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This article was downloaded by: [Northwestern University] On: 19 December 2014, At: 04:29 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK Contemporary French and Francophone Studies Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/gsit20 L'origine dévoilée du discours sur la violence et sur les relations interethniques dans le cinéma de Kassovitz Johann Sadock Published online: 01 Feb 2007. To cite this article: Johann Sadock (2004) L'origine dévoilée du discours sur la violence et sur les relations interethniques dans le cinéma de Kassovitz , Contemporary French and Francophone Studies, 8:1, 63-73, DOI: 10.1080/10260210310001635513 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/10260210310001635513 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub- licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is expressly

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Contemporary French andFrancophone StudiesPublication details, including instructions for authorsand subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/gsit20

L'origine dévoilée du discourssur la violence et sur lesrelations interethniques dans lecinéma de KassovitzJohann SadockPublished online: 01 Feb 2007.

To cite this article: Johann Sadock (2004) L'origine dévoilée du discours sur la violenceet sur les relations interethniques dans le cinéma de Kassovitz , Contemporary Frenchand Francophone Studies, 8:1, 63-73, DOI: 10.1080/10260210310001635513

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Johann Sadock

L’ORIGINE DEVOILEE DU DISCOURS

SUR LA VIOLENCE ET SUR LES

RELATIONS INTERETHNIQUES DANS

LE CINEMA DE KASSOVITZ1

J.Sadock

Ce qui continue a intriguer les spectateurs de La Haine, c’est de savoir ce quise passe vraiment dans les banlieues la ou l’action de la premiere partie du filmse situe.2 Un des merites de La Haine (1995), le deuxieme long-metrage deMathieu Kassovitz apres Metisse (1993), est de prendre en meme temps pourpersonnages principaux un Noir, un Arabe, et un Juif et donc de donner a voirune autre France, une France multiethnique. On souligne habituellement quedans ce film la relation entre Juif et Arabe n’est pas typique, mais on sedemande si en depit d’anomalies sociologiques ou de scenario, La Hainemontre quand meme bien une certaine realite des banlieues. On a beau savoir– il s’en est assez defendu – que Kassovitz n’a pas voulu faire un film sur labanlieue ou sur les relations interethniques mais sur les bavures policieres, al’etranger comme en France, on continue, avec les reserves d’usage, desonder La Haine pour dresser un etat des lieux des quartiers et plusgeneralement de ce que l’on a encore coutume d’appeler “la question del’immigration”. Avec ses qualites de mise en scene, le succes du film en Franceet a l’etranger peut certainement s’expliquer par son caractere ethnologiqueet apparemment realiste: La Haine instruit tout en depaysant. Kassovitz nouslivre en quelque sorte un reportage qui nous est en general denie – c’est cequ’on doit comprendre par le biais de cette scene ou l’equipe d’une chaine detele en safari demande une interview a Vinz, Said et Hubert et se voitrepondre avec des pierres qu’on n’est pas a Thoiry (un zoo).

Mais La Haine fait coup double d’une autre maniere. Le spectateur al’impression de decouvrir non seulement une France qu’il ne connaissait pas,mais une repartition des roles ethniques qui ne lui est pas familiere. On peutcertainement dire avec Dina Sherzer que par la mise en relief des stereotypeset surtout par leur renversement et le retournement des roles (“role rever-sals”), Kassovitz cherche a deconstruire certains stereotypes et a montrer aquel point l’identite de l’autre depend de constructions artificielles et

Contemporary French and Francophone Studies Vol. 8, No. 1 January 2004, pp. 63–73ISSN 1026-0218 print/ISSN 1477-2876 2004 Taylor & Francis Ltdhttp://www.tandf.co.uk/journals DOI: 10.1080/10260210310001635513

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mecaniques autour de differences ethniques (155). Mais il faut aussi aller plusloin et constater, avec Mireille Rosello, que ca n’est pas par hasard si c’estchez ceux qui ont une connaissance intime de ce que cela signifie d’avoirherite du statut ambigu d’“insider-outsider” et de toutes les contradictions deconditions postcoloniales toujours changeantes que l’on retrouve les exemplesdes moments les plus sophistiques de reappropriation de ces stereotypes (9).En tant que Juif d’origine ashkenaze issu d’un milieu plutot privilegie,Kassovitz a bien ce profile d’ “insider-outsider” aussi bien par rapport a lamajorite des Francais que par rapport a des jeunes de cite, veritables heritiersde conditions postcoloniales contradictoires.

L’hypothese de depart de cet article est qu’etre a la fois “dehors etdedans” (insider-outsider) facilitait et compliquait pour Kassovitz le traitementdes relations interethniques dans ses fictions. C’est a mon sens ce qui expliqueque La Haine et Metisse ne repondent pas a l’attente que fait naitre un coup deprojecteur sur des populations habituellement laissees a la marge. Dans la citepoliciere de La Haine ou dans l’appartement spacieux du fils de diplomate ouils finissent par s’installer dans Metisse, des trios multiethniques peuvent biencohabiter. La vraie question au debut des annees 90, comme aujourd’hui,n’est pas de savoir si ces trios peuvent depasser leurs prejuges divers ou ceuxde leurs proches pour former une bande ou un menage a trois, mais bien desavoir comment Noirs, Juifs et Arabes peuvent vivre entre eux et avec lesFranco-francais et selon une expression eponyme reprise par la demographeMichele Tribalat “faire France” dans le contexte interieur et internationalpresent et passe que l’on sait. Dans le debat critique public sur La Haine, parune sorte de mimetisme politiquement correct, on a neglige de soulignerl’influence de l’origine ethnique de Kassovitz sur un cinema qui prend pourpersonnages principaux des Arabes, des Juifs et des Noirs en France. SelonDominique Schnapper, “l’ethnie se definit par deux dimensions : la commu-naute historique et la specificite culturelle”.3 Kassovitz prend pour person-nages des Juifs d’origine ashkenaze qu’il situe sans ambiguite – a travers desreferences historiques notamment aux camps, des danses, des airs de musique,des accents et des scenes de vie familiale et intime – dans un contexte juifashkenaze. (On sait que Kassovitz joue lui-meme Felix, le personnage juif deMetisse et que par un choix de casting qui revele a quel point son origineethnique le distancie d’un tel personnage a ses propres yeux, il s’amuse ajouer un skinhead dans La Haine. Les choix de casting, nous y reviendrons,participent aussi chez Kassovitz de son discours sur les relations intereth-niques.)4 Il me semble que cette origine ne peut qu’influencer ses films enamont sur le plan de la creation, mais aussi en aval sur le plan de la reception:Kassovitz peut difficilement oublier son origine parce qu’il peut difficilementoublier qu’on ne manquera pas de lui rappeler son origine. Il sait notammentqu’on lui reprochera assez de n’avoir pas “grandi” en banlieue pour ne pasprendre en plus le risque d’etre pris en flagrant delit de derapage ethnique.

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Il lui faut donc biaiser et c’est dans cette distorsion des stereotypes ethniquesqu’une certaine auto-censure – qui tiendrait a ce que Kassovitz ne pense paspouvoir dire ou montrer sur les autres groupes ethniques – est la plussensible. Ce probleme d’autocensure pour cause d’origine ethnique force a sedemander qui, a l’exception des sociologues – eux-memes n’etant d’ailleurspas a l’abri de la critique d’engagement pour cause d’origine socio-ethnique– peut traiter des relations interethniques et comment.

Ce probleme pose surtout la question suivante: quelle est la marge demanoeuvre du cineaste marque ethniquement lorsqu’il traite plus ou moinsdirectement des relations interethniques? On voit bien que certaines preoccu-pations allant dans le sens d’une autocensure pourraient conduire a un cinemade ghetto (comme celui de Woody Allen par exemple avec lequel il s’agissaitprecisement sans doute de prendre ses distances dans le cas de Kassovitz) oule Juif ne parlerait que du Juif. C’est bien sur une certaine liberte d’expressionqui est en jeu ici. Il s’agira donc dans l’analyse qui suit de mettre en lumiereles enjeux et les difficultes inherentes au questionnement des identites et desrelations (inter)ethniques quand on est soi-meme marque ethniquement.

*

25 Fevrier 2000. Dans un colloque a Brown University, “Racism Made inFrance”, le sociologue Michel Wieviorka voit quatre raisons principales nonpas d’etre optimiste mais de ne pas desesperer de la situation dans la Francede l’apres Coupe du monde: le declin du Front National (FN) qui a suivi sascission recente; le declin du sentiment anti-europeen parmi les Francais; lareprise economique; et la Coupe du Monde precisement et les valeurs“black-blanc-beur” dont elle semblait porteuse. En reponse a une autrequestion, Wieviorka explique egalement pourquoi, selon lui, Fanon n’est plusd’actualite en France. L’analyse de Franz Fanon sur la guerre d’Algerie n’aplus prise sur la France contemporaine. C’etait, il est vrai, avant les debats surla guerre d’Algerie, la torture en Algerie et la memoire algerienne de la Franceou le match France-Algerie au stade de France. Il me semble tout de memea l’epoque – et je le lui dis – qu’il y a un autre Fanon et que ce Fanon-la estplus que jamais d’actualite. C’est le Fanon qui dans Peau noire, masques blancsraconte l’anecdote de cet enfant blanc qui a peur du passager noir assis presde lui dans un train.5 C’est le Fanon qui a essaye de decrire la reactionepidermique qu’on peut avoir a une apparence, a une peau. Et j’ajoute qu’ilme semble que Fanon est d’actualite d’une autre maniere dans la mesure oul’essentiel de son analyse repose dans Peau noire sur des Antillais quiprefigurent les Francais d’aujourd’hui et de demain: Metis et Francais de droit.Des Antillais dont l’experience en France – etre francais mais, trop souvent,ne pas etre considere comme francais – est aussi celle de ces metis culturels detoutes sortes que sont nombre de nos enfants. Les Antillais, Francais de

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demain? Est-ce que je comprendrais – sept ans plus tard! – ce qu’en depit dece qui m’avait semble etre l’impasse ou il enfermait ses personnages a la finde Metisse, Kassovitz voulait dire en 1993? On se souvient que dans Metisse, atravers la question de l’identite non tranchee du pere, c’est bien un combatplus symbolique pour la perpetuation du groupe que se livrent le Juif et leNoir musulman comme l’indique tres clairement la derniere scene du film,quand, a l’hopital, Felix et Jamal proposent pour le nouveau-ne un prenomqui assurerait son appropriation symbolique par le groupe: El Kebir ouMohammed pour l’un et David ou Jacob pour l’autre. D’ou leur choc al’annonce par Lola de son choix, un prenom a haute resonance passeiste etchretienne: Clothaire. Ironiquement, ce combat s’effectue alors que chacundes personnages semble en apparence avoir pris ses distances aves les prejugesde son groupe d’origine, de sa famille ou de son milieu social en entrant dansune relation de couple qu’on doit bien qualifier de “mixte” et en decidant –non sans mal pour Felix – d’assumer sa paternite virtuelle. Catholique maismetisse, Lola est a la fois proche et lointaine de chacun de ses deux amants.Lola incarne en fait bien pour le Noir et le Juif que sont Jamal et Felix uneversion ethnique ou culturelle plus digeste d’une France majoritairementchretienne. Demain, aujourd’hui, nous dit Kassovitz, ce Clothaire-la – qui quesoit son pere et quelle que soit la couleur de sa peau – doit “faire France”.

Pour revenir a Wieviorka, ce que je ne vois pas bien moi non plus al’epoque, c’est que le Fanon des Damnes de la terre est aussi d’actualite et quece Fanon-la, qui analyse la situation coloniale en Algerie, detient une cled’interpretation de la societe francaise contemporaine ou du moins du mondedont nous parle Kassovitz dans La Haine. Parce qu’ici encore, fiction et realite,passe et present, semblent etrangement se rejoindre. Alice Cherki, dans sabiographie de Fanon, notait avec raison: “A-t-on fait un pas de plus dansl’analyse de la violence en trente ou quarante ans ? Elle s’est etendue,redistribuee et, au plus pres de nous, deplacee des colonies aux grandes villesdes metropoles, ou plutot de leur peripherie. Elle y produit le mememecanisme, constate par Fanon, de deux mondes coupes en deux … aveccomme seuls intermediaires des representants des forces de l’ordre.”6

La Haine montre de fait un monde coupe en deux dont la ligne de partage,la frontiere, comme l’ecrivait Fanon, “est indiquee par les casernes et lespostes de police” et ou “l’intermediaire porte la violence dans les maisons etdans les cerveaux du colonise” (68–69). Qu’on remplace “colonise” par“marginalise” et cette derniere phrase s’applique litteralement a l’intrigue deLa Haine. On se souvient en effet qu’apres les emeutes (les premieres imagesdu film) qui plongent la cite dans l’immobilisme sous controle des CRS, c’estl’arme perdue par un policier et retrouvee par Vinz qui est porteuse deviolence. Il ne faut pas s’etonner que cette arme prenne tant d’importancedans le cerveau de Vinz comme dans l’intrigue, mais se demander pourquoicette arme-la est, symboliquement la-encore, si importante: et on comprend

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que c’est parce qu’elle designe l’instigateur de la violence. Des armes, on entrouve tres facilement dans les cites.7 Pour les jeunes des quartiers commepour Vinz ou le Kassovitz de La Haine, le probleme est donc ailleurs. Qu’onse rapporte a cet egard a un des articles du manifeste de Stop la Violence, uneassociation de jeunes de diverses banlieues tres suivie par les medias en 1999,a propos des policiers:

Certains nous parlent normalement. Ils connaissent le quartier, saventnous serrer la main et dire bonjour quand on se croise. La plupart, desqu’ils arrivent, ils alignent tout le monde contre les murs, et ils fouillenten hurlant. Ils nous prennent pour les ennemis. L’insecurite, on est lespremiers a la subir! Pour eux tous les Noirs se ressemblent, tous lesArabes sont pareils. Ils s’excusent meme pas quand ils se trompent. Et enmeme temps, les armes circulent partout, et personne ne les saisit. Nous,pour un bout de shit, on va au trou avec une tete au carre a deux heuresdu matin ! Et qui vend les revolvers?8

Si pour ces jeunes comme dans La Haine, les policiers sont largementresponsables du climat de violence qui regne dans certaines cites, il fautsouligner que par ses choix de casting, Kassovitz cherche apparemment anuancer son discours contre la police. On a souvent remarque que la scene detorture au commissariat parisien – precisement justifiee par le “bout de shit”retrouve sur Said – etait filmee du point de vue du stagiaire blanc qui prendla place, interchangeable, du spectateur. Ce qu’on n’a pas dit, par contre,c’est que le policier qui mene cette scene de torture, est un acteur identifiablecomme “arabe” en France. (Il s’agit de l’acteur qui joue Jamel dans Chacuncherche son chat.) Ce personnage de policier parisien fait bien sur pendant aupersonnage du policier maghrebin qui abrege la detention de Said dans la cite– detention elle-meme provoquee par le mauvais jugement d’un policier noira l’accent antillais qui avait ridiculement vu en Said “le chef” de la bande dansla scene de l’hopital. Il y a donc des bons et des mauvais partout et jusquedans la police, elle-meme mixte ethniquement. Mais significativement, dansun dernier clin d’oeil lourd d’histoire et d’humour noir, le policier qui tueVinz porte un blouson de l’universite “Notre-Dame” et semble etre associe aun univers chretien traditionnellement dangereux dans l’imaginaire juif.9 Aubout du compte, un Juif de cite qui, notons-le, n’est pas moins marginalisesocialement que l’Arabe et le Noir de cite, est tout autant la cible designeed’une “bavure” policiere. On peut bien sur penser que c’est par association,parce qu’il traine toute la journee avec l’Arabe et le Noir, que le Juif est plusexpose. Il n’en demeure pas moins que dans La Haine le Juif partage avec leNoir et l’Arabe leur condition de victime. Et c’est peut-etre d’ailleurs ce quine passe pas pour certains spectateurs: la “pastorale” interethnique qui pretendassocier la condition du Juif a celle de l’Arabe et du Noir dans un univers

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trafique ethniquement ou le policier – et avec lui l’Etat republicain qu’ilrepresente – est le coupable.

Et ces spectateurs de se demander de quel droit Kassovitz retourne sacamera contre “la France des ‘bavures’” au benefice d’une cinquieme colonnemultiethnique dont il voudrait nous faire croire que le Juif partage la conditionde victime?10 De fait, dans La Haine, les traditionnels boucs emissaires arabe,noir et juif du FN et des skinheads sont aussi et a part egale les victimes debrutalites ou de bavures policieres: il y a bien un Arabe (Abdel) et vraisem-blablement un Juif et un Noir en moins a la fin du film, tous les trois tues pardes policiers. Or, s’indignent ces spectateurs, dans “la France des ‘bavures’”,en face d’une police en realite majoritairement blanche, un Juif est d’abordblanc. On pourrait faire le reproche a Kassovitz d’ignorer cette difference s’ilne prenait la peine de la souligner dans la scene a Paris ou de l’autre cote dela camera de surveillance, Said et Hubert doivent montrer patte blanche aumoment d’entrer dans l’immeuble d’Asterix. Au terme de cette scene, Saidfinit par lancer a Vinz: “Essaye, toi! Hub et moi, on va se faire tirer dessus.”Cette difference physique est donc manifestement prise en compte parKassovitz. Vinz n’en est pas moins la victime d’une bavure. Il faut sedemander pourquoi apres avoir souligne cette difference, Kassovitz s’attachea la gommer. A travers la mort de Vinz, Kassovitz nous dit que tout le mondepeut etre la victime d’une bavure et pas seulement les Arabes et les Noirs. Ditautrement, Vinz n’est pas plus la victime d’une bavure parce qu’il est juif ouidentifie comme juif que l’Arabe et le Noir ne le sont parce qu’il sontidentifies comme arabe et noir.

Cette maniere de panser l’abces ethnique pour mieux gratter le pus sociala travers la bande de gaze est ce qui a la suite de la bavure et des emeutesde Lille d’avril 2000 incitait un journaliste du Figaro a sous-entendre qu’uncineaste comme Kassovitz avait une certaine responsabilite dans le mal qu’ilcherchait a combattre.11 Et il est vrai que la question que Kassovitz pose dansLa Haine semble etre: quelle bonne raison y a-t-il de ne pas se servir durevolver? C’est tout le debat entre Vinz et Hubert ou le second demande aupremier ce qui aura change, ce qu’il aura accompli quand il aura “shoote unkeuf”.

VINZ: . . .T’as des lecons de morale a donner... T’es tellement superieurpour dire ce qui est bien, ce qui est mal. Pourquoi t’es jamais de moncote? Pourquoi t’es toujours du cote des encules?!

HUBERT: . . . Si t’etais alle a l’ecole, tu saurais que la Haine attise laHaine.

VINZ: J’ai pas ete a l’ecole, chuis d’la rue, moi . . . [la rue] elle m’aappris que si tu donnes ta joue, tu t’fais niquer ta mere!

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On sait que ce debat est tranche ironiquement dans le chiasme de laderniere scene lorsque le Juif qui avait d’abord refuse le discours chretien,tendre l’autre joue, en faveur d’un discours plus proche d’une certaineconception retributive de la justice, “oeil pour oeil”, finit par renoncer a laviolence et, pour toute recompense, se fait “shooter” – ce qui conduit Huberta venger son ami. L’idee implicite defendue par Hubert etait qu’au-dela de lasatisfaction que Vinz retirerait en vengeant Abdel, tuer un policier necontribuerait pas a changer fondamentalement leur situation. Contrairement aune contexte colonial ou la violence peut avoir une finalite politique –l’independance – et peut donc etre legitimee ou se justifier par cette finpolitique, ici rien de concret ne se joue sur le plan politique. Un acte isolede revolte n’a pas de veritable chance d’alterer significativement l’oppressionou la marginalisation dont les jeunes des banlieues sont victimes. Qu’est-cequi explique ce denouement? Du point de vue des personnages ou du moinsd’Hubert, une serie d’injustices dont ses amis et lui sont victimes, au dela de“l’injustice” socio-economique qui ne peut que les frapper lors de leurexcursion a Paris: son arrestation avec Said, la torture dont ils sont victimesau commissariat parisien et la bavure finale dont se rend coupable un autrepolicier alors meme que Vinz venait de renoncer a la violence. Par sa reaction,Hubert semble remettre en cause le postulat selon lequel tuer un flic – maisil ne s’agit pas de n’importe quel flic puisqu’il a sous la main l’auteurlui-meme de la bavure dont Vinz est victime – ne peut jamais etre unereponse appropriee a une bavure. Qu’est-ce que ca signifie? On peut penserqu’il s’agit d’abord pour Kassovitz de nous faire comprendre comment dansun certain etat d’accablement et face a un certain nombre d’injustices, lemoins violent est capable de devenir reactivement violent et peut-etre de fairesienne l’idee qu’un acte de violence, cible ou non, peut contribuer a retablirun certain equilibre, une certaine justice. Mais a travers cet acte isole derevolte sans projet etabli ni finalite politique claire par lequel Hubert entre encontradiction avec ses principes declares, il s’agit aussi de reveler a l’audiencela nature pathogene de la societe qu’elle habite. Bref, comme l’a dit Kassovitz,il s’agit de “choquer le bourgeois”, de le sortir de sa lethargie et de le forcera se regarder dans le miroir qu’il lui tend.

Kassovitz a reconnu apres coup y avoir echoue – au-dela de l’electrochocque constitue le denouement – dans la mesure ou son film a ete trop biendigere. Il faut se demander pourquoi. Dans Violence en France, MichelWieviorka rappelle que les sciences sociales distinguent traditionnellementtrois modes d’approche, trois discours sur la violence.

[Un premier mode d’approche] consiste a voir dans les differentesexpressions de cette violence autant de marques de dysfonctionnementsociaux et institutionnels, et plus gravement, d’une crise de la societe. .. . Un deuxieme mode discerne dans la violence contemporaine – ou dans

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certaines de ses modalites – la mise en application de calculs, la traductionde strategies plus ou moins deliberes. La violence est ici instrumentale .. . . Un troisieme mode d’approche deplace l’analyse pour s’interesser al’acteur de la violence. . . . Dans cette perspective, la violence est uneaction, mais bien particuliere. . . . Elle est selon les cas, deficit ouplethore de sens, traduction d’une conflictualite qui ne trouve pasd’autres canaux pour s’exprimer, pas de traitement politique des aspira-tions qu’elle met en forme, et qui prennent l’allure d’une subjectivitefrustree ou interdite d’expression (18–19).

C’est bien sur dans ce dernier mode que se situe la violence de Vinz dansLa Haine. Mais la violence de Vinz et le point de vue qu’elle traduit sont misen question pendant la plus grande partie du film par Hubert. Hubert incarneen effet le deuxieme mode d’approche quand il questionne pragmatiquement,strategiquement, le besoin de violence de Vinz et qu’il lui dit en somme : “Tuvas shooter un keuf! Et apres?! Qu’est-ce que ca va changer?!” Enfin, ces deuxpoints de vue sont aussi relayes et complexifies par le discours plus large deKassovitz sur la crise de la societe qui est surtout un discours contre la police(premier mode d’approche). Dans La Haine, le message sur la violence estdonc demultiplie. Mais parce que chacun de ces discours ramene au bout ducompte au face a face entre les jeunes et la police, Kassovitz constitue le restede la societe en tiers spectateur. De fait, meme aveugle, la menace d’agressionreste ciblee contre la police. Si Kassovitz ne parvient pas a choquer lebourgeois, c’est donc d’abord parce qu’aucun de ces discours sur la violencene le remet en cause ou ne le menace directement. (La satire caricaturale dela bourgeoisie lors du vernissage dans la gallerie d’art est reductrice en cequ’elle circonscrit la bourgeoisie au milieu de l’art parisien.) Mais c’est aussiqu’en assignant le besoin de violence au personnage juif tout au long du film,Kassovitz prend l’audience a contrepied.

Dans The Forms of Violence, Leo Barsani ecrivait que lorsqu’on repond a lapresentation narrative d’evenements violents, on est amene a immobiliserl’acte violent comme le moment le plus significatif de l’intrigue. Mais ilajoutait qu’un discours narratif coherent depend d’images stabilisees quiencouragent la pulsion mimetique (52). Dans La Haine, la narration tend versl’acte violent a venir de Vinz. Vinz – et on a dit qu’il aurait ete difficile aKassovitz de faire de l’Arabe ou du Noir le fil narratif conducteur de violence– est donc le fil conducteur deroutant de cette menace d’agression. Or en tantque personnage juif, Vinz n’est pas une toile vierge. Contrairement a certainsdes stereotypes menacants qui collent a la peau de l’Arabe, l’image du Juif enFrance ne le situe pas du cote de la violence physique. (Je laisse de cote icila question de l’image du Juif israelien.) En outre, la confusion entretenue parles attributs atypiques du trio renverse les images stabilisees ou stablesnecessaires a la coherence narrative et fait donc obstacle au desir mimetique

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autant qu’au rejet de la violence. En d’autres termes, Kassovitz est tropoccupe a tordre le cou et a redresser les stereotypes ethniques qui prevalentdans l’imaginaire collectif pour parvenir a renvoyer a la societe francaise,majorite blanche et/ou chretienne et minorites, une image d’elle-memesusceptible de l’effrayer.

Dans La Haine, le Noir est contre la violence, le Juif est apparemmentviolent, et l’Arabe tchatcheur et pacificateur fait tampon entre les deux. Maisle Noir est aussi vendeur de shit et pret a procurer des revolvers, l’Arabe estmacho avec sa petite soeur et avec les filles et le Juif hyperagressif a peur detenir tete a sa grand-mere. C’est-a-dire que ces personnages oscillent entredes comportements inattendus et plus stereotypes. De meme, toujours pourbrouiller les cartes ethniques, dans Metisse, Kassovitz attribue a ses personnagesmasculins des caracteristiques “socio-ethnicisantes” contraires a certains stereo-types. Felix, par exemple, est un Juif et le premier Blanc du cinema francaisimmerge dans le hip-hop. Quels que soient les attributs ethniques ou lescontre-attributs ethnicisants de ses personnages, Kassovitz ne semble doncmettre en avant si meticuleusement leur origine ethnique ou religieuse quepour mieux nier toute influence deterministe a cette origine. Si bien qu’au-dela du message apparent – contre la police ou du moins ses abus dans LaHaine et pour une prise de conscience de nos reflexes de rejet de l’autre dansMetisse – il n’est pas evident d’y voir clair. Dans Metisse, a travers Felix, sonpersonnage juif, Kassovitz s’autorise a dire que tout le monde est susceptibled’avoir des reflexes de rejet vis-a-vis de l’autre. Dans La Haine, a travers Vinz,Kassovitz nous dit que tout le monde peut etre la victime d’une bavure. Maisprecisement parce qu’il tient autant a ne pas etre confondu avec la majoriteblanche et/ou chretienne de la societe francaise dans Metisse qu’a s’associeraux minorites visibles dans La Haine, le personnage juif ne saurait etre identifieni a l’une ni aux autres. En somme, le personnage juif n’est pas tout a fait toutle monde parce que Kassovitz ne le laisse pas etre tout a fait tout le monde.L’originalite n’est pas ici dans le discours sur la condition d’entre-deux duJuif, mais dans la methode: meler en premier lieu le Juif a des minoritesvisibles plutot que de l’opposer directement a la majorite blanche ou/etchretienne. Les distorsions et les anomalies sociologiques qui ont souvent eterelevees dans le discours de Kassovitz, resultent de ce qu’il est difficiled’echapper a son origine ethnique. Qu’on la projette en sandwich, de biais oude face.

Notes

1 “Ethnique” derive d’une notion, l’ethnicite, qui n’est que rarement em-ployee rigoureusement. Sur l’ambiguite de ce terme, voir: DominiqueSchnapper (La relation a l’autre. Au coeur de la pensee sociologique). Paris:

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Gallimard, 1998, 286; et Sander Gilman, “Ethnicity-Ethnicities-Literature-Literatures”. PMLA 113 (1998): 19.

2 Je tiens a remercier Edward Baron Turk d’avoir lu si attentivement etcommente une premiere version de cet article.

3 Dominique Schnapper citee par Clara Levy dans Ecritures de l’identite. Lesecrivains juifs apres la Shoah (3). Il faut noter que Dominique Schnapperprefere parler, dans le contexte francais, d’“origine historique” ( Entretienpersonnel, 11 juin 2000).

4 Il faut se souvenir que la majorite des Juifs en France sont originaires despays du Maghreb et non ashkenazes comme Kassovitz lui-meme.

5 Ce passager, doit-on comprendre, c’est Fanon lui-meme.6 Myrto Konstantarakos a clairement montre la division geographique qui

separe Paris et la cite ou la banlieue dans La Haine.7 Sur la facilite avec laquelle on peut se procurer des armes en banlieue et

notamment des armes de guerre, lire par exemple l’article d’Eric Pelletier,“La France passoire”, dans L’Express du 18 avril 2002.

8 Le Manifeste de Stop la violence imprime sur une affiche, 1999.9 On se rapportera au sujet de l’humour dans le traitement des rapports

entre personnages juifs ashkenazes et figures officielles d’autorite au livre deJudith Storah-Sandor, L’humour juif dans la litterature de Job a Woody Allen.

10 “La France des ‘bavures’”, c’est le titre d’un editorial du Monde date du 18avril 2000, au lendemain de la “bavure” et des emeutes de Lille.

11 Apparemment, Kassovitz a tenu par la suite a combler cette defaillance dansdes interviews comme celle ou il declarait a Vincent Remy dans Telerama:“Je n’ai pas fait un film contre les policiers, mais contre le systeme policier.Ils devraient avoir dix ans de formation, les flics, avant qu’on leur donneun flingue. Il faudrait qu’ils soient bien payes, qu’ils aient des locauxvivables. Il y a parmi eux un taux de suicide enorme” (Cite par Anne-MarieTremois, 141).

Oeuvres citees

Barsani, Leo, et Ulysse Dutoit. The Forms of Violence: Narrative in Assyrian Art andModern Culture. New York: Schocken Books, 1985.

Cherki, Alice. Frantz Fanon: Portrait. Paris: Seuil, 2000.Dridi, Karim. Bye, Bye, 1995.Durand-Souffland, Stephane. “Le serpent de la Haine.” Le Figaro 18 avril 2000.Fanon, Frantz. Peau noire, masques blancs. Paris: Seuil, 1952.——. Les damnes de la terre. Paris: Gallimard, 1991.Forbes, Jill. “La Haine.” European Cinema: An Introduction. Ed. Jill Forbes and Sarah

Street. New York, NY: St. Martin’s Press, 2000.Gilman, Sander. “Ethnicity-Ethnicities-Literature-Literatures”. PMLA 113

(1998):19–27.

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Kassovitz, Mathieu. Metisse, 1993.——. La Haine, 1995.Klapisch, Cedric. Chacun cherche son chat, 1996.Konstantarakos, Myrto. “Which mapping of the City? La Haine (Kassovitz, 1995)

and the cinema de banlieue.” French Cinema in the 1990s: Continuity andDifference. Ed. Phil Powrie. Oxford: University Press, 1999.

Levy, Clara. Ecritures de l’identite. Les ecrivains juifs apres la shoah. Paris: PUF,1998.

Rosello, Mireille. Declining the Stereotype: Ethnicity and Representation in FrenchCultures. Hanover, NH: University Press of New England, 1998.

Schnapper, Dominique. La relation a l’autre. Au coeur de la pensee sociologique. Paris:Gallimard, 1998.

Sherzer, Dina. “Comedy and Interracial Relationships: Romuald and Juliette(Serreau, 1987) and Metisse (Kassovitz, 1993)”. French Cinema in the 1990s:Continuity and Difference. Ed. Phil Powrie. Oxford: University Press, 1999.

Stora-Sandor, Judith. L’humour juif dans la litterature de Job a Woody Allen. Paris:PUF, 1984.

Tarr, Carrie. “Ethnicity and Identity in the cinema de banlieue”. French Cinema inthe 1990s: Continuity and Difference. Ed. Phil Powrie. Oxford: UniversityPress, 1999.

Tremois, Claude-Marie. Les enfants de la liberte. Paris: Seuil, 1997.Tribalat, Michele. Faire France. Paris: La Decouverte, 1995.Wieviorka, Michel. Violence en France. Paris: Seuil, 1999.

Johann Sadock teaches in Foreign Languages and Literatures at MIT. He hasparticipated in conferences on race and racism in literature and film, transna-tional cultures and immigrant identities, and Francophonie. He is currentlydeveloping a Web project, Au-dela du regard: rencontres multiethniques, thatdeals with ethnic and cultural diversity in France in relation to the Francophoneworld. In the fall of 1999, he completed a documentary, Black, Blanc, Beur:parlons-en! based on the interviews that he conducted and filmed in Paris forthis Web project. He has been published in L’infini.D

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