l'outil de pierre préhistorique

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L'OUTIL DE PIERRE PRÉHISTORIQUE

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ORIGINE ET DESTINÉE DE L 'HOMME, par J. PIVETEAU. Abrégés de sciences. 1982, 2 édi- tion, 192 pages.

GUIDE DES GROTTES ORNÉES PALÉOLITHIQUES, par D. VIALOU. 1976, 136 pages.

PRÉHISTOIRE DU FEU, par C. PERLÈS. 1977, 192 pages.

FOSSILES DE FRANCE ET DES RÉGIONS LIMITROPHES, par J.-Cl. FISCHER. Guides géologiques régionaux. 1980, 448 pages.

DÉTERMINATION PRATIQUE DES FOSSILES, par A. CHAVAN et A. CAILLEUX. 1980, 2 édi- tion, 3 tirage, 392 pages.

PRÉCIS DE PALÉONTOLOGIE DES VERTÉBRÉS, par J. PIVETEAU, J.-P. LEHMAN, C. DECHASEAUX et coll. 1978, 688 pages.

JEAN-BAPTISTE LAMARCK, et son époque, par L. SZYFMAN. 1982, 472 pages.

LES ORIGINES HUMAINES ET LES ÉPOQUES DE L'INTELLIGENCE. Colloque international, 1977, Paris. 1978, 312 pages.

BIOLOGIE GÉNÉRALE, par P. VAN GANSEN. Abrégés de sciences. 1984, 400 pages.

LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE HUMAINE. Human biological diversity, sous la direction de J. HIERNAUX. Collection d'Anthropologie physique. 1980, 428 pages.

DICTIONNAIRE DE GÉOLOGIE, par A. FOUCAULT et J.-F. RAOULT. Guides géologiques régionaux. 1980, 336 pages.

PRÉCIS DE MINÉRALOGIE, par G. AUBERT, Cl. GUILLEMIN et R. PIERROT. 1978, 384 pages.

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L'OUTIL DE PIERRE PRÉHISTORIQUE Jean-Luc PIEL-DESRUISSEAUX

Publié avec le concours du Centre National des Lettres

MASSON Paris New York Barcelone Milan

Mexico Sao Paulo 1984

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Illustration de la couverture : hache taillée en silex. Long. 270 mm. Tassilly (Calvados)

L'illustration de cet ouvrage, dessins et photographies, a été entièrement réalisée par l ' a u t e u r

Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.

La loi du 1 1 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduc- tion intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (ali- néa 1 de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© Masson, Paris, 1984

ISBN: 2.225.80080-4

MASSON S.A. 120, bd Saint-Germain, 75280 Paris Cedex 06 MASSON PUBLISHING USA Inc. 133 East 58th Street, New York, N.Y. 10022 MASSON S.A. Balmes 151, Barcelona 8 MASSON ITALIA EDITORI S.p.A. Via Giovanni Pascoli 55, 20133 Milano MASSON EDITORES Dakota 383, Colonia Napoles, Mexico 18 DF EDITORA MASSON DO BRASIL Ltda Rua Dr Cesario Motta Jr, 61, 01221 Sao Paulo S.P.

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Avant-propos

Résumer en quelques pages et représenter par quelques figures ce que fut l'outillage en pierre imaginé et fabriqué par l'homme pendant des centaines de mil- liers d'années est certainement illusoire et présomptueux. Mon souhait est ici de sim- plement tenter de préciser à l'intention du visiteur d'un musée ou d'un chantier de recherches préhistoriques ce que sont la morphologie, les modes de fabrication, les fonctions possibles de certains outils de pierre, principaux témoins de l'activité humaine préhistorique.

Ces objets de pierre ne sont souvent que la partie active d'outils dont les dis- positifs d'emmanchement ou de préhension ont disparu sauf pour de rares exemplai- res de périodes récentes. L'étude de ces outils, certainement abandonnés parce que usés ou devenus inutiles, précise les traces d'usure visibles, les stigmates d'affûtage, les réutilisations ultérieures modifiant leur aspect. Ce sont aussi des ébauches, des outils brisés qu'il convient de reconnaître tout en admettant les nombreuses incertitu- des dans leur interprétation.

Nous avons souvent choisi des outils ou des armes tout à fait communs, mais parfois aussi exceptionnels en raison de leur état de conservation, tous plus représen- tatifs d'une action que d'une période. Nous nous sommes largement inspirés des des- criptions des préhistoriens dont la qualité des travaux assure le fondement des con- naissances technologiques. Ces outils « de tous les jours » proviennent de sites du Bassin parisien, de Normandie ou du Limousin. Leur ordre de description, artificielle- ment chronologique est, nous en avons conscience, certainement discutable.

Nous insisterons surtout sur le fait que tout éclat, tout « déchet de taille », tout outil de pierre est porteur d'un message essentiel : observé sur le lieu de son aban- don, il permet de décrire avec les autres témoins conservés ou réduits à l'état d'empreintes, l'organisation d'habitats ou autres espaces d'activités, documents de base d'une « ethnologie préhistorique ».

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La taille du silex

« L'enseignement de la technologie lithique ne peut plus se conce- voir sans les expériences de taille. Un burin taillé en commentant cha- que geste sera facilement compris et demandera quelques minutes d'attention alors que des pages d'explications, même avec croquis seront la plupart du temps inefficaces. »

J. TIXIER (1979)

U n p r é h i s t o r i e n a u t r a v a i l : J . T i x i e r t a i l l e l e s i l e x

Des démonstrations publiques comme à l'Archéodrome de Beaune (Côte-d'Or), des films cinématographiques, des émissions télévisées nous donnent de plus en plus souvent l'occasion de voir le préhistorien débiter des blocs de silex et retoucher les fragments détachés pour obtenir armes et outils.

Ainsi une émission télévisée de 1976 nous montrait J. Tixier, maître de recher-

ches au C.N.R.S. au travail, mais les lignes qui suivent ne sont qu'une grossière appréhension des gestes et des phénomènes mécaniques à l'origine de la taille des roches et en particulier du silex.

Le tailleur choisit la matière première : un silex paraissant de bonne qualité : homogène, « sonnant bien », et la part d'expérience est ici essentielle. Il choisit un marteau : un galet de rivière par exemple, c'est le percuteur. Il calcule alors l'angle de frappe, c'est-à-dire l'angle que fait l'axe du percuteur avec l'endroit où il va frap- per, appelé plan de frappe. « Si le mouvement est bon, si les choses sont bien coor- données, au moment où l'on frappe, une onde de percussion se développe, elle devient une onde de fracture et détache un éclat. » J. Tixier insiste alors sur l'impor- tance de la masse du percuteur car il n'a pas frappé fort. L'éclat détaché présente

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des particularités qui sont caractéristiques de la taille intentionnelle : un talon qui est la partie détachée du plan de frappe, un bulbe : petite saillie sur une face tout près du talon. Les bords de l'éclat sont très coupants, comme du verre, mais il sont très fragiles. Il faut « retoucher » ses bords pour les renforcer en enlevant de très petits éclats avec un autre percuteur : un fragment de bois de renne ou de bois de cerf par exemple. Alors le tailleur sculpte un bord, le rendant rectiligne, convexe ou concave. Tous ces gestes se font très vite et il obtient un racloir ou un couteau à dos prêt pour racler une peau ou couper de la viande.

Voulant faire une pointe de flèche à partir d'un éclat, il change de technique et procède non plus en percutant mais en pressant avec l'extrémité fine mais arron- die d'un fragment de bois de cerf. La pression sur les bords de la pièce détache de petits éclats et peu à peu se forme une pointe. Au cours de ce travail, l'expérimenta- teur se protège, une peau sert de tablier, une autre couvre la paume de la main à la manière d'un gant. L'habitude lui permet de prévoir la trajectoire des éclats, bien coupants pour nos téguments !

Les out i ls d u tai l leur d e p ier re

Le principal instrument est un marteau appelé percuteur : l'outil pour faire les outils. Ceux qui nous sont parvenus sont en pierre, en bois de renne ou de cerf, éga- lement en os. Le percuteur de bois végétal est exceptionnellement conservé mais devait être certainement utilisé. Les percuteurs de pierre ou — percuteurs durs — sont faits de galets ou de nodules de silex volontiers sphériques. La surface de ces derniers est marquée d'une multitude de petites étoilures, empreintes des minuscules éclats de silex détachés par les chocs (fig. 1 et 2).

FIG. 1. — Nucléus transformé en percuteur Tassilly (Calvados)

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FIG. 2. — Gros percuteur sphérique de silex pesant 1 050 grammes

Saint-Nom-la-Bretèche (Yvelines)

C'est parfois un outil usagé (fragment de hache polie) ou un nucléus (fig. 1) dont la forme est bien adaptée qui sont ainsi réutilisés. Ils servent essentiellement à la percussion directe.

Les autres percuteurs dits — tendres — sont utilisés en percussion directe comme sur la fig. 31, ou en percussion indirecte : un « chasse-lame » est interposé entre lui et le plan de frappe du nucléus (fig. 4).

FIG. 3. — Débitage d'éclats au percuteur de pierre frappant directement le nucléus

(D'après D. de Sonneville-Bordes)

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FIG. 4. — Taille au ciseau en bois de cerf ou « chasse-lame » (D'après D. de Sonneville-Bordes)

La matière première

On peut tailler beaucoup de variétés de roches, mais le résultat varie selon cer- taines qualités que possède habituellement le silex : il se taille bien, ses éclats sont coupants.

Très tôt dans l'histoire l'homme choisit le silex, mais son absence ou sa rareté dans certaines régions oblige à utiliser d'autres roches comme le grès, les quartzites, certains calcaires ou des roches volcaniques. Dans les régions volcaniques, l'obsi- dienne, roche vitreuse, est appréciée car elle se taille parfaitement bien mais elle est fragile.

Le silex se trouve dans la nature sous forme de nodules ou sous forme de pla- ques. Il présente en périphérie une croûte due à l'altération de ses constituants : le cortex. Lorsque le silex a été taillé, la surface des fragments débités va souvent se modifier. C'est ce qu'on appelle la patine (J. Tixier, 1980), reconnaissable à une teinte particulière, s'étendant de façon variable en profondeur, pouvant transformer la structure du silex. Les causes de cette altération sont complexes, fonction de la nature physique et chimique des matériaux en contact avec ces surfaces taillées.

Le nucléus

Le bloc de matière première peut être directement transformé par la taille en outil : galet taillé, biface par exemple.

Dans les autres cas, le bloc est débité en produits appelés éclats, lames, lamel-

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les qui seront eux-mêmes le support d'outils. Le bloc débité prend alors le nom de nucléus. Nous verrons qu'il subit une préparation précise pour permettre l'extraction des éclats et des lames. Le nodule résiduel est de taille variable, parfois réduit à l'extrême (fig. 6), il peut être à son tour utilisé comme outil dans les régions pauvres en matière première ou si sa forme convient à un usage donné.

FIG. 5. — Morphologie d'un nucléus

a - plan de frappe a' - second plan de frappe b - négatifs d'enlèvements c - nervure d - cortex Davron (Yvelines)

Le nucléus de la figure 5 présente une surface sur laquelle on a frappé : le plan de frappe (a). Des éclats se sont détachés laissant leur empreinte ou surface négative d'enlèvement (b) avec le contre bulbe. Les surfaces négatives d'enlèvement sont limi- tées par des nervures (c). Du cortex (d) est encore visible. Un second plan de frappe (a') opposé au premier a permis dans l'exemple figuré une seconde série d'extraction.

FIG. 6. — Deux tout petits nucléus de régions pauvres en silex

— Nucléus de jaspe, Montoume (Haute-Vienne), haut. 1 8 mm — Nucléus sur galet de silex, Quiberon (Morbihan), haut. 30 mm

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Les produits de la taille

1) L'éclat

Il présente un certain nombre de stigmates, quel que soit son mode d'obten- tion, permettant de le reconnaître comme produit d'un débitage intentionnel. Il pré- sente (fig. 7) deux faces : une face supérieure (A), soit entièrement recouverte de cor- tex s'il est le premier à être détaché d'un nodule (c'est l'éclat cortical), soit portant les empreintes d'éclats précédents : négatifs d'enlèvements (a) limités par des nervu- res (b). L'autre face est la face inférieure (B) appelée face d'éclatement ou de fracture (J. Tixier, 1980). On y voit les cicatrices laissées par la progression du front de fracture.

FIG. 7. — Morphologie d'un éclat

Tassilly (Calvados)

A - face supérieure B - face inférieure ou de fracture C - profil droit a - négatif d'enlèvement b - nervure c - bulbe d - ondulation

e - esquillements f - lancettes g - bord droit g' - bord gauche h - talon i - angle de chasse j - angle d'éclatement

— Le bulbe (c) est un relief développé à partir du point de percussion (J. Tixier, 1980).

— Les ondulations (d) seraient « les images instantanées des positions successi- ves du front de fracture » (M. Dauvois, 1976) sous forme de portions de courbes de tracé complexe.

— Les esquillements (e) sont des éclats secondaires entamant le bulbe. — Les lancettes (f) sont des pertes de substance très petites, perpendiculaires à

la tangente de la courbe du front de fracture, véritables « poteaux indicateurs » tour- nés vers le point d'impact. Lorsque l'éclat est brisé et le bulbe absent, les lancettes permettent de deviner son emplacement (M. Dauvois, 1976).

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MASSON, Éditeur 120, bd Saint-Germain 75280 Paris Cedex 06

Dépôt légal : février 1984

Imprimerie Ch. Corlet 14110 Condé-sur-Noireau Dépôt légal : février 1984

N° d'Imprimeur : 2603

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