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Master 2 Pro Conduite de Projets Culturels- Connaissance des publics Nanterre - Paris X Lumière sur le FESPACO et la distribution du cinéma africain Audrey Dang Production et diffusion Cinématographique et audiovisuelle François Campana

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Master 2 ProConduite de Projets Culturels-

Connaissance des publicsNanterre - Paris X

Lumière sur le FESPACO et la distribution du cinéma africain

Audrey Dang

Production et diffusion Cinématographique et audiovisuelle

François Campana

Janvier 2006Sommaire

Introduction

I- Le FESPACO, vitrine du cinéma africain

1- Historique 2- Moyens de promotion, FESPACO et dérivés

II- La fréquentation du Public

1- Le FESPACO une fête populaire du cinéma2- Les limites, la crise du cinéma

III- Visibilité et distribution du film africain

1- L’inadéquation des salles de cinéma 2- Le parent pauvre : la distribution3- Les actions favorisant la diffusion du cinéma burkinabé

Conclusion

Annexes

1- FESPACO : fiche technique2- Palmarès officiel du Fespaco 20053- Palmarès des prix spéciaux du Fespaco 20054- Photographies de la 19e édition du FESPACO 5- Le Marché International du Cinéma et de la Télévision Africains 6- La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou7- Photographies du CNA

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Introduction

A partir de 1969, débute une manifestation qui met désormais le cinéma à l’honneur : La Semaine du Cinéma, qui deviendra plus tard, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (le FESPACO). Très vite, le festival grandit, gagne en notoriété sur la scène internationale, offrant à Ouagadougou le titre de « Capitale du cinéma africain », et demeurant désormais inscrit dans l’agenda culturel des professionnels et passionnés du cinéma.

Depuis la création des Etats Généraux du cinéma et de l’audiovisuel en juillet 1987, un certain nombre d’actions et d’initiatives sont prises au Burkina Faso, faisant naître de nouveaux mécanismes de fonctionnement, telles des lois d’orientation portant sur la Culture et en particulier sur le cinéma.

Mais qu’en est-il de la réception de ce septième art au Burkina Faso par la population? En dehors du FESPACO, les Burkinabés s’intéressent-ils plus au cinéma africain ? Quels sont les freins à la distribution et à la diffusion des œuvres cinématographiques africaine?

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I- Le FESPACO, vitrine du cinéma africain

1- Historique

En 1969, un groupe de cinéphiles créent la première manifestation consacrée au cinéma au Burkina Faso, « La semaine du Cinéma », dont le but est de « permettre aux africains de voir les productions cinématographiques de leur continent ». Plusieurs membres du Gouvernement burkinabé s’y rendent et décident d’appuyer la deuxième édition qui se déroulera l’année suivante.

1972, Jim Cola sort le premier film burkinabé, et le 7 janvier de cette même année, le Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), placé sous la tutelle du Ministère de la Culture du Burkina Faso, s’institutionnalise dans la capitale. Dans une même consonance, il vise à contribuer à l’essor, au développement, à la sauvegarde du cinéma africain, et à « favoriser la diffusion de toutes ses œuvres ».

A partir de sa 6e édition, le FESPACO devient une biennale, débutant le dernier samedi de février de chaque année impaire. Le festival gagne peu à peu une renommée internationale, et l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF), puis l’Union Européenne interviennent financièrement, et les moyens de production et de diffusion se décuplent.

« Au départ, il n’y avait que deux salles de cinéma, mais elles étaient pleines. Tout le monde venait. Je pense que le fait de voir des Africains comme eux à l’écran, changeait leur façon de voir le cinéma. [Le fait est que] les étrangers venaient assister à l’événement, qui a fait tache d’huile tout de suite. La presse s’en est mêlée et, très vite, le FESPACO a grandi et a gagné une renommée internationale. »1

Il devient donc l’incontournable rendez-vous du cinéma qui permet de nombreux contacts et échanges entre professionnels et amateurs avertis, provoquant l’émergence de nouveaux talents, cinéastes et autres.

Les films primés au FESPACO se voient souvent invités aux festivals internationaux, provoquant un effet boule de neige. La reconnaissance de ce septième art en Afrique et l’émergence de certains réalisateurs sur la scène mondiale sont enfin d’actualité. Gaston Kaboré, Idrissa Ouedraogo, ou encore Pierre Yaméogo se sont démarqués au fil des éditions et sont devenus des cinéastes respectés marquant l’identité du cinéma burkinabé. Grâce au festival, les films africains gagnent en qualité, permettant la sensibilisation d’un public qui n’hésite pas à parcourir des kilomètres pour se rendre à Ouagadougou devenue vitrine du cinéma africain.

2- Moyens de promotion, FESPACO et dérivés

La programmation met en compétition des films réalisés par les auteurs africains : courts et longs métrages, films documentaires, fictions. Les projections ont lieu dans les grandes salles de la ville. Le jury visionne la sélection dans les locaux de la Direction de la cinématographie nationale et attribue des prix2 pour encourager les démarches de création cinématographiques et audiovisuelles.

La 19ème édition, marquée par le sceau du cinquantenaire du cinéma subsaharien, s’est tenue du 26 février au 6 mars 2005. 170 films réalisés par des cinéastes de 40 pays ont été projetés. 68 films dont 20 longs-métrages et autant de courts-métrages ont été en compétition, ainsi que des productions TV-vidéo (fictions, séries, sitcoms), dans neuf lieux de projections3: le Ciné Neerwaya, le Ciné Burkina, le

1 Interview d’Alimata Salambéré réalisée par Afrik.com, le 4 mars 2005.2 Cf Annexes : « Palmarès officiel 2005 » et «Palmarès prix spéciaux 2005 ».3 Dont deux sites de projections sur écrans géants.

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Ciné Oubri, le Grand Mélies, le SIAO, le Stade du 4-Août, la salle de la CGP, la salle du CBC et la salle du petit Méliès.

Durant les différentes éditions, des projections et des consultations sont ouvertes aux professionnels et cinéphiles intéressés. Des rencontres, des ateliers, des forums en rapport avec le thème dominant de l'édition sont organisés, ainsi que des stages techniques pour les professionnels (projectionnistes, exploitants de salles...). En règle générale, tout ce qui peut favoriser l’accès et la promotion du cinéma africain est proposé.

Parallèlement, le Marché International du Cinéma et de la télévision Africains (MICA), est installé dans les locaux du Centre Culturel Français "Georges-Méliès", c’est un lieu de négociation pour l'exploitation et la diffusion de films. On y propose un catalogue de films africains ou sur l'Afrique. Lors de la dernière édition du FESPACO, 271 films étaient présentés et leur visionnage était accessible aux professionnels du cinéma.

A l’origine instauré par des cinéastes africains réunis à Niamey en 1982 pour un colloque, le MICA est aujourd’hui le marché le plus important au niveau international.

Par ailleurs, la Cinémathèque Africaine archive les films et propose une véritable banque de données du cinéma africain et lui assure une visibilité permanente des oeuvres. Les collections sont mises en valeur pour favoriser une réflexion et une recherche endogène ; et comprend des films anciens retraçant l'histoire contemporaine du continent.

Le FESPACO concentre de multiples moyens pour faire connaître le cinéma africain aussi aux autochtones. Il amène le cinéma à la population autant qu’il essaie d’amener la population au cinéma.

Le festival ''off'' se tient surtout le soir. De nombreuses manifestations culturelles, comme des concerts animés par des artistes locaux, montrent au public venu de tous continents, les multiples facettes de la culture burkinabée.

La ‘'Maison du Peuple'' et « la rue marchande » font aussi la spécificité du FESPACO. De nombreux commerçants et artisans arrivent de pays limitrophes pour vendre leurs produits et participer au grand événement. Les visiteurs se bousculent devant les stands où sont exposés objets, parures et autres. Cet espace commercial concourt à la redynamisation de l’économie du pays, et permet également, d’après ses fondateurs, à faire la promotion du « folklore » burkinabé : « Nous nous sommes dit que le cinéma ce n’est pas uniquement la caméra, les bobines et les acteurs. Les acteurs sont habillés. Ils portent des bijoux. Il y a des décors. Donc, il faut que l’on retrouve les accessoires dans la rue et qu’on puisse les acheter. Au départ, des gens venaient de très loin (de l’étranger) et voyaient pour la première fois des canaris, des calebasses, des tam-tams... dans les films. Mais ils ne savaient pas comment ils sont en réalité. Mais si en sortant de leur hôtel ils voyaient la calebasse ou le tam-tam d’un film, ils l’emportaient en souvenir. C’est important, car cela fait aussi connaître notre culture. »4

Les professionnels estiment qu'une manifestation comme le FESPACO est un événement important pour le cinéma africain, permettant des échanges et une promotion importante, mais qu’en est-il du festivalier et de la population ?

II- La fréquentation du Public

1-Le FESPACO, une fête populaire du cinéma

Pendant le FESPACO, on compte environ 400 000 festivaliers, la fréquentation des salles bat son comble : « Les gens prennent d’assaut les salles de cinéma, se bousculent, font des queues interminables... Des gens se positionnent même des heures avant

4 Interview d’Alimata Salambéré réalisée par Afrik.com, le 4 mars 2005.

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l’ouverture devant le guichet parce qu’à chaque fois, certains repartent sans avoir pu avoir une place. »5 Même si Le coût d’une place peut aller de 500 à 2 000 FCFA6, il n’est pas un frein à la fréquentation. Les Burkinabés aiment le cinéma africain et burkinabé plus particulièrement. Ils vont souvent dans les salles et s’organisent pour pouvoir le faire. Pour certains, aller au cinéma, c’est s’enrichir intellectuellement, enrichir son imaginaire.

Le public africain est sensible aux thèmes rappelant une tragique réalité de la vie, où le jeu des acteurs dans lesquels les spectateurs doivent se reconnaître, l’invite à rêver, à s’évader, à se divertir et à espérer un mieux-être, une justice… Dans chaque production, les mêmes thèmes reviennent : la douleur accompagne l'espoir et la sagesse, la poésie flirte avec l'humour et l'émotion, l'amour n'est jamais loin, bien au contraire, il est souvent omniprésent.

Aller au cinéma est aussi un acte social et populaire.

Pendant le FESPACO, les films africains remportent un franc succès, mais ceci va à l’encontre des habitudes des spectateurs qui, hors festival, tendent à regarder les superproductions étrangères.

D’après Mahamoudou Ouédraogo, Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso, « cela est dû au fait qu’il n’y a que pendant que le FESPACO que l’on a réellement l’occasion de voir des films africains. Sinon, il est difficile de voir un film africain en Afrique. »7

2- Les limites, la crise du cinéma

Aujourd’hui, force est de constater que les télévisions nationales ne s’impliquent pas suffisamment dans la production ni dans la diffusion des créations cinématographiques locales. Il y a une véritable invasion des images occidentales, qui n’ont souvent aucun rapport avec la vie des burkinabés. Les superproductions américaines, les films de kung fu, les mélos hollywoodiens et autres, occupent le haut de l’affiche partout en Afrique ou presque. De plus, les blockbusters américains, déjà amortis sur le marché international8, disposent d’une importante publicité gratuite à la télévision (grâce aux chaînes occidentales retransmises en Afrique via CFI et TV59), ce qui leur donne un avantage par rapport aux films africains.

Sous jacente depuis dix ans, la « crise » du cinéma s’accentue depuis ces cinq dernières années. La consommation d’images s’est modifiée. Les bouquets de chaînes, les DVD, et le développement exponentiel du piratage ont succédé à la télévision nationale unique. Les nombreux sitcoms brésiliens concurrencent très fortement les sitcoms locaux apparus récemment. Le sitcom en général a pris un tel essor que dès qu’un épisode est diffusé, on remarque tout un attroupement de personnes autour de la seule télévision de la cour10.

La télévision est un média très efficace et très regardé, qui doit concourir à l’éducation cinématographique de la population.

Le FESPACO tend à faire des choix de films qui conviendraient à l’international. De ce fait, ils sont moins accessibles à certains autochtones qui souvent, trouvent que ces films ne les représentent que marginalement. Ceci a été illustré à l’occasion de la 18e

5 Coup de projecteur sur le cinéma burkinabè, interview de Mahamoudou Ouédraogo, Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso, réalisée par Habibou Bangré 3 mars 2005.6 Soit environ 75 centimes d’€uros et 3 €uros.7 Coup de projecteur sur le cinéma burkinabè, interview de Mahamoudou Ouédraogo, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso, réalisée par Habibou Bangré 3 mars 2005.8 Les majors offrent la fourniture des copies aux distributeurs, moyennant un partage des bénéfices.9 CFI TV (Canal France international) et TV5 étaient il y a cinq ou six ans les deux seules chaînes françaises diffusées en Afrique.10 Place centrale d’un carré d’habitation

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édition par le critique et historien tunisien Ferid Boughedir : ‘'La vraie spécificité du FESPACO, c'est de permettre aux Burkinabés de voir des films africains et de servir de test : certains films étant formatés aux normes des grands festivals, le public local réagit très mal''11.

La culture n'est pas, au Burkina Faso comme dans beaucoup de pays d’Afrique, une préoccupation première. Pour beaucoup, il est plus important de nourrir sa famille que d'aller au cinéma, un art est un luxe. De fait, nombreux sont ceux qui ne fréquentent pas les lieux culturels s’ils sont payants.

III- Visibilité et distribution du film africain

Malgré l’effort de l’Etat et des professionnels du secteur qui se réunissent et s’engagent ensemble vers une logique d’industrie cinématographique, la distribution et la diffusion du film rencontrent de nombreuses difficultés sur le pays.

1- L’inadéquation des salles de cinéma au FESPACO:

Lors de la 19e édition du FESPACO, Elisabeth Lequere déclarait : « Aujourd’hui, la rénovation des salles est une urgence absolue » 12. Comme nous l’avons dit précédemment, aller au cinéma est un acte social, de ce fait, celles-ci n’auront accès à un public étendu qu’à condition d’être rénovées, tout en offrant une pluralité de programmes.

Elisabeth Lequere soulignait : « Même une salle qui marche bien ne peut amortir ses investissements. Si les Etats veulent soutenir le cinéma, il faut qu’ils baissent la fiscalité, pour aider à la rénovation des salles. »13

De la même façon, le manque d’infrastructures s’en ressent pendant le FESPACO. Son organisation a besoin de salles de cinéma. Lors de la 19e édition, 170 films étaient projetés en 8 jours dans seulement 9 salles de Ouagadougou. Sur environ 400 000 cinéphiles, environ 4000 festivaliers et 1500 journalistes étaient présents. Nombreux sont les festivaliers qui n’ont pas pu accéder à des séances.

Le Délégué Général du FESPACO, Baba Hama : « pendant le FESPACO, nous n’utilisons pas toutes les salles de la ville pour la simple et bonne raison que les [copies] des films programmés sont neufs[ves], et la plupart des producteurs ne souhaitent pas que l’on dépasse un maximum de trois projections [afin de ne pas détériorer les copies]. » 14

Traditionnellement les rôles sont bien distincts dans l’industrie cinématographique. Le producteur cherche des investisseurs pour permettre au réalisateur de tourner le film, et le distributeur achète le film pour le revendre aux exploitants des salles. En Afrique, où les moyens manquent, il n’en est pas de même ; le réalisateur est parfois producteur, distributeur ou même exploitant.

Prenons le cas d’ Ousmane Sembène, grande figure du cinéma africain. Malgré son talent et sa renommée, il lui est si difficile de trouver un producteur, que par la force des choses, il s’octroie ce rôle pour pouvoir financer certains de ses films.

Il n’est pas le seul dans ce cas, beaucoup de professionnels s'investissent dans la production, d'où la profusion de structures de production, mais le vrai nœud du problème arrive après : la distribution.

11 Livret de présentation du FESPACO, Ferid Boughedir, Burkina Faso, 2003.12 Propos de Frédéric Massin, Exploitant de salles au Cameroun et au Mali, recueillis par Elisabeth Lequere, RFI actualité, article publié le 03/03/2005.13 Frédéric Massin, Exploitant de salles au Cameroun et au Mali, Interview réalisée par Elisabeth Lequere, RFI actualité, article publié le 03/03/2005.

14 « Le Fespaco concentre toutes les préoccupations et espoires des cinéastes », Interview de Baba Hama par Idrissa Birba, L’Opinion, 17 Février 2005.

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2- Le parent pauvre : la distribution

Le paradoxe veut qu’un film africain, si dérisoire que peut être son budget, coûte cher à distribuer. Chaque marché national est limité, et aucun distributeur africain indépendant ne dispose d’un réseau panafricain qui lui permettrait de rentabiliser chaque sortie de film. Pour combler le manque de distributeurs, certains cinéastes sont obligés de distribuer eux-mêmes.

Il fût un temps où le CIDC (Consortium Interafricain de Distribution Cinématographique) et le Ciprofilms (Consortium Interafricain de Production de Films) étaient les deux structures jumelées basées à Ouagadougou, qui devaient combler le vide en matière de production et de distribution. Malheureusement, elles ont disparu, pour des raisons de mauvaise gestion.

La SONACIB, ou Société Nationale d'Exploitation Cinématographique du Burkina, disposait d'un parc de salles de cinéma réparties entre Ouagadougou et certaines provinces du Burkina. Son rôle était d’exploiter des lieux de projection, d’approvisionner et de distribuer les films. Cette société d'Etat a rencontré des problèmes de gestion l’endettant à plus de deux milliards de CFA15, et dû déposer son bilan. Après sa dissolution administrative, l'Etat Burkinabé procéda au passage de l'exploitation à une société privée.

Depuis janvier 2004, l'exploitation et la distribution des films appartiennent à l'ARPA, acronyme de l'Association des Réalisateurs et Producteurs Africains, dont le délégué général est Idrissa Ouédraogo. Celui-ci entend relever un certain nombre de défis tels que maîtriser la diffusion des films, la rentabilisation des salles de projection, la création d'une billetterie moderne.

Notons qu’en Afrique, les seules sociétés de distribution qui existent, sont généralement des intermédiaires, alimentant le marché de film fournis en gros par des sociétés européennes, elles-mêmes relais des majors américaines. En effet, d’après le Rapport d’orientation d’une politique sectorielle commune de l’image au sein des Etats membres de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), « le groupe CFAO (Compagnie française de l'Afrique occidentale), filiale du groupe Pinault-La Redoute, s’impose aujourd’hui comme l’opérateur décisif, voire monopolistique dans l’immense majorité des pays d’Afrique occidentale. La reprise en France de Films 26 et de son rôle d’intermédiaire avec les majors, son accord avec Metropolitan, courroie de transmission avec les indépendants US et certains Français, vont faire dépendre de cette entreprise l’alimentation en films internationaux de la sous-région.» 16

L’Etat burkinabé a également montré son intérêt pour la distribution à travers des tentatives de redynamisation, mais qui, à terme, n’ont pas été fructueuses. Le Gouvernement avait mis en place un système de financement en espèce assujetti à un fond alimenté par une taxe sur les entrées, mais il y eu la crise du cinéma africain qui a ralenti la fréquentation des salles, réduisant les taxes perçues, et de fait, l’argent reversé aux cinéastes. Au début des années 90, les caisses étaient quasiment vides, ce qui s’est répercuté sur la production cinématographique. A cela s’est ajoutée la confusion entre la commission qui recevait les dossiers et opérait les choix et les producteurs-réalisateurs : l’Etat pensait faire des prêts, et les cinéastes ont pensé qu’il s’agissait de dons. Depuis, ce fond a disparut.

15 Soit environ 3 200 000 €uros16 Extraits du rapport d’orientation d’une politique sectorielle commune de l’image au sein des Etats membres de l’UEMOA, Dominique Wallon et Toussaint Tiendrebeogo.

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Similairement, le Plan Africa Cinéma17 lancé en mai 2003 par le Ministère français des Affaires Etrangères, l’Agence de la Francophonie, et la Commission Européenne, consistait à aider les salles qui entendaient programmer les productions locales, en soutenant l’œuvre et sa diffusion (tirage de copies, affriches, publicités diverses). A ce jour, il n’a permis ni d’assurer la pérennité des salles, ni de structurer le secteur.

3- Les actions favorisant la diffusion du cinéma burkinabé :

D’après l’une des fondatrices du Fespaco, Alimata Salambéré, une aide financière est nécessaire aux cinéastes pour contrecarrer leurs problèmes liés à la distribution. L’idée était de mettre en place des co-productions télévision-cinéma pour servir de tremplin au cinéma africain. D’après elle, les deux médias peuvent coexister, et c’est pour cette raison que le MICA fût créé en 1983, afin de favoriser la vente des films aux télévisions, mais aussi aux exploitants de salles.

Face à la frilosité des télévisions pour financer les cinémas d'Afrique, la chaîne culturelle franco-allemande Arté a affiché clairement son engagement en 2003, en coproduisant une série de films. Actionnaire de TV5 depuis deux ans, elle est visible en Afrique depuis le 2 avril 2002, et une partie des ses programmes sont repris sur TV5 ou Canal France International (CFI). A travers sa grille de programmation, elle tente de réaffirmer la diversité culturelle : « il n'est pas de semaine sans que l'Afrique ne soit présente dans ses programmes. »18

En 2005, CFI devient partenaire du FESPACO. Une programmation spéciale propose aux télévisions partenaires africaines, 20 heures de programme mettant à l’honneur les meilleures productions du continent. Pendant toute la durée du festival se succéderont des fictions, des courts-métrages, des films africains à succès.

Parallèlement, pendant la 19e édition du FESPACO, M. Crépeau, Directeur du Cinéma et des Médias, annonçait : « L'Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) va adopter un cadre stratégique décennal pour ''soutenir la production audiovisuelle'' dans l'espace francophone. » 19

Le programme sera exécuté en début d'année 2006, il vise à permettre l'accès des productions africaines francophones aux salles, le développement de la distribution et la circulation des images, dans le cadre de la « Promotion de la diversité culturelle et linguistique ».

Depuis 2001, Radio France International (RFI) s'est associée au FESPACO et au Ministère français des Affaires étrangères et décerne un Prix RFI-Cinéma du public. Un double objectif : - Renforcer le soutien à la diffusion d'un film africain dans le monde via l'utilisation d'un support numérique; - Mieux cerner les attentes et les goûts du public africain en lui donnant la parole sur sa préférence de films.

Le dispositif permet de recueillir les voix du public concernant les films en compétition officielle pendant toute la durée du FESPACO. Le long métrage choisi par les spectateurs est ensuite récompensé par un relais rédactionnel et promotionnel du film

17 Lors du Festival de Cannes 2004, l’Union Européenne, l’Agence de la Francophonie et le Ministère des Affaires étrangères se sont unis pour débloquer 1,8 millions d’euros pour un an et demi afin de soutenir la distribution de films africains en Afrique, ainsi que certaines salles de cinéma. Dirigé par Toussaint Tiendrébéogo, avec Europa Cinémas, le programme a déjà posé des premières traces concrètes : 9 longs métrages ont bénéficié d’un soutien à la distribution, 13 salles de cinéma se sont engagées à consacrer 20% de leur programmation à des films Africains, et enfin 8 distributeurs sont venus suivre un stage de perfectionnement de deux mois en France.18 FESPACO 2003 : priorité au cinéma, Le bilan critique du festival, la sélection complète et les palmarès officiel et prix spéciaux, Olivier Barlet, février-mars 200319 Doté d’un budget annuel équivalent à 2,5 millions d'euros, l'AIF est l'une des principales sources de financement des produits audiovisuels de créateurs des pays francophones du Sud. En quinze ans d'activité, à raison de 70 à 80 projets agréés par année, le fond de l’AIF a permis la production d'environ 1.300 œuvres de cinéma et de télévision dans l’espace francophone.

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sur l’antenne et le site internet d’ RFI. Le Ministère français des Affaires étrangères finance ensuite l'édition en DVD du film lauréat, et le diffuse sur son réseau culturel au niveau international.

Concernant la diffusion dans le reste du pays, le Cinéma Numérique Ambulant (CNA), pendant la durée FESPACO mais également le reste de l’année, permet aussi à ceux qui ne peuvent se rendre dans la capitale, de bénéficier de projections cinématographiques (en priorité africaines). Le CNA est une association à but non lucratif installée aussi au Bénin, au Niger, au Mali, et en France, qui agit en direction des zones rurales où les villages excentrés ou enclavés sont souvent à l’écart des principales voies de communication. Son objectif principal est de favoriser la distribution et la diffusion de films dans des régions d’Afrique où il n'existe pas d'organisation ou d'infrastructures. Il permet une sensibilisation importante puisqu’il agit dans de nombreux villages. Il va à la rencontre des villageois, et leur donne l’opportunité de voir, de découvrir des images qu’ils n’ont pas habitude de voir. A chaque visite, dès que le véhicule se rapproche du village, les enfants accourent à des kilomètres pour pouvoir l’accueillir. Là aussi, le cinéma peut être célébré.

Nous pouvons alors nous demander si l’avenir du cinéma africain devra passer par le numérique qui diminue sensiblement les coûts de production et de distribution. A l’heure actuelle, trois salles sur la vingtaine que compte le pays, sont doublées en numérique pour permettre la multiplication des images endogènes. Mais cette révolution numérique autorise aussi par la même occasion la distribution abondante, légère et bon marché d'images.

10

Conclusion

L’implantation du FESPACO a prouvé son utilité tant au niveau national qu’au niveau international. Il a offert une place reconnue au cinéma africain et a rapproché les population de son continent vers ce 7e art, en mettant en place de nombreux et variés moyens, en faisant preuve d’imagination et en prouvant qu’il pouvait s’inscrire dans la durée.

Malgré tous ses efforts, l’internationalisation du festival et l’adaptation des films à ses normes, ont engendré quelques effets pervers, notamment l’aliénation du spectateur envers des films auxquels ils tendent à s’identifier moins.

D’autres facteurs comme la crise du cinéma africain, l’inadéquation des structures nécessaires au festival, ainsi que la faiblesse des réseaux de distribution, ralentissent son essor pour ce qui est du court terme. Ces facteurs semblent pourtant avoir été reconnus par de nombreuses instances internationales et des actions ont été entreprises pour remédier à ces insuffisances.

Cependant, il semblerait que le FESPACO restera dans le futur un événement économique, social et culturel important, ainsi qu’un exemple à poursuivre dans l’avenir.

11

ANNEXES

12

FESPACO : FICHE TECHNIQUE

1 - DÉNOMINATION : Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO)

2 - ADRESSE :01 BP. 2505 Ouagadougou 01, Burkina Faso

tél. : (226) 30 75 38 / 33 20 66 - Fax : (226) 31 25 09

Site Web : www.FESPACO.bf - E-mail : [email protected]

3 – LOGO

Carte de l'Afrique rouge sur fond jaune, barrée par une pellicule de film et ayant à sa gauche une caméra noire.

4 - STATUT

Le FESPACO est un Établissement Public à caractère Administratif placé sous la tutelle du Ministère chargé de la Culture du Burkina Faso. Il est structuré en départements et services.

5 - HISTORIQUE

Le Festival a été créé en 1969 à Ouagadougou, à l'initiative d'un groupe de cinéphiles. L'engouement et l'espoir qu'il a engendrés auprès du public et des cinéastes d'Afrique, a permis d’institutionnaliser le FESPACO le 07 janvier 1972. A partir de la 6è édition, il devint biennal, débutant le dernier samedi de février de chaque année impaire.

6 - OBJECTIFS

- Favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain ;

13

- Permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l'audiovisuel ;

- Contribuer à l'essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que moyen d'expression, d'éducation et de conscientisation.

7 - ACTIVITÉS PRINCIPALES

- Festival biennal de films avec une compétition réservée aux films réalisés par les auteurs africains ;

- Marché International du Cinéma et de la télévision Africains (MICA) : bourse de programmes audiovisuels africains et sur l'Afrique (16mm, 35mm, TV et vidéo) dont le visionnement est accessible à tous les professionnels du cinéma ;

- Cinémathèque africaine : archives de films, banque de données et cinéma mobile ;

- Publications sur le cinéma africain : catalogues, FESPACO news, FESPACO newsletter.

8 - AUTRES ACTIVITÉS

- Projections cinématographiques à but non lucratif en direction des zones rurales, en partenariat avec les ONG, les associations, les écoles et autres institutions publiques et privées ;

- Promotion du cinéma africain dans les festivals internationaux ;

- Organisation de manifestations cinématographiques diverses : semaines de cinéma, grandes premières de film, etc.

9 - PROJETS

- Construction du siège définitif du FESPACO;

- Renforcement de la Banque de données sur le Cinéma africain ;

- Mise en place d’un marché permanent du film

- XIXe FESPACO, du 26 février au 05 mars 2005 sous le thème : Formation et enjeux de la professionnalisation

10 - PAYS AYANT AIDÉ FINANCIÈREMENT LE FESPACO

Allemagne, Burkina Faso, Danemark, Finlande, France, Pays-Bas, République de Chine, Suède, etc...

11 - ORGANISMES INTERNATIONAUX AYANT SUBVENTIONNÉ LE FESPACO

AIF(ACCT), PNUD, UNESCO, UNICEF, Union Européenne, AFRICALIA, etc.

14

Palmarès officiel du Fespaco 2005

1 ETALON D’OR DE YENNENGA GRAND PRIX : DRUM de Zola Maseko (Afrique du Sud)

10.000.000 + trophée + Dotation en pellicule par KODAK

2 ETALON D’ARGENT DE YENNENGA : 5.000.000 + Trophée

LA CHAMBRE NOIRE de Hassan Benjelloun (Maroc)

3

ETALON DE BRONZE DE YENNENGA : TASSUMA de Daniel Kollo Sanou (Burkina Faso)

2.500.000 + Trophée + Prix Lionel Ngakane (NFVF)

4 PRIX SPECIAL UNION EUROPEENNE : ZULU LOVE LETTER de Ramadan Suleman (Afrique du Sud)

5.000.000 + Trophée

COMPÉTITION LONG

MÉTRAGE 5 PRIX OUMAROU GANDA : MAX AND MONA de Teddy Makera (Afrique du Sud)

2.000.000 + Trophée

6 PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRƒTATION FƒMININE :

1.000.000 + Trophée

PAMELA MONVETE MARIMBE dans Zulu love letter de Ramadan Suleman (Afrique du Sud)

7 PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRƒTATION MASCULINE :

1.000.000 + Trophée

15

SID ALI KOURIET dans les Suspects de Kamal Dehane (Algérie)

8

PRIX DU MEILLEUR SCƒNARIO : LA NUIT DE LA VERITE de Fanta Régina Nacro (Burkina Faso)

Prix spécial TV5 8000 Euros + Trophée

2

9

PRIX DE LA MEILLEURE IMAGE : UN HEROS de Zézé Gamboa (Angola) 500.000 + Trophée

10 PRIX DU MEILLEUR SON : EL MANARA de

Belkacem Hadjadj (Algérie) 500.000 + Trophée

11 PRIX DE LA MEILLEURE MUSIQUE : SOUS LA

CLARTE DE LA LUNE de Apolline Traoré (Burkina Faso)

500.000 + Trophée

12 PRIX DU MEILLEUR DƒCOR : DRUM de Zola

Maseko (Afrique du Sud) 500.000 + Trophée

13 PRIX DU MEILLEUR MONTAGE : LE PRINCE de

Mohamed Zran (Tunisie) 500.000 + Trophée

14 PRIX DU PUBLIC RFI et MAE : TASSUMA de

Daniel Kollo Sanou (Burkina Faso) Diffusion sur DVD + Promotion sur RFI

COMPÉTITION LONG

MÉTRAGE DE LA DIASPORA AFRICAINE

1

PRIX PAUL ROBESON : BEAH : A BLACK WOMAN SPEAKS de Lisa Gay Hamilton (USA)

2.000.000 + Trophée

16

COMPÉTITION COURT

MÉTRAGE

1

POULAIN D’OR DE YENNENGA PRIX DU MEILLEUR COURT MƒTRAGE : L’AUTRE MAL de Tahirou Tasséré Ouédraogo (Burkina Faso)

3.000.000 + Trophée + Dotation en pellicule par KODAK

2

POULAIN D’ARGENT DE YENNENGA : BE KUNKO de Cheick Fantamady Camara (Guinée) 2.000.000 + Trophée

3

3

POULAIN DE BRONZE DE YENNENGA : SAFI LA PETITE MERE de Rasmané Ganemtoré (Burkina Faso)

1.000.000 + Trophée

COMPÉTITION TV-VIDÉO

1

GRAND PRIX DE LA TV-VIDÉO PRIX DE LA MEILLEURE OEUVRE FICTION/DOC : CONAKRY KAS de Manthia Diawara (Mali/Guinnée)

Prix CIRTEF 2.000.000 + Trophée

2

PRIX SPƒCIAL DU JURY FICTION/DOC : ALIENATION de Malek Bensmail (Algérie) 1.000.000 + Trophée

3

GRAND PRIX DE SÉRIE ET SITCOM PRIX DE LA MEILLEURE SƒRIE OU SITCOM : SIDAGAMIE de Maurice Kaboré (Burkina Faso)

2.000.000 + Trophée

4

PRIX SPÉCIAL DU JURY SÉRIE OU SITCOM : TROIS HOMMES, UN VILLAGE de Idrissa Ouédraogo et Issa Traoré de Brahima (Burkina Faso)

1.000.000 + Trophée

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Palmarès des prix spéciaux du Fespaco 2005

N¡ D’ORDRE DONATEUR DENOMINATION

DU PRIX VALEUR DU PRIX LAUREATS

1

Ministère de la Santé du Burkina Faso en partenariat avec l´OMS

Prix spécial Santé 2 000 000 F CFA et un trophée

Moolaade de Sembène Ousmane (Sénégal)

2

Ministère de la Promotion des Droits Humains du Bukina

Prix spécial Droits humains

2 000 000 F CFA et un trophée

Une seconde vie de Adjara Lompo (Burkina Faso)

3

UEMOA

Prix spécial UEMOA long métrage

2 000 000 F CFA et un trophée

La nuit de la vérité de Fanta Régina Nacro (Burkina Faso)

Prix spécial UEMOA court

métrage

2 000 000 F CFA et un trophée

Safi la petite mère de Raso Ganemtoré (Burkina Faso)

Prix spécial UEMOA TV /

Vidéo professionnelle

2 000 000 F CFA et un trophée

Identité pour l’Afrique de Dany Kouyaté (Burkina Faso)

4 Système des Nations Unies au Burkina Faso

Prix des Nations Unies pour la Lutte contre la Pauvreté

2 000 000 F CFA et un trophée

Tasuma de Sanou Kollo (Burkina Faso)

5 UNICEF

Prix UNICEF pour la promotion des Droits de l´enfant 2 000 000 F CFA et un

trophée

Un amour d’enfant de Ben Diogaye Beye (Sénégal) Mention spéciale : Safi la petite mère de Rasmané Ganemtoré Burkina Faso)

Prix UNICEF pour la promotion des

Droits de la femme 2 000 000 F CFA et un trophée

Zulu love letter de Ramadan Suleman Mention spéciale : - Les suspects de Kamal Dehane (Algérie) -Safi la petite mère de Rasmané Ganemtoré (Burkina Faso)

6

Organisme de Sécurité Sociale des pays francophones d’Afrique membres de l’Interafricaine de la prévention des risques professionnels

Prix Santé et Sécurité au Travail

2 000 000 F CFA et un trophée

Beat the drum de David Hickson (Afrique du Sud)

7 CEDEAO Prix de l’Intégration Africaine

2 000 000 F CFA et un trophée

Tasuma de Sanou Kollo ( Burkina Faso)

8 Plan Burkina Faso

Prix Droits de l’Enfant

2 000 000 F CFA et un trophée

La camera de bois de Ntshavheni Wa Muruli (Afrique du Sud)

9 SIGNIS (Association Catholique Mondiale pour la Communication)

Prix SIGNIS 2 000 000 F CFA et un trophée

Beat the drum de David Hickson (Afrique du Sud Mention speciale : Un amour d’enfant de Ben Diogaye Beye

18

(Sénégal)

10 Loterie Nationale

2 000 000 F CFA et un trophée

Rencontre en ligne de Adama Rouamba

19e édition du FESPACO du 26 février au 6 mars 2005

Discours d’ouverture des festivités

19

La rue marchande du FESPACO 2005

Le Marché International du Cinéma et de la Télévision Africains

Le Marché International du Cinéma et de la Télévision Africains (MICA) a été organisé pour la première fois en 1983. Il s'est tenu en marge du Festival à l'Hôtel Silmandé. Comme le FESPACO en 1969, ce sont les cinéastes africains réunis à Niamey en 1982 pour un colloque, qui ont souhaité la mise sur pied d'une structure qui leur offrirait des possibilités de rencontres avec des acheteurs et des distributeurs professionnels.

D'édition en édition le MICA prend de l'ampleur. Un cadre de travail adéquat est trouvé : le centre Georges Méliès où il dispose d'une vaste aire d'exposition, de deux salles pour les projections, d'une cafétéria et d'un bar.

Chaque étape a été une occasion d'innover tout en renforçant les acquis.

Le MICA qui est maintenant un véritable marché, le démontre à chaque édition du FESPACO, par sa tenue régulière et les différentes prestations qu'il offre aux professionnels du cinéma. Les films inscrits au Marché sont archivés et présentés dans un catalogue en version anglaise et française, les deux langues de travail en vigueur au FESPACO.

Un équipement performant d'unités vidéos de tous les formats permet d'assurer des visionnements aisés dans des stands construits à cet effet. Outre les stands de visionnage, des stands de promotion sont proposés aux festivals partenaires, aux maisons de production de films ou de ventes de matériels cinématographiques, aux agences de communication, aux ONG, etc.

Les perspectives

Dix-sept ans d'expérience ont fait du MICA le plus important marché international de la télévision et du cinéma africains. Son ambition est de devenir à court ou long terme le passage obligé des films africains. Pour atteindre ce but les actions à entre prendre sont:

- le renforcement de la banque de données existantes sur les films, les cinéastes, les producteurs les distributeurs, etc.- la détermination du nombre de ventes, de contrats et engagements pris par des partenaires aau marché.- la constitution et la diffusion des informations ou des statistiques sur la carrère des films.- la création au MICA d'un pôle de diffusion et de distribution de cassettes.- l'édition d'un catalogue de tous les films existants au MICA depuis sa création , pour les présenter dans d'autres marchés avec bien entendu l'accord de leurs auteurs.

20

Chaque MICA est une occasion d'échanges entre professionnels pour nouer des contacts fructueux.

La Cinémathèque Afriquaine de Ouagadougou

La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou a été créée en 1989, à l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire du FESPACO.

Auparavant, la Fédération panafricaine des cinéastes avait décidé dès 1973, de constituer un stock de films africains au Burkina Faso.

L'idée fera son chemin au fil des congrès et des rencontres professionnelles des cinéastes africains pour aboutir à la naissance de la cinémathèque africaine dont l'exécution et la gestion sont confiées au Secrétariat Général Permanent du FESPACO.

Maquette de la Cinémathèque Africainede Ouagadougou

SES REALISATIONS

• Les collections de la cinémathèque africaine comptent plus de 160 copies de films 16 mm et 35 mm.

• Un centre de conservation de films est fonctionnel depuis mars 1995. Il est équipé de matériels divers pour la vérification, le nettoyage, le montage et le visionnement de films. Une salle de stockage d'une capacité de plus de 10.000 boîtes de films a été spécialement aménagée pour la conservation des copies de films dans des conditions climatiques adéquates:

o température : 15oC < 20oC

o humidité relative : 30 % < 40 %

M. Federico Mayor en visite à la Cinémathèque Africaine de Ouagadougou

21

• Un centre de documentation sur le cinéma en cours d'organisation possède plus de trois mille photos, des centaines d'affiches de films, des coupures de presse, des revues, des livres, des scénarios, etc.

• Un personnel initié aux métiers de l'archivage du film à travers des stages au service des archives du film du Centre National de la Cinématographie en France et au National Film Archive de Londres en Grande-Bretagne.

• une salle de projection est en cours de réalisation, • Des projets d'acquisition des copies de films sont exécutés tout au long de

l'année en vue d'enrichir la collection de la Cinémathèque africaine de Ouagadougou.

SES OBJECTIFS

• La collecte des films africains et de toute oeuvre relative à l'Afrique. • Le traitement, la conservation, et la mise en valeur des films collectés à

travers des consultations diverses par les chercheurs et les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel.

• L'inventaire, le catalogage et la mise en valeur du patrimoine cinématographique de l'Afrique.

• L'élaboration de filmographies des pays africains • La construction d'une salle de projection de la cinémathèque africaine dotée

d'un espace d'exposition pouvant recevoir un marché de films et de programmes de télévision, un musée du cinéma, etc.

• Le développement d'un centre de documentation et d'une banque de données informatisése sur le cinéma africain.

SON RÔLE

• La Cinémathèque Africaine assure au cinéma africain une visibilité permanente.

• La mise en valeur des collections va permettre de stimuler une réflexion et une recherche endogène sur le cinéma africain.

• Les consultations scientifiques des films anciens sur l'Afrique contribueront à une meilleure connaissance de l'histoire contemporaine du continent.

• Pour les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel, la cinémathèque africaine constituera une source inépuisable d'inspiration.

• La salle de projection de la Cinémathèque africaine par des programmations régulières de rétrospectives, et par l'organisation d'expositions diverses, participera à l'éducation cinématographique du public.

SES PARTENAIRES

La Cinémathèque africaine bénéficie du soutien de nombreux partenaires:

• Fédération Panafricaine des Cinéastes • Pays africains et européens (France, Danemark, Grande-Bretagne, Pays-Bas,

Suède, etc.), • Institutions internationales et organismes divers (Union Européenne, Agence

de la Francophonie (ex Agence de Coopération Culturelle et Technique), Organisation de l'Unité Africaine, Fédération internationale des archives du film, etc.), Centre national de la cinématographie (France), Fondation Ecrans du Sud, UNESCO, etc.

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La Cinémathèque africaine de Ouagadougou répond à l'attente des cinéastes et hommes de culture soucieux de la sauvegarde du patrimoine culturel de l'Afrique.

Les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel réunis à Ouagadougou sous l'égide de la FEPACI, dans le cadre d'un atelier international sur le cinéma africain (21-24 février 1994) ont lancé un appel à tous les cinéastes africains afin qu'ils autorisent la cinémathèque africaine à entrer en possession des copies de tous leurs films.La Cinémathèque africaine est membre de la Fédération Internationale des Archives de Films (FIAF).

CNA - NigerPhotos by Meyer - Tendance Floue - 2004

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