l'evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

48
L’évangile de la miséricorde « … Jésus fait de la miséricorde un des principaux thèmes de sa prédication. L'évangéliste qui traite particulièrement ces thèmes dans l'enseignement du Christ est saint Luc, dont l'Evangile a mérité d'être appelé «l'Evangile de la miséricorde». » Jean-Paul II dans l’encyclique Dives in misericordia du 30 novembre 1980 Livret des relais de quartier du secteur pastoral d’Ambares Evangile selon saint Luc

Upload: others

Post on 05-Apr-2022

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

L’évangile de la miséricorde

« … Jésus fait de la miséricorde un des

principaux thèmes de sa prédication.

L'évangéliste qui traite particulièrement ces

thèmes dans l'enseignement du Christ est saint

Luc, dont l'Evangile a mérité d'être appelé

«l'Evangile de la miséricorde». » Jean-Paul II

dans l’encyclique Dives in misericordia du 30

novembre 1980

Livret des relais de quartier du secteur pastoral d’Ambares

Evangile selon saint Luc

Page 2: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Fiche 1 Luc, chapitres 1 et 2

Entrer dans le récit Les deux cantiques choisis pour notre entrée dans l’évangile de la miséricorde rythment la prière de l’Eglise : le cantique de Zacharie, chanté aux laudes, et le cantique de Marie, le Magnificat, chanté aux vêpres. Ces deux chants nous font voir la miséricorde de Dieu à travers l’Ancien Testament : Dieu tient ses promesses envers son peuple.

D’autre part, il s’agit dans les deux passages d’une visite : la visitation de Marie à sa cousine Elisabeth, et la visite du Seigneur chantée par Zacharie, lui-même visité par un ange de Dieu pendant sa prière liturgique sacerdotale.

Ce thème de la visite de Dieu est particulièrement suggestif, concret, apte à nous toucher. Il concerne les actes souverains et gracieux de Dieu intervenant au cours de l'histoire; faisant du neuf, de l'inédit; se souciant de son peuple. En effet la visite de Dieu a toujours pour but de libérer Israël, de réaliser les promesses faites aux pères (v. 70). C'est une visite favorable, accompagnée d'un don (lire par exemple Gn 21,1; 50,24-25 ; Ex 3,16 ; Jr 28,10 Ps 65,10 ;80,15; 106,4 ; etc).

Comment pourrait-il en être autrement, puisque Dieu est fidèle ? Il est le de Dieu de l’alliance. Son engagement dure. Il ne se dément jamais après avoir promis. Et il est Dieu de miséricorde. Les humains ont bien conscience de se séparer de lui par leurs fautes, mais ils peuvent s'appuyer sur le roc de sa parole de vérité et sur ses entrailles de miséricorde (v. 78). C'est que Dieu veut le salut de son peuple.

Parole de Dieu Evangile selon Saint Luc, chapitre 1, 39-56 : le cantique de Marie

39 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. 41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, 42 et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. 43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? 44 Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.

Page 3: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

45 Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » 46 Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, 47 exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! 48 Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. 49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! 50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. 51 Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. 52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. 53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. 54 Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, 55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » 56 Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

Parole de Dieu Evangile selon Saint Luc, chapitre 1, 59-79 : le cantique de Zacharie

59 Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. 60 Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » 61 On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » 62 On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. 63 Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. 64 À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. 65 La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. 66 Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. 67 Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint et prononça ces paroles prophétiques : 68 « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. 69 Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur, 70 comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens : 71 salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs, 72 amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte, 73 serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte, 74 afin que, délivrés de la main des ennemis, 75 nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours. 76 Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins 77 pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés,

Page 4: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

78 grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut, 79 pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix. »

Piste théologique “Patient et miséricordieux”, tel est le binôme qui parcourt l’Ancien Testament pour exprimer la nature de Dieu. Sa miséricorde se manifeste concrètement à l’intérieur de tant d’événements de l’histoire du salut où sa bonté prend le pas sur la punition ou la destruction. D’une façon particulière, les Psaumes font apparaître cette grandeur de l’agir divin: «Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse» (Ps 102, 3-4). D’une façon encore plus explicite, un autre Psaume énonce les signes concrets de la miséricorde: «Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant» (145, 7-9). Voici enfin une autre expression du psalmiste: «[Le Seigneur] guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures… Le Seigneur élève les humbles et rabaisse jusqu’à terre les impies» (146, 3.6). En bref, la miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour «viscéral». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon.

7. «Eternel est son amour»: c’est le refrain qui revient à chaque verset du Psaume 135 dans le récit de l’histoire de la révélation de Dieu. En raison de la miséricorde, tous les événements de l’Ancien Testament sont riches d’une grande valeur salvifique. La miséricorde fait de l’histoire de Dieu avec Israël une histoire du salut. Répéter sans cesse: «Eternel est son amour» comme fait le Psaume, semble vouloir briser le cercle de l’espace et du temps pour tout inscrire dans le mystère éternel de l’amour. C’est comme si l’on voulait dire que non seulement dans l’histoire, mais aussi dans l’éternité, l’homme sera toujours sous le regard miséricordieux du Père. Ce n’est pas par hasard que le peuple d’Israël a voulu intégrer ce Psaume, le “Grand hallel” comme on l’appelle, dans les fêtes liturgiques les plus importantes.

Partager Comment Dieu a-t-il manifesté sa miséricorde dans les temps de la première alliance ?

Jean-Paul II nous a dit «Marie, est le premier Tabernacle vivant », elle part rencontrer

Elisabeth pour témoigner de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu. A l’exemple de Marie

comment pouvons-nous nous aussi annoncer, témoigner de l’Amour miséricordieux de Dieu?

Ces récits touchent des familles. Nous approchons de Noël, fête de famille : comment vivons-

nous la miséricorde en famille ?

Page 5: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Prier Reprenons le cantique de Marie…

Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.

Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avec son Fils Jésus. Son chant de louange, au seuil de la maison d’Elisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50). Nous étions nous aussi présents dans ces paroles prophétiques de la Vierge Marie, et ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine.

Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Adressons lui l’antique et toujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus.

Que notre prière s’étende aussi à tant de Saints et de Bienheureux qui ont fait de la miséricorde la mission de leur vie. Cette pensée s’adresse en particulier à la grande apôtre de la miséricorde, Sainte Faustine Kowalska. Elle qui fut appelée à entrer dans les profondeurs de la miséricorde divine, qu’elle intercède pour nous et nous obtienne de vivre et de cheminer toujours dans le pardon de Dieu et dans l’inébranlable confiance en son amour.

Fiche 2 Luc, chapitres 3 et 4

Entrer dans le récit Jésus dans l’évangile de saint Luc revient à Nazareth et saint Luc est le seul à nous faire vivre cet évènement. Jésus prend le livre des Ecritures et ce qu’il lit à haute voix, c’est ce qui va se passer dans son ministère : c’est lui dont parlait à l’avance, le prophète Isaïe. Ce qu’annonce le prophète Isaïe ce sont les actes du Messie, et ces actes sont des actes de bonté, de miséricorde de Dieu à travers lui. Le Pape François cite ce texte dans la bulle

Page 6: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

d’indiction du jubilé de la miséricorde comme on va le voir plus bas. D’où le choix de cette lecture dans notre parcours.

Le texte que lit Jésus est un oracle messianique de la deuxième partie du livre d'Isaïe, cette partie qui est appelée le "Livre de la consolation» (Is 40-66). Il s’agit d’une prophétie adressée au peuple d'Israël destiné à l'exil à Babylone. Il proclame que Dieu envoie le Messie, plein de miséricorde, un Messie qui pourra dire: «L'esprit du Seigneur Dieu est sur moi ... il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, la libération les prisonniers, promulguer l’année de miséricorde du Seigneur "(Is 61:1-3).

L'accomplissement de cette prophétie a été entièrement réalisé en Jésus, venu au monde afin de rendre présent l'amour du Père pour les hommes. Cet amour se fait particulièrement remarquer au contact avec la souffrance, l'injustice, la pauvreté, avec toutes les fragilités de l’homme, à la fois physiques et morales. A cet égard, la célèbre encyclique du Pape Jean-Paul II, « Dives in Misericordia », ajoutait: "La façon dont l'amour se manifeste dans le langage biblique est appelée à juste titre ‘miséricorde’ (ibid., n ° 3.).

Cette mission de miséricorde a été ensuite confiée par le Christ aux pasteurs de son Eglise. C’est une mission qui engage tout prêtre et évêque, mais qui plus encore engage l'évêque de Rome, Pasteur de l'Eglise universelle. Jésus dit en effet à Pierre : «Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? ... Pais mes brebis » (Jn 21:15). Saint- Augustin commentait ainsi les paroles de Jésus: " paître le troupeau du Seigneur est donc un engagement d'amour ».

Parole de Dieu Évangile selon saint Luc, 4, 14-30

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. 16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.

Page 7: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : 18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. 20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » 22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » 23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » 24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. 25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; 26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. 27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » 28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. 29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. 30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Piste théologique Dans l’Evangile de Luc, nous trouvons un autre aspect important pour vivre avec foi ce Jubilé. L’évangéliste raconte qu’un jour de sabbat, Jésus retourna à Nazareth, et comme il avait l’habitude de le faire, il entra dans la synagogue. On l’appela pour lire l’Ecriture et la commenter. C’était le passage du prophète Isaïe où il est écrit : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2). « Une année de bienfaits » : c’est ce que le Seigneur annonce et que nous voulons vivre. Que cette Année Sainte expose la richesse de la mission de Jésus qui résonne dans les paroles du Prophète : dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves dans les nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir car recroquevillé sur lui-même, redonner la dignité à ceux qui en sont privés. Que la prédication de Jésus soit de nouveau visible dans les réponses de foi que les chrétiens sont amenés à donner par leur témoignage. Que les paroles de l’Apôtre nous accompagnent : « celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » (Rm 12, 8).

Page 8: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Partager Est-ce que parfois je ne suis pas interpellé, dérangé par la Parole de Jésus ? Est-ce que j’ai conscience qu’aimer le CHRIST m’engage à aimer mon prochain ? Est-ce qui m’arrive de reconnaître dans « l’autre » quelque chose du CHRIST ? (Une parole, un regard, une attitude ?) Est-ce que j’ai conscience que DIEU me demande d’avoir un cœur disponible pour accueillir tout l’Amour qu’Il veut me donner ? N’ai-je pas à me libérer de mes préjugés, de mes rancœurs ? Est-ce que je prends le temps d’écouter avec compassion ceux qui en ont besoin : les malades les personnes seules, ceux qui ont des difficultés, les blessés de la vie ? Est-ce que parfois je ne me sens pas moi moi-même esclave de ces prisons modernes ? En tant que chrétiens comment je peux dénoncer certaines situations ? Qu’elle parole de foi, quel témoignage chrétien je peux apporter ?

Prier Seigneur Jésus-Christ, Toi qui nous as appris à être miséricordieux comme le Père céleste,

Et nous a dit que te voir, c’est Le voir.

Montre-nous ton visage, et nous serons sauvés.

Ton regard rempli d’amour a libéré Zachée et Matthieu

de l’esclavage de l’argent. La femme adultère et Madeleine de

la quête du bonheur à travers les seules créatures ;

Tu as fais pleurer Pierre après son reniement, et promis le

paradis au larron repenti.

Fais que chacun de nous écoute cette parole dite à la

Samaritaine comme s’adressant

à nous : Si tu savais le don de Dieu !

Tu es le visage visible du Père invisible,

du Dieu qui manifesta sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde :

Fais que l’Eglise soit, dans le monde, ton visage visible, toi son Seigneur ressuscité dans la

gloire.

Tu as voulu que tes serviteurs soient eux aussi habillés de faiblesse

pour ressentir une vraie compassion à l’égard de ceux qui sont dans l’ignorance et l’erreur :

fais que quiconque s’adresse à l’un d’eux se sente attendu, aimé, et pardonné par Dieu.

Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de son onction

Page 9: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

pour que le Jubilé de la Miséricorde soit une année de grâce du Seigneur,

et qu’avec un enthousiasme renouvelé, ton Eglise annonce aux pauvres la bonne nouvelle

aux prisonniers et aux opprimés la liberté,

et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue.

Nous te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde,

à toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Fiche 3 Luc, chapitres 5 et 6 Entrer dans le récit

Un miracle et un appel, tel est l’évangile que nous allons aborder. Ou plutôt deux miracles ou deux appels… Regardons cette double scène étonnante. N’est-ce pas un miracle de la miséricorde qu’un homme qui ne vit que pour soi et pour l’argent se laisse toucher par Jésus ?…et n’est-ce pas aussi un appel pour le paralytique à se lever ? Car même quand Dieu fait des miracles, il ne fait pas tout ! Et il a besoin de nous, de notre coopération : les gens qui portent le paralysé sur une civière et le paralysé invité lui aussi à se lever, à porter sa civière et à rentrer chez lui… Nous nous arrêtons sur la personnalité de Matthieu. En vérité, il est presque impossible de saisir sa figure de façon complète, car les informations qui le concernent sont peu nombreuses et fragmentaires. Ce que nous pouvons faire cependant, ce n'est pas tant retracer sa biographie que le profil que l'Evangile nous transmet de lui. Tout d’abord, il est toujours présent dans les listes des Douze choisis par Jésus (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13). Son nom juif signifie « don de Dieu ». Le premier Evangile canonique, qui porte son nom, nous le présente dans la liste des Douze avec une qualification bien précise: « le publicain » (Mt 10, 3). De cette façon, il est identifié avec l'homme assis à son bureau de publicain, que Jésus appelle à sa suite: « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit: “Suis-moi”. L'homme se leva et le suivit » (Mt 9, 9). Marc (cf. 2, 13-17) et Luc (cf. 5, 27-30) racontent eux aussi l'appel de l'homme assis à son bureau de publicain, mais ils l'appellent « Lévi ». Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9, 9, il suffit de rappeler le magnifique tableau du Caravage, conservé ici, à Rome, dans l'église Saint-Louis-des-Français. Dans les Evangiles, un détail biographique supplémentaire apparaît: dans le passage qui précède immédiatement le récit de l'appel, nous est rapporté un miracle accompli par Jésus à Capharnaüm (cf. Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12) et l'on mentionne la proximité de la mer de Galilée, c'est-à-dire du Lac de Tibériade (cf. Mc 2, 13-14). On peut déduire de cela que Matthieu exerçait la fonction de percepteur à Capharnaüm, ville située précisément « au bord du lac » (Mt 4, 13), où Jésus était un hôte fixe dans la maison de Pierre. Sur la base de ces simples constatations, qui apparaissent dans l'Evangile, nous pouvons faire deux réflexions. La première est que Jésus accueille dans le groupe de ses proches un homme qui, selon les conceptions en vigueur à l'époque en Israël, était considéré comme un pécheur public. En effet, Matthieu manipulait non seulement de l'argent considéré impur en

Page 10: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

raison de sa provenance de personnes étrangères au peuple de Dieu, mais il collaborait également avec une autorité étrangère odieusement avide, dont les impôts pouvaient également être déterminés de manière arbitraire. C'est pour ces motifs que, plus d'une fois, les Evangiles parlent à la fois de « publicains et pécheurs » (Mt 9, 10; Lc 15, 1), de « publicains et de prostituées » (Mt 21, 31). En outre, ils voient chez les publicains un exemple de mesquinerie (cf. Mt 5, 46: ils aiment seulement ceux qui les aiment) et ils mentionnent l'un d'eux, Zachée, comme le « chef des collecteurs d'impôts et [...] quelqu'un de riche » (Lc 19, 2), alors que l'opinion populaire les associait aux « voleurs, injustes, adultères » (Lc 18, 11). Sur la base de ces éléments, un premier fait vient immédiatement à l’esprit : Jésus n'exclut personne de son amitié. Au contraire, alors qu'il se trouvait à table dans la maison de Matthieu-Lévi, en réponse à ceux qui trouvaient scandaleux le fait qu'il fréquente des compagnies peu recommandables, il fait cette déclaration importante: « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17). La bonne annonce de l'Evangile consiste précisément en ceci : dans l'offrande de la grâce de Dieu au pécheur ! Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au Temple pour prier, Jésus indique même un publicain anonyme comme exemple appréciable d'humble confiance dans la miséricorde divine: alors que le pharisien se vante de sa propre perfection morale, «le publicain... n'osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant: “Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!”. Et Jésus commenta: « Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste. Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé » (Lc 18, 13-14). Dans la figure de Matthieu, les Evangiles nous proposent donc un véritable paradoxe: celui qui est apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle d'accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa propre existence. A ce propos, saint Jean Chrysostome formule une remarque significative: il observe que c'est seulement dans le récit de certains appels qu'est mentionné le travail que faisaient les appelés. Pierre, André, Jacques et Jean sont appelés alors qu'ils pêchent, Matthieu précisément alors qu'il lève l'impôt. Il s'agit de fonctions peu importantes — commente Jean Chrysostome — « car il n'y a rien de plus détestable que le percepteur d'impôt et rien de plus commun que la pêche ». L'appel de Jésus parvient donc également à des personnes de basse extraction sociale, alors qu'elles effectuent un travail ordinaire.

Parole de Dieu Evangile St Luc 5,17-32

Page 11: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

17 Un jour que Jésus enseignait, il y avait dans l’assistance des pharisiens et des docteurs de la Loi, venus de tous les villages de Galilée et de Judée, ainsi que de Jérusalem ; et la puissance du Seigneur était à l’œuvre pour lui faire opérer des guérisons. 18 Arrivent des gens, portant sur une civière un homme qui était paralysé ; ils cherchaient à le faire entrer pour le placer devant Jésus. 19 Mais, ne voyant pas comment faire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, en écartant les tuiles, ils le firent descendre avec sa civière en plein milieu devant Jésus. 20 Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. » 21 Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner : « Qui est-il celui-là ? Il dit des blasphèmes ! Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » 22 Mais Jésus, saisissant leurs pensées, leur répondit : « Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? 23 Qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : “Tes péchés te sont pardonnés”, ou dire : “Lève-toi et marche” ? 24 Eh bien ! Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour pardonner les péchés, – Jésus s’adressa à celui qui était paralysé – je te le dis, lève-toi, prends ta civière et retourne dans ta maison. » 25 À l’instant même, celui-ci se releva devant eux, il prit ce qui lui servait de lit et s’en alla dans sa maison en rendant gloire à Dieu. 26 Tous furent saisis de stupeur et ils rendaient gloire à Dieu. Remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ! » 27 Après cela, Jésus sortit et remarqua un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » 28 Abandonnant tout, l’homme se leva ; et il le suivait. 29 Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison ; il y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux. 30 Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? » 31 Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. 32 Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

Piste théologique Pape François : « L'appel de Matthieu est lui aussi inscrit sur l’horizon de la miséricorde. Passant devant le comptoir des impôts, Jésus regarda Matthieu dans les yeux. C’était un regard riche de miséricorde qui pardonnait les péchés de cet homme, et surmontant les résistances des autres disciples, il le choisit, lui, le pécheur et le publicain, pour devenir l’un des Douze. Commentant cette scène de l’Evangile, Saint Bède le Vénérable a écrit que Jésus regarda Matthieu avec un amour miséricordieux, et le choisit: miserando atque eligendo. Cette expression m’a toujours fait impression au point d’en faire ma devise…. »

« …Dans ce contexte, il n’est pas inutile de rappeler le rapport entre justice et miséricorde. Il ne s’agit pas de deux aspects contradictoires, mais de deux dimensions d’une unique réalité

Page 12: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

qui se développe progressivement jusqu’à atteindre son sommet dans la plénitude de l’amour. La justice est un concept fondamental pour la société civile, quand la référence normale est l’ordre juridique à travers lequel la loi s’applique. La justice veut que chacun reçoive ce qui lui est dû. Il est fait référence de nombreuses fois dans la Bible à la justice divine et à Dieu comme juge. On entend par là l’observance intégrale de la Loi et le comportement de tout bon israélite conformément aux commandements de Dieu. Cette vision est cependant souvent tombée dans le légalisme, déformant ainsi le sens originel et obscurcissant le sens profond de la justice. Pour dépasser cette perspective légaliste, il faut se rappeler que dans l’Ecriture, la justice est essentiellement conçue comme un abandon confiant à la volonté de Dieu.

Pour sa part, Jésus s’exprime plus souvent sur l’importance de la foi que sur l’observance de la loi. C’est en ce sens qu’il nous faut comprendre ses paroles, lorsqu’à table avec Matthieu et d’autres publicains et pécheurs, il dit aux pharisiens qui le critiquent : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mt 9, 13). En face d’une vision de la justice comme simple observance de la loi qui divise entre justes et pécheurs, Jésus indique le grand don de la miséricorde qui va à la recherche des pécheurs pour leur offrir le pardon et le salut. On comprend alors pourquoi Jésus fut rejeté par les pharisiens et les docteurs de la loi, à cause de sa vision libératrice et source de renouveau. Pour être fidèles à la loi, ils posaient des poids sur les épaules des gens, rendant vaine la miséricorde du Père. Le respect de la loi ne peut faire obstacle aux exigences de la dignité humaine. »

Partager Jésus pose son regard sur Matthieu, il va suivre Jésus, il va «s’ajuster» à la loi d’Amour de

DIEU.

Est-ce que c’est facile pour moi de «m’ajuster» à la loi d’Amour de DIEU, par : l’écoute de

la Parole, par vivre de cette Parole, par la compassion et le service des frères, par apprendre

à pardonner et à recevoir le pardon « la confession » pour vivre dans la Joie de la

miséricorde de DIEU ?

Est-ce qu’il m’arrive de déposer au moment de la consécration, ou au pied de la croix au

cours d’une prière celui qui a besoin d’être «regardé» par le Seigneur.

Ai-je bien conscience que Jésus regarde ma foi, ma confiance en Lui et qu’Il peut guérir, si

telle est sa volonté, ceux que je lui présente, comme Il a guéri le paralytique sur la foi de ses

amis ?

Est-ce qu’il m’arrive d’éviter ceux qui ne partage pas ma foi ou qui ne sont pas de même

condition sociale, ou de la même culture ? Suis-je vraiment témoin du CHRIST ?

Page 13: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Prier Tu allais sur les chemins où tu guérissais les malades;

conduis-moi vers les blessés de la vie qui espèrent une présence.

Tu allais sur les sentiers annonçant la Bonne Nouvelle et partageant le pain;

guide-moi vers ceux et celles qui ont faim de toi et de ta parole.

Tu allais visiter des amis et ta seule présence les interpellait en faveur des pauvres;

mène-moi chez des gens qui ont le cœur ouvert à la compassion.

Tu allais te reposer en des lieux retirés;

montre-moi la voie du silence qui pacifie et ouvre à la sagesse.

Tu allais prier à la synagogue et au Temple;

attire-moi en des lieux où, avec d'autres,

je peux entrer en relation avec le Père.

Tu empruntais la voie du Calvaire en portant ta croix;

donne-moi de traverser la souffrance et de lui donner du sens.

Seigneur Jésus, je veux te suivre;

je mets ma main dans ta main,

mes pas dans tes pas,

mon cœur dans ton cœur. Amen

Fiche 4 Luc, chapitres 7 et 8

Entrer dans le récit Deux gestes de Jésus pour une personne malade et pour une veuve. Deux gestes pour vivre à la suite de Jésus, en ce temps de carême, sa compassion, sa miséricorde. Jésus ne parle pas beaucoup, il agit. Jésus admire l’homme de foi et souffre de la souffrance de celle qui pleure un être cher. Mais aussi Jésus a démontré un pouvoir absolu sur la mort: on le voit lorsqu'il redonne la vie ici au jeune fils de la veuve de Naïm mais aussi à Lazare son ami (Jn 11) et à la jeune fille de douze ans (Mc5, 35-43). Il a justement dit d'elle: "L'enfant n'est

Page 14: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

pas morte, mais elle dort" (Mc 5, 39), s'attirant la dérision des personnes présentes. Mais en vérité, il en est précisément ainsi: la mort du corps est un sommeil dont Dieu peut nous tirer à n'importe quel moment.

Cette seigneurie sur la mort n'a pas empêché Jésus d'éprouver une compassion sincère face à la douleur du détachement. En voyant Marthe et Marie pleurer, ainsi que ceux qui étaient venus les consoler, Jésus aussi "fut bouleversé d'une émotion profonde" et finalement, "pleura" (Jn 11, 33.35).Le cœur du Christ est divin et humain: en Lui, Dieu et Homme, se sont parfaitement rencontrés, sans séparation ni confusion. Il est l'image, et même l'incarnation du Dieu qui est amour, miséricorde, tendresse paternelle et maternelle, du Dieu qui est Vie. C'est pour cela qu'il a déclaré solennellement à Marthe: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais". Et il a ajouté: "Crois-tu cela?" (Jn 11, 25-26). Une question que Jésus adresse à chacun de nous; une question qui nous dépasse certainement, qui dépasse notre capacité de comprendre, et il nous demande d'avoir confiance en lui, comme il a eu confiance dans le Père. La réponse de Marthe est exemplaire: "Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde" (Jn 11, 27). Oui, ô Seigneur! Nous aussi, nous croyons, en dépit de nos doutes et de nos zones d'ombre; nous croyons en Toi, parce que Tu as les paroles de la vie éternelle; nous voulons croire en Toi, qui nous donnes une espérance fiable de vie au-delà de la vie, d'une vie authentique et pleine, dans ton Royaume de lumière et de paix.

Parole de Dieu Luc 7, 1-17

01 Lorsque Jésus eut achevé de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. 02 Il y avait un centurion dont un esclave était malade et sur le point de mourir ; or le centurion tenait beaucoup à lui. 03 Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des notables juifs pour lui demander de venir sauver son esclave. 04 Arrivés près de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment : « Il mérite que tu lui accordes cela. 05 Il aime notre nation : c’est lui qui nous a construit la synagogue. » 06 Jésus était en route avec eux, et déjà il n’était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. 07 C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri ! 08 Moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité, mais j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient ; et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »

Page 15: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

09 Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! » 10 Revenus à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé. 11 Par la suite, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. 12 Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme. 13 Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. » 14 Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » 15 Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. 16 La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » 17 Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région.

Piste théologique Puisse le Carême de cette Année Jubilaire être vécu plus intensément comme un temps fort pour célébrer et expérimenter la miséricorde de Dieu. Combien de pages de l’Ecriture peuvent être méditées pendant les semaines du Carême, pour redécouvrir le visage miséricordieux du Père ! Nous pouvons nous aussi répéter avec Michée : Toi, Seigneur, tu es un Dieu qui efface l’iniquité et pardonne le péché. De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! (cf. 7, 18-19).

Ces pages du prophète Isaïe pourront être méditées plus concrètement en ce temps de prière, de jeûne et de charité : « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais » (Is 58, 6-11).

Partager

Page 16: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Est-ce que j’ai la même confiance que le centurion lorsque je dis à chaque messe : « Seigneur

je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serai guéri »

Quelle guérison j’attends de DIEU ?

Jésus nous dit : «même en Israël, je n'ai pas trouvé une aussi grande foi»

Qu’est-ce qu’une « grande foi pour Jésus ?

Quelle est ma foi ?

-- celle de Thomas, qui a cru parce qu’il a vu le Seigneur Ressuscité ?

-- ou celle qui s’enracine dans la pleine confiance en Dieu quoi qu’il arrive ? Quelles que

soient nos épreuves ?

Prier Seigneur, délivre-nous, de tout ce qui nous encombre, de nos convoitises et de nos complaisances, de nos vanités et de nos richesses. Délivre-nous de la crasse du cœur, de l'envie, de l'ambition, de l'hypocrisie. Délivre-nous de la rancune et des arrière-pensées, de tout esprit de calcul et de concurrence. Délivre-nous de la colère et de l'agressivité, de l'orgueil et de la vanité. Délivre-nous des tentations de la violence. Délivre-nous des tortures et des assassinats. Seigneur, Apprends-nous, à aimer les autres, tous les autres. Apprends-nous à convaincre plutôt qu'à vaincre. Apprends-nous le silence et la patience. Apprends-nous la force des moyens pauvres. Apprends-nous à nous désarmer, car nous savons, Seigneur, grâce à toi, qu'on ne triomphe jamais que par l'Amour. Seigneur, Remplis nos cœurs, non pas d'attendrissement mais de tendresse. Remplis-nous de compassion pour les autres, à commencer par les plus proches. Apprends-nous à partager la souffrance des affligés et à porter leur fardeau. Rends-nous attentifs, Seigneur, à ceux qui pleurent car c'est par leurs yeux que tu pleures. Seigneur,

fais de nous, des hommes de la réconciliation, libérés de toute hargne, incapables d'injures,

détachés de tout, même de nos idées, libres de tout, même de nos habitudes.

Nous calculons, nous jugeons, nous condamnons, tandis que Toi, Seigneur,

tu pardonnes et tu fais confiance.

Page 17: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Tu mises tout sur l'Amour et sur la liberté.

Dieu de tendresse et de générosité, d'accueil et de gratuité,

communique-nous la folie de ta miséricorde.

Et donne-nous de savoir veiller sans cesse,

avec Marie et tous les saints,

aux portes de ton Royaume. Amen

Fiche 5 Luc, chapitres 9 et 10

Entrer dans le récit La parabole évangélique narrée par saint Luc s’insère dans une série d’images et de récits sur la vie quotidienne, avec lesquels Jésus veut faire comprendre l’amour profond de Dieu envers chaque être humain, spécialement lorsqu’il se trouve dans la maladie et la souffrance. Mais, en même temps, avec les paroles qui concluent la parabole du Bon Samaritain, «Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37), le Seigneur indique quelle est l’attitude que doit avoir chacun de ses disciples envers les autres, particulièrement s’ils ont besoin de soins. Il s’agit donc de puiser dans l’amour infini de Dieu, à travers une relation intense avec lui dans la prière, la force de vivre quotidiennement une attention concrète, comme le Bon Samaritain, envers celui qui est blessé dans son corps et dans son esprit, celui qui demande de l’aide, même s’il est inconnu et privé de ressources. Cela vaut non seulement pour les agents de la pastorale et de la santé, mais pour tous, également pour le malade lui-même, qui peut vivre la condition qui est la sienne dans une perspective de foi : « Ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini » (Enc. Spe salvi, 37).

3. Plusieurs Pères de l’Église ont vu dans la figure du Bon Samaritain Jésus lui-même, et dans l’homme tombé aux mains des brigands Adam, l’Humanité égarée et blessée par son péché (cf. Origène, Homélie sur l’évangile de Luc XXXIV, 1-9 ; Ambroise,Commentaire sur l’évangile de saint Luc, 71-84 ; Augustin, Discours 171). Jésus est le Fils de Dieu, Celui qui rend présent l’amour du Père, amour fidèle, éternel, sans barrières ni limites. Mais Jésus est aussi Celui qui “se dépouille” de son “habit divin”, qui s’abaisse de sa “condition” divine, pour prendre la forme humaine (Ph 2, 6-8), et s’approcher de la douleur de l’homme, jusqu’à descendre aux enfers, comme nous le récitons dans le Credo, et porter espérance et lumière. Il ne retient pas jalousement le fait d’être égal à Dieu, d’être Dieu (cf. Ph 2, 6), mais il se penche, plein de miséricorde, sur l’abîme de la souffrance humaine, pour verser l’huile de la consolation et le vin de l’espérance.

Page 18: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Parole de Dieu Luc 10, 25-37

25 Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » 26 Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » 27 L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » 28 Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. » 29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » 30 Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. 31 Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. 32 De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. 33 Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. 34 Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. 35 Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” 36 Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » 37 Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Piste théologique Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, «riche en miséricorde» (Ep 2, 4) après avoir révélé son nom à Moïse comme «Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité» (Ex 34, 6) n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. Lorsqu’est venue la «plénitude des temps» (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne,[1] Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.

2. Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par

Page 19: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.

Partager Est-ce que je peux m’identifier à l’un des personnages de cet évangile ? Qui suis-je le plus

Souvent ? Le samaritain ? Le blessé ? L’homme pressé ou indifférent ?

Depuis la création et le péché des origines DIEU est un Père fidèle et miséricordieux.

Comment DIEU manifeste - t’il sa miséricorde dans l’Ancien Testament ?

Jésus, visage miséricordieux du Père, que nous révèle-t-Il Dieu ?

La Sainte Trinité nous invite à entrer dans cette communion d’Amour : Avons-nous fait

l’expérience de la grâce de la miséricorde ?

Prier Seigneur, donne-nous tes yeux, et nous comprendrons vraiment qui est notre prochain.

Ouvre notre esprit sur le concret des personnes et des situations, et nous saurons accueillir les nombreuses attentes de ceux qui nous entourent.

Réchauffe notre cœur, et rien ne nous empêchera plus d’accueillir ceux qui ont besoin de pain, de bienveillance, d’aide pour le corps et pour le cœur.

Purifie notre vie de toute fermeture, de la constante tentation de nous affirmer nous-mêmes, contre les exigences de la charité.

Que ton Esprit nous fasse participer à ta disponibilité pour ouvrir toujours à qui frappe à la porte de nos vies, de nos maisons.

Pour que nous recevions ton invitation à nous rendre proches : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien !

Que ton Esprit nous rende accueillants aux nécessiteux : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que ta Parole nous porte vers les pauvres et les marginaux : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien !

Page 20: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Que l’Eucharistie nous incite à nous accueillir réciproquement comme tu nous accueilles : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que nos familles soient ouvertes à la vie, aux vocations, aux pauvres… Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que nos jeunes soient attentifs aux exigences de la solidarité, de la justice… : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que les personnes consacrées, que les prêtres donnent l’exemple de l’attention effective aux plus pauvres : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que dans nos communautés les malades, les personnes âgées trouvent attention et soins : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Que par ta grâce, chacun et ensemble, nous soyons de bons Samaritains dans notre milieu : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien ! Par ton Esprit, suscite de nouveaux ouvriers pour ta moisson : Seigneur, rends notre cœur semblable au tien !

Fiche 6 Luc, chapitres 11 et 12

Entrer dans le récit Jésus nous apprend à prier et il nous montre comment Dieu donne, généreusement, comment Dieu pardonne, miséricordieusement.

La prière n’est pas chose évidente ni la compréhension de la parole de Dieu : la compréhension des Ecritures demande, plus encore que l'étude, l'intimité avec le Christ et la prière. La voie privilégiée pour connaître Dieu est l'amour, et il n'y a pas d'authentique « science du Christ » sans tomber amoureux de Lui. Dans la Lettre à Grégoire, Origène recommande: "Consacre-toi à la lectio des divines Ecritures; applique-toi à cela avec persévérance. Engage-toi dans la lectio avec l'intention de croire et de plaire à Dieu. Si durant la lectio, tu te trouves devant une porte close, frappe et le gardien t'ouvrira, lui dont Jésus a dit: "Le gardien la lui ouvrira". En t'appliquant ainsi à la lectio divina, cherche avec loyauté et une confiance inébranlable en Dieu le sens des Ecritures divines, qui est largement contenu dans celles-ci. Tu ne dois cependant pas te contenter de frapper et de chercher: pour comprendre les choses de Dieu, tu as absolument besoin de l'oratio. Précisément pour nous exhorter à celle-ci, le Sauveur nous a non seulement dit: "Cherchez et vous trouverez" et "Frappez et on vous ouvrira", mais il a ajouté: "Demandez et vous recevrez"" (Ep. Gr. 4). Saint Jean-Paul II en témoin authentique, dans Novo millennio ineunte, montrait aux fidèles "comment la prière peut progresser, comme un véritable

Page 21: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

dialogue d'amour, au point de rendre la personne humaine totalement possédée par le Bien-Aimé divin, vibrant au contact de l'Esprit, filialement abandonnée dans le cœur du Père... Il s'agit - poursuivait Jean-Paul II - d'un chemin totalement soutenu par la grâce, qui requiert toutefois un fort engagement spirituel et qui connaît aussi de douloureuses purifications, mais qui conduit, sous diverses formes possibles, à la joie indicible vécue par les mystiques comme "union sponsale"" (n. 33).

Pardonner n’est pas chose évident non plus et pourtant il n’y a rien de plus nécessaire selon Jésus lui-même en saint Matthieu (car si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, Dieu non plus ne vous pardonnera pas vos offenses..). Le catéchisme nous rappelle aussi que « La demande du pardon est le premier mouvement de la prière de demande (cf. le publicain : " aie pitié du pécheur que je suis " : Lc 18, 13). Elle est le préalable d’une prière juste et pure. L’humilité confiante nous remet dans la lumière de la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, et les uns avec les autres (cf. 1 Jn 1, 7 – 2, 2) : alors " quoi que nous Lui demandions, nous le recevrons de Lui " (1 Jn 3, 22). La demande du pardon est le préalable de la liturgie eucharistique, comme de la prière personnelle. »

Parole de Dieu Luc, 11, 1-13

01 Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » 02 Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. 03 Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. 04 Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Page 22: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

05 Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains, 06 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.” 07 Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.” 08 Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. 09 Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. 10 En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. 11 Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? 12 ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? 13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Piste théologique Le pèlerinage est un signe particulier de l’Année Sainte : il est l’image du chemin que chacun parcourt au long de son existence. La vie est un pèlerinage, et l’être humain un viator, un pèlerin qui parcourt un chemin jusqu’au but désiré. Pour passer la Porte Sainte à Rome, et en tous lieux, chacun devra, selon ses forces, faire un pèlerinage. Ce sera le signe que la miséricorde est un but à atteindre, qui demande engagement et sacrifice. Que le pèlerinage stimule notre conversion : en passant la Porte Sainte, nous nous laisserons embrasser par la miséricorde de Dieu, et nous nous engagerons à être miséricordieux avec les autres comme le Père l’est avec nous.

Le Seigneur Jésus nous montre les étapes du pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous » (Lc 6, 37-38). Il nous est dit, d’abord, de ne pas juger, et de ne pas condamner. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, les hommes s’arrêtent à ce qui est superficiel, tandis que le Père regarde les coeurs. Que de mal les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie ou d’envie ! Mal parler du frère en son absence, c’est le mettre sous un faux jour, c’est compromettre sa réputation et l’abandonner aux ragots. Ne pas juger et ne pas condamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre prétention à tout savoir. Ceci n’est pas encore suffisant pour exprimer ce qu’est la miséricorde. Jésus demande aussi de pardonner et de donner, d’être instruments du pardon puisque nous l’avons déjà reçu de Dieu, d’être généreux à l’égard de tous en sachant que Dieu étend aussi sa bonté pour nous avec grande magnanimité.

Page 23: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Miséricordieux comme le Père, c’est donc la “devise” de l’Année Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons. Il est beau que la prière quotidienne de l’Eglise commence avec ces paroles : « Mon Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours » (Ps 69, 2). L’aide que nous implorons est déjà le premier pas de la miséricorde de Dieu à notre égard. Il vient nous sauver de la condition de faiblesse dans laquelle nous vivons. Son aide consiste à rendre accessible sa présence et sa proximité. Touchés jour après jour par sa compassion, nous pouvons nous aussi devenir compatissants envers tous.

Partager L’année de la miséricorde sera-t-elle pour moi une année pour enfin pardonner ? Pourquoi ?

Quand je prie « Pardonne-nous nos péchés comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous

ont offensés », Est-ce que dans ma vie il n’y a pas de pardon que je ne puisse donner ou

recevoir ?

Est-ce que c’est facile pour moi de rendre mon bagage plus léger et mon cœur plus rempli

d’amour pour Dieu et pour les autres ? Est-ce que c’est facile pour moi d’être

miséricordieux ?

Que signifie pour moi être un pèlerin dans ce monde ?

Ai-je l’intention d’entrer dans cette démarche de pèlerinage ?

Page 24: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Prier Prière de saint François d’Assise

Seigneur, dans le silence de ce jour naissant,

Je viens Te demander la paix, la sagesse, la force.

Je veux regarder aujourd’hui le monde avec des yeux tout remplis d’amour;

Être patient, compréhensif, doux et sage;

Voir au-delà des apparences tes enfants comme Tu les vois Toi-même,

et ainsi ne voir que le bien en chacun.

Ferme mes oreilles à toute calomnie; Garde ma langue de toute malveillance;

Que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit;

Que je sois si bienveillant et si joyeux ;

Que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence.

Revêts-moi de Ta Beauté, Seigneur, et qu’au long de ce jour je Te révèle. Amen

Fiche 7 Luc, chapitres 13 et 14

Entrer dans le récit Le Pape François a lui-même commenté ce texte lors d’une méditation de sa messe quotidienne à la chapelle sainte Marthe : le pape a commenté les lectures du jour qui « montrent la carte d’identité du chrétien » : « l'essence chrétienne est avant tout une invitation gratuite, qui vient de Dieu ». L'Eglise pour tous, sans sélection. Le chrétien est invité, « non pas à un marché » ni à « une promenade », mais à « une fête, à la joie d'être sauvé, à la joie de participer à la vie de Jésus ». Or, a fait observer le pape, « une fête est un rassemblement de personnes qui parlent, rient, célèbrent, sont heureuses. On ne fête pas tout seul, ce serait un peu ennuyeux. La fête se fait avec les autres, en famille, avec les amis...». Qui sont les invités ? «tous sont invités, les bons comme les méchants », car l’Église n'est pas seulement pour les personnes bonnes. Les pécheurs, nous tous pécheurs, avons été invités. De même que l’Église est « l’Église de tous », le chrétien ne peut pas « faire de sélection »,

Page 25: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

a souligné le pape : il ne s'agit pas de dire « je vais à la fête, mais je m'arrête seulement dans le petit salon, car je dois rester seulement avec 3 ou 4 [personnes] que je connais ». « L’Église est pour tous, à commencer par les plus marginaux... sois tu rentres avec tous sois tu restes dehors ». La fête de Dieu est une « fête de l'unité » car l’Église rassemble « une communauté avec des dons divers : l'un a le don de prophétie, l'autre du ministère, celui-ci est un enseignant… Tous ont une qualité, une vertu ». Mais les chrétiens mettent leurs dons en commun pour « participer à la fête » : « on ne peut pas comprendre l'existence chrétienne sans cette participation... Entrer dans l’Église c'est faire communauté d’Église; entrer dans l’Église c'est participer à tout ce que le Seigneur a donné comme qualités, vertus, à mettre au service l'un de l'autre ». « Entrer dans l’Église signifie être disponible à ce que le Seigneur demande... c'est entrer dans ce Peuple de Dieu, qui chemine vers l’éternité ». « Personne n'est protagoniste dans l’Église », seul « Dieu est le protagoniste ». Les chrétiens sont « derrière Lui et celui qui n'est pas derrière Lui est l'un des invités qui s'excuse ». La parabole du jour illustre en effet l'attitude de ceux qui préfèrent être protagonistes : les invités « n'acceptent pas l'invitation : ils disent 'oui' mais font 'non'. Ce sont les chrétiens qui se contentent d'être dans la liste des invités : des chrétiens listés ». Cela n'est pas suffisant : ils sont « sur la liste », mais cela « ne sert pas à leur salut ». « Le Seigneur est très généreux. Le Seigneur ouvre toutes les portes. Il comprend même celui qui dit : ‘Non, Seigneur, je ne veux pas aller à toi !’ Il le comprend et l'attend, parce qu'il est miséricordieux. Mais le Seigneur n'apprécie pas l'homme qui dit 'oui' et fait 'non'; qui fait mine de le remercier pour tant de belles choses mais en réalité va par son chemin; qui a de bonnes manières, mais fait sa propre volonté et non celle du Seigneur ». Celui qui n'a pas « conscience » d'être « invité » n'a pas vraiment « compris ce qu'est un chrétien », a conclu le pape qui a encouragé à demander « la grâce de comprendre combien il est beau d'être invité à la fête, combien il est beau d'être avec tous et de partager avec tous ses qualités, combien il est beau de rester avec Lui et qu'il est mauvais de jouer entre le 'oui' et le 'non', de dire 'oui' mais de se contenter d'être inscrit sur la liste des chrétiens ». L’attention aux pauvres à laquelle nous invite Jésus est une autre clef de compréhension de ce texte : là ce sera la méditation de la bulle d’indiction qui pourra éclairer notre échange…

Parole de Dieu Luc, 14, 7-24 07 Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : 08 « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.

Page 26: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

09 Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “Cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. 10 Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “Mon ami, avance plus haut”, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. 11 En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. » 12 Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. 13 Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; 14 heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » 15 En entendant parler Jésus, un des convives lui dit : « Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu ! » 16 Jésus lui dit : « Un homme donnait un grand dîner, et il avait invité beaucoup de monde. 17 À l’heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : “Venez, tout est prêt.” 18 Mais ils se mirent tous, unanimement, à s’excuser. Le premier lui dit : “J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; je t’en prie, excuse-moi.” 19 Un autre dit : “J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je pars les essayer ; je t’en prie, excuse-moi.” 20 Un troisième dit : “Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne peux pas venir.” 21 De retour, le serviteur rapporta ces paroles à son maître. Alors, pris de colère, le maître de maison dit à son serviteur : “Dépêche-toi d’aller sur les places et dans les rues de la ville ; les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, amène-les ici.” 22 Le serviteur revint lui dire : “Maître, ce que tu as ordonné est exécuté, et il reste encore de la place.” 23 Le maître dit alors au serviteur : “Va sur les routes et dans les sentiers, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison soit remplie. 24 Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner.” »

Piste théologique J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les

Page 27: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Nous ne pouvons pas échapper aux paroles du Seigneur et c’est sur elles que nous serons jugés : aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt 25, 31-45). De même, il nous sera demandé si nous avons aidé à sortir du doute qui engendre la peur, et bien souvent la solitude; si nous avons été capable de vaincre l’ignorance dans laquelle vivent des millions de personnes, surtout des enfants privés de l’aide nécessaire pour être libérés de la pauvreté, si nous nous sommes fait proches de celui qui est seul et affligé; si nous avons pardonné à celui qui nous offense, si nous avons rejeté toute forme de rancœur et de haine qui porte à la violence, si nous avons été patient à l’image de Dieu qui est si patient envers nous; si enfin, nous avons confié au Seigneur, dans la prière nos frères et sœurs. C’est dans chacun de ces « plus petits » que le Christ est présent. Sa chair devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé, flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché et assisté avec soin. N’oublions pas les paroles de Saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».

Partager Est-ce que j’ai souvenir d’avoir mis en pratique cet évangile en invitant à ma table des personnes qui ne sont ni mes parents ni mes amis ? Est-ce que je pense à mettre un couvert en plus pour le pauvre, l’étranger, ou celui que le Seigneur m’enverra et que je n’attendais pas ? Est-ce que comme dans les versets 18 à 20, moi aussi parfois j’ai de «bonnes » raisons pour dire : je n’ai pas le temps d’aller à la messe ». J’ai trop de travail, je ne peux pas aller visiter la voisine qui est souffrante » etc… Est-ce que je suis sensible à ce que certaines personnes vivent (texte ci-dessus) ou parfois il m’arrive de porter un jugement ?

Prier Notre Dame des Béatitudes Cardinal ETCHEGARAY

Sainte Vierge Marie,

Vous nous aidez à accueillir le Sermon sur la Montagne,

ces Béatitudes dont on parle tant et qu'on applique si peu,

Page 28: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

parce qu'elles vont à contre-courant, comme si le Gave remontait vers les glaciers des

Pyrénées.

Sainte Vierge Marie,

Vous nous aidez à devenir le Peuple de la Parole,

le Peuple de l'Eucharistie, le Peuple du message.

À quoi sert d'aller toujours plus vite, si on ne sait pas

où on va?

À quoi sert de produire toujours davantage, si on ne

sait pas partager?

À quoi sert aux pauvres de s'enrichir et aux riches de

s'appauvrir,

si les uns et les autres ne savent pas vivre comme le

Christ?

Sainte Vierge Marie,

à un monde dominé par l'argent, vous enseignez votre

libéralité.

À un monde de clinquant et de mensonge, vous montrez votre transparence.

À un monde qui ricane et qui salit, vous offrez votre pureté.

À un monde de violence et de haine, vous opposez votre tendresse.

Sainte Vierge Marie,

Chaque jour, vous avez dû inventer votre façon de dire "oui" à Dieu.

Chaque jour, vous avez dû recommencer à découvrir Dieu dans votre vie,

Tout autrement que vous l'aviez prévu.

Apprenez-nous à ne pas être une page achevée d'imprimer,

mais une page chaque jour toute blanche,

où l'Esprit de Dieu dessine les merveilles qu'il fait en nous.

Page 29: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Fiche 8 Luc, chapitres 15 et 16

Entrer dans le récit Cette page de Saint Luc est un sommet de la spiritualité et la littérature de tous les temps. En effet, que serait notre culture, l'art, et plus généralement notre civilisation sans cette révélation du Dieu Père plein de miséricorde? Elle ne cesse pas de nous émouvoir, et chaque fois que nous l'écoutons, ou la lisons, elle parvient à nous suggérer de nouvelles significations. Surtout, ce texte de l'Évangile a le pouvoir de nous parler de Dieu, de nous laisser entrevoir son visage, mieux encore, son cœur. Après que Jésus nous ait parlé de l'amour miséricordieux du Père, les choses ne sont plus comme avant; à présent, nous connaissons Dieu: Il est notre Père qui par amour nous a créés libres et doté de conscience, qui souffre, si nous nous égarons et qui fait la fête quand nous somme de retour. Pour cela, la relation avec Dieu se construit à travers une histoire, semblable à ce qui se passe pour chaque enfant avec ses parents: au début, il dépend d'eux; puis il revendique son autonomie et, enfin, - s'il y a une évolution positive - il parvient à une relation mûre, basée sur la reconnaissance et sur l'amour authentique. Dans ces étapes, nous pouvons aussi lire les moments du chemin de l'homme dans sa relation avec Dieu. Il peut y avoir une phase qui est comme l'enfance: une religion mue par le besoin et la dépendance. Au fur et à mesure que l'homme croît et s'émancipe il veut se libérer de cette soumission et devenir libre, adulte, capable de se débrouiller tout seul et de faire ses propres choix de manière autonome, pensant même pouvoir se passer de Dieu. Cette phase, précisément, est délicate, elle peut déboucher sur l'athéisme, mais cela dissimule trop souvent le besoin de découvrir le vrai visage de Dieu Heureusement pour nous, Dieu ne manque jamais à sa loyauté, et même si nous nous éloignons et nous perdons, il continue à nous suivre avec son amour, pardonnant nos fautes et parlant à notre conscience, pour nous ramener à lui. Dans la parabole, les deux enfants se comportent d'une manière inverse: le cadet s'en va et tombe toujours plus bas, tandis que l'aîné reste à la maison, mais il a lui aussi un rapport immature avec le Père; en effet, lorsque son frère revient, l'aîné n'est pas heureux comme l'est, en revanche, le père, et même, il se met en colère et ne veut pas rentrer à la maison. Les deux fils représentent deux façons immatures de se mettre en en rapport avec Dieu: la rébellion et l'hypocrisie. Ces deux formes sont surmontées grâce à l'expérience de la miséricorde. Ce n'est qu'en faisant l'expérience du pardon, en se reconnaissant aimé d'un

Page 30: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

amour gratuit, plus grand que notre misère, mais aussi que notre justice, que nous entrons enfin dans une relation vraiment filiale et libre avec Dieu.

Dieu, « riche en miséricorde » (Ep 2,4), comme le père de la parabole évangélique (cf. Lc 15, 11-32) ne ferme son cœur à aucun de ses fils, mais Il les attend, les recherche, les rejoint là où le refus de la communion emprisonne dans l’isolement et la division, Il les appelle à se rassembler autour de sa table, dans la joie de la fête du pardon et de la réconciliation. Le temps de la souffrance, dans lequel pourrait surgir la tentation de s’abandonner au découragement et au désespoir, peut alors se transformer en temps de grâce pour rentrer en soi-même, et comme le fils prodigue de la parabole, pour réfléchir à sa vie, en y reconnaissant des erreurs et des échecs, pour éprouver la nostalgie de l’étreinte du Père, et reprendre le chemin vers sa maison. Lui, dans son grand amour, veille toujours et partout sur nos vies et nous attend pour offrir à chacun des enfants qui reviennent à Lui le don de la pleine réconciliation et de la joie. Chers amis, méditons sur cette parabole. Reflétons-nous dans les deux fils, et surtout, contemplons le cœur du Père. Jetons-nous dans ses bras et laissons-nous régénérer par son amour miséricordieux.

Parole de Dieu Luc 15 : les trois paraboles de la miséricorde

01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. 02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » 03 Alors Jésus leur dit cette parabole : 04 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? 05 Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, 06 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” 07 Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. 08 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? 09 Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” 10 Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » 11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.

Page 31: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. 13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. 14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. 16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. 19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” 20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” 22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. 25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. 26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. 27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” 28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. 29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” 31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Piste théologique Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu

comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il

Page 32: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Nous connaissons ces paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils (cf. Lc 15, 1-32). Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Evangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant.

Dans une autre parabole, nous recevons un enseignement pour notre manière de vivre en chrétiens. Interpellé par la question de Pierre lui demandant combien de fois il fallait pardonner, Jésus répondit: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante dix fois sept fois» (Mt 18, 22). Il raconte ensuite la parabole du «débiteur sans pitié». Appelé par son maître à rendre une somme importante, il le supplie à genoux et le maître lui remet sa dette. Tout de suite après, il rencontre un autre serviteur qui lui devait quelques centimes. Celui-ci le supplia à genoux d’avoir pitié, mais il refusa et le fit emprisonner. Ayant appris la chose, le maître se mit en colère et rappela le serviteur pour lui dire: «Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?» (Mt 18, 33). Et Jésus conclut: «C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur» (Mt 18, 35).

La parabole est d’un grand enseignement pour chacun de nous. Jésus affirme que la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux. Accueillons donc la demande de l’apôtre: «Que le soleil ne se couche pas sur votre colère» (Ep 4, 26). Ecoutons surtout la parole de Jésus qui a établi la miséricorde comme idéal de vie, et comme critère de crédibilité de notre foi: «Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» (Mt 5, 7). C’est la béatitude qui doit susciter notre engagement tout particulier en cette Année Sainte.

Partager Quel est le personnage de ces paraboles en qui je me reconnais davantage ?

Qu’est-ce je pense de la réaction du frère ainé ?

Qu’est-ce qui le différencie de son jeune frère ?

Est-ce que c’est facile pour moi de recevoir le pardon, ou de pardonner en vérité ?

Est-ce difficile pour moi d’accepter de parler de péché ?

Est-ce facile pour moi de me reconnaître pécheur ?

Face à Dieu ? Face aux autres ? Face à mes plus proches ?

Est-ce que je crois que la grâce de Dieu peut transformer mon cœur ?

Page 33: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Le cœur des plus grands pécheurs ?

Comment est-ce que je vis de la grâce ?

Prier Seigneur, Fais que mes yeux soient miséricordieux, pour que jamais je ne juge selon les apparences et ne soupçonne personne, mais que je voie dans toutes les âmes, ce qu'elles ont de beau, et qu'à toutes je sois secourable.

Fais que mes oreilles soient miséricordieuses, toujours attentives aux besoins de mes frères et jamais fermées à leur appel.

Fais que ma langue soit miséricordieuse pour que jamais je ne dise du mal de personne, mais que pour tous j'aie des paroles de pardon et de réconfort.

Fais que mes mains soient miséricordieuses et pleines de charité afin que je prenne sur moi tout ce qui est dur et pénible, pour alléger ainsi les fardeaux des autres.

Fais: que mes pieds soient miséricordieux tt toujours prêts à courir au secours du prochain, malgré ma fatigue et mon épuisement. Que je me repose en servant !

Fais que mon cœur soit miséricordieux et ouverts à toute souffrance, Je ne le fermerai à personne, même à ceux qui en abusent. Et moi-même je m'enfermerai dans le Cœur de Jésus. Jamais je ne dirai mot de mes propres souffrances.

Puisse Ta Miséricorde se reposer en moi Seigneur ! Transforme-moi car tu es mon Tout.

Fiche 9 Luc, chapitres 17 et 18

Entrer dans le récit La rencontre de Jésus avec les dix lépreux, racontée dans l’évangile de saint Luc (cf. Lc 17, 11-19), et en particulier les paroles que le Seigneur adresse à l’un d’entre eux : « Relève-toi, va ; ta foi t’a sauvé ! » (v. 19), aident à prendre conscience de l’importance de la foi pour ceux qui, marqués par la souffrance et la maladie, s’approchent du Seigneur. Dans leur rencontre avec Lui, ils peuvent réellement faire l’expérience que celui qui croit n’est jamais seul ! En effet, Dieu, dans son Fils ne nous abandonne pas à nos angoisses et à nos souffrances, mais Il nous est proche, Il nous aide à les porter et Il désire nous guérir au plus profond de notre cœur (cf. Mc 2, 1-12).

Page 34: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

La foi de l’unique lépreux qui - se voyant guéri, plein de surprise et de joie - revient immédiatement à Jésus, à la différence des autres, pour manifester sa reconnaissance, nous permet de percevoir que la santé recouvrée est le signe de quelque chose de plus précieux que la simple guérison physique ; elle est le signe du salut que Dieu nous donne dans le Christ. Ceci s’exprime dans les paroles de Jésus : ta foi t’a sauvé. Celui qui invoque le Seigneur dans la souffrance et la maladie est sûr que Son amour ne l’abandonne jamais, et que l’amour de l’Église, qui prolonge dans le temps Son œuvre de Salut, ne lui manquera jamais. La guérison physique, expression d’un salut plus profond, révèle ainsi l’importance que l’homme a aux yeux du Seigneur, dans la totalité de son âme et de son corps. Du reste, chaque sacrement exprime et réalise la proximité de Dieu lui-même, qui, d’une façon absolument gratuite, « nous touche au moyen des réalités matérielles…, en en faisant des instruments de la rencontre entre nous et Lui-même ».

La tâche principale de l’Église est certainement l’annonce du Royaume de Dieu, « mais cette annonce doit elle-même constituer un processus de guérison "…panser les cœurs meurtris" (Is 61,1) » (ibid), selon la charge que Jésus a confiée à ses disciples (cf. Lc9, 1-2 ; Mt 10, 1.5-14 ; Mc 6, 7-13). Le lien entre la santé physique et la guérison des blessures de l’âme nous aide donc à mieux comprendre "les sacrements de guérison".

2. Le texte évoque aussi symboliquement la lèpre du péché et ainsi nous invite à nous approcher de Jésus pour guérir de nos péchés : le sacrement de la Pénitence a souvent été au centre de la réflexion des Pasteurs de l’Église, en particulier du fait de sa grande importance sur le chemin de la vie chrétienne, puisque « toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine amitié » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1468). L’Église, en continuant de proclamer le message de pardon et de réconciliation de Jésus, ne cesse jamais d’inviter l’humanité tout entière à se convertir et à croire à l’Évangile. Elle fait sien l’appel de l’apôtre Paul : « Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Durant sa vie, Jésus annonce et rend présente la miséricorde du Père. Il est venu non pour condamner mais pour pardonner et sauver, pour donner de l’espérance même dans les ténèbres les plus profondes de la souffrance et du péché, pour donner la vie éternelle ; ainsi dans le sacrement de la Pénitence, dans « le remède de la confession », l’expérience du péché ne dégénère pas en désespoir mais rencontre l’Amour qui pardonne et transforme (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique postsynodale Reconciliatio et Paenitentia, n°31).

Page 35: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Parole de Dieu Luc 17, 11-19

11 Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. 12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance 13 et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » 14 A cette vue, Jésus leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. 15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. 16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. 17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? 18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » 19 Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Piste théologique Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Ecriture: «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8.16). Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. Les relations avec les personnes qui s’approchent de Lui ont quelque chose d’unique et de singulier. Les signes qu’il accomplit, surtout envers les pécheurs, les pauvres, les exclus, les malades et les souffrants, sont marqués par la miséricorde. Tout en Lui parle de miséricorde. Rien en Lui ne manque de compassion.

Face à la multitude qui le suivait, Jésus, voyant qu’ils étaient fatigués et épuisés, égarés et sans berger, éprouva au plus profond de son cœur, une grande compassion pour eux (cf. Mt 9, 36). En raison de cet amour de compassion, il guérit les malades qu’on lui présentait (cf. Mt 14, 14), et il rassasia une grande foule avec peu de pains et de poissons

Page 36: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

(cf. Mt 15, 37). Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses interlocuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds. Lorsqu’il rencontra la veuve de Naïm qui emmenait son fils unique au tombeau, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc7, 15). Après avoir libéré le possédé de Gerasa, il lui donna cette mission: «Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde» (Mc 5, 19).

Partager Suis-je reconnaissant(e) envers Dieu qui m’a pardonné ?

Est-ce que j’ose témoigner de ce que Jésus fais pour moi dans ma vie ?

Est-Est -ce que le prends «le risque» de dire ma foi, ou parce que je suis « tolérant » je ne

dis rien, mais je crois ? Est-ce que je me laisse déranger par ceux qui ont besoin de moi ?

Est-ce que j’ai conscience qu’en tant que baptisé, membre de l’Eglise Corps du CHRIST , je

témoigne de ce sacrement de guérison qu’est la confession, comme «allez recevoir la

pénitence du pécheur » ou allez recevoir l’Amour de DIEU qui veut vous sauvez » ?

Est- ce que je peux avoir de la compassion sans porter un jugement ?

En cette Sainte année de la miséricorde à quel effort je me sens appeler pour annoncer

l’Amour miséricordieux de notre Dieu et à porter un regard de miséricorde sur mon

prochain ?

Prier Prière de la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta « Père, Je te rends Gloire pour le flot de grâces que Tu déverses

en ce moment sur Tes choisis.

Père, Je Te rends Gloire de parachever Ta création chez Tes choisis.

Père, Je Te rends Gloire d’en faire des êtres d’Amour, unis à Mon Cœur

et à Celui de Ma Mère.

Père, Je Te rends Gloire pour la multitude de cœurs que Tu vas rejoindre à travers eux.

Père, Je Te rends Gloire pour cette Église nouvelle que Tu reconstruis en ce moment.

Père, Je Te rends Gloire pour cette société nouvelle qui se reconstruit à travers Tes choisis.

Père, Je Te rends Gloire de faire éclater Ta Miséricorde, Ton Amour et Ta Toute-puissance

en eux, autour d’eux et à travers eux.

Page 37: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Merci, Père, pour tant d’Amour, pour ce Feu d’Amour, Feu qui brûle dans les cœurs

de Tes choisis, en ce moment.

Je Te demande que ce Feu d’Amour se propage dans tous les cœurs.

Merci, Père, d’exaucer toujours Ma prière.

Comble encore Tes choisis de Ton Amour.

Comble d’une façon spéciale ceux et celles que porte dans son cœur la personne qui récite

cette prière.

Qu’elle soit comblée, elle et les siens, de Notre Amour Trinitaire. Amen. » Jésus…

Fiche 10 Luc, chapitres 19 et 20

Entrer dans le récit Pour nous introduire, voici le commentaire du Pape François fait à l’angelus : « La page de l’Évangile de Luc de ce dimanche nous montre Jésus qui, sur son chemin vers Jérusalem, entre dans la ville de Jéricho. C’est la dernière étape d’un voyage qui résume le sens de toute la vie de Jésus, consacrée à chercher et sauver les brebis perdues de la maison d’Israël. Mais plus le chemin s’approche de la destination finale, plus un cercle d’hostilité se resserre autour de Jésus.

Pourtant à Jéricho a lieu l’un des événements les plus joyeux racontés par saint Luc : la conversion de Zachée. Cet homme est une brebis perdue, il est méprisé et c’est un « excommunié », parce qu’il est un publicain, ou plutôt, il est le chef des publicains de la ville, ami des occupants romains détestés, c’est un voleur et un exploiteur.

Empêché de s’approcher de Jésus, probablement en raison de sa mauvaise réputation, et étant de petite stature, Zachée grimpe sur un arbre, pour pouvoir voir le Maître qui passe. Ce geste extérieur, un peu ridicule, exprime l’acte intérieur de l’homme qui cherche à se mettre au-dessus de la foule pour avoir un contact avec Jésus. Zachée lui-même ne connaît pas le sens profond de son geste, il ne sait pas pourquoi il fait cela, mais il le fait ; il n’ose pas non plus espérer que la distance qui le sépare du Seigneur puisse être comblée ; il se résigne à le voir seulement de passage. Mais quand Jésus arrive près de l’arbre, il l’appelle par son nom : « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi » (Lc 19, 5). Cet homme petit de stature, rejeté par tous, et éloigné de Jésus, est comme perdu dans l’anonymat ; mais Jésus l’appelle, et ce nom « Zachée », dans la langue de ce temps, a une belle signification, pleine d’allusions : « Zachée », en effet, veut dire : « Dieu se souvient ».

Page 38: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Et Jésus se rend dans la maison de Zachée, suscitant les critiques de toute la population de Jéricho qui disait (parce qu’en ce temps-là aussi on médisait beaucoup !) : — Mais comment ? Avec tous les gens de bien qu’il y a dans la ville, il va demeurer justement chez ce publicain ? Oui, parce qu’il était perdu ; et Jésus dit : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham » (Lc 19, 9). La joie est désormais entrée dans la maison de Zachée, la paix est entrée, le salut est entré, Jésus est entré.

Il n’y a pas de profession ou de condition sociale, il n’y a pas de péché ou de crime d’aucune sorte qui puisse effacer un seul de ses enfants de la mémoire et du cœur de Dieu. « Dieu se souvient », toujours, il n’oublie aucun de ceux qu’il a créés ; Il est un père toujours en attente vigilante et aimante, de voir renaître dans le cœur de son fils le désir de revenir à la maison. Et quand il reconnaît ce désir, même seulement évoqué, et très souvent, presque inconscient, il se rend immédiatement présent, et par son pardon il rend le chemin de conversion et de retour plus facile. Tournons aujourd’hui notre regard vers Zachée sur l’arbre : son geste est ridicule, mais c’est un geste de salut. Et je te dis, à toi : si tu as un poids sur la conscience, si tu as honte de tant de choses que tu as commises, arrête-toi un peu, n’aie pas peur. Pense qu’il y a quelqu’un qui t’attend parce qu’il n’a jamais cessé de se souvenir de toi ; et ce quelqu’un c’est ton père, c’est Dieu qui t’attend ! Grimpe, comme Zachée l’a fait, monte sur l’arbre de l’envie d’être pardonné ; je t’assure que tu ne seras pas déçu. Jésus est miséricordieux et il ne se lasse jamais de pardonner! Souviens-t’en bien, Jésus est comme cela !

Frères et sœurs, laissons Jésus nous appeler nous aussi par notre nom ! Au plus profond de notre cœur, écoutons sa voix qui nous dit : « Aujourd’hui je dois demeurer chez toi », c’est-à-dire dans ton cœur, dans ta vie. Et accueillons-le avec joie : lui, peut nous changer, il peut transformer notre cœur de pierre en cœur de chair, il peut nous libérer de l’égoïsme et faire de notre vie un don d’amour. Jésus peut le faire : laisse Jésus tourner son regard vers toi ! »

Parole de Dieu Luc 19, 1-28 01 Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. 02 Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. 03 Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. 04 Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. 05 Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » 06 Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. 07 Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » 08 Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Page 39: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

09 Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. 10 En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » 11 Comme on l’écoutait, Jésus ajouta une parabole : il était près de Jérusalem et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même. 12 Voici donc ce qu’il dit : « Un homme de la noblesse partit dans un pays lointain pour se faire donner la royauté et revenir ensuite. 13 Il appela dix de ses serviteurs, et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ; puis il leur dit : “Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.” 14 Mais ses concitoyens le détestaient, et ils envoyèrent derrière lui une délégation chargée de dire : “Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.” 15 Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté, il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent, afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté. 16 Le premier se présenta et dit : “Seigneur, la somme que tu m’avais remise a été multipliée par dix.” 17 Le roi lui déclara : “Très bien, bon serviteur ! Puisque tu as été fidèle en si peu de chose, reçois l’autorité sur dix villes.” 18 Le second vint dire : “La somme que tu m’avais remise, Seigneur, a été multipliée par cinq.” 19 À celui-là encore, le roi dit : “Toi, de même, sois à la tête de cinq villes.” 20 Le dernier vint dire : “Seigneur, voici la somme que tu m’avais remise ; je l’ai gardée enveloppée dans un linge. 21 En effet, j’avais peur de toi, car tu es un homme exigeant, tu retires ce que tu n’as pas mis en dépôt, tu moissonnes ce que tu n’as pas semé.” 22 Le roi lui déclara : “Je vais te juger sur tes paroles, serviteur mauvais : tu savais que je suis un homme exigeant, que je retire ce que je n’ai pas mis en dépôt, que je moissonne ce que je n’ai pas semé ; 23 alors pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ? À mon arrivée, je l’aurais repris avec les intérêts.” 24 Et le roi dit à ceux qui étaient là : “Retirez-lui cette somme et donnez-la à celui qui a dix fois plus.” 25 On lui dit : “Seigneur, il a dix fois plus ! 26 – Je vous le déclare : on donnera à celui qui a ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. 27 Quant à mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi.” » 28 Après avoir ainsi parlé, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem.

Piste théologique « Lui aussi est un fils d’Abraham » : La valeur de la miséricorde dépasse

les frontières de l’Eglise. Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui

la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu.

Page 40: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Israël a d’abord reçu cette révélation qui demeure dans l’histoire comme le point de départ d’une richesse incommensurable à offrir à toute l’humanité. Nous l’avons vu, les pages de l’Ancien Testament sont imprégnées de miséricorde, puisqu’elles racontent les œuvres accomplies par le Seigneur en faveur de son peuple dans les moments les plus difficiles de son histoire. L’Islam de son côté, attribue au Créateur les qualificatifs de Miséricordieux et Clément. On retrouve souvent ces invocations sur les lèvres des musulmans qui se sentent accompagnés et soutenus par la miséricorde dans leur faiblesse quotidienne. Eux aussi croient que nul ne peut limiter la miséricorde divine car ses portes sont toujours ouvertes.

Que cette Année Jubilaire, vécue dans la miséricorde, favorise la rencontre avec ces religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination.

Partager Comment cette histoire de Zachée me parle-t-elle ?

Est-ce qu’il c’est facile pour moi de me laisser regarder par Jésus?

Est-ce que moi aussi comme ce mauvais serviteur je cache les talents que DIEU m’a donnés ?

Je me dis: je n’ose pas, je ne saurais pas faire, je n’aurais pas le temps, je ne prends pas de

risque d’aimer.... »

« Où es-tu ?», « Où est ton frère Abel ?». Deux questions qui invitent Adam et Caïn à avouer

leur faute, à les reconnaître et à se repentir. Dieu fait toujours le premier pas vers l'homme

pécheur. À celui-ci de le voir ou non, d'y répondre ou non. Est-ce que j’ai conscience que recevoir la miséricorde de DIEU dépend aussi de moi ?

Prier Jésus me dit : « Que ton oui soit oui et que ton non soit non. » (Jc 5, 12)

Par le oui de Marie, j’entre dans mon oui à Dieu.

Oui Seigneur, j’accueille Ton amour et je me laisse aimer,

Très Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore de tout mon être !

Oui Jésus, j’ai confiance en Toi ! Oui Père, je m’accepte tel que je suis,

J’accueille ma petitesse et j’accepte de me laisser transformer par Toi,

Je Te donne mes faiblesses et mes limites. Oh, Christ viens vivre en moi !

Page 41: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Jésus, fais couler Ton Précieux Sang dans toutes mes blessures.

Père, j’accueille Ta Miséricorde qui vient guérir ma misère.

Oui Père, j’accepte les autres tels qu’ils sont sans vouloir les changer,

Je Te confie totalement chacun et chacune afin que Tu t’en occupes.

Oui Père, j’accepte les évènements tels qu’ils sont, bons ou mauvais,

Je Te donne toutes les clefs de ma vie pour que Tu la conduises,

Oui, je crois que Tu prends soin de toute ma vie jusqu’au moindre détail.

Oui Jésus, j’accepte de Te mettre à la première place et d’être centré sur Toi,

Oui Saint-Esprit je T’ouvre tout grand mon cœur, remplis-moi de Toi !

Oui mon Père je m’abandonne à Toi,

Que Ta Volonté soit faite et non la mienne ! Prends le contrôle de ma vie.

Père, entre Tes mains je remets mon esprit ! AMEN.

Fiche 11 Luc, chapitres 21 et 22

Entrer dans le récit Nous méditons en ce jour le reniement de Pierre. Pierre est choisi parmi les 12 apôtres et il est le premier à confesser la foi en Jésus fils du Dieu vivant. Lorsqu’une autre fois, Jésus demanda aux Douze: "Voulez-vous partir, vous aussi?", Pierre réagit avec l'élan de son coeur généreux, guidé par l'Esprit Saint. Au nom de tous, il répondit par les paroles immortelles, qui sont aussi les nôtres: "Seigneur, vers qui pourrions-nous aller? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu" (cf. Jn 6, 66-69). Ici, comme à Césarée, Pierre entame à travers ses paroles la confession de foi christologique de l'Eglise et devient également la voix des autres Apôtres et de nous, croyants de tous les temps. Cela ne veut pas dire qu'il avait déjà compris le mystère du Christ dans toute sa profondeur. Sa foi était encore à ses débuts, une foi en marche; il ne serait arrivé à la véritable plénitude qu'à travers l'expérience des événements pascals. Mais toutefois, il s'agissait déjà de foi, une foi ouverte aux réalités plus grandes - ouverte surtout parce que ce n'était pas une foi en quelque chose, c'était une foi en Quelqu'un: en Lui, le Christ. Ainsi, notre foi également est toujours une foi qui commence et nous devons encore accomplir un grand chemin. Mais il est essentiel que ce soit une foi ouverte et que nous nous laissions guider par Jésus, car non seulement Il connaît le Chemin, mais il est le Chemin.

Cependant, la générosité impétueuse de Pierre ne le sauve pas des risques liés à la faiblesse humaine. Du reste, c'est ce que nous aussi, nous pouvons reconnaître sur la base de notre vie. Pierre a suivi Jésus avec élan, il a

Page 42: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

surmonté l'épreuve de la foi, en s'abandonnant à Lui. Toutefois, le moment vient où lui aussi cède à la peur et chute: il trahit le Maître (cf. Mc 14, 66-72). L'école de la foi n'est pas une marche triomphale, mais un chemin parsemé de souffrances et d'amour, d'épreuves et de fidélité à renouveler chaque jour. Pierre, qui avait promis une fidélité absolue, connaît l'amertume et l'humiliation du reniement: le téméraire apprend l'humilité à ses dépens. Pierre doit apprendre lui aussi à être faible et à avoir besoin de pardon. Lorsque finalement son masque tombe et qu'il comprend la vérité de son coeur faible de pécheur croyant, il éclate en sanglots de repentir libérateurs. Après ces pleurs, il est désormais prêt pour sa mission.

Un matin de printemps, cette mission lui sera confiée par Jésus ressuscité. La rencontre aura lieu sur les rives du lac de Tibériade. C'est l'évangéliste Jean qui nous rapporte le dialogue qui a lieu en cette circonstance entre Jésus et Pierre. On y remarque un jeu de verbes très significatif. En grec, le verbe "filéo" exprime l'amour d'amitié, tendre mais pas totalisant, alors que le verbe "agapáo" signifie l'amour sans réserves, total et inconditionné. La première fois, Jésus demande à Pierre: "Simon... m'aimes-tu (agapls-me)" de cet amour total et inconditionné (Jn 21, 15)? Avant l'expérience de la trahison, l'Apôtre aurait certainement dit: "Je t'aime (agapô-se) de manière inconditionnelle". Maintenant qu'il a connu la tristesse amère de l'infidélité, le drame de sa propre faiblesse, il dit avec humilité: "Seigneur, j'ai beaucoup d'amitié pour toi (filô-se)", c'est-à-dire "je t'aime de mon pauvre amour humain". Le Christ insiste: "Simon, m'aimes-tu de cet amour total que je désire?". Et Pierre répète la réponse de son humble amour humain: "Kyrie, filô-se", "Seigneur, j'ai beaucoup d'amitié pour toi, comme je sais aimer". La troisième fois, Jésus dit seulement à Simon: "Fileîs-me?, "As-tu de l'amitié pour moi?". Simon comprend que son pauvre amour suffit à Jésus, l'unique dont il est capable, mais il est pourtant attristé que le Seigneur ait dû lui parler ainsi. Il répond donc: "Seigneur, tu sais tout: tu sais combien j'ai d'amitié pour toi" (filô-se)". On pourrait dire que Jésus s'est adapté à Pierre, plutôt que Pierre à Jésus! C'est précisément cette adaptation divine qui donne de l'espérance au disciple, qui a connu la souffrance de l'infidélité. C'est de là que naît la confiance qui le rendra capable de la sequela Christi jusqu'à la fin: "Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore: "Suis-moi"" (Jn 21, 19).

A partir de ce jour, Pierre a "suivi" le Maître avec la conscience précise de sa propre fragilité; mais cette conscience ne l'a pas découragé. Il savait en effet pouvoir compter sur la présence du Ressuscité à ses côtés. De l'enthousiasme naïf de l'adhésion initiale, en passant à travers l'expérience douloureuse du reniement et des pleurs de la conversion, Pierre est arrivé à mettre sa confiance en ce Jésus qui s'est adapté à sa pauvre capacité d'amour. Et il nous montre ainsi le chemin à nous aussi, malgré toute notre faiblesse. Nous savons que Jésus s'adapte à notre faiblesse. Nous le suivons, avec notre pauvre capacité d'amour et nous savons que Jésus est bon et nous accepte. Cela a été pour Pierre un long chemin qui a fait de lui un témoin fiable, "pierre" de l'Eglise, car constamment ouvert à l'action de l'Esprit de Jésus. Pierre lui-même se qualifiera de: "témoin de la passion du Christ, et je communierai à la gloire qui va se révéler" (1 P 5, 1). Lorsqu'il écrira ces paroles, il sera désormais âgé, en route vers la conclusion de sa vie qu'il scellera par le martyre. Il sera alors en mesure de décrire la joie véritable et d'indiquer où on peut la puiser: la source est le Christ, auquel on croit et que l'on aime avec notre foi faible mais sincère, malgré notre fragilité. C'est pourquoi, il écrira aux chrétiens de sa communauté, et il nous le dit à nous aussi: "Lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore; et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l'aboutissement de votre foi" (1 P 1, 8-9).

Page 43: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Parole de Dieu Luc 21, 31-62 31 Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. 32 Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » 33 Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » 34 Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. » 35 Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » 36 Ils lui répondirent : « Non, de rien. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. 37 Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. » 38 Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. » 39 Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. 40 Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » 41 Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : 42 « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » 43 Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. 44 Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. 45 Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. 46 Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » 47 Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. 48 Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » 49 Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? » 50 L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. 51 Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. 52 Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? 53 Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. » 54 S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance. 55 On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux. 56 Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. » 57 Mais il nia : « Non, je ne le connais pas. » 58 Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » Pierre répondit : « Non, je ne le suis pas. » 59 Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »

Page 44: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

60 Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. 61 Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » 62 Il sortit et, dehors, pleura amèrement.

Piste théologique L’initiative appelée « 24 heures pour le Seigneur » du vendredi et samedi qui précèdent le IVème dimanche de Carême doit monter en puissance dans les diocèses. Tant de personnes se sont de nouveau approchées du sacrement de Réconciliation, et parmi elles de nombreux jeunes, qui retrouvent ainsi le chemin pour revenir au Seigneur, pour vivre un moment de prière intense, et redécouvrir le sens de leur vie. Avec conviction, remettons au centre le sacrement de la Réconciliation, puisqu’il donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde. Pour chaque pénitent, ce sera une source d’une véritable paix intérieure…

Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence. Elle revêt une importance particulière au cours de cette Année Sainte. Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, Dieu rend manifeste cet amour qui va jusqu’à détruire le péché des hommes. Il est possible de se laisser réconcilier avec Dieu à travers le mystère pascal et la médiation de l’Eglise. Dieu est toujours prêt au pardon et ne se lasse jamais de l’offrir de façon toujours nouvelle et inattendue. Nous faisons tous l’expérience du péché. Nous sommes conscients d’être appelés à la perfection (cf. Mt 5, 48), mais nous ressentons fortement le poids du péché. Quand nous percevons la puissance de la grâce qui nous transforme, nous faisons l’expérience de la force du péché qui nous conditionne. Malgré le pardon, notre vie est marquée par les contradictions qui sont la conséquence de nos péchés. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché.

L’Eglise vit la communion des saints. Dans l’eucharistie, cette communion, qui est don de Dieu, est rendue présente comme une union spirituelle qui lie les croyants avec les Saints et les Bienheureux dont le nombre est incalculable (cf. Ap 7,4). Leur sainteté vient au secours de notre fragilité, et la Mère Eglise est ainsi capable, par sa prière et sa vie, d’aller à la rencontre de la faiblesse des uns avec la sainteté des autres. Vivre l’indulgence de l’Année Sainte, c’est s’approcher de la miséricorde du Père, avec la certitude que son pardon s’étend à toute la vie des croyants. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de l’Eglise qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemption du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons intensément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et l’étendue de son indulgence miséricordieuse.

Partager Est-ce que parfois l’exemple de Pierre me réconforte dans ma fragilité, dans mes difficultés à comprendre ce que

Jésus attend de moi ?

Est-ce que j’ai conscience que moi aussi il m’arrive comme Pierre de renier le Seigneur ?

Qu’est ce qui m’empêche de me laisser rejoindre par le Seigneur ?

Est-ce que les évènements d’aujourd’hui influent sur mon comportement chrétien et ce que je suis appelé(é) à vivre ?

Page 45: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

Est-ce que je crois croit vraiment que DIEU me donne ce qu’il faut pour vivre ce qu’Il me demande, si, comme à

l’exemple de Pierre j’accepte mon humble condition humaine et je sois docile à l’Esprit ?

Prier Prière de Sainte FAUSTINE

« Ô Seigneur, je désire me transformer tout entière en Ta miséricorde et être ainsi un vivant reflet de Toi, que le plus grand des attributs divins, Ton insondable miséricorde, passe par mon âme et mon cœur sur le prochain. Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d’après les apparences extérieures, mais que discerne la beauté dans l’âme de mon prochain et que je lui vienne en aide. Aide-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes. Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon. Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et, remplies de bonnes actions, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes. Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude. (...) Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain. Que Ta miséricorde repose en moi, ô mon Seigneur »

Fiche 12 Luc, chapitres 23 et 24 Entrer dans le récit

L’évangéliste saint Luc nous a transmis trois paroles de Jésus sur la croix, deux d’entre elles – la première et la troisième – étant des prières adressées explicitement au Père. La seconde, elle, est la promesse faite à celui que l’on appelle le Bon larron, qui est crucifié avec lui ; en effet, en répondant à la prière du larron, Jésus le rassure : « En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Dans le récit de Luc, les deux prières que Jésus, mourant, adresse à son père sont suggestivement liées à l’accueil de la supplication qui lui est adressée par le pécheur repenti. Jésus invoque le Père et en même temps il écoute la prière de cet homme que l’on surnomme souvent latro poenitens, « le larron repenti ». Arrêtons-nous sur ces trois prières de Jésus. La première est prononcée par Jésus immédiatement après qu’il a été cloué sur la croix, pendant que les soldats se partagent ses vêtements, en triste récompense du service rendu. Dans un certain sens, c’est par ce geste que se conclut le processus de la crucifixion. Saint Luc écrit : « Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, il l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : “Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font.” Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort » (Lc 23, 33-34). La première prière que Jésus adresse au Père est une prière d’intercession : il demande le pardon pour ses propres bourreaux. Jésus accomplit ainsi en personne ce qu’il avait enseigné dans le Discours sur la montagne lorsqu’il avait dit : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Lc 6, 27), et il avait aussi promis, à ceux qui sauraient pardonner : « Votre récompense alors sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut » (Lc 6, 35). Sur la croix, maintenant, non seulement il pardonne à ses bourreaux, mais il intercède pour eux directement auprès du Père.

Page 46: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

On trouve une « imitation » émouvante de ce comportement de Jésus dans le récit de la lapidation de saint Etienne, premier martyr. Etienne, en effet, désormais proche de sa fin, « fléchit les genoux et dit, dans un grand cri : “Seigneur, ne leur impute pas ce péché.” Et disant cela, il s’endormit. » (Ac 7, 60) : ce fut sa dernière parole. La comparaison entre la prière de pardon de Jésus et celle du protomartyr est significative. Saint Etienne s’adresse au Seigneur ressuscité et demande que son meurtre – un geste qui est clairement défini par l’expression « ce péché » - ne soit pas imputé à ceux qui le lapidaient. Jésus, sur la croix, s’adresse au Père et non seulement il lui demande pardon pour ceux qui le crucifient, mais il offre aussi une lecture de ce qui est en train de se passer. Selon ses paroles, en effet, les hommes qui le crucifièrent « ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24). Le motif qu’il invoque pour implorer le pardon du Père est donc l’ignorance, le fait de « ne pas savoir », parce cette ignorance laisse ouverte une voie vers la conversion, comme cela arrive d’ailleurs dans les paroles que le centurion prononcera à la mort de Jésus : « Sûrement, cet homme était un juste !» (Lc 23, 47), c’était le Fils de Dieu. « Il est une consolation pour tous les temps et pour tous les hommes que, aussi bien à ceux qui ignorent – les bourreaux – qu’à ceux qui savent – ceux qui l’avaient condamné -, le Seigneur fasse de leur ignorance la base de la demande de pardon. Il la voit comme une porte qui peut nous ouvrir à la conversion » (Jésus de Nazareth, II, 239).

La seconde parole de Jésus sur la croix, rapportée par saint Luc, est une parole d’espérance, la réponse à la prière d’un des deux hommes crucifiés avec lui. Devant Jésus, le Bon larron rentre en lui-même et il se repent, il réalise qu’il se trouve devant le Fils de Dieu, qui rend visible le visage de Dieu lui-même, et il le prie : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume » (v. 42). La réponse du Seigneur à cette prière va bien au-delà de la demande ; en effet, il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (v. 43). Jésus est conscient qu’il entre directement en communion avec le Père et qu’il ouvre à cet homme la voix du paradis de Dieu. Ainsi, à travers cette réponse, il donne la ferme espérance que la bonté de Dieu peut nous toucher, jusqu’au dernier instant de notre vie, et la prière sincère, même à la fin d’une vie passée dans l’erreur, rencontre les bras ouverts du Père qui est bon et qui attend le retour de son fils.…

Chers frères et sœurs, les paroles de Jésus sur la croix, dans les derniers instants de sa vie terrestre, offrent des indications exigeantes pour notre prière, mais elles lui ouvrent la voie d’une confiance sereine et d’une ferme espérance. Jésus, qui demande au Père de pardonner à ceux qui le crucifient, nous invite au geste difficile de prier aussi pour ceux qui nous font du tort, qui nous ont blessés, sachant toujours pardonner afin que la lumière de Dieu puisse illuminer leur cœur ; et il nous invite à vivre, dans notre prière, le même comportement de miséricorde et d’amour que Dieu à notre égard : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », disons-nous chaque jour dans le « Notre Père ». En même temps, Jésus qui, au moment extrême de la mort se remet totalement entre les mains de Dieu le Père, nous communique la certitude que, quels que soient la dureté de nos épreuves, la difficulté de nos problèmes, le poids de notre souffrance, nous ne tomberons jamais hors des mains de Dieu, ces mains qui nous ont créés, qui nous soutiennent et nous accompagnent sur le chemin de l’existence, parce qu’elles sont guidées par un amour infini et fidèle.

Parole de Dieu Luc 23, 27-47

Page 47: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

27 Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. 28 Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! 29 Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !” 30 Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.” 31 Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » 32 Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. 33 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. 34 Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. 35 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » 36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, 37 en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » 38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » 39 L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » 40 Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! 41 Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » 42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » 43 Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » 44 C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, 45 car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. 46 Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. 47 À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »

Piste théologique Que puisse parvenir à tous la parole de pardon et que l’invitation à faire l’expérience de la miséricorde ne laisse personne indifférent ! Mon appel à la conversion s’adresse avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu en raison de leur conduite de vie. Je pense en particulier aux hommes et aux femmes qui font partie d’une organisation criminelle quelle qu’elle soit. Pour votre bien, je vous demande de changer de vie. Je vous le demande au nom du Fils de Dieu qui, combattant le péché, n’a jamais rejeté aucun pécheur. Ne tombez pas dans le terrible piège qui consiste à croire que la vie ne dépend que de l’argent, et qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité. Ce n’est qu’une illusion. Nous n’emportons pas notre argent dans l’au-delà. L’argent ne donne pas le vrai bonheur. La violence pour amasser de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper. Le même appel s’adresse aux personnes fautives ou complices de corruption. Cette plaie puante de la société est un péché grave qui crie vers le ciel, car il mine jusqu’au fondement de la vie personnelle et sociale. La corruption empêche de regarder l’avenir avec espérance, parce que son arrogance et son avidité anéantissent les projets des faibles et chassent les plus pauvres. C’est un mal qui prend racine dans les gestes quotidiens pour s’étendre jusqu’aux scandales publics. La corruption est un acharnement dans le péché qui entend substituer à Dieu l’illusion de l’argent comme forme de pouvoir. C’est une œuvre des ténèbres, qui s’appuie sur la suspicion et l’intrigue. Corruptio optimi pessima, disait avec raison saint Grégoire le Grand, pour montrer que personne n’est exempt de cette tentation. Pour la vaincre dans la vie individuelle et sociale, il faut de la prudence, de la vigilance,

Page 48: l'Evangile de la miséricorde - paroissesdambares.fr

de la loyauté, de la transparence, le tout en lien avec le courage de la dénonciation. Si elle n’est pas combattue ouvertement, tôt ou tard on s’en rend complice et elle détruit l’existence. Voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au cœur. Face au mal commis, et même aux crimes graves, voici le moment d’écouter pleurer les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur affection, de leur vie même. Rester sur le chemin du mal n’est que source d’illusion et de tristesse. La vraie vie est bien autre chose. Dieu ne se lasse pas de tendre la main. Il est toujours prêt à écouter, et moi aussi je le suis, comme mes frères évêques et prêtres. Il suffit d’accueillir l’appel à la conversion et de se soumettre à la justice, tandis que l’Eglise offre la miséricorde.

Partager Que signifie pour moi : pardonner ? Sur la Croix Jésus dit : « Père pardonne-leurs ils ne savent ce qu’ils font » Est –ce qu’en cette Sainte année de la miséricorde je vais demander à DIEU la force de pardonner à des personnes envers qui je n’ai jamais pu faire cette démarche, pour recevoir pleinement l’Amour miséricordieux de DIEU ? (situations difficiles se faire aider par un prêtre ?) Est-ce qu’il m’arrive d’éprouver ce cataclysme intérieur lorsque j’abandonne le Seigneur, que je me laisse emporter par l’esprit du monde ? Est-ce qu’il m’arrive d’éprouver ce cataclysme intérieur lorsque j’abandonne le Seigneur, que je me laisse emporter par l’esprit du monde ? Est-ce que les souffrances, les moqueries que Jésus subit dans sa passion m’aide à comprendre ce que je suis parfois appeler à vivre en tant que chrétien(e) ?

Prier Seigneur crucifié et ressuscité, Apprends-nous à affronter

Les luttes de la vie quotidienne, Afin que nous vivions dans une grande plénitude.

Tu as humblement et patiemment accueilli les échecs de la vie humaine comme les souffrances de la crucifixion.

Alors les peines et les luttes que nous apporte chaque journée, aide-nous à les vivre comme des occasions de grandir

Et de mieux te ressembler.

Rends-nous capable de les affronter, plein de confiance en ton soutien.

Fais nous comprendre que nous n'arrivons à la plénitude de la vie

qu'en mourant sans cesse à nous-mêmes et en nos désirs égoïstes.

Car c'est seulement en mourant avec Toi que nous pouvons ressusciter

avec Toi.

Que rien désormais ne nous fasse souffrir ou pleurer au point d'en

oublier la joie de ta résurrection.

Tu es le soleil éclaté de l'amour du Père, Tu es l'espérance du bonheur

éternisé

Tu es le feu de l'amour embrasé.

Que la joie de Jésus soit force en nous et qu'elle soit, entre nous,

lien de paix d'unité et d'amour.

Mère Térésa.