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Page 1: L’obésité: une épidémie sociale? - FRM
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2 Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

La Fondation Recherche Médicale,établissement reconnu

d’utilité publique par décret du 14 mai 1965, est membre

fondateur du Comité de la Chartede déontologie des associations

humanitaires.

É D I T O R I A L Recherche & Santé est la revue trimestrielle de la Fondation Recherche Médicale.

Directeur de la publication:Pierre Joly,Président de la Fondation Recherche MédicaleDirecteur général:Éric Palluat de BessetComité de rédaction:Pr Claude DreuxJoëlle FinidoriAgnès LaraMarie-Françoise LescourretMarielle MayoCatherine MonnierÉric Palluat de BessetClaude PouvreauPériodicité trimestrielleCopyright: la reproduction des textes, même partielle, est soumise à notre autorisation sur demande écrite préalable.Ont participé au dossier :Gérard AilhaudArnaud BasdevantMarie-Aline CharlesKarine ClémentÉlisabeth FeurDominique LanginMartine LavilleDaniel RicquierOnt participé à la rédaction:Clara DelpasChantal GuéniotBéatrice JaulinFrançoise MoinetVictoire N’SoundéCorinne PezardPhoto de couverture:Getty Images/Robert DalyConception, réalisation:

26, rue du Sentier75002 Paris (réf. 5898)

Imprimeur: Tiempo 4, rue de Saône - 75014 ParisUsine: Carretera de Ajalvir28864 Ajalvir Madrid - Espagne.Date et dépôt légal à parution:ISSN 0241-0338Dépôt légal n° 8117

Pour tous renseignements ou si vous souhaitez vousabonner, adressez-vous à:

Fondation RechercheMédicale

54, rue de Varenne75007 Paris

Service donateurs:0144397576

Information scientifique:0144397592Publication:0144397565

Prix de l’abonnement pour 4 numéros: 9,15 €

Chèque à l’ordre de la FondationRecherche Médicale

Site Internet: www.frm.org

DR

Éric Palluat de Besset, Directeur général

Gribouille!

Aujourd’hui, les chercheurs, en très grand nombre, manifestent.Certes, ils manquent d’argent mais, surtout, ils souffrent d’unmanque de visibilité sur leur carrière à long terme, conséquenced’une gestion administrative défectueuse.La recherche est un besoin impérieux pour notre pays. Sans

recherche, pas d’innovation, d’où une baisse de la compétitivité, de la croissance etde l’emploi: c’est la spirale du vieillissement de l’économie. Notre Fondation occupeune place prépondérante dans le financement de la recherche publique médicalefrançaise et de la formation des chercheurs. Elle contribue à la plupart des grandesdécouvertes médicales qui améliorent, jour après jour, la durée et la qualité de viedes Français. Sans se substituer à la nécessaire action de l’État, l’argent que vousnous confiez, par des dons et des legs, est directement investi dans la recherchepublique, sous forme d’aides attribuées rapidement, avec souplesse et efficacité,hors de toute lourdeur administrative. En janvier 2004, nous avons été les premiersà réagir sans délai en engageant un plan d’urgence par la mise en place immédiated’une action de trois ans en faveur de jeunes chercheurs de talent souhaitantrentrer travailler en France. Au même moment, la direction du Développement desmédias, dépendant du ministère de la Culture et de la Communication, décide dene pas maintenir le bénéfice du régime économique de la presse à notre revue.Entre autres, la Commission paritaire des publications et agences de presse a estiméque notre publication «ne peut être considérée comme participant à une action en faveurd’une grande cause humanitaire» et qu’elle «ne consacre pas l’essentiel de son contenu à lalutte contre un fléau reconnu comme tel et ne s’adresse pas à un public dont la mobilisationest susceptible de pallier ou de renforcer l’action des pouvoirs publics». Cette décision admi-nistrative connue, nous avons immédiatement présenté un recours gracieux, qui aété examiné rapidement par cette même Commission le 26 février dernier. Celle-ci a maintenu son avis négatif.Devant l’urgence, ce numéro de la revue vous est envoyé comme un courriernormal au plein tarif des «envois en nombre». Cela entraîne un coût importantpour notre Fondation mais nous vous devons cette revue qui fait partie de notremission statutaire d’information. C’est aussi un moyen précieux de garder lecontact avec vous, les donateurs, sans qui l’aide à la recherche publique seraitimpossible. Bien évidemment, nous allons réagir et étudier des formules qui vouspermettront de continuer à recevoir Recherche & Santé.En somme, aujourd’hui, nous allons aider un peu moins la recherche médicalepublique et un peu plus La Poste. Vous avez dit Gribouille?

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ÉCHOS SCIENTIFIQUESUne nouvelle arme contre l’hépatite C, la mise au pointd’une cornée biosynthétique, un traitement des greffessans risque d’effets secondaires… Panorama des dernièresavancées médicales.

DOSSIER

L’obésité : une épidémie sociale ?En France, comme dans d’autres pays développés,l’obésité progresse. Liée à divers facteurs, cette maladiea des conséquences graves sur la santé. La recherche se tourne actuellement vers la génétique, mais seule uneprise de conscience de la société fera reculer ce fléau.

Un lourd fardeau à l’échelle planétaireDossier réalisé avec la collaboration du Pr ArnaudBasdevant, chef du service nutrition de l’Hôtel-Dieu, à Paris.

À maladie sociale, solutions socialesL’avis du Dr Élisabeth Feur.

Des gènes trop sensibles à l’environnement?Avec le concours du Dr Karine Clément et du Dr Marie-Aline Charles.

Agir sur le long terme

VOS DONS EN ACTIONDans cette rubrique, la Fondation Recherche Médicaleprésente chaque trimestre une sélection des 700 travauxqu’elle soutient annuellement.

Quand le méningocoque passe les frontières du cerveauCardio-vasculaire : s’engager contre l’hypertension artérielleMaladies rares : l’intolérance au gluten et l’homocystinurieFaire «repousser» les neurones après une lésionTumeurs cérébrales : meilleur diagnostic et traitements ciblés

POINT DE VUELe gros, le beau et le trop grosEntretien avec Jean-Pierre Poulain, sociologue, maîtrede conférences à l’université de Toulouse Le Mirail.

LA FONDATION À L’ÉCOUTEQuelles solutions pour une recherche en crise ?Orientations du nouveau Conseil scientifique de la FRMRencontre Santé : prévenir et traiter le cancer du seinLe Puy-de-Dôme apporte sa pierre à l’édifice de la rechercheBilan 2003 : la FRM en régions

QUESTIONS-RÉPONSESAvec le Pr Philippe Chanson

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S O M M A I R E

Page 4 Le virus del’hépatite Cpeut être la cause d’infectionschroniques.

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Page 14 - L’obésité infantile progresse aussi en France et touche des enfants de plus en plus jeunes.

Page 28Pierre-Olivier Couraud,directeur du départe-ment de biologiecellulaire à l’InstitutCochin, a participé audébat sur la crise quetraverse la recherche.DR

Page 23 - Dominique Bagnard devant sa station de vidéo-microscopie, une technologie de pointe.

DR

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Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004 5Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 20044

Parce que nous souhaitons vous communiquer une informationde qualité, hors des «effets d’annonce», indépendante des intérêtsfinanciers, nous avons rassemblé dans cette rubrique les échosscientifiques et les faits les plus marquants de la recherche

médicale mondiale de ces derniers mois. Une nouvelle arme contre le virus de l’hépatite C, la mise au point d’une cornée biosynthétique, un traitement antirejet des greffes sans effets secondaires, l’importancedu mode de vie chez les femmes génétiquement prédisposées au cancer du sein… Panorama des dernières avancées médicales.

a élu domicile dans le foie, on peuten attendre un bénéfice majeuren termes de santé publique: 170 millions de personnes sur la planète, dont environ500000 en France, présentent uneinfection chronique par le virus de l’hépatite C. L’infection passed’abord inaperçue mais, le plussouvent, le virus reste tapi dans le foie, se multiplie et provoque à bas bruit une hépatite chronique.

Les conséquences peuvent êtregravissimes avec la survenue,après des années d’évolution, de cirrhoses ou de cancers du foie. Pour éliminer le virus, les chercheurs ont pris pour cibleune enzyme indispensable à sa multiplication et sont parvenusà synthétiser un inhibiteur de cetteenzyme extrêmement puissant et actif par voie orale. Ils l’ont déjà expérimenté chez des volontaires en bonne santé et ont pu vérifier qu’il était bientoléré. Ils ont ensuite testé son efficacité chez huit personnesinfectées. Deux jours de traitementont suffi à diviser par 100 et mêmepar 1000 la quantité de virus dansle sang. Il faut désormais confirmerces bons résultats au cours detraitements plus longs et sur un plus grand nombre de malades.De tels traitements pourraientmettre fin à une menace bienréelle : les cirrhoses liées au virusde l’hépatite C représententaujourd’hui la première cause de transplantation hépatique en Europe. ■

500000 personnes en France présentent une infection chronique par le virus de l’hépatite C.

C’est une bonne nouvellepour les millions depersonnes infectées par

le virus de l’hépatite C dans le monde: après des années de recherche pour développer un nouveau médicament contre ce virus, une équipeinternationale semble tout près de voir ses efforts aboutir. Si ce médicament se montrecapable d’éliminer le virus qui

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Une collaboration nippo-germano-canadienne vient de mettreau point un implant qui pourrait révolutionner la médecine

réparatrice de l’œil. Ou plus précisément le traitement des maladiesde la cornée, qui concernent sans doute plus de 10 millions de personnes dans le monde et représentent la deuxième cause de cécité (derrière les cataractes). Jusqu’à présent, une cornéeendommagée pouvait être remplacée par une cornée greffée,souvent difficile à obtenir étant donné la rareté des donneurs, ou par la mise en place d’une prothèse synthétique, pas toujoursbien tolérée. Le nouvel implant, composé de collagène et d’autressubstances permettant aux cellules d’adhérer les unes aux autres,donnerait une restauration fonctionnelle parfaite de la cornée,innervation comprise. Telles sont les conclusions de l’essai mené par les chercheurs sur des mini-cochons du Yucatán: 4 cochonsont reçu cet implant, tandis que 4 autres étaient greffés avec une cornée provenant d’un autre cochon. Six semaines aprèsl’intervention, dans les deux cas, les zones endommagées étaientcomplètement régénérées et, chez les cochons ayant reçu l’implant,la cornée était – déjà! – à nouveau innervée. Cette rapidité fait de cette matrice un implant supérieur à une cornée d’originenaturelle. Un grand espoir pour les personnes en attente d’unegreffe de cornée, mais qu’il reste à évaluer chez l’homme… ■

Une nouvelle armecontre le virus de l’hépatite C MALADIES INFECTIEUSES

Source: Nature, octobre 2003.

La cornée est une membrane transparente richement innervée recouvrant la partie antérieure de l’œil.

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Source: PNAS, décembre 2003.

Une cornéebiosynthétique révolutionnaireOPHTALMOLOGIE

Pourquoi tant d’obèses sont-ilshypertendus? Des chercheurs

allemands et américains onttrouvé une partie de la réponseen identifiant deux substancesproduites par les cellulesgraisseuses, également appeléescellules adipeuses. Ces deuxsubstances, dont la nature exactereste à préciser, agissent sur les glandes surrénales qui coiffentles reins pour leur faire sécréterun puissant agent hypertenseur,l’aldostérone. Le simple fait de les ajouter à des cellules de glande surrénale en culturemultiplie par sept la productiond’aldostérone. Le même scénariopeut se produire chez les obèsescar des cellules adipeuses existentà l’intérieur des glandes surrénalesau contact même des cellulesproductrices d’aldostérone. Loin d’être un amas de graisseinerte, les cellules adipeusesapparaissent de plus en pluscomme de véritables petitesusines à hormones. Ainsi, ces deux mystérieuses substancesjouent probablement un rôleimportant dans les complicationscardio-vasculaires liées ausurpoids – l’hypertension artériellemajore notamment le risqued’athérosclérose. Elles pourraientservir de cibles à de nouveauxtraitements. C’est un pointimportant alors que l’obésitéprend l’ampleur d’une véritableépidémie (voir dossier p. 8). ■

Aldostérone: hormone impliquée dans le maintien de l’équilibre en sels minérauxde l’organisme, favorisant la retenue du sodium et l’élimination du potassium.

Le tissu graisseux àl’origine de l’hypertension

OBÉSITÉ

Source : PNAS, novembre 2003.

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ÉCHOS SCIENTIFIQUES

Une étude nippo-américaine vient de tester un nouveautraitement de l’athérosclérose : l’injection répétée d’une

protéine que l’on retrouve chez certaines personnes à faible risque cardio-vasculaire semble diminuer rapidement le volumedes plaques qui obstruent les artères. Cette stratégie découle d’unedécouverte faite au début des années 1980. Dans un petit villagede l’Italie du Nord, Limone sul Garda, non loin de Milan, certainshabitants ne présentent pas d’athérosclérose alors même que leurtaux de cholestérol HDL (le «bon cholestérol») est faible. Habituellement, de tels taux sont associés à un risque cardio-vasculaireimportant. Une forme particulière de lipoprotéine, l’apolipoprotéineA-1, dite «milanaise», avait déjà été identifiée chez eux. Après des tests concluants chez les rats et les lapins, quarante-cinqpatients atteints de syndrome coronarien aigu ont reçu pendantcinq semaines une injection hebdomadaire d’apolipoprotéine A-1milanaise. Les premiers résultats montrent une réduction rapidedu volume des plaques d’athérome et ouvrent la porte à denouvelles stratégies thérapeutiques pour les patients coronariens. ■

Athérosclérose: formation de dépôts graisseux sur la paroi interne des artères. Lipoprotéine: protéine permettant le transport des lipides (graisses) dans le sang.Syndrome coronarien: affection due à l’obstruction des artères coronaires irriguant le cœur.

Sources: JAMA, novembre 2003.

Source : New England Journal ofMedicine, décembre 2003.

Un traitement antirejet efficaceGREFFES

I l existe un frein majeur au dépistage des polypes

et du cancer du côlon:l’exploration du gros intestinrequiert une coloscopie, examenlong et douloureux, réaliségénéralement sous anesthésiegénérale. Depuis longtemps, des radiologues essaient de mettreau point une technique plusconfortable. Une équipe américainesemble y être parvenue en ayantperfectionné une méthode descanner pour obtenir des imagestridimensionnelles du côlon. Lesrésultats sur plus de 1000 patientsse sont avérés au moins aussi bons que ceux de la coloscopie.L’examen ne dure que quinzeminutes et ne nécessite aucuneanesthésie. En revanche, commepour la coloscopie, une préparationcolique est nécessaire pour viderl’intestin avant l’examen. Mais même cette préparationpourrait un jour être supprimée.En effet, en utilisant un produit de contraste, les radiologues ont pu soustraire, par traitement informatique, les images desmatières qui restaient dans l’intestinet gênaient l’examen. Si des polypessont dépistés, une coloscopieclassique restera, bien sûr,indispensable pour les enlever. ■

Polypes intestinaux détectés au scanner 3D (à gauche) et par coloscopie (à droite).

Source : Science, octobre 2003.

IMAGERIE

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Un futur médicamentimmunosuppresseur pourrait

rendre la vie plus confortable et plus sûre aux personnesgreffées. Ce type de traitementest indispensable pour éviter les réactions immunitaires à l’origine du rejet de l’organetransplanté. Mais, outre qu’ilsaffaiblissent les défenses del’organisme contre les microbes,les médicaments actuels exposentà de nombreuses réactionsindésirables : hypertension,hyperlipidémie, tremblements,diabète… La raison en est simple:ils agissent sur des moléculesrépandues dans de nombreusescellules de l’organisme. Le nouvel immunosuppresseur,actuellement en cours

de développement, inhibe une molécule responsable de la prolifération des cellulesimmunitaires. Cette molécule est présente uniquement dansces cellules, ce qui rend sonaction beaucoup plus spécifique.Testé sur des animaux, le nouvelimmunosuppresseur s’est montréaussi efficace que les traitementsactuels, sans entraîner leurs effetssecondaires habituels. Sa bonnetolérance a été confirmée chezdes volontaires en bonne santé.Les chercheurs s’apprêtent àl’expérimenter chez des patientstransplantés ou souffrant d’unemaladie auto-immune comme le psoriasis. ■

Coloscopie: la fin des anesthésies?

Un traitement des artères «à la milanaise»CARDIOLOGIE

Source : Science, octobre 2003.

Thrombose athéromateuse. L’artère coronaire est obstruée par une plaque d’athérome.

Des femmesgénétiquement prédisposéesCANCER DU SEIN

Les femmes porteuses de mutations génétiques affectant les gènes suppresseurs de tumeur, BRCA1 ou BRCA2, ont

un risque plus élevé de développer un cancer du sein ou des ovaires(80% contre 10% pour les autres femmes). Une étude américainevient de confirmer ces chiffres et montre, en outre, que ces femmesont un risque de développer la maladie aussi élevé que celles quiappartiennent à des familles dont plusieurs membres sont atteints.D’autres résultats suggèrent que, même chez les femmes pourlesquelles les gènes ont un rôle déterminant, des facteurs nongénétiques, liés à l’évolution des modes de vie, jouent un rôleimportant dans la survenue d’un cancer du sein. Ainsi, l’exercicephysique et un poids normal à l’adolescence retardent de façonconséquente l’âge d’apparition de la maladie. ■

Gènes suppresseurs de tumeur: ces gènes ont un rôle protecteur vis-à-vis du cancer du sein.Des mutations de ces gènes altèrent leur fonction.

Lorsque la respirations’interrompt…

NEUROLOGIE

Apnées du sommeil et mortsubite du nourrisson sont

des conséquences possibles du dérèglement des rythmesrespiratoires. Les mécanismesgénétiques et cellulaires quigouvernent ces rythmes sontinconnus, mais on sait qu’uncentre de neurones, le complexepré-Bötzinger, situé à la base ducerveau, dans le tronc cérébral, estimpliqué. Chez des souris renduesincapables de produire la protéineMafB, molécule présente dans le complexe pré-Bötzinger, des chercheurs marseillais ontmontré que les neurones de ce centre cérébral se développentmal. Leur quantité n’est passuffisante pour générer desimpulsions rythmiques normales.Ces résultats permettent d’envisagerla mise au point de méthodes de dépistage des syndromes de mort subite du nourrisson ou des apnées du sommeil. ■

Source: Nature Neuroscience, octobre 2003.

L’équipe du Dr Bruno Blanchià Marseille a été soutenuepar la FRM pour ses travauxsur le facteur MafB impliqué

dans les rythmes respiratoires à hauteurde 7500 euros pour l’année 2003.

Les apnées du sommeil seront bientôt dépistées.

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Obésité :

D O S S I E R

Avec quinze ans de décalage, l’obésité touche la France de la même façon que les États-Unis. De plus en plus répandue,

elle est aussi de plus en plus grave. Prédisposant au diabète, à l’hypertension artérielle et à certains cancers, cette maladie

est liée à des facteurs sociaux, comportementaux et génétiques.Alors que la recherche s’oriente vers un traitement à la carte

utilisant une approche génétique, seule une prise de consciencesociétale pourra faire reculer le nouveau fléau du XXIe siècle.La prévention par l’éducation reste ainsi la meilleure arme.

UN LOURD FARDEAU À L’ÉCHELLE PLANÉTAIRE p. 10

À MALADIE SOCIALE, SOLUTIONS SOCIALES p. 15

DES GÈNES TROP SENSIBLES À L’ENVIRONNEMENT? p. 16

AGIR SUR LE LONG TERME p. 18

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En France, l’obésité et le surpoidsprogressent désormais au mêmerythme qu’aux États-Unis.Un phénomène inquiétant, touchanttoutes les tranches d’âge.

Le défi santé de demain

L’OBÉSITÉ: UNE ÉPIDÉMIE

SOCIALE?

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D O S S I E R

o b é s i t é

Dossier réalisé avec la collaboration du Pr Arnaud Basdevant, chef du service nutrition de l’Hôtel-Dieu, à Paris.

a France compte aujourd’hui 5,3 mil-lions de personnes obèses et14,4 millions de sujets en surpoids.Des chiffres impressionnants.Pourtant, il ne s’agit que de la faceémergée de l’iceberg. Selon l’en-quête Obepi 1, la maladie progressedésormais dans notre pays à la même

vitesse qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Une très mauvaise nouvelle carces deux nations ont connu, depuis unevingtaine d’années, une montée en puissancespectaculaire de la prévalence de l’obésité.En d’autres termes, si l’on suit leur exemple,«20% des Français présenteront une obésité en2020, alors qu’actuellement la prévalence est de11,3% chez l’adulte, prévient le Pr Marie-Aline Charles, épidémiologiste (Inserm,Villejuif). Jusqu’à présent, on savait que l’obésitéprogressait, mais on manquait de données pourtabler sur l’avenir et effectuer des prévisions. Leschiffres recueillis en 2003 prouvent que la progres-sion de la maladie est inéluctable et pourraitentraîner de sérieux problèmes d’ici à quelquesannées si l’on ne réagit pas. Au-delà de l’obésité,c’est son impact sur la santé qui est en jeu.»

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Pré-adipocyte

Tissuadipeux

Adipocyte

Adipocytehypertrophié

Noyau

Lipides

Endomètre

ReinPancréas

Sein

Poumon

Gouttelettesde lipides

1/ Formation normale de la masse grasse

3/ Complications

2/ Survenue de l’obésité

Cancer

Troublescardio-vasculaires

Troubles de la prisealimentaire

Troublesrespiratoires

Hypertension artérielle

Usure articulaire

Diabète type 2

HYPERPLASIE

Adipocytehypertrophié

Cœur

Sécrétionsdu tissu adipeuxentraînantdes complications

Lipides

HYPERTROPHIEHYPERTROPHIE

Comment évolue l’obésité?

1) Formation normale de la masse grasseLe tissu adipeux, localisé surtout à la taille et sous la peau, se développe dès la vie intra-utérine. Chez l’enfant, les cellules adipeuses, ou adipocytes, se forment à partir de cellules précurseurs de petitetaille, ou pré-adipocytes.

2) Survenue de l’obésitéLorsqu’un excès d’apport énergétique s’installe, il provoque une augmentation du nombre d’adipocytesmatures (phénomène d’hyperplasie, prédominant jusqu’à l’âge de 5-6 ans) et/ou une augmentation de leurtaille (hypertrophie : ils se gorgent de graisse). L’obésitéest d’autant plus difficile à faire reculer qu’elle s’est installée dans l’enfance par hyperplasie (multiplicationdu nombre de cellules adipeuses), car le niveau minimalde masse grasse dépend du nombre de ces cellulesmatures, lequel ne diminue pas lors de la perte de poids(les cellules se vident de leur contenu en graisse maisleur nombre ne change pas). Lorsque l’excès pondéralest important et durable, le retour au poids antérieurdevient impossible, toute perte étant immanquablementsuivie d’une reprise de poids.

3) ComplicationsLe tissu adipeux sécrète des facteurs impliqués dans de nombreuses complications de l’obésité :• hypertension artérielle. L’angiotensinogène sécrétépar le tissu adipeux favorise la contraction des vaisseauxet la coagulation du sang. Il agit aussi sur la fonctionrénale et la sensibilité au sel, d’où un risque accru d’hypertension artérielle ;• troubles du comportement alimentaire. La leptine, hormone qui entre en jeu dans la sensation de satiété,devient inefficace chez les sujets obèses, entraînantdes troubles de la prise alimentaire ;• diabète. L’insuline, hormone clé du pancréas, permet normalement à l’organisme d’utiliser le glucose en circulation dans le sang. Chez les sujets obèses, la production de cytokines (TNF alpha) et la chute du taux d’adiponectine entraînent la résistance des tissus à l’action de l’insuline et favorisent le diabètede type 2 ;• cancer. Les œstrogènes, produits uniquement par le tissu adipeux après la ménopause, seraient impliqués dans certains cancers dits hormono-dépendants, endomètre (utérus) et sein notamment ;• complications cardiaques, pulmonaires et ostéo-articulaires. D’un point de vue mécanique, une surchargeen graisse augmente considérablement le travail cardiaque et respiratoire, ainsi que celui du squelette(usure articulaire).

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Un lourd fardeau à l’échelle planétaire

D’autant plus que l’enquête Obepi révèled’autres signes préoccupants, comme unehausse importante des formes gravesd’obésité (obésité morbide). En effet, celle-ciest définie par un indice de masse corpo-relle (ou IMC) supérieur à 30 kg/m2. Orl’obésité massive (IMC > 40 kg/m2), margi-nale jusqu’ici, a doublé ces six dernièresannées (0,6% en 2003).

Les experts tirent la sonnette d’alarme

Autre signe d’alerte : la progression del’obésité aux âges extrêmes de la vie.

Celle qui est observée chez l’enfant, long-temps sous-estimée, inquiète les experts(voir encadré page 14). La probabilité depersistance d’un surpoids ou d’une obésitéà l’âge adulte est de 20% à 50% pour lesenfants en surpoids avant la puberté, et de50% à 70% chez les adolescents touchés.Quant à l’augmentation récente de l’obé-sité chez les plus de 65 ans, corollaire del’allongement de la durée de vie, elle posela question de leur prise en charge, lesstructures de soins n’étant absolument paspréparées à ce nouveau phénomène.Et les seniors ne sont pas les seuls touchés,l’obésité augmentant de façon linéaireentre 18 et 60 ans… Si elle est maximaleentre 60 et 70 ans, pour l’heure, ce sont les«quadras» qui sont frappés de plein fouet.Entre 2000 et 2003, la proportion d’obèsesest passée de 8,4% à 11,6% chez les 35-44 ans. Un constat inquiétant au regard despathologies générées par la maladie.

1Menée par l’Inserm, la Sofres et le service nutrition de l’Hôtel-Dieu, à Paris.Prévalence: nombre de personnes atteintes par une maladie, sans distinction entre les nouveaux cas et les cas anciens.

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L’IMC est utilisé pour évaluer la corpulence. Par définition:Surpoids: 25 < IMC < 29,9Obésité : 30 < IMC < 34Obésité sévère: 35 < IMC < 39,9Obésité massive: IMC > ou = 40Comment calculer votre IMC?IMC = poids (kg)/(taille (m) x taille (m)).

> L’IMC : connaître son indice de masse corporelle

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de la vigilance à l’origine d’accidents de la route»(voir le dossier de R&S n° 96). Troisième typede complication: la survenue d’un cancer.Selon une vaste étude menée aux États-Unis,le surpoids et l’obésité pourraient rendrecompte de 14% des décès par cancer chezl’homme et de 20% chez la femme. Pour lesdeux sexes, l’œsophage, le côlon, le rectum,le foie, les voies biliaires, le pancréas et le reinsont les organes cibles. Chez l’homme, lecancer de la prostate et celui de l’estomacsont en outre plus fréquents en cas d’obésité.Chez la femme, ce sont le cancer de l’endo-mètre et celui du sein après la ménopausequi sont le plus à craindre. «Enfin, dernièrecomplication: les conséquences psychologiques etsociales, conclut le Pr Basdevant. Il existe unracisme “anti-gros” évident dans le monde dutravail : les obèses ont moins de chances de trouverun emploi et sont généralement moins bien payés.»Psychologiquement, une telle stigmatisationsociale est très pénible à vivre. D’autant quel’obésité touche de préférence les milieuxdéfavorisés dans les pays industrialisés. On lesait, l’obésité est liée aux revenus mensuels.Selon l’étude Obepi, sa fréquence passe de10,4% lorsque le revenu mensuel du foyerest inférieur à 305 euros à 8,3% quand il estsupérieur à 2400 euros.

Une épidémie mondiale

B ien sûr, la France n’est pas l’unique paysde la planète où la maladie fait son lit.

En Europe, la situation de l’Italie et del’Espagne est très similaire à celle del’Hexagone. En réalité, l’obésité gagne par-tout du terrain. Pays de l’Est, Chine, Amériquedu Nord, du Sud… nul n’y échappe. Oupresque. La Russie, où l’obésité a reculé cesvingt dernières années, est une exception.Certains évoquent le changement de régime!Quoi qu’il en soit, l’Organisation mondialede la santé (OMS) qualifie ce phénomèneplanétaire d’épidémie du XXIe siècle. En

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«La progression de l’obésité est inéluctable et, au-delà dela maladie, c’est son impact sur la santé qui est en jeu.»

En chiffres • 5% par an: telle est la progression dunombre de sujetsobèses en Francedepuis 1997.

• 30% des sujetsobèses cumulent les troiscomplications:hypertensionartérielle, dyslipidémie etdiabète (source:Obepi 2003).

• 4 à 5: c’est le taux de multiplication dunombre d’enfantsobèses depuis les années 1960 en France.

• 17,2% depersonnes obèsesdans la population.C’est le record de prévalence de l’obésité et dusurpoids en France,atteint par ledépartement de laSeine-Saint-Denis.

• 178000 décèsattribuables à l’obésité selon une étude médico-économiqueeffectuée en 1992.La maladie se révèle ainsi plus meurtrière que les accidents de la route et le sida réunis.

• 250000 personnesatteintes d’obésitémassive en France.

France, les pouvoirs publics (voir Opinion,page 15) s’intéressent au dossier depuis lafin des années 1990. Initié par BernardKouchner, puis poursuivi par Jean-FrançoisMattei, un Programme national nutritionsanté (PNNS) a vu le jour dès l’année 2000,proposant un ensemble de recomman-dations en matière de lutte et de préventionde l’obésité. L’enjeu socio-économique est detaille : en 1992, l’obésité représentait déjàprès de 2% des dépenses de santé en France.Montant de la facture pour son traitement etcelui des pathologies associées: 10 milliardsd’euros. Outre-Atlantique, où 5,5% à 7%des dépenses de santé sont liées à l’obésité,les Américains ont décidé d’employer lesgrands moyens pour faire reculer le «mal».George W. Bush lui-même est monté aucréneau, déclarant au printemps dernier «laguerre à l’obésité». C’est dire si la prise encharge de la maladie est difficile… Pourquoi?

Une origine complexe et multifactorielle

Au départ, tout commence par uneconsommation d’aliments supérieure

aux dépenses énergétiques. Il y a des milliersd’années, nos ancêtres ont acquis la capacitéde stocker sous forme de graisses (lipides),en période d’abondance et de carence d’acti-

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vité physique, l’excès d’énergie apportée parles aliments. Cette capacité, qui a permis àl’humanité de faire face aux famines, conduitaujourd’hui à la maladie. Selon l’hypothèseactuelle, l’obésité serait donc une maladie del’adaptation du métabolisme face aux chan-gements de la société devenue, dans les paysindustrialisés, sédentaire et suralimentée.D’après le Pr Daniel Ricquier (CNRS, facultéde médecine Necker, Paris), «l’énergie apportéepar les aliments est transformée dans toutes noscellules en chaleur et en adénosine triphosphate(ATP), molécule énergétique par excellence denotre organisme. Elle sert notamment à faire fonc-tionner nos muscles lors d’un exercice physique.Mais, quand nous mangeons trop et ne bougeonsplus, l’ATP atteint une valeur limite. L’excèsconduit à la formation de graisses, stockées dansles adipocytes, cellules constituant les tissus adi-peux, et les kilos s’additionnent». Les spécialistesparlent de bilan énergétique positif. Maisd’autres facteurs concourent à un tel bilan. Le rôle de l’hérédité, d’abord. «Le rendementchaleur/ATP peut différer d’une personne àl’autre. Depuis peu, on sait que certains sujetsobèses peuvent être plus efficaces pour produire del’ATP que des sujets à poids normal. Il s’agiraitd’une variation minime mais essentielle, se tra-duisant par l’accumulation de graisses au fil dutemps», explique le Pr Ricquier. ● ● ●L’obésité favorise l’usure articulaire.

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Dyslipidémie : anomalie du taux de lipides (cholestérol,triglycérides…) dans le sang.

Diabète, troubles cardio-vasculaires,des conséquences graves pour la santé

Schématiquement, l’obésité entraînequatre types de complication. «La pre-

mière série concerne le métabolisme et le systèmecardio-vasculaire, avec un risque accru d’hyper-tension artérielle, d’insuffisance cardiaque etcoronarienne, de diabète et de dyslipidémie (tauxsanguin de cholestérol et/ou de triglycérides tropélevé)», explique le Pr Arnaud Basdevant. Etles chiffres sont sans appel. «Un quart des per-sonnes obèses sont diabétiques. De plus, 85% desdiabétiques le sont à cause de leur obésité», observele nutritionniste. En effet, par rapport auxsujets de poids normal, les personnes obèsesont un risque d’hypertension artérielle mul-tiplié par quatre et un risque de dyslipidémiemultiplié par trois.«Un deuxième type de complication: les troublesmécaniques, poursuit le Pr Basdevant. L’excèsde poids induit des problèmes ostéo-articulaires,tels que l’arthrose du genou et de la hanche, ainsique des anomalies respiratoires comme les apnéesdu sommeil, l’accumulation de graisses diminuantle diamètre des voies respiratoires supérieures.D’où un risque accru de somnolence et de troubles

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Aux États-Unis, la lutte contre l’obésité est devenue une priorité nationale. Mais la partie est loin d’être gagnée…

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Autre différence: le comportement ali-mentaire. «La prise d’aliments et la sensation desatiété (le fait de se sentir repu) sont contrôlées pardes molécules fabriquées par le cerveau. Là encore,une faible variation de production peut entraînercertaines formes d’obésité.» Les mécanismes dela gestion des stocks énergétiques sont, enréalité, multiples et complexes.

Les facteurs comportementaux

Outre l’influence génétique, d’autres fac-teurs peuvent les moduler, tels que le

mode de vie et l’environnement. La précarité,le chômage, la vie en milieu urbain, lerecours à la télévision et à la voiture… sontautant de facteurs de risque, de même queles problèmes psychologiques (dépression,stress, anxiété…). «D’un extrême à l’autre, ilexiste des formes (rares) purement génétiques et desformes purement comportementales. Entre cesdeux extrêmes, toutes les situations se rencontrent,mais la règle est une interaction de facteurs envi-ronnementaux, comportementaux et génétiques»,rapporte le Pr Basdevant. D’où la nécessitéd’une prise en charge globale (voir Vie quoti-dienne, pages 18-19). Côté traitement, une

chose est sûre: la perte de poids n’est pas unefin en soi. La médecine de l’obésité doitconsidérer le patient dans son ensemble, sacomplexité, son vécu. La capacité à perdre dupoids change d’un individu à l’autre et selonle stade de l’obésité. De plus, la perte de poidsn’a pas besoin d’être importante pour amélio-rer l’état de santé. «Une “simple” perte de 5% à10% suffit à prévenir les complications, tels le dia-bète et les troubles cardio-vasculaires, observe lePr Dominique Langin (Inserm, Toulouse).Malheureusement, la perte de poids s’accompagned’adaptations métaboliques dans l’organisme. Desmécanismes de contrôle de la balance énergétique,encore mal connus, contribuent à favoriser le retourau poids initial.»La solution idéale passe par la prévention.Vaste programme, qui dépasse largement lecadre médical. L’obésité est, en effet, unemaladie sociale. En matière de lutte contrela sédentarité, c’est une nouvelle politiquescolaire qu’il faudrait repenser (voir Le gros, lebeau et le trop gros, page 26), de même qu’unenouvelle politique de la ville, avec plus d’es-paces verts et des quartiers plus sûrs… Notresociété de consommation réussira-t-elle àrelever le défi? �

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> Inquiétude autour de l’obésité infantile

En France, l’obésité concernedésormais entre 13% et 16%des enfants, contre 3% des 5-12 ans en 1960! Le surpoids et l’obésité progressent dès l’âgede 2 ans, pour atteindre desvaleurs maximales vers 7-12 ans(Obepi 2000). Le manqued’exercice et les mauvaiseshabitudes alimentaires desenfants ne seraient pas seuls en cause. «La prévalence del’obésité chez le nourrissonserait également en hausse très nette», rapporte le Pr Gérard Ailhaud (CNRS, Nice).

D’où l’idée que l’obésitépuiserait ses racines dès lespremiers mois de la vie, voire in utero (voir L’obésité infantile,une origine in utero? page 16).«La formation du tissu adipeuxest favorisée – en autres – par des acides gras provenant deslipides de l’alimentation, précisele Pr Ailhaud. Parmi eux, l’acidearachidonique provoque laformation de cellules adipeuses.Cet effet est contrecarré par les acides gras dits Oméga 3. Or ces cinq dernières décennies,le lait maternel, qui reflète bien

les habitudes alimentaires de la mère, est devenu beaucoupplus riche en acide linoléique,de même que les laits formulés.Des études sont en cours pouren évaluer les conséquences.»

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L’avis du Dr Élisabeth Feur, médecin de santé publique, conseil généraldu Val-de-Marne, direction des Interventions de santé.

Nos modes de vie ont changé. Nos habitudes alimentaires aussi. Il y a peude temps encore, nos grands-parents ont dû faire face à des périodes derestrictions alimentaires. Aujourd’hui, c’est l’abondance. Paradoxalement,les principales victimes de ce nouveau paysage économique sont lespopulations les plus défavorisées. Celles qui vivent dans les conditionsles plus précaires, le plus souvent en milieu suburbain, au sein de citésbétonnées sans espaces verts, où seule l’automobile règne en maître,bénéficiant de parkings à foison. Sur fond d’instabilité sociale et deconsommation excessive d’aliments très caloriques et de télévision,l’époque est devenue celle de la sédentarité, de la passivité… et de l’obésité.En ligne de mire, les jeunes. Médecin de santé publique, je mène desactions de terrain dans le Val-de-Marne pour tenter d’y remédier. Une enquête commandée par la Direction générale de la santé en 1998 etmenée dans le Doubs, l’Hérault et le Val-de-Marne a montré que c’est dansnotre département que la prévalence la plus élevée a été constatée. Soit13%. Conscient du problème sociétal que représente l’obésité, le conseilgénéral a décidé de mener des actions de prévention faisant une large placeà l’éducation. Une initiative totalement pionnière. En partenariat avecdifférents acteurs sociaux, médecins, professeurs, psychologues, industrielsde l’agroalimentaire, cuisiniers, etc., trois programmes ont été initiés dansles lycées et les collèges depuis septembre 2001. Le premier a consisté à promouvoir une politique nutritionnelle dans lesétablissements scolaires. Concrètement, des fontaines d’eau et de lait ont étéinstallées pour favoriser leur consommation au détriment des sodas. Dessemaines de dégustation ont permis de faire découvrir aux jeunes le plaisirde savourer des fruits frais. Deuxième plan d’action : faire des adolescentsdes consommateurs avertis. Nous avons ainsi proposé à tous les enseignantsde participer à des programmes «clés en main» apprenant aux élèves àconnaître les grandes règles de l’équilibre alimentaire et à discerner lesdifférents goûts. Quatre-vingts classes ont suivi cet enseignement d’environdix heures, auquel ont participé un sociologue, une diététicienne et uncuisinier. Enfin, le dernier programme concerne le dépistage et la prise encharge des adolescents en surpoids ou obèses. Actions menées dans lecollège lors de la visite médicale en classe de 5e, mais aussi hors collège, enrelation avec des médecins libéraux ou hospitaliers. Nous avons mis enplace des ateliers éducatifs, coanimés par un éducateur, une diététicienne etun professeur d’éducation physique et sportive, et des groupes de parolepris en charge par un spécialiste de pédopsychiatrie. Car, ne l’oublions pas,l’obésité est une véritable souffrance pour ces enfants.

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À maladie sociale, solutions sociales

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L’urbanisation, la précarité, la télévision, l’automobile… Les grandspourvoyeurs de l’obésité touchent de plein fouet les populations des banlieues. Dans le Val-de-Marne, des actions de prévention misant tout sur l’éducation ont été instaurées ces trois dernières années. Une démarche inédite en réponse à un problème de société.

«L’obésitéétant

un problèmesociétal, il estimportant de mener des actions de préventionfaisant unelarge place à l’éducation.»

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R e c h e r c h e s

Avec le concours du Dr Karine Clément, maître de conférences, praticien hospitalier au service nutrition de l’Hôtel-Dieu, Paris, et du Dr Marie-Aline Charles, épidémiologiste (Inserm, Villejuif).

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D O S S I E R

Des gènes trop sensiblesà l’environnement?

i l’environnementjoue un rôle clédans la survenuede l’obésité,

les gènes ont aussi leurmot à dire. Observations:certains patients parvien-nent à perdre du poidsen suivant un régimehypocalorique pauvre engraisse, alors que d’autresdevront parcourir six kilomètres à pied par jour pour maigrir,«balade» qui sera sanseffet sur d’autres sujets.En réalité, comme pourd’autres maladies multi-factorielles telles que

l’hypertension artérielle,le cancer du sein oucelui du côlon, il existedes «profils génétiques»associés à telle ou telle caractéristique de la maladie. Dès lors, la détermination desgrandes familles de gènesde l’obésité devient uneétape incontournable. Undéfi pour la recherche.

Des milliers de gènesAu sein du service nutrition de l’Hôtel-Dieu,à Paris, l’équipe Insermdu Dr Karine Clément,constituée de 6 biologistes

et 6 bio-informaticiens,s’est spécialisée dans lagénomique fonctionnellede l’obésité. Une tâcheimmense. Tout commel’énergie déployée par Karine Clément, clinicienne de 37 ans:«L’obésité est une maladiedes tissus. Ceux-ci n’arriventplus à répondre de façonadéquate aux changementsd’apports et de dépensesd’énergie. C’est un phéno-mène très complexe, mettanten jeu un grand nombre de systèmes biologiques etdonc une multitude de gènesinteragissant avec l’environ- muscle, les grandes familles

de gènes sensibles à diversespressions de l’environne-ment, telles qu’une restric-tion calorique, une activitésportive ou encore une sur-alimentation. Et nous avonsdéjà montré que certainesfamilles répondent à ceschangements. Des résultatsque nous avons pu établiren travaillant avec une équipe de bio-informaticiensdirigée par le Pr Jean-Daniel Zucker, spécialiste de l’analyse de donnéesinformatiques.» D’un coûtextrêmement élevé, ces recherches sont aussiporteuses d’immensesespoirs. «Pour améliorer la prise en charge despatients, nous cherchons,

par exemple, quels peuventêtre les éléments prédicteursde la réponse à la perte depoids», continue KarineClément. Il reste un autredéfi à relever: la décou-verte de nouvelles pistesthérapeutiques pour lesformes graves d’obésité.

De nouveaux médicaments? Pour l’heure, le principalsuccès de la génétiqueconcerne des cas raresd’obésité extrême et précoce. «L’étude d’unefamille nous a permis de découvrir une mutationqui perturbe l’action d’une hormone essentielledans la régulation du poids: la leptine, rapporte

Karine Clément. De plus,avec le groupe de ChristianVaisse, à San Francisco,nous avons été les premiersà détecter des mutations sur un gène (dit MC4R) qui joue un rôle clé dans la prise alimentaire.»Des mutations dans cegène ont été détectéesdans environ 1% des formes communesd’obésité, et surtout dans4% à 6% des obésitésextrêmes de l’enfant. Actuellement, les indus-triels développent des traitements capables d’agir sur la voie biologique. Mais il restera toutefois à savoir comment les patients répondront à ces médicaments…

Pourquoi certainespersonnes atteintesde formes gravesd’obésité n’arriventplus à perdre du poids, même en suivant un régimepauvre en calories?Des facteurs géné-tiques interviennent,que tente d’identifierl’équipe du Dr KarineClément, animée parl’espoir de découvrirdes perspectives thérapeutiques.

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Les adipocytes, cellules du tissu graisseux, jouent un rôle majeur dans la régulation du poids, sous l’influence de facteurs génétiques.

nement. Pour la plupart, cesgènes s’expriment dans desorganes clés de la régulationdu poids, à savoir le cerveau,le muscle et le tissu adipeux.Or, aujourd’hui, grâce à des outils technologiquescomme les puces à ADN, il est possible de suivre l’expression de ces gènes.»

Regrouper les compétences Mais, pour appliquercette stratégie, il a fallufédérer les compétences.«Nous nous sommes doncregroupés en consortiumavec les équipes Inserm du Pr Dominique Langin, à Toulouse, et du Pr HubertVidal, à Lyon, pour étudier,dans le tissu graisseux et le

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Face à l’explosion de l’obésité chez les enfants, une hypothèse a été avancée : cette maladie pourrait faire son lit dèsles premiers mois de vie, dans le ventre

de la mère. Les scientifiques avancentqu’au cours de cette période précocel’organisme est encore immature etpourrait être très sensible à des variationsd’environnement, mêmes infimes. Énigmesà résoudre : l’alimentation de la femmeenceinte influence-t-elle le risque ultérieurd’obésité? Quid du mode d’allaitement? Laitformulé ou maternel, quelles différences?

Pour répondre à ces questions, une étudebaptisée EDEN se met actuellement enplace auprès de 3000 femmes enceintesdans deux maternités françaises, à Poitierset à Nancy. Cette étude sera financée par la Fondation Recherche Médicale àhauteur de plus de 800000 € sur trois ans.

> L’obésité infantile, une origine in utero?

Gare aux grignotages, néfastes pour l’enfant à naître.

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D O S S I E R

V I E Q U O T I D I E N N E

Avec la collaboration du Pr Martine Laville, hôpital Édouard-Herriot, Lyon.

Adresses utiles• Partout en France, les services de nutritiondes principaux hôpitaux proposent des consultations pour la prise en chargede l’obésité.

• www.obesite.comSite français sur l’obésité. Sa vocation? Délivrer des informationsconcernant la vie au quotidien des sujets obèses: régimes, vie affective,stigmatisation sociale,prévention, chirurgie,médicaments…

• www.inpes.sante.frSite de l’Institut nationalde prévention etd’éducation pour la santé. Dans l’espace«Nutrition», vous pourreztélécharger le guidealimentaire La santévient en mangeant.

• Obésité : une véritableépidémie? par Arnaud Basdevant.Collection «Les enquêtes de Marie-Odile Monchicourt»,éditions Platypus PressSanté.

Pour éviter d’amorcer le classique et délétère «Yo-Yo», il faut bannir les régimes trop restrictifs et tabler plutôt sur une éducation nutritionnelle et l’exercice physique. Encore faut-il accepter d’être aidé par son médecin, et ne pas se décourager s’il y a reprise de poids. C’est sur la durée que l’on mesure le succès d’un programme. Quelques conseils utiles…

Un enfant obèse est souvent complexé par ses kilos en trop. Il faut donc éviter d’imposer

toute restriction alimentaire, mais donner plutôt des conseils éducatifs. Faire trois repas par jour,manger lentement, calmement, ne pas regarder la télévision toute la journée, trouver une activitéphysique qui plaise et qui puisse être exercée sur du long terme, supprimer les grignotages… Ne pas diaboliser pour autant les aliments riches encalories ! Trop d’adolescentes ont tendance à classerles aliments entre ceux qui font grossir et ceux qui sont sans danger pour la ligne. Il ne faut pasoublier que manger doit être avant tout un plaisir…

Il n’existe pas de recette miracle pour perdre du poids. Seméfier des «professionnels» affirmant détenir une méthode

exceptionnelle et des restrictions draconiennes, dont le bénéficeest souvent de courte durée. Le problème n’est pas vraiment de maigrir mais surtout de stabiliser son poids. Et, pour cela, il faut du temps, un an au minimum. Une sorte de contrat entre le médecin et le patient doit s’installer. Si l’on reprend un peu de poids – les rechutes sont quasi inévitables –, il ne fautpas se décourager : ce n’est pas un échec, mais juste une pause. La solution passe idéalement par un travail d’introspection. Un chemin difficile à parcourir, menant souvent à de nombreuxchangements dans les habitudes de vie.

Miser sur la durée

Bannir les régimesENFANTS, ADOLESCENTS

Agir sur le long terme

POIDS D’ÉQUILIBRE

Le médecin dispose de nombreusescartouches pour aider son patient à

rétablir un poids d’équilibre. Les mesuresdiététiques et l’exercice constituent la base du traitement, toute la difficulté étant dechercher l’erreur dans les habitudes de vie à l’origine de la surcharge pondérale. Pourcertains, il faudra commencer par un régimesans sodas ni alcool. D’autres se verrontproposer une psychothérapie pour atténuerleur souffrance psychologique, ou unethérapie comportementale et cognitive, utile en cas de troubles du comportementalimentaire. Côté médicaments, on disposeactuellement du Sibutral®, qui permetd’atteindre la satiété plus rapidement, et du Xenical®, qui freine la digestion des lipides. Non dénués d’effets indésirables, ils n’offrent qu’une aide de dernière intention,efficace dans certains cas uniquement. Quant à la chirurgie, elle est réservée auxobésités les plus sévères.

Chercher l’erreurSTRATÉGIE À LA CARTE

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VOS DONS EN ACTIONVos dons jouent un rôle capital dans l’avancement des travaux de recherche médicale. Explorer de nouvellespistes de recherche, multiplier les échanges entre les disciplines et les chercheurs, déceler plus précocement

certaines pathologies graves pour mettre en place plus rapidement les traitements, découvrir la meilleure prise en charge diagnostique puis thérapeutique…, tels sont les principaux objectifs que s’est fixés la Fondation Recherche Médicale en multipliant ses programmes.Cette rubrique «Vos dons en action» présente quelques exemples des 700 projets que vous soutenez chaque année à travers la Fondation.

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Quand le méningocoquepasse les frontières du cerveauMÉNINGITE

Mais on sait maintenant qu’ellea également une action positivecar elle protège le tissu cérébrallors d’accidents vasculairescérébraux. Pour mieux cerner le rôle de cette hormone,l’équipe du Pr Achard s’estfocalisée sur l’un de ses dérivés,l’angiotensine IV, qui se révèleégalement une hormone active.«D’ores et déjà, nous avons réussi à décrypter le mécanisme d’action de l’angiotensine IV grâce à des expériences sur des vaisseauxcérébraux isolés et perfusés de rats»,souligne le chercheur. Il pense, à terme, pouvoir affinerles indications des médicamentsanti-hypertenseurs actuels, et aussi proposer des pistes pour traiter la phase aiguë desaccidents vasculaires cérébraux.

Pourrait-on bloquer l’invasion du cerveau par le méningocoque?Peut-être, à condition d’identifier les mécanismes qui permettent à cette bactérie de franchirl’obstacle de la barrière hémato-méningée pour pénétrer dans les méninges et les infecter. C’estl’objectif de Fanny Lanternier,qui, grâce à un financement de la Fondation Recherche Médicale,a pu rejoindre l’équipe dirigée par le Pr Xavier Nassif à la facultéde médecine Necker, à Paris. Pourcela, elle étudie les interactions de la bactérie avec les cellules qui forment la paroi des vaisseauxsanguins, les cellules endothéliales.«Nous savons que la bactérie adhère à ces cellules. Et cela déclenche, chezelles, la formation de “projections”,sortes de bras cellulaires permettantaux bactéries de pénétrer dans les cellules des vaisseaux sanguins et de les traverser. C’est ainsi que le méningocoque peut envahir lesméninges», explique le Pr Nassif.Les recherches menées dans sonlaboratoire ont pour but d’iden-

Des artères qui ne s’ouvrentplus de manière optimale et contraignent le cœur

à augmenter la pression sanguinepour alimenter les tissus del’organisme: c’est ce que l’onappelle l’hypertension artérielle,une maladie très répanduepuisqu’elle touche près d’un Français sur quatre. Cetteaffection est connue depuislongtemps. Pourtant, les causesde sa survenue restent difficiles à déterminer. Pour tenter de les déceler et ainsi améliorerl’efficacité des moyensthérapeutiques disponibles, le Pr Jean-Michel Achard amonté une équipe de rechercheau sein de la faculté de médecinede Limoges1. «La thématique de notre laboratoire est de mieuxcomprendre les mécanismes àl’origine de l’hypertension artérielleafin d’en limiter les conséquencescardiaques et cérébrales», expliquele scientifique. Ce projet a étéréalisable grâce à l’aide financièrede la Fondation RechercheMédicale, en partenariat avec la Copley May Foundation.

Lutter contre les accidentsvasculaires cérébrauxPour atteindre ces objectifs,l’équipe du Pr Achard étudie le fonctionnement d’une familled’hormones qui jouent un rôledans la contraction des paroisdes artères: les angiotensines II et IV. Jusqu’alors, l’angiotensine IIétait une hormone connue pourfavoriser les accidents cardiaques.De ce fait, des médicaments anti-hypertenseurs ont été mis au point pour la réprimer.

Une équipe s’engagecontre l’hypertension artérielleMALADIES CARDIO-VASCULAIRES

Mais l’équipe du Pr Achard ne s’intéresse pas qu’auxcomplications de l’hypertensionartérielle. En amont, elle chercheaussi à déterminer quels sont lesgènes qui en sont responsables.«Nous avons contribué à identifierun gène (dénommé WNK1) impliquédans une forme familiale rared’hypertension artérielle. Nous nousintéressons maintenant à son rôledans la forme courante de cettemaladie», conclut le chercheur. ■

1 Laboratoire physiologie et pharmacologievasculaire et rénale.

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Cellules endothéliales infectées par des ménin-gocoques, en bleu.

Le projet du Pr Nassif a été financégrâce aux 15000 € gagnés par l’équipede Laurent Romejko au cours de l’émission «Fort Boyard» (voir Recherche & Santé n° 96, p. 29).

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L’angiotensine II protège le tissu cérébral lors des accidents vasculaires cérébraux.

Protégé à ses frontières par une série d’enveloppes, les méninges, le cerveau

est normalement peu sensibleaux infections. Hélas, certainsmicrobes parviennent à infiltrerses défenses, en particulier leméningocoque, l’une des causesd’infection les plus préoccupantes en France de par sa gravité. En effet, sur les 600 cas qui se produisent chaque année, les séquelles sont fréquentes, et 10% des cas restent mortels endépit des traitements antibiotiques.

tifier les structures du méningo-coque qui induisent la formationde ces projections. En observantle comportement de méningo-coques mutants (c’est-à-diredéficients pour certaines fonctionscellulaires) en culture, et enrepérant ceux qui sont incapablesde provoquer des projections, les chercheurs pourront identifierles gènes impliqués dans laproduction de facteurs de virulencede cette bactérie. Certains de ces facteurs pourraient servirde cible à de nouveaux vaccins ou médicaments. ■

Barrière hémato-méningée: paroi séparant le sang des vaisseaux du cerveau et le liquide céphalorachidien dans lequelbaigne le cerveau.Facteurs de virulence : molécules favorisantle développement des bactéries dansl’organisme et, ici, dans les méninges.

La Copley May Foundation, basée enSuisse et partenaire de la FRM depuislongtemps, a financé les travaux de la nouvelle équipe de recherche de J.-M. Achard, pour un total de 46000 €.

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La maladie cœliaque ou l’intolérance au gluten

Recherche Médicale et y étudiele rôle de l’interleukine 15 (IL-15), un facteur favorisantl’inflammation qui pourraitcontribuer à la maladie, en plusdes facteurs génétiques déjàidentifiés. «Nous avons montré quel’IL-15 est anormalement présentedans la paroi de l’intestin des maladeset qu’elle favorise la prolifération decellules immunitaires particulières»,explique Nadine Cerf-Bensussan.Si l’implication de l’IL-15 seconfirme, des molécules bloquantson action pourraient êtreutilisées comme médicamentsdans les formes les plus graves de la maladie. ■

1 Lauréate du Prix Rose-Lamarca décerné en2001 par la Fondation Recherche Médicale.

L’étonnant chez les êtresvivants, c’est que des réactions chimiques

somme toute assez simplesentrent en jeu dans une grandevariété de processus biologiques.C’est ce qui explique que dansnombre de maladies héréditairesun défaut génétique unique peutêtre à l’origine de symptômestrès divers. Il en va ainsi dansl’homocystinurie, maladie raredans laquelle un gène muté est à l’origine du déficit d’uneenzyme, avec pour conséquencel’accumulation toxique dans le sang et dans certains organesd’une molécule, l’homocystéine.À la clé, des troubles importants,

notamment un retard mental et une athérosclérose précoceexposant les enfants atteints àdes accidents cardio-vasculaires.Mais les mécanismes moléculairesà l’œuvre sont encore méconnus.Dans le laboratoire du professeurDelabar, à Paris, Karine Robert a entrepris, grâce au soutienfinancier de la FondationRecherche Médicale, des étudesbiochimiques, cellulaires etpharmacologiques, afin de définirl’ensemble des perturbations liéesà l’accumulation d’homocystéineau niveau cellulaire. Ce qui est essentiel pour envisager un traitement de la maladie. Ces travaux dégagent aussi

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MALADIE RARE

Étudier la toxicité de l’homocystéineMALADIE RARE

Muqueuse intestinale normale (en haut) etatrophiée (en bas).

dues à une mauvaise absorption des nutriments. Une réactionimmunitaire anormale dansl’intestin est à l’origine de cestroubles, graves dans les formessévères (1 personne sur 1000).Liés à une intolérance auxprotéines du blé (gluten), du seigle et de l’orge, ces troublesne sont guéris que par un régimealimentaire totalement dépourvude ces céréales. L’équipe du Dr Nadine Cerf-Bensussan1, à Paris, travaille à décrypter le mécanisme de l’affection, afinde trouver un médicament quipermettrait d’éviter ce régimedraconien à vie. Sophie Buyse a rejoint cette équipe grâce à l’aide de la Fondation

La maladie cœliaque est une affection intestinalequi se manifeste par

une diarrhée chronique et des carences alimentaires

des perspectives plus inattenduesdans le domaine des maladiesneurodégénératives, puisqu’uneconcentration élevéed’homocystéine a été égalementconstatée chez des patientssouffrant de la maladie deParkinson ou de la maladied’Alzheimer. ■

Athérosclérose: formation de dépôtsgraisseux sur la paroi interne des artères.

Les recherches deK. Robert ont bénéficié du soutien de la FondationGroupama (15000 €),

dans le cadre d’un partenariat sur les maladies rares avec la FRM.

Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004 23

Faire «repousser»les neurones après une lésion

Dans notre cerveau, des milliards de cellulesnerveuses, les neurones,

communiquent entre elles par le biais de prolongements, sortesde câbles électriques, appelésaxones. Mais quand les axonessont détruits lors d’un accident, d’un traumatisme ou du faitd’une maladie neurodégénérative,il est aujourd’hui impossible de restaurer la connexion entreles neurones. Des fonctionsessentielles sont perdues, tellesque la mémoire, le langage, ou encore le contrôle moteur et sensoriel des différentes partiesdu corps. «C’est pourquoi nousmenons des recherches qui visent à modifier les axones des neuronespour leur permettre de traverser lesbarrières mécaniques et moléculairesqui se dressent devant eux lorsque ce type de lésions survient», expliqueDominique Bagnard, chercheurau sein du laboratoire dirigé parDominique Aunis1. Le chercheurdéveloppe ses recherches en deux temps. Il lui faut toutd’abord identifier des moléculesqui favorisent la croissance des axones, puis tester les réellescapacités de ces molécules,

en reproduisant les phénomènes de lésion puis de réparation des axones sur un modèle animal.

Regarder les prolongementsdes neurones pousser Grâce à la Fondation RechercheMédicale et son partenaire AG2R,Dominique Bagnard disposed’une technologie de pointepour analyser ces phénomènes:la vidéomicroscopie. Il s’agit d’un microscope particulier,complètement assisté parordinateur et relié à une caméradigitale numérique. «La croissancedes axones est un phénomène trèsdynamique, et ce système permet de la visualiser quasiment en direct.En effet, grâce à l’acquisition d’imagesà intervalles très rapprochés, il est possible de recréer un film et d’analyser très finementl’extension d’un axone», précise lechercheur. À l’aide de cet outil, Dominique Bagnard observe des

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NEUROLOGIE

neurones dont les axones sonten formation. «Maintenant quecertaines des molécules qui guident la pousse des axones des neuronessont connues, il reste à comprendrecomment elles agissent», annonce le chercheur. Son objectif à longterme est ambitieux: permettre ledéveloppement de médicamentsqui favoriseront la régénérationdes tissus nerveux lésés. ■

1 Unité Inserm U.575 - Physiopathologie du système nerveux, groupe de physiologiemoléculaire de la régénération nerveuse.Axone: partie allongée d’une cellule nerveuse (neurone) qui permet de véhiculerdes informations de nature électrique vers d’autres cellules.

Le marquage des neurones par un colorant fluorescent rouge permet de suivre leur migrationainsi que la formation de leurs prolongements.

Dominique Bagnard devant sa station de vidéomicroscopie.

Le groupe AG2R a financél’installation de la nouvelleéquipe de recherche

de Dominique Bagnard à hauteur de 27500 € sur un total de 45700 €,dans le cadre de son partenariat avecla Fondation Recherche Médicale.

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V O S D O N S E N A C T I O N

Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004 2524 Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

très rapidement et sont fatales enquelques mois. D’autres grossissentlentement, sur plusieurs années.

Des traitements ciblésOn classe ainsi les gliomes enquatre catégories selon leur degré de malignité, du grade 1, le plusbénin, au grade 4, les glioblastomes,au pronostic redoutable. Pour lesdeux premiers stades, la guérisonest possible, à condition que la tumeur puisse être enlevée entotalité par la chirurgie ou détruitepar des médicaments anticancéreuxou par une radiothérapie. Parfois,cependant, on préfère ne pasopérer pour éviter de laisser desséquelles. Selon le type de cellulesdont ils dérivent, certains gliomesseront sensibles aux médicamentsanticancéreux, d’autres pas oupeu. Diagnostiquer précisément la nature de la tumeur revêt donc une importance décisive.

et compriment le cerveau. Enrevanche, même lorsqu’ellessont cancéreuses, ces tumeursne donnent pas de métastases.

Des tumeurs très différentesLeur grande hétérogénéité rendpour le moment leur prise encharge difficile. Sous le terme degliome se cachent en effet diverstypes de tumeurs atteignant tantôtl’enfant (gliome du cervelet,astrocytome…), tantôt l’adulte âgé (glioblastome), et leursmanifestations vont des troublesde l’équilibre à la crise d’épilepsie,des maux de tête aux perturbationsdu langage. Qui plus est, leur gravité est très variable.Certaines tumeurs se développent

En pratique, avant de définir le traitement, un petit fragment de tumeur est prélevé par biopsie,puis examiné. De la qualité de ces biopsies et de l’exactitude du diagnostic porté découlent leschances de succès thérapeutique.L’équipe du Pr Xavier Leclerc, à Lille, est l’une des équipes de recherche soutenues par la Fondation qui travaillent pouraffiner ce diagnostic (encadré p. 24). Quant à l’équipe du Pr Jean-Pierre Benoit, à Angers,elle espère améliorer le pronosticdes gliomes les plus graves, les glioblastomes, en les rendantsensibles aux médicamentsanticancéreux (encadré ci-contre).L’enjeu est immense pour les malades qui en sont atteints(un gliome sur deux est unglioblastome) car, actuellement,leur espérance de vie ne dépassepas un an. ■

Améliorer le diagnostic et le traitement des gliomes

Tumeurs cérébrales

Un fragment de tumeur est prélevé par biopsie puis analysé pour en déduire le traitement adéquat.

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Les traitements actuels,associant chirurgie etradiothérapie, n’augmententque de quelques mois

la survie des malades atteints d’un glioblastome. Cette variété detumeur est désespérément résistanteaux médicaments anticancéreux. Deux obstacles les rendentinefficaces: d’une part, la plupart des molécules anticancéreuses sontincapables de franchir la barrière qui sépare le cerveau de la circulationsanguine; d’autre part, les cellules du glioblastome sont équipées d’uneprotéine qui évacue les médicamentsvers l’extérieur. Pour surmonter ces écueils, l’équipe du Pr Benoit aincorporé un médicament anticancéreuxà l’intérieur de «nanocapsules» dequelques millionièmes de millimètre. Il leur a greffé une petite moléculecapable de s’ancrer dans la barrière hémato-méningée pour permettre au médicament de la franchir. Autre avantage, ces nanocapsulesinhibent le mécanisme d’expulsion du médicament. «Sur des cellules de glioblastome en culture, elles sontmille fois plus actives que le médi-cament seul», précise le Pr Benoit. Les chercheurs vérifient actuellementleur efficacité chez l’homme.

Barrière hémato-méningée: voir p. 20.

> Des nanocapsules au cœur de la tumeur

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Caractériser avecprécision la naturedes gliomes estcapital pour traiterces tumeurscérébrales. La FRM a donc privilégiédeux grandes voiesde recherche dans ce domaine, quiconsistent à affinerle diagnostic et à mettre au point des traitementsmieux ciblés.

Bien que les tumeurs ducerveau soient relativementrares – elles représentent

environ 2% des cancers –, ellesn’en constituent pas moins unecause importante de souffranceet de mortalité. Parmi elles, les gliomes tiennent le haut du tableau. Il s’agit de tumeursliées à la prolifération des cellulesqui entourent les neurones, les cellules gliales. On dénombre4000 à 5000 nouveaux caschaque année en France. La majorité d’entre eux sontd’emblée cancéreux, et ceux quine le sont pas le deviennentsouvent après quelques années.Leur gravité tient au fait qu’ilsgrossissent progressivement

Pour diagnostiquerprécisément la nature du gliome, il est importantde repérer les régions

actives de la tumeur et de pratiquerune biopsie. L’IRM permet de guiderce prélèvement d’un fragment de tissu. Mais, malgré cet examen, le diagnostic est parfois impossible, et la gravité de la tumeur peut êtresous-estimée, car sa portion la plus active n’a pas été repérée. Une nouvelle technique,

la spectrométrie par résonancemagnétique (SRM), pourrait permettrede mieux analyser la tumeur. L’équipedu Pr Xavier Leclerc a entrepris une étude pour comparer la fiabilitéde la SRM à celle de l’IRMconventionnelle: «L’objectif est dedétecter les zones tumorales les plusagressives, afin d’affiner la précisiondes prélèvements et de pouvoir ainsiadapter au mieux les traitements.»

IRM: imagerie par résonance magnétique.

> Vers de nouveaux instruments de diagnostic

L’équipe de Xavier Leclerc teste une nouvelletechnique d’imagerie pour repérer les gliomes.

Nanocapsules dans lesquelles sont insérés les médicaments anti-cancéreux.

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LA FONDATION À L’ÉCOUTE

28 Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 20042828 29

Vous faire découvrir nos actions d’information, nos partenaires

presse et entreprise, partager l’enthousiasme des bénévoles

des comités régionaux pour réunir donateurs et chercheurs

autour et en faveur de la FRM. Être ensemble pour mieux encourager

la recherche et mieux se connaître. Tels sont les objectifs de cette

rubrique, qui, chaque trimestre, nous réunit. Rejoignez-nous…

Quelles solutionspour une recherche en crise?Des milliers de chercheurs dans la rue, une pétition réunissant plus de 50000signataires1, des directeurs de recherche de l’Inserm menaçant de démissionner,tel est le triste tableau d’une recherche française en crise. Dans l’attente d’unerestructuration plus profonde, la FRM apporte des réponses concrètes.

du département de biologiecellulaire à l’Institut Cochin, aucours d’une conférence de presseorganisée par la FondationRecherche Médicale, le 9 févrierdernier. Aux coupes budgétairesdrastiques de 2003, qui ne seront pas compensées en 2004,s’ajoutent une baisse brutale des recrutements ainsi qu’uneprécarisation de l’emploi deschercheurs (création de 550 CDD).Dans le même temps, le NIH(National Institute of Health)aux États-Unis, l’équivalent del’Inserm en France, affiche unbudget 50 fois supérieur à celuide l’Inserm. Conséquences: leséquipes de recherche françaisesne peuvent plus se maintenir au niveau de la compétitioninternationale avec un tel retard;des projets sont abandonnés ou ne voient même pas le jour,faute de financement; les jeuneschercheurs qui ont été formés en

France partent s’installer ailleurs,et notamment aux États-Unis,parce que la recherche françaisen’est plus à même de leur offrirune situation stable, un salairedécent, même après huit à dixans d’études, et encore moins desconditions de travail satisfaisantes.

Une restructuration de fond pourpallier une crise des vocationsQui plus est, conscients desdifficultés de recrutement, 30 à 40% des étudiants desfilières scientifiques renoncent à se former à la recherche, pour se tourner vers d’autres voies.«Nous assistons à une véritable crisedes vocations, a renchéri Pierre-Olivier Couraud, et cela menaced’autant plus l’avenir de larecherche française qu’un chercheursur cinq partira en retraite d’ici à cinq ans… Or, on peut faire unerecherche de qualité avec peu demoyens, mais pas sans chercheurs!»

Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

Médicale compte bien s’y employer!»,s’est exclamé Pierre Joly. Mais que faire que la FondationRecherche Médicale ne fasse déjàdepuis plus de cinquante ans?Faut-il rappeler qu’elle apportechaque année son soutien financier à 700 chercheursrépartis sur l’ensemble du terri-toire français, pour un budget de 15 millions d’euros? Quelquesexemples de ses contributions:• des aides aux jeunes qui se forment à la recherche, pour encourager les vocations et anticiper le renouvellement des chercheurs (voir l’interview de Philippe Sansonetti, page 30);• des aides au retour, permettantà de jeunes chercheurs, partiscompléter leur formation àl’étranger et ayant déjà consacréplus de dix ans de leur vie à acquérir une expertise inter-nationale, de ne pas avoir fait cet investissement en vain;• des aides, enfin, à l’équipementet à l’implantation de nouvelleséquipes de recherche, pour éviter la démobilisation des chercheurs travaillant dans les unités actuelles.Des actions indispensables etcomplémentaires à celles desorganismes publics de recherche,rendues possibles uniquementgrâce aux dons privés… etpourtant encore insuffisantes. «Il faut aller plus loin», a déclaréPierre Joly. «Dans l’immédiat, il s’agit de prolonger le soutien dechercheurs ayant déjà obtenu l’aidede la Fondation Recherche Médicaleen 2003, mais qui se retrouvent dans l’impasse en 2004, faute de possibilité de recrutement par les organismes de recherchepublics», a expliqué par ailleurs Joëlle Finidori, directricescientifique de la Fondation.Mais la Fondation RechercheMédicale souhaite aussi créer,dès 2004, une dizaine de

Mais les solutions de la crise ne sont pas toutes financières et,selon certaines études, les grandsorganismes de recherche publics,tels que l’Inserm et le CNRS,gagneraient semble-t-il à engagerune restructuration de fond pour améliorer l’efficacité de leur fonctionnement. Mais faut-ilpour autant attendre que toutesles solutions viennent de l’État?«Certainement pas! a affirmé PierreJoly, président de la FondationRecherche Médicale, au cours decette même conférence de presse.Aujourd’hui, déjà, plus de 50% des ressources des laboratoires publicsde recherche proviennent de contratsprivés avec l’industrie ou biend’associations et de fondations privéestelles que la Fondation RechercheMédicale.»

L’importance des financementsprivés et du mécénat d’entrepriseEt cela va s’amplifier: legouvernement compte bien surles financements privés pouratteindre la croissance annoncéedu budget de la recherche d’ici à 2010, soit 3% du PIB. Une participation qui devrait doncdoubler par rapport à la situationactuelle. Or, en 2001, la part du mécénat d’entreprise et desfondations privées ne s’élevaitqu’à 0,1% du PIB, soit 20 foismoins qu’aux États-Unis2. «Nousdevons absolument faire évoluer cettesituation, et la Fondation Recherche

La Fondation Recherche Médicalerétablit la vérité «Notre Fondation a fait l’objet de calomnies dans un journal parisien daté du 22 janvier 2004. J’ai été profondément indigné parces propos diffamatoires et j’ai faitvaloir le droit de réponse de notreFondation, dans la parution du 5 février 2004 de ce même journal.Des communiqués ont égalementété envoyés à la presse.»

Pierre Joly

Pierre-Olivier Couraud, de l’Institut Cochin.

Pourquoi les chercheurs,habituellement si discrets,sont-ils sortis de leurs

laboratoires pour scander leurcolère dans la rue? «Les raisonssont multiples», a déclaré Pierre-Olivier Couraud, directeur

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«contrats jeunes chercheurs» (à mettre en relation avec les 30 postes créés en 2004 à l’Inserm pour l’ensemble de la recherche), qui permettront de faire revenir de l’étranger de jeunes chercheurs de talentayant terminé leur formation.Ces programmes de financementsur trois ans leur offriront la possibilité de démarrer destravaux de recherche innovants,à un moment de leur vie où ils sont le plus performants. Unmoyen de contribuer à enrayerla fuite des cerveaux, et d’éviter ainsi le formidable gâchis que représenterait la perte del’investissement, tant humainque financier, engagé dans la formation de ces jeuneschercheurs de talent au cours de ces dernières années.

1 Chiffre annoncé par le collectif de chercheurs «Sauvons la recherche»,fin février 2004.2 Le Figaro du 2 février 2004.

Pierre Joly, président de la FRM.

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Joëlle Finidori, directrice scientifique de la FRM.

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Fondat ion pour la recherche médica le • numéro 79 • È tr imestre - ÈFondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

Médecin de formation,spécialiste des maladiesinfectieuses et de

microbiologie, Philippe Sansonettiest professeur à l’Institut Pasteur,où il dirige le départementbiologie cellulaire et infections.Membre de l’Académie des sciences, il est égalementprésident du comité de pilotagepour le développement desvaccins entériques, au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un parcours qui lui a donné l’expérience et le goût d’évaluer des dossiersscientifiques, d’en mesurer la pertinence et la faisabilité.

L A F O N D A T I O N À L ’ É C O U T E

permanent va accentuer ses aidesà l’intention des chercheursporteurs d’un projet original et créatif. Il s’agit de leur assurerune plus grande autonomie au sein des grandes structurescomme l’Inserm ou le CNRS,et de leur donner les coudéesfranches pour mener à bien des recherches innovantes :«À nous de déceler les individualitésbrillantes, des sortes de “voltigeurs”qui ne sont pas encore trop engagésdans les programmes de grossesunités, puis de les soutenir par unesélection rigoureuse des dossiers»,précise Philippe Sansonetti.

Intégrer les médecins dans la recherche fondamentaleMédecin et chercheur lui-même,le professeur Philippe Sansonettientend défricher un nouveauterrain, en ouvrant et enrenforçant l’axe médical de larecherche: «Trop peu de médecinss’impliquent dans la recherchefondamentale, alors qu’ils ont toutelégitimité à le faire : ils bénéficientd’une formation plus large,acquièrent une vision plus globaledes problèmes de santé, mais aussi une maturité qui ne peut que stimuler de jeunes chercheurs. Or, que se passe-t-il? Les internessont noyés dans des tâches cliniquesstrictement hospitalières et, même

Le 26 mars 2004, le vice-président du Conseil scientifique de la FondationRecherche Médicale, le professeur Philippe Sansonetti, a succédé en tant que président au professeur Yves Agid. L’occasion de faire le pointsur les programmes et les nouvelles orientations de la FRM.

Rencontre

Orientations du nouveau Conseil scientifique de la FRM

3030 Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004 31

Le professeur Philippe Sansonetti, nouveauprésident du Conseil scientifique, souhaiterapprocher le milieu médical de la recherche.

s’ils en ont le goût et les capacités, ils ne peuvent pas envisager de fairede la recherche.»Le nouveau président du Conseilscientifique prévoit donc de monter un système d’aidespermettant aux internes qui le souhaitent de préparer unethèse, entre la fin de l’internat et le début du clinicat. En plus de susciter l’intérêtscientifique des médecins, la FRM leur donnera ensuite les moyens de mener unerecherche fondamentale qui soitassociée à une activité clinique: «Il est indispensable, pour les progrèsde la science et pour l’amélioration de la santé publique, de créer une osmose entre le milieuscientifique et le milieu hospitalier»,insiste Philippe Sansonetti.

Soutenir des domaines de recherche délaissésAutre volet d’action de la FRM:les programmes spécifiques qui soutiennent des travauxmenés dans les domaines les plus déshérités de la recherche biomédicale. Ils donnent uneforte impulsion, en attendant un relais de la part des aidespubliques, et s’inscrivent dans des durées plus limitéesque le programme permanent.Actuellement, le programmespécifique Action Dynamique enPsychiatrie soutient des formationset des travaux de recherchedans le domaine délaissé de la psychiatrie. En parallèle, un nouveau programmesur l’allergologie est en coursd’élaboration. Les allergies sontdevenues un problème de santépublique, mais seule une partinfime des recherches leur estconsacrée. C’est aussi le cas detout ce qui concerne les relationsentre l’organisme humain et sonenvironnement. Le 30 avril 2004,un atelier de réflexion initié par

la Fondation Recherche Médicaleréunira des scientifiques sous la direction de Sergio Romagnani,un des leaders mondiaux de l’immuno-allergologie. Ils définiront les priorités et les moyens optimaux à mettre en place pour soutenir la recherche dans ce domaine:«Nous voulons aider cette discipline à se structurer sur des basesscientifiques et à s’enrichir d’une grande diversité d’apports.Comment? En créant et ensoutenant des groupes de jeuneschercheurs multidisciplinaires, incluant la génétique,l’immunologie, la microbiologie…»,explique Philippe Sansonetti.La Fondation RechercheMédicale, grâce à son Conseilscientifique et à ses différentspartenaires et par le biais de ses publications, poursuitdonc ses objectifs : soutenir des programmes de recherche et propager une information

Membres nommés: Membres élus:• S. Amigorena, Paris • C. Antignac, Paris• M. Arpin, Paris • P. Chardin, Nice• I. Davidson, Illkirch • G. Delsol, Toulouse• M. Hamon, Paris • J. F. Dubremetz, • R. Leclercq, Caen Montpellier• J. Mariani, Paris • P. Jalinot, Lyon• A. Prochiantz, Paris • R. Salamon, Bordeaux• W. Vainchenker, Villejuif • P. Sokoloff, Paris

> Renouvellement du Conseil scientifique

utile auprès du grand public : «Le lien entre la recherche scientifiqueet l’amélioration de la santé – et par conséquent de la société – n’estpas clairement perçu par l’opinion,constate Philippe Sansonetti.C’est un défaut de perception qui se reflète de façon caricaturale dans certaines décisions politiques. Plus que jamais, nous devonsrétablir le lien recherche-applicationsmédicales, et susciter un mouvementde reconnaissance de la société vers les scientifiques, considérés comme les acteurs majeurs du progrès. Ceci sera possible, à condition quel’on dispose, derrière, d’une vision et d’une volonté politiques fortes.Sinon, nous courons le risque de voir fuir à l’étranger tous nosjeunes chercheurs, sans perspective de retour…» (Voir article page 28.) ■

DEA: diplôme d’études approfondies.Inserm: Institut national de la santé et de la recherche médicale.CNRS: Centre national de la recherchescientifique.

Le programme permanent, clef de voûte de la FRM«Il est absolument nécessaire depréserver le programme permanentde la Fondation Recherche Médicale,qui constitue l’ossature et l’essentielde son action.» Ce programme de financement de la recherchebiomédicale soutient leslaboratoires de recherche publicsen France, et contribue à laformation des jeunes chercheurs,par l’attribution d’aides quand ilssont en DEA, en fin de thèse ouencore en stage de post-doctoratà l’étranger : «La Fondation fait également venir d’excellentschercheurs post-doctoraux étrangers dans nos laboratoires. Elle joue donc un rôle citoyen dans le fonctionnement de la recherche en France, grâce à l’attribution de ces aides, commente PhilippeSansonetti. Actuellement, de telles aides sont difficiles à obtenirauprès des organismes publics. Plus largement, nous sommesaujourd’hui dans une période où les jeunes chercheurs peuvent moinscompter sur des postes permanents.La mission de la FRM, entre autreschoses, est de les aider à traverser la difficile période de transition sesituant entre l’obtention de la thèse et le recrutement par un organismede recherche public.»Dans ce contexte, le programme

Le Conseil scientifique de la Fondation Recherche Médicale est constitué de 26 membres, considérés comme des spécialistes dans chacune desdisciplines médicales. Ils sont élus par les 800 directeurs des laboratoirespublics français (Inserm, CNRS, Inra et CEA). Le mandat de chaque membreest de quatre ans mais le Conseil est renouvelé par moitié tous les deux ans,comme cela est le cas cette année au mois d’avril. 7 membres ont ainsi étéélus, tandis que 8 autres ont été nommés par le Conseil de la Recherche. Ces nominations ont pour but, d’une part, d’équilibrer la représentation Paris-régions et, d’autre part, d’assurer l’adéquation entre le nombre d’experts et le volume de dossiers à expertiser dans chaque discipline.

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32 33Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

Janvier 2004 a vu naître la mise en place du dépistagegratuit du cancer du sein

pour toutes les femmes de 50 anset plus. «Grâce à cette généralisationde la mammographie, on espèrepouvoir faire baisser de 30% la mortalité due au cancer du sein»,explique le docteur Marc Espié,responsable du centre desmaladies du sein à l’hôpital Saint-Louis de Paris. «Encore faut-il quetoutes les femmes concernées soientinformées et se mobilisent. Des débatstels que celui-ci aident à faire passernos messages de prévention», ajoutele docteur Jean-Rémi Garbay,

L A F O N D A T I O N À L ’ É C O U T E

chirurgien-sénologue à l’InstitutGustave-Roussy de Villejuif. Une fois un cancer du sein dia-gnostiqué, la chirurgie est souventle premier angle d’attaque dutraitement. «Ces dernières années, les techniques ont subi une véritablerévolution, et elles sont aujourd’huiplus efficaces, plus précises. Entreautres progrès, la technique dite du ganglion sentinelle montre desrésultats très encourageants, même sielle est encore en cours d’évaluation»,précise-t-il. Résultat: le sein peutfréquemment être préservé. Mais les autres thérapies(radiothérapie, curiethérapie,

hormonothérapie, chimio-thérapie) ont également fait degrands progrès. C’est finalementen combinant, de façonpersonnalisée, ces différentstraitements que les meilleursrésultats sont observés. Quant à la recherche des causes du cancerdu sein, beaucoup de questionsrestent en suspens. La plupartn’ont pas de causes identifiables.Celles-ci sont probablementmultiples. Ainsi, «seulement 5% des cancers du sein sont liés à uneprédisposition génétique, observe le Dr Rosette Lidereau, directeurde l’unité Inserm E.17, du centreRené-Huguenin, à Saint-Cloud. En cas d’antécédents familiauxévocateurs d’une prédispositiongénétique, les femmes se voient proposertrès tôt une surveillance rapprochée.Par ailleurs, en s’intéressant aux mutations génétiques, on espèrepouvoir mettre au point des testsspécifiques, permettant de dépister de façon précoce cette prédispositiongénétique à la maladie. Autre intérêtdes recherches sur la génétique descancers: l’établissement de véritables“cartes d’identité” des tumeurs, avecpour objectif final de mieux cibler les traitements. Des recherches dont on espère des aboutissements dans un proche avenir», conclut-elle.■

> Le compte rendu écrit de ce débat est disponible sur le site webwww.frm.org, ou par courrier à: Fondation Recherche Médicale, 54, rue de Varenne, 75007 Paris.

Première cause de mortalité des femmes avant 65 ans, environ 30000 caspar an en France… Le cancer du sein détient de tristes records. France Infoet la FRM ont organisé en janvier un nouveau débat sur ce douloureuxsujet, en conviant trois spécialistes à répondre aux questions du public.

Rencontre Santé

Cancer du sein:prévenir et traiter

Explications d’un notaire

Faire un legs à la Fondation pour la Recherche MédicaleVous souhaitez léguer votre patrimoine à la Fondation pour la RechercheMédicale? La procédure est simple… à condition de se conformer à uncertain nombre de démarches. Tour d’horizon avec les conseils d’un notaire.

qu’au moment de la succession ils soient trop importants etabsorbent le legs universel. «Infine, nous jouons un rôle de conseil etd’information lors de la rédaction dutestament, insiste Me Thomas-David,pour la mise en forme, la régularité et la compréhension de l’attributiondes biens.» À l’ouverture de la succession, après le décès du testateur, le notaire engage des démarches civiles et fiscales,«pour permettre à la Fondation de bénéficier de son legs, de délivrer les legs particuliers et, le cas échéant,d’en payer les droits de succession»,poursuit-elle. Si certaines formalitéssont les mêmes que pour unesuccession au profit de personnesphysiques, la Fondation, elle, doit obtenir une autorisationpréfectorale pour avoir la qualitéd’héritier. Une autorisation quis’obtient une fois que l’état del’actif et du passif de la successionest établi. La Fondation réunitalors son conseil d’administration pour accepter le legs, puis en informe la préfecture. Enfin, le notaire a deux ans pour clore le volet fiscal de cette succession(taxation). «Ces démarches peuventsembler longues et complexes, maiselles sont la garantie que les vœux du défunt seront scrupuleusementrespectés et que les descendants ne seront pas inquiétés par des problèmes administratifs»,conclut maître Thomas-David.

Premier acte: le rendez-vousentre le notaire et le testateurdésireux de léguer son

patrimoine à une fondation, ou àune association. «Les personnes queje reçois, explique maître BarbaraThomas-David, n’ont pas toujoursde souhaits précis. Mon premier rôleest de les aider à identifier leursvolontés, puis à désigner clairementun légataire. C’est indispensable pouréviter des difficultés d’interprétationdu testament et des procéduresinterminables.» Il revient aussi au notaire de vérifier s’il y a des héritiers directs et d’informer le testateur sur la part réservatairequi leur revient en droit. Là encore,pour éviter toute contestationfuture qui retarderait le règlementde la succession. Enfin, la discussion préalable porte sur les éventuels legs particuliersqu’il convient de définir et decanaliser, le risque étant, en effet,

Michel Cymes, Rosette Lidereau, Marc Espié et Jean-Rémi Garbay, lors de la Rencontre Santé sur le cancer du sein à la Maison de Radio France.

> Prochaine Rencontre Santé Vendredi 25 juin: Les migraines: identifier et traiter tôt pour préserver la qualité de viePour assister à ces débats, vous devez vous inscrire par téléphone au 0820 09 10 11(ligne ouverte 15 jours avant le débat). Entrée gratuite, dans la limite des placesdisponibles. Ce débat aura lieu de 17h30 à 19h30, au studio Charles-Trenet de la maison de Radio France – Entrée B, rue de Boulainvilliers – Paris 16e.

Maître Thomas-David vous éclaire sur le legs.

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Si vous souhaitez léguer tout ou partiede votre patrimoine à la Fondation, la démarche la plus simple est de prendre rendez-vous avec votre notaire, qui rédigera avec vous votre testament et le fera enregistrerau Fichier central des dispositions de dernières volontés. C’est un acte rapide et peu coûteux (9,30 €). En recourant aux services de votre notaire,vous éviterez la nullité du testament en la forme; quant au fond, le notairepourra attester que vous étiez en possession de vos moyens intellectuelslors de la rédaction du document.Vous éviterez, en outre, les problèmesd’interprétation, car il vous aidera àrédiger clairement toutes vos volontés.Si vous craignez que votre legs soitmal interprété ou mal exécuté aprèsvotre décès, vous pouvez faire appel à un exécuteur testamentaire, qui ne sera pas partie prenante de la succession mais qui se portera garantde la bonne exécution de vos volontés.

> Contact: Céline PonchelFRM54, rue de Varenne75007 Paris Tél.: [email protected]

> Faire un legs en toute tranquillité

Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

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34 Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004 35Fondat ion Recherche Médica le • Recherche & Santé n° 98 • avr i l 2004

Dans le cadre des Journéesde la FondationRecherche Médicale,

la Fondation organisait, au mois de septembre 2003, unerencontre entre des chercheurset le public, sur le thème de la douleur, à Clermont-Ferrand.Le conseil général du Puy-de-Dôme a choisi ce temps fortpour remettre solennellement

L A F O N D A T I O N À L ’ É C O U T E

à la Fondation un chèque de 15000 euros. Cette somme a été rapidement attribuée au Dr Fabien Marchand, jeunechercheur de talent travaillantdepuis plusieurs années sur les douleurs neuropathiques, au sein du laboratoire duprofesseur Eschalier à Clermont-Ferrand. Ces douleurs, quisurviennent généralement à la suite d’un traumatisme de la moelle épinière, sontextrêmement intenses et rebellesaux traitements classiques. Identifier des cibles pour denouveaux médicaments, grâce à une meilleure compréhensiondu phénomène douloureux,constitue donc un challenge très important.Grâce à l’aide de la FondationRecherche Médicale et du conseilgénéral du Puy-de-Dôme, FabienMarchand aura la possibilité de partir en formation dans

Aide aux chercheurs Bilan 2003

La fondation Line-Pomaret-Delalande* a été créée le 28 novembre 2003,

sous l’égide de la FondationRecherche Médicale, et àl’initiative de Sylvie Pomaret,en souvenir de sa mère. Cette fondation souhaiteencourager la recherche sur les maladies rares. Elle attribuerachaque année un prix de45000 euros destiné à un jeunechercheur travaillant sur cesmaladies, qui pourra bénéficierde cette aide trois années durant.Le prix sera décerné pourla première fois en octobre 2004,

par un jury de six experts des maladies rares, présidé parle professeur Stanislas Lyonnet,spécialiste de la génétique des malformations congénitales. La sélection finale du lauréat sefera à l’issue d’une présentationorale des candidats, en fonctionde la qualité des projets de recherche en compétition. La priorité sera donnée auxprojets visant à développer le dépistage et la thérapeutiquedes maladies rares.

*Cette Fondation est domiciliée au siègesocial de la FRM: 54, rue de Varenne - 75335 Paris Cedex 07.

Désormais de l’ordre du rite,le grand rassemblementannuel des représentants

des comités régionaux de la Fondation a eu lieu le 4 décembre dernier, à Paris. Le succès de cette réunion nes’érode pas avec le temps : unefois encore, la quasi-totalité des seize structures régionales y a participé activement.Il faut rappeler que ce tempsfort dans l’activité bénévole dela Fondation en régions a pourobjectif de créer des liens etd’établir un dialogue entre ceuxqui travaillent au siège parisienet ceux qui, dans l’ensemble de la France, se dévouent poursoutenir la recherche médicale.C’est également le momentprivilégié pour dresser le bilandes actions accomplies dansl’année précédente. C’estencore l’occasion de restituer le contexte dans lequel devronts’inscrire les manifestations etopérations futures.En ce qui concerne l’année 2003,elle a été marquée par uneimportante mobilisation desstructures régionales en appui à l’organisation des Journées de la Fondation RechercheMédicale. Qu’il s’agisse, par exemple, de la recherche de salles pour accueillir les conférences-débats, degarantir leur promotion auprèsdu public local, ou encore de mener la prospection deparrainage de personnalités, les implications des comités ontété multiples. Durant ces deuxdernières années, ils ontaccompagné et très bien assuré

la promotion de ces événements.Cependant, la réponse à cetteinitiative nationale de laFondation est loin de résumertoute l’activité à porter aucrédit des comités régionaux.Beaucoup d’entre eux ont, en effet, trouvé l’énergie et letemps suffisants pour maintenir,en plus de cette mobilisationimportante, le rythme de leursmanifestations habituelles,voire d’en créer de nouvelles.On peut ainsi citer, sans êtreexhaustif : une vente auxenchères d’objets d’art dans le Nord, un rallye automobileen Poitou-Charentes, un concertdans le Var, une conférencemédicale en Orléanais et une exposition de peinturedans le Gard. Sans oublier les habituelles cérémonies deremise d’aides aux chercheursen Aquitaine, Languedoc oudans le Nord, ainsi que lesincontournables événements,comme la régate Médical Cuporganisée à Port-Camargue(voir article ci-contre) ou le lotomarseillais. L’ensemble de cesévénements a contribué à mieuxfaire connaître la Fondation, et à collecter des fonds qui ont permis aux comitésrégionaux de redistribuer près de 200000 euros d’aides aux chercheurs locaux. Pouraccompagner l’importancecroissante du rôle des régionsdans le cadre de la stratégie dedéveloppement de la Fondation,cette journée a aussi étél’occasion de rappeler lanécessité d’un développementde l’implantation régionale.

Le Puy-de-Dôme apporte sa pierre à l’édifice

Les maladies orphelines adoptées par une fondation

le laboratoire du professeur Mac Mahon à Londres, afin d’acquérir de nouvellescompétences dans le domainede l’électrophysiologie (science qui mesure l’activitéélectrique des neurones) et de l’immunohistologie (étude des tissus cérébraux,grâce à l’utilisation d’anticorps). Cette formation lui permettrad’approfondir ses travaux sur la douleur chronique chezles personnes atteintes delésions de la moelle épinière. Cette nouvelle expertisetechnologique devrait luipermettre, dès son retour en France, au mois de février2005, de mettre en place un programme de rechercheinnovant. Et il sera égalementen mesure de développer denouvelles applications pour la prise en charge des douleursneuropathiques.

La Fondation Recherche Médicale en régions : une participation active

La Médical Cupreste fidèle à la recherche

Jean-Pierre Decombas, vice-président du conseilgénéral du Puy-de-Dôme, remettant un chèquede 15000 euros à Éric Palluat de Besset.

> Créez vous aussi votre fondation

La Fondation Recherche Médicaleencourage les particuliers à créerleur propre fondation ou associationsous son égide. Cela leur garantit,notamment, de bénéficier de l’exper-tise des meilleurs scientifiques pour la sélection des projets de recherche.

> Contact: Denis Le Squer, directeurfinancier de la Fondation RechercheMédicale. Tél. : 0144397577

Unir sport et santé, tel est le challenge de cetterégate, organisée chaque année en Camargue.

La 13e édition de la MédicalCup gonflera ses voiles à Port-Camargue les 4, 5

et 6 juin 2004. Comme chaqueannée, la course est organiséepar la Société nautique du Grau-du-Roi–Port-Camargue, au profit de deux organisationscaritatives, la FondationRecherche Médicale etPharmaciens sans frontières.Cette manifestation donne aussil’occasion aux amoureux de la mer et aux professionnels desanté de se réunir au cours deconférences abordant des sujetsd’intérêt commun. Deux thèmessont prévus cette année:•«Bien vieillir»,

le vendredi 4 juin à 18h30;•«Le cœur du sportif»,

le samedi 5 juin à 18 heures.

Programme et modalitésd’inscription:www.medicalcup.orgAssociation Médical CupYacht club de Port-Camargue30240 Le Grau-du-RoiTél. : [email protected]

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QUESTIONS-RÉPONSES

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Le Pr Philippe Chanson, du service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction du CHU Bicêtre, vous donne une information, mais en aucun cas un diagnostic, un pronostic ou un conseil d’ordre thérapeutique. Seul le médecin traitant est habilité à le faire, et c’est lui que vous devez consulter.

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T

Oui, je m’abonne ou j’offre un abonnement d’un an à «Recherche & Santé» (4 numéros) pour 9,15 e que je joins par chèque bancaire ou postallibellé à l’ordre de: Fondation Recherche Médicale. Voici mes coordonnées ou celles de l’ami(e) à qui j’offre cet abonnement.

NomPrénomN° RueCode postal Ville E-mail

Merci de retourner ce bulletin accompagné de votre règlement à l’adresse suivante:Fondation Recherche Médicale - Recherche & Santé - 54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectificationou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation.

Pour détecter un cancer du côlon, il est nécessaire de pratiquer une coloscopie, afin de prélever et d’analyser les éventuels polypes.

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COLOSCOPIEQue faire lorsque le médecin, du fait d’une configuration anatomiqueparticulière, ne peut pas examiner l’ensemble du côlon?

ALGODYSTROPHIEComment soulager une algodystrophie, cette douleur particulièreau niveau de la cheville?

en anatomopathologie.On pourra ainsidéterminer s’ils sontbénins, ou à risque de dégénérescencecancéreuse.

Un examen visuelLa difficulté de la coloscopie tient, il est vrai, à la qualité dela préparation du côlon,d’une part, à certainesconfigurations anato-miques particulières du côlon, d’autre part. La préparation à cet

de corticoïdes, soit utile aux premiers stades de la maladie.D’autres traitements ont étéessayés et se sont montrés parfoisefficaces: bêtabloquants, anti-inflammatoires, inhibiteurs calciques, opiacés, calcitonine…■

examen est réalisée par l’ingestion, depuisla veille, de liquidescontenant un produitqui nettoie et préparesoigneusement le côlon, pour mieux en visualiser la paroi,sans être gêné par lesfragments de matières.Cependant, pourcertaines configurationsanatomiques, il n’est, en effet, pas possibled’examiner le côlondans son ensemble.

Nouvelles méthodesLes autres solutionsdont on dispose sontsoit le lavement baryté,soit la coloscopievirtuelle. Le premier consiste àpratiquer un lavementà l’aide d’un liquidecontenant de la baryte(opaque aux rayons X),puis à faire desradiographies. L’autre méthode, quiest actuellement endéveloppement, est la coloscopie virtuelle. Il s’agit d’injecter de l’air dans le côlon par l’anus, de faire un scanner, puis dereconstituer les images

obtenues en troisdimensions. Cettetechnique donne une image «en négatif» du côlon, avec des résultats tout à fait remarquables. Des chercheurs nord-américains ontrécemment comparé les performances de la coloscopievirtuelle à celles de la coloscopie classique(voir Coloscopie : la fin des anesthésies?page 6). Chacune a ses avantageset ses inconvénients. La coloscopie classiquea pour avantage depermettre une biopsie(prélèvement de tissu)et un examenanatomopathologie, ce qui ne sera pas le cas pour la coloscopievirtuelle. Cependant, il est trèsvraisemblable qu’avecce nouveau type de coloscopie il serapossible de se passer dela coloscopie classiquedans de nombreux cas,évitant ainsi anesthésieset séjours hospitaliersinutiles en cas de résultat négatif. ■

L’examen idéal pourexplorer le côlonest effectivement

la coloscopie. Elle permet– en entrant par l’anus un endoscope muni d’unappareil de vision – devisualiser, en remontantprogressivement dans le côlon, toute sa paroiinterne, et de dépisterl’existence de polypes.Cet appareil est munid’une petite pince àbiopsie, permettant deprélever ces polypes, quiseront ensuite examinés

L’algoneurodystrophie, oualgodystrophie, se caractérisepar une douleur et

un gonflement de la cheville ; elle peut aussi toucher le genou ou les doigts. Le plus souvent,l’atteinte est unilatérale, c’est-à-dire d’un seul côté du corps ;dans environ un quart des cas,elle est bilatérale. On retrouvegénéralement toujours un facteurdéclenchant : un traumatisme(fracture, écrasement), un infarctus du myocarde, l’utilisationde certains médicaments, comme les barbituriques, les antituberculeux ou encore la ciclosporine.On comprend mal ce qui est àl’origine de l’algoneurodystrophie.Cependant, on pense fortementque le système nerveux sympa-thique joue un rôle important.

SymptômesEn général, les symptômes évoluent en trois phases. Au cours de la première phaseapparaît une sensation douloureuseintense (brûlure), ainsi qu’un

gonflement de l’articulation encause (œdème). Elle semble chaudeà la palpation et se montre trèssensible. On note également une augmentation de la sudation(sueur) et de la croissance des poilsà ce niveau. Tout mouvemententraîne une douleur importanteet rend l’articulation plus raide.En quelques mois, la peau estplus fine, luisante et froide, c’estla deuxième phase. Lors de la troi-sième phase, de trois à six mois, la peau devient fine et sèche; une contracture des muscles ouune fibrose apparaissent souvent.

TraitementsLe soulagement de ces algodys-trophies, que l’on appelle aussi dystrophies sympathiques réflexesou encore syndrome de douleursrégionales complexes, est difficileà obtenir. Différents traitementschirurgicaux ou médicaux ont été proposés, mais leur efficacitén’est pas prouvée. Il est tout à fait possible qu’une kinésithérapieprécoce, ajoutée à une utilisation,sur quelques jours seulement,

Un kinésithérapeute est en mesure de soulagerles douleurs et les sensations de brûlure liées à une algodystrophie.

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Une forte douleur au niveau de l’estomac ainsi qu’un état de fatigue, des nausées ou d’autres manifestations physiques sont les principauxsymptômes d’un cancer de l’estomac.

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B O N D E S O U T I E NM. Mme Mlle

Nom

Prénom

Adresse

Code postal Ville

E-mail

Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par chèque bancaire ou postal à l’ordre de la Fondation Recherche Médicale, un don de:

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40 r 50 r autre……………r

Oui, je souhaite recevoir, sans engagement, une brochure sur les donations et les legs.

Merci de retourner ce bon sous enveloppe affranchie, accompagné de votre règlement, à l’adresse suivante:Fondation Recherche Médicale - Recherche & Santé - 54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectificationou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation. FR

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DÉDUCTION FISCALE: 60% de votre don est déductible de vos impôts à concurrencede 20% de votre revenu imposable. Vous recevrez un reçu fiscal.

Le cancer pulmonaireà petites cellules est une forme

grave et relativementfréquente du cancer dupoumon (20% des cas).Il se révèle souvent,comme les autres cancersdu poumon, par dessignes ou des symptômesliés à une croissancelocale de la tumeur, ou

bien à l’envahissementdes structures voisines.Parfois, c’est à l’occasiond’une radiographie pulmonaire systématiquequ’on le découvre.Tousser, cracher du sang,ressentir une gêne pourrespirer ou contracterune infection pulmonairesont autant de signauxd’alerte. La tumeur est

toujours découverte sur une radiographie des poumons. La gênerespiratoire est plus ou moins importanteselon le stade d’évolutiondu cancer; d’autresmanifestations peuvents’y associer, en raison dela présence de ganglionsou liées au fait que certaines de ces tumeursbronchiques sécrètentdes hormones, qui, à leur tour, provoquentdiverses manifestations.

Des «grains d’avoine»Ce cancer est appelé «à petites cellules» enraison de la taille descellules qui composent la tumeur; examinées au microscope, elles ontun aspect particulier dit «en grains d’avoine». Il peut être localisé (dans30% des cas), c’est-à-direlimité à un poumon etaux ganglions lympha-tiques à proximité, ou

CANCER DU POUMON LOCALISÉ À PETITES CELLULESComment reconnaître et traiter ce cancer dont on parle si peu?

sont nécessaires ;•certains antécédentsde gastrite (comme une inflammation de la paroi de l’estomac).

Symptômes Les manifestationsphysiques du cancer de l’estomac sontnombreuses ettrompeuses. La douleur du creux de l’estomac (ou creuxépigastrique) estfréquente et ressembleà celle de l’ulcère. Il existe souvent unealtération de l’étatgénéral : fatiguemajeure, perte d’appétit,perte de poids. D’autres signes sontmoins évocateurs :dégoût des viandes,fièvre prolongée,vomissements. Par conséquent, le diagnostic ne peutêtre parfois établi que devant des signestardifs du cancer del’estomac, et parfoismême au stade descomplications:vomissements de sang,selles noires (ouméléna), phlébite oumétastases (au foie).

DiagnosticDans toutes cessituations, uneendoscopie de l’estomac doit être envisagée,notamment s’il s’agitd’un homme de plus de 50 ans et qu’il se

plaint de troubles ditsdyspeptiques, mêmetrès discrets : gêne,pesanteur, difficulté àdigérer, ballonnements,nausées, aérophagie…Cependant, lafibroscopie de l’estomacavec pratique de biopsies(sous anesthésie localeou générale) est le seulexamen pouvantconfirmer le diagnosticou bien l’exclure. Un scanner del’abdomen permet de faire le bilan del’extension cancéreuse.

TraitementLe traitement du cancerde l’estomac est avanttout préventif : ne pasfumer et avoir uneconsommation modéréed’alcool réduisent déjàtrès fortement le risque.

Il faut aussi diminuer la consommation de selet d’aliments salés(salaisons, notamment).Manger des fruits et deslégumes frais est biensûr recommandé.Une fois que la maladieest installée, la chirurgieest le seul traitementpotentiellement curatif.La gastrectomie(ablation de l’estomac)peut alors être partielleou totale. En fonctiondu risque de dissémi-nation dans l’organisme (métastases), desprotocoles associantchimiothérapie etradiothérapie peuventêtre utilisés,augmentant de façonsignificative la duréede vie du malade.■

Dr P. Garcia

CANCER DE L’ESTOMACQuels sont les symptômes d’un cancer de l’estomac? Comment peut-on le traiter?

C’est par radiographie ou par scanner que l’on détecte un cancer du poumon. La recherche d’autres tumeurs peut venir compléter l’examen.

Le cancer de l’estomac est uncancer fréquent et

grave qui se développe à partir des cellules desglandes qui en tapissentla paroi interne (la muqueuse): on parlealors d’adénocarcinomede l’estomac. Il se situe au deuxièmerang mondial des cancers,après celui du poumon.En France, on dénombre9000 nouveaux cas paran, ce qui classe ce canceren quatrième position. Il est surtout fréquententre 50 et 70 ans ettouche deux hommespour une femme. La répartition mondialedu cancer de l’estomacest inégale: le Japon estainsi beaucoup plus touché que la France.

Facteurs de risqueLes facteurs favorisantle cancer de l’estomacsont nombreux:•alimentaires : forteconsommationd’aliments salés etfumés (saumure), de féculents ;•toxiques: associationprolongée d’alcool et de tabac;•infectieux: présencedans l’estomac d’une bactérie appeléeHelicobacter pylori ;•faible acidité de l’estomac;•ulcère gastrique:même traité et cicatrisé,les contrôles réguliers

bien disséminé (70%),lorsqu’il s’étend au-delà.Le stade d’évolution de la maladie, localiséeou disséminée, est déter-miné par radiographie,par scanner et par l’étudede la moelle osseuse. Ces examens sontsouvent complétés par la recherche de tumeurslocalisées à distance (foie,cerveau, par exemple).

TraitementLe traitement du cancerdu poumon à petites cellules repose à la foissur la chimiothérapie et sur la radiothérapie.On réalise généralementune polychimiothérapie(soit l’association de plusieurs agents chimio-thérapiques), au coursde quatre à six séances, à raison d’une séancetoutes les trois semaines. Une radiothérapie du thorax peut y être associée suivant les cas. ■

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La Fondation Recherche Médicale est financée exclusivement grâce à vos dons. Elle soutientun chercheur sur trois en France. Elle attribue chaque année 14 millions d'euros d'aidespour lutter contre toutes les maladies. Son comité scientifique garantit l'affectation desfonds collectés et la qualité des projets sélectionnés. Chaque don est important, chaquedon est utile parce que chaque don fait avancer la recherche médicale.

Le don utile

Il y a 3 ans ce microbe faisait ce qu’il voulait,aujourd’hui, il a 10 chercheurs sur le dos.

Fondation Recherche Médicale - 54, rue de Varenne - 75007 Paris www.frm.org

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