement, boulevard du général Leclerc.

Propos recueillis par M-S. Bouleau

Conseillère à la mairie de Neuilly-sur-Seine pendant vingt-cinq ans, Lucienne Buton a fait du logement social son cheval de bataille. Cette socialiste incarne aujourd’hui ce combat, et n’a pas peur de mettre les pieds dans

ce sujet qui semble déranger.

« C’est le premier des droits d’avoir un toit au-dessus de la tête ! »

21

Page 22: Magazine 2C

VOUS AVEZ PARLÉ DE CRISE ?

Le niveau de revenu le plus élevé par habitant en France : C’est ici ! Cette banlieue chic de 62 000 habi-tants, abrite des biens immobiliers prestigieux aux prix chocs. Cependant, les avis sur l’évolution du marché

immobilier dans cette commune huppée du 92 sont des plus contrastés. Décryptage avec deux experts.

D’après Jean Louis Sadone, cofondateur de Sadone Immobilier et Patrimoine :

La tendance semble repartir à la hausse pour les biens d’exception. Le marché immobilier de la commune résiste mieux que dans d’autres villes de la banlieue parisienne. Il n’y a plus d’espaces libres dans la ville. Par conséquent, à cause de cette pénu-rie de biens, les prix flambent. Bien sûr, l’attentisme de certains investisseurs par rapport à la conjonc-ture actuelle, en matière de fiscalité, poussent les propriétaires à revenir à la raison. Mais la légère baisse des prix constatée ne concerne, pour l’heure, que des biens avec défauts (rez-de-chaussée, mau-vaise localisation, travaux nécessaires... ). Pour les petites surfaces, comme les studios et deux pièces, qui continuent d’être très recherchées, les prix se maintiennent et ces appartements s’arrachent à prix d’or. Le marché est très disputé en raison de la répu-tation de la commune et de son attractivité.« Comme dans les arrondissements chics de Paris (XVI, VIII ou VIIème), toutes les commodités y sont. C’est arboré, agréable et la ville dispose d’une belle architec-ture. Je me sens dans un endroit privilégié et j’y reste. » Roberte, Neuilléenne, 45 ans

Bernard Choix, notaire (expertise immobilière)Les prix sur Neuilly ont diminués de 9% en 2012 en moyenne. Cette baisse s’accélère fortement au premier semestre 2013. Cette année, le marché semble se contracter et les prix ne chuteront pas

brutalement mais tous ces indices (offres, délais de commercialisation, volumes de transactions...) continueront à se dégrader. De surcroît, le nombre d’appartements à la vente atteint des records, - en raison des ventes liées à des départs à l’étranger, ou des sorties d’investissements locatifs par rapport à la nouvelle fiscalité - les acquéreurs sont moins nombreux. Les acheteurs comme les vendeurs sont dubitatifs devant des conditions fiscales complexes et illisibles. Ils sont d’autant plus réticents, face aux banques qui réclament un apport désormais consé-quent. Les assurances Axa et Generali interdisent de lancer des investissements dans les zones rési-dentielles en Île-de-France. Le marché de Neuilly se porte mal puisqu’il craque lentement, mais sû-rement.

Loïk-Laurent Balon-Malacquis

Appartements:Prix moyen au m2: 9200 €Maisons:Prix moyens au m2: 9600 €Quartiers chics: Boulevard Bineau, Avenue Charles de Gaulle (entre 7000 et 8000€ le m2) et l’île de la Jatte, Château et Sablons (entre 8600 et 10500€ le m2)

- ÉCONOMIE-

Page 23: Magazine 2C

« C’est tellement rare de recevoir une info des

Neuilléens... »Florence Hubin est journaliste pour Le Parisien

depuis les années 90, affectée à l’édition des Hauts de Seine depuis 2005. Les Neuilléens n’ont plus de

secrets pour elle. Confessions.

9h30 tapantes au Winston, Avenue du Roule, l’une des plus connues de Neuilly. Même les ca-

fés semblent porter des noms nobles. Nous sommes bien loin du Café des amis traditionnel. Drôle de bar-tabac. L’intérieur est isolé par des rideaux pourpres et des fauteuils princiers. Les PMU ont des progrès à faire, mais à dix euros le café et le thé, on ne s’étonne même pas de la perfection des plis sur les chemises des serveurs et de leurs noeuds papillon. On s’attendrait presque à entendre Bing Crosby chanter au piano... Elle se présente, explique sa formation, mais dé-bat très vite sur les clichés  : « déjà à mon époque, et aujourd’hui encore, les gens de Neuilly ne se mé-langent pas trop. Lorsque j’étais en khâgne au Lycée Pasteur, quasiment tous venaient de la même com-mune», confie-t-elle. Lorsque nous lui demandons comment les Neuilléens perçoivent la presse, elle confirme le stéréotype. « Ils sont très soucieux de leur anonymat ; aucune photo ou enregistrement n’est au-torisé ».Pourtant, il arrive que les habitants de la banlieue chic appellent directement la rédaction du Pari-sien ou leur envoient un e-mail afin de leur com-muniquer les problèmes sousjacents de l’actualité neuilléenne. « C’est tellement rare de recevoir une info des Neuilléens que je la traite toujours, et en priorité. Ceux qui nous contactent sont en général des cadres supérieurs, l’enquête se passe bien et rapidement ». Selon la journaliste, les BCBG de Neuilly corres-pondent en tout point – ou presque – aux clichés. Ils ne veulent pas se mélanger et il ne faut pas trop les molester à l’intérieur de leurs terres. Elle essaie tant bien que mal de casser nos préjugés. «Aucune société n’est uniforme. La population est bien plus variée que l’on voudrait nous le faire croire. Il existe des chefs d’entreprise très ouverts ».

Si les Neuilléens correspondent aux portraits des-sinés par les médias, Le Parisien alimente-t-il cette opinion publique dans son quotidien  ? Long si-lence. « Oui, ça dépend du sujet. J’ai dû écrire une fois un papier sur un problème de bus qui passait trop près des maisons, et cela créait des nuisances sonores. Dans un cas comme celui là, je souligne qu’il y a des problèmes plus existentiels dans l’actu. Ce n’est pas malgré moi ; j’alimente les clichés parce qu’ils sont là ».

Malgré tout, Florence Hubin confie qu’elle est très attachée à son édition du 92, «  Ici, c’est varié, sur-tout depuis l’arrivée du Maire Fromentin. A la défense ça bouge, il y a plein d’expos, des projets sont toujours en marche ». Pas de changement de poste prévu au programme, mais la journaliste n’exclut pas l’idée et l’envie de rejoindre un jour la prestigieuse édition de Paris.

Notre question à ...Marie Meyer, journaliste au « Neuilly Journal »Que pensez-vous de l’image de Neuilly véhicu-lée par les médias ?- Avant de travailler à Neuilly, je ne connais-sais la ville qu’à travers les médias.La ville est victime des clichés et des carica-tures. En réalité Neuilly est un village, une grande famille où la solidarité et la convivia-lité règnent.

- MEDIAS-

Victoire Mabille

23

Page 24: Magazine 2C

UNE PLACE STRATÉGIQUE FACE À L’IMPOSANTE BOULOGNE ?

Les XVe,et VIIe arrondissements, Boulogne Billancourt et Issy-les-Moulineaux sont les berceaux de l’audiovisuel. Pour-tant la petite dernière des chaînes hertziennes, M6, a fait un tout autre choix : le groupe s’est implanté dans l’Ouest

Parisien mais dans un cadre inédit : Neuilly-sur-Seine. Pourquoi ce choix ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette délocalisation ?

TF1, France télévisions, Canal +, … les princi-pales chaînes hertziennes ont trouvé judicieux

de s’installer au même endroit. Le sud-ouest pari-sien semblait réunir toutes les qualités requises : à proximité des beaux quartiers, coûts moins oné-reux et locaux spacieux. Une chaine du paysage audiovisuel français fait exception à la règle.

M6 a été créée en 1987 alors que TF1 et les chaines publiques composaient le monopole de la télévi-sion française. Dans ses petits locaux du VIIIe ar-rondissement, la chaîne n’est pas sure de subsister car la concurrence est rude.Considérée par Catherine Tasca comme «  la chaîne généraliste de trop », M6 adopte une straté-gie différente avec un homme à sa tête, Jean Druc-ker. Petit à petit le groupe évolue. La disparition de La Cinq en 1992 lui ouvre une brèche...qu’elle saura saisir puisqu’en 1994, M6 entre en bourse. Le groupe décide alors de s’élargir. Les magazines de société, Culture Pub, la musique ou encore les séries américaines vont participer à l’essor de la chaine. Cette politique de contre-programma-

tion séduira un large public. «  La petite chaîne qui monte  » est désormais trop grande pour ses locaux exigus du cours Albert Ier. Ce n’est pas un simple changement d’adresse mais une véritable volonté de s’implanter dans le paysage audiovisuel français. Mais le groupe n’en reste pas moins aussi original. Au contraire, M6 opte pour la nouveau-té. Il ne dérogera pas à la règle de l’ouest parisien mais ce ne sera pas dans le XVe arrondissement, ni à Boulogne ou bien à Issy-Les-Moulineaux. Elle s’implantera à Neuilly-sur-Seine.

Neuilly, choix stratégique et économiqueEn ces temps, Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly, mène une politique pour attirer les en-treprises dans sa commune. Grâce à un budget conséquent, la mairie peut se permettre de ré-duire certains impôts. M6 a su profiter de cette aubaine. Les taxes professionnelles et foncières sont désormais parmi les plus faibles de l’Ouest Parisien.

Ces informations semblent cependant être l’ob-

- MEDIAS-

Page 25: Magazine 2C

jet d’une certaine gêne. Compliqué de trouver d’autres informations sur ces abaissements de taxes, les locuteurs rencontrés restent vagues et peu objectifs voire acerbes.

D’autre part, malgré son expansion, le groupe a besoin de locaux de taille moyenne, loin de la tour d’ivoire de TF1. Le groupe n’avait pas la préten-tion, à l’époque, d’être à la hauteur de ses concur-rents, consommateurs de grands espaces. L’apparition de la téléréalité, la création de M6 music et de W9 ont conduit à la montée en puis-sance du groupe. C’est pour cette raison que, dans les années 2000, M6 achètera un autre immeuble à quelques mètres de son emplacement d’origine.

De plus, les questions de tournages et de post-production ne semblent pas poser de pro-

blèmes à la chaîne, leurs locaux accueillent pla-teaux et cabines de montage.

Neuilly ? Médiatique  ? Pas vraiment... Le Sud-Ouest parisien reste et restera le centre des mé-dias. La municipalité est bien en retard par rap-port à ses voisins. M6 représente l’unique groupe audiovisuel Neuilléen. Neuilly sera-t-elle une ville d’avenir avec le web?

Baptiste Ollier et Julie Dequaire

- MEDIAS-

25

Page 26: Magazine 2C

NEUILLY, PAS SI SOCIALE !Neuilly-sur-seine est connue pour sa médiatisation plutôt stéréotypée. Elle est considérée comme une ville

conservatrice. Cette commune tente désormais de donner un nouvel élan, plus dynamique et moderne pour suivre la nouvelle vague et casser l’opinion publique. Comment compte t’elle s’y prendre ?

Les réseaux sociaux sont, aujourd’hui, le baromètre

du progrès. Et à ce petit jeu, Neuilly-sur-Seine semble un peu en retard par rapport au reste des ses homologues hexagonnaux. Avec seulement 272 mentions «  j’aime  » au compteur, l’ac-tivité numérique de Neuil-ly semble risible comparée à ses voisins parisiens. Même constatat côté Twitter où 657 abonnés peuvent lire les nouvelles concernant la ville neuilléenne. Quatre à cinq tweets par semaine. Pas de grosse activité, juste de quoi convaincre les followers de continuer à suivre l’actualité de la page. Les Neuilléens eux-mêmes ne sont pas au courant des avancées tech-nologiques de leur commune. « Je n’étais pas au courant que Neuilly possédait un compte Facebook, ni même Twitter, mais honnêtement, même si je l’ap-prends aujourd’hui, ça ne va pas changer grand-chose à mon quotidien » confie un jeune étudiant, dubi-

tatif quant aux enjeux des ré-seaux sociaux vis-à-vis de la commune. En revanche, son site internet est bien plus fourni et struc-turé. Il répond davantage aux attentes de la population.

« Quand je veux savoir quelque chose, je consulte directement le site internet afin de me tenir au courant de l’actualité de la ville, mais je ne suis pas sûre

que tout le monde ait ce réflexe. » explique Christine, mère de famille.

Aujourd’hui Neuilly-sur-Seine connaît un réel re-tard sur le plan de la communication. Ainsi, la ville ne suscite pas ou peu d’engouement sur les réseaux sociaux. A force d’être stéréotypés par les médias, les Neuilléens ne se seraient-ils pas enlisés eux-mêmes dans les sables mouvants de la caricature ?

Baptiste Ollier

ENTRE BLING BLING ET CALME PLAT ! Pas de doute, Neuilly offre un cadre de vie

confortable. C’est une ville lisse et calme... trop calme ? « Nous, on a été victime d’une agression avec mon mari il y a 20 ans », explique Françoise, 69 ans. Tiens ? Pour ses habitants, Neuilly n’est pas de tout repos. Auteuil-Neuilly-Passy, c’est pas du gâteau, comme disaient les Inconnus. Les Napys alimentent le cliché de la jeunesse dorée, où peut être plutôt de la retraite dorée. C’est ce que nous confirmera Claudine... rentière. « Le N-A-P est une formule re-prise régulièrement par les médias ». Mais attention, la télévision s’intéresse à Neuilly : un nouveau phé-nomène de mode vise à diffuser des reportages sur le triangle d’or, la chirurgie esthétique ou encore sur le banditisme à Neuilly... Auteuil Neuilly Passy, tel

est notre ghetto !Dans la presse, on trouve de tout, y compris des articles sur la rue Delabordère, le lieu d’habitation et de prédilection des «  people  », une rue qui ne paye pas de mine, selon certains médias. « Allô, non mais allô, quoi, tu t’appelles Bettencourt, t’habites pas dans la plus belle rue de Neuilly ? ». Les caricatures sont tenaces... « Les médias comparent régulièrement Neuilly à Levallois, les vieux vs les jeun’s» dixit une jeune... retraitée. Si Neuilly n’est pas très présente dans les médias, serait-ce parce qu’il ne s’y passe rien ?

- MEDIAS-

Julie Dequaire

Page 27: Magazine 2C

LE BERCEAU D’ORParmi tous ses clichés, la commune de Neuilly est notamment connue pour ses people. Richard Anconina, Ca-therine Deneuve, Frédéric Beigbeder ou joueurs de foot ont choisi cette ville bourgeoise comme cadre de vie.

Hôtels particuliers à 12 000 € du m², paysages verdoyants, rues tranquilles… Cette muni-

cipalité est ainsi perçue comme la banlieue la plus chic de Paris et comme le berceau des stars.

Mais qui sont ces people qui arpentent l’Avenue du Roule et la rue Saint James  ? Ont-ils choisi cette banlieue ouest pour ses jardins ou pour son éti-quette bling bling ? «  J’ai choisi Neuilly pour son côté tranquille. Etant donné que la classe sociale est aisée et plus âgée, on se fait bien moins alpaguer par les gens », assume un acteur français originaire de la municipalité.

Avec près de 200 résidences de retraite de luxe recen-sées, il est évident que nos chers people ne risquent pas de se sentir étouffés par les foules de fans en délire. La proximité du Jardin d’Acclimatation, du Palais des Congrès et des écoles de renom jouent en faveur de la commune. « Il y a une quantité d’écoles privées et de pensions très bien cotées. A proximité des jardins et des loisirs, sans être trop loin de la capitale, c’est l’endroit idéal pour élever des enfants », explique Michel Bottard, comédien français. Si les artistes ont choisi Neuilly pour son charme et sa quiétude, sont-ils pour autant bien intégrés à la

vie de tous les jours des Neuilléens ? « Il m’arrivait de croiser Cécilia Sarkozy au supermarché, j’ai même une fois attendu un taxi à côté d’un acteur connu (on ne saura pas lequel), mais je ne les ai jamais vus aux diners de quartiers ou pointer aux sièges d’associations locales ! », commente une citoyenne de la commune.

Pourtant, de jeunes étudiants passionnés de football ont remarqué la présence de footballeurs du Paris Saint-Germain au club de l’Olympique de Neuilly en visites régulières, tels que Zoumana Camara ou encore Salvatore Sirigu.

Ainsi, Neuilly semble être le foyer idéal. Encore faut-il avoir les moyens d’y vivre. Une carte postale paisible, presque utopique, mais Thomas More et George Orwell nous avaient déjà prévenus qu’entre utopie et dystopie, il n’y a qu’un pas. Les hôtels par-ticuliers et les jardins fleuris voilent les failles d’un berceau doré bien trop lustré.

- MEDIAS-

Victoire Mabille

27

Page 28: Magazine 2C

CULTURE ET JEUNESSE, LE DÉFIDifficile d’initier la jeunesse à l’univers de la culture. Depuis quelques années, la mairie de Neuilly-sur-Seine

compte bien prouver le contraire.

- CULTURE-

Que ce soit pour la musique, le cinéma, la photo-graphie ou encore le théâtre, la commune propose de nombreux ateliers dédiés à la jeunesse. Celles-ci répondent à une forte demande de la part des parents habitant la ville. La Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) semble correspondre à leurs attentes. Spectacles et expositions y sont organisés pour faire découvrir le monde des arts. Fortement impliquée, la MJC sort le grand jeu. Elle n’hésite pas à faire appel à des intervenants pour présenter leur propre travail aux jeunes visiteurs curieux. La MJC propose aussi d’aller beaucoup plus loin dans la découverte  : elle initie petits et grands à différentes activités tels que des cours de photogra-phie et de peinture mais aussi de musique, de danse ou de yoga. Plus que la découverte, l’organisation cherche à susciter l’intérêt pour l’apprentissage de ces arts.Mais la Maison des Jeunes et de la Culture n’est pas la seule à avoir cette ambition. La médiathèque de la ville organise régulièrement des animations pour les plus jeunes. Lecture de contes, ateliers phi-losophiques, Ils apprennent dès l’enfance à se laisser bercer par la littérature. Les adolescents ne sont pas laissés en reste. Des activités plus approfondies leur sont destinées. Pour eux, l’heure n’est plus à l’explo-ration mais à l’échange.

Laissée de côté depuis bien trop longtemps, la mu-sique devient de plus en plus promue. Cette année la mairie de Neuilly a décidé d’investir dans cet art.

La jeunesse sensible à l’univers musical peut dé-sormais se tourner vers le théâtre des Sablons qui accueille maintenant la Maison de la Musique. Là-bas l’école du Rock se fait voisine du Conservatoire de Neuilly. Ils ont ouvert leurs portes cette année au sein de locaux aménagés spécialement pour eux, désireux d’enseigner à ceux qui auront la soif

d’apprendre. Une initiative sa-luée très chaleureusement par l’équipe pédagogique. Des grands efforts ont donc été fournis par différentes organi-sations ainsi que par la mairie.

Les jeunes, principaux intéressés, sont-ils réellement sensibles à cet éventail d’activités culturelles ?

Pour Olivier d’Ormesson, directeur musical du conservatoire de Neuilly, cela ne fait aucun doute. Il est fier de pouvoir apporter aux jeunes Neuilléens un établissement digne de ce nom. La mairie lui accorde des subventions tout en lui laissant carte blanche. Objectif : offrir un centre musical de pe-tite taille mais de grande qualité. Dans sa tâche, le directeur est souvent agréablement surpris : « Il y a de plus en plus de Neuilléens qui ne sont pas forcément inscrits au conservatoire qui viennent aux concerts des élèves. Par le bouche à oreille ils découvrent qu’il y a une saison culturelle ». En plus du nombre crois-sant d’inscriptions ainsi que des différents concerts gratuits organisés, il découvre l’intérêt de certains élèves pour des instruments peu communs  : l’ap-prentissage de la harpe, du hautbois et du violon-celle par exemple rencontre un succès inattendu. La jeunesse s’ouvre à de nouveaux horizons.

« Pour moi, Neuilly n’était pas une ville très culturelle ce que je considérais

comme un bémol.» Michèle

Page 29: Magazine 2C

- CULTURE-

Très proche de Paris, on pourrait penser que Neuilly connait une forte concurrence. Qu’en est-il réelle-ment ? Les habitants sont sans crainte : «  Au départ je pensais inscrire mes enfants à des activités extrasco-laires dans le XVIIème », avoue Christiane, mère de deux enfants. « Après quelques recherches, je me suis rendue compte que Neuilly se suffisait à elle-même. J’ai donc pu inscrire mes enfants à des cours de théâtre près de chez nous ».

Christiane est loin d’être la seule. « Pour moi Neuilly n’était pas une ville très culturelle ce que je considé-rais comme un bémol », déclare à son tour Michèle, mère d’une petite fille.  « Pourtant lorsque j’ai voulu inscrire ma fille à la danse j’ai eu la bonne surprise de découvrir qu’on pouvait trouver des cours ici-même ».

Nombreux sont les parents qui comme Christiane et Michèle sont désireux d’inscrire leurs enfants à des activités culturelles.

La ville a donc décidé de mettre la main à la pâte. Fini le bouche à oreille, la Mairie prend le relais. Les médias locaux comme le Journal de Neuilly ou La Lettre du Maire tendent de plus en plus à promouvoir les centres culturels de la commune. Une aide économique leur est fournie bien que le budget soit relativement faible pour le domaine. Comme le dit si bien Olivier d’Ormesson  : «  La culture, ça coûte cher ».

Laetitia Mouton et Rizhlaine Ferfar

29

Page 30: Magazine 2C

CENTRE CULTUREL, FIERTÉ D’UNE VILLEOuvert au public depuis le 17 janvier, le centre culturel Saint-Anne s’est très vite imposé comme le lieu de référence des amateurs d’art et spec-tacle. Théâtre, Cirque, Opéra sont désormais plus accessibles aux habitants de Neuilly.

Elus et responsables du patrimoine neuilléen peuvent se congratuler. Le nouveau centre

Saint-Anne est une réussite. La nouvelle salle du Théâtre des Sablons peut accueillir 650 personnes pour des représentations. Pourtant économe en matière d’équipement public, la ville a investi 48 millions d’euros, faisant de ce centre, le projet le plus coûteux de l’histoire de Neuilly. Preuve de l’intérêt porté à la culture par l’actuel Maire Jean-Christophe Fromentin et son prédécesseur Louis-Charles Bary (initiateur du projet).Ecole de musique, conservatoire classique et en clé de voûte du projet : la salle de spectacle et d’exposition d’une superficie de 520m2. Les équi-pements modernes et polyvalents (gradins rétrac-tables, scène amovible) auront permis d’accueil-lir successivement Les Contes du chat perché, l’orchestre russe de Moscou ou encore la Grande

Sophie et ses états d’âmes en chanson. L’audi-torium, constitué d’un bar et d’un ensemble de panneaux rétrospectifs, donne l’opportunité aux visiteurs d’en apprendre plus sur l’histoire de cet ancien couvent.Classé aux monuments historiques, le centre culturel Saint-Anne fait aujourd’hui la fierté des Neuilléens, conscients d’avoir redoré le patri-moine culturel de leur ville.

Morgan Bouder

« L’ARBRE QUI NE MEURT JAMAIS » UNE EXPO ÉCOLO

L’arbre est très présent dans les rues de Neuilly. Il est même au cœur d’une exposition jusqu’au 30

juin 2013 au théâtre des sablons. Une expo autour du thème de l’arbre peut laisser perplexe mais elle prend tout son sens une fois la visite entamée. Peintures, sculptures, photogra-phies et vidéos rappellent que l’arbre a été pour

l’art contemporain une source d’inspiration. L’ex-position s’articule en trois temps. L’Arborum vous propose, à peine entrés, des œuvres directement inspirées de l’arbre à l’état brut.Puis, au fil de la visite, Metarmorphosis vous ouvre les portes d’un art bien plus abstrait. Le parallèle entre la vie de l’arbre et celle de l’Homme montre l’ambiguïté de notre rapport avec la nature. Enfin, Résilience vous plonge dans un univers mé-taphorique. En dénonçant l’obsession productiviste des hommes, Virginie Yassef vous offre une réflexion sur la surexploitation du bois. Afin d’en savoir plus, rendez-vous sur place pour découvrir la subtilité de cette exposition.

- CULTURE-

Bastien Gabriel et Stephane Chevreuil

Page 31: Magazine 2C

C KI D.KO ?Neuilly ne bouge jamais ? En « grattant » un peu cela éclate. Non loin du pont de Neuilly, les membres du Collectif D.kO ont des projets plein la tête. Arthur Popovici, dit Popo, sort de ce moule et refuse les idées préconçues.

Pas difficile de trouver l’appartement d’Arthur. Toutes les basses résonnent dans la cage d’escalier : facile d’arriver à sa porte. Bonnet sur la tête, stylo à la bouche, Popo présente son « lieu de travail  ». Platines vinyles, enceintes, table de mixage et carte son font partie intégrante de sa chambre. En attendant son acolyte Gabriel, ce jeune Neuil-léen enchaîne les morceaux en toute décontrac-

tion. A voir sa collection, on comprend mieux pour-quoi les ventes de cet ancêtre du disque ont retrouvé des couleurs en 2012. Detroit et Chicago sont deux villes qui les ont inspirés. L’une fût le point de dé-part de la Techno, l’autre celui de la House. C’est motivé et plein d’énergie que son collègue et ami Gabriel, pack de bières à la main, entre dans la pièce. Ses premiers mots sont les suivants : « Alors tu t’es bien loupé samedi soir ». Tout ça sur le ton de l’humour et en référence à leur dernière soirée dans une boîte du IIème arrondissement de Paris.

Des soirées, cela fait plus d’un an qu’ils en orga-nisent. Gabriel, Arthur et Théo (actuellement à

Londres), se sont lancés dans la musique il y a deux ans. « On a formé le collectif le 1er septembre 2011 » explique Gabriel, «  on fait venir les DJs qu’on ad-mire, et on organise des soirées en mixant avec eux ». Avoir une identité, telle est la philosophie de ce col-lectif de jeunes DJ. « A Neuilly, des mecs qui mixent du commercial, il y en a à chaque coin de rue, c’est vrai que nous on est un peu à part ». S’ils vivent à Neuil-ly, ce n’est pas pour autant qu’ils s’y épanouissent. Leur rapport avec cette ville se résume à leur cercle d’amis. Mais ils ne s’en plaignent pas pour autant. Pleins de projets sont en vue : « On pense créer un label, mais on prend notre temps ». Si pour l’instant Gab et Popo passent les vinyles des autres, ils espèrent un jour sortir leurs propres mor-ceaux. En attendant, c’est sur internet que l’on peut trouver leurs mix qu’ils enregistrent dans ce mi-ni-studio. Pour le plus grand bonheur de la voisine.

- CULTURE-

Bastien Gabriel et Stephane Chevreuil

31

Page 32: Magazine 2C

- SPORT-

Comment êtes-vous devenu agent de joueurs de football ?

Je me suis inscrit en licence de droit à la Sorbonne, pour devenir avocat pénaliste. Puis j’ai compris au fil de mes études que je n’exercerai pas ce métier. Je ne me voyais pas toute la journée derrière un bu-reau. Aujourd’hui je ne sais pas de quoi ma journée va être faite. C’est ce que je recherche dans cette profession. Quand on finira l’entretien, je vais avoir des appels à passer. Je vais voir deux-trois joueurs, demain je peux partir à Bordeaux, et après devoir aller à Lens.Un ami déjà agent m’a donné l’envie de faire ce mé-tier. J’ai alors effectué un master en droit du sport à Marseille. La même année, je me suis présenté à la licence d’agent de joueur organisée par la Fédération Française de Football. Elle est ouverte à tous, mais requiert pas mal de connaissances en droit. J’avais pris le bon wagon. J’ai été reçu. Ces deux années à Marseille m’ont permis de commencer à préparer mon carnet d’adresses. Aujourd’hui, mon profes-seur de fiscalité travaille avec moi, tout comme celui d’assurance. La licence qu’on obtient nous permet d’exercer légalement, mais elle ne nous offre pas un portefeuille de joueurs. On commence avec le peu de contacts que l’on a. En plaçant des joueurs, tu en rencontres d’autres et ainsi de suite. On parle de vous, et ca devient plus facile. L’important c’est de se faire connaître auprès des clubs, d’être crédible.

Quel est votre rôle auprès des joueurs ?La fonction première c’est bien sûr de placer nos joueurs dans des clubs, avec les meilleurs contrats possibles. A la création de la société en 2011, nous avons mis en place tout un ensemble de services comme l’assistance juridique, la gestion de patri-moine, la négociation de sponsors… On pourrait dire qu’on materne un peu les joueurs. Ils doivent pouvoir se concentrer pleinement sur leur football. On va essayer de leurs trouver des régimes fiscaux adaptés et les plus avantageux. Nous agissons en véritable soutien psychologique également. Tout ce qui est extra-sportif, c’est l’agent qui s’en occupe.

Trouver un ap-partement à un joueur qui vient d’être transféré, une voiture, un tra-ducteur. Tout ça est géré par l’agent. La rela-tion entretenue avec le joueur est à la fois professionnelle et amicale. Ils nous arrivent d’aller aux res-taurants avec les joueurs, de sortir en boîte, de passer des week-ends avec eux.

On a souvent une image négative des agents, celle d’hommes vénaux. Privilégiez-vous le choix sportif ?(Soupir) En tant qu’amoureux du football, je vais toujours dire le choix sportif. Maintenant il faut avoir une vision à long terme. Prenez Ben Basat, dernier exemple en date. On a décidé de le transfé-rer à Toulouse cet été. A titre personnel j’aurais pu gagner beaucoup plus d’argent en le faisant signer ailleurs. Il y a des clubs à l’étranger qui proposaient beaucoup plus. Ce que voulait Ben Basat, c’était l’assurance d’avoir du temps de jeu. Le projet du TFC correspondait parfaitement à ses attentes. Il n’aurait pas eu les mêmes garanties ailleurs. D’après moi il lui fallait cette étape intermédiaire avant de taper très haut. Il ne supporterait pas d’être sur le banc de touche, il le vivrait très mal. C’est un gar-çon impatient. Si il avait eu 3 ans de plus on aurait peut être pris plus de risque. Pour chaque joueur il y a un choix sportif et financier. Etre dans la meilleure

Jonathan Maarek est agent de joueur de football depuis 2 ans. Il a fondé la société Classico Sport Management située en plein cœur de Neuilly-sur-Seine, la ville de son enfance. Après avoir étudié le droit pendant plusieurs années, il décide d’allier ses connaissances juridiques à sa passion pour le ballon rond.

Jonathan Maarek, agent de joueurs:

Page 33: Magazine 2C

- SPORT-

situation économique le plus vite possible demeure l’objectif de la plupart des joueurs. La carrière d’un joueur de foot aujourd’hui n’excède pas vingt ans.

A quoi correspond votre salaire ?Il y a deux manières pour toucher de l’argent. La première la plus classique : tu travailles avec un joueur et vous décidez de travailler ensemble. Il y a vrai projet sportif sur du moyen ou long terme. Au moment où le joueur signe son contrat, tu négocies un pourcentage du salaire du joueur que tu vas tou-cher, entre 3% et 10%. Généralement on tourne autour de 6%, sauf pour les très gros contrats où la loi autorise de mon-ter jusqu’à 10%. Si le mec signe 4 ans, tu vas être payé au prorata de sa présence. Tu t’en sors mieux, quand tu es l’agent d’Anelka qui a fait 18 clubs, que de Mendieta qui a joué toute sa carrière a Valence.

Après, certains poussent leurs joueurs à quitter le club. Ça arrive souvent quand une grosse offre ar-rive sur le bureau de l’agent du joueur. Ils vont faire en sorte que ça aille au clash avec le club : sécher les entrainements ou ne plus dire bonjour à personne sont en général des méthodes efficaces pour y arri-ver. Payet avec l’ASSE, Maïga à Sochaux et même Debuchy avec Lille tiraient souvent la gueule.La seconde façon, la moins répandue, c’est d’être contacté par un directeur sportif qui trouve un joueur intéressant. On va voir le joueur, l’offre lui plait, il signe. Dans ce cas de figure il n’y a pas de projet, on a juste été mandaté par le club pour boucler le transfert.

Que pensez-vous de la taxation sur les plus hauts revenus ?Cela risque d’être la fuite des plus gros salaires, donc des meilleurs éléments. Pour les agents fran-çais, il sera plus intéressant de placer son joueur à l’étranger, en Angleterre par exemple. Aujourd’hui les clubs français sont dans une situation écono-mique plus que médiocre, les clubs ne peuvent plus payer de gros salaires. Ils cherchent tous à réduire leur masse salariale. Même les gros clubs comme Lyon, Marseille ou Lille. S’ils signent un joueur à 6 millions c’est déjà un très gros transfert. Je pense que la France va avoir quelques années difficiles, mais on a un avenir intéressant. Les clubs les moins endettés vont s’en sortir, on a des clubs pas trop mal gérés. Bon il y a l’Allemagne largement en avance. Je ne vois pas la France si loin derrière. Avec l’ar-rivée de l’Euro 2016, l’Etat va être obligé d’inves-tir. Le football français va en ressortir gagnant. Il faudrait qu’on arrive à prendre le virage qu’a pris l’Allemagne au moment de sa Coupe du monde. Le Bayern Munich, par exemple, est un modèle de gestion.

Paul Ducassou et Aurélien Gaucher

Jonathan Maarek est agent de joueur de football depuis 2 ans. Il a fondé la société Classico Sport Management située en plein cœur de Neuilly-sur-Seine, la ville de son enfance. Après avoir étudié le droit pendant plusieurs années, il décide d’allier ses connaissances juridiques à sa passion pour le ballon rond.

« On materne un peu les joueurs »

«Debuchy il tirait la gueule à Lille»

33

Page 34: Magazine 2C

À CHACUN SON SPORTVous habitez Neuilly et souhaitez pratiquer (ou reprendre) une activité physique. Sachez que la ville propose un panel d’activités riches et variées. En concentrant les différents complexes sportifs en un seul quartier, l’Île

du Pont est devenue un véritable village olympique.

Sports collectifs, individuels, arts martiaux, nata-tion ou encore sports extrêmes; le quartier du

Pont de Neuilly est un temple du sport. Sur l’Île de la Jatte, l’Olympique de Neuilly (football), les clubs de tennis, de marche et de course à pied possèdent leurs propres structures. Le complexe omnisport, situé de l’autre côté du Pont de Neuilly concentre lui le plus grand nombre d’activités praticables. Au rang des classiques on retrouve le basketball, le handball, le badminton ou encore le tennis de table. Les arts martiaux sont aussi largement représentés. Aïkido, karaté, judo, boxe anglaise, escrime et cours de self-défense sont proposés.   Les personnes qui désirent pratiquer une activité moins éreintante et plus pacifique pourront s’orienter vers des cours de relaxation (Yoga, Tai-Chi, Gymnastique). Un large choix de cours de danse est également à disposition. Pour finir, des sports plus originaux comme l’avi-ron, la plongée ou bien la Capoeira sont aussi acces-sibles aux Neuilléens. Sans oublier la traditionnelle salle de musculation. En somme, de quoi satisfaire toute la famille. 

Légèrement en périphérie de l’Île du Pont, le centre aquatique est le complexe sportif le plus moderne de la ville. Un endroit idéal pour venir seul ou à plusieurs. Composé de lumineuses baies vitrées et équipé de trois bassins (ludique, sportif et d’appren-tissage), le centre aquatique dispose d’un parking payant couvert, pouvant accueillir jusqu’à 450 véhi-cules. Autre point positif, la piscine est ouverte tous les jours de la semaine.

Ajoutez à cela les installations dédiées au skateboard, au BMX, et la piste destinée aux coureurs. Le résul-tat est de suite séduisant pour tous les amateurs de sport. L’Île du Pont et l’Île de la Jatte sont des lieux paisibles mais très vivants où les sports se croisent et cohabitent. Au fil des années, la ville a su élargir sa gamme sportive proposée aux habitants. Garçons et filles, petits et grands, peuvent aujourd’hui se re-trouver en un seul lieu.

- SPORT-

Morgan Bouder

Page 35: Magazine 2C
Page 36: Magazine 2C