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Impacts environnementaux, indicateurs et durabilité écologique du secteur bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie Antoinette Nadege KIBOUM KOH Cadre d'appui PRECESSE en service à la Direction du développement des politiques environnementales, Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) Cameroun Jolien SCHURE Antoinette Nadege KIBOUM KOH La présente étude sur les impacts environnementaux et la durabilité écologique de la filière bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie a été réalisée par l’auteur, KIBOUM KOH Antoinette Nadège dans le cadre d’une consultation pour le CIFOR-Cameroun. Cette étude a été coordonnée par Mrs Jolien SCHURE, chercheur au CIFOR-Cameroun et responsable des recherches sur la filière bois énergie en Afrique Centrale, au sein du programme « Livelihoods ». Au terme de cette étude au CIFOR qui a duré 09 mois environ, l’auteur a regagné le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature du Cameroun (MINEP), où elle exerce actuellement comme cadre au sein de la Direction du développement et des politiques (DDPE). Doctorante à l’Université de Yaoundé I, titulaire d’un D.E.A en biotechnologies végétales et d’un Master professionnel en étude d’impact environnemental, KIBOUM KOH Antoinette Nadège est une jeune Camerounaise de 26 ans qui est appelée dans le cadre de ses fonctions à réaliser des évaluations environnementales stratégiques, ce qui nécessite d’avoir une connaissance parallèle de tous les domaines relatifs à l’environnement au Cameroun (santé, énergies propres, urbanisation...). I. Contexte et justification La problématique de la déforestation consécutive à la consommation de bois-énergie (récolte du bois pour le chauffage domestique ou la fabrication de charbon de bois) se pose avec acuité dans les pays en développement : La filière bois énergie serait responsable de plus de 90 % du total des prélèvements ligneux en Afrique subsaharienne (FAO, 2009). Ici, la FAO révèle une consommation de bois de feu de 261 millions m 3 en 1970, de 440 en l’an 2000 avec une projection de 544 Mm 3 pour 2030 (Mallet et al., 2009). La consommation de charbon était quant à elle est évaluée à 8 millions de tonnes en 1970, à 23 MT en 2000 et devrait être de 46 MT en 2030. Cette évolution dans la consommation du bois énergie serait liée à des politiques énergétiques inefficaces en vigueur dans les pays Africains, ainsi qu’aux dynamiques démographiques des pays concernés, à l’urbanisation croissante, et à la complexité économique, sociale, écologique de mettre en œuvre et diffuser des alternatives viables (éolien, solaire, hydraulique, cultures bioénergétiques) (Mallet et al., 2009). Le Cameroun, pays d’Afrique centrale de 475.442 km de superficie et ayant une population estimée en janvier 2010 à 19,4 millions d’habitants n’est pas en épargné par cette problématique du bois énergie. Il a été classé par la FAO au 15 e rang mondial des pays ayant subi le plus de déforestation entre 1990 et 2005 (FAO, 2005), avec environ 400 000 ha de superficie forestière déboisée sur 23,9 millions d’hectares de forêt dense humide disponible. L’Observatoire Mondial des forêts au Cameroun a révélé que la plupart de ce bois récolté à l’intérieur des forêts et des savanes boisées camerounaises est utilisé pour satisfaire les besoins en énergie du pays. En 1998, quatre fois plus de bois a été récolté comme combustible que la quantité vendue de bois industriel rond. Les combustibles traditionnels, notamment le bois de feu et le charbon de bois, représentaient à peu près 80 % de la consommation totale d’énergie du pays en 1995. A cause d’une politique nationale inefficace visant à promouvoir des énergies alternatives telles que le gaz et le pétrole, la quantité de bois énergie consommée au Cameroun est passée de 7 500.000 m 3 en 1980 à 12 000.000 m 3 en 1998 (WRI, 2000). En 2008, les estimations du SIE (Système d’Information Energétique) – Cameroun ont révélé que la consommation d’énergie domestique était constituée à 82,3 % de bois de feu, à Lien vers le diaporama

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Impacts environnementaux, indicateurs et durabilité écologique du secteur bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie

Antoinette Nadege KIBOUM KOH

Cadre d'appui PRECESSE en service à la Direction du développement des politiques environnementales, Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)

Cameroun

Jolien SCHURE Antoinette Nadege KIBOUM KOH La présente étude sur les impacts environnementaux et la durabilité écologique de la filière bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie a été réalisée par l’auteur, KIBOUM KOH Antoinette Nadège dans le cadre d’une consultation pour le CIFOR-Cameroun. Cette étude a été coordonnée par Mrs Jolien SCHURE, chercheur au CIFOR-Cameroun et responsable des recherches sur la filière bois énergie en Afrique Centrale, au sein du programme « Livelihoods ». Au terme de cette étude au CIFOR qui a duré 09 mois environ, l’auteur a regagné le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature du Cameroun (MINEP), où elle exerce actuellement comme cadre au sein de la Direction du développement et des politiques (DDPE). Doctorante à l’Université de Yaoundé I, titulaire d’un D.E.A en biotechnologies végétales et d’un Master professionnel en étude d’impact environnemental, KIBOUM KOH Antoinette Nadège est une jeune Camerounaise de 26 ans qui est appelée dans le cadre de ses fonctions à réaliser des évaluations environnementales stratégiques, ce qui nécessite d’avoir une connaissance parallèle de tous les domaines relatifs à l’environnement au Cameroun (santé, énergies propres, urbanisation...).

I. Contexte et justification La problématique de la déforestation consécutive à la consommation de bois-énergie (récolte du bois pour le chauffage domestique ou la fabrication de charbon de bois) se pose avec acuité dans les pays en développement :

La filière bois énergie serait responsable de plus de 90 % du total des prélèvements ligneux en Afrique subsaharienne (FAO, 2009). Ici, la FAO révèle une consommation de bois de feu de 261 millions m

3 en

1970, de 440 en l’an 2000 avec une projection de 544 Mm3 pour 2030 (Mallet et al., 2009).

La consommation de charbon était quant à elle est évaluée à 8 millions de tonnes en 1970, à 23 MT en 2000 et devrait être de 46 MT en 2030.

Cette évolution dans la consommation du bois énergie serait liée à des politiques énergétiques inefficaces en vigueur dans les pays Africains, ainsi qu’aux dynamiques démographiques des pays concernés, à l’urbanisation croissante, et à la complexité économique, sociale, écologique de mettre en œuvre et diffuser des alternatives viables (éolien, solaire, hydraulique, cultures bioénergétiques) (Mallet et al., 2009). Le Cameroun, pays d’Afrique centrale de 475.442 km de superficie et ayant une population estimée en janvier 2010 à 19,4 millions d’habitants n’est pas en épargné par cette problématique du bois énergie. Il a été classé par la FAO au 15

e rang mondial des pays ayant subi le plus de déforestation entre 1990 et 2005 (FAO, 2005),

avec environ 400 000 ha de superficie forestière déboisée sur 23,9 millions d’hectares de forêt dense humide disponible. L’Observatoire Mondial des forêts au Cameroun a révélé que la plupart de ce bois récolté à l’intérieur des forêts et des savanes boisées camerounaises est utilisé pour satisfaire les besoins en énergie du pays. En 1998, quatre fois plus de bois a été récolté comme combustible que la quantité vendue de bois industriel rond. Les combustibles traditionnels, notamment le bois de feu et le charbon de bois, représentaient à peu près 80 % de la consommation totale d’énergie du pays en 1995. A cause d’une politique nationale inefficace visant à promouvoir des énergies alternatives telles que le gaz et le pétrole, la quantité de bois énergie consommée au Cameroun est passée de 7 500.000 m

3 en 1980 à

12 000.000 m3 en 1998 (WRI, 2000). En 2008, les estimations du SIE (Système d’Information Energétique) –

Cameroun ont révélé que la consommation d’énergie domestique était constituée à 82,3 % de bois de feu, à

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30,6 % de charbon de bois et à 27 % de gaz sur l’ensemble du territoire national; le reste étant la sciure et les déchets végétaux. Ces chiffres en Afrique subsahariens et au Cameroun démontrent bien que la crise du bois énergie, annoncée il y a près de 30 ans lors de la Conférence des Nations unies sur les sources d'énergie nouvelles et renouvelables (Nairobi, 1981), bien que ne se s’étant pas finalement produite à grande échelle et ayant été largement oubliée par les décideurs et la communauté internationale (Valeix, 2004; Marien, 2009; Schure, 2009), est pourtant une réalité dans certaines régions Sahéliennes et se manifeste progressivement à proximité des grandes métropoles d’Afrique centrale où il existe une consommation accrue de la ressource ligneuse. En effet, des études récentes dans certaines grandes villes d’Afrique centrale montrent que du fait d’une augmentation de la demande et par conséquent de l’offre, les forêts périurbaines déjà fragilisées par l’urbanisation jouent un rôle important dans l’approvisionnement en bois et charbon de bois (Marien, 2009). Approvisionnement matérialisé par une exploitation de la ressource sans un souci de gestion durable et une dégradation des milieux naturels boisés (Mallet et al., 2009). La fourniture en bois de feu et en charbon de bois est y est ainsi devenue associée à des problèmes écologiques tels que la déforestation, entraînant les cercles vicieux de l’érosion des sols et des changements climatiques (Brown, Carbale et al., 1997; White, Cannell et al.,1999 cités par Schure, 2009).

II. Problématique Au Cameroun, les études sur le bois-énergie qui soulignent la nécessité d’une meilleure gestion de la filière en réponse à une dégradation accrue des écosystèmes sont celles réalisées dans la zone septentrionale du pays. Pendant longtemps, l’opinion publique a pensé que de tels problèmes ne sont récurrents que dans la zone sahélienne du Pays, contrairement à la zone forestière. Toutefois, dans les grandes villes du Cameroun telles que Yaoundé où une augmentation de la demande et par conséquent de l’offre est notée, des phénomènes de dégradation et de déforestation sont susceptibles de se produire sur les forêts périurbaines, comme c’est le cas dans d’autres villes d’Afrique Centrale telles que Kinshasa et Kisangani en RDC. Une telle consommation de la ressource présente un risque pour la durabilité des écosystèmes à court, moyen ou long terme. Le principal facteur de risque étant celui de l'exploitation prédatrice des ressources, non organisée dans l'espace et dans le temps, ne prenant pas en compte l'autécologie et la résilience ou régénération naturelle des espèces forestières exploitées, s'affranchissant des modes d'organisation des communautés locales et ignorant le cadre juridique réglant ce type d'activités (Valeix et al., 2004). Il importait donc d’étudier l’ampleur du phénomène de dégradation des forêts périurbaines et l’impact environnemental dû à la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie, afin de proposer des stratégies de gestion durable et ainsi assurer la pérennité des activités source de revenus développées autour du secteur bois énergie dans cette cité-capitale du Cameroun. Cette étude visait donc à répondre à trois principales questions de recherche : 1. Quels indicateurs, critère, ou vérificateurs sont relevés pour une étude de la durabilité écologique de la

filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie? a) Quels sont les indicateurs décrits dans la littérature? b) Quels indicateurs sont spécialement retenus et vérifiables dans le contexte de Yaoundé et ses

environs? c) Quel est le contexte écologique des forêts approvisionnant la filière bois énergie aux alentours de la

ville de Yaoundé? 2. Quel est l’impact environnemental de la filière bois-énergie à Yaoundé et sa périphérie?

d) Quels sont les impacts identifiés/observés? e) Quelle est l’importance desdits impacts? f) Quelles perspectives pour les différentes parties prenantes?

3. Quelles sont les propositions en terme de gestion/mitigation des impacts négatifs générés dans le secteur Bois-énergie aux alentours de la ville de Yaoundé?

III. Objectifs

L’objectif principal de cette étude était d’étudier les impacts environnementaux et la durabilité écologique du secteur bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie. Spécifiquement, les objectifs étaient de : Os

1 1. Décrire le type de forêts où est prélevée la ressource pour l’approvisionnement du secteur bois énergie

de la ville de Yaoundé Os 2. Déterminer les indicateurs de durabilité vérifiables dans le contexte local des forêts périurbaines de Yaoundé Os 3. Identifier et caractériser les impacts générés par les activités de la filière bois énergie à Yaoundé. À savoir identifier et caractériser les impacts générés par les quatre activités suivantes : la production du bois énergie le transport du bois énergie la commercialisation du bois énergie la consommation du bois énergie Os 4. Proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs identifiés Os 5. Proposer des mesures de bonification des impacts positifs identifiés Os 6. Proposer des stratégies pour une meilleure gestion environnementale de la filière bois énergie à Yaoundé

IV. Méthodologie

La collecte des données sur le terrain s’est faite en utilisant les méthodes suivantes : 1. Les enquêtes auprès des différents acteurs de la filière. Le but était d’obtenir des informations générales

sur le profil des acteurs, sur leur activité et sur les impacts découlant de ces activités. Des questionnaires ont été administrés à : 30 consommateurs, 30 vendeurs de charbon, 30 vendeurs de bois, 20 transporteurs, 30 des producteurs de charbon et 30 producteurs de bois.

2. L’utilisation des critères et indicateurs (C&I) choisis après revue de la littérature pour l’évaluation de la durabilité de la gestion des forêts périphériques à Yaoundé. La méthode utilisée pour ce faire a été la « méthode d’appui à l’évaluation de critères et indicateurs utilisés pour juger de la durabilité de la gestion forestière » développée par le CIFOR en 1999. L’utilisation et l’évaluation de ces C&I a également servi à voir si les indicateurs s’adaptent au contexte local. Plus précisément, la phase « travaux de terrain » de cette méthode du CIFOR a été utilisée. Elle a consisté à : o avoir des discussions de groupe avec les parties prenantes et les acteurs clefs de la gestion des forêts sur

le profil historique des forêts; o conduire des entretiens avec des personnes ressources (guides locaux, agriculteurs, chasseurs...); o réaliser les études de terrain : inventaire des espèces exploitées comme bois de chauffe ou pour la

fabrication du charbon; prise du diamètre de ces espèces afin d’estimer leur régénération; abondance des espèces

2; estimation du taux de prélèvement (dans les quadras mis en place);

o effectuer des recherches bibliographiques chaque fois que possible.

3. L’évaluation de l’impact environnemental et des mesures d’atténuation potentielles a été faite grâce à l’observation directe, aux travaux de terrain, à la MARP et à la méthode des grilles d’évaluation impacts sur les composantes du milieu. o La Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP) a consisté aux entretiens semi structurés. Cet

outil de collecte de données socioéconomiques avait pour objectif de conduire à l’obtention des renseignements en petits groupes, recourant à une série de questions consignées dans une fiche servant de guide des conversations avec possibilité d’ajouter d’autres questions au cours de l’entretien. L’entretien avec les communautés portait sur le profil historique des forêts, le fonctionnement de la filière bois de feu dans le village, les effets de cette activité sur les revenus des ménages et l’état des forêts, les solutions à mettre en place dans le cas où cette activité est source de problèmes environnementaux.

1 Os = Objectif spécifique

2 Abondance = Nombre des espèces utilisées pour le bois énergie par quadra

o La méthode d’évaluation des impacts des différentes activités sur l’environnement a été faite comme suit : i. L’identification des impacts basée sur les données récoltées sur le terrain (inventaires, observation)

et après enquêtes a été faite à partir de la matrice de Léopold qui met en phase les activités liées à la filière bois énergie et les composantes du milieu (composantes biophysique et socioéconomique) qui sont affectées par celles-ci (tableau 7).

Tableau 1 : Matrice d’interrelation des impacts pour la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie

Éléments valorisés de l’environnement

Milieu biophysique Milieu humain

Air

Sol

Eau

x d

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Activités sources d’impacts

ii. l’évaluation de l’importance des impacts identifiés, a reposé sur une méthodologie qui intègre les paramètres de la durée, de l’étendue, de l’intensité de l’impact et de la valeur de la composante affectée. Les trois premiers paramètres sont agrégés en un indicateur de synthèse pour définir l’importance absolue de l’impact. Le quatrième paramètre vient s’ajouter à l’importance absolue de l’impact pour donner l’importance relative de l’impact (tableaux 2 et 3).

Tableau 2 : Grille de détermination de l’importance absolue d’un impact

Intensité Étendue Durée Importance absolue

Forte

Régionale

Longue Majeure

Moyenne Majeure

Courte Majeure

Locale

Longue Majeure

Moyenne Moyenne

Courte Moyenne

Ponctuelle

Longue Majeure

Moyenne Moyenne

Courte Mineure

Moyenne

Régionale

Longue Majeure

Moyenne Moyenne

Courte Moyenne

Locale

Longue Moyenne

Moyenne Moyenne

Courte Moyenne

Ponctuelle

Longue Moyenne

Moyenne Moyenne

Courte Mineure

Faible

Régionale

Longue Majeure

Moyenne Moyenne

Courte Mineure

Locale

Longue Moyenne

Moyenne Moyenne

Courte Mineure

Ponctuelle

Longue Mineure

Moyenne Mineure

Courte Mineure

Source : Martin Fecteau

Tableau 3: Grille de détermination de l’importance relative d’un impact (Fecteau, 1997)

Importance absolue de l’impact

Valeur relative de la composante affectée

Importance relative de l’impact

Majeure

Forte Forte

Moyenne Forte

Faible Moyenne

Moyenne

Forte Forte

Moyenne Moyenne

Faible Moyenne

Mineure

Forte Moyenne

Moyenne Moyenne

Faible Faible

Source : Martin Fecteau

V. Résultats V.1. indicateurs spécialement retenus et vérifiables dans le contexte de Yaoundé et ses environs Dix-sept (17) indicateurs et treize (13) vérificateurs ont été retenus pour servir de guide durant les études de terrain (enquêtes, focus group, entretiens, profils historiques, inventaires forestiers). Les résultats obtenus sur la base de leur utilisation nous ont permis au final de nous prononcer sur la durabilité de la filière bois énergie dans la ville de Yaoundé et sa périphérie.

Tableau 4 : indicateurs vérifiables et spécialement retenus dans le contexte de Yaoundé et ses environs pour mesurer la durabilité des forêts exploitées pour le BE

P C I V DESCRIPTION

1 Il existe des capacités légales et institutionnelles pour protéger les ressources utilisées pour le bois énergie d’une gestion non durable

1.1 Existence d’un cadre légal, économique, capacités d’information et instruments financiers pour encourager les populations désirant pratiquer une gestion durable des forêts

1.1.1 Moyens concrets, appropriés et efficients permettant d’inciter les différentes parties prenantes à la protection de forêts :

1.1.2 Tenure foncière sécurisée

1.1.3 Marché légal du bois énergie existant

1.1.4 Procédure d’acquisition du permis d’exploitation du bois de chauffe simplifiée

1.1.5 Mesures efficientes de surveillance et de protection contre les coupes illégales de bois énergie :

1.1.6 Cas de répression effective par le Ministère des Forêts (éco gardes)

1.1.7 Marchandise (bois de chauffe, charbon de bois) saisie

1.1.8 Fourniture d’une source d’énergie fiable et adéquate aux communautés urbaines et rurales qui consomment ou exploitent du bois énergie :

1.1.8.1 Petites plantations de bois énergie

1.1.8.2 Pratiques agro forestières vulgarisées dans la région concernée

1.1.8.3 Gaz domestique fourni et subventionné dans les villes et les villages

1.1.8.4 Électricité fournie et subventionnée dans les villes et les villages

2 Les capacités de régénération et de production des écosystèmes sont maintenues ou accrues

2.1 L’exploitation ne doit pas atteindre un taux critique au-delà duquel la forêt pourra être menée à disparaître au fil du temps

2.1.2 Dégradation sensible du paysage évitée malgré l’exploitation du bois énergie

2.1.2.2 Abondance des arbres dans les forêts exploitées pour le bois énergie ne présentant pas de changements significatifs par rapport aux forêts non perturbées

2.2 Les composantes de l’écosystème déterminant la productivité des sites (sol, eaux) ont la capacité de retrouver des propriétés similaires ou supérieures à celles qu’ils possédaient avant la mise en exploitation du site.

2.2.5 L’exploitation doit assurer la conservation ou l’augmentation des eaux souterraines et de surface

2.2.5.1 Approvisionnement en eau présentant ou non des difficultés sur les sites d’exploitation de bois/de production de charbon de bois

2.2.5.2 Débits et circulation des cours d’eau ne présentant pas des changements significatifs en comparaison des sites non exploités

3 La diversité biologique et écologique du couvert forestier est maintenue ou accrue

3.1 La résilience écologique du paysage est maintenue ou accrue

3.1.1 La diversité des groupes cibles est maintenue à travers :

3.1.2 La Richesse spécifique des groupes dominants

3.1.2.1 Composition variée des espèces dans la forêt périphérique

3.1.2.2 Abondance spécifique des différents groupes cibles effective

3.2 Les bénéfices environnementaux rendus par la forêt sont maintenus ou accrus

3.2.2 Lessivage des sols peu abondant et éléments nutritifs (nutriments) du sol conservés :

3.2.3 Sols fertiles

3.2.4 Jachère longue

3.2.6. Quantité de gibier maintenue ou accrue

3.2.6.1 Chasse existante dans la zone

3.2.6.2 Rendement de chasse satisfaisant

3.2.7 Quantité de PFNL maintenue ou accrue dans les sites exploités

3.2.7.1 PFNL récoltés en forêt

3.2.7.2 Quantité de PFNL maintenue au fil du temps

PCI&V Basés sur les C&I génériques du CIFOR (1999) et de Lattimore et al., 2009

V.2. Contexte écologique et gestion des forets approvisionnant la filière bois énergie aux alentours de la ville de Yaoundé Taux de prélèvement par écosystème Les taux de prélèvement permettent de se faire une opinion sur la quantité de bois effectivement prélevée dans chaque écosystème utilisé par les producteurs de BE à Yaoundé et sa périphérie :

dans les villages produisant du bois de chauffe, la quantité du bois prélevé par les producteurs se répartit de la manière suivante : 4 % en moyenne dans les agroforêts, 16,5 % dans les anciennes jachères, 36,4 % dans les champs et 42,6 % dans la forêt naturelle;

par contre, dans les villages produisant le charbon, la quantité moyenne de bois prélevée par les producteurs est de 4 % dans les agroforêts; 6 % dans les anciennes jachères; 11,2 % dans les champs et 78,8 % dans la forêt naturelle.

Tableau 5 : Types d’écosystèmes en périphérie de Yaoundé où est prélevée la ressource bois énergie et taux de prélèvement dans chaque type d’écosystème Type d’écosystèmes Taux de prélèvement par écosystème (en %)

Villages « bois de feu » Villages « charbon » Agroforêts / jardins de case 4 4 Champs 16,5 6 Anciennes jachères 36,4 11,2 Forêts secondaires 42,6 78,8 Source : Enquêtes 2010 Ainsi contrairement à des études menées en 1996 qui révélaient que 80,02 % et 59 % respectivement de bois et charbon vendus dans les blocs de Yaoundé provenaient des champs vivriers parce que la ressource y était encore abondante, les observations de terrain tendent à montrer que la ressource est actuellement plus prélevée en forêt que dans les champs vivriers. D'autre part, la ressource bois est prélevée à une distance de plus en plus éloignée des villages. Ceci traduit une non seulement une augmentation significative de la demande urbaine en bois énergie et une raréfaction de la ressource bois dans les agroforêts et les champs vivriers et tend à démontrer que le charbon et le bois de chauffage ne sont plus des sous-produits de l’agriculture à Yaoundé et sa périphérie. Espèces utilisées pour le bois énergie Au total, vingt-huit 28 espèces ont été recensées dans les massifs forestiers périurbains à la ville de Yaoundé comme utilisées pour la production du bois de chauffage et trente (30) plantes et du charbon de bois. Certaines de ces plantes sont aussi utilisées dans l’alimentation et/ou la pharmacopée traditionnelle. Parmi ces plantes, cinq espèces sont préférées des producteurs et consommateurs de bois et charbon. Ce sont : l’assas (Macaranga hurifolia); l’ebebeng (Phyllanthus discoideus), l’atui (Piptadeniastrum africanum), l’angoa (Erismadelphus exsul) et le bongo (Fagara tessmanii). Abondance par classe de diamètre L’abondance des espèces utilisées comme bois énergie par classes de diamètre a été calculée dans les différentes formations végétales inventoriées afin de cerner si l’exploitation des forêts pourra atteindre un taux critique en deçà duquel la forêt pourra ou non être emmenée à disparaître au fil du temps, sachant que selon les normes d’exploitation forestière le diamètre minimum d’exploitabilité (DME) des espèces rencontrées dans un massif forestier doit être compris entre 50 et 100 cm (100 cm étant pour les espèces ayant une régénération extrêmement lente), avec un pic entre 50 – 60 cm pour la plupart des espèces. Trois types de formations végétales situées sur les cinq axes d’accès à la ville de Yaoundé détaillés plus haut ont fait l’objet d’inventaire : 2 agroforêts (agroforêt de Zamakoe et de Yega-si) ; une ancienne jachère (ancienne jachère d’Ongandi) et trois forêts secondaires (forêt d’Akak II, d’Ongandi et de Nkolening) (figure 1).

DIST

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Figure 1 : Abondance des espèces par classe de diamètre dans les différents sites étudiés

Une comparaison entre les différents sites montre que : - dans des sites étudiés, l’abondance des espèces de diamètre inférieur à 10 cm encore appelées

« plantes d’avenir » est très faible pour les plantes utilisées comme bois énergie, ce qui pose un problème de régénération desdites essences et par ricochet des forêts. La forêt d’Akak II apparait comme la moins perturbée avec une proportion de 18,8 % de plantes d’avenir, tandis que la forêt de Nkolening semble fortement perturbée avec 0,00 % de plante d’avenir (figure 1);

- les plantes de diamètre compris entre 10 et 49 cm sont les plus nombreuses dans les différents sites étudiés, contrairement à celles de diamètre compris entre 50 à 100 cm. Une explication à ce phénomène serait que soit les plantes de gros diamètre font l’objet d’une exploitation normale et conforme aux règles de bonne pratique forestière (photo 5) ; soit les plantes utilisées comme bois énergie ont un développement lents et du fait de la forte demande seront exploitées entre 10 et 49 cm (photo 1 et 2), c’est-à-dire avant d’avoir atteint le diamètre minimum d’exploitabilité qui est compris entre 50 à 60 cm pour la majorité des plantes, avec une extension à 100 cm pour les espèces les plus rares. La faible proportion des plantes d’avenir montre que cette dernière assertion se vérifie.

- diversité spécifique dans les sites étudiés

Pour ce qui est de la richesse spécifiques dans les sites étudiés, le nombre d’espèces varie de 37 à 15 en fonction du degré de perturbation des massifs forestiers (figure 2) :

- La moitié des sites inventoriés présentent une faible richesse spécifique, signe d’une perturbation de la forêt. C’est le cas de la jachère d’Ongandi, et de la forêt de Nkolening, appartenant respectivement à des villages situés à 18 et 17 km de Yaoundé. Bien que ces deux villages soient enclavés et peu urbanisés, l’activité de production du charbon qui s’y réalise depuis une vingtaine d’années a conduit à la dégradation des forêts et des anciennes jachères.

- Par contraste, l’agroforêt de Zamakoe (village de production du bois), possède une forte richesse spécifique, preuve que l’activité de production du bois est moins dévastatrice pour les forêts que celle de la production du charbon.

Concernant l’abondance intraspécifique, c’est-à-dire l’abondance au sein des différents groupes cibles (plantes préférées) par rapport aux autres plantes utilisées dans la production du bois énergie (figure 3), l’on voit que :

- dans certains écosystèmes les espèces préférées que sont l’assas (Macaranga hurifolia) ; l’ebebeng (Phyllanthus discoideus), l’atui (Piptadeniastrum africanum), l’angoa (Erismadelphus exsul) et le bongo (Fagara tessmanii) sont aussi abondantes que les autres plantes utilisées comme bois énergie (forêts secondaires d’Ongandi et d’Akak), contrairement à des sites où ces espèces sont minoritaires (ancienne jachère d’Ongandi et agroforêt de Zamakoe) ou quasiment absentes pour les sites les plus perturbés (agroforêt de Yega-si et forêt secondaire de Nkolening)

- certaines espèces préférées semblent ubiquistes et relativement abondantes dans les formations végétales, il s’agit de l’ébebeng (Phyllanthus discoideus) et de l’assas (Macaranga hurifolia). D’autres plantes telles que l’angoa (Erismadelphus exsul) sont rares et ne se rencontrent que dans des forêts anciennes et faiblement dégradées telles que celles d’Akak II et d’Ongandi. D’autres plantes enfin à l’exemple de l’atui (Piptadeniastrum africanum) et du bongo (Fagara tessmanii) semblent en voie de disparition car sont minoritaires dans la majorité des sites.

Bénéfices environnementaux rendus par les forêts périphériques à la ville de Yaoundé Dans les villages étudiés, l’on note que les services rendus ou fonctions des forêts périurbaines aux alentours de Yaoundé, loin d’être accrus au fil du temps ont subi une nette diminution :

- le rendement de la chasse a significativement diminué au fil du temps; - le rendement de la pêche est insatisfaisant et a fortement diminué au fil du temps. Dans 7 villages sur

9 les eaux des cours d’eau ne sont plus potables et comestibles contrairement à ce qui était le cas dans le temps;

- dans des villages charbon les populations ont constaté la disparition des PFNL par rapport au passé, contre de villages bois. La moitié des villages charbon a reconnu que l’activité y est si intense que même les PFNL sont coupés pour fabriquer le charbon;

- 86,2 % d’agriculteurs interrogés dans les villages de production de charbon estiment que la fertilité des sols a diminué significativement au cours des cinq dernières années, contre 73,3 % d’agriculteurs dans les villages « bois » qui sont de ce même avis.

VI. Identification et caractérisation des impacts générés par la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie

et proposition des mesures d’atténuation

Tableau 6 : Matrice d’identification des impacts générés par la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie

Éléments valorisés de l’environnement

Milieu biophysique Milieu humain

Air

Sol

Eau

x d

e s

urf

ace

Eau

x

sou

terr

ain

es

géta

tio

n

Fau

ne

Bio

div

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Re

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us

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s

nag

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Qu

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Hyg

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e e

t

salu

bri

Sécu

rité

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ide

n

ts

Go

uve

rnan

ce

Co

nfl

its

Activités sources d’impacts

Acquisition/Achat d’arbres X X

Coupe du bois X X X X X X X X X X X X X X X X X

Transport du lieu de coupe au four/village

X X X X X X X X X X X X

Carbonisation/entretien des fours X X X X X X X X X X X X X X X

Remise en état des sites par l’agriculture

X X X X X X X X X X X

Transport des lieux de productions aux marchés

X X X X X X X X X X X

Contrôles routiers et perception des taxes

X X X

Commercialisation dans les marchés et les quartiers

X X X X X X X X X X X X X X X

Consommation par les ménages X X X X X X

Consommation par les consommateurs industriels

X X X X X X X X X X

X = l’activité est susceptible de créer une incidence positive ou négative sur la composante valorisée de l’environnement

Tableau 7 : Matrice de caractérisation et évaluation des impacts générés par la filière bois énergie (BE) à Yaoundé et sa périphérie

Aspect Source de l’impact Intitulé de l’impact

Ind

ex

Nat

ure

Du

rée

Éte

nd

ue

Inte

nsi

Imp

ort

ance

abso

lue

Val

eu

r

Imp

ort

ance

rela

tive

QUALITÉ DE L'AIR

coupe du bois Pollution aérienne provoquée par l’envol de la poussière et des débris de végétaux terrassés.

1. a - C P f Mi Nv Mi

-Carbonisation -Utilisation du bois énergie par les ménages et les consommateurs industriels

Pollution aérienne générée par le dégagement des fumées toxiques et augmentation de l’effet de serre

1. b - L L F Ma V Ma

Fonctionnement des véhicules de transport Pollution localisée de l’air par les gaz d’échappement émis par les véhicules de transport

1. c - L L F Ma V Ma

PAYSAGE

-coupe du bois -Carbonisation -Commercialisation dans les marchés et les quartiers

Enlaidissement et encombrement du paysage par les carcasses d’arbres terrassées et les débris de charbon

2 - L P M Mo V Mo

COMPOSITION DU SOL

-Coupe du bois et mise à nu des sols -Érosion et lessivage des sols mis à nu

Perte de la fertilité des sols par lessivage des nutriments après leur mise à nue

3. a - L L F Ma Hv Ma

STRUCTURE DU SOL

carbonisation Risque de destruction de la structure des sols par la carbonisation

3. b - L P f Mi Hv Mo

STRUCTURE DU SOL

Transport du bois des lieux de coupe vers les fours par roulement

Risque de compaction et imperméabilisation du sol 3. c

- C P f Mi Nv Mi

EAUX DE SURFACE

-Coupe du bois -Érosion et lessivage des sols

Pollution de la qualité des eaux de surface par les sédiments érodés et les eaux usées lessivées vers les cours d’eau

4. a - L L F Ma V Ma

-Carbonisation -Érosion et lessivage des sols

Baisse de la turbidité des eaux de surface par le lessivage et le dépôt des débris de charbon et des sédiments érodés

4. b - L L M Mo V Mo

EAUX SOUTERRAINES

Prélèvement d’eau dans les puits et cours d’eau pour l’entretien des fours

Risque diminution de la nappe phréatique 5

- L L M Mo V Mo

FAUNE AQUATIQUE

-Baisse de la qualité des eaux -Baisse de la turbidité des cours d’eau

Disparition de la faune aquatique 6

- L L M Mo V Mo

FAUNE Coupe du bois et perte des habitats Fragmentation des habitats et perturbation des 7. a - L L M Mo V Mo

Aspect Source de l’impact Intitulé de l’impact

Ind

ex

Nat

ure

Du

rée

Éte

nd

ue

Inte

nsi

Imp

ort

ance

abso

lue

Val

eu

r

Imp

ort

ance

rela

tive

TERRESTRE mouvements de la faune terrestre

Coupe du bois et perte des habitats Augmentation du braconnage 7. b - L L f Mo Hv Ma

VEGETATION Coupe du bois Destruction du couvert végétal et déforestation 8 - L L M Mo V Mo

ECOSYSTEMES Coupe du bois Carbonisation

Dégradation des écosystèmes et baisse significative des services rendus par les forêts périurbaines

9 - L L F Ma Hv Ma

BIODIVERSITE

Coupe du bois et perte des habitats pour la faune

Disparition de la faune terrestre et perte de la biodiversité faunique

10. a - L L M Mo V Mo

Coupe du bois Disparition d’espèces floristiques rares ou endémiques et perte de la biodiversité floristique

10. b - L L F Ma V Ma

SÉCURITÉ/ACCIDENTS

-Coupe de bois -Carbonisation -Défournement et mise en sac -Fente du bois avant la vente

Accidents de travail, blessures et brûlures

11. a

- M P M Mo Hv Mo

Transport des lieux de productions aux marchés

Accidents de circulation 11. b

- L P M Mo V Mo

SAINTE HYGIÈNE ET SALUBRITÉ

-Carbonisation -Commercialisation dans les marchés et les quartiers -Consommation par les ménages et les consommateurs industriels

Impacts sur la santé de la population exposée aux fumées toxiques et aux poussières de charbon

12. a

- L/M R f Ma/Mo

V Ma/Mo

-Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours -Fente du bois pour la Commercialisation

Impacts sur la santé des producteurs et vendeurs générés par les travaux pénibles nécessaires pour la production et la vente du BE

12. b

- M P M Mo V Mo

EDUCATION

-Coupe du bois -Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours -Commercialisation dans les marchés et les quartiers

Abandon des classes pour la production et la vente du BE

13

- L P f Mi Hv Mo

GOUVERNANCE -Coupe du bois -Contrôles routiers et perception des taxes

Impact sur la gouvernance 14

- L R F Ma Hv Ma

Aspect Source de l’impact Intitulé de l’impact

Ind

ex

Nat

ure

Du

rée

Éte

nd

ue

Inte

nsi

Imp

ort

ance

abso

lue

Val

eu

r

Imp

ort

ance

rela

tive

-Commercialisation dans les marchés et les quartiers

CONFLITS

-Acquisition des arbres -Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours

Conflits entre les charbonniers 15. a

- C P f Mi Nv Mi

Contrôles routiers et perception des taxes Conflits entre les transporteurs/producteurs et les agents de contrôle routier (police, gendarmerie ou eaux et forêts)

15. b - L L M Mo V Mo

REVENUS DES MÉNAGES

-Acquisition des arbres -Coupe du bois -Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours -Commercialisation dans les marchés et les quartiers

Augmentation du revenu des ménages

16

+ M L F Mo Hv Ma

EMPLOI -Coupe du bois -Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours -Commercialisation dans les marchés et les quartiers

Création d’emplois

17

+ L L F Ma Hv Ma

QUALITÉ DE VIE

-Acquisition des arbres -Coupe du bois -Transport du lieu de coupe au four/village -Carbonisation/entretien des fours -Commercialisation dans les marchés et les quartiers

Amélioration de la qualité de vie par l’accès aux produits de première nécessité, aux soins de santé et à l’éducation

18

+ M L F Mo Hv Ma

Nature Durée Étendue Intensité Valeur Importance

+ (impact positif) - (impact négatif)

L (Longue) M(Moyenne) C (Courte)

R (Régionale) L (Locale) P (Ponctuelle)

F (Forte) M (Moyenne) f (Faible)

Hv (Hautement valorisé) V (Valorisé) Nv (Non valorisé)

Ma (Majeure) Mo (Moyenne) Mi (Mineure)

Impact positif majeur

Impact négatif majeur

Tableau 8 : Description et manifestation des impacts générés par la filière bois énergie (BE) à Yaoundé et mesures d’atténuation/ de bonification

Aspect In

de

x Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

QUALITÉ DE L'AIR

1. a

Pollution aérienne provoquée par l’envol de la poussière et des débris de végétaux terrassés.

Lors de l’abattage des arbres par les tronçonneuses, il se produit un dégagement de poussière et de particules susceptibles d’altérer la qualité de l’air. Ce dégagement n’est toutefois pas assez important et est de courte durée, car se dépose sur la végétation avoisinante

Mi - Impact d’importance mineure ne nécessitant

pas de mesures d’atténuation

1. b Pollution aérienne générée par le dégagement des fumées toxiques

Altération de la qualité de l’air par les activités de carbonisation et de combustion du BE qui émettent des particules et des gaz à effet de serre (CO2) dans l’atmosphère rurale et urbaine (photo 8)

Ma

- diffusion des fours à carbonisation modernes et améliorés auprès des charbonniers

- sensibilisation des ménages de la ville de Yaoundé à l’utilisation des fours améliorés

1. c

Pollution localisée de l’air par les gaz d’échappement émis par les véhicules de transport

- 80 % de transporteurs de BE utilisent le gasoil comme carburant et consomment en moyenne 25,4 litres (st. dev : 21,5) par semaines pour le transport des lieux de productions aux marchés de Yaoundé. - Ceci entraîne l’émission d’une quantité importante de gaz fossiles s’échappant des véhicules, contribuant ainsi à l’augmentation de l’effet de serre

Mo

- systématiser les visites techniques des véhicules transportant le BE pour la révision des moteurs défaillants

- vulgariser l’utilisation de l’essence auprès des transporteurs de BE

PAYSAGE 2

Enlaidissement et encombrement du paysage par les carcasses d’arbres terrassées et les débris de charbon

Le paysage des charbonneries industrielles telle que celle de Mfou ou artisanales dans les villages est enlaidi et noirci par les débris de charbon et les flaques d’eau stagnantes sur le sol résultant des activités de carbonisation, ce qui pose également un problème d’hygiène et de salubrité (photo 9)

Mo

- sensibiliser les charbonniers au nettoyage quotidien du sol

- favoriser la création des circuits d’irrigation dans les charbonneries industrielles

COMPOSITION DU SOL

3. a Perte de la fertilité des sols par lessivage des nutriments après leur mise à nue

Le déboisement incontrôlé qui a été noté dans les forêts périphériques de Yaoundé pour la production du BE entraîne une mise à nu des sols, ce qui les expose lors des pluies à l’érosion et au lessivage des nutriments qu’ils contiennent. La conséquence ici est une baisse de la fertilité de ces sols

Ma

- sensibiliser les producteurs sur l’importance de la forêt et de la ressource bois

- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de la ressource selon les normes de bonne pratique forestière (respect du DME)

- promouvoir le reboisement dans les écosystèmes exploités pour le BE

3. b Risque de destruction de la composition des sols par la

La chaleur dégagée par les fours de carbonisation détruit la composition des sols en nutriments et microorganismes et les fragilise (photo 10)

Mo - vulgariser les fours à carbonisation modernes

et améliorés auprès des charbonniers

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

STRUCTURE DU SOL

carbonisation

3. c Risque de compaction et imperméabilisation du sol

La technique de transport du bois vers les fours qui consiste à rouler les billes de bois à même le sol est susceptible de générer la compaction du sol. Cependant, les distances parcourues ici sont faibles étant donné que les lieux de coupe/ débitage du bois et les emplacements des fours sont sur les mêmes sites

Mi - Impact d’importance mineure ne nécessitant

pas de mesures d’atténuation

EAUX DE SURFACE

4. a

Pollution de la qualité des eaux de surface par les sédiments érodés et les eaux usées lessivées vers les cours d’eau

- Les eaux usées stagnantes et les débris de charbon et de bois sur les sites exploités, ainsi que les sédiments des sols mis à nu sont lessivés par les eaux de ruissellement vers les cours d’eaux, altérants ainsi la qualité de ces cours d’eaux. - Il a de ce fait été observé que 7 villages sur les 9 étudiés au cours de cette étude ont des cours d’eau pollués et impropres à la consommation.

Ma

- sensibiliser les charbonniers au nettoyage quotidien du sol

- favoriser la création des circuits d’irrigation dans les charbonneries industrielles

- promouvoir le reboisement dans les sites après exploitation et production du bois énergie

- reboiser les abords des cours d’eaux

4. b

Baisse de la turbidité des eaux de surface par le lessivage et le dépôt des débris de charbon et des sédiments érodés

Les débris de charbon et de bois sur les sites exploités, ainsi que les sédiments des sols mis à nu sont lessivés par les eaux de pluie et se déposent dans le lit des cours d’eau, entraînant leur comblement et une baisse du débit d’écoulement (photos 11 et 12)

Mo

- promouvoir le reboisement dans les sites après exploitation et production du bois énergie

- reboiser les abords des cours d’eaux

EAUX SOUTERRAINES

5 Risque diminution de la nappe phréatique

- Pour la production des fours, les producteurs de charbon interrogés ont déclaré utiliser 10 à 20 fûts pour des fours de 60 sacs. Sachant que la production moyenne par producteur dans la zone de Yaoundé est de 73,0 sacs de charbon par mois (st. dev : 17,1), chaque charbonnier utilise mensuellement environ 18, 2 fûts d’eau. - Cette quantité est importante et pourrait aboutir à long ou moyen terme à une diminution de la nappe phréatique dans certaines localités (en fonction du nombre de producteurs). Étant en zone forestière, ce risque certain n’est cependant pas élevé en raison de la pluviométrie

Mo

- vulgariser des fours à carbonisation modernes et améliorés auprès des charbonniers et nécessitant une consommation minimale d’eau

- afin de favoriser l’augmentation de la pluviosité dans les localités à forte activité d’exploitation du BE, promouvoir le reboisement dans les sites après exploitation pour le BE

FAUNE AQUATIQUE

6 Disparition de la faune aquatique

La pollution et l’altération du débit des cours d’eaux par les sédiments du sol, les débris de bois et les eaux usées est susceptible d’entraîner la disparition de la faune aquatique.

Mo - sensibiliser les charbonniers au nettoyage

quotidien du sol - favoriser la création des circuits d’irrigation

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

C’est ainsi que dans 7 villages sur les 9 étudiés, le rendement de la pêche est insatisfaisant et a fortement diminué au fil du temps. Sachant que la production du charbon se fait aux abords des cours d’eau, la disparition de la faune dans ces cours d’eau peut être directement imputée à cette activité. À cette cause s’ajoute la déforestation et la mise à nu des sols pour l’agriculture

dans les charbonneries industrielles - promouvoir le reboisement dans les sites

après exploitation et production du bois énergie

- reboiser les abords des cours d’eaux

FAUNE TERRESTRE

7. a

Fragmentation des habitats et perturbation des mouvements de la faune terrestre

Le déboisement et la déforestation des forêts périurbaines de Yaoundé pour le BE entraînent la destruction et la fragmentation des habitats. Ceci conduit à la perturbation et la migration de la petite faune encore existante dans ces forêts. C’est ainsi que dans tous les villages étudiés hormis Akak II, les populations ont reconnu que le rendement de la chasse a significativement diminué au fil du temps

Mo

- éviter le déboisement dans des sites isolés et servant de refuge à la faune

- promouvoir le reboisement dans les sites après exploitation et production du bois énergie

7. b Augmentation du braconnage

Les animaux ayant perdu leur habitat après déforestation pour le BE sont à découvert et constituent une proie facile pour les braconniers et surtout les producteurs

Ma

- sensibiliser les producteurs sur l’importance de la préservation de la faune

- éviter le déboisement dans des sites isolés et servant de refuge à la faune

- promouvoir le reboisement dans les écosystèmes exploités pour le BE

VEGETATION 8 Destruction du couvert végétal et déforestation

La production du BE entraîne la destruction des arbres (déboisement) qui constituent la matière première pour l’activité. Dans la zone de Yaoundé, cette production n’est plus un sous-produit de l’agriculture et 60,7 % de bois en moyenne est prélevé des forêts pour produire le bois énergie. Pour ce faire, des carrés entiers de végétation sont progressivement éclaircis en pleine forêt pour la mise en place des fours, ce qui constitue avec l’agriculture une cause de la déforestation des forêts périurbaines.

Mo

- sensibiliser les producteurs à l’utilisation du bois coupé dans les champs

- sensibiliser les vendeurs à l’utilisation du charbon issu des scieries

- promouvoir la production du charbon à partir des déchets des scieries

- sensibiliser les producteurs sur l’importance de la forêt et de la ressource bois

ECOSYSTEMES 9 Dégradation des Le déboisement et la déforestation pour la production de BE et les Ma

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

écosystèmes et baisse significative des services rendus par les forêts

activités de carbonisation entraînent l’érosion des sols, la pollution des eaux, la perte d’habitat pour la faune, sans oublier le réchauffement du microclimat et la perturbation de la phénologie des plantes en forêt (y compris les PFNL). Tout ceci concoure à la baisse de la fonction et des services rendus par les écosystèmes forestiers (pêche, chasse, fertilité des sols, production des PFNL) : c’est la dégradation des écosystèmes

- sensibiliser les producteurs sur l’importance de la forêt et de la ressource bois

- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de la ressource selon les normes de bonne pratique forestière (respect du DME)

- promouvoir le reboisement dans les écosystèmes exploités pour le BE

BIODIVERSITE

10. a

Disparition de la faune terrestre et perte de la biodiversité faunique

Les écosystèmes exploités pour le BE et dégradés constituent des refuges uniquement pour une catégorie d’animaux : les petits rongeurs. Ceci représente une perte de la biodiversité faunique dans les forêts périurbaines

Mo

- éviter le déboisement dans des sites isolés et servant de refuge à la faune

- promouvoir le reboisement dans les sites après exploitation et production du bois énergie

10. b

Disparition d’espèces floristiques rares ou endémiques et perte de la biodiversité floristique

-La présente étude a révélé que certaines plantes préférées des acheteurs et de producteurs de BE à l’exemple de l’atui (Piptadeniastrum africanum) et du bongo (Fagara tessmanii) semblent en voie de disparition, car sont minoritaires dans la majorité des sites. -D’autre part dans les différents types d’écosystèmes où est prélevé le bois énergie, il a été noté une faible proportion de plante d’avenir et une croissance lente des espèces utilisées comme bois énergie, ce qui suppose leur disparition à long ou moyen terme si rien n’est fait. La biodiversité floristique est donc compromise par la production de BE

Ma

- sensibiliser les producteurs sur l’importance de la forêt et de la ressource bois

- sensibiliser les producteurs à l’exploitation de la ressource selon les normes de bonne pratique forestière (respect du DME)

- promouvoir le reboisement dans les écosystèmes exploités pour le BE

- favoriser le reboisement des espèces préférées à faible vitesse de regénération

- sensibiliser les producteurs et les vendeurs pour l’utilisation des espèces préférées ubiquistes et relativement abondantes telles que l’ébebeng (Phyllanthus discoideus) et l’assas (Macaranga hurifolia)

SÉCURITÉ/ ACCIDENTS

11. a

Accidents de travail, blessures et brûlures

L’utilisation de la tronçonneuse pour la coupe du bois, la carbonisation, le défournement du charbon, sa mise en sac et la fente du bois de chauffe avant la vente sont autant d’activités de la filière BE représentant un

Ma

- sensibilisation des producteurs et vendeurs au port de équipements de protection (gants, bottes, tenue appropriée)

- diffusion d’un matériel moderne et à faible

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

SÉCURITÉ/ ACCIDENTS

danger pour les acteurs impliqués (producteurs, vendeurs, consommateurs). Dans la présente étude 16,6 % de producteurs ont déclaré rencontrer comme difficultés liées l’activité les blessures; 81,5 % de vendeurs de bois de chauffe estiment que les risques liés à cette activité sont les accidents de travail tandis que 18,5 ont déjà été victimes de blessures

risque auprès des producteurs et vendeurs (charbonnières, tronçonneuses, etc.)

11. b

Accidents de circulation

-Les accidents de circulations peuvent avoir cours lors du transport du BE des lieux de productions aux marchés. -Ces risques sont d’autant plus probables au vu du trafic intense effectué par transporteurs (en moyenne 4 chargements par semaine pour chaque transporteur de BE ; st dev=2,8) et au vu de la surcharge de certains véhicules de transport (photo 13). -95 % de transporteurs ont ainsi reconnu que le risque d’accident est réel dans le transport du BE et 20 % ont déclaré en avoir déjà été victimes (selon ces derniers, il s’agit d’une difficulté rencontrée dans l’activité de transport du BE)

Mo

- éviter la surcharge lors du transport du BE - réduire les excès de vitesse lors du

transporteur de BE - éviter le transport du BE aux heures tardives

SAINTE HYGIÈNE ET SALUBRITÉ

12. a

Impacts sur la santé de la population exposée aux fumées toxiques et aux poussières de charbon

Les fumées toxiques et les poussières de charbon émises par les activités de carbonisation et de combustion du BE sont susceptibles de causer des maladies telles que le mal des yeux, les maladies respiratoires et les maladies pulmonaires. C’est ainsi que 37 % de producteurs de charbon et 36 % de vendeurs ont déclaré avoir déjà été victimes de maladies pulmonaires et respiratoires du fait de ces inhalations. Cependant, des études médicales approfondies doivent être menées pour démontrer ce lien de causalité.

Ma/ Mo

- diffusion des fours à carbonisation modernes et améliorés auprès des charbonniers

- sensibilisation des ménages de la ville de Yaoundé à l’utilisation des fours améliorés

- sensibilisation des consommateurs industriels (vendeurs de beignets, braiseurs de porc, restaurants) de la ville de Yaoundé à l’utilisation des fours améliorés

- vulgarisation auprès des ménages, consommateurs industriels, vendeurs et producteurs de charbon l’application de

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

mesures simples de prévention telle que la prise régulière de lait

SANTE 12. b

Impacts sur la santé des producteurs et vendeurs générés par les travaux pénibles liés à la production et la vente du BE

Le transport du lieu de coupe au four/village sur la tête, la carbonisation/entretien des fours et la fente du bois pour la Commercialisation sont des activités liées à la filière BE qui sont extrêmement éprouvantes pour les producteurs en particulier. 67 % de producteurs de charbon déclarent ainsi être victimes au quotidien de douleurs musculaires, fatigues et anémies 60 % de producteurs de bois de chauffe au cours des enquêtes se sont plaint de courbatures, douleurs musculaires et articulaires

Mo - vulgarisation du matériel moderne auprès

des producteurs (charbonnières améliorées, portes-tout, etc.)

EDUCATION 13 Abandon des classes pour la production et la vente du BE

La production du charbon et du bois est source de revenus rapides. De plus en plus dans les villages, cette activité est l’apanage des jeunes qui la préfèrent aux activités pénibles comme l’agriculture et il est à craindre que certains d’entre eux ne délaissent les études au profit d’un gain rapide. Dans les villages étudiés, cet impact ne se produit pas encore, car les producteurs ont en moyenne 36 ans

Mo Sensibilisation des élèves et étudiants sur les bienfaits de l’éducation

GOUVERNANCE 14 Impact sur la gouvernance

-Les exploitants de bois pour le BE dans les forêts périphériques de Yaoundé ne remplissent pas aux exigences légales imposées par la législation en vigueur, car aucun d’eux ne possède un permis d’exploitation du bois ou du charbon de bois. -La production et le transport de BE en direction des marchés de la ville n’en sont pas moins intenses, et l’on note juste que des taxes sont prélevées sur chaque convoi/véhicule transportant du BE. Il s’agit vraisemblablement d’une parafiscalité qui se développe en marge de la législation en vigueur

Ma

- cartographier le potentiel de production du BE dans la zone de Yaoundé

- donner une base légale à la taxe prélevée sur le BE par les différents postes de contrôle

- simplifier la procédure d’obtention des permis de coupe pour le transport du bois énergie

- favoriser un allègement des taxes routières pour les transporteurs possédant un permis de transport du BE

- recenser les producteurs de BE et créer des marchés ruraux

CONFLITS

15. a

Conflits entre les producteurs de BE

Les conflits entre les producteurs peuvent avoir cours en cas de raréfaction de la ressource dans certaines localités.

Mi - promouvoir le reboisement dans les

écosystèmes exploités pour le BE

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

Dans la présente étude, il a été noté que seulement 27 % de producteurs de bois ont eu des conflits pour vol d’arbres dans leur parcelle, la majorité ayant accès à la ressource par héritage sans titre foncier (93,3 %), avec titre foncier (6,7 %) et par achat d’arbres (50 %). Chez les producteurs de charbon, le principal conflit noté est lié au travail en groupe, il s’agit notamment du refus de rendre un service dont on a bénéficié (18 %). Seulement 10,7 % de producteurs ont dit avoir été victimes de destruction de leur production due à la jalousie des vendeurs de terrains ne possédant plus de parcelles de terre. La majorité des producteurs ayant accès à la ressource par héritage sans titre foncier (79,4 %), avec titre foncier (8,8 %) et par achat d’arbres (79,4 %).

15. b

Conflits entre les transporteurs/producteurs et les agents de contrôle routier (police, gendarmerie ou eaux et forêts)

Sans être ouvertement déclaré, un conflit latent existe entre les transporteurs/producteurs de bois énergie et les agents de police, gendarmerie ou eaux et forêts. En effet, 33% de producteurs de bois de chauffage, 14,2% de producteurs de charbon et 50% de transporteurs ont souligné comme difficulté rencontrée dans la production l’excès de contrôles routiers et de tracasseries policières.

Mo

- donner une base légale à la taxe prélevée sur le BE par les différents postes de contrôle

- simplifier la procédure d’obtention des permis de coupe pour le transport du bois énergie

- favoriser un allègement des taxes routières pour les transporteurs possédant un permis de transport du BE

REVENUS DES MÉNAGES

16 Augmentation du revenu des ménages

En moyenne 9,3% de sachets sont achetés par mois par les ménages enquêtés dans la ville de Yaoundé (st. dev : 9,88), correspondant à une dépense moyenne de 3000 FCFA dans les ménages utilisant le charbon (51,4%). Quant au bois de chauffe, environ 20,5 fagots sont achetés par mois, correspondant à 3949,1 FCFA dépensé chaque mois par les ménages utilisant le bois de chauffe (45,5%) Pour 70 % de ménages enquêtés, le bois énergie supplée à l’énergie principale qui est le gaz 43,3 % et 23,3 % de ménages estiment que le bois de chauffe et le charbon de bois permettent respectivement de diminuer les dépenses effectuées par mois pour l’approvisionnement en énergie de cuisson et

Ma - réguler l’inflation des prix du bois énergie

notée par les ménages au cours des cinq dernières années

Aspect

Ind

ex

Intitulé de l’impact Description et manifestation de l’impact

Imp

ort

ance

rela

tive

Mesures d’atténuation/de bonification

contribuent à l’augmentation des revenus du ménage

EMPLOI 17 Création d’emplois

La filière bois énergie génère de nombreux emplois dans les différents maillons que sont l’exploitation, le transport, la commercialisation et la consommation du bois énergie. 200 personnes exerçant à l’intérieur de ces quatre maillons ont par exemple été abordés seulement dans le cadre de cette étude préliminaire.

Ma - formaliser la filière et diminuer la répression

observée lors du transport et de la vente du bois énergie

QUALITÉ DE VIE

18

Amélioration de la qualité de vie par l’accès aux produits de première nécessité, aux soins de santé et à l’éducation

Pour les vendeurs, les transporteurs et les producteurs de bois énergie enquêtés, la vente/production du bois énergie est source de revenus et leur permet de subvenir aux besoins de la famille (accès aux produits de première nécessité, aux soins de santé et à l’éducation)

Ma

- favoriser un allègement des taxes routières pour les transporteurs possédant un permis de transport du BE

- recenser les producteurs de BE et créer des marchés ruraux pour un meilleur équilibre des revenus entre les producteurs et les vendeurs

IMPACTS GÉNÉRES PAR LA FILIÈRE BOIS ÉNERGIE EN IMAGES

Photo 9 : Enlaidissement et encombrement du paysage

par les carcasses d’arbres et les débris de charbon

(scierie Mfou)

Photo 8 : Pollution aérienne générée par les activités de carbonisation et de combustion du BE qui émettent des particules et des gaz à effet de serre (CO2) dans l’atmosphère (scierie Mfou)

Photo 10 : Chablis à proximité d’un ancien site de carbonisation, preuve de la perturbation et

de la fragilité du sol (Yega-Si, agroforêt)

Photo 11 : Cours d’eau s’écoulant à l’amont et présentant un débit normal

Photo 12 : Plus bas, même cours d’eau en aval de plusieurs sites de carbonisation

groupés (un sceau a d’ailleurs été installé par le charbonnier pour

s’approvisionner en eau). L’on note que le lit du cours d’eau dégagé en amont ici

est presque entièrement comblé par les sédiments et le débit d’écoulement des

eaux est très faible (eaux stagnantes)

Photo 13 : Surcharge des véhicules assurant le transport du bois énergie dans la zone de

Yaoundé et précarité du transport

CONCLUSION Que dire de la durabilité écologique et des impacts environnementaux générés par la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie? En définitive, malgré des impacts positifs certains sur la création des emplois et l’amélioration des conditions de vie des acteurs, la filière bois énergie génère plus d’impacts environnementaux négatifs dans la zone de Yaoundé et sa périphérie. Cet état des choses est en grande partie dû à une mauvaise gestion des massifs forestiers à la base de la production. Une analyse de la durabilité écologique de ces massifs forestiers révèle donc que celle-ci est grandement compromise par une exploitation pour le bois énergie (BE) génératrice d’impacts environnementaux majeurs, n’obéissant pas aux normes de bonne pratique forestière et caractérisée par :

- l’extrême rareté des essences de diamètre compris entre 50 et 100 cm dans les écosystèmes inventoriés, ce qui suppose une exploitation abusive des espèces de gros diamètre ayant abouti à leur disparition, mais surtout une croissance et un développement lent des espèces en présence;

- le faible taux des plantes d’avenir (Ø <10 cm) dont l’abondance maximale est de 18,8 % dans la forêt secondaire la moins perturbée parmi les écosystèmes inventoriés, ce qui compromettra à moyen ou long terme la régénération des massifs forestiers et confirme si besoin est la lente croissance des espèces utilisées comme bois énergie dans les forêts périurbaines de Yaoundé;

- une abondance d’espèces de diamètre compris entre 10 et 50 cm, qui du fait de la forte demande sont exploitées avant d’atteindre le diamètre minimum d’exploitabilité (DME), c’est-à-dire le diamètre pour lequel les espèces possèdent la maturité nécessaire pour assurer la régénération de la forêt. En général, le DME est compris entre 50 et 60 cm en fonction des caractéristiques de régénération des espèces, avec un maximum à 100 cm pour les espèces les plus rares;

- une dégradation des massifs forestiers mise en exergue par une forte diminution des services rendus par ces forêts du fait de l’exploitation du BE (pêche, chasse, fertilité des sols, potabilité des cours d’eau, etc.);

- des impacts négatifs majeurs sur la gouvernance, sur la santé des producteurs, des vendeurs et des consommateurs intervenant dans la filière bois énergie.

Perspectives pour les différents acteurs La mise en œuvre des mesures d’atténuation/bonification proposées pourra contribuer à la mitigation des impacts négatifs et à l’amélioration des impacts positifs identifiés. Nous préconisons comme recommandation forte le reboisement des forêts périurbaines de Yaoundé dégradées pour la plupart, la sensibilisation à l’usage des foyers améliorés ainsi que l’assistance des charbonniers pour l’amélioration des conditions de production et la bonne gestion des massifs forestiers. Nous recommandons enfin la régularisation de la filière par l’État et la création des marchés ruraux pour une meilleure gouvernance et une équité dans les bénéfices en fonction de l’effort fourni. La régularisation de la filière pourra se faire à travers :

- la cartographie du potentiel de production du BE dans la zone de Yaoundé; - une quantification fine de la demande en bois énergie dans la ville de Yaoundé; - une quantification exacte du prélèvement de bois dans les forêts; - l’institutionnalisation de la taxe prélevée sur le BE par les différents postes de contrôle; - la simplification de la procédure d’obtention des permis de coupe pour le transport du bois énergie - l’allègement des taxes routières pour les transporteurs possédant un permis de transport du BE - le recensement des producteurs de BE et leur suivi pour une bonne gestion des forêts.

Pour aider le gouvernement dans cette fonction régalienne de régularisation et de formalisation de la filière bois énergie à Yaoundé et sa périphérie, des Organisations de recherche ou des ONG nationales comme internationales pourraient réaliser certains des objectifs globaux ci-dessus.