littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf ·...

16
cyberpresse .ca Le dimanche 23 mars 2008 Littérature et blogues: le mariage difficile Nicolas Ritoux La Presse Collaboration spéciale Des auteurs publiés qui blaguent, des blagueurs qui se font publier, des blagues tournés en livres, des livres tournés en blagues ... Impensables il y a encore quelques années, ces chassés-croisés entre le papier et l'écran se multiplient dans le monde de la littérature. Comment les outils du «web social» peuvent-ils bénéficier à la littérature? Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs à privilégier le style court, éphémère et spontané - jusqu'à bouder parfois la grammaire et la syntaxe. On pourrait croire qu'un tel univers n'est pas le lieu d'éclosion idéal pour une oeuvre littéraire. Pourtant, on commence à voir des auteurs sortir du chaos de la blogosphère pour rejoindre le monde régenté de l'édition. »>À lire Auteurs et blogueurs: entre le plaisir et la torture L'an dernier, la maison Septentrion a publié trois blogues dans sa nouvelle collection Hamac-Carnets (hamac.qc.ca), reprenant fidèlement leurs entrées d'origine, et parfois même les commentaires de leurs lecteurs. Il s'agit des Chroniques d'une mère indigne de Caroline Allard, d'Un taxi la nuit de Pierre- Léon Lalonde, et de Lucie le chien par Sophie Bienvenu. D'autres blogueurs débarquent dans l'édition avec des textes originaux. C'est le cas de Prison de poupée, premier ouvrage du très iconoclaste blogueur Édouard H. Bond (sixcentsoixantesix.wordpress.com) - le H est pour «Hardcore». Certains vont dans le sens inverse: des auteurs déjà publiés s'ouvrent un blogue pour étendre leurs horizons de diffusion, interagir spontanément avec les lecteurs, et bien sûr faire leur promotion. Parmi les plus actifs, on compte Stéphane Dompierre et Véronique Marcotte, publiés chez Québec Amérique (voir autre texte), ou encore Patrick Brisebois (Éd. L'effet pourpre) et Stanley Péan (Éd. La courte échelle, blogue: stanleypean.com). Christian Mistral a même fait l'aller-retour: après avoir ouvert son blogue, il s'est «basé» dessus, dit-il, pour écrire Vacuum (Boréal, 2006). Son blogue s'appelle maintenant Vacuum 2 (vacuum2scrapbook.blogspot.com). http://www. cyberpresse.ca/apps/ pbcs.d 11/ article?AID= /200803 2 3 /CPARTS02 / 803 2 30624/1050 /CPARTS02&template= printart&print= 1 08-03-2412:55 Page 1 sur 3

Upload: others

Post on 22-Jul-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs

cyberpresse .ca

Le dimanche 23 mars 2008

Littérature et blogues: le mariage difficile Nicolas Ritoux La Presse Collaboration spéciale

Des auteurs publiés qui blaguent, des blagueurs qui se font publier, des blagues tournés en livres, des livres tournés en blagues ... Impensables il y a encore quelques années, ces chassés-croisés entre le papier et l'écran se multiplient dans le monde de la littérature. Comment les outils du «web social» peuvent-ils bénéficier à la littérature?

Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs à privilégier le style court, éphémère et spontané - jusqu'à bouder parfois la grammaire et la syntaxe. On pourrait croire qu'un tel univers n'est pas le lieu d'éclosion idéal pour une oeuvre littéraire.

Pourtant, on commence à voir des auteurs sortir du chaos de la blogosphère pour rejoindre le monde régenté de l'édition.

»>À lire Auteurs et blogueurs: entre le plaisir et la torture

L'an dernier, la maison Septentrion a publié trois blogues dans sa nouvelle collection Hamac-Carnets (hamac.qc.ca), reprenant fidèlement leurs entrées d'origine, et parfois même les commentaires de leurs lecteurs. Il s'agit des Chroniques d'une mère indigne de Caroline Allard, d'Un taxi la nuit de Pierre­Léon Lalonde, et de Lucie le chien par Sophie Bienvenu.

D'autres blogueurs débarquent dans l'édition avec des textes originaux. C'est le cas de Prison de poupée, premier ouvrage du très iconoclaste blogueur Édouard H. Bond (sixcentsoixantesix.wordpress.com) - le H est pour «Hardcore».

Certains vont dans le sens inverse: des auteurs déjà publiés s'ouvrent un blogue pour étendre leurs horizons de diffusion, interagir spontanément avec les lecteurs, et bien sûr faire leur promotion. Parmi les plus actifs, on compte Stéphane Dompierre et Véronique Marcotte, publiés chez Québec Amérique (voir autre texte), ou encore Patrick Brisebois (Éd. L'effet pourpre) et Stanley Péan (Éd. La courte échelle, blogue: stanleypean.com).

Christian Mistral a même fait l'aller-retour: après avoir ouvert son blogue, il s'est «basé» dessus, dit-il, pour écrire Vacuum (Boréal, 2006). Son blogue s'appelle maintenant Vacuum 2 (vacuum2scrapbook.blogspot.com).

http://www.cyberpresse.ca/apps/ pbcs.d 11/ article?AID= /200803 2 3 /CPARTS02 / 803 2 30624/1050 /CPARTS02&template= printart&print= 1

08-03-2412:55

Page 1 sur 3

Page 2: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Alain
Rectangle
Page 3: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 4: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 5: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 6: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Alain
Rectangle
Page 7: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Alain
Rectangle
Page 8: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 9: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 10: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 11: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 12: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 13: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 14: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs
Page 15: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs

Cyberpresse Q •

Qu'ils en viennent ou y aillent, l'agitation du web ne semble pas empêcher ces auteurs d'y construire un sanctuaire de création. À l'inverse des puristes de la plume, qui rechignent encore à troquer le crayon pour le clavier, ces auteurs branchés voient plutôt dans les outils sociaux du web un moteur d'inspiration.

Créer son lectorat

«Je me suis toujours servi de mes blogues pour publier mes nouvelles. Ça me force à l'exercice d'écrire au quotidien, même si ça prend du temps sur d'autres projets», confie Édouard H. Bond, qui a créé son propre fan-club et annoncé le lancement de son livre sur Facebook. «C'est aussi intéressant pour l'interaction avec les lecteurs; auparavant, quand tu voulais écrire à Christian Mistral, il fallait passer par Boréal. Maintenant il n'y a qu'à lui écrire sur son blogue.»

Il ne faut pas oublier l'aspect promotionnel du blogue, surtout si l'on cherche à être repéré par un premier éditeur. Édouard Bond avait ainsi constitué un lectorat avant d'être publié. «J'avais une centaine de lecteurs habitués qui avaient hâte de voir mon livre publié. C'est aussi grâce à mon blogue que Stéphane Dompierre et Patrick Brisebois m'ont recommandé à mon éditeur», raconte-t- il.

«Les blogues sont un outil promotionnel et social incroyable», renchérit l'éditeur en question, Michel Vézina, qui vient de créer sa maison d'édition Coups de tête, spécialisée dans le format court. «ça permet de mettre vraiment les auteurs de l'avant, surtout auprès des lecteurs plus jeunes.»

Éditeurs branchés ... ou pas

Malheureusement, tous les éditeurs ne sont pas aussi exaltés par les outils sociaux du web. Chez Boréal, aucun projet n'est prévu dans cette direction. «Chaque auteur peut décider de faire un blogue de son côté», dit Mme Paquette, porte-parole de Boréal. «On a une lettre de diffusion électronique, mais c'est tout. Il faut dire que certains de nos auteurs n'ont même pas d'ordinateur chez eux, comme Gilles Archambault ou Robert Lalonde.»

Même chose chez XYZ: à part un projet de forum de discussion autour de sa publication Lettres Québécoises, l'éditeur ne prévoit «aucun projet qui permettrait aux auteurs de dialoguer avec les lecteurs», selon son porte­parole, qui s'avouait incapable de nommer un auteur-blogueur dans son catalogue.

La porte-parole de Québec Amérique avoue que sa direction n'a «aucune opinion à ce sujet pour le moment». Quant à Fidès, son porte-parole n'a pas répondu à nos messages.

En fait, dans nos recherches, nous n'avons trouvé que deux éditeurs québécois qui affichent dès la page d'entrée un lien vers les blogues de leurs auteurs,

http://www.cyberpresse.ca/apps/ pbcs.d 11/ article?AID= / 2 00803 23 /CPARTS02/ 803 230624 / lOS OjCPARTS02&tem plate= printart&print= 1

08-03-2412:55

Page 2 sur 3

Alain
Texte surligné
Page 16: Littérature et blogues: le mariage difficiletetepremiere.com/wp-content/uploads/2017/05/61.pdf · Par nature, les blogues et autres outils «sociaux» du web poussent leurs utilisateurs

Cxberpresse

soit Septentrion (sans doute la maison la plus «branchée» sur les nouvelles technologies), et La courte échelle, dont la section «blogues» renvoie pour l'instant à une page ... en construction.

«Un gros retard à rattraper»

«II y a de plus en plus d'auteurs qui bloguent, mais à part des exceptions comme Septentrion, les éditeurs ont tous un gros retard à rattraper en matière d'Internet. Pourtant, les nouveaux lieux de diffusion de la critique littéraire se trouvent sur le web. Je connais des jeunes de 22, 23 ans dont les sites peuvent aider quelqu'un comme Stéphane Dompierre à vendre 30 000 exemplaires», dit Christian Mistral, qui avoue ne pas savoir si, en ce qui le concerne, son blogue a aidé ses ventes.

Chez Septentrion, outre les trois livres-blogues de la collection Hamac-Carnets mentionnés ci -haut, on offre aux auteurs de la maison un espace prêt à l'emploi pour créer leur blogue sans peine.

«On offre un espace à nos auteurs, et ils ont toute la liberté qu'ils veulent pour le remplir», indique le porte-parole Éric Simard. Lui-même fait partie des huit auteurs qui bloguent sur le site Septentrion.qc.ca; seuls quatre sont vraiment actifs, dont Gaston Deschênes, Sophie Imbeault et Ginette Lachance. «Certains ont décidé que finalement, ce n'était pas pour eux, mais ils ont au moins essayé», dit Éric Simard.

«Personnellement, ça me donne un espace de liberté que j'aime beaucoup. Il faut savoir ne pas dire n'importe quoi; on n'a pas le délai d'impression ni les révisions qui nous permettraient de mieux tourner nos phrases. Mais c'est un excellent lieu de partage.» .

http://www.cyberpresse.ca/apps/ pbcs .d Il /article?AID= /200803 2 3 /CPARTS02 / 803 2 30624 /1050 /CPARTS02&tem plate=printart&print= 1

08-03-2412:55

Page 3 sur 3