l'importance nationale et internationale de la …

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UNE IMPORTANTE DECLARATION DU DOCTEUR SCHMIDT L'IMPORTANCE NATIONALE ET INTERNATIONALE DE LA «RELÈVE» Une véritable mystique de la relève commence à animer la France et le peuple français. C'est, entre beaucoup d'autres, un signe réconfortant de no- tre redressement moral et matériel. A cet égard, le docteur Rudolph Schmidt, qui fait partie du Comité Franco-Allemand, a prononcé récem- ment un discours radiodiffusé en fran- çais qu'il importe de méditer attentU vement. La relève des prisonniers a deux as- pects. Tout d'abord un aspect national qui intéresse, au plus près, la vie de la France. Il s'agit d'obtenir, par ce moyen, la libération du plus grand nombre possible de prisonniers qui se- ront rendus à leurs familles. Ainsi la relève apparaît sous cet angle comme un geste généreux de solidarité natio- nale et sociale entre combattants et non combattants. Mais la relève a également un as- pect international dont le Dr Schmidt a souligné, dans son allocution, toute l'importance pour notre pays. Far la relève, la France s'ouvre des droits à occuper une place de premier rang dans l'Europe future. « C'est pour l'avenir, a déclaré le docteur Schmidt, que présentement se trouvera fiqé le sort de la France par la paix qu'il s'agit de construire. Car toutes les nations seront présentes le jour du règlement, chacune faisant valoir son propre mérite... Dans l'Eu- rope de demain, la France sera appe- lée à prendre une place proportionnée à ses efforts immédiats. Prendre libre- ment la place des prisonniers pour travailler au salut commun, voilà ce qui est demandé aujourd'hui aux ou- vriers de France qui trouveront à plus d'un titre, dans le présent et dans l'avenir, la récompense d'un geste qui constitue tout simplement une bonne action ». De la relève dépend donc non seu- lement le sort de nos prisonniers, mais aussi celui de la France entière, dans le monde nouveau. AVANT LA GRANDE REVUE DE MAURICE CHEVALIER le 14 août, aux «Ambassadeurs» C'est donc le vendredi 14 août, à 21 h. 30, que Maurice Chevalier chantera aux « Ambassadeurs » au bénéfice du Secours National, des vieux artistes de Ris-Orangis, des oeuvres de Cannes et La Bocca ainsi que du Plat chaud gratuit de VEclaireur de Nice et du Sud-Est sur le patronage duquel est placée ' cette grande soirée. Le prix d'entrée en est de 400 fr., mais c'est justement pourquoi l'on va refuser du monde, car Maurice Chevalier veut que ce gala soit une apothéose de la saison de Cannes mais aussi de la charité. Il va nous donner la primeur de chansons nouvelles : La marche de Ménil- montant, Loulou, C'est comm' ça et ça suffit, La Polka des Barbus... d'autres encore, qui seront autant de belles surprises. Un programme de « jeunes » pré- cédera l'entrée en scène de Mauri- ce. Il y aura aussi une sensation- nelle vente aux enchères à l'améri- caine dont l'enjeu ne sera rien de moins qu'un tableau de Bonnand : une fortune. En vérité, la soirée du 14 août s'annonce comme devant marquer dans les annales de cette salle uni- que des « Ambassadeurs ». MARIAGE Samedi a été célébré dans l'inti- mité le mariage de M. Claude Saul- nier, docteur ès-lettres, père de no- tre collaborateur Henri Saulnier, avec Mlle Rosalie Muraccioli, soeur de M e Muraccioli, conseiller muni- cipal. M c Blanchardon, maire de Can- nes, a uni les deux époux auxquels nous exprimons tous nos voeux de bonheur. LE LITTORAL FORTUNÉ ROBAUDY, FONDATEUR EN 1884 ADMINISTRATION ET RÉDACTION : 22, RUE HOCHE. CANNES « TELEPHONE 904-86 HEBDOMADAIRE LITTÉRAIRE, MONDAIN ET SPORTIF DE CANNES ET DE L'ARRONDISSEMENT DE GRASSE Publia les annonça Judiciaires et Légales, les Avis de» Tribunaux de Commerce, Actes de Sociétés, Ventes et Cessions de Fonds de Commerce, etc. R.C. Cannes 4363 58° ANNÉE NUMÉRO 13.400 JEUDI 6 AOUT 1942 LE NUMERO: 75 CENT. De ce récit, que notre collaboratrice Renée "Bertrand écrivit en 1935, on appréciera l'intérêt dramatique ; on notera aussi certaines observations psychologiques qui donnent à penser que si les femmes {certaines tout au moins) se mêlaient de politique internationale, les choses, bien souvent, n'iraient peut-être pas si mal... L G UN RÉCIT ...En écoutant un jour une Symphonie, magi-s tlglement exécutée, j'ai vu se dérouler tout au rong de l'oeuvre musicale cette histoire que j'ai vécue... Accusez ma folle imagination ! Mais n'oubliez pas, mon cher, que je fus moi-même un héros de ce drame dont j'entendis toutes les sonorités... Je retrouvais dans la voix de la musique, le déferlement doux des vagues au soleil, le tumulte de la mer en tempête, nos cris d'angoisse dans la divination du malheur que nous cachait la nuit, le bruit des rames au retour sur une eau apaisée. Je notais l'émouvante adaptation de mon histoire à la cadence de ce qu'exprime cette musique : commencement dans la joie, augmentation progressive du pathétique jusqu'au degré le plus intense, renaissance du calme. En somme, je ne sais par quoi fut inspiré l'artiste en écrivant cette Symphonie I Que la mer en soit le leit-motiv ou non, ce qui importe, c'est ce rythme. Il est le rythme même de 1 a vie. Il y aurait un poème à écrire sur la tragique aventure que je vais vous conter. J'ai souvent regretté de ne pas Etre poète, mais je suis in- capable de mettre debout deux rimes I **• Nous passions, Claude Verrier et moi, nos vacances cette année-là sur la Côte du Midi. Vous connaissez l'inoubliable été des rives médi- terranéennes ? Nous vivions une partie de nos journées dans l'eau, le reste du temps se passait sur un vieux canot de pêche, loué au mois, mar- chant à la voile ou a la rame, selon nos caprices et ceux du vent. Vie de rêve I Dix-huit ans et une absolue liberté I La pension de famille où nous étions descendus logeait quelques étudiants ; parmi eux, nous fîmes connaissance d'un jeune Allemand parlant assez bien le français. Après lui avoir décoché & table des regards foudroyants, une conversation s'engagea un jour. Ce fut, presque tout de suite, le heurt brutal de nos patriotismes juvéniles. Le jeune Allemand essaya de nous prouver que son pays n'avait pas de mauvaises intentions, que... etc., etc., toutes choses qui nous exaspéraient davantage. Nous l'accusions d'hypocrisie et une guerre de mots se déchaîna durant quelques jours. Cependant, la paix vint : à bout d'arguments, las d'une mutuelle incompréhension, ou plutôt subis- sant un peu d'ébranlement inavoué dans nos convictions de part et d'autre, nous nous étions mis à parler d'autre chose. Nous venions de nous découvrir une passion commune : la navigation. Franz Hertz, né dans un port de la Baltique connaissait a merveille les bateaux et possédait à fond l'art de manier les voiles. Comme il commençait à nous donner de précieux conseils, il fut invité dans notre canot et en peu de temps nous devînmes des compagnons inséparables I J'ai souvent pensé depuis, que si les Chefs d'Etat passaient de temps a autre quelques vacances ensemble, liés par l'amour des arts et des sports, il y aurait sans doute moins de guerres entre les peuples de civilisation égale. Nous partions quelquefois, munis d'une tente et de provisions, camper aux Iles. En une demi- heure, à la rame, on atteint ces terres accueillantes qui vous donnent l'illusion d'un pays lointain. Dans la première, la plus grande des deux, une immense allée d'eucalyptus et d'agaves géants vous transporte soudainement aux Tropiques... La seconde île abrite un groupe d'hommes vivant de prières et de silence. Une peuplade de cigales en partage avec les moines l'habitation. Mais la vie de celles-ci n'est pas faite de silence I Invisibles dans les pins, l'été c'est un concert étourdissant de leur musique stridente qui donne 1 l'île un caractère particulier. Le 22 septembre, (je me souviens de la date exacte), Claude et moi devions quitter la Côte le surlendemain, nous avions décidé de camper aux Iles une dernière nuit. Franz nous accompagnait, comme d'habitude. Notre intention était natu- rellement de passer d'abord une longue journée en mer. Il était 8 heures, nous venions de quitter la rive. Le soleil se posait sur les tons délicats de l'en et sur notre peau durcie par le hâle. La ville s'éveillait dans une brume légère qui la dégageait lentement, — elle sortait de ses rêves, apparais- sant peu à peu, somptueuse, dans l'éioignement. Nous ramions è plein bras, le vent n'étant pas encore levé, ou bien nous laissions la barque voguer à son gré. Vers 10 heures, la brise se leva suffisante pour hisser la voile ; j'admirais la silhouette sculpturale de Franz accroché aux cordages. Nous étions maintenant au large, dans la plénitude de notre joie... Au cours de l'après-midi, la direction du vent changea subitement. Quelques nuages vinrent glisser sur la sérénité du ciel ; puis ils s'amonce- lèrent et le soir le temps devint passablement inquiétant. Mais ce changement était loin de nous déplaire. Le ciel et la mer, devenue houleuse, avaient pris un aspect nordique qui nous enchan- tait ; une nuit aux Iles dans la tempête serait une chance inespérée. Connaissez-vous action plus passionnante que d'être sur un voilier, luttant contre la force du rent, cinglé par les embruns ? La voile penche sur la mer — elle penche encore — elle va mourir sur la vague... mais, brusquement, elle s'est redressée d'un coup d'aile : et c'est vous le maître de son destin. Ce jour-là, dans cette lutte âpre contre la nature qui ne vous met pas en défaite, vous vous sentez l'égal des Dieux I Nous fîmes un abordage assez difficile. Le. canot fut hissé sur les rochers, dans une crique Puis, ce fut le dressage de la tente, calée entre les pins, le souper dans le vent et les préparatifs pour la nuit. Nous vaquions à ces soins, silen- cieux, dans "atmosphère mouvante du soir, ayant établi notre campement à l'Est, du côté de la pleine mer, sans nous lasser de sa sombre beauté. La nuit vint. Une lampe électrique de poche était notre unique éclairage. Etendus sur les matelas de camp, il fallut essayer de dormir. Mais, la plainte ininterrompue des arbres meur- tris par la tempête, le claquement des parois fra- gile* de notre abri, rendaient difficile le sommeil. Cependant, nous finîmes par tomber dans des rêves confus, agités... «•• Au milieu de la nuit, la chute d'un arbre nous réveilla brusquement. La force de la tempête avait atteint un degré inattendu, tout-a-fait exceptionnel sur la Côte en septembre. Les lames se brisant violemment aux rochers, faisaient entendre un grondement continu et tragique. — Le canot, fit tout à coup Claude, il faudrait le tirer jusqu'ici. Plus prudent. Allons, vite I La magnificence de l'ouragan avait dépassé nos espérances et le canot se trouvait en danger I Rapidement nous fûmes dehors, courant dans le vent. Franz, qui tenait la lampe électrique, nous devançant légèrement, sauta sur les rochers. Comme nous allions nous élancer a notre tour, nous reçûmes un choc brutal, les embruns d'une énorme vague nous frappèrent avec fureur. La lueur de la lampe que nous suivions des yeux s'était soudainement éteinte... Les lames venaient sans doute de recouvrir les roches 1 Aveuglés par l'ebscurité, nous noua mîmes a hurler: «Franz? Franz }... ô Mais seule, la formidable clameut de la mur apoprtait une réponse, terrifiante... Nous comprîmes que Frarc venait d'être emporté. Combien de fois retentit l'appel désespéré de son nom } Debout, sur la hauteur qui dominait la crique, accrochés à un pin, a demi suffoqués par la rafale et les paquets d'eau qui nous inon- daient — nous restions là — nous restions là, dans l'angoisse, dans l'attente affolée. C'était sans doute absurde, mais comme il était excellent nageur, nous n'arrivions pas à perdre tout à fait l'espoir de le voir revenir... Il fallut pourtant nous décider à retrouver notr abri, lequel résistait à l'ouragan protégé par lel hautes broussailles. Comment vous décrire la qualité de tristesse dont nous fûmes envahis alors... si profondément mllée à cette joie hu- maine, égoïste, qui saisit l'homme venant d'échap- per à la Mort : la fatalité "nous" avait épargnés. C'est de ce double sentiment que fût composée, à notre retour, la sorte de sérénité grave dont je vous parlais tout à l'heure. Notre bateau «vait été brisé ; le lendemain, des pêcheurs nous ramenèrent à la rive. Par un de ces changements brusques qui caractérisent la Côte, le temps était redevenu calme. Août 1935. Renée BERTRAND. ÉCHOS LES PÊCHEURS CANNOIS ONT FÊTÉ SAINT-PIERRE Nos pêcheurs maintiennent leurs bonnes traditions. Samedi, ils ont fêté Saint-Pierre leur grand patron, figure illustre de la Bible. A 10 heures, au Suquet, le curé Grau célébra une messe chantée et solennelle présidée par le R.P. Abbé Mitre de Lérins et suivie, sur la place de la Castre, de la bénédic- tion aux péris en mer ; à 11 heures, au monument aux Morts fut dépo- sée une gerbe de fleurs à la mémoi- re de ceux des leurs tombés pour la France. La corporation entière assistait à ces deux cérémonies du souvenir, auxquelles M. Camille Léon, ad- joint, représentait le maire de Gan- nes. La matinée se termina « en fa- mille » par un apéritif d'honneur servi à 11 h: 30, au Café Maritime, à nos patrons-pêcheurs et à leurs invités. DIX PETITS CARÇONS DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE, filleule de Cannes, sont arrivés vendredi parmi nous Les dix petits enfants de la fil- leule de la ville de Cannes, Châ- teauneuf - sur - Loire, sont arrivés vendredi, à 14 heures, à Cannes, accompagnés de Mlle Dieterlen, as- sistante sociale d'Orléans. Nos petits hôtes qui avaient fait un excellent voyage, furent reçus sur le quai de la gare par M" Blan- chardon, maire de Cannes ; Mme Bernard et M. A. Robert, conseillers municipaux ; Mlle Baude et le doc- teur Lavie. Des friandises furent offertes aux petits garçons par Mlle Robert, qui furent ensuite conduits à la colonie de vacances du docteur Lavie, à La Bocoa. Samedi 1 er août, jour de la Fête Nationale Suisse, en l'Eglise évan- gélique libre de Cannes, rue Geor- ges Clemenceau, a été béni le ma- riage de Mlle Nelly Bommeli-Morf, fille des commerçants bien connus de la rue d'Antibes et membres sympathiques de la colonie helvéti- que de notre ville, avec M- André Jermann, prisonnier libéré, fils de M. et Mme L. Jermann, de notre ville. Nous présentons aux jeunes époux nos voeux de bonheur très sincères. LES DEUILS Nous avons appris avec regret le décès, à l'âge de 91 ans, de Mme veuve François Caïs, née Marie Aune. La regrettée défunte, qui appar- tenait à une vieille famille cannoi- se, était la mère du regretté Antoi- ne Caïs, ancien bâtonnier, ancien conseiller municipal, et la grand'- mère de W Gustave Caïs, avocat au Barreau de Grasse. Ses obsèques ont été célébrées lun- di, en l'église Notre-Dame de Bon- Voyage. Nous présentons aux familles que cette mort met en deuil nos bien sincères condoléances.

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Page 1: L'IMPORTANCE NATIONALE ET INTERNATIONALE DE LA …

UNE IMPORTANTE DECLARATIONDU DOCTEUR SCHMIDT

L'IMPORTANCE NATIONALEET INTERNATIONALE DE LA

«RELÈVE»Une véritable mystique de la relève

commence à animer la France et lepeuple français. C'est, entre beaucoupd'autres, un signe réconfortant de no-tre redressement moral et matériel.

A cet égard, le docteur RudolphSchmidt, qui fait partie du ComitéFranco-Allemand, a prononcé récem-ment un discours radiodiffusé en fran-çais qu'il importe de méditer attentUvement.

La relève des prisonniers a deux as-pects. Tout d'abord un aspect nationalqui intéresse, au plus près, la vie dela France. Il s'agit d'obtenir, par cemoyen, la libération du plus grandnombre possible de prisonniers qui se-ront rendus à leurs familles. Ainsi larelève apparaît sous cet angle commeun geste généreux de solidarité natio-nale et sociale entre combattants etnon combattants.

Mais la relève a également un as-pect international dont le Dr Schmidta souligné, dans son allocution, toutel'importance pour notre pays. Far larelève, la France s'ouvre des droits àoccuper une place de premier rangdans l'Europe future.

« C'est pour l'avenir, a déclaré ledocteur Schmidt, que présentementse trouvera fiqé le sort de la Francepar la paix qu'il s'agit de construire.Car toutes les nations seront présentesle jour du règlement, chacune faisantvaloir son propre mérite... Dans l'Eu-rope de demain, la France sera appe-lée à prendre une place proportionnéeà ses efforts immédiats. Prendre libre-ment la place des prisonniers pourtravailler au salut commun, voilà cequi est demandé aujourd'hui aux ou-vriers de France qui trouveront à plusd'un titre, dans le présent et dansl'avenir, la récompense d'un geste quiconstitue tout simplement une bonneaction ».

De la relève dépend donc non seu-lement le sort de nos prisonniers, maisaussi celui de la France entière, dansle monde nouveau.

AVANT LA GRANDE REVUEDE MAURICE CHEVALIER

le 14 août, aux «Ambassadeurs»C'est donc le vendredi 14 août, à

21 h. 30, que Maurice Chevalierchantera aux « Ambassadeurs » aubénéfice du Secours National, desvieux artistes de Ris-Orangis, desoeuvres de Cannes et La Bocca ainsique du Plat chaud gratuit deVEclaireur de Nice et du Sud-Estsur le patronage duquel est placée

' cette grande soirée.Le prix d'entrée en est de 400 fr.,

mais c'est justement pourquoi l'onva refuser du monde, car MauriceChevalier veut que ce gala soit uneapothéose de la saison de Cannesmais aussi de la charité. Il va nousdonner la primeur de chansonsnouvelles : La marche de Ménil-montant, Loulou, C'est comm' ça etça suffit, La Polka des Barbus...d'autres encore, qui seront autantde belles surprises.

Un programme de « jeunes » pré-cédera l'entrée en scène de Mauri-ce. Il y aura aussi une sensation-nelle vente aux enchères à l'améri-caine dont l'enjeu ne sera rien demoins qu'un tableau de Bonnand :une fortune.

En vérité, la soirée du 14 aoûts'annonce comme devant marquerdans les annales de cette salle uni-que des « Ambassadeurs ».

MARIAGESamedi a été célébré dans l'inti-

mité le mariage de M. Claude Saul-nier, docteur ès-lettres, père de no-tre collaborateur Henri Saulnier,avec Mlle Rosalie Muraccioli, sœurde Me Muraccioli, conseiller muni-cipal.

Mc Blanchardon, maire de Can-nes, a uni les deux époux auxquelsnous exprimons tous nos vœux debonheur.

LE LITTORALFORTUNÉ ROBAUDY, FONDATEUR EN 1884

ADMINISTRATION ET RÉDACTION : 22, RUE HOCHE. CANNES « TELEPHONE 904-86HEBDOMADAIRE LITTÉRAIRE, MONDAIN ET SPORTIF DE CANNES ET DE L'ARRONDISSEMENT DE GRASSEPublia les annonça Judiciaires et Légales, les Avis de» Tribunaux de Commerce, Actes de Sociétés, Ventes et Cessions de Fonds de Commerce, etc. R.C. Cannes 436358° ANNÉE NUMÉRO 13.400 JEUDI 6 AOUT 1942 LE NUMERO: 75 CENT.

De ce récit, que notre collaboratrice Renée "Bertrand écrivit en 1935,on appréciera l'intérêt dramatique ; on notera aussi certaines observationspsychologiques qui donnent à penser que si les femmes {certaines tout aumoins) se mêlaient de politique internationale, les choses, bien souvent, n'iraientpeut-être pas si mal... L G

UN RÉCIT...En écoutant un jour une Symphonie, magi-s

tlglement exécutée, j'ai vu se dérouler tout aurong de l'œuvre musicale cette histoire que j'aivécue... Accusez ma folle imagination ! Maisn'oubliez pas, mon cher, que je fus moi-mêmeun héros de ce drame dont j'entendis toutes lessonorités... Je retrouvais dans la voix de lamusique, le déferlement doux des vagues ausoleil, le tumulte de la mer en tempête, nos crisd'angoisse dans la divination du malheur quenous cachait la nuit, le bruit des rames au retoursur une eau apaisée. Je notais l'émouvanteadaptation de mon histoire à la cadence de cequ'exprime cette musique : commencement dansla joie, augmentation progressive du pathétiquejusqu'au degré le plus intense, renaissance ducalme.

En somme, je ne sais par quoi fut inspirél'artiste en écrivant cette Symphonie I Que lamer en soit le leit-motiv ou non, ce qui importe,c'est ce rythme. Il est le rythme même de 1 a vie.

Il y aurait un poème à écrire sur la tragiqueaventure que je vais vous conter. J'ai souventregretté de ne pas Etre poète, mais je suis in-capable de mettre debout deux rimes I

**•

Nous passions, Claude Verrier et moi, nosvacances cette année-là sur la Côte du Midi.Vous connaissez l'inoubliable été des rives médi-terranéennes ? Nous vivions une partie de nosjournées dans l'eau, le reste du temps se passaitsur un vieux canot de pêche, loué au mois, mar-chant à la voile ou a la rame, selon nos capriceset ceux du vent. Vie de rêve I Dix-huit ans etune absolue liberté I

La pension de famille où nous étions descenduslogeait quelques étudiants ; parmi eux, nousfîmes connaissance d'un jeune Allemand parlantassez bien le français. Après lui avoir décoché& table des regards foudroyants, une conversations'engagea un jour. Ce fut, presque tout de suite,le heurt brutal de nos patriotismes juvéniles. Lejeune Allemand essaya de nous prouver que sonpays n'avait pas de mauvaises intentions, que...etc., etc., toutes choses qui nous exaspéraientdavantage. Nous l'accusions d'hypocrisie et uneguerre de mots se déchaîna durant quelques jours.Cependant, la paix vint : à bout d'arguments, lasd'une mutuelle incompréhension, ou plutôt subis-sant un peu d'ébranlement inavoué dans nosconvictions de part et d'autre, nous nous étionsmis à parler d'autre chose. Nous venions de nousdécouvrir une passion commune : la navigation.Franz Hertz, né dans un port de la Baltiqueconnaissait a merveille les bateaux et possédaità fond l'art de manier les voiles. Comme ilcommençait à nous donner de précieux conseils,il fut invité dans notre canot et en peu de tempsnous devînmes des compagnons inséparables IJ'ai souvent pensé depuis, que si les Chefs d'Etatpassaient de temps a autre quelques vacancesensemble, liés par l'amour des arts et des sports,il y aurait sans doute moins de guerres entre lespeuples de civilisation égale.

Nous partions quelquefois, munis d'une tenteet de provisions, camper aux Iles. En une demi-heure, à la rame, on atteint ces terres accueillantesqui vous donnent l'illusion d'un pays lointain.

Dans la première, la plus grande des deux, uneimmense allée d'eucalyptus et d'agaves géantsvous transporte soudainement aux Tropiques...La seconde île abrite un groupe d'hommes vivantde prières et de silence. Une peuplade de cigalesen partage avec les moines l'habitation. Mais lavie de celles-ci n'est pas faite de silence I Invisiblesdans les pins, l'été c'est un concert étourdissantde leur musique stridente qui donne 1 l'île uncaractère particulier.

Le 22 septembre, (je m e souviens de la dateexacte), Claude et moi devions quitter la Côte lesurlendemain, nous avions décidé de camper auxIles une dernière nuit. Franz nous accompagnait,comme d'habitude. Notre intention était natu-rellement de passer d'abord une longue journéeen mer.

Il était 8 heures, nous venions de quitter la rive.Le soleil se posait sur les tons délicats de l'enet sur notre peau durcie par le hâle. La villes'éveillait dans une brume légère qui la dégageaitlentement, — elle sortait de ses rêves, apparais-sant peu à peu, somptueuse, dans l'éioignement.Nous ramions è plein bras, le vent n'étant pas

encore levé, ou bien nous laissions la barquevoguer à son gré.

Vers 10 heures, la brise se leva suffisante pourhisser la voile ; j'admirais la silhouette sculpturalede Franz accroché aux cordages. Nous étionsmaintenant au large, dans la plénitude de notrejoie...

Au cours de l'après-midi, la direction du ventchangea subitement. Quelques nuages vinrentglisser sur la sérénité du ciel ; puis ils s'amonce-lèrent et le soir le temps devint passablementinquiétant. Mais ce changement était loin de nousdéplaire. Le ciel et la mer, devenue houleuse,avaient pris un aspect nordique qui nous enchan-tait ; une nuit aux Iles dans la tempête serait unechance inespérée.

Connaissez-vous action plus passionnante qued'être sur un voilier, luttant contre la force durent, cinglé par les embruns ? La voile penchesur la mer — elle penche encore — elle vamourir sur la vague... mais, brusquement, elles'est redressée d'un coup d'aile : et c'est vousle maître de son destin. Ce jour-là, dans cettelutte âpre contre la nature qui ne vous met pasen défaite, vous vous sentez l'égal des Dieux I

Nous fîmes un abordage assez difficile. Le.canot fut hissé sur les rochers, dans une criquePuis, ce fut le dressage de la tente, calée entreles pins, le souper dans le vent et les préparatifspour la nuit. Nous vaquions à ces soins, silen-cieux, dans "atmosphère mouvante du soir, ayantétabli notre campement à l'Est, du côté de lapleine mer, sans nous lasser de sa sombre beauté.

La nuit vint. Une lampe électrique de pocheétait notre unique éclairage. Etendus sur lesmatelas de camp, il fallut essayer de dormir.Mais, la plainte ininterrompue des arbres meur-tris par la tempête, le claquement des parois fra-gile* de notre abri, rendaient difficile le sommeil.Cependant, nous finîmes par tomber dans desrêves confus, agités...

« • •

Au milieu de la nuit, la chute d'un arbre nousréveilla brusquement. La force de la tempêteavait atteint un degré inattendu, tout-a-faitexceptionnel sur la Côte en septembre. Les lamesse brisant violemment aux rochers, faisaiententendre un grondement continu et tragique.

— Le canot, fit tout à coup Claude, il faudraitle tirer jusqu'ici. Plus prudent. Allons, vite I

La magnificence de l'ouragan avait dépassénos espérances et le canot se trouvait en danger I

Rapidement nous fûmes dehors, courant dansle vent. Franz, qui tenait la lampe électrique,nous devançant légèrement, sauta sur les rochers.Comme nous allions nous élancer a notre tour,nous reçûmes un choc brutal, les embruns d'uneénorme vague nous frappèrent avec fureur. Lalueur de la lampe que nous suivions des yeuxs'était soudainement éteinte... Les lames venaientsans doute de recouvrir les roches 1

Aveuglés par l'ebscurité, nous noua mîmes ahurler: «Franz? Franz } . . . ô Mais seule, laformidable clameut de la mur apoprtait uneréponse, terrifiante...

Nous comprîmes que Frarc venait d'êtreemporté.

Combien de fois retentit l'appel désespéré deson nom } Debout, sur la hauteur qui dominaitla crique, accrochés à un pin, a demi suffoquéspar la rafale et les paquets d'eau qui nous inon-daient — nous restions là — nous restions là,dans l'angoisse, dans l'attente affolée. C'étaitsans doute absurde, mais comme il était excellentnageur, nous n'arrivions pas à perdre tout à faitl'espoir de le voir revenir...

Il fallut pourtant nous décider à retrouver notrabri, lequel résistait à l'ouragan protégé par lelhautes broussailles. Comment vous décrire laqualité de tristesse dont nous fûmes envahisalors... si profondément mllée à cette joie hu-maine, égoïste, qui saisit l'homme venant d'échap-per à la Mort : la fatalité "nous" avait épargnés.

C'est de ce double sentiment que fût composée,à notre retour, la sorte de sérénité grave dont jevous parlais tout à l'heure.

Notre bateau «vait été brisé ; le lendemain,des pêcheurs nous ramenèrent à la rive. Par unde ces changements brusques qui caractérisentla Côte, le temps était redevenu calme.

Août 1935.Renée BERTRAND.

ÉCHOSLES PÊCHEURS CANNOISONT FÊTÉ SAINT-PIERRE

Nos pêcheurs maintiennent leursbonnes traditions. Samedi, ils ontfêté Saint-Pierre leur grand patron,figure illustre de la Bible.

A 10 heures, au Suquet, le curéGrau célébra une messe chantée etsolennelle présidée par le R.P. AbbéMitre de Lérins et suivie, sur laplace de la Castre, de la bénédic-tion aux péris en mer ; à 11 heures,au monument aux Morts fut dépo-sée une gerbe de fleurs à la mémoi-re de ceux des leurs tombés pour laFrance.

La corporation entière assistait àces deux cérémonies du souvenir,auxquelles M. Camille Léon, ad-joint, représentait le maire de Gan-nes.

La matinée se termina « en fa-mille » par un apéritif d'honneurservi à 11 h: 30, au Café Maritime,à nos patrons-pêcheurs et à leursinvités.

DIX PETITS CARÇONSDE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE,

filleule de Cannes,

sont arrivés vendredi parmi nousLes dix petits enfants de la fil-

leule de la ville de Cannes, Châ-teauneuf - sur - Loire, sont arrivésvendredi, à 14 heures, à Cannes,accompagnés de Mlle Dieterlen, as-sistante sociale d'Orléans.

Nos petits hôtes qui avaient faitun excellent voyage, furent reçussur le quai de la gare par M" Blan-chardon, maire de Cannes ; MmeBernard et M. A. Robert, conseillersmunicipaux ; Mlle Baude et le doc-teur Lavie.

Des friandises furent offertes auxpetits garçons par Mlle Robert, quifurent ensuite conduits à la coloniede vacances du docteur Lavie, à LaBocoa.

•Samedi 1er août, jour de la Fête

Nationale Suisse, en l'Eglise évan-gélique libre de Cannes, rue Geor-ges Clemenceau, a été béni le ma-riage de Mlle Nelly Bommeli-Morf,fille des commerçants bien connusde la rue d'Antibes et membressympathiques de la colonie helvéti-que de notre ville, avec M- AndréJermann, prisonnier libéré, fils deM. et Mme L. Jermann, de notreville.

Nous présentons aux jeunes épouxnos vœux de bonheur très sincères.

LES DEUILSNous avons appris avec regret le

décès, à l'âge de 91 ans, de Mmeveuve François Caïs, née MarieAune.

La regrettée défunte, qui appar-tenait à une vieille famille cannoi-se, était la mère du regretté Antoi-ne Caïs, ancien bâtonnier, ancienconseiller municipal, et la grand'-mère de W Gustave Caïs, avocat auBarreau de Grasse.

Ses obsèques ont été célébrées lun-di, en l'église Notre-Dame de Bon-Voyage.

Nous présentons aux familles quecette mort met en deuil nos biensincères condoléances.