ludwig van beethoven : les sonates de jeunesse

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LUDWIG VAN BEETHOVEN : LES SONATES DE JEUNESSE

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EN BREF

LUDWIG VAN BEETHOVEN LESSONATES DE JEUNESSEPAR MARC BOSMANS VENDREDI 31 MAI 2013

Ludwig Van Beethoven copy copyLebrechtRue des Archives

Beethoven nrsquoeacutetait encore qursquoun enfant lorsqursquoil composa ses premiegraveres sonates agrave la fin duXVIIIe siegravecle Retour sur ces œuvres de jeunesse qui preacutefigurent le grand œuvre du geacutenieallemand

Beethoven a composeacute ses premiegraveres sonates que lon ne compte pas parmi les trenteshydeuxofficielles en 1782 et 1783 soit vers ses 12 ans dans un style certes commun agrave leacutepoque maisparfois annonciateur des œuvres agrave venir Dans ces sonates dites de Bonn deacutedieacutees au PrinceshyElecteur de Cologne (WoO47) on entend parfois des accents dynamiques auxquels le compositeurconfegravere une fonction dramatique Cest que le jeune Beethoven avait deacutejagrave compris comme avant luiCarl Philipp Emanuel Bach et parfois mecircme Mozart que la sonate moderne serait avant toutappassionata et patheacutetique

Trois Sonates op 2

Les trois Sonates de lOpus 2 sont deacutedieacutees agrave Joseph Haydn devant qui Beethoven les jouera en1794 avant de les publier lanneacutee suivante On trouvera dans cet opus de nombreux traits originauxqui font de ces oeuvres bien autre chose que des essais Symboliquement on peut discerner dans ledeacutebut de la Sonate ndeg 1 en fa mineur (op 2 ndeg1) une signature digne de tout ce qui va suivre Cesaut de quarte cet arpegravege suivi dun triolet en forme de griffe tout Beethoven est deacutejagrave lagrave affirmantla tonaliteacute (larpegravege) impulsant la dynamique (le saut de quarte) et signant dun geste deacutesinvolte ourageur suivant comme on le joue

La mi mi reacute do si la le deacutebut de la Sonate ndeg 2 en la majeur op 2 ndeg2 attaque sur une quartedescendante On attend un bref instant et on plonge en doubles croches sur la tonique Mecircme choseencore avec la Sonate ndeg 3 en ut majeur op 2 ndeg3 et ses tierces en doubles croches qui ouvrentdans lespace sonore comme une vibration suivie dun silence interrogatif Cest bref secpeacuteremptoire et theacuteacirctral Mais lon ne saurait limiter lart de Beethoven aux premiegraveres mesures dechaque sonate Chez lui le geste dramatique et agressif compte autant que les eacuteleacutements habituels dela musique (meacutelodie et harmonie) Dans ces sonates Beethoven deacuteveloppe eacutegalement des texturessonores inouiumles chaotiques dans le Prestissimo final de lOpus 2 ndeg1et dans lAllegro assai delOpus 2 ndeg3 notamment gracircce aux harmonies suspendues lesteacutees par dinquieacutetantes basses duLargo appassionato de lOpus 2 ndeg2

Sonate ndeg4 en mi beacutemol majeur op 7

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Cette sonate qualifieacutee de Grande sur la page de titre de la premiegravere eacutedition fut composeacutee en 1796et 1797 Elle peut justifier son qualificatif par son contenu affectif deacutejagrave plus romantique etprofond par certains aspects par un traitement plus inventif du clavier et par lampleursymphonique de sa conception eacutevidente degraves les premiegraveres mesures Le premier thegraveme de lAllegromolto e con brio nest plus un thegraveme au sens classique mais plutocirct une vaste phrase elleshymecircmesubdiviseacutee en eacuteleacutements motiviques Le second thegraveme sera organiseacute de mecircme Le Largo conespressione en ut majeur rompt avec tous les mouvements lents anteacuterieurs en deacuteroulant une de ceslongues meacuteditations mystiques qui seront deacutesormais une signature beethoveacutenienne LAllegro quisuit seacuteloigne des modegraveles anteacuterieurs du Menuet et du Scherzo Cest un moment de deacutetente et denaiumlve gaieteacute agrave leacutecriture assez savante interrompu par un Trio en mi beacutemol mineur assez rugueuxLe finale un deacutelicieux Rondo (Poco allegro e grazioso) juxtapose des eacuteleacutements quasiment galantset dautres beaucoup plus tendus

Trois Sonates op 10

Les trois Sonates de lOpus 10 furent publieacutees en septembre 1798 Il semble que leur eacutelaboration sesoit eacutetendue sur pregraves de deux anneacutees

La Sonate ndeg 5 en ut mineur op 10 ndeg1 est injustement neacutegligeacutee La tonaliteacute dut mineur queBeethoven reacuteutilisera lanneacutee suivante dans la Sonate Patheacutetique bien plus tard dans lOpus111ainsi que dans le Troisiegraveme Concerto pour piano et la ceacutelegravebre Cinquiegraveme Symphoniecorrespond toujours chez Beethoven agrave de grandes tensions Ses dimensions relativement modestesdu moins dans les mouvements extrecircmes sont peutshyecirctre dues au deacutesir dexpeacuterimenter unecomposition de plus en plus serreacutee et eacuteconome LAllegro molto e con briodeacutebute par un motifplein de vigueur Le second thegraveme est en revanche plus deacutetendu Ces deux eacuteleacutements creacuteent unetension dialectique qui parcourt tout le mouvement Surtout on peut voir comment Beethovenorganise son discours ne laissant rien perdre de chaque eacuteleacutement harmonique meacutelodique ourythmique

LAdagio molto en la beacutemol majeurreacutevegravele la face eacuteleacutegiaque du compositeur dans une forme toutesimple une exposition de mouvement de sonate avec reprise leacutegegraverement varieacutee mais sansdeacuteveloppement Le finale Prestissimo rappelle celui de la Sonate en fa mineur par sa volonteacutedeacutetourdir lauditeur par la rapiditeacute des traits (cest ici Beethoven le virtuose qui parle) Toutelexposition nest quune suite de gestes brillants treacutemolos agrave la main droite descentes vertigineusesaccords opposeacutes dune grande violence

La Sonate ndeg 6 en fa majeur op 10 ndeg2 est eacutecrite dune plume plus leacutegegravere si bien quon la souventcompareacutee aux sonates de Haydn Degraves le deacutebut de lAllegro initial ces deux accords marqueacutes pianoque suit un triolet sec et cursif deacutenotent deacutejagrave le sens de laccroche Il est reacutepeacuteteacute quelques mesuresplus loin avec une certaine rage Le second thegraveme en ut majeur dun galbe magnifique senvoleavec ferveur les syncopes et la dynamique des sforzandos impulsant le mouvement La conclusionde lexposition semble renouer avec la leacutegegravereteacute mozartiennePour la premiegravere fois une sonate deBeethoven ne comprend pas de mouvement lent ce dernier eacutetant remplaceacute par un Allegretto en famineuragrave trois temps proche dune piegravece de genre

Comme dans la Sonate en ut mineur le dernier mouvement (Presto)est tregraves vif mais dun caractegraveremoins dramatique Beethoven ici semble samuser Le thegraveme fugueacute imite une course poursuitemarqueacutee par la nervositeacute dun toucher staccato Cette eacutecriture propre agrave rassurer les savants ne terniten rien lhumeur vive et enjoueacutee du finale

Avec la Sonate ndeg 7 en reacute majeur op 10 ndeg3 Beethoven revient agrave la grande forme en quatremouvements Le Presto initial affiche bien les caractegraveres majeurs de sa premiegravere maniegravere Lethegraveme initial eacutenonceacute agrave loctave par les deux mains dessine une ample courbe staccato avant decirctrereformuleacute en sixtes briseacutees une fois encore le geste dramatique est impeacuterieux et impressionnantLui reacutepond une seconde ideacutee en si mineur seacuterieuse et pleine dallure Le mouvement lent Largo emesto en reacute mineur a susciteacute deacutejagrave agrave leacutepoque de romantiques commentaires Beethoven luishymecircmeaurait eacutevoqueacute lacircme en proie agrave la meacutelancolie avec les diffeacuterentes nuances de lumiegravere etdombreComme dans lOpus 10 ndeg1 Beethoven (et cest lagrave le plus inteacuteressant) fait porter tout lepoids eacutemotif de la Sonate sur cet ample mouvement suivi par un joli Menuet plein de gentillesse etde bonhomie Dans le Trio en sol majeurcependant la virtuositeacute reprend ses droits avec lesroulements de triolets qui accompagnent le thegraveme en notes deacutetacheacutees Le Rondo Allegro final assezbref se fonde sur un thegraveme de trois notes en forme de question La suite est assez eacutetrange Lethegravemeshyquestion qui sert de refrain revient sans cesse interrompu par des haltes impreacutevues destraits de pure virtuositeacute des deacuteparts vers des pistes inabouties Cette Sonate qui aurait pu ecirctrepatheacutetique se termine par une sorte de labyrinthe ougrave Beethoven semble vouloir surprendre sonauditoire

Deux Sonates op 49

Ces deux Sonates faciles sont anteacuterieures agrave ce que laisserait penser leur numeacutero dopus Ilsemblerait que la deuxiegraveme ait eacuteteacute composeacutee dabord en 1796 et la premiegravere un peu plus tardvraisemblablement fin 1797 Elles sont donc contemporaines des trois Sonates op 10dont ellesnont ni les dimensions ni la complexiteacute Il est possible que les eacutediteurs du compositeur aient insisteacutepour avoir de lui des partitions dune difficulteacute abordable

La Sonate ndeg 19 en sol mineur op 49 ndeg1 deacutebute par un Andante lyrique opposant un eacuteleacutement pluseacuteleacutegiaque agrave un eacuteleacutement plus souple et leacuteger Le Rondo Allegro en sol majeurest une solide giguedallure deacutecontracteacutee Un couplet en sol mineur vient introduire quelque ombre un autre en sibeacutemol majeur reacuteintroduit une joyeuse rusticiteacute avant la reprise et une coda qui varie le refrain

La Sonate ndeg 20 en sol majeur op 49 ndeg2 est moins sophistiqueacutee LAllegro ma non troppo sembledestineacute aux jeunes filles de bonne famille qui ont des nattes dans le doset lideacutee conclusivesemble conccedilue pour faire travailler les gammes aux apprentis pianistes Le deacuteveloppement ne metpas vingt secondes agrave revenir agrave une sage reacuteexposition qui ne seacutecarte guegravere de son modegravele Le thegravemedu Tempo di Minuetto qui termine la piegravece a eacuteteacute reacuteutiliseacute par Beethoven dans son ceacutelegravebre Septuorop 20 de 1799

Sonate ndeg 8 en ut mineur op 13 Patheacutetique

Pour la premiegravere fois Beethoven ouvre une sonate par une introduction lente (Grave) et sest peutshyecirctre souvenu de la Fantaisie en ut mineur K 475 de Mozart dans ce portique de neuf mesures

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impressionnant de puissance contenue Le thegraveme de lAllegro seacutelegraveve alors freacutemissant montant etdescendant la gamme dut mineur alteacutereacutee sur un treacutemolo de basses Le second thegraveme est aussi en utmineur mais soppose au premier par sa leacutegegravereteacute et son charme meacutelodique Vers la fin alors quelon attendrait larriveacutee de la coda le mecircme Grave vient imposer le ton patheacutetique avant uneconclusion tregraves cursive exposant une derniegravere fois le thegraveme principal

LAdagio cantabile en la beacutemol majeur est dune seacuteduction immeacutediate qui lapparente agrave uneromance de salon Une deuxiegraveme ideacutee vient apporter un suppleacutement deacuteleacutegie Agrave la suaviteacute des deuxeacuteleacutements principaux vient sopposer un eacutepisode central en la beacutemol mineur sensiblement plustendu Tout au long du Rondo Allegro final leacutecriture devra beaucoup aux sonates de MozartLeacutepisode central shy agrave la fois couplet et deacuteveloppement shy deacuteveloppe une polyphonie plus complexemais cela ne dure guegravere le ton semporte et in extremis Beethoven nous surprend encore en citantle thegraveme principal presque meacuteconnaissable avant de balayer le clavier dun trait rageur

Deux Sonates op 14

Apregraves les Trois Sonates op 10 et la Patheacutetique qui imposaient un ton nouveau Beethovensemble marquer le pas avec ces deux nouvelles sonates composeacutees en 1798shy1799 mais il ne sagiten rien dun retour agrave Haydn ou agrave Mozart lOpus 14contient des eacuteleacutements originaux qui ouvrent desvoies nouvelles

La Sonate ndeg 9 en mi majeur op 14 ndeg1 deacutebute par un Allegro rayonnant doptimisme Le premierthegraveme seacutelegraveve sur de leacutegegraveres batteries Le second discregravetement chromatique est exposeacute dabord sansaucun accompagnement mais apregraves quelques mesures il est soumis agrave une eacutecriture polyphoniqueassez complexe avant une troisiegraveme ideacutee joyeuse et chantante Le mouvement sachegraveve discregravetementsur le thegraveme initial Le second mouvement Allegretto (en mi mineur) nest pas agrave proprement parlerun mouvement lent Cest la page la plus originale de cette sonate et lon peut y voir la preacutefigurationde tant de piegraveces romantiques de caractegravere lyrique Le rondo final (Allegro commodo) nest aucontraire que fuite en avant et dynamisme Agrave la fin le premier thegraveme revient dabord sous formesyncopeacutee puis orneacute dun deacutelicat chromatisme avant le grand geste conclusif

La Sonate ndeg 10 en sol majeur op 14 ndeg2 possegravede aussi une personnaliteacute particuliegravere Rarement lejeune Beethoven ne sest montreacute agrave ce point libeacutereacute de toute inquieacutetude Le premier Allegro estdeacutetendu et pimpant mais lAndante en ut majeur agrave variations est plus original et inteacuteressant encoreSuivant linterpreacutetation il pourra sonner comme une marche pleine dallant ou comme une eacutetrange etmysteacuterieuse recircverie De toute maniegravere on a ici comme dans lAllegretto de la sonate preacuteceacutedente uneveacuteritable piegravece de caractegravere

Le dernier mouvement est un scherzo en forme de rondo (Allegro assai 38) ougrave les commentateursde leacutepoque ont voulu entendre des peacutepiements doiseaux et voir des eacutebats de petits agneaux Pas deconclusion grandiose ici la cellule initiale disparaicirct discregravetement pianissimo dans lextrecircme gravedu clavier

La sonate suivante (ndeg 11 en si beacutemol majeur op 22) est contemporaine de la Premiegravere Symphonie(1800) Beethoven na que 30 ans mais une peacuteriode nouvelle souvre Sa jeunesse sachegraveve avec lexviiie siegravecle

SEacuteLECTION DISCOGRAPHIQUE DE SCHNABEL Agrave KOVACEVICH

Les inteacutegrales des sonates de Beethoven sont fort nombreuses et le discophile devrageacuteneacuteralement acqueacuterir toute la seacuterie des 32 srsquoil souhaite connaicirctre ses sonates de jeunesse

La premiegravere inteacutegrale discographique fut en 1935 celle dArtur Schnabel (EMI) dembleacuteeformidable de spontaneacuteiteacute et dinventiviteacute Agrave la mecircme eacutepoque Wilhelm Kempff publie lui aussi sapremiegravere quasi inteacutegrale suivie dune deuxiegraveme dans les anneacutees cinquante (DG) et dune nouvelleversion en steacutereacuteo (DG) tregraves largement diffuseacutee Il reacuteussit tout particuliegraverement les premiers opus

Toujours dans les anneacutees cinquante Yves Nat fera date (Les Discophiles franccedilais) par son styleintense et fougueux Friedrich Gulda a quant agrave lui eu tout jeune lhonneur du disque (Decca) shy onpeut preacutefeacuterer sa seconde inteacutegrale (Amadeo Brilliant Classics 1967) lune des plus abouties de ladiscographie shy une troisiegraveme a eacutegalement eacuteteacute enregistreacutee en concert agrave Salzbourg agrave la mecircme eacutepoque(Orfeo)

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Wilhelm Backhaus (Decca) paraicirct aujourdhui un peu sec mais tregraves analytique Claudio Arrau aenregistreacute lui aussi deux inteacutegrales au deacutebut des anneacutees 60 et dans les anneacutees 80 (Philips)Versions denses au ton parfois bien grave pour les sonates de jeunesse La premiegravere versiondAlfred Brendel (Vox) a vieilli mais les deux suivantes (Philips) rigoureuses un brin acadeacutemiquesne manquent pas de charme Vladimir Ashkenazy (Decca) est parfait quoiquun peu froid

Dans cette geacuteneacuteration il faut reacuteserver une place de choix agrave linterpreacutetation dEric Heidsieck tregravesvivante et pleine dheureuses surprises surtout dans les premiers opus (EMI) Daniel Barenboiumlmeacutetait tregraves (trop ) seacuterieux dans son inteacutegrale de jeunesse (EMI) il est plus convaincant dans lasuivante (DG) Plus tard on connaicirctra des versions tregraves correctes avec JeanshyBernard Pommier(Erato) Michaeumll Levinas (Accord) Aldo Ciccolini (Cascavelle) Richard Goode (Nonesuch) etStephen Kovacevich (EMI) que daucuns considegraverent comme une reacutefeacuterence moderne et plus tard deRudolf Buchbinder (RCA)

Leacutecole russe est un monde agrave part Emil Guilels navait pas tout agrave fait termineacute son inteacutegrale (DG)lorsquil nous a quitteacutes Restent de passionnantes interpreacutetations de Tatiana Nikolaieva(Scribendum) ou de Maria Grinberg (Melodiya)

On ne saurait passer sous silence les versions sur pianofortes particuliegraverement utiles dans lespremiegraveres sonates Paul BadurashySkoda utilise dauthentiques instruments anciens (Astreacutee) On peutcependant preacutefeacuterer la passionnante inteacutegrale reacutealiseacutee par Malcolm Bilson et ses eacutelegraveves (Claves)

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Cette sonate qualifieacutee de Grande sur la page de titre de la premiegravere eacutedition fut composeacutee en 1796et 1797 Elle peut justifier son qualificatif par son contenu affectif deacutejagrave plus romantique etprofond par certains aspects par un traitement plus inventif du clavier et par lampleursymphonique de sa conception eacutevidente degraves les premiegraveres mesures Le premier thegraveme de lAllegromolto e con brio nest plus un thegraveme au sens classique mais plutocirct une vaste phrase elleshymecircmesubdiviseacutee en eacuteleacutements motiviques Le second thegraveme sera organiseacute de mecircme Le Largo conespressione en ut majeur rompt avec tous les mouvements lents anteacuterieurs en deacuteroulant une de ceslongues meacuteditations mystiques qui seront deacutesormais une signature beethoveacutenienne LAllegro quisuit seacuteloigne des modegraveles anteacuterieurs du Menuet et du Scherzo Cest un moment de deacutetente et denaiumlve gaieteacute agrave leacutecriture assez savante interrompu par un Trio en mi beacutemol mineur assez rugueuxLe finale un deacutelicieux Rondo (Poco allegro e grazioso) juxtapose des eacuteleacutements quasiment galantset dautres beaucoup plus tendus

Trois Sonates op 10

Les trois Sonates de lOpus 10 furent publieacutees en septembre 1798 Il semble que leur eacutelaboration sesoit eacutetendue sur pregraves de deux anneacutees

La Sonate ndeg 5 en ut mineur op 10 ndeg1 est injustement neacutegligeacutee La tonaliteacute dut mineur queBeethoven reacuteutilisera lanneacutee suivante dans la Sonate Patheacutetique bien plus tard dans lOpus111ainsi que dans le Troisiegraveme Concerto pour piano et la ceacutelegravebre Cinquiegraveme Symphoniecorrespond toujours chez Beethoven agrave de grandes tensions Ses dimensions relativement modestesdu moins dans les mouvements extrecircmes sont peutshyecirctre dues au deacutesir dexpeacuterimenter unecomposition de plus en plus serreacutee et eacuteconome LAllegro molto e con briodeacutebute par un motifplein de vigueur Le second thegraveme est en revanche plus deacutetendu Ces deux eacuteleacutements creacuteent unetension dialectique qui parcourt tout le mouvement Surtout on peut voir comment Beethovenorganise son discours ne laissant rien perdre de chaque eacuteleacutement harmonique meacutelodique ourythmique

LAdagio molto en la beacutemol majeurreacutevegravele la face eacuteleacutegiaque du compositeur dans une forme toutesimple une exposition de mouvement de sonate avec reprise leacutegegraverement varieacutee mais sansdeacuteveloppement Le finale Prestissimo rappelle celui de la Sonate en fa mineur par sa volonteacutedeacutetourdir lauditeur par la rapiditeacute des traits (cest ici Beethoven le virtuose qui parle) Toutelexposition nest quune suite de gestes brillants treacutemolos agrave la main droite descentes vertigineusesaccords opposeacutes dune grande violence

La Sonate ndeg 6 en fa majeur op 10 ndeg2 est eacutecrite dune plume plus leacutegegravere si bien quon la souventcompareacutee aux sonates de Haydn Degraves le deacutebut de lAllegro initial ces deux accords marqueacutes pianoque suit un triolet sec et cursif deacutenotent deacutejagrave le sens de laccroche Il est reacutepeacuteteacute quelques mesuresplus loin avec une certaine rage Le second thegraveme en ut majeur dun galbe magnifique senvoleavec ferveur les syncopes et la dynamique des sforzandos impulsant le mouvement La conclusionde lexposition semble renouer avec la leacutegegravereteacute mozartiennePour la premiegravere fois une sonate deBeethoven ne comprend pas de mouvement lent ce dernier eacutetant remplaceacute par un Allegretto en famineuragrave trois temps proche dune piegravece de genre

Comme dans la Sonate en ut mineur le dernier mouvement (Presto)est tregraves vif mais dun caractegraveremoins dramatique Beethoven ici semble samuser Le thegraveme fugueacute imite une course poursuitemarqueacutee par la nervositeacute dun toucher staccato Cette eacutecriture propre agrave rassurer les savants ne terniten rien lhumeur vive et enjoueacutee du finale

Avec la Sonate ndeg 7 en reacute majeur op 10 ndeg3 Beethoven revient agrave la grande forme en quatremouvements Le Presto initial affiche bien les caractegraveres majeurs de sa premiegravere maniegravere Lethegraveme initial eacutenonceacute agrave loctave par les deux mains dessine une ample courbe staccato avant decirctrereformuleacute en sixtes briseacutees une fois encore le geste dramatique est impeacuterieux et impressionnantLui reacutepond une seconde ideacutee en si mineur seacuterieuse et pleine dallure Le mouvement lent Largo emesto en reacute mineur a susciteacute deacutejagrave agrave leacutepoque de romantiques commentaires Beethoven luishymecircmeaurait eacutevoqueacute lacircme en proie agrave la meacutelancolie avec les diffeacuterentes nuances de lumiegravere etdombreComme dans lOpus 10 ndeg1 Beethoven (et cest lagrave le plus inteacuteressant) fait porter tout lepoids eacutemotif de la Sonate sur cet ample mouvement suivi par un joli Menuet plein de gentillesse etde bonhomie Dans le Trio en sol majeurcependant la virtuositeacute reprend ses droits avec lesroulements de triolets qui accompagnent le thegraveme en notes deacutetacheacutees Le Rondo Allegro final assezbref se fonde sur un thegraveme de trois notes en forme de question La suite est assez eacutetrange Lethegravemeshyquestion qui sert de refrain revient sans cesse interrompu par des haltes impreacutevues destraits de pure virtuositeacute des deacuteparts vers des pistes inabouties Cette Sonate qui aurait pu ecirctrepatheacutetique se termine par une sorte de labyrinthe ougrave Beethoven semble vouloir surprendre sonauditoire

Deux Sonates op 49

Ces deux Sonates faciles sont anteacuterieures agrave ce que laisserait penser leur numeacutero dopus Ilsemblerait que la deuxiegraveme ait eacuteteacute composeacutee dabord en 1796 et la premiegravere un peu plus tardvraisemblablement fin 1797 Elles sont donc contemporaines des trois Sonates op 10dont ellesnont ni les dimensions ni la complexiteacute Il est possible que les eacutediteurs du compositeur aient insisteacutepour avoir de lui des partitions dune difficulteacute abordable

La Sonate ndeg 19 en sol mineur op 49 ndeg1 deacutebute par un Andante lyrique opposant un eacuteleacutement pluseacuteleacutegiaque agrave un eacuteleacutement plus souple et leacuteger Le Rondo Allegro en sol majeurest une solide giguedallure deacutecontracteacutee Un couplet en sol mineur vient introduire quelque ombre un autre en sibeacutemol majeur reacuteintroduit une joyeuse rusticiteacute avant la reprise et une coda qui varie le refrain

La Sonate ndeg 20 en sol majeur op 49 ndeg2 est moins sophistiqueacutee LAllegro ma non troppo sembledestineacute aux jeunes filles de bonne famille qui ont des nattes dans le doset lideacutee conclusivesemble conccedilue pour faire travailler les gammes aux apprentis pianistes Le deacuteveloppement ne metpas vingt secondes agrave revenir agrave une sage reacuteexposition qui ne seacutecarte guegravere de son modegravele Le thegravemedu Tempo di Minuetto qui termine la piegravece a eacuteteacute reacuteutiliseacute par Beethoven dans son ceacutelegravebre Septuorop 20 de 1799

Sonate ndeg 8 en ut mineur op 13 Patheacutetique

Pour la premiegravere fois Beethoven ouvre une sonate par une introduction lente (Grave) et sest peutshyecirctre souvenu de la Fantaisie en ut mineur K 475 de Mozart dans ce portique de neuf mesures

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impressionnant de puissance contenue Le thegraveme de lAllegro seacutelegraveve alors freacutemissant montant etdescendant la gamme dut mineur alteacutereacutee sur un treacutemolo de basses Le second thegraveme est aussi en utmineur mais soppose au premier par sa leacutegegravereteacute et son charme meacutelodique Vers la fin alors quelon attendrait larriveacutee de la coda le mecircme Grave vient imposer le ton patheacutetique avant uneconclusion tregraves cursive exposant une derniegravere fois le thegraveme principal

LAdagio cantabile en la beacutemol majeur est dune seacuteduction immeacutediate qui lapparente agrave uneromance de salon Une deuxiegraveme ideacutee vient apporter un suppleacutement deacuteleacutegie Agrave la suaviteacute des deuxeacuteleacutements principaux vient sopposer un eacutepisode central en la beacutemol mineur sensiblement plustendu Tout au long du Rondo Allegro final leacutecriture devra beaucoup aux sonates de MozartLeacutepisode central shy agrave la fois couplet et deacuteveloppement shy deacuteveloppe une polyphonie plus complexemais cela ne dure guegravere le ton semporte et in extremis Beethoven nous surprend encore en citantle thegraveme principal presque meacuteconnaissable avant de balayer le clavier dun trait rageur

Deux Sonates op 14

Apregraves les Trois Sonates op 10 et la Patheacutetique qui imposaient un ton nouveau Beethovensemble marquer le pas avec ces deux nouvelles sonates composeacutees en 1798shy1799 mais il ne sagiten rien dun retour agrave Haydn ou agrave Mozart lOpus 14contient des eacuteleacutements originaux qui ouvrent desvoies nouvelles

La Sonate ndeg 9 en mi majeur op 14 ndeg1 deacutebute par un Allegro rayonnant doptimisme Le premierthegraveme seacutelegraveve sur de leacutegegraveres batteries Le second discregravetement chromatique est exposeacute dabord sansaucun accompagnement mais apregraves quelques mesures il est soumis agrave une eacutecriture polyphoniqueassez complexe avant une troisiegraveme ideacutee joyeuse et chantante Le mouvement sachegraveve discregravetementsur le thegraveme initial Le second mouvement Allegretto (en mi mineur) nest pas agrave proprement parlerun mouvement lent Cest la page la plus originale de cette sonate et lon peut y voir la preacutefigurationde tant de piegraveces romantiques de caractegravere lyrique Le rondo final (Allegro commodo) nest aucontraire que fuite en avant et dynamisme Agrave la fin le premier thegraveme revient dabord sous formesyncopeacutee puis orneacute dun deacutelicat chromatisme avant le grand geste conclusif

La Sonate ndeg 10 en sol majeur op 14 ndeg2 possegravede aussi une personnaliteacute particuliegravere Rarement lejeune Beethoven ne sest montreacute agrave ce point libeacutereacute de toute inquieacutetude Le premier Allegro estdeacutetendu et pimpant mais lAndante en ut majeur agrave variations est plus original et inteacuteressant encoreSuivant linterpreacutetation il pourra sonner comme une marche pleine dallant ou comme une eacutetrange etmysteacuterieuse recircverie De toute maniegravere on a ici comme dans lAllegretto de la sonate preacuteceacutedente uneveacuteritable piegravece de caractegravere

Le dernier mouvement est un scherzo en forme de rondo (Allegro assai 38) ougrave les commentateursde leacutepoque ont voulu entendre des peacutepiements doiseaux et voir des eacutebats de petits agneaux Pas deconclusion grandiose ici la cellule initiale disparaicirct discregravetement pianissimo dans lextrecircme gravedu clavier

La sonate suivante (ndeg 11 en si beacutemol majeur op 22) est contemporaine de la Premiegravere Symphonie(1800) Beethoven na que 30 ans mais une peacuteriode nouvelle souvre Sa jeunesse sachegraveve avec lexviiie siegravecle

SEacuteLECTION DISCOGRAPHIQUE DE SCHNABEL Agrave KOVACEVICH

Les inteacutegrales des sonates de Beethoven sont fort nombreuses et le discophile devrageacuteneacuteralement acqueacuterir toute la seacuterie des 32 srsquoil souhaite connaicirctre ses sonates de jeunesse

La premiegravere inteacutegrale discographique fut en 1935 celle dArtur Schnabel (EMI) dembleacuteeformidable de spontaneacuteiteacute et dinventiviteacute Agrave la mecircme eacutepoque Wilhelm Kempff publie lui aussi sapremiegravere quasi inteacutegrale suivie dune deuxiegraveme dans les anneacutees cinquante (DG) et dune nouvelleversion en steacutereacuteo (DG) tregraves largement diffuseacutee Il reacuteussit tout particuliegraverement les premiers opus

Toujours dans les anneacutees cinquante Yves Nat fera date (Les Discophiles franccedilais) par son styleintense et fougueux Friedrich Gulda a quant agrave lui eu tout jeune lhonneur du disque (Decca) shy onpeut preacutefeacuterer sa seconde inteacutegrale (Amadeo Brilliant Classics 1967) lune des plus abouties de ladiscographie shy une troisiegraveme a eacutegalement eacuteteacute enregistreacutee en concert agrave Salzbourg agrave la mecircme eacutepoque(Orfeo)

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Wilhelm Backhaus (Decca) paraicirct aujourdhui un peu sec mais tregraves analytique Claudio Arrau aenregistreacute lui aussi deux inteacutegrales au deacutebut des anneacutees 60 et dans les anneacutees 80 (Philips)Versions denses au ton parfois bien grave pour les sonates de jeunesse La premiegravere versiondAlfred Brendel (Vox) a vieilli mais les deux suivantes (Philips) rigoureuses un brin acadeacutemiquesne manquent pas de charme Vladimir Ashkenazy (Decca) est parfait quoiquun peu froid

Dans cette geacuteneacuteration il faut reacuteserver une place de choix agrave linterpreacutetation dEric Heidsieck tregravesvivante et pleine dheureuses surprises surtout dans les premiers opus (EMI) Daniel Barenboiumlmeacutetait tregraves (trop ) seacuterieux dans son inteacutegrale de jeunesse (EMI) il est plus convaincant dans lasuivante (DG) Plus tard on connaicirctra des versions tregraves correctes avec JeanshyBernard Pommier(Erato) Michaeumll Levinas (Accord) Aldo Ciccolini (Cascavelle) Richard Goode (Nonesuch) etStephen Kovacevich (EMI) que daucuns considegraverent comme une reacutefeacuterence moderne et plus tard deRudolf Buchbinder (RCA)

Leacutecole russe est un monde agrave part Emil Guilels navait pas tout agrave fait termineacute son inteacutegrale (DG)lorsquil nous a quitteacutes Restent de passionnantes interpreacutetations de Tatiana Nikolaieva(Scribendum) ou de Maria Grinberg (Melodiya)

On ne saurait passer sous silence les versions sur pianofortes particuliegraverement utiles dans lespremiegraveres sonates Paul BadurashySkoda utilise dauthentiques instruments anciens (Astreacutee) On peutcependant preacutefeacuterer la passionnante inteacutegrale reacutealiseacutee par Malcolm Bilson et ses eacutelegraveves (Claves)

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impressionnant de puissance contenue Le thegraveme de lAllegro seacutelegraveve alors freacutemissant montant etdescendant la gamme dut mineur alteacutereacutee sur un treacutemolo de basses Le second thegraveme est aussi en utmineur mais soppose au premier par sa leacutegegravereteacute et son charme meacutelodique Vers la fin alors quelon attendrait larriveacutee de la coda le mecircme Grave vient imposer le ton patheacutetique avant uneconclusion tregraves cursive exposant une derniegravere fois le thegraveme principal

LAdagio cantabile en la beacutemol majeur est dune seacuteduction immeacutediate qui lapparente agrave uneromance de salon Une deuxiegraveme ideacutee vient apporter un suppleacutement deacuteleacutegie Agrave la suaviteacute des deuxeacuteleacutements principaux vient sopposer un eacutepisode central en la beacutemol mineur sensiblement plustendu Tout au long du Rondo Allegro final leacutecriture devra beaucoup aux sonates de MozartLeacutepisode central shy agrave la fois couplet et deacuteveloppement shy deacuteveloppe une polyphonie plus complexemais cela ne dure guegravere le ton semporte et in extremis Beethoven nous surprend encore en citantle thegraveme principal presque meacuteconnaissable avant de balayer le clavier dun trait rageur

Deux Sonates op 14

Apregraves les Trois Sonates op 10 et la Patheacutetique qui imposaient un ton nouveau Beethovensemble marquer le pas avec ces deux nouvelles sonates composeacutees en 1798shy1799 mais il ne sagiten rien dun retour agrave Haydn ou agrave Mozart lOpus 14contient des eacuteleacutements originaux qui ouvrent desvoies nouvelles

La Sonate ndeg 9 en mi majeur op 14 ndeg1 deacutebute par un Allegro rayonnant doptimisme Le premierthegraveme seacutelegraveve sur de leacutegegraveres batteries Le second discregravetement chromatique est exposeacute dabord sansaucun accompagnement mais apregraves quelques mesures il est soumis agrave une eacutecriture polyphoniqueassez complexe avant une troisiegraveme ideacutee joyeuse et chantante Le mouvement sachegraveve discregravetementsur le thegraveme initial Le second mouvement Allegretto (en mi mineur) nest pas agrave proprement parlerun mouvement lent Cest la page la plus originale de cette sonate et lon peut y voir la preacutefigurationde tant de piegraveces romantiques de caractegravere lyrique Le rondo final (Allegro commodo) nest aucontraire que fuite en avant et dynamisme Agrave la fin le premier thegraveme revient dabord sous formesyncopeacutee puis orneacute dun deacutelicat chromatisme avant le grand geste conclusif

La Sonate ndeg 10 en sol majeur op 14 ndeg2 possegravede aussi une personnaliteacute particuliegravere Rarement lejeune Beethoven ne sest montreacute agrave ce point libeacutereacute de toute inquieacutetude Le premier Allegro estdeacutetendu et pimpant mais lAndante en ut majeur agrave variations est plus original et inteacuteressant encoreSuivant linterpreacutetation il pourra sonner comme une marche pleine dallant ou comme une eacutetrange etmysteacuterieuse recircverie De toute maniegravere on a ici comme dans lAllegretto de la sonate preacuteceacutedente uneveacuteritable piegravece de caractegravere

Le dernier mouvement est un scherzo en forme de rondo (Allegro assai 38) ougrave les commentateursde leacutepoque ont voulu entendre des peacutepiements doiseaux et voir des eacutebats de petits agneaux Pas deconclusion grandiose ici la cellule initiale disparaicirct discregravetement pianissimo dans lextrecircme gravedu clavier

La sonate suivante (ndeg 11 en si beacutemol majeur op 22) est contemporaine de la Premiegravere Symphonie(1800) Beethoven na que 30 ans mais une peacuteriode nouvelle souvre Sa jeunesse sachegraveve avec lexviiie siegravecle

SEacuteLECTION DISCOGRAPHIQUE DE SCHNABEL Agrave KOVACEVICH

Les inteacutegrales des sonates de Beethoven sont fort nombreuses et le discophile devrageacuteneacuteralement acqueacuterir toute la seacuterie des 32 srsquoil souhaite connaicirctre ses sonates de jeunesse

La premiegravere inteacutegrale discographique fut en 1935 celle dArtur Schnabel (EMI) dembleacuteeformidable de spontaneacuteiteacute et dinventiviteacute Agrave la mecircme eacutepoque Wilhelm Kempff publie lui aussi sapremiegravere quasi inteacutegrale suivie dune deuxiegraveme dans les anneacutees cinquante (DG) et dune nouvelleversion en steacutereacuteo (DG) tregraves largement diffuseacutee Il reacuteussit tout particuliegraverement les premiers opus

Toujours dans les anneacutees cinquante Yves Nat fera date (Les Discophiles franccedilais) par son styleintense et fougueux Friedrich Gulda a quant agrave lui eu tout jeune lhonneur du disque (Decca) shy onpeut preacutefeacuterer sa seconde inteacutegrale (Amadeo Brilliant Classics 1967) lune des plus abouties de ladiscographie shy une troisiegraveme a eacutegalement eacuteteacute enregistreacutee en concert agrave Salzbourg agrave la mecircme eacutepoque(Orfeo)

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Wilhelm Backhaus (Decca) paraicirct aujourdhui un peu sec mais tregraves analytique Claudio Arrau aenregistreacute lui aussi deux inteacutegrales au deacutebut des anneacutees 60 et dans les anneacutees 80 (Philips)Versions denses au ton parfois bien grave pour les sonates de jeunesse La premiegravere versiondAlfred Brendel (Vox) a vieilli mais les deux suivantes (Philips) rigoureuses un brin acadeacutemiquesne manquent pas de charme Vladimir Ashkenazy (Decca) est parfait quoiquun peu froid

Dans cette geacuteneacuteration il faut reacuteserver une place de choix agrave linterpreacutetation dEric Heidsieck tregravesvivante et pleine dheureuses surprises surtout dans les premiers opus (EMI) Daniel Barenboiumlmeacutetait tregraves (trop ) seacuterieux dans son inteacutegrale de jeunesse (EMI) il est plus convaincant dans lasuivante (DG) Plus tard on connaicirctra des versions tregraves correctes avec JeanshyBernard Pommier(Erato) Michaeumll Levinas (Accord) Aldo Ciccolini (Cascavelle) Richard Goode (Nonesuch) etStephen Kovacevich (EMI) que daucuns considegraverent comme une reacutefeacuterence moderne et plus tard deRudolf Buchbinder (RCA)

Leacutecole russe est un monde agrave part Emil Guilels navait pas tout agrave fait termineacute son inteacutegrale (DG)lorsquil nous a quitteacutes Restent de passionnantes interpreacutetations de Tatiana Nikolaieva(Scribendum) ou de Maria Grinberg (Melodiya)

On ne saurait passer sous silence les versions sur pianofortes particuliegraverement utiles dans lespremiegraveres sonates Paul BadurashySkoda utilise dauthentiques instruments anciens (Astreacutee) On peutcependant preacutefeacuterer la passionnante inteacutegrale reacutealiseacutee par Malcolm Bilson et ses eacutelegraveves (Claves)

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Dans cette geacuteneacuteration il faut reacuteserver une place de choix agrave linterpreacutetation dEric Heidsieck tregravesvivante et pleine dheureuses surprises surtout dans les premiers opus (EMI) Daniel Barenboiumlmeacutetait tregraves (trop ) seacuterieux dans son inteacutegrale de jeunesse (EMI) il est plus convaincant dans lasuivante (DG) Plus tard on connaicirctra des versions tregraves correctes avec JeanshyBernard Pommier(Erato) Michaeumll Levinas (Accord) Aldo Ciccolini (Cascavelle) Richard Goode (Nonesuch) etStephen Kovacevich (EMI) que daucuns considegraverent comme une reacutefeacuterence moderne et plus tard deRudolf Buchbinder (RCA)

Leacutecole russe est un monde agrave part Emil Guilels navait pas tout agrave fait termineacute son inteacutegrale (DG)lorsquil nous a quitteacutes Restent de passionnantes interpreacutetations de Tatiana Nikolaieva(Scribendum) ou de Maria Grinberg (Melodiya)

On ne saurait passer sous silence les versions sur pianofortes particuliegraverement utiles dans lespremiegraveres sonates Paul BadurashySkoda utilise dauthentiques instruments anciens (Astreacutee) On peutcependant preacutefeacuterer la passionnante inteacutegrale reacutealiseacutee par Malcolm Bilson et ses eacutelegraveves (Claves)