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e bimensuel ro , e aire parti communiste international (programme communiste) L'intervention crimineUe de l'impérialisme français au Shaba es exi~ences Quatrième intervention militaire de la France en Afri- que en un an, l'agression au Shaba est une opération impérialiste de grand style, symbolique à plus d'un titre, une opération menée à grand renfort de propagande orchestrée par une presse aux ordres, déversant sur la population ébahie et paralysée par la rapidité et l'organisation de la manœuvre des monceaux de men- songes éhontés et de Justifications toutes plus hypocri- contre l'irnoéria isrne Une opération menée dans la plus pure tradition coloniale, excitant le milita- risme mercenaire et ravivant le souvenir des guerres d'Algérie, d'Indochine et même ... du Mexique! Une campagne s'ac- compagnant de façon toute naturelle . d'une pression politique et policière plus forte sur la moindre opposition même la plus sentimentale à l'impérialisme, mais aussi de la recrudescence de l'acti- vité des groupes paralégaux ainsi que des attentats racistes et xénophobes. Mais une opération se couvrant en même temps du manteau d'un consensus africain trop facilement acheté à un « sommet franco-africain» qui était pour ça et rassemblant les falotes ma- rionnettes des restes d'un empire colo- tement humanitaires les unes que les autres, exaltant, au nom de la défense de la personne humaine et de la civilisation, les sentiments les plus bestiaux du chau- vinisme impérialiste et de la supériorité raciale. Une opération embouchant les trompettes de la fausse croi- sade antltotalitaire et de la défense de l'Occident « libre» ainsi que de l'écœurante « défense des faibles ", le tout pour masquer le crime impérialiste pur et simple. nial souffrant sous la botte meurtrière de la France hyperdémocratique. Une opération se doublant également fort à propos d'une de ces offensives pour le désarmement, archi-habituelles dans les instances internationales, puisque tous les Etats du monde ont une tribune pour mentir en même temps à tous les peu- ples et à leurs exploités, offensive venant aussi tout à fait bien pour donner de nobles justifications à la création d'une « force africaine» entièrement à la botte de l'impérialisme tricolore. De façon significative, cette agression de l'Afrique ligotée va de pair avec une autre agression, l'offensive patronale et gouvernementale menée, comme dans tous les pays, au nom du patriotisme DANS CE NUMERO: :La guerre du Zaïre ne -fait que c0m- mencer Ou i'nvaria-nce de la théorie ou, démo- cratisme propos de cc Combat com- muniste ») 'Pour la défense des chômeu,rs 1 la grève des bus parisiens CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La r.vendlcatlon de 1. ligne qui V. de M.rx il Unln. il 1. Correspondance : Abonnements : 1se ANN-EE - N° 268 fondation de l'International. Communiste et du Parti Communl.te d'italie (Llvoume. 1921); la lutte 20, rue Jean-Bouton 75012 Paris 1 an: 40 F: 8 mols : 20 F LE NUMERO : 2 FF de la Gauche Communl.te contr. 1. dég6n6reac.nce de l'intematlon .... contre 1. th60rle du cc socialisme pli fermé: 60 F et 30 F dans un leul payS .. et la contre-révolution stallnlenn. ; le refus des Fronte populalr.. et d.. blocs de 1. Versements : .. programme communiste .. 20 FB - 1 FS Résl.tance ; la tlch. difflcll. de re.tauratlon de la doctrine et d. l'organisation ré'lolutloooal .... , en Il.lson Chèqu. bancaire ou 1 an, pli ouvert : 40 F 3 au 16 juin 1978 avec 1. ci.... ouvrière, contre la polltlqu. personn.lle .t électorall.t •• C_C.P. 2.202-22 Marseille 1 an, pli fermé: 60 F RÉUNIONS PUBLIQUES commercial sur fond de guerre économi- que internationale. Une agression elle- même doublée et couverte d'une monta- gne de simagrées et de paroles mielleu- ses sur la négociation, prétextes donnés (suite page 2) Malgré quelques explosions, surtout dans des entreprises de petite taille, et Je feu qui couve dans des secteurs comme la RATP, les Postes, les hôpitaux, la classe ouvrière dans son ensemble n'a pas encore secoué l'apathie amère qui a suivi la fin du mirage électoral, aggravée par le chantage au licen- (suite page 3) Le cirque anti-ouvrier. de l'~ ouverture sociale~: La comédie de l' « ouverture sociale » traîne en longueur. Après les entrevues en tous sens, on s'écrit: lettre de Barre, lettre du CNPF, qui parle d'envisager pour la fin de l'année l'éventualité d'une amélioration du pouvoir d'achat pour les bas salaires, et s'empresse de rappeler pour les autres que « le mouvement des salaires effectifs doit suivre et non précéder le mouvement des prix enregistré par l'indice de l'INSEE ». Sur quoi les syndicats se déclarent une fois de plus « déçus", mais la CFDT continue à pavoiser, elle «considère comme un acquis l'ouverture de négociations" (Le Monde du 27 mai 78). Pendant ce temps, les prix sont libérés de tous côtés, sauf pour une marchandise: la force de travail. Là, le blocage est total (les statistiques officielles, dont on connaît le caractère mensonger, viennent de reconnaî- tre pourtant la stagnation du salaire moyen, pour la première fois depuis 9 ans) - quand encore on veut bien acheter la seule richesse des prolétaires et ne pas les laisser sur le pavé. Et alors que les travailleurs auraient tant besoin de resserrer leurs rangs pour défendre leurs intérêts propres, les seules actions que leur indiquent les syndicats sont des journées contre la dénationalisation d"EDF, et des manifestations de « tout le peuple" dans les Vosges, avec curés, évêques et même pasteurs, et, comble de bouffonne- rie, les élus locaux de toutes tendances (et pourquoi pas Barre en tête du cortège, pour parachever 1 unité" ?). A PARIS Vendredi 9 juin, 20 h 30, Salles Lancry, 10, rue de Lancry, 75010 Paris (métro République). A TOULOUSE Lundi 19 juin, 20 h 30, Cité de l'Arsenal, Bât. C. A AMIENS Mercredi 21 juin, 20 h 30, Salles Dewailly A BORDEAUX Vendredi 23 juin, 20 h 30 pre-cl- ses" Salle 50n-tay, rue de Son- tay. Impérialisme français hors d'Afrique et du Liban * Des réunions sont également pré- vues dans la deuxième quinzaine de juin, notamment à Angers et à Strasbourg, mais les dates ne sont pas encore définitives. La guerre du Zaïre ne fait que commencer Grand comme quatre fois la France et peuplé de 22 millions d'habitants, le Zaïre ne regorge pas seulement de matières pre- mières agricoles (café, thé, huiles, bois, caoutchouc) ; il est aussi un des pays les plus riches du monde en ressources minières. C'est le troisième exportateur et le cinquième producteur mondial de cuivre, ce qui lui pro- cure les deux-tiers de ses ressources en devi- ses. Il est aussi le premier producteur de cobalt (85 % de la production mondiale) et détient d'autres ressources importantes: fer, charbon, gaz, manganèse, pétrole, étain, chrome, zinc, uranium, phosphore, bauxite et aussi cassitérite, tentale et niobium - mé- taux peu connus du grand public mais d'un intérêt stratégique énorme - sans parler du fait que l'aménagement hydro-électrique du Congo, le deuxième fleuve du monde, pourrait produire, paraît-il, plus que toute la production française d'électricité. Or, la plupart de ces richesses se trouvent dans le Shaba, sorte de coffre-fort minier, scandale géologique comme on a dit, enclavé dans une zone en éruption sociale. L'indé- pendance de l'Angola a privé le Shaba de la voie de chemin de fer de Benguela. Le cuivre doit passer désormais soit par la Zam- bie, et de aller à Dar-es-Salam, ce qui est très long, soit aller sur Beira au Mozambique, ou plus fréquemment à Durban en Afrique du Sud par la Rhodésie, ce qui expose les transports aux aléas de la lutte arn1ée qui embrase ce pays, soit alors, être acheminé vers le nord du Zaïre par la voie de chemin de fer qui permet de transborder à IIebo le minerai qui devra être acheminé vers l'At- lantique par terre ou par fleuve, ce qui allonge énormément les délais. D'autre part, la chute des cours du cuivre en 1975 a considérablement gêné les finances zaïroises qui avaient début 77 un retard énorme dans le règlement d'une dette exté- rieure s'élevant à près de 29 milliards de dollars, soit l'équivalent du revenu national! Les créanciers, c'est-à-dire les banques et les Etats nord-américain, européens, japonais et arabes et en premier lieu, la finance germano- américaine, sans parler de la Banque Mon- diale et du Fond Monétaire International, font donc projet sur projet pour stabiliser la dette mais réclament à cor et à cri la stabilité du régime de Kinshasa menacée par deux séries de facteurs. D'abord l'agitation sociale accélérée par la chute de l'empire portugais et la déstabili- sation de l'Afrique australe. Pour Les Echos du 16 mai, ({le mécontentement de la popu- lation a quelques chances d'être à l'origine de ces événements, tout autant que les ex- gendarmes katangais et les troupes cubaines complaisamment dénoncés par le gouverne- ment de Kinshasa". La très officielle revue française Afrique contemporaine révèle dans son numéro 96 de mars-avril 1978 que, depuis un an, « l'opposition extérieure et intérieure n'a pas désarmé ». Ainsi «à la mi-janvier, des troubles assez graves se sont produits dans la province de Bandundu autour des villes de Kikwit et de l'Idiofa L..J. La répres- sion aurait été sanglante". Début mars, « on apprenait l'arrestation à Kinshasa pour com- plot, de 67 officiers et de 24 civils accusés de vouloir organiser des opérations de sabo- tage L..J. Le procès des comploteurs s'est ouvert devant un conseil de guerre le 8 mars. Il s'est achevé par 19 condamnations à mort dont 5 par contumace et 15 acquittements. Le ]6 mars, 8 militaires et 5 civils ont été fusil- lés. L'incertitude politique qui règne au Zaïre risque de nuire au succès du plan de redres- sement économique". Naturellement, Mobutu et ses puissants protecteurs et tire-ficelles français et améri- cains hurlent à des « provocations extérieu- res". C'est bien commode! Mais il suffit de rappeler que «depuis la dernière guerre du Shaba (mars 77) le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies a dénombré 220.0000 Zaïrois réfugiés en Angola» (Libéra- tion du 22 mai) pour se rendre compte que le terrain de ces prétendues « provocations» est extrêmement fertile. Cependant, le malheur est qu'il n'existe au- cune organisation véritablement révolution- naire pour canaliser cette révolte dans un sens anti-irnpérialiste authentique et lui don- ner une portée sociale, ni même une orga- nisation capable d'unifier les révoltes à l'échelle de ce vaste pays tiraillé dans tous les sens par de puissantes oppositions géo- graphiques et économiques accentuées encore par la concurrence entre les impérialismes. Dans ces conditions une organisation comme le FLNC (Front de Libération Nationale du Congo), dotée d'un vague programme « démo- cratique" et socialement plus que modérée, n'avançant aucune revendication de nature à soulager véritablement de l'oppression capi- taliste et impérialiste, suffit pour recruter dans le flot énorme des réfugiés et pour capitaliser une partie du mécontentement qu'elle cherche à marchander contre une re- lève politique au Zaïre. L'autre facteur qui fait peur aux puissan- ces en place, c'est la pression de l'impéria- lisme russe, qui a réussi à pénétrer dans la région à la faveur de la révolte antiportu- gaise: la Russie, déjà présente en Angola et au Mozambique, cherche à prendre pied en Rhodésie derrière la guérilla anticoloniale. Il suffit de regarder une carte pour voir qu'une manière pour la Russie d'assurer la consoli- dation de sa pénétration est de lier entre (suite page 2)

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  • ebimensuel

    ro,e •aire

    parti communiste international (programme communiste)

    L'intervention crimineUe de l'impérialisme français au Shaba

    es exi~encesQuatrième intervention militaire de la France en Afri-

    que en un an, l'agression au Shaba est une opérationimpérialiste de grand style, symbolique à plus d'un titre,une opération menée à grand renfort de propagandeorchestrée par une presse aux ordres, déversant surla population ébahie et paralysée par la rapidité etl'organisation de la manœuvre des monceaux de men-songes éhontés et de Justifications toutes plus hypocri-

    contre l'irnoéria isrne

    Une opération menée dans la plus puretradition coloniale, excitant le milita-risme mercenaire et ravivant le souvenirdes guerres d'Algérie, d'Indochine etmême ... du Mexique! Une campagne s'ac-compagnant de façon toute naturelle

    .d'une pression politique et policière plusforte sur la moindre opposition mêmela plus sentimentale à l'impérialisme,mais aussi de la recrudescence de l'acti-vité des groupes paralégaux ainsi quedes attentats racistes et xénophobes.

    Mais une opération se couvrant enmême temps du manteau d'un consensusafricain trop facilement acheté à un« sommet franco-africain» qui était làpour ça et rassemblant les falotes ma-rionnettes des restes d'un empire colo-

    tement humanitaires les unes que les autres, exaltant,au nom de la défense de la personne humaine et dela civilisation, les sentiments les plus bestiaux du chau-vinisme impérialiste et de la supériorité raciale. Uneopération embouchant les trompettes de la fausse croi-sade antltotalitaire et de la défense de l'Occident « libre»ainsi que de l'écœurante « défense des faibles ", le toutpour masquer le crime impérialiste pur et simple.

    nial souffrant sous la botte meurtrièrede la France hyperdémocratique. Uneopération se doublant également fort àpropos d'une de ces offensives pour ledésarmement, archi-habituelles dans lesinstances internationales, puisque tousles Etats du monde ont une tribune pourmentir en même temps à tous les peu-ples et à leurs exploités, offensive venantaussi tout à fait bien pour donner denobles justifications à la création d'une« force africaine» entièrement à la bottede l'impérialisme tricolore.

    De façon significative, cette agressionde l'Afrique ligotée va de pair avec uneautre agression, l'offensive patronale etgouvernementale menée, comme danstous les pays, au nom du patriotisme

    DANS CE NUMERO:• :La guerre du Zaïre ne -fait que c0m-

    mencer• Ou i'nvaria-nce de la théorie ou, démo-

    cratisme (à propos de cc Combat com-muniste »)

    • 'Pour la défense des chômeu,rs1• la grève des bus parisiens

    CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La r.vendlcatlon de 1. ligne qui V. de M.rx il Unln. il 1. Correspondance : Abonnements : 1se ANN-EE - N° 268fondation de l'International. Communiste et du Parti Communl.te d'italie (Llvoume. 1921); la lutte 20, rue Jean-Bouton 75012 Paris 1 an: 40 F: 8 mols : 20 F LE NUMERO : 2 FFde la Gauche Communl.te contr. 1. dég6n6reac.nce de l'intematlon .... contre 1. th60rle du cc socialisme pli fermé: 60 F et 30 Fdans un leul payS .. et la contre-révolution stallnlenn. ; le refus des Fronte populalr.. et d.. blocs de 1. Versements : .. programme communiste .. 20 FB - 1 FSRésl.tance ; la tlch. difflcll. de re.tauratlon de la doctrine et d. l'organisation ré'lolutloooal .... , en Il.lson Chèqu. bancaire ou 1 an, pli ouvert : 40 F

    3 au 16 juin 1978avec 1. ci.... ouvrière, contre la polltlqu. personn.lle .t électorall.t •• C_C.P. 2.202-22 Marseille 1 an, pli fermé: 60 F

    RÉUNIONS PUBLIQUES

    commercial sur fond de guerre économi-que internationale. Une agression elle-même doublée et couverte d'une monta-gne de simagrées et de paroles mielleu-ses sur la négociation, prétextes donnés

    (suite page 2)

    Malgré quelques explosions, surtout dansdes entreprises de petite taille, et Je feuqui couve dans des secteurs comme la RATP,les Postes, les hôpitaux, la classe ouvrièredans son ensemble n'a pas encore secouél'apathie amère qui a suivi la fin du mirageélectoral, aggravée par le chantage au licen-

    (suite page 3)

    Le cirque anti-ouvrier.de

    l'~ ouverture sociale~:La comédie de l' « ouverture sociale » traîne

    en longueur. Après les entrevues en toussens, on s'écrit: lettre de Barre, lettre duCNPF, qui parle d'envisager pour la fin del'année l'éventualité d'une amélioration dupouvoir d'achat pour les bas salaires, ets'empresse de rappeler pour les autres que« le mouvement des salaires effectifs doitsuivre et non précéder le mouvement desprix enregistré par l'indice de l'INSEE ».Sur quoi les syndicats se déclarent une foisde plus « déçus", mais la CFDT continue àpavoiser, elle «considère comme un acquisl'ouverture de négociations" (Le Monde du27 mai 78).

    Pendant ce temps, les prix sont libérés detous côtés, sauf pour une marchandise: laforce de travail. Là, le blocage est total (lesstatistiques officielles, dont on connaît lecaractère mensonger, viennent de reconnaî-tre pourtant la stagnation du salaire moyen,pour la première fois depuis 9 ans) - quandencore on veut bien acheter la seule richessedes prolétaires et ne pas les laisser sur lepavé. Et alors que les travailleurs auraienttant besoin de resserrer leurs rangs pourdéfendre leurs intérêts propres, les seulesactions que leur indiquent les syndicats sontdes journées contre la dénationalisationd"EDF, et des manifestations de « tout lepeuple" dans les Vosges, avec curés, évêqueset même pasteurs, et, comble de bouffonne-rie, les élus locaux de toutes tendances (etpourquoi pas Barre en tête du cortège, pourparachever 1 '« unité" ?).

    • A PARISVendredi 9 juin, 20 h 30, SallesLancry, 10, rue de Lancry, 75010Paris (métro République).

    • A TOULOUSELundi 19 juin, 20 h 30, Cité del'Arsenal, Bât. C.

    • A AMIENSMercredi 21 juin, 20 h 30, SallesDewailly

    • A BORDEAUXVendredi 23 juin, 20 h 30 pre-cl-ses" Salle 50n-tay, rue de Son-tay.

    Impérialisme françaishors d'Afriqueet du Liban

    *Des réunions sont également pré-vues dans la deuxième quinzainede juin, notamment à Angers età Strasbourg, mais les dates nesont pas encore définitives.

    La guerre du Zaïre ne fait que commencerGrand comme quatre fois la France et

    peuplé de 22 millions d'habitants, le Zaïrene regorge pas seulement de matières pre-mières agricoles (café, thé, huiles, bois,caoutchouc) ; il est aussi un des pays les plusriches du monde en ressources minières.C'est le troisième exportateur et le cinquièmeproducteur mondial de cuivre, ce qui lui pro-cure les deux-tiers de ses ressources en devi-ses. Il est aussi le premier producteur decobalt (85 % de la production mondiale) etdétient d'autres ressources importantes: fer,charbon, gaz, manganèse, pétrole, étain,chrome, zinc, uranium, phosphore, bauxiteet aussi cassitérite, tentale et niobium - mé-taux peu connus du grand public mais d'unintérêt stratégique énorme - sans parlerdu fait que l'aménagement hydro-électriquedu Congo, le deuxième fleuve du monde,pourrait produire, paraît-il, plus que toutela production française d'électricité.

    Or, la plupart de ces richesses se trouventdans le Shaba, sorte de coffre-fort minier,scandale géologique comme on a dit, enclavédans une zone en éruption sociale. L'indé-pendance de l'Angola a privé le Shaba de lavoie de chemin de fer de Benguela. Lecuivre doit passer désormais soit par la Zam-bie, et de là aller à Dar-es-Salam, ce qui esttrès long, soit aller sur Beira au Mozambique,ou plus fréquemment à Durban en Afriquedu Sud par la Rhodésie, ce qui expose lestransports aux aléas de la lutte arn1ée quiembrase ce pays, soit alors, être acheminévers le nord du Zaïre par la voie de cheminde fer qui permet de transborder à IIebo leminerai qui devra être acheminé vers l'At-lantique par terre ou par fleuve, ce quiallonge énormément les délais.

    D'autre part, la chute des cours du cuivreen 1975 a considérablement gêné les financeszaïroises qui avaient début 77 un retard

    énorme dans le règlement d'une dette exté-rieure s'élevant à près de 29 milliards dedollars, soit l'équivalent du revenu national!Les créanciers, c'est-à-dire les banques et lesEtats nord-américain, européens, japonais etarabes et en premier lieu, la finance germano-américaine, sans parler de la Banque Mon-diale et du Fond Monétaire International,font donc projet sur projet pour stabiliserla dette mais réclament à cor et à cri lastabilité du régime de Kinshasa menacée pardeux séries de facteurs.

    D'abord l'agitation sociale accélérée par lachute de l'empire portugais et la déstabili-sation de l'Afrique australe. Pour Les Echosdu 16 mai, ({le mécontentement de la popu-lation a quelques chances d'être à l'originede ces événements, tout autant que les ex-gendarmes katangais et les troupes cubainescomplaisamment dénoncés par le gouverne-ment de Kinshasa". La très officielle revuefrançaise Afrique contemporaine révèle dansson numéro 96 de mars-avril 1978 que, depuisun an, « l'opposition extérieure et intérieuren'a pas désarmé ». Ainsi «à la mi-janvier,des troubles assez graves se sont produitsdans la province de Bandundu autour desvilles de Kikwit et de l'Idiofa L..J. La répres-sion aurait été sanglante". Début mars, « onapprenait l'arrestation à Kinshasa pour com-plot, de 67 officiers et de 24 civils accusésde vouloir organiser des opérations de sabo-tage L..J. Le procès des comploteurs s'estouvert devant un conseil de guerre le 8 mars.Il s'est achevé par 19 condamnations à mortdont 5 par contumace et 15 acquittements. Le]6 mars, 8 militaires et 5 civils ont été fusil-lés. L'incertitude politique qui règne au Zaïrerisque de nuire au succès du plan de redres-sement économique".

    Naturellement, Mobutu et ses puissantsprotecteurs et tire-ficelles français et améri-

    cains hurlent à des « provocations extérieu-res". C'est bien commode! Mais il suffitde rappeler que «depuis la dernière guerredu Shaba (mars 77) le Haut Commissariataux Réfugiés des Nations Unies a dénombré220.0000 Zaïrois réfugiés en Angola» (Libéra-tion du 22 mai) pour se rendre compte quele terrain de ces prétendues « provocations»est extrêmement fertile.

    Cependant, le malheur est qu'il n'existe au-cune organisation véritablement révolution-naire pour canaliser cette révolte dans unsens anti-irnpérialiste authentique et lui don-ner une portée sociale, ni même une orga-nisation capable d'unifier les révoltes àl'échelle de ce vaste pays tiraillé dans tousles sens par de puissantes oppositions géo-graphiques et économiques accentuées encorepar la concurrence entre les impérialismes.Dans ces conditions une organisation commele FLNC (Front de Libération Nationale duCongo), dotée d'un vague programme « démo-cratique" et socialement plus que modérée,n'avançant aucune revendication de nature àsoulager véritablement de l'oppression capi-taliste et impérialiste, suffit pour recruterdans le flot énorme des réfugiés et pourcapitaliser une partie du mécontentementqu'elle cherche à marchander contre une re-lève politique au Zaïre.

    L'autre facteur qui fait peur aux puissan-ces en place, c'est la pression de l'impéria-lisme russe, qui a réussi à pénétrer dans larégion à la faveur de la révolte antiportu-gaise: la Russie, déjà présente en Angola etau Mozambique, cherche à prendre pied enRhodésie derrière la guérilla anticoloniale. Ilsuffit de regarder une carte pour voir qu'unemanière pour la Russie d'assurer la consoli-dation de sa pénétration est de lier entre

    (suite page 2)

  • 2 Le Prolétaire N° 268 - 3 au 16 juin 1978

    Les exigences de la lutte contre l'impérialisme(suite de la page 1)

    aux « représentants officiels» de la classeouvrière pour paralyser toute réactionet toute défense aux coups portés parl'ennemi. Cela tient au fait que la crisecapitaliste mondiale exacerbe toutes les

    ltendances de la société bourgeoise sénilelet impérialiste, qui se résument toutes à[ceci : l'agression permanente.: Dans cet épisode, les partis de gauche'ont une fois de plus révélé au grand jourleur nature profondément bourgeoise,chauvine et impérialiste, leur soumissiontotale aux intérêts et aux objectifs derEtat impérialiste, bien qu'avec des nuan-ces entre eux.

    Le PS a participé à la propagande offi-cielle dans tous ses aspects, avec toutesses implications, acceptant toutes lesjustifications de l'expédition de Kolwezi,la conférence franco-africaine et le men-songe du désarmement, jusqu'à ce quele succès du « nettoyage» au Shaba serévélant beaucoup plus difficile queprévu, il finisse par se démarquer del'opération.

    Comme à l'habitude, le PC ne s'est dis-tingué de l'humanitarisme impérialiste duPS que par l'outrance de son chauvinismeet l'illusion démocratique qu'il professe.Lui aussi n'a au départ soulevé commeobjection, comme les gaullistes d'ailleurs,que le Parlement aurait dû être consulté!Puis il s'est mis à critiquer l'intervention.,Mais d'abord au nom de « l'intérêt de laFrance» que le gouvernement bafoue-rait en se faisant « le fer de lance de l'im-périalisme américain », comme si l'impé-rialisme français n'avait pas de raisonsuffisante pour être lui-même précisé-ment ... un impérialisme! Ensuite au nomdu prétendu principe de la « non-inter-vention dans les affaires intérieures d'unautre Etat ». Mais que signifie la « non-intervention », l' « indépendance» etl' « égalité des nations» entre la Franceet le Zaïre, entre un pays impérialisteet un pays dominé et exploité par les.trusts, sous couvert de coopération tech-nique? Que signifie une « coopérationexempte d'esprit néocolonialiste », commele propose le PCF, quand subsistent lemarché, le salaire et donc le capital, le

    profit et les trusts, même d'Etat? L'idéed'un capitalisme propre, sans ses consé-quences fâcheuses, désagréables, sansl'oppression impérialiste n'est pas seule-ment un songe pieux réactionnaire, c'estaussi un mensonge destiné à couvrir uneautre politique impérialiste, au servicedu même Etat, comme l'ont d'ailleurs dé-montré amplement le PS et le PC qui,dans l'opposition, se démènent pour rabi-bocher l'Algérie avec l'impérialisme fran-çais, bien qu'ils aient moins de chancesd'y parvenir qu'avec la pauvre Guinée.

    Comme le remarque amèrement la dé-mocratie africaine ultramodérée de typeJeune Afrique: « En France, M. Giscardd'Estaing ne rencontre que des protesta-tions de principe, du moins tant que lamort ne frappe que les nègres et non lessoldats français. Les partis d'oppositionn'ont guère de politique de rechange et,s'ils étaient au pouvoir, seraient, aumieux, bornés à condamner mécanique-ment l'apartheid en Afrique du Sud (cequi n'engage à rien) et, au pire, n'auraientpas agi d'une manière sensiblement diffé-rente, sauf peut-être au Sahara:' les inté-rêts économiques 'de la France restant lesmêmes, ils auraient imposé la même cy-nique sauvegarde ».

    Quant à l'extrême gauche, qui n'a pasfait grand bruit l'an dernier lors de lapremière intervention au Zaïre, ni d'ail-leurs ensuite sur celle en Mauritanie etau Tchad, ni sur l'intervention des cas-ques bleus au Liban, pour mobiliser laclasse ouvrière contre l'impérialisme fran-çais, elle explique avec une naïveté quitraduit sa profonde bêtise, que c'est lafaute aux élections (évidemment celles-cine sont pas là pour rien D. Même l'inter-vention d'aujourd'hui, sans l'excuse de la« perspective électorale», suscite moinsd'efforts que la campagne pour le boycottde la coupe de football en Argentine. Ilest vrai qu'il est bien plus facile de dé-noncer les crimes des militaires argen-tins (surtout en passant sous silencequ'ils ont l'appui de tout l'arc-en-ciel dé-mocratique local!) que de lutter contreles crimes de sa propre bourgeoisie.

    Cependant le plus important et le plusgrave, c'est que la campagne qui fait

    l'unanimité est lancée sur les positionsles plus douteuses et les plus ambiguës.L'OCT, les CCA, la LCR et d'autres ontlancé le cri: « Pas un homme, pas unsou, pas une arme pour Mobutu! », motd'ordre qui pourrait aussi bien être re-pris par n'importe quelle coterie impé-rialiste voire cartiériste. En effet, d'unpoint de vue prolétarien, le problèmen'est pas seulement et n'est pas tellementd'empêcher Paris de maintenir Mobutuen place que de montrer que, sans l'im-périalisme, Mobutu ou tout autre rempla-çant n'est rien - et surtout de porterdes coups à l'impérialisme français, demanière à permettre de desserrer l'étaude l'oppression qui meurtrit les massesexploitées d'Afrique et aussi le prolétariatd'ici. De ce point de vue, même la for-mule « Troupes françaises hors d'Afri-que» (*), surtout quand elle est lancéetoute seule, déliée de l'appel à la luttedu prolétariat métropolitain contre tousles méfaits de son impérialisme est bieninsuffisante.

    Mais l'extrême gauche se fout bien enréalité du « point de vue prolétarien ».Pour elle l'important est de permettreaux partis de gauche et aux directionsdes syndicats, pourtant réformistes, op-portunistes et contre-révolutionnaires, dese j oindre au mouvement.

    L'extrême gauche ne se distingue dansson « anti-impérialisme » de la gauche mi-litariste et impérialiste - qui peut elleaussi réclamer le « retrait des troupes duZaïre» sans faire le moindre mal à l'im-périalisme - qu'en ce qu'elle essaie dedire « dans la rue» ce que la gauche seréserve de dire au parlement, puisqu'ellese refuse à faire le moindre travail réelpour eveiller l'instinct de lutte du prolé-tariat encore tragiquement endormi parl'opium du social-chauvinisme et dusocial-impérialisme, ce qui l'obligerait àse heurter à l'opportunisme. On peutfaire à propos de ce .courant d'extrêmegauche en paroles mais centriste en fait,la même remarque que faisait Lénine àpropos de Kautsky il y a plus de soixanteans:

    « Tout en s'élevant contre le renforce-

    ment de la réaction politique par l'impé-rialisme, Kautsky laisse dans l'ombre unequestion particulièrement brûlante, cellede l'impossibilité de réaliser l'unité avecles opportunistes à l'époque de l'impéria-lisme. Tout en s'élevant contre les an-nexions (ainsi que les agressions de tou-tes sortes, NDR), il donne à ses protes-tations la forme la plus inoffensive et laplus aisément acceptable pour les oppor-tunistes» (L'impérialisme, Œuvres, tome22, p. 321).

    Les considérations qui doivent guiderla lutte des communistes internationalis-tes contre l'impérialisme sont clairementdéfinies par la théorie marxiste.

    D'abord, la lutte contre le brigandageet l'oppression de « son» propre Etatest une question de principe pour le pro-létariat. Non seulement parce que laisserles mains libres à son propre Etat revien-drait à accepter le renforcement de lamachine d'oppression dirigée contre lui,et la privation de toute liberté de mou-vement, mais aussi parce que sans ladénonciation dans chaque pays impéria-liste des pillages de son Etat, l'union duprolétariat international, et notammentdes ouvriers d'Europe, de Russie et desEtats-Unis, est impossible, et donc impos-sible la victoire du communisme, demême qu'est également impossiblel'union des prolétaires des pays oppres-seurs et des pays opprimés, et la soudureentre le mouvement prolétarien interna-tional et le mouvement des masses ex-ploitées des pays coloniaux et serni-colo-niaux en révolte contre l'ennemi commun.

    Enfin, cette lutte contre la piraterie etle cannibalisme impérialistes n'est qu'uneagitation sans conséquence si elle n'estpas liée à la lutte pour éveiller dans laclasse ouvrière la haine du social-chau-vinisme et pour arracher les prolétairesqui se mettent en mouvement à l'emprisedes partis réformistes et opportunistesqui constituent un pilier irremplaçable dela domination impérialiste.

    (*) C'est le mot d'ordre du meeting prévuà Paris pour le 2-6-78 et soutenu par CCA,LCR, OCT, La, OCI, PSU et Cedetim.

    La guerre du Zaïre(suite de la page 1)

    elles ses zones d'influence. Or il v a uneseule liaison possible: celle qui suit la voiede chemin de fer qui passe par le Shaba etla Zambie. D'où l'effroi des impérialismesen place, aussi bien anglais, belge, allemand,américain que français devant la possibi-lité de cette jonction qui s'inscrirait biendans une des constantes de la piraterie impé-rialiste en Afrique: en 1898, à Fachoda, leheurt entre la tentative de l'impérialismefrançais d'opérer la jonction soudanaise entrele Sénégal et la mer Rouge et celle de l'impé-rialisme anglais de s'approprier la bandeorientale continue de territoire entre Le Caireet Le Cap faillit déclencher la guerre entreeux. La tentative anglaise, victorieuse surla France, échoua finalement devant les effortsde l'Allemagne qui, forte du Tanganyika

    Les bonnes âmesMême une fois qu'on a fait la part des

    massacres d'Européens perpétrés par la sol-datesque de Mobutu, est-il si difficile d'ima-giner que dès que l'ordre des pilleurs etassassins de Mobutu vacille, la populationsemi-paysanne, soumise à l'esclavage de lamine où le salaire de l'ouvrier noir arriveii peine au centième de celui du contremaî-tre blanc, affamée par la crise et blessée parl'insolence du luxe, se révolte contre lesbeaux quartiers et sabote les installationscomme cela a été le cas et sera encore lecas dans tous les soulèvements anti-colo-niaux.

    Mais ici les bonnes âmes de l'extrême gau-che discutent du bien-fondé de cette bouf-fée de haine et se gardent bien de consa-crer autant de lignes aux massacres commisde sang-froid par les mercenaires de l'ordrecapitaliste impérialiste et raciste. AinsiRouge du 23 mai rappelle que la « compré-hension » de tels « événements » ne les«excuse pas », et se sent obligé de dire qu'illes cc condamne »,

    Autant condamner les inondations ou lesconséquences fâcheuses des tremblements deterre qui sont peut-être plus évitables quele déchaînement de la haine sociale dans unesociété divisée en classes!

    ne(actuelle Tanzanie) chercha à le relier auCameroun en mangeant le Congo « français »et surtout le Congo « belge », au secoursduquel volèrent Français et Anglais!

    Aujourd'hui, comme au début du siècles'établit un front impérialiste contre l'intrus,celui que les impérialismes repus couvantsous leurs ventres gras 'les richesses faitesde la sueur et du sang noirs présententcomme l' « agresseur »! Un front qui annonceles alignements du prochain conflit impéria-liste mondial: pour le camp occidental, tou-tes les misères du Zaïre proviennent de lasoif de domination de l'impérialisme russequi s'appuie sur ses mercenaires cubains etsur 'les envahisseurs «. katangais » (ce qui estune manière d'avouer qu'ils sont zaïrois etnullement envahisseurs) soutenus par l'An-gola.

    Mais la presse stipendiée « oublie» quel'UNITA qui guerroie contre le gouvernementde Neto et qui est soutenue par les impé-rialismes occidentaux et l'Afrique du Sud(sans parler de la Chine!) a son quartiergénéral à Kolwezi!

    Tandis que les agissements criminels del'impérialisme russe se mènent, comme c'estparticulièrement clair en Ethiopie, sous ledrapeau d'un an ti-impérialisme mensonger,la lutte de défense du gâteau impérialiste parles Occidentaux se fait sous le drapeau encoreplus mensonger des « droit de l'homme »,des libertés, de la « sauvegarde des vies hu-maines en danger », celle des Blancs naturel-lement. L'hypocrisie et le mensonge de cettecampagne insoutenable ont été révélés parl'avance « civilisatrice» des parachutistes dela Légion, célèbres par leurs tortionnaireset maquereaux galonnés.

    Qui se souvient que lors de l'opérationsemblable de soi-disant « sauvetage desBlancs» à Stanleyville en 1964 par les parasbelges, 20.000 noirs ont été assassinés? Au-jourd'hui, combien de milliers de noirs ontpéri sous les coups de la soldatesque franco-zaïroise? Et quelle presse « humanitaire »s'indigne au même moment des carnagesdes populations noires de Rhodésie ou desmassacres de Kassinga où les réfugiés nami-biens, militaires et civils, hommes, femmeset enfants, qui n'ont pas péri sous le feudes Mirage sont pourchassés à la baïonnette

    fait que commencerjusqu'à ce qu'un silence complet règne surla brousse après cet horrible « nettoyage » ?

    ** *L'hypocrisie de l'argument de la défense

    contre l'envahisseur russo-cubain a été éga-lement dévoilée par la querelle entre la Bel-gique et la France. En effet, si l'interventionde l'ONU et l'assassinat de Lumumba il y après de 20 ans ont permis aux Etats-Unisde pénétrer en force dans ce pays devenuune sorte de condominium américano-belge,il est notoire que depuis quatre ou cinq ansse dessine une nette offensive française pourprendre la place des Belges.

    Depuis 1975, la France dispute le marchézaïrois aux Etats-Unis et même à la Belgiquepuisque sa part dans les importations en pro-venance de l'OCDE s'est élevée en 1976 à18,3 % (Etats-Unis: 14,4 % et Belgique:19,1 %) pour revenir, il est vrai, à 12,8 % en1977. Surtout, l'impérialisme français est de-venu le deuxième client du Zaïre, talon-nant la Belgique: sa part dans les ventesde ce pays atteint 29,4 % en 1977, tandisqu'elle est de 39,6 % pour la Belgique et de10,8 % pour les Etats-Unis.

    Du point de vue financier, l'impérialismefrançais n'a pas de grosses sommes dispo-nibles comme les banquiers allemands ouaméricains (le franc n'est ni le mark ni ledollar!). Néanmoins, en 1975, 7,5 % desapports financiers bilatéraux au Zaïre pro-venaient de la France. Mais il s'agit avanttout d'investissements directs effectués dansles mines et dans l'industrie de transforma-tion.

    Surtout, Paris s'est débrouillé pour passeravec l'Etat zaïrois des accords de prétendue« coopération technique» qui lui permettentde superviser la construction du puissantbarrage d'Inga II, le plus grand d'Afrique,de dresser l'inventaire des richesses minièresdu pays, ce qui lui permet, comme de plusil finance en partie cette opération, d'être lepremier sur les rangs pour avoir des conces-sions comme cela vient d'être le cas pourles mines d'étain du Kivu ou les mines decuivre de Tente-Fungurune, où un investis-sement total de 813 millions de dollars devaitêtre réalisé entre 1976 et 1978 (voir MarchésTropicaux du 28-10-77).

    Enfin, j'impérialisme français a passé avecle Zaïre des accords de « coopération mili-taire» destinés à fournir l'encadrement del'armée et l'entretien du matériel, un moyencomme un autre non seulement de vendredes armes mais aussi de mettre l'armée dupays sous son influence directe.

    Parmi les « agresseurs» du Shaba - s'ilfaut comme le veut la bonne logique bour-geoise impérialiste dans laquelle, il va sansdire, il faut trouver un « agresseur », maisoù l' « agressé » n'est autre que l'ancien agres-seur, c'est-à-dire celui qui est déjà installé etqui cherche à maintenir ses positions -c'est bien en l'occurrençe aussi le rapacefrançais qui, à défaut de finances suffisantes,arrive avec ses mercenaires officiels, et cher-che à faire payer la note de la défense desintérêts communs de l'Occident par la main-mise directe sur une part plus grande de larichesse de ce pays.

    De plus, si l'impérialisme français a étépoussé à intervenir militairement au Zaïre,c'est parce qu'il est le plus concerné par lemaintien de l'ordre contre-révolutionnaire.En effet, si la petite Belgique peut voir d'unœil relativement indifférent une négociationavec le FNLC et même si l'Amérique peutlaisser voir venir, l'impérialisme français abesoin de maintenir à tout prix l'unité duZaïre, non seulement parce qu'il a unemain sur les richesses du Shaba plus parsa mainmise sur l'Etat zaïrois que par sesatouts financiers, mais encore et surtoutparce que le maintien de la stabilisationpolitique de ce pays - et, par conséquent,tant que c'est possible, du régime de Mobutu- lui est indispensable. Il s'agit en effetde bloquer le verrou d'un pare-feu qui pro-tège de l'incendie qui ravage l'Afrique aus-trale, ses chasses gardées africaines dont leflanc méridional est constitué par le Gabon,le Congo et l'Empire (pour rire) de Centra-frique, pays qui prendraient vite feu si unvent chaud y soufflait venant de Kinshasa.

    L'impérialisme français est donc engagéjusqu'au cou et pour longtemps au Zaïre.Et toute défaite qu'il subira là-bas signifierapour les masses exploitées de l'Afrique do-minée par lui ainsi que pour le prolétariatde la métropole une condition favorable àleur lutte contre l'ennemi commun.

  • Le Prolétaire N° 268 - 3 au 16 juin 1978 _

    A propos de la critique de nos positions par « Combat Commu niste »

    3

    Ou invariance de la théorie ou démocratismeDans un article du nO2 de Contre le Cou-

    rant le groupe (C Combat Communiste» (CC)essaie de régler ses comptes avec nous. Sisa tentative a le mérite de partir des ques-tions fondamentales, elle montre que cegroupe est incapable de surmonter son passé.Né du trotskysme et plus précisément deLO, il en est sorti en réaction contre la dé-gringolade politique accélérée de ce mou-vement. Malheureusement, cette réaction l'aconduit non à combattre mais à accentuerles faiblesses intrinsèques du trotskysme,l'immédiatisme et le spontanéisme. Nous lemontrerons ici rapidement, sans prétendredévelopper en quelques lignes l'ensemble denos positions fondamentales.

    D'abord l'invariance du marxisme, ce grosos qui leur reste à tous en travers de lagorge. Pour CC « la théorie marxiste doitdonc rendre compte de toutes les expérien-ces récentes de la classe ouvrière»' et ({cetteexpérience doit être replacée dans le cadrede l'évolution et des transformations subiespar l'infrastructure de la société, car n'endéplaise aux camarades du PCI, si le capi-talisme reste le capitalisme, il n'a néanmoinscessé de subir des transformations» et« l'idéologie qui en est la superstructure[c'est nous qui sommes censés considérerle marxisme comme la superstructure idéo-logique du ... capitalisme) doit donc évoluerégalement ou plus exactement être complé-tée ».

    N'en déplaise à CC, ce raisonnement méca-niste qui considère la doctrine révolution-naire comme le reflet immédiat des rapportséconomiques et sociaux, est pseudo-matéria-liste. Il oublie, en particulier, que toutecette évolution du capitalisme, le marxismel'avait bel et bien prévue et annoncée. Onne voit pas ce qui, 'sinon une pétition deprincipe, permet de décréter «entièrementerronée» notre affirmation qu' ({à la findu XIXe siècle étaient établies toutes lesthéories nécessaires pour comprendre tousles phénomènes sociaux de la fin du XXe etpour guider l'action du prolétariat et desrévolutionnaires». Et pourquoi donc serait-elle erronée? Parce qu'il y a, nous dit-on, des«problèmes et des phénomènes nouveaux »,Mais il ne suffit pas de rabâcher « problèmescontemporains ..., expériences récentes ..., faitsnouveaux ..., problèmes nouveaux ..., nou-veaux ... nouveaux ... », il faut montrer préci-sément en quoi et pourquoi ils imposeraientune «évolution de l'idéologie» pour parlercomme CC.

    En réalité il ne s'agit nullement d'une« idéologie », mais d'une théorie, d'une doc-trine qui nous donne l'instrument à la foisde la compréhension des événements et unguide pour l'action. Il est clair qu'une tellethéorie ne naît pas comme reflet borné de

    l'expérience immédiate. Pauvre Marx! Toutcomme la bourgeoisie et les sorbonnards, CCle prend pour le « reflet» de la machine àvapeur, du capitalisme libéral et des pre-mières luttes ouvrières, toutes choses bienentendu dépassées. Tout au contraire, notredoctrine naît par l'intégration de toute l'ex-périence passée de l'humanité, dont elle tireles principes et lois qui déterminent l'his-toire; c'est sur cette base, et sur la basede l'analyse des rapports fondamentaux ducapitalisme, qu'elle s'affirme capable de pré-vision historique et d'orientation de l'actiondans l'histoire.Il est évident que le fait de revendiquer

    l'invariance de notre doctrine ne veut pasdire ravaler le processus historique au niveaud'une ({mécanique)' et nier l'existence dephénomènes contingents. Mais cela signifieque ces événements ne peuvent être compriset affrontés que dans le cadre et à l'aide decette doctrine. Un des aspects de notretravail depuis trente ans c'était et c'est pré-cisément de montrer concrètement, chiffreset faits en main, que les transformationsdu capitalisme se font suivant les prévisionsmarxistes; qu'il y a évidemment des événe-ments «nouveaux» au sens qu'ils ne se pro-duisent qu'aujourd'hui, mais qu'ils confir-ment nos prévisions; que notre théorie estdonc nécessaire et suffisante pour rendrecompte de tous les faits sociaux.

    Au moment où, à la fin de la deuxièmeboucherie impérialiste et dans la périodequ'elle ouvrait, même les éléments qui vou-laient réagir à la trahison stalinienne avaientperdu la boussole marxiste et cherchaientquelles improvisations théoriques et tacti-ques pouvaient la remplacer, nous avonsmontré que le triomphe même de la contre-révolution confirmait notre théorie; nousavons montré que la revendication acharnéede notre programme historique, de nos prin-cipes politiques et de notre tactique permet-tait seule de travailler effectivement à larenaissance du mouvement de classe. C'estsur la base de cette revendication que nousavons pu donner les «perspectives de l'après-guerre» rappelées récemment (voir Le Pro-létaire nOS 255 et 256).

    Et c'est au moment où les faits confirmentune fois de plus notre analyse et l'orienta-tion qui en découle, que CC, après tant d'au-tres innovateurs, revient à la charge. Maispour contester notre travail il ne suffit pasde se gargariser avec des «... blèmes ...veaux ... », il faudrait dire précisément com-ment et pourquoi tel fait ou tel problèmeéchappe à l'explication marxiste et appelledonc une « mise à jour» de la théorie. CCtraite de haut notre prétendu « refus de selivrer à la moindre réflexion théorique sé-rieuse sur les problèmes contemporains »,

    mais n'oppose à notre travail de restaurationthéorique, d'analyse des événements et decritique des théories soi-disant nouvelles queson refus a priori de l'invariance du marxismeet sa volonté de « prendre en charge l'évolu-tion du capitalisme».

    A un moment, il est vrai, CC essaie dedécouvrir un fait nouveau, à propos de laRussie: «le problème du capitalisme d'Etatque, bien entendu, Marx ne pouvait pas trai-ter». Bien entendu... CC est mal tombéet n'a prouvé que son ignorance du marxisme.Nous qui refusons, paraît-il, de nous livrerà la moindre réflexion théorique sérieuse surles problèmes contemporains, nous avonsétudié le capitalisme d'Etat à l'aide desimportantes indications, études et prévisionsdu développement capitaliste faites parMarx et Engels. La méthode de CC est d'ail-leurs aussi peu nouvelle que la nôtre. C'estcontre des «révisionnistes» du même genreque Lénine a démontré que l'impérialismeétait compris dans la théorie marxiste ducapitalisme.

    Nous reprocher notre indigence théoriquen'empêche d'ailleurs pas CC de se moquerde notre obstination «à polémiquer pendantdes années avec les théories de Staline et deKrouchtchev L..] pour démontrer que l'éco-nomie russe n'est pas socialiste! Comme sila situation qui est faite aux travailleurs rus-ses, la division et l'organisation capitalistedu travail ne suffisaient pas amplement àle démontrer », Ben voyons, tout le mondel'a toujours su, que la Russie n'est pas socia-liste! Dire que CC se croit obligé de nousreconnaître quelque mérite, «le mérite demaintenir fermes certaines positions de classesur certaines questions comme celle de lanature de l'Etat russe sur des définitionsde base de ce qu'est le capitalisme et de cequ'est le communisme»! Nous nous serionspassés de ce coup de chapeau qui ressembleplutôt au coup de pied de l'âne! CC devraitessayer de comprendre qu'il ne suffit pas dedire que la Russie n'est pas socialiste, maisque pour saisir ce qu'est le capitalisme etce qu'est le communisme il faut expliquercorrectement, marxistement, pourquoi elle nel'est pas, en quel sens et à quel momentelle l'a été politiquement sans jamais l'êtreéconomiquement, et pourquoi et commentle prolétariat a perdu le pouvoir. Il estimpossible de reprendre cette explication ici,nous renvoyons le lecteur non à un paragra-phe mais à l'ensemble de notre travail surcette question; le plus important dans cettequestion n'est d'ailleurs pas tellement le faitque la Russie ne soit pas socialiste, mais lefait que la contre-révolution confirme toutautant le marxisme que la révolution, con-firme notre programme et nos méthodes delutte.

    CC s'indigne de cette invariance, sous pré-texte que, «dès lors que le marxisme estconsidéré comme une « théorie achevée »,plus aucune discussion, vérification, échanged'expérience ne sont nécessaires dans le partirévolutionnaire. », Là aussi, rien de nouveau.De Marx à Lénine et à nos jOUT~,les innova-teurs ont toujours crié au

  • -_..._- 4 ------------------------------------------------------Le Prolétaire N° 268 - 3 au 16 juin 1978

    Pour la défense des chômeurs!Le chômage ne peut disparaître qu'avec

    la disparition de l'anarchie du· marché, del'exploitation, de la concurrence, bref qu'avecla transformation socialiste de la société.

    C'est la raison pour laquelle les communis-tes, qui ne renoncent pas pour autant à lalutte indispensable contre les licenciements,avancent comme revendication centrale lesalaire intégral aux licenciés et des ressour-ces au moins égales au SMIC pour les tra-vailleurs à la recherche d'un premier emploi(jeunes, femmes, immigrés).

    Sous le capitalisme, ces revendicationspeuvent être satisfaites partiellement àl'intérieur de certaines limites. Localement,comme résultat d'une lutte vigoureuse pour"augmentation des ressources aux travail-leurs licenciés. A l'échelle générale, commerésultat d'une puissante action de classe dé-jouant les pièges de la bourgeoisie (qui peutmême, à l'occasion, faire certaines conces-sions, mais au prix d'une division plusgrande entre travailleurs). Par exemple onpeut tendre à imposer, dans le cas des 90 %,la suppression des discriminations et deslimitations.

    De plus, cette revendication (le salaire inté-gral aux chômeurs) a l'avantage de souderles rangs des actifs et des chômeurs contreles divisions suscitées par la concurrenceet aiguisées par la bourgeoisie.

    Enfin, elle permet de faire une vigoureusepropagande pour la dictature du prolétariat,qui seule pourra soulager véritablement leschômeurs avant que la transformation socia-liste de la société n'en finisse définitivementavec la plaie du chômage.

    En effet, cette revendication ne peut êtrepleinement satisfaite que sous la dictaturedu prolétariat: plus précisément, lorsque,ayant mené à bien pour l'essentiel les tâchesde la guerre civile et de la guerre révolution-naire internationale et consolidé son pouvoir,la classe ouvrière pourra s'atteler résolumentà l'élimination des rapports de productionbourgeois.

    Si ta dictature prolétarienne doit générali-

    ser l'aide aux chômeurs, c'est qu'il y auraévidemment encore des chômeurs. Bien sûr,Ir! « salaire intégral» ne sera pas une mesureisolée: il s'accompagnera de l'obligation detravail, qui devra permettre non seulementde faire travailler les oisifs, mais aussi d'en-traîner dans la production sociale les jeuneset les femmes, afin d'abaisser radicalementla journée de travail, à 4 heures puis à2 heures et même moins, selon les possibili-tés de l'économie organisée selon un planunique mondial, et en réalisant ainsi la répar-tition du travail entre tous .

    Qu'ont à voir avec cette lutte les revendi-cations du plein emploi ou de l'échelle mobiledu temps de travail, avancées aujourd'huipar les groupes d'extrême gauche, trotskystesen particulier? Eh bien, rien du tout!

    Parler de répartition du travail entre tou-tes les mains sans dire qu'elle ne peut adve-nir qu'au terme d'un long processus de bou-leversement révolutionnaire et dictatorial desrapports sociaux et en l'absence de la forcequi doit réaliser cette transformation, croiremême que le fait de lancer l'idée pourraiten soi créer cette force, ce n'est pas simple-ment, sous prétexte de « revendication tran-sitoire », se bercer totalement d'illusions. Celarevient à tomber dans le gradualisme le plusplat et, en effaçant la limite entre capita-lisme et socialisme, à donner à l'ennemi desverges pour se faire battre. C'est contribuerà paralyser la classe face aux manœuvresdes bourgeois et de leurs larbins réformistes,qui sont justement enclins à réduire le tempsde travail et le salaire des uns sous prétextede donner du travail aux autres. C'est cacherà la classe cette offensive qui, au besoin sousle drapeau de la répartition du travail entretous et de la solidarité avec les chômeurs,vise à l'augmentation de l'intensité du tra-vail et à l'exacerbation de la concurrenceentre les ouvriers.

    Quant à la garantie de l'emploi, cette reven-dication n'est nullement propre à définirun besoin que devra satisfaire le socialisme,dont le contenu est bien plutôt la diminution

    radicale du temps de travail et la suppressionde l'anarchie économique. Elle ne sera pasdavantage satisfai te de façon transitoire parla dictature prolétarienne qui, comme on l'avu, se caractérise plutôt par l'obligation detravail et les ressources assurées à ceux quine peuvent travailler.

    En revanche, cette revendication passe com-plètement sous silence la défense des chô-meurs. Il n'y a qu'un pas à faire pour affir-mer, comme le fait le réformisme, que lavéritable défense des chômeurs, c'est l'actionpour le développement de l'emploi (donc:investissements ...), et pour expliquer que lechômage provient d'une «mauvaise politi-que », d'une «mauvaise gestion». Et ce pasdoit être inévitablement franchi si onn'avance pas la lutte résolue pour défendreles chômeurs dont le nombre ne peut quegrandir.

    Et c'est là que cette « garantie de l'emploi»devient véritablement dangereuse pour lalutte ouvrière car, sur le terrain du capita-lisme, le mensonge du «plein emploi» nepeut recouvrir autre chose que la « défense »-- d'ailleurs temporaire - de l'emploi desuns, mais au détriment de celui des autres!Celui des nationaux au détriment de celuides immigrés (par le contrôle de l'immigra-tion); celui des hommes au détriment decelui des femmes (par l'augmentation ducomplément familial); celui des adultes audétriment de celui des vieux (par la mise àla retraite d'office) ou des jeunes (par l'al-longement de la scolarité obligatoire ou duservice militaire), celui des travailleurs lo-caux au détriment de celui des travailleursdes autres pays (par le protectionnisme etle «fabriquons français», ou «anglais», outout ce qu'on voudra), etc.

    Les tenants de la revendication de la « ga-rantie de l'emploi» sont bien incapables decontrer les effets néfastes d'une revendicationqu'ils ont reprise au réformisme. Au con-traire, avec ces revendications proclamées« transitoires» une fois pour toutes et entoutes circonstances, ils font le lit de la poli-tique an ti-prolétarienne de l'opportunisme.

    La bourgeoisie découvre la «répartition du travail»La répartition entre tous du travail exis-

    tant est si peu un mot d'ordre de lutte anti-bourgeois en lui-même que les représentantsofficiels des Etats capitalistes à la Commis-sion Européenne sont en train de la décou-vrir comme une stratégie de rechange pourla résorption du chômage en Europe.

    Dans un rapport publié par la revue Inter-social et résumé dans le numéro du 26 avril1978 de Problèmes Economiques, les expertsse montrent préoccupés de la situation del'emploi en Europe, au moins jusqu'en 1982(date à laquelle les facteurs démographiquespourraient, croient-ils, arranger les choses).D'après leurs tableaux, en effet, l'accroisse-ment de la population réellement en activité,dans les années qui viennent, ne couvriraitguère, en France, en Italie, et, dans unemoindre mesure, en RF A et Grande-Bretagne,que 50 à 60 % de celui de la population enâge de travailler. En France, on a dû révélerce que les statistiques préélectorales avaientessayé de masquer: avec l'arrivée sur lemarché du travail des jeunes (y compris lesbénéficiaires du fameux « pacte pour l'em-

    ploi » parqués un moment dans des stagescache-misère), on atteindra à la rentrée lechiffre officiel de 1.500.000 chômeurs (LeMonde du 23 mai 78). Alors, que faire?

    Les experts de la C.E. lâchent ici un aveuintéressant: les relations entre les investisse-ments et l'emploi ne sont pas évidentes,« Des études précises montrent que depuisdes années, l'investissement a pratiquementtoujours comporté des améliorations en pro-ductivité, donc une part plus ou moins im-portante d'économie de main-d'œuvre» (lesmarxistes ne les avaient pas attendu pourle dire ...).

    Mais une nouvelle voie s'ouvre: le « worksharing », la réduction du temps de travaildes uns, permettant de dégager des emploispour les autres, dans une moindre mesure« en raison des rigidités du marché du tra-vail» (traduisez: dans la mesure surtout oùla tendance capitaliste est de compenser im-médiatement cette réduction du temps detravail par une augmentation de son inten-sité ...).

    Solution alléchante, qu'on enjolive de con-

    sidérations sur la «sécurité dans la mobi-lité », le « temps pour vivre ", les possibilitésde recyclage et autres promesses « qualitati-ves », Mais si l'on en vient grossièrement auxchiffres, les belles phrases ne peuvent cacherque les frais de ces aménagements ne serontpas supportés « seulement» par l'employeur,c'est-à-dire que le salaire aussi sera allégé.Tous ces mirages se résoudront concrète-ment par un accroissement du chômage par-tiel (moins voyant dans les statistiques), in-demnisé ou pas, pour lequel la solidaritéentre actifs et chômeurs servira d'alibi.

    On mesure le service que rendent au capi-talisme les dirigeants syndicaux accommo-dants qui vont au-devant des projets bour-geois en annonçant, comme Edmond Maire,qu'ils ne seraient pas hostiles à une réduc-tion du temps de travail sans compensationintégrale du salaire,' et, de même, les mouve-ments centristes qui se croient révolution-naires en propageant le mot d'ordre du par-tage du travail entre tous, sans dire claire-ment qu'il n'a de sens prolétarien quecomme résultat de la révolution commu-niste.

    La grève des bus(suite de la page 3)

    Car ils ne proposaient pour le 16 et le 17que le vote sur les modalités d'action. Lerésultat de celui-ci, d'ailleurs, était acquisd'avance, et c'est bien la dernière modalitéqui l'a emporté.

    Le prolétaireSuppl. SU~SSE

    N° 11 (leT mai - 15 juin 1978)

    • Face à la crise, la nécessité de lalutte de classe

    • L'unique voie de l'émancipation du pro-létariat est celle de l'insurrection, delà destruction de l'Etat bourgeois, etde la dictature

    • L'OCI dans l'ornière du centrisme• La Suisse, plaque tournante de l'inter-

    nationale des flics• Sur la démocratie syndicale• Manifeste 77: notre critique confirmée

    par les faits• Firestone: tous derrière l'Etat!• Le sens de la manifestation du 15 avril

    contre la PFS: prouver sa bonne foià l'Etat

    • Les communistes et l'avortement, àpropos du referendum du 28 mai.

    Entre le 12 et le 18 le mouvement reflue.Mais le 18 les machinistes redonnent unepreuve de leur combativité: 4.000 d'entre eux,soit 1 sur 2, se retrouvent au rendez-vous.Les 23 dépôts sont en grève et le taux departicipation dépasse 80 %. De mémoire debonze, c'était la plus grande manif qu'onavait jamais vue à la RATP!

    Pendant qu'une délégation monte négocier,des incidents ont lieu entre les manifestantset le SO organisé surtout par la CGT et dirigépar son bonze de choc, Ledour, qui avait déjàréussi à briser le mouvement au dépôt stra-tégique du Point du Jour. Se faisant l'inter-médiaire des CRS qui menaçaient de chargersi les grévistes ne laissaient pas un couloirlibre pour la circulation, Ledour et ses corn-parses ont essayé de repousser les grévisteset de les tasser derrière un cordon du SO ga-rantissant la circulation sur le quai desGrands-Augustins. Les machinistes s'y sontopposés fermement: ils ont formé un contre-cordon bloquant la circulation, tandis qued'autres allaient discuter avec les camaradesdu SO pour leur montrer le sale boulot queles bonzes leur faisaient faire. Cet incidenta fait grandir davantage le dégoût pour lesdirections CGT, un dégoût qui s'était mani-festé depuis le début de la grève dans lesassemblées de dépôt.

    L'incident n'est pas encore terminé que lesbonzes descendent pour annoncer le résul-tat des négociations: un autre non. Et lebonze CGT appelle encore une fois les machi-

    ••parisiensnistes à regagner les dépôts. Sa propositionest accueillie par des sifflets et des insultes,des cartes sont déchirées. Et à cet ordredéfaitiste les machinistes répondent par le'cri unanime d' « occupons les locaux». Unevague de machinistes envahit carrément lesiège, mais tous n'ont pas pu rentrer car,s'apercevant du mouvement, le scélérat Ledouret d'autres bonzes CGT, .FO et Autonomesont formé un cordon compact d'isolement de-vant la porte du siège et n'ont pas hésité àbrutaliser ceux qui essayaient de forcer lepassage.

    Ecœurée, sans direction, la masse des machi-nistes commence à se disperser. L'Intersyn-dicale, CGT en tête, avait réussi à briserle mouvement.

    Mais ce ne sera là qu'une victoire par-tielle, temporaire, si les machinistes réussis-sent à traduire dans les faits la grande leçonde cette lutte, en jetant les bases d'une coor-dination entre les différents dépôts, sans la-quelle toute grève sera vouée à l'échec. Cene sera pas un travail facile à cause nonseulement des difficultés matérielles dues àl'éparpillement des dépôts et à la différencedes horaires de travail, mais aussi du sabo-tage systématique que les syndicats oppose-ront à ce travail. Mais c'est un travail indis-pensable, qui doit commencer très modeste-ment par l'établissement des liaisons entreles éléments combatifs des différents dépôtset l'organisation, dans chaque dépôt, des ca-marades qui ont été à l'avant-garde de lalutte.

    Presse internationaleVOICI LE SOMMAIRE DU nO 10 DE

    il programma comunista• Contro la rassegnazione riformistica,

    fuori dalla disperazione terroristica• Primo maggio mariano• Un'unica via: ritorno alla lotta di classe

    deI proletariato !• Più democrazia e più repressione• Il terrorismo e il tormentato cammino

    della ripresa generale della lotta diclasse (4)

    • L'antimilitarismo rivoluzionario• La storia gloriosa dei minatori statu-

    nitensi• Massacri a catena di operai e conta-

    di ni in India• Corrispondenze sindacali su Alfa

    Romeo, Unidal, ANIC di Gela, SAVdi Altare.

    *VOICI LE SOMMAIRE DU N° 18(mai 1978) de

    KommunistischesProgramm

    • Die « Theorie der drei Welten e : DerVersuch, die imperialistische EpocheaIs Epoche fortschrittlicher bürgerli-cher Bewegungen hinzustellen.

    • Auf dem Wege zur «kompakten undstarken» Partei von morgen

    • Die « Wettbewerbsfâhigkeit » als Idol-Die Profitrate als Religion

    • Beilage: «Proletarier» nr. 1

    Permanences du PartiEN BELGIQUE• A Bruxelles : le 2e mercredi de chaque mois,donc le 14 juin et ·Ie 12 juillet, à 19 h 30, à21 h 30, local de l'ASBL-Clu'b, 51. avenue de 1.Couronne, 1050 Bruxelles.EN FRANCE• A Aix-en-Provence : vente au marché de laplace du Palais de Justice le samedi de 11 h •12 h tous les quinze jours, soit ·Ie 10 et le24 juin.• A Amiens: le 1eT dimanche de chaque mois.de 10 à 12 h au café La Rotonde, place René-Goblet, soit le 4 juin et le 2 juillet.• A Angers: vente tous les samedis de 11 h à12 h, au Grand marché, place Leclerc.• A Arles: vente sur le marché du Boulevarddes Lices, le 1eT et le 3e samedi de chaquemois, de 11 à 12 h, soit le 3 et ·Ie 17 juin.• A Avignon: vente aux Halles, place Pie,tous les samedis de 11 h à 12 h,• A Grenoble: le dernier dimanche de chaquemois au marché Saint-Bruno, de 10 h 30 à11 h 30, soit le 25 juin.• A Lille: vente et permanence au marché deWazemmes de 11 à 12 h (derrière l'Eglise) le[er dimanche de chaque mois, soit le 4 [ulnet ,le 2 juillet.• A Lyon: le 1eT vendredi de chaque mois, de19 h à 20 h, Brasserie de l'Etoile, 1, coursGambetta, soit le 7 juillet.• A Mulhouse: le 1er samedi de chaque mois,de 14 h à 15 h, librairie Presse Information,1, bd Roosevelt, soit le 3 juin et le 11er jul'I,let.• A Paris: 20, rue Jean-Bouton, 75012. Le sa-medi, de 16 h à 19 h, et le dimanche, de10 h à 12 h (escalier métallique au fond dela cour à gauche), métro Gare de Lyon.• A Rouen: vente tous les dimanches de 10 h 30à 12 h au marché du Clos-Saint-Marc.• A Roubaix: vente et permanence au marchéde 11 à 12 h (face à la poste), le 3e dimanchede chaque mois, soit ·Ie 18 juin.• A Strasbourg: tous les samedis de 14 à 16 h,3, rue Sainte-Catherine (au fond de la cour àdroite), près de la place de Zurich.• A Toulouse: vente tous les dimanches de 11 hà 12 h au marché Saint-Sernin.EN SUISSE• A Lausanne: tous les samedis de 10 à 12 h,32. rue Pré-du-Marché (1er étage à droite, .. Ate-lier ..).

    A PARIS, PERMANENCEdu groupe syndical PTT

    un mercred i sur deux, de 15 h à 17 h, 27, ave-nue de Choisy (métro Porte de Choisy), Pa-ris-t Se, soit le 24 mai, puis le 7 et le 21 juin.

    CORRESPONDANCEPOUR LA SUISSE:

    Editions Programme,32, rue du Pré-au-Marché

    1004 Lausanne

    directeur-gérantF. GAMBINI

    Imprimerie cc E.P. ,.232, rue de Charenton, 75012 Pari.·

    distribué par les NMPP

    N° d'In.crlption • la commissionparltalr. de pr •••• : 52921