libertés ! janvier 2009 n° 450

16
Libertes! DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles MANIF 11 JANVIER «MONSIEUR OBAMA, VOUS AVEZ 100 JOURS» ZIMBABWE LE CALICE JUSQU’À LA LIE ASILES JANVIER 2009 – N°450 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

Upload: amnesty-international

Post on 09-Mar-2016

219 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

Le dossier du numero de janvier est consacre a la problematique des migrants, des demandeurs d’asile et des sans-papiers, en Europe et en Belgique. Deux articles edifiants se penchent egalement sur la descente aux enfers du Zimbabwe. Les 3 Lettres du Mois sont consacrees a la Libye, au Myanmar et au Honduras, a trouver egalement sur http://www.isavelives.be/leslettresdumois

TRANSCRIPT

Page 1: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Libertes! DÉ

POT

À B

RU

XE

LLE

S XBELGIQUE-

BELGIE

PP

1/2345

BXL X

Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 Bruxelles

MANIF 11 JANVIER«MONSIEUR OBAMA,VOUS AVEZ 100 JOURS»

ZIMBABWELE CALICEJUSQU’À LA LIE

ASILES

JANVIER 2009 – N°450 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

Page 2: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

ACTUEL■ Zimbabwe : Le calice, jusqu’à la lie■ Paroles : «200 partisans de la

ZANU ont encerclé ma maison»■ Insolites-Brèves

DOSSIERASILES■ Le continent européen, entre flux et reflux■ Belgique : Avancées, reculs et langueurs■ 4 instances pour la procédure d’asile■ Qui est quoi ?■ Quelles sont les positions d’Amnesty ?

MOUVEMENT■ Vive ma liberté !■ «Monsieur le Président, vous avez 100 jours»

ISAVELIVES.BE■ Lettres du mois : Libye, Myanmar et Honduras■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA■ Jeux d’ombre et de pouvoir■ Une vaine fraction du rouge■ Coup de tête

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditrice responsable: Chris-tine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck,Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Aurélia Donnard (st.), Estelle Dubost • Iconographie: Brian May •

Maquette: RIF • Mise en page: Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture: L’église du Béguinage, occupée par 150 sans-papiers.Bruxelles, juin 2008. © Pablo Castillo

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : 2,5 e 5 e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix)au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . .. . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordreà tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

3

5

10

13

15

Des terroristes tuent à Bombay, des réfugiés congolaisépuisés et terrifiés affluent en Ouganda, on exécute enIran, 300000 civils sont déplacés dans le nord du Sri Lanka

et le ralentissement de la croissance économique jette une ombreinquiétante sur le monde entier. Nous ne sommes pas dans unepériode faste pour célébrer l’An 60 de la Déclaration universelle desdroits de l’homme. Les anniversaires sont toutefois propices à laréflexion et aux bilans. À bien des égards, si la situation des droitshumains s’est nettement améliorée par rapport à 1948, avec desnormes internationalement reconnues, notre époque reste profon-dément marquée par l’injustice, l’impunité et l’inégalité. S’il y a une leçon à tirer du carnage Bombay, c’est que nos libertéssont précieuses et menacées. Si les gouvernements ont pour devoirde protéger la population, ils ne doivent pas répéter les erreurs dela «guerre contre le terrorisme» lancée par les États-Unis. Détenirindéfiniment les gens, les maintenir dans un vide juridique, dansdes prisons comme Guantánamo, tolérer ou pratiquer la torture,bafouer les procédures légales et l’État de droit sont autant de piègesà éviter. En effet, si les terroristes attaquent les sociétés libres,c’est parce qu’elles sont libres. Si nous restreignons les libertés aunom de la sécurité, nous concédons une victoire au terrorisme. Défendre nos droits ne suffit pas. Nous devons en faire bénéficier

ceux qui subissent les privations, la discrimination et l’exclusion.Une croissance sans entrave devait entraîner la prospérité pour tous,comme une vague bienfaisante. La crise financière a montrécombien ce postulat était erroné. La vague est devenue un tsunamidévastateur, emportant non seulement les grands groupes finan-ciers, mais également des millions de personnes qui sontretombées dans la pauvreté, alors que des milliards de dollarsétaient alloués au sauvetage des institutions responsables de la cata-strophe. Dans les pays les plus riches, il existe des ressources et desdispositifs censés aider les personnes en difficulté. Dans les écono-mies pauvres ou émergentes, les pauvres ne peuvent compter quesur eux-mêmes. Ce sont les personnes dont la marge de survie estla plus restreinte qui paieront pour l’avidité des banquiers deWall Street et de la City. Ainsi, les droits humains sont universels,indivisibles – qu’ils soient économiques, sociaux, civiques, poli-tiques ou culturels – et il ne peut exister de hiérarchie entre eux. Au niveau mondial, les rapports de pouvoir évoluent, et les diri-geants commencent à comprendre qu’ils doivent travaillerensemble pour sortir de la tourmente économique. Ainsi, l’invita-tion lancée par le gouvernement américain à vingt puissancesmondiales – dont la Chine, l’Arabie saoudite, l’Inde et le Brésil –afin de planifier une réponse globale à la crise dénote une nouvellevolonté d’ouverture. Toutefois, l’ouverture ne signifie pas unique-ment intégrer de nouveaux membres à des structures existantes.Elle implique aussi une adhésion à des valeurs communes etmondiales. La Déclaration universelle des Droits de l’Homme nousoffre ces valeurs. eIrene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International

L’AN 60

Toute l’équipe de Libertés ! vous souhaite une excellente année 2009.

Page 3: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Un enfant joue dans une mare d’eau stagnante dans une ville dévastée par les crues de la Save River, au sud de Beira. Machanga, 6 mars 2008. © Private

En novembre 2008, les États membres de laCommunauté de développement d’Afriqueaustrale (SADC) se réunissaient en sommet à

Johannesburg (Afrique du Sud) pour tenter de trouverune issue à l’impasse politique au Zimbabwe et enfinparvenir à la constitution d’un gouvernement d’uniténationale entre la ZANU-PF (Union nationale africainedu Zimbabwe, au pouvoir depuis 1980) et l’opposi-tion du MDC de Morgan Tsvangirai. Depuis laréélection contestée du président Robert Mugabe,84 ans, le 27 juin, le Zimbabwe est en effet plongédans la paralysie politique la plus complète.Le chef de l’État et le chef de l’opposition MorganTsvangirai avaient certes signé le 15 septembre unaccord de partage du pouvoir. Cependant, le26 novembre, dans un contexte de violence politiquegrandissante et alors que le MDC et la ZANU n’étaienttoujours pas tombés d’accord sur la répartition desministères-clés (Intérieur, Affaires étrangères, Défenseet Économie), le chef de l’opposition zimbabwéenneMorgan Tsvangirai demandait que l’ancien présidentsud-africain Thabo Mbeki démissionne de son postede médiateur dans la crise politique au Zimbabwe. Ilavait déjà réclamé en avril la tête de Thabo Mbekilequel, mandaté par la SADC, supervise depuis juilletles négociations entre la ZANU et le MDC pour mettrefin à la crise politique née de la défaite électorale durégime zimbabwéen aux élections générales de mars. Pendant que les partis politiques zimbabwéens se

déchirent sur la forme que doit prendre le prochaingouvernement, le système de santé du pays a continuéde se désintégrer. Neuf des dix provinces que comptela République du Zimbabwe sont touchées par lecholéra, tandis que les grands hôpitaux chargés del’accueil et de l’orientation des malades, notammentl’Hôpital central d’Harare, l’Hôpital de Parirenyatwa etl’Hôpital de Bulawayo, ne fonctionnent pratiquementplus. Le 17 novembre, la faculté de médecine de l’Uni-versité du Zimbabwe a fermé pour une duréeindéterminée. La pénurie de médicaments et de maté-riel médical, le délabrement des infrastructures, lemauvais état des équipements et la fuite des cerveauxparalysent le système, privant la population de lapossibilité de recevoir les soins les plus élémentaires. Le 11 décembre, Robert Mugabe, tentant de diminuerla pression exercée sur lui par plusieurs puissancesétrangères, se risquait à affirmer que l’épidémie decholéra était résorbée. Cette déclaration se révélaitd’autant plus ubuesque qu’au même moment,l’Afrique du Sud déclarait sa région frontalière «zone decatastrophe» suite à l’afflux de malades sur son terri-toire et aux débuts de contagion régionale. Pis, le18 décembre, l'ONU fournissait un nouveau bilanfaisant état d'au moins 1 111 morts du choléra auZimbabwe depuis le mois d'août et de 20581 personnescontaminées.Comble de l’horreur, la mobilisation internationaleautour de l’épidémie de choléra qui frappe le

Libertés ! Janvier 2009 3

A C T U E L

RDCAMNESTY SUR LE TERRAINFin novembre et début décembre, des délé-gués d’Amnesty International (et entre autresde la section belge francophone) ont participéà des missions de terrain dans la province duNord-Kivu (est de la RDC) et se sont rendusdans différents centres de regroupement deréfugiés le long de la frontière entre l’Ougandaet la RDC, dans le sud-ouest de l’Ouganda. Cesdélégués d’Amnesty International ont enquêtésur les atteintes aux droits humains pendantle conflit et se sont entretenus avec les princi-paux représentants de toutes les partiesimpliquées, ainsi que des responsables desONG humanitaires internationales, desagences des Nations unies et des comman-dants de la MONUC, ainsi qu’avec des militantslocaux des droits humains. e

GUANTÁNAMOPERCÉE PORTUGAISELe 11 décembre, le Portugal lançait un appelaux autres États membres de l’Union euro-péenne pour que figure parmi leurs prioritésla protection des détenus de Guantánamo quine peuvent pas retourner dans leur pays d’ori-gine. Luís Amado, ministre portugais desAffaires étrangères, s’est engagé à offrir protec-tion à ces détenus, en appelant les autres Étatseuropéens à faire de même. Parmi les250 personnes encore détenues à Guantá-namo, une cinquantaine ne peuventlégalement pas être renvoyées dans leur paysd’origine car ils risquent d’y subir des atteintesgraves à leurs droits fondamentaux, commedes actes de torture. Ces détenus sont origi-naires notamment de Chine, de Libye,d’Ouzbékistan, de Russie et de Tunisie. e

ESPAGNETUEURS À GRANDE VITESSELe 3 décembre dernier, Ignacio Uría Mendi-zábal, dirigeant d’une entreprise deconstruction travaillant sur le chantier duTGV entre les principales localités du Paysbasque et Madrid, était abattu par ballesdevant un restaurant de la ville d’Azpeitia. Lemeurtre a sans doute été commis par desmembres de l’organisation armée indépen-dantiste basque Euskadi Ta Akatasuna (ETA,«Pays basque et Liberté»). Depuis que lestravaux du TGV ont commencé, les entreprisesimpliquées dans sa construction ont été lacible de menaces et d’actes de sabotage de lapart de l’ETA. Ignacio Uría Mendizábal avaitreçu des menaces de mort à plusieurs reprisesdans le passé pour avoir refusé de verser dessommes d’argent, qualifiées d’«impôts révo-lutionnaires» par l’ETA. e

ÉTATS-UNISLE TASER TUED’un rapport publié par Amnesty le16 décembre, USA: Less than lethal?, il ressort que334 personnes sont décédées entre 2001 etaoût 2008 après avoir été touchées par unpistolet incapacitant de la marque Taser. L’or-ganisation demande aux gouvernements derestreindre leur utilisation aux situationsmettant la vie en danger ou bien de suspendreleur usage, l’étude montrant que 90 % despersonnes décédées après avoir été touchéespar un Taser étaient désarmées. e

ZIMBABWE

LE CALICE, JUSQU’À LA LIEL’élection officielle (et controversée) de Robert Mugabe à la présidence du Zimbabwe et laconclusion toute théorique d’un accord de partage du pouvoir avec l’opposition n’ont pas enrayé leprocessus infernal de la violence politique, de l’effondrement économique et de la catastrophesanitaire et humanitaire. En faisant son apparition en novembre dernier, le choléra aurafonctionné comme une tragique piqûre de rappel.

Page 4: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Des victimes de violences attribuées à des militants de la ZANU-PF se réfugient à la Harvest House, le siège du parti d’opposition MDC. Harare, 22 avril 2008. © AP/PA

L’INSOLITE

A C T U E L

Zimbabwe a eu pour effet «pervers» (et évidemment invo-lontaire) d’éloigner les regards du fléau qui empoisonnedepuis de longues années l’ancienne Rhodésie : laviolence politique et les «disparitions». C’est sans doutepourquoi la publication, le 31 octobre 2008, par AmnestyInternational de son rapport Time for Accountability estpassé quasi inaperçu. De ce rapport (voir ci-dessous), ilressort que 180 personnes sont mortes et 9000 autres ontété blessées lors des violences post-électorales (rafles,passages à tabac et tortures) de la fin mars 2008. Ces chif-fres sont sans doute sous-estimés vu que les ONG nepeuvent faire leur travail librement et que beaucoup deZimbabwéens hésitent à témoigner, surtout quand ilest question de violences sexuelles. Beaucoup de fermiersont vu leurs bras ou jambes cassés et leur bétail volé. Nepouvant plus travailler leurs terres, «ils survivent defruits sauvages et d’aliments pourris destinés à leursbêtes», explique la secrétaire d’un syndicat agricole,Gertrude Hambira, laquelle ajoute que des femmesen sont réduites à se prostituer la nuit pour pouvoir senourrir.Enfin, le 10 décembre 2008, jour du 60e anniversaire dela Déclaration universelle des Droits de l’Homme (lireaussi p. 10-11), plusieurs ONG internationales (AmnestyInternational, Human Rights Watch et Open Society)ont lancé à partir de la capitale sud-africaine un appel àl’Union africaine (UA), la SADC et l’ONU pour qu’ellesfassent pression sur le gouvernement zimbabwéen et

obtiennent l’arrêt des enlèvements et «disparitions» demilitants de l’opposition et de défenseurs des droitshumains.Pour de nombreux observateurs, la situation sera bientôtincontrôlable, d’autant que le régime de la ZANU-PFaffirme ne pas être en mesure de résoudre la crise huma-nitaire, tout en affichant clairement son intention depoursuivre ses assauts contre les opposants et les défen-seurs. Ainsi, début décembre, en plein marasmehumanitaire, trois défenseurs des droits humains et unproche d’un avocat renommé spécialisé dans les droitshumains étaient enlevés, plus que probablement pardes personnes agissant pour le compte des autoritészimbabwéennes ou sous leur encouragement. Il s’agit deJestina Mukoko, directrice de l’ONG de défense desdroits humains Zimbabwe Peace Project (ZPP); de BroderickTakawira et Pascal Gonzo (deux employés du ZPP) etZacharia Nkomo, frère d’Harrison Nkomo, un avocatréputé pour sa défense des droits humains et qui travailleprécisément sur le cas de Jestina Mukoko. En 1979, Bob Marley & The Wailers publiaient sans douteleur album le plus sobre, Survival, dont la pochette étaitun collage de drapeaux africains et sur lequel on trouvaitle très beau titre Zimbabwe, composé alors que le combatde la majorité noire contre le régime ségrégationnisterhodésien touchait à sa fin. Près de trente années ontpassé et avec elles pas mal d’illusions. ePascal Fenaux

4 Libertés ! Janvier 2009

Dans son rapport Time for Accountability (AFR 46/028/2008), Amnesty Interna-tional rappelle que ce sont plus de 180 personnes qui ont péri et 9 000autres qui ont été sérieusement blessées lors de violences la plupart du

temps exercées contre des militants de l’opposition, des défenseurs des droitshumains, voire de simples quidams «coupables» de tiédeur envers la ZANU du prési-dent Robert Mugabe.«Dans les zones de réinstallation, on nous a dit que les partisans et les dirigeants de la ZANU-PF ne veulent pas de gens du MDC. Nous avons été obligés de nourrir toute la population ducamp. Nous leur avons donné notre maïs, notre argent et nos chèvres pour “célébrer” la“victoire” de Mugabe. Les “vétérans” de la guerre d’indépendance ont accusé mes enfants d’êtretous membres du MDC. Le 19 juillet, j’ai été arrachée de force de ma maison par les “vétérans”et par les partisans de la ZANU-PF. J’ai été forcée de m’allonger au sol et ils m’ont alors atta-quée avec des bâtons. Cela a duré très longtemps et mon corps a été roué de coups. J’aiégalement subi une fracture du bras. J’ai appris ensuite que j’avais été “dénoncée” par un demes voisins aux “vétérans”. Aujourd’hui, je suis handicapée et je ne peux plus travailler auxchamps. Je veux être indemnisée pour les blessures. Je veux pouvoir parler à mes agresseurset leur demander qu’ils m’expliquent pourquoi ils m’ont battue. Je voudrais tant qu’ilspassent devant un tribunal.» Lyn, une paysanne de 86 ans de la zone de réinstallationde Beatrice.

P A R O L E S

PÈRES LA COLIQUEBarack Obama et Carla Bruni-Sarkozyont rejoint les rangs des personnalitésreprésentées en «caganer», les tradition-nels santons des crèches catalanes en trainde… déféquer. L’année dernière, la figurinedu président français Nicolas Sarkozy seserait ainsi très bien vendue. Cette figurinecatalane, symbole de fertilité dans unesociété alors très largement agricole, estvraisemblablement issue de l’exaltationréaliste de l’époque baroque au XVIIIesiècle. On trouve son équivalent en France(Le Père la Colique), en Allemagne (DasCholeramännchen) et en Flandre (DeKakker). Les figurines catalanes sont désor-mais fabriquées dans la station balnéaire deL’Estartit, près de Gérone. De nombreusespersonnalités mondiales comme lesPremiers ministres espagnols José LuisZapatero ou José María Aznar, les idolesdu football espagnol et les membres de lafamille royale d’Espagne ou encore le papeBenoît XVI figurent parmi les «caganer» lesplus célèbres. e (D’après l’AFP)

«200 PARTISANS DELA ZANU ONTENCERCLÉ MAMAISON»

«Le 16 juin, des militants de la ZANU-PF organisaient une réunion politique au Centre d’En-treprises de Mupandawana. Comme je ne suis pas allée à cette réunion, la nuit même, un grouped’environ 200 militants de la ZANU-PF a encerclé ma maison et a exigé que ma sœur et moisortions. Comme nous ne réagissions pas, ils ont défoncé les portes et ont fouillé toutes les piècesavant de trouver la pièce où je me cachais. Ce jour-là, je ne me sentais pas bien et j’étais enceintede cinq mois. Ils m’ont traînée dehors et ont commencé à me frapper avec des grosses battes.Comme ils m’accusaient d’être manipulée par Morgan Tsvangirai, ils ont dit vouloir medonner une leçon et se sont mis à me rouer de coups. Violemment battue elle aussi, ma sœurs’est évanouie. À un certain moment, les coups pleuvaient tellement que certaines personnesdu groupe ont demandé à leurs camarades d’en rester là parce que j’étais enceinte, mais lesautres ont dit que je devais servir d’exemple à ceux qui voulaient rejoindre le MDC. Tout notremobilier a été défenestré, ma sœur a été obligée de chanter des chansons MDC et moi des chantsde la ZANU-PF. J’ai commencé à frissonner et à avoir des spasmes. Alors, le passage à tabacs’est arrêté. Ils ont pris la carte d’identité de ma sœur pour qu’elle ne puisse pas se présenterau bureau de vote [des élections du 27 juin]. Quand la foule a quitté les lieux, cinqpersonnes nous ont tenues en respect avant d’emporter notre argent et nos provisions.»Clara, une femme de 32 ans de Gutu, accusée de militer au MDC. eP.F.

Le 31 octobre 2008, alors qu’une réunion des États membres de laCommunauté de développement d’Afrique australe (SADC) àJohannesburg était imminente, Amnesty International publiait unrapport accablant sur les violences qui ont suivi les élections généralesdu printemps dernier au Zimbabwe.

Page 5: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Un conteneur où sont détenus les «immigrants illégaux» sur l’île grecque de Chios. Photo prise le 19 avril 2005 par des manifestants. © Refugee Solidarity Committee

Libertés ! Janvier 2009 5

D O S S I E R

LE CONTINENT EUROPÉEN,ENTRE FLUX ET REFLUXLa mondialisation et la facilitation des échanges internationaux participent à l’accroissement des fluxmigratoires. Plus de 200 millions de personnes vivent en-dehors de leur pays d’origine. Selon lespronostiques, cet état de fait n’aura de cesse de s’amplifier au cours du XXIe siècle, dû aux guerres,détériorations climatiques ou économiques. La gestion des flux migratoires occupe une place importantedans les relations interétatiques.

Qui sont les migrants ? Est «migrant» toutepersonne qui se déplace d’un pays à un autre. Ilen va ainsi d’un Européen travaillant en Asie

ou d’un Africain désirant rejoindre l’Eldorado européen.L’Europe est en effet aujourd’hui le premier continentd’immigration et attire une part importante du fluxmigratoire mondial. La complexité de ce flux est due à soncaractère mixte. On retrouve ainsi les migrations touris-tiques, étudiantes, d’établissement, de travail, deregroupement familial et les demandes d’asile. À la diffé-rence d’un migrant économique, un demandeur d’asile

fuit les persécutions dont il est la victime directe dans sonpays d’origine ou de résidence habituelle. Indépendamment des causes de migration, le fait est quede nombreuses personnes empruntent des voies illégalespour rejoindre l’Union européenne (UE). Avant d’êtrereconnues réfugiées ou de se voir accorder un droit deséjour, ces personnes sont donc qualifiées de clandestins. Le rythme croissant des tentatives faites, surtout par dejeunes africains, pour passer de force les frontières del’UE par la voie maritime et le nombre alarmant de décèsqui y sont liés suscitent l’inquiétude. Cette situation alar-

ASILESMigrations, droit d’asile, accueildes réfugiés, manifestations desans-papiers, régularisations.Autant de notions souventconfuses pour un enjeux sérieuxet grave. Plusieurs droits sont enjeu : le droit d’asile que doitlégalement accorder un État àtoute personne fuyant lespersécutions, la protection àlaquelle a théoriquement droittemporairement toute personnefuyant un conflit armé et, enfin,les droits fondamentaux que doitthéoriquement garantir l’État àtoutes les personnes se trouvantsur son territoire, que cespersonnes soient présenteslégalement ou pas, «expulsables»ou pas. Pourtant, depuis delongues années, la Belgiquemène une politique qui, souvent,risque d’aboutir à unrétrécissement de facto du droitd’asile, tandis que les conditionsdans lesquelles sont contraintsde vivre les sans-papiers sontsouvent scabreuses. Et que direde l’attente interminable etinhumaine de nombreuxdemandeurs d’asile quant autraitement de leur dossier ?Aujourd’hui, en Belgique, il n’y ajamais eu aussi peu d’obtentionsdu statut de réfugié auxdemandeurs d’asile, lesquels sontégalement de moins en moinsnombreux, conséquence decontrôles frontaliers de plus enplus durs, ce qui n’empêche pasles 40 centres d’accueil deFEDASIL d’être saturés, lesdemandeurs hébergés censés lesquitter après deux mois seheurtant aux difficultés detrouver un logement à un prixcorrect. Dans le même temps, onestime à 100000 le nombre desans-papiers en Belgique. Cechiffre inouï est la preuve que leslois votées par le Parlement sontintenables et irréalistes. Undossier pour y voir plus clair.

Page 6: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

visant à assurer une meilleure surveillance des frontières libyennes pourlimiter les arrivées sur les côtes italiennes. En effet, les États «portes» del’UE, comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, connaissent de grandes diffi-cultés pour assumer les arrivées clandestines sur leur territoire. Les autorités frontalières de ces États voient tous les jours des centainesde migrants clandestins débarquer à Melilla, Lampedusa, Malte etc. Parsa petite taille, Malte n’est pas apte à accueillir les milliers de personnesqui se présentent à ses portes, elle n’est pas non plus la destinationfinale de ces migrants. Malte a mis en place, depuis son entrée dans l’UE,une politique d’enfermement systématique des étrangers illégaux, mêmelorsqu’il s’agit de demandeurs d’asile. Face à l’urgence et au manque demoyen, la précarité est de mise dans l’espoir de décourager les clandes-tins. Les portes de l’Europe doivent aussi assurer une gestion optimale desnouvelles frontières extérieures. Afin de soutenir les États comme laPologne, qui contrôle à elle seule la plus longue frontière extérieure del’UE, et lutter contre la porosité, l’Agence européenne pour la gestion dela coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) a étécréée en 2004. Malgré ce soutien de l’UE, les pays frontaliers subissent toujours unecertaine pression. Avec le règlement européen de Dublin, adopté en2003, le pays qui a laissé entrer sur son territoire un clandestin en estresponsable. Quel que soit le lieu où l’individu demande l’asile ou un titrede séjour, il sera systématiquement renvoyé vers le pays par lequel il estentré. L’application de ce texte est problématique, puisque les Étatssitués aux portes internes de l’Europe sont de fait les territoires traversésdès l’entrée des migrants. Ce règlement accentue les difficultés d’accueildes migrants, et finalement contribue surtout à la protection des payssitués au cœur de l’Europe. Dans le même sens, les États ont adopté la directive retour qui tant à favo-riser le retour volontaire des illégaux dans les 30 jours. Mais cettedirective autorise également une période de rétention de 18 mois. D’un autre côté, l’UE finance des projets de co-développement, au Malipar exemple, pour limiter les tentatives de migrations depuis les pays d’ori-gine. L’union a également adopté le Pacte asile et migration afin degarantir une homogénéité pour le traitement des demandes d’asile danstous les États européens, de maintenir la tradition humanitaire et protec-trice de l’Union, de promouvoir la solidarité au sein de l’Union (partagedes charges), et d’améliorer l’efficacité du système. Reste que le vieux continent a besoin de l’immigration pour faire face auvieillissement de sa population. Pour l’instant, l’UE espère répondre à cedéfi via l’immigration légale de main d’œuvre qualifiée, c’est-à-dire enprivilégiant «l’immigration choisie». Ce choix permettrait, suppose-t-elle, de favoriser une meilleure intégration des immigrés (2). En d’autrestermes, une telle immigration «choisie» permettrait à l’Europe d’as-surer sa croissance économique en résolvant le problème duvieillissement de sa population. Cela étant dit, l’Europe est et conti-nuera d’être une destination privilégiée pour celles et ceux qui espèrentfuir les crises alimentaires, économiques, écologiques et climatiques. eAurélia Donnard (st.)

(1) Une politique de co-développement a été développée dans le rapport de Kofi Annanprésenté à l’Assemblée générale des Nations unies, Migrations internationales et développement,Rapport du Secrétaire général des Nations unies, mai 2006, 99p.(2) Dans les récentes réunions européennes, l’intégration par le travail a été fortement misen avant. Dernière en date : la Conférence ministérielle sur l’intégration, réunie à Vichy les3 et 4 novembre 2008,

mante a débouché sur la volonté d’une politique de coopération entre lespays d’arrivée et de départ.

L’AFRIQUE, ENCORE ET TOUJOURSMalgré l’émergence de nouveaux pays de départ sans lien traditionnel avecl’UE, notamment la Chine, l’Afrique reste le premier continent d’émigra-tion vers l’Europe. Ce qui n’est pas sans effets sur son développement. La migration a un certain impact positif. En effet, un ensemble croissantd’indices montre que la migration internationale influe sur le dévelop-pement social et économique de l’Afrique. Le rapatriement des salairesconstitue une source de revenu essentielle pour les foyers restés au pays.À l’inverse, la perte de main d’œuvre qualifiée pour le continent constitueun impact négatif majeur. Face au fléau humanitaire, la conférence de Rabat en juillet 2006 a étépour la première fois l’occasion d’associer les pays d’origine, de transitet de destination des flux migratoires autour des routes qui relientl’Afrique et l’Europe.Elle a permis un partenariat favorisant les migrationslégales et les politiques de co-développement (1) en échange d’une lutteactive contre la migration clandestine tout au long des routes migratoires. Les pays d’origine se concentrent sur les mesures se rapportant à l’émi-gration, à la protection de leurs nationaux à l’étranger et à leurs retours.Régulièrement mis en difficulté quant à la gestion de leurs frontières, lespays de départ n’ont tout simplement pas les moyens matériels et finan-ciers suffisants pour assurer un contrôle effectif de la masse des flux.Récemment, le Maroc et l’UE ont mis en place un accord de coopérationen matière d’immigration et de rapatriement de ses ressortissants, voirmême de ses non-ressortissants qui ont transité par le Royaume chérifien.

LES «PORTES EXTÉRIEURES»Lorsque les migrants se déplacent de leur pays d’origine vers le pays dedestination, ils peuvent passer par d’autres pays. En général, ce passageest rapide et n’occasionne pas de complications. Toutefois, à la fin desannées 80, un nouveau phénomène est apparu : les étrangers souhaitantentrer illégalement dans un pays ont commencé par s’assurer un passagevers une autre destination, d’où ils comptaient bientôt repartir en vued’atteindre la destination prévue. Lorsque leur départ de la destinationintermédiaire est retardé ou n’a pas lieu, ces étrangers peuvent devenirdes migrants dans le pays de transit, qui devient leur destination de fait. L’exemple de la Libye est édifiant. Eldorado africain et pays de transit avantl’Europe, la Libye héberge aujourd’hui 1,7 million d’étrangers, soit 30 %de sa population. Les migrants s’accumulent, bloqués sans perspectivesni en Libye ni en Europe. Un autre problème apparaît alors, le renvoimassif de tous les migrants sans faire état de la situation individuelle desdemandeurs d’asile, soumis au principe de non-refoulement.Mais la Libye assume aussi la responsabilité des départs depuis ses côtesvers l’Italie. Les deux États ont donc pris des accords de coopération

D O S S I E R

6 Libertés ! Janvier 2009

QUELQUES CHIFFRES

Après les États-Unis et la Suède, les principaux pays de destinationdes demandeurs d’asile en 2007 ont été la France (29 200), leCanada (28 300) et le Royaume-Uni (27 900). La Grèce, l’Alle-

magne, l’Italie, l’Autriche et la Belgique font aussi partie des10 principaux pays d’accueil.Les cinq premiers pays d’origine des demandeurs d’asile en 2007 ont étél’Irak (45 200 personnes), la Fédération de Russie (18 800), la Chine(17100), la Serbie (15400) et le Pakistan (14300). Après l’Asie, l’Afrique estarrivée au second rang parmi les principaux continents pourvoyeurs dedemandeurs d’asile (21 pour cent de toutes les demandes). e (Source : UNHCR).

lBrice Hortefeux,ministrefrançais del’Immigration,de l’Intégrationet de l’Identiténationale, lorsdu Sommeteuropéen surl’intégration.Vichy, 4novembre 2008.© AFP/FredDufour

Page 7: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Des sans-papiers algériens qui occupent une grue négocient avec despoliciers. Bruxelles, 24 avril 2008. © AFP/Dominique Faget

D O S S I E R

Libertés ! Janvier 2009 7

4 INSTANCESConcrètement, 4 instances peuvent intervenir au cours de la procédured’asile :

1) L’Office des Étrangers (OE) enregistre la demande et réalise quelques examenspréalables.2) Le Commissariat général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) examinele contenu de la demande et décide d’octroyer ou de refuser le statut de réfugiéou de protection subsidiaire.3) Le Conseil du Contentieux des Étrangers (CCE) devant lequel le demandeurd’asile peut introduire un recours contre une décision défavorable prise par l’OEou le CGRA.4) Le Conseil d’État (CE) devant lequel le demandeur d’asile peut introduire unpourvoi en cassation contre une décision prise par le CCE.Si l’une des protections est accordée, statut de réfugié ou protection subsidiaire,l’étranger peut rester en Belgique et reçoit une autorisation de séjour (illimité pourle réfugié mais limité pour le bénéficiaire de la protection subsidiaire). Si laprotection est refusée, l’étranger ne peut pas rester en Belgique et devra retournerdans son pays d’origine.En novembre 2008, 1 116 demandes d’asile ont été introduites. Les 5 principauxpays d’origine étaient la Russie, l’Irak, l’Afghanistan, la Guinée et le Kosovo. En défi-nitive, 153 décisions de reconnaissance du statut de réfugié et 28 décisions d’octroidu statut de protection subsidiaire ont été prises. e

La création du statut de protection subsidiaire bénéficie depuis la fin2006 à toute personne pour laquelle existe de «sérieux motifs» decroire qu’elle serait exposée en cas de retour dans son pays d’origine

à un «risque réel» de subir une «atteinte grave». Ce que la loi identifie commeatteinte grave peut être : la mort ou toute exécution (éventuellement extraju-diciaire), la torture ou les traitements inhumains ou dégradants, et lesmenaces graves pouvant peser contre un civil en raison d’une violence aveugleen cas de conflit armé interne ou international. Le statut de protection subsi-diaire peut être octroyé à la personne qui ne satisfait pas aux conditionspour être reconnue réfugiée mais qui risquerait réellement de subir desatteintes graves en cas de retour dans son pays d’origine. Concrètement,contrairement au candidat réfugié, celui qui postule au statut de protectionsubsidiaire ne doit pas établir que l’atteinte grave qu’il redoute s’expliqueraitpar ses opinions politiques, sa race, sa religion ou son appartenance à ungroupe social quelconque. Le statut de protection subsidiaire a été fréquem-ment accordé aux Afghans provenant de certaines provinces déterminées, auxdemandeurs provenant du centre de l’Irak, et à ceux provenant de l’est duCongo. Jusqu’en 2007, l’Office des étrangers, qui dépend étroitement du pouvoirexécutif, pouvait déclarer irrecevable une demande d’asile pour un ensemblede motifs formels et de fond. Depuis la réforme, toute demande d’asile estimmédiatement soumise au Commissariat général aux Réfugiés (CGRA) pourun examen au fond des craintes invoquées sans filtre préalable. Le CGRA estl’instance spécialisée dans l’asile. Il prend ses décisions en toute indépendance.En cas de refus du CGRA, un recours est possible devant une juridiction de fondqui réentendra au besoin le demandeur et son avocat et se prononcera ànouveau sur le bien-fondé de la demande de protection internationale. Ils’agit d’un nouveau tribunal administratif: le Conseil du contentieux des Étran-gers. Tous les demandeurs d’asile y ont accès, alors qu’auparavant, ceux dont

la demande avait été jugée irrecevable n’avaient pas le droit de faire réexaminerleur demande par une juridiction de fond et dont la saisine empêchait parailleurs leur expulsion. Un recours en cassation au Conseil d’État est encoreautorisé par la suite, mais ces recours sont soumis à une procédure préalablede filtrage et il n’interdit pas l’expulsion du demandeur débouté.Une première réforme intervenue en 2001 avait remplacé l’aide financièredispensée par les CPAS par une aide matérielle offerte dans des centresouverts d’accueil. Mais seuls étaient concernés les demandeurs d’asile enprocédure de recevabilité. Depuis la réforme de la procédure, ce sont tous lesdemandeurs en cours de procédure qui se voient désigner un centre d’accueilen guise d’aide sociale. Ils peuvent bien sûr s’établir où bon leur semble, maisl’aide fournie par les pouvoirs publics le sera exclusivement dans le centre d’ac-cueil qui leur aura été désigné. Et cela, tant que dure la procédure d’asile. Deplus, alors qu’avant la réforme les demandeurs d’asile dont la demande avaitété déclarée recevable avaient le droit de travailler sous couvert d’un permisC, depuis la réforme de la procédure les demandeurs ont perdu toute possi-bilité de travailler légalement.Un bilan? Côté positif, l’Office des étrangers a disparu de la procédure d’asileet toutes les demandes d’asile doivent être soumises immédiatement à unexamen au fond par le CGRA. On peut aussi se féliciter de l’avancée queconstitue, en matière de protection internationale, l’apparition du statut deprotection subsidiaire. On peut enfin saluer l’apparition d’un recours juridic-tionnel de fond et à effet suspensif accessible à tous les demandeurs d’asile. Mais, côté négatif, cette juridiction a des prérogatives limitées. Elle ne peuten principe pas examiner les éléments nouveaux qui seraient apparus depuisla décision dont elle a à juger. la procédure y est écrite. La juridiction est parailleurs dépourvue de compétence d’instruction propre. Il faut déplorerégalement que les demandeurs d’asile aient perdu toute possibilité detravailler légalement ainsi que d’être aidés en un lieu de vie de leur choix. Autreregret, alors que la réforme visait à accélérer la procédure d’asile afin depermettre la résorption des arriérés de dossiers accumulés auprès des diffé-rentes instances d’asile, on constate que ces arriérés demeurent parfoisénormes. les centres d’accueil sont saturés. Enfin, la réforme a multiplié lespossibilités de détention en cours de procédure. eAIBF

Les réformes introduites récemment en Belgique ont élargi les critèresd’octroi d’une protection internationale, modifié en profondeur laprocédure d’examen des demandes d’asile et réformé sensiblement lesrègles de l’accueil des demandeurs d’asile en généralisant le principe del’aide en nature prodiguée dans des centres ouverts. Bilan mitigé.

BELGIQUE

AVANCÉES, RECULS ETLANGUEURS

Page 8: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

8 Libertés ! Janvier 2009

D O S S I E R

La problématique des mineurs étrangers non-accompagnés, les Mena, estune des plus complexes à traiter par les acteurs de la politique d’asile.Parmi ces acteurs, on trouve les tuteurs, chargés par le ministère de laJustice d’accompagner ces mineurs. Rencontre avec Claude Fonteyne, l’und’entre eux.

EXILS

Alors que les problèmes des «sans-papiers» défrayent la chronique en attirantl’attention sur leurs tentatives désespérées d’obtenir un droit de séjour etpouvoir vivre et travailler librement sur notre territoire, Nadira Lazreg leur

donne la parole. Dans cet ouvrage composé de 45 récits livrés par des hommes, desfemmes et même parfois des enfants venus d’horizons très différents dans le monde,elle nous fait prendre conscience de ce que peuvent être les raisons de l’exil. Elle neprend pas position. Elle ne nous le propose pas non plus d’ailleurs. Toutes ceshistoires sont vraies. Ce sont des récits de vies livrés dans le dénuement et la froideurd’un service administratif. Chaque interview est une rencontre qui nous rappelle quel’arbitraire existe, tout autant que la torture, le viol et l’esclavage. Aucune situationn’est simple et il est bien difficile de décider du sort de ces femmes et de ces hommesen danger en les casant dans la fameuse Convention de Genève. On ne sort pasindemne de ces rencontres, mais bien avec une conviction, celle que les migrants,même en situation irrégulière, ont eux aussi des droits. Grande humaniste de cœur,défenseure des droits humains depuis sa prime jeunesse, Nadira Lazreg ne voulait pasque ces récits tombent dans l’oubli : «Sachant que beaucoup de ces personnes n’obtiendraientpas le statut qu’elle demandaient, c’est ma manière à moi de leur donner néanmoins la recon-naissance de ce qu’elles ont vécu.» eFrançoise GuillitteNadira Lazreg, Exils – 45 récits de demandeurs d’asile, B. Gilson, Bruxelles, 252 p.

LE DÉDALE ET LESMINEURS

Concrètement, qu’est-ce que la problématique des Mena ?Selon la loi belge, tout mineur sans parents, quel qu’il soit, doitavoir un tuteur. Grâce au travail des associations de terrain, la loi

prévoit désormais explicitement que tout jeune mineur étranger et non-accompagné doit être accompagné d’un tuteur. Il y a évidemment unedifférence entre, d’une part, le tuteur «civil» (celui qui intervient lorsqu’unenfant est retiré à la garde de ses parents où lorsque ces derniers ontdisparu) censé prolonger le projet éducatif des parents et, d’autre part, letuteur de Mena. Ici, il ne s’agit pas de prolonger un projet éducatif mais d’ac-compagner un mineur dans le dédale juridique et administratif d’unesociété d’accueil à laquelle il est complètement étranger, surtout lorsqu’il n’aaucune connaissance linguistique préalable. Selon les statistiques du Servicedes tutelles, pour l’année 2007, 1 577 Mena ont été signalés sur le territoirebelge, dont 9% en provenance d’Afghanistan, 8% du Maroc, 7,8% d’Inde, 6,5%d’ex-Yougoslavie, 6 % du Congo et 4,8 % d’Irak.

Quel est l’itinéraire du Mena sur le territoire belge?Tout d’abord, il faut bien se rendre compte qu’un mineur qui n’a ni parents,ni argent, ni biens personnels, ni contacts préalables avec la Belgique, n’a enaucun cas pu débarquer sur le sol belge sans être accompagné. Quelqu’una forcément décidé pour lui de venir en Belgique, qu’il s’agisse d’un procheparent ou d’un passeur professionnel. Grâce aux conventions internationales,les mineurs ne sont pas maltraités en Belgique. De plus, toujours en vertudes conventions, le mineur non-accompagné n’est en aucun cas expulsable. Parconséquent, la procédure est la suivante. Le mineur passe d’abord deuxsemaines dans l’un des deux centres de premier accueil d’orientation et d’ob-servation : celui de Neder-over-Heembeek pour la Belgique francophone etcelui de Steenokkerzeel pour la Flandre. S’il introduit une demande d’asile,le Mena est alors ensuite orienté vers une structure d’accueil ad hoc gérée parFedasil, l’Agence fédérale pour l’Accueil des demandeurs d’asile. Cet accueilest souvent problématique, ne serait-ce que pour les problèmes de cohabi-tation qu’il occasionne entre jeunes adolescents issus d’univers différents.Ensuite toujours, la loi prévoit que ces mineurs doivent être logés et nourris

et, vu qu’en Belgique l’enseignement est obligatoire jusqu’à 18 ans, ilsdoivent également être scolarisés. Pendant toute la période durant laquelleils sont couverts par la Convention de Genève, le rôle des tuteurs est de lesreprésenter, de veiller au respect de leurs droits et d’exercer également unesorte d’autorité parentale. C’est donc le tuteur qui doit prendre contactavec l’Office des Étrangers ou avec le CGRA selon la démarche qu’il choisit(on ne peut imposer au jeune de demander l’asile). À ce sujet, une bonnemoitié de mineurs n’introduisent pas de demande d’asile tout simplementparce qu’ils ne remplissent pas les conditions (voir Avancées, reculs et langueurs).

Comment êtes-vous mis en contact avec les mineurs non accompa-gnés?Dès son signalement officiel sur le sol belge (après avoir subi un contrôle depolice ou s’être présenté «spontanément» à l’Office des Étrangers), le mineurétranger non accompagné se voit désigner un tuteur par le Service deTutelle du ministère de la Justice. Parfois, on est face à des cas limites et ilest alors procédé à un test osseux : on évalue l’âge de l’individu en passantson poignet au rayon X, ce qui reste néanmoins aléatoire.

Comment devient-on tuteur?Il n’y a pas de critères de reconnaissance, sinon avoir le certificat de bonnesvie et mœurs «de Type 2» (pas de casier pour cause de délit sexuel). On suitune formation de 4 x 6 heures sur le droit des étrangers, les problèmes sociauxdes mineurs, etc. Mais c’est extrêmement court. Pour comparer, un moniteurde colonie de vacances suit 80 heures de formation. Or, le tuteur devrait êtreaussi formé à la multiculturalité, à la violence, etc. Parce que les jeunes quiarrivent ici sont souvent en état de choc à cause du décalage entre leur sociétéd’extraction et la société d’accueil, à cause de leurs itinéraires personnels ou,simplement, à cause de la crise d’adolescence. L’ennui, c’est que beaucoupde tuteurs n’ont aucune expérience dans le domaine social. S’occupersérieusement d’un Mena demande beaucoup d’énergie et de temps. Et on nepeut le faire que par conviction, tant la rétribution reste symbolique : 529 e

par an et par «pupille». Ça, c’est pour les tuteurs volontaires agréés par leministère de la Justice. Il existe cela dit les tuteurs salariés de Caritas ou dela Croix-Rouge, lesquels s’occupent d’environ 15 Mena par assistant social.

Vous avez fondé A&A. De quoi s’agit-il ?Il s’agit d’«Aide et Assistance aux Mena et à leurs tuteurs», une associationde fait qui a pour but de relier entre eux des tuteurs, de leur faire partagerleurs expériences et de s’entraider, le cas échéant. Ce qui caractérise les tuteursd’A&A, c’est qu’ils ont tous une expérience réelle dans le domaine social, cequi n’est hélas pas toujours le cas. ePropos recueillis par P. Fenaux

Pour contacter A&A ou recevoir sa newsletter, envoyer un e-mail à[email protected]. L’affiliation est gratuite.

lClaude Fonteyne, tuteur pour mineurs étrangers non-accompagnés etfondateur de l’association A&A. Bruxelles, 15 décembre 2008. © Bruno Brioni

Page 9: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

D O S S I E R

Libertés ! Janvier 2009 9

QUI EST QUOI ?Migrant? Réfugié? Sans-papiers? Demandeur d’asile?Ces termes sont souvent utilisés de façon aléatoire.Petit pense-bête.

Toute personne qui se déplace d’un pays à un autre estun migrant. Il s’agit donc une notion très large ausein de laquelle se différencient plusieurs groupes

selon des critères objectifs et précis.

1. Possession ou non d’un titre d’entrée dans le pays d’ac-cueil Si l’individu entre de façon régulière, c’est-à-dire avec undroit d’entrer, il est un migrant légal. À l’inverse, sans droitd’entrer, l’individu sera un migrant clandestin. 2. Possession ou non d’un titre de séjour dans le paysd’accueilUn sans-papiers n’a pas de titre de séjour dans le pays où il setrouve. En l’absence de régularisation, son séjour sur le terri-toire de l’État est illégal.3. Migrant versus demandeur d’asileLe migrant est parti volontairement pour des raisons touris-tiques, de regroupement familial, mais, la plupart du temps,pour fuir la pauvreté et trouver du travail ailleurs. Dans ce cas,il est un migrant économique. Le demandeur d’asile fuit les persécutions «du fait de sa race,de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à uncertain groupe social ou de ses opinions politiques» (1) dans sonpays d’origine. La demande d’asile peut être introduite partoute personne arrivée de façon légale ou illégale sur le terri-toire d’un autre État. En vertu du principe denon-refoulement, il ne doit pas être renvoyé dans son paysavant d’avoir pu introduire une demande d’asile. Tant que lademande devant les institutions nationales compétentes n’estpas examinée au fond, le migrant est un demandeur d’asile.Lorsque les autorités reconnaissent que l’individu craint avecraison d’être persécuté, il accède au statut de réfugié. Il béné-ficiera de la protection internationale du pays d’accueil ou duHaut-Commissariat de Nations unies aux Réfugiés (UNHCR). 4. Déplacé versus réfugiéLes déplacés, contrairement aux réfugiés, n’ont pas franchi defrontières internationales. Ils ont fui les persécutions ou lapauvreté, mais s’établissent dans d’autres régions du mêmepays. eA. D.

(1) Chapitre 1er, article 1er (2) de la Convention relative au statut des réfugiés,28 juillet 1951.

La Déclaration universelle des Droits de l’Homme proclame en son article14 : «Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile etde bénéficier de l’asile en d’autres pays.» Amnesty International ne s’oppose

pas au renvoi de demandeurs d’asile déboutés, s’il a été établi qu’ils n’étaient pasdes réfugiés à l’issue d’une procédure équitable et satisfaisante et si leur retours’effectue en toute sécurité, dans la dignité et dans le plein respect des droitshumains.Pour ce qui est de la problématique des sans-papiers, Amnesty refuse que, quellesque soient les solutions imaginées par le gouvernement, le droit d’asile soitbradé. Chaque individu doit voir sa demande examinée et traitée individuellement.Le danger est qu’avec des régularisations à l’emporte-pièce ou en continuant la poli-tique de régularisations arbitraires sur seule décision ministérielle, on jette le bébéavec l’eau du bain et qu’on finisse par débouter des personnes se trouvant illéga-lement sur le territoire mais remplissant les conditions de l’asile. Concrètement,

le risque est que l’on conditionne la régularisation des sans-papiers à certainscritères, dont l’abandon de la demande d’asile, laquelle offre évidemment desgaranties supérieures. Enfin, pour Amnesty, les sans-papiers doivent jouir deleurs droits fondamentaux : logement, nourriture et soins de santé. Hélas, aujour-d’hui, les critères privilégiés par les ministères de l’Intérieur et de la Migration sontdu seul fait du Prince. Or, un État de droit n’existe que si sa politique est visible,voire prévisible. Le demandeur doit pouvoir prévoir ce que sera la politique de l’État,sinon c’est l’arbitraire, donc le non-droit. Au niveau européen, les normes chan-gent d’un État à l’autre et le demandeur est placé devant des situations injusteset inéquitables. Bref, Amnesty attend une circulaire. Désespérément. e

Lire aussi le mémorandum d’Amnesty International en vue des élections législa-tives du 10 juin 2007:http://www.amnestyinternational.be/doc/IMG/pdf/memorandum.pdf

QUELLES SONT LES POSITIONS D’AMNESTY?

lL’église du Béguinage occupée par 150 sans-papiers. Bruxelles, juin 2008. © Pablo Castillo

Page 10: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

M O U V E M E N T

10 Libertés ! Janvier 2009

CERCLE BENENSON

22 JANVIER –BRUXELLESL’ÉTHIQUE DESTESTS PHARMA-CEUTIQUES SURLES ÊTRESHUMAINS : LE CASDE L’AFRIQUE

Attirés par la faiblesse descoûts et des contrôles, les

laboratoires pharmaceutiques testent leurs produitsen Afrique, au mépris de la sécurité des patients.Face à la multiplication des accidents, certainsessais ont dû être interrompus. Ces dérives révè-lent comment les industriels du médicamentutilisent les populations du Sud pour résoudre lesproblèmes sanitaires du Nord. Pourtant dans lespays en développement, les compagnies pharmaceu-tiques assurent de cette manière la disponibilitéde tout un éventail de produits pharmaceutiquesindispensables pour soigner les nombreusesvictimes. L’alternative étant de ne rien faire,comment encadrer ces tests pharmaceutiques etprotéger efficacement les droits humains despatients ?Avec Mylène Botbol-Baum (professeure de philo-sophie et bioéthique à l’UCL et membre du comitéconsultatif de Bioéthique de Belgique) et Marie-Luce Delfosse (docteure en philosophie,professeure d’éthique et de bioéthique aux FUNDP,et membre du Comité consultatif de bioéthique deBelgique). eÀ 20h00 à la Fondation Universitaire, rue d’Egmont 11 - 1000BruxellesEntrée : 5 e (adultes) ou 2 e (étudiants et demandeurs d’em-ploi) - réservation souhaitée auprès d’Ingrid Plancqueel au 02538 81 77 ou [email protected]

5 FÉVRIER – LIÈGEPALESTINE: L’HEURE DE VÉRITÉ

Représentante de l’Autorité palestinienne auprèsde l’UE, anthropologue et sociologue de formation(Université amé- ricaine de Beyrouth), Leila Shahidest une des fondatrices de la Revue d’études pales-tiniennes. C’est en 1989, durant la première Intifadaqu’elle entame une carrière diplomatique au servicede l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP)successivement en Irlande, aux Pays-Bas, en Franceet, depuis 2005, en Belgique, où elle est Déléguéegénérale palestinienne en Belgique et auprès del’Union Européenne. eÀ 20h15, Palais des Congrès (Salle de l’Europe), Esplanade del’Europe - 4020 LiègeEntrée : 8 e (adultes) 5 e (étudiants et demandeurs d’emploi).Abonnements Grandes Conférences Liégeoises : 60 e (adultes)30 e (étudiants et demandeurs d’emploi) Réservations etrenseignements : Infor Spectacles - Office du Tourisme :04/221 92 21En partenariat avec Les Grandes Conférences Liégeoiseshttp://www.gclg.be/

PAYS DE HERVEFESTIVAL «PAROLES D'HOMMES»

Du 16 au 30 janvier à Verviers, Soumagne, Herve etBlégnyMusique, théâtre, cinéma, exposition, conférence,...pour un monde plus humain. eRenseignements : [email protected] et 0494 183 592

Le 10 décembre dernier, Amnesty International et les défenseurs des droits humainscélébraient un peu partout dans le monde le 60e anniversaire de la Déclaration universelledes Droits de l’Homme. À cette occasion, Amnesty a organisé son traditionnel allumage debougies au Square Breughel l’Ancien, à Bruxelles, au cœur du quartier des Marolles. Cerisesur le gâteau, Arno Hintjens s’est produit en concert à l’Ancienne Belgique au bénéfice dessections belges francophone (AIBF) et flamande (AIVL) d’Amnesty. Et par quoi a-t-il entaméson set? Par «Vive ma liberté», pardi ! (P.F.)

60 ANS DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE

VIVE MA LIBERTÉ !

Comme chaque année, plusieurs centaines de bougies représentant ensemble le sigle d’Amnesty étaientallumées dans les Marolles. Au menu, clips vidéos de la campagne, ventes de matériel promotionnel etdiscours. Le tout vu de l’ascenseur reliant le Square Breughel l’Ancien au Palais de Justice de Bruxelles. © Bruno Brioni

Une émouvante photo de famille : «parrains» et «marraines» d’Amnesty International (Pietro Pizzuti,Bernard Swysen, Yasmine Boudaka, Xavier Deutsch, Duke Tshomba, Sandra Zidani, Patryck de Froidmont,etc) s’affichent avec les militants. © B.B.

© I

rvin

g T

eit

elb

au

m

Page 11: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

À l’Ancienne Belgique, Arno a livré une prestation intense devant un public francophone etnéerlandophone. À cette occasion, il a joué de nombreux titres de TC Matic, le groupe qui l’a fait connaîtredans les années 80. © B.B.

M O U V E M E N T

Libertés ! Janvier 2009 11

FORMATIONS 2009

NOUVEAU CATALOGUE!

Pour mieux con-naître le travailactuel d’Amnesty etsavoir comment agirà votre niveau enfaveur de la défensedes droits humains,suivre une forma-tion peut vous êtretrès utile.Vous trouverezune présentationdu contenu de no-tre catalogue desformations 2009dans le dépliant encarté dans ce numéro deLibertés ! Pour obtenir des informations complètessur chaque module et/ou vous inscrire en ligne,rendez-vous sur notre site Internet à l’adressesuivante : www.amnesty.be/formationsSi vous venez de devenir membre d’Amnesty etsouhaitez faire connaissance avec le mouvement,nous vous conseillons de participer à la formation«Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty». Grâceà celle-ci, vous en saurez plus sur le contexte de créa-tion de l’organisation, son historique, sa mission, sescampagnes actuelles et les différentes manières des’y impliquer. ePour tout renseignement complémentaire, contactez-nouspar e-mail à [email protected] ou par téléphone au 02/538 81 77, de préférence les mardi, jeudi et vendredi.

ON RECRUTE!

UN COORDINATEUR RÉGIONALBÉNÉVOLE POUR BRUXELLES

Les groupes locaux bénéficient du soutien de «coor-dinations régionales». Composées d’une ouplusieurs personnes, ces coordinations fédèrent lesgroupes dans leur région pour des actionscommunes, apportent aux groupes un soutienméthodologique et organisationnel et ont souventun rôle de porte-parole pour la presse locale ourégionale. Elles assurent aussi l’encadrement demembres individuels. Leurs responsables sontnommés par le Conseil d’administration, et jouis-sent d’un soutien particulier du Secrétariatnational (réunions de formation, transmission d’in-formation, consultation sur les stratégies à mettreen œuvre, etc).Compétences requises : Capacités en organisation,en communication et en formation. Connaissancede la dynamique de groupe. Maîtrise des princi-paux outils informatiques.Il est important par ailleurs : d’être disponibleparfois en soirée et le week-end, d’être capable detravailler de manière indépendante et, enfin, deposséder une aisance relationnelle, de la diplo-matie et un sens de l’écoute.

Le Coordinateur régional est l’un des cadres béné-voles d’Amnesty International. Il s’agit d’unefonction dotée d’un pouvoir décisionnel, très richeen contacts et valorisante au sein du mouvement.eEnvoyez votre CV et une lettre de motivation à : AntoineCaudron (Amnesty International), rue Berckmans 9, 1060Bruxelles, [email protected]

Derrière Arno Hintjens, un groupe d’une efficacité tellurique. De gauche à droite : Thomas Vanelslander (né sous le signe de Jean-Marie Aerts, guitare), Sam Gysel (batterie), Mirko Banovic (basse) et l’inoxydableSerge Feys (claviers et accordéon), rescapé de TC Matic. © B.B.

Page 12: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

12 Libertés ! Janvier 2009

M O U V E M E N T

Il y a six ans, les autorités américaines transféraient lespremiers détenus de la «guerre contre le terrorisme»vers le centre de détention de Guantánamo Bay.

Depuis lors, les autorités américaines ont multiplié lesviolations des droits humains. Des suspects ont été enlevéset conduits de force dans des centres de détention secretsou jetés en prison dans d’autres pays où ils ont eu à subirdes actes de torture.Pressés par les ONG de défense des droits humains et peuà peu interpellés par la justice américaine, des responsablesde l’administration républicaine sortante ont finalementreconnu que les États-Unis recouraient à la torture et seréservaient le droit de l’utiliser dans le cadre de la guerrecontre la terreur. Mais, depuis lors, ceux qui ont commis ouencouragé ces violations restent impunis.C’est pourquoi Amnesty International tient à rappeler auprésident élu Barack Obama ses revendications. Il faut quel’administration démocrate qui prendra les rênes dupouvoir le 20 janvier prochain prenne quelques mesuresimmédiates pour que cessent ces attaques contre les droitshumains. Il doit notamment :

11 JANVIER 2009

«MONSIEUR LE PRÉSIDENT,VOUS AVEZ 100 JOURS»

– Confirmer que les États-Unis vont procéder à la fermeturedéfinitive du centre de détention de Guantánamo et fixerune date assez proche à cette fermeture.– Prendre un décret disposant que les États-Unis n’aurontrecours en aucune circonstance à la torture ou à d’autrestraitements cruels, inhumains ou dégradants, selon lestermes du droit international.– Faire engager des enquêtes pénales sur les programmes de«restitution» et de détention secrète mis en œuvre par lesautorités américaines ou en leur nom.

C’est pourquoi Amnesty International appelle à manifesterdevant l’ambassade des États-Unis.

QUAND ?Le 11 janvier 2009 à 11h00.OÙ ?En face de l’ambassade des États-UnisCôté avenue des Arts, entre la rue de la Loi et la rueGuimard.

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77Fax: 02 537 37 29www.amnesty.be

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL

Easton Street 1, London WC1X ODWUnited Kingdom00 44 207 413 5500

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN

Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 603 271 16 16

RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

BRABANT WALLON

Jean-Philippe CHENUchemin de la Terre Franche 131470 Genappe010 61 37 73 – [email protected]

BRUXELLES

Le poste de coordinateur est vacant !Pour des renseignements sur le profilrequis avant d’envoyer un CV, écrire àAntoine CAUDRON – Amnesty Interna-tional, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ouenvoyer un e-mail à [email protected]

HAINAUT ORIENTAL

Nicole GROLETav. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 40 – [email protected]

LIÈGE

Jean-Pierre ANDRÉ04 387 51 07 – [email protected] BIKAResponsable de la gestion de la perma-nence – C/O Bureau régional d’AI – rueSouverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundiau vendredi de 13h30 à 17h3004 223 05 [email protected]

LUXEMBOURG

Daniel LIBIOULLEAvenue de la Toison d’Or 266900 Marche en Famenne084 31 51 [email protected]

NAMUR

Romilly VAN GULCKRue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe071 88 92 [email protected]

WALLONIE PICARDE

Marie NOËLRue Cheny 1, 7536 Vaulx069 77 66 13 – 0499 13 57 [email protected]

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur leterrain, font un travail d’action et desensibilisation aux droits humains. Pourvous y joindre, contactez votre régionale.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2009

L’Assemblée générale ordinaire d’AIBF est convoquée le 21 mars 2009 à 09h30 au siège de l’association. Conformé-ment aux statuts de l’ASBL, une AG statutaire n’est valable que si 2/3 des membres sont présents ou représentés.Il est probable que le quorum ne sera pas atteint. Une seconde AG extraordinaire sera donc convoquée le samedi

25 avril à Bruxelles.Les projets de résolution, les amendements aux statuts et au règlement d’ordre intérieur, les candidatures au Conseil d’ad-ministration et les candidatures au Comité d’évaluation éthique des partenariats doivent être adressés au CA au moins60 jours avant la date de l’Assemblée générale, soit au plus tard pour le 22 janvier ou, si le quorum n’est pas atteint, pourle 24 février.Le Carrefour Finances aura lieu au siège de l’association le 18 avril 2009. Pour toute information au sujet de l’AG, contacter Althea Williams : [email protected] ou 02 543 79 03

Page 13: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Libertés ! Janvier 2009 13

I S A V E L I V E S . B E

Fathi el-Jahmi, un ingénieur civil, estdétenu depuis mars 2004 après qu’il eutcritiqué le dirigeant libyen Mouammar

Kadhafi et demandé des réformes politiques aucours d’interviews accordées à des médiasinternationaux. Fathi el-Jahmi avait déjà été emprisonné entre2002 et 2004 pour avoir exprimé de façon paci-fique le point de vue selon lequel des réformesen Libye ne pourraient pas avoir lieu sans chan-gements politiques et législatifs.

Depuis juin 2007, Fathi el-Jahmi est détenu auCentre médical de Tripoli, la capitale libyenne.Il souffre de problèmes cardiaques, de pres-sion sanguine élevée et de diabète. Les agentsde la sécurité refusent de lui rendre son passe-port et gardent sa famille sous hautesurveillance. Un examen médical indépendanta confirmé qu’il devrait bénéficier de soinsambulatoires et qu’il n’y avait aucune justifica-tion médicale à le garder en détention auCentre médical de Tripoli. e

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Ministre,Fathi el-Jahmi, un ingénieur civil, est détenu depuis mars 2004 après qu’il eut critiqué le dirigeant

libyen Mouammar Kadhafi et demandé des réformes politiques au cours d’interviews accordées à desmédias internationaux. Fathi el-Jahmi avait déjà été emprisonné entre 2002 et 2004 pour avoir exprimé defaçon pacifique le point de vue selon lequel des réformes en Libye ne pourraient pas avoir lieu sanschangements politiques et législatifs. Depuis juin 2007, Fathi el-Jahmi est détenu au Centre médical deTripoli, la capitale libyenne. Il souffre de problèmes cardiaques, de pression sanguine élevée et de diabète.Les agents de la sécurité refusent de lui rendre son passeport et gardent sa famille sous haute surveillance.Un examen médical a confirmé qu’il devrait bénéficier de soins ambulatoires et qu’il n’y avait aucunejustification médicale à le garder en détention au Centre médical de Tripoli. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty international qui considère Fathi el-Jahmi comme un prisonnierd’opinion, je vous demande sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que la restitution de sonpasseport. Je vous demande également de faire en sorte que cet homme ait le choix de son traitementmédical, en Libye ou à l’étranger. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vous prie d’agréer,Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :M. Mustafa Abdeljalil, Ministre de la Justice, Secrétaire du Comité général du Peuple pour laJustice, Secrétariat du Comité général du Peuple pour la justice, Tripoli, LibyeFax : +218 21 4805427

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de Libye, Avenue Victoria, 28, 1000 BruxellesFax : 02 640 90 76 – E-mail : [email protected]

LIBYE

PRISONNIER D’OPINIONDEPUIS MARS 2004

BONNESNOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultats pourun meilleur respect des droits humains.

IRANUN CONDAMNÉ À MORT LIBÉRÉ

Reza Alinejad, mineur délinquant,a été libéré le 3 décembre de la prisond’Adelabad, à Chiraz. Les proches de lavictime du meurtre pour lequel ilavait été condamné ont renoncé à leurdroit d’exiger son exécution, aprèsavoir accepté le paiement de la diya(prix du sang). Reza Alinejad avait étéreconnu coupable du meurtre d’Es-mail Daroudi, tué le 26 décembre2002, alors que lui-même n’avait que

17 ans. Il avait été condamné à la peine capitale le 4 octobre2003, à titre de qisas («réparation»), par la sixième chambre dutribunal pénal provincial de Fasa. Après plusieurs recours etannulations, le 9 mai 2006, la Cour suprême avait confirmé lapeine de mort. En novembre 2008, la famille de Reza étaitinformée qu’elle disposait d’un mois pour trouver l’argentdemandé pour la diya, argent qu’elle a finalement pu réunir.Pendant toute la durée de cette épreuve, Reza Alinejad asoutenu que la mort d’Esmail Daroudi était accidentelle. e

UNION AFRICAINEMORATOIRE SUR LA PEINE DE MORTLa Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples(Commission africaine) a adopté une résolution appelant lesÉtats africains à observer un moratoire sur la peine de mort. Larésolution a été adoptée lors de la 44e session ordinaire de laCommission africaine, qui s’est tenue à Abuja (Nigeria) du 10 au24 novembre dernier et ce, quelques jours seulement après levote par la Troisième Commission de l’Assemblée générale desNations unies d’une résolution similaire, proposant un mora-toire sur les exécutions. Cela constitue un pas important versl’abolition totale de la peine de mort au sein de l’Union africaine(UA). Les États membres de l’UA qui continuent de recourir à lapeine capitale sont le Botswana, le Burundi, le Cameroun, lesComores, l’Égypte, l’Éthiopie, la Guinée, la Guinée équatoriale,le Lesotho, la Libye, le Nigeria, l’Ouganda, la République démo-cratique du Congo, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, leTchad et le Zimbabwe. e

CROATIEUN AGENT INTIMIDATEUR NEUTRALISÉLe 4 décembre, une enquête de police a permis d’identifierl’auteur probable des dernières menaces de mort reçues par lejournaliste croate Drago Hedl. Cette affaire a été renvoyée auprocureur de région à Osijek pour supplément d’information.Drago Hedl, chroniqueur pour le quotidien croate Jutarnji List,avait reçu une série de menaces de mort, la dernière datant du27 novembre. Ces menaces semblent liées aux articles d’inves-tigation dans lesquels il a mis en cause un responsable politiquecroate de haut rang dans le meurtre de Serbes de Croatie à Osijekpendant la guerre yougoslave de 1991-1995. Drago Hedl nebénéficie plus d’une protection policière et ne semble plus endanger dans l’immédiat. e

POUR RECEVOIR OU CONSULTER LES LETTRES DU MOIS :Abonnez-vous à la lettre d’information Isavelives.be ou consultez-la sur : http://www.isavelives.be/leslettresdumois

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2857

© Fred Abrahams/Human Rights Watch

Page 14: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

Plus d’un an après la violente répres-sion contre les manifestants auMyanmar, beaucoup parmi ceux qui

avaient été arrêtés sont toujours en déten-tion. Les militants Htay Kywe, Mie Mie etZaw Htet Ko Ko sont membres d’ungroupe qui lutte pour la démocratie, les«Étudiants de Génération 88», ainsi nommésaprès le soulèvement de 1988. Ils avaientété impliqués dans les marches de protesta-tion d’août 2007 contre l’augmentation desprix du carburant, mais ils avaient étéobligés de plonger dans la clandestinitélorsque le gouvernement avait commencé àtraquer les dirigeants présumés des manifes-tations. Le 13 octobre 2007 Htay Kywe, MieMie et Zaw Htet Ko Ko ont été arrêtés dansl’ancienne capitale Yangon (Rangoon).

14 Libertés ! Janvier 2009

I S A V E L I V E S . B E

Les militants écologistes HeraldoZúñiga et Roger Iván Cartagenaétaient membres de l’organisation

Mouvement pour l’Environnementd’Olancho (MAO) qui fait campagne contrel’exploitation illégale des forêts et la défores-tation à Olancho, Honduras. Le 20 décembre2006, ils ont été tués par balles par des poli-ciers. En mai 2006, Heraldo Zuniga avaitexprimé des craintes pour sa vie après avoirreçu des menaces à la suite de la publicationde sa photo d’une exploitation illégale deforêt dans la région de Salama. Le 20décembre, Roger Iván Cartagena et lui-même roulaient à travers le village deGuarizama dans le département d’Olancholorsqu’ils ont été arrêtés par la police. Selondes témoins oculaires, les policiers les ont

forcés à sortir de leur véhicule et les ontalignés contre un mur, avant de les abattrede 40 balles. Le 1er juillet 2008, quatre poli-ciers ont été reconnus coupables demeurtre. Cependant, ils n’ont pas été emmenésimmédiatement en prison. Placés sous lasurveillance de militaires en attendant leverdict, trois des policiers se sont évadés.Dans les mois qui ont suivi le meurtre d’He-raldo Zúñiga et de Roger Iván Cartagena,d’autres militants du MAO ont été menacéset intimidés. Avec trois des policiers coupa-bles disparus, on craint pour la sécurité desmembres du MAO. La Commission inter-américaine des droits de l’homme ademandé que l’État hondurien protège lesmembres du MAO. En vain. e

HONDURAS

ÉVASION DE POLICIERSCONDAMNÉS ET RISQUED’IMPUNITÉ

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes)Belgique: 0,54e; Europe: 0,80e; restedu monde: 0,90e. La surtaxe aérienneest incluse (étiquette requise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte.Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et cour-tois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International.Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Brigadier général,Htay Kiwe, Mie Mie, Zaw Htet Ko Ko et au moins 32 autres personnes

sont toujours en prison à la suite de la violente répression qui a eu lieu, il y aplus d’un an, contre les manifestants. Ils sont inculpés d’association illégale, dedistribution de tracts sans autorisation et de critiques contre le gouvernement.Ils sont en attente de leur procès et risquent jusqu’à 20 ans de prison. En tantque membre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui les considère commedes prisonniers d’opinion, je vous demande leur libération immédiate etinconditionnelle et je vous prie, tant qu’ils seront détenus, de leur assurerl’accès aux soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin et à des avocats deleur choix, ainsi que de les prémunir contre tout risque de torture ou d’autresmauvais traitements. Espérant une issue favorable pour ces trois prisonniersd’opinion, je vous prie d’agréer, Monsieur le Brigadier général, l’expression dema considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Brigadier général Kyaw Hsan, Ministre de l’InformationMinistère de l’Information, Bldg (7) NaypyitawMyanmarFax : +95 67 412 363 – E-mail : [email protected]

COPIE À ENVOYER À :Ambassade du Myanmar, Boulevard Général Wahis, 91030 BruxellesFax : 02 705 50 48

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,Membres du Mouvement pour l’Environnement d’Olancho (MAO) qui

lutte contre l’exploitation illégale des forêts et la déforestation à Olancho,Honduras, les militants écologistes Heraldo Zúñiga et Roger Iván Cartagenaont été tués par balles le 20 décembre 2006 par des policiers. Quatre policiersont été reconnus coupables de ces meurtres, mais trois d’entre eux se sont évadésalors qu’ils étaient en attente du verdict. En tant que membre/sympathisant(e)d’Amnesty International, j’appelle les autorités honduriennes à faire en sorteque les trois policiers coupables soient capturés sans délai et à assurer auxmembres du MAO une protection efficace en accord avec leurs propres souhaitset avec les recommandations de la Commission interaméricaine des Droits del’Homme. Espérant que ma requête ne restera pas sans suite, je vous prie decroire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Sr José manuel Zelaya Rosales, Président de la RépubliqueBureau présidentiel, Boulevard Juan Pablo SegundoPalais José Cecilio del Valle, Tegucigalpa, HondurasFax : +504 2393298

COPIE À ENVOYER À :Ambassade du Honduras, Avenue des gaulois, 3, 1040 BruxellesFax : 02 735 26 26 – E-mail : [email protected]

MYANMAR

3 MILITANTSDÉMOCRATES

Amnesty International les considère commedes prisonniers d’opinion et est persuadéequ’ils risquent la torture. Htay Kywe et MieMie sont confrontés à un total de neuf incul-pations, Zaw Htet Ko Ko à six. Au moins 32autres personnes arrêtées en même tempsqu’eux lors de la répression sont en attentede procès. Ils sont inculpés entre autres d’as-sociation illégale, de distribution de tractssans autorisation officielle et de critiquesvis-à-vis du gouvernement. Les chargesactuelles peuvent mener à 20 ans de prison.Les accusés ont introduit trois demandesauprès du tribunal : qu’ils ne soient pasmenottés au tribunal, que les journalistesaient l’autorisation d’assister au procès etque celui-ci soit public. Les autorités ontignoré ces demandes. e

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2859

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2858

Htay Kywe Mie Mie Zaw Htet Ko Ko

Page 15: Libertés ! Janvier 2009 n° 450

A G E N D ATHÉÂTRE AU POCHECHATROOM

Dans un cyberespace,6 ados se retrouvent surun site de chat dontl’objet est la discussionde «sujets coriaces» : «Onest des somnambules atten-dant que les choses sepassent plutôt que d’agirpour qu’elles bougent. Ceserait tellement génial d’ac-complir quelque chosed’important. D’avoir une

véritable cause à défendre.»Quête d’une «cause» ou simple envie departager ? Détresse ou jeu de pouvoir ? Cettecomédie aux dialogues courts et rythmés nousplonge dans une spirale de manipulationalimentée par l’ennui et la frustration de cessix adolescents... Deux d’entre eux se liguentpour pousser celui qui, de prime abord sembleplus faible, à commettre un acte irréparable.Entre rire et larmes, très vite, ils le conduisentvers une impasse... Impasse à laquelle l’auteurréserve aux spectateurs une issue pour le moinssurprenante.«Je suis à l’âge... on est à l’âge où on doit défendre deschoses, d’accord? Pour moi, c’est pas de se faire despotes, jouer au f lipper ou aller au Mc Do griller desclopes et causer du dernier CD merdique... C’est uneputain de perte de temps. C’est maintenant qu’il fautfaire chier et se démarquer des autres. On est des jeunes!Ça voulait dire quelque chose avant. Ça parlait de rébel-lion, de révolution, non? À part les punks, qu’est-ceque les jeunes ont fait ces trente dernières années ? Quedalle !»Bien au-delà de toutes spéculations sur les bien-faits ou méfaits des sites de chat, Chatroom estl’histoire puissante d’un acte ultime de rébel-lion adolescente.Élève d’un génie de la littérature irlandaisecontemporaine, Roddy Doyle, Enda Walsh adébuté sa collaboration avec le réalisateur PatKiernan à la Corcadorca Theatre Company àCork (Irlande) en tant que scénariste et dès lorsla compagnie verra sa renommée et sa popularités’amplifier grâce à la production de nouvellespièces.Il vit et travaille actuellement à Londres. EndaWalsh a beaucoup écrit pour le théâtre et lecinéma. Il est également metteur en scène etcomédien.À propos de Chatroom, Enda Walsh s’explique :«Sa Majesté des Mouches [le roman de WilliamGolding] a eu une influence majeure sur moi. Cettehistoire nous suggère que nous ne sommes des êtresmoraux qu’à cause des limites que nous impose lasociété. Enlevons-les et nous retournons à quelque chosede primitif. Je voulais que cette dimension fasse partiede ma pièce. Dans Chatroom, un groupe de jeunes sedécouvrent et finissent par parler d’une seule voix. Entant qu’écrivain, je crois que nous avons tous un poten-tiel malveillant et que nous sommes tous capables detout.» eDu 13 janvier au 14 février 2009 à 20h30 (relâche lesdimanches et lundis)Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000Bruxelles – Réservations : 02 649 17 27 [email protected]

JEUX D’OMBRESET DE POUVOIR

Giulio Andreotti est un cas. Au pouvoir quasi-ment sans discontinuer pendant quatredécennies, l’homme fort de la Démocratie

chrétienne italienne a occupé un poste dans 33 des 59gouvernements entre 1945 et 2004. Homme d’intri-gues et de compromis secrets, il a cru pouvoir resterau-dessus de la mêlée. Les choses se sont gâtées pourlui lorsque des mafieux repentis l’ont accusé d’avoirété en relation avec Cosa Nostra. S’en est suivi un procèsdont il n’est pas sorti gagnant, même si les preuves irréfutables ont manqué. Il Divo décrit un fascinantanimal politique au crépuscule de sa carrière alors qu’il forme son septième gouvernement. Servi par une inter-prétation exemplaire de Toni Servillo, le film est d’une invention visuelle constante. Impénétrable tel un sphinx,l’homme fait du vélo dans son appartement mangé par les ombres. Alors que Rome dort, il fait sa promenadedans les rues désertes encadré d’une escorte de policiers surarmés. Le politicien, qui aurait un jour déclaré queDr Jekyll & Mr Hyde était son film favori, offre en permanence le visage impassible d’un homme affable, raffo-lant de petites phrases ironiques. Comment faire le portrait d’une énigme? Paolo Sorrentino s’est bien gardéde se lancer dans un portrait à charge ou dans une grande fresque historique préférant une musique de chambreaux accords feutrés, relevant son tempo par quelques assassinats aussi brutaux que rapides. À un seul moment,Andreotti sort de sa réserve pour une étrange confession solitaire dans sa cuisine où il affirme qu’il est néces-saire de perpétuer le mal pour garantir le bien. Tout est dit. e Gilles BechetIl Divo de Paolo Sorrentino, sortie nationale, le 14 janvier

UNE VAINE FRACTIONDU ROUGE

Àmesure que les années s’éloignent la Rote Armee Frak-tion est devenu un logo ou une image figée de laviolence politique. Pour son retour derrière la

caméra après 10 ans d’inaction, Uli Ledel a été choisi pourraconter le parcours de la fameuse Bande à Baader qui a désta-bilisé l’Allemagne pendant une décennie. Débutant sur lesmanifs étudiantes protestant contre la visite du Shah d’Iran,le film égrène les principaux faits d’armes des brigadistes,depuis l’incendie d’un grand magasin jusqu’à leur suicidedans la prison ultra-sécurisée de Stammheim. En optantpour un récit événementiel qui se concentre sur les actions plus que sur les discours, le film laisse un goût detrop peu. Le contraste entre l’atmosphère étouffante de l’Allemagne adulte et l’illusion libertaire de la jeunesseest bien rendu, mais les personnages apparaissent comme des marionnettes mues par on ne sait trop quel mani-pulateur. Interrogé pourquoi, alors que les fondateurs de la RAF sont en prison, des groupes dits de deuxièmeet troisième génération continuent à émerger, le chef de la police répond : «Le mythe !» Par un traitement quise veut distancié, le film renforce le mythe plutôt qu’il ne cherche à le contourner. Le choix de la bande sonet la dégaine des acteurs contribuent presque à en faire une épopée rock ‘n’ roll. Le solde politique de cette fuiteen avant sanglante apparaît comme une énigme. Et l’on peut y voir un drôle de reflet d’une autre terreur quiétouffe nos sociétés aujourd’hui. e G.B.Der Baader Meinhof Komplex de Uli Edel, sortie le 28 janvier

COUP DE TÊTE

«Mbëkë mi» en wolof, cela veut dire «coup de tête». Celui sur lequel on décide de partir - quoi qu’ilen coûte, quels que soient les dangers - vers ce que l’on croit être un avenir sinon doré, du moinsun avenir tout court. C’est le titre du dernier livre du Sénégalais Abasse Ndione consacré tout entier

aux jeunes de son pays qui, poussés par un désir fou d’émigrer, montent un jour sur une pirogue... Mbëkë mi,ce sera la traversée, des jours de navigation et d’errance dans un tronc d’arbre évidé, moteur en panne,chargé de 40 personnes embarquées vers un Eden européen, les îles espagnoles des Canaries. Si l’on parle beau-coup d’émigration, il est rare qu’elle soit vue d’Afrique et contée par un Africain. Rare aussi d’entendre direce que le peuple pense tout bas : malgouvernance, corruption, désenchantement. Car pourquoi ce désir d’émi-grer ? Abasse Ndione fut longtemps infirmier en brousse. Lorsqu’il était enfant, personne dans son village nesongeait à partir vers Dakar, encore moins vers l’Europe. On vivait de la pêche, du travail des champs, du petitcommerce. Et cela suffisait. Mais aujourd’hui, les paysans sont réduits à la misère, le poisson disparaît et lesjeunes fuient vers les villes sans y trouver autre chose que le chômage et la drogue. Ce fut l’objet du premierlivre de Ndione (La vie en spirale) paru en 1998 et qui fit scandale à l’époque, mais est désormais étudié dans lesécoles. Abasse Ndione rêve ses textes en wolof et les traduit lui-même en français. «Les phrases coulent de moicomme du lait», dit-il joliment. eSuzanne WellesAbasse Ndione, Mbëkë mi, Gallimard, 82 p.,11 e

Libertés ! Janvier 2009 15

C U L T U R E

Page 16: Libertés ! Janvier 2009 n° 450