mag humanitaire no. 4 (français)

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  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

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    Il est dsormais un ait que les popu-

    lations civiles sont les principales vic-times des situations de violence arme,et lArique, bien malheureusement, neait pas exception. Dans ces contextes,les catgories les plus vulnrablessont le plus souvent constitues desenants, des personnes ges et desemmes. Ces dernires continuent depayer un prix lev de conits aux-quels elles ne participent pas, maiselles montrent une capacit extraor-dinaire surmonter les preuves, et prendre leur destin en main.

    Femmes victimes de violences, notam-ment sexuelles : Lexpression a bienmalheureusement acquis le statut dunphnomne universel. Mais derrire lesmots, ce sont des vies qui sont chan-ges tout jamais, en Rpublique D-mocratique du Congo, en Centrariqueet ailleurs. Trop souvent, les emmesdoivent uir les combats ou linscurit,emportant leurs enants mais laissantleurs biens derrire elles, comme dans

    le conit ivoirien. Dans ces situations,elles peuvent aussi tre spares deleurs enants. Ou alors vivre dans lan-goisse de ce quil est advenu de leurmari, de leur ls, souvent le soutienprincipal de la amille, comme rcem-ment en Libye. Parois, en Casamancenotamment, elles sont aussi victimesde mines.

    Dans ces situations o le pire est vcu,les emmes saisissent la moindre op-portunit pour se relever, continuer, etparvenir restaurer la vie, pour elles-mmes et leur amille.

    Trop souvent ces emmes gardent leursourance pour elles. Elles sont trop

    peu entendues, trop peu comprises.

    Ce numro du Mag Humanitaire , travers plusieurs tmoignages qui nepeuvent pas laisser indirent, chercheprcisment illustrer les difcultsauxquelles elles sont conrontes, etmarquer leur capacit surmonter lespreuves.

    Cest aussi loccasion de rappeler uneois encore lobligation de ceux quiprennent part un conit, de respec-ter, dpargner et de protger la popu-lation civile, et parmi elle, les enants,

    les personnes ges et les emmes.

    Les articles qui suivent retent aussitoute la diversit de la rponse du Co-mit international de la Croix-Rouge,en partenariat avec les socits natio-nales de la Croix-Rouge ou du Crois-sant-Rouge, aux besoins des emmesdans cette rgion.

    Alors que je prends ma nouvelle onc-tion de chee des oprations pour

    lArique du Nord et de lOuest, jaime-rais rendre hommage particulirement la dtermination de ces milliers deemmes aire ace ladversit. LeCICR continuera aider ces emmesan de leur permettre de retrouver di-gnit et espoir.

    Bonne lecture.

    Yasmine Praz-Dessimoz

    Chee des Oprations du CICR en Arique du

    Nord et de lOuest

    SOMMAIRE Editorial : Les Femmes, deboutace lpreuve

    Dlgation rgionale

    de DakarRue 7 x B Point EBP 5681 Dakar-FannT + 221 33 869 13 69F + 221 33 824 14 16E-mail : [email protected]

    Sous-dlgation de

    Ziguinchor

    Parcelles Assainies 1372Goumel - BP 1044T + 221 33 991 61 06E-mail : [email protected]

    Mission de Bissau

    Bairro Thada, Rua 5 de JulhoCasa n 32 - BP 1028T + 245 320 36 59E-mail : [email protected]

    Les opinions exprimes nengagent que

    les auteurs des articles et ne reftentpas ncessairement lopinion du Comit

    international de la Croix-Rouge (CICR).

    Artwork by greeneyezdesign.com

    FEMME ET VIOLENCEARME EN AFRIQUE

    Rpublique centraricaine : r mm

    a z grr

    Cte dIvoire : Amli Vri :chmi xil agi

    Sngal : Mari, 39 a hai-cap vi par mi

    Rpublique dmocratique du Congo :L Mai , c aiv axmm vicim la grr

    Prl mii a l armLe Sngal et le Niger en exemple.

    De Syrte Agadez : migag igri rr la Li

    Femmes, violences armes et rsilience :lapprch CICR

    Espace Jeanie Waddell-Fournier :vll plarm r l w

    Sngal : R, chafr CICR,vac l l ra l vilcpr-lcral vrir

    TABALA

    ch aillr

    www.cicr.org

    Photo couverture : Gereida (Soudan), camp pour personnes

    dplaces. Famille qui vient juste darriver au c amp et sest

    construit un abri de ortune.

    Boris HEGER/CICR

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    3/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 3

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Rpublique centraricaine : tre emmedans une zone en guerre

    Jessaye doublier. De mettre tout a derrire moi ,raconte Yassi* dun ton nerveux. Et puis mes pa-rents sinquitent chaque ois que je sors, que je vaisau march. Ils ont peur que a marrive nouveau.

    a , cest la triste et terrible histoire quont r-cemment vcue Yassi, 20 ans, et son amie Djum*,21 ans, dans le nord de la Rpublique centrari-

    caine. Vivant dans la rgion de Kaga Bandoro, lesdeux jeunes emmes se rendent au cours du moisde janvier Gondava pour y vendre de lhuile, desgteaux et de la bouillie de riz. Elles sy trouventdepuis trois jours lorsque, soudainement, la vio-lence embrase le village. Des tirs sont changs etdes bombes sont lches depuis des hlicoptres.Comme tous les villageois, Yassi et Djum sen-uient en brousse. Dans la panique gnrale. Trsvite, elles se retrouvent compltement seules.

    Une proie des hommes en armes

    Cest le dbut de leur calvaire qui durera pratique-ment un mois. Dsorientes, perdues dans la ort,Yassi et Djum se nourrissent de nieri (un ruit sau-vage) et sabreuvent au hasard des aques deauquelles trouvent. Au cours de la cinquime nuit,leur chemin croise celui de deux hommes. Ils nesont pas arms et portent des habits de civils : ilssont probablement en uite, comme elles. Ils pour-raient les aider. Rien de tel : ils les violent et lesabandonnent leur sort.

    Ce nest que des jours et des nuits plus tard, terri-es et meurtries, extnues, que les deux jeunesemmes rencontrent un groupe de pcheurs aubord dune rivire. Enn une main tendue : les p-cheurs les accompagnent jusqu un petit village, partir duquel elles parviennent rejoindre KagaBandoro sur un taxi-moto.

    Jai perdu le peu dargent que javais. Mes vtementsaussi. Et jai trop peur de retourner Gondava, l o

    javais mon petit commerce. Ici, je me sens en scu-rit , tmoigne Yassi. Mais je ne sais pas commentaire pour reprendre mon commerce.

    Fragiles parmi les plus ragiles

    Aussi triste et terrible quelle soit, lhistoire de Yassiet Djum na malheureusement rien dexception-

    nel. Depuis des annes, les populations civiles du

    nord et du sud-est de la Rpublique centraricainesont la proie dexactions multiples et sont souventcontraintes uir des situations de violences ar-mes. Dans ces rgions, linscurit est telle quelleentrave signicativement lacheminement de laidehumanitaire, y compris celle du CICR. En de pa-reilles circonstances, les emmes sont bien sr par-ticulirement vulnrables.

    Lhistoire de Yassi et Djum se dcline en de trsnombreuses versions : capture par des groupesarms, asservissement sexuel, sparation davecles enants, etc. Alors que Yassi et Djum sen-uyaient, une autre emme de la mme rgiontait contrainte dabandonner en lisire de villagesa lle de neu mois : la petite a survcu en broussedeux nuits et trois jours avant dtre trouve parhasard et remise au CICR et la Croix-Rouge centra-ricaine (qui ont ensuite pu localiser la grand-mrede la petite et la lui coner). Ces violences emp-chent tout dveloppement ainsi quen atteste unchire particulirement parlant : 48 ans cestlesprance de vie en Centrarique, la deuxime laplus aible qui soit au monde.n

    * Noms demprunt.

    Perry Proellochs

    Dlgu Communication CICR Bangui

    Elle est encore traumatise par ce qui lui est arriv. Et lorsquelle doit en parler elle a envie enmme temps d oublier tout a , car comment mettre en mots sa propre sourance. Femmeen zone de guerre, voici lhistoire de Yassi.*

    Ville dObo dans la Province du Haut Mbomou, une enant prostre.

    MarkoKokic/CICR

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    4/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 20124

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Katouo, petit village en bordure de route, sur laxeToulepleu-Bin houy, environ cinq kilomtres du

    Libria en empruntant les chemins de brousse comme on dit l-bas. Cest l que nous avons croisdame Boueu Zoueu Vronique, 35 ans et veuve.Elle en parat 45. Les preuves de la vie... Pourtantcest presque avec le sourire, mais visiblement ti-mide, quelle raconte son histoire.

    Elle na pas t gte par la vie, tristesse et dsola-tion se sont succd sur son chemin. Dj en 2002,quand le conit clate, elle a la chance avec sa a-mille de rejoindre le Libria voisin : sa mre, malade lpoque, son pre et ses cinq enants dont lun

    sourait de lulcre de Buruli.

    Sa mre na pu tre soigne quau retour en CtedIvoire, tandis que son ls mal soign, est presquehandicap aujourdhui. Le seul centre mdical de largion a d ermer pour cause de guerre. Cest aumoment o Vronique pensait sortir de toutes cesdifcults, que la crise postlectorale survint su-bitement en vrier 2011. Seules les grandes villesseraient touches, pensa-t-on. Les villages aussi neurent pas pargns.

    Laisser tout derrire soi et uir une ois de plusdifcile pour sa amille dont le pre venait de d-cder. Au quatrime jour des unrailles ils uient

    Boutouo, au Libria, avec sa mre et ses enants nouveau. Le mari de Vro veut rester au villagele temps de mettre leurs aaires en scurit. La a-mille craignait de tout perdre au retour. On ne lereverra plus.

    Dplace par la guerre

    Boutouo, il y a trop de dplacs et la vie est di-cile. Potable ou pas, leau tait difcile trouver.Enceinte en ce moment, Vronique se rsout yrester encore quelques semaines. son retour, elledcouvre sa maison en cendres, brle; sa mrelhberge. Des nouvelles du mari ? Jai appris quemon mari avait t tu. Pourquoi et par qui ? Le saura-t-on jamais ? , se rsigne-t-elle. Elle vit dsormaisseule avec ses enants et sa mre, trop ge pourlaider. Pour survivre elle parvient aire quatre par-

    celles de riz de bas-onds. Ctait a ou crever deaim , dit-elle.

    Tout le monde Katouo a t aect de quelquemanire que ce soit par cette crise , ajoute Vroqui aisait du commerce de manioc avant la crise.Faute de moyens, elle a d arrter. Devant le tasde paille qui reste de sa maison, elle explique quela Croix-Rouge a dcid daider reconstruire cer-taines maisons dtruites, dont la sienne. Elle pourraainsi reprendre ses activits en esprant des joursmeilleurs. Elle sait que le ardeau de tout cela est

    lourd porter. La perte de son mari ne sera jamaisoublie. On lui a vol sa mort parce quon ne lui amme pas permis de lenterrer.

    Cte dIvoire : Amlie et Vronique :chemins dexil et dangoisse

    Tout est parti dune lection qui tourne mal. La raison qui cde la place au langage des armes.La suite on la connat. La Cte dIvoire essaie de panser aujourdhui ses blessures. Certainesplaies ont cicatris, dautres ne se reermeront peut-tre jamais. Rcit peu ordinaire de chosesvcues par deux emmes ivoiriennes victimes des armes dans louest du pays.

    Vro : La guerre vous vole mmela mort de vos proches

    Vronique espre une vie plus tranquille aprs des vnements tragiquesB.Houdijk/CICR

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    5/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 5

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Elles taient nombreuses ce jour-l dans la cour duche de Deinneu, village situ une quinzaine dekilomtres de Zouan hounien dans louest ivoirien.Ctait lors dune visite du CICR. Pour la plupartdentre elles, la crise postlectorale navait apportque dsolation et perptuel recommencement.Dame Amlie Touakeusseu, la quarantaine peine,

    petite emme rle lair grave, a tmoign.

    Tout est parti de 2002, cona-t-elle, et depuis lors,sa vie na connu que rebondissements. Elle et sestrois enants quelle lve seule, ont d quitterZouan hounien et se rugier au Libria plusieursmois. Au retour, elle stablit Deinneu car il y avaittrop dhommes en armes dans son village dori-gine malgr larrt des hostilits. Il tait aussi plusacile pour les populations retournes dans les vil-lages davoir accs lassistance que ournissentla Croix-Rouge et dautres organisations humani-

    taires.

    Crise lectorale

    Deinneu, Amlie repart de rien avec son pe-tit commerce. Il a allu sarmer despoir pour airedabord manger ses enants au quotidien et prierque la maladie les pargne. Une autre lection pr-sidentielle lissue si redoute arriva et les contraint uir les combats en vrier 2011. Elle part cetteois-ci Gbeuleu au Libria, comme beaucoup degens de son village. Il aut se contenter de maigresressources pour ne pas mourir de aim.

    Supporter la aim un jour sur deux, cest pasgravemais regarder mes enants sans pouvoir rienleur donner manger mtait insoutenable , dit-elleavec dsolation.

    Gbeuleu, Amlie et ses enants dorment dans descampements. Pas de places pour tous les dplacs.Et lorsque lenant de sa sur tombe gravementmalade, la situation est perdue : Lenant est dcdsous nos yeux aute de soins adquats . Aprs unegrossesse difcile et un accouchement sans assis-tance mdicale dans la zone, la lle dAmlie aussi

    perd son bb.

    Laide alimentaire reue des organisations huma-nitaires au Libria ntait jamais susante pourles nombreux dplacs , explique-t-elle. boutde ressources, elle se rsout rentrer et dcouvretous les greniers du village pills. Les maisons sontpargnes. Une chance. La amille a pu tenir enpuisant dans le restant des champs de manioc etde banane.

    linstar dAmlie, beaucoup de dplacs sont re-

    venus reprendre leurs champs. Ses trois hectaresde cacao ont t nettoys avec laide de la Croix-Rouge et elle pense relancer son petit commerce.Ses deux derniers enants pourront reprendre unescolarit interrompue ces six dernires annes. n

    Ambroise Tinde

    Charg de Communication

    CICR, Sous-Dlgation de Man

    C Ivir | FeMMe et GueRRe

    Amlie : On ne peut supporter devoir ses enants mourir de aim

    Amlie: Je nai jamais t aussi dsespre. Jai pu rebondir aprs la premire crise mais la

    deuxime ma anantie

    B.

    Houdijk/CICR

    B.Houdijk/CICR

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    6/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 20126

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Cest dans son village natal de Kouring (Nyassia)que Martine, ancienne journalire dans un htel auCap Skirring, a dcid daller aider sa maman suite la maladie de son oncle. Elle est installe dans lamaison de son grand-pre et ce dernier lenvoie unjour chercher du bois, non loin du village.

    De bon matin, elle vaque cette occupation, nima-ginant pas un seul instant le danger qui guette.Elle navait pas vu lengin, elle ne savait mme pasquelle tait sur un terrain min, ce matin du 8 juin2009. Quand jai saut sur la mine, jtais compl-

    tement inconsciente. Cest aprs que jai su que majambe avait de graves problmes. En plus, j tais aucourant des accidents de mines dans dautres locali-ts aectes par la crise , afrme Martine. Lengin luiarrache une partie de la jambe.

    Ce sont les militaires bass dans le village qui luiportent secours et lvacuent lhpital de Ziguin-chor o elle est prise en charge jusqu gurisontotale par le CICR. Des bquilles lui sont remisesavant quun appareillage orthopdique soit mis sa disposition.

    Traumatisme et sentiment dimpuissance

    Aprs rtablissement et retour la maison, elle avcu des moments dangoisse surtout quand elletait seule, elle ne pouvait sempcher de pleurer.Une ancienne victime de mine, qui comprend sa si-tuation, lui rend de rquentes visites. Elle a pu ainsientrer en contact avec des personnes handicapespar les mines.

    Sngal : Martine, 39 ans ethandicape vie par une mine

    Cest dans un quartier trs populaire de la commune de Ziguinchor, au sud du Sngal que vitMartine, 39 ans et mre de deux enants. Cest au dtour dun petit matin quun engin explosia totalement boulevers sa tranquille petite vie. Handicape, elle se bat pour une meilleureinsertion sociale.

    FelipeM.Jacome/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    7/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 7

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Malgr le traumatisme physique et moral, elle d-cide de bouger et de se reprendre en main. Elle meten place, avec le soutien du CICR, son petit com-merce et rapprend vivre. Cette activit qui luipermet de subvenir ses besoins a chang le coursde sa vie.

    ma sortie de lhpital, jai t envahie par une peurpermanente de voir ma vie se fger pour cause dinac-tivit. Je me suis interroge plusieurs ois sur com-ment aire pour rgler mes problmes et ceux de maamille. Le soutien du CICR ma beaucoup soulage etrconorte .

    Grce ce petit commerce dhuile de palme, decondiments pour la cuisine, etc., elle parvientmme assister ses proches comme avant lacci-dent. Orpheline de pre, Martine prend en chargesa maman sourante, ses propres enants ainsi que

    ceux de quelques proches dcds.

    Cest grce aux bnfces du petit commerce que jepaie le loyer et la nourriture pour la amille mais aussique jarrive satisaire certains besoins .

    Pleine dinitiative et de volont, elle a russi largirla gamme de ses produits par la vente du charbon debois et du bois de chaue en raison des besoins ami-liaux et du cot de la vie sans cesse croissants. Ces

    produits issus du bois rapportent bien afrme-t-elle.

    Assister les nouvelles victimesDepuis son accident, Martine nest plus retournedans son village. Elle a des inquitudes et uneautre perception sur les dgts occasionns par lesmines.

    Le ait de poser une mine est un acte qui peut mettreen danger la vie. On ne sait jamais qui peut tombersur la mine. Un enant, un rre, une maman ou un pa-rent peut en subir les consquences. Personne ne doit

    plus avoir lide de poser une mine .

    Martine est toujours chagrine lannonce dunenouvelle victime. Cela rveille de trs mauvais sou-venirs. Je suis trs peine quand on mannonce unnouveau cas daccident de mine . Cependant parune orce intrieure, elle va toujours au chevet de la

    victime pour lui apporter un rconort et partagerson exprience. En plus, elle a russi une rintgra-tion sociale progressivement grce au soutien ortdes membres de son association regroupant lesvictimes de mines.

    La rencontre avec des personnes victimes de mines

    a contribu aonner ma vie et jen ai tir beaucoupde leons .

    Martine envisage dtendre un jour ses activitspour une plus grande autonomie nancire. Celapasse pour elle, par une plus grande volont dansle travail et une combinaison deorts. Connaissantet vivant la situation des victimes de mines et leursinquitudes, Martine na quun souhait leur en-droit : que ces dernires puissent aussi bncier leur tour de projets gnrateurs de revenus pourvaincre leur handicap.n

    Lazar SAGNACharg de Communication

    CICR - Sous-dlgation de Ziguinchor

    Cest grce aux bnfces du petit commerce queje paie le loyer et la nourriture pour la amille mais

    aussi que jarrive satisaire certains besoins .

    Martine tout sourire devant son petit commerceLazarSagna/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    8/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 20128

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Sarah, 20 ans : le viol vous pourrit la vie,bien aprs

    Elle a juste 20 ans mais que dpreuves vcues ! Ellehabite Kya, un village du territoire de Mwenga auSud Kivu en RDC. Au mois de novembre 2011, vers22 heures, trois hommes non identis et en armesont irruption dans son domicile. Leurs mauvaisesintentions sont claires ds le dpart. Elle est ma-trise et viole par ces hommes arms : Ils montintim lordre de ne pas crier, explique-t-elle. Sonmari est absent depuis deux ans, Sarah vit seuleavec son enant, personne ne vient laider. Ils nelont pas tue mais elle est dtruite.

    Depuis lors, Sarah est angoisse, maigrit de jour enjour et se sent aaiblie. Elle a souvent peur et soncur bat trs ort. Sarah a peur davoir attrap leVIH-SIDA et ne dort pas la nuit. Elle se sent souille jamais.

    Replie sur elle-mme, elle boude les champset dlaisse son enant. De peur dtre rejete, Sa-rah avait gard son lourd secret. Dsespre, ellese cone une amie qui lui conseille daller laMaison dcoute de Mwenga. Elles sy rendent en-semble le 1er dcembre 2011.

    Recoudre une vie en lambeaux

    Lagent psychosocial la rconorte et loue sa d-cision courageuse, un dbut vers la rhabilitationpsychologique et morale. Sa prise en charge com-

    mence par des changes sur ce qui lui est arrivainsi que les changements nots sur sa sant. Lesproblmes dont soure la victime sont ensuite

    classs selon limportance.

    Sarah a tabli lordre suivant : peur du VIH, sen-timent dtre souille, souvenirs rcurrents. Lesproblmes sont traits un un. Aprs trois visites la Maison, Sarah a progressivement repris les ac-tivits champtres. Elle est mme revenue la Mai-son dcoute et nous lavons vue vraiment contente ,commente lagent psychosocial.

    Dborah, 14 ans seulement et une vie reaire

    Dborah est une adolescente de 14 ans et habiteNgando, un village du Sud Kivu. Il est 14 heuresalors quelle revient des champs avec son amie ce24 dcembre 2011. Des hommes en armes nousont surprises sur le chemin et nous ont menaces,explique-t-elle. Plus chanceuse, son amie russit senuir

    Moi, ils mont prise, mont jete par terre et tous lestrois, ils mont viole. Arrive la maison, jai tout ra-cont mes parents. Ces derniers mont dit de quitterla maison . Ses parents, sous le choc, reusent decroire son histoire. Jai t oblige de chercher re-uge ailleurs. , regrette-t-elle. Cette attitude hos-tile des parents la choque.

    Un besoin dcoute

    Six jours aprs, Dborah tout en douleurs et trau-matise, est venue la Maison dcoute. Stigmati-se par les autres lves, elle reuse daller lcoleet reste clotre. Mais elle soure surtout de cettehonte qui ne la quitte plus et de la peur du sida.Son moral tombe au plus bas. Pendant lentretien,

    lagent la rconorte en louant son courage venirconsulter. La prise en charge de la sourance re-quiert une stratgie bien labore. Elle est orientevers lhpital pour les soins appropris.

    Rpublique dmocratique du Congo :Les Maisons , une coute attentive auxemmes victimes de la guerre

    En Rpublique dmocratique du Congo (RDC), le viol est utilis comme arme de guerre avecplus de 200 000 victimes depuis 1996 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour lesrugis. Le Sud et Nord Kivu totalisent le tiers des cas. Le corps des emmes est devenu un vraichamp de bataille. Vies brises, corps proans. Sarah, Dborah et Emilie* ont connu le viol. LesMaisons dcoute du CICR aident reconstruire des vies dtruites.

    Moi ils mont prise, mont jete par terre ettous les trois, ils mont viole. Arrive la mai-

    son, jai tout racont mes parents. Ces der-niers mont dit de quitter la maison .

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    9/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 9

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIqueRpli mcrai Cg | FeMMe et GueRRe

    Le rapprochement amilial est tent et la de-mande de Dborah, le Pasteur de son glise et unde ses oncles sont associs. Des sensibilisations

    sont menes lcole et dans son village. Aprs desvisites la Maison et trois sances de rapproche-ment, Dborah est retourne dans sa amille et lcole. Elle continue venir la Maison dcoutepour le suivi.

    Emilie, 45 ans, 5 enants Jai suppli quils me tuent, plutt tre

    morte

    Elle vit dans le territoire de Fizi dans la Province du

    Sud Kivu. Elle part avec son mari au march dans lajourne du 27 octobre 2011 et, obligs de passer lanuit, ils sont rveills par quatre hommes en armes.

    Ils nous ont battus coups de pieds et de crosse etnous ont tous ligots. Mon mari saignait beaucoup,il hurlait de douleur. Ils lont amen dans la ort.Quand ils sont revenus, ils mont dit quils lavaient tuet que jallais y passer.

    Javais les deux bras attachs au dos, ils mont renver-se et ont commenc me violer. Je navais jamais

    vcu une telle atrocit. Je les ai supplis de me laisserpartir ou de dlier mes bras qui aisaient trop mal. Etils se sont mis rireQuand ils ont fni, je les ai sup-

    plis de me tuer. Ils ont alors introduit une baonnettedans mon sexe, jai pouss un cri trs violent avant demvanouir. Je me suis rveille au village, entoure

    de personnes qui pleuraient. Admise en urgence auCentre de sant, je ne pouvais pas masseoir.

    On a appel la maman de la Maison dcoute, jai tsoigne gratuitement grce au CICR. Javais vraimentenvie de mourir. Et mme pour prendre les mdica-ments ou manger, il allait laide de lagent psycho-social. Je suis sortie du centre deux semaines aprsen continuant le traitement ambulatoire jusquau 3dcembre. Garder le contact avec la maman ma re-donn du courage. Dieu la bnisse infniment. Main-tenant je vais bien et jai rendez-vous chaque mois. Jedois savoir si mon mari est mort ou vivant, cest im-

    portant pour moi. n

    *noms demprunt

    Unit psychosociale Maison dcoute

    CICR RDC

    Les Maisons dcoute pour recoudre le moral

    La Maison dcoute apporte un r-conort et un soutien aux victimesde violence et les accompagne dansle travail de rhabilitation sociale etpsychologique. La victime de trau-matisme est aide dans son transport

    lhpital. Et la rinsertion dans unsystme ou un rseau social est aci-lite pour vaincre la solitude et/ou ladprime. Le suivi mdical et laccsaux soins durgence sont acilits parle personnel mdical du CICR. Un Kit

    PEP (prophylaxie post-exposition),est utilis pour prvenir les inectionsde VIH, la grossesse, lhpatite B, lesautres inections sexuellement trans-missibles et le ttanos. Le kit est ad-ministr dans les 72 heures. Pass ce

    dlai la victime bncie des autresproduits sau celui du VIH.

    Lunit psychosociale a une approchecommunautaire et de proximit. LeCICR slectionne, en priorit locale-

    ment, une association orant dj cetype de services et donne un appui-ormation en counselling et en thra-pie adapte la prise en charge descas. Le psychologue du CICR mnedes supervisions cliniques deux ois

    par mois pour un suivi adquat.

    Javais les deux bras attachs au dos, ils montrenverse et ont commenc me violer. Je navaisjamais vcu une telle atrocit. Je les ai supplis deme laisser partir ou de dlier mes bras qui ai-saient trop mal. Et ils se sont mis rire .

    WojtekLembryk/CICR

    WojtekLembryk/CICR

    Province du Nord Kivu, la clinique DOCS de Goma. Femmes victimes de

    violences sexuelles.

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    10/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 201210

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIqueFeMMe et GueRRe |

    Parois je ne dors pas du tout pendant plusieurs jours. Je repense ce qui mest arriv et je pleure.

    Je les ai supplis longtemps

    de ne pas me couper les

    mains. Jai dit : Tuez-moi

    plutt. Javais treize ans

    Ma vie a beaucoup chang depuis

    dix ans. La chance ma souri. Jai pu

    quitter le village des amputs pour

    immigrer Toronto au Canada.

    Extrait de lalbum Onze emmes ace la guerre, Nick Danziger,Editions Lieux dits, 2011, www.nickdanziger.comToutes les photos : Nick Danziger / Textes : Frdric Joli

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    11/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 11

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    On ma donn des mains en

    mtal, mais elles ne ressemblent

    pas des mains, je les mets

    parois mais elles sont difciles

    utiliser.

    MariatuSierra Lone

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    12/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 201212

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Quels sont les motivations et les rsultats de cetteoption?Les rponses du Gnral Niang.

    Incorporation des emmes dans larmeLe recrutement de personnels minins a dbutdepuis 1984 au niveau de lcole militaire de sant(EMS) de Dakar. Il ne concernait alors que la catgo-rie des ofciers. Parmi les premires tre recrutes,une a dj t promue au grade de lieutenant-co-lonel. Cest en 2008, par dcision du prsident dela rpublique que ce recrutement pour toutes lescatgories (ofciers, sous-ofciers et militaires durang) a t gnralis dans les orces armes (armeet gendarmerie).

    Postes daectation : administration ou

    terrain ?

    Tous les services sont ouverts au personnel mininmme si, pour le moment, une approche graduelleest retenue pour permettre chacune des di-rentes composantes des orces armes de prendreles dispositions administratives et oprationnellesncessaires une intgration efcace du personnelminin dans les services existants.

    Les raisons de lincorporation des emmesdans un milieu dhommes ?

    Elles peuvent tre multiples : la premire tant queles orces armes avaient le devoir dexcuter la vo-lont politique des autorits; la deuxime, monavis, est que le contexte du pays a beaucoup volu

    et, plusieurs gards, nest plus le mme. Et larmetant lmanation de la socit, son ouverture auxemmes qui ont plus de 50% de la population noussemble tout ait normale de nos jours.

    Apprendre la guerre aux emmes quidonnent la vie

    Cest vrai, les emmes donnent la vie. Mais je nepense pas que leur prsence dans les armes etleur ventuelle participation des conits soient unproblme thique. Plusieurs pays dans le monde,depuis des dcennies, comptent des emmes dansleurs orces armes, elles sont tout aussi engagesque les hommes dans la gestion de crises paroisviolentes sans que cela ne heurte la conscience dela majorit de leurs populations. Lemploi du per-sonnel minin au sein des orces armes ne peut

    tre universel, chaque pays ayant ses propres ra-lits socioculturelles et politiques. Cependant plu-sieurs pays ont ait le choix dviter que les emmessoient en premire ligne lors des crises violentesan de ne pas heurter leurs opinions publiques. Parexemple malgr leur longue exprience, les Etats-Unis ont dcid demployer des emmes dans lesunits combattantes, seulement il y a un trimestre.

    valuation de la prsence des emmessous le drapeau

    Aprs quatre ans peine de prsence gnralisedes emmes dans les armes, une valuation objec-tive et exhaustive peut tre prmature. Touteois, ilest indniable que la prsence des emmes en leursein a apport un plus aux orces armes. Ainsi, lesorces armes retent mieux la physionomie de lasocit sngalaise.

    Personnel minin dans les armesLe Sngal et le Niger en exemple.

    Beaucoup de pays ont opt pour lincorporation. Le Gnral de brigade, Meissa Niang, di-recteur du contrle, des tudes et de la lgislation du dpartement des Forces armes, livrelexprience sngalaise. Celle du Niger est explique travers le portrait de Salamatou, lve-ofcier dactive, distingue lors de la 6me dition du concours national de plaidoirie en droitinternational humanitaire (DIH).

    Sngal : une exprience russie

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    13/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 13

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Salamatou Moussa Boureima, lve ofcier dactivede 3me anne, de lcole de Formation des Ofciersdes Forces Armes Nigriennes (EFOFAN), a t d-signe par le jury comme meilleur plaideur duconcours ! Pour cette jeune emme, cest une sur-

    prise et un immense honneur . Visiblement sa pres-tation lors des phases liminatoires du concours aconvaincu le jury, sduit par la orce et la convic-tion avec laquelle la jeune ofcier sest dresse endenseur des victimes de la guerre et cela sanscontradiction avec le mtier quelle a choisi. PourSalamatou, tre une emme dans larme est unchallenge et plus de emmes dans larme pour-rait tre bnque cette institution parce que, les emmes militaires peuvent contribuer donnerun visage plus humain la guerre, de par leur sensi-bilit et leur compassion naturelles assure-t-elle.

    La jeune emme de 25 ans, dtentrice dune licence

    en droit des aaires, continue sa ormation dof-cier lEFOFAN. Elle assure que cette brve incur-sion dans le domaine de la dense des victimes dela guerre a durablement laiss des traces dans sonesprit. Elle espre ainsi pouvoir avoir lopportunit

    dapproondir les connaissances acquises an deles vulgariser auprs de ses camarades de corps. De toutes les aons, dit-elle, les orces de dense et descurit ont lobligation de protger les populations etce concours de plaidoirie tait une bonne occasion dese le rappeler. n

    Daddy Rabiou Oumarou

    Assistant/relations mdias

    Dlgation rgionale CICR Niamey

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Salamatou (Niger) : Femme, jai choisi le mtier des armes

    Niger : Salamatou Moussa Boureima, deuxime partir de la gaucheOudeiBachirou/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    14/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 201214

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Quand les bombardements ont com-menc

    Jai quitt mon village non loin de Nguiguimi dansla rgion de Dia lge de 13 ans pour rejoindremon poux qui travaille Syrte en Libye. Mes six en-ants y sont ns, les plus gs partaient dj lcole.Nous avions quitt Syrte le 10 du mois de ramadan,mes enants et moi. Les rebelles ntaient pas rentrsdans la ville mais les bombardements staient in-

    tensifs. Les populations quittaient le centre urbainpour se rugier dans les jardins alentours. Les com-merces taient erms. Les enants terrs la maisonnallaient plus lcole. Je vous assure, la nuit, nousne dormions pas, les enants pleuraient cause du

    bruit des obus qui tombaient. Nous sommes sortisdes maisons de crainte quelles soient touches. Jeconnais des voisins qui ont pri suite leondrementde leur maison.

    De Syrte Agadez : tmoignage dunenigrienne retourne de la Libye

    Le conit qui a svi en Libye en 2011 a provoqu un dplacement massi des migrants aricainsvers leurs pays dorigine. Au Niger, on parle de 200 000 personnes qui sont revenues, uyantla violence des arontements. Agadez, ville nigrienne situe au nord du pays partageant lamme rontire avec la Libye, a vu sa population goner en six mois. Des amilles entires ontregagn le bercail mais ont du mal sintgrer dans la vie socioconomique. Les populationsdAgadez, aectes par le conit de 2007 et la scheresse de cette anne, rencontrent des di-cults pour rpondre aux besoins de ces retourns. Retourne de la Libye, Aljuwa Hassan estoriginaire de la rgion de Dia, au Sud-Est du Niger. Installe depuis plusieurs mois avec sixenants au quartier Misrata dAgadez, elle a pu rsister les premiers jours grce aux aides reuesdes voisins. Elle a aussi reu du CICR, un lot de biens mnagers essentiels et une ration alimen-taire pour trois mois. Grce la Croix-Rouge, elle a pu crire un message transmis au bureau duCICR en Libye pour avoir des nouvelles de son poux, rest Syrte. Rcit dun itinraire.

    A Agadez (Nord Niger), vues de camions ramenant des retourns de la Libye

    DaoudaYacouba/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    15/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 15

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Partir tout prix

    Face cette situation, mon poux a dcid de nousaire partir. On a brad une partie de nos biens pour

    payer notre transport. Mon mari a prr rester pourgarder les biens laisss dans la maison et cela aisait

    plus de trois mois quil navait pas reu son salaire. Il

    a promis de nous rejoindre Sabha, dans le Sud dela Libye, si la situation ne samliorait pas. Avec 300autres nigriens, nous avons lou un camion quinous a transports Sabha, o la situation tait pluscalme. Aprs une semaine, jai perdu contact avecmon mari. Quand jessayais de le joindre au tl-

    phone, cest une autre personne qui rpondait avecun ton menaant. Jai dcid donc de vendre descouvertures et une partie des bijoux de ma flle pour

    payer notre transport vers le Niger.

    Un mois dans le dsert

    Le priple a t trs dicile pour mes enants. Ils sonttous tombs malades aprs plus dun mois de voyagesur un camion, exposs au soleil et la poussire dudsert. Heureusement une ONG internationale inter-venant dans ce domaine les a pris en charge gratuite-ment. Dieu merci, mes enants ont retrouv la sant.

    Bien quoriginaire de Dia plus au Sud, jai prrminstaller Agadez o beaucoup de personnes par-tagent la mme histoire que moi, et de toutes les a-ons, Dia, je ne pouvais voir ma amille en cette

    priode : ce sont des nomades qui se dplacent conti-nuellement en qute de pturages pour le btail.

    Repartir de zro Agadez

    Ici, nous avons pu avoir un abri grce la solidaritcommunautaire. Si nous avons survcu cest grce cette chane de solidarit. Avec les 2000 ou 3000rancs Ca reus de la part de bonnes volonts, jaimis en place un petit commerce. Le matin, je sillonnela ville dAgadez pour vendre de lencens. Je peux ga-gner jusqu 3000 Ca par jour. Cet argent me permetde varier les aliments pour mes enants. Je continuedattendre car sans nouvelles de mon poux je ne

    peux bouger dici .n

    Daouda Yacouba

    Assistant Communication

    Sous-dlgation CICR Agadez

    C Ivir | FeMMe et GueRRe

    DaoudaYacouba/CICR

    Aljuwa Hassan revenue de Libye avec ses deux enants

    Assistance aux migrants dans le sud du pays

    Genve / Tripoli (CICR) Ces derniersjours, avec le soutien du Croissant-Rouge libyen, le Comit internationalde la Croix-Rouge (CICR), a ourni descolis alimentaires et dautres biensde premire ncessit pour quelque1.100 migrants retenus dans descentres Qatroun et Mourzouq, proximit de la rontire avec le Niger,dans le sud-ouest du pays. Le nombrede personnes vivant dans ces centresuctue de jour en jour.

    Ces gens sont arrivs dernirement despays voisins , explique Kemal Kimyon-

    gur, dlgu du CICR responsable desdistributions. Ils sont hbergs dansdes conditions trs prcaires et man-quent de vivres. Malgr des secoursmis leur disposition par les commu-

    nauts locales et lagence humani-taire libyenne LibAid, les migrants setrouvaient conronts des besoinstoujours plus importants.

    Du ait que nous vivons dans une villerontire, nous sommes constammentsous pression , dplore Mohamed Ah-med Saleh, che de ladministrationlocale de Qatroun. Ces derniers mois,nous avons observ une augmentationdu nombre de migrants qui pntrenten Libye. Nous sommes proccups parleurs conditions de vie. En plus de vivreset darticles dhygine, ils doivent aussi

    pouvoir accder des soins de santprimaires et sapprovisionner en eaupotable. Malheureusement, nous nesommes pas en mesure de aire ace cette situation ; raison pour laquelle

    nous avons demand de laide.

    Le CICR et le Croissant-Rouge libyenont distribu du sel, du sucre, du riz,des ptes, du concentr de tomate,de lhuile et dautres produits alimen-taires, ainsi que des articles mnagersessentiels tels que seaux, jerrycans,matelas, bches et assortiments dus-tensiles de cuisine. Des rserves deces secours ont t constitues dansles locaux de la section de Sabha duCroissant-Rouge libyen, au cas odautres distributions seraient nces-saires dans la rgion.

    Soaade Messoudi, CICR Tripoli

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    16/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 201216

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Femmes, violencesarmes et rsilience :lapproche du CICR

    Malgr les sourances innies que les emmes en-durent en temps de violence arme, nombre dentreelles ont preuve dune orce et dun courage horsdu commun. Loin dtre de simples victimes, ellestrouvent souvent des moyens ingnieux pour aireace aux difcults, protger leurs amilles et pr-server leurs communauts. Aprs avoir tout perdu,ces emmes trouvent en elles les ressources pourtout reconstruire et tout recommencer. En aidant leCICR mieux cerner leurs besoins spciques, elles

    lui permettent dorir une rponse humanitaire auplus prs de leurs ncessits.

    Une quipe au sige du CICR Genve

    Un bureau Femmes et Guerre a t mis en placepour une meilleure comprhension du sort desemmes lors de violences armes. Le Bureau accom-pagne les quipes du terrain dans lintgration syst-matique des paramtres du genre dans lanalysedes problmes, la conception des rponses et dansle monitoring de leur mise en uvre.

    La cration du bureau Femmes et Guerre rsultede ltude intitule Les emmes ace la guerre, re-lative limpact des conits arms sur les emmes.Pendant deux ans (1998-99), les dlgations duCICR dans le monde ont ait le rapport des activitsen aveur des emmes touches par un conit arm.Rsultat : un guide pratique en est sorti en 2004. En-suite le Bureau a dvelopp toute une srie doutilsde rrence pour permettre au personnel du CICRsur le terrain danalyser et de mieux prendre encompte les besoins des emmes. En cas de violencesexuelle par exemple, le soutien doit tre intgral

    et inclure des mesures de protection et dassis-tance, quelle soit mdicale et psychosociale, co-nomique ou encore juridique. La prise en chargede lensemble de ces besoins, ainsi que la capacitde rsilience des emmes touches par ladversitavorisent souvent leur rinsertion dans la socit.

    Et une la dlgation rgionale de Dakar

    An de dcentraliser le projet initi Genve, le CICRa cr en 2011 une unit Femmes et Guerre base Dakar pour permettre aux dlgations de la rgion

    de mieux apprhender les besoins des emmes enArique du nord et de louest. Anglique Sarr, juristede ormation, est en charge de ce projet. Dans cettergion comme ailleurs dans le monde, des emmeset des lles conrontes aux violences armes doi-

    vent aire ace des dangers, des problmes etdes ds qui dpassent souvent lentendement. loccasion de ses missions sur le terrain, Ang-lique a pu constater que les eorts dploys parle CICR durant ces dernires annes portent leursruits, mme si les ds restent incommensurables.Selon elle, les initiatives du CICR en Casamance re-prsentent de bons exemples visant lintgrationdes perspectives des emmes et des lles dans lesactivits oprationnelles.

    Un exemple en Casamance

    Prsent en Casamance depuis 2004, le CICR porteprotection et assistance aux victimes du conit, touten intgrant les besoins spciques des emmeset des lles. Il acilite ainsi lapprovisionnementen eau, traditionnellement la charge de la gentminine, par la construction de puits. Des moulins-dcortiqueuses crales contribuent galement rduire leur charge de travail et acilitent la sub-sistance de 500 amilles dans leurs communautsrespectives. Des microprojets gnrateurs de reve-

    nus permettent en outre de soutenir des personnesparticulirement vulnrables, notamment desemmes victimes de mines ou encore dplacespar la violence. Bncier dun microprojet peutpermettre dviter des cueils, tels que la mendi-cit ou la prostitution, et contribue amliorer lesconditions de vie des amilles de ces victimes. Lesrevenus des emmes sont en outre renorcs grceaux jardins marachers, et la distribution doutils etde semences.

    En milieu rural, la construction et lquipement destructures de sant et de maternits compltentune rponse humanitaire qui cherche, de manireintgrale, redonner la dignit aux emmes qui ontparois tout perdu. n

    Dnes BenczdiCoordinateur communication CICR Dakar

    RicciSkryock/CICR

    Distribution daide alimentaire en Casamance

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    17/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 17

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIqueRpli mcrai Cg | FeMMe et GueRRe

    Jeanie, 50 ans, travaillait pour le CICR depuis 1980 etavait port assistance aux populations dans diverscontextes : Thalande / Cambodge, Pakistan, Zim-babwe et Indonsie. Elle avait consacr presque lamoiti de sa vie au service de lhumanitaire, sou-lager les sourances des personnes les plus vuln-rables. Ce 1er septembre 2006 la sortie de Sindianen Casamance, son vhicule sauta sur une mine.Jeanie est dcde, ses trois collgues sont blesss.Un choc pour tous ceux qui lavaient connue.

    Aujourdhui dans les locaux de la dlgation duCICR Dakar, lEspace Jeanie Waddell-Fournier(EJWF) ore un lieu de recherche et de rexion surlaction et le droit humanitaires. Les proesseurs etleurs lves, les journalistes, les chercheurs, les mi-litaires et le public en gnral peuvent ainsi venirconsulter une documentation varie. Des runionsdorganisations humanitaires, sociales ou duca-tives y sont galement tenues.

    Le site web de lespace a t lanc le 12 avril 2012 etpermet daccder de nombreux documents lis

    au droit humanitaire. Durant la crmonie dinau-guration, loccasion a t donne de soulignerlimportance croissante pour le CICR des rseauxsociaux comme Facebook (acebook.com/icrcans)et Twitter (twitter.com/cicr_rancais). Frdric Jolia pour sa part partag, par vidoconrence, lex-prience de son blog lhumanitaire dans tous sestats : http://cicr.blog.lemonde.r.

    Un espace web pour rendre hommage JeanieWaddell-Fournier, et loccasion davoir une pen-se mue pour la amille de notre collgue KhalilRasjed Dale, brutalement assassin en avril 2012au Pakistan aprs avoir t retenu en otage durantplus de quatre mois.n

    Charles Sanches

    Assistant communication CICR Dakar

    & Marie Berthe Emilienne Coly

    Assistante communication CICR Dakar

    Site web : www.espacejw.org

    Espace Jeanie Waddell-Fournier :

    nouvelle plateorme sur le web

    SandyHaessner/CICR

    SandyHaessner/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    18/20MAG Hmaiair CICR | N 4Aot 201218

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    Comment en tes-vous arrive exercerce mtier au CICR ?

    Jaime les ds. Je suis arrive au CICR en 2009et auparavant, javais ait partie des premiresemmes conductrices de taxi dans la capitale sn-galaise grce au programme Taxi sisters . Ctaitune premire pour un mtier jusque-l rserv auxhommes. Avec ma collgue Fatou Faye, galementchaueur au CICR, ctait notre baptme du eu

    pour ce genre dvnements dans lurgence huma-nitaire.

    Quel tait votre rle pendant les r-centes lections au Sngal et quellesen taient les difcults ?

    Notre rle tait dvacuer les blesss vers les centresde sant de la capitale. La visibilit tait renduedifcile par les gaz lacrymognes. Il allait aussi serayer un passage travers des rues obstrues parles oules de maniestants qui mettaient en traversdes pneus enamms. Au total, la Croix-Rouge s-ngalaise a pu assister plus de 150 victimes des vio-lences lectorales.

    Comment avez-vous ait pour grervotre stress et votre peur ?

    Bizarrement on na pas peur en plein thtre desoprations, cest bien plus tard quand on y repenseque votre estomac se noue, surtout par rapport nos enants. Je nai pas bien dormi cette nuit l. Onne sait jamais ce qui aurait pu nous arriver. Les ma-niestants en colre, les vitres qui volent en clat,les jets de pierre, les gaz lacrymognes et les bles-

    ss ensanglants, cest quand mme trs impres-sionnant. Mais on se concentre sur ce quon doitaire. Cest vraiment lurgence, les blesss doiventarriver le plus vite possible aux structures de sant.Ils dpendent de vous. On est concentr 100 %sur cet objecti, on pense rien dautre.

    Le CICR mne une campagne sur lessoins de sant en danger. Quellestaient les attitudes votre gard dansles rues de Dakar pendant ces vne-

    ments ? Vous sentiez-vous respecte ?On se sentait trs respecte et cela sest traduit parexemple, par les applaudissements du public notre passage et par laide quon recevait de gensanonymes pour aire dgager les passages blo-qus. Lemblme de la Croix-Rouge est respect auSngal, et tant les maniestants que les orces descurit nous ont laiss mener bien notre actionhumanitaire, en dpit de la tension ambiante. Etpeut-tre quune oule en colre laisse plus acile-ment passer un vhicule de secours conduit parune emme. Ce nest pas si commun au Sngal, les

    gens semblaient admirer cela.

    Ces vnements ont-ils chang votre re-gard sur votre travail ? Et sur laction dela Croix-Rouge ?

    Le ait de voir des blesss couchs par terre en at-tente daide vous donne une sacre impressiondutilit et cela na pas de prix. Cest le cur denotre mandat, reaire absolument si loccasiondevait encore se prsenter. Mais bien sr, jespreque ce ne sera pas le cas!n

    Amadou Mansour Diou

    charg de linormation CICR Dakar

    Sngal : Rose, chaueur du CICR, vacueles blesss durant les violences pr-lecto-rales en vrier

    CICRDakar

    Rose : devant un vehicule ambulance

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

    19/20MAG Hmaiair CICR | N 4 Aot 2012 19

    FeMMes et VIoLenCe ARMe en AFRIque

    CICR

    02.07.2012

    Peter Maurer, nouveau prsident du CICR

    Peter Maurer, le nouveau prsident du CICR, est en-tr en onction le premier juillet 2012. Il remplaceJakob Kellenberger qui a prsid linstitution dejanvier 2000 juin 2012.

    RPubLIque dMoCRAtIque du ConGo

    11.07.2012

    Rpondre aux besoins les plus urgentsde la population du Nord KivuLa situation humanitaire et la scurit de milliersdhabitants de la province du Nord-Kivu devien-nent de plus en plus imprvisibles et prcaires enraison notamment des arontements qui se pour-suivent entre les orces gouvernementales de laRpublique dmocratique du Congo (FARDC) et leMouvement du 23 mars (M23).

    MALI

    31-07-2012

    Le CICR visite des dtenus dans le nord

    du paysDans le nord-est du Mali, le Comit international dela Croix-Rouge (CICR) a visit, les 29 et 30 juillet, 79militaires maliens dtenus par le Mouvement natio-nal de libration de lAzawad (MNLA) dans la rgionde Tinzaouatne.

    En sa qualit dintermdiaire neutre, il va par ailleursaciliter le transert dun dtenu libr pour raisonsde sant, qui sera remis aux autorits maliennes.

    Lquipe du CICR a pu sentretenir avec ces dte-nus et enregistrer leur identit. Elle a galementmis des moyens de communication tlphonique leur disposition pour leur permettre de parler leurs proches Bamako et ailleurs.

    soMALIe

    17-08-2012Assistance alimentaire 420 000 per-

    sonnes MogadiscioGenve/Nairobi (CICR) Le Comit international dela Croix-Rouge (CICR) vient dachever Mogadiscioune distribution de rations alimentaires de basepour un mois quelque 420 000 personnes particu-lirement vulnrables (personnes dplaces, orphe-lins, personnes ges et personnes handicapes).

    syRIe

    09-08-2012

    Des secours supplmentaires parvien-nent Alep et ailleursDes milliers de civils, en particulier dans les gou-vernorats de Damas et dAlep, sont dsespr-ment en qute de scurit. En dpit des problmescroissants auxquels ils ont t conronts ces troisdernires semaines, le CICR et le Croissant-Rougearabe syrien sont venus en aide plus de 125 000personnes touches par la violence dans plusieursparties de la Syrie.

    H.M.

    Kamara/CICR

    Tabala* ...chos dailleurs

    * Instrument de percussion utilis enArique de lOuest

    ThierryGASSMA

    NN/CICR

  • 7/31/2019 Mag Humanitaire No. 4 (Franais)

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