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Volume 3, numéro 3 / Été 2003 / Société d’histoire de la Haute-Yamaska / Page 1 L’historien Volume 3, numéro 3 Été 2003 régional Gratuit On peut se procurer le volume, au prix de 45 $, à la Société d’histoire de la Haute- Yamaska, au 135 rue Principale à Granby, par envoi postal et dans les librairies de Granby. Histoire de Granby, un volume de 512 pages agrémenté d’autant de photographies des lieux, des institutions, des entreprises et surtout des hommes et des femmes qui ont fait Granby. Suite page 2 Au milieu du XIX e siècle, la centralisa- tion des établissements judiciaires à Montréal, Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke répond de plus en plus difficilement aux besoins d’une population croissante et laisse libre cours à la fraude et à la contrebande dans les régions éloignées, tels les Cantons-de-l’Est. L’Acte judiciaire du Canada de 1857, préparé par George Étienne Cartier, veut remé- dier à cette situation par la créa- tion de douze nouveaux districts judiciaires, dont celui de Bedford qui couvre les comtés de Brome, de Missisquoi et de Shefford, fai- sant de la décennie 1857-1866 la grande période de construction des palais de justice et des prisons au Québec avec 14 réa- lisations. Afin de ratio- naliser la construction simultanée d’un aussi grand nombre de pa- lais de justice-prison, l’ingénieur en chef du département des Travaux publics, Frederick Preston Rubidge, s’inspire du palais de jus- tice d’Aylmer, construit vers 1845, pour éla- borer une série de plans uniformes. À l’instar des autres prisons cons- truites simultanément dans l’ensem- ble du Québec, la prison de Sweetsburg (Cowansville), un imposant édifice en pierre de taille qui s’élève sur trois étages, comporte huit cellules doubles et huit cellules simples, une salle de jour à chaque étage supé- rieur et deux salles de jour au rez-de-chaussée. Par souci d’économie, les services pénitentiai- res sont maintenus à leur plus simple expres- sion, aucun espace n’étant destiné aux salles de bains, à l’infirmerie, la chapelle et aux ateliers. La construction du nouveau palais de justice-pri- son de Cowansville, qui débute en 1859 et se termine en 1862, coûtera 27 280 $ au trésor public. Vivre en prison au XIX e siècle Pendant un siècle, la prison de Cowans- ville a accueilli en ses murs les hommes, les femmes et les enfants ayant été reconnus coupables de délits mineurs – vol, fraude, vandalisme, voies de fait – commis sur le territoire du district de Bedford. En raison de sa proximité avec la frontière américaine, la prison de Cowansville était l’une des plus peuplées de la province. La surveillance de la prison est généralement assurée par un gardien de prison, qui réside sur place avec sa famille, ainsi que par un guichetier qui a pour rôle de surveiller les entrées et les sorties à la porte de la geôle. Il n’est pas rare, d’ailleurs, de voir une même personne occuper le pos- te de gardien de prison pendant plus de 35 ans, aidée de ses enfants et de ses petits-en- fants. Les salaires des em- ployés carcéraux, qui s’élè- vent à 200 $ par année en 1869 pour le gardien de pri- son et à 90 $ pour le gui- chetier, ne connaissent aucune augmentation jus- qu’au XX e siècle. La vie carcérale s’écoule au rythme des saisons, les journées se déroulant de 5 h à 20 h durant la période estivale, et de 7 h à 18 h au cours de l’hiver. La présence des hommes et des femmes dans les mêmes espa- ces de détention fait partie de la vie quoti- dienne, au même titre que la cohabitation des personnes aliénées avec l’ensemble des prisonniers. Cette réalité ne s’applique toute- fois pas aux enfants emprisonnés pour cer- tains méfaits, comme l’obstruction d’une voie ferrée ou le vol, les inspecteurs de prisons recommandant généralement de les séparer des autres détenus. (À suivre) Chantal Lefebvre D epuis un demi-siècle, les gens de Granby cohabitent avec une ména- gerie composée de près d’un millier de spéci- mens, dont des lions, des éléphants, des singes et des girafes, parmi d’autres espèces exotiques. Cette familiarité entre les hommes et les bêtes, ce partage d’un espace de vie commun, com- porte cependant le désavantage de banaliser une relation que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier d’extraordinaire. De manière opportune, le cin- quantième anniversaire de la Société zoologi- que de Granby (1953-2003) offre l’occasion aux Granbyens de renouer avec leur zoo, et d’en apprendre un peu plus sur l’importance qu’il a eue dans l’histoire de leur ville. Pour trouver la date exacte de la naissance du zoo de Granby, il faut remonter au 4 juin 1945, au moment où une proposition du maire Horace Boivin au conseil municipal fait du parc Avery le refuge de quelques spécimens de la faune régionale. Le geste du maire, loin d’être unique, s’inscrit dans un mouvement qui s’étend à toute l’Amérique du Nord. En effet, aux États-Unis seulement, 150 jardins zoologiques avaient été créés après la Première Guerre mondiale. Géré au départ par un comité de bénévo- les de la Chambre de commerce des jeunes, le zoo de Granby présente, dès 1946, une dou- zaine de grands mammifères de la faune cana- dienne à une population qui en ignore pres- que tout. Toutefois, l’inexpérience des admi- nistrateurs et la méconnaissance des exigences de la garde d’animaux sauvages en milieu fer- mé portent bientôt ombrage au succès popu- laire grandissant de l’entreprise. C’est précisé- ment pour tenter de mettre fin aux problè- mes qui ont affligé les premières années d’exis- tence du zoo qu’a été formée la Société zoolo- gique de Granby, en 1953. L’arrivée massive de la télévision dans les foyers coïncide avec la création de la Société zoologique; l’une comme l’autre trouvant des avantages à collaborer. Les émissions tournées Un zoo parmi nous (Chaire de recherche du Canada sur le patrimoine urbain)

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Volum

e 3, numéro 3 / É

té 2003 / Société d’histoire de la Haute-Y

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L’historienVolume 3, numéro 3 Été 2003

régionalGratuit

On peut se procurer le volume,au prix de 45 $, à la Société d’histoire de la Haute-Yamaska, au 135 rue Principale à Granby, par envoipostal et dans les librairies de Granby.

Histoire de Granby, un volume de 512 pages agrémentéd’autant de photographies des lieux, des institutions,des entreprises et surtout des hommes et des femmesqui ont fait Granby.

Suite page 2

Au milieu du XIXe siècle, la centralisa-tion des établissements judiciaires à Montréal,Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke répondde plus en plus difficilement aux besoins d’unepopulation croissante et laisse libre cours à lafraude et à la contrebande dans les régionséloignées, tels les Cantons-de-l’Est. L’Actejudiciaire du Canada de 1857, préparé parGeorge Étienne Cartier, veut remé-dier à cette situation par la créa-tion de douze nouveaux districtsjudiciaires, dont celui de Bedfordqui couvre les comtés de Brome,de Missisquoi et de Shefford, fai-sant de la décennie 1857-1866 lagrande période deconstruction des palaisde justice et des prisonsau Québec avec 14 réa-lisations. Afin de ratio-naliser la constructionsimultanée d’un aussigrand nombre de pa-lais de justice-prison,l’ingénieur en chef dudépartement des Travaux publics, FrederickPreston Rubidge, s’inspire du palais de jus-tice d’Aylmer, construit vers 1845, pour éla-borer une série de plans uniformes.

À l’instar des autres prisons cons-truites simultanément dans l’ensem-ble du Québec, la prison de Sweetsburg(Cowansville), un imposant édifice enpierre de taille qui s’élève sur trois étages,comporte huit cellules doubles et huit cellulessimples, une salle de jour à chaque étage supé-rieur et deux salles de jour au rez-de-chaussée.Par souci d’économie, les services pénitentiai-res sont maintenus à leur plus simple expres-sion, aucun espace n’étant destiné aux salles debains, à l’infirmerie, la chapelle et aux ateliers. Laconstruction du nouveau palais de justice-pri-son de Cowansville, qui débute en 1859 et se

termine en 1862,coûtera 27 280 $au trésor public.

Vivre en prison au XIXe sièclePendant un siècle, la prison de Cowans-

ville a accueilli en ses murs les hommes, lesfemmes et les enfants ayant été reconnuscoupables de délits mineurs – vol, fraude,vandalisme, voies de fait – commis sur leterritoire du district de Bedford. En raisonde sa proximité avec la frontière américaine,

la prison de Cowansville était l’une desplus peuplées de la province.

La surveillance de la prisonest généralement assurée par ungardien de prison, qui réside surplace avec sa famille, ainsi que parun guichetier qui a pour rôle desurveiller les entrées et les sortiesà la porte de la geôle. Il n’est pasrare, d’ailleurs, de voir unemême personne occuper le pos-te de gardien de prison pendant

plus de 35 ans, aidée de sesenfants et de ses petits-en-fants. Les salaires des em-ployés carcéraux, qui s’élè-vent à 200 $ par année en1869 pour le gardien de pri-son et à 90 $ pour le gui-chetier, ne connaissentaucune augmentation jus-qu’au XXe siècle.

La vie carcérale s’écouleau rythme des saisons, les

journées se déroulantde 5 h à 20 h durant lapériode estivale, et de

7 h à 18 h au cours de l’hiver. La présence deshommes et des femmes dans les mêmes espa-ces de détention fait partie de la vie quoti-dienne, au même titre que la cohabitation despersonnes aliénées avec l’ensemble desprisonniers. Cette réalité ne s’applique toute-fois pas aux enfants emprisonnés pour cer-tains méfaits, comme l’obstruction d’une voieferrée ou le vol, les inspecteurs de prisonsrecommandant généralement de les séparerdes autres détenus. (À suivre)

Chantal Lefebvre

Depuis un demi-siècle, les gens deGranby cohabitent avec une ména-

gerie composée de près d’un millier de spéci-mens, dont des lions, des éléphants, des singeset des girafes, parmi d’autres espèces exotiques.Cette familiarité entre les hommes et les bêtes,ce partage d’un espace de vie commun, com-porte cependant le désavantage de banaliser unerelation que d’aucuns n’hésitent pas à qualifierd’extraordinaire. De manière opportune, le cin-quantième anniversaire de la Société zoologi-que de Granby (1953-2003) offre l’occasion auxGranbyens de renouer avec leur zoo, et d’enapprendre un peu plus sur l’importance qu’il aeue dans l’histoire de leur ville.

Pour trouver la date exacte de la naissancedu zoo de Granby, il faut remonter au 4 juin1945, au moment où une proposition dumaire Horace Boivin au conseil municipal faitdu parc Avery le refuge de quelques spécimensde la faune régionale. Le geste du maire, loind’être unique, s’inscrit dans un mouvementqui s’étend à toute l’Amérique du Nord. Eneffet, aux États-Unis seulement, 150 jardinszoologiques avaient été créés après la PremièreGuerre mondiale.

Géré au départ par un comité de bénévo-les de la Chambre de commerce des jeunes, lezoo de Granby présente, dès 1946, une dou-zaine de grands mammifères de la faune cana-dienne à une population qui en ignore pres-que tout. Toutefois, l’inexpérience des admi-nistrateurs et la méconnaissance des exigencesde la garde d’animaux sauvages en milieu fer-mé portent bientôt ombrage au succès popu-laire grandissant de l’entreprise. C’est précisé-ment pour tenter de mettre fin aux problè-mes qui ont affligé les premières années d’exis-tence du zoo qu’a été formée la Société zoolo-gique de Granby, en 1953.

L’arrivée massive de la télévision dans lesfoyers coïncide avec la création de la Sociétézoologique; l’une comme l’autre trouvant desavantages à collaborer. Les émissions tournées

Un zoo parmi nous

(Chaire de recherche du Canadasur le patrimoine urbain)

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La dentisterie, telle qu’elle est pratiquéedans la première moitié du XIXe siècle, n’esten soi guère différente de celle du Moyen Âge :les affections dentaires ne sont diagnostiquéesle plus souvent que par les douleurs qu’ellesprovoquent et l’extraction dans la souffrancedemeure à peu près le seul choix thérapeuti-que. Jusque vers 1850, les malades ont recoursà des individus aux compétences inégales poursoigner leurs maux. Parmi eux, on trouve les« saigneurs et arracheurs de dents1 » et leursapprentis, les médecins ou apothicaires, maisaussi les autodidactes, les maréchaux-ferrants,les charlatans et les guérisseurs peu ou malformés qui parcourent villes et campagnes enprenant soin de ne pas séjourner trop long-temps au même endroit.

La seconde moitié du XIXe siècle permetde régulariser la profession par le contrôle de laformation et de l’expertise du praticien, le toutpour le plus grand bénéfice des malades. EnAmérique, la première véritable école dentaireest fondée à Baltimore (Baltimore College of Den-tal Surgery) en 1840. Il faudra toute-fois attendre 1875 avant que le Ca-nada imite ses voisins du sud avecla fondation, à Toronto, du RoyalCollege of Dental Surgeons. Harvardoffre le doctorat en médecine den-taire depuis 1867 et Toronto de-puis 1888. Au Québec, on ouvreune école en 1892 à Montréal quis’affilie, en 1896, à l’Universi-té Bishop de Lennoxville.Cette école est dissoute en1905 et la formation est alorsreprise par l’Université McGill et la succursalede l’Université Laval à Montréal (future Uni-versité de Montréal).

Ce mouvement académique s’inscrit dansles bouleversements créés par la révolution in-dustrielle qui permet de grandes avancées dansles domaines scientifiques et médicaux. Grâce

La dentisterie au XIXe siècleau développement de nouveaux instruments,matériaux et équipements, de même qu’à desdécouvertes médicales telles l’asepsie et l’anes-thésie, les procédures techniques et les traite-ments se raf-finent, augrand bénéfi-ce du patient.Au milieu duXIXe siècle,on découvrel’oxyde d’azo-te et l’éther,deux gaz anes-thésiants quiéliminent ladouleur lorsdes traitements.De même, lesdécouvertes deLister et de Pasteur sur la contamination bactérien-ne développent les concepts de désinfection et destérilisation qui améliorent le taux de guérison.

Quant à l’invention de la vulcanisation (ducaoutchouc) par Charles Goodyear, elle per-met la confection de prothèses dentairesmieux adaptées aux personnes édentées.Dans les dernières décennies du XIXe siè-cle, les inventions se multiplient et les pro-

grès vont en s’accélérant ; à l’aube duXXe siècle, on retrouve déjà le proto-type de l’actuel cabinet dentaire, la com-plexification et la lourdeur de l’équi-pement nécessaire à l’exercice de l’artdentaire ayant conduit à la sédenta-risation de la profession.

L’information concernant ceux qui exer-cent le métier de dentiste dans les Cantons-de-l’Est au XIXe siècle est très fragmentaire ; elletémoigne néanmoins de l’évolution de la pro-fession. Ainsi, les annonces recueillies dans lesjournaux locaux semblent indiquer que les den-tistes sont, jusqu’au début des années 1870,

les professionnels de la santé dont la mobilitéest la plus grande2. Au cours des trois décen-nies suivantes, on remarque un mouvementde sédentarisation alors que sur les six dentis-tes recensés de la région, quatre s’établissent àWaterloo, chef-lieu économique et démogra-phique à cette époque, un à Granby et un dansle canton de Shefford3. Tous sont anglopho-nes et leur formation est variée, un ayant étu-dié au Vermont, l’autre à Toronto et un troi-sième à Montréal, comme apprenti. Soulignonsenfin que dès les années 1860, certains d’entreeux sont au fait des dernières innovations dansle domaine dentaire : ils recommandent desmesures d’hygiène et de prévention, font usa-ge de matériaux obturateurs pour les dents,fabriquent des prothèses pour les édentés etutilisent même l’anesthésie4.

René Beaudin, dmd

1. Incorporés au XIIIe siècle et identifiés jusque vers1750 comme « chirurgiens-barbiers », ils sont les pré-curseurs de ceux que l’on désignera après 1840 commedentistes. Au Canada, en 1791, sur une population de130 000 habitants, on répertorie 9 « saigneurs et arra-cheurs de dents » ; en 1858, on en compte 49 surenviron 3 millions de personnes et, en 1900, il y a1300 dentistes pour 5.5 millions de Canadiens.2. Annonces de dentistes de passage à Granby : A. A.Knowlton en 1860 et 1863 ; Dr Walton en 1863 ; N.Fisk en 1864.3. Waterloo : N. Fisk, A. A. Knowlton, J. McLean,J.H. Symons. Granby : A. A. Graham. Canton deShefford : C. L. Brown.4. Voir annonces de Newel Fisk, dentiste à Water-loo, 1867 et 1880.

sur le site du zoo permettent aux diffuseursd’offrir une part d’exotisme à leurs téléspecta-teurs, alors que Granby profite de la tribunetélévisuelle pour se faire connaître sur la scènenationale. Cette collaboration donnera naissan-ce au concept des animaux vedettes, avec l’élé-phant Ambika, le chimpanzé Gustave et le go-rille Mumba comme têtes d’affiche.

Dès 1954, les administrateurs de la Socié-té zoologique se détachent de la formule« musée vivant » en confiant à l’architectePaul O. Trépanier le mandat de créer unenvironnement mieux adapté aux besoinsdes animaux. Les plans de ce dernier pré-voient, entre autres innovations, des enclosplus vastes pour les grands mammifères etdes cages spacieuses pour les primates, dansun environnement paysager qui intègre des élé-

ments décoratifs et une aire d’amusement pourles visiteurs venus se divertir en famille.

Au fur et à mesure que de nouvelles ins-tallations s’ajoutent, un important volet édu-catif prend forme. Des panneaux explicatifssont placés devant chaque espèce et le person-nel est désormais mieux informé des condi-tions de vie et des mœurs des animaux dont ila la garde. Cette démarche évoluera vers la créa-tion du département de l’éducation, en 1985,qu’on logera dans le pavillon Horace-Boivinune décennie plus tard.

Bientôt, ce qui ressort des fréquentes rela-tions que les administrateurs du zoo de Granbyentretiennent avec leurs collègues américains oueuropéens les incite à développer un volet « con-servation et protection des espèces ». Dans cettefoulée, la science fait officiellement son entrée au

zoo de Granby à la fin de 1978, avec l’engage-ment d’un vétérinaire sur une base permanen-te. L’organisme participe depuis sans relâche à lapréservation génétique des espèces, une démar-che qui se reflète dans la formation de spécialis-tes des animaux exotiques et dans des aména-gements plus respectueux des spécimens.

En emboîtant le pas aux grands jardinszoologiques du monde, le zoo de Granby s’ins-crit dans la poursuite d’une tradition amorcéeil y a plusieurs millénaires, alors qu’un empe-reur chinois organisait un immense jardind’animaux qu’il baptisait du nom de « parc del’Intelligence ». À l’occasion des célébrations ducinquantième anniversaire de la Société zoolo-gique de Granby, sachons être dignes d’unaussi noble héritage.

Richard Racine

(Un zoo. . . )

Waterloo Advertiser, 19 janvier 1872

Résidence de Newell Fisk,rue Foster, à Waterloo.

Alexander A. Grahamdentiste à Granby de 1883 à 1930.

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Art public

C’est en 1956 et 1968 que le Jardin zoolo-

gique de Granby, l’une des destinations tou-ristiques nationales les plus populaires de l’épo-que, obtient les deux totems amérin-diens qui font aujourd’hui sa fierté.Dons de Benjamin W. Ball, présidentde Cemco Switchgear Ltd, connueplus tard sous la raison sociale de FPEPioneer Electric, les deux mâts toté-miques, réalisés à la demande demonsieur Ball lui-même, sont l’œu-vre du maître sculpteur Simon Char-lie, personnage notoire de la commu-nauté cowichan de Colombie-Britan-nique. Cette dernière est la plus grandecommunauté de la nation salish dulittoral, qui occupe une large partie dela côte est de l’île de Vancouver et dulittoral opposé. Les Salishs sont d’ex-cellents menuisiers qui ont su tirer pro-fit du cèdre rouge, un conifère résis-tant à la moisissure. Les totems qu’ilsfabriquent peuvent être répartis en qua-tre groupes : commémoratifs, mor-tuaires, familiaux et utilitaires, dans ce cas com-me piliers d’intérieur afin de soutenir la char-pente des maisons. Pour les Salishs, le totemsert tout autant à préserver certains récits histo-riques qu’à raconter l’histoire d’un clan ou d’unefamille. On dit que l’art totémique est le modede représentation héraldique le plus célèbre.

En Amérique du Nord, seulement six na-tions s’adonnent à l’art totémique. Chez lescommunautés du nord-ouest de la côte du Pa-cifique, l’oiseau tonnerre, l’aigle, le corbeau,

De vrais totems amérindiens au zoo !l’ours, le castor, le loup, l’épaulard et la grenouillesont les figures symboliques les plus fréquen-tes. D’une nation à l’autre, cependant, les légendes

et la signification des animaux représen-tés peuvent varier légèrement. Les sym-boles animaliers les plus courantsfigurent sur les totems salihsdu Jardin zoologique.

L’oiseau tonnerre estsans contredit l’un des em-blèmes les plus communsparmi les Amérindiens de lacôte nord-ouest. Toujoursreprésenté avec les ailes dé-ployées, il joue un rôle d’es-prit protecteur parmi toutesles tribus, même si les légen-des le concernant diffèrent.L’oiseau tonnerre donne desconseils avisés et protège desdémons et de la malchance.L’aigle, qu’on reconnaît sur lestotems à son bec très recourbé,similaire à celui de l’oiseau

tonnerre, est une autre figure coutu-mière dans les croyances amérindien-

nes. Comme c’est l’oiseau qui vole le plus haut,les Amérindiens croient qu’il communiqueleurs pensées au Créateur et qu’il est en liaisonavec le Grand Esprit. Quant au corbeau, dontle bec est beaucoup plus droit, certains peuples

le considèrent comme un porteurde magie, alors que pour d’autres ilprésage la mort. Ce grand oiseaunoir, si typique des paysages cana-diens, aiderait aussi à changer d’étatde conscience et à écouter sa voieintérieure. L’ours, il va sans dire, re-présente la force de l’âme et le pou-voir d’introspection ; tout commele castor, il porte les oreilles sur ledessus de la tête, ce qui rend par-fois difficile leur identification surle totem. Or, avec un peu d’atten-tion, on arrive à identifier le castorgrâce à ses incisives. Finalement,parce qu’il vit en meute et qu’il estfidèle toute sa vie à sa compagne,le loup symbolise la loyauté et la

fidélité.

Marie-Christine Bonneau

C’est porté par un vent d’optimisme quele Canada s’engage aux côtés de l’Angleterre aucours de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Ainsi, en septembre 1914, pour mar-quer le début du conflit, les façades de presquetous les commerces de Granby sont décoréesavec des drapeaux de la France et de l’Angleter-re; les « couleurs nationales fleurissent les bou-tonnières de tous les passants », nous dit leJournal de Waterloo. Mais l’opiniâtreté des Alle-mands allait changer le parcours du conflit etplonger les Alliés dans l’un des cauchemars lesplus funestes qu’ait connus jusque-là l’huma-nité. Pour la première fois, grâce à l’évolutiontechnologique et industrielle récente, les na-tions disposent d’un arsenal extraordinairepour propager la mort : canons à longue por-tée, gaz, lance-flammes, avions, chars, entreautres engins de destruction. Dans ce carnage

qui emporte 13 millions de personnes en cinqans, le tribut du Canada s’établit à plus de 60 000hommes, dont 17 sont de Granby. Le premiergranbyen à perdre la vie sur les champs de batailleest le sergent Olsen, tuéen France le 3 juin 1915.Quant au soldat ArmandBeauvais, dont le père,Damase, opère une bou-tique de barbier sur la ruePrincipale, il est fauché parl’ennemi au printemps de1917 lors de l’assaut de lacrête de Vimy, sans con-teste la plus grande victoi-re canadienne de la Pre-mière Guerre mondiale.

Mario Gendron

La guerre 1914 - 1918 et Granby.

Bulletin de laSociété d’histoire de la Haute-Yamaska135, rue PrincipaleGranby (Québec) J2G 2V1Téléphone : (450) 372-4500Télécopieur : (450) 372-9904Site Internet : http://www.shhy.org

L’historien régionalL’assemblée annuelle de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska (SHHY) s’est déroulée à

la fin d’avril. Des sept membres du conseil d’administration, cinq ont vu leur mandat renouveléet deux nouveaux membres se sont joints à l’équipe, soit Chantal Lefebvre, une spécialiste del’histoire architecturale et patrimoniale, et Luc Racine, que tous connaissent à Granby pour sonimplication sociale et communautaire. Est-il besoin de souligner que c’est ce dernier qui a héritéde la direction du nouveau comité de recrutement mis sur pied par la SHHY ? C’est avec tristesse,cependant, que l’assemblée a appris le départ de Julie Leblanc et de Claire Roy qui, après plusieursannées de loyaux services, ont préféré céder la place à la relève. Le nouveau conseil d’administra-tion de la SHHY se compose ainsi de Gilles A. Baron à la présidence, de René Beaudin à la vice-présidence, de Pierre Gignac à la trésorerie, de Josée Audette au poste de secrétaire, de FrancineRuel à la généalogie et, enfin, de Luc Racine et de Chantal Lefebvre, administrateurs. J. R.

Chantal Lefebvre, René Beaudin, Josée Audette,Gilles A. Baron, Francine Ruel,

Luc Racine, Pierre Gignac

Éric Graham ,de Granby

(Fonds Société zoologiquede Granby)

Le conseil d’aministration2003

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Nos famillesG é n é a l o g i e

Nouvelles brèves

Antoine Ducharme, né le 13 mars 1863 à Sainte-Cécile-de-Milton, fils de François Tétreault, dit Du-charme, et de Aurélie Decelle, demeura sur une fer-me sise sur le lot 15 du Neuvième Rang de Granby.

Antoine épouse Azilda Gouzi, le 6 juillet1886, en l’église Notre-Dame de Granby. Azil-da, née le 10 novembre 1862, est la fille deNazaire Gouzi et de Zoé Nadeau. C’est àGranby que naquirent et furent baptisés les 12enfants de ce couple ; quatre décédèrent à lanaissance ou en bas âge, trois se marièrent auxÉtats-Unis : Vermont, Rhodes Island et NewHampshire ; trois autres se marièrent à Man-sonville et un à Montréal ; de ces enfants, il enreste un dont on sait peu de choses et qui auraitvécu aux États-Unis.

Richard et Vitalis, deux des enfants d’An-toine, habitèrent Granby. Richard épousa Émi-lienne Marcil le 1er juin 1926 à Central Falls Rho-des Island. En 1942, il décida de revenir au Ca-nada et choisit de demeurer à Granby sur la rueCourt. Richard travailla à l’emploi de l’ImperialTobacco durant plusieurs années.

Vitalis, le plus jeune, épousa à Troy Ver-mont, le 6 septembre 1937, Jeannet-

te Sainte-Marie, fille de Théophile et de Rose-Emma Lajeunesse. Il fut cultivateur sur uneferme à Mansonville durant quelques années.En 1942, quelques mois après son frère Richard,il quitta la ferme et déménagea aussi à Granby,angle Boivin et Montcalm. Il fut à l’emploi del’Hôtel Granby, de l’Esmond Mills et de la Mon-trose. De cette union naquit une fille, Mariette,qui épousa Gilles Guertin.

Après avoir quitté la ferme, Antoine Du-charme et son épouse, Azilda Gouzi, se retrou-vent sur l’avenue du Parc à Granby, comme ren-tiers. Le 27 avril 1948, Azilda décède à Granby,suivie le 15 septembre 1948 par Antoine.

Le surnom de Ducharme vient de Joseph-Marie Tétreault, dit Ducharme ; il fut le seul desneuf enfants de la famille de Louis Tétreault àporter ce surnom. Louis est le premier ancêtrede tous les Tétreault du Canada, il est le fils deMathurin Tétreault et de Marie Bernard demeu-rant à Saint-Martin-de-Loin, dans la région duPoitiers, au Poitou. Louis épousa Nathalie Lan-dreau le 9 juin 1663 à Trois-Rivières.

Gilles Guertin

La généalogie est un loisir culturel en plei-ne expansion au Québec. L’engouement pourla recherche des ancêtres et la quête des originessemble d’ailleurs s’accroître au rythme duvieillissement de la population, tant il est vraiqu’une personne qui avance en âge est plusencline à interroger son passé. Il y a cependantbien des manières de l’interroger, ce passé per-sonnel. Alors que plusieurs généalogistes éta-blissent leur ascendance en ligne directe, et qued’autres ratissent large dans les parentés colla-térales, un troisième groupe cherche à tout con-naître sur la vie de ses prédécesseurs. Mais peuimporte son objectif, le généalogiste saura trou-ver à la Société d’histoire de la Haute-Yamaska(SHHY) les ressources techniques et humai-nes nécessaires pour l’atteindre.

En effet, la SHHY offre en première ligneun service de généalogie générale, avec les ré-pertoires des mariages catholiques du Québec,de provinces Canadiennes et du Nord-est amé-ricain comme outils traditionnels, auxquels ilfaut maintenant ajouter l’index consolidé desmariages et décès du Québec du ministère dela Santé et des Services sociaux et de l’Institutde la statistique du Québec et le PRDH (1629 -1799). Elle offre aussi une documentationabondante et diverse pour quiconque s’inté-resse à l’histoire des familles de chez nous (ré-pertoires des baptêmes-mariages-sépulturespour plusieurs paroisses de la région, greffesdes notaires, recensements nominatifs, ancienscadastres, etc.) M. G.

Azilda Gouzy et Antoine Ducharme

• M. Paul-O. Trépanier, maire deGranby de 1964 à 1969 et de 1973 à1985, a poursuivi le versement denouveaux documents à son fondsd’archives, déjà fort volumineux etriche en information sur une périodeagitée de l’histoire de Granby et duQuébec. Il joint aux documents plu-sieurs cadeaux souvenirs reçus lorsde ses visites officielles dans certainesdes villes jumelées à Granby (Windsor en On-tario, Coventry en Angleterre, Saint-Étienne enFrance, Ancona en Italie, Joal Fadiouth au Sé-négal, Hammamlif en Tunisie, Marrakach auMaroc, Bokito au Cameroun, Rayne aux États-Unis et Thun en Suisse). De plus, M. Trépa-

nier nous a fait don de quelques li-vres rares et très controversés à l’épo-que de leur publication : Refus globalet Projections libérantes de Paul-ÉmileBorduas et La vierge incendiée de Paul-Marie Lapointe. Le fonds d’archivesde M. Trépanier compte aujourd’hui20 mètres linéaires de documents.• La réforme du code civil, ça vousdit quelque chose ? M. le juge Jean

Marquis, après avoir siégé au comité chargé derevoir en profondeur le code civil du Québec,dont les dernières modifications remontaient à1965, a déposé au service d’archives tous les do-cuments relatifs au gigantesque travail ; il s’agitd’une masse documentaire de près de 3 mètres.

• L’ensemble des citoyens est de plus en pluspréoccupé par le sort des espèces menacées.Tout récemment, c’est sur le cas de la vachecanadienne que s’est penchée Radio-Canada,dans le cadre de l’émission La Semaine verte.Pour l’occasion, le fonds des bovins canadiensconservé dans les voûtes de la Société d’histoi-re de la Haute-Yamaska a été mis à contribu-tion, un caméraman de la société d’État ve-nant à Granby filmer les documents d’archiveset les photographies nécessaires à la réalisationde la partie historique du reportage. Le résul-tat ? Un impressionnant tableau sur la race pa-trimoniale du Québec, qui ne compte plus quequelques centaines de sujets.

Johanne Rochon

Paul-O Trépanier

(Collection Gilles Guertin)

Vive la mariée!

La mode vestimentairede la mariée au cours duXXe siècle. À voir dansla vitrine de la Sociétéd’histoire.

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