llanto por ignacio sanchez mejias

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EL CUERVO LUIS FELIPE GONZALEZ « LLANTO POR IGNACIO SANCHEZ MEJIAS » * * * TITRES DE L’ŒUVRE PEINT AVEC LES REFERENCES DANS LE TEXTE DE LORCA 11 septembre 2008 – 11 octobre 2008 VERNISSAGE JEUDI 11 SEPTEMBRE TALMART

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Catálogo de la exposición de Pintura del maestro Luis Felipe González en París

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Page 1: Llanto por Ignacio Sanchez Mejias

EL CUERVO LUIS FELIPE GONZALEZ « LLANTO POR IGNACIO SANCHEZ MEJIAS »

* * *

TITRES DE L’ŒUVRE PEINT AVEC LES REFERENCES DANS LE TEXTE DE LORCA

11 septembre 2008 – 11 octobre 2008

VERNISSAGE JEUDI 11 SEPTEMBRE

TALMART

Page 2: Llanto por Ignacio Sanchez Mejias

Galerie Talmart, 22 rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris. Contact : 01 42 78 52 38 / 06 12 41 70 32 / [email protected] 2

El Cuervo, l’un des rares peintres mexicains qu’on qualifie parfois d’abstrait — encore que son inspiration puise dans le répertoire universel des signes indéchiffrés et que ses compositions semblent continuer la tradition des codex amérindiens —, livre au public, à partir du 11 septembre 2008 et jusqu’au 11 octobre, à la Galerie TALMART, 12 huiles sur toile de format uniforme, relativement grand (146 x 90 cm), inspirées par le Llanto por Ignacio Sanchez Mejias (Complainte pour Ignacio Sanchez Mejias) de Federico Garcia Lorca, dont le cri inaugural, répété en litanie pendant tout le premier chant, s’imprime à tout jamais dans les mémoires :

A las cinco de la tarde. Eran la cinco en punto de la tarde. […] ¡Ay qué terribles cinco de la tarde! ¡Eran las cinco en todos los relojes! ¡Eran las cinco en sombra de la tarde! Cinq heures du soir. Il était tout juste cinq heures du soir. […] Ah ! Terribles cinq heures du soir ! Il était cinq heures à toutes les horloges ! Il était cinq heures dans l’ombre du soir !

Fils d’un éleveur de taureaux de la région de Vera Cruz (côte est du Mexique) et frère de toreros, El Cuervo Luis Felipe Gonzalez a conçu cet ensemble de tableaux comme une cérémonie à laquelle il invite les spectateurs à participer, un périmètre sacré qui délimite les quatre temps d’un sacrifice rituel — celui du matador par le taureau. Quatre temps associés aux quatre éléments constitutifs de l’univers : la Terre qui établit (de la Présentation de la chaux à celle des plaies), Le Feu, associé au sang dont le monde est aspergé (du Sang répandu sur le sable au Chant du sang sur les cornes), l’Eau qui purifie et qui emporte la victime (de l’Entrée des pluies grises au Corps emporté par le fleuve) et enfin l’Air, qui signe jusqu’à la disparition de l’âme (de la Destruction par le satin noir à La triste brise parmi les oliviers) mais qui porte, malgré la tristesse du poète, une promesse d’immortalité.

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I

LA COGIDA Y LA MUERTE

LA PRISE ET LA MORT

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Tableau 1

Presentación de la cal (Présentation de la chaux)

A las cinco de la tarde Eran las cinco en punto de la tarde. Un niño trajo la blanca sábana a las cinco de la tarde. Una espuerta de cal ya prevenida a las cinco de la tarde. Lo demás era muerte y sólo muerte

Cinq heures du soir. Il était juste cinq heures du soir. Un enfant porta le drap blanc à cinq heures du soir. Un couffin de chaux déjà tout prêt à cinq heures du soir. Le reste était mort rien que mort

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Tableau 2

Presentación de las campanas y el humo (Présentation des cloches et de la fumée)

a las cinco de la tarde. Comenzaron los sones de bordón a las cinco de la tarde. Las campanas de arsénico y el humo a las cinco de la tarde. En las esquinas grupos de silencio a las cinco de la tarde.

à cinq heures du soir. Le bourdon commença à sonner à cinq heures du soir. Les cloches d’arsenic et la fumée à cinq heures du soir. Au coin des rues groupes de silence à cinq heures du soir.

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Tableau 3

Presentación de las heridas (Présentation des plaies)

Trompa de lirio por las verdes ingles a las cinco de la tarde. Las heridas quemaban como soles a las cinco de la tarde, y el gentío rompía las ventanas a las cinco de la tarde. A las cinco de la tarde. ¡Ay, qué terribles cinco de la tarde! ¡Eran las cinco en todos los relojes! ¡Eran las cinco en sombra de la tarde!

Trompe d’iris dans l’aine verte à cinq heures du soir. Les plaies brûlaient comme soleils à cinq heures du soir, et la foule brisait les fenêtres à cinq heures du soir. À cinq heures du soir. Ah ! Terribles cinq heures du soir ! Il était cinq heures à toutes les horloges ! Il était cinq heures dans l’ombre du soir !

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II

LA SANGRE DERRAMADA

LE SANG RÉPANDU

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Tableau 4

La sangre derramada en la arena (Le sang répandu sur le sable)

¡Que no quiero verla! Dile a la luna que venga, que no quiero ver la sangre de Ignacio sobre la arena. ¡Que no quiero verla!

Je ne veux pas le voir !

Dis à la lune qu’elle vienne je ne veux pas voir le sang d’Ignacio sur le sable. Je ne veux pas le voir !

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Tableau 5

La sangre derramada sobre la muchedumbre (Le sang répandu sur la foule)

¡No me digáis que la vea! No quiero sentir el chorro cada vez con menos fuerza; ese chorro que ilumina los tendidos y se vuelca sobre la pana y el cuero de muchedumbre sedienta. ¡Quién me grita que me asome! ¡No me digáis que la vea!

Ne me dites pas de le regarder ! Je ne veux pas sentir le jet peu à peu s’affaiblir ce jet qui illumine de sang les gradins et se déverse sur le velours et sur le cuir d’une foule assoiffée. Qui me crie d’approcher ? Ne me dites pas de regarder !

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Tableau 6

Canto de la sangre sobre los cuernos (Chant du sang sur les cornes)

Y su sangre ya viene cantando: cantando por marismas y praderas, resbalando por cuernos ateridos, vacilando sin alma por la niebla, tropezando con miles de pezuñas como una larga, oscura, triste lengua para formar un charco de agonía junto al Guadalquivir de las estrellas. ¡Oh blanco muro de España! ¡Oh negro toro de pena! ¡Oh sangre dura de Ignacio! ¡Oh ruiseñor de sus venas! No. ¡Que no quiero verla!

Et déjà son sang court en chantant : en chantant par les marais et les prairies, glissant sur des cornes transies titubant sans âme dans la brume, se cognant à mille sabots comme une longue, obscure, triste langue, qui vient finir en une mare d’agonie près du Guadalquivir aux étoiles. O mur blanc de l’Espagne ! O taureau noir des douleurs ! O sang dur d’Ignacio ! O rossignol de ses veines Non. Je ne veux pas le voir

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III

CUERPO PRESENTE

CORPS PRÉSENT

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Tableau 7

Las lluvias grises (Entrée des pluies grises)

Yo he visto lluvias grises correr hacia las olas, levantando sus tiernos brazos acribillados, para no ser cazadas por la piedra tendida que desata sus miembros sin empapar la sangre.

J’ai vu des pluies grises s’élancer vers les vagues levant haut leurs tendres bras creusés, pour n’être pas chassées par la pierre étendue qui disperse leurs membres sans éponger leur sang.

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Tableau 8

La boca llena de pedernales (La bouche emplie de silex)

Yo quiero ver aquí los hombres de voz dura. Los que doman caballos y dominan los ríos: los hombres que les suena el esqueleto y cantan con una boca llena de sol y pedernales.

Je veux voir ici les hommes à la voix dure. Ceux qui domptent les chevaux et dominent les fleuves : les hommes dont résonne le squelette et qui chantent la bouche pleine de soleil et de silex.

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Tableau 9

El cuerpo llenado por el rio (Le corps emporté par le fleuve)

Yo quiero que me enseñen un llanto como un río que tenga dulces nieblas y profundas orillas, para llevar el cuerpo de Ignacio y que se pierda sin escuchar el doble resuello de los toros.

Je veux qu’ils m’apprennent une complainte comme un fleuve avec des brumes douces et des rives profondes pour emporter le corps d’Ignacio et qu’il se perde sans entendre le souffle redoublé des taureaux.

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IV

ALMA AUSENTE

ÂME ABSENTE

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Tableau 10

Destrucción por el raso negro (Destruction par le satin noir)

No te conoce el lomo de la piedra, ni el rasgo negro donde te destrozas. No te conoce tu recuerdo mudo porque te has muerto para siempre.

Le dos de la pierre ne te connaît pas ni le satin noir où tu te déchires. Ton souvenir muet ne te connaît pas parce que tu es mort pour toujours.

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Tableau 11

Un montón de perros apagados (Le charnier des chiens éteints)

Porque, tú has muerto para siempre como todos los muertos de la Tierra, como todos los muertos que se olvidan en un montón de perros apagados.

Parce que tu es mort pour toujours, comme tous les morts de la Terre comme tous les morts qu’on oublie en un monceau de chiens éteints.

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Tableau 12

La brisa triste por los olivos (La brise triste parmi les oliviers)

Tardará mucho tiempo en nacer, si es que nace, un andaluz tan claro, tan rico de aventura. Yo canto su elegancia con palabras que gimen y recuerdo una brisa triste por los olivos.

Il tardera longtemps à naître, s’il naît, un Andalou aussi clair aussi riche d’aventures. Je chante sa noblesse avec des mots qui pleurent et me revient une triste brise parmi les oliviers.

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L’ART DE LUIZ FELIPE GONZALEZ, dit EL CUERVO

par Christine Frérot

Luis Felipe Gonzalez est un artiste mexicain atypique. Si son approche picturale est visuellement discrète, elle propose néanmoins un discours sous forme de trame dont l’écriture néo-primitive est associée à une subtile approche de la matière. Ce peintre d’abord intéressé par l’architecture, n’a cessé de construire. Son espace, dans lequel le signe se substitue à l’image, est ponctué de figures iconiques, plutôt abstraites et géométriques, le plus souvent inspirées de l’histoire universelle des symboles. En utilisant cette « image-écriture » fragmentée et éparse, il ne nous propose pas un quelconque message, ne nous oblige pas à d’obscurs déchiffrages. Il nous suffit de pénétrer dans l’univers sans limites de la toile, s’y perdre avec tous ses sens et oublier le temps.

Avec les peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira, ce sont les images qui, avant les mots, allaient nous informer sur l’existence des premiers hommes, une partie de leur histoire et de leur savoir. Plus loin en Orient, quelques millions d’années plus tard, l’écriture cunéiforme faisait son apparition et nous léguait des tablettes d’argile couvertes de signes abstraits, assez géométriques, que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de « gestuels ». L’écriture va naître progressivement et suivre une évolution en tant que signe visuel abstrait ou ornemental, sans délaisser l’image dont elle sera inséparable au fil des siècles dans de nombreuses cultures. Nous savons que depuis la Conquête, l’histoire de l’art de l’Amérique latine est liée à celle des arts en Europe et qu’au XXème siècle, la création américaine s’y rattache à bien des égards, en conservant ses particularités et ses différences. Il est intéressant de noter que la dissociation entre l’image et l’écriture est le fait de la culture occidentale alors que le pictogramme méso-américain se rapproche plutôt de la calligraphie extrême-orientale dans la mesure où forme et fond se dissolvent en un seul signe. A partir du 3e siècle (ap. J.C.), les Mayas inventent une écriture très élaborée, constituée d’un système de signes plutôt abstraits, encore hermétiques pour certains, qui va se développer pendant plusieurs siècles sur les stèles et les frontons des temples. Liée au pouvoir religieux et à l’emprise du divin sur le quotidien, elle est déterminée par une symbolique cosmogonique sophistiquée, formellement et conceptuellement, où le signe et le symbole fusionnent pour répondre à une philosophie de l’existence.

En puisant abondamment dans ce riche gisement d’images, de signes et de symboles que leur offre leur passé culturel, plusieurs peintres du XXème siècle dont le Chilien Roberto Matta, le Péruvien Fernando de Szyszlo ou l’Uruguayen Torres Garcia ont poursuivi l’ouverture de Klee et cherché à élaborer un nouveau corpus visuel pour construire une identité proprement américaine. L’invention d’une écriture plastique originale impliquait pour eux d’incorporer aux conventions formelles de la modernité (cubisme, abstraction, surréalisme) des éléments graphiques, iconographiques ou architecturaux pré-colombiens ou primitifs.

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Cette philosophie de l’existence, qui doit aussi servir sa conception de la peinture, Luis Felipe Gonzalez la reprend en partie à son compte en lui agrégeant l’expérience d’un vécu dans une nature vierge. C’est à partir de la fréquentation du désert mexicain et notamment celui de Real de Quatorce près de Zacatecas qu’il va élaborer une pensée visuelle que la nudité du paysage, la fantasmagorie des ruines et la relation presque brutale à une nature dépouillée vont lui inspirer. Il va s’efforcer de laisser affleurer le seul esprit de la matière dans le processus de dépuration qu’il applique aux textures et aux couches de peinture, et ne retenir que leur « substantifique moelle ». Dans cet univers qui est aussi celui des murs travaillés par le temps et les intempéries, lavés autant que meurtris, Luis Felipe Gonzalez incise, griffe, laisse couler, impose d’autres outrages à la matière vulnérable. Il en résulte des gammes d’ocres, de jaunes, de marrons et de gris, des couleurs sourdes qui révèlent pourtant l’amour de la couleur en évoquant peut-être aussi celles d’une peau, riche de mémoires, de passages et de blessures où l’artiste raconte et fige le temps qui passe. Le signe trouve sa place dans cet univers comme une ponctuation à la fois spatiale et musicale. Il agit en contrepoint de la matière, la libère, l’allège en créant des transparences lumineuses et des gradations qui la font exister avec plus de présence. Les « murs » de Luis Felipe Gonzalez sont ceux de l’évasion vers un imaginaire sensoriel où les signes-clefs ou codes qui n’en sont pas, doivent nous ouvrir les portes d’un moment poétique. Le célèbre UT PICTURA POESIS du poète latin Horace attribuait déjà à la poésie et à la peinture un rôle interchangeable : la poésie « était conçue comme une manière parlante de peinture et la peinture comme une manière muette de poésie ».

— En 2008, Luis Felipe Gonzalez, qui a repris pour l’occasion son surnom familial d’El Cuervo (que lui avaient valu son profil d’adolescent et la tonalité bleu noir de ses cheveux), approfondit les qualités poétiques et rupestres de son art en passant d’Altamira à Guisando et du sable gris de Real de Quatorce à l’or rougi d’une arène de Manzanares. Que pouvait devenir le sanglot de Garcia Lorca pleurant son ami perdu — le torero Ignacio Sanchez Mejias — jeté dans le tamis méditatif du chercheur de signes ? Le « mur » éclaboussé du sang du héros en absorbe l’éclat, le pathétique, la tristesse déchirante, pour construire en douze tableaux d’une cohérence exemplaire les douze stations d’un sacrifice où le guerrier jaguar rencontre dans le sanctuaire carré « la vache du Vieux Monde » rassasiée de victimes trop nombreuses pour être nommées et tirant de cet anonymat, de cet oubli, un espèce de douceur. De Desierto (première exposition de Luis Felipe Gonzalez à Paris en 2007) au Llanto, les moyens n’ont pas changé, l’économie est la même, et la douleur chante sur les cornes le chant des pistes avec une tonalité d’autant plus juste que le peintre, tout au long de l’hiver et du printemps de cette année où il était occupé à construire ses toiles, à régler l’ordre de sa cérémonie, endurait la perte de sa mère. El Cuervo célébrant Lorca, c’est le visage mûri de Luis Felipe Gonzalez, c’est aussi l’expression magistralement développée d’un même « langage-image », paisible et immémorial, que nous n’avons pas besoin de déchiffrer pour en tirer le sens — et la sagesse. —

Paris, nov. 2007 – août 2008

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BIOGRAPHIE

LUIS FELIPE GONZÁLEZ dit

EL CUERVO Luis Felipe González est né le 16 mars 1964 à Mexico, ville où il demeure. En 1991, il est entré à l’Escuela Nacional del Pintura, Escultura y Grabado “La Esmeralda” (Ecole Nationale de Peinture, Sculpture et Gravure « La Esmeralda »). Il a terminé ses études de peinture en 1996. Un an avant d’obtenir son diplôme, il s’était déjà consacré, à plein temps, à la peinture, dans plusieurs expositions individuelles et collectives. Jusqu’à présent, il a plus de 50 expositions collectives et six individuelles à son actif. Parmi les plus importantes, on compte « Apunte al Natural », à la Casa de la Primera Imprenta (1995), « Desde 1964 », à la Galerie José María Velasco (1995), « Deconstrucción » à El Atrio (2004), Desierto (2007). Parmi les expositions collectives les plus importantes, on trouve celles du Musée d’art moderne de Mexico, en 1999 ; en 2000, au Musée d’art contemporain Alfredo Zalce, à Morelia, dans l’Etat de Michoacán ; en 2003, au Musée Mural Diego Rivera, à Mexico ; en 2005, au Musée de la ville de Mexico, entre autres. Il a participé à plusieurs concours de peinture. Il a notamment obtenu une mention honorifique au Concours national de peinture INDART ; il a gagné le « Prix d’Acquisition » au Second concours national de peinture INDART ; il a été sélectionné à la deuxième et troisième biennale Alfredo Zalce. Il a bénéficié d’une bourse au « Vermont Studio Center », à Vermont, aux Etats-Unis, en 1997. Il a été sélectionné pour participer à « la Semaine Culturelle du Mexique à Paris », en 1998. A ce jour, ses oeuvres ont été montrées dans un grand nombre de pays, parmi les quels l’Allemagne, l’Espagne, les Etats-Unis, la France, la Finlande, l’Arabie Saoudite, le Canada, le Costa Rica et le Venezuela.

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EXPOSITIONS INDIVIDUELLES

� DESIERTO mars-avril 2007 Galerie Talmart, Paris Peinture

� IN ALBIS décembre 2005 Casa Tomada. Mexico D.F. Peinture

� DECONSTRUCCION septembre 2004 El Atrio, Galerie. Mexico, D.F. Peinture

� SIN TITULO février 2000 El Diluvio, Restaurant. Mexico D.F. Peinture

� Artificios février 1997 Casa de la Cultura Jesús Reyes Heroles. Mexico D.F. Peinture

� Desde 1964 juin 1995 Galerie José María Velazco. Mexico D.F. Peinture

� Apunte del natural janvier 1995 Casa de la Primera Imprenta. Mexico D.F. Peinture

EXPOSITIONS COLLECTIVES plus de 50 expositions collectives, parmi lesquelles:

� CULTURA OTREDAD Y NATURALEZA. GRUPO ESMERALDA septembre 2006 PEMEX (Pétroleos Mexicanos). Mexico D.F. Peinture

� UBERRIMA. CIUDADES INTIMAS.

juin 2005 Museo de la Ciudad de México. Mexico D.F. Peinture

� Pintura novembre 2004 Galerie Balance. Mexico D.F. Peinture

� Fragmentación mural mai 2003 Museo Mural Diego Rivera. Mexico D.F.

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Peinture

� Cuatro lenguajes abstractos mars 2003 Poliforum Siqueiros. Mexico D.F. Peinture

� Troisième bienale Alfredo Zalce octobre 2001 Museo de Arte Contemporáneo Alfredo Zalce. Morelia, Michoacán, Mexique Peinture

� Historia alterna avril 2000 Museo de Arte Contemporáneo Alfredo Zalce. Morelia, Michoacán, Mexique Peinture

� Deuxième bienale Alfredo Zalce octobre 1999 Museo de Arte Contemporáneo Alfredo Zalce. Morelia, Michoacán, Mexique Peinture

� Concours National de dessin L’Oreal novembre 1999 Fundación Cultural L’Oréal. Mexico D.F. Dessin

� Grand prix Omnilife 1999-2000 octobre 1999 Guadalajara, Jalisco, Mexique Peinture

� 2è concours national de peinture Johnnie Walker avril 1999 Museo de Arte Moderno. Mexico D.F. Peinture

� “Ventanas al arte” Concours national de peinture Domit février 1999 Fundación Cultural Domit. Mexico D.F. Peinture

� Semaine Culturelle du Mexique à Paris octobre 1998 Espace Lautrec. Paris, France Peinture

� 5è Concours d’installation et ambientation pour site spécique avril 1998 Ex-Teresa, Arte Alternativo. Mexico D.F. Installation

� 45 Anniversaire de la galerie José María Velazco novembre 1996 Galerie José María Velazco. Mexico D.F. Peinture

RECONNAISSANCES

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� Boursier de la Fondation de Recherches Sociales A.C. juillet 1998

� Boursier du “Vermont Studio Center”, Johnson, Vermont, EUA. mars-avril 1997

� Prix d’acquisition à l’œuvre “Hotel Garage” Deuxième Concours National de Peinture sur Toile INDART S.A.

� Mention honorifique à l’œuvre “Sin título”

Premier Concours National de Peinture sur Toile INDART S.A